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BIBLE FILLION

La Sainte Bible Commentée d'après la Vulgate et les textes originaux

INTRODUCTION


§ I. - Ce qu'est la Bible.


I. Étymologiquement, c’est « le Livre » par excellence, le livre des livres. Telle est, en effet, la signification du mot Bible, qui dérive du grec par l’intermédiaire du latin Biblia (diminutif de Βίβλος : Livres multiples qui sont devenus un seul livre, disait saint Jean Chrysostome). Nom d’une parfaite exactitude, qui place à bon droit la Bible au-dessus de tous les autres livres, et lui donne un rang à part entre les produits littéraires du monde entier. Aussi les écrivains sacrés furent-ils des premiers à l'employer, Dan. IX, 2; I Mach. XII, 9; II Mach. VIII, 23; II Tim. IV, 13; de même que les dénominations analogues de sainte Écriture, de saintes Lettres, etc (« L'Écriture » : c'est l'expression dont se sert habituellement Notre-Seigneur Jésus-Christ quand il cite les livres de l'Ancien Testament).

Mais qu’y a-t-il d’étonnant à ce que la Bible soit le plus beau, le plus riche, le plus utile, le plus parfait et le plus saint des livres, puisqu’elle a Dieu lui-même pour auteur? Toute Écriture est inspirée de Dieu, II Tim. 3:16; c'est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu 2 Petr. 1, 21. Qui quidem Veteris et Novi Testamenli libri, integri cum omnibus suis partibus ..., Spiritu sancto inspirante conscripti, Deum habent auctorem, a dit le concile du Vatican (Sess.III, Const. dogm.,c. ll), à la suite du concile de Trente (Sess. IV).

On le voit par ces définitions officielles, ce qui fait de la Bible entière un livre divin et la parole de Dieu dans le sens strict, c‘est l'inspiration en vertu de laquelle toutes ses parties ont été composées. L’impulsion première qui a excité les écrivains sacrés à prendre la plume, l'illumination intérieure qui leur suggérait d’une manière plus ou moins complète les matériaux à mettre en œuvre, la direction ou surveillance perpétuelle exercée sur leur travail : tout cela venait de Dieu, qui est ainsi, selon la rigueur des termes, l'auteur des saints Livres (Sur la grave question de l'inspiration - nature, existence, étendue- voyez le Manuel bibl., t. I, nn.7-23. Non seulement les protestants, mais même des écrivains catholiques ont émis sur ce point capital des théories relâchées et dangereuses, desquelles il résulterait que Dieu n'est pas l'auteur de nombreux passages de la Bible. Nous ne parlons pas des rationalistes, pour qui la sainte Écriture n'est pas autre chose qu'un livre humain). Conformément au langage imagé des Pères et des Docteurs, Scriptura divina convivium sapientiae est, singuli libri singula sint fercula (S. Ambr. De offic. Min. , 1.I, n.165); Est autem omnis Scriptura cor Dei, os Dei, lingua Dei (S. Bonav. In Hexaem. 12). Avec quelle foi, quelle reconnaissance et quel amour on doit lire et méditer un tel livre !

Livre divin, et pourtant, à un autre point de vue, fertile aussi en consolantes pensées, livre dans la composition duquel les hommes, nous venons de le dire, ont joué un rôle important : Deus est auctor Scripturarum per conscriptores humanos (cette heureuse expression est du cardinal Franzelin, De traditione et Scriptura, 1870)...Ces auteurs inspirés par l’Esprit-Saint conservaient, à part de rares circonstances, telles que certaines extases, le libre exercice de leurs facultés naturelles (Voy. II Mach. I, 1 ; Luc I, 1-4) ; c’est pourquoi chacun d’eux a laissé, dans les pages écrites par lui, l'empreinte individuelle de son caractère, de sa condition, de son style. De là cette merveilleuse variété des saints Livres, qui ne plaît pas moins que leur unité.

En tant que livre humain, la Bible appartient au temps et à l’espace. Publiée par fragments, elle mit près de seize cent ans pour paraître (de 1500 avant Jésus-Christ à l’an 100 de l'ère chrétienne). Sa patrie principale est la Palestine; mais plusieurs livres furent composés bien loin de Jérusalem : à Rome, par exemple, ou à Babylone. Les langues qu’elle parle sont l’hébreu, le grec; le chaldéen en quelques rares passages.

III. Dictée, pour ainsi dire, par Dieu, et écrite par des hommes, la Bible nous été fidèlement transmise et interprétée par l’Église, comme le prouve de la façon la plus admirable l’histoire du canon, soit chez les Juifs, soit chez les chrétiens (Voy. le Man. Bibl., t.I, nn. 24-47). Elle est donc en troisième lieu, et c’est encore pour elle un beau titre de gloire, le livre ecclésiastique par antonomase. Nous n’avons pas à raconter ici les soins plus que maternels avec lesquels deux institutions également divines (la Synagogue et l'Église), quoique si dissemblables sur bien des points, veillèrent tour à tour à sa préservation. Qu’il suffise de rappeler que nul livre ancien ne présente d’aussi frappantes garanties d’authenticité et d'intégrité.


§ II. - Jésus-Christ, centre de la Bible.


I. Mais, par-dessus tout, dans l'intention visible de Dieu qui l'a donnée au monde, et d‘après l'interprétation constante de la Synagogue comme de l'Église, la Bible est le livre du Messie, le livre de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Telle est vraiment l’idée mère et centrale des écrits inspirés, idée vers laquelle convergent toutes les autres; telle est leur principale raison d’être, en dehors de laquelle disparaît toute leur unité et presque toute leur beauté: Jésus, le Christ, Fils de Dieu. « Jésus-Christ, que les deux Testaments regardent: l’Ancien, comme son attente, le Nouveau, comme son modèle, tous deux comme leur centre, » a dit sobrement et magnifiquement Pascal (Pensées, édit. E.Havet; Paris, 1880, p.272). Ou mieux encore, suivant l'expression de saint Paul (Eph. II, 20) commentée par saint Irénée (Contra IIaer., l.IV, c. XXV, 1. Comparez ces lignes de S. Augustin, Contra Faust. : « Nos autem et ad commemorationem fidei nostrae, et ad consolationem spei nostrae, et ad exhortationem charitatis nostrae, libros propheticos et apostolicos (c-à-d. L'Ancien et le Nouveau Testament) legimus, alterutris vocibus sibimet concinentes. »), Jésus-Christ est la principale pierre d'angle, qui unit les deux Testaments de la manière la plus étroite.

II. Rien de plus facile à démontrer que cette noble thèse. Les preuves extrinsèques, ou d’autorité, et les preuves intrinsèques, tirées du fond même des saints Livres, abondent en ce sens. Nous devons nous borner ici à indiquer les principales. Naturellement, nous insisterons davantage sur les écrits de l'ancienne Alliance, car il est de toute évidence que Jésus est l'alpha et l'oméga du Nouveau Testament.

Les preuves extrinsèques consistent dans le témoignage de Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même et dans celui de ses apôtres, dans la tradition juive et dans la tradition chrétienne.

A plusieurs reprises, le Seigneur Jésus affirme, dans les termes les plus énergiques, que toute la Bible est occupée de lui. Il y renvoie les pharisiens hostiles et incrédules : Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi, Jean. V, 39. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu'il a écrit de moi, Jean. V, 46. Il y renvoie ses disciples et ses amis : Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait, Luc. XXIV, 27. Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes, Luc. XXIV, 44. Il ne s’en applique pas seulement l'ensemble, mais des détails spéciaux et minutieux : par exemple, le symbole du serpent d’airain, Jean. III, 14; l’oracle d'Isaïe relatif à la conduite suave et miséricordieuse du Messie, Luc, III, 16-21; les prophéties qui concernaient sa passion, Matth. XXVI, 54, et Luc. XXII, 37. Sur le point d’expirer, il pousse ce cri suprême : Tout est consommé, Jean. XIX, 30, signifiant par là qu’il avait réalisé en entier les prophéties de l’Ancien Testament qui concernaient sa vie, son rôle et sa mort.

Comme leur Maître, les évangélistes et les apôtres en appellent sans cesse à la Bible, puisant à pleines mains dans le riche trésor des prophéties messianiques, relevant par des textes nombreux (On a en compté jusqu'à deux cent soixante-quinze. Leur étude est tout à fait instructive. Dans ce nombre ne sont pas comprises les simples allusions de pensées et de langage, qui se rencontrent à tout instant. Et néanmoins, le Nouveau Testament est loin de tout citer, puisqu'il passe sous silence des oracles messianiques du premier ordre, tels que Is IX, 6-7; Jer. XXIII, 5-6; Zach. VI, 12-13, etc) la parfaite harmonie qui existe entre la vie de Jésus-Christ et les écrits inspirés, montrant de toutes manières qu'à leurs yeux l'Ancien Testament tire sa principale valeur du Messie qui devait l'accomplir.

Saint Philippe s’écrie au moment même où il venait de rencontrer Jésus pour la première fois : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph, Jean. I, 45 (il est remarquable que les anges, pour annoncer à Zacharie, à Marie, à Joseph, aux pasteurs, l'avènement du Messie, emploient les expressions de l'Ancien Testament, et les images des prophètes. Cf Matth. I, 20-21; Luc I, 13-17, 30-35 ; II, 10-13). Les quatre biographes du Sauveur signalent à chaque pas, dans leurs récits, les coïncidences providentielles de ses moindres actes avec les figures et les oracles de l’ancienne Alliance. « Jésus a réalisé, trait pour trait, le grand idéal messianique des prophètes : telle est la pensée fondamentale sur laquelle tout s’appuie, à laquelle tout est ramené (Fillion, Evang. Selon S. Matth., Paris 1878, p.17) » dans saint Matthieu (il cite l'Ancien Testament quarante-trois fois). Les formules dont il se sert pour introduire ses citations sont significatives : Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète...; ou bien : Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé. C’est donc le plan, le conseil de Dieu même, qui est ainsi mis en relief; il ne s’agit pas d’une simple accommodation humaine, mais d’un rigoureux accomplissement. Quoiqu’ils n’aient point écrit pour des Juifs à la façon du premier évangéliste, saint Marc et saint Luc suivent une marche analogue, et ils prouvent historiquement, à leur tour, par des passages de la loi, des prophètes et des psaumes, que Jésus est le Messie promis (S. Marc a dix-neuf citations, S. Luc vingt-deux). Saint Jean (Quatorze citations directes, indépendamment des allusions) reprend la formule « afin que s'accomplît » de saint Matthieu, et, constamment aussi, il appuie sa narration sur l’Ancien Testament comme sur sa base naturelle : pour lui, la Palestine est le pays du Christ, et les Hébreux forment sa nation spéciale, Jean. I, 11; plusieurs incidents de l’histoire juive ont figuré les mystères de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, entre autres, la manne, l’agneau pascal, Jean. VI, 32; XIX, 36. Rien de plus saisissant que ces rapprochements, auxquels les évangélistes n’auraient pas pensé d’eux-mêmes, mais que l’Esprit-Saint daigna leur suggérer, Jean. II, 22; XII, 16; XX, 8, etc.

C’est aussi l’Ancien Testament qui fournissait à tous les apôtres en général la substance de leurs discours et de leurs lettres, quand ils annonçaient Notre-Seigneur Jésus-Christ. De quoi saint Pierre paraît-il avant tout frappé, dans les rares pages qui nous sont restées de lui? De la réalisation littérale et intégrale, par son Maître, des prophéties antiques. Il cite tour à tour, en ce sens, Joël, Act. II, 16-21; David, Act. II, 25-28, 34-35; Moïse, Act. III, 22-23; Isaïe, I Petr; II, 6. Mais, ne pouvant tout dire, il résume sa pensée dans les lignes suivantes, Act. III, 24-25: Tous les prophètes qui ont successivement parlé, depuis Samuel, ont aussi annoncé ces jours-là. (l’ère messianique). Saint Étienne, le diacre au visage d’ange, termine en ces termes son beau discours christologique: Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, Act. VII, 52. Saint Paul, ce rabbin converti, qui s’était avidement plongé dans l’étude des saintes Écritures et des traditions juives, a prouvé mieux que personne, soit par des principes généraux, soit par des applications de détail, que Jésus-Christ est vraiment l'âme de la Bible. Ses principes sont d’une lucidité et d’une énergie remarquables : car Christ est la fin de la loi, Rom. X, 4; quand Jésus-Christ apparaît, c’est que les temps ont été accomplis (Expression d'une si grande beauté. Cf Hébr. IX, 27, où l'avènement du Christ est appelé consummatio saeculorum. C'est l'équivalent de l'aharit hayyâmim, ou « fin des jours », locution par laquelle l'Ancien Testament désigne plusieurs fois l'ère messianique. Gen XLIX, 1. Num. XXIV, 14. Is. II,2, etc), Gal. IV, 4, ce à quoi tout aspirait ardemment sous l’ancienne Alliance; la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, ou mieux, d’après le texte original, un pédagogue qui nous conduit au Christ, Gal. IV, 24; les fidèles sont édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Eph. II, 20; l’Ancien Testament, avec ses lois et ses cérémonies, n’était qu’une ombre, le Nouveau est le corps, la réalité, Col. II, 17; Jésus Christ hier et aujourd'hui, hier sous le régime et dans les livres de la théocratie judaïque, aujourd’hui dans l'Église chrétienne: mais aussi ipse et in saecula, Hebr. XIII, 8 (Cf I, 1-2: »Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes »). Ces phrases parlent d’elles-mêmes. Du reste, saint Paul les a personnellement commentées, de vive voix et par écrit, au moyen d’applications non moins riches que fréquentes. Ses discours aux Juifs pourraient se réduire à, quelques lignes: Et nous, nous vous annonçons cette bonne nouvelle que la promesse faite à nos pères , Act. XIII, 32; rendant témoignage devant les petits et les grands, sans m'écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver, Act. XXVI, 22; en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader, Act.XXVIII , 23. Ses magnifiques épîtres, toutes remplies du nom et de l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, reviennent constamment aussi sur cette preuve essentielle. Parfois, à première vue, les applications semblent surprenantes et amenées de bien loin; par exemple, dans certains passages où l'histoire des Hébreux est mise en corrélation avec celle du Christ et de son Église (Voyez surtout I Cor. X, 1-10; Gal IV, 21-31; Hebr. XI, 3-40). Mais le grand Apôtre a pris soin de citer cet autre profond principe : Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, I Cor. X, 11.

Apollos, le célèbre juif alexandrin dont Aquila et Priscilla, les amis de saint Paul, achevèrent la conversion, est appelé dans le livre des Actes,XVIII, 24, homme versé dans les Écritures. Or en quoi consistait exactement son habileté, sa puissance? Saint Luc l’exprime en ces termes un peu plus bas, vers. 28 : Car il réfutait vivement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.

Si des livres du Nouveau Testament nous passons aux anciennes interprétations juives de l’Écriture, telles que les Targums, le Talmud, le Midrasch (Voy. le Manuel bibl. t.I, nn. 94-101, 190-199), les écrits des premiers rabbins, nous voyons que ce fut en Israël, jusqu'au XIIè siècle après Jésus-Christ, une tradition perpétuelle et sacrée de trouver partout le Messie dans la Bible. Tantôt on insère son nom au milieu des textes, pour indiquer nettement qu’il ne peut y être question que de lui (Num. XXIV, 17, d'après les Targums d'Onkélos et de Jonathan : « Un roi sortira de Jacob, et le Messie s'élèvera en Israël » Sur la célèbre Mèm'ra, équivalant au Logos, voy. notre commentaire sur l'Évangile selon S. Jean, p.5); tantôt une paraphrase lui applique plus au long des passages qui n’éveillaient pas directement son souvenir (Gen. XLIX, 10, les Targums ajoutent : « Jusqu'au temps du Messie » Os. XIV, 8, le Targum de Jonathan traduit : « Ils habiteront à l'ombre de leur Christ » Et mille autre traits analogues. Voir Drach, Harmonie entre l'Église et la synagogue, passim.); tantôt même, dans le Talmud et dans les écrits similaires, d’interminables et arides discussions sont ouvertes entre les rabbins les plus renommés, pour prouver, bon gré, mal gré, que tout lui est applicable. « Les prophètes, dit un axiome rabbinique, ont uniquement prophétisé sur le bonheur des jours du Messie. » L'exagération est évidente; néanmoins, dans son ensemble, cette manière de faire des docteurs juifs était une rigoureuse vérité, puisque le Christ est le cœur des saintes Écritures (Sur les théories tout opposées des rabbins moderne, voy. Nos Essais d'exégèse, Lyon, 1884, pp. 271-276. Leurs commentateurs réputés les plus doctes sont rationalistes, et ne voient le Messie nulle part. Comme le dit S. Paul, II Cor III 14-16, « ils se couvrent les yeux d'un voile quand ils lisent la Bible. »). « ll ne faut pas vouloir tout appliquer immédiatement au Messie; mais les endroits qui ne le regardent pas directement servent au moins de support à ceux qui l’annoncent. Comme dans une lyre, dit saint Augustin, les cordes seules sont sonores de leur nature, et cependant le bois sur lequel on les monte n’a point d’autre but que de contribuer aussi à la production des sons. Ainsi en est-il de tout l’Ancien Testament, qui résonne comme une lyre harmonieuse le nom et le règne de Jésus-Christ (Le Hir, les trois grands Prophètes, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel : analyses et commentaires. Paris, 1877, p.14 et ss). »

On le voit déjà par cette délicate comparaison de saint Augustin, les Pères et les Docteurs chrétiens des premiers siècles, quand ils étudiaient la Bible, aimaient à regarder toutes les parties qui la composent comme autant de cercles concentriques, ou comme autant de rayons convergents, dont le Seigneur Jésus est le centre réel. A la façon des Apôtres et selon la pressante recommandation du Sauveur, ils scrutaient les Écritures surtout en vue d’y découvrir le Messie promis (C'est dans l'Épître de S. Barnabé, composée entre les années 71 à 120 de notre ère, que l'on trouve la première discussion systématique des passages de l'Ancien Testament réalisés par Jésus-Christ). Saint Justin martyr, dans son dialogue avec le Juif Tryphon; Athénagore, dans son Apologie; Tertullien, Adversus Judaeos; saint Irénée, Contra Haereses (Voy. En particulier le livre IV, chap. XIX-XXXVI), développent fréquemment ce beau thème. Christus, écrivait ce dernier, qui tunc (dans l’Ancien Testament) per patriarchas suos et prophetas (erat) praefigurans et praenuntians futura (Ch. XXI, n.8.). D’où il concluait: Si quis igitur intentus legat Scripturas, inveniet in iisdem de Christo sermonem...Absconsus in Scripturis thesaurus Christus, quoniam per typos et parabolas significabatur (Ch. XXVI, n.1. Voy. Prat., Hist. De S. Irénée, Lyon, 1843, p.244 et ss.). Origène et les autres écrivains de l’école d’Alexandrie (Man. Bibl., t.I, n.205. Ce mot d'Origène est bien connu : « Argumentum quo maxime ea quae ad Jesum spectant confirmantur, nempe illum a Judaeorum prophetis, a Moyse et ab iis qui ante et post Moysen vixerunt, fuisse praenuntiatum ». Contra Cels., 1. II, c. XIII.) ne pouvaient manquer d’exploiter à leur tour, non sans quelque exagération de détail, une mine aussi féconde. ll valait mieux, disaient-ils, chercher dix fois le Christ là où il n’était pas, que de l’oublier une seule fois là où il se trouvait. D’après eux, l’Écriture, c’est, pour ainsi dire, le Verbe fragmenté; ce sont les gloires et la bonté du Verbe répandues sous chaque pensée du texte sacré: Vestimenta sunt Verbi Scripturae dictiones... Semper in Scripturis Verbum caro fit, ut habitet in nobis (Orig. Philocal. c. XV. Cf. In Levit. Hom. I. Voir d'autres beaux textes sur ce sujet dans Mgr Landriot, le Christ de la tradition, t.I, p.284 et ss. de la 2è édition.). Quelques membres de l’école d’Antioche tentèrent, il est vrai, une réaction fâcheuse, et en vinrent, entre autres Théodore de Mopsueste, à nier que Jésus-Christ eût été prédit par les prophètes (ce sont les paroles mêmes du second concile de Constantinople, qui condamna Théodore) ; mais ils ne trouvèrent aucun écho sérieux, et les Pères de l’Occident comme ceux de l'Orient, les Jérôme, les Ambroise, les Augustin, comme les Éphrem, les Basile, les Chrysostome, continuèrent à chercher et à trouver le Christ dans toute leur Bible. « La coupe de la sagesse est entre vos mains, dit saint Ambroise (In Psalm. I, n. 33). Cette coupe est double: c’est l’Ancien et le Nouveau Testament. Buvez-les, car dans les deux vous buvez le Christ. Buvez le Christ, car c'est une fontaine de vie... Buvez le Verbe dans les deux Testaments... On boit l’Écriture, on la dévore, lorsque le suc du Verbe éternel descend dans les veines de l’esprit et dans l'essence de l’âme. » Lex gravida Christo, s'écriait saint Augustin (Serm. XX de Sanctis. Voy. Aussi les traités De civit. Dei, 1.XVII et XVIII, et Contra Faust., I.XII, où le saint Docteur fait tout au long l'application de son principe), avec une vigueur digne de saint Paul. L’art chrétien et l'épigraphie chrétienne à leur début, c’est-à-dire à l’origine même du christianisme, n’avaient-ils pas été remplis de cette pensée? Types et prophéties, Abel et Jonas, Isaac et Daniel, l'agneau immolé et le lion qui dévore, la manne et la toison, le déluge et l’arc-en-ciel: ces traits et cent autres de l’Ancien Testament sont rapportés à Notre-Seigneur Jésus-Christ par les peintures des catacombes (Voy. Rossi, Roma sotteranea, passim; Northcote et Brownlow, Rome souterraine, p. 293-402 de la traduction française; Paris, 1874), et par les antiques inscriptions de l’Asie Mineure ou de la Syrie (Le Bas et Waddington, nn. 2551, 2650, 2665, etc.).

Et depuis ces temps reculés jusqu'à nos jours, tous les interprètes croyants sont venus de même saluer Jésus-Christ dans la Bible des Juifs, ou il ne se manifeste pas moins que dans les écrits apostoliques (« Jésus-Christ était présent au milieu des hommes avant son apparition visible, présent de l'autre côté du Calvaire, sur le versant de l'ancien monde, comme Verbe et Sauveur. » Mgr Meignan, Les Prophéties messianiques de l'Ancien Testament : prophéties du Pentateuque; Paris, 1856, p.16.) . Nous avons entendu Pascal, le profond penseur du XVIIè siècle; Bossuet a également jeté son regard de génie sur les pages sacrées, et voici ce qu’il y a découvert: « Tous (les auteurs inspirés) ont écrit par avance l’histoire du Fils de Dieu, qui devait aussi être fait le fils d’Abraham et de David. C’est ainsi que tout est suivi dans l’ordre des conseils divins. Ce Messie, montré de loin comme le fils d’Abraham, est encore montré de plus près comme le fils de David (Discours sur l'histoire universelle, 1re partie, ch IV. Chaque page de ce magnifique ouvrage a pour but de démontrer que Jésus-Christ est le centre, non seulement de la Bible et de l'histoire juive, mais de l'histoire universelle). A notre époque, Stolberg écrivait au sujet de la Bible: « Toutes les parties de ce livre sont unies de la façon la plus étroite par une relation unique, la relation qu’elles ont à Jésus-Christ, l’Oint de Dieu, le Sauveur d’Israël, le Sauveur de l'humanité. Sans lui, l’histoire sainte entière n’aurait ni enchaînement ni but. Non, elle n’en aurait pas, puisqu’il est l'objet perpétuel des promesses, des coutumes religieuses, de l’attente nationale, des aspirations ardentes des hommes de Dieu (J.Janssen, Friedrich Leopold Graf zu Stolberg, sein Entwicklungsgang und sein Wirken im Geiste der Kirche; Fribourg-en-Brisgau, 1882, p.294. Il disait encore , ibid, p.262 : « L'attente du Messie jette de la lumière sur tous les livres de l'Ancien Testament, qui forment, grâce à elle, la plus parfaite harmonie, et qui seraient sans elle un chaos. » Un autre écrivain de génie, le P.Lacordaire, a sur cette même pensée des pages éloquentes, dans lesquelles il se complaît à montrer du sommet à la base des saintes Écritures, « la figure du Christ éclairant tout de sa lumière et de sa beauté. » Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne, Paris, 1878, p.111. La seconde lettre, du Culte de Jésus-Christ dans les Écritures, se rapporte en grande partie au point que nous traitons.) »

2° Il n’est pas moins facile de démontrer par les preuves intrinsèques, c’est-à-dire par le con-tenu même des livres sacrés, que Notre-Seigneur Jésus-Christ est le point culminant et l’idée centrale de la Bible. Ce volume, composé par des auteurs si nombreux et si dissemblables, à des intervalles si écartés les uns des autres, sous des civilisations si différentes, présente une remarquable unité : tout s’y enchaîne d’une manière vraiment étonnante. Or le Christ est le lien moral qui en groupe les diverses parties en un faisceau unique. Chaque écrit spécial présente l'idée messianique sous une forme nouvelle ; tous ils s’expliquent, se contrôlent, se complètent mutuellement. Cet axiome que le moyen âge a extrait des écrits de saint Augustin (Quaest. 73 in Exod.) :

Novum Testamentum in Vetere latet,

Vetus Testamentum ln Novo patet


est un parfait sommaire de la pensée que nous avons à développer.

1. Il est aisé de voir que Jésus-Christ est le thème unique du Nouveau Testament. Les Évangiles, les Actes des Apôtres, les Epîtres, l’Apocalypse, ne s’occupent que de lui et de son règne. Mais déjà nous avons vu que les évangélistes et les apôtres établissent des points de repère perpétuels entre leurs propres livres et ceux de l'ancienne Alliance (Un simple coup d'œil jeté sur la concordance marginale d'une édition quelconque du Nouveau Testament est très instructif sous ce rapport. On voit aussitôt que Jésus-Christ est la conclusion rigoureuse des prémisses de l'Ancien Testament). Toutefois, contentons-nous ici de deux pages des saints Évangiles. Qu’est, au fond, la généalogie de Jésus telle que nous la lisons dans saint Matthieu, I, 1-17, et dans saint Luc, III, 23-38? Que sont les soixante-douze noms de la liste la plus longue? Un résumé aussi complet que possible de l’Ancien Testament. On a élagué les faits accessoires, et l’on a maintenu seulement les faits essentiels; or tout ce qui est essentiel se rapporte au Messie, à Jésus-Christ. Si bien que la Bible pourrait être comparée à ces beaux vitraux et à ces gracieuses vignettes des siècles passés, où le pieux artiste a représenté un arbre gigantesque, aux branches verdoyantes, qui a sa racine au cœur d’Adam ou d’Abraham, et qui, de son rameau suprême, soutient le Sauveur et sa mère. Cherchez bien dans les deux Testaments, vous n’y trouverez pas autre chose que le Christ. Le reste est subordonné à sa personne et et à son règne.

2. Si l'Évangile est un abrégé de la Loi et des prophètes, on peut affirmer également que les écrivains de l'ancienne Alliance ont condensé d'avance la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans leurs plus beaux passages : ils sont, comme on l’a si bien dit, les évangélistes de l’Ancien Testament; sous la dictée de Dieu, ils ont tracé au Messie le programme qu’il devait réaliser un jour; ils ont peint lentement, mais sûrement, son image (« Ipse enim (Christus) se in prophetis praedicabat, quoniam ipse est Verbum Dei. Nec illi tale aliquid dicebant, nisi pleni Verbo Dei. Annuntiabant ergo Christum pleni Christo, et illi cum venturum praecedebant. » S.Aug. Enarrat. In Psam. CXLII, 1.). Et ce n’est pas seulement dans les écrits prophétiques proprement dits que l’on peut étudier ce portrait d’une si exacte ressemblance; c’est à travers toute la Bible qu’on l’aperçoit, car les oracles messianiques retentissent partout.

« La promesse d’un Sauveur, faite dans le paradis terrestre, est le premier anneau d’une chaîne non interrompue de prophéties, depuis Adam jusqu’à Zacharie, père de saint Jean-Baptiste (Mgr Meignan, loc.cit. p.18). » Aussi lui a-t-on donné depuis longtemps le beau nom de protevangelium (Gen.III,15.). Brillant rayon qu’Adam et Ève emportèrent avec eux de l'Éden, comme une vive consolation dans leur détresse. Avec Noé, Gen. IX, 26, la promesse devient plus précise et plus nette : le « fils de la femme » sera le fils de Sem, auquel est alors rattachée l’histoire de la rédemption. Le cercle se resserre davantage encore avec Abraham, quand Dieu lui annonce qu’en sa postérité toutes les nations seront bénies, Gen. XII, 3. Semini tuo, qui est Christus, ajoute saint Paul, Gal. III, 16. Plus tard, Gen. XXVII, 27 et ss., la race de Jacob est séparée de celle du profane Ésaü, toujours en vue de la promesse. Puis Jacob lui-même, divinement éclairé, choisit Juda parmi ses fils pour être le nagid, ou prince, duquel naîtra le Messie, Gen. XLIX, 8 et ss. Plusieurs siècles s'écoulent; de nouvelles révélations rendent la douce et glorieuse image du Rédempteur de plus en plus distincte : Balaam prédit sa royauté, Num. XXIV, 17, et Moïse, son triple rôle de législateur, de médiateur et de prophète, Deut. XVIII, 18-19.

Les rayons messianiques, après avoir été ainsi pendant longtemps rares et isolés, - quoiqu’ils fussent suffisants pour échauffer et pour illuminer des périodes entières, - se multiplient tout à coup, et acquièrent un éclat incomparable à partir de David. Ce saint roi a contemplé de loin le Messie, et l’a chanté dans ses Psaumes avec une magnificence que rien n’égalera jamais. « Les autres prophètes n’ont pas moins vu le mystère du Messie (Voy. Dans le Man.bibl, t. II, nn. 902-903, l'indication sommaire des principales prophéties messianiques.). Il n’y a rien de grand ni de glorieux qu’ils n’aient dit de son règne. L’un voit Bethléem, la plus petite ville de Judée, illustrée par sa naissance; et, en même temps, élevé plus haut, il voit une autre naissance par laquelle il sort de toute éternité du sein de son Père (Mich. V, 2); l’autre voit la virginité de sa mère (Is. VII, 14). Celui-ci le voit entrer dans son temple (Mal. III,1); un autre le voit glorieux dans son tombeau, où la mort avait été vaincue (Is. LIII,9). En publiant ses magnificences, ils ne taisent pas ses opprobres. Ils l’ont vu vendu; ils ont su le nombre et l’emploi des trente pièces d’argent dont il a été acheté (Zach. XI, 12-13). Afin que rien ne manquât à la prophétie, ils ont compté les années jusqu’à sa venue (Dan. IX.); et, à moins de s’aveugler, il n’y a plus moyen de le méconnaître (Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, 2° part., ch IV. Voy. Aussi les ch. V et suiv., qui développent la même pensée. »

Dans ces oracles multiples, le progrès de la révélation est admirablement accentué. L’Esprit-Saint n’a évoqué que peu à peu et graduellement cette radieuse figure du Christ, qui se dresse devant nous toujours plus vivante, à mesure qu’approche la plénitude des temps, l’époque où les oracles sacrés doivent s’accomplir. Chaque prophète ajoute un trait nouveau : quand le dernier d’entre eux s’est retiré, le tableau est parfait, et l'image est d’une telle précision, qu’il suffira de rencontrer le personnage ainsi représenté pour s’écrier aussitôt: C'est Lui! voilà ce Christ dont la physionomie remplit et anime tout l’Ancien Testament.

    1. Nous avons donné déjà, pour ainsi dire, deux sommaires de la Bible, les généalogies de Jésus et les oracles messianiques, afin de démontrer que tout s’y rapporte au Sauveur. Nous ajouterons une troisième variation sur ce riche et fécond motif.

De même que les écrits de l’ancienne Alliance peuvent se résumer dans une série de noms propres qui représentent les aïeux du Christ, de même que tous ces livres peuvent se réduire aux prophéties relatives à Jésus, de même aussi ils se ramènent de la manière la plus simple et la plus naturelle à l’histoire des Juifs, la nation privilégiée; or cette histoire est étroitement unie à celle du Messie, c’est une marche constante vers le Messie (« Omnia quae illis continentur libris, vel de ipso dicta sunt, vel propter ipsum. » S.Aug. Contra Faust. l. XII, c. VII « C'est une suite d'hommes, durant quatre mille ans, qui, constamment sans interruption, viennent, l'un en suite de l'autre, prédire ce même avènement (de J.-C.). C'est un peuple tout entier qui l'annonce, et qui subsiste pendant quatre mille années, pour rendre en corps témoignage des assurances qu'ils en ont. «  Pascal, Pensées, édit E.Havet, p. 274).

Longtemps avant Abraham, remarquez, dans la Genèse, comment l’écrivain sacré procède par voie d’élimination. La race humaine est traitée comme une plante vigoureuse, que l’on émonde de temps à autre pour lui conserver sa fraîcheur et sa beauté. Les branches retranchées sont celles qui n’ont aucun rapport avec le Christ promis : branche de Caïn (ch. IV), branches de Japhet et de Cham (ch. X), tous les rameaux sémitiques à part celui d’Abraham (ch. XI et XIII), branche d’Ismaël (ch. XXV), branche d’Esaü (ch. XXXVI). Et de même dans les livres suivants. Ce qui ne concerne pas le peuple du Messie est regardé comme accessoire, et l’on n’y touche qu’en passant. Au contraire, on insiste avec amour et complaisance sur les plus petits détails, lorsqu’ils se rapportent à Israël et à la rédemption. Comparez, par exemple, l'histoire de la chute, Gen. III, racontée si explicitement, à celle des nombreuses générations patriarcales sur lequelles on glisse avec tant de rapidité, Gen. V; les biographies d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, dont les moindres circonstances sont notées, et la formation des premiers empires, Gen. XI, exposée d’un trait de plume. Pourquoi la gracieuse idylle de Ruth a-t-elle été préservée tout entière, sinon à cause de la généalogie qui la termine et qui nous fait connaître plusieurs ancêtres du Messie ? Ruth, IV, 18-22. De même dans les autres écrits.

En effet, les livres qui composent l’Ancien Testament viennent se ranger d’eux-mêmes dans l’une de ces trois catégories : les livres historiques, les livres prophétiques, les livres poétiques ou sapientiaux. La première classe expose les péripéties variées de la théocratie (Expression très juste, qui remonte à l'historien Josèphe, Contr. Apion. II, 16), c’est-à-dire du gouvernement direct de Jéhovah sur les Juifs. Mais pourquoi le Seigneur emploie-t-il des méthodes si diverses pour faire l'éducation de son peuple? L’alliance auprès de l’autel du Sinaï, la législation mosaïque, les épreuves du désert, l'installation dans la Terre promise et à Jérusalem, les victoires et les défaites, les phases de gloire et les périodes d’humiliation, l’isolement de tous les autres peuples, l’exil enfin : tout cela avait pour but de former la nation choisie et de faire, pour ainsi dire, son éducation en vue du Christ à venir. Ce plan divin est visible à chaque page de la Bible; il s’y déroule majestueusement, avançant toujours malgré les obstacles humains, jusqu’à sa réalisation au jour de Noël, ou plutôt jusqu’à la consommation plus parfaite du ciel, que racontent les derniers chapitres de l'Apocalypse (Il est remarquable que la Bible s'achève comme elle avait commencé, par une création. Cf. Gen. I, II et Apoc. XXI. Le portique et la clef de voûte du beau temple scripturaire sont ainsi intimement unis). Pour le même motif, les oracles des prophètes, quand ils ne se rapportaient pas directement au Messie, étaient néanmoins destinés à préparer sa venue, en maintenant tantôt par des menaces, tantôt par des promesses, le peuple hébreu dans les saines croyances, dans la pratique de la loi et dans l'attachement à son Dieu. Quant aux poèmes sacrés, les uns, comme les Psaumes, sont les prières de la nation messianique; d’autres, comme le Cantique, expriment sous une forme allégorique l’union d’Israël avec son Christ; les autres, comme les Proverbes, l’Ecclésiaste, etc., montrent, par leur nom même de Hokmah, « sagesse » et aussi par plusieurs détails très directs (Notamment, Prov. XXX,4 ; Sag. VII-IX, etc), les relations intimes qu’i1s ont avec le divin Logos. Quoi d’étonnant que les Israélites, formés par de tels livres, eussent leurs regards toujours dirigés vers l’avenir, et vécussent dans une perpétuelle attente du Sauveur? Durant toute leur histoire, le seul nom de Messie fut un mot magique, qui exerça sur eux la plus vive influence.

III. De quelque manière qu’on l'envisage, la Bible est donc vraiment le livre de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Les pas de Jéhovah cherchant les premiers hommes coupables, moins pour les châtier que pour leur annoncer l'évangile du salut (Gen. III,8), voilà les premiers pas du Messie sur la terre; et, à partir de cette lointaine époque, on rencontre constamment dans les saints livres les traces du divin Rédempteur. L’idée messianique, c’est, de la Genèse à l’Apocalypse, le fil d’or qui unit indissolublement tous les écrits inspirés. Aussi bien, saint Jérôme a-t-il dit à bon droit qu’ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ lui-même. Depuis un siècle, et de nos jours surtout, les rationalistes ont étrangement obscurci la Bible, en voilant ce brillant soleil qui en éclaircit tous les mystères ; ils en ont fait un chaos semblable aux oracles du paganisme, que rien n’enchaîne et ne domine (« Nos savants n'ont pas encore pu comprendre qu'un œil serein, de même qu'un miroir concave, rassemble en un seul point les rayons dispersés. Ils divisent et ils divisent, jusqu'à ce que le dernier atome disparaisse dans l'ombre » Stolberg, loc.cit., p.292. Mais ils sont aveuglés par leurs préjugés dogmatiques) ; ils l'ont tristement déprimée, n’y voyant plus qu’un livre humain, qu’une « littérature nationale des Hébreux », parce qu’ils refusaient d’y contempler le Christ. Mais, aux yeux de la foi, rien n’a changé malgré leurs efforts impies. Aussi adorons-nous Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Bible avant d’en commencer la lecture ou l’étude, nous souvenant que, si elle est un livre scellé de sept sceaux, c’est l’Agneau, « l’Agneau immolé dès le commencement », Apoc.XIII, 8, qui nous l’ouvrira et nous en fournira l'interprétation (Apoc. V, 6-9. Cf Jean I,18 : il a fait l'exégèse). En lisant, nous le contemplerons partout avec bonheur, puisque sa présence remplit tout : Apparet litterarum opertus involucris (S.Ambr., Exposit. In Luc, l.VII,12). Et quels admirables fruits seront produits peu à peu dans nos cœurs! « Les Écritures enfantent le Verbe, qui est la vérité du Père (Clément d'Alex., Stromat., l.VII, c.XVI). » « Tous les jours le Verbe se fait chair dans les Écritures, afin d’habiter parmi nous (Orig., Philocal. c. XV.). » De ces nuées saintes derrière lesquelles il se cache, il arrosera et fécondera nos âmes (S.Aug., De Gen. Contr. Man., l.II, c.V : « De nubibus eas irrigat, id est de Scripturis ». Voy. Lacordaire, Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne, p.164 de la 3è édition).

ANCIEN TESTAMENT


    1. La division de la Bible. — « L’Écriture, comme une haute montagne qui serait le phare du monde, se partage en deux versants : le versant de l’antiquité et celui des temps modernes; l’un qui regarde L'occident, et l’autre l’orient de l'humanité. Tous les deux portent le nom de Testament, parce que tous les deux renferment le témoignage de Dieu et la charte de son alliance avec l’homme; mais, par le côté qui regarde la préparation de cette alliance, le testament prend le nom d’ancien; par le côté qui en regarde la consommation , il prend le nom de nouveau. L’un et l’autre, considérés dans leur distribution intérieure, se composent des mêmes éléments : l’histoire, qui dit le passé; la prophétie, qui dit l’avenir; la théologie, qui unit le passé à l’avenir dans le sein de l'éternelle vérité (Lacordaire, Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne, p.177 et ss.). »

Telle est, en effet, la grande division de la Bible : l’Ancien Testament, qui prépare, qui montre en quelque sorte du doigt le Nouveau et veut se transformer en lui; le Nouveau Testament, qui se rattache constamment à l’Ancien, qui l’éclaire et le transfigure, l'élevant à des hauteurs sublimes (Matth. V, 17). Mais la préparation est si parfaite, la succession des événements et des concepts si régulière, grâce à l’idée centrale dont il vient d’étre question, que l’on pourrait supprimer la division extérieure, puisque tout se suit et s’harmonise si admirablement. Seulement, d’une part, on annonce et l’on attend la venue du Rédempteur; de l'autre, on adore le Verbe incarné, l’Homme-Dieu qui « a dressé sa tente (Jean. I, 14) » parmi nous.

    1. Le mot Testament. — Ce nom a sa racine, comme ceux de Bible et d’Écriture, dans les livres sacrés eux-mêmes. Saint Paul, II Cor. III, 14, appelle les écrits de l'ancienne Alliance « le vieux Testament». Dans le texte grec du premier livre des Machabées, 1, 57, on mentionne aussi le liber testamenti. Dès le temps de Moïse, Ex. XXIV, 7, il est parlé du volumen fœderis (Séfer habb'rit), qui contenait la législation du Sinaï; et telle est probablement l'origine directe de cette belle dénomination. Le substantif hébreu b‘rit correspond au français « alliance »; mais le mot grec δίαθήχη par lequel l’ont traduit les Septante, peut signifier fœdus ou testamentum: les anciens écrivains latins ont adopté de préférence cette seconde acception, qui est aussi devenue la plus usitée dans les langues européennes.

Quant à l'épithète d'ancien, indépendamment du texte de saint Paul cité plus haut, elle semble remonter jusqu’au célèbre passage de Jérémie, XXXI, 31 et ss : Voici, les jours viennent, dit l`Éternel, où je ferai avec la maison d`Israël et la maison de Juda Une alliance nouvelle. La nouvelle Alliance ne devant être inaugurée que par le Messie, on désigna par le surnom d'ancienne celle qui avait été contractée au Sinaï. De même, les écrits qui racontent l’histoire de cette première alliance furent appelés l’Ancien Testament.

    1. Les livres de l'Ancien Testament. -— En comptant ces livres un à un, tels qu’ils sont partagés dans la Vulgate, on arrive au total de quarante-six: 1° la Genèse, 2° l’Exode, 3° le Lévitique, 4° les Nombres, 5° le Deutéronome, 6° Josué, 7° les Juges, 8° Ruth, 9° le premier livre des Rois, 10° le second livre des Rois, 41° le troisième livre des Rois, 12° le quatrième livre des Rois, 13° le premier livre des Paralipomènes, 14° le second livre des Paralipomènes, 15° Esdras, 16° Néhémie, 17° Tobie, 18° Judith, 19° Esther, 20° Job, 21° les Psaumes, 22° les Proverbes, 23° l’Ecclésiaste, 24° le Cantique des cantiques, 25° la Sagesse, 26° l’Ecclésiastique, 27° Isaïe, 28° Jérémie, 29° les Thrènes, 30° Baruch, 3l° Ézéchiel , 32° Daniel, 33° Osée, 34° Joël, 35° Amos , 36° Abdias, 37° Jonas, 38° Michée, 39° Nahum, 40° Habacuc, 41° Sophonie, 42° Aggée, 43° Zacharie, 44° Malachie, 45° le premier livre des Machabées, 46° le second livre des Machabées (Comme l'observe très justement M.Vigouroux, Man. Bibl, t.I, n.3, cette supputation est en partie conventionnelle; de là le chiffre 43, que d'autres ont trouvé en réunissant les deux premiers livres des Rois, le troisième et le quatrième, les deux livres des Paralipomènes. - On a aussi adopté parfois les chiffres de 44 et 45. Le Nouveau Testament contient vingt-sept livres, bien que, par son étendue, il ne soit pas égal au quart de l'Ancien. La Bible entière est partagée en 1334 chapitres, dont 1074 pour l'Ancien Testament, et 260 pour le Nouveau. L'histoire du salut messianique, comme celle de la création, est une préparation très longue.).

Envisagés sous le double rapport du fond et de la forme, ces écrits peuvent être répartis en trois groupes, suivant que domine en chacun d’eux l'élément historique, didactique, prophétique. Les livres de la seconde catégorie sont en même temps poétiques.


1° LIVRES HISTORIQUES

(21 livres)

Le Pentateuque

Josué

Les Juges

Ruth

Les quatre livres des Rois

Les deux livres des Paralipomènes

Esdras

Néhémie (ou second livre d’Esdras )

Tobie

Judith

Esther

Les deux livres des Machabées

2° LIVRES POÉTIQUES

(8 livres)

Job

Les Psaumes

Les Proverbes

L’Ecclésiaste

Le Cantique des cantiques

La Sagesse

L'Ecclésiastique

Les Thrènes

3° LIVRES PROPHÉTIQUES

(17 livres)

Isaïe

Jérémie

Baruch

Ézéchiel

Daniel

Les douze petits Prophètes


Tous ces livres sont canoniques et inspirés, comme l'ont défini les conciles de Trente (Sess. IV, De canonicis Scripturis decretum) et du Vatican (Sess. III, c.II). Ceux que nous avons marqués en lettres italiques dans le tableau qui précède, c’est-à-dire Tobie, Judith, les Machabées, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Baruch, avec quelques fragments d’Esther et de Daniel, forment une catégorie à part, non sous le rapport de leur autorité, qui n’est pas moindre que celle des autres écrits, mais au point de vue du temps où ils furent définitivement admis dans le canon des saintes Écritures. Reçus un peu plus tard, ils portent le nom de deutérocanoniques; les autres livres sont appelés protocanoniques.

Ces derniers sont seuls contenus dans la Bible hébraïque, d’après un ordre et une classification qui diffèrent des nôtres, quoique les Juifs aient aussi adopté trois groupes : la Loi (tôrah), les Prophètes (nebî'im), les Hagiographes (ketubim) (Ce groupement est très ancien, car on le rencontre déjà dans le prologue de l'Ecclésiastique et dans l'Évangile selon saint Luc, XXIV, 44. Comparez les passages Matth. VII, 12; Luc. XVI, 16; Act. XIII, 15; Rom. III, 21, où, pour abréger, on désigne seulement la Bible par les deux premières catégories : « la loi et les prophètes »).

1° LA LOI ou tôrah

La Genèse

l'Exode

le Lévitique

les Nombres

le Deutéronome

LES PROPHÈTES

ou nebî'im, divisés en

Ri'sônim

ou antérieurs

Josué

les Juges

les deux livres de Samuel (I et II Rois)

les deux livres des Rois (III et IV Rois)

'aharônim ou postérieurs, subdivisés eux-mêmes en

Grands prophètes

Isaïe

Jérémie

Ézéchiel

Petits prophètes

Osée

Joël

Amos

Abdias

Jonas

Michée

Nahum

Habacuc

Sophonie

Aggée

Zacharie

Malachie

LES HAGIOGRAPHES

ou ketubim

les Psaumes

les Proverbes

Job

Les cinq megillôt ou rouleaux (ainsi nommés parce qu'ils formaient de petits volumina à part, en vue de l'usage liturgique)

Le Cantique des cantiques

Ruth

les Thrènes

l'Ecclésiaste

Esther

Daniel

Esdras

Néhémie

les deux livres des Chroniques (I et II Paralipomènes)


Cette classification correspond assez bien à la fondation (tôrah), au développement (nebî'im) et au couronnement religieux ( ketubim) de la théocratie. La prépondérance remarquable des livres prophétiques désigne très manifestement la religion juive comme une institution dont les tendances et le centre de gravité étaient plutôt dans l'avenir que dans le présent, ainsi qu‘il a été démontré plus haut (Pages 9-10).



LE PENTATEUQUE


Noms et division. — Dans le canon des Juifs, les cinq premiers livres de l’Ancien Testament sont appelés, d’après leur sujet principal, Séfer hattôrah, « le livre de la Loi, » ou simplement Tôrah, « la Loi (Deut. XXXI, 26; III Reg.II, 3; IV Reg. XXIII, 25; Ps. XVIII (hébr. XIX), 8 et en d'autres nombreux passages. Cf Luc. XXIV, 44. Les anciens écrivains israélites ont rendu cette dénomination plus significative encore, en comptant, dans le Pentateuque, jusqu'à 613 préceptes, dont 365 sont négatifs, et 248 positifs). » Les rabbins les désignent assez souvent par un nom bizarre qui fait allusion à leur nombre; « les cinq cinquièmes de la Loi. » Le mot Pentateuque, dérivé du grec πέντε, « cinq » et τϋχος, « volume, » a également pour base la division du livre de la Loi en cinq parties distinctes.

Cette division est très ancienne, et vraisemblablement antérieure à l’époque de la traduction des Septante. Elle est aussi d’une parfaite exactitude, car chaque tome ou volume a réellement une physionomie à part, et correspond à des périodes diverses de la législation théocratique. La Genèse est une introduction, le Deutéronome une récapitulation. Dans les trois livres intermédiaires, les lois divines sont promulguées peu à peu, et rattachées aux événements historiques qui les virent paraître; mais le Lévitique se distingue à son tour de l’Exode et des Nombres, parce que seul il contient une masse de décrets formulés sans interruption notable.

Quant aux titres spéciaux dont on se sert pour désigner chaque partie, ils viennent directement du grec (à part celui des Nombres, qui est une traduction de άρίθμοι), et sont empruntés à l'idée dominante ou initiale du livre. Les mots hébreux placés dans la Vulgate au-dessous de ces titres sont

ceux mêmes par lesquels débutent les « volumes » ; on les mentionne parce que les Juifs les emploient en guise de titres.


Noms juifs

Noms grecs

Noms latins

Bere'sit,

Ve'elleh semot,

Vayykera',

Vayyedabber,

'Elleh haddebarim

Гένεσις (origine)

Εξοδος (sortie)

Λευίτίχον (lévitique)

άρίθμοι (nombres)

Δευτερονόμιον (seconde Loi)

Genesis

Exodus

Leviticus

Numeri

Deuteronomium


La Genèse commence par le récit de l’origine du monde et de l'humanité; l’Exode raconte longuement la sortie d'Égypte; le Lévitique est en grande partie consacré à la promulgation des lois relatives au culte juif et à la tribu de Lévi; le livre des Nombres débute par le recensement des Israélites; le Deutéronome réitère et inculque de nouveau la Loi.


Le sujet traité. — Ainsi qu’il ressort de ces indications sommaires, au fond et dans sa partie essentielle, le Pentateuque a pour but d’exposer les origines et la fondation du royaume théocratique. Tous les détails qu’il renferme convergent vers ce grand fait: l'alliance, la législation du Sinaï, qui devait faire du peuple hébreu la nation privilégiée de Jéhovah en vue du Messie promis. Le vrai point de départ de l'établissement de la théocratie, c’est la création; la mort de Moïse en est le dernier terme; les événements intermédiaires en forment les péripéties: tel est le contenu du Pentateuque.

De là l'importance capitale de ce livre aux cinq tomes. Véritable « océan de théologie », selon la parole de saint Grégoire de Nazianze. Vraie base de l’Ancien Testament, dont toutes les autres parties le supposent; fondement de l’édifice religieux du judaïsme, qui s’écroulerait avec lui; fondement de la Bible entière et de l'édifice religieux du christianisme, puisque tout se tient dans le plan divin de la Rédemption. Le Pentateuque est donc à l'ancienne Alliance ce que les Évangiles sont à la nouvelle.

Authenticité et intégrité. -— C’est précisément à cause de son importance que le Pentateuque a été, depuis un siècle, le point de mire des plus violentes attaques de la part des incrédules. Pour l'ensemble comme pour les détails on a nié, malgré la tradition, qu’il fût l'œuvre de Moïse, et l’on a osé affirmer que ses portions législatives et juridiques auraient été composées seulement à l’époque des derniers prophètes (Voy. Dans le Man. bibl., nn. 248-255, l'histoire des attaques contre le Pentateuque, l'exposé et la réfutation des objections. Les preuves de l'authenticité sont développées idib., nn. 238-247).

Mais l° Moïse a pu écrire le Pentateuque. Il était doué, les plus sceptiques sont bien obligés de le reconnaître, d’une vaste intelligence, et quoi de plus naturel en soi, indépendamment de l'inspiration, qu’il tînt à préserver et à transmettre aux générations futures la législation dont il avait été le médiateur?

2° Une tradition universelle, qui remonte à plusieurs milliers d’années sans interruption aucune (le livre de Josué en est le premier chaînon), et à laquelle ont pris part soit les juifs, soit les samaritains, soit les chrétiens, nous certifie que Moïse est l’auteur du Pentateuque. Or un tel témoignage, portant sur un fait si grave et si facile à constater, présente toutes les garanties désirables; au contraire , avoir inventé après coup ce livre et l’avoir placé tardivement entre les mains de tout un peuple comme l’œuvre de Moïse, serait un phénomène historique unique au monde, et d’une complète impossibilité.

3° L’évidence interne, comme l'on dit, vient s’associer de la façon la plus énergique aux preuves extrinsèques, pour démontrer l'authenticité du Pentateuque. Et sous le rapport des idées, et sous celui du style, nous trouvons à toutes les pages de ce livre admirable le sceau et comme la signature de Moïse: archaïsmes, grandeur et simplicité, connaissance étonnante des choses de l'Égypte et de l’ancien monde, parfaite unité, etc., tout prouve que ce n’est pas une main de faussaire qui a composé les lignes suivantes : Moïse écrivit toutes les paroles de l'Éternel, Ex. XXIV, 4; Lorsque Moïse eut complètement achevé d'écrire dans un livre les paroles de cette loi, Deut., 24 (Cf. Ex. XVII; XXXIV, 27; Num. XXXIII, 2; Deut. XVII, 18, etc.). Moïse, assurément, a pu utiliser et incorporer à sa narration des documents plus anciens que lui; de même, il est visible çà et là que des notes archéologiques et géographiques ont été ajoutées à son texte: mais il n’en demeure pas moins l’auteur réel et principal du Pentateuque.