Histoire de la Vie et des Miracles de Jésus Christ
Discours et Dissertations sur
Tous Les Livres de L'Ancien Testament
Tome
2
Tome
3
Bible latin français annotée
et commentée,
tome : 12_15_25
Le Dictionnaire Historique de la Bible en 4 tomes se trouve sur le site :
congrégation de St-Vannes,
Antoine Calmet (Dom Augustin, en religion) fut l’un des savants les plus
laborieux et les
plus utiles qu’ait produit l’ordre
de St-Benoît. Il naquit dans un milieu modeste, le 16 février
1672, à
Mesnil-la-Horgne, près de
Commercy (Lorraine). Il fit ses premières études au prieuré
de Breuil, où il puisa, avec le
désir d’acquérir des
connaissances, ce goût de la retraite et de la vie cénobitique
qui décida de sa vocation. Après avoir
prononcé ses voeux dans l’abbaye
de St-Mansui, le 23 octobre 1689, il alla faire son cour de philosophie
à l’abbaye de
St-Evre, et celui de théologie
à l’abbaye de Munster.
Dans le même temps, une grammaire
hébraïque de Buxtorf étant tombée entre ses mains,
il forma le dessin d’apprendre
l’hébreux, et se livra à
cette étude avec une application et une constance qui lui en firent
surmonter les premières
difficultés sans le secours
d’aucun maître : il se mit ensuite, avec la permission de ses supérieurs,
sous la direction
d’un ministre luthérien nommé
Fabre, qui lui procura des livres en hébreux, et lui rendit bientôt
la lecture familière.
Les jésuites, ayant remarqué
ses dispositions, essayèrent de l'enrôler, mais, attiré
par l'érudition, il choisit de vivre
parmi les bénédictins.
Il étudia aussi la langue
grecque, dont il avait appri les premiers éléments au collège,
et s’y rendit fort habile. C’est
ainsi qu’il se prépara à
l’étude des Écritures, où il fit des progrès
si rapides, qu’au bout de quelques années il fut
chargé de les expliquer à
ses confrères dans l’abbaye de Moyen Moutier. De cette abbaye, il
passa, en 1704, à celle de
Munster, où il continua à
enseigner les jeunes religieux. Les leçons qu’il composait pour
eux servirent de base aux
Commentaires sur l’Ancien et le
Nouveau Testament, qu’il écrivit en Latin. Dom Mabillon et Duguet,
à qui il les
communiqua, lui conseillèrent
de les traduire en français, afin d’en rendre la lecture possible
à un plus grand nombre
de personnes. Dom Calmet suivit
cet avis, et l’ouvrage paru de 1707 à 1716. Le savant Fourmont et
Rich. Simon
l’attaquèrent par quelques
écrits dont l’autorité arrêta la publication, par la
raison qu’une controverse sur de
semblables matières n’était
pas sans danger. Dom Calmet, débarrassé de ses critiques,
n’eut donc plus qu’à jouir de
son ouvrage, qui eut, en peu de
temps, plusieurs éditions. Son Histoire de l’Ancien et du Nouveau
Testament, et son
Dictionnaire de la Bible, ajoutèrent
à sa réputation. Il fut récompensé de ses grands
travaux par sa nomination à
l’abbaye de St-Léopold de
Nancy, en 1718, d’où il fut transféré, dix ans après,
à celle de Sénones, où il passa le reste
de sa vie laborieuse dans l’exercice
des devoirs de son état et la pratique de toutes les vertus chrétiennes.
Encore plus
modeste que savant, il écoutait
les critiques et en profitait ; il accueillait les jeunes gens qui montraient
des
dispositions, et les aidait de ses
conseils et de ses livres. Le pape Benoît XIII lui offrit un évêché
‘in partibus’, qu’il
refusa constamment, préférant
les douceurs de la retraites aux honneurs qu’il aurait pu obtenir dans
le monde. Le
profond savoir de Dom Calmet, attesté
pat ses importants et nombreux écrits, semblait faire de cet auteur
une autorité
infaillible. Cependant l’attention
de quelques critiques, même bénévoles, fut éveillée
peu à peu, et l’on ne tarda pas à
reconnaître quelques erreurs
plus ou moins graves. On sut bientôt que ces erreurs ne pouvaient
lui être imputées, et
provenaient de ses collaborateurs,
qui, bien que pris dans son ordre et travaillant sous ses yeux, n’apportaient
pas le
même soin que lui dans leurs
recherches. Malgrès ces imperfections, le mérite de cet écrivain
traversa les siècles à
venir. Il mouru à Sénones,
le 25 octobre 1757, après une attaque de paralysie. Sa biographie
fut écrite par Fangé, son
successeur et neveu. Il s’était
fait cette épitaphe, remarquable par sa modestie et sa simplicité
:
Frater Augustinus Calmet Natione
Gallus, religione catholico-romanus, Professione monachus, nomine abbas,
Multum legit, scripsit, oravit,
Utinam bene !
Retrouvés vers la fin du XIXè
siècle, les restes de Dom Calmet (profanés par les sans-culottes
lors de la Révolution)
furent inhumés une seconde
fois, en présence de Mgr. Freppel, évêque d'Angers,
dans la nouvelle église paroissiale de
Sénones, le 26 octobre 1873.
Calmet et Voltaire :
Voltaire, qui, bien qu’enclin à
toutes les critiques envers Calmet, ne se priva pas d’utiliser la bibliothèque
(les
‘antiques fatras’) de Calmet. Il
écrivit ce quatrain pour le portrait de Dom Calmet :
Des oracles sacrés que Dieu
daigna nous rendre Son travail assidu perça l’obscurité.
Il fit plus, il les crut avec
simplicité, Et fut, par ses
vertus, digne de les entendre.
Tant que vécu Calmet, Voltaire
témoigna respect, déférence et admiration à
ce pieux et docte écrivain, que plus tard il
osa qualifier d’’imbécile’.
Il alla même le visiter à Sénones, et, dans la lettre
où il lui en demandait la permission, il
s’exprimait ainsi : ‘Je préfère,
monsieur, la retraite à la cour, et les grands hommes aux sots...
Je veux m’instruire avec
celui dont les livres m’ont formé,
et aller puiser à la source... Je serai un de vos moines. Ce sera
Paul qui ira visiter
Antoine, etc. (1748)’. On ne sait
pourquoi ce projet ne fut exécuté qu’en 1754. Là,
Voltaire ne perdit point son temps;
au milieu de la bibliothèque,
et avec les indications de Dom Calmet, il trouva de grand secours pour
refaire son
Histoire Générale,
dont une édition fautive venait de paraître. Il ‘gourmanda
son imagination’, comme il l’écrit lui
même, en lisant les Pères
et les conciles, les vieux historiens de France et les Capitulaires de
Charlemagne. Au bout de
six semaines, il quitta Sénones
pour Plombières. ‘Je prendrai les eaux, écrivit-il, en n’y
croyant pas, comme j’ai lu les
pères’. Il avait besoin,
au reste, de dissimuler à son respectable hôte ses dispositions
à l’incrédulités, témoin cette lettre
qu’il écrivait lui même
de Plombières même : ‘Je trouvais chez vous bien plus de secours
pour mon âme que je n’en
trouve à Plombières
pour mon corps. Vos ouvrages et votre bibliothèque m’instruisent
plus que les eaux de
Plombières me soulagent,
etc.’. Il et certain, du moins, que, pour son Essai sur les Moeurs de Nations,
Voltaire doit
beaucoup, non seulement aux lectures
et aux recherches qu’il put faire à l’abbaye de Sénones,
mais encore aux
nombreux emprunts qu’il s’est permis,
sans aucunement s’en vanter, de commettre envers l’Histoire Universelle,
Sacrée et Profane de Calmet.
Enfin, pour ajouter à toutes ces contradictions, on peut citer cet
autre quatrain sur Dom
Calmet, que Voltaire adressa à
son ami Cideville en 1757 :
Ses antiques fatras ne sont pas inutiles
Il faut des passetemps de toutes les façons, Et l’on peut quelquefois
supporter
les Varrons, Quoiqu’on adore les
Virgiles.
Histoire d'un livre :
Sa puissance de travail et sa fécondité
littéraire impressionnent toujours ceux qui le voient traiter, outre
l'histoire
universelle et lorraine ou la règle
des bénédictins, de sujets aussi variés que les eaux
de Plombières, l'origine du jeu de
cartes ou les coquillages.
L’acuité de son esprit critique
semble, cependant, devoir être prise en défaut (il est vrai
que Calmet croyait aux effets
du mauvais oeil, considérait
comme tout à faitréalisable letransport des sorciers et des
sorcières pour le sabbat). Il a
ainsi "commis", au siècle
des Lumières et du rationalisme conquérant, une Lettre sur
les dragons volans. On lui doit
aussi les Dissertations sur les
apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants
et vampires de
Hongrie, de Bohême, de Moravie
et de Silésie (Paris, de Bure l'aîné, 1746) a fait
accuser Calmet d’être trop crédule
(en particulier par Voltaire, dans
l’article ‘vampires’ de son Dictionnaire Philosophique) et de manquer de
critique.
De même, Dom Ildephonse Cathelinot
, ami de Calmet, lui écrira "Je vous dirai franchement que cet ouvrage
n'est
point du goût de bien des
gens, et je crains qu'il ne fasse quelque brêche à la haute
réputation que vous vous êtes fait
jusqu'ici dans la savante littérature.
En effet, comment se persuader que tout ces vieux contes dont on nous a
bercés
dans notre enfance sont des vérités
‘".
Très vite épuisé,
cet ouvrage connut une seconde édition en deux volumes dès
1749, à Einsidlen (Suisse, actuel
Notre-Dame-des-Ermites). Il paru
de nouveau, considérablement revu et corrigé, à Paris
(chez de Bure l'aîné, en 1751,
sous le titre Traité sur
les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenans de Hongrie,
de Moravie, etc.), et à
Sénones, en 1759, sous les
auspices du neveu de Calmet, Dom Fangé. Il fut traduit en allemand
dès 1752 (Augsbourg)
et en italien dès 1756 (Venise).
La Dissertation sur les revenans en corps, les excomuniés, les oupires
ou vampires, les
broucolaques, etc. est le second
tome du traité et est réédité chez Jérôme
Millon éditeur (1998). Cet ouvrage se
compose de 63 chapîtres et
pose pour problème central quelques questions fondamentales : les
excommuniés
pourrissent-ils en terre ‘ Les revenants
et autres vampires reviennent-ils sur ordre divins ou par injonction démoniaque
‘ Il multiplie les exemples (Vampires
de Hongrie, de Laponie, du Pérou...) et tente d’étudier les
preuves potentielles de
l’existence des revenants.
Un anonyme a entreprit de réfuter
cet ouvrage de Calmet dans un ouvrages intitulé Histoire des vampires
et des
spectres malfaisants, avec un examen
du vampirisme (Paris, Masson, 1820). L'impact de le Dissertation sur les
vampires... de Calmet connaîtra
un certain impact auprès des encyclopédistes, et même
auprès de Colin de Plancy,
auteur du Dictionnaire Infernal
(1820). Il influencera aussi des romanciers, tels Le Fanu (dans Carmilla)
et, plus
indirectement, Stoker.
Heureux écrivain dont la gloire
De la vertu tire son fond,
Lorsqu'un savoir vaste et profond
Le place au temple de la Mémoire
;
Calmet, de ces dons revêtu,
Dis-nous en toy lequel domine
De l'honneur ou de la doctrine,
Du savoir ou de la vertu.
(Huitain composé par des éditeurs genevois en l'honneur de Calmet)