JesusMarie.com

BIBLE FILLION

La Sainte Bible Commentée d'après la Vulgate et les textes originaux

LE LIVRE DE RUTH


Sujet et division du livre. — Épisode bien connu, pris dans l'histoire des ancêtres de David. Ruth la Moabite (hébr.,·Rut; Septante, Ῥούθ) en est vraiment le centre et l'héroïne; car c'est autour d'elle que se groupent les autres personnages et les divers incidents du récit. Ses malheurs, sa piété filiale, son désir ardent d'appartenir à la nation théocratique, son heureux mariage avec Booz, son rôle dans la généalogie des futurs rois d'Israël: tel est le résumé de ce délicieux tableau de famille, qui produit avec l'histoire agitée des Juges le plus frappant contraste.

Le premier chapitre sert d'introduction; les trois suivants contiennent le corps du récit, qui est intégralement consacré au mariage de Ruth avec Booz.

Dates des faits et de la composition. — La première ligne du livre , 1, 1, nous dit que Ruth vivait au temps des Juges. Mais on a tout naturellement cherché à préciser davantage. Josèphe, Ant., 5, 9, 1, recule les faits jusqu'à la judicature du grand prêtre Héli; ce qui est une époque trop tardive. En rapprochant 4, 2l de Matth. 1, 5, nous voyons que le père de Booz, Salmon, avait épousé la célèbre Rahab, Jos. 2, 1; d'où il suit que Booz était né un certain temps après la prise de Jéricho.

Les écrivains rationalistes prétendent sans raison que le livre de Ruth n'aurait été rédigé qu'à l'époque de la captivité babylonienne. Le Talmud (Traité Baba Bathra, f. 14, b.) en attribue la composition à Samuel: ce qui n'est pas impossible, quoique les preuves positives fassent défaut. L'auteur, quel qu'il soit, paraît avoir été contemporain du roi David, puisqu'il s'arrête au nom de ce prince dans la généalogie finale (4, 18-22).

La place du livre de Ruth dans le canon biblique. — Dans la Bible hébraïque, il occupe le second rang parmi les cinq Megillôt, qui font eux-mêmes partie des Ketubim ou Hagiographes (voyez la p. 13 du T. 1). Il semblerait pourtant que les Juifs eux-mêmes le plaçaient primitivement aussitôt après les Juges, comme les Septante et la Vulgate: en effet, Josèphe (C. Aplon, 1, 8) compte ces deux écrits comme n'en formant qu'un seul.

Le but et l'importance du livre. — Il est visible que l'histoire de Ruth n'a été conservée par écrit qu'en vue de la liste généalogique qui la termine; le livre a donc pour but d'établir la série de quelques-uns des ancêtres de David, le fondateur de la race royale. Mais l'intention du divin inspirateur de l'écrivain allait au delà de ce premier but: l'Esprit-Saint voulait surtout fixer, pour cette période, la liste des ancêtres du Messie. Cela ressort clairement du passage parallèle Matth. 1, 3b-5; et telle était bien la pensée des premiers interprètes chrétiens. Cur scripta est de Ruth historia? Primum propter Christum Dominum (Théodoret). De plus, suivant Origène (Ruth), l'union de Booz et de Ruth symbolise celle des Israélites et des Gentils au sein de 1'Église du Christ. Sous ce double rapport, le livre de Ruth est donc réellement « au seuil de l'Évangile » : ce qui lui donne une importance capitale, malgré sa brièveté.

En outre, il complète l'histoire des Juges. Sans lui nous n'aurions connu Israël que d'une manière très imparfaite, et seulement par le dehors, durant cette époque tragique. Mais voici que ce petit livre nous révèle la vie intime des pieux Israélites d'alors, et nous la montre sous son jour le plus favorable. C'est la paix des champs après le cliquetis des armes, un ensemble de scènes gracieuses après les rudes exploits de la guerre. « Tableau tout idyllique; » « œuvre d'art exquise, d'un charme inexprimable, » digne de faire partie des écrits inspirés.