Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

2a 2ae = Secunda Secundae = 2ème partie de la 2ème Partie

Question 9 : Du don de science

 

            Après avoir parlé du don de l’intelligence, nous avons à nous occuper du don de science. — A ce sujet, quatre questions se présentent : 1° La science est-elle un don ? — 2° A-t-elle pour objet les choses divines ? (L’Ecriture insinue que la science a pour objet les choses créées (Sag., 7, 17) : Dieu m’a donné la vraie connaissance de ce qui est, et m’a fait savoir la disposition du monde, etc.) — 3° Est-celle spéculative ou pratique ? (Cet article établit avec précision le rapport de la foi aux œuvres, et montre par là même qu’on ne doit absolument pas séparer ces deux choses, comme l’ont fait les novateurs.) — 4° Quelle est la béatitude qui lui correspond ? (L’Ecriture montre le rapport de cette béatitude avec le don de science (Ecclésiaste, 7, 5) : Le cœur des sages est où se trouve la tristesse, et le cœur des insensés où se trouve la joie ; (ibid., 1, 18) : celui qui augmente sa science augmente aussi sa peine ; (Is., 38, 15) : Je repasserai devant vous toutes mes années, dans l’amertume de mon âme.)

 

Article 1 : La science est-elle un don ?

 

            Objection N°1. Il semble que la science ne soit pas un don. En effet les dons de l’Esprit-Saint surpassent les facultés naturelles, tandis que la science implique au contraire un effet de la raison naturelle. Car Aristote dit (Post., liv. 1, text. 5) que la démonstration est le syllogisme qui produit la science. La science n’est donc pas un don de l’Esprit-Saint.

            Réponse à l’objection N°1 : La certitude de la connaissance existe de différentes manières dans des natures diverses, selon la diversité de condition de chacune d’elles. Ainsi l’homme arrive à juger certainement de la vérité par les procédés discursifs de la raison, et c’est pour ce motif qu’on acquiert la science humaine pas la démonstration. Mais Dieu juge certainement de la vérité sans aucun procédé discursif, par simple intuition, comme nous l’avons vu (part. 1, quest. 14, art. 7). C’est pourquoi la science divine n’est pas discursive ou argumentatrice, mais absolue et simple. La science que nous plaçons parmi les dons de l’Esprit-Saint lui ressemble, puisqu’elle en est une participation et une image (La science que l’Esprit-Saint nous communique étant purement intuitive, absolue, ceci nous explique comment les fidèles peuvent avoir une connaissance très claire des vérités de la religion et une certitude très ferme, sans pouvoir les démontrer discursivement et sans savoir les exposer aux autres.).

 

            Objection N°2. Les dons de l’Esprit-Saint sont communs à tous les saints, comme nous l’avons dit (1a 2æ, quest. 68, art. 2 et art. 6, quest. préc., art. 4). Or, saint Augustin dit (De Trin., liv. 14, chap. 1), que beaucoup de fidèles ne sont pas remarquables par la science, quoiqu’ils le soient par la foi. Donc la science n’est pas un don.

            Réponse à l’objection N°2 : A l’égard des choses de foi on peut posséder deux sortes de science. L’une par laquelle l’homme sait ce qu’il doit croire, en discernant ce qu’il faut croire de ce qu’il ne faut pas croire. Sous ce rapport la science est un don et elle convient à tous les saints. L’autre par laquelle l’homme sait non seulement ce qu’il doit croire, mais il sait encore manifester sa foi, porter les autres à l’embrasser et réfuter ses contradicteurs. Cette science est placée parmi les grâces gratuitement données (La science considérée comme grâce gratuitement donnée est propre aux prédicateurs aux apologistes et aux docteurs.), elle n’est pas dispensée à tous, mais à quelques-uns. C’est pourquoi saint Augustin ajoute aux paroles que l’on a citées : Autre chose est de savoir seulement ce que l’homme doit croire, et autre chose de savoir comment il peur persuader aux fidèles ce qu’il croit et le défendre contre les impies.

 

            Objection N°3. Le don est plus parfait que la vertu, comme nous l’avons dit (1a 2æ, quest. 68, art. 8). Donc un seul don suffit à la perfection d’une vertu. Par conséquent, puisque le don d’intelligence répond à la vertu de la foi, ainsi que nous l’avons dit (quest. 8, art. 2), il s’ensuit que le don de science ne lui répond pas. Comme on ne voit aucune vertu à laquelle il puisse correspondre, et que d’ailleurs les dons sont les perfections des vertus, ainsi que nous l’avons dit (1a 2æ, quest. 68, art. 2 et 8), il semble que la science ne soit pas un don.

            Réponse à l’objection N°3 : Les dons sont plus parfaits que les vertus morales et intellectuelles, mais ils ne sont pas plus parfaits que les vertus théologales. Et puisque les dons se rapportent à la perfection des vertus théologales comme à leur fin, il s’ensuit qu’il n’est pas absurde que divers dons se rapportent à une seule et même vertu théologale (Ainsi il ne répugne pas que le don d’intelligence et le don de science se rapportent à la foi.).

 

            Mais c’est le contraire. Car Isaïe (Is., chap. 11) compte la science parmi les sept dons.

 

            Conclusion. — La science est un don de Dieu qui fait que l’homme porte un jugement sûr et droit sur les choses divines, en distinguant celles qu’il faut croire de celles qu’on ne doit pas croire, comme l’intelligence est un don de Dieu par lequel l’homme saisit avec exactitude ce qu’on lui propose à croire.

            Il faut répondre que la grâce est plus parfaite que la nature. Par conséquent elle ne fait pas défaut dans les choses où l’homme peut être perfectionné par la nature. Ainsi l’homme adhérant par son intelligence à une vérité, au moyen de la raison naturelle, est perfectionné à l’égard de cette vérité de deux manières : 1° parce qu’il la perçoit ; 2° parce qu’il en juge certainement. C’est pourquoi, pour que l’intelligence humaine donne un assentiment parfait à une vérité de foi, il faut deux choses. La première, c’est qu’elle saisisse exactement ce qu’on lui propose à croire, ce qui appartient au don d’intelligence (Le don d’intelligence nous fait percevoir, pénétrer les vérités de la foi, et le don de science nous fait discerner les choses que nous devons croire de celles que nous ne devons pas croire.), comme nous l’avons dit (quest. 8, art. 6). La seconde, c’est qu’elle porte un jugement sûr et droit sur toutes ces choses, en distinguant celles qu’il faut croire de celles qu’il ne faut pas croire ; et c’est pour cela que le don de science est nécessaire.

 

Article 2 : Le don de science a-t-il pour objet les choses divines ?

 

            Objection N°1. Il semble que le don de science se rapporte aux choses divines. Car saint Augustin dit (De Trin., liv. 14, chap. 1) que la science engendre la foi, la nourrit et la fortifie. Or, la foi se rapporte aux choses divines, parce qu’elle a pour objet la vérité première, comme nous l’avons du (quest. 1, art. 1). Donc le don de science se rapporte aussi aux choses divines.

Réponse à l’objection N°1 : Quoique les choses de foi soient divines et éternelles, néanmoins la foi elle-même est quelque chose de temporel dans l’esprit de celui qui croit. C’est pourquoi il appartient au don de science de savoir ce que l’on doit croire (En ce sens, la foi s’engendre par la science ; car pour croire, il faut avant tout savoir ce que l’on doit croire.). Mais il appartient au don de sagesse de connaître les choses que l’on croit en elles-mêmes, au moyen de l’union et du rapport immédiat qu’on a avec elles. D’où il s’ensuit que le don de sagesse répond plutôt à la charité qui unit l’esprit de l’homme à Dieu.

 

Objection N°2. Le don de science est plus noble que la science acquise. Or, il y a une science acquise qui se rapporte aux choses divines, telles que la métaphysique. Donc à plus forte raison le don de science se rapporte-t-il aux choses divines.

Réponse à l’objection N°2 : Ce raisonnement porte sur le mot science pris dans le sens général. Ce n’est pas en ce sens que la science est un don spécial, elle ne l’est qu’autant qu’on la restreint au jugement que l’on porte au moyen des créatures.

 

Objection N°3. Selon l’expression de l’Apôtre (Rom., 1, 20) : Ce qu’il y a d’invisible en Dieu est rendu visible par la connaissance que ses créatures nous en donnent. Si donc la science se rapporte aux choses créées, il semble qu’elle se rapporte aux choses divines.

Réponse à l’objection N°3 : Comme nous l’avons dit (quest. 1, art. 1), toute habitude cognitive se rapporte formellement au moyen par lequel on connaît, et matériellement à la chose que le moyen fait connaître. Et comme l’objet formel est le plus noble, il s’ensuit que les sciences qui tirent des principes mathématiques des conclusions qu’elles appliquent à des choses naturelles, sont plutôt placées parmi les mathématiques, comme ayant plus d’analogie avec elles, quoique sous le rapport de la matière elles en aient davantage avec les sciences naturelles, et c’est à ce titre qu’Aristote dit qu’elles sont plus naturelles. C’est pourquoi, quand l’homme connaît Dieu par les créatures, cette connaissance semble appartenir plutôt à la science dont elle l’objet formel qu’à la sagesse dont elle est l’objet matériel. Au contraire, quand nous jugeons des créatures d’auprès les choses divines, ceci appartient à la sagesse plus qu’à la science (En un mot, les sciences tirent plutôt leur nom de leur moyen de connaître que des choses qu’elles connaissant.).

 

Mais c’est le contraire. Saint Augustin dit (De Trin., liv. 14, chap. 1, et liv. 7, chap. 14) que la science des choses divines porte, à proprement parler, le nom de sagesse, et qu’on donne à la connaissance des choses humaines le nom de science.

 

Conclusion. — Le don de science se rapporte aux choses humaines comme la sagesse aux choses divines.

Il faut répondre que l’on juge certainement d’une chose principalement d’après sa cause ; c’est pourquoi il faut que l’ordre des jugements soit conforme à l’ordre des causes. Car, comme la cause première est cause de la seconde, de même par la cause première on juge de la seconde. Mais on ne peut juger de la cause première par une autre cause ; c’est pourquoi le jugement qui repose sur la cause première est le premier et le plus parfait. Dans les choses où l’on trouve le plus parfait, le nom commun du genre est approprié à ce qui n’a pas cette perfection absolue, et l’on donne à ce qu’il y a de plus parfait un nom spécial, comme on le voit en logique. En effet, dans le genre des convertibles (Par convertibles on entend des choses qui s’appliquent réciproquement et qui se disent l’une de l’autre, comme homme et raisonnable.), ceux qui expriment l’essence d’une chose sont appelés d’un nom spécial, définition, et ceux ne l’expriment pas conservent leur nom général, et c’est ce qu’on appelle le propre (Ainsi, dans l’homme, le mot animal exprime le genre, le mot raisonnable exprime le propre. Pour désigner un animal raisonnable, on a formé un mot spécial, homme, et le mot animal est resté aux êtres inférieurs, qui sont seulement sensitifs.). Ainsi le nom de science impliquant une certitude de jugement, comme nous l’avons dit (art. préc.), si cette certitude est produite par la cause la plus élevée, elle a un nom spécial, on l’appelle sagesse (Dans l’article précédent, saint Thomas a établi la différence qu’il y avait entre le don de science et le don d’intelligence ; ici il établit la différence qu’il y a entre ce même don et le don de sagesse.). Car on dit sage en tout genre celui qui connaît la cause la plus élevée de ce genre par laquelle il peut juger de tout. Et on nomme sage absolument celui qui connaît absolument la cause la plus élevée, qui est Dieu. C’est pourquoi on donne à la connaissance des choses divines le nom de sagesse, tandis que la connaissance des choses humaines reçoit celui de science, parce que le nom commun qui implique une certitude de jugement, s’approprie en quelque sorte au jugement que l’on produit au moyen des causes secondes. Par conséquent en entendant ainsi le mot de science, il devient un don distinct du don de sagesse. D’où il suit que le don de science n’a pour objet que les choses humaines ou les choses créées (Mais il est à remarquer que le don de science n’a pour objet les choses réelles qu’autant qu’elles se rapportent à Dieu. Il nous fait connaître Dieu par les créatures.).

 

Article 3 : La science, en tant que don, est-elle une science pratique ?

 

            Objection N°1. Il semble que la science de l’Esprit-Saint nous donne soit une science pratique. Car saint Augustin dit (De Trin., liv. 12, chap. 14) que l’action par laquelle nous faisons usage des choses extérieures est attribuée à la science. Or, la science à laquelle on attribue l’action est pratique. Donc la science qui est un don est une science pratique.

            Réponse à l’objection N°1 : Saint Augustin parle du don de science selon qu’il s’étend à l’action. Car on l’attribue l’action, mais elle n’est pas son seul objet ni son objet premier. Et c’est aussi de la sorte que la science dirige la piété (La science dirige la piété et l’éclair subsidiairement, parce qu’elle est spéculative principalement, et pratique secondairement.).

 

            Objection N°2. Saint Grégoire dit (Mor., liv. 1, chap. 15) : La science est nulle, si elle n’a pas l’utilité de la piété, et la piété est tout à fait inutile, si elle manque du discernement de la science. D’après ce témoignage on voit que la science dirige la piété. Comme il ne peut en être ainsi de la science spéculative, il s’ensuit que la science qui est un don n’est pas spéculative, mais pratique.

 

            Objection N°3. Il n’y a que les justes qui possèdent les dons de l’Esprit-Saint, comme nous l’avons vu (quest. préc., art. 5). Or, ceux qui ne sont pas justes peuvent posséder la science spéculative, d’après ces paroles de saint Jacques (4, 17) : Celui qui sait faire le bien et qui ne le fait pas pèche. Donc la science qui est un don n’est pas spéculative, mais pratique.

            Réponse à l’objection N°3 : Comme nous l’avons dit (quest. 8, art. 5) en parlant du don d’intelligence, tous ceux qui comprennent n’ont pas ce don, il n’y a que celui qui comprend d’après l’habitude de la grâce. De même à l’égard du don de science, il est à remarquer qu’il n’existe que dans ceux qui par l’infusion de la grâce jugent sciemment de ce qu’ils doivent croire et faire, de telle sorte qu’ils ne s’écartent en rien de la droiture de la justice. Telle est la science des saints dont il est dit (Sag., 10, 10) : Le Seigneur a conduit le juste par les voies droites et lui a donné la science des saints.

 

            Mais c’est le contraire. Saint Grégoire dit (Mor., liv. 1, chap. 15) : La science prépare dans son jour un festin, parce qu’elle rassasie l’esprit que l’ignorance fait jeûner. Or, l’ignorance n’est pas complètement détruite que par deux sciences, la science spéculative et la science pratique. Donc la science qui est un don est spéculative et pratique.

 

            Conclusion. — Le don de science a rapport plus directement et plus principalement à la spéculation qui apprend à l’homme ce qu’il doit croire ; mais il s’étend secondairement à l’action, en ce sens que dans la conduite nous avons pour guide la connaissance des choses que nous devons croire.

            Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (quest. préc., art. 8), le don de science aussi bien que le don d’intelligence se rapporte à la certitude de la foi. La foi consiste avant tout et principalement dans la spéculation, puisqu’elle n’est que l’adhésion de l’esprit à la vérité première. Mais comme la vérité première est la fin dernière pour laquelle nous agissons, il s’ensuit que la foi s’étend à l’action, d’après ces paroles de l’Apôtre (Gal., 5, 6) : La foi opère par l’amour. Il faut donc que le don de science se rapporte essentiellement et principalement à la spéculation, puisqu’il consiste à faire connaître à l’homme ce qu’il doit croire. Mais il s’étend secondairement à l’action en ce sens que dans la conduite nous avons pour guide la science des choses qu’il faut croire et de celles qui en sont la conséquence.

            La réponse du second argument est par là même évidente.

 

Article 4 : La troisième béatitude répond-elle au don de science ?

 

            Objection N°1. Il semble que la troisième béatitude (Bienheureux ceux qui pleurent) ne réponde pas à la science. Car comme le mal est la cause de la tristesse et du chagrin, de même le bien est la cause de la joie. Or, la science manifeste plus principalement les biens que les maux qu’on connaît par les biens. Car ce qui est droit est juge de lui-même et de ce qui n’est pas droit, comme le dit Aristote (De animâ, liv. 1, text. 85). Donc la troisième béatitude ne répond pas parfaitement au don de science.

            Réponse à l’objection N°1 : Les biens créés n’excitent la joie spirituelle qu’autant qu’on les rapporte au bien divin, d’où résulte cette joie proprement dite. C’est pourquoi la paix spirituelle et la joie qui s’ensuit répondent directement au don de sagesse ; mais le chagrin que l’on conçoit de ses égarements passés et la consolation qui en est la conséquence répondent au don de science, parce que l’homme qui juge sainement des créatures au moyen de la science les rapporte à Dieu qui est le vrai bien. C’est pourquoi dans cette béatitude, le chagrin est désigné pour le mérite, et la consolation qui en résulte pour la récompense ; c’est ainsi qu’elle commence en cette vie pour trouver son couronnement dans l’autre.

 

            Objection N°2. L’étude de la vérité est l’acte de la science. Or, dans l’étude de la vérité il n’y a pas de tristesse, mais il y a plutôt de la joie ; car il est dit (Sag., 8, 16) : Sa conversation n’a pas d’amertume, ses entretiens ne produisent pas l’ennui, mais le bonheur et la joie. Donc cette béatitude ne répond pas convenablement au don de science.

            Réponse à l’objection N°2 : L’homme se réjouit de la contemplation même de la vérité ; mais il peut quelquefois s’attrister de la chose dont il considère la vérité ; c’est en ce sens qu’on attribue les larmes à la science.

 

            Objection N°3. Le don de science consiste dans la spéculation avant de consister dans l’action. Or, selon qu’il consiste dans la spéculation, le chagrin ne lui correspond pas, parce que l’intellect spéculatif ne se prononce pas sur ce que l’on doit rechercher et sur ce que l’on doit fuir comme le dit Aristote (De animâ, liv. 3, text. 49) : Ses pensées ne sont ni joyeuses, ni tristes. Donc on ne peut pas dire que cette béatitude réponde parfaitement au don de science.

            Réponse à l’objection N°3 : Aucune béatitude ne répond à la science spéculativement considérée (Ce n’est donc pas à la science spéculative que répond le don des larmes, mais c’est à la science pratique.), parce que la béatitude de l’homme ne consiste pas dans la considération des créatures, mais dans la contemplation de Dieu. A la vérité, le bonheur de l’homme consiste d’une certaine manière dans le légitime usage des créatures et dans l’affection bien ordonnée que l’on a pour elles. Toutefois ceci n’a rapport qu’au bonheur de l’homme sur la terre. C’est pourquoi on n’attribue pas à la science la béatitude qui appartient à la contemplation, mais on l’attribue à l’intelligence et à la sagesse qui ont pour objet les choses divines.

 

            Mais c’est le contraire. Saint Augustin dit (Lib. de serm. Dom., chap. 4) : La science convient à ceux qui pleurent, et qui ont appris de quels maux les ont enchaînés les choses qu’ils ont recherchées comme des biens.

 

            Conclusion. — Au don de science correspond la béatitude qui heureux : heureux ceux qui pleurent.

            Il faut répondre que c’est à la science proprement dite qu’il appartient de juger sainement des créatures. Or, les créatures sont les causes occasionnelles qui détournent l’homme de Dieu d’après ces paroles de l’Ecriture (Sag., 14, 11) : Les créatures sont devenues un objet de haine… un filet tendu aux pieds des insensés, c’est-à-dire de ceux qui ne les jugent pas sainement, parce qu’ils croient que leur bonheur parfait réside en elles. D’où il arrive qu’en plaçant en elles leur fin, ils pèchent et perdent le vrai bien. L’homme connaît cette erreur quand il juge sainement des créatures, ce qui est l’effet du don de science. C’est pourquoi on dit que la béatitude des larmes répond à ce don.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

 

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