Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique
2a 2ae = Secunda Secundae
= 2ème partie de la 2ème Partie
Question 52 : Du don de conseil
Après avoir parlé
de la prudence, nous devons nous occuper du don de conseil qui y correspond. —
A cet égard quatre questions se présentent : 1° Doit-on compter le conseil
parmi les sept dons de l’Esprit-Saint ? — 2° Le don de conseil répond-il à la
vertu de la prudence ? (Le rapport de la prudence et du conseil est indiqué par
ces passages de l’Ecriture (Prov., 2,
11) : Le conseil te gardera, et la
prudence te conservera ; (Ib., 13, 10-16) : Ceux qui font tout avec conseil sont
conduits par la sagesse… L’homme habile fait tout avec conseil.) — 3° Ce
don existera-t-il au ciel ? — 4° Est-ce la cinquième béatitude exprimée par ces
paroles : Bienheureux les miséricordieux,
qui lui correspond ?
Article 1 : Doit-on
mettre le conseil parmi les dons de l’Esprit-Saint ?
Objection N°1. Il semble qu’on
ne doive pas mettre le conseil parmi les dons de l’Esprit-Saint. Car les dons
de l’Esprit nous sont accordés pour venir en aide aux vertus, comme le prouve
saint Grégoire (Mor., liv. 2, chap.
27). Or, l’homme est suffisamment perfectionné par la vertu de prudence ou de
bon conseil pour donner des avis, comme on le voit (quest. 47, art. 1 et 2 ;
quest. préc., art. 1 et 2). On ne doit donc pas mettre le conseil parmi
les dons de l’Esprit-Saint.
Réponse à l’objection N°1 : La prudence ou le bon conseil —
que cette habitude soit acquise ou qu’elle soit infuse — dirige l’homme dans la
recherche du parti qu’il doit prendre, relativement aux choses que la raison
peut comprendre. C’est ainsi que la prudence ou le bon conseil fait qu’un homme
est un bon conseiller pour lui ou pour les autres. Mais parce que la raison
humaine est incapable de comprendre toutes les choses particulières et
contingentes qui peuvent se rencontrer, il arrive, selon l’expression de
l’Ecriture (Sag., 9, 14) : que les pensées des mortels sont timides et leurs prévisions incertaines.
C’est pourquoi dans la recherche du conseil, l’homme a besoin d’être dirigé par
Dieu qui comprend toutes choses : ce qui a lieu par le don de conseil qui
dirige l’homme comme s’il recevait de Dieu un avis (Ainsi, par la prudence on
conseille, par le don on est conseillé ; le don est donc un secours qui vient
en aide à la prudence.). C’est ainsi que dans les choses humaines ceux qui ne
se suffisent pas à eux-mêmes pour trouver le meilleur parti à prendre,
demandent l’avis de ceux qui sont plus sages.
Objection N°2. Il semble qu’il y ait entre les sept dons de
l’Esprit-Saint et les grâces gratuitement données cette différence, c’est que
les grâces gratuitement données ne sont pas accordées à tout le monde, mais
elles sont distribuées à divers individus ; tandis que les dons sont accordés à
tous ceux qui ont l’Esprit-Saint. Or, le conseil paraît être du nombre de ces
choses que l’Esprit-Saint accorde tout spécialement à quelques individus,
d’après ces paroles de l’Ecriture (1 Mach., 2, 65) : Voici Simon votre frère qui est un homme de conseil. On doit donc
plutôt mettre le conseil parmi les grâces gratuitement données que parmi les
sept dons de l’Esprit-Saint.
Réponse à l’objection N°2 : On peut considérer comme une
grâce gratuitement donnée qu’un homme ait l’esprit de bon conseil qui le rende
apte à donner aux autres de bons avis ; mais que l’on reçoive de Dieu conseil à
l’égard de ce que l’on doit faire pour ce qui est nécessaire au salut, c’est
une prérogative qui est commune à tous les saints (On entend par là tous ceux
qui sont en état de grâce.).
Objection N°3. L’Apôtre dit (Rom.,
8, 14) : Ceux qui sont animés de l’esprit
de Dieu sont ses enfants. Or, ceux qui sont animés d’un autre esprit n’ont
pas le conseil. Par conséquent puisque les dons de l’Esprit-Saint conviennent
surtout aux enfants de Dieu qui ont reçu
l’esprit d’adoption filiale, il semble qu’on ne doive pas ranger le conseil
parmi les dons de l’Esprit-Saint.
Réponse à l’objection N°3 : Les enfants de Dieu sont mus par
l’Esprit-Saint d’une manière conforme à leur nature, c’est-à-dire sans détruire
leur libre arbitre qui est une faculté résultant de la volonté et de la raison.
Par conséquent, le don de conseil convient aux enfants de Dieu dans le sens que
leur raison est mue par l’Esprit-Saint ou qu’elle reçoit sa lumière à l’égard
des actions que l’on doit faire.
Mais c’est le contraire. Il est dit (Is., 11, 2) : L’esprit de conseil et de force se reposera
sur lui.
Conclusion Le conseil est un don de l’Esprit-Saint par lequel la
créature raisonnable est portée par la bonté divine à donner un excellent avis
sur chacune des actions que l’on doit faire.
Il faut répondre que les dons de l’Esprit-Saint, comme nous
l’avons dit (1a 2æ, quest. 68, art. 1), sont des
dispositions qui rendent l’âme apte à suivre l’impression de l’Esprit-Saint.
Or, Dieu meut chaque être selon le mode qui convient à sa nature. Ainsi il meut
la créature corporelle dans le temps et dans l’espace, tandis qu’il ne meut la
créature spirituelle que dans le temps (Par ses actions et ses opérations, qui
sont successives, il la meut dans le temps, mais il ne la meut pas dans
l’espace, parce que les esprits ne peuvent être dans un lieu.), et non dans
l’espace, selon la remarque de saint Augustin (Sup. Gen. ad litt., liv. 8, chap. 20).
Or, la créature raisonnable a ceci de particulier, c’est qu’elle est portée à
l’action par les recherches de la raison (C’est-à-dire qu’avant d’agir nous
avons besoin de discourir, de raisonner, pour arriver à une conséquence.), et
ce sont ces recherches qui reçoivent le nom de conseil. C’est pourquoi on dit que l’Esprit-Saint la meut par le
moyen du conseil, et c’est pour ce motif qu’on met le conseil au nombre de ses
dons.
Article 2 : Le
don de conseil répond-il à la vertu de prudence ?
Objection N°1. Il semble que le
don de conseil ne réponde pas convenablement à la vertu de prudence. Car l’être
inférieur atteint par ce qu’il a de plus élevé l’être qui est au-dessus de lui,
comme le prouve saint Denis (De div. nom., chap. 7).
Ainsi l’homme atteint l’ange par son intellect. Or, la vertu cardinale est
inférieure au don, comme nous l’avons vu (1a 2æ, quest. 68,
art. 8). Par conséquent, puisque le conseil est l’acte le plus infime de la
prudence, le commandement son acte suprême, et le jugement son acte
intermédiaire, il semble que le don qui répond à la prudence ne soit pas le
conseil, mais plutôt le jugement ou le commandement.
Réponse à l’objection N°1 : Le jugement et le commandement ne
se rapportent pas à celui qui est mû, mais au moteur. Et parce qu’à l’égard des
dons de l’Esprit-Saint l’âme humaine est plutôt mue qu’elle ne meut, ainsi que
nous l’avons dit (art. préc. et 1a 2æ,
quest. 68, art. 1), il s’ensuit qu’il n’eût pas été convenable de donner les
noms de précepte ou de jugement au don qui correspond à la
prudence, mais qu’il était mieux de lui donner celui de conseil ; pour qu’on puisse désigner par là le mouvement de
l’esprit qui est conseillé est mû par celui qui l’éclairé.
Objection N°2. Il ne faut qu’un don pour venir suffisamment en
aide à une vertu ; car plus une chose est élevée et plus elle est une, comme on
le prouve dans le livre Des causes (prop. 4, 10 et 17). Or, la prudence a pour auxiliaire le
don de science qui n’embrasse pas seulement la science spéculative, mais encore
la science pratique, comme nous l’avons vu (quest. 9, art. 3). Le don de
conseil ne répond donc pas à la vertu de prudence.
Réponse à l’objection N°2 : Le don de science ne répond pas
directement à la prudence, puisqu’il a pour objet les choses spéculatives,
cependant il l’aide en raison de son extension (Il s’étend par surcroît aux
choses pratiques.) ; mais le don de conseil répond directement à la prudence
comme ayant le même objet.
Objection N°3. Il appartient en propre à la prudence de diriger,
comme nous l’avons vu (quest. 47, art. 8). Or, le don de conseil fait que
l’homme est dirigé par Dieu, comme nous l’avons dit (art. préc.).
Le don de conseil n’appartient donc pas à la vertu de prudence.
Réponse à l’objection N°3 : Le moteur qui est mû, meut dans
le sens qu’il est mû. Par conséquent, l’âme humaine par là même qu’elle est
dirigée par l’Esprit-Saint devient capable de se diriger et de diriger les
autres (La prudence n’en est donc pas moins une vertu directive).
Mais c’est le contraire. Le don du conseil a pour objet ce que
l’on doit faire pour une fin. Or, la prudence a le même objet. Ils se
correspondent donc mutuellement.
Conclusion Le don de conseil se rapporte à la prudence elle-même,
comme étant son aide et son perfectionnement.
Il faut répondre qu’un moteur inférieur est principalement aidé et
perfectionné parce qu’il est mû par un moteur supérieur ; ainsi le corps est
aidé et perfectionné en ce qu’il est mû par l’esprit. Or, il est évident que la
droiture de la raison humaine est à la raison divine, ce qu’un moteur inférieur
est au moteur supérieur qui le meut, et auquel il se rapporte. Car la raison
éternelle est la règle suprême de tout ce qu’il y a de rectitude dans l’homme.
C’est pourquoi la prudence qui implique la droiture de la raison est très perfectionnée
et très soulagée par là même qu’elle est réglée et qu’elle est mue par
l’Esprit-Saint ; ce qui appartient au don de conseil, comme nous l’avons dit
(art. préc.). Ainsi le don de conseil répond à la
prudence, parce qu’il l’aide et la perfectionne.
Article 3 : Le
don de conseil existe-t-il dans le ciel ?
Objection N°1. Il semble que le
don de conseil ne subsiste pas dans le ciel. Car le conseil a pour objet ce que
l’on doit faire en vue d’une fin. Or, dans le ciel on n’aura rien à faire en
vue d’une fin, parce que là les hommes jouiront de leur fin
dernière. Le don de conseil n’existe donc pas dans le ciel.
Réponse à l’objection N°1 : Dans les bienheureux il y a des
actes qui se rapportent à leur fin, soit qu’ils procèdent de leur état par voie
de conséquence, comme la louange de Dieu, soit qu’ils aient pour but d’amener
les autres à la fin qu’ils possèdent eux-mêmes, comme les ministères des anges
et les prières des saints, et à cet égard ils ont besoin du don de conseil
(Pour exécuter ces actes convenablement.).
Objection N°2. Le conseil implique un doute. Car à l’égard des
choses qui sont évidentes il est ridicule de consulter, comme le dit Aristote (Eth., liv. 3, chap. 3). Or, dans le ciel on
n’aura plus de doute, et par conséquent on n’aura plus besoin de conseil.
Réponse à l’objection N°2 : Le doute appartient au conseil
dans les conditions de la vie présente ; mais il n’en est pas de même du
conseil tel qu’il existe dans le ciel. C’est ainsi que les vertus cardinales ne
produisent pas absolument les mêmes actes dans le ciel et sur la terre.
Objection N°3. Dans le ciel les saints sont absolument semblables
à Dieu, d’après ces paroles de saint Jean (1 Jean, 3, 2) : Quand il apparaîtra, nous lui ressemblerons. Or, le conseil répugne
à Dieu, d’après ce mot de saint Paul (Rom.,
2, 34) : Qui a été son conseiller ? Donc
le don de conseil ne convient pas aux saints qui sont dans le ciel.
Réponse à l’objection N°3 : Le conseil n’existe pas en Dieu
comme dans le sujet qui le reçoit, mais comme dans celui qui le donne. Quant
aux saints qui sont dans le ciel, ils ressemblent à Dieu comme celui qui reçoit
une influence quelconque ressemble à celui qui la lui communique.
Mais c’est le contraire. Saint Grégoire dit (Mor., liv. 17, chap. 8) que quand les fautes ou les bonnes œuvres d’une
nation sont citées au conseil du tribunal suprême, on dit que l’ange préposé à cette
même nation a triomphé ou qu’il a été vaincu.
Conclusion Le don de conseil subsiste au ciel, non que les saints
consultent sur ce qu’ils doivent faire, mais parce que Dieu continue à leur
donner la connaissance des choses qu’ils savent et qu’il les éclaire sur celles
qu’ils ne savent pas et qu’ils ont à exécuter.
Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. préc. et 1a 2æ, quest. 68, art. 1),
les dons de l’Esprit-Saint font que la créature raisonnable est mue par Dieu.
Or, à l’égard du mouvement que Dieu imprime à l’âme humaine, il y a deux choses
à considérer ; c’est que la disposition de celui qui est mû est autre
pendant qu’il est mû que quand il est arrivé au terme du mouvement. Quand le
moteur est seulement cause du mouvement, le mouvement cessant, son action cesse
sur le mobile, une fois que celui-ci est parvenu à son terme. Ainsi une maison,
après qu’elle est bâtie, n’est plus désormais construite par celui qui l’a
élevée. Mais quand le moteur n’est pas seulement cause du mouvement, et qu’il
est encore cause de la forme que le mouvement a pour terme, alors l’action du
moteur ne cesse pas après la production de la forme ; par exemple, le soleil
illumine l’air, même après que l’air a été illuminé. C’est de cette manière que
Dieu produit en nous la vertu et la connaissance (Dieu est tout à la fois
l’auteur du mouvement et de la forme, et la forme, qui est la connaissance, ne
peut subsister que par la continuité de son action.), non seulement quand nous
les acquérons pour la première fois, mais encore tant que nous continuons à les
posséder. Ainsi Dieu produit dans les bienheureux la connaissance de ce qu’ils
doivent faire, non comme dans des ignorants, mais en continuant à leur donner
cette même connaissance. Toutefois il y a des choses que les anges ou les
bienheureux ne connaissent pas, et qui ne sont pas de l’essence de la
béatitude, mais qui appartiennent au gouvernement du monde conformément à la
providence divine. A cet égard il faut observer que l’esprit des bienheureux
est mû par Dieu autrement que l’esprit des hommes qui sont sur la terre. Car
Dieu meut les hommes qui sont sur la terre relativement à leurs actions pour
calmer l’anxiété que le doute produisait en eux auparavant, tandis que dans
l’esprit des bienheureux à l’égard des choses qu’ils ignorent, il y a
simplement un défaut de connaissance (Ce défaut de connaissance n’est pas
appelé ignorance par saint Thomas ; il l’exprime par le mot nescientia, pour montrer que
c’est une simple privation, qui ne porte pas sur une des choses essentielles à
connaître, mais qui résulte seulement de la nature de l’être fini, qui ne peut
tout savoir.), dont les anges ont eux-mêmes besoin d’être délivrés, d’après
saint Denis (De cæl.
hier., chap. 7). Mais les recherches (Ces recherches sont incompatibles
avec la béatitude.) que le doute provoque n’existent pas en eux préalablement ;
ils ne font que se tourner vers Dieu, et c’est ce qu’on appelle consulter le
Seigneur. C’est ainsi, d’après saint Augustin (Sup. Gen. ad litt., liv. 5, chap. 19),
que les anges consultent Dieu sur les choses d’ici-bas. C’est pourquoi on donne
le nom de conseil à la lumière qu’ils
en reçoivent. Par conséquent, le don de conseil existe dans les bienheureux en
ce sens que Dieu leur continue la connaissance de ce qu’ils savent, et qu’il
les éclaire sur les choses qu’ils doivent faire et qu’ils ignorent (Seulement
il n’y a plus en eux le doute, l’anxiété, la peine, qui les éprouvaient
ici-bas.).
Objection N°1. Il semble que la
cinquième béatitude, qui a pour objet la miséricorde, ne réponde pas au don de
conseil. Car toutes les béatitudes sont des actes de vertu, comme nous l’avons
vu (1a 2æ, quest. 69, art. 1). Or, le conseil nous dirige
dans tous les actes de vertu. La cinquième béatitude ne répond donc pas plus au
conseil qu’une autre.
Réponse à l’objection N°1 : Quoique le conseil dirige dans
tous les actes de vertu, il dirige spécialement dans les œuvres de miséricorde
pour la raison que nous avons donnée (dans le corps de cette question.).
Objection N°2. Les préceptes portent sur les choses qui sont de
nécessité de salut, et le conseil sur celles qui ne sont pas nécessaires de la
même manière. Or, la miséricorde est de nécessité de salut, d’après ces paroles
de saint Jacques (2, 13) : Celui qui ne
fait pas miséricorde sera jugé sans miséricorde, tandis que la pauvreté n’est
pas de nécessité de salut, mais elle appartient à la perfection, comme on le
voit (Matth., chap. 19). La béatitude de la pauvreté
appartient donc plutôt au don de conseil que la béatitude de la miséricorde.
Réponse à l’objection N°2 : Le conseil, considéré comme un
don de l’Esprit-Saint, nous dirige dans toutes les choses qui ont pour fin la
vie éternelle, qu’elles soient de nécessité de salut ou non. Mais toutes les
œuvres de miséricorde ne sont pas nécessaires au salut.
Objection N°3. Les fruits sont des conséquences des béatitudes,
car ils impliquent une délectation spirituelle qui résulte des actes de vertu
qui sont parfaits. Or, parmi les fruits, il n’y en a
pas qui répondent au don de conseil, comme on le voit (Gal., chap. 5). La béatitude de la miséricorde ne répond donc pas à
ce don.
Réponse à l’objection N°3 : Le mot fruit implique quelque
chose qui vient en dernier lieu. Or, dans la pratique, ce qui vient en dernier
lieu ne réside pas dans la connaissance, mais dans l’opération qui est la fin. C’est
pourquoi, parmi les fruits il n’y en a aucun qui appartienne à la connaissance
pratique ; on donne seulement ce nom aux choses qui appartiennent aux
opérations que la connaissance pratique dirige. Au nombre de ces choses se
trouvent la bonté et la bienfaisance (Ces deux mots, bonitas et benignitas, sont
à remarquer. Cajétan observe que le premier indique la douceur de l’âme, du
caractère, tandis que le second exprime la vertu qui nous porte à communiquer
aux autres nos propres biens.) qui répondent à la
miséricorde (Et la miséricorde répond elle-même au conseil.).
Mais c’est le contraire. Saint Augustin dit (De serm. Dom. in
mont., liv. 1, chap. 4) : Le conseil convient aux miséricordieux, parce que
l’unique remède pour se délivrer de tant de maux, c’est de pardonner aux autres
et de leur faire des aumônes.
Conclusion La béatitude de la miséricorde répond tout spécialement
au don de conseil, non que ce don la produise, mais il la dirige.
Il faut répondre
que le conseil proprement dit a pour objet ce qui est utile à la fin. Par
conséquent, tout ce qu’il y a de plus utile à la fin doit principalement
répondre au don de conseil. Or, telle est la miséricorde, d’après ces paroles
de saint Paul (1 Tim., 4, 8) : La piété est utile à tout (Saint Thomas,
dans son commentaire sur cette épître, fait remarquer que le mot pietas a deux
sens : Accipitur pro cultu Dei et misericordia ; généralement on ne tient compte que du
premier.). C’est pourquoi la béatitude de la miséricorde répond spécialement au
don de conseil ; ce n’est pas que ce don la produise, mais il la dirige.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
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