Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

1a 2ae = Prima Secundae = 1ère partie de la 2ème Partie

Question 54 : De la distinction des habitudes

 

          Après avoir parlé de l’affaiblissement et de la perte des habitudes, il ne nous reste plus qu’à parler de leur distinction. — A ce sujet quatre questions se présentent : 1° Peut-il y avoir plusieurs habitudes dans une même puissance ? — 2° Les habitudes se distinguent-elles d’après leurs objets ? (Cet article est très important. Il jette une grande lumière sur la distinction spécifique et numérique des péchés, qui a tant occupé les théologiens.) — 3° Les habitudes se distinguent-elles selon le bien et le mal ? — 4° Une habitude se compose-t-elle de plusieurs autres ?

 

Article 1 : Peut-il y avoir plusieurs habitudes dans une même puissance ?

 

          Objection N°1. Il semble qu’il soit impossible qu’il y ait plusieurs habitudes dans une même puissance. Car quand on distingue deux choses de la même manière, en multipliant l’une on multiplie l’autre. Or, on distingue les puissances et les habitudes de la même manière, c’est-à-dire d’après leurs actes et leurs objets. On les multiplie donc pareillement ; par conséquent il ne peut pas y avoir plusieurs habitudes dans une même puissance.

          Réponse à l’objection N°1 : Comme dans les choses naturelles la diversité des espèces résulte de la forme, et la diversité des genres résulte de la matière, ainsi que le dit Aristote (Met., liv. 5. text. 16 et 33) ; car les choses qui sont de différents genres sont formées d’une matière différente ; de même la diversité générique des objets produit la distinction des puissances, et c’est ce qui fait dire au philosophe (Eth., liv. 6, chap. 3) que les choses qui sont d’un autre genre se rapportent à différentes parties de l’âme. Mais la diversité spécifique des objets produit la diversité spécifique des actes, et par conséquent la diversité des habitudes (Ainsi quand les objets sont de différent genre ils répondent à des puissances différentes ; quand ils sont de différente espèce seulement ils se rapportent à la même puissance, mais non à la même habitude. Par conséquent la même puissance renferme plusieurs habitudes, comme il y a dans le même genre plusieurs espèces.). Et toutes les choses qui sont d’un autre genre sont aussi d’une autre espèce, mais non réciproquement. C’est pourquoi les actes des puissances diverses sont d’espèce différente et leurs habitudes sont aussi distinctes ; mais il n’est pas nécessaire que des habitudes différentes appartiennent à diverses puissances, elles peuvent se rapporter plusieurs à la même. Et comme il y a les genres des genres et les espèces des espèces, de même il arrive qu’il y a différentes espèces d’habitudes et de puissances.

 

          Objection N°2. Une puissance est une vertu simple. Or, dans un sujet simple il ne peut pas y avoir des accidents divers. Car le sujet est cause de l’accident ; et ce qui est un et simple doit produire quelque chose qui est un aussi. Donc il ne peut pas y avoir dans une puissance plusieurs habitudes.

          Réponse à l’objection N°2 : La puissance quoiqu’elle soit simple dans son essence est cependant multiple virtuellement, parce qu’elle s’étend à beaucoup d’actes d’espèce différente. C’est pourquoi rien n’empêche que dans la même puissance il n’y ait plusieurs habitudes de différente espèce.

 

          Objection N°3. Comme le corps reçoit sa forme de la figure, de même la puissance reçoit la sienne de l’habitude. Or, un corps ne peut pas simultanément recevoir l’empreinte de figures différentes. Donc une puissance ne peut pas non plus être simultanément formée de différentes habitudes. Donc plusieurs habitudes ne peuvent pas simultanément exister dans une seule puissance.

 

          Mais c’est le contraire. L’intellect est une puissance unique, et cependant il y a en elle les habitudes de différentes sciences.

 

          Conclusion Comme une puissance peut produire plusieurs actes, de même dans une seule et même puissance il peut y avoir plusieurs habitudes.

          Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (quest. 49, art. 4), les habitudes sont les dispositions de celui qui est en puissance à l’égard d’une chose, soit par rapport à la nature elle-même, soit par rapport à son action ou à sa fin. Quant aux habitudes qui sont des dispositions relatives à la nature, il est évident qu’il peut y en avoir plusieurs dans un seul sujet : parce qu’on peut considérer de différentes manières les parties d’un même sujet et que les habitudes se distinguent d’après leur disposition. Par exemple, si on considère dans le corps humain les humeurs selon qu’elles sont disposées conformément à la nature, c’est l’habitude ou la disposition de la santé. Si on considère les parties du corps, comme les nerfs, les os et les chairs, leur disposition relativement à la nature produit la force ou la maigreur. Si on regarde les membres, comme les mains et les pieds, leur disposition quand elle est en harmonie avec la nature produit la beauté. Ainsi il y a plusieurs habitudes ou plusieurs dispositions dans le même sujet. — Si nous parlons des habitudes qui sont des dispositions relatives à l’action et qui appartiennent, à proprement parler, aux puissances, une même puissance peut encore en avoir plusieurs. La raison en est que le sujet de l’habitude est la puissance passive, comme nous l’avons dit (quest. 51, art. 2). Car la puissance active seule n’est pas le sujet de l’habitude, comme nous l’avons prouvé (ibid.). Or, la puissance passive se rapporte à un acte déterminé d’une seule espèce, comme la matière à la forme ; parce que comme la matière est déterminée à une forme unique par un seul agent, de même la puissance passive est déterminée par la nature d’un seul objet actif à un acte qui est un dans son espèce. Par conséquent, comme plusieurs objets (Plusieurs objets de différente espèce.) peuvent mouvoir une puissance passive ; de même une puissance passive peut être le sujet d’actes ou de perfections de différente espèce. Et puisque les habitudes sont des qualités ou des formes inhérentes à la puissance qui la portent à déterminer ses actes selon leur espèce, il s’ensuit que la même puissance peut avoir plusieurs habitudes comme elle produit plusieurs actes d’espèce différente.

          Réponse à l’objection N°3 : Le corps reçoit sa forme de la figure comme de sa délimitation propre, tandis que l’habitude n’est pas ainsi la terminaison ou la délimitation de la puissance, mais elle est une disposition de la puissance à l’acte comme à son dernier terme (La figure est ainsi le dernier terme du corps.). C’est pourquoi une puissance ne peut pas simultanément produire plusieurs actes, à moins que l’un ne comprenne l’autre : comme un corps ne peut avoir plusieurs figures qu’autant que l’une est renfermée dans une autre, comme un triangle dans un quadrilatère. L’intellect ne peut pas non plus comprendre simultanément plusieurs choses en acte, mais il peut en savoir simultanément une foule et en posséder la connaissance habituelle.

 

Article 2 : Les habitudes se distinguent-elles d’après leurs objets ?

 

          Objection N°1. Il semble que les habitudes ne se distinguent pas d’après leurs objets. Car les contraires sont d’une espèce différente. Or, la même habitude scientifique a pour objet les contraires ; ainsi la médecine s’occupe de la maladie et-de la santé. Donc les habitudes ne se distinguent pas d’après la différence spécifique de leurs objets.

          Réponse à l’objection N°1 : Dans la distinction des puissances ou des habitudes il ne faut pas considérer l’objet matériellement, mais la raison formelle de l’objet qui établit une différence d’espèce ou de genre. Or, quoique les contraires diffèrent spécifiquement d’après la diversité de la matière, cependant la raison qui les fait connaître est la même, puisqu’on connaît l’un par l’autre ; c’est pourquoi par là même qu’ils se réunissent sous la même raison intelligible, ils appartiennent à la même habitude cognitive.

 

          Objection N°2. Les sciences diverses sont des habitudes différentes. Or, le même objet scientifique appartient à des sciences différentes ; ainsi la rotondité de la terre se démontre en physique et en astronomie, comme le dit Aris­tote (Phys., liv. 2, text. 17). Donc les habitudes ne se distinguent pas d’après leurs objets.

          Réponse à l’objection N°2 : La physique démontre la rotondité de la terre d’une manière et l’astronomie d’une autre. Car l’astronomie la démontre par les mathématiques, par les figures des éclipses ou par d’autres moyens semblables, tandis que la physique la prouve d’une manière naturelle, par la gravitation ou par d’autres faits analogues. Or, toute la vertu de la démonstration qui est le syllogisme scientifique, comme le dit Aristote (Post., liv. 1, text. 5), dépend du moyen terme. C’est pourquoi les divers moyens sont comme les divers principes actifs d’après lesquels les habitudes des sciences se diversifient.

 

          Objection N°3. Le même acte a le même objet ; mais il peut appartenir à différentes habitudes de vertu, s’il se rapporte à des fins diverses. Ainsi donner de l’argent à quelqu’un, si on le fait pour Dieu, cet acte appartient à la charité ; si c’est pour acquitter une dette, il appartient à la justice. Donc le même objet peut appartenir à différentes habitudes, et par conséquent la diversité des habitudes ne peut résulter de la diversité des objets.

          Réponse à l’objection N°3 : Comme le dit Aristote (Phys., liv. 2, text. 89 ; Eth., liv. 7, chap. 8), la fin est dans la pratique ce que les principes sont en matière de démonstration. C’est pourquoi la diversité des fins produit la diversité des vertus, comme la diversité des principes actifs. D’ailleurs les fins sont les objets des actes intérieurs qui se rapportent tout particulièrement aux vertus, comme on le voit d’après ce que nous avons dit (quest. 19, art. 1 et 2).

 

          Mais c’est le contraire. Les actes diffèrent d’espèce selon la diversité de leurs objets, comme nous l’avons dit (quest. 1, art. 3, et quest. 18, art. 2). Car les habitudes sont des dispositions qui se rapportent aux actes. Donc on les distingue d’après la diversité des objets.

 

          Conclusion Les habitudes se distinguent spécifiquement de trois manières : d’après leurs principes actifs, d’après leur nature, et d’après la différence spécifique de leurs objets.

         Il faut répondre qu’une habitude est une forme et une habitude. La distinction spécifique des habitudes peut donc se considérer ou d’une manière générale, comme on distingue les différentes espèces de forme, ou d’une manière qui leur est propre. Or, les formes se distinguent les unes des autres d’après leurs divers principes actifs, parce que tout agent produit son semblable sous le rapport de l’espèce (Par conséquent quand les agents sont de différente espèce, les formes qu’ils produisent sont aussi d’espèce différente.). Mais l’habitude implique un rapport avec une chose ; et toutes les choses qui se rapportent ainsi à une autre se distinguent d’après la distinction des objets auxquels elles se rapportent. L’habitude étant une disposition qui se rapporte à deux termes, à la nature et à l’action qui en est la conséquence, il s’ensuit que les habitudes se distinguent de trois manières : d’abord selon les principes actifs des dispositions qui les déterminent ; ensuite d’après leur nature (Ainsi quand les habitudes se rapportent à des natures d’espèce différente elles ne peuvent être de la même espèce (Voy. l’art. suiv.).), et enfin en troisième lieu d’après leurs objets qui diffèrent spécifiquement (L’argument qui précède la conclusion dans ce même article le prouve.), comme on le verra par ce qui va suivre.

 

Article 3 : Les habitudes se distinguent-elles d’après le bien et le mal ?

 

          Objection N°1. Il semble que les habitudes ne se distinguent pas d’après le bien et le mal. Car le bien et le mal sont contraires. Or, la même habitude a pour objet les contraires, comme nous l’avons dit (art. 2, réponse N°1). Donc les habitudes ne se distinguent pas d’après le bien et le mal.

          Réponse à l’objection N°1 : Les contraires peuvent être l’objet d’une seule habitude quand ils se réunissent sous un seul et même rapport (Quand ils n’ont, comme disent les théologiens, qu’une même raison formelle.). Cependant il n’arrive jamais que des habitudes contraires soient de la même espèce (Parce que les contraires diffèrent entre eux de genre et d’espèce.). Car la contrariété des habitudes résulte de raisons contraires. Ainsi on distingue les habitudes d’après le bien et le mal, c’est-à-dire selon qu’une habitude est bonne et une autre mauvaise, mais non pas parce que l’une appartient à un sujet qui est bon et l’autre à un sujet qui est mauvais.

 

          Objection N°2. Le bien est identique avec l’être ; par conséquent puisqu’il est commun à tout ce qui existe, il ne peut pas être considéré comme la différence d’une espèce, ainsi qu’on le voit parce que dit Aristote (Top., liv. 4 in princ.). De même le mal étant la privation et le non-être ne peut pas être la différence d’un être. Donc les habitudes ne peuvent se distinguer spécifiquement d’après le bien et le mal.

          Réponse à l’objection N°2 : Le bien commun à tout être n’est pas la différence qui constitue l’espèce d’une habitude quelconque, mais c’est un bien déterminé qui est conforme à une nature déterminée, c’est-à-dire à la nature humaine. Il en est de même du mal qui est la différence constitutive de l’habitude ; ce n’est pas une privation pure, mais c’est quelque chose de déterminé qui répugne à une nature particulière.

 

          Objection N°3. Par rapport au même objet il y a différentes habitudes mauvaises ; ainsi par rapport à la concupiscence il y a l’intempérance et l’insensibilité ; on distingue également plusieurs bonnes habitudes, telles que la vertu humaine, et la vertu héroïque ou divine, comme le prouve Aristote (Eth., liv. 7, chap. 1). Donc on ne distingue pas les habitudes d’après le bien et le mal.

          Réponse à l’objection N°3 : On distingue spécifiquement plusieurs bonnes habitudes à l’égard du même objet selon qu’il convient à différentes natures, comme nous l’avons dit (dans le corps de l’article.), et on en distingue plusieurs mauvaises par rapport à la même action, selon les diverses répugnances qu’elle a pour ce qui est conforme à la nature. C’est ainsi que par rapport au même objet il y a différents vices qui sont contraires à une même vertu (Ainsi la prodigalité et l’avarice sont opposées à une même vertu qui est la libéralité.).

 

          Mais c’est le contraire. Une bonne habitude est contraire à une mauvaise, comme la vertu au vice. Or, les contraires diffèrent d’espèce. Donc les habitudes diffèrent spécifiquement d’après la différence du bien et du mal.

 

          Conclusion Les habitudes se distinguent par le bien et le mal selon qu’elles disposent l’homme à agir conformément ou contrairement à la nature, ou encore conformément à une nature supérieure ou inférieure.

          Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. préc.), les habitudes se distinguent spécifiquement non seulement d’après leurs objets et leurs principes actifs, mais encore par rapport à la nature, et cela de deux manières : 1° selon qu’elles sont conformes ou non à la nature, on dit qu’elles sont bonnes ou mauvaises dans leur espèce. Car on appelle bonne l’habitude qui dispose l’agent à un acte conforme à sa nature, et on appelle mauvaise celle qui le dispose à un acte qui lui est contraire. Ainsi les actions vertueuses sont en harmonie avec la nature humaine, parce qu’elles sont conformes à la raison, et les actions vicieuses sont en désaccord avec elle, parce que la raison les condamne. Il est donc évident qu’on distingue spécifiquement les habitudes d’après la différence du bien et du mal. 2° On distingue encore les habitudes d’après la nature, parce que l’une dispose l’agent à un acte qui convient à la nature inférieure et l’autre le dispose à un acte qui convient à la nature supérieure (Les habitudes naturelles ne sont pas de même espèce que les habitudes surnaturelles parce qu’elles ne sont pas ordonnées de la même manière.). C’est ainsi que la vertu humaine qui dispose à un acte conforme à la nature humaine se distingue de la vertu divine ou héroïque qui dispose à un acte qui convient à une nature supérieure.

 

Article 4 : Une habitude peut-elle être formée de plusieurs autres ?

 

          Objection N°1. Il semble qu’une habitude se compose de plusieurs autres. Car les choses dont la formation n’est pas tout d’un coup parfaite, mais successive, semblent être composées de plusieurs parties. Or, l’habitude est le produit non simultané, mais successif de plusieurs actes, comme nous l’avons dit (quest. 51, art. 3). Donc une habitude se forme de plusieurs autres.

          Réponse à l’objection N°1 : Si la formation de l’habitude est successive, ce n’est pas parce qu’une partie est produite après une autre, mais c’est parce que le sujet n’acquiert pas immédiatement une disposition ferme et constante. Ainsi l’habitude commence à exister dans le sujet d’une manière imparfaite et se perfectionne insensiblement ; et il en est ainsi des autres qualités.

 

          Objection N°2. Un tout se compose de parties. Or, il y a dans une habitude plusieurs parties. Ainsi Cicéron en distingue plusieurs dans la force, la tempérance et les autres vertus (De invent., liv. 2, ant. fin.). Donc une habitude est formée de plusieurs autres.

          Réponse à l’objection N°2 : Les parties qu’on distingue dans chacune des vertus cardinales ne sont pas des parties intégrantes qui constituent le tout, mais des parties subjectives ou potentielles, comme nous le verrons (quest. 57, art. 6, réponse N°4, et 2a 2æ, quest. 48).

 

          Objection N°3. On peut avoir la science actuelle et habituelle à l’égard d’une seule conclusion. Or, il y a beaucoup de conclusions dans une seule et même science, comme la géométrie ou l’arithmétique. Donc une habitude se compose de plusieurs autres.

          Réponse à l’objection N°3 : Celui qui dans une science acquiert par une démonstration la science d’une conclusion, a déjà l’habitude de cette science, mais d’une manière imparfaite. Ainsi quand il acquiert par une autre démonstration la science d’une autre conclusion, il ne se forme pas en lui une autre habitude, mais l’habitude qui existait auparavant devient plus parfaite, c’est-à-dire qu’elle s’étend à un plus grand nombre d’objets, parce que les conséquences et les démonstrations d’une même science sont liées entre elles et que l’une découle de l’autre.

 

          Mais c’est le contraire. L’habitude étant une qualité est une forme simple. Or, aucun être simple n’est composé de plusieurs autres. Donc une habitude ne se forme pas de plusieurs autres.

 

          Conclusion L’habitude est une qualité simple qui n’est pas composée de plusieurs autres ; car quoiqu’elle s’étende à une foule d’objets, elle ne s’y rapporte qu’en vue d’un seul d’où elle tire son unité.

          Il faut répondre que l’habitude qui se rapporte à l’action (et qui est celle dont nous nous occupons ici principalement) est une perfection de la puissance. Or, toute perfection est proportionnée au sujet qu’elle doit perfectionner. Ainsi comme la puissance par là même qu’elle est une s’étend à beaucoup d’objets, selon qu’ils sont réunis sous une raison générale qui les rassemble pour n’en faire formellement qu’un seul : de même l’habitude s’étend à plusieurs choses selon qu’elles se rapportent à une seule, par exemple à la même raison spéciale de l’objet, ou à la même nature, ou au même principe, comme nous l’avons vu (quest. 52, art. 1 et 2). Si donc nous considérons l’habitude par rapport aux objets auxquels elle s’étend, nous trouverons ainsi en elle une certaine multiplicité. Mais par là même que cette multiplicité se rapporte à un objet unique qui est la fin principale de l’habitude, il s’ensuit que l’habitude est une qualité simple qui n’est pas composée de plusieurs autres quoiqu’elle s’étende à beaucoup d’objets. Car une habitude ne s’étend à plusieurs choses qu’autant que celles-ci se rapportent à une seule d’ou dépend son unité.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

JesusMarie.com