JesusMarie.com

BIBLE FILLION

La Sainte Bible Commentée d'après la Vulgate et les textes originaux

LA PROPHÉTIE D’AMOS



INTRODUCTION



La personne du prophète. -— Amos, dont le nom signifie « fardeau », ou,

selon d’autres, « porteur » (en hébreu, 'Amôs), nous apprend lui-même (1, 1. Voyez le commentaire) qu’il était originaire de Thécué, bourgade située dans la partie méridionale du royaume de Juda. Il nous

fournit aussi quelques détails intéressants sur sa vie et sur son ministère prophétique. Avant d’être choisi par Dieu pour exercer les fonctions de prophète,

il exerçait l’humble profession de pasteur (cf. 1, 1; 7, 14-15. Moïse et David aussi étaient pasteurs lorsque Jéhovah les appela pour les mettre à la tête de son peuple. Il est à noter que ces trois bergers, célèbres en Israël, furent des écrivains sacrés, et que leurs livres appartiennent aux trois parties de la Bible : La Loi, les Prophètes et les Hagiographes). Rien ne l’avait donc préparé exté

rieurement à ce grand rôle. Toutefois, quoique illettré, le berger de Thécué

était loin d’être un homme rustique, sans éducation : on voit par son livre qu’il

connaissait très bien la loi mosaïque, que les saintes Ecritures lui étaient fami

lières (comparez, entre autres, les allusions suivantes : Deut. 29, 5 , et Am. 2, 10; Deut. 29, 23, et Am. 4, 11; Deut. 28, 30b, 39, et Am. 5, 11, etc), qu’il possédait de précieuses qualités naturelles sous le rapport du style

et de l'éloquence.


L’époque d’Amos est assez facile à déterminer, au moins d’une manière

générale, d’après ses propres indications. Il prophétisa, nous dit-il (cf. 1, 1), sous Ozias

de Juda (809-758 av. J.-C.), et sous Jéroboam II d’Israël (825-784); par con

séquent, entre les années 825 et 758; ou peut-être seulement entre 809 et 784,

époque durant laquelle ces deux rois régnèrent simultanément. Il dut précéder de

quelque temps son contemporain Osée , qui paraît le citer en plusieurs endroits (cf. Os. 8, 14, et Am. 1, 4, 7, 10, 12, 14; 2, 2, 5; Os. 12, 9-10, et Am. 2, 10 et ss.; Os. 9, 3, et Am. 7, 17).

D’un autre côté, il est un peu moins ancien que Joël, dont il a subi largement

l’influence (cf. Joel, 3, 16, et Am. 1, 7; Joel, 3, 1-7, et Am. 1, 6, 9; Joel, 3, 18, et Am. 9, 13. La mention qu’il fait de « 1’entrée d’Emath » comme étant alors la

limite septentrionale du royaume d’Israël (cf. 6, 14), prouve qu’il ne commença à prophé

tiser qu’après que Jéroboam II eut reconquis ce district (cf. 4 Reg. 14, 28). Du reste, sa mission

ne semble pas avoir été de longue durée.


Le sujet et la division du livre. — Quoique Amos appartînt, comme il a

été dit, au royaume de Juda, c’est le royaume schismatique des dix tribus qui

est l’objet presque unique de ses prophéties. Il y alla tout exprès pour lui annoncer, au nom du Seigneur, les calamités dont il serait frappé à cause de

son idolâtrie et de sa corruption morale (cf. 7, 10 et ss.). S’il menace aussi Juda et les peuples

païensqui entouraient la Palestine (cf. 1, 3-2, 5), ce n’est qu’en passant et pour donner

plus de force à ses oracles contre Israël.

Son livre, qui est le fidèle résumé de ses discours, est remarquable par son unité et par la grande « régularité de forme » qui règne dans chaque partie. Il commence par une introduction, relativement assez longue (1, 2-2, 16), dans

laquelle sont énumérés les crimes passés et les châtiments prochains de Damas,

Philistins, de Tyr, de l’Idumée, d’Ammon, de Moab, de Juda et d’Israël. La seconde artie 3,1-6 14 composée de trois discours prophétiques prédit

clairement et énergiquement au royaume d’Israël, dont elle s’occupe d’une

manière exclusive, sa prochaine destruction, et les maux de l’exil pour ses habitants. Ces trois discours débutent dans les mêmes termes (cf. 3, 1; 4, 1; 5, 1). Le premier 3, 1-15 est plus général; il annonce le châtiment comme une chose tout à fait

certaine. Le second (4, 1-13) insiste sur l’obstination et l’endurcissement des Israélites dans le mal : avertis par des fléaux successifs, ils ont sans cesse refusé de se convertir; malheur à eux! Le troisième, le plus long de tous (5, 1-6, 14), pleure d’avance sur la ruine du royaume comme si elle était déjà accomplie; il peint avec plus de details la dépravation morale de tous les habitants du pays.

La troisième partie (7, 1-9, 15) se compose de cinq visions symboliques, pareillement menaçantes pour le royaume pervers. Elle se termine cependant par une belle perspective d’avenir (9, 11-15), qui montre Israël rétabli, transformé, heureux et prospère, sous le gouvernement éternel de son vrai roi, le Messie (pour une analyse plus complète, voyez le commentaire, et notre Biblia sacra, p. 1007-1012).

Le style d’Amos se distingue par sa simplicité, sa clarté, sa vie, son énergie. Il abonde en images fraîches et gracieuses, empruntées à la nature et à la vie pastorale (cf. 2, 13; 3, 4, 5, 12; 4, 1, 13; 5, 19; 6, 13; 7, 1-2, 14-15; 8, 1-2; 9, 13-14, etc.) . Saint Augustin (De doct. Christ., 4, 7) signale notre prophète comme un modèle d’éloquence, et il n’est personne, parmi les commentateurs modernes et contemporains, qui ne fasse aussi l’éloge de sa diction. Aussi lorsque saint Jérôme (Prolog. In Am.) le

nomme « imperitus sermone », ce n’est point pour lui adresser un reproche

sous le rapport du style, mais seulement pour dire qu’il n’avait pas étudié les

règles du langage et l’art du rhéteur. Çà et là (Par exemple : 2, 13, mé'îq pour şîq ; 5, 11, šès pour bôsès; 6, 8, meţâ'eb pour meţâ'eb; 6, 10, mesâref pour mešâref; 7, 9 et 16, iŝhaaq pour işhaq ; 8, 8, nišqah pour nišqe'ah) une orthographe irrégulière, et des mots qui semblent empruntés au patois du pays, caractérisent aussi le langage d’Amos (pour les commentaires à consulter, voyez la p. 359, note 1. Nous ne connaissons pas d'interprète catholique qui ait expliqué à part le livre pourtant si intéressant d'Amos. Nous ne disons rien de son authenticité, qui n'a pas encore été attaquée).