Bible Fillion

LE LIVRE DE NEHÉMIE


INTRODUCTION


Le nom et l’auteur· du livre. - Nous avons expliqué plus haut (voyez la page 239) les mots qui et Esdrae secundus dicitur, ajoutés dans la Vulgate au titre principal, Liber Nehemiae, par manière de sous-litre.

Ce titre principal, que saint Jérôme paraît avoir été le premier à employer (Epist. Ad Paulinam)

indique tout à la fois l’auteur et le héros du livre. ll n'y a pas à douter, en effet, que Néhémie (en hébreu : Néhémiah) n’ait lui-même composé les pages de la Bible qui portent son nom. La première ligne le marque clairement: Verba Nehemiae, filii Helchiae (Neh. 1, 1). La dernière ligne, Memento mei, Deus meus, in bonum (13, 31), qui reproduit une pieuse aspiration souvent insérée dans le récit (cf. 5, 19; 6, 14; 13, 14, 22, 29, 31), l'exprime très clairement aussi, et on l’a justement regardée « comme la signature de l’auteur ». Et un grand nombre des détails contenus entre ces deux lignes, présentés sous la forme d’autobiographie et, pour ainsi dire, de mémoires, fournissent une démonstration identique. Aussi admet-on universellement que Néhémie est l’auteur des sept premiers chapitres , et au moins d’une portion considérable des trois derniers (11-13). Quant aux doutes qui ont été formulés, surtout à propos des chapitres 8, 9 et 10, ils ne sont pas appuyés sur des bases bien sérieuses. Nous n’hésitons pas à revendiquer en faveur de Néhémie la composition du livre entier. 1° Le style et le genre de l'écrivain sont les mêmes dans toutes les parties de l’écrit. 2° L’emploi successif des pronoms de la première et de la troisième personne n’a pas plus de portée ici qu’au livre d’Esdras (voyez la page 239). 3° Si, aux chapitres 8-10, Esdras joue le rôle principal, tandis que Néhémie passe au second rang, ce fait s’explique de lui-même : n’était-il pas dans l’ordre que le laïque, quel que fût son titre officiel, s‘effaçât devant le prêtre? Il est vrai que la liste sacerdotale insérée au chapitre 12, vers. 1 et ss., va pour quelques noms (vers. 10-11, 22-23) (voyez le commentaire) au delà de l'époque où vivait Néhémie; mais les meilleurs exégètes admettent que ces versets ont été ajoutés plus tard à la liste par une main étrangère. 5° Les critiques qui n’admettent pas la composition intégrale du livre par Néhémie ne peuvent tomber d’accord pour désigner les passages qui ne seraient pas de lui, d’après leur hypothèse.

Sujet traité, but, division. - Cet écrit se compose de divers récits, qui décrivent la manière dont Néhémie contribua, pour sa part, au rétablissement de la théocratie après la captivité de Babylone, et comment il acheva l’œuvre si

heureusement inaugurée par Zorobabel et continuée par Esdras. Zorobabel avait

rétabli le culte et reconstruit le temple; Esdras avait inculqué de toutes ses

forces la pratique fidèle de la loi mosaïque : l’œuvre de Néhémie consista sur tout à relever les murs de Jérusalem et à renouveler l’alliance d’Israël avec son

Dieu. Son livre est ainsi très étroitement lié à celui d’Esdras (voyez la page 239), s’ouvrant là où

celui-ci finissait, après un intervalle de seulement treize ans, et racontant

comme lui les principaux épisodes de la reconstitution du peuple juif à Jérusalem et en Palestine, après l’exil. La période embrassée par l’écrivain sacré

n’est que d’environ douze ans : depuis la vingtième jusqu’à la trente-deuxième

année d‘Artaxercès Longue-Main (Comp. 1,1), c’est-à-dire de 445 à 433 avant J.-C.

Récits isolés, avons-nous dit plus haut : car, ici non plus, l’histoire n’est

rien moins que complète. Néhémie, comme ses devanciers, ne relate que les

faits qui vont droit à son but savoir : les principaux événements de la première année, avec quelques traits plus récents. Ce but, c’est aussi de montrer

l'accomplissement des promesses de Dieu, par la restauration de Jérusalem et du culte sacré.

Trois sections principales : l° le premier voyage de Néhémie à Jérusalem, et

la reconstruction des murs de la ville (1, 1-7, 3);· 2° quelques réformes religieuses et politiques, afin d’assurer, sous toutes les formes, la prospérité du

peuple (7 , 4-12, 42); 3¤ second voyage de Néhémie à Jérusalem, et nouvelles

mesures pour consolider les réformes antérieures (12, 43-13, 31) (voyez les détails de la division dans le commentaire et dans notre Biblia sacra, p. 454 et ss.).


3° Le caractère du livre de Néhémie est généralement le même que celui du

livre d’Esdras soit pour le fond soit pour le style. Le récit est intéressant

, pittoresque, et jette une vive lumière sur l’état de Jérusalem et du peuple Juif

à cette époque, comme aussi sur la race samaritaine et l'administration des

provinces persanes. Partout une admirable candeur, qui est une garantie vivante

de la véracité du narrateur. Tout est écrit en hébreu, avec un certain nombre

d’expressions et de tournures propres à Néhémie (les ouvrages à consulter sont les mêmes que pour le livre d'Esdras).