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Saint Augustin d'Hippone
Sermons

SERMON XCVIII. LES MORTS SPIRITUELS (1) .
 

ANALYSE. —Tous les miracles de Notre-Seigneur ont un sens caché que tous malheureusement ne comprennent pas, et si des résurrections nombreuses qu'il a opérées durant le cours de sa vie il n'est fait mention que de trois dans l'Évangile, est que ces trois résurrections sont une image de la résurrection spirituelle de tous les pécheurs. Quelques-uns en effet n'ont fait que consentir au péché; d'autres ont uni l'action extérieure au consentement; d'autres enfin sont écrasés sous le poids des habitudes coupables. Les premiers sont représentés par la fille du prince de Synagogue, que Jésus ressuscita dans la chambre même où elle venait d'expirer ; les seconds par le fils de la veuve de Naïm, qui était déjà, sorti de sa demeure, et que l'on portait eu terre; les troisièmes enfin, par Lazare, déjà couvert de la pierre sépulcrale, et enseveli depuis quatre jours. Ces quatre jours signifient les quatre degrés par lesquels on descend dans le tombeau des habitudes coupables.
 
 

1. Les miracles de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ font des impressions, mais des impressions bien diverses, sur tous ceux qui en entendent le récit et qui y ajoutent foi. Les uns s'étonnent de ces prodiges corporels, mais sans y voir rien de plus grand; d'autres, au contraire, contemplent avec plus d'admiration encore dans les âmes les merveilles qu'ils voient se produire dans les corps. Le Seigneur ne dit-il pas lui-même « De même que le Père réveille les morts et leur rend la vie ; ainsi le Fils donne la vie à qui il veut (2) ? » Ce n'est pas que le Fils ressuscite des morts que ne ressuscite point le Père; le Père et le Fils ressuscitent les mêmes puisque le Père fait tout par le fils; mais c'est pour le Chrétien une preuve indubitable qu'aujourd'hui encore il ressuscite des morts. Mais, hélas! si chacun à des yeux pour voir des morts ressusciter à la manière dont est ressuscité le fils de la veuve dont il vient d'être question dans l'Evangile, il n'y a pour voir les résurrections du tueur que ceux dont le cœur est ressuscité déjà. Il est plus grand de ressusciter pour vivre toujours, que- de ressusciter pour mourir de nouveau.

2. Si la résurrection de ce jeune homme comble de joie la veuve, sa mère ; notre mère la sainte Eglise se réjouit aussi en voyant chaque jour des hommes ressusciter spirituellement. L'un était mort de corps; les autres l'étaient d'esprit. On pleurait visiblement la mort visible du premier; on ne s'occupait, on ne s'apercevait même pas de la mort invisible des derniers. Mais quelqu'un connaissait ces morts, il s'occupa d'eux; et heureusement, Celui qui seul les connaissait, pouvait les rappeler à la vie. Si en effet le Seigneur n'était venu pour ressusciter ces morts, l'Apôtre ne dirait pas : « Lève-toi, toi qui dors ; lève-toi d'entre les morts et le Christ t'éclairera (3). »
 
 

1. Luc, VII, 11-15. — 2. Jean, V, 21. — 3. Ephés. V, 14.
 
 

ces mots : « Lève-toi, toi qui dors, »tu te figures simplement un homme endormi;'mais ces autres mots : « Lève-toi d'entre les morts, » doivent le faire entendre qu'il est réellement question d'un mort. Des morts même ordinaires né dit-on pas qu'il dorment? Oui, pour Celui qui peut les ranimer ils ne sont qu'endormis. Un mort est pour toi un mort, car il ne s'éveille point quoique tu fasses pour le secouer, pour le pincer, pour le mettre en pièces. Mais pour le Christ qui lui dit : « Lève-toi, » ce jeune homme était simplement endormi, puisqu'il se leva aussitôt. Nul n'éveille aussi facilement un homme dans son lit, que le Christ ne tire un mort du tombeau.

3. L'Ecriture ne nous parle que de trois morts visibles ressuscités parle Christ. Il est certain qu'il a ressuscité par milliers des morts invisibles; mais qui sait combien il en a ressuscités de visibles? Car tout ce qu'il a fait n'est pas écrit. « Jésus a fait beaucoup d'autres choses, dit Jean en termes formels; si elles étaient écrites, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu'il faudrait composer (1). » Il est donc sûr que le Sauveur a ressuscité beaucoup d'autres morts; mais ce n'est pas sans motif qu'il n'est fait mention que de trois.

Notre-Seigneur Jésus-Christ, en effet, voulait qu'on vît encore un sens spirituel dans ce qu'il faisait sur les corps. Il ne faisait pas des miracles pour faire des miracles; il prétendait qu'admirables à l’oeil, ses oeuvres fussent une instruction pour l'esprit. Un homme voit des caractères sur un livre magnifiquement écrit, mais il ne sait lire; il loue l'adresse du copiste, il admire la beauté des traits, mais il en ignore la destination et le sens; ses yeux s'extasient ainsi devant ce que ne comprend pas son esprit. Un autre au contraire admire et comprend, car il ne voit pas
 
 

1. Jean, XXI, 27.
 
 

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seulement ce que tous peuvent voir; il sait lire encore, ce que ne sait le premier qui n'a point appris. Ainsi parmi les témoins des miracles du Christ, il y en eut qui ne saisissaient point ce qu'ils signifiaient, ce qu'ils révélaient en quelque sorte à l'intelligence; ceux-là ne les admiraient que comme des faits extérieurs; mais il y en eut d'autres qui en comprenaient le sens tout en les admirant, et c'est à ceux-ci que nous devons ressembler dans l'école du Sauveur.

Si l'on dit en effet qu'il a fait des miracles pour faire des miracles, on peut avancer également qu'en cherchant à cueillir des figues sur le figuier, il ignorait que ce n'en était pas la saison. L'Evangéliste dit positivement que ce n'était pas le moment des figues; le Sauveur toutefois en cherchait sur cet arbre pour apaiser sa faim. Mais quoi! le Christ ignorait-il ce que savait un paysan? Le Créateur de ces arbres méconnaissait-il ce que savait le jardinier? Il faut donc reconnaître qu'en cherchant des fruits sur cet arbre pour apaiser sa faim, il voulait faire entendre qu'il avait faim d'autre chose et qu'il cherchait une autre espèce de fruits. On le vit de plus maudire ce figuier qu'il trouva couvert de feuilles mais sans aucun fruit, et cet arbre se dessécha. Or comment avait-il démérité en ne portant pas de fruits (1)? Quel crime peut commettre un arbre en demeurant stérile? Ah  c'est qu'il est des hommes dont la stérilité est¨volontaire, et la volonté les rendant féconds, ils sont coupables de ne pas l'être. Tels étaient les Juifs; arbres chargés de feuilles et dénués de fruits, ils sevantaient de posséder la loi sans en faire les oeuvres.

J'ai voulu prouver, par ces développements, que Jésus-Christ Notre-Seigneur faisait des miracles pour nous instruire; il ne les donnait pas seulement comme des oeuvres merveilleuses, magnifiques et divines, i1 voulait encore nous donner par eux quelques leçons.

4. Qu'a-t-il donc prétendu nous enseigner par les trois morts qu'il a ressuscités? Ila ressuscité d'abord la fille du prince de Synagogue qui le priait de venir la délivrer de sa maladie. Or lorsqu'il y allait, on vint annoncer qu'elle était morte, et comme pour lui épargner des fatigues désormais inutiles on disait au père : « Ta fille est morte, pourquoi tourmenter encore le Maître? » Mais le Sauveur poursuivit sa route. « Ne crains pas, dit-il au père, crois seulement. » Il arriva à la maison, et trouvant déjà tout préparé pour
 
 

1. Matt. XXI, 18,19 ; Marc, XI, 13.
 
 

l'accomplissement du devoir des funérailles: «Ne pleurez pas,dit-il, car cette jeune fille n'est pas morte, elle dort. » Il disait vrai; cette fille était endormie, mais pour Celui-là seulement qui pouvait l'éveiller. Il l'éveilla et la rendit pleine de vie à ses parents (1).

Il ressuscita aussi ce jeune homme, fils de veuve, qui nous a donné occasion de faire à votre charité ces réflexions, que le Sauveur même daigne nous inspirer. On vient de vous rappeler comment eut lieu cette résurrection. Le Sauveur approchait d'une ville; il rencontra un convoi qui emportait un mort, et on était déjà sorti de la porte. Touché de compassion à la vue des larmes que répandait cette pauvre mère, déjà veuve et privée maintenant de son fils unique, il fit ce que vous savez « Jeune homme, dit-il, je te le commande, lève-toi. » Ce mort se leva, il se mit à parler, et Jésus le rendit à sa mère.

Il ressuscita enfin Lazare, dans lé tombeau même. Les disciples savaient Lazare malade, et comme Jésus s'entretenait avec eux et qu'il aimait Lazare: « Lazare, notre ami, dort, » dit-il. Mais eux, considérant que le sommeil serait bon au malade; « Seigneur, répliquèrent-ils, s'il dort, il est guéri. « — Je vous le déclare, reprit alors le Sauveur plus clairement, Lazare, notre ami, est mort. (2)» Ces deux expressions sont justes : Pour vous il est mort, et pour moi il est seulement endormi.

5. Ces trois mots désignent trois espèces de pécheurs, ressuscités par le Christ, maintenant encore. La fille du chef de Synagogue était restée dans la maison de son père, elle n'en avait pas encore été tirée ni emportée publiquement, C'est dans l'intérieur de la demeure qu'elle fut ressuscitée et rendue vivante à ses parents. Quant au jeune homme, il n'était plus dans sa maison, et pourtant il n'était pas encore dans le tombeau; il avait quitté le foyer, mais il n'était pas encore déposé dans la terre ; et la même puissance qui avait ressuscité la jeune fille encore sur son lit, ressuscita ce jeune homme qu'on avait sorti du, sien, sans l'avoir encore Inhumé. Une troisième chose restait à faire, c'était de ressusciter un mort dans le tombeau : Jésus fit ce miracle sur Lazare.

Venons à l'application. Il y a des hommes qui ont le péché dans le coeur, quoiqu'il ne paraisse pas encore dans leur conduite. Ainsi quelqu'un ressent un mouvement de convoitise; et comme le Seigneur dit lui-même : « Quiconque aura
 
 

1. Marc, V, 22-43. — 2. Jean, XI, 11-44.
 
 

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regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l'adultère dans son coeur (1); » quoique le corps ne l'ait pas approchée, dès que le coeur consent au crime, il est mort ; mais ce mort reste encore dans sa demeure, et on ne l'a point emporté. Or, il arrive quelquefois, nous le savons et plusieurs l'expérimentent chaque jour, que ce mort soit frappé en entendant la parole dé Dieu, comme si le Seigneur lui disait en personne Lève-toi. Il condamne alors le consentement qu'il a donné au mal, et ne respire plus que salut et justice. C'est le mort qui ressuscite dans sa demeure, c'est un coeur qui recouvre la vie dans le sanctuaire de sa conscience, et cette résurrection de l'âme qui s'opère en secret, se produit en quelque sorte au foyer domestique.

Il en est d'autres qui après avoir consenti au mal l'accomplissent. Ne dirait-on pas qu'ils emportent un mort, et qu'ils montrent en public ce qui était dans le secret? Faut-il, toutefois, désespérer d'eux? Mais ce jeune homme n'a-t-il pas aussi entendu cette parole : « Lève-toi, je te le commande? » N'a-t-il pas, lui aussi, été rendu à sa mère ? C'est ainsi que même après avoir commis le crime, on ressuscite à la voix du Christ, ou revient à la vie, lorsqu'on se laisse toucher et ébranler par la parole de vérité. On a pu faire un pas de plus vers l'abîme, mais on ne saurait périr éternellement.

Il en est enfin qui en taisant le mal s'enchaînent dans des habitudes perverses; ces habitudes ne leur laissent déjà plus voir la malice de leurs actes; ils justifient le mal qu'ils font, et s'irritent quand on les reprend, comme ces Sodomites qui répondaient au juste, censeur, de leurs dispositions trop perverses : « Tu es venu chercher ici un asile, et non pas nous donner des lois (2). » Tel était donc le honteux empire de la coutume, que la débauche leur paraissait vertu et qu'en la leur interdisant on était plutôt blâmé qu'en s'y abandonnant. Ceux qui sont ainsi accablés sous le poids de la coutume, sont déjà comme inhumes; il y a plus, mes frères, on peut même dire d'eux, comme de Lazare, que déjà ils sentent mauvais. La pierre qui pèse sur le sépulcre est comme la tyrannie, de l'habitude qui -pèse sur l'âme, sans lui permettre, ni de se relever, ni de respirer.

6. Il est dit de Lazare : « C'est un mort de quatre jours. » C'est que réellement il y a comme quatre degrés qui conduisent l'âme à
 
 

1. Matt. V, 28. — 2. Gen. XIX, 9.
 
 

cette affreuse habitude dont je vous entretiens. Le premier est comme un sentiment de plaisir qu'éprouve le coeur; le second est le consentement; l'action, le troisième; et l'habitude enfin,

le quatrième. De fait, il est des hommes qui rejettent si vigoureusement les pensées mauvaises qui se présentent à leur esprit, qu'ils n'y sentent aucune délectation. Il en est qui y goûtent du plaisir, mais sans consentement : ce n'est pas encore la mort, c'en est toutefois comme le commencement. Mais si an plaisir vient se joindre le consentement, on est coupable. Après avoir consenti au mal, on le commet; puis le péché devient habitude; on est alors comme dans un état désespéré, on «est un mort de quatre jours, sentant déjà mauvais. » C'est alors que vient le Seigneur. Tout lui est facile, mais il veut te faire sentir combien pour toi la résurrection est difficile. Il frémit en lui-même, il montre combien il faut de cris et de reproches pour ébranler une habitude invétérée. A sa voix, néanmoins, se rompent les chaînes de la tyrannie, les puissances de l'enfer tremblent, Lazare revient à la vie. Le Seigneur, en effet, délivre de l'habitude perverse les morts même de quatre jours. Quand le Christ voulait le ressusciter, Lazare après ses quatre jours était-il pour lui autre chose qu'un homme endormi Mais que dit-il? Considérez les circonstances de cette résurrection.

Lazare sortit vivant du tombeau, mais sans pouvoir marcher. « Défiez-le, dit alors le Seigneur à ses disciples, et le laissez aller.» Ainsi le Sauveur ressuscita ce mort, et les disciples rompirent ses liens. Reconnaissez donc que la Majesté divine se réserve quelque chose dans cette résurrection. On est plongé dans une mauvaise habitude et la parole de vérité adresse de sévères reproches. Mais combien ne les entendent pas! Qui donc agit intérieurement dans ceux qui les entendent? Qui leur souffle la vie dans l'âme? Qui les délivre de cette mort secrète et leur donne cette secrète vie? N'est-il par vrai qu'après les reproches et les réprimandes le pécheur est livré à ses pensées et qu'il commence à se dire combien est malheureuse la vie qu'il mène, combien est déplorable l'habitude perverse qui le tyrannise? C'est alors que honteux de lui-même il entreprend de changer de conduite. N'est-il pas alors ressuscité ? Il, a recouvré la vie, puisque ses désordres lui déplaisent. Mais- avec ce commencement de vie nouvelle, il ne saurait marcher; il est retenu par les liens de ses fautes et il a besoin qu'on le délie (432) et qu'on le laisse aller. C'est la fonction dont le Sauveur a chargé ses disciples en leur disant : « Ce que vous délierez sur la terre, sera aussi délié dans le ciel (1). »

7. Ces réflexions, mes bien-aimés, doivent porter ceux qui ont la vie à l'entretenir en eux, et ceux qui ne l'ont pas à la recouvrer. Le péché n'est-il que conçu dans le coeur sans s'être encore révélé par aucun acte? Qu'on se repente, qu'on redresse ses idées. O mort, lève-toi dans le sanctuaire de la conscience. A-t-on accompli déjà un dessein mauvais? On ne doit pas désespérer non plus. Si le mort n'est pas ressuscité dans sa demeure, qu'il ressuscite quand il est sorti. Qu'il se repente de ses actes et recouvre au plus tôt la vie. O mort, ne descends pas dans les profondeurs du tombeau, ne te laisse pas recouvrir par la
 
 

1. Matt. XVIII,18.
 
 

pierre sépulcrale de l'habitude. Mais n'ai-je pas devant moi un malheureux déjà chargé de la froide et dure pierre, déjà accablé sous le poids de l'accoutumance, mort de quatre jours qui exhale l'infection? Que lui.non plus ne désespère pas. O mort, tu es enseveli bien bas, mais le Christ est grand. Il sait de sa voix puissante entrouvrir les pierres tumulaires, rendre par lui-même la vie intérieure aux morts et les faire délier par ses disciples. O morts, faites donc pénitence; car en ressuscitant après quatre jours, Lazare ne conserva plus rien de l'infection première.

Ainsi donc, vivez, vous qui vivez, et vous qui êtes morts, quelle que soit celle de ces trois classes de morts où vous vous reconnaissiez, empressez-vous de ressusciter au plus tôt.

SERMON XCIX. LA RÉMISSION DES PÉCHÉS (1).
 

ANALYSE. — Après avoir montré que c'est à son repentir, à sa dévotion, à sa foi enfin, que la pécheresse de l'Évangile est redevable du pardon généreux que lui accorda Jésus-Christ, saint Augustin se demande dans quel sens il est vrai que celui à qui on a plus pardonné aime aussi davantage. II répond que le pardon embrasse les péchés dont Dieu nous a préservés aussi bien que les péchés effacés par sa miséricorde. Il examine ensuite pour réfuter les Donatistes non moins orgueilleux que les Pharisiens, si la rémission des péchés doit être réellement attribuée aux hommes. Evidemment, répond-il, elle est l'oeuvre du Saint-Esprit, et pour l'accorder, il emploie ou n'emploie pas, selon qu'il le juge convenable, l'intervention des hommes. Bien des faits éclatants prouvent cette vérité dans l'Écriture. C'est donc aux pieds de Jésus-Christ que les pécheurs doivent se jeter, à l'exemple de la pécheresse, pour obtenir le pardon de leurs fautes.
 
 

1. Nous en sommes persuadé, Dieu demande que nous vous entretenions des avertissements que nous donne sa parole dans les divines leçons; aussi, avec le secours de sa grâce, nous allons parler à votre charité de la rémission des, péchés.

Vous vous êtes montrés fort attentifs pendant qu'on lisait l'Évangile, et la scène rapportée semblait se renouveler sous vos yeux. Vous avez vu en effet, non pas de l'œil du corps, mais de 1'œil du coeur, Notre Seigneur Jésus-Christ à table dans la maison d'un pharisien; invité par lui, le Fils de Dieu n'avait pas dédaigné d'accepter. Vous avez vu aussi une femme fameuse ou plutôt diffamée pour ses désordres dans toute la ville, entrant hardiment dans la salle à manger où était son médecin et cherchant la santé avec une sainte impudeur. Si son entrée importunait lés convives, elle venait pourtant fort à propos réclamer un
 
 

1. Luc, VII, 36-60.
 
 

bienfait. Ah ! elle savait combien profonde était sa plaie et combien était capable de la guérir Celui à qui elle s'adressait. Elle se mit donc, non pas à la tête, mais aux pieds du Seigneur, pieds sacrés qui lui rappelaient les fausses démarches auxquelles elle s'était abandonnée trop longtemps. Elle commença par répandre des larmes, c'était le sang de son coeur, et comme pour faire l'aveu de ses désordres, elle en arrosa les pieds du Seigneur, les essuyant de ses cheveux, les baisant et les parfumant. Elle parlait sans rien dire; mais sans prononcer de paroles, quelle dévotion elle faisait éclater !

2. Or, en lui voyant toucher ainsi le Seigneur, à qui elle arrosait, baisait, essuyait et parfumait les pieds, le Pharisien qui avait invité Jésus-Christ et qui était du nombre de ces hommes superbes dont parle le prophète Isaïe quand il s'exprime ainsi : « Ce sont eux qui disent : Eloigne-toi de (433) moi, garde-toi de me toucher; car je suis pur (1),» s’imagina que le Sauveur ne connaissait pas cette femme. Il réfléchissait en lui-même et disait dans son coeur : « Si cet homme était un prophète, il connaîtrait quelle est cette femme qui lui touche les pieds. » Si donc il se figura que Jésus ne la connaissait point, c'est qu'il ne la repoussait pas, c'est qu'il ne l'empêchait point de l’approcher, c'est qu'il se laissait toucher par cette pécheresse. Quelle autre preuve avait-il que le Sauveur ne la connaissait point ? Si pourtant il la connaissait, ô Pharisien, qui as invité le Seigneur à ta table et qui le censures? Tu traites ton Seigneur, et tu ignores que c'est lui qui doit te nourrir. Comment sais-tu qu'il ne connaissait pas cette femme ? C'est que par elle il se laissa baiser, essuyer et parfumer les pieds. Il ne devait donc pas permettre à cette impure de toucher ainsi ses pieds sacrés ? Ah! si une semblable s'était approchée des pieds de ce Pharisien, il aurait dit sans aucun doute ce qu'Isaïe prête à ces orgueilleux: « Eloigne-toi de moi, garde-toi de me toucher, car je suis pur. » Mieux avisée, elle s'approcha du Seigneur, afin de revenir purifiée de ses souillures, guérie de sa maladie, publiquement justifiée après une confession publique.

3. En effet le Seigneur entendit la pensée du Pharisien. Mais s'il peut entendre des pensées, ne saurait-il, ô Pharisien, voir des péchés qui se commettent ? Il parla alors, par forme de comparaison, de deux débiteurs d'un même créancier; et c'était pour guérir son hôte, pour ne pas recevoir de lui une hospitalité purement gratuite. Ah! il avait faim de celui qui lui donnait à manger; il voulait le laver, l'immoler, le manger aussi, et se l'incorporer. C'est ainsi qu'il avait dit à la Samaritaine : « J'ai soif (2). » Qu'est-ce à dire, « J'ai soif? » J'ai besoin de ta foi. Il y a donc une comparaison analogue dans les paroles du Sauveur; au Pharisien; et ces paroles atteignent un double but : elles doivent guérir l'hôte de Notre-Seigneur Jésus-Christ et tous les convives, car tous le voient et le méconnaissent également; elles doivent aussi inspirer à la pécheresse la juste confiance que méritent ses aveux et la délivrer des remords déchirants de sa conscience.

« Un des débiteurs devait au créancier cinquante deniers et l'autre cinq cents; il leurrerait la dette à tous deux : lequel l'aime le glus ? » Le Pharisien à qui s'adressait cette parabole, répondit comme l'exigeait la raison même: « Celui, je
 
 

1 Isaïe, LXV, 5. — 2. Jean, IV, 7.
 
 

pense, à qui il a le plus remis. » Et regardant cette femme il poursuivit, s'adressant toujours à Simon: « Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas donné d'eau pour « mes pieds; elle me les a lavés de ses larmes et essuyés de ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser; et depuis qu'elle est entrée, elle n'a cessé de me baiser les pieds. Tu n'as point répandu d'huile sur ma tête; mais elle a répandu des parfums sur mes pieds. C'est pourquoi je te le dis : Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime aussi moins. »

4. Ici s'élève une question que sûrement il nous faut résoudre. Elle a besoin de toute l'attention de votre charité, car à cause du temps qui nous presse, il est à craindre que nos paroles ne suffisent pas poux en dissiper les ombres et y répandre la lumière. Le corps, d'ailleurs, est, épuisé par ces chaleurs, et il a besoin de repos; et pendant qu'il réclame ce qui lui est dû, il nous empêche d'apaiser la faim de l'âme et vérifie ainsi cette parole: « L'esprit est prompt, mais la chair est faible (1). »

Il est donc à craindre et fort à craindre qu'on ne comprenne pas bien ce que le Seigneur disait à Simon. Ceux qui flattent les convoitises de la chair et qui n'ont pas le courage de s'en affranchir, pourraient se- dire comme disaient, au rapport de l'Apôtre Paul, en entendant la prédication des Apôtres eux-mêmes, certaines langues mauvaises qui leur imputaient cette maxime : « Faisons le mal, pour qu'il en arrive du bien (2). » On répète en effet : S'il est vrai que celui à. qui on remet peu aime peu, et s'il est plus avantageux d'aimer davantage que de moins aimer; péchons beaucoup, contractons beaucoup de dettes, et le désir d'en obtenir le pardon fera que nous aimerons davantage Celui qui nous l'accordera généreusement. Cette pécheresse n'eut-elle pas pour son créancier une affection d'autant plus vive qu'elle lui était plus redevable? N'est-ce pas le Seigneur en personne qui disait : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé ? » Et pourquoi a-t-elle beaucoup aimé, sinon parce qu'elle devait beaucoup? Enfin c'est lui encore qui a dit pour compléter sa pensée : « Celui à qui on pardonne peu, aime peu aussi. » Afin donc d'aimer davantage mon Seigneur, ajoute-t-on, ne suis-je pas intéressé à ce qu'il me soit pardonné beaucoup, plutôt que peu ? — Vous
 
 

1. Matt. XXVI, 41. — 2. Rom. III, 8.
 
 

434
 
 

voyez sûrement combien cette question est profonde; oui, vous le voyez. Mais vous voyez aussi comme le temps nous presse; oui, vous le voyez encore, et de plus vous le sentez.

5. Je m'expliquerai donc en peu de mots; et si je n'éclaircis pas suffisament cette grande question, prenez note de ce que je dis maintenant et considérez-moi comme votre débiteur pour l'avenir.

Afin d'expliquer plus clairement ma pensée par des exemptés, supposons deux hommes, dont l'un est chargé de crimes et a longtemps vécu dans d'affreux désordres, tandis que l'autre n'a fait que peu de péchés. Tous deux se présentent pour recevoir la grâce, ils sont baptisés tous deux. Entrés comme débiteurs, ils sortent sans plus rien devoir; mais il a été remis à l'un beaucoup plus qu'à l'autre. J'examine maintenant quel est l'amour de chacun. Si réellement il y a plus d'amour dans celui à qui il a été remis plus de péchés, il lui est avantageux d'avoir péché davantage, puisque ses iniquités plus nombreuses ont servi à enflammer sa charité. Je sonde ensuite la charité de l'autre; il doit en avoir moins; car si je constate qu'il en a autant que le premier auquel il a été pardonné davantage, quelle sera mon attitude en face des paroles du Seigneur? Comment sera vraie cette sentence de la Vérité même : « Celui à qui on remet peu, aime peu? » — Il m'a été peu remis, dira quelqu'un, car je n'ai pas beaucoup péché; néanmoins j'aime autant que cet homme à qui il a été remis beaucoup. — Mais est-ce toi qui dis vrai, ou est-ce le Christ? T'a-t-il pardonné cette assertion mensongère pour te permettre de calomnier ton Bienfaiteur? S'il t'a remis peu, tu aimes peu ; car si tu aimais beaucoup quoiqu'il te fût peu remis, ce serait un démenti donné à cette maxime : « Celui à qui on remet peu, aime peu. » Je le crois donc plutôt que toi, car il te connaît mieux que tu ne te connais, et je soutiens qu'en te figurant qu'on t'a peu remis, tu aimes peu. — Que devais je donc faire, reprend mon interlocuteur ? Commettre plus de crimes, afin d'avoir à me faire pardonner plus et de pouvoir aussi aimer davantage ? — C'est nous presser vivement. Daigne le Seigneur, dont nous étudions l'infaillible parole, nous délivrer de ces difficultés.

6. Le Sauveur, en énonçant cette maxime, avait en vue ce pharisien qui s'imaginait n'avoir que peu ou même point de péchés. De fait, il n'aurait pas invité le Seigneur, s'il ne l'eût aimé tant soit peu. Mais que son amour était froid! Point de baiser, et sans parler de larmes, pas même un peu d'eau pour lui laver les pieds; aucun enfin de ces hommages que lui rendit cette femme qui savait mieux ce qu'elle avait à guérir et à qui elle se devait adresser. Si tu aimes si peu, ô Pharisien, c'est que tu te figures qu'on te remet peu; ce n'est pas que réellement on te remette peu, c'est que tu te le figures: — Quoi donc! reprend-il; je n'ai pas commis d'homicide, dois-je passer pour meurtrier? Je n'ai pas souillé la couche d'autrui, dois-je porter le châtiment des adultères? Ai-je enfin besoin qu'on me pardonne les crimes que je n'ai pas faits?

Revenons aux deux hommes que nous avons mis en scène, et de nouveau adressons-leur la parole. L'un vient en suppliant; c'est un pécheur hérissé de crimes comme un hérisson, et aussi timide que le lièvre poursuivi. Mais aux lièvres comme aux hérissons la pierre sert de refuge (1). Il accourt donc vers la Pierre mystérieuse, il y trouve un abri et un appui. L'autre a moins péché. Quel moyen employer pour le porter à aimer beaucoup? Que lui dire? Démentirons-nous ces paroles du Seigneur : « Celui à qui on remet peu, aime peu? »

Eh bien! oui, il aime peu, celui à qui on remet peu. Mais dis-moi, ô toi qui prétends avoir fait peu de mal, pourquoi? sous la direction de qui as-tu évité le mal? Grâces à Dieu, car vos applaudissements et vos cris indiquent que vous avez compris. Ainsi la question est résolue. Celui-ci a commis beaucoup de fautes et il a contracté beaucoup de dettes; celui-là, avec l'assistance de Dieu, en a commis peu. Si donc l'un      lui attribue le pardon obtenu, l'autre lui rend grâces des fautes évitées. Tu ne t'es pas rendu coupable d'adultère durant cette vie passée dans l'ignorance, dans les ténèbres, quand tu ne distinguais pas le bien du mal et que tu ne croyais pas encore en ce Dieu qui te conduisait à ton insu; c'est que réellement je t'amenais à moi,  je te conservais pour moi, te dit ton Seigneur. Si tu n'as point commis d'adultère, c'est que personne ne t'y a porté; et si personne ne t'y a porté, c'est moi qui en suis cause. Le temps et le lieu t'ont manqué; je suis cause qu'ils t'ont manqué. On t'y a porté, le temps et le lieu étaient favorables; c'est moi qui par des terreurs secrètes t'ai empêché d'y consentir. Ah ! reconnais donc ma bonté, puisque tu m'es redevable même de
 
 

1. Ps. CXIII, 18.
 
 

ce que tu n'as point fait. Tel m'est obligé parce que, sous tes yeux, je lui ai pardonné ce qu'il a fait; tu me l'es, toi, de ce que tu n'as pas fait. Car il n'est aucun péché commis par un homme, que ne puisse commettre un autre homme, s'il n'est assisté par l'Auteur même de l'homme.

7. Ainsi nous avons résolu en bien peu de temps cette profonde question, et si nous ne l'avons pas résolue, regardez-nous, je le répète, comme votre débiteur : occupons-nous donc au plus tôt et en peu de mots, de la rémission des péchés.

Le Christ était regardé comme un homme, et par celui qui l'avait invité et par ceux qui étaient à table avec lui; mais la pécheresse ne voyait-elle pas en lui quelque chose de plus? Quel était en effet le motif de sa conduite, sinon d'obtenir la rémission de ses péchés? Elle savait donc que le Seigneur pouvait les lui remettre, et eux savaient qu'un homme en était incapable. Il faut même admettre que tous, les convives et la femme qui se tenait aux pieds du Sauveur, croyaient qu'il est impossible à un homme quelconque de pardonner les péchés. Or tous sachant cela, la pécheresse voyait dans Jésus plus qu'un homme, puisqu'elle espérait de lui la rémission de ses fautes. Quant aux autres, Jésus ayant dit à cette femme : « Tes péchés te sont remis, » ils s'écrièrent aussitôt. « Quel est celui-ci, qui remet les péchés même? » Quel est celui-ci, que connaît déjà la pécheresse?

Si tu es à table, toi, comme jouissant de la santé et si tu méconnais le médecin, n'est-ce point parce qu'une fièvre plus violente t'a troublé l'esprit? Ne pleure-t-on pas souvent un phénétique riant aux éclats? Vous avez pourtant raison de croire, d'être intimement convaincus qu'un homme ne saurait effacer les iniquités. D'où il suit qu'en attendant du Christ le pardon des siennes, cette femme voit en lui plus qu'un homme, elle reconnaît qu'il est Dieu. « Quel est celui-ci, disent-ils, qui remet les péchés même? » A cette question : « Quel est celui-ci? » Jésus ne répond pas : c'est le Fils de Dieu c'est le Verbe de Dieu; mais les laissant quelque temps avec les idées qu'ils se faisaient de lui, il résout le problème qui excitait leurs alarmes; car s'il voyait leurs personnes, il entendait leurs pensées. Se tournant vers la pécheresse, il lui dit donc : « Ta foi t'a sauvée. » — « Quel est celui-ci, qui remet les péchés même? » Que ceux qui me regardent comme un homme continuent à me considérer comme un homme : « Toi, c'est ta foi qui t'a sauvée. »

8. Médecin généreux, il ne se contentait pas de guérir les malades qui étaient là, il avait aussi en vue les malades qui viendraient ensuite. Il devait venir effectivement des hommes qui diraient : C'est moi qui remets les péchés, c'est moi qui justifie, moi qui sanctifie, moi qui guéris tous ceux que je baptise. De ce nombre sont aussi ceux qui répètent : « Garde-toi de me toucher ; » et ils sont si bien de ce nombre que dernièrement, comme vous pouvez vous en assurer par la lecture des Actes, le Commissaire leur ayant offert de s'asseoir avec nous pendant notre conférence (1), ils crurent devoir répondre que d'après l'Ecriture ils ne pouvaient s'asseoir avec des hommes tels que nous. Ils craignaient sans doute que la contagion prétendue de notre iniquité ne se communiquât à eux parle contact même de nos sièges. N'était-ce pas dire : « Garde-toi de me toucher, car je suis pur? » L'occasion favorable s'étant présentée un autre jour, nous leur rappelâmes combien il était vain et misérable, quand il s'agissait de l'Eglise, de s'imaginer que dans son sein le contact des méchants souille les bons. Nous leur demandâmes si c'était bien pour ce motif qu'ils refusaient de siéger au milieu de nous. Ils répondirent que l'Ecriture inspirée leur faisait réellement cette défense, puisqu'il y est dit : « Ne t'asseois pas dans une assemblée de vanité. » Nous répliquâmes : Si le motif pour lequel vous refusez de prendre place au milieu de nous vient de ce qu'il est écrit : « Ne t’asseois pas dans une assemblée de vanité; » pourquoi donc, êtes-vous entrés avec nous, puisqu'il est aussi écrit, immédiatement après : « Et je n'entrerai pas avec ceux qui commettent l'iniquité (2)? »

Aussi quand ils répètent : « Garde-toi de me toucher, car je suis pur, » ils ressemblent à ce Pharisien qui avait invité le Seigneur et qui s'imaginait qu'il ne connaissait pas la pécheresse, puisqu'il ne l'empêchait pas de lui toucher les pieds. Et encore le Pharisien valait-il mieux qu'eux, parce que regardant le, Christ comme un homme, il ne croyait pas qu'il pût comme homme remettre les péchés. Oui, les Juifs montraient plus d'intelligence que n'en montrent les hérétiques. Que disaient en effet les Juifs? « Quel est celui-ci, qui remet les péchés même? » Un homme ose-t-il bien s'arroger ce pouvoir?
 
 

1. La conférence de Carthage. Voir lettre 164, etc. — 2. Ps. XXV, 4.
 
 

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Et l’hérétique ? C’est moi qui les remets, c’est moi qui purifie, c'est moi qui sanctifie. O hérétique, écoute, non pas ma réponse, mais, celle du Christ. O homme, s'écrie-t-il, quand les Juifs me considéraient comme un homme, c'est à la foi que j’attribuai la rémission des péchés. Pour toi, ô hérétique, toi qui n’es qu'un homme, (c’est toujours le Christ et non pas moi qui parle,) tu oses dire à cette femme : Viens, c'est moi qui te sauve ? Et moi, quand on me prenait pour un homme, je disais au contraire : Va, ta foi t'a sauvée. »

9. « Sans savoir, comment s’exprime l'Apôtre, ni ce qu’ils disent, ni ce qu'ils affirment (1), » ils répondent : Si les hommes ne remettent pas les péchés; le Christ a donc eu tort de dire : « Ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le ciel (2) » Mais tu ignores dans quel dessein et, dans quelles circonstances il a parlé ainsi. Le Seigneur avait donné aux hommes l'Esprit-Saint, et il voulait faire entendre que ce serait à l’Esprit-Saint lui-même et  non à des mérites humains que ses fidèles seraient redevables dans la rémission des péchés. Qu'est-ce en effet que l'homme, sinon un malade à.guérir? Tu prétends me servir de médecin : ah ! viens plutôt en chercher, un avec moi. Afin donc de montrer avec donc de montrer avec plus de clarté que les péchés seraient remis par l’Esprit-Saint, donné par lui aux fidèles, et non par les mérites de quelques hommes, le Seigneur dit quelque part, après sa résurrection d'entre les morts : « Recevez le Saint-Esprit, » et après ces mots : « Recevez le Saint-Esprit, » il ajoute aussitôt « les péchés seront remis à qui vous, les, remettrez (3) ; » en, d'autres termes : c'est l'Esprit-Saint qui les remet, et non pas vous. Or cet Esprit est Dieu. C'est donc par Dieu et non point par vous, que les péchés sont remis. Mais vous, qu’êtes vous par rapport à l’Esprit Saint? « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous (4) ? » — « Ne savez-vous pas que vos corps sont en vous le temple de l'Esprit-Saint, que vous avez reçu  de Dieu (5) » Ainsi Dieu habite dans; son saint temple; c'est-à-dire dans ses, fidèles sanctifiés, oui dans son Eglise ; c'est par eux qu'il remet les. péchés, car ce sont des temples vivants.

10. Cependant, s'il remet les péchés par le ministère de l'homme, il peut aussi les remettre sans ce moyen. Pour donner par un autre, est-il
 
 

1. I Tim.I, 7. — 2. Matt. XVIII, 18. — 3. Jean, XX, 22, 23. — 4. I Cor. III, 18. — 5. Ibid. VI, 19.
 
 

moins capable de donner par lui-même? Il s’est servi de Jean pour donner à quelques-uns, de qui s’est-il pour donner à Jean? C'est une vérité que lui-même a voulu prouver et nous faire comprendre comme il était convenable. Quelques-uns de Samarie ayant, été évangélisés et baptisés, baptisés même par l’Évangéliste Philippe, l'un des sept premiers diacres choisis parmi les fidèles, n’avaient pas, malgré leur baptême, reçu l’Esprit-Saint.On porta cette nouvelle aux Apôtres qui étaient à Jérusalem, et il vinrent à Samarie afin de communiquer par l’imposition des mains le Saint-Esprit à ces baptisés. La chose eut lieu de cette manière : les Apôtres vinrent leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit, car on, voyait alors quand l'Esprit-Saint était donné ; ceux qui le recevaient parlaient toutes les langues, et c'était pour témoigner que l'Eglise devait se faire entendre par tout l’Univers. Ces baptisés de Samarie reçurent donc le Saint-Esprit, et il manifesta sa présence d'une manière sensible. Or, Simon s'en étant aperçu et s’imaginant que ce pouvoir appartenait aux hommes, voulut se le procurer et acheter à des hommes ce qu'il croyait leur appartenir. « Combien, voulez-vous  accepter d'argent pour me conférer la puissance de donner, le Saint-Esprit en imposant les mains? » Pierre alors, le repoussant avec horreur : « Il n'y a pour toi ni part, ni sont dans cette foi, dit-il. As-tu bien pu croire qu'on se procurât avec de l’argent le Don de Dieu? « Que ton argent périsse donc avec toi !»: On peut voir au même endroit les autres reproches également mérités, qu'il lui fit alors (1).

11. Mais pourquoi ai-je voulu; rapporter ce trait ? Que votre charité le remarque avec soin. Dieu, devait montrer d'abord qu'il agit par le ministère des hommes, et pour ôter à ces hommes la pensée de croire, comme Simon, que l'effet produit, par eux doit leur être attribué et non pas à Dieu, il devait montrer ensuite qu'il agit par lui-même. Les disciples, néanmoins, le savaient déjà, car, ils étaient réunis au nombre de cent vingt quand le Saint-Esprit descendit sur eux, sans que personne leur eût imposé les mains (2). Qui en effet les avait imposées? Il ne laissa pas toutefois de venir sur eux d'abord et de les remplir de lui-même.

Mais après le scandale donné par Simon, que fit le Seigneur? Voyez comme il instruit, non
 
 

1. Act. VIII, 5-23. — 2. Ib. I, 16 ; II,1, 4.
 
 

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par des discours, mais par des oeuvres. Ce même Philippe, qui avait baptisé des habitants de Samarie, mais sans leur communiquer le Saint-Esprit, qu'ils n'auraient pas reçu, si les Apôtres n'étaient venus pour leur imposer les mains, baptisa l'eunuque de la reine Candace, qui venait d'adorer à Jérusalem et qui en retournant lisait sur son char le prophète Isaïe, mais sans le comprendre. Averti secrètement, Philippe s'approcha du char, expliqua le passage que lisait l'eunuque, lui enseigna la foi, lui annonça le Christ. L'eunuque crut aussitôt au Christ, et ayant rencontré de l’eau ; « Voilà de l‘eau; dit-il, qui empêche de me baptiser? » — « Crois-tu en  .Jésus-Christ, lui demanda Philippe? » —  « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu; » répondit-il, et soudain ils descendirent dans l'eau. Après les cérémonies du sacrement vie Baptême, le Ciel n'attendit pas encore une fois l'arrivée des Apôtres; mais pour empêcher d'attribuer aux hommes la collation du Saint-Esprit, le Saint-Esprit descendit sur le champ (1). Ainsi se trouvait dissipée la vaine idée de Simon, et c'était pour qu'à l'avenir nul ne pensât comme lui.

12. Voici un trait plus admirable encore. Pierre se rendit chez le Centurion Corneille, c'était un incirconcis, un gentil; il se mit à prêcher Jésus-Christ, à lui et à ceux qui étaient là. Or, pendant que Pierre parlait encore ; je ne dis pas, avant qu'il imposât les mains, mais avant même qu'il conférai le baptême, et pendant que ceux qui l'accompagnaient doutaient encore si l'on pouvait baptiser des incirconcis, car cette question s'était élevée avec scandale entre les Juifs devenus fidèles et les chrétiens convertis de la gentillité,
 
 

1. Act. VIII, 26-39.
 
 

lesquels pourtant avaient été baptisés dans l'incirconcision; donc pendant que Pierre parlait encore, l'Esprit-,Saint, pour trancher cette question, descendit tout-à-coup, remplit Corneille et ceux qui étaient avec lui (1). Ce grand évènement fût comme une voix qui disait à Pierre: Pourquoi hésiter de prendre l'eau sainte ? Ne suis-je pas ici?

13. Ainsi donc, quels que soient les désordres dont une âme a besoin d'être déchargée par la grâce de Dieu, quelles que soient les souillures et les prostitutions dont elle a besoin de se purifier dans l'Eglise, qu'elle prenne confiance, qu'elle croie, qu'elle se jette aux pieds du Seigneur, qu'elle cherche ces pieds sacrés, qu'elle tes arrose des larmes de ses aveux et les essuie de ses cheveux. Les pieds du Seigneur sont les prédicateurs de l'Evangile et les cheveux de la pécheresse sont les biens superflus. Qu'elle essuie, qu'elle essuie de ses cheveux les pieds divins qu’elle fasse des oeuvres de miséricorde; qu'après les avoir essuyés, elle les baise, qu'elle reçoive la paix, polir avoir la charité. Est-elle venue pour recevoir le baptême, à un ministre tel que l'Apôtre Paul? Qu'elle recueille de lui vos paroles : « Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même de Jésus-Christ (2) » A-t-elle eu pour la baptiser un homme qui cherche ses intérêts et non ceux du Christ Jésus (3) ? Qu'elle écoute le Seigneur disant lui-même : « Faites ce qu'ils enseignent, mais gardez-vous de faire ce qu’ils font (4). » Qu'elle s'appuie donc tranquillement sur Jésus-Christ, soit qu'elle ait eu affaire à un digne ministre, soit qu'elle en ait rencontré un autre qui ne fait pas ce qu’il dit car le Seigneur la rassure et lui dit : « Va, c'est ta foi qui t'a sauvée. »
 
 

1. Act. X. — 2. I Cor. IV,16. — 3. Philip. II, 21. — 4. Matt. XXIII, 3.

SERMON C. CHOIX LIBRES DE LA GRÂCE (1).
 

ANALYSE. — Un homme demande à suivre. Jésus-Christ; Jésus-Christ n'en veut pas, car il ne voit pas en lui une âme droite. Un second n'ose demander; le Sauveur l'exite et l’encourage. Un troisième enfin diffère ; le Fils de Dieu lui en fait un reproche. Cette conduite si différente prouve que le choix divin dépend tout entier de la grâce; et s'il a égard aux bonnes dispositions qu'il rencontre parfois, ces bonnes dispositions ne sont-elles pas aussi l'effet de cette même grâce? A la grâce donc, attribuez tout le bien, et à vous vous tout le mal qui est en vous.
 
 

1. Ecoutez, sur ce passage de l'Evangile, ce que le Seigneur a daigné me suggérer. Nous venons de voir, en Jésus Notre-Seigneur, une conduite bien différente. Un homme s'offre à le suivre, et il le repousse ; un autre n'ose s'avancer, et il l'excite; un troisième enfin diffère, et il lui en fait des reproches.
 
 

1. Luc, IX, 57-62.
 
 

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Le premier lui disait donc: « Seigneur, je vous suivrai partout où vous irez. » Se peut-il rien d'aussi décidé, d'aussi courageux, de mieux disposé et de plus digne d'un bonheur si grand, que de suivre le Seigneur partout où il ira? Mais c'est de là que vient ton étonnement : Comment, dis-tu, pendant qu'un Maître si bon, pendant que Jésus Notre-Seigneur invite des disciples à recevoir de lui le royaume des cieux; n'agrée-t-il pas une âme aussi bien préparée ? —  Ah ! mes frères, ce bon Maître connaissait, l'avenir, et il voyait sans doute que cette âme en le suivant chercherait ses propres intérêts et non ceux de Jésus-Christ. N'a-t-il pas dit: « Tous ceux qui me répètent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas au royaume des cieux (1) ? » Cette âme était du nombre de ceux-ci, et elle ne se connaissait pas aussi bien que la voyait l'oeil de son Médecin. Si en effet elle se savait remplie de feinte, de fourberie et de duplicité, elle ne connaissait donc pas Celui à qui elle parlait; car c'est de lui que dit un Evangéliste : «Il n'avait pas besoin qu'on lui rendit témoignage d'aucun homme, puisqu'il savait par lui-même ce qu'il y avait dans l'homme 2. »

Et que lui répondit-il ? « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel, des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête? » Où ne saurait-il reposer la tête? Dans ton coeur ; car les renards y ont des tanières, tues un fourbe; et les oiseaux du ciel y ont des nids, tu es un orgueilleux. Fourbe et orgueilleux, tu ne me suivras point. Comment la duplicité pourrait-elle marcher sur les traces de la simplicité

2. Le second gardait le silence, il ne disait, ne promettait absolument rien. Jésus lui dit: « Suis-moi. » Autant il voyait de dispositions mauvaises dans celui-là, autant dans celui-ci il en voyait de bonnes. Mais quoi, Seigneur, il ne témoigne aucun vouloir et vous lui dites : «Suis-moi! » Vous aviez tout à l'heure un homme tout préparé, il vous disait : « Je vous suivrai partout où vous irez; » et à ce dernier qui ne montre point de volonté, vous dites : « Suis-moi? » — Je ne veux pas du premier, reprend-il, parce que je vois en lui des nids et des tanières. — Pourquoi alors importuner celui-ci? Pourquoi l'exciter quand il s'excuse ? Vous le poussez, et il ne marche point; vous l'appelez, et il ne vous suit pas. Et que dit-il? « J'irai auparavant ensevelir mon père. » — Ah! le Seigneur voyait clairement la religion de son coeur, mais la piété filiale lui demandait un délai.
 
 

1. Matt. VII, 21.— 2 Jean, II, 25.
 
 

Cependant, lorsque le Christ appelle un homme à prêcher l'Évangile, il ne veut aucune excuse tirée de cette piété charnelle et temporelle. La loi de Dieu, sans doute, en fait un devoir, et Notre-Seigneur même reproche aux Juifs d'anéantir ce commandement divin. Paul a dit aussi dans l'une de ses Epîtres : « Voici le premier commandement accompagné d'une promesse. » Lequel? « Honore ton père et ta mère (1). » Dieu effectivement en a fait un précepte.

Ce jeune homme voulait donc obéir à Dieu et ensevelir son père. Mais il y a des temps, des circonstances et des devoirs qui doivent céder à d'autres devoirs, à d'autres circonstances et à d'autres temps. Il faut sans aucun doute honorer son père; il faut aussi obéir à Dieu. Il faut aimer l'auteur de nos jours; mais il faut lui préférer le Créateur. C'est moi, dit le Sauveur, qui t'appelle à prêcher l'Évangile; j'ai besoin de toi pour cette mission bien différente et qui l'emporte sur l'obligation que tu veux accomplir. « Laisse les « morts ensevelir leurs morts. » Ton père est mort; il y a d'autres morts pour ensevelir les morts. Mais quels sont les morts qui ensevelissent des morts? Un mort peut-il être enseveli par des morts ? Comment ceux-ci l'envelopperont-ils, s'ils sont morts? Comment, s'ils sont morts, le porteront-ils ? Comment le pleureront-ils, s'ils sont morts? Eh bien ? ils l'envelopperont, ils le porteront, ils le pleureront, et ils sont morts. C'est qu'ils sont infidèles.

Voici un devoir tracé dans le Cantique des cantiques. L'Eglise y dit: « Réglez en moi la charité. (2) » Que signifie: « Réglez en moi la charité? » Faites-y des distinctions et rendez à chacun ce qui lui est dû. Ne mettez pas au dessus ce qui doit être au dessous. Aimez vos parents, mais sachez leur préférer Dieu. Voyez cette mère des Macchabées : «Mes enfants, dit-elle, j'ignore comment vous avez paru dans mon sein. » J'ai pu vous concevoir, j'ai pu vous mettre au monde, je n'ai pu vous former. C'est donc voire Créateur que vous devez écouter, c'est lui que vous devez me préférer; ne craignez point, si sans vous je reste sur la terre. — Ils furent fidèles à suivre ses recommandations (3). Or, ce que cette mère enseignait à ses enfants, c'est ce qu'enseignait Notre-Seigneur Jésus-Christ en disant : « Suis-moi. »

3. Un troisième disciple perce la foule, et sans que personne lui ait rien dit : « Je vous suivrai, Seigneur, s'écrie-t-il ; mais je vais premièrement l'annoncer aux membres de ma
 
 

1. Ephès. VI, 2. — 2. Cant. II, 4. — 3. II Macc. VII, 22, etc.
 
 

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famille. » C'est en effet le sens qui me parait vrai et c'est comme si nous lisions : Permettez que je porte cette nouvelle à mes parents, dans la crainte qu'ils ne s'occupent de me chercher comme il arrive en pareil cas. « Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde derrière, reprit alors le Seigneur, n'est pas propre au royaume des cieux. » On t'appelle à l'Orient, et tu te tournes vers l'Occident?

Tout ce passage nous apprend que le Seigneur fait ses choix comme il lui plait. Or, il choisit, dit l'Apôtre, en consultant sa grâce et en consultant la justice de ceux dont il fait choix. Voici en effet les paroles de Saint Paul. « Remarquez; dit-il, le langage d'Elie : Seigneur, ils ont tué vos prophètes, démoli vos autels, et moi, je suis resté seul et ils en veulent à ma vie. Mais que lui dit la réponse divine ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. » Tu te crois seul de bon serviteur; il y en a aussi d'autres qui me craignent, et ils ne sont pas en petit nombre, puisque j'en ai jusqu'à sept mille. — L'Apôtre poursuit : « Ainsi en est-il encore aujourd'hui. » Alors en effet plusieurs Juifs étaient arrivés à la foi, bien qu'un plus grand nombre eussent été repoussés, comme le fut cet autre qui avait dans son âme des tannières de renards. « Ainsi donc en est-il encore aujourd'hui, un reste a été sauvé suivant l'élection de la grâce ; » en d'autres termes : nous avons aujourd'hui le même Christ qu'on avait alors et qui disait à Elie : « Je me suis réservé. » —  « Je me suis réservé, » c'est-à-dire j'ai choisi ces sept mille, parce qu'ils s'appuyaient sur moi, et non sur eux ni sur Baal. Ils né sont pas corrompus; je les vois encore tels que je les ai formés. Et toi, qui te plains, où serais-tu, si tu ne te confiais en moi ? Si tu n'étais rempli de ma grâce, ne fléchirais-tu pas aussi le genou devant Baal ? Tu es donc rempli de ma grâce, parce que de ma grâce tu attends tout, et rien de ta vertu. Ainsi garde-toi de croire orgueilleusement que tu es seul à mon service, J'ai d'autres serviteurs et je les ai choisis,  comme toi, parce qu'ils ne comptent que sur moi. Tel est le sens de ces paroles apostoliques : « Maintenant aussi un reste a été sauvé selon le choix de la grâce. »

4. Prends-garde, ô chrétien, prends-garde à l'orgueil. Fusses-tu l'imitateur des saints, toujours attribue tout à la grâce; car c'est la grâce de Dieu et non tes mérites, qui a laissé en toi quelque chose de bon. Aussi le prophète Isaïe avait dit de ces restes, en évoquant ses souvenirs : « Si le Seigneur des armées ne nous avait conservé un rejeton, nous serions devenus comme « Sodome, et semblables à Gomorrhe (1). » — «Ainsi donc en est-il encore aujourd'hui, dit « l'Apôtre, un reste a été sauvé selon le choix « de la grâce. Mais si c'est par grâce, conclut-il, ce n'est point à cause des oeuvres, » et tu ne dois pas t'enfler de ton mérite; autrement la grâce n'est plus grâce (2). » Si en effet tu as confiance en tes oeuvres, c'est une récompense qu'on t'accorde et non une grâce qu'on te fait; et si c'est une grâce, elle est nécessairement gratuite.

O pécheur, crois-tu au Christ? — J'y crois, réponds-tu. — Tu crois aussi qu'il peut te remettre tous tes péchés? Tu possèdes ce que tu crois. O grâce vraiment gratuite! Et toi, juste, tu crois que sans Dieu tu ne peux observer la justice ? A sa bonté donc rends grâces de tout ce que tu possèdes de vertu, et à ta malice attribue tous tes péchés. Accuse-toi, et il te pardonnera; car tous nos crimes, tous nos péchés sont l'oeuvre de notre négligence; comme toute notre vertu, toute notre sainteté vient de la miséricorde divine. Tournons-nous vers le Seigneur etc.
 
 

1. Isaïe, I, 9 ; Rom. XI, 29. — 2. Rom, IX, 2-6.
 
 

source: http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/index.htm

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