Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

3a = Tertia Pars = 3ème partie

Question 59 : De la puissance judiciaire du Christ

 

            Nous devons enfin nous occuper de la puissance judiciaire du Christ. — A cet égard six questions se présentent : 1° Doit-on attribuer au Christ la puissance judiciaire ? (Cet article a pour but d’expliquer ces paroles du symbole : Il reviendra pour juger les vivants et les morts.) — 2° Lui convient-elle comme homme ? — 3° L’a-t-il obtenue par ses mérites ? — 4° Sa puissance judiciaire est-elle universelle par rapport à tous les hommes ? — 5° Indépendamment du jugement qu’il rend dans ce temps-ci, doit-on en attendre un autre qui soit universel ? (Cet article est une réfutation de l’erreur des gnostiques, des saducéens et des flagellants, qui ont prétendu qu’il n’y aurait pas de jugement universel, contrairement à ces paroles du symbole : Il viendra juger les vivants et les morts.) — 6° Sa puissance judiciaire s’étend-elle aussi aux anges ? — Pour ce qui se rapporte à l’exécution du jugement dernier, nous en parlerons plus convenablement lorsque nous traiterons de ce qui appartient à la fin du monde (in Suppl., quest. 88 et suiv.) ; mais maintenant il suffit de traiter uniquement les choses qui appartiennent à la dignité du Christ.

 

Article 1 : La puissance judiciaire doit-elle être attribuée spécialement au Christ (4) ?

 

            Objection N°1. Il semble que la puissance judiciaire ne doive pas être spécialement attribuée au Christ. Car il semble que le jugement des autres appartienne à leur Seigneur, d’où saint Paul dit (Rom., 14, 4) : Qui êtes-vous pour juger le serviteur d’autrui ? Et, comme il est commun à la Trinité entière d’avoir un souverain domaine sur les créatures, on ne doit donc pas attribuer spécialement au Christ la puissance judiciaire.

            Réponse à l’objection N°1 : Cette raison prouve que la puissance judiciaire est commune à toute la Trinité, ce qui est vrai ; mais cependant par appropriation on attribue la puissance judiciaire au Fils, ainsi que nous l’avons dit (dans le corps de cet article.).

 

            Objection N°2. Le prophète dit (Dan., 7, 9) : L’ancien des jours s’assit, puis il ajoute : Le juge s’assit et les livres furent ouverts. Or, par l’ancien des jours on entend le Père ; parce que, comme le dit saint Hilaire (De Trin., liv. 2) : L’éternité est dans le Père. On doit donc attribuer la puissance judiciaire plutôt au Père qu’au Christ.

           Réponse à l’objection N°2 : Comme le dit saint Augustin (De Trin., liv. 6, chap. 10), on attribue au Père l’éternité à cause de l’idée de principe qui se trouve impliquée dans celle d’éternité. Saint Augustin dit de même que le Fils est l’art du Père. Par conséquent l’autorité du jugement est attribuée au Père selon qu’il est le principe du Fils, et la raison du jugement est attribuée au Fils qui est l’art et la sagesse du Père. Ainsi, comme le Père fait tout par le Fils, selon qu’il est son art, de même il juge tout par le Fils selon qu’il est sa sagesse et sa vérité. C’est ce que signifie le passage de Daniel où il dit : que l’ancien des jours s’assit ; car il ajoute que le Fils de l’homme parvint jusqu’à l’ancien des jours, et que celui-ci lui donna la puissance, l’honneur et le royaume ; ce qui nous fait comprendre que l’autorité du jugement est dans le Père et que le Fils a reçu de lui le pouvoir de juger.

 

            Objection N°3. Il semble que ce soit au même qu’il appartienne de juger et de convaincre. Or, il appartient à l’Esprit-Saint de convaincre ; car le Seigneur dit (Jean, 16, 8) : Quand l’Esprit-Saint sera venu il convaincra le monde, du péché, de la justice et du jugement. La puissance judiciaire doit donc être attribuée plutôt à l’Esprit-Saint qu’au Christ.

            Réponse à l’objection N°3 : Comme le dit saint Augustin (Sup. Joan., tract. 95), le Christ a dit que l’Esprit-Saint convaincra le monde du péché, comme s’il disait : Il répandra dans vos cœurs la charité ; car la crainte en étant bannie, vous aurez la liberté de convaincre le monde de ses crimes. Par conséquent le jugement est attribué à l’Esprit-Saint non par rapport à son essence, mais par rapport à l’énergie dont les hommes ont besoin pour le promulguer.

 

            Mais c’est le contraire. Il est dit du Christ (Actes, 10, 42) : Il a été établi par Dieu pour être le juge des vivants et des morts.

 

            Conclusion Puisque le Christ est la sagesse engendrée et la vérité qui procède du Père et qui le représente parfaitement, la puissance judiciaire ne convient qu’à lui.

            Il faut répondre que pour juger il faut trois choses : 1° La puissance de contraindre ceux qu’on a au-dessus de soi ; c’est ce qui fait dire au Sage (Ecclésiastique, 7, 6) : Ne cherchez pas à devenir juge, si vous n’avez pas assez de force pour rompre les iniquités. 2° Il faut le zèle de la justice pour qu’on juge non par haine ou par envie, mais d’après l’amour de la justice, suivant ces paroles de l’Ecriture (Prov., 3, 12) : Le Seigneur châtie celui qu’il aime et il agit comme un père qui chérit son fils. 3° Il faut la sagesse d’après laquelle le jugement est formé. C’est pourquoi il est dit (Ecclésiaste, 11, 1) : Un juge sage jugera son peuple. Les deux premières conditions sont des choses que l’on exige préalablement avant le jugement ; mais il consiste à proprement parler dans la troisième qui constitue sa forme. Car la raison même du jugement est la loi de la sagesse ou de la vérité d’après laquelle on juge. Et, comme le Fils est la sagesse engendrée et la vérité qui procède du Père et qui le représente parfaitement, c’est pour ce motif que la puissance judiciaire lui est attribuée en propre. D’où saint Augustin dit (De ver. relig., chap. 31) : C’est cette vérité immuable qui est appelée avec raison la loi de tous les arts et l’art de l’artisan souverain et tout-puissant. Or, de même que nous jugeons bien des choses inférieures et selon les règles de la vérité, comme étant le propre de toutes les âmes raisonnables ; ainsi lorsque nous sommes unis à la vérité souveraine, il n’y a qu’elle seule qui puisse juger de nous : et il n’y a personne qui juge d’elle, pas même le Père, puisqu’elle n’est pas moindre que lui. El c’est pour cela que ce que le Père juge il le juge par elle. D’où il conclut : Le Père ne juge donc personne, mais il a donné toute la puissance de juger à son Fils (Jean, 5, 22).

 

Article 2 : La puissance judiciaire convient-elle au Christ comme homme ?

 

            Objection N°1. Il semble que la puissance judiciaire ne convienne pas au Christ comme homme. Car saint Augustin dit (Lib. de verâ relig., chap. 31) que le jugement est attribué au Fils, selon qu’il est la loi elle-même de la vérité première. Or, ce caractère appartient au Christ comme Dieu. La puissance judiciaire ne lui convient donc pas comme homme, mais comme Dieu.

            Réponse à l’objection N°1 : Le jugement appartient à la vérité comme à sa règle, mais il appartient à l’homme qui a été imbu de la vérité, en ce sens qu’il ne fait pour ainsi dire qu’une même chose avec la vérité elle-même, étant en quelque sorte une loi et une justice vivante. C’est ce qui fait dire à saint Augustin, d’après l’Apôtre (1 Cor., 2, 15) : que l’homme spirituel juge tout. Or, l’âme du Christ a été plus unie à la vérité que toutes les autres créatures et elle en a été plus remplie, suivant cette expression de l’Evangile (Jean, 1, 14) : Nous le voyons plein de grâce et de vérité. Sous ce rapport il appartient principalement à l’âme du Christ de tout juger.

 

            Objection N°2 Il appartient à la puissance judiciaire de récompenser ceux qui agissent bien, comme il lui appartient aussi de punir les méchants. Or, la récompense des bonnes œuvres est la béatitude éternelle qui n’est donnée que par Dieu. Car saint Augustin dit (Tract. 23 sup. Joan.) que l’on devient bienheureux en participant à la nature de Dieu, mais non en participant aux dons d’une âme sainte. Il semble donc que la puissance judiciaire ne convienne pas au Christ comme homme, mais comme Dieu.

            Réponse à l’objection N°2 : Il n’appartient qu’à Dieu de rendre les âmes bienheureuses par sa participation, mais il convient au Christ d’amener les hommes à la béatitude, selon qu’il est leur chef et l’auteur de leur salut, d’après ces paroles de saint Paul (Héb., 2, 10) : Il était convenable que celui qui a conduit à la gloire ses enfants en si grand nombre fût par sa passion l’auteur de leur salut.

 

            Objection N°3. Il appartient à la puissance judiciaire du Christ de juger les secrets des cœurs, d’après ces paroles de saint Paul (1 Cor., 4, 5) : Ne jugez point avant le temps jusqu’à ce que le Seigneur vienne ; c’est lui qui produira à la lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les plus secrètes pensées des cœurs. Or, ceci n’appartient qu’à la vertu divine, suivant ces paroles du prophète (Jérem., 17, 9) : Le cœur de l’homme est mauvais et insondable, qui le connaîtra ? C’est moi qui suis le Seigneur : qui sonde les cœurs et qui éprouve les reins et qui rends à chacun selon la voie qu’il a suivie. La puissance judiciaire ne convient donc pas au Christ, comme homme, mais comme Dieu.

            Réponse à l’objection N°3 : Il n’appartient qu’à Dieu de juger et de connaître par lui-même les secrets des cœurs, mais, par suite de l’action de la divinité sur l’âme du Christ, il lui a convenu de les connaître et de les juger, comme nous l’avons dit en traitant de la science du Christ (quest. 10, art. 2). C’est pourquoi il est dit (Rom., 2, 16) : Il paraîtra au jour où Dieu jugera par Jésus-Christ les secrets des hommes.

 

            Mais c’est le contraire. Le Seigneur dit lui-même (Jean 5, 27) que le Père lui a donné la puissance de juger, parce qu’il est le Fils de l’homme.

 

            Conclusion Puisque le Christ, comme homme, est le chef de toute l’Eglise, il lui convient, comme homme, d’avoir la puissance judiciaire.

            Il faut répondre que saint Chrysostome (Hom. 38 sup. Joan.) paraît penser que la puissance judiciaire ne convient pas au Christ comme homme, mais seulement comme Dieu. C’est pour ce motif qu’il explique dans ce sens le passage de saint Jean que nous venons de citer : Il lui a donné la puissance de juger, et il ajoute ensuite : Parce qu’il est le Fils de l’homme, et ne vous en étonnez pas ; car il n’a pas reçu la puissance de juger parce qu’il est homme ; mais il juge parce qu’il est le Fils ineffable de Dieu. Et parce que ce qu’il disait était trop élevé pour se rapporter à l’homme, il a rejeté cette opinion en disant : ne vous étonnez pas ; parce que celui qui est le Fils de l’homme est aussi le Fils de Dieu. Ce qu’il prouve en effet par la résurrection en ajoutant : Le temps viendra où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu. — Cependant il faut observer que quoique l’autorité première nécessaire pour juger soit en Dieu, néanmoins la puissance judiciaire est confiée par Dieu aux hommes par rapport à ceux qui sont soumis à leur juridiction. C’est pourquoi après avoir dit (Deut., 1, 16) qu’il faut juger selon la justice, le législateur ajoute ensuite : car c’est le jugement de Dieu, c’est-à-dire, c’est par son autorité que vous jugez. Or, nous avons dit (quest. 8, art. 1 et 3) que le Christ considéré dans sa nature humaine est le chef de toute l’Eglise et que Dieu a tout soumis sous ses pieds. Par conséquent il lui appartient, comme homme, d’avoir la puissance judiciaire. — C’est pour cette raison que saint Augustin dit (Tract. 19 in Joan.) que ce passage de l’Evangile doit s’entendre ainsi : il lui a donné la puissance de juger, parce qu’il est le Fils de l’homme ; non à la vérité à cause de la condition de sa nature, parce qu’alors tous les hommes auraient cette puissance, comme l’objecte saint Chrysostome (loc. cit.), mais ceci appartient à la grâce de chef qu’il a reçue dans sa nature humaine. — La puissance judiciaire convient au Christ de cette manière selon la nature humaine pour trois motifs : 1° A cause des rapports de convenance et d’affinité qu’il a avec les hommes. Car de même que Dieu opère par les causes moyennes comme étant plus rapprochées des effets ; de même il juge les hommes par l’homme-Dieu pour que son jugement leur soit plus doux. D’où saint Paul dit (Héb., 4, 15) : Nous n’avons pas un pontife qui ne puisse compatir à nos infirmités, puisqu’il a tout éprouvé pour nous ressembler, sauf le péché. Allons donc avec confiance vers le trône de sa grâce. 2° Parce que dans le jugement final, comme l’observe saint Augustin (Sup. Joan., tract. 23), il y aura la résurrection des corps des morts que Dieu fera revivre par le Fils de l’homme, comme c’est aussi par le même Christ, selon qu’il est le Fils de Dieu, qu’il ressuscite les âmes. 3° Parce que, selon la pensée du même docteur (Lib. de Verb. Dom., serm. ult., chap. 7), il était bon que ceux qui devaient être jugés vissent leur juge. Or, ceux qui devaient être jugés comprennent les bons et les méchants. Il fallait donc que dans le jugement il se montrât sous la forme de l’esclave aux bons et aux méchants, et qu’il ne conservât la forme de Dieu que pour les bons.

 

Article 3 : Le Christ a-t-il acquis par ses mérites la puissance judiciaire ?

 

            Objection N°1. Il semble que le Christ n’ait pas acquis par ses mérites la puissance judiciaire. Car cette puissance résulte de la dignité royale, suivant ces paroles du Sage (Prov., 20, 8) : Le roi qui est assis sur le trône de la justice dissipe de son regard tout le mal. Or, le Christ a obtenu la dignité royale sans l’avoir méritée ; car elle lui convient par là même qu’il est le Fils unique de Dieu, puisqu’il est dit (Luc, 1, 32) : Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera dans la maison de Jacob éternellement. Le Christ n’a donc pas acquis par ses mérites la puissance judiciaire.

            Réponse à l’objection N°1 : Cette raison s’appuie sur la puissance judiciaire, selon qu’elle est due au Christ, d’après son union même avec le Verbe de Dieu.

 

            Objection N°2. Comme nous l’avons dit (art. préc.), la puissance judiciaire convient au Christ selon qu’il est notre chef. Or, la grâce de chef ne convient pas au Christ en raison de ses mérites, mais elle résulte de l’union personnelle de la nature divine et humaine, d’après ces paroles de l’Evangile (Jean, 1, 14) : Nous avons vu sa gloire qui est celle du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, et nous avons tous reçu de sa plénitude ; ce qui lui appartient comme chef. Il semble donc que le Christ n’ait pas eu la puissance judiciaire par suite de ses mérites.

            Réponse à l’objection N°2 : Cette raison se rapporte à la grâce qu’il a eue comme chef.

 

            Objection N°3. Saint Paul dit (1 Cor., 2, 15) : L’homme spirituel juge toutes choses. Or, l’homme devient spirituel par la grâce, qui ne résulte pas des mérites ; autrement ce ne serait plus une grâce, selon l’expression du même apôtre (Rom., 11, 6). Il semble donc que la puissance judiciaire ne convienne ni au Christ, ni aux autres par suite de leurs mérites, mais par l’effet seul de la grâce.

            Réponse à l’objection N°3 : Cette raison se rapporte à la grâce habituelle qui perfectionne l’âme. Mais de ce que la puissance judiciaire est due au Christ à ces divers titres, il ne s’ensuit pas qu’elle ne lui soit pas due comme chose méritée (Car il ne répugne pas, avons-nous dit, que la même chose soit due à quelqu’un à des titres différents.).

 

            Mais c’est le contraire. Il est dit (Job, 36, 17) : Votre cause a été jugée comme celle de l’impie, vous recevrez le jugement et la justice. Et saint Augustin dit (Lib. de verb. Dom., chap. 7) : Il sera juge celui qui a comparu pour être jugé, et il condamnera les vrais coupables celui qui a été faussement accusé.

 

            Conclusion Quoique la puissance judiciaire soit due au Christ à cause de sa personne divine, de sa dignité de chef et de sa plénitude de grâce, cependant il l’a méritée de manière que celui qui a combattu et triomphé pour la justice, doit être jugé selon la justice de Dieu.

            Il faut répondre que rien n’empêche qu’une seule et même chose ne soit due à quelqu’un à des titres divers. Ainsi la gloire du corps ressuscité a été due au Christ, non seulement parce qu’elle convenait à la divinité, et à cause de la gloire de l’âme, mais encore par suite des mérites produits par les humiliations de sa passion. De même il faut dire que la puissance judiciaire convient au Christ, comme homme, et à cause de sa personne divine, et à cause de sa dignité de chef, et à cause de la plénitude de sa grâce habituelle. Cependant il l’a encore acquise par ses mérites ; de telle sorte qu’il est conforme à la justice de Dieu que celui qui a combattu pour elle, qui a vaincu et qui a été injustement condamné soit juge. D’où il dit lui-même (Apoc., 3, 21) : J’ai vaincu et je me suis assis sur le trône de mon Père. Or, par le trône on entend la puissance judiciaire, d’après ces paroles du Psalmiste (Ps. 9, 5) : Vous êtes assis sur un trône, vous qui jugez la justice.

 

Article 4 : La puissance judiciaire convient-elle au Christ par rapport à toutes les choses humaines ?

 

            Objection N°1. Il semble que la puissance judiciaire n’appartienne pas au Christ par rapport à toutes les choses humaines. Car un homme de la foule ayant dit au Christ (Luc, 12, 13) : Dites à mon frère qu’il partage avec moi l’héritage qui nous est échu, il lui répondit : O homme, qui m’a établi pour vous juger ou pour vous faire vos partages ? Sa puissance judiciaire ne s’étend donc pas sur toutes les choses humaines.

            Réponse à l’objection N°1 : Comme nous l’avons dit (art. préc., Objection N°1), la puissance judiciaire résulte de la dignité royale. Quoique le Christ ait été établi roi par Dieu, cependant tant qu’il a vécu sur la terre il n’a pas voulu administrer temporellement un royaume terrestre. C’est pour cela qu’il dit (Jean, 18, 36) : Mon royaume n’est pas de ce monde. De même il n’a pas voulu exercer sa puissance judiciaire sur les choses temporelles, lui qui était venu pour élever les hommes à Dieu. D’où saint Ambroise dit (ibid., in hunc loc. Luc.) : Celui qui était descendu du ciel pour les choses divines décline avec raison les honneurs terrestres, et celui qui doit juger les vivants et les morts, et apprécier leurs mérites, n’a pas daigné juger les procès et se rendre l’arbitre des biens temporels.

 

            Objection N°2. Personne ne juge que les choses qui lui sont soumises. Or, nous voyons que tout n’est pas encore soumis au Christ, comme le dit saint Paul (Héb., chap. 2). Il semble donc que sa puissance judiciaire ne s’étende pas sur toutes les choses humaines.

            Réponse à l’objection N°2 : Toutes choses ont été soumises au Christ quant à la puissance qu’il a reçue de son Père sur tout ce qui existe, d’après ces paroles du Seigneur (Matth., 28, 18) : Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Mais tout ne lui est pas encore soumis quant à l’exécution de cette puissance ; cela viendra quand il accomplira sa volonté sur tous les hommes, en sauvant les uns et en punissant les autres.

 

            Objection N°3. Saint Augustin dit (De civ. Dei, liv. 20, chap. 2) : qu’il appartient au jugement de Dieu que quelquefois les bons soient malheureux en ce monde et que d’autres fois ils prospèrent, et qu’il en soit de même des méchants. Or, ceci a eu lieu également avant l’Incarnation du Christ. Tous les jugements de Dieu à l’égard des choses humaines n’appartiennent donc pas à la puissance judiciaire du Christ.

            Réponse à l’objection N°3 : Avant l’Incarnation ces jugements étaient rendus par le Christ, selon qu’il est le Verbe de Dieu ; par l’Incarnation, l’âme, qui lui est personnellement unie, a participé à cette puissance.

 

            Mais c’est le contraire. Il est dit (Jean, 5, 22) : Le Père a donné au Fils tout pouvoir de juger (Son jugement s’étendra aux moindres détails de la vie humaine (Matth., 12, 36) : Toute parole oiseuse que les hommes auront dite, ils en rendront compte au jour  du jugement ; (Rom., 2, 16) : On le verra au jour où, selon mon évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes ; (Ecclésiaste, 12, 14) : Dieu amènera en jugement tout ce qui se fait, au sujet de toute faute, soit le bien soit le mal.).

 

            Conclusion Puisque le Christ est le Verbe de Dieu par lequel son Père fait tout et que son âme est pleine de la divinité, il est évident que toutes les choses humaines ainsi que toutes les autres choses quelles qu’elles soient appartiennent à la puissance judiciaire du Christ, sous le rapport de la nature humaine aussi bien que de la nature divine.

            Il faut répondre que si nous parlons du Christ selon la nature divine, il est évident que toute la puissance judiciaire du Père appartient au Fils ; car comme le Père fait tout par son Verbe, de même il juge aussi tout par son Verbe. Si nous parlons du Christ par rapport à la nature humaine, il est encore évident que toutes les choses humaines sont soumises à son jugement. Ce qui est manifeste : 1° si nous considérons le rapport de l’âme du Christ avec le Verbe de Dieu. Car si l’homme spirituel juge toutes choses, comme le dit saint Paul (1 Cor., 2, 15), parce que son esprit est uni au Verbe de Dieu, à plus forte raison l’âme du Christ, qui est pleine de la vérité du Verbe de Dieu, a-t-elle la puissance de juger toutes choses. 2° La même conséquence résulte évidemment des mérites de sa mort. Car, selon l’expression de saint Paul (Rom., 14, 9), le Christ est mort et ressuscité pour exercer un empire souverain sur les vivants et les morts. C’est pour cette raison que sa puissance s’étend sur tous les hommes. Aussi le même Apôtre ajoute : que nous paraîtrons tous devant le tribunal de Jésus-Christ ; et le prophète dit (Dan., 7, 14) : que l’ancien des jours lui a donné la puissance, l’honneur et le royaume, et que tous les peuples, toutes les tribus et toutes les langues le serviront. 3° La même chose est évidente d’après le rapport des choses humaines avec leur fin, qui est le salut de l’homme ; car on confie aussi l’accessoire à celui à qui on confie le principal. Or, toutes les choses humaines se rapportent à la fin de la béatitude, qui est le salut éternel, auquel tous les hommes sont admis ou dont ils sont exclus par le jugement du Christ, comme on le voit (Matth., chap. 25). C’est pourquoi il est évident que toutes les choses humaines appartiennent à la puissance judiciaire du Christ.

 

Article 5 : Après le jugement qui se rend dans le temps présent y en a-t-il un autre ?

 

            Objection N°1. Il semble qu’après le jugement qui se rend dans le temps présent il n’y aura pas un autre jugement général. Car après que l’on a réparti définitivement les récompenses, et les peines un jugement devient inutile. Or, dès maintenant on répartit les récompenses et les peines ; puisque le Seigneur dit au larron sur la croix (Luc, 23, 43) : Aujourd’hui vous serez avec moi dans le paradis. Et ailleurs (Luc, 16, 22) il est dit : que le riche est mort et qu’il a été enseveli dans l’enfer. C’est donc en vain qu’on attend un jugement dernier.

            Réponse à l’objection N°1 : D’après l’opinion (Ce sentiment a été une opinion tant que l’Eglise ne s’est pas prononcée, mais aujourd’hui ce serait une hérésie, puisque le contraire a été formellement décidé par le concile de Florence (sess. ult.).) de quelques auteurs, les âmes des saints ne sont pas récompensées dans le ciel, ni les âmes des damnés punies en enfer jusqu’au jour du jugement. Ce qui est évidemment faux, d’après ces paroles de l’Apôtre (2 Cor., 5, 8) : Nous sommes pleins de courage, et nous aimons mieux nous éloigner de ce corps pour habiter avec le Seigneur ; ce qui ne consiste plus à marcher à la lumière de la foi, mais à la vue de l’essence divine, comme on le voit d’après ce qui suit. Or, la vie éternelle consiste à voir Dieu dans son essence, comme le dit saint Jean (Jean, chap. 17). D’où il est évident que les âmes sont séparées des corps dans la vie éternelle. C’est pourquoi il faut dire qu’après la mort, pour ce qui est de l’âme, l’homme arrive à un état immuable. C’est pour cela que, pour la récompense de l’âme, il n’est pas nécessaire qu’il y ait un autre jugement. Mais parce qu’il y a d’autres choses qui appartiennent à l’homme, qui se passent dans tout le cours des temps et qui ne sont pas étrangères au jugement de Dieu, il faut qu’à la fin des siècles elles soient toutes soumises au jugement. Car quoique l’homme, sous ce rapport, ne mérite ni ne démérite, cependant ces choses appartiennent d’une certaine façon à sa récompense ou à sa peine. Par conséquent il faut que tout cela soit apprécié au jugement dernier.

 

            Objection N°2. Le prophète dit (Nah., 1, 9) : Dieu ne jugera pas deux fois la même chose (D’après les Septante. La Vulgate porte : La tribulation ne viendra pas deux fois.). Or, dans ce temps le jugement de Dieu s’exerce et quant aux choses temporelles et quant aux choses spirituelles. Il semble donc qu’on ne doive pas attendre un autre jugement dernier.

            Réponse à l’objection N°2 : Dieu ne jugera pas deux fois la même chose, c’est-à-dire sous le même rapport ; et il ne répugne pas que Dieu juge deux fois sous des rapports divers.

 

            Objection N°3. La récompense et la peine répondent au mérite et au démérité. Or, le mérite et le démérite n’appartiennent pas au corps, sinon en tant qu’il est l’instrument de l’âme. La récompense ou la peine n’est donc due au corps qu’à cause de l’âme. Il n’est donc pas nécessaire qu’à la fin du monde il y ait un autre jugement pour récompenser ou pour punir l’homme dans son corps, indépendamment du jugement qui le punit ou le récompense actuellement dans son âme.

            Réponse à l’objection N°3 : Quoique la récompense ou la peine du corps dépende de la récompense ou de la peine de l’âme ; cependant parce que l’âme ne change que par accident, à cause du corps, aussitôt qu’elle en est séparée, elle a un état immuable et reçoit son jugement. Mais le corps reste soumis au changement jusqu’à la fin des temps ; et c’est pour cela qu’il faut qu’alors il reçoive sa récompense ou sa punition au jugement dernier.

 

            Mais c’est le contraire. Il est dit (Jean, 12, 48) : Celui qui me méprise aura pour juge la parole que j’ai prononcée ; ce sera elle qui le jugera au dernier jour. Il y aura donc au dernier jour un jugement, indépendamment de celui qui a lieu maintenant.

 

            Conclusion Puisqu’on ne peut juger parfaitement une chose qui change avant sa pleine consommation, il faut qu’indépendamment du jugement qui se fait à fa mort de chaque homme, il y ait au dernier jour un jugement final.

            Il faut répondre qu’on ne peut pas juger parfaitement d’une chose qui change avant sa consommation. Ainsi on ne peut pas juger parfaitement de la nature d’une action avant qu’elle ne soit consommée en elle-même et dans ses effets ; car il y a beaucoup d’actions qui paraissent être utiles et dont les effets prouvent qu’elles sont nuisibles. De même on ne peut juger parfaitement d’un homme tant que sa vie n’est pas terminée, parce qu’il peut de beaucoup de manières de bon devenir méchant, et réciproquement, ou de bon devenir meilleur et de méchant pire. D’où l’Apôtre dit (Héb., 9, 27) : Qu’il est arrêté que les hommes meurent une fois, et qu’ensuite se fait le jugement. Mais il est à remarquer que quoique la mort mette fin à la vie temporelle de l’homme, considérée en elle-même, cependant elle reste encore dépendante sous certain rapport de plusieurs choses à venir. l° Elle subsiste encore dans la mémoire des hommes, où quelquefois, contrairement à la vérité, elle se perpétue avec une bonne ou une mauvaise renommée. 2° Elle subsiste dans les enfants, qui sont en quelque sorte une partie de leurs parents, d’après ces paroles du Sage (Ecclésiastique, 30, 4) : Son père est mort, et il ne semble pas mort parce qu’il a laissé après lui un autre lui-même. Cependant il y a beaucoup de gens de bien dont les enfants sont méchants et réciproquement. 3° Quant à l’effet de ses œuvres. C’est ainsi que la fourberie d’Arius et des autres sectaires multiplie ses désastres jusqu’à la fin du monde, et que d’autre part la foi produite par la prédication des apôtres s’est propagée jusqu’aujourd’hui. 4° Quant au corps qui est quelquefois enseveli avec honneur, et qui d’autres fois reste sans sépulture et s’en va absolument en poussière. 5° A l’égard des choses auxquelles l’homme a attaché son affection ; telles que les choses temporelles, dont les unes passent rapidement et les autres durent plus longtemps. Or, toutes ces choses sont soumises à l’appréciation du jugement de Dieu ; c’est pourquoi il ne peut pas les juger toutes parfaitement et manifestement (Par rapport à lui, son jugement est parfait et manifeste avant la fin des temps, puisqu’il embrasse le passé, le présent et l’avenir dans un seul et même coup d’œil ; mais il ne peut en être ainsi par rapport aux créatures, qu’autant que tous les temps seront révolus.) tant que ce siècle dure. C’est pour cette raison qu’il faut qu’il y ait un jugement final au dernier jour, dans lequel ce qui appartient à tout homme de quelque manière sera jugé parfaitement et avec éclat.

 

Article 6 : La puissance judiciaire du Christ sétend-elle aux anges ?

 

            Objection N°1. Il semble que la puissance judiciaire du Christ ne s’étende pas aux anges. Car les bons anges aussi bien que les méchants ont été jugés dès le commencement du monde. Quand les uns sont tombés dans le péché les autres ont été confirmés dans la béatitude. La puissance judiciaire du Christ ne s’étend donc pas aux anges.

            Réponse à l’objection N°1 : Ce raisonnement repose sur le jugement considéré par rapport à la récompense essentielle et à la peine principale.

 

            Objection N°2. Ce n’est pas à la même personne qu’il appartient de juger et d’être jugé. Or, les anges viendront pour juger avec le Christ, d’après ces paroles de l’Evangile (Matth., 20, 31) : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa majesté et tous les anges avec lui. Il semble donc que les anges ne doivent pas être jugés par le Christ.

            Réponse à l’objection N°2 : Il faut répondre au second, que, comme le dit saint Augustin (Lib. de ver. relig., chap. 31), quoique l’homme spirituel juge toutes choses, cependant il est jugé par la vérité elle-même. C’est pour cela que quoique les anges jugent, parce qu’ils sont spirituels, néanmoins ils sont jugés par le Christ, selon qu’il est la vérité.

 

            Objection N°3. Les anges sont supérieurs aux autres créatures. Si donc le Christ est juge non seulement des hommes, mais encore des anges, pour la même raison il sera juge de toutes les créatures ; ce qui paraît être faux, parce que cette prérogative est le propre de la providence divine. C’est ce qui fait dire à Job (34, 13) : Quel autre que lui Dieu a-t-il établi sur la terre, et qui a-t-il placé sur le globe qu’il a lui-même formé ? Le Christ n’est donc pas le juge des anges.

            Réponse à l’objection N°3 : La puissance judiciaire du Christ s’étend non seulement sur les anges, mais encore sur toutes les créatures qu’il régit. Car si, comme le dit saint Augustin (De Trin., liv. 3, chap. 4), Dieu régit d’une certaine manière les choses inférieures par celles qui sont au-dessus d’elles ; il faut reconnaître que tous les êtres sont régis par l’âme du Christ qui est supérieure à toutes les créatures. D’où l’Apôtre dit (Héb., 2, 5) : Dieu n’a point soumis aux anges le monde futur, mais il l’a soumis à celui dont nous parlons, c’est-à-dire au Christ. Néanmoins il ne s’ensuit pas pour cela que Dieu ait établi sur la terre un autre que lui-même, parce que Jésus-Christ Notre-Seigneur n’est avec lui qu’un seul et même Dieu.

 

            Mais c’est le contraire. L’Apôtre dit (1 Cor., 6, 3) : Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Or, les saints ne jugeront que par l’autorité du Christ. A plus forte raison le Christ a-t-il une puissance judiciaire sur les anges.

 

            Conclusion Puisque par les humiliations de sa passion la nature humaine a mérité d’être élevée dans le Christ au-dessus des anges, il est évident que les bons anges aussi bien que les méchants sont soumis à sa puissance judiciaire, non seulement en raison de la nature divine, mais encore en raison de la nature humaine.

            Il faut répondre que les anges sont soumis à la puissance judiciaire du Christ non seulement quant à la nature divine, selon qu’il est le Verbe de Dieu, mais encore en raison de sa nature humaine. Ce qui est évident pour trois raisons : 1° A cause de l’union qu’il y a entre la nature qu’il a prise et Dieu. Car, selon la remarque de saint Paul (Héb., 2, 16), il n’est dit nulle part qu’il doive s’unir aux anges, tandis qu’il s’est uni à la race d’Abraham. C’est pourquoi l’âme du Christ a été plus remplie de la vertu du Verbe de Dieu qu’aucun des anges, et c’est pour ce motif qu’elle les éclaire, comme le dit saint Denis (De cælest. hier., chap. 7), et que par conséquent elle a la puissance de les juger. 2° Parce que, par l’humiliation de sa passion, la nature humaine a mérité dans le Christ d’être élevée au-dessus des anges, de manière qu’au nom de Jésus, suivant l’expression de l’Apôtre (Phil., 2, 10), tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers. C’est pour ce motif que le Christ a une puissance judiciaire sur tous les anges bons et méchants ; ce qui le prouve c’est qu’il est dit (Apoc., 7, 11) : que tous les anges se tenaient debout autour de son trône. 3° En raison des choses que les anges opèrent à l’égard des hommes dont le Christ est le chef d’une manière toute spéciale. D’où saint Paul dit (Héb., 1, 14) : qu’ils sont tous des esprits destinés pour servir, et envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui sont les héritiers du salut. Or, ils sont soumis au jugement du Christ : 1° quant à la dispensation des choses qu’ils font. Cette dispensation est faite par le Christ comme homme, dont les anges étaient les serviteurs (Matth., chap. 4), et auquel les démons demandaient qu’il les envoyât dans le corps des pourceaux (Matth., chap. 8). 2° Ils lui sont soumis quant aux récompenses accidentelles que reçoivent les bons anges et qui consistent dans la joie qu’ils éprouvent du salut des hommes, d’après ces paroles (Luc, 15, 10) : Il y aura une grande joie parmi les anges de Dieu lorsqu’un seul pécheur fera pénitence. Il en est de même des peines accidentelles des démons, car il appartient au Christ comme homme de les leur faire souffrir ici-bas ou selon qu’ils sont enfermés dans l’enfer. C’est pourquoi le démon s’écria (Matth., chap. 24) : Qu’y a-t-il de commun entre vous et nous, Jésus de Nazareth ; vous êtes venu avant le temps pour nous perdre. 3° Ils lui sont encore soumis quant à la récompense essentielle des bons anges qui est la béatitude éternelle et quant à la peine essentielle des mauvais qui est la damnation éternelle. Mais le Christ a fait ces choses dès le commencement du monde, selon qu’il est le Verbe de Dieu.

            Il ne nous reste ici plus rien à ajouter à ce que nous avons dit sur le mystère de son Incarnation.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

 

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