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Saint Augustin d'Hippone
Traité sur l'évangile de Saint Jean


VINGT-DEUXIÈME TRAITÉ.
DEPUIS CES PAROLES: « EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS : CELUI QUE ÉCOUTE MES PAROLES ET CROIT A CELUI QUI M’A ENVOYÉ, A LA VIE ÉTERNELLE », JUSQU’A CES AUTRES : « PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTÉ, MAIS LA VOLONTÉ DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ ». (Chap. V, 24-30.)
LE CHRIST, VIE ET RÉSURRECTION.
 

Ecouter le Sauveur et croire à sa parole, c’est la condition requise pour parvenir à la vie spirituelle, qui est la véritable vie, et ne pas être soumis à un jugement de condamnation. La vie spirituelle consiste dans la justice et la charité ; le moment d’y arriver dure depuis l’avènement du Christ et durera jusqu’à la fin du monde. Jésus-Christ en est la source, car il la possède en lui-même, et non par emprunt. Quant à la résurrection des corps, il l’opérera plus tard, et, alors, il jugera les hommes suivant les règles de la justice éternelle, et la volonté de son Père.

 

1. A la suite du passage de l’Evangile, qui a servi de texte à nos discours d’avant-hier et d’hier, vient celui qu’on nous a lu aujourd’hui nous allons traiter, l’une après l’autre, les différentes parties de cette leçon, non pas, sans doute, aussi bien qu’elles le mériteraient, niais,du moins, selon la mesure de nos forces: car, en ce qui vous concerne, il vous est impossible d’absorber toutes les eaux qui découlent de cette source si pure ; vous n’en pouvez prendre qu’en raison de votre capacité. Nous ne pouvons nous-même, dans les instructions que nous vous adressons, vous communiquer tous les enseignements qui proviennent de là ; nous en sommes réduit à vous dire ce que nous sommes à même d’y puiser: les accents de notre voix parviendront donc jusqu’à vous: plaise à Dieu d’adresser à vos coeurs des leçons plus étendues que celles qui retentiront dans vos oreilles. Nous ne sommes pas grand ; nous sommes, au contraire, singulièrement petit, et, néanmoins, il nous faut traiter de bien grandes choses ; mais nous avons tout espoir et toute confiance en celui qui, malgré sa grandeur, s’est fait petit pour nous. Il nous serait impossible d’arriver à saisir quelque chose de sa divinité, s’il n’avait pris lui-même notre condition mortelle et n’était descendu jusqu’à nous pour nous faire entendre le langage de son Evangile ; il est donc indispensable qu’il nous exhorte et nous invite à le comprendre, qu’il ne nous abandonne pas en raison de notre bassesse; aussi a-t-il voulu entrer avec nous en participation de ce qui se trouve en nous d’abject et de moindre : sans cela, nous serions autorisés à croire que celui qui s’est abaissé jusqu’à notre infirmité n’a point voulu nous communiquer sa grandeur. En parlant ainsi, j’ai voulu prévenir, chez les uns, la tendance à me reprocher comme une audace téméraire la tâche que j’entreprends de vous expliquer ce passage, et, chez les autres, la crainte désolante de ne point saisir, même avec la grâce de Dieu, les paroles que son Fils a bien voulu leur adresser. Il nous a parlé : nous devons donc le croire, sa volonté est que nous comprenions ce qu’il nous dit si nous sommes dans l’impossibilité de le faire, prions-le, et il nous accordera cette faveur, puisque sans en avoir été prié, il nous a accordé celle de sa parole.

2. Voici le passage mystérieux qui doit nous occuper , écoutez-moi attentivement : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». C’est chose indubitable, nous tendons tous à la vie éternelle, et, malgré cela, le Sauveur dit: «Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». A-t-il voulu que nous entendions sa parole sans la comprendre? Il est certain que si l’on acquiert la vie éternelle en écoutant et en croyant la parole de Dieu, on y arrive plus sûrement encore en saisissant cette même parole. Pour avancer dans la piété, il faut la foi, et le fruit de la foi n’est autre que l’intelligence, et par l’intelligence on parvient à la vie éternelle au sein de cette vie, on ne nous lira pas [494] l’Evangile ; abstraction faite de ce livre sacré, de toute lecture et de toute interprétation, celui qui nous a donné, pour la vie présente, son Evangile, apparaîtra aux yeux de tous ses fidèles réunis, dont le coeur aura été purifié, et dont le corps, désormais immortel, n’aura plus à craindre les atteintes du trépas : alors, il les rendra tout à fait purs et les éclairera, et ils vivront, et ils verront « le Verbe qui était au commencement, le Verbe qui était en Dieu ». Maintenant donc, considérons ce que nous sommes, pensons à ce qu’est celui qui va nous parler. Le Christ est Dieu, et il parle à des hommes : il veut en être compris, qu’il les eu rende capables ; il veut en être vu, qu’il ouvre leurs yeux. Ce n’est point sans motif qu’il s’adresse à nous, car rien de plus réel que ce qu’il nous promet.

3. « Celui », dit le Sauveur, « qui écoute mes paroles et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne passera point en jugement; mais il passe de la mort à la vie ». Où et quand passons-nous de la mort à la vie, de manière à ne pas entrer en jugement ? En ce monde, on passe de la mort à la vie; en cette vie, qui n’est point encore la véritable, on passe de la mort à la vie. En quoi consiste ce passage ? « Celui qui écoute mes paroles et croit à celui qui m’a envoyé ». En gardant ces paroles, tu y crois et tu passes. Peut-on passer sans changer de place? Certainement. Le corps garde sa place, et l’on passe spirituellement. Où était-on, pour s’éloigner, et où passe-t-on ? On passe de la mort à la vie. Imagine-toi qu’un homme se trouve ici, en qui se réalise ce que nous disons. Il est là, il écoute n peut-être ne croyait-il pas encore ; mais en entendant, il croit : tout à l’heure, il n’avait pas la foi, il l’a maintenant : il est, en quelque manière, sorti du pays de l’infidélité, pour entrer dans la région de la foi n son corps est demeuré immobile, son coeur seul est changé de place en ce sens qu’il s’est porté au bien : ceux, en effet, qui s’écartent de la règle de la foi, ne se portent-ils pas au mal? Voilà comment en cette vie, qui n’est pas, je l’ai dit, la véritable, on passe de la mort à la vie, de manière à ne pas entrer en jugement. Pourquoi ai-je dit que cette vie n’est pas encore la vie? C’est que, si elle était la vie, le Sauveur n’aurait pas dit à quelqu’un : « Si tu veux parvenir

 

1. Jean, I, 1.

 

à la vie, garde les commandements (1) ». Il n’a pas dit : Si tu veux parvenir à la vie éternelle; il n’a pas ajouté le mot: éternelle; il s’est borné à dire : « la vie ». Cette vie-ci ne mérite donc pas d’être appelée la vie, parce qu’elle n’est point la véritable vie. Quelle est la véritable vie, sinon la vie éternelle? Ecoute l’Apôtre; voici ce qu’il dit à Timothée : « Ordonne aux riches de ce monde de n’être point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance en des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant qui nous donne avec abondance ce qui est nécessaire à la vie; d’être charitables et bienfaisants, riches en bonnes oeuvres; de donner de bon coeur, de faire part de leurs biens aux pauvres ». A quoi bon tout cela? Ecoute ce qui suit: « De se faire un trésor et un fondement solide pour l’avenir, afin d’embrasser la véritable vie (2) ». Puisque les riches doivent se faire un trésor et un fondement solide pour l’avenir, afin d’embrasser la vie véritable, la vie dont ils sont aujourd’hui en possession est donc une vie fausse. Car, pourquoi vouloir embrasser la véritable vie, si déjà tu la possèdes? Tu veux embrasser la vraie vie? Il te faut donc sortir de la vie fausse. Par où passer? Où aller? Ecoute et crois, et tu effectues le passage de la mort à la vie, et tu n’entres pas en jugement.

4. Que veulent dire ces paroles: Et tu ne viens pas au jugement? Peut-il y avoir quelqu’un de meilleur que l’apôtre Paul, qui disait : « Nous devons tous comparaître au tribunal de Jésus-Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû à ses bonnes ou à ses mauvaises actions, pendant qu’il était revêtu de son corps (3)? » Paul a dit : « Nous devons tous comparaître au tribunal de Jésus-Christ » ; et toi, tu oses te promettre de ne pas venir au jugement? — Dieu me préserve d’oser me promettre de moi-même un tel privilège : mais je crois à la parole de celui qui me l’a promis. C’est le Sauveur qui parle; c’est la Vérité qui promet; car le Christ m’a dit : « Celui qui écoute mes paroles et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il passe de la mort à la vie, et il ne viendra pas en jugement ». J’ai donc entendu les paroles de mon Seigneur, et j’y ai cru: d’infidèle que j’étais, je suis devenu fidèle: suivant l’avis qu’il m’en a donné, je suis

 

1. Matth. XIX, 17. — 2. I Tim. VI, 17-19. — 3. II Cor. V, 10.

 

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passé de la mort à la vie, et je ne viens pas au jugement ; et si je m’exprime ainsi, ce n’est point par l’effet de ma présomption, mais en conséquence des promesses de mon Sauveur. — Paul parle donc d’une manière différente de celle du Christ? Le serviteur se met donc en contradiction avec son Seigneur, le disciple avec son maître, et l’homme avec Dieu? Le Christ n’a-t-il pas dit, en effet : « Celui qui écoute et qui croit, passe de la mort à la vie, et ne viendra pas au jugement? » D’un autre côté, à entendre l’Apôtre, « ne faut-il pas que nous comparaissions tous au tribunal de Jésus-Christ? » En vérité, si celui-là ne vient pas en jugement, qui comparaît devant un tribunal, c’est à n’y plus rien comprendre.

5. Le Seigneur notre Dieu nous révèle et nous enseigne par ses Ecritures dans quel sens nous devons entendre le mot jugement, dont il se sert. Veuillez, je vous prie, me prêter toute votre attention. Parfois le jugement s’entend dans le sens de punition, et parfois dans celui de discernement. C’est en ce dernier sens qu’il est employé dans ce passage: «  Il faut que nous comparaissions tous au tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû à ses bonnes ou à ses mauvaises actions, pendant qu’il était revêtu de son corps ». Distribuer des récompenses aux bons et des punitions aux méchants, voilà lien en quoi consiste le discernement. Si le mot jugement devait toujours être pris en mauvaise part, le Psalmiste n’aurait pas dit : « Seigneur, jugez-moi ». A entendre ces paroles du Prophète: « Jugez-moi, Seigneur », quelqu’un s’étonnera peut-être; car l’homme a pour habitude de dire : Que Dieu me pardonne ! Seigneur, épargnez-moi ! Mais lui a-t-on jamais entendu dire: « Jugez-moi, Seigneur? » Il arrive parfois que, dans le psaume, ce verset se répète : le lecteur le dit une fois, et le peuple le chante ensuite. Ne se laisse-t-on pas effrayer? Ne craint-on pas de s’adresser à Dieu et de lui dire : « Jugez-moi, Seigneur? » Non, le peuple des croyants chante ces paroles, et il ne pense nullement à se souhaiter du mal, en redisant ce qu’il a appris dans les saints livres : et quand même il ne le comprendrait point parfaitement, il suppose que ce qu’il chante est bon. Toutefois, le Psalmiste lui-même a voulu nous donner l’intelligence de ses paroles; car il continue, et, dans le verset suivant, il nous montre de quel jugement il a parlé : il a fait allusion, non pas au jugement de condamnation, mais à celui de discernement. Il dit effectivement : « Jugez-moi, Seigneur». Qu’est-ce à dire : « Jugez-moi, Seigneur? Et séparez ma cause de celle d’une nation impie ». C’est donc pour ce jugement de discrétion que « nous devons comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ». Pour le jugement de condamnation, c’est de lui qu’il s’agit dans ce passage: « Celui qui écoule mes paroles et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne viendra pas au jugement, mais il passe de la mort à la vie ». Que veut dire: « Il ne viendra pas au jugement?» Il ne sera pas condamné. Prouvons, d’après les Ecritures, que le mot jugement a été employé dans le sens de punition: vous le verrez tout à l’heure; dans la suite même de la leçon qui nous occupe, ce mot n’a été employé qu’avec le sens de condamnation et de punition (1). Ecrivant à ceux qui profanaient le corps que vous connaissez en qualité de fidèles, l’Apôtre dit quelque part, qu’à cause de leur sacrilège, ils étaient frappés de la main de Dieu. Voici en quels termes il s’exprime: « C’est pourquoi il y en a beaucoup parmi vous qui sont malades et languissants, et plusieurs dorment profondément ». C’est pourquoi, aussi, beaucoup d’entre eux mouraient. Il ajoute : « Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés de Dieu »; ou, en d’autres termes : Si nous nous corrigions nous-mêmes, Dieu ne nous corrigerait pas. « Mais lorsque nous sommes jugés, c’est Dieu qui nous reprend, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde (2)». Il en est donc que Dieu juge ici-bas, c’est-à-dire qu’il punit afin de les épargner dans l’autre monde : il y en a d’autres qu’il épargne dans la vie présente, pour les punir plus sévèrement dans l’avenir : d’autres, encore, éprouvent de grandes peines sans être punis néanmoins, lorsque les châtiments de Dieu n’ont pu les amener au repentir; ils ont méprisé, sur la terre, les sévères leçons de leur Père céleste, aussi subiront-ils l’arrêt de condamnation qu’il prononcera contre eux, lorsqu’il sera leur juge. A la fin du monde, il y aura donc un jugement où Dieu, c’est-à-dire le

 

1. N. 13. — 2. I Cor. XI, 30-32.

 

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Fils de Dieu, chassera le diable et ses anges, et, avec eux, tous les fidèles et les impies; à ce jugement ne viendra pas celui qui croit maintenant, et qui, à cause de cela, passe de la mort à la vie.

6. Cependant, ne t’imagine pas que la foi t’empêchera de mourir corporellement; n’interprète point d’une manière charnelle les paroles du Sauveur, et ne va pas te tenir ce langage: Le Seigneur m’a dit: « Celui qui écoute mes paroles et croit à celui qui m’a envoyé, est passé de la mort à la vie ». Donc, puisque j’ai cru, je ne mourrai pas. Sache-le bien, tu mourras; c’est une dette que tu dois payer à cause du péché d’Adam; car il lui a été dit: « Tu mourras de mort (1) ». Voilà une condamnation que nous avons alors tous encourue: impossible de nous y soustraire, Mais quand tu auras subi la mort du vieil homme, tu seras reçu dans l’éternelle vie de l’homme nouveau, et tu passeras de la mort à la vie. Pour le moment, travaille à passer à la vie. Quelle est ta vie? La foi. « Le juste vit de la foi  ». En quel état se trouvent les infidèles? Dans un état de mort. Au milieu de pareils morts se trouvait corporellement celui à qui le Sauveur disait un jour: « Laisse les morts ensevelir leurs morts (2)». Il y a donc, même en cette vie, des hommes qui sont morts, et d’autres qui sont vivants; et tous y semblent être en possession de la vie. Qui sont les morts? Ceux qui n’ont pas cru. Qui sont les vivants? Ceux qui ont la foi. Quel langage l’Apôtre tient-il à ceux qui sont morts? « Lève-toi, toi qui dors » ; il parle d’un sommeil, et non d’une mort. Ecoute ce qui suit : « Lève-toi, toi qui dors, et sors d’entre les morts  ». Et comme si celui-ci lui disait : Où irai-je? Paul répond : « Et le Christ t’éclairera (3) ». Au moment où Jésus-Christ t’éclairera des rayons de la foi, tu passeras de la mort à la vie n puisses-tu y rester, tu ne viendras pas au jugement.

7. Voici qu’il va lui-même nous expliquer sa pensée ; il ajoute donc : « En vérité, en vérité, je vous le dis  ». Il avait dit précédemment : « Il est passé de la mort à la vie  ». Nous croirions peut-être pouvoir inférer de ces paroles que le Sauveur a fait allusion à la résurrection future: mais non; aussi veut-il nous faire comprendre en quoi

 

1. Gen. II, 17 — 2. Habac. II, 4 ; Rom. I, 17. — 3. Math. VIII, 22. — 4. Ephés. V, 14.

 

consiste le passage de la mort à la vie; il veut nous faire comprendre que passer de la mort à la vie, c’est passer de l’infidélité à la foi, de l’injustice à la justice, de l’orgueil à l’humilité, de la haine à la charité ; c’est pourquoi il continue : « En vérité, en vérité, je vous le dis : l’heure vient, et elle est déjà venue  ». Y a-t-il rien de plus clair? Il est évident qu’il nous a donné la clef de ses paroles, et que ce qu’il nous a dit se fait au moment même où il s’adresse à nous : « L’heure vient». Quelle heure? « Et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’entendront vivront ». Nous avons déjà parlé de cette sorte de morts. Que penser, mes frères? Dans cette multitude qui m’entend, n’y a-t-il aucun mort? Sans doute. Ceux-là vivent et ne sont pas morts, qui croient et agissent selon la règle de la vraie foi; mais, par contre, ceux-là doivent être évidemment comptés parmi les morts, qui ne croient pas, ou qui croient à la manière des démons (1), parce qu’ils tremblent et vivent mal ; parce que, tout en confessant le Fils de Dieu, ils n’ont pas la charité. Et, toute. fois, nous en sommes encore à cette heure; car cette heure, dont le Christ nous a parlé, n’est pas du nombre des douze heures d’un même jour. Du moment où il a parlé jusqu’au temps où nous vivons, et jusqu’à la fin du monde, il n’y aura qu’une seule heure, et elle a maintenant cours : c’est à elle que Jean fait allusion dans ce passage de son Epître : « Mes petits enfants, voici la dernière heure (2) ». C’est donc l’heure présente. Que celui qui vit, vive; que vive aussi celui qui est mort : que celui qui gisait au nombre des morts, entende la voix du Fils de Dieu, qu’il se lève et qu’il vive. Au tombeau de Lazare, le Christ a élevé la voix, et l’homme qui s’y trouvait enseveli depuis quatre jours, est ressuscité. Il sentait mauvais, et, pourtant, il est revenu à la vie de ce monde ; il était enseveli, on avait posé sur lui une pierre : néanmoins, la voix du Sauveur a pénétré au-delà de cette pierre: et ton coeur est si dur que la voix du Christ n’a pu encore le briser? Lève-toi dans ton coeur, sors de ton sépulcre. Car tu étais mort, tu étais étendu dans ton coeur comme dans un tombeau ; semblables à une pierre, tes mauvaises habitudes pesaient sur toi. Lève-toi et sors. Qu’est-ce à dire : « Lève-toi

 

1. Jacques, II, 19. — 2. I Jean, II, 18.

 

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et sors ? Crois et confesse ta croyance, car celui qui croit, ressuscite, et celui qui confesse, sort de son sépulcre. Pourquoi disons-nous que celui qui confesse sort de son tombeau? C’est qu’avant de confesser, il n’était pas connu, tandis que, par sa confession, il quitte les ténèbres pour se montrer nu grand jour. Une fois qu’il a confessé, qu’est-ce que Dieu dit de lui à ses ministres? Ce qu’il avait dit près du monument funèbre de Lazare: « Déliez-le et laissez-le marcher (1) ». Comment cela ? Parce que le Christ a dit à ses Apôtres: « Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (2) ».

8. « L’heure vient et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’entendront vivront. » Qui les fera vivre? La vie. Quelle vie? Le Christ. Comment prouver qu’ils puiseront la vie dans le Christ? C’est qu’il a dit lui-même: « Je suis la voie, la vérité, et la vie (3)  ». Veux-tu marcher? « Je suis la voie  ». Veux-tu échapper à l’erreur? « Je suis la vérité ». Veux-tu ne pas mourir? « Je suis la vie  ». Voici ce que te dit le Sauveur : Tu ne peux aller nulle part que vers moi; tu ne peux marcher que par moi. Cette heure a donc maintenant son cours: tout ce que j’ai dit a aussi lieu ers ce moment, et ne cesse point de se faire. Les hommes qui étaient morts, ressuscitent . à la voix du Fils de Dieu, ils passent à la vie, et, par leur persévérance à croire en lui, ils vivent de lui. Car le Fils est source de vie; et ceux qui croient en lui viennent y puiser.

9. Mais comment possède-t-il la vie en lui-même? De la même manière que le Père la possède. Ecoute-le, voici ce qu’il te, dit: Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir en lui-même la vie». Mes frères, je vais vous expliquer de mon mieux ces paroles: elles sont évidemment de nature à porter le trouble dans les intelligences peu développées. Pourquoi le Christ a-t-il ajouté ces mots: « En lui-même? » Il lui aurait suffi de dire: « Comme le Père a la vie, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie  ». Il. a ajouté : « En lui-même ». En effet, le Père a la vie en lui-même, et le Fils aussi la possède en lui-même. Par le fait que Jésus a dit: « en lui-même », il devient évident qu’il a voulu nous insinuer quelque chose ; il est sûr

 

1. Jean, XI, 38-44. — 2. Matth. XVIII, 18. — 3. Jean, XIV, 6.

 

aussi que ces paroles renferment un sens mystérieux et caché. Frappons, et l’on nous ouvrira. O Dieu, que nous avez-vous dit? Pourquoi avez-vous ajouté: « En lui-même?» L’apôtre Paul, à qui vous avez communiqué la vie, ne la possédait-il pas? Indubitablement, il la possédait. Pareillement, les morts auxquels vous rendez la vie, et qui y passent par la foi en votre parole, ne l’auront-ils pas en vous, après ce passage? Oui, ils l’auront, car tout à l’heure j’ai moi-même expressément dit: « Celui qui écoute mes paroles et croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle  ». Ceux qui croient en vous ont donc la vie éternelle: pourtant, vous n’avez pas dit qu’ils l’ont en eux-mêmes. Mais, en parlant du Père, vous avez dit : « Comme le Père a la vie en lui-même », puis vous avez ajouté relativement à vous : « Ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir en lui-même la vie ». Comme le Père a la vie, ainsi a-t-il donné au Fils de l’avoir. Où l’a-t-il? « En lui-même ». Où a-t-il donné au Fils de l’avoir? « En lui-même ». Où Paul l’avait-il? Non pas en lui-même, mais dans le Christ. Et toi, fidèle, où l’as-tu? Non pas en toi-même, mais dans le Christ. Voyons si l’Apôtre raisonne de la même manière. « Je « vis, mais ce n’est pas moi qui vis, c’est le « Christ qui vit en moi (1)  ». Notre vie, en tant que nôtre, c’est-à-dire en tant que résultat de notre volonté propre, ne sera jamais qu’une vie mauvaise, pécheresse et coupable; mais notre vie bonne nous vient de Dieu et n’a point sa source en nous-mêmes: c’est Dieu qui nous la donne, et nous sommes incapables de nous la procurer. Pour le Christ, il a la vie en lui-même, comme le Père; car il est le Verbe de Dieu. Sa vie n’est pas tantôt bonne et tantôt mauvaise, mais l’homme vit tantôt bien et tantôt mal. Celui qui vit mal vit de sa propre vie, et si l’on vit bien, c’est qu’on est passé à la vie du Christ. Avant de participer à sa vie, tu étais étranger à ce que tu as reçu depuis, et seulement susceptible de le recevoir. Quant au Fils de Dieu, il n’y a jamais eu un seul instant où il ait été privé de la vie et où il ait dû la recevoir ensuite; car, évidemment, s’il la recevait, il ne la posséderait pas en lui-même: Quel est, en effet, le sens du mot: « En lui-même? » C’est qu’il était la vie même.

 

1. Galat. II, 20.

 

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10. Je vais vous dire une chose peut-être encore plus claire. Quelqu’un, par exemple, allume une lampe; situ considères la petite flamme qui se montre à cette lampe, fuseras obligé de convenir qu’elle a la lumière en elle-même; mais, en l’absence de la lampe, tes yeux étaient comme morts et ne voyaient rien; mais dès qu’ils l’aperçoivent, ils ont la lumière, et, toutefois, ils ne l’ont pas en eux-mêmes. S’ils se détournent de la lampe, ils sont plongés dans les ténèbres, s’ils se tournent de son côté, ils reçoivent l’éclat de ses rayons. Tant que le feu de cette lampe existe, il brille; mais dès que lu veux lui enlever son éclat, tu l’éteins nécessairement du même coup; car il lui est impossible de subsister, indépendamment de cet éclat. Quant au Christ, il est une lumière inextinguible, coéternelle au Père, toujours brillante, toujours resplendissante, toujours brûlante; car si elle ne brûlait point, le Psalmiste dirait-il: « Personne ne peut se dérober à sa chaleur (1)? « Plongé dans l’iniquité, tu es froid: si tu t’approches de lui, tu te réchauffes, mais tu te refroidis aussitôt que tu t’en éloignes. Tes péchés t’environnent d’épaisses ténèbres, tourne-toi vers lui, il t’illuminera; en lui tournant le dos, tu retomberas dans l’obscurité. Par conséquent, tu n’es par toi-même que ténèbres: et quand tu viens à être éclairé, tu n’es nullement la lumière, bien que tu sois au sein de la lumière. Aussi l’Apôtre dit-il: « Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur (2) ». Après ces mots: « Mais maintenant vous êtes lumière », il ajoute: « dans le Seigneur  ». Pourquoi, lumière? Parce que tu es entré en participation de sa lumière. Eloigne-toi de cette lumière dont les rayons se reflètent sur ta personne, tu retombes dans ta propre obscurité. Il n’en est pas ainsi du Christ, il en est tout différemment du Verbe de Dieu. Qu’en est-il donc? « Comme le Père a la lumière en lui-même, ainsi « a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la lumière en lui-même ». Ainsi, il vit, non parce qu’il entre en participation de la vie d’un autre, mais parce qu’il possède la vie dès toujours, parce qu’il est, par essence, la vie même. « Ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie  ». Comme il la possède, il a donné au Fils de la posséder. Quelle différence

 

1. Ps. XVIII, 7. — 2. Eph. V, 8.

 

y a-t-il entre le Père et le Fils? C’est que l’un donne et que l’autre reçoit. Mais le Fils existait-il au moment où il a reçu? Supposerions-nous que le Christ ait jamais pu se trouver privé de la lumière? N’est-il pas, en effet, cette sagesse du Père, de laquelle il a été dit: « Elle est la splendeur de la lumière éternelle (1) ? » Ces mots : « Il a donné au Fils », ne sont, en d’autres termes, que ceux-ci: Il a engendré le Fils, et, en l’engendrant, il lui a donné. Comme il lui a donné l’être, ainsi lui a-t-il donné d’être la vie; et il le lui donné de manière à ce qu’il eût la vie en lui. même. Qu’est-ce à dire, qu’il eût la vie en lui. même? c’est-à-dire, qu’au lieu de la puise ailleurs, il en fût lui-même la plénitude, et la communiquât à tous les croyants, tant qu’ils vivraient. «Il lui a donc donné d’avoir la vie en lui-même». Il le lui a donné eu quelle qualité? En tant qu’il est son Verbe, Celui qui , « au commencement était le Verbe, et le Verbe en Dieu ».

11. De plus, parce que le Verbe s’est ni homme, qu’a-t-il reçu du Père en cette qualité? « Et il lui a donné la puissance de rendre les jugements, parce qu’il est le Fils de l’homme». En tant qu’il est Fils de Dieu, « comme le Père a la vie en lui-même, ainsi lui a-t-il donné d’avoir en lui-même ta vie » ; en tant qu’il est Fils de l’homme, le Père « lui a donné la puissance de rendre les jugements ». Voilà pourquoi j’ai dit hier à votre charité qu’au jugement on verra l’homme, mais qu’on n’apercevra pas le Dieu, et qu’après le jugement le Dieu se manifestera aux yeux de ceux qui en seront sortis victorieux, tandis qu’Il se dérobera à la vue des impies (2). En Jésus-Christ, l’homme se montrera donc au jugement, revêtu de cette forme avec laquelle il est monté an ciel et en redescendra: telle est la raison de ces paroles prononcées par lui : « Le Père ne juge personne, mais il a donné son jugement au Fils (3) ». Il exprime à nouveau cette pensée, quand il dit: « Et il lui a donné la puissance de rendre les jugements, parce qu’il est Fils de l’homme ». Mais, me diras-tu, pourquoi « le Père a-t-il donné au Fils la puissance de rendre les jugements ? » Y a-t-il eu un seul instant où le Fils n’ait point possédé le pouvoir de juger? Comment ! « Au commencement, il

 

1. Sag. VII, 26. — 2. V. Traité précédent. — 3. Jean, V, 22.

 

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était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et rite Verbe était Dieu; toutes choses ont été faites par lui (1)», et il n’aurait pas eu le pouvoir de porter les jugements? Le motif pour lequel le Père « lui a donné le pouvoir de porter les jugements est le même que celui pour lequel il a reçu ce pouvoir; le voici: « c’est qu’il est le Fils de l’homme » ; car, en tant qu’il est Dieu, il l’a toujours eu; mais il l’a reçu, en tant qu’il a été attaché à la croix. Celui qui est mort se trouve maintenant au sein de la vie; quant au Verbe rie Dieu, jamais il n’a subi les atteintes du trépas; toujours il a été vivant.

12, Au sujet de la résurrection, quelqu’un d’entre nous disait peut-être: Voilà que nous sommes ressuscités; celui qui écoute le Christ et croit en lui, passe de la mort à la vie et ne viendra pas au jugement: l’heure vient, et elle est déjà venue, où vit celui qui écoute la voix du Fils de Dieu : il était mort, il a entendu cette voix, il est ressuscité. Pourquoi alors parler d’une autre résurrection, qui se fera plus tard? Patience! Ne te hâte point de parler ton jugement, car tu tomberais avec lui. li y a d’abord la résurrection, dont nous venons de nous entretenir, et qui s’opère au temps présent. Les hommes infidèles, les pécheurs, étaient plongés dans un état de mort; en devenant justes, ils viennent à la vie: ils passent de la mort de l’infidélité à la vie de la foi; mais de cela tu n’es pas en droit de conclure qu’il n’y aura pas plus tard une résurrection de la chair: tu dois le croire, il y en aura une. Ecoute le Sauveur: il t’a parlé de la résurrection qui se fait par la foi. De ses paroles on aurait pu conclure qu’il n’y en aura pas d’autre: par là, on serait tombé dans l’erreur et le désespoir de ces hommes qui ont perverti les pensées d’autrui « en disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui renversent la foi de quelques-uns (2)  ». A mon avis, voici ce que ces hommes leur disaient: Dès lors que le Seigneur a dit: « Et celui qui croit en moi est passé de la mort à la vie », il est sûr que la résurrection a déjà eu lieu pour les hommes fidèles que l’infidélité comptait autrefois dans ses rangs: alors, comment peut-on dire qu’il y aura une autre résurrection? Grâces soient rendues au Seigneur notre Dieu! Il soutient ceux qui chancellent, il dirige ceux qui hésitent, il

 

1. Jean, I,1, 3. — 2. II Tim. II, 18

 

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affermit ceux qui doutent. Ecoute ce qu’il dit ensuite: ses paroles ne te laisseront aucune liberté de te plonger dans les ténèbres de la mort. Si tu as la foi, qu’elle soit entière. — Que dois-je croire, me diras-tu, pour croire complètement? — Ecoute ce que dit le Christ: « Ne vous étonnez pas de cela », c’est-à-dire, de ce que le Père a donné au Fils la puissance de faire le jugement: je veux dire, le jugement final. Comment cela? « Ne vous étonnez pas de cela, car l’heure vient  ». Le Sauveur n’ajoute pas: « Et elle est déjà venue  ». Quand il était question de la résurrection opérée par la foi, ne disait-il pas: « L’heure vient, et elle est déjà venue? pour celle des corps morts, il dit: « L’heure vient», et il n’ajoute pas: « Et elle est déjà venue », parce qu’elle n’arrivera qu’à la fin du monde.

13. Quelle preuve me donneras-tu pour m’assurer que, dans la pensée du Christ, il s’agissait de la résurrection des morts? — Voici ma réponse: Ecoute patiemment, et tu te donneras à toi-même cette preuve. Continuons donc: « Ne vous étonnez pas de cela, « car l’heure vient où ceux qui sont dans les « sépulcres  ». Peut-on parler plus clairement de la résurrection des morts? Jusqu’alors il n’avait pas dit: « Ceux qui sont dans les sépulcres », mais: « Les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’entendront, vivront  ». Il ne dit pas: Les unis vivront, les autres seront condamnés, parce que tous ceux qui croient vivront. Quant à ce qui est des sépulcres, comment s’exprime-t-il? «Tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, et ils en sortiront  ». Il ne dit pas: « Ils entendront et vivront ». Car s’ils se trouvent dans les tombeaux après avoir mené une vie corrompue, ils ressusciteront pour la mort, et non pour la vie. Quels seront ceux qui sortiront des sépulcres? Voyons-le. Tout à l’heure, parce qu’ils avaient entendu et cru, les morts revenaient à la vie; remarque-le cependant: aucune différence n’existait entre eux; car le Sauveur n’a pas dit: Les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et lorsqu’ils l’auront entendue, les unis vivront, et les autres seront condamnés. Voici ses paroles: « Tous ceux qui auront entendu, vivront  ». Car ceux qui croient, ceux qui ont la charité, vivront, et personne ne mourra. Mais, quand il s’agit des tombeaux, il s’exprime en ces termes: [500] « Ils entendront sa voix et ceux qui auront bienfait en sortiront pour la résurrection de la vie, et ceux qui auront mal fait, pour la résurrection du jugement ». Voilà bien le jugement, voilà bien la punition dont il a parlé tout à l’heure: « Celui qui croit en moi est passé de la mort à la vie, et il ne viendra pas au jugement ».

14. « Je ne puis rien faire de moi-même; comme j’entends, je juge, et mon jugement est juste ». Si vous jugez comme vous entendez, qui entendez-vous? Si c’est le Père, il est sûr que « le Père ne juge personne; mais il adonné tout jugement au Fils». —Vous êtes donc comme le héraut du Père! Alors, quand dites-vous ce que vous entendez? — Ce que j’entends, je le dis, car je suis ce qu’est le Père: mon être consiste à parler, car je suis le Verbe du Père. Voilà ce que te dit le Christ. Maintenant, interprète ses paroles. Que veut dire: « Comme j’entends, je juge? » Ceci, évidemment: Comme je suis. Car comment le Christ entend-il? Je vous en conjure, mes frères, cherchons. Le Christ entend son Père. Comment le Père lui parle-t-il? Il est sûr que, s’il lui parle, il lui adresse la parole; personne, en effet, ne peut dire quelque chose à un autre sans parler. Comment donc le Père peut-il parler au Fils, puisque le Fils est le Verbe du Père? Tout ce que le Père nous dit, il nous le dit par son Verbe. Son Verbe n’est autre que son Fils: alors, quelle autre parole peut-il adresser à sa Parole? Dieu est un, il a un Verbe unique, et, dans cet unique Verbe, il contient tout. Quel est donc le sens de ce passage: « Comme j’entends, je juge? » Comme je suis du Père, je juge. Donc, « mon jugement est juste ». Si vous ne faites rien de vous-même, ô Seigneur Jésus, comme l’imaginent les hommes charnels; si vous ne faites rien de vous-même, comment avez-vous pu dire, il n’y a qu’un instant: « Ainsi, le Fils lui-même vivifie qui il veut? » Vous dites maintenant: Je ne fais rien de moi-même, Mais sur quoi le Fils attire-t-il principalement notre attention? Sur ce qu’il est du Père, Celui qui est du Père, n’est pas de lui-même, Que si le Fils était de lui-même, il ne serait pas le Fils: il est du Père. Pour exister, le Père n’est pas du Fils, mais le Fils est du Père. Il est égal au Père, et, néanmoins, il est de lui, tandis que le Père n’est pas du Fils.

15. « Parce que je cherche, non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé  ». Le Fils unique dit: « Je ne cherche pas ma volonté », et des hommes veulent faire la leur ! Lui, qui est égal au Père, il s’humilie si profondément, et nous voyons s’élever si haut des hommes tombés si bas, et qui ne peuvent se relever sans le secours d’une main étrangère! Faisons donc la volonté du Père, la volonté du Fils et celle du Saint-Esprit, parce qu’une est la volonté, la puissance et la majesté de la Trinité tout entière. Cependant, le Fils dit: « Je suis venu faire, non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé»; la raison en est que le Christ est, non pas de lui-même, mais de son Père. Et s’il a paru sous la forme d’un homme, c’est qu’il a emprunté cette forme à la créature humaine qu’il avait tirée du néant.

 
 
 
 

source: http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/index.htm

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