Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique
2a 2ae = Secunda Secundae
= 2ème partie de la 2ème Partie
Question
18 : Du sujet de l’espérance
Après
avoir parlé de l’espérance elle-même, nous avons à nous occuper de son sujet. —
A cet égard quatre questions se présentent : 1° La vertu d’espérance
existe-t-elle dans la volonté comme dans son sujet ? — 2° Existe-t-elle dans
les bienheureux ? (L’Apôtre indique que l’espérance n’existera plus dans le
ciel (1 Cor., 13, 13) : Maintenant ces trois choses demeurent :
la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité.)
— 3° Existe-t-elle dans les damnés ? (Cet article combat ceux qui n’admettent
pas l’éternité des peines et qui croient que les souffrances des damnés auront un terme.) — 4° Est-elle certaine pour ceux qui sont
ici-bas ? (Cette question se présente sous un double aspect. De la part de son
objet, qui est Dieu, l’espérance est certaine, car il n’y a rien de plus sûr
que la toute-puissance du secours divin ; de la part du sujet, elle est incertaine,
parce que l’homme peut manquer de correspondre à la grâce. C’est ce que le
concile de Trente exprime parfaitement (sess. 6, chap. 12) en parlant de la
persévérance.)
Article 1 : L’espérance
existe-t-elle dans la volonté comme dans son sujet ?
Objection
N°1. Il semble que l’espérance n’existe pas
dans la volonté comme dans son sujet. Car l’objet de l’espérance est le bien
difficile, comme nous l’avons dit (quest. préc., art. 1, et 1a 2æ, quest. 40, art.
1). Or, le difficile n’est pas l’objet de la volonté, mais de l’appétit
irascible. Donc l’espérance n’existe pas dans la volonté, mais dans
l’irascible.
Réponse à l’objection N°1 :
L’objet de l’irascible c’est ce qui est difficile, et sensible, tandis que
l’objet de la vertu d’espérance est ce qui est difficile et intelligible ou
plutôt supérieur à l’intelligence même (Puisqu’il est surnaturel.).
Objection N°2. Quand une chose
suffit, il est superflu d’en ajouter une seconde. Or, pour perfectionner la
puissance de la volonté, c’est assez de la charité qui est la plus parfaite des
vertus. Donc l’espérance n’existe pas dans la volonté.
Réponse à l’objection N°2 :
La charité perfectionne suffisamment la volonté relativement à un de ses actes
qui est l’amour ; mais il faut une autre vertu pour la perfectionner
relativement à un autre acte qui est l’espérance.
Objection N°3. Une puissance ne
peut exister simultanément dans deux actes, comme l’intelligence ne peut
comprendre en même temps plusieurs choses. Or, l’acte d’espérance peut exister
simultanément avec l’acte de charité. Par conséquent, puisque l’acte de charité
appartient manifestement à la volonté, l’acte d’espérance ne lui appartient
pas. L’espérance n’existe donc pas dans la volonté.
Réponse à l’objection N°3 :
Le mouvement de l’espérance et celui de la charité sont subordonnés l’un à
l’autre, comme nous l’avons prouvé (quest. 17, art. 8). Par conséquent, rien
n’empêche qu’ils n’appartiennent simultanément l’un et l’autre à la même
puissance. Ainsi l’intelligence peut comprendre plusieurs choses simultanément
du moment qu’elles sont subordonnées entre elles, comme nous l’avons vu (part.
1, quest. 85, art. 4).
Mais c’est le contraire. L’âme ne
peut percevoir Dieu qu’au moyen de l’esprit (mens), qui comprend la mémoire, l’intelligence et la volonté, comme
le prouve saint Augustin (De Trin.,
liv. 14, chap. 3 et 6). Or, l’espérance est une vertu théologale qui a Dieu
pour objet. Par conséquent, puisqu’elle n’existe ni dans la mémoire, ni dans
l’intelligence qui appartiennent à la puissance
cognitive, il s’ensuit qu’elle existe dans la volonté comme dans son sujet.
Conclusion. — Puisque l’objet de
l’espérance est le bien surnaturel et divin, elle existe non dans l’appétit
sensitif, mais dans l’appétit intelligentiel ou dans la volonté, comme dans son
objet propre.
Il faut répondre que, comme nous
l’avons dit (quest. 9, art. 1, et part. 1, quest. 87, art. 2), on connaît les
habitudes par les actes. Or, l’acte d’espérance est un mouvement de la partie
appétitive, puisqu’elle a pour objet le bien. Et comme il y a dans l’homme deux
sortes d’appétit, l’appétit sensitif qui se divise en irascible et en
concupiscible, et l’appétit intelligentiel qu’on appelle la volonté, ainsi que
nous l’avons vu (part. 1, quest. 82, art. 5), les mouvements qui existent dans
l’appétit inférieur sont accompagnés de passion (C’est pour ce motif qu’ils ont
nécessairement pour objet un bien sensible.), tandis que ceux qui existent dans
l’appétit supérieur existent sans cela, comme on le voit d’après ce que nous
avons dit (1a pars, quest. 82, art. 5, réponse N°1, et 1a
2æ, quest. 22, art. 3, réponse N°3). L’acte d’espérance ne peut
appartenir à l’appétit sensitif, parce que le bien qui est l’objet principal de
cette vertu n’est pas un bien sensible, mais un bien divin. C’est pourquoi
l’espérance existe dans l’appétit supérieur qu’on appelle la volonté, comme
dans son sujet, mais elle n’existe pas dans l’appétit inférieur auquel
appartient l’irascible.
Article 2 : L’espérance
existe-t-elle dans les bienheureux ?
Objection
N°1. Il semble que l’espérance existe dans les
bienheureux. Car le Christ a été en possession parfaite de la béatitude dés le
commencement de sa conception. Or, il a eu l’espérance, puisque d’après la
glose c’est de lui qu’il est dit (Ps.
30) : J’ai espéré en vous, Seigneur.
Donc l’espérance peut exister dans les bienheureux.
Réponse à l’objection N°1 :
Quoique le Christ fût en possession de la gloire, et par conséquent bienheureux
par rapport à la jouissance divine, il était néanmoins simultanément voyageur
par rapport à la passibilité de la nature qu’il avait encore avec lui. C’est
pourquoi il a pu espérer la gloire de l’impassibilité et de l’immortalité
(L’espérance est alors prise dans un sens large, mais elle n’est pas la même
que celle qui est une vertu théologale.) sans avoir pour cela la vertu
d’espérance qui ne se rapporte pas à la gloire du corps, comme à son objet
principal, mais plutôt à la jouissance divine.
Objection N°2. Comme l’obtention
de la béatitude est un bien difficile, de même aussi sa conservation. Or, les
hommes avant d’avoir la béatitude espèrent l’obtenir. Donc après l’avoir
obtenue, ils peuvent espérer la conserver.
Réponse à l’objection N°2 :
On appelle la béatitude des saints la vie éternelle, parce que par là même
qu’ils jouissent de Dieu, ils deviennent en quelque sorte participants de
l’éternité divine qui surpasse toute espèce de temps. Ainsi la continuation de
la béatitude n’est pas diversifiée par le présent, le passé et le futur. C’est
pourquoi les bienheureux n’espèrent pas que la béatitude continuera, mais ils
possèdent la chose même (Elle est pour eux comme pour Dieu une chose présente.),
parce qu’il n’y a plus pour eux d’avenir.
Objection N°3. Par la vertu
d’espérance on peut espérer la béatitude non seulement pour soi, mais encore
pour les autres, comme nous l’avons dit (quest. 17, art. 3). Or, les
bienheureux qui sont au ciel espèrent la béatitude pour les autres, sans cela
ils ne prieraient pas pour eux. L’espérance peut donc exister dans les
bienheureux.
Réponse à l’objection N°3 :
Tant que dure la vertu d’espérance, c’est par la même espérance qu’on espère la
béatitude pour soi (On l’espère pour soi premièrement et secondairement pour
les autres. Du moment que l’objet premier et principal de l’espérance vient à
manquer, il n’est plus possible que cette vertu existe : elle ne peut donc
passe rapporter secondairement à autre chose.) et pour
les autres. Mais quand les bienheureux, n’ont plus l’espérance par laquelle ils
espéraient la béatitude pour eux-mêmes, ils l’espèrent encore pour les autres ;
mais ce n’est pas par la vertu d’espérance, c’est plutôt par l’amour de la
charité. C’est ainsi que celui qui a la charité de Dieu aime le prochain par
cette même charité. Cependant on peut aimer le prochain sans avoir cette vertu,
mais alors on l’aime d’un autre amour.
Objection N°4. La béatitude des
saints comprend non seulement la gloire de l’âme, mais encore celle du corps.
Or, les âmes des saints qui sont dans le ciel attendent encore la gloire du
corps, comme on le voit (Apoc., chap. 6), et dans saint Augustin (Sup. Gen. ad litt.,
liv. 12, chap. 35). Donc l’espérance peut exister dans les bienheureux.
Réponse à l’objection N°4 :
L’espérance étant une vertu théologale qui a Dieu pour objet, son objet
principal est la gloire de l’âme qui consiste dans la jouissance de Dieu, mais
non la gloire du corps (La gloire du corps n’est que son objet secondaire, et
on peut faire ici le raisonnement que nous avons indiqué dans la note
précédente.). D’ailleurs la gloire du corps quoiqu’elle soit une chose
difficile par rapport à la nature humaine, n’est cependant pas difficile par
rapport à celui qui a la gloire de l’âme ; soit parce que la gloire du corps
est peu de chose comparativement à la gloire de l’âme, soit parce que celui qui
a la gloire de l’âme possède la cause suffisante de la gloire du corps
(Celle-ci vient d’elle-même, comme la conséquence après le principe. Les
bienheureux la désirent, mais ils ne l’espèrent pas, dans le sens théologique
de ce dernier mot.).
Mais c’est le contraire. L’Apôtre
dit (Rom., 8, 24) : Espère-t-on ce que l’on voit ? Or, les
bienheureux jouissent de la vision de Dieu. Donc ils ne peuvent espérer.
Conclusion. — L’espérance, pas
plus que la foi, ne peut exister dans les bienheureux, puisque leur béatitude
n’est plus à venir, mais qu’elle est présente.
Il faut répondre que du moment où
l’on retire ce qui donne à une chose son espèce, l’espèce est détruite et la
chose ne peut plus rester la même. Ainsi en ôtant à un corps naturel sa forme,
il ne reste plus le même dans l’espèce. Or, l’espérance tire son espèce de son
objet principal, comme toutes les autres vertus, ainsi que nous l’avons vu
(quest. préc., art. 5 et 6, et 1a 2æ, quest. 64,
art. 2). Son objet principal est la béatitude éternelle selon qu’il nous est
possible de l’acquérir avec le secours de Dieu, comme nous l’avons dit (quest. préc.,
art. 1 et 2). Le bien difficile, mais possible, n’est donc l’objet de
l’espérance qu’autant qu’il est à venir. C’est pourquoi la béatitude n’étant
plus une chose future, mais présente, la vertu d’espérance ne peut plus exister
au ciel. Par conséquent, l’espérance aussi bien que la foi sera détruite dans le
ciel, et ni l’une ni l’autre ne peut exister dans les bienheureux.
Article 3 : L’espérance
existe-t-elle dans les damnés ?
Objection
N°1. Il semble que l’espérance existe dans les
damnés. Car le diable est damné et le prince des damnés, d’après ces paroles de
l’Evangile (Matth., 25, 41) : Allez-, maudits, au feu éternel qui a été préparé au diable et à ses
anges. Or, le diable espère, puisqu’il est dit dans Job (40, 28) qu’il sera trompé dans ses espérances. Il
semble donc que les damnés aient l’espérance.
Réponse à l’objection N°1 :
D’après saint Grégoire (Mor., liv.
33, chap. 19), il s’agit en cet endroit du diable considéré dans ses membres
qui verront en effet toutes leurs espérances trompées. — Ou bien si on entend
ces paroles du diable lui-même, on peut les rapporter à l’espérance (Il s’agit
alors d’une espérance purement naturelle, et non de l’espérance considérée
comme une vertu théologale.) qu’il a de remporter la victoire sur les saints,
et on y est autorisé par ce qui précède (ib., 18) : Il se promet que le Jourdain viendra couler dans sa gueule. Mais ce
n’est pas de cette espérance dont il s’agit ici.
Objection N°2. Comme la foi est
formée et informe, de même aussi l’espérance. Or, la foi informe peut exister
dans les démons et les damnés, d’après cette parole de l’apôtre saint Jacques (2,
19) : Les démons croient et tremblent.
Il semble donc que l’espérance puisse être informe dans les damnés.
Réponse à l’objection N°2 :
Comme dit saint Augustin (Ench., chap. 8),
la foi a pour objet les bonnes et les mauvaises choses, ce qui est passé,
présent, et à venir, ce qui appartient et ce qui n’appartient pas ; tandis que
l’espérance ne se rapporte qu’aux choses bonnes, qui sont à venir, et qui
appartiennent à celui qui espère. C’est pourquoi la foi informe peut exister
dans les damnés plutôt que l’espérance ; parce que les biens de Dieu ne sont
plus pour eux ni futurs, ni possibles ; ils sont seulement absents.
Objection N°3. Pour aucun homme
le mérite ou le démérite qu’il n’a pas eu en cette vie n’augmente après la
mort, suivant cette parole de l’Ecriture (Ecclésiaste,
11, 3) : Si l’arbre tombe vers le midi ou
vers l’aquilon, il reste dans l’endroit même où il est tombé. Or, parmi les
damnés il y en a beaucoup qui ont eu en cette vie l’espérance et qui n’ont
jamais désespéré. Ils auront donc encore cette vertu dans l’autre vie.
Réponse à l’objection N°3 :
Le défaut d’espérance dans les damnés ne change pas le démérite, comme la ruine
de l’espérance dans les bienheureux n’augmente pas leur mérite ; mais, de part
et d’autre, c’est un effet qui résulte du changement d’état (Cet effet résulte
de ce qu’ils ne sont in viâ.)
Mais c’est le contraire. L’espérance
produit la joie, selon cette expression de l’Apôtre (Rom., 12, 12) : Réjouissez-vous
dans l’espérance. Or, les damnés ne sont pas dans la joie, mais dans la
douleur et le chagrin, suivant cette pensée du prophète Isaïe (65, 14) : Mes sentiments éclateront par des cantiques
de louanges dans le ravissement de leur cœur, et vous éclaterez par de grands
cris dans l’amertume de votre âme et en de tristes hurlements dans le
déchirement de votre esprit. Donc l’espérance n’existe pas dans les damnés.
Conclusion. — Les damnés n’ont
aucune espérance, puisqu’ils sont certains de n’échapper jamais aux peines
éternelles.
Il faut répondre que, comme il
est de l’essence de la béatitude que la volonté se repose en elle ; de même il
est de l’essence de la peine que ce qui est infligé à ce titre répugne à la
volonté. Or, ce qu’on ignore ne peut être par la volonté ni un sujet de repos,
ni un sujet de chagrin. C’est pourquoi saint Augustin dit (Sup. Gen. ad litt., liv. 1, chap. 17 et
19) que les anges ne pouvaient être parfaitement heureux avant leur
glorification ou leur chute, puisqu’ils ne prévoyaient pas ce qui devait leur
arriver. Car pour que la béatitude soit parfaite et véritable, il est nécessaire que l’on soit certain de sa perpétuité ;
autrement la volonté ne serait pas tranquille. — De même puisque la perpétuité
de la damnation est attachée à la peine des damnés, cette perpétuité ne serait
pas un châtiment, si elle ne répugnait à la volonté, et elle ne pourrait lui
répugner, si elle n’était pas connue. C’est pourquoi la condition misérable des
damnés exige qu’ils sachent qu’ils ne peuvent d’aucune manière échapper à la
damnation et parvenir à la béatitude. C’est ce qui fait dire à Job (15, 22) que
le damné ne croit pas pouvoir retourner
des ténèbres à la lumière. D’où il est évident qu’ils ne peuvent pas plus
considérer le bonheur comme un bien possible, que les bienheureux ne peuvent le
considérer comme un bien futur. C’est pour cette raison que l’espérance
n’existe ni dans les bienheureux, ni dans les damnés. Mais elle peut exister
dans ceux qui ne sont pas encore arrivés au terme, soit qu’ils vivent ici-bas,
soit qu’ils souffrent dans le purgatoire (Les âmes du purgatoire ont la
certitude d’arriver à la béatitude. Il en était de même de celles des
patriarches dans les limbes ; mais cette certitude n’est pas incompatible
avec l’espérance.), parce que dans l’un et l’autre cas la béatitude est pour
eux un bien futur, mais possible.
Article 4 : L’espérance
des fidèles est-elle certaine ?
Objection
N°1. Il semble que l’espérance des fidèles
n’ait pas de certitude. Car l’espérance existe dans la volonté comme dans son
sujet. Or, la certitude n’appartient pas à la volonté, mais à l’intellect, l’espérance
n’a donc pas de certitude.
Objection N°2. L’espérance
provient de la grâce et des mérites, comme nous l’avons dit (quest. 17, art. 4,
Objection N°2). Or, nous ne pouvons pas en cette vie savoir avec certitude que
nous avons la grâce, comme nous l’avons vu (1a 2æ, quest.
112, art. 5). Donc l’espérance des fidèles n’a pas de certitude.
Réponse à l’objection N°2 :
L’espérance ne repose pas principalement sur la grâce qu’on a déjà reçue (Car
personne ne peut être certain d’une manière absolue d’être en état de grâce.),
mais sur la toute-puissance de Dieu et sur sa miséricorde, par laquelle celui
qui n’a pas la grâce peut l’obtenir de manière à parvenir à la vie éternelle.
Or, celui qui a la foi est sûr de la toute-puissance et de la miséricorde divine.
Objection N°3. On ne peut être
certain à l’égard de ce qui peut faire défaut. Or, il y a beaucoup d’hommes qui
ont l’espérance et qui cependant ne parviennent pas à la béatitude. L’espérance
des fidèles n’a donc pas de certitude.
Réponse à l’objection N°3 :
Si ceux qui ont l’espérance n’arrivent pas à la béatitude, c’est la faute du
libre arbitre qui y met un obstacle en péchant (L’incertitude de l’espérance ne
provient, comme nous l’avons dit, que du sujet qui correspond plus ou moins
fidèlement à la grâce.), mais ce n’est pas la faute de la puissance ou de la
miséricorde de Dieu sur laquelle repose l’espérance. Par conséquent ceci ne
préjudicie en rien à la certitude de l’espérance.
Mais c’est le contraire.
L’espérance est l’attente certaine de la béatitude future, comme le dit le
Maître des sentences (liv. 3 Sent.,
dist. 26), ce qu’on doit entendre conformément à ces paroles de saint Paul (2 Tim., 1, 12) : Je sais à qui je
me suis confié, et je suis persuadé qu’il est assez puissant pour me garder mon
dépôt.
Conclusion. — L’espérance des fidèles
est certaine, non en elle-même, mais par la foi dont elle tire toute sa
certitude.
Il faut répondre que la certitude
peut exister dans quelqu’un de deux manières : essentiellement et par
participation. Essentiellement, quand elle réside dans la faculté cognitive ;
par participation, quand elle se trouve dans tout ce que la faculté cognitive
porte infailliblement vers sa fin (Elle existe ainsi dans les puissances
appétitives qui sont mues par l’entendement.). C’est de celte manière qu’on dit
que la nature opère certainement, parce qu’elle est mue par l’intelligence
divine qui mène avec certitude chaque être à sa fin. C’est aussi dans le même
sens qu’on dit que les vertus morales opèrent plus certainement que l’art,
parce qu’à la manière de la nature, elles sont mues par la raison qui détermine
leurs actes. Par conséquent l’espérance tend aussi avec certitude vers sa fin,
selon qu’elle participe à la certitude qui vient de la foi et qui réside dans
la faculté cognitive.
La réponse au premier argument est par là même évidente.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
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l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et
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