Saint Thomas d’Aquin
- Somme Théologique
3a = Tertia
Pars = 3ème partie
Question
58 : Du Christ selon qu’il est assis à la droite de son Père (Cette question a pour objet d’expliquer ces paroles du
symbole : Il est assis à la droite du
Père, qui sont empruntées d’ailleurs à l’Evangile (Marc, 16, 19).)
Après avoir parlé de l’Ascension, nous devons nous occuper du Christ
selon qu’il est assis à la droite de son Père. — A cet égard il y a quatre
questions qui se présentent : 1° Le Christ est-il assis à la droite de Dieu son
Père ? — 2° Cette chose lui convient-elle selon la nature divine ? (Le Christ
nous dit lui-même qu’il est assis comme Dieu à la gloire de son Père (Matth., 22, 42-45) : Que vous semble du Christ ?
De qui est-il fils ? Ils lui dirent : De David. Il leur dit :
Comment donc David l’appelle-t-il en esprit Seigneur, disant : Le Seigneur
a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite jusqu’à ce que je fasse de
vos ennemis l’escabeau de vos pieds ? Si donc David l’appelle Seigneur,
comment est-il son Fils ?) — 3° Lui convient-elle selon la nature
humaine ? (Saint Jean dit (Apoc., 5, 12-13) : L’Agneau
qui a été égorgé est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse,
la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. Et toutes les créatures qui
sont dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et dans la mer, et tout
ce qui s’y trouve, je les entendis toutes, qui disaient : A celui qui est
assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance
dans les siècles des siècles.) — 4° Est-elle propre au Christ ?
Article 1 : Convient-il
au Christ d’être assis à la droite de Dieu son Père ?
Objection N°1. Il semble qu’il ne convienne pas au Christ
de s’asseoir à la droite de Dieu son Père. Car la droite et la gauche sont des
différences qui résultent de la position des corps. Or, rien de corporel ne
convient à Dieu, parce que Dieu est esprit, comme on le voit (Jean, 4, 24).
Il semble donc que le Christ ne soit pas assis à la droite de son Père.
Réponse à
l’objection N°1 : Comme l’observe saint Jean Damascène (Orth. fid., liv. 4, chap. 2), la droite du
Père ne marque pas une différence locale, car comment celui qui ne peut être
circonscrit dans un lieu pourrait-il avoir une droite localement ? En effet la
droite et la gauche se rapportent aux choses qui sont circonscrites. Mais quand
nous parlons de la droite du Père nous désignons la gloire et l’honneur de la
divinité.
Réponse à l’objection N°2 : Ce raisonnement suppose que le mot s’asseoir à la droite s’entend corporellement. D’où saint Augustin
dit (in quod. serm.
de Symb., liv. 1, chap. 4) : Si nous entendions dans un sens charnel que le
Christ est assis à la droite de son Père, il faudrait que celui-ci fût à sa
gauche. Mais là, c’est-à-dire dans l’éternelle béatitude, tout est à droite,
parce qu’il n’y a point de misère.
Objection N°3. S’asseoir et se tenir debout paraissent des positions
contraires. Or, saint Etienne dit (Actes, 7, 55) : Voila que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme se tenant
debout à la droite de la vertu de Dieu. Il semble donc que le Christ ne
soit pas assis à la droite de son Père.
Réponse
à l’objection N°3 : Selon la
remarque de saint Grégoire (Hom. Ascens. 29 in Ev.), il
appartient à celui qui juge d’être assis, et à celui qui combat ou qui aide
d’être debout. Par conséquent saint Etienne dans le fort du combat vit debout
celui qui l’aidait. Mais saint Marc nous représente le Christ assis après son
ascension, parce qu’après la gloire de ce dernier mystère, on doit le voir
apparaître à la fin comme juge.
Conclusion Il convient au Christ d’être assis à la droite
de Dieu son Père, selon qu’il reste d’une manière éternelle et immuable dans la
gloire du Père, et que régnant avec lui, il en reçoit le pouvoir de juger tous
les hommes.
Il
faut répondre que le mot s’asseoir,
peut signifier deux choses : 1° le repos, d’après ces paroles de l’Evangile (Luc, 26,
49) : Asseyez-vous là dans la ville ; 2° la
puissance royale ou judiciaire, d’après ces paroles du Sage (Prov., 20, 8) : Le roi qui est assis sur son trône pour rendre la justice dissipe tout
le mal par son seul regard. Il a convenu au Christ de s’asseoir à la droite
de son Père de ces deux manières. 1° Selon qu’il demeure d’une manière
éternelle et immuable dans la béatitude de son Père qu’on appelle sa droite,
selon cette expression du Psalmiste (Ps. 15, 10) : Mes jouissances sont dans votre droite jusqu’à la fin. C’est ce
qui fait dire à saint Augustin (De symb., liv. 1, chap.
4), que dans ce passage : Il est assis à
la droite, le mot il est assis a
le même sens que le verbe habiter,
comme quand on dit de quelqu’un : il est resté (sedit) dans ce pays pendant trois
ans. Par conséquent, ajoute-t-il, croyez donc que le Christ habite à la droite
de Dieu le Père : car il est bienheureux, et c’est la béatitude elle-même qu’on
désigne par la droite du Père. 2° On dit que le Christ est assis à la droite de
Dieu le Père, selon qu’il règne avec lui et qu’il en reçoit la puissance
judiciaire ; comme celui qui est assis près du roi à sa droite est l’assesseur
qui règne et qui juge avec lui. D’où saint Augustin dit (Serm. de symbol., liv. 2, chap. 7) : Par la
droite entendez la puissance qu’a reçue de Dieu le Christ comme homme, de
manière que celui qui était venu d’abord pour être jugé vienne ensuite pour
juger les autres.
Article 2 : Convient-il
au Christ, comme Dieu, d’être assis à la
droite de son Père ?
Objection N°1. Il semble qu’il ne convienne pas au
Christ, comme Dieu, d’être assis à la droite de son Père. Car le Christ, comme
Dieu, est la droite du Père. Or, il ne semble pas que la droite de quelqu’un et
celui qui est assis à sa droite soit une même chose. Le Christ, comme Dieu,
n’est donc pas assis à la droite de son Père.
Réponse à l’objection N°1 : On dit que le Fils de Dieu
est la droite du Père par appropriation, de la même manière qu’on dit qu’il est
la vertu du Père ; mais la droite du Père, selon les trois significations que
nous y avons attachées, est quelque chose de commun aux trois personnes.
Objection N°2. L’Evangile dit (Marc, 16, 19) :
que le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel
et qu’il s’assit à la droite de Dieu. Or, le Christ n’a pas été enlevé au
ciel comme Dieu. Ce n’est donc pas non plus comme Dieu qu’il est assis à la
droite de son Père.
Réponse
à l’objection N°2 : Le Christ, comme
homme, a été élevé à l’honneur divin que l’on désigne en disant qu’il est assis
à la droite de son Père ; mais cependant cet honneur divin lui convient, comme
Dieu, non parce qu’il y a été élevé, mais par son origine éternelle.
Objection
N°3. Le Christ, comme Dieu, est égal au Père et à l’Esprit-Saint. Si donc le
Christ, comme Dieu, est assis à la droite du Père, pour la même raison
l’Esprit-Saint sera assis à la droite du Père et du Fils, et le Père sera assis
à la droite du Fils et de l’Esprit-Saint ; ce qui ne se trouve nulle part.
Réponse
à l’objection N°3 : On ne peut
dire d’aucune manière que le Père est assis à la droite du Fils ou de
l’Esprit-Saint ; parce que le Fils et l’Esprit-Saint tirent leur origine du
Père et non réciproquement. Mais on peut dire d’une manière propre que
l’Esprit-Saint est assis à la droite du Père ou du Fils dans le sens que nous
avons déterminé ; quoique, d’après une certaine appropriation, on l’attribue au
Fils auquel on approprie l’égalité, suivant cette pensée de saint Augustin, qui
dit (De doct. christ., liv. 1, chap.
5) que l’unité est dans le Père, l’égalité dans le Fils, et la connexion de
l’unité et de l’égalité dans l’Esprit-Saint.
Mais c’est le contraire. Saint Jean Damascène dit (Orth. fid., liv. 4, chap. 2) : que nous
appelons la droite du Père la gloire et l’honneur de la divinité, dans laquelle
le Fils de Dieu a existé avant les siècles, comme Dieu et comme étant
consubstantiel à son Père.
Conclusion Il est convenable de dire que le Christ, comme
Dieu, est assis à la droite de Dieu son Père, dans le sens qu’il a avec le Père
la gloire de la divinité, la béatitude et la puissance judiciaire.
Il
faut répondre que, comme on le voit d’après ce que nous avons dit (art. préc.), sous le nom de droite on
peut comprendre trois choses : 1° d’après saint Jean Damascène, la gloire de la
divinité ; 2° selon saint Augustin (Lib.
cont. serm. Arian., chap. 12, et Lib. 1 de symb., chap. 4), la béatitude
du Père ; 3° d’après le même docteur (ibid.
et sup. Ps. 109), la puissance
judiciaire. Le mot assis désigne,
suivant ce que nous avons vu (art. préc.),
l’habitation dans un lieu, ou la dignité royale ou judiciaire. Par conséquent
être assis à la droite du Père n’est rien autre chose que d’avoir simultanément
avec le Père la gloire de la divinité et la béatitude et la puissance
judiciaire, et de posséder toutes ces choses d’une manière immuable et royale.
Or, c’est ce qui convient au Fils de Dieu comme Dieu. D’où il est manifeste que
le Christ, comme Dieu, est assis à la droite du Père, de telle sorte cependant
que la préposition à, qui est transitive
(On appelle ainsi une préposition qui marque le passage d’une chose a une
autre. C’est ce qui fait dire aux grammairiens : Constructio transitiva exigit diversitatem constructi, saltem secundum rationem.), implique seulement une distinction personnelle
et un ordre d’origine, mais non un degré de nature ou de dignité ; ce qui
n’existe pas dans les personnes divines, comme nous l’avons vu (1a pars,
quest. 62).
Article 3 : Convient-il
au Christ d’être assis, comme homme, à la droite
du Père ?
Objection N°1. Il semble qu’il ne convienne pas au
Christ, comme homme, d’être assis à la droite du Père. Car, comme le dit saint
Jean Damascène (Orth. fid., liv. 4 chap.
2), nous appelons la droite du Père la gloire et l’honneur de la divinité. Or,
l’honneur et la gloire de la divinité ne conviennent pas au Christ comme homme.
Il semble donc que le Christ, comme homme, ne soit pas assis à la droite du
Père.
Réponse à l’objection N°1 : L’humanité du Christ
considérée dans sa nature n’a pas la gloire ou l’honneur de la divinité,
qu’elle possède cependant en raison de la personne à laquelle elle est unie.
C’est pourquoi saint Jean Damascène ajoute : le Fils de Dieu, qui existe avant
tous les siècles comme Dieu et consubstantiel à son Père, est assis dans cette
gloire, c’est-à-dire dans la gloire de la divinité, avec sa chair qui est
glorifiée avec lui ; car toute créature l’adore d’une seule et même adoration
avec son corps.
Objection N°2. L’honneur d’être assis à la droite de celui qui règne
semble exclure la soumission ; parce que celui qui est assis à la droite du
roi, règne d’une certaine manière avec lui. Or, le Christ, comme homme, a été
soumis à son Père, ainsi qu’on le voit (1 Cor., chap. 15). Il semble donc que, comme
homme, il ne soit pas à la droite du Père.
Réponse
à l’objection N°2 : Le Christ, comme
homme, est soumis à son Père, selon que le mot comme désigne la condition de la nature. Sous ce rapport il ne lui
convient pas d’être assis, comme homme, à la droite de son Père, à titre
d’égal. Mais il lui convient d’être ainsi assis à la droite de son Père, selon
que par là on désigne l’excellence de sa béatitude, et la puissance judiciaire
qu’il a sur toutes les créatures.
Objection
N°3. Sur ces paroles (Rom., chap. 8) : qui est à la droite de Dieu, la glose dit (interl. et ord. Ambros.) : qui est égal au Père relativement à l’honneur par lequel le
Père est Dieu ; ou bien à la droite du Père, c’est-à-dire qui est égal au Père
pour les biens de Dieu les plus excellents. Et sur ces paroles (Héb., chap. 1) : Il est assis à la droite de la majesté au plus haut des cieux, la
glose (interl.)
ajoute, c’est-à-dire qu’il est égal au Père au-dessus de tout, par le lieu et
la dignité. Or, il ne convient pas au Christ, comme homme, d’être égal à Dieu ;
car, sous ce rapport, il dit lui-même (Jean, 14, 28)
: Mon Père est plus grand que moi. Il
semble donc qu’il ne convienne pas au Christ, comme homme, d’être assis à la
droite du Père.
Réponse
à l’objection N°3 : Il
n’appartient pas à la nature humaine du Christ d’être égale au Père, mais
seulement à la personne qui la prend ; au lieu qu’il convient à la nature
qu’elle a prise de jouir des biens de Dieu les plus excellents selon qu’elle
est au-dessus de toutes les créatures.
Conclusion On dit que le Christ, comme Dieu, est assis à
la droite de son Père, selon qu’il n’a qu’une même nature avec lui, mais comme
homme il est aussi assis à sa droite, selon que l’homme marque le suppôt divin,
digne du même honneur dans la nature qu’il a prise, et établi dans la
jouissance la plus élevée des biens éternels.
Il
faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. préc.), sous le nom de la droite
du Père on comprend ou la gloire elle-même de la divinité, ou sa béatitude
éternelle, ou la puissance judiciaire et royale. La préposition à désigne qu’on approche vers la droite
; et cet accès indique dans le même sujet une convenance et une certaine
distinction tout à la fois, comme nous l’avons vu (art. préc.).
Ce qui peut avoir lieu de trois manières : 1° Il peut se faire que la
convenance existe dans la nature et la distinction dans la personne. C’est
ainsi que le Christ, selon qu’il est le Fils de Dieu, est assis à la droite du
Père, parce qu’il a la même nature que lui. Par conséquent toutes les choses
dont nous venons de parler conviennent essentiellement au Fils comme au Père,
et c’est ce qui fait qu’on dit qu’il est égal au Père. 2° Il peut se faire que
cet accès se rapporte à la grâce d’union qui implique au contraire la
distinction de nature et l’unité de personne. Sous ce rapport le Christ, comme
homme, est le Fils de Dieu, et par conséquent il est à droite du Père ; de
telle sorte cependant que le mot comme
ne désigne pas la condition de la nature, mais l’unité du suppôt, ainsi que
nous l’avons dit (quest. 16, art. 10). 3° Cet accès peut s’entendre de la grâce
habituelle qui est plus abondante dans le Christ que dans toutes les autres
créatures, en ce sens que la nature humaine, dans le Christ, est plus heureuse
que les autres créatures, et qu’elle a la puissance royale et judiciaire sur
toutes les autres. — Par conséquent si le mot comme désigne la condition de la nature, le Christ, comme Dieu, est
assis à la droite du Père, c’est-à-dire qu’il lui est égal ; mais, comme homme,
il est assis à la droite du Père, c’est-à-dire qu’il jouit des biens du Père
mieux que toutes les autres créatures, en tant qu’il a une béatitude plus
grande et qu’il a la puissance judiciaire. Mais si le mot comme désigne l’unité du suppôt, alors, comme homme, il est
également assis à la droite du Père, selon l’égalité d’honneur, en ce sens que
nous rendons le même honneur au Fils de Dieu avec la nature qu’il a prise,
ainsi que nous l’avons dit (quest. 25, art. 1).
Article 4 : Est-il
propre au Christ d’être assis à la droite du Père ?
Objection N°1. Il semble qu’il ne soit pas propre au
Christ d’être assis à la droite du Père. Car l’Apôtre dit (Eph., 2, 6) : que Dieu nous a ressuscités avec Jésus-Christ et qu’il nous a fait asseoir
avec lui dans le ciel. Or, ce n’est pas le propre du Christ d’être ressuscité.
Pour la même raison il ne lui est donc pas propre non plus d’être assis à la
droite de Dieu au plus haut des cieux.
Réponse à
l’objection N°1 : Le Christ étant notre chef, ce qui lui a été
conféré nous a été aussi conféré en lui. C’est pourquoi parce qu’il est
maintenant ressuscité, saint Paul dit que Dieu nous a ressuscités d’une
certaine manière avec lui, quoique nous ne soyons pas encore ressuscités en
nous-mêmes, et que nous devions seulement ressusciter, d’après ces paroles (Rom., 8, 11) : Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à
nos corps mortels. C’est d’après la même manière de parler que le même
apôtre ajoute, qu’il nous a fait asseoir
avec lui dans le ciel, c’est-à-dire que nous y sommes assis par là même que
le Christ notre chef y est.
Réponse à l’objection N°2 : Parce que la
droite est la béatitude divine, s’asseoir à la droite ne signifie pas
simplement être dans la béatitude, mais avoir la béatitude avec une certaine
puissance de domination, et l’avoir pour ainsi dire comme une chose propre et
naturelle ; ce qui ne convient qu’au Christ et ce qui ne peut convenir à aucune
autre créature. Cependant on peut dire que tout saint qui est dans la
béatitude, est placé à la droite de Dieu. C’est pourquoi il est dit (Matth., 25, 33) que le Seigneur mettra
les brebis à droite.
Objection N°3. Le Christ a dit lui-même (Apoc., 3, 21) : Quiconque sera victorieux je le ferai asseoir avec moi sur mon trône,
comme j’ai été moi-même victorieux et je me suis assis avec mon Père sur son
trône. Or, le Christ est assis à la droite, de son Père par là même qu’il
est assis sur son trône. Ceux qui sont victorieux sont donc aussi assis à la
droite du Père.
Réponse à
l’objection N°3 : Le trône signifie la puissance judiciaire que le
Christ tient de son Père, et c’est dans ce sens qu’on dit qu’il est assis sur
le trône de son Père. Mais les autres saints tiennent cette puissance du
Christ, et sous ce rapport on dit qu’ils sont assis sur le trône du Christ, d’après
ces paroles de l’Evangile (Matth., 19,
28) : Vous serez assis sur douze sièges
pour juger les douze tribus d’Israël.
Objection
N°4. Le Seigneur dit (Matth., 20, 23)
: Ce n’est pas à moi à vous donner d’être
assis à ma droite ou à ma gauche, mais cela est réservé à ceux pour qui mon
Père l’a préparé. Or, ces paroles seraient vaines, si cet avantage n’avait
pas été préparé à quelques-uns. Il n’a donc pas convenu au Christ seul de
s’asseoir à la droite de son Père.
Réponse à
l’objection N°4 : Comme le dit saint Chrysostome (Hom. 66 sup. Matth.), ce lieu, c’est-à-dire l’endroit où le Christ
est assis à la droite de son Père, est inaccessible non seulement à tous les
hommes, mais encore aux anges ; car saint Paul fait voir que c’est la
prérogative principale du Fils unique de Dieu quand il dit : Auquel des anges a-t-il été jamais dit :
Asseyez-vous à ma droite ? Le Seigneur ne s’adresse donc pas à des hommes
existant qui devaient s’asseoir dans le ciel, mais il répond en condescendant
aux demandes de ceux qui l’interrogeaient : car ils ne demandaient qu’une seule
faveur plus que les autres, c’était d’être debout près de lui. Toutefois on
peut dire aussi que les enfants de Zébédée demandaient à avoir une certaine
prééminence sur les autres en participant à sa puissance judiciaire ; par
conséquent ils ne demandaient pas à être assis à la droite ou à la gauche du
Père, mais à la droite ou à la gauche du Christ.
Mais c’est le contraire. Saint Paul demande (Héb., 1, 13) : Auquel des anges a-t-il jamais dit : Asseyez-vous à ma droite ; c’est-à-dire
jouissez de mes biens les plus excellents, ou soyez mon égal sous le rapport de
la divinité. Et il se fait cette question pour dire que cette parole n’a été
adressée à aucun. Or, les anges sont supérieurs aux autres créatures. A plus
forte raison n’a- t-il convenu à aucun autre qu’au Christ de s’asseoir à la
droite du Père.
Conclusion
Il n’a convenu ni à l’ange, ni à l’homme, mais au Christ seul de s’asseoir à la
droite de Dieu son Père, puisqu’il est seul égal en nature au Père selon la
divinité, et que, comme homme, il a été mis au-dessus de toutes les créatures
eu possession des biens de son Père de la manière la plus excellente.
Il faut répondre que, comme nous l’avons vu (art. 2 et 3 préc.), on dit que le Christ est assis à la droite de son
Père, en ce sens que d’après sa nature divine il lui est égal, et que d’après
sa nature humaine il est en possession des biens divins d’une manière plus
excellente que toutes les autres créatures. Ces deux choses ne conviennent
l’une et l’autre qu’au Christ. Par conséquent il ne convient ni aux anges, ni
aux hommes, ni à aucun autre qu’au Christ d’être assis à la droite du Père.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
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