Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

1a 2ae = Prima Secundae = 1ère partie de la 2ème Partie

Question 57 : De la distinction des vertus intellectuelles

 

          Après avoir traité du sujet des vertus, il faut ensuite considérer leur distinction. Nous parlerons 1° de la distinction des vertus intellectuelles ; 2° de la distinction des vertus morales ; 3° de la distinction des vertus théologales. — Touchant la distinction des vertus intellectuelles six questions se présentent : l° Les habitudes intellectuelles spéculatives sont-elles des vertus ? — 2° Y a-t-il trois vertus intellectuelles, c’est-à-dire la sagesse, la science et l’intellect ? — 3° L’habitude intellectuelle qui est un art est-elle une vertu ? — 4° La prudence est-elle une vertu distincte de l’art ? — 5° La prudence est-elle une vertu nécessaire à l’homme ? — 6° Le conseil, la sagacité et le jugement sont-ils des vertus annexées à la prudence ?

 

Article 1 : Les habitudes intellectuelles spéculatives sont-elles des vertus ?

 

          Objection N°1. Il semble que les habitudes intellectuelles spéculatives ne soient pas des vertus. Car la vertu est une habitude pratique, comme nous l’avons dit (quest. 55, art. 2). Or, les habitudes spéculatives ne sont pas pratiques, puisqu’on les distingue l’une de l’autre. Donc les habitudes intellectuelles spéculatives ne sont pas des vertus.

          Réponse à l’objection N°1 : Il y a deux sortes d’action : l’une extérieure et l’autre intérieure. Le mot pratique qui se divise par opposition au mot spéculatif désigne l’action extérieure avec laquelle l’habitude spéculative n’a pas de rapport. Mais l’intellect se rapporte à l’action intérieure qui est la contemplation du vrai, et à ce point de vue il est une habitude opérative (Il produit une opération intérieure qui lui est propre et qui consiste dans la contemplation de la vérité.).

 

          Objection N°2. La vertu se rapporte aux moyens qui sont capables de rendre l’homme heureux, parce que la félicité est la récompense de la vertu, comme le dit Aristote (Eth., liv. 1, chap. 9). Or, les habitudes intellectuelles ne considèrent pas les actes humains ni les autres biens par lesquels l’homme arrive â la béatitude, mais elles ont plutôt rapport aux choses naturelles et divines. Donc ces habitudes ne peuvent pas recevoir le nom de vertus.

          Réponse à l’objection N°2 : La vertu considère les choses de deux manières : l° Comme objets. En ce sens les vertus spéculatives n’ont pas pour objet les choses par lesquelles l’homme devient heureux, à moins que le mot par ne désigne ici la cause efficiente ou l’objet de la complète béatitude, qui est Dieu, l’objet souverain de toute contemplation. 2° Comme actes. De cette manière les vertus intellectuelles regardent ce qui rend l’homme heureux, soit parce que leurs actes peuvent être méritoires (Selon qu’ils sont produits par un motif de charité.), comme nous l’avons dit (dans le corps de l’article.), soit parce qu’ils sont un commencement de la béatitude parfaite qui consiste dans la contemplation du vrai, comme nous l’avons vu (quest. 3, art. 8).

 

          Objection N°3. La science est une habitude spéculative. Or, la science et la vertu se distinguent comme des genres différents qui ne sont pas subordonnés l’un à l’autre, selon ce que dit Aristote (Top., liv. 4, chap. 2). Donc les habitudes spéculatives ne sont pas des vertus.

          Réponse à l’objection N°3 : La science se divise par opposition à la vertu prise dans le second sens que nous avons déterminé, c’est-à-dire selon qu’elle appartient à la puissance appétitive.

 

          Mais c’est le contraire. Il n’y a que les habitudes spéculatives qui regardent les choses nécessaires qui ne peuvent pas être autrement. Or, Aristote (Eth., liv. 6, chap. 1) place certaines vertus intellectuelles dans la partie de l’âme qui considère ces choses nécessaires. Donc les habitudes intellectuelles spéculatives sont des vertus.

 

          Conclusion Puisque les habitudes intellectuelles spéculatives ne perfectionnent pas la partie appétitive de l’âme, mais seulement la partie intellectuelle, on ne peut les appeler vertus que parce qu’elles donnent à l’homme la faculté de bien agir, mais non parce qu’elles lui font faire réellement un bon usage de ses ressources.

          Il faut répondre que, puisqu’on appelle vertu tout ce qui se rapporte au bien, comme nous l’avons dit (quest. 55, art. 3), on peut donner à une habitude ce nom sous un double rapport, comme nous l’avons encore vu (quest. 56, art. 3) : 1° parce que l’habitude donne la faculté de bien agir ; 2° parce qu’à cette faculté elle ajoute encore le bon usage ou la réalisation même de l’action. Ce qui ne regarde, comme nous l’avons observé (quest. 56, art. 3), que les habitudes qui ont rapport à la partie appétitive de l’âme, parce que c’est à la puissance appétitive qu’il appartient de faire usage de toutes les puissances et de toutes les habitudes. Ainsi donc, puisque les habitudes intellectuelles spéculatives ne perfectionnent pas la partie appétitive, puisqu’elles ne se rapportent à elle d’aucune manière, et qu’elles ne regardent que la partie intelligentielle, on peut leur donner le nom de vertus en ce sens qu’elles facilitent les bonnes actions qui consistent dans la contemplation du vrai (Elles rendent l’entendement plus apte à accomplir convenablement, c’est-à-dire à percevoir le vrai et à éviter le faux.) ; car c’est là le bien produit par l’intellect ; mais on ne leur donne pas le nom de vertus dans le second sens comme si elles contribuaient au bon usage que l’homme fait de sa puissance ou de son habitude. Car, de ce qu’un individu a l’habitude d’une science spéculative, il n’est pas porté à en faire un bon usage (Un savant peut être moins vertueux qu’un ignorant.), mais il est seulement capable de contempler le vrai dans les choses qui sont l’objet de sa science. S’il fait usage de la science qu’il possède c’est l’effet de la volonté qui lui imprime son mouvement. C’est pourquoi la vertu qui perfectionne la volonté, comme la charité ou la justice, est aussi cause du bon usage que l’homme fait de ses habitudes spéculatives. D’après cela, les actes qui procèdent de ces habitudes peuvent être méritoires s’ils ont la charité pour principe. Ainsi saint Grégoire dit (Mor., liv. 6, chap. 18) que la vie contemplative est plus méritante que la vie active.

 

Article 2 : N’y a-t-il que trois habitudes intellectuelles spéculatives : la sagesse, la science et l’intelligence ?

 

          Objection N°1. Il semble que l’on distingue à tort trois vertus intellectuelles spéculatives : la sagesse, la science et l’intelligence. Car les espèces ne doivent pas se diviser par opposition contre le genre. Or, la sagesse est une science, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 7). Donc on ne doit pas la distinguer de la science et la mettre avec elle au nombre des vertus intellectuelles.

          Réponse à l’objection N°1 : La sagesse est une science en ce sens qu’elle a ce qui est commun à toutes les sciences, c’est-à-dire qu’elle démontre des conséquences d’après des principes. Mais comme elle a quelque chose qui lui est propre et qui la place au-dessus de toutes les autres sciences, puisqu’elle les juge toutes, non seulement par rapport aux conséquences, mais encore par rapport aux premiers principes, il s’ensuit qu’elle est une vertu plus parfaite que la science.

 

          Objection N°2. Dans la distinction des puissances, des habitudes et des actes qui se fait d’après l’objet on considère surtout la différence qui repose sur la raison formelle des objets, comme on le voit (quest. 54, art. 1, réponse N°1). Donc les différentes habitudes ne doivent pas se distinguer d’après leur objet matériel, mais d’après la raison formelle de cet objet. Et comme le principe de la démonstration est la raison qui fait connaître les conclusions, il s’ensuit que l’intelligence des principes ne doit pas être considérée comme une autre habitude ou comme une autre vertu que la science des conséquences.

          Réponse à l’objection N°2 : Quand la raison de l’objet se rapporte sous un seul et même acte à la puissance ou à l’habitude, alors on ne distingue pas les habitudes ou les puissances d’après la raison formelle de leur objet et d’après leur objet matériel. Ainsi c’est à la même puissance visuelle qu’il appartient de voir la couleur et la lumière qui est la raison de la vision de la couleur et qui se voit simultanément avec elle. Mais les principes de la démonstration peuvent se considérer à part, sans qu’on considère les conséquences. On peut aussi les considérer simultanément avec elles, selon qu’on va de l’un à l’autre. C’est à la science qu’il appartient de considérer les principes de cette seconde manière, parce qu’elle considère aussi les conséquences. Mais il appartient à l’intellect de considérer les principes en eux-mêmes. Par conséquent si l’on voit les choses exactement, on remarque que ces trois vertus ne sont pas parallèlement distinctes l’une de l’autre, mais qu’il y a entre elles une certaine subordination, comme il arrive à l’égard de toutes les choses potentielles dont une partie est plus parfaite que l’autre. Ainsi l’âme raisonnable est plus parfaite que l’âme sensitive, et celle-ci l’est plus que l’âme végétative. De cette manière la science dépend de l’intelligence comme d’une chose qui est au-dessus d’elle, et elles dépendent l’une et l’autre de la sagesse qui les domine et qui comprend sous elle l’intelligence et la science, puisqu’elle juge des conclusions des sciences et de leurs principes.

 

          Objection N°3. On appelle vertu intellectuelle celle qui existe dans ce qui est essentiellement raisonnable. Or, la raison spéculative raisonne dialectiquement (Cette espèce de raisonnement ne porte que sur des probabilités et il engendre l’opinion au lieu de la certitude.) comme elle raisonne démonstrativement. Par conséquent, comme la science qui résulte du syllogisme démonstratif est prise pour une vertu intellectuelle spéculative ; de même l’opinion.

         Réponse à l’objection N°3 : Comme nous l’avons dit (quest. 55, art. 3 et 4), l’habitude de la vertu a invariablement le bien pour objet, et ne se rapporte d’aucune manière au mal. Or, le bien pour l’intellect c’est le vrai, et le mal c’est le faux. Par conséquent on ne donne le nom de vertus intellectuelles qu’aux habitudes d’après lesquelles on dit toujours vrai et jamais faux. Comme l’opinion et le soupçon peuvent être vrais et faux, il s’ensuit que ce ne sont pas des vertus intellectuelles, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 3).

 

          Mais c’est le contraire. Aristote dit (Eth., liv. 6, chap. 3, 6 et 7) qu’il n’y a que trois vertus intellectuelles spéculatives : la sagesse, la science et l’intelligence.

 

          Conclusion Il y a trois habitudes intellectuelles spéculatives : la sagesse qui considère les choses qui sont par leur nature les plus intelligibles quoiqu’elles soient les dernières que nous puissions connaître ; la science qui raisonne sur les divers genres de connaissance de quelque manière qu’ils nous soient transmis ; et l’intelligence ou l’entendement qui est la connaissance simple mais certaine des premiers principes.

          Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. préc.), la vertu intellectuelle spéculative est celle qui perfectionne l’intellect spéculatif et le rend capable de considérer le vrai ; car c’est là le bien qu’il doit faire. Or, on peut considérer le vrai de deux manières : 1° comme étant connu par lui-même ; 2° comme étant connu par un autre. Le vrai qui est connu par lui-même est un principe et il est immédiatement perçu par l’intellect. C’est pourquoi l’habitude qui perfectionne l’intellect par rapport à cette espèce de vrai se nomme intelligence ou entendement ; c’est l’habitude des principes. — Le vrai qui est connu par un autre n’est pas immédiatement perçu par l’entendement ; il est l’objet des recherches de la raison, et il en est le dernier terme ; ce qui peut avoir lieu de deux manières. Ainsi il peut être le dernier terme de la faculté intellectuelle dans un genre (Comme la physique, les mathématiques et toutes les autres sciences qui ont un objet particulier qui est le dernier terme dans un genre seulement, parce qu’il n’embrasse pas l’universalité des connaissances.), et il peut en être le dernier terme relativement à toute l’étendue de la connaissance humaine (Telle est p, par exemple, la notion de Dieu qui est la cause première, le principe premier d’après lequel on doit juger tout le reste.). Et comme les choses que nous ne connaissons qu’en dernier lieu sont les premières et les plus connues par leur nature, d’après Aristote (Phys., liv. 1, text. 3), il s’ensuit que ce qu’il y a de plus élevé relativement à toute la connaissance humaine est ce qu’il y a de premier et de plus digne d’être connu dans l’ordre de la nature. L’habitude qui perfectionne l’intellect sous ce rapport est la sagesse qui considère les causes les plus profondes, comme le dit Aristote (Met., liv. 1, chap. 1). C’est ce qui fait qu’elle juge et qu’elle ordonne tout convenablement, parce qu’on ne peut avoir un jugement parfait et universel qu’autant qu’on revient aux causes premières. Quant à ce qui est le dernier terme dans tel ou tel genre de connaissances, c’est la science qui perfectionne l’intellect. C’est pourquoi selon les divers genres de choses que l’on peut savoir il y a différentes habitudes scientifiques (Puisque les habitudes se distinguent d’après la diversité de leurs objets.), tandis que la sagesse est une.

 

Article 3 : L’art qui est une habitude intellectuelle est-il une vertu ?

 

          Objection N°1. Il semble que l’art ne soit pas une vertu intellectuelle. Car saint Augustin dit (De lib. arb., liv. 2, chap. 18 et 19) que personne ne fait mauvais usage de la vertu. Or, on fait mauvais usage de l’art. Car un artisan peut mal agir selon la science de son art. Donc l’art n’est pas une vertu.

          Réponse à l’objection N°1 : Quand un artiste fait un mauvais ouvrage ce n’est pas une œuvre d’art, mais c’est plutôt une œuvre contraire à l’art. Comme quand un individu qui sait la vérité vient à mentir, ce qu’il dit n’est pas conforme à la science, mais lui est plutôt contraire. Par conséquent la science se rapporte toujours au bien, comme nous l’avons dit (art. préc., réponse N°3), et il en est de même de l’art, et c’est sous ce rapport qu’on dit qu’il est une vertu. Néanmoins ce n’est qu’une vertu imparfaite, parce que ce n’est pas l’art qui détermine le bon usage qu’on en fait ; il faut pour cela autre chose, quoique sans l’art cette espèce de bien soit impossible (Sans l’art l’exécution matérielle de l’œuvre est impossible, mais pour que cette œuvre soit bonne moralement il faut que la volonté de celui qui l’a exécutée ait été animée par des sentiments de vertu.).

 

          Objection N°2. Il n’y a pas la vertu de la vertu, mais il y a une vertu de l’art, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 5). Donc l’art n’est pas une vertu.

          Réponse à l’objection N°2 : Pour que l’homme fasse bon usage de son art il a besoin d’une bonne volonté que la vertu morale perfectionne. C’est ce qui fait dire à Aristote qu’il y a la vertu de l’art, c’est-à-dire qu’il faut une vertu morale pour qu’on fasse bon usage de l’art qu’on possède. Car il est évident que c’est la justice qui rend droite la volonté de l’artisan et qui le porte à exécuter fidèlement son œuvre.

 

          Objection N°3. Les arts libéraux sont supérieurs aux arts mécaniques. Or, comme les arts mécaniques sont pratiques, de même les arts libéraux sont spéculatifs. Donc si l’art était une vertu intellectuelle il devrait être compté parmi les vertus spéculatives.

          Réponse à l’objection N°3 : Dans les sciences spéculatives il y a quelque chose qui ressemble à une opération ; par exemple, il y a la construction d’un syllogisme, ou la composition d’un discours, l’action de compter et de mesurer. C’est pourquoi on donne par analogie le nom d’arts à toutes les habitudes spéculatives qui se rapportent à ces œuvres de raison ; on les appelle des arts libéraux pour les distinguer des arts qui ont pour objets les œuvres que le corps exécute et qu’on appelle des arts serviles ; parce que le corps est servilement soumis à l’âme et que c’est par l’âme que l’homme est libre. Quant aux sciences qui n’ont pour objet aucune de ces opérations rationnelles, on leur donne tout simplement le nom de science, et jamais celui d’art. De ce que les arts libéraux sont les plus nobles, il n’est donc pas nécessaire que ce qui est de l’essence de l’art leur convienne mieux.

 

          Mais c’est le contraire. Aristote dit (Eth., liv. 6, chap. 3 et 4) que l’art est une vertu ; cependant il ne le compte pas parmi les vertus spéculatives qui ont pour sujet la partie scientifique de l’âme.

 

          Conclusion Comme les habitudes spéculatives, de même l’art est une vertu en ce sens qu’il donne la faculté de bien faire, sans qu’il porte pour cela l’homme à faire bon usage de sa puissance ou de son habitude.

          Il faut répondre que l’art n’est rien autre chose que la droite raison qui dirige l’homme dans les choses qu’il doit exécuter. La bonté des œuvres d’art ne consiste pas dans les dispositions de l’appétit humain, mais en ce que l’œuvre que l’homme produit est bonne en elle-même. Car pour louer un artisan comme tel on n’examine pas dans quelle intention il fait son ouvrage, mais quelle est l’œuvre qu’il a exécutée (Pour juger de la beauté d’un tableau on ne recherche pas si le peintre l’a fait dans des vues de charité ou dans un but coupable, on examine seulement de quelle manière il l’a exécuté.). Par conséquent l’art est à proprement parler une habitude opérative. Néanmoins il a quelque chose de commun avec les habitudes spéculatives. Car les habitudes spéculatives ont pour fonction d’examiner ce que sont en elles- mêmes les choses qu’elles ont pour objet, et non de regarder comment l’appétit humain est disposé à leur égard. En effet, pourvu qu’un géomètre fasse une démonstration vraie, peu importe en quel état se trouve la partie appétitive de son âme, qu’il soit joyeux ou en colère. Il en est de même d’un artisan, comme nous l’avons dit (hic sup.). Ainsi l’art est une vertu au même titre que les habitudes spéculatives, c’est-à-dire que l’art ne produit pas plus que l’habitude spéculative une bonne action quant à l’usage, ce qui est le propre de la vertu qui perfectionne l’appétit, il donne seulement la faculté de bien exécuter un travail.

 

Article 4 : La prudence est-elle une vertu distincte de l’art ?

 

          Objection N°1. Il semble que la prudence ne soit pas une autre vertu que l’art. Car l’art est la droite raison qui règle des opérations. Or, les divers genres d’opérations ne font pas qu’une chose se trouve en dehors de l’art, puisque les arts varient selon la diversité des œuvres. Donc la prudence étant aussi la raison droite qui dirige les œuvres, il semble qu’on doive la confondre avec l’art.

          Réponse à l’objection N°1 : Les divers genres des objets d’art sont en dehors de l’homme, et c’est pour ce motif que la raison formelle de la vertu ne change pas ; mais la prudence est la règle des actes humains, et c’est ce qui établit entre elle et l’art une différence formelle, comme nous l’avons vu (dans le corps de l’article.).

 

          Objection N°2. La prudence se confond avec l’art plutôt que les habitudes spéculatives. Car ils ont l’un et l’autre pour objet des choses contingentes qui pourraient être autres qu’elles ne sont, selon la remarque d’Aristote (Eth., liv. 6, chap. 4 et 5). Et puisqu’il y a des habitudes spéculatives qui reçoivent le nom d’art, il semble qu’à plus forte raison on devrait ainsi appeler la prudence.

          Réponse à l’objection N°2 : La prudence se confond avec l’art plutôt que les habitudes spéculatives relativement au sujet et à la matière. Car l’un et l’autre ont pour sujet la partie de l’âme où se forme l’opinion et pour matière quelque chose de contingent. Mais l’art ressemble plus aux habitudes spéculatives sous le rapport de la vertu qu’à la prudence (Parce que les règles de l’art n’ont pas pour objet des choses contingentes.), comme on le voit d’après ce que nous avons dit (art. préc.).

 

          Objection N°3. C’est à la prudence qu’il appartient de donner de bons conseils, comme le dit encore Aristote (Eth., liv. 6, chap. 5). Or, il y a des arts où l’on donne des conseils, comme l’art militaire, la navigation et la médecine, d’après ce même philosophe (Eth., liv. 3, chap. 3). Donc la prudence ne se distingue pas de l’art.

          Réponse à l’objection N°3 : La prudence donne de bons conseils à l’égard de ce qui appartient à la vie entière de l’homme et à sa fin dernière ; tandis que dans les arts on trouve des conseils qui ont rapport à leurs fins particulières. Ainsi quand un homme donne de bons conseils pour la guerre ou la navigation on dit que c’est un général ou un pilote prudent ; mais on n’appelle bons conseillers d’une manière absolue que ceux qui donnent de bons conseils sur ce qui regarde la vie entière.

 

          Mais c’est le contraire. Aristote lui-même distingue la prudence de l’art (Eth., liv. 6, chap. 5).

 

          Conclusion La prudence étant la droite raison qui dirige l’homme dans sa conduite, elle exige un appétit ou une volonté droite, tandis que l’art qui est la raison ou la règle des ouvrages que l’on doit exécuter ne présuppose pas cette disposition dans la volonté ; il faut donc que cette vertu soit distincte de l’art.

          Il faut répondre qu’on doit distinguer plusieurs vertus là où l’on trouve différentes raisons formelles. Or, nous avons dit (art. 1, et quest. 56, art. 3) qu’on donne à l’habitude le nom de vertu par là même qu’elle donne la faculté de bien faire ; on le lui donne encore quand elle produit non seulement cette faculté, mais aussi l’usage qu’on en doit faire. Ainsi l’art ne produit que la faculté de bien faire parce qu’il n’a pas de rapport avec l’appétit ; mais la prudence ne donne pas seulement cette faculté, elle fait encore un bon usage de ses actes, car elle se rapporte à l’appétit et en présuppose la rectitude (Cette rectitude ne peut exister qu’autant qu’il est revêtu des habitudes qui lui sont propres.). La raison de cette différence c’est que l’art est la droite raison qui règle l’homme dans l’exécution d’un ouvrage, tandis que la prudence est la droite raison qui le règle dans sa conduite. Car faire et agir sont deux choses différentes, parce que, comme le dit Aristote (Met., liv. 9, text. 16), faire c’est un acte qui a pour objet une matière extérieure, comme bâtir, couper, etc. ; agir, c’est un acte qui est immanent dans l’agent lui-même, comme voir, vouloir, etc. Ainsi la prudence est, par rapport à ces actes humains qui résultent de l’usage qu’on fait des puissances et des habitudes, ce qu’est l’art par rapport aux travaux extérieurs ; car ils sont l’un et l’autre la raison parfaite relativement aux choses qui sont de leur ressort. Dans les choses spéculatives la perfection et la rectitude de la raison dépend des principes d’après lesquels elle raisonne, et nous avons dit (art. 2, réponse N°2) pour ce motif que la science dépend de l’entendement qui est l’habitude des principes et qu’elle le présuppose. Or, les fins sont pour les actes humains ce que sont les principes pour les choses spéculatives, comme le dit Aristote (Eth., liv. 7, chap. 8 ; liv. 6, chap. 5). C’est pourquoi la prudence, qui est la raison droite d’après laquelle l’homme doit se conduire, exige qu’il soit bien disposé relativement à ses fins, ce qui résulte de la rectitude de la volonté. Ainsi la vertu morale qui rend la volonté droite est donc nécessaire à la prudence. Mais le bien pour les œuvres d’art n’est pas le bien moral que la volonté recherche, c’est le bien des œuvres considérées en elles-mêmes (C’est la perfection artistique qui résulte des règles mêmes de l’art.). L’art ne présuppose donc pas une volonté droite. De là il arrive qu’on loue dans un artisan une faute volontaire plus qu’une faute involontaire (Ainsi le peintre qui produit à dessein dans un tableau une difformité est plus habile que celui qui fait la même chose involontairement.), tandis que les fautes volontaires sont plus opposées à la prudence que les fautes involontaires ; parce que la droiture de la volonté est de l’essence de la prudence, mais non de l’essence de l’art. Il est donc évident que la prudence est une vertu distincte de l’art.

 

Article 5 : La prudence est-elle une vertu nécessaire à l’homme ?

 

          Objection N°1. Il semble que la prudence ne soit pas une vertu nécessaire pour bien se conduire. Car ce que l’art est aux ouvrages qu’on doit exécuter, la prudence l’est aux actions dont la vie de l’homme se compose, puisqu’elle en est la droite raison comme l’art est la règle des ouvrages que l’on produit, selon la remarque d’Aristote (Eth., liv. 6, chap. 5). Or, l’art n’est nécessaire à l’égard des choses qu’on doit faire que pour les exécuter, mais il ne l’est plus une fois qu’elles sont faites. Donc la prudence n’est pas nécessaire à l’homme pour bien vivre dès qu’il est vertueux ; elle ne lui est utile que pour le devenir.

          Réponse à l’objection N°1 : Le bien, au point de vue de l’art, ne se considère pas dans l’artisan, mais plutôt dans son ouvrage (Il consiste par exemple dans un tableau dont on admire la perfection.), puisque l’art est la droite raison des choses qu’on doit exécuter. Car l’œuvre qui se produit dans une matière extérieure n’est pas une perfection pour celui qui la fait ; mais elle est la perfection de l’objet qu’on exécute, comme le mouvement est l’acte du mobile. L’art a donc pour objet ce que l’on exécute. Le bien considéré au point de vue de la prudence existe dans l’agent lui-même dont la perfection consiste dans l’action ; car la prudence est la règle des actions, comme nous l’avons dit (art. préc.). C’est pourquoi il n’est pas nécessaire à l’art que l’artisan agisse bien, mais il faut qu’il fasse un bon ouvrage. Il serait plutôt nécessaire que les objets que l’art produit fonctionnent bien, par exemple qu’un couteau ou qu’une scie coupe bien, si c’était à eux à agir plutôt qu’à être mis en action, parce qu’ils ne sont pas maîtres de leurs actes. C’est ce qui fait que l’art n’est pas nécessaire à l’artisan pour bien vivre, mais seulement pour faire un bon ouvrage et pour le conserver, tandis que la prudence est nécessaire à l’homme non seulement pour qu’il devienne bon, mais encore pour qu’il se conduise bien.

 

          Objection N°2. La prudence est ce qui nous inspire de bons conseils, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 5, 7, 8 et 9). Or, l’homme peut agir d’après un bon conseil qui ne lui est pas propre, mais qui vient d’autrui. Il n’est donc pas nécessaire pour bien vivre que l’homme ait lui-même la prudence, mais il suffit qu’il suive les conseils de celui qui la possède.

          Réponse à l’objection N°2 : Quand l’homme fait le bien, non d’après sa propre raison, mais suivant le conseil d’un autre, sa manière d’agir n’est pas absolument parfaite par rapport à la raison qui le dirige et à l’appétit qui le meut. Par conséquent s’il fait le bien, il ne le fait pas d’une manière absolue (Il ne le fait pas lui-même, puisqu’il se laisse conduire, et dans ce cas c’est toujours par la prudence qu’il agit.), et c’est là ce qu’on appelle bien vivre.

 

          Objection N°3. La vertu intellectuelle a pour caractère de dire toujours vrai et jamais faux. Or, il ne semble pas qu’il en soit ainsi de la prudence ; car il n’appartient pas à l’homme de ne jamais se tromper dans les conseils qu’il donne, puisque tout ce qui regarde sa conduite est contingent et pourrait être tout autre qu’il n’est. D’où il est écrit (Sag., 9, 14) : Les pensées des mortels sont timides et nos prévoyances incertaines. Il semble donc qu’on ne doive pas faire de la prudence une vertu intellectuelle.

          Réponse à l’objection N°3 : Le vrai par rapport à l’intellect pratique se prend dans un autre sens que le vrai par rapport à l’intellect spéculatif, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 2). Car le vrai pour l’intellect spéculatif s’entend de la conformité de l’intellect avec la chose elle-même. Et comme l’intellect ne peut pas se conformer infailliblement aux choses contingentes, mais seulement aux choses nécessaires, il s’ensuit qu’aucune habitude spéculative n’est une vertu intellectuelle quand elle a pour objet ce qui est contingent, mais il faut pour cela qu’elle se rapporte aux choses nécessaires. Au contraire, le vrai par rapport à l’intellect pratique se considère d’après sa conformité avec l’appétit ou la volonté ; cette conformité n’existe pas en matière nécessaire, puisque ces choses ne sont pas du ressort de la volonté humaine, mais seulement en matière contingente (C’est pour ce motif qu’elle est susceptible de se tromper, tandis que l’entendement spéculatif quand il ne juge que des choses nécessaires ne se trompe pas.), c’est-à-dire à l’égard des choses que nous pouvons faire, soit qu’il s’agisse d’actions intérieures ou d’œuvres extérieures. C’est pourquoi il y a une vertu de l’intellect pratique qui n’a pour objet que les choses contingentes ; l’art se rapporte aux ouvrages qu’on doit exécuter et la prudence aux actions qu’on doit faire.

 

          Mais c’est le contraire. L’Ecriture la place au nombre des vertus nécessaires à la vie humaine, puisqu’il est dit de la Sagesse divine (Sag., 8, 7) : C’est elle qui enseigne la tempérance, la prudence, la justice et la force, qui sont les choses du monde les plus utiles à l’homme en cette vie.

 

          Conclusion La prudence étant la vertu qui dirige l’homme vers sa fin et qui lui fournit tous les moyens légitimes et convenables pour l’atteindre, elle est extrêmement nécessaire à l’homme pour bien vivre.

          Il faut répondre que la prudence est la vertu la plus nécessaire à la vie humaine ; car bien vivre consiste à bien agir. Pour bien agir il ne suffit pas de considérer seulement la chose que l’on fait, mais encore la manière dont on la fait. Ainsi il faut qu’on agisse d’après une élection droite, mais non par impétuosité ou par passion. L’élection ayant pour objets les moyens qui se rapportent à la fin, la droiture de l’élection demande deux choses : une fin légitime et des moyens qui soient en harmonie avec elle. L’homme est convenablement disposé à l’égard de sa fin légitime par la vertu qui perfectionne la partie appétitive de l’âme dont le bien est l’objet et la fin. Par rapport aux moyens il faut que l’homme reçoive de la raison ses bonnes dispositions ; parce que prendre conseil et choisir les moyens en harmonie avec une fin sont des actes rationnels. C’est pourquoi il est nécessaire que dans la raison il y ait une vertu intellectuelle qui la perfectionne pour qu’elle choisisse convenablement ses moyens, et cette vertu est la prudence. La prudence est donc nécessaire pour bien vivre.

 

Article 6 : Le conseil, la sagacité et le jugement sont-ils des vertus annexées à la prudence ?

 

          Objection N°1. Il semble que ce soit à tort qu’on joigne à la prudence le conseil, la sagacité et le jugement. Car le conseil est ce qui nous fait prendre le meilleur parti sur une chose, comme le dit Aristote (Eth., liv. 6, chap. 9). Or, c’est à la prudence qu’il appartient de donner de bons conseils, d’après ce même philosophe (chap. 5). Donc le conseil n’est pas une vertu alliée à la prudence, mais c’est la prudence elle-même.

          Réponse à l’objection N°1 : La prudence est bonne conseillère, non que le bon conseil soit son acte immédiat, mais parce qu’elle y arrive par le moyen de la vertu qui lui est adjointe, et que nous avons appelée la vertu du bon conseil.

 

          Objection N°2. C’est au supérieur qu’il appartient de juger les inférieurs. Par conséquent la vertu qui juge semble être supérieure aux autres. Or, la sagacité est ce qui nous fait bien juger. Donc elle n’est pas une vertu qui s’adjoigne à la prudence, c’est plutôt une vertu principale.

          Réponse à l’objection N°2 : Le jugement dans la pratique a un but ultérieur (Ce but ultérieur est le commandement et l’exécution.). Car il arrive qu’on juge bien de ce qu’on doit faire et que cependant on l’exécute mal. L’œuvre n’a reçu son dernier complément que quand la raison a donné des ordres convenables sur la conduite à tenir (Ainsi la perfection du jugement consiste dans l’exécution, et l’exécution dépend du commandement qui est l’acte propre de la prudence.).

 

          Objection N°3. Comme le jugement se rapporte à des objets divers, de même le conseil. Or, à l’égard de ce qui peut être l’objet du conseil, on n’admet qu’une vertu qu’on appelle la vertu du bon conseil ; par conséquent pour bien juger de ce que l’on doit faire, il ne faut pas admettre, outre la sagacité, une autre vertu qu’on appelle le jugement.

          Réponse à l’objection N°3 : On juge de chaque chose par ses propres principes. Au contraire l’examen ou la recherche n’a pas lieu d’après les principes propres de l’objet, puisque du moment où l’on possède ces principes il n’est plus nécessaire de faire des recherches ; la chose est toute trouvée. C’est ce qui fait qu’il n’y a qu’une vertu qui se rapporte au conseil, tandis qu’il yen a deux qui ont pour objet le jugement, parce que la distinction des êtres ne repose pas sur leurs principes communs, mais sur leurs principes propres. Ainsi en matière spéculative la dialectique qui doit faire les recherches sur toutes choses est une, tandis que les sciences démonstratives qui se rapportent au jugement se diversifient selon la diversité de leurs objets. Or, la sagacité et le jugement se distinguent selon les différentes règles d’après lesquelles on juge. Car la sagacité juge de ce que l’on doit faire d’après la loi, et le jugement d’après la raison naturelle, au défaut de la loi (Le jugement est par conséquent plus élevé que la sagacité, parce qu’il juge d’après l’équité naturelle qui est un principe supérieur aux lois.), comme nous le verrons d’ailleurs plus en détail (2a 2æ, quest. 51, art. 4).

 

          Objection N°4. Cicéron (Rhet., liv. 2 de Invent.) reconnaît dans la prudence trois autres parties qui sont : la mémoire des choses passées, l’intelligence du présent et la prévoyance de l’avenir. Macrobe à propos du Songe de Scipion (liv. 1, chap. 8) distingue encore dans cette vertu d’autres parties qui sont la précaution, la docilité et d’autres qualités semblables. Les trois vertus que nous avons désignées ne sont donc pas les seules qui soient adjointes à la prudence.

          Réponse à l’objection N°4 : La mémoire, l’intelligence et la prévoyance, ainsi que la précaution, la docilité et les autres qualités semblables ne sont pas des vertus différentes de la prudence ; elles en sont en quelque sorte les parties intégrantes, puisque toutes ces choses sont nécessaires pour que la prudence soit parfaite. Il y a encore dans cette vertu des parties subjectives qui en sont, pour ainsi dire, les espèces, comme l’économie, le gouvernement, etc. Mais les trois vertus que nous avons désignées en sont les parties auxiliaires ou potentielles, puisqu’elles lui sont subordonnées de la même manière que ce qui est secondaire se trouve subordonné à ce qui est principal (Elles ont toutes pour but le commandement qui est l’acte principal de la prudence.), comme on le verra (2a 2æ, quest. 51).

 

          Mais c’est le contraire. Aristote ne distingue que ces trois vertus qui soient adjointes à la prudence (Eth., liv. 6, chap. 9 à 11).

 

          Conclusion La prudence étant une vertu impérative, c’est avec raison qu’on lui adjoint le bon conseil qui doit l’inspirer dans ses desseins, et la sagacité et le jugement qui doivent l’aider à se prononcer sur le parti qu’elle doit prendre.

          Il faut répondre que dans toutes les puissances qui sont subordonnées entre elles, la plus importante est celle qui se rapporte à l’acte le plus noble. Or, il y a trois actes rationnels qui sont nécessaires à l’homme pour se bien conduire. Le premier regarde le conseil, le second le jugement et le troisième le commandement. Les deux premiers répondent aux actes de l’intellect spéculatif qui consistent à examiner et à juger ; car le conseil est une sorte de recherche et d’examen. Le troisième appartient à proprement parler à l’intellect pratique, parce que c’est une opération, et que la raison ne commande pas des choses que l’homme ne peut pas faire. Quant aux choses qui lui sont possibles, il est évident que le commandement est l’acte principal auquel tous les autres sont subordonnés. C’est pourquoi la vertu qui commande, c’est-à-dire la prudence, est la vertu principale, et on lui adjoint comme vertus secondaires le bon conseil qui lui inspire ses desseins, la sagacité et le jugement qui l’aident à se prononcer ; nous verrons ce qui distingue l’une de l’autre ces deux dernières parties (Réponse N°3).

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

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