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BIBLE FILLION

La Sainte Bible Commentée d'après la Vulgate et les textes originaux

LES LIVRES POÉTIQUES


Leurs noms et leur nombre. - Nous abordons ici le second groupe des livres de l’Ancien Testament (voyez le tome 1, p. 12-13). Il comprend les écrits auxquels on donne, d’après l‘élément qui y prédomine, les noms de poétiques, de didactiques, de sapientiaux ou de moraux. La première de ces épithètes est aujourd’hui la plus communément usitée; elle s'applique surtout à la forme extérieure. Les autres visent le sujet traité, et les anciens auteurs les employaient de préférence (Saint Jean Chrysostome, dans sa Synopsis S. Script., distingue trois parties dans l'Ancien Testament : τò ίστοριχόν, τò πρoφητιχόν, τò συμβουλευτιχόν. Cette dernière, celle qui « conseille », équivaut aux livres sapientiaux); elles expriment très bien le but et le caractère général de cette partie de la Bible, dans laquelle l'enseignement moral reçoit une si large part, et où les règles de la vraie sagesse, d’une vie sainte et selon le cœur de Dieu, sont si fréquemment inculquées. Dans la Bible hébraïque, les livres poétiques ou sapientiaux sont rangés dans la catégorie des Ketubim ou Hagiographes, avec plusieurs autres écrits inspirés (voyez le tome 1, p.13).

Parmi les quarante-six livres qui forment l’Ancien Testament, huit seulement sont poétiques dans le sens strict de cette expression : l° Job, 2° les Psaumes, 3° les Proverbes, 4° l’Ecclésiaste, 5° le Cantique des cantiques, 6° la Sagesse, 7° l‘Ecclésiastique; 8° les Thrènes ou Lamentations de Jérémie. Dans les Septante et la Vulgate, les Thrènes ont été rattachées à la Prophétie de Jérémie. La Sagesse et l‘Ecclésiastique, qui manquent dans le canon des Juifs, sont des écrits deutérocanoniques.

Caractère poétique de la Bible considérée dans son ensemble. - Si l'on prend le mot poésie dans un sens large, il est certain que la Bible entière est un vaste et magnifique poème, et que les beautés poétiques s’y rencontrent presque à chaque page. A tout instant, même dans les livres historiques, et beaucoup plus encore dans les écrits des prophètes, on admire, sous le simple vêtement de la prose, des morceaux qui, tantôt par la force et l'élévation des sentiments, tantôt par leurs images frappantes, magnifiques, s’élèvent jusqu’aux sphères de la poésie. William Jones, célèbre par ses travaux sur la poésie asiatique (Poeseos asiaticae commentarii, Oxford, 1774), pouvait dire en toute vérité : « J’ai lu avec beaucoup d’attention les saintes Écritures, et je pense que ce volume, indépendamment de sa céleste origine, contient plus d’éloquence,... plus de morale, plus de richesses poétiques, en un mot, plus de beautés de tous les genres, qu‘on n’en pourrait recueillir de tous les autres livres ensemble, dans quelque siècle et dans quelque langue qu’ils aient été composés (cité par Sicard, Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, traduites … en français du latin du Dr Lowth, t. 1, p. 10 de la 2è édition). » Un souffle poétique plane donc sur toute la Bible.

Mais ce n’est pas dire assez, car très souvent on trouve, mêlés à la prose, des passages qui sont poétiques dans le sens strict. La liste complète en serait longue; voici du moins les principaux : Gen. 1, 26; 4, 23-24; 5, 29; 9, 25-27; 14, 19; 24, 60; 27, 28-29, 39-40; 49, 1-27; Ex. 15, 1-2l; Num. 6, 24-26; 10, 35; 21, 14-15, 17-18, 27-30; 23, 7 et ss.; Deut. 32, 1 et ss.; 33, 1 et ss.; Jos. 10, 12; Jud. 5, 1 et ss.; 14, 14, 18; 15, 16; l Reg. 2, 1-10; 18, 7; 2 Reg. 1, 18-27; 3, 33-34; 22, 1-51 ; 23, 1-7; 3 Reg. 12, 16; I Par. 16, 8-36; Tob. 13, 1-23; Judith, 16, 2-21; Is. 5, 1-2; 12, 1-6; 14, 4-23; 25, 1-5, 9; 26, 1-19; 27, 2-5; 38, 10-20; Dan. 3, 52-90; Jon. 2, 3-10; Hab. 3, 1 et ss. Et combien d’autres pages des prophètes nous aurions pu citer !

Quelques traits généraux de la poésie biblique. —— Supérieure à toutes les autres par son but, qui est un but de sanctification, et par son origine, qui est toute divine, la poésie de la Bible n’est pas inférieure, sous le rapport de la beauté esthétique, à ce que les littératures humaines ont produit de plus parfait. Les meilleurs maîtres, fussent-ils rationalistes, n’hésitent pas à le reconnaître : « elle est unique en son genre, et supérieure à toutes les autres à bien des points de vue » (Ewald). On vante en particulier sa simplicité et sa lucidité, « qu’on ne trouve que difficilement ailleurs; » ses grâces si naturelles, quoique sublimes et exquises ; son « indépendance merveilleuse à l’égard des attraits de la forme », alors même qu’elle est le plus éclatante; son admirable plénitude qui coule « à pleins bords » (voyez Lowth, De sacra poesi Hebraeorum, Oxford, 1753; Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, traduite par Mme de Carlowitz, Paris, 1845; Mgr Plantier, Études littéraires sur les poètes bibliques, Paris, 1842).

Quoique si relevée, et provenant d'un seul et même peuple, la poésie des Hébreux se fait en outre remarquer par son caractère universel, qui convient à la nouvelle Alliance comme à l’ancienne, aux nations de l'Occident comme à celles de l’Orient, à toutes les parties et à tous les âges de l'humanité. Elle est catholique comme le livre qui la renferme. A ce point de vue, il y a une distance incommensurable entre elle et les poésies des Indes, de l’Égypte, de l’Assyrie, des Arabes, etc., qui sont tout à fait particulières, et pour ainsi dire étroites, par leur genre.

Autre trait important à signaler : la poésie de la Bible est exclusivement religieuse et sacrée. Dans sa naissance même, indépendamment de l’inspiration divine, elle est toujours un fruit de la religion: ce ne sont pas les événements historiques, les faits militaires, les vues grandioses de la nature qui lui ont directement donné le jour, mais les impressions religieuses; aussi les révélations divines et les vérités morales y occupent-elles la principale place; tout le reste y est ramené à la religion. Les Hébreux possédèrent cependant une poésie profane, comme le démontrent divers textes des prophètes (voyez Is. 23, 16; 24, 9; Am. 6, 5; 8, 10); mais on s’accorde à reconnaître qu'elle ne dut point parvenir à un grand développement, soit parce qu’il n’en est resté aucun fragment, soit parce que, dans Israël, « la formation intellectuelle et la formation littéraire ne s’accomplirent qu'en union avec la vie religieuse. »

Un autre caractère général de la poésie hébraïque consiste dans cet ensemble de traits, communs à toutes les littératures, qu’on résume sous le nom d’expression poétique. C’est un langage plus orné, plus éclatant, plus distingué que celui de la simple prose; par conséquent, des mots plus choisis et plus sonores, des constructions et des combinaisons extraordinaires, surtout l’emploi fréquent des figures et des comparaisons. « Les poètes orientaux ne diffèrent, sous ce rapport, de nos poètes occidentaux que par une plus grande hardiesse, une profusion plus abondante de métaphores, des hyperboles plus fortes, un coloris plus riche, dont la vivacité égale celle de leur soleil (Man. Biblique, t.2, n.588). »

A cause de l'unité de sa nature, qui ne lui a permis de chanter que Dieu et les choses de Dieu, la poésie biblique n'a jamais eu des allures aussi variées, aussi multiples, que la poésie profane chez les autres peuples. Elle se ramène à deux genres seulement : le genre šir (c.-à-d. : cantique), ou lyrique, et le genre mašal (littéralement : proverbe), ou didactique. Dans la catégorie du šir rentrent tous les psaumes, le Cantique des cantiques et les Thrènes (et aussi la plupart des morceaux poétiques disséminés à travers la Bible, et signalés plus haut). Au genre mašal appartiennent les discours du livre de Job, malgré l’élan lyrique qui les soulève habituellement, les Proverbes, l’Ecclésiaste, la Sagesse et l’Ecclésiastique.

Le rythme dans la poésie des Hébreux, et spécialement le parallélisme, qui forme son caractère distinctif. — Pas de poésie sans rythme, c’est-à-dire sans un mouvement mesuré, cadencé, des mots et des phrases, qui corresponde à la cadence des sentiments de l’âme, et en l'absence duquel il n’y aurait ni harmonie ni beauté. Mais le rythme peut revêtir bien des formes, et c’est ici que va se manifester la différence de la poésie biblique avec les autres poésies. Rien de bien extraordinaire en ce qui concerne le rythme des mots, ou cadence produite par le mélange des syllabes brèves et longues, accentuées et non accentuées : néanmoins l'existence d’une troisième classe de syllabes en hébreu, les très brèves, communique à la poésie sacrée une souplesse et un charme remarquables, dont Moïse, David et Isaïe ont tiré de très beaux effets (il n'entre pas dans notre plan de discuter la quæstio vexata: Jusqu'à quel point le vers hébreu était-il soumis à une mesure prosodique, à un mètre proprement dit ? Voyez quelques indications instructives dans le Manuel biblique, t.2, nn.597-599, et dans Cornely, Historica et critica introductio in utriusque Testamenti libros sacros, t.2, pars 2, p. 14-20. Nous croyons, avec le P. Cornely, qu'il règne beaucoup d'arbitraire dans les systèmes les plus récents, et qu'aucune solution ne paraît mûre. Pour la discussion même du problème, comparez Le Hir, Le livre de Job, Paris, p. 188-215; Bickell, Metrices biblicae regulae exemplis illustratae, Insprück, 1879, et Carmina Veteris Testamenti metrica, Insprück, 1882; Gietmann, De re metrica Hebraeorum, Fribourg-en -Brisgau, 1880).

Ce qui caractérise réellement la poésie biblique et lui donne son cachet propre et distinctif, c'est ce qu'on nomme le parallélisme des membres. Il consiste, comme son nom l'indique, en plusieurs propositions ou membres de phrase, qui se juxtaposent les uns aux autres comme le font en géométrie les lignes parallèles, et qui expriment une seule et même pensée (c'est l'Anglais Lowth qui a inventé ce nom de parallelismus membrorum ; c'est lui aussi qui a découvert et le plus complètement exposé la loi du parallélisme dans son célèbre ouvrage De sacra poesi Hebraeorum, déjà cité plus haut). Car le poète hébreu ne renferme pas dans une proposition unique le sentiment qui s'échappe de son esprit ému; il le partage entre deux ou plusieurs membres de phrase qui se complètent mutuellement, et qui expriment l'idée dans tout son ampleur. Par exemple, Gen. 4, 23, d'après l'hébreu :


Ada et Sella, écoutez ma voix;

femmes de Lamech, écoutez ma parole.

Je tue un homme pour ma blessure,

et un jeune homme pour ma meurtrissure.


Ou bien, au premier cantique de Moïse, Ex. 15, 6 et 8 :


Ta droite, Jéhovah, a signalé sa force;

ta droite, Jéhovah, a écrasé l’ennemi...

Au souffle de ta colère les eaux se sont amoncelées,

les courants se sont dressés comme une muraille,

les flots se sont durcis au milieu de la mer.


Dans ces exemples, nous avons à trois reprises le parallélisme à deux membres, et une fois le parallélisme à trois membres. L’emploi du parallélisme à deux membres est de beaucoup le plus fréquent : de là le nom de kappul, « redoublement, » par lequel le désignaient d’anciens rabbins; mais les tristiques, et même les tétrastiques, ne sont pas une rareté dans la Bible. En voici quelques exemples :


Heureux l'homme qui ne marche point dans le conseil des impies,

et qui ne s’arrête pas dans la voie des pécheurs,

et qui ne s’assied pas dans la chaire des moqueurs.

Ps. 1, 1.

Que l'ennemi me poursuive et m’attaque,

qu'il foule ma vie à terre,

et qu’il fasse descendre ma gloire dans la poussière.

Ps. 7, 6.

Je l’ai aimée (la sagesse) et recherchée dès ma jeunesse,

et j’ai cherché à la prendre pour mon épouse,

et j’ai été épris de sa beauté.

Sap. 8, 2.

Tu ne craindras pas les frayeurs nocturnes,

ni la flèche qui vole durant le jour,

ni les choses qui marchent dans les ténèbres,

ni les attaques du démon en plein midi.

Ps. 90, 5-6. .


On a dit assez justement du parallélisme qu’il est comme la rime des pensées et des sentiments; on l’a comparé, à, bon droit aussi, à des coups d’aile réitérés, au mouvement cadencé du balancier qui va et vient. Pour en rompre la monotonie, les poètes hébreux lui avaient donné différentes formes, que les modernes ont groupées sous quatre chefs divers : le parallélisme de synonymie, le parallélisme de synthèse, le parallélisme d’antithèse, et le parallélisme simplement rythmique.

Le parallélisme est synonymique, lorsque les divers membres de phrase expriment une pensée identique, les mots seuls variant plus ou moins. Cf. Ps. 1, 1 ; 2, 1 , 2, 4, 5; 3, 2; 8, 4, et cent passages analogues. La symétrie des propositions est quelquefois complète; d’ordinaire des nuances sont introduites à dessein; presque toujours il y a une certaine gradation dans l’idée. C'est un écho répercuté.


Cieux, prêtez l’oreille, car je vais parler.

Terre, écoute les paroles de ma bouche.

Que ma doctrine se répande comme la pluie,

que ma parole coule comme la rosée;

comme une ondée sur la verdure,

comme une averse sur le gazon.

Deut. 32, 1-2.

Seigneur, ne me punis pas dans ta colère,

et ne me châtie pas dans ta fureur.

Ps.6,1.

La voix du Seigneur brise les cèdres,

le Seigneur brise les cèdres du Liban...

Le Seigneur donne la force à son peuple,

le Seigneur bénit son peuple dans la paix.

Ps. 28, 5-11.


Tandis que le parallélisme de synonymie est plus fréquent dans les psaumes, celui d’antithèse est plus communément employé aux livres des Proverbes et de l’Ecclésiastique, car, par sa forme même, il convient très bien à l‘énoncé des préceptes moraux : il consiste, comme son nom l'indique, en ce qu’un des membres de phrase est en opposition de sentiments ou de langage avec l’autre membre. Cf. Ps. 19, 8-9; Prov. 11, 1, 3, 4, etc.


Un fils sage fait la joie de son père,

et un fils insensé, le chagrin de sa mère...

La haine excite les querelles,

mais l’amour excuse toutes les fautes...

La langue du juste est un argent choisi,

le cœur des méchants est peu de chose.

Prov. 10, 1, 12, 20.


Le parallélisme est synthétique, quand la pensée qui est exprimée dans un membre est continuée, complétée, démontrée, éclaircie de différentes façons dans l’autre membre; il consiste donc seulement dans une similitude de construction, et non dans la ressemblance ou l'opposition des expressions et des pensées. Cf. Ps. 18, 8-10; Prov. 30, 17, etc.


De ma voix je crie au Seigneur,

et il m’exauce de sa montagne sainte.

Je me couche, et je m’endors, et je me réveille,

car le Seigneur est mon soutien.

Ps. 3, 5-6.

J'enseignerai tes voies aux pécheurs,

et les impies reviendront à toi.

Ps. 50, 15.


On rencontre enfin des vers où l’idée est exprimée par une phrase simple, qui peut cependant se diviser en deux membres sous le rapport du rythme, quoique pas au point de vue du sujet : c’est alors le parallélisme rythmique.

Seigneur, je vous louerai de tout mon cœur

dans la réunion et dans l'assemblée des justes.

Les œuvres du Seigneur sont grandes,

exquises selon toutes ses volontés.

Ps. 110, 1-2.

Je suis l’homme qui ai éprouvé la misère

par la verge de sa colère.

Il m’a poussé et conduit

dans les ténèbres et non à la lumière.

Thren. 3, 1-2.


Le mélange de ces différentes espèces de parallélisme produit des effets remarquables, dont les poètes sacrés ont su admirablement profiter (sur les développements multiples du parallélisme chez les Hébreux, et sur les procédés auxquels on avait recours pour l'orner et l'agrémenter, voyez le Man. Bibl., t. 2, n. 594. Nous avons essayé, dans notre Biblia sacra, (Paris, 1887), de le rendre sensible aux regards, en imprimant sur des lignes parallèles les membres de phrases qui se correspondent).


Habituellement, les membres de phrase sont à peu près de même longueur. Çà et là, cependant, une proposition très courte succède tout à coup à une autre de moyenne étendue, pour produire plus d’effet.


Qui fera pur d’impur?

Pas un.

Job, 14, 4, d’après l'hébreu.

L'insensé a dit dans son cœur:

Dieu n’est pas.

Ses œuvres sont corrompues, abominables;

nul n’agit bien.

Ps. 13, 1-2.


Il arrive aussi que des vers relativement longs sont coupés par une harmonieuse césure:

La loi du Seigneur est parfaite, récréant l’âme;

le précepte du Seigneur est fidèle, instruisant le simple

les ordres du Seigneur sont justes, réjouissant le cœur.

le décret du Seigneur est pur, éclairant les yeux.

Ps. 18, 8-10 (voyez aussi le Ps. 100, et les chap. 1 et 2 des Thrènes, dans notre Biblia sacra).


Terminons ces rapides détails sur la poésie hébraïque par ce qui regarde les strophes. C’est le partage et l'enchaînement symétrique des groupes de pensées, par conséquent des groupes de vers. De même que le rythme des mots règle le flux et le reflux des syllabes, et que le rythme des vers règle la coupe, l’allure variée des membres de phrase, de même le rythme des strophes règle la liaison ou la séparation harmonieuse des vers d’après les lois de la pensée. Quelquefois les strophes des poèmes bibliques sont clairement indiquées par un refrain. C’est le cas aux Ps. 41 et 42, où les lignes suivantes sont répétées quatre fois, à intervalles à peu près égaux :

Pourquoi t’affliges-tu, mon âme,

et pourquoi te troubles-tu?

Espère en Dieu, car je le louerai encore;

il est le salut de ma face et mon Dieu (Cf. Ps. 39, 6 12; 45, 8, 12; 56, 6, 12; Is. 9, 12, 17, 21, et 10, 4, etc)


Ailleurs, un début identique marque le commencement des strophes (par exemple, au Px. 62 (hébr.), où chaque strophe s'ouvre par la particule 'ak (vers. 2, 6, 10); ou bien l’expression un peu obscure sélah (voyez le commentaire du Ps. 3, vers. 3), omise dans la Vulgate, en indique la fin. Mais, le plus souvent, c’est le sens seul qui les détermine, et s’il le fait de temps en temps avec beaucoup de clarté, comme aux psaumes 1, 2, etc., d’ordinaire il règne quelque incertitude pour le partage des stances. Elles sont d’ailleurs loin d’être toujours composées d’un même nombre de vers (le commentaire les marquera autant qu'il sera possible. Nous noterons à l'occasion les poèmes dits alphabétiques, dont les différents vers ou les strophes sont marqués par la suite des lettres de l'alphabet).

La rime, qui joue un si grand rôle dans les poésies des langues occidentales, se rencontre à plusieurs reprises dans les poèmes bibliques, et l'hébreu, par sa nature même, offre sous ce rapport des facilités étonnantes (la littérature juive du moyen âge et des siècles plus récents le démontre amplement); mais elle n’est qu’une très rare exception (quelques-uns des exemples les plus frappants sont : Gen. 4, 23; Jud. 14, 18, et 16, 23-24; 1 Reg. 18, 7; Ps. 6, 2; 8, 5; Prov. 31, 17; Cant. 3, 11).