Bible Fillion

LA PROPHETIE DE JEREMIE


Le prophète. - La forme hébraïque de son nom était Irmeyâhu, par abréviation Irmeyah. Les Septante en ont fait ‘Iερεμίαζ, et de cette forme grecque dérivent celles du latin (ltala: Hieremias; Vulgate: Jeremias), et des différentes langues modernes. Sa signification est incertaine. Suivant les uns, il viendrait de la racine râmah, jeter, renverser; ce qui donnerait ce sens : Jéhovah renverse (son peuple). Selon les autres, plus probablement, il dériverait du verbe rûm, être élevé, et signifierait : Jéhovah est élevé , exalté (Μετεωρισμόζ ‘Iαώ, « élévation de Jéhovah », comme le traduisait Origène); ou bien à l’actif : Jéhovah exalte.

Jérémie nous fait connaître lui-même, dans le livre de ses oracles, de nombreuses particularités de sa vie. A vrai dire, nul prophète n’a mêlé autant que lui le récit de sa propre histoire à celle des événements contemporains. Il naquit à Anathoth (aujourd'hui Anâta, à cinq quarts d'heure au nord-est de Jérusalem. Voy. L'Atlas géogr., pl. 7, 12), bourgade de la tribu de Benjamin, et appartenait à la race sacerdotale (cf. 1, 1). Son père, Helcias, ne différerait pas, d’après plusieurs interprètes anciens (parmi lesquels on compte Clément d'Alexandrie et saint Jérôme) et modernes, du célèbre grand prêtre de même nom qui découvrit, pendant le règne de Josias, l'exemplaire authentique des livres de la Loi (cf. 4 Reg. 22, 8). Ce sentiment paraît peu vraisemblable. Pourquoi Jérémie n’aurait-il pas donné à son père son titre de pontife suprême, s’il l’avait possédé en réalité? Du reste, les grands prêtres juifs avaient leur résidence à Jérusalem.

Jérémie commença son ministère à un âge relativement peu avancé (cf. 1, 6-7; voyez le commentaire), la treizième année du gouvernement de Josias (cf. 1, 2; 25, 3. L'an 628 avant J.-C.), et il le continua, parmi des difficultés et des contradictions de tout genre, jusqu’aux premiers temps de la captivité babylonienne. Il prophétisa donc pendant les dix-huit dernières années de Josias (628=6l0), et pendant les règnes entiers de Joachaz (seulement trois mois, en 610), de Joakim (610-595), de Jéchonias ou Joachin (seulement trois mois, en 599), de Sédécias (599-588). Après la prise de Jérusalem par les Chaldéens, autorisé par Nabuchodonosor à se retirer où il voudrait, il demeura sur le territoire de Juda, consolant et fortifiant ceux de ses compatriotes qui y étaient restés comme lui (cf. 39, 11; 40, 1, etc.). Lorsque Godolias, qui gouvernait le pays au nom du conquérant, eut été assassiné, le prophète se vit emmené de force en Égypte par une troupe de Juifs indociles et rebelles à tous ses avis (chap. 41). Il eut beaucoup à souffrir de leur part, car ils ne pouvaient endurer les reproches qu’il adressait à leur conduite criminelle (chap. 42-44). Suivant une tradition juive, adoptée par les anciens écrivains ecclésiastiques (cf. Tertullien, Scorp., 8; saint Jérôme, adv. Jovin, 2, 37; le Martyrologe romain, au 1er mai, etc. Saint Paul fait peut-être allusion au martyre de Jérémie dans l'épître aux Hébreux, 11, 37, par l'expression « lapidati sunt »), ces misérables l’auraient cruellement lapidé à Taphnis. Son ministère avait duré pendant environ cinquante ans, et il était alors lui-même âgé d’au moins soixante-dix ans (sur la vie et le ministère de Jérémie, voyez le Man. Bibl., t.2, nn. 976 et 978-984).

Son caractère, de même que les principaux faits de sa vie, se reflète lumineusement dans ses écrits. Jérémie était très doux par nature, timide même et réservé, d’une vive impressionnabilité, d’une rare délicatesse, tout à fait aimant; et c’est à ce cœur sensible et tendre que fut confiée l’une des missions les plus terribles qu’un homme ait jamais reçues de Dieu, puisqu’il a été nommé à bon droit « le prophète de la justice divine ». A peine eut-il à prédire çà et là quelque nouvelle consolante; son rôle consista presque toujours à lancer menace sur menace, à dénoncer sans fin ni trêve les crimes de son peuple, à montrer du doigt le châtiment désormais inévitable et la catastrophe finale de plus en plus rapprochée. Et ce rôle lui valut de la part de tous, et presque constamment, les risées, le mépris, la haine, les persécutions cruelles, de sorte qu’il a pu se représenter lui-même « comme un agneau qu’on mène à la boucherie (11, 19. Comparez 15, 10, où il tient ce langage : « Malheur à moi, ma mère, de ce que tu m'as fait naître homme de dispute et de querelle pour tout le pays! … Tous me maudissent) ». Mais il demeura admirablement vaillant en face du devoir, quelque rude qu’en fût l'accomplissement. Muni pour cela de grâces spéciales, il se montra ferme « comme une ville forte, comme une colonne de fer et un mur d’airain, contre les rois de Juda, contre ses chefs, contre ses prêtres et contre le peuple du pays (1, 18) ». Rien ne réussit à l’effrayer. En somme, belle et attachante nature (voy. le Man. Bibl, t. 2, n. 977).

L'organisme du livre. - Entre un court prologue (1, 1-19) et une conclusion historique également très concise (52, 1-34) , nous trouvons trois parties, dont deux se rapportent au peuple théocratique et une aux nations païennes.

La première (2, 1-33, 26) se compose de dix sections, qui correspondent à autant de discours prophétiques, dans lesquels Jérémie répète, sans se lasser, que Dieu a décrété d’une manière irrévocable la ruine de l'État juif. 1°2, 1-3, 5: la fidélité de Jéhovah, l'infidélité et l'ingratitude du peuple; 2° 3, 6-6, 30: ce peuple impénitent subira toute sorte d’épreuves, en attendant qu’il soit totalement réprouvé ; 3° 7, 1-10, 25 : à la vaine et superstitieuse confiance qu’inspirent aux Juifs le temple de Jérusalem, les sacrifices et la circoncision, le prophète oppose la vraie voie du salut; 4° 11, 1-13, 27 : Juda a violé honteusement et criminellement la sainte alliance;·5° 14, 1-17, 27 : pas de pardon à espérer du Seigneur en de telles conditions; 6° 18, 1-20, 18: la réprobation prochaine de Juda est confirmée par divers symboles; 7° 21, 1-24, 10: les jugements divins contre les mauvais pasteurs; 8° 25, 1-29, 32 : la captivité de soixante-dix ans est nettement annoncée; 9° 30, 1-31, /40 la délivrance et le rétablissement futur du peuple de Dieu; 10° 32, 1-33, 26: encore des paroles de consolation, relatives à l’heureux avenir d’Israël.

La seconde partie (34, 1-45, 5) contient une narration, en partie historique, en partie prophétique, des derniers événements du royaume de Juda. Deux sections: 1° Jérémie s’efforce en vain de convertir ses compatriotes avant que la ruine soit entièrement consommée (34, 1-38, 28); 2° réalisation intégrale de ses oracles (39,l-45, 5).

La troisième partie (46, 1-51, 64) est consacrée tout entière à des prophéties dirigées contre les Gentils (l’Égypte, les Philistins, les Moabites, les Ammonites, les Iduméens, les Syriens de Damas, les Cédarènes, le royaume d’Azor, Babylone et les Chaldéens) (pour l'analyse détaillée, voyez le commentaire et notre Biblia sacra, p. 848-904. Voyez aussi Cornely, Historica et critica Introd., t. 2, pars 2, p. 375 et ss.).

Ce seul énoncé suffit pour montrer qu’il règne un ordre très réel dans le livre des prophéties de Jérémie, quoi qu’on ait prétendu en sens contraire. L’arrangement a eu lieu parfois d’après la chronologie, mais beaucoup plus souvent d’après l'enchainement logique des faits; on le voit clairement par les dates que le prophète a lui-même placées en tête d’un certain nombre de ses oracles (21, 1 : Lorsque le roi Sédécias... ; 24, 1 : Après que Nabuchodonosor ait emmené Jechonias; 25, 1 : La quatrième année de Joakim; 26, 1 : Au commencement du règne de Joakim; 28, 1 : La quatrième année du règne de Sédécias; 29, 2 : Après que Jéchonias eut été emmené de Jérusalem; 32, 1 : La dixième année de Sédécias; 35, 1 : Au temps de Joakim. Etc. Ces exemples démontrent que l'ordre chronologique est rarement suivi).

L'authenticité et la composition du livre. — « Les prophéties de Jérémie ont un cachet si personnel, que la plupart d’entre elles sont universellement regardées comme authentiques (Man. Bibl. t. 2, n. 988). » On s’est borné, dans notre siècle, à contester l'authenticité de quelques passages, notamment des chap. 10, 1-16,. 30-31, 33, qu’on a attribués « au prophète imaginaire appelé le second Isaïe (voyez les pages 268 et 269 de ce volume)», et des chap. 50-51, que l’on rejette comme composés après coup, parce qu’ils prédisent avec trop de vérité les détails de la chute de Babylone. Citer ces arguments, c'est les réfuter (sur la composition du chap 52, voyez le commentaire).

Le livre nous fournit lui-même d’intéressants détails sur son origine. D’après 36, 1 et ss., Jérémie reçut de Dieu, la quatrième année du règne de Joakim, l'ordre de mettre par écrit les oracles, qui lui avaient été révélés depuis le début de son ministère; il les dicta aussitôt à Baruch, son secrétaire. Mais le roi ayant déchiré et brûlé le manuscrit dans un mouvement de colère, Jérémie composa un autre volume, beaucoup plus complet que le premier. Telle est la base du livre de Jérémie, tel que nous le possédons aujourd’hui. Nous apprenons ailleurs, 30, 2, que le Seigneur lui ordonna aussi d’écrire les promesses consolantes qu’il lui avait faites touchant le rétablissement et le glorieux avenir d’Israël. Les oracles ou les épisodes postérieurs à la quatrième année de Joakim furent ajoutés par le prophète, lors de la rédaction définitive. On regarde les passages suivants comme remontant au delà de cette date : 1, 1-20, 18; 25-27; 46, 1-51, 58. Les chap. 40-45, 52, comptent parmi les parties les plus récentes.

L’écrivain. — On a souvent exagéré les défauts du style de Jérémie. Sans doute il est généralement simple et familier, peu varié, sans ornements, monotone, parfois négligé; mais cela tient aux sujets mêmes que le prophète avait à traiter, car il n’y a rien de plus monotone que les larmes, les soupirs et les plaintes, et quand on est en deuil on ne songe point à se parer. ll manque souvent de concision, pour le même motif. Mais notre prophète ne manque ni d’art ni de force dans son langage, ses oracles contre les païens (chap. 46-51) renferment de vraies beautés littéraires; sa simplicité est noble; il a du pittoresque, de la grandeur, beaucoup d’images neuves (Jérémie passe fréquemment d'une image à l'autre, avec une telle rapidité, que le lecteur a de la difficulté à la suivre). « Il est certainement le plus grand poète de la désolation et du chagrin, parce que c’est lui qui a ressenti le plus vivement la peine; » « il excelle à peindre les sentiments tendres et pathétiques. » Si sa diction n’est pas toujours très pure, et s’il emploie çà et là des expressions araméennes, cela est en conformité avec son époque, qui était loin d’être l’âge d’or de la langue hébraïque.

Parmi ses particularités comme écrivain, on remarque, d’une part, des répétitions assez nombreuses, et, de 1’autre, des citations très fréquentes, empruntées à ceux des saints Livres qui avaient paru avant le sien. Voici la liste des principales répétitions (le commentaire indiquera d'autres passages, encore plus nombreux, dans lesquels c'est une même image ou une même expression qui est répétée. Voyez, par exemple, 7, 84; 16, 9; 25, 10; 33, 11): 2, 28, et 11, 13; 5, 9, 29, et 9, 9; 6, 13-15, et 8, 10-12; 7, 14, et 26, 6; 10, 12-16, et 51, 15-19; 11, 20, et 20, 12; 15, 2, et 43, 11; 16, 14-15, et 23, 7-8; 17, 25, et 22, 4; 23, 19-20, et 30, 23-24; 30, 11, et 46, 28; 31, 35-36, et 33, 25-26. Quant aux citations, nous nous bornerons à relever ici les suivantes (nous renvoyons également au commentaire pour les autres) : pour le Deutéronome, comparez Jer. 2, 6, et Deut. 32, 10; Jer. 5, 15,··et Deut. 28, 49; Jer. 7, 33, et Deut. 28, 26; Jer. 11, 3, et Deut. 27, 26; Jer. 11, 4, et Deut. 4, 20; Jer. 11, 5, et Deut. 7, 12-13; Jer. 22, 8-9, et Deut. 29, 24-26; Jer. 23, 17, et Deut. 29, 18; Jer. 34, 13-14, et Deut. 15, 12, etc.; pour les autres livres, comparez Is. 4, 2, et 11, 1, avec Jer. 23, 5-6, et 33, 15; Is. 13 et 47, avec Jer. 50 et 51; Is. 15, avec Jer. 48; Is. 40, 19-20, avec Jer. 10, 3-5; Is. 42, 16, avec Jer. 31, 9; Os. 8, 13, avec Jer. 14, 10, etc.

5° La prophétie de Jérémie a une importance très grande au point de vue historique, puisqu’elle complète d’une façon notable les renseignements fournis par le 4ème 1ivre des Rois et le 2ème des Paralipomènes sur l’histoire des dernières années du royaume de Juda. Non seulement elle raconte des événements nouveaux, mais elle nous fait lire en quelque sorte dans l’âme du peuple juif et de ses chefs, dont elle retrace admirablement l’état moral. Mais elle est surtout importante sous le rapport christologique (cf. L. Reinke, die messianischen Weissagungen, t. 3, p. 414-602) : en effet, elle décrit tour à tour le bonheur des jours du Messie (3, 14-18; 23, 3-8; 30, 8 et ss.), la nouvelle alliance qui sera contractée entre Dieu et son peuple (31, 31 et ss.), la personne même du Messie, fils de David (23, 5; 33, 14-15; voyez aussi 31, 22, et le commentaire, et comparez 31, 15, avec Matth, 2, 17). Bien plus, dans sa vie, dans son ministère, dans sa mort, Jérémie, ce noble prédicateur de la vérité, indignement et injustement persécuté par son propre peuple, est le « type le plus parfait » de l’Homme de douleurs (« Praefigurat Dominum Salvatarem, » S. Jérôme, in Jer. 16, 2. Il n'est pas sans intérêt de se rappeler ici que les Juifs contemporains de Jésus crurent à diverses reprises qu'il était Jérémie ressuscité. Cf. Matth. 16, 14; Jean 1, 21. Sur la profonde estime que le prophète, d'abord si impopulaire, inspira plus tard à ses coreligionnaires, voyez Eccli. 44, 8-9; 2 Mach. 2, 1 et 15, 14-15.

Le livre de Jérémie dans la version des Septante. — Il nous faut dire un mot de la divergence notable qui existe entre le texte hébreu de Jérémie, suivi d’assez près par la Vulgate, et la traduction grecque d’Alexandrie. Cette dernière prend habituellement de grandes libertés avec les saints Livres, mais nulle part les dissemblances ne sont aussi nombreuses qu’ici. Sans doute, quant à la substance, l'écrit du prophète est parfaitement le même dans les Septante et dans l’hébreu; mais les différences abondent pour le fond comme pour la forme. Celle qui frappe le plus, parce qu’elle donne au livre de Jérémie un aspect extérieur tout autre que celui auquel on est accoutumé par l’hébreu et par la Vulgate, consiste en ce que les Septante ont placé les oracles contre les nations païennes, c’est-à-dire les chapitres 46-51, immédiatement à la suite de 25, 13, et qu’ils ont en outre changé l’ordre de ces oracles, conformément au tableau ci-joint.


Les Septante


L’hébreu (et la Vulg.).

25, 14-18

Prophétie contre Élam

49, 34-39

26, 1-28

contre l'Égypte

46, 1-28

26, 1-28, 64

contre Babylone

50, 1-51, 64

29, 1-7

contre les Philistins

47, 1-7

29, 8-23

contre l’Idumée

49, 8-23

30, 1-5

contre les Ammonites

49, 1-5

30, 6-11

contre les Arabes

49, 28-33

30, 12-16

contre Damas

49, 23-27

31, 1-44

contre Moab

48, 1-47

32, 1-24


25, 14-38

33, 1-4, 13


26, 1; 43, 13

51, 1-30


44, 1-40

51, 31-35


45, 1-5

52, 1-34


52, 1-34


Pour ce qui regarde le fond, les Septante omettent des passages entiers, en nombre relativement considérable. Voici les principales de ces omissions : 8, 10-12; 10, 5-8, 10; 11, 7-8;·17, 1-4; 27, 13-14, 19-22; 29, 16-20; 30, 10-11; 33, 14-26 (l'oracle relatif à l'éternelle durée de la nouvelle Alliance. C'est la plus longue et la plus grave des omissions); 34, 11; 39, 4-13 (autre omission importante); 51, 44-49; 52, 2-3, 15, 28-30. Il en est d’autres, beaucoup plus fréquentes, qui ne consistent que dans le retranchement d’une petite phrase, d’un mot ou deux : c’est ainsi que la formule Neum Yehôvah (Vulg. : « Dixit Dominus »), qu’on lit plus de cent soixante-dix fois dans le texte hébreu, apparait à peine cent fois dans la traduction des Septante. Ces derniers abrègent aussi habituellement les noms divins, disant simplement, par exemple, « Dieu » ou « le Seigneur », là où l'hébreu porte : le Seigneur des armées, le Seigneur Dieu, Dieu d’Israël, etc. (ils suppriment de même les titres ajoutés aux noms d'hommes : « Jérémie », au lieu de « Jérémie le prophète »; « Hananias », au lieu de « Hananias le prophète », etc). Par contre, ils font parfois de petites additions à l’hébreu (le commentaire signalera les principales), mais guère plus que dans les autres écrits bibliques. (C'est donc surtout par leurs omissions (le livre de Jérémie est plus court d'un huitième environ dans la traduction des Septante), et par leur changement d’ordre à partir du chap. 25, qu’ils se distinguent ici.

A quoi faut-il attribuer ces divergences extraordinaires, dont s’étonnait déjà Origène? Deux opinions principales se sont formées à ce sujet. D’après divers critiques, il aurait existé autrefois en hébreu deux recensions distinctes du livre de Jérémie : l’une babylonienne ou palestinienne, conforme au texte hébreu actuel; l’autre égyptienne, qui aurait servi de base à la traduction des Septante. Suivant d’autres exégètes, les variations de tout genre que nous avons notées seraient en grande partie imputables au traducteur, qui se serait acquitté de sa tâche d’une manière souvent arbitraire. Ce sentiment, qui était celui de saint Jérôme, est aujourd’hui le plus commun et le plus vraisemblable. Parfois la version des Septante est préférable au texte; mais ce cas est relativement rare, et c’est presque toujours l'hébreu, auquel se conforment du reste la plupart des traductions anciennes, qui mérite la préférence (sur cette question assez compliquée voyez Cornely, Introductio in utriusque Testam. Libros sacros, t. 2, p.2, p. 367-373. Le P. Knabenbauer, dans l'excellent commentaire qui est cité plus bas, rend compte de toutes les variantes des Septante qui ont quelque importance).

Commentateurs catholiques. — Théodoret de Cyr, In Jeremiœ prophetiam interpretatio; S. Ephrem, In Jeremiam explanatio; S. Jérôme, Commentariorum in Jeremiam libri VI (mais le savant docteur s’arrête malheureusement à Jer. 32, 44); Maldonat, Commentarium in Jeremiam (Lyon, 1609); Corneille de la Pierre et Calmet dans leurs grands ouvrages; J. K. Mayer, Die messianischen Weissagungen des Jeremias (Vienne, 1863); B. Neteler, Die Gliederung des Buches Jeremias (Münster 1870); A. Scholz, Commentar zum Buche des Propheten Jeremias (Wurzbourg, 1880.); L. A. Schneedorfer, Das Weissagungsbuch des Jeremias (Prague, 1883); J. Knabenbauer, Commentarius in Jeremiam prophetam (Paris, 1889).