Exercice de dévotion pour les neuf jours qui précèdent celui de la commémoraison des morts, offert en suffrage pour les saintes âmes du purgatoire.
La dévotion envers les âmes du purgatoire, qui consiste
à les recommander à Dieu, afin qu’il les soulage dans les
grandes peines qu’elles souffrent, et qu’il les appelle bientôt à
sa gloire, nous est très avantageuse, parce que ces âmes bénies
sont des éternelles épouses, et que d’un autre côté
elles sont très reconnaissantes envers celui qui leur obtient la
délivrance de cette prison, ou au moins quelque soulagement dans
les tourments. C’est pourquoi, dès qu’elles seront arrivées
au ciel, elles n’oublieront certainement pas celui qui aura prié
pour elles. On croit pieusement que Dieu leur fait connaître nos
prières, afin qu’elles prient aussi pour nous. Il est vrai que ces
âmes bénies ne sont pas en état de prier pour elles,
parce qu’elles sont en ce lieu comme des coupables qui satisfont pour leurs
péchés ; néanmoins, parce qu’elles sont très
chères à Dieu, elles peuvent bien prier pour nous, et nous
obtenir des grâces. Sainte Catherine de Bologne recourait aux âmes
du purgatoire lorsqu’elle voulait quelque grâce, et bientôt
elle était exaucée ; elle disait même que plusieurs
grâces qu’elle n’avait pu obtenir en recourant aux saints, elle les
avait obtenues en recourant aux âmes du purgatoire. Du reste, les
grâces que les personnes dévotes disent avoir obtenues par
le moyen de ces saintes âmes, sont innombrables.
Mais si nous désirons le secours de leurs prières, il
est juste, et c’est même un devoir de les secourir par les nôtres.
J’ai dit, même un devoir, puisque la charité chrétienne
exige que nous nous souvenions de notre prochain lorsque ses nécessités
réclament notre assistance. Mais quels sont ceux de nos frères
qui ont un besoin de secours aussi pressant que ces saintes âmes
prisonnières ? Elles sont continuellement dans ce feu qui tourmente
bien plus que le feu terrestre ; elles sont privées de la vue de
Dieu, peine qui les afflige bien plus que toutes les autres ; pensons qu’il
est possible que se trouvent dans ce lieu les âmes de nos pères,
de nos frères, de nos parents et de nos amis qui attendent notre
secours. Pensons en outre que ces saintes reines ne peuvent se secourir
elles-mêmes, puisqu’elles sont en état de débitrices
pour leurs fautes : cette considération doit surtout nous animer
à les secourir autant que nous le pouvons. Et en cela, non-seulement
nous serons très agréables à Dieu, mais nous acquerrons
de grands mérites ; et ces âmes bénies ne cesseront
de nous obtenir de grandes grâces de Dieu, principalement le salut
éternel. Je tiens pour certain qu’une âme qui a été
délivrée du purgatoire par les suffrages de quelque personne
dévote dira continuellement à Dieu, lorsqu’elle sera arrivée
en paradis : « Seigneur, ne permettez pas que celui qui m’a retiré
de la prison du purgatoire, et qui m’a fait venir plus tôt jouir
de votre présence, vienne à se perdre ». En un mot,
si j’ai livré à l’impression la neuvaine suivante, c’est
afin que tous les fidèles travaillent à soulager et à
délivrer les âmes bénies du purgatoire, par des messes,
par des aumônes, ou au moins par leurs prières.
CONSIDERATIONS ET PRIERES
Qu’il faut lire au peuple chacun des huit jours de la neuvaine.
Recommandons à Jésus-Christ et à sa sainte mère
toutes les âmes du purgatoire, et spécialement celles de nos
parents, de nos bienfaiteurs, de nos amis et de nos ennemis, et plus particulièrement
celles pour lesquelles nous sommes obligés de prier. Offrons à
Dieu, en leur faveur, les prières suivantes, en considérant
les grandes peines que souffrent ces saintes épouses de Jésus-Christ.
I. Les peines que souffrent ces âmes bénies sont
très nombreuses, mais la plus grande de toutes est la pensées
qu’elles ont été la cause elles-mêmes des souffrances
qu’elles endurent par les péchés qu’elles ont commis pendant
leur vie.
O Jésus mon Sauveur, j’ai si souvent mérité
l’enfer ! Quelle peine serait maintenant la mienne si j’étais déjà
damné, avec la pensée que j’aurais opéré moi-même
ma damnation ? Je vous remercie de la patience que vous avez eue envers
moi. Mon Dieu, parce que vous êtes une bonté infinie, je vous
aime par-dessus toute chose, et je me repens de tout mon cœur de vous avoir
offensé. Je vous promets de mourir plutôt que de jamais plus
vous offenser ; donnez-moi la sainte persévérance, ayez pitié
de moi : ayez aussi pitié de ces âmes bénies qui brûlent
dans le feu. Maris, mère de mon Dieu, secourez-les par vos puissantes
prières.
Disons un Pater et un Ave pour ces âmes. « Pater
noster, etc. Ave Maria, etc. » Et puis tout le peuple chantera le
couplet suivant :
Jésus, qui chérissez vos épouses, vos filles,
De ce lieu de tourments daignez les retirer.
Briser de leur prison les odieuses grilles,
Ou du moins, par pitié, daignez les consoler.
II. L’autre peine qui afflige beaucoup ces âmes bénies,
c’est la vue du temps qu’elles ont perdu pendant la vie, temps par lequel
elles pouvaient acquérir beaucoup de mérites pour le paradis
; tandis qu’elles ne peuvent plus remédier à cette perte,
parce qu’avec le temps de la vie a fini le temps de mériter.
Ah ! Misérable que je suis, Seigneur, moi qui vis depuis
tant d’années sur cette terre, et qui n’ai acquis de mérites
que pour l’enfer ! Je vous remercie de ce que vous me donnez encore le
temps de remédier de ce que vous me donnez encore le temps de remédier
au mal que j’ai fait. Je me repents, ô mon Dieu, qui êtes si
bon, de vous avoir déplu ; donnez-moi votre secours, afin que j’emploie
la vie qui me reste uniquement à vous servir et à vous aimer
: ayez pitié de moi, et ayez aussi pitié de ces âmes
saintes qui brûlent dans le feu. O mère de Dieu, secourez-les
par vos puissantes prières.
Il faut répéter comme ci-dessus, « Pater,
Ave, Jésus, qui chérissez, etc. ».
III. Une autre grande peine qui tourmente ces âmes bénies,
et cette peine est la vue épouvantable de leurs péchés,
dont elles paient la dette. Durant la vie présente, on ne connaît
point toute la noirceur du péché ; mais on la comprend bien
dans l’autre vie, et c’est là une des plus grandes peines que souffrent
les âmes du purgatoire.
O mon Dieu, parce que vous êtes une bonté infinie,
je vous aime par-dessus toute chose, et je me repents de tout mon cœur
de vous avoir offensé. Je vous promets de mourir plutôt que
de retomber dans mes fautes passées : donnez-moi la sainte persévérance,
ayez pitié de moi ; ayez aussi pitié de ces saintes âmes
qui brûlent dans le feu. Et vous, mère de Dieu, secourez-les
par vos puissantes prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
IV. La peine qui afflige encore le plus ces âmes épouses
de Jésus-Christ, est de penser que les péchés qu’elles
ont commis durant leur vie ont déplu à ce Dieu qu’elles aiment
tant. Il y a eu quelques pénitents même sur la terre qui sont
morts de douleur en pensant qu’ils avaient offensé un Dieu si bon.
Les âmes du purgatoire connaissent bien mieux que nous combien Dieu
est aimable, et elles l’aiment de toutes leurs forces ; c’est pourquoi,
lorsqu’elles pensent qu’elles l’ont offensé durant leur vie, elles
en éprouvent une douleur qui surpasse toute autre douleur.
O mon Dieu, parce que vous êtes infiniment bon, je me repend
de tout mon cœur de vous avoir offensé. Je vous promets de mourir
plutôt que de retomber dans mes fautes passées : donnez-moi
la sainte persévérance, et ayez pitié de moi : ayez
aussi pitié de ces saintes âmes qui brûlent dans le
feu et qui vous aiment de tout leur cœur.
O Marie, mère de Dieu, secourez-les par vos puissantes
prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
V. Une autre grande peine que souffrent ces âmes bénies,
est de demeurer dans ce feu pour y souffrir, sans savoir quand finiront
leurs tourments. Elles savent très bien qu’elles en seront délivrées
un jour, mais l’incertitude où elles sont de ce jour qui doit terminer
leurs douleurs, est pour elles un grand tourment.
Malheur à moi, Seigneur, si vous m’aviez envoyé
en enfer, cette cruelle prison, d’où je serais sûr de ne jamais
sortir. Je vous aime par-dessus toute chose, bonté infinie, et je
me repents de tout mon cœur de vous avoir offensé ? Je vous promets
de plutôt mourir que de retomber jamais dans mes fautes : donnez-moi
la sainte persévérance ; ayez pitié de ces saintes
âmes qui brûlent dans le feu. O Marie, mère de
Dieu, secourez-les par vos puissantes prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
VI. Les âmes bénies sont bien consolées par le souvenir
de la passion de Jésus-Christ et du très saint sacrement
de l’autel, parce qu’elles ont acquis le salut de la passion, et qu’elles
ont reçu, et qu’elles reçoivent encore une foule de grâces
par la communion, et par le sacrifice de la messe ; mais autant celle consolation
est grande, autant elles sont tourmentées par la pensée d’avoir
été ingrates durant leur vie pour les grands bienfaits de
l’amour de Jésus-Christ. O mon Dieu, vous êtes mort aussi
pour moi, et vous vous êtes donné si souvent à moi
par la sainte communion ; et moi, je vous aime par-dessus toute chose,
ô mon souverain bien, et je me repend par-dessus toute chose de vous
avoir offensé. Je vous promets de plutôt mourir que de vous
déplaire jamais. Donnez-moi la sainte persévérance
; ayez pitié de moi ; ayez aussi pitié de ces saintes âmes
qui brûlent dans le feu. O Marie, mère de Dieu, secourez-les
par vos puissantes prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
VII. Ce qui augmente les peines de ces âmes bénies, c’est
le souvenir des bienfaits qu’elles ont reçus de Dieu, comme d’avoir
été rendues chrétiennes, d’être nées
dans des pays catholiques ; d’avoir été attendues à
pénitence, et d’avoir reçu pardon de leurs péchés
; oui, sans doute, parce que tous ces donc leur font mieux reconnaître
leur propre ingratitude.
Mais qui a été plus ingrat que moi, Seigneur ? Vous m’avez
attendu avec tant de patience, vous m’avez pardonné souvent avec
tant d’amour, et moi, après tant de promesses, j’ai recommencé
à vous offenser : ah ! Ne m’envoyez point en enfer ; je veux vous
aimer, et ce n’est point en ce lieu que l’on vous aime. Je me repend, bonté
infinie de vous avoir offensé, je vous promets de mourir plutôt
que de vous offenser de nouveau. Donnez-moi la sainte persévérance
; ayez pitié de moi ; ayez aussi pitié de ces saintes âmes
qui brûlent dans le feu. O Marie, mère de Dieu, secourez-les
par vos puissantes prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
VIII. En outre une peine extrêmement amère pour ces âmes
bénies, c’est de penser que lorsqu’elles vivaient, Dieu leur a prodigué
tant de miséricordes particulières qu’il n’a point accordées
aux autres ; et que par leurs péchés, elles l’ont contraint
à les condamner à l’enfer, quoiqu’il ait voulu leur pardonner
et les sauver ensuite par un pur effet de sa miséricorde.
Me voici, mon Dieu, je suis un de ces ingrats, qui, après
avoir reçu tant de grâces de vous, ai méprisé
votre amour, et vous ai contraint de me condamner à l’enfer. Bonté
infinie, je vous aime maintenant par-dessus toute chose, et je me repend
de toute mon âme de vous avoir offensé ; je vous promets de
mourir plutôt que de vous offenser désormais ; donnez-moi
la sainte persévérance ; ayez pitié de moi ; ayez
aussi pitié de ces saintes âmes qui brûlent dans le
feu. O Marie, mère de Dieu, secourez-les par vos puissantes prières.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
IX. En un mot, toutes les peines que souffrent les âmes
bénies, le feu, l’ennui, l’obscurité, l’incertitude du moment
où elles seront délivrées de cette prison, ces peines
sont grandes ; mais la plus forte douleur de ces saintes épouses
est d’être loin de son époux et privées de le voir.
O mon Dieu, comment ai-je pu vivre tant d’années loin
de vous, et privé de votre grâce ! Bonté infinie, je
vous aime par-dessus toute chose, et je sui marri de tout mon cœur de vous
avoir offensé ; je vous promets de mourir plutôt que de retomber
dans mes fautes passées : donnez-moi la sainte persévérance
; et ne permettez pas que je retombe jamais dans votre disgrâce.
Je vous prie d’avoir pitié de ces saintes âmes qui souffrent
dans le purgatoire ; allégez leurs peines et abrégez le temps
de leur exil en les appelant bientôt au bonheur de vous aimer face
à face dans le paradis. O Marie, mère de Dieu, secourez-les
par vos puissantes prières ; et priez encore pour nous, qui sommes
dans le danger continuel de nous damner.
« Pater, Ave, Jésus, qui chérissez, etc.
».
PRIERE A N.S. JESUS-CHRIST,
Pour obtenir que, par les mérites de sa passion, il accorde le repos à ces saintes âmes.
O très doux Jésus, par la sueur de sang que vous avez
soufferte dans le jardin de Gethsémani, ayez pitié de ces
âmes bénies.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
O très doux Jésus, par les douleurs que vous avez souffertes
en votre cruelle flagellation, ayez pitié de ces saintes âmes.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
O très doux Jésus, par les douleurs que vous avez souffertes
à votre douloureux couronnement d’épines, ayez pitié
de ces saintes âmes.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
O très doux Jésus, par les douleurs que vous avez souffertes
en portant votre croix au Calvaire, ayez pitié de ces saintes âmes.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
O très doux Jésus, par les douleurs que vous avez souffertes
dans votre crucifiement très cruel, ayez pitié de ces saintes
âmes.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
O très doux Jésus, par les douleurs que vous avez souffertes
lorsque vous rendîtes votre âme bénie, ayez pitié
de ces saintes âmes.
R) Ayez-en pitié, Seigneur, ayez-en pitié.
Recommandons-nous maintenant à toutes les âmes du purgatoire,
et disons-leur : Saintes âmes, nous avons prié pour vous :
mais vous qui êtes si chères à Dieu, et certaines de
ne pouvoir le perdre ! priez pour nous, misérables qui sommes en
danger de nous damner et de perdre Dieu pour toujours.
OREMUS
« Deus veniæ largitor, et humanæ salutis amotor,
quæsumus clementiam tuam, ut nostræ congregationis frates,
propinquos et benefactores, qui ex hoc sæculo transierunt, beat Maria
semper virgine intercedente, cum omnibus sanctis tuis, ad perpetuæ
beatitudinis consortium pervenire concedas. Per Christum Dominus nostrum.
Amen. »