Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

3a = Tertia Pars = 3ème partie

Question 22 : Du sacerdoce du Christ

 

            Après avoir parlé de la prière du Christ, nous avons à nous occuper de son sacerdoce, et à cet égard six questions se présentent : 1° Convient-il au Christ d’être prêtre ? (Cet article est une réfutation de l’erreur des sociniens, qui prétendaient que le Christ n’avait pas été prêtre sur la terre, mais qu’il ne l’était qu’au ciel, et que, par conséquent, sa mort n’avait pas été un vrai sacrifice, mais une préparation au sacrifice.) — 2° De la victime offerte par ce sacerdoce. (On peut voir à ce sujet l’Epître aux Hébreux, principalement le chap. 9 et le concile de Trente (sess. 22, chap. 1).) — 3° De l’effet de ce sacerdoce. (Les sociniens ont prétendu que le Christ n’avait satisfait pour nous que d’une manière impropre et métaphorique, c’est-à-dire en vertu seulement de sa prédication, de ses conseils et de ses exemples. A la vérité Dieu nous remet gratuitement nos péchés, mais il est de foi qu’il a véritablement satisfait pour nous et qu’il a éteint notre dette envers son l’ère.) — 4° L’effet de son sacerdoce se rapporte-t-il à lui-même ou seulement aux autres ? (Il est de foi que le Christ n’a pas satisfait pour lui-même.) — 5° De l’éternité de son sacerdoce. (Ce qui prouve l’éternité du sacerdoce du Christ, c’est : 1° le salut éternel des hommes : 2° c’est que le Christ n’a point eu de successeur ; 3° c’est qu’il ne cesse de prier pour nous ; 4° c est que l’union hypostatique est sa consécration ineffaçable.) — 6° Doit-il être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech ? (Cet article est le commentaire raisonné de ces paroles de l’Ecriture (Ps. 110, 4) : Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Voyez à ce sujet l’explication qu’en donne lui-même saint Paul (Héb., chap. 7).)

 

Article 1 : Convient-il au Christ d’être prêtre ?

 

Objection N°1. Il semble qu’il ne convienne pas au Christ d’être prêtre. Car un prêtre est au-dessous d’un ange ; d’où le prophète dit (Zach., 3, 1) : Dieu m’a fait voir le grand prêtre qui se tenait debout devant l’ange du Seigneur. Or, le Christ est supérieur aux anges, d’après saint Paul, qui dit (Héb., 1, 4) qu’il est aussi élevé au-dessus des anges que le nom qu’il a reçu est plus excellent que le leur. Il ne convient donc pas au Christ d’être prêtre.

Réponse à l’objection N°1 : La puissance hiérarchique convient aux anges, en tant qu’ils tiennent le milieu entre Dieu et les hommes, comme on le voit par saint Denis (De cœl. hier., chap. 9) ; de telle sorte que le prêtre lui-même, selon qu’il est médiateur entre Dieu et le peuple, reçoit le nom d’ange. Ainsi le prophète l’appelle (Mal., 2, 7) : L’ange du Seigneur des armées. Or, le Christ est plus grand que les anges, non seulement selon la divinité, mais encore selon l’humanité ; parce qu’il a eu la plénitude de la grâce et de la gloire. Par conséquent il a eu sur les anges la puissance hiérarchique ou sacerdotale d’une manière plus excellente ; de sorte que les anges ont été eux-mêmes les ministres de son sacerdoce (Toute la vie du Christ sur la terre ayant été une oblation, c’est pour cela, comme l’observe Cajétan, que les anges qui le servirent après son jeûne sont appelés les ministres de son sacerdoce.), d’après l’Evangile, qui dit (Matth., 4, 11) que les anges s’approchèrent et qu’ils le servaient. Cependant, selon la passibilité de sa chair, il a été un peu inférieur aux anges, comme le dit saint Paul (Héb., 2, 9) : sous ce rapport il a été semblable aux hommes qui sont élevés ici-bas à son sacerdoce.

 

Objection N°2. Les choses qui ont existé dans l’Ancien Testament ont été des figures du Christ, d’après ces paroles de l’Apôtre (Col., 2, 17) : Elles ne sont qu’une ombre de ce qui doit arriver, le corps et la vérité ne se trouvant que dans le Christ. Or, le Christ n’a pas tiré son origine charnelle des prêtres de l’ancienne loi, puisque saint Paul dit (Hébr., 7, 14) : Il est évident que Notre-Seigneur est sorti de Juda, qui est une tribu à laquelle Moïse n’a jamais attribué le sacerdoce. Il ne convenait donc pas au Christ d’être prêtre.

Réponse à l’objection N°2 : Selon l’observation de saint Jean Damascène (De orth. fid., liv. 3, chap. 26), ce qui est semblable en tout est absolument identique et n’est plus un exemple. Ainsi parce que le sacerdoce de la loi ancienne était la figure du sacerdoce du Christ, il n’a pas voulu naître de la race des prêtres qui le figuraient (Le Christ appartenait aussi à la tige sacerdotale, comme on le voit d’après la généalogie de saint Luc.), pour montrer que son sacerdoce n’est pas absolument le même, mais qu’il en diffère, comme la vérité diffère de la figure.

 

Objection N°3. Sous l’ancienne loi, qui est la figure du Christ, le même ne fut pas législateur et prêtre. D’où le Seigneur dit à Moïse le législateur (Ex., 28, 1) : Faites approcher de vous Aaron voire frère… afin qu’il exerce en mon honneur les fonctions du sacerdoce. Or, le Christ est l’auteur d’une loi nouvelle, d’après ces paroles du prophète (Jérem., 31, 33) : J’écrirai ma loi dans leur cœur. Il n’a donc pas été convenable que le Christ fût prêtre.

Réponse à l’objection N°3 : Comme nous l’avons dit (quest. 8), les autres hommes ont en particulier certaines grâces ; au lieu que le Christ, comme le chef de toute l’humanité, a la perfection de toutes les grâces. C’est pourquoi quand il s’agit des autres hommes, il faut que l’un soit législateur, un autre prêtre, un autre roi ; au lieu que toutes ces choses se rencontrent dans le Christ, comme dans la source de toutes les grâces. D’où il est dit (Is., 33, 22) : Le Seigneur notre juge, le Seigneur notre législateur, le Seigneur notre roi viendra lui-même et nous sauvera.

 

Mais c’est le contraire. Saint Paul dit (Héb., 4, 14) : Nous avons un pontife, qui est entré dans le ciel, Jésus Fils de Dieu (On peut lire sur ce point presque toute l’Epître aux Hébreux, et principalement les chapitres 7 et 8, qui sont une réfutation sans réplique de l’erreur des sociniens.).

 

Conclusion Puisque le Christ a été médiateur entre Dieu et les hommes, quant à la réconciliation, et que les dons de Dieu nous sont accordés par lui, il lui convient éminemment d’être prêtre.

Il faut répondre que l’office propre du prêtre, c’est d’être médiateur entre Dieu et le peuple, selon que d’une part il transmet au peuple les choses divines, d’où est venu le nom de sacerdos, qui signifie en quelque sorte sacra dans (donnant les choses sacrées), d’après ce passage du prophète (Mal, 2, 7) : C’est de sa bouche que l’on recherchera la loi de Dieu ; tandis que d’une autre part il offre à Dieu les prières du peuple et qu’il satisfait à Dieu d’une certaine manière pour leurs péchés. D’où saint Paul dit (Héb., 5, 1) : Tout pontife étant pris d’entre les hommes, est établi pour eux, en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés. Or, c’est principalement ce qui convient au Christ. Car par lui les dons de Dieu ont été communiqués aux hommes, suivant ce passage de saint Pierre (2 Pierre, 1, 4) : C’est par le Christ que Dieu nous a communique les biens si grands et si précieux qu’il nous avait promis, pour que vous soyez par la même participants de la nature divine. C’est aussi lui qui a réconcilié le genre humain avec Dieu, d’après ces paroles de saint Paul (Col., 1, 19) : Il a plu au Père de faire résider toute plénitude dans le Christ et de réconcilier par lui toutes choses. Il convient donc par excellence au Christ d’être prêtre.

 

Article 2 : Le Christ a-t-il été tout à la fois prêtre et victime ?

 

Objection N°1. Il semble que le Christ n’ait pas été tout à la fois prêtre et victime. Car il appartient au prêtre de tuer la victime. Or, le Christ ne s’est pas tué lui- même. Il n’a donc pas été tout, à la fois prêtre et victime.

Réponse à l’objection N°1 : Il faut répondre au premier argument, que le Christ ne s’est pas tué, mais il s’est exposé volontairement à la mort (Les prêtres n’étaient pas toujours obligés d’immoler eux-mêmes les victimes, comme on le voit (2 Par., 29, 34) ; il suffisait que la victime fut tuée d’après la volonté du prêtre, et que le prêtre l’offrît lui-même ; ce qui a eu lieu dans le sacrifice du Christ, comme l’observent Valencia, Suarez, Abulée, ctc.), d’après ce mot du prophète (Is., 53, 7) : Il s’est offert, parce qu’il l’a voulu. C’est pourquoi on dit qu’il s’est, offert lui-même.

 

Objection N°2. Le sacerdoce du Christ ressemble plus au sacerdoce des Juifs, qui avait été établi par Dieu, qu’au sacerdoce des gentils par lequel ils offraient un culte aux démons. Or, sous l’ancienne loi, jamais un homme n’était offert en sacrifice ; ce que l’on blâme tout particulièrement dans les sacrifices des païens, d’après le Psalmiste qui s’écrie (Ps. 105, 38) : Ils ont répandu le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifièrent aux idoles de Chanaan. Dans le sacerdoce du Christ l’Homme-Dieu n’a donc pas dû être lui-même la victime.

Réponse à l’objection N°2 : Le meurtre de l’Homme-Dieu peut se considérer par rapport à deux sortes de volonté. 1° On peut le considérer par rapport à la volonté de ceux qui l’ont fait périr, et dans ce sens on ne peut pas dire qu’il ait le caractère d’une victime. Car on ne dit pas que les meurtriers du Christ ont offert à Dieu une hostie, mais qu’ils ont fait un grand crime. Les sacrifices impies des gentils, par lesquels ils offraient des hommes aux idoles, avaient de l’analogie avec ce péché. 2° On peut le considérer par rapport à la volonté de celui qui le souffrait et qui s’est volontairement offert à cette passion. Sous ce rapport son immolation a été celle d’une victime, mais elle n’a rien de commun avec les sacrifices des gentils.

 

Objection N°3. Toute victime par là même qu’elle est offerte à Dieu est sanctifiée pour lui. Or, l’humanité du Christ a été sanctifiée dès le commencement et unie à Dieu. On ne peut donc pas dire, avec raison, que le Christ, comme homme, a été victime.

Réponse à l’objection N°3 : La sainteté qu’a eue l’humanité du Christ dès le commencement, n’a pas empêché que la nature humaine, lorsqu’elle a été offerte à Dieu dans la passion, ne fût sanctifiée d’une nouvelle manière, c’est-à-dire en tant qu’hostie actuellement offerte. Car elle a acquis comme victime cette sanctification actuelle par l’ancienne charité et par la grâce d’union qui la sanctifie absolument.

 

Mais c’est le contraire. L’Apôtre dit (Eph., 5, 2) : Le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous à Dieu, comme une oblation et une victime d’une agréable odeur.

 

Conclusion Puisque c’est par le Christ que les péchés des hommes ont été effacés, que la grâce leur a été donnée et qu’ils sont arrivés à la perfection de la gloire, le Christ, en tant qu’homme, n’a pas été seulement prêtre, mais il a encore été un sacrifice et une hostie parfaite, c’est-à-dire qu’il a été victime pour le péché, hostie pacifique et holocauste.

Il faut répondre que, comme le dit saint Augustin (De civ. Dei, liv. 10, chap. 5), tout sacrifice visible est le sacrement, c’est-à-dire le signe sacré du sacrifice invisible. Le sacrifice invisible est celui par lequel l’homme offre à Dieu son esprit, d’après ces paroles du Psalmiste (Ps. 50, 19) : Un sacrifice agréable à Dieu, c’est un esprit affligé. C’est pourquoi tout ce que l’on témoigne à Dieu, pour que l’esprit de l’homme s’élève vers lui, peut être appelé un sacrifice. L’homme a donc besoin du sacrifice pour trois motifs : 1° pour la rémission du péché par lequel il est détourné de Dieu, et c’est ce qui fait dire à l’Apôtre (Héb., 5, 1) qu’il appartient au prêtre d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. 2° Pour que l’homme soit conservé dans l’état de grâce et qu’il reste toujours attaché à Dieu, en qui se trouve et son salut et sa paix. C’est pour cela que dans l’ancienne loi on immolait une hostie pacifique pour le salut de ceux qui l’offraient, comme on le voit (Lévit., chap. 3). 3° Pour que l’esprit de l’homme soit uni parfaitement à Dieu ; ce qui aura surtout lieu dans la gloire. C’est de là que sous l’ancienne loi on offrait un holocauste, c’est-à-dire une victime qui était totalement brûlée, comme il est dit (Lévit., chap. 1). Le Christ nous a procuré tous ces biens par son humanité. En effet, 1° nos péchés ont été effacés, d’après saint Paul qui dit (Rom., 4, 25) qu’il a été livré à cause de nos iniquités. 2° Nous avons reçu par lui la grâce qui nous sauve, selon ces paroles du même apôtre (Héb., 5, 9) : Il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. 3° Nous avons obtenu par-là la perfection de la gloire (Héb., 10, 19) : Car nous avons par son sang la liberté d’entrer avec confiance dans le Saint, c’est-à-dire dans la gloire céleste. C’est pourquoi le Christ lui-même, en tant qu’homme (Il est à remarquer que c’est comme homme que le Christ a été prêtre et victime, autrement il aurait offert son sacrifice à lui-même : ce qui répugne. Cependant, en vertu de la communication des idiomes, on lui donne absolument le nom de prêtre.), n’a pas été seulement prêtre, mais il a encore été une hostie parfaite, étant tout à la fois victime pour le péché, hostie pacifique et holocauste (Ce sont les trois sortes de sacrifice qui existaient dans l’ancienne loi (Voy. 2a 2æ, quest. 102, art. 3).).

 

Article 3 : Le sacerdoce du Christ a-t-il pour effet l’expiation des péchés ?

 

Objection N°1. Il semble que le sacerdoce du Christ n’ait pas pour effet l’expiation des péchés. Car il n’appartient qu’à Dieu d’effacer les péchés, d’après ces paroles du prophète (Is., 43, 25) : C’est moi qui pour l’amour de moi-même efface vos iniquités. Or, le Christ n’est pas prêtre comme Dieu, mais comme homme. Le sacerdoce du Christ n’expie donc pas les péchés.

Réponse à l’objection N°1 : Quoique le Christ n’ait pas été prêtre comme Dieu, mais comme homme, ce fut cependant une seule et même personne qui fut prêtre et Dieu. C’est pour ce motif que le concile d’Ephèse dit (part. 3, chap. 1, can. 10) : Si quelqu’un dit que ce n’est pas le Verbe de Dieu qui est devenu notre Pontife et notre Apôtre, quand il s’est fait chair et homme comme nous, mais que c’est un autre homme que lui qui est né de la femme, qu’il soit anathème. C’est pourquoi, selon que son humanité opérait en vertu de sa divinité, ce sacrifice était le plus efficace pour effacer les péchés. C’est ce qui a fait dire à saint Augustin (De Trin., liv. 4, chap. 14) que comme on considère quatre choses dans tout sacrifice, celui à qui on l’offre, celui par qui il est offert, ce que l’on offre, et pour qui on l’offre ; le seul et véritable médiateur qui nous réconcilie avec Dieu par le sacrifice de la paix, ne faisait qu’un avec celui à qui il l’offrait, il rendait un en lui ceux pour lesquels il l’offrait ; et il était tout à la fois celui qui l’offrait et la chose offerte (On peut voir le Traité du sacrifice de Jésus Christ, par le P. Plowden, où toutes ces idées sont parfaitement développées.).

 

Objection N°2. Saint Paul dit (Héb., 10, 1) que les victimes de l’Ancien Testament ne pouvaient rendre justes et parfaits ; qu’autrement on aurait cessé de les offrir, puisque ceux qui rendent ce culte n’auraient plus senti leur conscience chargée de péchés, en ayant été une fois purifiés ; et que néanmoins tous les ans on rappelle dans ces sacrifices le souvenir des péchés. Or, de même sous le sacerdoce du Christ on rappelle le souvenir des péchés, puisqu’on dit : Pardonnez-nous nos offenses (Matth., 6, 12). On offre aussi continuellement le sacrifice dans l’Eglise, et c’est pour cela qu’on dit : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Les péchés ne sont donc pas expiés par le sacerdoce du Christ.

Réponse à l’objection N°2 : On ne rappelle pas les péchés sous la loi nouvelle, à cause de l’inefficacité du sacerdoce du Christ, comme s’il ne les avait pas suffisamment expiés ; mais on les rappelle à l’égard de ceux qui ne veulent pas participer à son sacrifice, comme les infidèles, dont nous demandons dans nos prières la conversion, ou par rapport à ceux qui, après avoir participé à ce sacrifice, en perdent les fruits en péchant de quelque manière. Quant au sacrifice que l’on offre tous les jours dans l’Eglise, il n’est pas autre que celui qui a été offert par le Christ (C’est la doctrine exposée de la manière la plus explicite par le concile de Trente (sess. 22, chap. 1).) ; mais il en est la commémoration. D’où saint Augustin dit (De civ. Dei, liv. 10, chap. 20) : Le Christ est le prêtre qui offre et il est l’oblation ; il a voulu que le sacrifice de l’Eglise en fût le signe quotidien.

 

Objection N°3. Sous l’ancienne loi on immolait surtout un bouc pour le péché d’un prince, une chèvre pour le péché de quelqu’un du peuple, ou un veau pour le péché d’un prêtre, comme on le voit (Lév., chap. 4). Or, le Christ n’est comparé à aucun de ces animaux, mais on le compare à un agneau, d’après le prophète qui lui fait dire (Jérem., 11, 19) : Je suis comme un agneau plein de douceur, qu’on porte pour en faire une victime. Il semble donc que le sacerdoce du Christ n’expie pas les péchés.

Réponse à l’objection N°3 : Comme le dit Origène (sup. illud Jean, chap. 1 : Ecce agnus Dei), quoiqu’on offrît divers animaux sous la loi ancienne, cependant le sacrifice quotidien qui était offert matin et soir, c’était l’agneau, comme on le voit (Nom., chap. 28). C’est ce qui figurait que l’oblation du véritable agneau, c’est-à-dire du Christ, serait le sacrifice qui consommerait tous les autres. C’est pourquoi saint Jean dit (Jean, 1, 29) : voilà l’agneau qui efface les péchés du monde.

 

Mais c’est le contraire. L’Apôtre dit (Héb., 9, 14) : Le sang du Christ qui, par l’Esprit-Saint, s’est offert lui-même à Dieu, comme une victime sans tache, purifiera notre conscience des œuvres mortes, pour nous faire rendre un culte au Dieu vivant. Or, on appelle les péchés des œuvres mortes. Le sacerdoce du Christ a donc la vertu de purifier les péchés.

 

Conclusion Puisque la grâce de la justification nous a été accordée par la vertu du Christ et que le Christ a pleinement satisfait pour nous, il est certain que son sacerdoce a eu plein pouvoir pour expier les péchés.

Il faut répondre que pour purifier parfaitement les péchés il faut deux choses, comme il y a deux choses dans le péché, la tache de la faute et la peine qu’elle mérite. La tache de la faute est effacée par la grâce qui porte le cœur du pécheur vers Dieu ; et la peine due à la faute est totalement détruite par là même que l’homme satisfait à Dieu. Or, le sacerdoce du Christ produit ces deux choses. En effet, par sa vertu il nous donne la grâce qui tourne nos cœurs vers Dieu, selon ces paroles de saint Paul (Rom., 3, 24) : Nous avons été justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui existe en Jésus-Christ que Dieu a destiné pour être la victime de propitiation que nous avons en son sang. Il a aussi satisfait pour nous pleinement, puisqu’il a pris sur lui nos infirmités et qu’il a porté nos douleurs, selon l’expression d’Isaïe (Is., 53, 4). D’où il est évident que le sacerdoce du Christ a plein pouvoir pour expier les péchés (C’est pour cela que l’Eglise nous fait chanter dans l’hymne du temps pascal : O vera cœli victima, subjecta cui sunt tartara, soluta mortis vincula recepta vitæ prœmia.).

 

Article 4 : Si l’effet du sacerdoce du Christ n’a pas seulement appartenu aux autres, mais s’il a encore appartenu à lui-même ?

 

Objection N°1. Il semble que l’effet du sacerdoce du Christ n’ait pas seulement appartenu aux autres, mais qu’il ait encore appartenu à lui-même. Car il appartient à l’office du prêtre de prier pour le peuple, d’après ces paroles de l’Ecriture (2 Mach., 1. 23) : Les prêtres priaient jusqu’à ce que le sacrifice fût consommé. Or, le Christ n’a pas seulement prié pour les autres, mais il a encore prié pour lui-même, d’après ce que nous avons vu (quest. préc., art. 3), et comme le dit expressément saint Paul (Héb., 5, 7) : Pendant le temps qu’il était dans sa chair mortelle, il offrit avec de grands cris et avec larmes ses prières et ses supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. Le sacerdoce du Christ a donc eu son effet non seulement pour les autres, mais encore pour lui-même.

Réponse à l’objection N°1 : La prière, quoiqu’elle convienne aux prêtres, n’est cependant pas propre à leur office. Car il convient à chacun de prier pour soi et pour les autres, d’après ces paroles de saint Jacques (5. 16) : Priez les uns pour les autres pour que vous soyez sauvés. Et ainsi on pourrait dire que la prière par laquelle le Christ a prié pour lui-même n’était pas un acte de son sacerdoce. Mais il semble qu’on ne puisse pas faire cette réponse, parce que l’Apôtre ayant dit (Hébr., 5, 7) : Vous êtes prêtre éternellement selon l’ordre de Melchisédech, ajoute : Pendant le temps qu’il était, etc. Par conséquent il paraît que la prière par laquelle le Christ a prié appartienne à son sacerdoce. C’est pourquoi il faut dire que les autres prêtres participent à l’effet de son sacerdoce, non comme prêtres, mais comme pécheurs, ainsi que nous le verrons (art. suiv., Objection N°1). A la vérité le Christ, absolument parlant, n’a pas eu de péché, mais cependant il a eu dans sa chair la ressemblance du péché, comme le dit saint Paul (Rom., chap. 8). C’est pourquoi on ne doit pas dire absolument qu’il a participé à l’effet de son sacerdoce, mais sous un rapport, c’est-à-dire relativement à la passibilité de la chair. D’où l’Apôtre dit expressément : qu’il s’est adressé à celui qui pouvait le sauver de la mort.

 

Objection N°2. Le Christ s’est offert lui-même en sacrifice dans sa passion. Or, par sa passion non seulement il a mérité pour les autres, mais encore pour lui-même, comme nous l’avons vu (quest. 19, art. 3 et 4). Le sacerdoce du Christ n’a donc pas eu seulement son effet sur les autres, mais encore sur lui-même.

Réponse à l’objection N°2 : Dans l’oblation du sacrifice de tout prêtre on peut considérer deux choses, le sacrifice offert et la dévotion de celui qui l’offre. L’effet propre du sacerdoce est ce qui résulte du sacrifice lui-même. Or, le Christ a obtenu par sa passion la gloire de sa résurrection, non par la force du sacrifice qui est offert par manière de satisfaction, mais par la dévotion avec laquelle il a humblement supporté sa passion par charité.

 

Objection N°3. Le sacerdoce de l’ancienne loi a été la figure du sacerdoce du Christ. Or, le prêtre de l’ancienne loi offrait le sacrifice non seulement pour les autres, mais encore pour lui-même. Car il est dit (Lév., chap. 16), que le pontife entre dans le sanctuaire pour prier pour lui et pour sa maison et pour toute l’assemblée des enfants d’Israël. Le sacerdoce du Christ n’a donc pas produit seulement son effet pour les autres, mais encore pour lui-même.

Réponse à l’objection N°3 : La figure ne peut pas égaler la vérité. Ainsi le prêtre figuratif de l’ancienne loi ne pouvait pas s’élever à une perfection assez haute pour n’avoir pas besoin du sacrifice satisfactoire, au lieu que le Christ n’en a pas eu besoin (Il n’en a eu besoin que pour le rachat du genre humain.). Le même raisonnement n’est donc pas applicable à l’un et à l’autre. Et c’est la pensée de l’Apôtre qui dit (Héb., 7, 28) : La loi établit pour prêtres des hommes faibles, mais la parole confirmée par le serment fait d’après la loi, établit pour pontife le Fils qui a été élevé pour jamais à la perfection.

 

Mais c’est le contraire. Le concile d’Ephèse dit (gen. 3, part. 3, chap. 1, can. 10) : Si quelqu’un dit que le Christ a offert son oblation pour lui et qu’il ne l’a pas seulement offerte pour nous (car celui qui ne connaissait pas le péché n’a pas eu besoin de sacrifice), qu’il soit anathème (Saint Cyrille s’exprime ainsi (can. 2) : Pontificem confessionis nostræ pro seipso semetipsum Deo et Patri obtulisse, omnino à rectâ est, et inculpatâ fide alienum. Peccatum enim non facit : qui verò superior est omni delicto, et prorsùs expers peccati, oblatione pro se nullâ opus habuit.). Or, l’office du prêtre consiste principalement à offrir le sacrifice. Le sacerdoce du Christ n’a donc pas eu son effet dans le Christ lui-même.

 

Conclusion Puisque le Christ est arrivé à Dieu par lui-même, il n’a pas été convenable que son propre sacerdoce exerçât sur lui son effet.

Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. 1), le prêtre est un intermédiaire entre Dieu et le peuple. Or, celui qui ne peut pas arriver à Dieu par lui-même a besoin d’un pareil intermédiaire, et celui-là est soumis au sacerdoce et participe à son effet. Mais il n’en est pas ainsi du Christ. Car l’Apôtre dit (Hébr., 7, 25) : Qu’arrivant par lui-même à Dieu (La Vulgate porte : Salvare in perpetuum potest accedentes per semetipsum, etc.), il est toujours vivant pour prier pour nous. C’est pourquoi il ne convient pas au Christ de participer à l’effet de son sacerdoce, mais plutôt de le communiquer aux autres. Car le premier agent dans un genre exerce toujours son action sans rien recevoir dans ce même genre. Ainsi le soleil éclaire sans être éclairé, le feu échauffe sans être échauffé. Or le Christ est la source de tout le sacerdoce ; car le prêtre de l’ancienne loi était sa figure, et le prêtre de la nouvelle opère en son nom, suivant cette expression de saint Paul (2 Cor., 2, 10) : Car ce que j’ai accordé, si j’ai accordé quelque chose, je l’ai fait au nom du Christ et en votre considération. C’est pourquoi il ne convient pas au Christ de prendre part à l’effet de son sacerdoce.

 

Article 5 : Le sacerdoce du Christ existe-t-il éternellement ?

 

Objection N°1. Il semble que le sacerdoce du Christ ne subsiste pas éternellement. Car, comme nous l’avons dit (art. préc.), l’effet du sacerdoce n’est un besoin que pour ceux qui ont l’infirmité du péché qui peut être expiée par le sacrifice du prêtre. Or, il n’en sera pas ainsi éternellement ; parce que dans les saints cette infirmité n’existera plus, d’après ces paroles du prophète (Is., 60, 21) : Tout votre peuple sera un peuple de justes. Quant à celle des pécheurs elle ne peut pas être expiée, parce que dans l’enfer il n’y a pas de rédemption. C’est donc en vain que le sacerdoce du Christ subsisterait éternellement.

Réponse à l’objection N°1 : Les saints qui étaient dans le ciel n’auront plus besoin d’être purifiés par le sacerdoce du Christ, mais étant purifiés ils auront besoin d’être consommés par le Christ duquel leur gloire dépend. D’où il est dit (Apoc., 21, 23) : que la gloire de Dieu éclaire la cité des saints et que l’agneau est son flambeau.

 

Objection N°2. Le sacerdoce du Christ est principalement manifeste dans sa passion et sa mort, quand il est entré dans le sanctuaire par son propre sang, selon l’expression de l’Apôtre (Héb., 9, 12). Or, la passion et la mort du Christ n’existeront pas éternellement, car il est dit (Rom., 6, 9) que le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus. Le sacerdoce du Christ n’est donc pas éternel.

Réponse à l’objection N°2 : Quoique la passion et la mort du Christ ne doivent pas se renouveler, cependant la vertu de cette hostie une fois offerte subsiste éternellement, parce que, comme le dit saint Paul (Héb., 10, 14) : Par une seule oblation il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés.

 

Objection N°3. Le Christ est prêtre, non comme Dieu, mais comme homme. Or, le Christ n’a pas été homme pendant un temps, puisqu’il est resté mort pendant trois jours. Son sacerdoce n’est donc pas éternel.

 

Mais c’est le contraire. Le Psalmiste dit (Ps. 109, 4) : Vous êtes prêtre éternellement (Saint Paul dit (Héb., 7, 24-25) : Mais celui-ci, parce qu’il demeure éternellement, possède un sacerdoce éternel. C’est pourquoi il peut sauver pour toujours ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en notre faveur.).

 

Conclusion Le sacerdoce a été éternel, non quant à l’oblation du sacrifice, mais quant à sa consommation qui consiste dans les biens éternels.

Il faut répondre que dans l’office du prêtre on peut considérer deux choses : 1° l’oblation même du sacrifice ; 2° sa consommation, qui consiste en ce que ceux pour lesquels on l’offre obtiennent ce que le sacrifice a pour fin. Or, le sacrifice que le Christ a offert a eu pour fin non les biens temporels, mais les biens éternels que nous acquérons par sa mort. D’où il est dit (Héb., 9, 12) : que le Christ est le pontife des biens futurs, et c’est sous ce rapport qu’on dit que son sacrifice est éternel. Cette consommation du sacrifice du Christ était figurée à l’avance en ce que le pontife de l’ancienne loi n’entrait qu’une fois par an dans le saint des saints avec le sang du bouc et du veau, comme on le voit (Lév., chap. 16), quoique le bouc et le veau ne fussent pas immolés dans le saint des saints, mais en dehors. De même le Christ est entré dans le saint des saints, c’est-à-dire dans le ciel, et nous en a préparé le chemin par la vertu de son sang qu’il a répandu pour nous sur la terre.

La réponse à la troisième objection est par là même évidente.

L’unité de cette oblation était figurée dans l’ancienne loi par l’acte un grand prêtre qui entrait une fois l’an dans le sanctuaire avec l’oblation solennelle du sang, comme on le voit (Lév., chap. 16). Mais la figure restait au-dessous de la vérité en ce que celte hostie n’avait pas une vertu éternelle ; c’est pourquoi on renouvelait ces victimes annuellement.

 

Article 6 : Le sacerdoce du Christ a-t-il été selon l’ordre de Melchisédech ?

 

Objection N°1. Il semble que le sacerdoce du Christ n’ait pas été selon l’ordre de Melchisédech. Car le Christ est la source de tout le sacerdoce ; il est comme le prêtre principal. Or, ce qui est principal n’est pas de l’ordre d’un autre, mais les autres sont de son ordre. On ne doit donc pas dire que le Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech.

Réponse à l’objection N°1 : On ne dit pas que le Christ est selon l’ordre de Melchisédech, comme si Melchisédech était le principal prêtre, mais on le dit parce que ce patriarche figurait à l’avance l’excellence du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce de Lévi.

 

Objection N°2. Le sacerdoce de l’ancienne loi fut plus rapproché du sacerdoce du Christ que celui qui a existé avant la loi. Or, les sacrements signifiaient d’autant plus expressément le Christ qu’ils en furent plus rapprochés, comme on le voit d’après ce que nous avons dit (2a 2æ, quest. 2, art. 7). Le sacerdoce du Christ doit donc plutôt tirer sa dénomination du sacerdoce légal que du sacerdoce de Melchisédech qui a existé avant la loi.

Réponse à l’objection N°2 : Dans le sacerdoce du Christ on peut considérer deux choses : l’oblation même du Christ et sa participation. Quant à l’oblation, le sacerdoce légal figurait plus expressément le sacerdoce du Christ par l’effusion du sang que le sacerdoce de Melchisédech où il n’y avait pas de sang répandu. Mais quant à la participation de ce sacrifice et à son effet, dans lequel principalement on considère l’excellence du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce légal, elle était figurée plus expressément par le sacerdoce de Melchisédech qui offrait le pain et le vin, qui signifiaient, d’après saint Augustin (Tract. 26 in Joan.), l’union de l’Eglise que constitue la participation au sacrifice du Christ. C’est pourquoi sous la loi nouvelle le vrai sacrifice du Christ est communiqué aux fidèles sous l’espèce du pain et du vin.

 

Objection N°3. Saint Paul dit (Héb., 7, 2) : qu’il est le roi de la paix, sans père, sans mère, sans généalogie, qu’on ne trouve ni le commencement ni la fin de sa vie, ce qui ne convient qu’au Fils de Dieu. On ne doit donc pas dire que le Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech, comme s’il s’agissait d’un autre que de lui-même.

Réponse à l’objection N°3 : Il est dit de Melchisédech qu’il était sans père, sans mère et sans généalogie, et qu’on ne trouve ni le commencement ni la fin de sa vie, non parce, que ces choses n’ont pas existé, mais parce que dans l’Ecriture on n’en dit rien (Il y a eu des hérétiques qui ont prétendu que Melchisédech n’était pas un homme comme un autre, mais qu’il était le Christ ou L’Esprit-Saint. Saint Augustin en parte (Lib. de hæres.)). Par là, comme le dit saint Paul, il a été semblable au Fils de Dieu, qui n’a pas de père sur terre, qui n’a point de mère au ciel, et qui est sans généalogie, puisque le prophète dit (Is., 53, 8) : Qui racontera sa génération ? et qui, comme Dieu, n’a eu ni commencement ni fin.

 

Mais c’est le contraire. Le Psalmiste dit (Ps. 109, 4) : Vous êtes prêtre éternellement selon l’ordre de Melchisédech.

 

Conclusion On dit que le sacerdoce du Christ est selon l’ordre de Melchisédech, à cause de l’excellence du vrai sacerdoce sur le sacerdoce figuratif de la loi.

Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. 4, Réponse N°3), le sacerdoce légal a été la figure du sacerdoce du Christ, non qu’il ait égalé la vérité, car il est resté beaucoup au-dessous d’elle ; soit parce que le sacerdoce légal ne purifiait pas le péché ; soit parce qu’il n’était pas éternel comme le sacerdoce du Christ. Or, l’excellence du sacerdoce du Christ par rapport au sacerdoce de Lévi a été figurée dans le sacerdoce de Melchisédech qui reçut la dîme d’Abraham, dont la race reçut, pour ainsi dire, dans la dixième partie d’elle-même le sacerdoce légal. C’est pourquoi on dit que le sacerdoce du Christ est selon l’ordre de Melchisédech, à cause de l’excellence du vrai sacerdoce sur le sacerdoce figuratif de la loi.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

 

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