Saint Thomas d’Aquin
- Somme Théologique
3a = Tertia
Pars = 3ème partie
Question
75 : De la conversion du pain et du vin au corps et au sang du Christ
Nous devons maintenant nous occuper de la conversion du pain et du vin
au corps et au sang du Christ. — A cet égard huit questions se présentent : 1°
Le corps du Christ est-il véritablement dans l’eucharistie ou s’il y est
seulement en figure ou comme dans un signe ? (Il est de foi que le Christ est
véritablement tout entier dans l’eucharistie. L’Ecriture, les Pères, les
conciles et toute la tradition le proclament, et le concile de Trente l’a ainsi
défini (sess. 13, can. 1) : Si quis negaverit in sanctissima ! eucharistiae sacramento contineri vere, realiter et substantialiter,
corpus et sanguinem, una
cum anima, et divinitate Domini
nostri Jesu Christi, ac proindi totum
Christum, sed dixerit tantummodà esse in eo, ut in signo, vel figura, aut virtute ; anathema sit.) — 2° La substance du pain et du vin
subsiste-t-elle après la consécration dans ce sacrement ? (Wiclef
a prétendu que la substance matérielle du pain et du vin restait
dans le sacrement de l’autel. Lutber et Carlostad ont été du même sentiment. Au XIe et
au XIIe siècle on trouve aussi quelques auteurs particuliers qui ont
avancé cette erreur, qui a d’ailleurs été condamnée expressément dans les
conciles tenus par saint Grégoire VII, par le concile général de Latran, sous
Innocent III, par le concile de Constance, par le concile de Florence et par le
concile de Trente.) — 3° La substance du pain ou du vin est-elle anéantie après
la consécration, ou si elle se résout en son ancienne matière ? (Cet article
est la conséquence de celui qui précède. Car, du moment qu’il y a
transsubstantiation il y a conversion d’une substance en une autre, et, par
conséquent, il n’y a pas annihilation, puisque l’annihilation a pour terme le
néant, tandis que la transsubstantiation a ici pour terme le corps du Christ.) —
4° Le pain peut-il être changé au corps du Christ ? (Cet article est encore une
conséquence des précédents, comme saint Thomas le fait observer. Il est une
réfutation directe des hérétiques qui, tout en admettant la présence réelle,
n’admettent pas la transsubstantiation.) — 5° Dans l’eucharistie après la
conversion les accidents du pain et du vin subsistent-ils ? (Il est certain que
les accidents du pain et du vin restent : Manentibus duntaxat speciebus
panis et vini, dit le
concile de Trente, mais comment existent-ils ? c’est ce que saint Thomas
examine (quest. 77).) — 6° Après la consécration, la forme substantielle du
pain est-elle dans le sacrement ? (Il est de foi que ni la matière ni la forme
substantielle du pain ne restent dans ce mystère. Car le concile de Trente
lance l’anathème contre quiconque niera conversionem totius substantiæ panis in corpus, et totius substantiæ vini in sanguinem, manentibus duntaxat speciebus.) — 7°
Cette conversion se fait-elle instantanément ? — 8° Est-il faux de dire : que
du pain (ex pane) se fait le corps du
Christ ? (Cet article a pour objet de déterminer de quelle manière on doit
s’exprimer quand on veut parler d’une manière orthodoxe de l’eucharistie.)
Article 1 : Le
corps du Christ existe-t-il véritablement dans l’eucharistie ?
Objection N°1. Il semble que le corps du Christ n’existe
pas véritablement dans l’eucharistie, mais qu’il n’y existe qu’en figure ou
comme dans un signe. Car l’Evangile rapporte (Jean, 6, 54)
que quand le Seigneur eut dit : Si vous
ne mangez le corps du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang,
beaucoup de ses disciples s’écrièrent après l’avoir entendu : Cette parole est dure, et il leur
répondit : C’est l’esprit qui vivifie, la
chair ne sert de rien, comme s’il eût dit d’après l’explication de saint
Augustin (sup. Ps. 98) :
Comprenez spirituellement ce que je vous ai dit ; vous ne mangerez pas ce corps
que vous voyez et vous ne boirez pas le sang que doivent répandre ceux qui me
crucifieront, mais c’est le sacrement que je vous ai recommandé qui, étant
compris spirituellement, vous vivifiera, tandis que la chair ne sert de rien.
Réponse à
l’objection N°1 : Ce passage a été une occasion d’erreur pour les hérétiques
qui ont mal compris les paroles de saint Augustin. Car quand ce docteur dit (loc. cit.) : Vous ne mangerez pas ce
corps que vous voyez, il n’a pas l’intention de nier la vérité du corps du
Christ, mais il veut seulement dire qu’on ne devait pas le manger dans l’état
où on le voyait. Et quand il ajoute : Le sacrement que je vous ai recommandé
étant compris spirituellement vous vivifiera, il ne veut pas dire que le corps
du Christ n’est dans l’eucharistie que selon sa signification mystique, mais il
dit qu’il y est spirituellement, c’est-à-dire invisiblement et par la vertu de
l’Esprit-Saint. Aussi, en expliquant ces paroles (Tract. 27 in Joan.) : La
chair ne sert de rien, il dit : Comment ont-ils compris ? Ils ont cru qu’il
s’agissait de la chair telle qu’on la prendrait sur un cadavre ou qu’on la voit
dans une boucherie, mais non la chair telle que l’esprit l’anime. Que l’esprit
s’ajoute à la chair, et alors elle est très utile ; car si la chair ne servait de
rien, le verbe ne se serait pas fait chair pour habiter parmi nous.
Objection
N°2. Le Seigneur dit (Matth., 28, 20) : Voilà que je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la consommation des siècles ; ce que saint Augustin explique encore
en disant (Tract. 30 in Joan.) :
Jusqu’à la fin des siècles le Seigneur est au ciel, mais cependant sa vérité
est avec nous. Car le corps dans lequel il est ressuscité doit être dans un
seul lieu, tandis que sa vérité est répandue partout. Le corps du Christ n’est
donc pas véritablement dans l’eucharistie, il n’y est que comme dans le signe
qui le représente.
Réponse
à l’objection N°2 : Cette
parole de saint Augustin et toutes les autres semblables doivent s’entendre du
corps du Christ considéré dans sa propre espèce, dans le sens que le Seigneur
comprenait lui-même quand il disait (Matth., 26, 11)
: Vous ne m’aurez pas toujours avec vous.
Mais il est invisiblement sous les espèces eucharistiques partout où l’on
consacre ce sacrement.
Réponse à l’objection N°3 : Le corps du Christ n’est pas
dans l’eucharistie, comme un corps est dans un lieu lorsqu’il est mesuré par
lui avec ses dimensions, mais il y est d’une manière spéciale qui est propre à
ce sacrement (Le mode sacramentel consiste en ce qu’il est là d’une manière qui
n’est ni sensible, ni passible, ni mobile par elle-même ; il y est d’une
manière indivisible, substantielle, surnaturelle, de telle sorte qu’il est tout
entier dans toute l’hostie et dans chaque partie de l’hostie, à la façon des
substances spirituelles.). Ainsi nous disons que le corps du Christ est dans
divers autels, non comme en des lieux divers, mais comme dans un sacrement, et
par là nous ne comprenons pas que le Christ soit là seulement comme dans un
signe, quoique un sacrement soit du genre des signes ; mais nous comprenons que
le corps du Christ est là, ainsi que nous l’avons dit (dans le corps de cet
article.), selon le mode qui est propre à ce sacrement.
Objection N°4. Les sacrements de l’Eglise existent pour l’utilité des
fidèles. Or, d’après saint Grégoire (Hom. 28 in Evang.), l’officier du
roi est blâmé de ce qu’il cherchait la présence corporelle du Christ. Ce qui
empêchait aussi les apôtres de recevoir l’Esprit-Saint, c’est qu’ils étaient
attachés à sa présence corporelle, comme le dit saint Augustin à l’occasion de
ces paroles du Seigneur (Jean, chap. 16)
: Si je ne m’en vais, le Paraclet ne
viendra pas à vous. Le Christ n’est donc pas au sacrement de l’autel selon
sa présence corporelle.
Réponse
à l’objection N°4 : Ce
raisonnement s’appuie sur la présence du corps du Christ, selon qu’il est
présent à la manière d’un corps, c’est-à-dire selon qu’il existe sous sa forme
visible, mais non selon qu’il existe spirituellement, c’est-à-dire d’une
manière invisible et par la vertu de l’esprit. C’est ce qui fait dire à saint
Augustin (Tract. 27 in Joan.) : Si
vous avez compris spirituellement les paroles du Christ à l’égard de sa chair,
elles sont pour vous esprit et vie ; si vous les avez entendues charnellement,
elles sont encore esprit et vie, mais elles ne le sont pas pour vous.
Mais c’est le contraire. Saint Hilaire dit (De Trin., liv. 8) : Il n’y a pas lieu de douter de la vérité de la
chair et du sang du Christ ; car, maintenant, de l’aveu du Seigneur lui-même et
d’après notre foi, sa chair est véritablement notre nourriture et son sang est
véritablement notre breuvage. Et saint Ambroise ajoute (De sacr.,
liv. 6, chap. 4 ) : que comme le Seigneur Jésus-Christ est Je véritable Fils de
Dieu, de même c’est la véritable chair du Christ que nous recevons et c’est son
sang véritable que nous buvons.
Conclusion Quoique les sens ne puissent reconnaître que
le corps et le sang du Christ sont véritablement dans l’eucharistie, cependant
notre foi s’appuyant sur l’autorité divine, nous devons le croire, puisque cela
convient à la perfection de la loi nouvelle, que cela est très conforme à la
charité du Christ et tout à fait d’accord à la foi que nous avons dans son
humanité.
Il
faut répondre que ni les sens, ni l’entendement, ne peuvent reconnaître que le
corps et le sang du Christ sont véritablement dans l’eucharistie, mais nous le
savons par la foi seule qui s’appuie sur l’autorité divine. C’est pourquoi au
sujet de ces paroles (Luc, chap. 22)
: Ceci est mon corps qui sera livré pour
vous, saint Cyrille dit (hab., in cat.
div. Thom.) : Ne doutez pas de la vérité de ce qui est dit là, mais recevez
plutôt les paroles du Sauveur avec foi ; car, puisqu’il est la vérité, il ne
ment pas. Or, il est convenable qu’il en soit ainsi : 1° pour la perfection de
la loi nouvelle. Car les sacrements de l’ancienne loi ne contenaient qu’en
figure le sacrifice véritable de la passion du Christ, d’après ces paroles de
saint Paul (Héb., 10, 1) : La loi n’avait que l’ombre des biens à venir et non la vérité même des
choses. C’est pourquoi il a fallu que le sacrifice de la loi nouvelle
institué par le Christ eût quelque chose de plus, c’est-à-dire qu’il contînt le
Christ qui a souffert non seulement comme sa signification ou sa figure (C’est
ce qu’ont enseigné positivement Calvin et Socin, et ce que leurs sectaires
professent encore actuellement.), mais encore en réalité. Et c’est pour cela
que ce sacrement qui contient réellement le Christ lui-même, comme le dit saint
Denis (De eccles. hier., chap. 3), est le complément de
tous les autres dans lesquels on participe à la vertu du Christ. 2° Cela
convient à la charité du Christ qui lui a fait prendre un corps humain
véritable pour notre salut. Et parce que le propre de l’amitié est surtout de
vivre avec ses amis, selon la remarque d’Aristote (Eth., liv. 9, chap. 12, et liv. 8, chap. 5), il nous promet sa
présence corporelle comme récompense en disant (Matth., 24, 28)
: Où sera le corps, là aussi se
rassembleront les aigles. Cependant en attendant il ne nous a pas privés de
sa présence corporelle pendant ce pèlerinage, mais il s’est uni à nous dans
l’eucharistie par son corps et son sang véritable. D’où il dit (Jean, 6, 57)
: Celui qui mange ma chair et boit mon
sang demeure en moi et moi en lui. Ce sacrement est donc le signe de la
charité la plus grande, et il excite notre espérance par suite de l’union
intime et familière qu’il établit entre nous et le Christ. 3° Cela convient à
la perfection de la foi qui a pour objet la divinité du Christ aussi bien que
son humanité, d’après ces paroles (Jean, 14, 4)
: Vous croyez en Dieu, croyez aussi en
moi. Et parce que la foi a pour objet ce qu’on ne voit pas, comme le Christ
nous montre sa divinité d’une manière invisible, ainsi il nous présente aussi
sa chair d’une manière invisible dans l’eucharistie. — Il y a des auteurs qui,
sans faire attention à ces considérations, ont supposé que le corps et le sang
du Christ n’étaient dans l’eucharistie que comme dans un signe, ce qui doit
être rejeté comme une hérésie, parce que cela est contraire aux paroles du
Christ. C’est pourquoi Bérenger (Dans les premiers siècles les hérétiques qui
ont nié la vérité du corps du Christ ont aussi nié indirectement sa présence
réelle dans l’eucharistie, mais Bérenger est le premier qui l’ait attaquée
directement. Il vivait au milieu du XIe siècle, et il fut condamné
au concile de Verceil par le pape Léon IX en 1033, par le concile de Tours
(1055), celui de Rouen (1063), celui de Poitiers (1073), par les conciles tenus
à Rouen par saint Grégoire VII en 1078 et 1079. Il fit sa soumission au pape
Nicolas II en 1059, mais son erreur a été renouvelée par Pierre de Bruis
(1126), par les vaudois (1176), les wicleffistes
(1312), et les réformateurs du XVIe siècle.), qui avait été le
premier auteur de cette erreur, fut ensuite contraint de la rétracter et de
confesser la vérité de la foi (ut hab., chap. Ego Berengarius, De consecrat., dist. 2).
Objection N°1. Il semble que la substance du pain et du
vin subsiste dans l’eucharistie après la consécration. Car saint Jean Damascène
dit (De orth. fid., liv. 4, chap. 14) que les hommes
ayant la coutume de manger du pain et de boire du vin, Dieu a uni à ces choses
sa divinité en en faisant son corps et son sang, de telle sorte que le pain de
la communion n’est pas un pain simple, mais un pain uni à la divinité. Or,
l’union a lieu entre des choses qui existent en acte. Le pain et le vin
existent donc simultanément dans l’eucharistie avec le corps et le sang du
Christ.
Réponse à l’objection N°1 : Dieu a uni sa divinité,
c’est-à-dire sa vertu divine au pain et au vin, non pour qu’ils restent dans
l’eucharistie, mais pour qu’ils soient changés en son corps et en son sang.
Réponse à l’objection N°2 : Le Christ n’existe pas réellement dans les autres
sacrements comme dans l’eucharistie ; c’est pourquoi la substance de la matière
reste dans les autres sacrements, tandis qu’il n’en est pas de même pour
celui-là.
Réponse à l’objection N°3 : Les espèces qui restent dans
l’eucharistie, comme nous le dirons (quest. 77, art. 3 et 4), suffisent pour la
signification de ce sacrement. Car c’est par les accidents qu’on connaît la
nature de la substance.
Mais
c’est le contraire. Saint Ambroise dit (Lib.
de sacram., liv. 4, chap. 4, et liv. 6, chap. 1) : Quoiqu’on voie la
figure du pain et du vin, cependant on doit croire qu’après la consécration il
n’y a rien autre chose que la chair et le sang du Christ.
Conclusion Puisque le corps du Christ ne peut commencer à
exister dans l’eucharistie que par la conversion de la substance du pain au
corps du Christ lui- même, on doit reconnaître que la substance du pain et du
vin ne subsiste plus dans ce sacrement.
Il
faut répondre qu’il y en a qui ont supposé qu’après la consécration la
substance du pain et du vin subsistait dans l’eucharistie. Mais
cette opinion est insoutenable. 1° Parce que dans cette hypothèse on détruit la
vérité de l’eucharistie, qui consiste en ce que ce sacrement contient
véritablement le corps du Christ qui n’était pas là avant la consécration. Or,
une chose ne peut être là où elle n’était pas auparavant que par un changement
de lieu, ou par la conversion d’une autre chose en elle-même. C’est ainsi que
dans une maison où il n’y avait pas de feu il commence à y en avoir, soit parce
qu’on y en porte, soit parce qu’on y en produit. Il est évident que le corps du
Christ ne commence pas à exister dans l’eucharistie par un mouvement local. 1°
Parce qu’il s’ensuivrait qu’il cesserait d’être au ciel. Car ce qui est mû
localement n’arrive dans un lieu qu’en quittant celui qu’il occupait
auparavant. 2° Parce que tout corps qui est mû localement passe à travers tous
les milieux, ce qu’on ne peut pas dire ici. 3° Parce qu’il est impossible que
le même mouvement du même corps mû localement ait simultanément pour termes
divers lieux. Et puisque le corps du Christ dans l’eucharistie commence à être
simultanément en plusieurs lieux, il faut qu’il ne puisse commencer à être dans
ce sacrement que par le changement de la substance du pain en lui-même. Et
comme ce qui se change en quelque chose ne subsiste plus, après que la
conversion est faite, il s’ensuit que la substance du pain ne pourrait
subsister après la consécration, sans compromettre la vérité du sacrement. — 2°
Parce que cette hypothèse est contraire à la forme du sacrement dans laquelle
on dit : Ceci est mon corps, ce qui
ne serait pas vrai, si la substance du pain restait ; car la substance du pain
n’est jamais le corps du Christ : mais on devrait plutôt dire : Celui-ci est
mon corps (Hic est corpus meum). — 3° Parce qu’il serait contraire au respect du
sacrement, s’il y avait là une substance créée qu’on ne pût adorer de
l’adoration de latrie. — 4° Cette opinion est contraire au rite de l’Eglise
d’après lequel il n’est pas permis de recevoir le corps du Christ après avoir
pris une nourriture corporelle, quoique cependant il soit permis de prendre une
seconde hostie consacrée après qu’on en a pris une première. On doit donc
rejeter ce sentiment comme hérétique (Le concile de Trente condamne cette
hérésie en ces termes (sess. 13, can. 2) : Si
quis dixerit in sacrosancto Eucharistiæ sacramento, remanere substantiam panis et vini unà cum corpore
et sanguine Domini nostri Jesu Christi, negaveritque mirabilem illam et singularem conversionem totius substantiæ panis in corpus et totius substantiæ vini in sanguinem, manentibus duntaxat speciebus panis et vini, quam quidem conversionem catholica Ecclesia aptissimè transsubstantiationem appellat ; anathema sit.).
Article 3 : La
substance du pain ou du vin est-elle anéantie après la consécration ?
Objection N°1. Il semble que la substance du pain soit
anéantie après la consécration ou qu’elle soit réduite en son ancienne matière.
Car ce qui est corporel doit être quelque part. Or, la substance du pain qui
est une chose corporelle ne subsiste pas dans l’eucharistie, comme nous l’avons
dit (art. préc.), et on ne peut pas assigner un lieu
où elle soit. Elle n’est donc pas quelque chose après la consécration et par
conséquent elle n’a pas été anéantie, ou bien elle a été réduite à une matière
antérieure.
Réponse à l’objection N°1 : La substance du pain et du
vin, après la consécration, ne subsiste ni sous les espèces du sacrement, ni
ailleurs ; mais il ne s’ensuit cependant pas qu’elle soit anéantie ; car elle
est convertie au corps du Christ : comme il ne s’ensuit pas que l’air dont le
feu a été engendré soit anéanti, parce qu’il n’est ni là, ni ailleurs.
Objection N°2. Ce qui est le terme à
quo dans un changement ne subsiste que dans la puissance de la matière ;
comme quand de l’air on fait du feu, la forme de l’air ne subsiste que dans la
puissance de la matière, et il en est de même quand du blanc on fait du noir.
Or, dans l’eucharistie la substance du pain ou du vin est comme le terme à quo, tandis que le corps ou le sang du
Christ est comme le terme ad quem.
Car saint Ambroise dit (hab., Lib. de initiand., chap. 9) : Avant la consécration c’est l’espèce qui est
désignée, et après c’est le corps du Christ qui est signifié. Par conséquent,
après la consécration la substance du pain et du vin ne subsiste
qu’autant qu’elle s’est résolue en sa matière.
Réponse à l’objection N°2 : La forme qui est le terme à quo ne se convertit pas en une autre forme, mais une forme
succède à une autre dans le sujet. C’est pourquoi la forme première ne subsiste
que dans la puissance de la matière. Mais ici la substance du pain est
convertie au corps du Christ, comme nous l’avons dit (dans le corps de cet
article et art. préc.). Par conséquent cette raison
n’est pas concluante.
Réponse à l’objection N°3 : Quoique après la consécration il soit
faux de dire : La substance du pain est
quelque chose ; cependant ce en quoi la substance du pain a été changée est
quelque chose, et c’est pour cela que la substance du pain n’a pas été anéantie
(Loin d’avoir été anéantie, elle est même devenue quelque chose de plus réel,
puisque le corps du Christ l’emporte sur le pain, et le sang du Christ sur le
vin. Toutefois nous observerons que sur le mode dont s’opère la
transsubstantiation il n’y a rien de défini, et que les opinions contraires
sont libres.).
Mais
c’est le contraire. Saint Augustin dit (Quæst., liv. 83, quest. 21) : Dieu n’est pas une cause qui tend
au néant. Or, ce sacrement est produit par sa vertu divine. La substance du
pain et du vin n’est donc pas anéantie dans ce
sacrement.
Conclusion Puisque le corps du Christ commence à exister
dans l’eucharistie par conversion et non d’une autre manière, après la
consécration la substance du pain ou du vin ne se résout pas dans une matière
qui existe préalablement et elle n’est pas anéantie, mais elle est convertie au
corps véritable du Christ.
Il
faut répondre que parce que la substance du pain ou du vin ne reste pas dans
l’eucharistie, il y en a qui croyant impossible que la substance du pain ou du
vin se change au corps ou au sang du Christ, ont supposé que la substance du
pain ou du vin était par la consécration réduite en une matière préexistante ou
qu’elle était anéantie. Or, la matière préexistante dans laquelle les corps
mixtes peuvent se résoudre comprend les quatre éléments. Car elle ne peut se
résoudre dans la matière première de telle sorte qu’elle existe sans forme,
parce qu’une matière particulière ne peut exister sans une forme. Mais
puisqu’après la consécration il ne reste rien sous les espèces du sacrement que
le corps et le sang du Christ, il faudrait dire que les éléments dans lesquels
la substance du pain et du vin a été résolue s’écartent de là par un mouvement
local ; ce qui serait perçu par les sens. De plus la substance du pain et du
vin subsiste jusqu’au dernier instant de la consécration. Et dans ce dernier
instant de la consécration la substance du corps ou du sang du Christ est déjà
là, comme dans le dernier instant de la génération la forme existe déjà. Par
conséquent on ne peut pas indiquer un instant où la matière préexistante se trouverait
là. Car on ne peut pas dire que la substance du pain ou du vin se résout peu à
peu en cette matière préexistante ou qu’elle sort successivement du lieu des
espèces : parce que si cela commençait à se faire au dernier instant de la
consécration, le corps du Christ serait simultanément avec la substance du pain
sous quelque partie de l’hostie, ce qui est contraire à ce que nous avons dit
précédemment (dans cet article et art. préc.). D’un autre côté, si on
suppose que cela commence à se faire avant la consécration, il y aurait un
temps où sous une partie de l’hostie il n’y aurait ni la substance du pain, ni
le corps du Christ, ce qui répugne, et c’est ce que les auteurs de ce sentiment
paraissent eux-mêmes avoir compris. C’est pourquoi ils ont fait une disjonction
en disant ou qu’elle était anéantie ou qu’elle se résolvait en une matière
préexistante. Mais il ne peut en être ainsi : parce qu’on ne peut assigner un
mode par lequel le corps du Christ commence à être véritablement dans ce
sacrement, sinon par la conversion de la substance du pain au corps lui-même,
et cette conversion est détruite du moment que l’on suppose que la substance du
pain est anéantie ou qu’elle se résout dans une matière préexistante. On ne
peut pas non plus dire ce qui produit dans l’eucharistie cette résolution ou
cet anéantissement, puisque l’effet d’un sacrement est signifié par sa forme,
et que dans ces paroles de la forme de l’eucharistie : Ceci est mon corps, il n’y a rien qui signifie l’une ou l’autre de
ces deux choses. D’où il est évident que cette opinion est fausse (Les
théologiens observent qu’il faut quatre conditions pour qu’il y ait
véritablement conversion, et ces quatre conditions se rencontrent ici : il faut
1° que le terme à quo et le terme ad quem soient quelque chose de positif
; ce qui a lieu, puisque le terme à quo
est la substance du pain, et le terme ad
quem le corps du Christ ; 2° que le ternie à quo cesse d’être, et que le terme ad quem commence, ce qui a encore lieu évidemment ; 3° qu’il n’y
ait pas concomitance, mais qu’il y ait simplement connexion entre la cessation
de l’un et le commencement de l’autre ; 4° qu’il y ait quelque chose de commun
à ces deux termes, ce qui se trouve dans les accidents.).
Article 4 : Le
pain peut-il être changé au corps du Christ ?
Objection N°1. Il semble que le pain ne puisse pas être
converti au corps du Christ. En effet la conversion est un changement. Or, dans
tout changement il faut qu’il y ait un sujet qui soit auparavant en puissance
et ensuite en acte. Car, comme le dit Aristote (Phys., liv. 3, text. 6), le mouvement est
l’acte de ce qui existe en puissance. Mais on ne peut attribuer un sujet à la
substance du pain et du corps du Christ, parce qu’il est de l’essence de la
substance qu’elle n’existe pas dans un sujet, comme on le voit (in Prædic., chap. De substantia). Il ne peut donc pas se
faire que toute la substance du pain soit convertie au corps du Christ.
Réponse à l’objection N°1 : Cette objection repose sur le
changement formel, parce que le propre de la forme est d’être dans la matière
ou le sujet ; mais elle n’est pas applicable à la conversion de toute la
substance. Par conséquent, puisque cette conversion substantielle implique un
certain ordre de substances, dont l’une est convertie dans l’autre, elle est
dans l’une et l’autre comme dans son sujet, à la façon de l’ordre et du nombre
(Comme l’ordre est dans les choses qui sont ordonnées et le nombre dans les
choses qui sont calculées.).
Réponse à l’objection N°2 : Cette objection repose sur la conversion formelle ou le
changement, parce qu’il faut, comme nous l’avons dit (dans le corps de
l’article et art. préc.), que la forme soit dans la
matière ou le sujet. Mais elle n’est pas applicable à la conversion de la
substance entière, qui n’a pas besoin d’un sujet (Puisque c’est un sujet
lui-même qui est converti en un autre.).
Objection N°3. Quand les choses sont absolument différentes, l’une ne
devient jamais l’autre, comme la blancheur ne devient jamais la noirceur, mais
le sujet de la blancheur devient le sujet de la noirceur, comme le dit Aristote
(Phys,. liv. 1, text. 43). Or, comme deux formes contraires sont diverses
absolument, selon qu’elles sont les principes d’une différence formelle, de
même deux matières sont considérées comme diverses par elles-mêmes, selon
qu’elles sont les principes d’une distinction matérielle. Il ne peut donc se
faire que la matière du pain devienne la matière par laquelle le corps du
Christ est individualisé. Et par conséquent il ne peut pas se faire que la
substance de ce pain soit convertie en la substance du corps du Christ.
Réponse à l’objection N°3 : La forme ne peut pas être changée en
forme, ni la matière en matière par la vertu d’un agent fini. Mais cette
conversion peut être opérée par la vertu de l’agent infini qui a action sur
tout l’être, parce que la nature de l’être est commune à l’une et à l’autre
forme, à l’une et à l’autre matière, et que l’auteur de l’être peut convertir
ce qui appartient à l’entité dans l’une en ce qui appartient à l’entité dans
l’autre, en ôtant ce qui l’en distinguait.
Mais
c’est le contraire. Eusèbe d’Emèse dit (Hom. 5 de Pascha) : Ce ne doit
pas être pour vous une chose nouvelle et impossible que les choses terrestres
et mortelles se convertissent en la substance du Christ.
Conclusion Puisque le véritable corps du Christ ne
commence pas à être dans l’eucharistie par un changement de lieu, il est
nécessaire qu’il y soit par la conversion du pain et du vin au corps lui-même,
et puisque cette conversion n’est pas semblable aux conversions naturelles,
mais qu’elle est absolument surnaturelle, produite par la seule vertu de Dieu,
on peut avec raison la désigner sous le nom particulier de transsubstantiation.
Il
faut répondre que, comme nous l’avons dit (art. 1), puisque le corps du Christ
est véritablement dans l’eucharistie, puisqu’il ne commence pas à y être par un
mouvement local, et qu’il n’est pas là comme dans un lieu, ainsi qu’on le voit
d’après ce que nous avons dit (art. 2), il est nécessaire de dire qu’il
commence à y être par la conversion de la substance du pain en lui-même. — Mais
cette conversion n’est pas semblable aux conversions naturelles ; elle est
absolument surnaturelle et produite par la seule vertu de Dieu. D’où saint
Ambroise dit (hab., Lib. de init., chap. 9) : Il est évident qu’une Vierge l’a engendré en
dehors des lois de la nature, et ce corps que nous consacrons est celui qui est
né d’une Vierge. Pourquoi donc cherchez vous l’ordre de la nature dans le corps
du Christ, puisque Jésus Notre-Seigneur est né d’une Vierge en dehors de la
nature. Et sur ces mots (Jean, chap. 6)
: Les paroles que je vous dis,
c’est-à-dire au sujet de ce sacrement, sont
esprit et vie, saint Chrysostome dit (Hom. 46 in Joan.) : que ce sont des choses spirituelles qui n’ont rien
de charnel et qui ne résultent pas de la nature, mais qui échappent à toutes
les nécessités d’ici-bas et à toutes les lois qui y sont établies. Car il est
évident que tout agent agit en tant qu’il est en acte. Or, tout agent créé est
déterminé dans son acte puisqu’il appartient à un genre et à une espèce
déterminée. C’est pourquoi l’action de tout agent créé se porte sur un acte
déterminé. D’autre part la détermination de chaque chose dans son être actuel
est produite par sa forme. Par conséquent aucun agent naturel ou créé ne peut
agir que par rapport à un changement de forme. C’est pour cela que toute
conversion qui se fait selon les lois de la nature est formelle. Or, Dieu est
un acte infini, comme nous l’avons vu (1a pars, quest. 7, art. 4, et
quest. 25, art. 2), par conséquent son action s’étend à toute la nature de
l’être. Il peut donc non-seulement faire une conversion formelle, de manière
que différentes formes se succèdent dans le même sujet ; mais il peut encore
faire la conversion de tout l’être, de manière que toute la substance de
celui-ci soit convertie en toute la substance de celui-là. Et c’est ce qui est
produit par la vertu divine dans l’eucharistie. Car toute la substance du pain
est convertie en toute la substance du corps du Christ, et toute la substance
du vin en toute la substance du sang du Christ (Ce sont les expressions mêmes
du concile de Trente. Voy. art.
2, à la fin du corps de l’article.). Cette conversion n’est donc pas formelle,
mais substantielle. Elle n’est pas comprise parmi les espèces du mouvement
naturel, mais on peut proprement lui donner le nom de transsubstantiation.
Article 5 : Dans l’eucharistie les accidents du pain et du vin subsistent-ils après la
conversion ?
Objection N°1. Il semble que les accidents du pain et du
vin ne subsistent pas dans l’eucharistie. Car en ôtant ce qui est avant, on
écarte aussi ce qui est après. Or, la substance est naturellement avant
l’accident, comme le prouve Aristote (Met.,
liv. 7, text. 4). Par conséquent, puisque après la
consécration la substance du pain ne subsiste plus dans ce sacrement, il semble
que ses accidents ne puissent pas subsister non plus.
Réponse à l’objection N°1 : Comme on le voit dans le
livre des Causes (prop.
4), les effets dépendent plus de la cause première que de la cause seconde. Et
c’est pour cela que par la vertu de Dieu, qui est la cause première de toutes
choses, il peut se faire que les choses postérieures subsistent, quand les
premières sont enlevées.
Réponse à l’objection N°2 : Dans l’eucharistie il n’y a rien qui trompe. Car les
accidents dont les sens jugent y sont véritablement, et l’intellect dont la
substance est l’objet propre, selon l’expression d’Aristote (De anima, liv. 3, text.
29), est préservé de toute erreur par la foi.
Réponse à l’objection N°4 : Cette conversion
n’a proprement pas de sujet, comme nous l’avons dit (art. préc., Réponse N°1 et 2). Mais
cependant les accidents qui subsistent ressemblent d’une certaine manière à un
sujet.
Mais
c’est le contraire. Saint Augustin, ou plutôt saint Prosper, dit (Lib. Sent. August., et hab., De consecrat., chap. 41, dist. 2) : Sous l’espèce du pain et du vin que
nous voyons, nous adorons des choses que nous ne voyons pas, c’est-à-dire la
chair et le sang.
Conclusion Le Christ a voulu que les fidèles reçussent
son corps et son sang dans l’eucharistie, sous les espèces du pain et du vin,
pour augmenter le mérite de la foi, pour enlever aux incrédules tout prétexte
de raillerie, et pour éloigner l’horreur que les hommes éprouvent ordinairement
a la pensée démanger de la chair humaine.
Il
faut répondre qu’il semble aux sens, après la consécration, que tous les
accidents du pain et du vin subsistent. Ce que la divine
providence veut avec beaucoup de raison : 1° parce que les hommes n’ont pas
coutume de manger la chair de l’homme et de boire son sang, et que cela leur
inspire de l’horreur. C’est pourquoi elle nous a donné à manger la chair et le
sang du Christ sous les espèces des choses dont nous faisons le plus souvent
usage, c’est-à-dire sous les espèces du pain et du vin. 2° Pour que ce
sacrement ne fût pas pour les incrédules un objet de raillerie, si nous
mangions Notre-Seigneur sous son espèce propre. 3° Afin qu’en recevant
invisiblement le corps et le sang de Notre-Seigneur, cet acte ajoute au mérite
de notre foi.
La réponse à la troisième objection est par
là même évidente. Car la foi n’est pas contraire aux sens, mais elle a pour
objet une chose à laquelle les sens ne peuvent s’élever.
Objection N°1. Il semble qu’après la consécration la
forme substantielle du pain subsiste dans l’eucharistie. Car nous avons dit
(art. préc.) qu’après la consécration les accidents
subsistent. Or, puisque le pain estime chose artificielle, sa forme est aussi
un accident. Par conséquent elle subsiste après la consécration.
Réponse à l’objection N°1 : Rien n’empêche qu’on ne fasse
par l’art une chose dont la forme ne soit pas un accident, mais qui soit
substantielle. C’est ainsi que par l’art on peut produire des grenouilles et
des serpents. Car l’art ne produit pas cette forme par sa vertu propre, mais
par la vertu des principes naturels. C’est ainsi qu’il produit la forme
substantielle du pain, par la vertu du feu qui fait cuire la matière composée
de farine et d’eau.
Objection N°2. La forme du corps du Christ est l’âme. Car Aristote dit (De anima, liv. 2, text. 4 et 6) que l’âme est
l’acte d’un corps physique qui a la vie en puissance (C’est-à-dire qui peut
vivre, qui peut devenir vivant, qui peut recevoir la vie.). Or, on ne peut pas
dire que la forme substantielle du pain soit convertie en l’âme. Il semble donc
qu’elle subsiste après la consécration.
Réponse à l’objection N°2 : L’âme est la forme du corps, lui donnant tout ce qui
constitue la perfection de son être, c’est-à-dire son existence, son être
corporel, et son être animé, et ainsi du reste. La forme du pain est donc
convertie en la forme du corps du Christ (Saint Thomas n’a pas voulu supposer
par là qu’il y a deux conversions, l’une de la matière dans la matière, et
l’autre de la forme dans la forme. Car il dit lui-même que toute la substance
se convertit en une autre substance par une conversion unique : In sacramento altaris non est quœrendum seorsùm de forma aut materia, in quid convertatur, sed totus panis
convertitur in totum corpus
Christi (Quodl. 5, art. 2).), selon que celle-ci lui
donne l’être corporel, mais non selon qu’elle donne l’être animé à son âme.
Réponse à l’objection N°3 : Parmi les opérations du pain il y en a qui
en résultent en raison des accidents, comme celles qui agissent sur les sens.
Ces opérations se trouvent dans les espèces du pain après la consécration à
cause des accidents eux-mêmes qui subsistent : il y en a d’autres qui résultent
du pain, soit en raison de sa matière, comme ce qui fait qu’il est converti en
quelque chose ; soit en raison de sa forme substantielle, et telle est
l’opération qui résulte de son espèce et qui consiste, par exemple, en ce qu’il
fortifie le cœur de l’homme. Ces opérations se trouvent aussi dans
l’eucharistie, non à cause de la forme ou de la matière qui subsiste (Puisque
dans la réalité la forme et la matière du pain ne subsistent plus.), mais parce
que Dieu les confère aux accidents par miracle, comme nous le dirons (quest.
77, art. 3, 5 et 6).
Conclusion Puisque toute la substance du pain est
convertie en toute la substance du corps du Christ, il est évident que la forme
substantielle du pain ne subsiste plus dans l’eucharistie après la
consécration.
Il
faut répondre qu’il y en a qui ont supposé qu’après la consécration, non seulement
les accidents du pain subsistent, mais encore sa forme substantielle. Mais il
ne peut en être ainsi : 1° Parce que si la forme substantielle du pain
subsistait, il n’y aurait rien du pain que la matière qui serait convertie au
corps du Christ, et par conséquent il s’ensuivrait qu’il ne serait pas converti
au corps du Christ tout entier, mais en sa matière (Il n’y aurait pas
conversion totale d’une substance en une autre, ce qui est contraire à la
forme.) ; ce qui répugne à la forme du sacrement, par laquelle on dit : Ceci est mon corps. 2° Parce que si la
forme substantielle du pain existait, elle subsisterait ou dans la matière ou
séparée de la matière. La première chose est impossible, parce que si elle
subsistait dans la matière du pain, alors toute la substance du pain resterait,
ce qui est contraire à ce que nous avons dit (art. 2). Elle ne pourrait pas non
plus subsister dans une autre matière ; parce que la forme propre n’existe que
dans la matière qui lui est propre ; et si elle subsistait séparée de la
matière (Elle ne pourrait subsister ainsi sans miracle, et saint Thomas n’admet
pas que l’on multiplie les miracles sans raison : Non rationabiliter videtur dici
quodmiraculosè aliquid accidat in hoc sacramento, dit-il, nisi ex consecratione (quæst. 77, art. 5).), alors elle serait une forme
intelligible en acte et intelligente ; car toutes les formes séparées de la
matière ont ce caractère. 3° Cette hypothèse répugnerait au sacrement ; car les
accidents du pain subsistent dans l’eucharistie (On ne voit pas à quoi
servirait cette forme, et, par conséquent, elle serait donc inutile.) pour
qu’on voie le corps du Christ sous leur apparence et non sous son espèce
propre, comme nous l’avons dit (art. préc.). On doit
donc dire que la forme substantielle du pain ne subsiste plus.
Article 7 : La
conversion du pain au corps de Jésus-Christ se fait-elle en un instant ?
Objection N°1. Il semble que cette conversion ne se fasse
pas instantanément, mais qu’elle soit successive. Car dans cette conversion la
substance du pain existe avant et la substance du corps du Christ après. L’une
et l’autre n’existent donc pas dans le même instant, mais en deux instants. Or,
entre deux instants quels qu’ils soient il y a un temps intermédiaire. Par
conséquent, il faut que cette conversion s’opère dans la succession du temps
qui s’écoule entre le dernier instant où il y a du pain, et le premier instant
où le corps du Christ existe.
Réponse à l’objection N°1 : Il y en a qui
n’accordent pas absolument qu’entre des instants quels qu’ils soient il y ait
un temps intermédiaire. Car ils disent que cela a lieu entre deux instants qui
se rapportent au même mouvement et non entre deux instants qui se rapportent à
des choses diverses ; et qu’ainsi entre l’instant qui mesure la fin du repos et
l’instant qui mesure le commencement du mouvement, il n’y a pas de temps
intermédiaire. Mais ils se trompent à cet égard, parce que l’unité de temps et
d’instant ou leur pluralité ne se considère pas d’après toute espèce de
mouvements, mais d’après le premier mouvement du ciel, qui est la mesure de
tout mouvement et de tout repos. — C’est pourquoi d’autres accordent ce
principe pour le temps qui mesure un mouvement dépendant du mouvement du ciel ;
mais il y a des mouvements qui ne dépendent pas du mouvement du ciel et qui ne
sont pas mesurés par lui, comme nous l’avons dit (1a pars, quest.
53, art. 3) au sujet des mouvements des anges. Par conséquent entre deux
instants qui répondent à ces mouvements il n’y a pas de temps intermédiaire.
Mais cette distinction n’est pas ici applicable ; parce que, quoique cette
conversion considérée en elle-même ne se rapporte pas au mouvement du ciel, cependant
elle résulte de la prononciation des paroles qui est nécessairement mesurée par
le mouvement du ciel. C’est pourquoi il est nécessaire qu’entre deux instants
quelconques on assigne à l’égard de cette conversion un temps intermédiaire. —
D’autres disent qu’il y a un dernier instant où le pain existe et un premier
instant où c’est le corps du Christ : ces instants sont deux par rapport aux
choses mesurées, mais ils ne sont qu’un par rapport au temps qui les mesure ;
comme quand deux lignes se touchent, il y a deux points par rapport aux deux
lignes, et il n’y en a qu’un par rapport au lieu qui les contient. Mais il n’y
a pas de parité, parce que l’instant et le temps ne sont pas une mesure
intrinsèque (D’après la théorie péripatéticienne tout mouvement particulier a
pour mesure unique le mouvement du premier mobile, qui s’accomplit en 24
heures, et cette mesure est, en effet, quelque chose d’extrinsèque par rapport
à tous les mouvements particuliers.) pour les mouvements particuliers, comme la
ligne et le point pour les corps, mais ils ne sont qu’une mesure extrinsèque
comme le lieu pour les corps. — C’est pour cela que d’autres disent que
l’instant est le même en réalité, mais qu’il diffère rationnellement. Mais il
résulterait que des choses opposées existeraient simultanément dans la réalité,
car la diversité de raison ne change rien du côté de la chose. — Il faut
donc répondre que, comme nous l’avons dit (dans le corps de cet article.),
cette conversion est produite par les paroles du Christ que le prêtre prononce,
de telle sorte que le dernier instant où ces paroles sont prononcées, est le
premier instant où le corps du Christ existe dans le sacrement. Pendant tout le
temps antérieur la substance du pain est là ; et il n’est pas nécessaire
d’admettre un instant qui précède le dernier de la manière la plus prochaine ;
parce que le temps ne se compose pas d’instants qui se suivent (La théorie
d’Aristote sur la durée, et qui est celle de saint Thomas, est très subtile.
Ils n’admettent pas une succession d’instants pour constituer le temps. Ils
regardent les instants comme ce qu’il y a d’indivisible dans le temps, de même
que les points sont ce qu’il y a d’indivisible dans la ligne. Saint Thomas
explique le temps par la variabilité de l’instant, qui, quoique unique sous le
rapport de l’entité, varie selon le mode, en tant qu’il est ici et là.), comme
le prouve Aristote (Phys., liv. 6).
C’est pourquoi, supposer un premier instant dans lequel le corps du Christ
existe (C’est le même instant, qui est le dernier où le pain cesse d’exister,
et le premier où le corps du Christ commence à être.), ce n’est pas admettre un
dernier instant dans lequel existe la substance du pain ; mais c’est admettre
un dernier temps (On voit d’après l’explication que nous avons donné la
différence qu’il y a entre le temps et l’instant dans la théorie
péripatéticienne. L’instant est indivisible, le temps ne l’est pas.). Et il en
est de même pour les changements naturels, comme on le voit par ce que dit le
Philosophe (Phys., liv. 8, text. 72).
Réponse à l’objection N°2 : Dans les changements instantanés le faire et la chose faite
existent simultanément : comme être illuminé et l’avoir été sont des choses
simultanées. Car dans ce cas on dit que la chose a été faite selon qu’elle
existe déjà ; et on dit qu’elle se fait, selon qu’auparavant elle n’existait
pas.
Objection N°3. Saint Ambroise dit (De
sacramentis, liv. 4, chap. 4) que ce
sacrement est produit par la parole du Christ. Or, la parole du Christ est
produite successivement. Cette conversion se fait donc ainsi.
Réponse à l’objection N°3 : Cette conversion, comme nous l’avons dit
(Réponse N°1), a lieu dans le dernier instant où les paroles sont prononcées.
Car alors le sens des paroles qui rend la force des sacrements efficace est
complet ; et c’est pour ce motif qu’il ne s’ensuit pas que cette conversion
soit successive.
Conclusion Puisque cette conversion est produite par la
vertu divine, et que la substance du corps du Christ qu’elle a pour terme n’est
susceptible ni de plus, ni de moins, et que dans cette conversion il n’y a
aucun sujet qui ait besoin d’une préparation successive, on doit reconnaître
qu’elle se fait instantanément.
Il
faut répondre qu’un changement est instantané pour une triple raison. 1° Par
rapport à la forme qui est le terme du changement. Car, si c’est une forme qui
soit susceptible de plus et de moins, le sujet l’acquiert successivement, comme
la santé. C’est pourquoi, la forme substantielle n’étant susceptible ni de
plus, ni de moins, il en résulte qu’elle est subitement introduite dans la
matière. 2° Par rapport au sujet qui est quelquefois préparé successivement à
recevoir une forme. C’est ainsi que l’eau s’échauffe successivement. Mais quand
le sujet est dans sa disposition dernière, par rapport à la forme, alors il la
reçoit subitement, comme un corps diaphane est subitement illuminé. 3° De la
part de l’agent qui est d’une vertu infinie, et qui peut par conséquent
disposer immédiatement la matière pour la forme. C’est ainsi qu’il est rapporté
(Marc, 7, 34) que quand le Christ a dit : Ephpheta, c’est-à-dire ouvrez-vous, les oreilles de l’homme furent aussitôt ouvertes et sa
langue fut déliée. — D’après ces trois raisons, la conversion du pain au corps
du Christ est instantanée : 1° parce que la substance du corps du Christ que
cette conversion a pour terme n’est susceptible ni de plus, ni de moins ; 2°
parce que dans cette conversion il n’y a pas de sujet qui soit préparé
successivement ; 3° parce qu’elle est produite par la vertu infinie de Dieu.
Article 8 : Est-il
faux de dire que du pain on fait le corps du Christ ?
Objection N°1. Il semble qu’il soit faux de dire que du pain (ex pane) se fait le corps du
Christ. Car de toute chose dont une autre est faite on dit qu’elle devient
cette chose, mais non réciproquement. Car nous disons que de blanc on devient
noir et que le blanc devient noir ; et, quoique nous disions que l’homme
devient noir, nous ne disons cependant pas que de l’homme on fait le noir,
comme le dit Aristote (Phys., liv. 1,
text. 44). Si donc il est vrai de dire que du pain on
fait le corps du Christ, il sera vrai de dire que le pain devient le corps du
Christ, ce qui paraît être faux ; parce que le pain n’est pas le sujet de ce qui
se fait, mais il en est plutôt le terme. Il n’est donc pas vrai de dire que du
pain il se fait le corps du Christ.
Réponse à l’objection N°1 : La chose dont une autre est
faite implique quelquefois simultanément le sujet avec l’un des extrêmes du
changement, comme quand on dit que du blanc s’est fait le noir. Dans ce cas on
peut dire aussi : ceci devient cela,
c’est-à-dire le blanc devient noir.
D’autres fois elle n’implique qu’un opposé ou un extrême, comme quand on dit : du matin se fait le jour. Alors on ne
dit pas que l’un devienne l’autre,
c’est-à-dire que le matin devienne le
jour. Et c’est le cas de notre thèse. Car, quoiqu’on dise dans le sens
propre que du pain il se fait le corps du
Christ, cependant on ne dit pas proprement que le pain devienne le corps du Christ, sinon par analogie, comme nous
l’avons dit (dans le corps de l’article.).
Réponse à l’objection N°2 : La chose dont une autre est faite est quelquefois cette
même chose à cause du sujet qui y est impliqué. C’est pourquoi puisque la
conversion eucharistique n’a pas de sujet, il n’y a pas de parité.
Réponse à l’objection N°3 : A la vérité, dans cette conversion, il va plus de
difficultés que dans la création, car dans la création il n’y a qu’une chose
difficile, c’est qu’un être sorte du néant, ce qui appartient au mode propre de
la production de la cause première qui ne présuppose rien autre chose au lieu
que dans la conversion eucharistique, non seulement il y a cette difficulté
qu’un tout se convertisse en un autre tout, de manière qu’il ne reste rien de
celui qui existait antérieurement (ce qui n’appartient pas au mode commun de la
production de quelque cause), mais il y a encore cette difficulté, c’est que
les accidents subsistent sans la substance et beaucoup d’autres dont nous
parlerons plus loin (quest. 79). Mais tout cela n’empêche pas qu’on se serve du
mot de conversion pour ce sacrement,
tandis qu’on ne l’emploie pas pour la création, comme nous l’avons dit (dans le
corps de l’article.).
Réponse à l’objection N°4 : Comme nous l’avons vu (dans le corps de
l’article.), la puissance appartient au sujet et il n’y a pas lieu d’en
admettre un dans cette conversion. C’est pourquoi on n’accorde pas que le pain
puisse être le corps du Christ. Car cette conversion n’est pas produite par la
puissance passive de la créature, mais par la seule puissance active du créateur
(On peut ajouter, d’après saint Bonaventure, que le verbe fieri indiquant le passage d’une chose à une autre,
on peut dire : Panis fit corpus Christi, c’est-à-dire transit in corpus Christi.)
Mais
c’est le contraire. Saint Ambroise dit (De
sacram., liv. 4, chap. 4) que dès que la consécration a lieu, du
pain se fait le corps du Christ.
Conclusion La préposition ex indiquant le rapport des extrêmes, cette proposition : du pain (ex pane) se fait le corps du
Christ, est vraie et propre.
Il
faut répondre que cette conversion du pain au corps du Christ s’accorde sous un
rapport avec la création et avec les transformations naturelles, et sous un
autre rapport elle diffère de l’une et de l’autre. En effet, ce qu’il y a de
commun à ces trois choses, c’est l’ordre des termes, c’est-à-dire qu’il y a une
chose qui vient après une autre. Ainsi, dans la création, il y a l’être qui
vient après le non-être ; dans l’eucharistie, le corps du Christ après la
substance du pain, et dans les changements naturels le blanc après le noir, ou
le feu après l’air. Ces termes n’existent pas simultanément. La conversion dont
nous parlons ici s’accorde avec la création, en ce qu’il n’y a ni dans l’une,
ni dans l’autre un sujet qui soit commun aux deux extrêmes, tandis que c’est le
contraire pour toutes les transformations naturelles. Cette conversion
s’accorde avec les transformations naturelles sous deux points, quoique ce ne
soit pas de la même manière : 1° En ce que dans l’une et l’autre un des
extrêmes passe dans l’autre. C’est ainsi que le pain se change au corps du
Christ, et l’air en feu ; tandis que le néant ne se convertit pas en être.
Toutefois ce changement ne se produit pas de part et d’autre de la même
manière. Car dans l’eucharistie toute la substance du pain passe dans le corps
entier du Christ, au lieu que dans une transformation naturelle la matière de
l’un reçoit la forme de l’autre, après avoir quitté sa première forme. 2° Elles
s’accordent encore en ce que, de part et d’autre, il reste quelque chose qui
est le même, ce qui n’a pas lieu dans la création. Toutefois il y a encore en
ceci une différence : car dans une transformation naturelle, c’est la matière
qui reste la même, ou le sujet, tandis que dans l’eucharistie ce sont les
accidents. —D’après ces principes on peut déterminer les différentes locutions
dont nous devons faire usage à l’égard de ces choses. Comme dans aucune des
trois les extrêmes n’existent simultanément, il s’ensuit que pour aucune
d’elles un extrême ne peut se dire de l’autre par un verbe substantif mis au
présent ; car nous ne disons pas : le non-être est l’être, ni le pain est le
corps du Christ, ni l’air est le feu, ni le blanc est le noir. Mais à cause de
l’ordre des extrêmes nous pouvons, pour toutes ces choses, nous servir de la
préposition de, qui désigne l’ordre (La
préposition ex désigne quelquefois le
rapport de la cause matérielle, mais ici elle ne signifie que la succession ou
le rapport du terme à quo.). Car nous
pouvons véritablement et proprement dire que du non-être se fait l’être, du
pain le corps du Christ, de l’air le feu, ou du blanc le noir. Parce que dans
la création un des extrêmes ne passe pas dans l’autre, nous ne pouvons à son
égard employer le mot de conversion et dire que le non-être se convertit en
être. Cependant nous pouvons nous servir de ce mot dans l’eucharistie, comme
pour les transformations naturelles. Et parce que dans ce sacrement toute la
substance est changée en une substance tout entière ; cette conversion est
proprement appelée, pour ce motif, transsubstantiation. — En outre, cette
conversion n’ayant pas besoin d’un sujet, ce qui est vrai dans la conversion
naturelle, en raison du sujet, ne doit pas être admis dans cette conversion. Et
d’abord il est évident que la puissance d’avoir un caractère opposé résulte du
sujet. C’est en raison du sujet que nous disons que le blanc peut être noir et l’air
peut être du feu ; quoique cette dernière proposition ne soit pas aussi
propre que la première. Car le sujet du blanc qui est susceptible de devenir
noir est toute la substance du blanc, puisque la blancheur n’est pas une de ses
parties ; au lieu que le sujet de la forme de l’air en est une partie. Ainsi
quand on dit : l’air peut être du feu, cette proposition est vraie, en raison
de la partie, par synecdoque. Mais dans la conversion eucharistique aussi bien
que dans la création, parce qu’il n’y a pas de sujet, on ne dit pas qu’un
extrême puisse être un autre. Ainsi on ne dit pas que le néant puisse être l’être, ni que le pain puisse être le corps du Christ. Pour la même raison on ne
peut pas dire proprement que du néant (de
non ente) se fasse l’être, ou que du pain (de pane) se fasse le corps du Christ : parce que cette préposition de désigne une cause consubstantielle (La
préposition de est cependant employée
par quelques Pères, spécialement par saint Ambroise (De sacram., liv. 4, chap. 4). Alors il faut la prendre dans le même
sens que la préposition ex.), et
cette consubstantialité des extrêmes se considère dans les changements naturels
par rapport au sujet dans lequel ils s’accordent. Pour la même raison on ne dit
pas : le pain sera le corps du Christ,
ou qu’il devient le corps du Christ ;
comme on ne dit pas, à l’égard de la création : le non-être sera l’être, ou que le
non-être devient l’être, parce que cette manière de parler n’est vraie dans
les changements naturels qu’en raison du sujet (Cela signifie que le sujet qui
est blanc deviendra noir. Mais dans l’eucharistie le sujet ne subsiste plus,
puisqu’il y a transsubstantiation.) ; comme quand nous
disons que le blanc devient noir, ou
que le blanc sera noir. — Cependant,
comme dans l’eucharistie, après la conversion il reste quelque chose qui est le
même, c’est-à-dire les accidents du pain, comme nous l’avons dit (art. 5), il y
a quelques-unes de ces locutions qu’on peut accorder par analogie. Ainsi on
peut dire que le pain est le corps du
Christ, ou qu’il sera le corps du
Christ, ou que du pain (de pane) est fait le corps du Christ, parce que sous le nom de pain on ne
comprend pas la substance du pain, mais en général ce qui est contenu sous les
espèces du pain, sous lesquelles s’est trouvée d’abord la substance du pain,
puis le corps du Christ.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de
l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et
relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec
l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous
puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au
respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune
évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de
la morale catholique et des lois justes.
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