Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

3a = Tertia Pars = 3ème partie

Question 71 : Des préparatifs des cérémonies du baptême

 

            Nous devons nous occuper maintenant des préparatifs et des cérémonies du baptême. — A cet égard quatre questions se présentent : 1° Le catéchisme doit-il précéder le baptême ? (Quand il s’agit de baptiser des adultes, il faut avant tout qu’on les instruise des principales vérités de la foi. Oportet, dit le pape saint Martin, ut qui baptizandi sunt symbolum discant. C’est pour ce motif qu’on donnait à ceux qui aspiraient à recevoir le baptême le nom de catéchumènes.) — 2° L’exorcisme doit-il le précéder ? (Cet article est une réfutation de l’impiété des calvinistes, qui tournent en dérision les exorcismes et les adjurations que l’on fait sur les enfants quand on les baptise. Les exorcismes sont très anciens. Car saint Justin en parle dans son Dialogue avec Tryphon ; Tertullien, De præscript., chap. 41 ; saint Cyprien, Ep. 2 ; saint Cyrille, Catéch., 2 ; saint Ambroise, De sacr., liv. 1, chap. 3.) — 3° Les choses que l’on fait dans le catéchisme et l’exorcisme produisent-elles quelque effet ou sont-elles seulement des signes ? — 4° Faut-il que ceux qui doivent être baptisés soient catéchisés ou exorcisés par des prêtres ?

 

Article 1 : Le catéchisme doit-il précéder le baptême ?

 

            Objection N°1. Il semble que le catéchisme ne doive pas précéder le baptême. Car le baptême régénère les hommes à la vie spirituelle. Or, l’homme reçoit la vie avant l’enseignement. Il n’est donc pas nécessaire que l’homme (soit catéchisé, c’est-à-dire instruit avant d’être baptisé.

            Réponse à l’objection N°1 : La vie de la grâce dans laquelle on est régénéré par le baptême présuppose la vie de la nature raisonnable par laquelle l’homme peut participer à l’enseignement.

 

            Objection N°2. On baptise non seulement les adultes, mais encore les enfants qui ne sont pas capables d’être instruits, parce qu’ils n’ont pas l’usage de raison. Il est donc ridicule de les catéchiser.

            Réponse à l’objection N°2 : Comme l’Eglise notre mère, ainsi que nous l’avons dit (quest. 69, art. 6, Réponse N°3), prête aux enfants qui doivent être baptisés les pieds des autres pour marcher, le cœur des autres pour croire ; de même elle leur prête aussi les oreilles des autres pour entendre, et l’entendement des autres pour être instruits par eux. C’est pourquoi on doit les catéchiser pour la même raison qui veut qu’on les baptise.

 

            Objection N°3. Dans le catéchisme, celui qui est catéchisé confesse sa foi. Or, les enfants ne peuvent pas confesser leur foi par eux-mêmes, et un autre ne peut pas la confesser pour eux ; soit parce que personne ne peut obliger un autre à une chose, soit parce qu’on ne peut savoir si les enfants, quand ils seront parvenus à l’âge de raison, donneront à la foi leur assentiment. Le catéchisme ne doit donc pas précéder le baptême.

            Réponse à l’objection N°3 : Celui qui répond pour l’enfant qu’on baptise : Je crois, ne prédit pas que l’enfant croira, quand il sera parvenu à l’âge de raison ; autrement il dirait : il croira, mais il professe la foi de l’Eglise dans la personne de l’enfant auquel elle est communiquée par la vertu du sacrement qui lui est conféré et à laquelle il s’oblige par un autre. Car il ne répugne pas que l’on s’oblige pour un autre à l’égard de ce qui est nécessaire au salut. Ainsi, en répondant pour l’enfant, le parrain promet de faire tous ses efforts pour que l’enfant croie ; ce qui ne suffirait cependant pas dans les adultes qui ont l’usage de la raison.

 

            Mais c’est le contraire. Raban Maur dit (De instit. cler., liv. 1, chap. 25) : On doit catéchiser avant de baptiser, afin qu’étant d’abord catéchumène, l’homme reçoive les premiers éléments de la foi.

 

            Conclusion Le baptême étant un sacrement de foi et l’instruction étant nécessaire pour qu’on ait la foi, c’est avec raison que le catéchisme précède le baptême.

            Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (quest. préc., art. 1), le baptême est le sacrement de la foi chrétienne, puisqu’il est une profession de cette foi. Or, pour qu’on reçoive la foi il est nécessaire qu’on en soit instruit, d’après ces paroles (Rom., 10, 14) : Comment croiront-ils en lui, s’ils n’ont point entendu sa parole ? Et comment l’entendront-ils si personne ne la leur prêche ? C’est pourquoi il est convenable que le catéchisme précède le baptême. Aussi le Seigneur, donnant à ses disciples le précepte de baptiser, le fait-il précéder de celui d’enseigner, en disant (Matth., 28, 19) : Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant, etc.

 

Article 2 : Lexorcisme doit-il précéder le baptême ?

 

            Objection N°1. Il semble que l’exorcisme ne doive pas précéder le baptême. Car l’exorcisme a pour but de guérir les énergumènes, c’est-à-dire les possédés. Or, tous ceux qui doivent être baptisés ne sont pas dans cet état. L’exorcisme ne doit donc pas précéder le baptême.

            Réponse à l’objection N°1 : On appelle énergumènes ceux qui souffrent intérieurement de l’opération intrinsèque du démon ; et quoique tous ceux qui se présentent au baptême ne soient pas tourmentés par lui corporellement, cependant tous ceux qui n’ont pas reçu ce sacrement sont soumis à sa puissance, du moins à cause de la peine méritée par le péché originel.

 

            Objection N°2. Tant que l’homme est soumis au péché le diable a puissance sur lui, parce que, comme le dit l’Evangile (Jean, 8, 34) : Celui qui commet le péché en est l’esclave. Or, le péché est effacé par le baptême. Les hommes ne doivent donc pas être exorcisés avant de recevoir ce sacrement.

            Réponse à l’objection N°2 : Le baptême en effaçant le péché délivre l’homme de la puissance du démon relativement à ce qui l’empêche d’arriver à la gloire ; au lieu que les exorcismes bannissent cette puissance, selon qu’elle empêche l’homme de recevoir ce sacrement.

 

            Objection N°3. L’eau bénite n’est faite que pour arrêter la puissance des démons. Il ne fallait donc pas pour cela employer d’autres remèdes par le moyen des exorcismes.

            Réponse à l’objection N°3 : On se sert de l’eau bénite contre les attaques des démons qui viennent du dehors ; au lieu que l’exorcisme se fait contre les attaques des démons qui viennent du dedans. C’est pourquoi on appelle énergumènes, c’est-à-dire travaillés au-dedans, ceux qu’on exorcise. — Ou bien il faut dire que comme pour remédier au péché on se sert en second lieu de la pénitence, parce que le baptême ne se renouvelle pas ; de même pour remédier aux attaques des démons on se sert en second lieu de l’eau bénite, parce que les exorcismes du baptême ne se recommencent pas.

 

            Mais c’est le contraire. Le pape Célestin dit (Epist. 2, can. 9, et hab., chap. 53 De consecrat., dist. 4, et Lib. de eccles. dogm., chap. 31) : Que ceux qui se présentent au sacrement de la régénération, enfants ou adultes, n’approchent pas de la source de vie avant que les clercs n’aient chassé d’eux l’esprit immonde par les exorcismes et d’autres cérémonies.

 

            Conclusion C’est avec raison qu’avant le baptême on chasse les démons par des exorcismes, dans la crainte qu’ils n’empêchent le salut de l’homme.

            Il faut répondre que celui qui veut faire quelque chose avec sagesse écarte d’abord ce qui fait obstacle à son œuvre. D’où le prophète dit (Jér., 4, 3) : Préparez-vous avec soin une terre nouvelle, et ne semez pas sur des épines. Mais le diable est l’ennemi du salut de l’homme que le baptême produit, et il a sur lui de la puissance par là même qu’il est soumis au péché originel ou au péché actuel. C’est pourquoi il est convenable qu’avant le baptême on chasse les démons par des exorcismes dans la crainte qu’ils ne mettent des entraves au salut de l’homme : et c’est cette expulsion que signifie le souffle du ministre (Sur l’exsufflation, voyez saint Ambroise, De iis qui initiantur, chap. 1 ; saint Augustin, De peccat, orig., chap. 40, et Lib. cont. Jul., chap. 5.) sur l’enfant. — La bénédiction avec l’imposition de la main lui ferme le chemin une fois qu’il est banni, de manière qu’il ne puisse plus revenir. Le sel (Sur le sel, voyez Origène, Hom. 6 sup. Ezech. Conc. Carthag. 3, can. 5 ; Isid., Lib. 2 offic., can 20 ; saint Augustin, Confess., liv. 1, chap. 11.) qu’on met dans la bouche à celui qui est baptisé et la salive qu’on lui applique aux narines et aux oreilles indiquent, par rapport aux oreilles qu’il reçoit l’enseignement de la foi, par rapport aux narines qu’il l’approuve, et par rapport à la bouche qu’il la confesse. L’onction de l’huile (Sur l’huile voyez saint Clément, Recogniti Sumus, liv. 3 ; saint Chrysostome, Hom. 6 in cap. 2 ad Coloss. ; saint Cyrille, Catech. 2, et saint Ambroise, De sac., liv. 1, chap. 2, et liv. 2, chap. 7.) signifie l’aptitude qu’a l’homme de combattre les démons.

 

Article 3 : Les choses que lon fait dans lexorcisme produisent-elles quelque effet ?

 

            Objection N°1. Il semble que les choses que l’on fait dans l’exorcisme ne produisent pas d’effet, mais qu’elles ont seulement une signification. Car si un enfant meurt après les exorcismes, avant d’avoir reçu le baptême, il n’est pas sauvé. Or, l’effet que produisent les choses qu’on fait dans les sacrements ont pour but de faire arriver l’homme à son but. D’où il est dit (Marc, 16, 16) : Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé. Les choses que l’on fait dans l’exorcisme ne l’ont donc rien, mais elles sont seulement significatives.

            Réponse à l’objection N°1 : Les choses que l’on fait dans l’exorcisme n’effacent pas la faute pour laquelle l’homme est puni après sa mort, mais elles enlèvent seulement les obstacles qui empêchent d’en recevoir la rémission par le sacrement. Par conséquent, après la mort, l’exorcisme est sans puissance sans le baptême. Cependant Prépositivus (Prépositivus est un théologien qui avait aussi composé une Somme théologique. Elle est restée manuscrite dans la bibliothèque impériale. Voyez ce qu’en dit Ellies Dupin dans sa Bibliohèque des auteurs ecclésiastiques du XIIIe siècle.) dit que les enfants exorcisés, s’ils meurent avant le baptême, tombent dans des ténèbres moins épaisses ; mais ce sentiment ne paraît pas exact, parce que ces ténèbres sont la privation de la vision divine et que cette privation n’est susceptible ni de plus, ni de moins.

 

            Objection N°2. On requiert seulement pour un sacrement de la loi nouvelle qu’il soit signe et cause, comme nous l’avons dit (quest. 60, art. 1, et quest. 62, art. 1). Si donc les choses que l’on fait dans l’exorcisme produisent quelque effet, il semble qu’elles soient autant de sacrements particuliers.

            Réponse à l’objection N°2 : Il est de l’essence du sacrement qu’il produise son effet principal qui est la grâce qui remet la faute ou qui supplée à ce qui manque à l’homme : ce que ne produisent pas les choses que l’on fait dans l’exorcisme ; mais elles ne font qu’enlever ce qui fait obstacle au sacrement. C’est pourquoi elles ne sont pas des sacrements, mais des sacramentaux.

 

            Objection N°3. Comme l’exorcisme se rapporte au baptême, de même si l’exorcisme produit quelque effet, cet effet se rapporte à l’effet du baptême. Or, la disposition précède nécessairement la forme parfaite, parce que la forme n’est reçue que dans une matière qui a été disposée. Il s’ensuivrait donc que personne ne pourrait obtenir l’effet du baptême, s’il n’était auparavant exorcisé ; ce qui est évidemment faux. Les choses que l’on fait dans l’exorcisme ne produisent donc pas d’effet.

            Réponse à l’objection N°3 : La disposition qui suffit pour recevoir la grâce baptismale c’est la foi et l’intention ; soit la foi et l’intention propre de celui qui est baptisé, s’il s’agit d’un adulte ; soit, la foi et l’intention de l’Eglise elle-même, s’il s’agit d’un enfant. Les choses que l’on fait dans l’exorcisme ont pour but d’éloigner les obstacles. C’est pourquoi le baptême peut avoir son effet sans cela. Cependant on ne doit les omettre que dans le cas de nécessité ; et du moment que le danger a cessé, on doit les suppléer pour conserver l’uniformité dans le baptême. Et ce n’est pas en vain qu’on les supplée après le baptême ; parce que, comme l’effet du baptême est empêché, avant qu’on ne reçoive le sacrement ; de même il peut être empêché après qu’on l’a reçu.

 

            Objection N°4. Comme il y a des choses que l’on fait dans l’exorcisme avant le baptême, de même il y en a aussi que l’on fait après. C’est ainsi que le prêtre fait l’onction du chrême sur le sommet de la tête de celui qui est baptisé. Or, les choses que l’on fait après le baptême ne paraissent pas produire d’effet ; parce qu’alors l’effet du baptême serait imparfait. Les choses que l’on fait dans l’exorcisme avant le baptême ne produisent donc rien.

            Réponse à l’objection N°4 : Parmi les choses que l’on fait à l’égard de celui qui est baptisé après le baptême, il y en a qui ne sont pas seulement significatives, mais qui produisent un effet. Ainsi l’onction que l’on fait sur le sommet de la tête opère la conservation de la grâce baptismale ; il y en a aussi qui sont de simples signes et qui ne produisent rien : tel est le vêtement blanc qu’on lui donne pour signifier le renouvellement de la vie.

 

            Mais c’est le contraire Saint Augustin dit (Lib. 1 de symb., chap. 1) : On souffle sur les petits enfants et on les exorcise pour chasser d’eux la puissance ennemie du démon qui a trompé l’homme. Or, l’Eglise ne fait rien en vain. Par conséquent toutes ces cérémonies ont pour but de chasser la puissance des démons.

 

            Conclusion Les choses que l’on fait dans les exorcismes, non seulement signifient, mais encore elles produisent quelque chose ; car elles repoussent la puissance du démon et ouvrent les sens pour percevoir les mystères du salut.

            Il faut répondre que quelques auteurs ont dit que les choses que l’on fait dans l’exorcisme ne produisent aucun effet, mais qu’elles sont seulement des signes. Or, il est évident que cette opinion est fausse, parce que l’Eglise se sert dans les exorcismes d’expressions impératives pour chasser la puissance du démon, comme quand elle dit : Diable maudit, sors de lui, etc. C’est pourquoi il faut dire que ces exorcismes produisent un effet, mais d’une autre manière que le baptême. En effet, par le baptême l’homme reçoit la grâce pour obtenir la pleine rémission de ses fautes ; au lieu que les choses que l’on fait dans l’exorcisme éloignent deux sortes d’obstacles qui pourraient empêcher de percevoir la grâce du salut. L’un de ces obstacles est extrinsèque, selon que les démons font leurs efforts pour empêcher le salut de l’homme. Cet obstacle est éloigné par le souffle du ministre qui chasse la puissance du démon, comme on le voit d’après le passage de saint Augustin (loc. sup. cit.), de manière qu’il n’empêche pas de recevoir le sacrement. Mais la puissance du démon reste dans l’homme quant à la tâche du péché et quant à la peine qu’il mérite, jusqu’à ce que le péché soit effacé par le baptême. C’est ce qui fait dire à saint Cyprien (liv. 4, epist. 7) : Sachez que la malice du diable peut subsister jusqu’à ce que l’eau du salut arrive, mais que dans le baptême il perd toute sa perversité. L’autre empêchement est intrinsèque. Il résulte de ce que l’homme par suite de la souillure du péché originel a les sens fermés pour percevoir les mystères du salut. D’où Raban Maur dit (De instit. cleric., liv. 1, chap. 27) : que par la salive symbolique et le tact du prêtre la sagesse et la vertu divine opère le salut du catéchumène ; qu’on lui ouvre les narines afin qu’il perçoive la bonne odeur de la connaissance de Dieu ; qu’on lui ouvre les oreilles afin qu’il entende les préceptes divins ; qu’on lui ouvre les sens au fond du cœur afin qu’il réponde (Sur les cérémonies du baptême et leur signification, voyez le catéchisme du concile de Trente.).

 

Article 4 : Est-il de l’office du prêtre de catéchiser et d’exorciser celui qui doit être baptisé ?

 

            Objection N°1. Il semble qu’il n’appartienne pas au prêtre de catéchiser et d’exorciser celui qui doit être baptisé. Car il appartient à l’office des ministres d’opérer sur ceux qui sont immondes, comme le dit saint Denis (De cœlest. hier., chap. 5). Or, les catéchumènes que l’on instruit dans le catéchisme et les énergumènes que l’on purifie dans l’exorcisme sont comptés au nombre des esprits immondes, comme le dit le même Père (ibid., chap. 3). Il n’appartient donc pas à l’office du prêtre, mais plutôt à celui des ministres de catéchiser et d’exorciser.

            Réponse à l’objection N°1 : Les ministres opèrent sur ceux qui sont immondes d’une manière secondaire et pour ainsi dire instrumentale, au lieu que l’opération du prêtre est principale.

 

            Objection N°2. Les catéchumènes sont instruits de la foi par l’Ecriture sainte que les ministres lisent dans l’église. Car, comme les lecteurs lisent dans l’église l’Ancien Testament, de même aussi les diacres et les sous-diacres lisent le Nouveau ; et par conséquent il appartient aux ministres de catéchiser. De même il semble qu’il leur appartienne aussi d’exorciser. Car saint Isidore dit (in quad. epist. ad Lavdefred. quæ hab. post conc. Tolet. 8) : Il appartient à l’exorciste de retenir dans sa mémoire les exorcismes et d’imposer les mains sur les énergumènes et les catéchumènes en les exorcisant. Il n’appartient donc pas à l’office du prêtre de catéchiser et d’exorciser.

            Réponse à l’objection N°2 : Les lecteurs et les exorcistes ont l’office de catéchiser et d’exorciser, non d’une manière principale, mais comme étant dans ce cas les auxiliaires du prêtre.

 

            Objection N°3. Catéchiser est la même chose qu’enseigner, et enseigner est la même chose que perfectionner ; ce qui appartient à l’office des évêques, comme le dit saint Denis (De eccles. hier., chap, 5). Cette fonction n’appartient donc pas à l’office du prêtre.

            Réponse à l’objection N°3 : Il y a plusieurs sortes d’instruction. L’une a pour but de convertir à la foi, c’est celle que saint Denis attribue à l’évêque (De eccles. hier., chap. 2), et elle peut convenir à tout prédicateur ou même à tout fidèle. Il y en a une autre par laquelle on enseigne les éléments de la foi et la manière dont on doit se conduire en recevant les sacrements. Celle-ci appartient secondairement aux ministres et principalement aux prêtres. Une troisième espèce d’instruction a pour objet la conduite que l’on doit tenir pour vivre chrétiennement ; elle appartient aux parrains. Enfin il y a un quatrième genre d’instruction qui porte sur les mystères profonds de la foi et sur la perfection de la vie chrétienne. Elle appartient de droit aux évêques.

 

           Mais c’est le contraire. Le pape Nicolas Ier dit (hab., inter ejus Decret., tit. 16, et chap. 57 De consecrat., dist. 4) : Les prêtres de chaque église peuvent faire le catéchisme à ceux qui doivent être baptisés. D’où saint Grégoire dit (Sup. Evang., hom. 29) ; Quand les prêtres par la grâce de l’exorcisme imposent les mains à ceux qui croient, que font-ils autre chose que de chasser les démons ?

 

            Conclusion Le devoir du prêtre est d’instruire dans la foi ceux qui doivent être baptisés.

            Il faut répondre que le ministre est au prêtre, ce qu’un agent secondaire et instrumental est à l’agent principal, comme le mot de ministre l’indique. Or, un agent secondaire n’agit pas sans l’agent principal, mais il coopère avec cet agent dans ses opérations. Or, plus l’opération est élevée et plus l’agent principal a besoin d’instruments ou de ministres excellents. Et, comme l’opération du prêtre qui confère le sacrement l’emporte sur celle qui a pour objet ses préparatifs, il s’ensuit que ce sont les ministres supérieurs, auxquels on donne le nom de diacres, qui coopèrent avec le prêtre dans la collation des sacrements. Car saint Isidore dit (loc. cit. in arg. 2) qu’il appartient au diacre d’assister les prêtres et de les servir pour tout ce que l’on fait dans les sacrements du Christ, par exemple, pour le baptême, le saint chrême, la patène et le calice. Mais ce sont les ministres inférieurs qui coopèrent avec les prêtres pour les choses qui sont une préparation au sacrement : ainsi les lecteurs l’aident pour le catéchisme, et les exorcistes pour l’exorcisme.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.

 

 

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