Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique
1a 2ae = Prima Secundae = 1ère partie de la 2ème Partie
Question 7 :
Des circonstances des actes humains
Après
avoir parlé du volontaire et de l’involontaire, nous avons maintenant à nous
occuper des circonstances des actes humains. A cet égard il y a quatre
questions à examiner : 1° Qu’est-ce qu’une circonstance ? — 2° La théologie
doit-elle s’occuper des circonstances qui se rapportent aux actes humains ? (On
peut juger de l’importance des circonstances d’après ce que dit plus loin saint
Thomas (quest. 18 et quest. 73).) — 3° Combien y a-t-il de circonstances ? — 4°
Quelles sont celles qu’on doit regarder comme les circonstances principales ?
(Cet article a pour objet d’établir que la moralité des actions dépend surtout
de l’intention et de la fin, qu’elle dépend ensuite de la substance de l’acte
ou de l’objet, et qu’enfin elle dépend des autres circonstances. La fin qu’on
se propose ou l’intention est ce qu’il y a de principal ; l’objet ou la chose
que l’on fait vient en second lieu et les autres circonstances sont les
accessoires de l’acte.)
Article
1 : La circonstance est-elle un accident de l’acte humain ?
Objection
N°1. Il semble que la circonstance ne soit pas un accident de l’acte humain.
Car Cicéron dit (De invent., liv. 1), que la
circonstance est ce qui donne dans le discours de la force et du poids au
raisonnement. Or, le discours donne de la force au raisonnement, surtout par ce
qui touche à la substance de la chose, comme la définition, le genre et l’espèce
et tous les autres lieux d’après lesquels Cicéron (in Top.) apprend l’orateur à argumenter. Donc la circonstance n’est
pas un accident de l’acte humain.
Réponse
à l’objection N°1 : Le discours donne de la force à l’argument, d’abord par la
substance même de l’acte, et secondairement par ses circonstances. Ainsi un
homme mérite d’abord d’être mis en accusation pour avoir fait un homicide, et
il le mérite secondairement pour l’avoir fait soit avec dol, soit par l’appât
de l’argent soit dans un temps ou dans un lieu saint, soit dans toute autre
circonstance. C’est une distinction que doit faire l’orateur, parce que la
circonstance donne dans le discours de la force à l’argumentation, selon
qu’elle agit sur l’acte secondairement.
Objection
N°2. Le propre de l’accident c’est d’être dans le sujet (inesse). Or, la circonstance (quod circumstat)
n’est pas dans le sujet, mais elle est plutôt en dehors. Donc les circonstances
ne sont pas des accidents des actes humains.
Réponse
à l’objection N°2 : Un accident peut exister de deux manières. 1° Il peut être
inhérent au sujet ; c’est ainsi qu’on dit que le blanc est un accident de
Socrate. 2° Il peut exister simultanément avec un autre dans un même sujet ;
c’est ainsi qu’on dit que le blanc est l’accident d’un musicien, quand ces deux
qualités se conviennent et qu’elles se rencontrent dans le même être. C’est de
cette manière qu’on dit que les circonstances des actes en sont les accidents.
Objection
N°3. Un accident ne peut être l’accident d’un autre. Or, les actes humains sont
eux-mêmes des accidents. Donc les circonstances de ces actes n’en sont pas des
accidents.
Réponse
à l’objection N°3 : Comme nous venons de le dire (Réponse N°2), un accident est
l’accident d’un autre quand ils existent dans le même sujet, et cela peut
arriver de deux manières : 1° quand les deux accidents se rapportent à un même
sujet sans être subordonnés l’un à l’autre ; c’est ainsi que le blanc et le
musicien se rapportent à Socrate ; 2° quand ces deux accidents sont
subordonnés, comme quand un sujet reçoit un accident par le moyen d’un autre ;
c’est ainsi que le corps reçoit la couleur par le moyen de la surface. En ce
cas on dit que le dernier accident est inhérent à l’autre ; car nous disons que
la couleur est inhérente à la surface. Or, les circonstances se rapportent à
l’acte de deux manières. Car, parmi les circonstances qui se rapportent à
l’acte, il y en a qui appartiennent à l’agent sans le concours de l’acte, comme
le lieu et la condition de la personne, et il y en a qui s’y rapportent par
l’intermédiaire de l’acte lui-même, comme la manière d’agir (Billuart définit, d’après saint Thomas, la circonstance : Accidens actûs humani ipsum in esse morali jam constitutum
moraliter efficiens.).
Mais
c’est le contraire. On dit que les conditions particulières d’un objet
individuel sont des accidents qui l’individualisent. Or, Aristote appelle (Eth., liv. 3, chap. 1) les circonstances
des particularités, c’est-à-dire les conditions particulières de chaque acte.
Donc les circonstances sont les accidents individuels des actes humains.
Conclusion
On dit qu’une chose en environne (circumstare) une autre quand elle lui est extérieure, mais
que cependant elle la touche ; c’est donc avec raison qu’on dit que les
circonstances des actes humains sont leurs accidents.
Il
faut répondre que, d’après Aristote (Periher., liv. 1,
chap. 1), les noms étant les signes des idées, il est nécessaire que le langage
procède de la même manière que l’esprit. Or, notre esprit va du plus connu au
moins connu ; c’est pourquoi, parmi nous, nous empruntons aux choses connues
des noms dont nous transportons la signification pour leur faire exprimer des
choses qui le sont moins. De là il arrive que, selon la remarque d’Aristote (Met., liv. 10, text.
13 et 14), on a emprunté aux choses locales le mot de distance pour l’appliquer
ensuite à tous les objets qui sont contraires. De même nous nous servons des
mots qui expriment le mouvement local pour exprimer les autres mouvements,
parce que les corps qui sont circonscrits localement sont ce que nous
connaissons le mieux. Pour la même raison le mot circonstance a été pris des
choses locales pour être appliqué aux actes humains. Or, pour les choses
matérielles, on dit qu’un objet en environne (circumstat) un autre quand il est
en dehors, et que néanmoins il le touche ou s’en approche localement. C’est
pourquoi toutes les conditions qui sont en dehors de la substance de l’acte,
mais qui cependant l’atteignent de quelque manière, reçoivent le nom de
circonstances (Pour qu’une circonstance soit morale, il faut
qu’elle touche à l’acte moralement ; toute circonstance qui ne l’affecte que
physiquement est purement matérielle. Par exemple, qu’en faisant l’aumône on
donne de l’or ou de l’argent, que ce soit le soir ou le matin, voilà des
circonstances purement matérielles. La théologie ne s’occupe que des
circonstances qui touchent à la moralité de l’action.). Et comme ce qui est en
dehors de la substance d’une chose, tout en appartenant à son sujet, porte le
nom d’accident, il s’ensuit que les circonstances des actes humains en sont des
accidents.
Article
2 : Les théologiens doivent-ils considérer les circonstances des actes humains
?
Objection
N°1. Il semble que les théologiens n’aient pas à considérer les circonstances
des actes humains. Car les théologiens ne considèrent les actes humains que
selon leurs qualités morales, c’est-à-dire qu’en tant qu’ils sont bons ou
mauvais. Or, les circonstances ne paraissent pas capables de déterminer la
valeur morale des actes, parce qu’une chose n’est pas qualifiée, formellement
parlant, par ce qui est en dehors d’elle, mais par ce qui est en elle. Donc les
théologiens n’ont pas à considérer les circonstances des actes humains.
Réponse
à l’objection N°1 : Le bien qui se rapporte à une fin reçoit le nom d’utile, ce
qui implique une relation. C’est ce qui fait dire à Aristote (Eth., liv. 1, chap. 6) que le bien relatif
est l’utile. Or, dans ce qui est relatif, les choses n’empruntent pas seulement
leur nom à ce qu’elles sont en elles-mêmes, mais à ce qui leur vient du dehors,
comme on le voit par les mots de droite et de gauche, d’égal et d’inégal et
autres semblables. C’est pourquoi, puisque la bonté des actes est en raison de
ce qu’ils sont utiles à leurs fins, rien n’empêche qu’on ne les appelle bons ou
mauvais, suivant le rapport qu’ils ont eu avec les circonstances extérieures
qui les déterminent.
Objection
N°2. Les circonstances sont les accidents des actes. Or, la même chose est
susceptible d’une infinité d’accidents. C’est pourquoi, comme le dit Aristote (Met., liv. 6, text.
4), il n’y a que l’art ou la science des sophistes qui ait pour objet l’être
par accident. Donc les théologiens n’ont pas à s’occuper des circonstances des
actes humains.
Réponse
à l’objection N°2 : Les accidents qui se produisent d’une manière absolument
accidentelle (Comme la rouille s’attache au fer.) ne peuvent être l’objet
d’aucun art, précisément à cause de leur incertitude et de leur multiplicité
infinie. Mais ces accidents ne sont pas des circonstances ; car, comme nous
l’avons dit (art. préc.), les circonstances sont
extérieures à l’acte, mais de telles façon qu’elles
touchent de quelque manière l’acte auquel elles se rapportent. Mais les
accidents absolus (Comme la dureté du fer ou du bois.) peuvent être l’objet de
l’art ou de la science.
Objection
N°3. Les rhéteurs ont à s’occuper des circonstances. Or, la rhétorique ne fait
pas partie de la théologie. Donc la théologie n’a pas à s’inquiéter des
circonstances.
Réponse
à l’objection N°3 : Il appartient à la morale, à la politique et à la
rhétorique de considérer les circonstances. La morale les considère selon
qu’elles sont ou qu’elles ne sont pas conformes au milieu dans lequel doivent
se renfermer les actes et les passions humaines ; la politique et la rhétorique
les envisagent suivant qu’elles rendent les actes
dignes de louange ou de blâme, d’accusation ou d’excuse, mais diversement. Car
l’homme d’Etat juge, et le rhéteur persuade. Pour le théologien, qui doit
mettre tous les arts à contribution, il faut qu’il les considère sous tous ces
divers points de vue. Car il apprécie comme le moraliste ce qu’il y a de
vertueux ou de vicieux dans les actes, et il les considère comme le rhéteur et
l’homme d’Etat, suivant qu’ils sont dignes de récompense ou de châtiment.
Mais
c’est le contraire. L’ignorance des circonstances produit l’involontaire, comme
le disant saint Jean Damascène (De fid. orth., liv. 2, chap.
24) et Némésius (De
nat. hom., chap. 31). Or, l’involontaire excuse
du péché dont l’étude appartient directement à la théologie. Donc la théologie
doit faire attention aux circonstances.
Conclusion
Puisque les actes humains se rapportent à la fin
dernière d’après les circonstances c’est surtout à la théologie qu’il
appartient d’apprécier ses dernières.
Il
faut répondre qu’il appartient aux théologiens d’examiner les circonstances
pour trois raisons : 1° parce que les théologiens considèrent les actes humains
suivant qu’ils mènent l’homme à la béatitude. Or, tout ce qui se rapporte à une
fin doit y être proportionné. Les actions étant proportionnées à la fin,
suivant une certaine mesure qui dépend des circonstances, il s’ensuit qu’il
appartient au théologien d’examiner ces circonstances mêmes. 2° Les théologiens
examinent les actes humains suivant ce qu’il y a en eux de bon et de mauvais,
de meilleur et de pire, et c’est d’après les circonstances qu’on apprécie ces
divers degrés, comme nous le verrons (quest. 18, art. 10 et 11, et quest. 73,
art. 7). 3° Les théologiens considèrent les actes humains selon qu’ils sont
méritoires ou déméritoires, et ils ont ce double caractère suivant qu’ils sont
volontaires. Or, un acte humain est regardé comme volontaire ou involontaire,
suivant la connaissance ou l’ignorance des circonstances, tel que nous venons
de le dire plus haut (Mais c’est le contraire.). Donc, les théologiens doivent
considérer les circonstances.
Article
3 : Aristote énumère-t-il convenablement les circonstances au troisième livre
de sa morale ?
Objection
N°1. Il semble qu’Aristote n’énumère pas convenablement les circonstances dans
le troisième livre de sa morale (Eth., liv. 3,
chap. 1). Car on appelle circonstances de l’acte ce qui s’y rapporte
extérieurement, tel que le temps et le lieu. Donc il n’y a que deux
circonstances : ce sont celles qu’on exprime par les mots quand et où (quandò, ubi).
Réponse
à l’objection N°1 : Le temps et le lieu sont les circonstances de l’acte qui
lui servent de mesure, mais il y a d’autres circonstances qui existent en
dehors de la substance de l’acte et qui l’atteignent de quelque autre manière.
Objection
N°2. D’après les circonstances on juge de ce qui est bien ou mal. Or, ceci se
rapporte au mode de l’action. Donc toutes les circonstances sont renfermées
dans une seule, qui est le mode d’agir (comment,
quomodò).
Réponse
à l’objection N°2 : Le mode qu’on exprime par les mots bien ou mal n’est pas une
circonstance, mais il résulte de toutes les circonstances. Toutefois il y a une
circonstance spéciale qu’on appelle et qui appartient à la qualité de l’action,
comme quand on marche vite ou lentement, et qu’on frappe fort ou lâchement, et
ainsi du reste (C’est ce qu’exprime le mot comment
(quomodò).).
Objection
N°3. Les circonstances n’appartiennent pas à la substance de l’acte. Or, les
causes de l’acte semblent appartenir à sa substance. Donc aucune circonstance
ne doit se prendre de la cause de l’acte même. Ainsi ce que déterminent les
mots quis, propter quid
et circà quid ne sont pas des circonstances. Car
quis
rappelle la cause efficiente, propter quid la
cause finale et circà quid la cause matérielle.
Réponse
à l’objection N°3 : La condition de la cause dont la substance de l’acte dépend
ne reçoit pas le nom de circonstance, mais on donne ce nom à la condition qui
s’y adjoint (Ainsi le mot quis ne désigne pas la substance de l’agent mais sa qualité
; le mot quid ne désigne pas la
substance de l’effet, mais sa quantité ou sa qualité ; le mot ubi ne désigne
pas simplement le lieu, mais la qualité du lieu, s’il était public, sacré ou
profane, etc.). Ainsi, on ne regarde pas comme une circonstance du vol que
l’objet dérobé appartienne à un étranger ; car c’est de l’essence même du vol ;
mais une circonstance, c’est que l’objet soit grand ou petit, et il en est de
même des autres circonstances qui se rapportent aux autres causes. Car la fin
qui détermine l’espèce de l’acte est une circonstance, mais on appelle
circonstance la fin qui est surajoutée à l’acte lui-même. Ainsi, qu’un homme
courageux agisse vaillamment parce qu’il est fort, ce n’est pas une
circonstance, mais qu’il agisse ainsi pour la délivrance d’une ville, pour le
Christ ou pour tout autre motif, c’en est une. Il en est de même à l’égard de
la circonstance quid. Car qu’on lave
un objet en versant de l’eau, ce n’est pas là une circonstance de son ablution
; mais qu’en le lavant on le refroidisse ou on l’échauffe, on le guérisse ou on
lui nuise, ce n’est plus la même chose.
Mais
c’est le contraire, d’après Aristote (Eth., liv. 3,
chap. 1). Les circonstances sont toutes résumées par ces mots quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodò, quandò.
Conclusion
Dans les actes humains il faut examiner qui a fait l’acte, par quels secours ou
par quels moyens, ce que l’on a fait, pourquoi, comment et quand on l’a fait,
sur quelle matière on a agi.
Il
faut répondre que dans sa rhétorique (De invent, chap. 1), Cicéron détermine sept circonstances,
qui sont renfermés dans ce vers : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis,
cur, quomodò, quandò (Il y a des auteurs qui ajoutent quoties (combien
de fois), mais c’est à tort, car ce mot rappelle seulement la répétition des
mêmes actes, et un acte n’est pas, à proprement parler, la circonstance d’un
autre acte.). Car dans chaque acte il faut considérer la personne qui l’a fait
(quis), les
moyens qu’elle a employés (quibus auxiliis), la chose qu’elle a faite (quid), le lieu où elle l’a fait (ubi), les motifs
qui l’ont porté à le faire (cur), la manière dont elle l’a faite (quomodò) et le temps (quandò). Mais
Aristote en ajoute une dernière, la matière sur laquelle il agit (circà quid). Cicéron la comprend sous le nom
de quid. Or, on peut ainsi rendre
compte de cette énumération. Car on appelle circonstance la chose qui existe
pour ainsi dire en dehors de la substance de l’acte, mais de telle sorte
cependant qu’elle atteigne l’acte lui-même de quelque manière. Or, elle
l’atteint de trois façons : 1° Elle atteint l’acte lui-même ; 2° la cause de
l’acte ; 3° son effet. Elle atteint l’acte lui-même soit en le mesurant comme
le temps et le lieu, soit en le qualifiant comme la manière d’agir. Elle l’atteint
dans son effet, comme quand on considère ce qu’une personne a fait (quid), si elle l’atteint dans sa cause,
soit qu’il s’agisse de la cause finale qu’indique le propter quid, soit qu’il s’agisse de la cause matérielle ou de l’objet que
rappelle le circà quid, soit qu’il s’agisse de la cause
efficiente et de l’agent principal que détermine la question quiis, soit qu’il
s’agisse de la cause instrumentale à laquelle se rapporte le quibus auxiliis.
Article
4 : Les principales circonstances sont-elles celles qui regardent la fin de
l’acte et sa substance ?
Objection
N°1. Il semble que les circonstances principales ne soient pas celles qui
regardent la fin de l’acte et sa substance, comme le dit Aristote (Eth., liv. 3, chap. 1). Car la substance de
l’acte semble comprendre le temps et le lieu, qui ne paraissent pas des
circonstances principales, puisqu’elles sont ce qu’il y a de plus extrinsèques
à l’acte. Donc les circonstances qui regardent la substance de l’acte ne sont
pas les plus importantes.
Réponse
à l’objection N°1 : Par la substance de l’acte Aristote n’entend pas le temps
et le lieu, mais ce qui est uni à l’acte lui-même. Ainsi Némésius
expliquant ce passage d’Aristote, au lieu de ces expressions : in quibus est operatio, a employé celles-ci : quid agitur.
Objection
N°2. La fin est extrinsèque à la chose. Donc elle ne paraît pas être la
circonstance la plus importante.
Réponse
à l’objection N°2 : La fin, bien qu’elle n’appartienne pas à la substance de
l’acte, est cependant la cause la plus importante de l’acte, en ce sens que
c’est elle qui prote l’agent à l’action. C’est pourquoi l’acte moral tire
principalement de la fin son espèce.
Objection
N°3. Ce qu’il y a de principal dans chaque chose c’est sa cause et sa forme.
Or, la cause de l’acte est la personne qui le fait, et sa forme est la manière
dont elle le fait. Donc ces deux circonstances sont les plus importantes.
Réponse
à l’objection N°3 : L’agent est cause de l’acte, selon qu’il est mû par la fin,
et c’est à ce titre qu’il est cause principale de l’action. Quant aux autres
conditions de la personne ou de l’agent elles ne se rapportent pas aussi
fondamentalement à l’acte. Pour le mode, il n’est pas une forme substantielle
de l’acte, car la forme substantielle se considère dans l’acte selon son objet,
sa fin et son terme, mais il est une sorte de qualité accidentelle.
Mais
c’est le contraire. Némésius (De nat. hom., chap. 31) dit
que les principales circonstances sont la fin et la substance de l’acte.
Conclusion
La circonstance qui atteint l’acte humain sous le rapport final est la première
(cujus gratiâ),
celle qui vient ensuite c’est celle qui touche à la substance même de l’acte (quid fecit).
Il
faut répondre que les actes ne sont humains, à proprement parler, que suivant
qu’ils sont volontaires, comme nous l’avons dit (quest. 1, at. 1). Or, la fin
est le motif et l’objet de la volonté. C’est pourquoi la principale de toutes
les circonstances est celle qui touche à l’action sous le rapport de la fin (cujus gratiâ).
Celle qui vient ensuite c’est la circonstance qui atteint la substance même de
l’acte (quid fecit).
Quant aux autres circonstances elles sont plus ou moins principales, selon
qu’elles se rapprochent plus ou moins de celles-ci.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de
l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et
relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email
figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les
retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la
propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation
catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale
catholique et des lois justes.
JesusMarie.com