Saint Thomas d’Aquin
- Somme Théologique
3a = Tertia
Pars = 3ème partie
Question
11 : De la science innée ou infuse de l’âme du Christ
Après avoir parlé de la science bienheureuse, nous avons à nous
occuper de la science innée ou infuse de l’âme du Christ. — A cet égard six
questions sont à examiner : 1° Le Christ sait-il toutes choses par cette
science ? (Par le mot tout il ne faut
pas entendre ici toutes les choses possibles, mais seulement toutes celles qui
ont existé, qui existent ou qui doivent existe
soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre surnaturel.) — 2° A-t-il pu faire
usage de cette science sans s’appliquer aux images sensibles ? (Gotti observe que l’âme du Christ ne pouvait faire usage
des images sensibles pour la connaissance des substances séparées ou des choses
intellectuelles, parce qu’on ne peut ainsi les percevoir dans leur essence.) —
3° Cette science a-t-elle été discursive ? (En descendant ainsi dans les
détails les plus minutieux, saint Thomas veut par ce procédé analytique établir
que le Verbe a pris une âme raisonnable, absolument semblable à la nôtre, comme
l’ont décidé les conciles. Le concile de Florence résumant les décisions du
quatrième, du cinquième et du sixième concile œcuméniques dit : Sequentes sanctos Patres constanter omnes docemus Dominum
Nostrum Jesum Christum ex animâ rationali et corpore secundum humanitatem per
omnia nobis similem absque peccato.) — 4° De la
comparaison de cette science avec celle des anges. — 5° A-t-elle été une
science habituelle ? — 6° A-t-elle été rendue distincte par des habitudes
diverses ?
Article 1 : Le
Christ sait il tout par sa science innée ou infuse ?
Objection N°1. Il
semble que le Christ n’ait pas tout connu par sa science infuse. Car cette
science a été communiquée au Christ pour le perfectionnement de son intellect
possible. Or, l’intellect possible de l’âme humaine ne parait pas être en
puissance à l’égard de toutes choses absolument, mais seulement à l’égard des
choses pour lesquelles il peut être réduit en acte par l’intellect agent, qui
est son propre principe actif. Comme il n’y a que ces choses qui puissent être
connues par la raison naturelle, il s’ensuit que le Christ n’a pas connu par sa
science infuse ce qui surpasse la raison naturelle.
Réponse
à l’objection N°1 : Ce raisonnement s’appuie sur la puissance naturelle de
l’âme intellectuelle, qui se rapporte à l’agent naturel qui est l’intellect
agent.
Objection
N°2. Les images sensibles
sont à l’intellect ce que les couleurs sont à la vue, comme le dit Aristote (De animâ, liv. 3, text. 18,
31, 39). Or, il n’appartient pas à la perfection de la faculté visuelle de
connaître ce qui est absolument sans couleur. Par conséquent il n’appartient
pas à la perfection de l’intellect humain de connaître les choses que les
images sensibles ne peuvent représenter, comme les substances séparées. Ainsi
donc, puisque la science infuse a été dans le Christ pour le perfectionnement
de son âme intellectuelle, il semble qu’il n’ait pas connu par elle les
substances séparées.
Réponse à l’objection N°2 : L’âme humaine ici-bas étant en quelque sorte liée au corps de
manière à ne pouvoir pas comprendre sans image, elle ne peut concevoir les
intelligences séparées. Mais après la mort l’âme séparée du corps pourra
connaître d’une certaine manière par elle-même ces substances spirituelles,
comme nous l’avons dit (1a pars, quest. 89, art. 1 et 2), et c’est
ce qui est surtout évident à l’égard des âmes des bienheureux. Or avant sa passion
le Christ n’était pas seulement voyageur, il voyait encore l’essence divine :
par conséquent son âme pouvait connaître les substances spirituelles, comme
l’âme séparée les connaît.
Réponse à l’objection N°3 : La connaissance des choses individuelles
n’appartient pas à la perfection de l’âme intelligente relativement à la
connaissance spéculative ; cependant elle appartient à sa perfection par
rapport à la connaissance pratique qui n’est parfaite qu’autant qu’elle
embrasse les choses particulières qui sont l’objet de l’opération, comme le dit
Aristote (Eth., liv. 6, chap. 7).
Ainsi la prudence exige la mémoire des choses passées, la connaissance des
choses présentes et la prévoyance des choses futures, selon la remarque de
Cicéron (De invent., liv. 2). Par conséquent, le Christ ayant eu la
plénitude de la prudence selon le don de conseil, il s’ensuit qu’il a connu
toutes les choses particulières présentes, passées et à venir.
Conclusion
Puisqu’il a été convenable que l’âme du Christ unie au Verbe de Dieu fût rendue
absolument parfaite par la science infuse, elle a nécessairement connu toutes
choses, à l’exception de l’essence divine.
Article 2 : Le
Christ a-t-il pu user de cette science sans faire usage des images sensibles ?
Objection N°1. Il
semble que l’âme du Christ n’ait pu comprendre par la science infuse qu’en se
servant des images sensibles. Car, comme le dit Aristote (De animâ, liv. 3, text.
18, 31 et 39), les images sensibles sont à l’âme intellectuelle de l’homme ce
que sont les couleurs à la vue. Or, la puissance visuelle du Christ n’a pu être
mise en acte qu’en se portant vers les couleurs. Son âme intelligente n’a donc
rien pu comprendre qu’en se tournant vers les images sensibles.
Réponse
à l’objection N°1 : Cette comparaison employée par Aristote ne doit pas
être prise sous toutes ses faces. Car il est évident que la puissance de la vue
a pour fin de connaître les couleurs ; au lieu que la fin de la puissance
intellectuelle n’est pas de connaître les images sensibles, mais les espèces
intelligibles qu’elle perçoit au moyen des images sensibles et en elles
conformément à l’état de la vie présente. La ressemblance porte donc sur
l’opération de ces deux puissances (Elle signifie seulement que comme la vue
est mue par la couleur, de même l’intellect l’est par les images sensibles.),
mais non sur l’objet auquel la condition de l’une et de l’autre s’arrête. Or,
rien n’empêche que dans des états différents une chose
tende à sa fin par des moyens divers. Mais la fin propre d’une chose est
toujours la même. C’est pourquoi, quoique la vue ne connaisse rien sans la
couleur, l’entendement peut cependant dans un état donné connaître sans image
sensible, mais non sans espèce intelligible.
Réponse à l’objection N°2 : Quoique l’âme du Christ ait été de même nature, que les nôtres,
elle a eu néanmoins un état que les nôtres n’ont pas maintenant en réalité,
mais seulement en espérance, l’état de celui qui voit l’essence de Dieu.
Réponse à l’objection N°3 : Quoique l’âme du Christ ait pu comprendre sans
avoir recours à des images sensibles, elle pouvait cependant le faire aussi en
s’en servant (C’était une chose qui lui était purement facultative. Le corps
lui étant complètement soumis, elle pouvait s’en servir à cette fin comme pour
toute autre.). C’est pourquoi les sens n’ont pas été inutiles en elle ; surtout
puisque les sens ne sont pas donnés à l’homme seulement pour la vie intelligente,
mais qu’ils lui servent encore pour subvenir aux besoins de la vie animale.
Conclusion
Puisque le Christ a été voyageur et voyant, il a pu comprendre par la science
infuse sans faire usage des images sensibles.
Article 3 : Cette
science a-t-elle été discursive ?
Objection N°1 :
Il semble que l’âme du Christ n’ait pas eu la science infuse d’une manière
discursive. Car saint Jean Damascène dit (De
orth. fid., liv. 3, chap.
14, et liv. 2, chap. 22) : Nous n’admettons dans le Christ ni conseil, ni
élection. Or, on ne nie ces choses du Christ qu’autant qu’elles impliquent une
sorte de conférence et de raisonnement. Il semble donc que la science infuse
n’ait pas été dans le Christ une science discursive.
Réponse
à l’objection N°1 : On n’admet pas dans le Christ le conseil qui suppose
le doute et par conséquent l’élection qui renferme dans son essence un pareil
conseil ; mais on ne dit pas que le Christ n’ait point fait usage du conseil.
Objection
N°2. L’homme a besoin de
conférer et de discourir rationnellement pour chercher ce qu’il ignore. Or,
l’âme du Christ a tout connu, comme nous l’avons dit (quest. préc., art. 2). Il n’y a donc pas eu en lui de science
discursive.
Réponse à l’objection N°2 : Ce raisonnement repose sur les procédés discursifs de la raison,
selon qu’ils ont pour but l’acquisition de la science.
Objection
N°3. La science de l’âme du
Christ a été comme celle des bienheureux qui ressemblent aux anges, d’après
l’Evangile (Matth., chap. 22). Or, dans les anges il n’y a pas de science
discursive, comme on le voit dans saint Denis (De div. nom.,
chap. 7). Il n’y a donc pas eu dans l’âme du Christ de science discursive.
Réponse à l’objection
N°3 : Les bienheureux
sont semblables aux anges quant aux dons de la grâce, cependant il y a entre
eux une différence relativement à leur nature ; c’est pourquoi l’usage de
raisonner et de discourir est naturel aux âmes des bienheureux, tandis qu’il
n’en est pas de même des anges.
Conclusion
La science infuse de l’âme du Christ n’a pas été discursive quant à son
acquisition, mais elle l’a été quant à son usage.
Il faut répondre
qu’une science peut être discursive de deux manières : 1° quant à son
acquisition. C’est ce qui arrive pour nous qui allons à la connaissance d’une
chose par une autre, par exemple de l’effet par la cause ou réciproquement. La
science de l’âme du Christ n’a pas été discursive de cette manière ; parce que
la science dont nous parlons ici, lui a été divinement communiquée, il ne l’a
pas acquise par l’investigation de la raison. 2° On peut dire qu’une science
est discursive quant à l’usage. C’est ainsi que les savants tirent quelquefois
des causes certains effets, non pour les apprendre de nouveau, mais parce
qu’ils veulent se servir de la science qu’ils possèdent. La science de l’âme du
Christ pouvait être discursive de cette manière ; car il pouvait d’une chose en
conclure une autre, comme il lui plaisait. Ainsi quand le Seigneur demanda à
saint Pierre (Matth., chap. 17) : De qui
les rois de la terre recevaient le tribut, de leurs enfants ou des étrangers,
saint Pierre ayant répondu que c’était des étrangers, il conclut : Les enfants
sont donc libres.
Article 4 :
La science infuse a-t-elle été plus grande dans le Christ que la science des
anges ?
Objection N°1. Il
semble que la science infuse ait été moindre dans le Christ que dans les anges.
Car la perfection est proportionnée à l’objet perfectible. Or, l’âme humaine
est inférieure par nature à l’ange. Par conséquent, puisque la science dont
nous parlons maintenant a été communiquée à l’âme du Christ pour sa perfection,
il semble qu’elle ait été inférieure à la science qui perfectionne la nature
angélique.
Mais c’est le contraire.
L’Apôtre dit (Héb., 2, 9) : Nous voyons que Jésus qui avait été rendu
pour un peu de temps inférieur aux anges a été couronné de gloire et d’honneur
à cause de la mort qu’il a soufferte. D’après ces paroles, on voit que le
Christ a été mis un peu au-dessous des anges uniquement à cause de la mort
qu’il a soufferte, mais non à cause de sa science.
Conclusion La science infuse de
l’âme du Christ surpasse la science des anges quant à la cause qui l’a
produite, mais elle lui est cependant inférieure quant à la manière de la
recevoir.
La
réponse aux objections est par là même évidente.
Article 5 : La
science infuse a-t-elle été habituelle ?
Objection N°1. Il
semble qu’il n’y ait pas eu dans le Christ une science habituelle. Car nous
avons dit (quest. 9, art. 1) qu’il était convenable que l’âme du Christ posséda
la science la plus parfaite. Or, la perfection de la science qui existe en acte
est plus grande que celle de la science qui existe en puissance ou à l’état
d’habitude. Il semble donc qu’il eût été convenable qu’elle sût tout en acte et
que par conséquent elle n’eût pas de science habituelle.
Réponse
à l’objection N°1 : Il y a eu dans l’âme du Christ deux sortes de
connaissance et elles ont été l’une et l’autre très parfaites à leur manière :
l’une surpassant le mode de la nature humaine, et qui consiste à voir l’essence
de Dieu et les autres choses en elle. Elle fut la plus parfaite absolument.
Cette connaissance n’a pas été habituelle, mais actuelle par rapport à toutes
les choses qu’il a connues de cette manière. L’autre a existé dans le Christ
selon le mode proportionné à la nature humaine ; c’est-à-dire selon qu’il a
connu les choses par les espèces qui lui ont été divinement communiquées. C’est
de cette connaissance que nous parlons maintenant ; elle n’a pas été absolument
la connaissance la plus parfaite, mais elle a été la plus parfaite dans le
genre de la connaissance humaine. Par conséquent il n’a pas fallu qu’elle fût
toujours en acte (Gotti observe que, quoique l’âme du
Christ ait pu ne pas faire usage de sa science en acte, cependant il est à
croire qu’elle n’a jamais usé de ce pouvoir et qu’elle a toujours été en acte,
non seulement par rapport à sa science bienheureuse, mais encore par rapport à sa science infuse (Voir.
De scientiâ
Christ., quest. 2, § 3).).
Réponse à l’objection N°2 : L’habitude est réduite à l’acte par l’ordre de la volonté ; car
une habitude est un principe par lequel on agit quand on le veut. La volonté se
rapporte à une infinité de choses d’une manière indéterminée. Cependant elle
n’est pas inutile, quoiqu’elle ne se porte pas vers toutes choses actuellement,
pourvu qu’elle tende à ce qui convient selon le temps et le lieu. C’est
pourquoi une habitude n’est pas vaine, quoique toutes les choses qui lui sont
soumises ne soient pas réduites à l’acte ; pourvu que l’on réduise en acte ce
qui convient à la fin légitime de la volonté, selon l’exigence des affaires et
du temps (Le Christ étant le juge de tout, il n’y avait rien qui lui fût
étranger. C’est pour ce motif qu’il était convenable que sa science embrassât
en acte toutes choses.).
Réponse à l’objection N°3 : Le bien comme l’être
se dit de deux manières : 1° absolument. De la sorte on donne le nom de bien et
d’être à la substance qui subsiste dans son être et dans sa bonté. 2° On
emploie l’être et le bien relativement. On désigne ainsi l’être et le bien
accidentel, non parce qu’il a l’être et la bonté, mais parce que son sujet est
un être et qu’il est bon. Ainsi donc la science habituelle n’est pas absolument
meilleure ou plus digne que l’âme du Christ, mais elle l’est relativement
(C’est-à-dire c’est une qualité qui ajoute au sujet qui la reçoit, et qui le
rend plus excellent.), puisque toute la bonté de la science habituelle se
rapporte à la bonté du sujet.
Mais
c’est le contraire. La science du Christ dont nous parlons maintenant a été du
même genre que la nôtre, comme son âme a été de la même espèce que l’âme
humaine. Or, notre science est du genre de l’habitude. La science du Christ a
donc été aussi habituelle.
Conclusion
Puisque la science du Christ a été de même nature que la nôtre et qu’il a pu en
faire usage à volonté, elle a été nécessairement habituelle.
Il faut répondre que,
comme nous l’avons dit (art. préc.), le mode de la science
infuse dans l’âme du Christ a été en harmonie avec le sujet qui l’a reçue. Car
ce qui est reçu est dans le sujet qui le reçoit selon le mode de ce dernier.
Or, le mode naturel à l’âme humaine, c’est qu’elle soit tantôt intelligente en
acte et tantôt intelligente en puissance. L’habitude tient le milieu entre la
puissance pure et l’acte complet. Le milieu et les extrêmes étant du même
genre, il est par là même évident que le mode naturel à l’âme humaine, c’est de
recevoir la science d’une manière habituelle. C’est pourquoi on doit dire que
la science infuse dans l’âme du Christ a été habituelle et qu’il pouvait en faire
usage quand il le voulait.
Article 6 :
La science infuse du Christ a-t-elle été rendue distincte par des habitudes
diverses ?
Objection
N°1. Il semble qu’il n’y ait eu dans l’âme du Christ qu’une seule habitude de
science. Car plus une science est parfaite et plus elle est une. Ainsi les
anges supérieurs connaissent par des formes plus universelles, comme nous
l’avons dit (1a pars, quest. 55, art. 3). La science du Christ ayant
été la plus parfaite, elle a donc été souverainement une, et par conséquent
elle n’a pas été rendue distincte par plusieurs habitudes.
Réponse
à l’objection N°1 : Comme nous l’avons dit (art. 4), la science de l’âme
du Christ est la plus parfaite, et elle surpasse la science des anges, quand on
la considère par rapport à Dieu qui la produit, mais elle lui est inférieure
quant au mode du sujet qui la reçoit. Et ce mode demande qu’elle soit
distinguée en plusieurs habitudes, selon qu’elle existe par des espèces plus
particulières.
Objection
N°2. Notre foi vient de la
science du Christ ; c’est ce qui fait dire à l’Apôtre (Héb., 12, 2) : que nous
jetons les yeux sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi. Or, il
n’y a pas qu’une seule habitude de foi pour toutes les choses à croire, comme
nous l’avons dit (2a 2æ, quest. 4, art 6). A plus forte
raison n’y a-t-il pas eu dans le Christ qu’une seule habitude de science.
Réponse à l’objection
N°2 : Notre foi repose sur la vérité
première : c’est pourquoi le Christ en est l’auteur d’après sa science divine
qui est absolument une.
Réponse à l’objection N°3 : La lumière communiquée par Dieu est la raison commune de
comprendre qu’il révèle, comme la lumière de l’intellect agent est le moyen de
comprendre les vérités qui sont connues naturellement. C’est pourquoi il a
fallu qu’il y eût dans l’âme du Christ les espèces propres de chaque chose,
pour connaître tous les êtres d’une connaissance propre. Ainsi il a été
nécessaire qu’il y eût en elle des béatitudes de science qui soient
différentes, comme nous l’avons dit (dans le corps de cet article.).
Mais c’est le
contraire. Le prophète dit (Zach., 3, 9) : qu’il y a sept yeux sur une seule pierre,
qui est le Christ. Or, par l’œil on entend la science. Il semble donc que dans
le Christ il y ait eu plusieurs habitudes de science.
Conclusion La science infuse de
l’âme du Christ a été distinguée en différentes habitudes, selon les divers
genres des choses qui en faisaient l’objet, car ce mode est naturel à l’âme
humaine.
Il faut répondre que, comme nous l’avons dit
(art. 2 et 4), la science infuse de l’âme du Christ a eu le mode naturel à
l’âme humaine. Or, il est naturel à l’âme humaine de recevoir les espèces d’une
manière moins universelle que les anges (Saint Thomas avait enseigné d’abord
que les espèces infuses dans l’âme du Christ étaient plus universelles que
celles des anges (3, dist. 14, art. 3, quest. 4). Mais il rétracte ici ce
sentiment.) ; de telle sorte qu’elle connaît les différentes natures
spécifiques par des espèces intelligibles différentes. De là il arrive qu’il y
a en nous différentes habitudes de science, parce qu’il y a divers genres de
choses à savoir, et que nous connaissons par la même habitude scientifique ce
qui revient au même genre, d’après ce principe d’Aristote (Post. 1, text. 42), que la science qui se
rapporte à un sujet du même genre est une. C’est pourquoi la science infuse de
l’âme du Christ a été distinguée en plusieurs habitudes différentes.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques,
par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à
Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de
Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du
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