Saint Thomas d’Aquin
- Somme Théologique
3a = Tertia
Pars = 3ème partie
Question
29 : Du mariage de la Mère de Dieu
Après avoir parlé de la virginité de la sainte Vierge, nous devons
nous occuper de son mariage. — A ce sujet deux questions se présentent : 1° Le
Christ a-t-il dû naître d’une femme mariée ? ((Cet article est opposé à
l’erreur de quelques manichéens modernes, qui ont nié que Marie fût une femme ;
ce qui est en opposition avec une multitude de passages de l’Ecriture : Femme,
qu’il y a-t-il entre moi et vous ? (Jean, 2, 4) ; Femme, voilà
votre fils (ibid., 19, 26) ;
Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme (Gal., 4, 4).) — 2°
Y a-t-il eu entre Marie et Joseph un véritable mariage ? (D’après la conclusion
de cet article, on peut réfuter l’erreur des adamiens, des tatiens et des cathares, qui ont condamné le mariage, comme
mauvais en lui-même ou comme un péché mortel.)
Article 1 :
Le Christ a-t-il dû naître d’une vierge mariée ?
Objection N°1. Il
semble que le Christ n’ait pas dû naître d’une vierge mariée. Car le mariage a
pour but l’union charnelle. Or, la mère du Seigneur n’a jamais voulu faire
usage de cette union, parce que c’eût été déroger à la
virginité de son âme. Elle n’a donc pas dû être mariée.
Réponse
à l’objection N°1 : On doit croire que la bienheureuse Vierge, Mère de
Dieu, a voulu être mariée d’après l’inspiration particulière de l’Esprit-Saint,
se confiant dans le secours divin pour que son mariage n’arrive jamais à
l’union charnelle. Elle a laissé cela à la volonté de Dieu, et par conséquent
sa virginité n’a point eu à en souffrir.
Objection
N°2. Ce fut par miracle que
le Christ naquît d’une vierge. D’où saint Augustin dit (Epist. 137 ad Volus.) que c’est la
puissance de Dieu qui a fait sortir le corps de cet enfant du sein virginal de
Marie, sans porter atteinte à sa virginité, comme c’est elle qui plus tard a
fait entrer ce corps devenu grand dans le cénacle les portes fermées. Il n’y
aurait rien en cela d’admirable, ajoute-t-il, si on en pouvait rendre raison,
ni rien de singulier, s’il y en avait des exemples. Or, les miracles se font
pour la manifestation de la foi, et par conséquent ils doivent être évidents.
Puisque le mariage a voilé ce miracle, il semble qu’il n’ait pas été convenable
que le Christ naquît d’une vierge mariée.
Réponse à l’objection N°2 : Comme le dit saint Ambroise (loc.
cit.), le Seigneur a mieux aimé que quelqu’un doutât de son origine que de
la pureté de sa mère. Car il savait ce qu’il y a de délicat dans l’honneur et
ce qu’il y a de fragile dans la réputation, et il n’a pas pensé que la foi en
sa naissance dût s’élever au détriment de sa mère. Mais il est à remarquer que
parmi les miracles il y en a qui sont l’objet de la foi, comme le miracle de
l’enfantement du Christ par une vierge, celui de sa résurrection et celui du
sacrement de l’autel (Ce sont des dogmes qui reposent sur la vérité de la
révélation, et la vérité de la révélation se démontre d’après des faits
miraculeux qui tombent sous les sens, comme la résurrection d’un mort, la
guérison subite d’un malade, sans le concours de l’art et des remèdes.). C’est
pourquoi le Seigneur a voulu que ces miracles fussent plus cachés pour que leur
foi fût plus méritoire. Mais il y a d’autres miracles qui ont pour but de
prouver la foi ; ceux-là doivent être manifestes.
Objection
N°3. Saint Ignace le
martyr, d’après saint Jérôme (Sup. Matth., chap. 1, sup. illud : Cum esset desponsata), a donné pour raison du mariage de la
sainte Vierge qu’il avait eu pour fin de cacher au diable son enfantement, en
lui faisant croire que son fils était engendré non d’une vierge, mais d’une
femme ordinaire. Mais cette raison paraît nulle, soit parce que le diable
connaît par sa perspicacité naturelle ce qui se fait corporellement ; soit
parce que les démons ont ensuite connu le Christ d’une certaine manière par une
foule de signes évidents. D’où il est dit (Marc, 1, 24) : Qu’un
homme possédé d’un esprit immonde s’écria en disant : Qu’y a-t-il entre vous et
nous, Jésus de Nazareth ? Etes-vous venu pour nous perdre ? Je sais que vous
êtes le saint de Dieu. Il ne semble donc pas qu’il ait été convenable que
la Mère de Dieu fût mariée.
Réponse à l’objection
N°3 : Comme le dit saint Augustin (De Trin., liv. 3, implic., chap. 7 et 8), le
diable peut, par la vertu de sa nature, beaucoup de choses dont il est
néanmoins empêché par la vertu divine. Ainsi on peut dire que le diable pouvait
connaître par la vertu de sa nature que la Mère de Dieu n’avait pas été corrompue,
mais qu’elle était vierge ; mais que Dieu l’a empêché de connaître le mode de
sa conception divine. Il n’y a pas de répugnance d’ailleurs que le démon ait
ensuite connu de quelque manière qu’il était le Fils de Dieu : parce qu’alors
il était temps que le Christ montrât sa vertu contre le diable et qu’il
souffrît la persécution soulevée par lui. Mais il fallait pendant son enfance
empêcher la malice du diable de le poursuivre trop vivement, quand le Christ
n’était disposé ni à souffrir, ni à déployer sa puissance, mais qu’il se
montrait en tout semblable aux autres enfants. C’est pourquoi le pape saint
Léon dit (in serm.
de Epiph. 4,
chap. 3) que les mages virent et adorèrent l’enfant Jésus qui était petit de
taille, ayant besoin du secours des autres, ne pouvant pas parler et n’étant en
rien différent de ce qui caractérise en général les autres enfants. Cependant
saint Ambroise (loc. cit.) paraît
plutôt rapporter ce passage aux membres du démon. Car ayant mis en avant cette
raison, c’est-à-dire qu’il s’agissait de tromper le prince du monde, il ajoute
: Mais il a plutôt trompé le prince du siècle ; car la malice des démons saisit
encore facilement les choses secrètes, au lieu que ceux qui sont occupés des
vanités du siècle ne peuvent pas savoir les choses divines.
Réponse à l’objection
N°4 : D’après la loi on
lapidait comme adultères non seulement les femmes qui étaient mariées, mais
encore celles qui étaient gardées dans la maison de leur père, comme vierges,
pour être mariées un jour. D’où il est dit (Deut., 22, 20) : S’il se
trouve que la fille qu’il a épousée n’était pas vierge, les habitants de cette
ville la lapideront, et elle mourra ; parce qu’elle a commis un crime dans
Israël, étant tombée en fornication dans la maison de son père. — Ou bien
on peut dire, d’après quelques-uns, que la bienheureuse Vierge était de la race
d’Aaron, et que par conséquent elle était parente d’Elisabeth, comme on le voit
(Luc, chap. 1). Or, une vierge de la race sacerdotale était mise à mort pour
cause de fornication. Car on lit (Lév., 21, 9) : Si la fille d’un prêtre se souille par la
fornication et qu’elle déshonore le nom de son père, elle sera brûlée vive.
D’autres entendent la lapidation dont parle saint Jérôme de l’infamie.
Conclusion
Il a été convenable que le Christ naquît d’une vierge mariée, soit pour cacher
au diable son enfantement, soit pour être à l’abri du supplice et de l’infamie,
soit enfin pour être la figure de l’Eglise, qui, étant vierge, est néanmoins
mariée à un homme qui est le Christ.
Il faut répondre
qu’il était convenable que le Christ naquît d’une vierge mariée, soit à cause
de lui, soit à cause de sa mère, soit à cause de nous. A cause de lui pour quatre
raisons : 1° De peur qu’il ne fût repoussé par les infidèles, comme étant né
d’une manière illégitime. D’où saint Ambroise dit (Sup. Luc., chap. 1) : Qu’aurait-on pu dire aux Juifs ou à Hérode,
s’ils avaient cru persécuter un enfant né de l’adultère ? 2° Pour qu’on pût
dresser sa généalogie, comme de coutume, selon la ligne masculine. C’est
pourquoi le même docteur ajoute (ibid.,
chap. 3) : En venant dans le monde il a dû en suivre les usages. Or, quand il
s’agit de quelqu’un qui revendique une dignité dans le sénat et dans les autres
emplois de la cité, on recherche toujours ce qu’ont été ses pères. L’Ecriture a
suivi cette coutume, puisqu’elle recherche toujours l’origine des hommes. 3°
Pour qu’il fût sous la tutelle de quelqu’un pendant son enfance et que le démon
ne s’efforçât pas trop vivement de lui nuire. C’est pour cette raison que saint
Ignace dit que la bienheureuse Vierge a été mariée, pour cacher au démon son
enfantement (Cette raison, donnée d’abord par saint Ignace (Ep. ad Ephes.), se trouve reproduite par
Origine (Hom. 6 in Luc.), par
saint Basile (Orat., de nativ. Dom.),
par saint Jérôme, saint Augustin, saint Bernard et tous les autres Pères.). 4°
Pour qu’il fût nourri par saint Joseph, qui a été appelé son père, comme étant
son nourricier. — Ce fut aussi convenable de la part de la Vierge : 1° parce
que par-là elle a été soustraite à la peine de la loi ; puisque sans cela,
comme le dit saint Jérôme (loc. sup. cit.),
elle aurait pu être lapidée par les Juifs comme adultère. 2° Pour la délivrer
par là de toute infamie. C’est pourquoi saint Ambroise dit (Sup. Luc., chap. 1, super illud : In mense sexto) : que Marie a été
mariée, de peur qu’elle ne fût accusée d’avoir laissé porter atteinte à sa
virginité, parce que la grossesse paraît une marque de corruption. 3° Pour que
saint Joseph lui fût utile par ses bons offices, d’après saint Jérôme (loc. cit.). — Enfin cet acte fut aussi
convenable par rapport à nous : 1° Parce qu’il a été prouvé par le témoignage
de saint Joseph que le Christ est né d’une vierge. D’où saint Ambroise dit (loc. sup. cit.) : Nous avons pour témoin
de la pureté de Marie, son époux, qui aurait pu se plaindre de l’injure qui lui
a été faite, demander vengeance de l’opprobre qu’il a reçu, s’il n’avait
reconnu qu’il y avait là un mystère sacré. 2° Parce que les paroles de la
Vierge mère qui atteste sa virginité deviennent plus croyables. C’est ce qui
fait dire au même docteur (loc. cit.)
que les paroles de Marie méritent par là une foi plus grande, parce qu’elle
n’avait pas de motif pour mentir. Car si elle eût été enceinte sans être
mariée, il paraîtrait qu’elle a voulu voiler sa faute par un mensonge. Mais
étant mariée, elle n’avait pas de motif pour mentir, puisque la récompense du
mariage et la grâce des noces, c’est la fécondité de la femme. Ainsi ces deux
choses contribuent à affermir notre foi. 3° Pour enlever toute excuse aux
jeunes filles qui laissent perdre leur réputation, parce qu’elles manquent de
veiller sur elles. C’est pourquoi saint Ambroise dit encore (ibid.) : Il n’eût pas été convenable que
les filles qui ont mauvaise réputation pussent alléguer pour excuse que la Mère
de Dieu a été elle-même mal famée. 4° Parce que ce mystère est une figure de
l’Eglise universelle qui, quoique vierge, a cependant été mariée à un époux qui
est le Christ, selon la remarque de saint Augustin (De sanct. Virg.,
chap. 12). On peut encore donner une cinquième raison, c’est que la mère du
Seigneur a été mariée et qu’elle est vierge pour honorer dans sa personne la
virginité et le mariage contre les hérétiques qui ont attaqué l’un ou l’autre.
Article 2 : Y
a-t-il eu un véritable mariage entre Marie et Joseph ?
Objection N°1. Il
semble qu’il n’y ait pas eu un mariage véritable entre Marie et Joseph. Car
saint Jérôme dit contre Helvidius (chap. 2) que saint Joseph a été le gardien
de Marie plutôt que son époux. Or, s’il y avait eu un véritable mariage, Joseph
aurait été véritablement son mari. Il semble donc qu’il n’y ait pas eu un
véritable mariage entre Marie et Joseph.
Réponse
à l’objection N°1 : Saint Jérôme prend en cet endroit le mot mari, selon qu’il signifie l’acte d’un
mariage consommé.
Objection
N°2. Sur ces paroles (Matth., chap. 1) : Jacob engendra Joseph l’époux de Marie,
saint Jérôme dit : Quand vous entendez parler d’époux, ne croyez pas qu’il
s’agisse là de noces, mais rappelez-vous que, selon la coutume de l’Ecriture,
on donne le nom d’époux (sponsus)
aux hommes et celui d’épouses (sponsa) aux femmes. Or, ce ne sont pas les fiançailles (sponsalia) qui
produisent un vrai mariage, mais les noces. Il n’y a donc pas eu de mariage
véritable entre la bienheureuse Vierge et saint Joseph.
Réponse à l’objection N°2 : Le même Père entend par noces le commerce des époux.
Objection
N°3. L’Evangile dit (Matth., 1, 49) que Joseph
son époux étant juste, ne voulut pas la traduire, c’est-à-dire l’emmener
dans sa maison pour cohabiter ensemble constamment ; mais il voulut la renvoyer en secret, c’est-à-dire changer le temps
des noces, comme l’explique saint Remi (hab. in Cat. aur. D. Thom.). Il semble donc que
les noces n’ayant pas encore été célébrées, le mariage n’était pas véritable ;
surtout quand on observe qu’après le mariage contracté il n’est plus permis à
quelqu’un de renvoyer son épouse.
Réponse à l’objection
N°3 : Comme le dit saint
Chrysostome (alius auctor sup. Matth., hom.
1, in op. imperf.),
la bienheureuse Vierge a été mariée à saint Joseph, de manière qu’elle habitait
dans sa maison. Car comme on croit que la femme qui conçoit dans la demeure de
son mari est enceinte de lui, de même on suspecte la légitimité des relations
de celle qui conçoit hors de sa maison. Ainsi on n’aurait pas suffisamment
pourvu à la réputation de la bienheureuse Vierge par son mariage, si elle
n’avait pas cohabité dans la maison de son mari. Par conséquent ces paroles : et il ne voulut pas la traduire,
signifient qu’il ne voulut pas la diffamer en public, plutôt qu’elles ne nous
donnent à entendre qu’il ne voulut pas l’amener dans sa demeure. C’est pourquoi
l’évangéliste ajoute qu’il voulut la
renvoyer en secret. Mais quoiqu’elle eût habité dans la maison de Joseph en
raison de la foi première du mariage, cependant la célébration solennelle des
noces n’avait pas encore eu lieu, et c’est pour cela
qu’ils ne s’étaient pas encore unis charnellement. Aussi, comme l’observe saint
Chrysostome (Hom 4 in Matth.),
l’évangéliste ne dit pas : avant qu’elle
fût conduite dans la maison de son époux, car elle y était déjà, puisque
les anciens avaient la coutume d’avoir souvent leurs fiancées dans leur maison.
C’est pour ce motif que l’ange dit à Joseph : Ne craignez pas de recevoir Marie votre épouse ; c’est-à-dire ne
craignez pas de célébrer avec solennité ses noces. — Quoique d’autres auteurs disent
qu’elle n’avait pas encore été amenée dans la maison de saint Joseph, mais
qu’elle lui était seulement fiancée ; cependant le premier sentiment paraît
plus d’accord avec 1’Evangile (Cajétan croit qu’après l’annonciation, la
bienheureuse Vierge alla avec saint Joseph, son époux, visiter sainte
Elisabeth, et que l’on crut qu’elle était devenue enceinte de Joseph pendant
son voyage. Ce fut ou retour de ce voyage qu’arriva l’événement que rapporte
l’Evangile.).
Mais c’est le
contraire. Saint Augustin dit (De consensu Evangel., liv. 2, chap.
1) : L’évangéliste ne pouvait penser que Joseph devait se séparer de Marie son
épouse, parce qu’elle n’a pas enfanté le Christ de son union avec lui, mais
qu’elle l’a enfanté étant vierge. Car cet exemple apprend de la manière la plus
éclatante aux fidèles mariés qu’ils peuvent rester ensemble, en observant de
leur consentement réciproque la continence, et qu’il y a mariage sans qu’il y
ait union charnelle.
Conclusion
Entre la mère du Christ et saint Joseph il y a eu un mariage véritable et
légitime, bien qu’ils n’aient pas consenti absolument à leur union charnelle.
Il faut répondre que le mariage est appelé
véritable par là même qu’il atteint sa perfection. Or, il y a dans une chose
deux sortes de perfection ; une perfection première et une perfection seconde.
La perfection première d’une chose consiste dans la forme d’où elle tire son
espèce. La perfection seconde consiste dans l’opération par laquelle une chose
atteint d’une certaine manière sa fin. Or, la forme du mariage consiste dans
cette union indivisible des âmes, par laquelle l’un des époux est tenu de
conserver inviolablement à l’autre sa foi. Le mariage a pour fin d’engendrer et
d’élever des enfants. On atteint la première de ces choses par l’union conjugale
; on arrive à la seconde par les autres œuvres de l’homme et de la femme, au
moyen desquelles ils s’aident réciproquement à nourrir leurs enfants. — Ainsi
on doit dire que quant à la perfection première, le mariage de la bienheureuse
Vierge, Mère de Dieu, et de saint Joseph a été véritable, parce qu’ils ont
consenti l’un et l’autre à l’union conjugale ; mais ils n’ont pas consenti
expressément à l’union charnelle, sinon sous la condition que cela plairait à
Dieu (C’est-à-dire à moins que Dieu ne leur en donnât l’ordre, parce que, dans
ce cas, l’obéissance aurait dû passer avant tout. Cette condition ne fait pas qu’ils aient consenti à
l’union charnelle, pas plus, comme l’observe Cajétan, qu’on ne pourrait dire
d’un père qu’il consent au meurtre de son fils, s’il est dans la disposition de
le tuer, dans le cas où Dieu le lui ordonnerait.). D’où l’ange appelle Marie
l’épouse de Joseph en disant à celui-ci (Matth., 1,
20) : Ne craignez pas de recevoir Marie
votre épouse ; ce que saint Augustin explique en disant (De nupt. et concup., liv. 1, chap. 2) qu’elle est
appelée son épouse en vertu de la foi du mariage qu’ils s’étaient donnée,
quoiqu’il ne l’ait pas connue et qu’il n’ait pas dû la connaître d’une manière
charnelle. Mais quant à la perfection seconde qui est produite par l’acte du
mariage, si on la rapporte à l’union charnelle par laquelle l’enfant est
engendré, ce mariage n’a pas été consommé. C’est ce qui fait dire à saint
Ambroise (Sup. Luc., chap. 1, sup.
illud : In mense sexto) : Ne soyez
pas surpris que l’Ecriture donne souvent à Marie le nom d’épouse, car la
célébration des noces ne porte pas atteinte à la virginité, mais elle atteste
seulement le mariage. — Toutefois ce mariage a eu la perfection seconde par
rapport à l’éducation de l’enfant. C’est pourquoi saint Augustin dit (De nupt. et concup., liv. 1, chap. 2) : Tous les biens
qui appartiennent au mariage ont été accomplis dans les parents du Christ,
c’est-à-dire, les enfants, la fidélité, le sacrement. Nous trouvons pour enfant
Jésus-Christ lui-même ; la fidélité en ce qu’il n’y a pas eu d’adultère, et le
sacrement en ce qu’il n’y a pas eu de divorce. Il n’y a que le commerce qu’ont
ensemble les personnes mariées qui y ait manqué.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
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