Bible Catholique Vigouroux
L’Apocalypse de saint Jean
Introduction
L’Apocalypse, ou Révélation, est une prophétie qui a pour objet les destinées de l’Eglise, depuis ses commencements si faibles en apparence, jusqu’à l’achèvement parfait de son œuvre sur la terre et son triomphe final dans l’Eternité.
La Bible s’ouvre par le récit de la Création, suivie bientôt de la chute et de la promesse d’un Rédempteur. Ce Rédempteur, tout l’Ancien-Testament le figure, l’annonce et le prépare ; le Nouveau-Testament le montre, il met sous nos yeux sa vie et sa mort, sa doctrine et ses institutions, avec les premiers combats de l’Eglise naissante. Dans quelles conditions doit se continuer, à travers les âges, cette lutte de la puissance du mal contre les enfants de Dieu ? Quelles en seront les vicissitudes ? Quel en sera le terme suprême et définitif ? Le Sauveur, dans ses enseignements, avait levé un coin du voile et esquissé à grands traits les scènes de son Retour et les destinées finales de son Royaume. C’est à l’Apocalypse qu’il était réservé de faire resplendir, dans les obscurités de l’avenir du Règne de Dieu, de précieux rayons de lumière. Nous y voyons l’Eglise toujours souffrante, toujours combattue, mais toujours victorieuse, parce que Celui qui est avec elle est plus fort que le monde et que le prince de ce monde. Les derniers chapitres correspondent aux premiers de la Genèse, et achèvent ce que Moïse avait commencé : le cycle immense des destinées de l’humanité est parcouru, le mal est vaincu, la miséricorde et la justice éternelles sont glorifiées, les douloureux mystères de la vie sont expliqués, tout est accompli, Dieu règne éternellement avec les saints, les révélations de Dieu sont closes.
L’auteur de l’Apocalypse est l’apôtre saint Jean ; c’est ce qu’affirment, dès les Pères apostoliques et durant les trois premiers siècles, toutes les voix les plus dignes de confiance. Le canon de l’Eglise romaine a toujours contenu ce livre sous le nom de l’apôtre Jean. Nous en avons la preuve dans l’ancienne Italique qui l’avait traduit, dans le fragment de Muratori où il figure, et dans les déclarations formelles de Tertullien (de Præscript., 33 ; Contra Marc., IV, 5), et de saint Cyprien (de Bono patient., 24). Trois témoignages anciens sont surtout d’un grand poids : ce sont ceux de saint Justin martyr, de saint Méliton et de saint Irénée. Le premier de ces Pères, esprit philosophique autant que pieux, avait, avant de venir à Rome, exercé les fonctions d’évangéliste dans l’Eglise d’Ephèse, aux lieux mêmes où saint Jean s’était fixé et où il était mort moins de quarante ans auparavant. Dans son Dialogue contre le juif Tryphon, écrit dans cette même ville vers l’an 150, il s’exprime ainsi (chapitre 81) : « Parmi nous aussi, un homme du nom de Jean, l’un des Apôtres du Christ, ayant eu une révélation (Apocalypse), a prédit que ceux qui ont cru à notre Christ séjourneront mille ans à Jérusalem, et qu’après cela la résurrection générale et éternelle de tous ensemble aura lieu. » Comparer à Apocalypse, 20, versets 1 à 6. Saint Méliton fut au second siècle évêque de Sardes, l’une des sept Eglises auxquelles des avis et des reproches sont donnés dans l’Apocalypse (3, 1). Or, non seulement, il a cité ce livre comme l’œuvre de saint Jean, mais il en a donné une explication comme d’un ouvrage inspiré (saint Jérôme, de Vir. Ill., 24 ; Eusèbe, Hist. Eccl., IV, 26). Saint Irénée surtout met hors de doute l’opinion de la plus haute antiquité sur l’Apocalypse. Dans sa polémique contre les hérétiques, il allègue souvent ce livre comme une autorité divine ; il en nomme l’auteur comme une chose qui s’entend de soi et qui est reconnue par toute l’Eglise ; il dit que c’est une œuvre toute récente, écrite « presque dans sa génération » ; il combat une fausse variante qu’on voulait y introduire (13, 18), en faisant appel « à ceux qui avaient vu Jean de face à face ». Et on sentira l’importance décisive d’un tel témoignage, si l’on fait attention à toutes les facilités qu’avait eues saint Irénée pour connaître la véritable origine de l’Apocalypse, lui, né à Smyrne (an 132), l’une des sept Eglises ; lui, élevé par saint Polycarpe, disciple de saint Jean, dans cette Asie Mineure toute remplie du souvenir de l’apôtre bien-aimé. Il y a plus : non seulement les grands docteurs du deuxième siècle attribuent l’Apocalypse à saint Jean, mais les Eglises elles-mêmes sont déjà pénétrées des enseignements de ce livre et y cherchent les consolations et le courage dont elles ont besoin au milieu de leurs tribulations. Témoin la lettre célèbre adressée par les Eglises de Lyon et de Vienne aux Eglises d’Asie sur l’héroïque fermeté de leurs martyrs pendant la persécution de l’an 177. Elle emprunte à l’Apocalypse plusieurs de ses grandes images et de ses pensées les plus caractéristiques : la persécution, c’est l’œuvre de la bête (voir Apocalypse, 12, 13) ; les martyrs sont les fidèles du Christ, qui « suivent l’agneau partout où il va » (voir Apocalypse, 14, 4) ; le sang répandu, loin d’apaiser, ne fait qu’exciter la fureur du légat et du peuple, « semblable à la colère de la bête » ; si étrange que cette haine puisse paraître, on ne s’en étonne pas, car on y voit l’accomplissement de l’Ecriture, et cette Ecriture est précisément un passage de l’Apocalypse (22, 11) copié mot pour mot : « Que celui qui est injuste continue de faire le mal, et que celui qui est juste se justifie encore ». Aux témoignages qui précèdent, nous pourrions ajouter ceux de Clément d’Alexandrie, d’Origène, le plus savant critique de l’antiquité, etc. Mais à quoi bon ? Il est constant que jusqu’à la fin du deuxième siècle et au commencement du troisième, l’Apocalypse était universellement considérée comme l’œuvre de l’apôtre saint Jean, par l’Eglise grecque comme par l’Eglise latine, en Asie Mineure comme en Afrique et dans les Gaules.
A cette époque, s’élevèrent contre l’autorité apostolique de l’Apocalypse, plusieurs voix dissidentes, que nous devons mentionner (il est permis de ne pas tenir compte des objections de quelques hérétiques, tels que Marcion et d’autres, qui rejetaient ce livre pour des raisons dogmatiques). La principale fut celle de saint Denys d’Alexandrie (…) [qui prit à parti l’évêque Nepos et ses chrétiens, pour sa croyance millénariste pourtant justement appuyée sur l’Apocalypse de saint Jean et l’interprétation fervente dans ce sens de saint Irénée, Père très autorisé comme indiqué ci-dessus, pour connaître du sens véritable des Mille ans consignés par saint Jean dans l’Apocalypse]. Denys essaya de renverser l’autorité même qu’ils invoquaient : il nia que l’Apocalypse fût l’œuvre de saint Jean, cet écrit, disait-il, n’ayant aucune affinité, ni pour le fond ni pour la forme, avec les autres ouvrages du Disciple bien-aimé. Nous verrons bientôt ce qu’il faut penser de cette dernière allégation. (…)
Ouvrons maintenant le livre lui-même : les preuves internes sont-elles favorables à l’apôtre saint Jean ? Aucun lecteur sérieux et de bonne foi n’hésitera à répondre affirmativement.
D’abord, l’auteur de l’Apocalypse se nomme plusieurs fois dans le cours de son ouvrage : « Moi, Jean, votre frère et votre compagnon de persécution, de royauté et de patience » (voir Apocalypse, 1, 9 ; comparer à Apocalypse, 1, versets 1 à 4 ; 22, 8). ― Mais ici deux questions se posent : 1° L’assertion est-elle sincère ou bien ne serait-elle pas une de ces fraudes familières aux auteurs d’Apocalypses ? (A peu près dans le même temps que saint Jean publia ses révélations, apparurent plusieurs écrits analogues, portant aussi des noms d’apôtres, mais justement suspects et bientôt abandonnés de tous, tels que l’Apocalypsis Petri, l’Apocalypsis Pauli, l’Apocalypsis Thomæ, etc.) En d’autres termes, le livre ne serait-il pas d’un inconnu qui aurait prêté à un homme du premier ordre dans la vénération des fidèles, au disciple que Jésus aimait, une révélation conforme à ses idées ? ― 2° La sincérité de l’allégation étant admise, ce Jean, au lieu d’être l’apôtre fils de Zébédée, ne serait-il pas simplement son homonyme ? Aucune de ces deux hypothèses ne résiste à l’examen.
1° Notre Apocalypse, tout le monde en convient, date de la fin du premier siècle ; quelques exégètes en reportent même la composition dans les années qui suivirent de près la mort de Néron, l’an 68 ou 69. De fait, l’auteur y dépeint avec la plus grande exactitude l’état de l’Eglise tel qu’il devait être en Asie à la fin du premier siècle : les chrétientés organisées de la manière la plus simple, mais déjà éprouvées par la persécution, et par les premières hérésies, l’opposition de plusieurs faux docteurs, des judaïsants en particulier. Si donc l’Apocalypse canonique est pseudonyme, elle aurait été attribuée à saint Jean du vivant de cet apôtre, ou très peu de temps après sa mort ; mais est-il concevable que le faussaire eût eu la hardiesse d’adresser son œuvre apocryphe précisément aux sept Eglises qui avaient été dans un rapport si intime avec l’apôtre Jean, au milieu desquelles il avait passé les dernières années de sa longue vie ?
Pour échapper à cette difficulté, un professeur de Leyde, M. Scholten, bien connu par ses excentricités critiques et exégétiques, a essayé récemment de démontrer que l’apôtre saint Jean n’avait jamais mis le pied en Asie. La vérité est que, d’après la tradition unanime de l’antiquité, l’Asie proconsulaire fut, surtout depuis le départ de saint Paul (an 59), le théâtre de l’activité apostolique de saint Jean ; Ephèse était le centre d’où il rayonnait dans les alentours. Citons seulement deux témoignages précis et irrécusables. Polycrate, évêque d’Ephèse, dans une lettre au pape Victor (vers l’an 196, Eusèbe, V, 24), dit que l’apôtre Jean qu’il appelle « témoin de la foi, docteur et pontife, portant sur le front le pétalon ou bandeau du grand-prêtre », mourut à Ephèse et qu’il y a son tombeau. Saint Irénée, né en Asie Mineure et disciple de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, s’exprime ainsi : « L’Eglise d’Ephèse, qui a été fondée par saint Paul, et dans laquelle Jean est demeuré jusqu’au temps de Trajan, est aussi un témoin fidèle de la tradition apostolique » (Adv, Hær., III).
Ainsi, le nom de Jean, inscrit quatre fois dans l’Apocalypse, n’est pas un pseudonyme frauduleux : il désigne bien l’auteur du livre. Nous ajoutons, en second lieu, qu’il n’est pas non plus un homonyme de l’apôtre, mais qu’il désigne vraiment le fils de Zébédée.
2° En effet, ce nom n’est pas seul et isolé, sans autre élément d’appréciation. Il figure dans le livre, entouré de circonstances si précises, d’indications si nettes, qu’elles ne laissent aucun doute sur le personnage auquel il convient. Ainsi, chapitre 1, verset 9, ce Jean qui se dit l’auteur de l’Apocalypse, ajoute qu’il a eu cette révélation alors « qu’il se trouvait dans l’île de Patmos à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus ». Or, toute l’antiquité ecclésiastique, de saint Irénée et de Clément d’Alexandrie jusqu’à Eusèbe et saint Jérôme, connaît cet exil de l’apôtre saint Jean à Patmos. Déjà, Origène invoquait la tradition en faveur de ce fait. Et qu’on ne dise pas que cette tradition elle-même découle de ce passage de l’Apocalypse ; elle a dans l’histoire un fondement si solide, qu’Eusèbe, qui pourtant hésitait à proclamer ce livre l’œuvre du Disciple bien-aimé, n’en relate pas moins, sans élever aucun doute à ce sujet, l’exil de ce dernier dans l’île de Patmos.
Les lettres aux sept Eglises d’Asie ne sont pas moins propres à nous faire connaître le véritable auteur de l’Apocalypse. Le Jean qui y parle s’exprime avec tant de vigueur et d’autorité, il suppose si nettement qu’on le connaît, il sait si bien les secrets des Eglises, qu’on ne peut se refuser à voir en lui un dignitaire ecclésiastique hors-ligne, un apôtre dans le sens strict de ce mot.
Autre particularité du même genre : à la fin de son livre, l’auteur de l’Apocalypse ajoute une terrible menace contre quiconque se permettrait de rien ajouter ou retrancher aux prophéties qui y sont contenues (chapitre 22, verset 18 et 19 ; comparer à Apocalypse, 1, 3) : ce langage, qui rappelle celui de saint Paul à l’adresse des falsificateurs de son Evangile (voir Galates, 1, 8), n’annonce-t-il pas un homme revêtu du caractère d’apôtre et qui a pleine conscience de sa dignité apostolique ?
Un autre indice qui prouve avec plus de force encore que l’auteur de l’Apocalypse est l’apôtre saint Jean, c’est que ce livre, sous une forme toute différente, reproduit un certain nombre d’expressions et de vues doctrinales propres au quatrième Evangile et aux épîtres johanniques. C’est ce qu’un critique allemand, M. Gebhart, a mis en lumière avec une rare sagacité dans un ouvrage spécial où il entre dans les plus grands détails. Bornons-nous à quelques traits : la désignation du Fils de Dieu comme le Verbe ou la Parole éternelle, exclusivement propre à cet apôtre (voir Jean, 1, 1-2 ; 1 Jean, 1, 1-13 ; Apocalypse, 19, 13) ; la vision plusieurs fois réitérée du Sauveur sous la forme d’un agneau immolé, rappelant « l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde » (voir Jean, 1, vv. 29, 36 ; Apocalypse, 5, 6-9 ; comparer à 1 Jean, 2, 2) ; la mort du Sauveur exprimée par ces paroles du prophète Zacharie (12, 10) : « Ils verront celui qui ont percé » (voir Jean, 19, 37 ; Apocalypse, 1, 7) ; les grâces et dons du Saint-Esprit représentés sous l’image d’une eau vive, que le Sauveur nous invite à recevoir de lui (voir Jean, 4, 10-14 ; 7, 37-39 ; Apocalypse, 7, 17 ; 21, 6 ; 22, 1-17) ; l’union intime et vivante du Christ avec ses vrais disciples présentée comme une demeure permanente qu’il fait en eux (voir Jean, 14, 23 ; Apocalypse, 3, 20) ; enfin, une foule d’expressions et de locutions communes au quatrième Evangile, aux épîtres de saint Jean et à l’Apocalypse, comme la lumière opposée aux ténèbres, la vérité au mensonge, la vie à la mort, témoignage, rendre témoignage, vrai ou véridique, manne, faire (pratiquer) la vérité, le mensonge, vaincre le monde, garder la parole de Dieu, de Jésus, garder les commandements, l’heure vient, etc. Cette conformité de doctrine et de langage, dont nous ne rappelons que les principaux traits, ne laisse-t-elle pas dans l’esprit et dans le cœur la forte persuasion que les divers écrits attribués à saint Jean sont en effet l’œuvre d’un seul et même auteur ?
Nous touchons ici au style même de l’Apocalypse. Qu’il soit beaucoup plus dur, plus incorrect, plus imprégné d’hébraïsmes que celui du quatrième Evangile, qu’on n’y remarque plus qu’à de rares intervalles ces doux accents, cette clarté sereine qui font le charme de ce dernier écrit, cela est incontestable. Mais ces différences s’expliquent tout naturellement par la diversité du sujet et des circonstances. Jean composa son Evangile sous l’impression des tendres et des souvenirs de son divin Maître ; il écrivit l’Apocalypse au sortir d’une extase toute remplie de terribles visions : l’exposition ne saurait être la même dans les deux cas ; autant l’une sera calme et tranquille, autant l’autre aura d’énergie et de mouvement. L’Apocalypse est un livre prophétique : dès lors, il doit parler la langue et prendre les grandes images des prophètes de l’Ancien Testament (Ezéchiel, Daniel, Isaïe dans sa seconde partie). Ecrit en grec, il sera pensé en hébreu. Voilà pourquoi l’auteur néglige souvent les règles grammaticales des Hellènes pour se conformer au génie de la langue hébraïque. Et malgré tout, on découvre entre le quatrième Evangile et l’Apocalypse, une ressemblance frappante de style, non seulement dans les mots et dans certaines tournures familières à l’auteur, mais encore et surtout dans cette simplicité de construction qui rend la phrase claire et limpide, au point que jamais on n’hésite sur le sens qu’elle exprime. Tous les écrits de saint Jean portent ce double caractère : diction simple, à la portée d’un enfant, pensées grandes et sublimes, qui ne sont parfois obscures qu’à cause de leur profondeur.
Malgré la couleur fortement hébraïque du style, tout le monde convient que l’Apocalypse a été écrite en grec ; c’est ce que prouvent les noms de mesures empruntés à cette langue, les citations de l’Ancien-Testament faites d’après les Septante, enfin des phrases telles que celle-ci : « Je suis l’alpha et l’oméga ».
C’est encore le livre lui-même qui nous dira le lieu et la date de sa composition. D’après Apocalypse, 1, 9, Jean reçut sa mystérieuse révélation pendant qu’il était en exil dans l’île de Patmos. Or, il est dans la nature des choses que ces visions qu’il avait eues dans l’état d’extase, il les ait écrites aussitôt après en être sorti. C’est là, d’ailleurs, ce qui ressort des ordres que le Seigneur lui donne à plusieurs reprises (voir Apocalypse, 1, 2 ; 19, 9 ; 21, 5). Quant à l’époque du bannissement de l’apôtre à Patmos, nous la connaissons par saint Irénée : « Les visions de l’Apocalypse, dit ce Père, ont eu lieu il n’y a pas longtemps, et presque de nos jours, savoir, vers la fin du règne de Domitien ». Eusèbe et saint Jérôme confirment ce témoignage. Ce dernier précise même davantage : il assigne à l’exil de saint Jean la quatorzième année du règne de Domitien ; c’est-à-dire l’an 95 après Jésus-Christ. La persécution de Domitien, beaucoup plus étendue que celle de Néron, frappa surtout les Eglises d’Orient. Effrayé par l’annonce d’un grand dominateur qui devait venir de ces contrées, cet empereur fît traîner jusqu’à Rome les descendants de David, entre autres les neveux de l’apôtre saint Jude, parents de Jésus-Christ, afin de les interroger en personne sur le règne du Christ. Le dernier apôtre survivant fut-il aussi amené devant le tyran, et son exil fut-il la suite de son interrogatoire ? C’est là une conjecture qui n’a rien d’invraisemblable. Si quelques exégètes de nos jours placent la rédaction de l’Apocalypse avant la destruction de Jérusalem, l’an 69, c’est uniquement parce que leur système d’interprétation exige absolument cette date. Mais non seulement ils font violence à l’histoire, ils se mettent aussi en contradiction avec eux-mêmes, comme nous le montrerons plus loin.
La pensée fondamentale de l’Apocalypse, c’est le retour glorieux de Jésus. Elle se montre dès le prologue (1, 7), et après avoir pénétré tout le livre (2, 16 ; 3, 11 ; 6, 2 ; 19, 11), elle retentit comme un dernier écho dans l’épilogue (22, vv. 7, 12, 20), où trois fois la voix de Jésus répète : « Voici que je viens bientôt », à quoi l’Esprit et l’Epouse répondez : « Oui, venez Seigneur ». Que les fidèles fixent leur regard sur ce glorieux avènement qui mettra fin aux épreuves des justes et couronnera l’œuvre encore imparfaite du messie. En attendant ce triomphe suprême, il leur reste bien des combats à livrer, bien des persécutions à souffrir. A chacun d’eux, le Christ dit, comme à l’ange de Smyrne : « sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie » (2, 10). Soutenir le courage des chrétiens de tous les âges, en soutenant leur foi et leur espérance, tel est donc le but de l’Apocalypse. Les obscurités qu’elle renferme ne l’empêchent pas d’atteindre sa fin. Elles ne regardent que l’interprétation d’ensemble : tous les détails sont d’une clarté saisissante. Nous y voyons à chaque page que l’Eglise de la terre souffre et combat sous les yeux de Jésus-Christ ; que rien ne lui arrive qui ne soit prévu et permis par son divin Chef ; que le triomphe final, non seulement après cette vie, mais sur la terre même, est réservé aux élus, tandis que d’effroyables châtiments frappent toujours les persécuteurs. Quoi de plus propre à nous faire assister sans trouble et sans faiblesse aux combats de jour en jour plus perfides ou plus violents livrés aux enfants de Dieu ?
L’histoire de l’interprétation de l’Apocalypse demanderait tout un volume ; nous nous contenterons d’indiquer en peu de mots les principales tendances qui se manifestent dans la manière d’entendre ce livre prophétique. Trois systèmes principaux se trouvent en présence : système historique, système eschatologique ou de la fin des temps, et système rationaliste.
1. Le système historique, comme l’indique son nom, consiste à chercher dans l’histoire, pour chacune des visions symboliques, chacune des grandes images de l’Apocalypse, un personnage, un évènement où elles aient trouvé leur accomplissement. Les nombreux exégètes qui ont suivit cette méthode forment deux groupes bien distinct : les uns croient reconnaître, dans les visions du Livre divin, les luttes et les triomphes de l’Eglise durant toute son existence terrestre, qu’ils partagent d’ordinaire en sept âges (Joachim de Flore, Oriol, Holzhauser, la Chétardie, etc.) ; les autres n’y trouvent que l’annonce de ses premières victoires, de celles qu’elle devait remporter sur le judaïsme et sur le paganisme, ou même sur le paganisme seulement, représenté par Rome idolâtre, jusqu’à la prise et au sac de cette ville par les barbares (Ve siècle ― Alcazar, Bossuet, Bovet, D’Allioli, etc.).
a) Des objections formidables s’élèvent contre le premier groupe des interprétations historiques. Une seule suffit à les faire crouler : l’époque du jugement final n’étant connu de personne, nul ne sait non plus quelle sera la durée de l’Eglise ici-bas. Dès lors, comment serait-il possible de partager, comme on le fait, cette durée en sept âges ou périodes, et de marquer exactement la correspondance de chacun de ces âges avec les faits figurés par tel ou tel sceau, par telle ou telle trompette, par telle ou telle coupe ? Joachim de Flore divisait en sept périodes les douze siècles qui l’avaient précédé ; cinq cents ans plus tard, Holzhauser opérait la même division dans une durée beaucoup plus longue, et tous deux se croyaient également arrivés au dernier âge du monde. Supposons que le monde doive subsister encore vingt mille, cent mille ans (et l’on n’a à cet égard, aucune assurance contraire), les sept âges tout entier de l’abbé de Flore ou d’Oriol ne fourniraient pas même de quoi composer, dans la nouvelle répartition, une première période ! Aussi le désaccord le plus complet règne-t-il, quant à l’application des symboles, entre les partisans de ce système d’interprétation : on y nage en plein arbitraire. Il n’est pas une image de l’Apocalypse pour laquelle ils n’aient parcouru tout le cycle de l’histoire, depuis Néron jusqu’à Napoléon, depuis la destruction de Jérusalem jusqu’à la Révolution française, y compris tous les hommes marquants et toutes les hérésies qui ont paru dans l’Eglise. On peut affirmer qu’ils n’ont de commun que le principe, ce qui prouve justement qu’il est mauvais.
b) Au deuxième groupe des interprétations historiques est attaché un nom immortel, celui de Bossuet. Les vues générales de l’évêque de Meaux sont grandes et profondes ; nous pensons néanmoins que ses explications, fussent-elles reconnues vraies dans leur ensemble, ne peuvent être maintenues dans beaucoup de détails. Ainsi, nous ne saurions admettre qu’un des objets de l’Apocalypse soit la ruine de Jérusalem (chapitres 7 et 8), que certaines plaies doivent s’entendre dans le sens de châtiments mystiques et spirituels, tels que les hérésies au sein de l’Eglise chrétienne (5e trompette : chapitre 9) : les hérésies sont un fléau pour l’Eglise, non un châtiment pour ses persécuteurs, et l’on aurait quelque peine à les reconnaître sous la figure de cavaliers armés pour les batailles. Du reste, l’explication de Bossuet a reçu de notables perfectionnements des commentateurs qui en ont adopté le principe (D. Calmet, Bovet, et plus récemment Le Hir dans ses doctes leçons de Saint-Sulpice). Ainsi amendée, elle peut se résumer ainsi :
Toutes les visions symboliques des chapitres 4 à 19 : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes, ont rapport à un seul et même objet, la ruine de l’empire romain, idolâtre et persécuteur. Leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre qu’ils annoncent. Chapitres 6 et 7 : Ouverture des sceaux : premiers malheurs (guerres, famines, etc.) de l’empire, depuis Domitien jusqu’aux Antonins (96-138). Chapitres 8 à 10 : Les sept trompettes : décadence de l’empire ; il perd le tiers de sa puissance, depuis Antonin le Pieux jusqu’à Gallien. Première trompette : calamité des règnes d’Antonin, de Marc-Aurèle, de Commode (138-193) : tremblements de terre, famines, débordements de fleuves, incendies à Rome. Deuxième trompette : guerres sous Sévère. Troisième trompette : peste de 15 ans sous Dèce, Gallus, Valérien et Gallien (250-267). Quatrième trompette : captivité et mort de Valérien. Cinquième et sixième trompettes : ravages exercés dans l’empire par les barbares. Chapitre 11 : Depuis Gallien jusqu’à la persécution de Galère (268-305) Versets 1 à 14 : les deux témoins sont l’Eglise elle-même, qui continuera de rendre témoignage à Jésus-Christ ; le nombre deux, purement symbolique, signifie que ce témoignage a une autorité irrécusable, selon la parole même du Sauveur (voir Matthieu, 18, 16). Verset 15 et suivants : septième trompette : progrès de l’Eglise dans le monde entier et jugement de Dieu sur ses persécuteurs. Chapitre 12 : persécution de Galère et de Maximin. Chapitre 13 : Julien l’Apostat. Chapitre 14 : le nombre des martyrs est complet. Annonce de la moisson : prise de Rome par Alaric ; et de la vendange : malheurs de l’empire dans les années qui suivront (Attila, etc.). Chapitres 15 et 16 : Les sept coupes de la colère de Dieu. Première coupe : peste dans toute l’Europe quelques années après la mort de Julien. Deuxième coupe : batailles de Marianopolis et d’Andrinopole, où Valent fut vaincu par les Goths. Troisième coupe : ravages des barbares en Orient et en Occident. Quatrième coupe : famine et peste. Cinquième coupe : prise de Rome par Alaric (an 410). Sixième coupe : les barbares s’établissent librement dans l’empire ; Attila. Septième coupe : de Valentinien III à la chute de l’empire d’Occident (an 476). Genséric et les Vandales ; Odoacre et les Hérules ; Théodoric et les Ostrogoths. Chapitre 16 : L’ange donne à saint Jean la clé des visions précédentes. Verset 1 : la femme prostituée, c’est Rome, capitale de l’empire. Verset 8 : la bête qui a été et qui n’est plus, c’est l’empire romain idolâtre : conversion de Constantin (an 312). Verset 10 : les sept têtes sont sept rois ; ce nombre symbolique désigne toute la série des empereurs persécuteurs. Cinq ne sont plus : ce sont tous les empereurs morts ; l’un subsiste, c’est Maximin, qui règnera encore un an en Orient ; l’autre n’est pas encore venu : c’est Julien l’Apostat. Verset 11 : La bête qui était et qui n’est plus, c’est l’empire romain, dont les sujets s’appelaient le peuple roi ; il restera adonné à l’idolâtrie et persécutera les saints même après la mort de Julien. Versets 12 et 13 : Les dix cornes sont dix rois : les chefs barbares qui, tantôt allié, tantôt ennemis de l’empire, finiront par s’en partager les provinces. Chapitres 18 et 19 : Chute de Babylone, c’est-à-dire de Rome païenne ; lamentation de la terre et joie du ciel à ce sujet. Chapitre 20 : Règne de mille ans : c’est Jésus-Christ régnant du haut du ciel dans l’Eglise de la terre, tout le temps que celle-ci jouira d’une paix relative. Mille ans indiquent une longue durée, [venant après la chute et] le règne très court de l’Antéchrist ; puis enfin le jugement final.
Telle est, dans ses lignes principales, et avec les modifications de détail qu’elle a reçues plus tard, l’explication de Bossuet. Est-ce naturellement et sans effort que les faits de l’histoire y sont adaptés aux symboles prophétiques ? Beaucoup d’images ne semblent-elles pas trop grandioses et hors de proportion avec les événements auxquels on les applique ? Bossuet lui-même et la plupart de ceux qui l’ont suivi ont senti cette difficulté, et, pour dégager le système, ils reconnaissent qu’en effet leurs applications historiques n’épuisent pas toute la signification des visions de l’Apocalypse. Ce livre aurait donc, de leur aveu, deux sens, ou mieux deux objets, l’un prochain et incomplet, se rapportant à certains évènements des cinq premiers siècles, l’autre éloigné et plus complet, dont la réalisation n’aurait lieu que dans la dernière période du monde. Donnons un exemple. Le chapitre 17 décrit le châtiment et la ruine d’une puissance ennemie de Dieu : quelle est cette puissance ? Où faut-il la chercher dans le champ de l’histoire ? Parmi les traits qui la peignent, plusieurs conviennent évidemment à Rome païenne, la Rome des Césars. Mais ce n’est là qu’une première application des symboles. Il y aura dans les derniers temps une autre puissance ennemie de Dieu, une autre Babylone, dont la Rome des Césars était le type, et dont la destruction est aussi annoncée et décrite dans les mêmes symboles qui annoncent la chute de la première. C’est ainsi que la ruine de Jérusalem et la fin du monde sont annoncées dans l’Evangile (voir Matthieu, chapitre 24) sous les mêmes images et comme sous une seule perspective, le premier de ces deux événements étant le type du second. Cela tient à la nature même des prophéties bibliques ; la plupart, en ouvrant une vue sur l’avenir du royaume de Dieu, ont, dans leurs plans successifs, plusieurs accomplissements.
Mais une fois engagé dans cette voie, ne pourrait-on pas aller plus loin encore, et soutenir que les visions de l’Apocalypse sont susceptibles, non pas seulement des deux applications que nous venons d’indiquer, mais d’autant d’applications qu’en comportent les vicissitudes de l’Eglise dans ses rapports avec les puissances ennemies dont elle est entourée sur la terre, en sorte qu’elle puisse, à chaque moment et dans quelque situation qu’elle se trouve, se reconnaître dans quelqu’un des symboles mystérieux, et puiser dans cette vue son encouragement et sa consolation ? Ici encore, apportons quelques exemples. Quand nous lisons au chapitre 7 qu’à l’approche de grands dangers et de grandes tentations, Dieu met un sceau sur ses élus, pour signifier qu’il les préservera à l’heure de l’épreuve, chercherons-nous à quelle époque précise de l’histoire de l’Eglise se rapporte de ce beau et touchant symbole ? Bossuet l’applique aux juifs qui doivent se convertir ; d’autres en en font l’application au temps de saint Augustin, le docteur de la grâce. Pourquoi n’y verrait-on pas un trait perpétuel de la fidélité de Dieu envers ses enfants ? De même, pour les deux témoins du chapitre 11 : au lieu de placer la réalisation du symbole, soit dans les années qui ont suivi le règne de Valérien (Le Hir), soit sous Dioclétien (Bossuet), soit à la fin du monde (anciens Pères), n’est-il pas plus naturel et plus consolant pour notre foi de l’entendre du témoignage que l’Eglise rendra à Jésus-Christ dans tous les temps, même aux plus mauvais jours ? Enfin, si les images des chapitres 17 et suivants peuvent s’entendre et de la Rome des Césars et d’une Babylone des derniers temps, est-il bien sûr que, outre ces deux puissances ennemies de Dieu, il n’en paraîtra pas d’autres dans le cours de l’histoire auxquelles ces mêmes symboles seraient également applicables ? A vrai dire, ce système d’interprétation serait, ou peu s’en faut, la ruine de la méthode historique, et bien des interprétations arbitraires risqueraient d’en sortir. De sérieux exégètes, néanmoins, le préfèrent à tous les autres, sans doute à cause des pieuses leçons que les fidèles peuvent retirer de l’Apocalypse ainsi interprétée.
2. D’après les partisans de l’interprétation eschatologique, ce n’est point la période proprement historique de l’Eglise, c’est-à-dire la durée comprise entre le premier et le second avènement du Sauveur, que saint Jean décrit dans ses visions ; ce sont les grands faits des derniers temps, c’est le spectacle des épreuves, des souffrances et des jugements divins qui s’accompliront sur elle et sur le monde à la fin de leur existence terrestre, qu’il déroule devant nous. En renvoyant à l’avenir toutes les prédictions de l’Apocalypse, ce système échappe par-là même aux difficultés que l’on oppose aux explications historiques. Mais il en soulève d’autres, non moins graves, au moins en apparence. 1. Comment dit-on, ne pas reconnaître l’ancienne Rome, la Rome des Césars, dans la grande Babylone du chapitre 17, assise sur sept montagnes, enivrée du sang des martyrs, pleine d’impuretés et d’abominations, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens ? 2. Il est dit expressément dans plusieurs passages de l’Apocalypse que les événements révélés à saint Jean s’accompliront bientôt : Quæ oportet fieri cito (1, 1)... Tempus prope est (1,3). C’est là d’ailleurs ce que suppose le but même du livre, qui est (tout le monde est d’accord sur ce point) d’encourager et de consoler les premiers fidèles au milieu des horribles persécutions qu’ils avaient à souffrir. Quel encouragement, quelle consolation pouvait leur apporter l’assurance d’un triomphe, éclatant sans doute et définitif, mais reculé jusqu’aux derniers jours du monde, jusqu’au retour glorieux de Jésus-Christ ?
A ces difficultés qu’on leur suppose, les eschatologiques répondent : 1. Sans doute, la plupart des traits qui caractérisent la grande Babylone conviennent à la Rome des Césars, mais il en est plusieurs qui lui seraient difficilement applicables (voir les notes). Ces traits d’ailleurs ne pourraient-ils pas convenir aussi bien à une autre Babylone, une nouvelle Rome redevenue païenne et à son empire antichrétien reconstitué à la fin des temps ? Même les sept montagnes sur lesquelles est assise la Babylone symbolique ne désignent pas nécessairement la Rome des empereurs. Dans le style prophético-biblique, les montagnes figurent le siège des puissances, et par suite ces puissances elles-mêmes. Ainsi Jérémie (51, 25) appelle Babel une montagne, parce qu’elle dominait sur un grand nombre de pays et de cités. Quand donc la grande Babylone, symbole de la puissance antichrétienne des derniers jours, est montrée au Voyant assise sur sept montagnes, cela veut dire qu’elle possède et résume en elle la force des sept puissances ennemies de Dieu qui ont figuré tour à tour dans l’histoire du monde, savoir : l’Egypte, l’Assyrie, la Babylonie, etc. (voir les notes). ― 2. Il est incontestable qu’à l’époque des persécutions, il y avait, dans la masse des fidèles, non seulement un ardent désir du retour glorieux du Christ, mais la confiance que ce retour ne se ferait pas longtemps attendre. Les Apôtres, comme on le voit par de nombreux passages de leurs épîtres, penchaient aussi à croire que le monde ne durerait plus longtemps. Comme ils n’avaient reçu aucune révélation à cet égard (voir Actes des Apôtres, 1, 7), ce défaut de lumière n’a rien d’injurieux pour leur dignité, ni d’incompatible avec leurs prérogatives. Quand donc nous lisons dans l’Apocalypse que les évènements cachés sous les visions symboliques auront bientôt leur accomplissement, ce bientôt aurait-il une signification différente de celle qu’il a certainement dans les textes rapportés plus haut, où le Sauveur annonce qu’Il viendra bientôt ? Pour l’intelligence de ces passages prophétiques, il faut aller plus loin que l’apparence, pénétrer au-delà des mots et de la lettre. La venue du Christ est graduelle : elle s’accomplit par chacun des grands évènements de l’histoire ; la ruine de Jérusalem a été comme le premier acte de ce grand drame, qui se continue dans le monde jusqu’au dernier triomphe de l’Homme-Dieu. « Dans l’ignorance où son divin chef a voulu la laisser sur l’accomplissement des temps (voir Actes des Apôtres, 1, 7), l’Eglise, dit un pieux exégète, n’avait et n’a encore d’autre sagesse et d’autre devoir qu’une attente vigilante du Seigneur et de son règne glorieux. Tandis que le serviteur infidèle dit : « Mon maître tarde longtemps à venir » (voir Matthieu, 25, 1), parce que le Seigneur lui en a donné l’ordre (voir Matthieu, 25, 13) et qu’il lui a promis une prompte délivrance (voir Luc, 18, 7-8) ». « Après tout, ajoute Bisping, qu’est-ce qu’un siècle, une série de siècles, en comparaison de l’éternité ? Le royaume que nous espérons n’aura point de fin : ce qui nous paraît une attente prolongée est un délai bien court. Quiconque garde au fond de son cœur cette grande et sainte espérance, en considérant l’éternité qui s’ouvrira devant lui, peut bien dire que l’heure de la réalisation est prochaine, dût-elle se faire attendre encore pendant des milliers d’années ; car, devant le Seigneur, mille années sont comme un seul jour. »
3. Peu de mots suffiront pour donner une idée de l’interprétation rationaliste. Pour les exégètes de cette école, « l’Apocalypse est le livre le plus simple, le plus transparent qui ait jamais été écrit par un prophète » ; et ils le rendent tellement simple, en effet, qu’ils le dépouillent de tout caractère surnaturel et lui enlèvent toute signification prophétique, pour en faire une composition de fantaisie, sans portée comme sans vérité.
Transportons-nous dans la pensée au lendemain de la mort de Néron, le premier César persécuteur (an 68). Trois compétiteurs se disputent la pourpre : Galba, Vitellus et Othon. L’anarchie et la guerre désolent les provinces. La nature elle-même semble déchaîner tous ses fléaux contre l’Empire : jamais on ne vit des tremblements de terre aussi fréquents ; on apercevait des signes dans le ciel ; des glaives et des batailles se dessinaient dans les nues. A toutes ces causes d’épouvante se joignait un bruit étrange, dont Tacite fait mention : on ne pouvait croire que Néron eût cessé de vivre ; l’opinion générale, surtout en Asie, était que le monstre se tenait caché quelque part et allait reparaître. On conçoit quel effet de telles rumeurs produisaient parmi les chrétiens. Quoi ! l’horrible bête, l’adversaire du Christ, pétri de luxure et d’orgueil, va revenir ! Tout le monde sentait qu’on était à la veille d’une crise formidable, et que le sang des martyrs allait couler de nouveau. C’est alors, vers la fin de janvier de l’an 69, qu’un chrétien sorti du judaïsme, très probablement l’apôtre Jean, pénétré du sentiment qui fait battre tous les cœurs, animé surtout d’une haine violente contre l’Empire idolâtre, entreprend de consoler les fidèles et de relever leur courage par l’espérance d’une prochaine délivrance. Le monstre, il est vrai, reviendra pour faire aux saints une guerre plus cruelle encore que la première ; mais ce temps d’épreuves passera vite, car, après trois ans et demi (voir Apocalypse, 11, 2 ; 13, 5), le Christ viendra en personne venger le sang des martyrs et inaugurer son règne glorieux.
Tels sont les points principaux de l’interprétation rationaliste. Comme on le voit, elle ruine de fond en comble l’autorité de l’Apocalypse comme livre inspiré ; elle ne laisse rien subsister de son caractère prophétique. Les évènements prédits devaient arriver quelques années après la publication du livre ; or, dix-huit siècles se sont écoulés, sans qu’on ait vu reparaître Néron, le futur Antéchrist. Saint Jean n’est donc pas un véritable prophète, et le livre qui porte son nom descend au niveau des œuvres apocryphes si nombreuses à cette époque. Hâtons-nous d’ajouter qu’une semblable explication n’est pas moins contraire à la saine exégèse qu’à la foi catholique.
Pour le démontrer pleinement, il faudrait la suivre pas à pas, relever tout ce qu’il y a d’invraisemblable et d’arbitraire dans les applications de détail exigées par le système. Nous devons nous borner à quelques observations générales.
D’abord, le système entier, si on l’isole d’une mise en scène habilement préparée, repose sur une base bien étroite, savoir, sur le fait assez insignifiant de quelques bruits populaires d’après lesquels Néron, que l’on avait cru mort, était caché chez les Parthes, attendant une occasion favorable pour reparaître à Rome. En outre, il exige comme point de départ absolument nécessaire que l’Apocalypse ait été composée dès le premier mois de l’an 69. Or, cette date n’a pas seulement contre elle, comme nous l’avons vu, le témoignage imposant de l’antiquité chrétienne, plusieurs données du livre lui-même la repoussent. Si on l’admet, il n’y aura plus, entre les épîtres de saint Paul aux Eglises de l’Asie Mineure (Ephésiens, Colossiens) et les lettres de l’Apocalypse (chapitre 2 et 3) à ces mêmes Eglises, qu’un intervalle de 5 ou 6 ans. Mais ces lettres nous offrent une peinture de la situation morale des Eglises d’Asie absolument différente de celle qu’en retrace saint Paul : le feu du premier amour est presque partout éteint, ce qui en reste va mourir ; il n’y a plus que tiédeur et apparence de vie. Pour rendre compte d’une décadence si universelle et si profonde, il ne faut pas moins que les 25 à 30 ans d’intervalle qui nous conduisent au règne de Domitien. Autre fait du même genre : l’Apocalypse suppose partout une persécution générale qui aurait atteint jusqu’aux chrétiens de l’Asie Mineure (2, 13), et dans laquelle l’auteur lui-même fut exilé à Patmos (1, 9). On respire dans tout ce livre l’atmosphère du martyre. Or, il est constant par l’histoire que la première grande persécution dans l’empire n’eut lieu que sous Domitien, celle de Néron ne s’étant guère étendue hors de Rome. Il y a plus : la date de Galba est en opposition flagrante avec tous les principes des exégètes rationalistes. Eux qui reculent jusque dans les dernières années du premier siècle la composition des Evangiles tels que nous les possédons, sous prétexte qu’il a fallu tout ce temps pour l’élaboration du dogme de la divinité de Jésus-Christ, et qui refusent à saint Paul la paternité des épîtres pastorales parce qu’elles attestent un développement de la hiérarchie qui ne pourrait remonter aux Apôtres, ils assignent le commencent de l’an 69 à l’Apocalypse ! Mais dans aucun livre du Nouveau Testament la divinité de Jésus-Christ n’est enseignée, disons mieux, n’est chantée et célébrée de tant de manières et avec tant d’éclat ; mais aucune épître pastorale ne donne des renseignements plus nets et plus détaillés sur le culte, sur l’épiscopat, sa position dans l’Eglise, son autorité et ses devoirs. Saint Jean dit en termes exprès que Notre Seigneur lui est apparu un dimanche (in die dominica, 1, 10), expression qu’on ne rencontre nulle part avant la ruine de Jérusalem. Enfin, dans l’hypothèse rationaliste, en moins de 4 ans les évènements devaient donner au Voyant les plus honteux démentis : comment expliquer alors que son livre, au lieu de tomber dans le discrédit, ait pu conquérir en si peu de temps une aussi grande autorité dans l’Eglise ?
Après ce coup d’œil d’ensemble sur les différents d’interprétations de l’Apocalypse, on comprend que les notes qui accompagnent [la] traduction ne peuvent avoir qu’un caractère purement exégétique. Bien préciser le sens littéral, donner la signification biblique des images et des symboles, ajouter à l’occasion une réflexion dogmatique ou morale, c’est à quoi nous bornerons notre tâche, évitant de poser le pied, si ce n’est dans de rares passages, et seulement comme rapporteur des opinions des autres, sur le sol mouvant des applications historiques. Grâce à Dieu, l’Apocalypse, malgré le voile qui couvre encore la plupart de ses mystérieuses visions, est un de ces livres qu’il est impossible de lire sans se sentir rapproché du ciel, de « Celui qui est assis sur le trône et de l’Agneau ». Dans toute âme pieuse, il réveille de douces et glorieuses espérances, il verse d’intimes consolations au milieu des épreuves et des combats de la vie.
L’Apocalypse se compose d’un prologue, d’une série de visions symboliques et d’un épilogue ou conclusion.
Le prologue comprend les chapitres 1 à 3. On y distingue : 1. L’Exorde du livre (chapitre 1, versets 1 à 8). 2. Le récit de l’apparition de Jésus-Christ à saint Jean dans l’île de Patmos (chapitre 1, versets 9 à 20). Les lettres aux sept Eglises d’Asie (chapitres 2 et 3).
Les visions, symboles des évènements futurs, commencent au chapitre 4. La scène est tantôt dans le ciel, tantôt sur la terre ; des anges y sont les organes de la volonté de Dieu. Ces visions se divisent naturellement en deux parties : la première s’étend du chapitre 4 au chapitre 11 inclusivement : c’est la phase préparatoire des jugements divins ; la seconde comprend les chapitres 12 à 22, verset 5 : c’est la réalisation complète de ces mêmes jugements, savoir, la ruine des ennemis du Christ et de son Eglise, suivie de la résurrection générale, du jugement dernier, enfin du règne éternel du Sauveur avec ses élus dans la nouvelle Jérusalem (le ciel).
Dans l’épilogue, (chapitre 22, versets 6 à 21), 1. La vérité de la révélation qui précède est confirmée par un ange, par Jean lui-même et par Jésus-Christ ; 2. L’auteur adresse un dernier mot aux lecteurs.
(1 885)
CH. AUGUSTE CRAMPON
Révélation faite à saint Jean.
Saint Jean salue les sept Eglises auxquelles il écrit.
Jésus-Christ lui apparaît ; description de cette vision.
Paroles de Jésus-Christ à saint Jean.
1Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour découvrir à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu’il a signifiées, (et il l’a fait connaître) en envoyant son ange, à son serviteur Jean ; 2lequel a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, (en) tout ce qu’il a vu. 3(Bien)Heureux celui qui lit et qui entend les paroles de cette prophétie, et qui garde les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche. 4Jean aux sept Eglises qui sont en Asie. Que la grâce et la paix vous soient données par celui qui est, et qui était, et qui viendra, et par les sept esprits qui sont en face de (devant) son trône, 5et par Jésus-Christ, qui est le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, et le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, 6et qui a fait de nous son royaume et des prêtres pour Dieu son Père ; à lui la gloire et la puissance (l’empire) dans les siècles des siècles. Amen. 7Voici, il vient sur les nuées ; et tout œil le verra, et ceux même qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine à cause de lui. Oui, amen. 8Je suis l’Alpha et l’Oméga, le principe et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, et qui était, et qui viendra, le Tout-Puissant. 9Moi Jean, votre frère et associé dans la tribulation, le royaume (règne) et la persévérance (patience), dans le Christ Jésus, je me trouvai dans l’île qui est appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. 10Je fus ravi en esprit le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte (éclatante) comme le son d’une trompette, 11qui disait : Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Eglises qui sont dans l’Asie, à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée. 12Alors je me retournai, pour voir quelle était la voix qui me parlait ; et m’étant retourné, je vis sept chandeliers d’or, 13et au milieu des sept chandeliers d’or, quelqu’un qui ressemblait au Fils de l’homme, vêtu d’une longue robe, et ceint d’une ceinture d’or autour de la poitrine (au-dessus des mamelles). 14Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme de la neige, et ses yeux étaient comme une flamme de feu ; 15et ses pieds étaient semblables à l’airain (fin) quand il est dans une fournaise ardente ; et sa voix était comme le bruit des grandes eaux. 16Il avait dans sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée (aiguë) à deux tranchants ; et son visage était (lumineux) comme le soleil, lorsqu’il brille dans sa force. 17Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort ; et il posa sa main droite sur moi, en disant : Ne crains point ; je suis le premier et le dernier, 18et le vivant ; j’ai été mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’enfer. 19Ecris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver ensuite après elles, 20(voici) le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers d’or. Les sept étoiles sont les anges des sept Eglises, et les sept chandeliers sont les sept Eglises.
L’ange d’Ephèse loué de sa vertu, blâmé de son relachement.
L’ange de Smyrne riche dans sa pauvreté et heureux dans sa persécution.
L’ange de Pergame accusé de ne pas combattre assez les erreurs.
L’ange de Thyatire blâmé de laisser séduire les fidèles.
2Ecris à l’ange de l’Eglise d’Ephèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, et qui marche au milieu des sept chandeliers d’or : 2Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience ; et je sais que tu ne peux pas supporter les méchants, et que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres, et ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs ; 3et que tu as de la patience, et que tu as souffert pour mon nom, et que tu ne t’es point lassé. 4Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour (charité première). 5Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et fais pénitence, et pratique tes premières œuvres. Sinon, je viens (viendrai) à toi, et j’ôterai ton chandelier de sa place, si tu ne fais pénitence. 6Cependant, tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, que moi aussi je hais. 7Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit (-Saint) dit aux Eglises : Au vainqueur je donnerai à manger de l’arbre de la vie, qui est dans le paradis de mon Dieu. 8Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Smyrne : Voici ce que dit le premier et le dernier, qui a été mort et qui est vivant : 9Je connais ta tribulation et ta pauvreté (mais tu es riche) ; et que tu es calomnié par ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une (de la) synagogue de Satan. 10Ne crains rien de ce que tu vas souffrir. Voici : le diable jettera quelques uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés ; et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de la vie. 11Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit (-Saint) dit aux Eglises : Celui qui vaincra ne sera pas blessé par (souffrira rien de) la seconde mort. 12Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Pergame : Voici ce que dit celui qui a l’épée (aiguë) à deux tranchants : 13Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan ; et tu tiens fermement mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, (même) dans les jours où Antipas, mon témoin fidèle, a été mis à mort chez vous, là où Satan habite. 14Mais j’ai quelque peu de chose contre toi : c’est que tu as là des hommes qui tiennent (à) la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balac à mettre une pierre de scandale devant les fils d’Israël, pour les faire manger et les faire tomber dans la fornication. 15De même tu en as, toi aussi, qui tiennent (à) la doctrine des Nicolaïtes. 16Fais pareillement pénitence ; sinon je viendrai bientôt à toi, et je combattrai contre eux avec l’épée de ma bouche. 17Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises : Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou (une pierre) blanc ; sur ce caillou (la pierre) est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. 18Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à l’airain : 19Je connais tes œuvres, et ta foi, et ton amour, et ta patience, et ton ministère et tes dernières œuvres, plus nombreuses que les premières. 20Mais j’ai quelque peu de choses contre toi ; c’est que tu permets à la (cette) femme Jézabel, qui se dit prophétesse, d’enseigner et de séduire mes serviteurs, pour les faire tomber dans la fornication, et leur faire manger des viandes sacrifiées aux idoles. 21Je lui ai donné du temps pour qu’elle fît pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa fornication. 22Voici, je vais la jeter sur un lit (de douleur), et ceux qui commettent l’adultère avec elle seront dans une très grande tribulation, s’ils ne font pénitence de leurs œuvres. 23Je frapperai de mort ses enfants, et toutes les Eglises sauront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres. Mais je (vous) dis à vous (toi), 24et aux autres, qui êtes à Thyatire, et qui ne recevez pas cette doctrine, et qui n’avez pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, que je ne vous imposerai pas d’autre charge. 25Seulement, ce que vous avez, retenez-le jusqu’à ce que je vienne. 26Et à celui qui aura vaincu et qui aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations. 27Il les gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme un vase d’argile, 28comme moi aussi j’en ai reçu le pouvoir de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin. 29Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises.
L’ange de Sardes mort devant Dieu, quoiqu’on le croie vivant.
L’ange de Philadelphie aimé de Dieu pour sa fidélité et sa patience ; celui de Laodicée menacé d’être rejeté comme tiède.
3Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Sardes : Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres ; tu passes pour être vivant, et tu es mort. 2Sois vigilant, et affermis ce qui reste et qui est près de mourir ; car je ne trouve pas tes œuvres pleines devant mon Dieu. 3Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu ; et retiens-le, et fais pénitence. Si donc tu n’es pas vigilant, je viendrai à toi comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai à toi. 4Cependant tu as à Sardes un petit nombre de noms qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi vêtus de blanc, parce qu’ils en sont dignes. 5Celui qui vaincra sera ainsi vêtu d’habits blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie ; et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. 6Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. 7Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme(ra), qui ferme et personne n’ouvrira (n’ouvre). 8Je connais tes œuvres ; voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, parce que tu as peu de force, et que (cependant) tu as gardé ma parole et n’as pas renié mon nom. 9Voici, je te donnerai (produirai, note) de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont point, mais qui mentent ; voici, je ferai qu’ils viennent et qu’ils se prosternent (adorent) à tes pieds ; et ils sauront que je t’ai aimé. 10Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de la tentation, qui va venir sur l’univers entier, pour éprouver les habitants de la terre. 11Voici, je viens bientôt ; retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne (reçoive) ta couronne. 12Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. 14Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu : 15Je connais tes œuvres, je sais que tu n’es ni froid ni chaud. Ah ! que n’es-tu froid ou chaud ! 16Mais parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni chaud, je vais (suis prêt de) te vomir de ma bouche. 17Car tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu. 18Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs pour t’en couvrir, et que la honte de ta nudité ne paraisse point ; oins (applique) aussi tes yeux d’un collyre, afin que tu voies. 19Ceux que j’aime, je les reprends et les châtie ; aie donc du zèle, et fais pénitence. 20Voici, je me tiens à la porte, et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi. 21Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, de même que moi aussi j’ai vaincu, et me suis assis avec mon Père sur son trône. 22Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises.
Le Seigneur paraît assis sur son trône ; il a quatre vieillards autour de lui, et sept lampes devant lui.
Mer transparente devant le trône.
Quatre animaux autour du trône ; leur cantique.
Cantique des vingt-quatre vieillards.
4Après cela je regardai, et voici, une porte était ouverte dans le ciel : et la première voix que j’avais entendue, pareille à une trompette, qui me parlait, me dit : Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver après ces choses. 2Et aussitôt je fus ravi en esprit ; et voici, un trône était placé dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. 3Et celui qui était assis avait l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et un arc-en-ciel était autour du trône, d’un aspect semblable à une émeraude. 4Et autour du trône il y avait vingt-quatre trônes, et sur les trônes étaient assis vingt-quatre vieillards, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes il y avait des couronnes d’or. 5Et du trône sortaient des éclairs, et des voix, et des tonnerres, et sept lampes (ardentes) brûlaient devant le trône : ce sont les sept esprits de Dieu. 6Et devant le trône était comme une mer (de verre) transparente, semblable à du cristal ; et au milieu (autour) du trône, étaient quatre animaux, pleins d’yeux par devant et par derrière. 7Le premier animal était semblable à un lion, et le second animal était semblable à un veau, et le troisième animal avait le visage comme un homme, et le quatrième animal était semblable à un aigle qui vole. 8Ces quatre animaux avaient chacun six ailes, et tout autour et au dedans ils sont pleins d’yeux, et ils ne cessaient jour et nuit de dire : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-puissant, qui était, qui est et qui vient (doit venir). 9Et lorsque ces animaux rendaient gloire, honneur et action de grâce à celui qui est assis sur le trône, et qui vit dans les siècles des siècles, 10les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui était assis sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils jetaient leurs couronnes devant le trône en disant : 11Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, et l’honneur et la puissance, car c’est vous qui avez créé toutes choses, et c’est par votre volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées.
Livre scellé de sept sceaux.
Nul n’est trouvé digne de l’ouvrir.
Jésus paraît sous le symbole d’un agneau immolé, mais plein de vie ; il prend le livre.
Cantique des saints, des anges et de toutes les créatures à sa louange.
5Je vis ensuite, dans la droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit au dedans et au dehors, scellé de sept sceaux. 2Et je vis un ange puissant, qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? 3Et personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne pouvait ouvrir le livre, ni le regarder. 4Et moi, je pleurais beaucoup de ce que personne n’était trouvé digne d’ouvrir le livre, ni de le regarder. 5Et (Mais) l’un des vieillards me dit : Ne pleure pas ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a (obtenu par sa victoire) le pouvoir d’ouvrir le livre, et d’en rompre (délier) les sept sceaux. 6Je regardai, et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau était debout, comme égorgé (immolé) ; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés par toute la terre. 7Il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. 8Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes (d’or) pleines de parfums, qui sont les prières des saints. 9Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : Vous êtes digne, Seigneur, de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux ; car vous avez été égorgé (mis à mort), et par votre sang vous nous avez rachetés pour Dieu, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ; 10et vous nous avez faits rois et prêtres pour notre Dieu, et nous règnerons sur la terre. 11Je regardai, et j’entendis la voix d’anges nombreux autour du trône, et des animaux et des vieillards ; et il y en avait des milliers de milliers, 12qui disaient d’une voix forte : L’Agneau qui a été égorgé (immolé) est digne de recevoir la puissance (vertu), la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. 13Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et dans la mer, et tout ce qui s’y trouve, je les entendis toutes, qui disaient : A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! 14Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent, et adorèrent celui qui vit dans les siècles des siècles.
Ouverture des sept sceaux.
Premier sceau, un cavalier monté sur un cheval blanc.
Deuxième sceau, un cavalier monté sur un cheval roux.
Troisième sceau, un cavalier monté sur un cheval noir.
Quatrième sceau, un cavalier monté sur un cheval pâle.
Cinquième sceau, plaintes des martyrs.
Sixième sceau, la colère de l’Agneau.
6Et je vis que l’Agneau avait ouvert un des sept sceaux ; et j’entendis un des quatre animaux qui disait comme d’une voix de tonnerre : Viens et vois. 2Et je regardai, et voici que parut un cheval blanc, et celui qui le montait avait un arc, et on lui donna une couronne ; et il partit en vainqueur, pour vaincre. 3Et lorsqu’il eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens et vois. 4Et il sortit un autre cheval, qui était roux ; et à celui qui le montait le pouvoir fut donné d’enlever la paix de dessus la terre, afin que les hommes s’entre-tuassent ; et une grande épée lui fut donnée. 5Et lorsqu’il eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal qui disait : Viens, et vois. Et voici que parut un cheval noir ; et celui qui le montait avait une balance dans sa main. 6Et j’entendis comme une voix au milieu des quatre animaux, qui disait : Le litre (deux livres) de blé pour un denier ; et trois livres d’orge pour un denier ; mais ne fais pas de mal au vin ni à l’huile. 7Et lorsqu’il eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal qui disait : Viens, et vois. 8Et voici que parut un cheval pâle, et celui qui le montait s’appelait la Mort, et l’enfer le suivait ; et le pouvoir lui fut donné sur le quart (les quatre parties) de la terre, pour tuer par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages. 9Et lorsqu’il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été tués pour la parole de Dieu, et pour le témoignage qu’ils avaient rendu. 10Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Jusqu’à quand, Seigneur saint et véritable, différerez-vous de juger et de venger notre sang sur les habitants de la terre ? 11Et il leur fut donné à chacun une robe blanche, et il leur fut dit de demeurer encore un peu de temps en repos, jusqu’à ce que fût complété le nombre de leurs compagnons de service (ceux qui servaient Dieu comme eux) et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux. 12Je regardai, lorsqu’il ouvrit le sixième sceau, et voici qu’il y eut un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin (poils, note), et la lune entière devint comme du sang ; 13et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme un figuier laisse tomber ses figues vertes lorsqu’il est agité par un grand vent. 14Et le ciel se retira comme un livre que l’on roule, et toutes les montagnes et les îles furent ôtées (ébranlées) de leur place ; 15et (alors) les rois de la terre, et les grands, et les capitaines, et les riches, et les puissants, et tous les esclaves et les hommes libres se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes ; 16et ils dirent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l’Agneau ; 17car le grand jour de leur colère est arrivé, et qui pourra rester debout (subsister) ?
Quatre anges retiennent les quatre vents.
Douze mille Israélites de chacune des douze tribus sont marqués du signe de Dieu.
Troupe innombrable de toute nation devant le trône.
Cantique des anges.
Quelle est cette troupe ?
Récompense dont elle jouira éternellement.
7Après cela, je vis quatre anges qui se tenaient aux quatre angles (coins) de la terre, et qui retenaient les quatre vents de la terre, pour les empêcher de souffler sur la terre, et sur la mer, et sur aucun arbre. 2Et je vis un autre ange, qui montait du côté du soleil levant (de l’orient), ayant le sceau (signe) du Dieu vivant ; et il cria d’une voix forte aux quatre anges auxquels il avait été donné de nuire à la terre et à la mer ; 3et il dit : Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. 4Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des enfants d’Israël, étaient marqués du sceau. 5De la tribu de Juda, douze mille étaient marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; 6de la tribu d’Azer, douze mille ; de la tribu de Nephtali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; 7de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Lévi, douze mille ; de la tribu d’Issachar, douze mille ; 8de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille ; de la tribu de Benjamin, douze mille étaient marqués du sceau. 9Après cela, je vis une grande multitude, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue ; ils se tenaient (debout) devant le trône et en face de l’Agneau, vêtus de robes blanches, et ils avaient des palmes dans leurs mains. 10Et ils criaient d’une voix forte, et disaient : Le salut est à notre Dieu, qui est assis sur le trône, et à l’Agneau ! 11Et tous les anges se tenaient (debout) autour du trône, et des vieillards, et des quatre animaux ; et ils se prosternèrent devant le trône sur leurs visages, et adorèrent Dieu, 12en disant : Amen. Bénédiction, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen. 13Et l’un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux qui sont vêtus de robes blanches, qui sont-ils ? et d’où sont-ils venus ? 14Et je lui dis : Mon seigneur, vous le savez. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et qui ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. 15C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente (habitera) au-dessus d’eux. 16Ils n’auront plus ni faim ni soif, et le soleil ni aucune chaleur ne frappera plus sur eux ; 17car l’Agneau, qui est au milieu du trône, sera leur pasteur, et il les conduira aux sources des eaux de la vie (vives), et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.
Ouverture du septième sceau.
Sept anges paraissent avec sept trompettes.
Première trompette, grêle accompagnée de feu et de sang.
Deuxième trompette, montagne tout en feu jetée dans la mer.
Troisième trompette, étoile d’absinthe qui corrompt les eaux.
Quatrième trompette, la troisième partie de la lumière est obscurcie.
Annonce des trois malheurs qui vont suivre.
8Lorsqu’il (l’Agneau) eut ouvert le septième sceau, il se fit dans le ciel un silence d’environ une demi-heure. 2Et je vis les sept anges qui se tiennent (debout) devant (en présence de) Dieu, et sept trompettes leur furent données. 3Et un autre ange vint et se plaça devant l’autel, ayant un encensoir d’or ; et il lui fut donné beaucoup de parfums, afin qu’il (les) offrît, (avec) les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône de Dieu. 4Et la fumée des parfums monta, avec les (composée des) prières des saints, de la main de l’ange devant Dieu. 5Et l’ange prit l’encensoir et le remplit du feu de l’autel, et le jeta sur la terre ; et il y eut des tonnerres, des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre. 6Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner. 7Le premier ange sonna de la trompette ; et il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre ; et la troisième partie de la terre fut brûlée, et la troisième partie des arbres fut brûlée, et toute herbe verte fut brûlée. 8Le second ange sonna de la trompette ; et quelque chose comme une grande montagne embrasée par le feu fut jeté dans la mer, et la troisième partie de la mer devint du sang, 9et la troisième partie des créatures vivantes qui sont dans la mer mourut, et la troisième partie des navires périt. 10Le troisième ange sonna de la trompette ; et il tomba du ciel une grande étoile, brûlante (ardente) comme un flambeau ; et elle tomba sur la troisième partie des fleuves, et sur les sources des eaux. 11Le nom de cette étoile était Absinthe ; et la troisième partie des eaux fut changée en absinthe et un grand nombre d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles étaient devenues amères. 12Le quatrième ange sonna de la trompette ; et la troisième partie du soleil fut frappée, et la troisième partie de la lune, et la troisième partie des étoiles, de sorte que la troisième partie en fût obscurcie, et que le jour perdît la troisième partie de sa clarté (lumière), et la nuit de même. 13Alors je vis, et j’entendis la voix d’un aigle qui volait par le milieu du ciel, en disant d’une voix forte : Malheur ! malheur ! (malheur) aux habitants de la terre, à cause du son des trompettes des trois autres anges qui doivent encore sonner !
Cinquième trompette, chute d’une étoile qui ouvre le puits de l’abîme ; fumée épaisse qui en sort ; sauterelles qui se répandent sur la terre : premier malheur.
Sixième trompette, quatre anges liés sur le fleuve de l’Euphrate sont déliés ; cavalerie nombreuse qui fait périr la troisième partie des hommes : commencement du second malheur.
9Le cinquième ange sonna de la trompette ; et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre, et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée. 2Elle ouvrit le puits de l’abîme, et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. 3Et de la fumée du puits sortirent des sauterelles qui se répandirent sur la terre. Et il leur fut donné un pouvoir (puissance) semblable au pouvoir (à la puissance) qu’ont les scorpions sur la terre ; 4et il leur fut ordonné de ne pas faire de mal à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts ; 5et il leur fut donné de ne pas les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois ; et le tourment qu’elles causaient était comme le tourment que cause le scorpion quand il pique un homme. 6En ces jours-là, les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas ; ils désireront mourir, et la mort fuira loin d’eux. 7Ces sauterelles étaient semblables à des chevaux préparés pour le combat ; sur leur tête il y avait comme des couronnes ressemblant à de l’or, et leurs visages étaient comme des visages d’hommes. 8Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents étaient comme les dents des lions ; 9elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit de chars à plusieurs chevaux qui courent au combat ; 10elles avaient des queues semblables à celles des scorpions, et il y avait des aiguillons dans leurs queues, et leur pouvoir était de nuire aux hommes pendant cinq mois. 11Elles avaient pour roi au-dessus d’elles l’ange de l’abîme, appelé en hébreu Abaddon, en grec Apollyon, et en latin l’Exterminateur. 12Le premier malheur est passé ; et voici, il vient encore deux malheurs après cela (ceux-ci). 13Le sixième ange sonna de la trompette ; et j’entendis une voix qui venait des quatre cornes de l’autel d’or, qui est devant Dieu. 14Elle disait (dit) au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve de l’Euphrate. 15Et (aussitôt) les quatre anges, qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, furent déliés, afin de tuer la troisième partie des hommes. 16Et le nombre des cavaliers de cette armée était de vingt fois mille fois dix mille (deux cent millions) ; car j’en entendis le nombre. 17Et je vis ainsi les chevaux dans ma vision : ceux qui les montaient avaient des cuirasses (couleur) de feu, et d’hyacinthe, et de soufre ; les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions, et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre. 18Par ces trois plaies, par le feu, par la fumée et par le soufre qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée. 19Car la puissance de ces chevaux était dans leur bouche et dans leurs queues. En effet, leurs queues étaient (sont) semblables à des serpents ; elles ont des têtes, et c’est par elles qu’elles font du mal. 20Et les autres hommes, qui n’avaient pas été tués par ces plaies, ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, de manière à ne plus adorer les démons et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher ; 21et ils ne firent point pénitence de leurs meurtres, ni de leurs maléfices (empoisonnements), ni de leurs impudicités, ni de leurs rapines (larcins).
Un ange descend du ciel pour annoncer qu’il n’y aura plus de temps ; que le mystère de Dieu va être consommée et les prophéties accomplies.
Il donne un livre à saint Jean, en lui commandant de le manger ; ce livre est à la fois doux et amer.
10Puis je vis un autre ange robuste (fort) qui descendait du ciel, enveloppé d’une nuée, et il avait un arc-en-ciel au-dessus de sa tête ; son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu ; 2et il avait dans la main un petit livre ouvert. Et il posa son pied droit sur la mer, et son pied gauche sur la terre. 3Et il cria d’une voix forte, comme un lion qui rugit ; et lorsqu’il eut crié, (les) sept tonnerres firent entendre leurs voix. 4Et quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j’allais écrire ; mais j’entendis une voix du ciel qui me disait : Mets sous le sceau ce qu’ont dit les sept tonnerres, et ne l’écris pas. 5Alors l’ange que j’avais vu debout sur la mer et sur la terre leva la main vers le ciel, 6et jura par celui qui vit dans les siècles des siècles, qui a créé le ciel et les choses qui s’y trouvent, la terre et les choses qui s’y trouvent, la mer et les choses qui s’y trouvent, qu’il n’y aurait plus de temps, 7mais qu’aux jours de la voix du septième ange, lorsqu’il sonnera de la trompette, le mystère de Dieu serait consommé, comme il l’a annoncé par ses serviteurs les prophètes. 8Et la voix que j’avais entendue, venant du ciel, me parla encore, et me dit : Va, et prends le petit livre ouvert, dans la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre. 9Et j’allai vers l’ange, et je lui dis de me donner le petit livre. Et il me dit : Prends le livre et dévore-le ; il te causera de l’amertume dans les entrailles, mais dans la bouche il sera doux comme du miel. 10Je pris le petit livre de la main de l’ange, et je le dévorai ; et dans ma bouche il était doux comme du miel, mais quand je l’eus dévoré, je sentis de l’amertume dans mes entrailles. 11Alors on me dit : Il faut que tu prophétises encore devant beaucoup de nations, et de peuples, et de langues et de rois.
Les parvis du temple et la ville sainte sont abandonnés à la profanation des gentils.
Prédication des deux témoins.
Puissance que Dieu leur donne.
Ils sont mis à mort par la bête qui monte de l’abîme.
Ils ressuscitent et montent au ciel.
La persécution dans laquelle ils sont mis à mort est la consommation du second malheur.
Septième trompette ; troisième malheur, qui est l’anathème dont le souverain Juge doit frapper la terre au jour de son avènement.
11On me donna ensuite un roseau semblable à une verge (long comme une perche), et il me fut dit : Lève-toi, et mesure le temple de Dieu, et l’autel, et ceux qui y adorent. 2Quant au parvis, qui est au dehors du temple, laisse-le, et ne le mesure pas, car il a été abandonné aux gentils ; et ils fouleront la ville sainte pendant quarante-deux mois. 3Et je donnerai à mes deux témoins la mission de prophétiser pendant mille deux cent soixante jours, vêtus de sacs. 4Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre. 5Et si quelqu’un veut leur faire du mal, un feu sortira de leur bouche et dévorera leurs ennemis ; si quelqu’un veut leur faire du mal (les offenser), il faut qu’il périsse ainsi. 6Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne pleuve pas durant les jours où ils prophétiseront ; et ils ont le pouvoir, à l’égard des eaux, de les changer en sang, et de frapper la terre de toute sorte de plaies, toutes les fois qu’ils le voudront. 7Et quand ils auront achevé de rendre leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera ; 8et leurs cadavres resteront sur les places de la grande cité, qui est appelée spirituellement Sodome et Egypte, où leur Seigneur aussi (même) a été crucifié. 9Et ceux des tribus, et des peuples, et des langues, et des nations verront leurs cadavres durant trois jours et demi, et ils ne permettront pas que leurs cadavres soient mis dans des tombeaux. 10Et les habitants de la terre seront dans la joie à leur sujet, et ils se livreront à l’allégresse (feront des fêtes), et ils s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes auront tourmenté les habitants de la terre. 11Mais, après trois jours et demi, un esprit de vie venu de Dieu entra en eux ; ils se levèrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent. 12Et ils entendirent une voix forte venant du ciel, qui leur disait : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans la (une) nuée, à la vue de leurs ennemis. 13A cette même heure il se fit un grand tremblement de terre ; et la dixième partie de la ville tomba, et sept mille hommes furent tués dans ce tremblement de terre ; et les autres furent saisis de frayeur, et rendirent gloire au Dieu du ciel. 14Le second malheur est passé, et voici, le troisième malheur viendra bientôt. 15Le septième ange sonna de la trompette, et des voix fortes se firent entendre dans le ciel ; elles disaient : L’empire de ce monde a été remis à Notre Seigneur et à son Christ, et il règnera dans les siècles des siècles. Amen. 16Et les vingt-quatre vieillards, qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs visages et adorèrent Dieu, en disant : 17Nous vous rendons grâces, Seigneur, Dieu tout-puissant, qui êtes, et qui étiez, et qui devez venir, de ce que vous avez pris possession de votre grande puissance et de votre royauté. 18Les nations se sont irritées, et votre colère est venue, et le moment de juger les morts et de donner leur récompense à vos serviteurs les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent votre nom, aux petits et aux grands, et d’exterminer ceux qui ont corrompu la terre. 19Alors le temple de Dieu s’ouvrit dans le ciel, et l’arche de son alliance fut vue dans son temple ; et il se fit des éclairs, et des voix, et un tremblement de terre, et une forte grêle.
Femme revêtue du soleil.
Dragon à sept têtes.
Enfant mâle qui doit gouverner les nations, et qui est enlevé vers Dieu.
Combats des bons et des mauvais anges.
Dragon précipité du ciel en terre.
Il poursuit la femme, jette un fleuve après elle, va faire la guerre à ses enfants, et est forcé de s’arrêter sur le sable de la mer.
12Et un grand signe (prodige) parut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, et qui avait la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. 2Elle était enceinte, et elle poussait des cris, étant en travail, et ressentant les douleurs de l’enfantement. 3Et il parut un autre signe (prodige) dans le ciel : c’était un grand dragon roux, qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. 4Et sa queue entraînait la troisième partie des étoiles du ciel, et les jeta sur la terre. Et le dragon se tint (s’arrêta) devant la femme qui allait enfanter, afin que, lorsqu’elle aurait enfanté (serait délivrée), il dévorât son fils. 5Et elle mit au monde un enfant mâle, qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône. 6Et la femme s’enfuit au désert, où elle avait un lieu que Dieu avait préparé, afin qu’on l’y nourrît durant mille deux cent soixante jours. 7Et il y eut un grand combat dans le ciel : Michel et ses anges combattai(en)t contre le dragon, et le dragon combattait avec ses anges. 8Mais ceux-ci ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. 9Et il fut précipité, ce grand dragon, ce serpent ancien, qui est nommé le diable et Satan, qui séduit le monde entier ; il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. 10Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant est établi le salut, et la force, et le règne de notre Dieu, et la puissance de son Christ ; car il a été précipité l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit ; 11et eux-mêmes ils (l’) ont vaincu à cause du sang de l’Agneau, et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé (méprisé) leur vie en face de la mort. 12C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous avec une grande colère, sachant qu’il n’a que peu de temps. 13Et quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l’enfant mâle. 14Mais à la femme furent données les deux ailes du grand aigle, afin qu’elle s’envolât au désert, dans son lieu, où elle est nourrie pendant un temps, des temps, et la moitié d’un temps, loin de la présence du serpent. 15Et le serpent lança de sa gueule, après la femme, de l’eau comme un fleuve, afin qu’elle fût entraînée par le fleuve. 16Mais la terre secourut la femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa gueule. 17Et le dragon fut irrité contre la femme, et il alla faire la guerre à ses autres enfants, qui gardent les commandements de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ. 18Et il se tint (s’arrêta) sur le sable de la mer.
Bête à sept têtes et à dix cornes, qui monte de la mer.
Le dragon lui donne sa puissance ; elle fait la guerre aux saints ; elle est adorée par les hommes.
Une autre bête s’élève de la terre, ayant deux cornes semblables à celles de l’agneau.
Elle séduit les hommes par ses prodiges.
13Je vis ensuite monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des (dix) noms de blasphème. 2Et la bête que je vis était semblable à un léopard, et ses pieds étaient comme les pieds d’un ours, et sa gueule, comme la gueule d’un lion ; et le dragon lui donna sa force et une (sa) grande puissance. 3Et je vis une de ses têtes comme blessée à mort ; mais cette blessure mortelle fut guérie, et la terre entière fut dans l’admiration, à la suite de la bête. 4Et ils adorèrent le dragon, qui avait donné la puissance à la bête ; et ils adorèrent la bête, en disant : Qui est semblable à la bête ? et qui pourra combattre contre elle ? 5Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles orgueilleuses et des blasphèmes ; et le pouvoir lui fut donné d’agir pendant quarante-deux mois. 6Et elle ouvrit la bouche pour blasphémer contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. 7Il lui fut aussi donné le pouvoir de faire la guerre aux saints, et de les vaincre ; et la puissance lui fut donnée sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue et toute nation. 8Et tous les habitants de la terre l’adorèrent, ceux dont les noms n’ont pas été inscrits, depuis la création du monde, dans le livre de vie de l’Agneau qui a été immolé (dès l’origine du monde). 9Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende. 10Celui qui aura conduit en captivité, s’en ira en captivité ; celui qui aura tué avec l’épée (le glaive), il faut qu’il soit tué par l’épée (le glaive). C’est ici qu’est la patience et la foi des saints. 11Je vis aussi une autre bête qui montait de la terre, et qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau (de l’Agneau) ; et elle parlait comme le dragon. 12Et elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence ; et elle fit que la terre et ses habitants adorèrent la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. 13Elle fit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre, en présence des hommes. 14Et elle séduisit les habitants de la terre, à cause des prodiges qu’il lui a été donné de faire en présence de la bête, en disant aux habitants de la terre de faire une image de la bête, qui a la blessure de l’épée (une blessure du glaive) et qui a repris (conservé la) vie. 15Et il lui fut (même) donné de mettre le souffle vital dans l’image de la bête, afin que l’image de la bête pût parler, et faire que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent mis à mort. 16Elle fera encore que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçoivent une marque sur leur main droite ou sur leur front, 17et que personne ne puisse acheter ni vendre, s’il n’a la marque ou le nom de la bête, ou le chiffre de son nom. 18C’est ici qu’est la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête ; car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six.
L’Agneau sur la montagne de Sion.
Evangile éternel porté à toutes les nations.
Ruine de Babylone annoncée.
Supplice de ceux qui auront adoré la bête ou son image.
Avènement de Jésus-Christ.
Moisson et vendange de la terre.
14Je regardai (encore), et voici, l’Agneau se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrit sur leurs fronts. 2Et j’entendis une voix qui venait du ciel semblable au bruit de grandes eaux, et semblable au bruit d’un grand tonnerre ; et la voix que j’entendis était comme celle de harpistes qui jouent de leurs harpes. 3Ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux et les vieillards ; et personne ne pouvait chanter ce cantique, si ce n’est ces cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. 4Ceux-là ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ceux-là suivent l’Agneau partout où il va. Ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau, 5et dans leur bouche il ne s’est pas trouvé de mensonge, car ils sont sans tache devant le trône de Dieu. 6Je vis ensuite un autre ange, qui volait par le milieu du ciel, portant l’Evangile éternel, pour l’annoncer à ceux qui habitent sur la terre, et à toute nation, tribu, langue et peuple. 7Il disait d’une voix forte : Craignez le Seigneur, et rendez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux. 8Un autre ange le suivit, en disant : Elle est tombée, elle est tombée, cette grande Babylone, qui a fait boire à toutes les nations le vin de la colère de son impudicité (sa prostitution). 9Et un troisième ange les suivit, disant d’une voix forte : Si quelqu’un adore la bête et son image, et s’il en reçoit la marque sur son front ou dans sa main, 10lui aussi boira du vin de la colère de Dieu, (vin tout pur,) qui a été versé (préparé) dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, en présence des saints anges et en présence de l’Agneau ; 11et la fumée de leurs tourments montera dans les siècles des siècles, et il n’y aura de repos ni jour ni nuit pour ceux qui auront adoré la bête et son image, et qui auront reçu la marque (le caractère) de son nom. 12C’est ici qu’est la patience des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus. 13Alors j’entendis une voix venant du ciel, qui me disait : Ecris : (Bien)Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur. Dès maintenant, dit l’Esprit, ils se reposeront de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. 14Je regardai, et voici, une nuée blanche, et sur cette nuée quelqu’un assis, qui ressemblait au Fils de l’homme ; il avait sur sa tête une couronne d’or, et dans sa main une faucille tranchante. 15Et (Alors) un autre ange sortit du temple, criant d’une voix forte à celui qui était assis sur la nuée : Lance ta faucille, et moissonne ; car le temps de moissonner est venu, parce que la moisson de la terre est mûre (sèche). 16Et celui (donc) qui était assis sur la nuée lança sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée. 17Et un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant lui aussi une faucille tranchante. 18Et un autre ange sortit de l’autel ; il avait pouvoir sur le feu, et il cria d’une voix forte à celui qui avait la faucille tranchante : Lance ta faucille tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs. 19Et l’ange lança sa faucille tranchante sur la terre et vendangea la vigne de la terre, et il jeta les raisins dans la grande cuve de la colère de Dieu. 20Et la cuve fut foulée hors de la ville, et le sang sortit de la cuve jusqu’à la hauteur des mors des chevaux, sur une étendue de mille six cents stades.
Mer transparente sur laquelle les vainqueurs chantent le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau.
Sept coupes de la colère du Seigneur sont données à sept anges.
15Je vis aussi dans le ciel un autre signe (prodige) grand et admirable (merveilleux) : sept anges, qui tenaient les sept dernières plaies, car c’est par elles que la colère de Dieu est (a été) consommée. 2Et je vis comme une mer transparente (de verre), mêlée de feu ; et ceux qui avaient vaincu la bête, et son image, et le chiffre de son nom, se tenaient sur cette mer transparente, ayant des harpes de Dieu. 3Et ils chantaient le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau, en disant : Grandes et admirables sont vos œuvres, Seigneur Dieu tout-puissant ; justes et véritables sont vos voies, ô Roi des siècles. 4Qui ne vous craindra, (ô) Seigneur, et qui ne glorifiera votre nom ? Car vous seul êtes plein de bonté (miséricordieux), et toutes les nations viendront et vous adoreront (en votre présence), parce que vos jugements ont été manifestés. 5Après cela, je regardai, et voici, le temple du tabernacle du témoignage s’ouvrit dans le ciel ; 6et les sept anges qui tenaient les sept plaies sortirent du temple, vêtus de lin pur et éclatant (blanc), et ceints sur la poitrine de ceintures d’or. 7Et l’un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d’or, pleines de la colère du Dieu qui vit dans les siècles des siècles. 8Et le temple fut rempli de fumée, à cause de la majesté de Dieu et de sa puissance ; et nul ne pouvait entrer dans le temple, jusqu’à ce que les sept plaies des sept anges fussent accomplies.
Effusion des sept coupes ; les quatre premières sont versées sur la terre, sur les eaux et sur le soleil ; la cinquième sur le trône de la bête ; la sixième sur l’Euphrate ; la septième est répandue dans l’air ; mais elle est précédée de l’annonce de l’avènement du Seigneur.
16J’entendis ensuite une voix forte, qui venait du temple, et qui disait aux sept anges : Allez, et versez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu. 2Le (Et) premier s’en alla, et versa sa coupe sur la terre ; et un ulcère malin et dangereux (plaie cruelle et pernicieuse) apparut sur les hommes qui avaient la marque de la bête, et sur ceux qui adoraient son image. 3Le second ange versa sa coupe dans (sur) la mer ; et elle devint comme le sang d’un mort, et tout ce qui avait vie dans la mer mourut. 4Le troisième versa sa coupe sur les fleuves et sur les sources des eaux ; et les eaux devinrent du sang. 5Et j’entendis l’ange établi sur les eaux qui disait : Vous êtes juste, Seigneur, vous qui êtes et qui étiez ; vous êtes saint, vous qui avez exercé ces jugements ; 6car ils ont répandu le sang des saints et des prophètes, et c’est du sang que vous leur avez (aussi) donné à boire ; ils l’ont mérité. 7J’entendis un autre ange qui disait de l’autel : Oui, Seigneur, Dieu tout-puissant, vos jugements sont vrais et justes. 8Le quatrième ange versa sa coupe sur le soleil ; et il lui fut donné de tourmenter les hommes par l’ardeur du feu. 9Et les hommes furent brûlés par une grande chaleur (dévorante), et ils blasphémèrent le nom de Dieu, qui a ces plaies en son pouvoir, et ils ne firent point pénitence pour lui rendre gloire. 10Le cinquième ange versa sa coupe sur le trône de la bête ; et son royaume devint ténébreux, et les hommes se mordirent la langue (dans l’excès) de douleur ; 11et ils blasphémèrent le Dieu du ciel, à cause de leurs douleurs et de leurs blessures, et ils ne firent point pénitence de leurs œuvres. 12Le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve de l’Euphrate ; et son eau tarit, pour préparer le chemin aux rois venant de l’Orient. 13Je vis alors sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles. 14Car (Or) ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont auprès des rois de toute la terre, afin de les assembler pour le combat, au grand jour du Dieu tout-puissant. 15Voici, je viens comme un voleur ; (bien)heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu, et qu’on ne voit pas sa honte. 16Et il les assemblera dans le lieu appelé en hébreu Armagédon. 17Le septième ange versa sa coupe dans l’air ; et il sortit du temple, d’auprès du trône, une voix forte qui disait : C’est fait. 18Et (Aussitôt) il y eut des éclairs, des voix et des tonnerres, et il y eut un grand tremblement de terre, tel qu’il n’y en avait jamais eu de pareil depuis que les hommes sont sur la terre ; il n’y avait pas eu un pareil tremblement de terre, aussi grand. 19Et la grande ville fut divisée en trois parties, et les villes des païens tombèrent, et Dieu se ressouvint de la grande Babylone, pour lui donner à boire la coupe (le calice) du vin de la fureur de sa colère. 20Et toutes les îles s’enfuirent, et les montagnes disparurent. 21Et une grosse grêle, comme du poids d’un talent, tomba du ciel sur les hommes ; et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle, parce que cette plaie était très (extrêmement) grande.
Bête à sept têtes et à dix cornes, sur laquelle est assise une femme nommée la grande Babylone.
L’ange, qui montre à saint Jean cette femme et cette bête, lui explique le mystère de l’une et de l’autre.
17Alors un des sept anges qui avaient les sept coupes vint et me parla, en disant : Viens, et je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur de vastes (les grandes) eaux, 2avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et les habitants de la terre ont été enivrés du vin de sa prostitution. 3Et il me transporta en esprit dans le désert. Et je vis une femme assise sur une bête de couleur écarlate, couverte de noms de blasphèmes, qui avait sept têtes et dix cornes. 4Et la femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle avait dans sa main une coupe d’or, pleine des abominations et de l’impureté de sa fornication. 5Et sur son front était écrit ce nom : Mystère ; Babylone la grande, la mère des fornications et des abominations de la terre. 6Et je vis cette femme, ivre du sang des saints, et du sang des martyrs de Jésus ; et en la voyant, je fus frappé d’un grand étonnement. 7Et l’ange me dit : Pourquoi t’étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme, et de la bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes. 8La bête que tu as vue était et n’est plus ; elle doit monter de l’abîme et aller à la ruine (perdition) ; et les habitants de la terre dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie depuis la création du monde, s’étonneront en voyant la bête, qui était et qui n’est plus. 9Et ici il faut une intelligence qui ait de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise ; elles sont aussi sept rois. 10Cinq sont tombés ; l’un est, et l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. 11La bête, qui était et qui n’est plus, est elle-même la huitième ; et elle est des sept, et elle va à la ruine (perdition). 12Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu la royauté ; mais ils recevront la puissance comme rois pendant une heure, avec la bête. 13Ils ont un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la bête. 14Ils combattront contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des seigneurs, et le Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont les appelés (les) élus et (les) fidèles. 15Et il me dit : Les eaux que tu as vues à l’endroit où la prostituée est assise, sont des peuples, des nations et des langues. 16Et les dix cornes que tu as vues sur la bête haïront la prostituée, et la rendront désolée et nue, et dévoreront ses chairs, et la (ils les) brûleront elle-même avec le feu. 17Car Dieu leur a mis dans le cœur de faire ce qui lui plaît, et de donner la royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. 18Et la femme que tu as vue, c’est la grande ville, qui a la royauté sur les rois de la terre.
Un ange annonce la chute de la grande Babylone.
Le peuple fidèle est exhorté à en sortir.
Jugement prononcé contre elle.
Effroi, étonnement et consternation de ceux qui étaient liés avec elle.
Cause de sa ruine.
18Après cela, je vis un autre ange qui descendait du ciel, ayant une grande puissance ; et la terre fut illuminée par sa splendeur (gloire). 2Et il cria avec force, en disant : Elle est tombée, elle est tombée, la grande Babylone ; et elle est devenue la (une) demeure des démons, et le repaire (une retraite) de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et haïssable ; 3car toutes les nations ont bu du vin de la colère de sa prostitution, et les rois de la terre se sont souillés avec elle, et les marchands de la terre se sont enrichis par l’excès de son luxe. 4Puis j’entendis une autre voix venant du ciel, qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin de ne point participer à ses péchés, et de ne pas avoir une part à ses plaies. 5Car ses péchés sont parvenus jusqu’au ciel, et le Seigneur s’est souvenu de ses iniquités. 6Traitez-la comme elle vous a traités elle-même, et rendez-lui au double selon ses œuvres ; dans la coupe où elle vous a versé à boire, versez-lui deux fois autant. 7Autant elle s’est glorifiée et livrée aux délices, autant donnez-lui de tourments et de deuil, parce qu’elle dit dans son cœur : Je trône en reine, et je ne suis pas veuve, et je ne verrai pas le deuil. 8C’est pour cela que ses plaies viendront en un seul jour, et la mort, et le deuil, et la famine, et elle périra par le feu, car il est puissant, le Dieu qui la condamnera (jugera). 9Et les rois de la terre qui se sont souillés et ont vécu dans les délices avec elle, pleureront sur elle et se frapperont la poitrine, lorsqu’ils verront la fumée de son embrasement. 10Se tenant à distance dans la crainte de ses tourments, ils diront : Malheur ! malheur ! Babylone, la (cette) grande ville, la (cette) ville puissante, en une heure ta condamnation est venue. 11Et les marchands de la terre pleureront et se lamenteront sur elle, parce que personne n’achètera plus leurs marchandises : 12marchandises d’or et d’argent, de pierres précieuses et de perles, d’étoffes de lin, de pourpre, de soie et d’écarlate, de bois odoriférant de tout genre, de toute espèce d’objets (tous les meubles) en ivoire, et de toute espèce d’objets (les vases) en pierres précieuses, en airain, en fer et en marbre, 13de cinnamome, de senteurs, de parfums, d’encens, de vin, d’huile, de fleur de farine, de blé, de bêtes de somme, de brebis, de chevaux, de chars, d’esclaves, et de personnes humaines. 14Les fruits (si chers) que ton âme désirait se sont éloignés de toi ; toutes les choses délicates (exquises) et magnifiques (délicates) sont perdues pour toi, et on ne les trouvera plus désormais. 15Les marchands de ces choses, qui se sont enrichis avec elle, se tiendront à distance, dans la crainte de ses tourments, pleurant et se lamentant, 16et disant : Malheur ! malheur ! la (cette) grande ville qui était vêtue de lin, de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; 17en une heure tant de richesses ont disparu. Et tous les pilotes et tous ceux qui naviguent sur mer (le lac), les matelots et ceux qui trafiquent sur mer, se sont tenus à distance, 18et ont poussé des cris en voyant la place de son embrasement : Quelle ville, disaient-ils, était semblable à cette grande ville ? 19Ils ont jeté de la poussière sur leurs têtes, et ils ont crié en pleurant et se tourmentant, et ils disaient : Malheur ! malheur ! la grande ville, qui a enrichi de son opulence tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, a été ruinée en une seule heure. 20Réjouis-toi sur elle, ô ciel ; et vous aussi, saints apôtres et prophètes, parce que Dieu a vengé votre cause sur elle. 21Alors un ange puissant souleva une pierre semblable à une grande meule, et la jeta dans la mer, en disant : C’est avec cette vitesse que (Ainsi) sera précipitée Babylone, la (cette) grande ville, et on ne la trouvera plus jamais. 22Et la voix des joueurs de harpe, et des musiciens, et des joueurs de flûte et de trompette, ne sera plus jamais entendue chez toi ; et aucun artisan, de quelque art que ce soit, ne s’y trouvera plus ; et le bruit de la meule ne sera plus jamais entendu en toi ; 23et la lumière de la lampe ne brillera plus jamais chez toi, et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus jamais entendue chez toi, parce que tes marchands étaient les princes de la terre, et que par tes enchantements toutes les nations ont été séduites. 24Et en elle a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été mis à mort sur la terre.
Joie et cantique des saints sur la ruine de Babylone.
Le Verbe de Dieu apparaît suivi des armées du ciel.
Dernier combat de la bête et du Verbe de Dieu.
19Après cela j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, dans le ciel, qui disait : Alleluia ; le salut, la gloire et la puissance (vertu) sont à notre Dieu, 2parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a jugé la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs répandu par ses mains. 3Et ils dirent une seconde fois : Alleluia ; et sa fumée monte dans les siècles des siècles. 4Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux se prosternèrent et adorèrent Dieu, assis sur le trône, en disant : Amen, alleluia. 5Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands. 6Et j’entendis comme le bruit d’une grande foule, et comme le bruit de grandes eaux et de violents coups de tonnerre, qui disaient : Alleluia, parce que le Seigneur notre Dieu, le Tout-Puissant, est entré dans son règne. 7Réjouissons-nous, et soyons dans l’allégresse, et rendons-lui (la) gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée. 8Et il lui a été donné de se revêtir d’un lin éclatant et pur (blanc) ; car le lin, ce sont les actions justes (justifications) des saints. 9(Il me dit alors : Ecris : Bienheureux ceux qui ont été appelés au souper des noces de l’Agneau !) Et il ajouta : Ces paroles de Dieu sont véritables. 10Et je me jetai à ses pieds pour l’adorer. Mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis un serviteur comme toi, et comme tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu ; car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie. 11Je vis ensuite le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; et celui qui le montait s’appelait le Fidèle et le Véritable, il juge et il combat avec justice. 12Ses yeux étaient comme une flamme de feu, et sur sa tête il y avait de nombreux diadèmes, et il portait écrit un nom que nul ne connaît, si ce n’est lui-même. 13Il était vêtu d’un vêtement teint de sang, et il s’appelle le Verbe de Dieu. 14Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues d’un (fin) lin blanc et pur. 15Et de sa bouche il sort une épée tranchante des deux côtés, pour en frapper les nations ; et il les gouverne avec une verge de fer, et il (c’est lui qui) foule la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu tout-puissant. 16Et sur son vêtement et sur sa cuisse il porte ce nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs. 17Alors je vis un ange debout dans le soleil, et il cria d’une voix forte, en disant à tous les oiseaux qui volaient par le milieu du ciel : Venez, et assemblez-vous pour le grand festin (souper) de Dieu, 18pour manger la chair des rois, la chair des capitaines (tribuns militaires), la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, et la chair de tous les hommes, libres et esclaves, petits et grands. 19Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour faire la guerre à celui qui était monté sur le cheval, et à son armée. 20Mais la bête fut saisie, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle des prodiges, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête, et qui avaient adoré son image. Ils furent tous deux jetés vivants dans l’étang brûlant de feu et (nourri) de soufre ; 21et les autres furent tués par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui était monté sur le cheval ; et tous les oiseaux se rassasièrent de leur chair.
Le dragon est enfermé dans l’abîme pour mille ans.
Les âmes des saints vivent et règnent avec Jésus-Christ.
Satan est délié pour un peu de temps.
Guerre contre les saints.
Satan précipité dans l’enfer.
Résurrection.
Jugement.
20Et je vis descendre du ciel un ange qui avait la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. 2Il saisit le dragon, l’antique serpent, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. 3Et il le jeta dans l’abîme, qu’il ferma et scella (mit un sceau) sur lui, pour qu’il ne séduisît plus les nations jusqu’à ce que les mille ans fussent écoulés ; après cela il doit être délié pour un peu de temps. 4Et je vis des trônes, et ils (il y en eut qui) s’assirent dessus, et il leur fut donné de juger. Je vis aussi les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n’avaient point adoré la bête, ni son image, et qui n’avaient pas pris sa marque sur leur front ni sur leurs mains ; et ils vécurent, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. 5Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu’à ce que les mille ans fussent écoulés. C’est là la première résurrection. 6(Bien)Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection. Sur eux la seconde mort n’a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans. 7Et lorsque les mille ans seront écoulés, Satan sera délié de sa prison, et il sortira, et il séduira les nations qui sont aux quatre angles (coins) de la terre, Gog et Magog, et il les assemblera pour le combat ; leur nombre est comme le sable de la mer. 8Ils montèrent sur (toute) la surface de la terre, et ils environnèrent le camp des saints, et la cité bien-aimée. 9Mais un feu, lancé par Dieu, descendit du ciel et les dévora ; et le diable qui les séduisait fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où la bête (elle-même) 10et le faux prophète seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles. 11Alors je vis un grand trône blanc, et celui qui (quelqu’un) était assis dessus ; devant sa face le ciel et la terre s’enfuirent, et il ne se trouva plus de place pour eux. 12Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Et des livres furent ouverts ; on ouvrit aussi un autre livre, qui est celui de la vie ; et les morts furent jugés d’après ce qui était écrit dans ces livres, selon leurs œuvres. 13Et la mer rendit les morts qu’elle renfermait ; la mort et l’enfer rendirent aussi les morts qu’ils renfermaient, et chacun d’eux fut jugé selon ses œuvres. 14Puis l’enfer et la mort furent jetés dans l’étang de feu. C’est là la seconde mort. 15Et quiconque ne fut pas inscrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu.
Ciel nouveau, terre nouvelle.
Jérusalem céleste.
Récompense des saints ; supplice des réprouvés.
Description de la Jérusalem céleste ; les Apôtres en sont les fondements, Dieu est son temple ; l’Agneau est sa lampe ; rien d’impur n’y entre.
21Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’existait plus. 2Et moi, Jean, je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s’est parée pour son époux. 3Et j’entendis une voix forte venant du trône, qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, comme leur Dieu ; 4et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n’existera plus, et il n’y aura plus ni deuil (mort), ni cri, ni douleur, car ce qui était autrefois a disparu (les premières choses sont passées). 5Alors celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je vais faire toutes choses nouvelles. Et il me dit : Ecris, car ces paroles sont très sûres et vraies. 6Et il me dit : C’est fait. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai gratuitement de la source d’eau vive. 7Celui qui vaincra possédera ces choses, et je serai son Dieu, et il sera mon fils. 8Quant aux lâches (timides) et aux incrédules, et aux abominables, et aux homicides, et aux impudiques (fornicateurs), et aux magiciens (empoisonneurs), et aux idolâtres, et à tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre : ce qui est la seconde mort. 9Alors un des sept anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint à moi, et me parla en disant : Viens et je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau. 10Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. 11Elle avait la gloire (clarté) de Dieu, et l’astre qui l’éclaire (sa lumière) était semblable à une pierre précieuse, à une pierre de jaspe brillante comme du cristal. 12Elle avait une grande et haute muraille, où il y avait douze portes ; et aux portes étaient douze anges, et des noms inscrits, qui sont les noms des douze tribus des enfants d’Israël. 13A l’orient, trois portes ; au nord (septentrion), trois portes ; au midi, trois portes, et au couchant (à l’occident), trois portes. 14Et la muraille de la ville avait douze fondements, et sur ces douze fondements étaient les noms des douze Apôtres de l’Agneau. 15Et celui qui me parlait avait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville, et ses portes, et la muraille. 16Or, la ville est bâtie en carré, et sa longueur est égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau d’or, et il la trouva de douze mille stades ; et (or) sa longueur, et sa hauteur, et sa largeur sont égales. 17Il mesura aussi sa muraille : cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, qui était celle de l’ange. 18La muraille était bâtie en pierre de jaspe, et la ville était d’un or pur, semblable à du verre pur (très clair). 19Et les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de toutes sortes de pierres précieuses. Le premier fondement était du jaspe ; le second, de saphir ; le troisième, de calcédoine ; le quatrième, d’émeraude ; 20le cinquième, de sardonyx ; le sixième, de sardoine ; le septième, de chrysolithe ; le huitième, de béryl ; le neuvième, de topaze ; le dixième, de chrysoprase ; le onzième, d’hyacinthe ; le douzième, d’améthyste. 21Et les douze portes étaient douze perles ; chaque porte était faite d’une seule perle, et la place de la ville était d’un or pur, pareil à du verre transparent. 22Je n’y vis point de temple ; car le Seigneur, le Dieu tout-puissant en est le temple, ainsi que l’Agneau. 23Et la ville n’a pas besoin du soleil, ni de la lune pour qu’ils l’éclairent, car c’est la gloire de Dieu qui l’illumine et l’Agneau en est le flambeau (sa lampe). 24Et les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire et leur honneur. 25Ses portes ne seront pas fermées le jour, car il n’y aura point là de nuit. 26On y apportera la gloire et l’honneur des nations. 27Il n’y entrera rien de souillé, ni personne qui commette l’abomination ou (et) le mensonge, mais seulement ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau.
Suite de la description de la Jérusalem céleste.
Conclusion de ce livre.
Paroles véritables ; heureux qui les garde.
Adorer Dieu.
Prophétie non scellée.
Avènement du Seigneur.
Heureux qui se purifie dans le sang de l’Agneau.
Témoignage de Jésus-Christ ; désir de son avènement.
Ne rien ajouter au livre de l’Apocalypse, n’en rien retrancher.
Avènement promis.
Salut de l’Apôtre.
22Et il me montra un fleuve d’eau vive, limpide (brillant) comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. 2Au milieu de la place de la ville, et des deux côtés du fleuve, était l’arbre de vie, qui porte douze fruits, donnant son fruit chaque mois, et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations. 3Et il n’y aura plus de malédiction ; mais le trône de Dieu et de l’Agneau sera là, et ses serviteurs le serviront. 4Ils verront sa face, et son nom sera (écrit) sur leurs fronts. 5Et il n’y aura plus de nuit, et ils n’auront point besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera ; et ils règneront dans les siècles des siècles. 6Alors il me dit : Ces paroles sont très certaines et vraies ; et le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver sous peu (bientôt). 7Voici, je viens bientôt (promptement). (Bien)Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre. 8C’est moi Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et les avoir vues, je me jetai aux pieds de l’ange qui me les montrait, pour l’adorer. 9Et il me dit : Garde-toi de le faire ; car je suis (un) serviteur comme toi et tes frères les prophètes, et ceux qui gardent les paroles de (la prophétie de) ce livre. Adore Dieu. 10Puis il me dit : Ne scelle pas les paroles de la prophétie de ce livre ; car le temps est proche. 11Que celui qui commet l’injustice, la commette encore ; et que celui qui est souillé, se souille encore ; et que celui qui est juste, pratique encore la justice (devienne plus juste encore) ; et que celui qui est saint, se sanctifie encore. 12Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres. 13Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. 14(Bien)Heureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, afin d’avoir droit à (pouvoir sur) l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville ! 15Dehors les chiens, et les magiciens (empoisonneurs), et les impudiques, et les homicides, et les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge. 16Moi Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Eglises. Je suis le rejeton (la racine) et la postérité de David, l’étoile brillante du matin. 17L’Esprit et l’épouse disent : Viens. Que celui qui entend, dise : Viens. Que celui qui a soif, vienne ; et que celui qui le veut (vient) reçoive de l’eau de la vie gratuitement. 18Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu lui ajoutera à lui les plaies écrites dans ce livre ; 19et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie, et de la ville sainte, et de ce qui est écrit dans ce livre. 20Celui qui rend témoignage de ces choses, dit : Oui, je viens bientôt. Amen ; venez, Seigneur Jésus. 21Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
Notes
1.1 Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. ― Bientôt : « la réalisation des événements annoncés commencera dès la fin du siècle apostolique, pour se continuer dans la suite des âges, jusqu’à ce que le royaume de Dieu ait atteint sa perfection, obtenu son dernier triomphe, au second avènement de Jésus-Christ. » (CRAMPON) ― A Jean, son serviteur. Saint Jean qui ne s’était nommé ni dans son Evangile ni dans ses Epîtres, se nomma dans l’Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le prophète doit attester la réalité et l’authenticité de ses révélations en les signant, pour ainsi dire, de son nom.
1.2 Le témoignage de Jésus-Christ, etc. ; c’est-à-dire qui a rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ.
1.4 Voir Exode, 3, 14. ― Aux sept Eglises. Ces Eglises sont nommées au verset 11.
1.5 Voir 1 Corinthiens, 15, 20 ; Colossiens, 1, 18 ; Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 1, 19 ; 1 Jean, 1, 7.
1.7 Voir Isaïe, 3, 13 ; Matthieu, 24, 30 ; Jude, 1, 14.
1.8 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 13. ― L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
1.9 Pour le témoignage de Jésus-Christ ; c’est-à-dire pour avoir rendu témoignage à Jésus, pour avoir prêché le nom de Jésus. ― Dans l’île de Patmos. Petite île de la mer Egée, l’une des Sporades, à l’est de la Carie, au sud de Samos. Ce n’est qu’un rocher, presque partout aride, de trente milles romains de circonférence. On montre dans l’île une grotte où l’on croit que saint Jean a écrit l’Apocalypse.
1.10 Le Jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine.
1.11 En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une partie de l’Asie Mineure. ― A Ephèse. Voir Actes Apôtres, 18, 19. ― A Smyrne. Voir Apocalypse, 2, 8. ― A Pergame. Voir Apocalypse, 2, 12. ― A Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14. ― A Sardes. Voir Apocalypse, 3, 1. ― A Philadelphie. Voir Apocalypse, 3, 7. ― A Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.
1.12 Sept chandeliers, « symboles des sept Eglises (verset 20) : toute Eglise, comme tout chrétien, doit être « la lumière du monde » (voir Matthieu, 5, 14-15). » (CRAMPON)
1.17 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 22, 13. ― Je suis le premier et le dernier. Voir le verset 8.
1.20 Les sept anges, etc. ; c’est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges visibles de Dieu, ou ses envoyés. Comparer à Malachie, 2, 7.
2.6 Nicolaïtes ; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l’un des sept diacres de Jérusalem, qui fut l’auteur, ou plutôt l’occasion de cette secte.
2.7 Cet arbre de vie au milieu du paradis, c’est Jésus-Christ présent dans le ciel ; le fruit de cet arbre, c’est la possession de Dieu. « L’arbre de vie, planté au milieu du paradis terrestre, et dont les fruits devaient communiquer l’immortalité à nos premiers parents, était le symbole de la communion intime de l’homme avec Dieu, source de la vie véritable : la même image symbolise ici la communication incessamment renouvelée de la vie divine accordée aux élus, l’aliment toujours nouveau de leur éternel amour. » (CRAMPON, 1 885)
2.8 Smyrne, ville ionienne, port de la mer Egée, dans l’Asie Mineure, à 320 stades romains au nord d’Ephèse, célèbre par son commerce.
2.9 Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l’étaient pas, parce que le vrai Juif n’est pas celui qui le paraît au dehors, mais celui qui l’est intérieurement. Voir Romains, 2, 28-29.
2.11 La seconde mort est la damnation éternelle, comme la première est la mort du corps.
2.12 Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caïque et du Cétius, renommée pour son temple d’Esculape et pour sa riche bibliothèque, ainsi que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n’est qu’une altération du nom de Pergame.
2.13 Antipas, d’après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant celui à qui s’adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu’il consomma son martyre dans les flancs d’un taureau d’airain brûlant.
2.14 Voir Nombres, 24, 3 ; 25, 2.
2.18 Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14.
2.19 Tes aumônes ; littéralement, ton ministère ; mot qui, comme on l’a déjà vu, signifie quelquefois la dispensation, la distribution des aumônes. Comparer à 2 Corinthiens, 8, 4 ; 9, vv. 1, 12-13.
2.20 Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu’on avait entraînée dans le parti de l’erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n’être pas véritable, mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d’Achab, roi d’Israël. Crampon dit : « soit une secte personnifiée (celles des Nicolaïtes ?), soit un personnage réel, dont le nom est emprunté à la fameuse reine d’Israël, si ardente à propager l’idolâtrie et à persécuter les serviteurs de Dieu (voir 1 Rois, chapitre 19 et suivants). »
2.23 Voir 1 Samuel, 16, 7 ; Psaumes, 7, 10 ; Jérémie, 11, 20 ; 17, 10 ; 20, 12.
2.26 On voit ici que les saints après leurs morts vivent avec Dieu, et ont puissance sur les contrées et les nations.
2.27 Voir Psaumes, 2, 9.
2.28 C’est Jésus-Christ lui-même qui est l’étoile du matin (voir Apocalypse, 22, 16), qui se lèvera dans nos cœurs (voir 2 Pierre, 1, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous, en nous communiquant l’éclat de sa gloire.
3.1 Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, toute adonnée aux plaisirs, sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait beaucoup de Juifs.
3.2 Tous les restes. Il y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraïsme qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n’admet aucune exception.
3.3 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; 2 Pierre, 3, 10 ; Apocalypse, 16, 15.
3.4 Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour tête, individu, personne. Comparer à Actes des Apôtres, 1, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par hommes le terme grec qui signifie noms.
3.7 Voir Isaïe, 22, 22 ; Job, 12, 14. ― Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le Caïstre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. Depuis l’an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.
3.8 J’ai posé ; littéralement, j’ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux significations.
3.9 Je produirai, je poserai, j’établirai. Voir le verset 8. ― Qui se disent, etc., Voir Apocalypse, 2, 9. ― Qu’ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signifiait souvent un simple hommage de respect.
3.10 La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour précepte. Saint Jean, en effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l’expression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque ; la construction régulière est : Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience.
3.14 Voir Jean, 14, 6. ― Des créatures. Le texte porte au singulier de la créature, mais c’est évidemment un nom collectif ; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres passages, dans le sens de création. ― Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.
3.18 Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité ; ces habits blancs, celui de l’innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (voir Apocalypse, 19, 8), et ce collyre, celui de l’humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaître nos défauts.
3.19 Voir Proverbes, 3, 12 ; Hébreux, 12, 6.
3.20 Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu’il nous donne ; il entre en nous par la charité qu’il répand dans nos cœurs ; il soupe avec nous par les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le grand jour de l’éternité.
4.1 Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, chapitres 4 et 5. « Le chapitre quatrième contient la description du ciel, siège de la grandeur, de la puissance et de la justice divines. C’est là que sont portés tous les arrêts qui s’exécutent sur la terre. On y voit Dieu assis sur son trône, comme sur un tribunal ; au-dessous est une mer de cristal, calme, immense, transparente, comme le firmament. A l’entour sont vingt-quatre vieillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont le titre de prêtres, parce qu’ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacerdoce, qui est d’adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis sur des trônes, parce qu’ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l’essence même de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu’ils sont associés à sa puissance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l’Agneau divin, debout et vivant, mais comme égorgé, portant les marques d’une double immolation, celle qu’il a subie en sa personne et celle qu’il souffre dans son corps mystique. C’est sa mission et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C’est donc lui qui reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins ; qui révèle à saint Jean les événements que celui-ci prédit. Il est, comme le Père, l’objet des adorations de toute créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu’est celle du chapitre premier par rapport aux révélations faites aux évêques des sept Eglises. C’est le prélude des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre. » (L. BACUEZ.)
4.4 Les vingt-quatre vieillards. « Les meilleurs interprètes pensent que ces vingt-quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures, représentent la totalité des élus, en tant qu’appliqués aux louanges de Dieu. Comme ils remplissent l’office principal des prêtres, ils en portent le nom. Ils sont au nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l’ancien peuple. Suivant Bossuet, douze représentent les saints de l’Ancien Testament, issus des patriarches, et douze les saints du Nouveau, dont les Apôtres sont comme les pères. Ils n’ont qu’une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l’Agneau. » (L. BACUEZ.)
4.6 Les quatre animaux symboliques. « La plupart voient en eux une personnification des quatre Evangiles, en tant qu’animant et inspirant les prédicateurs de la foi chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute leur activité, tout leur zèle sont employés à faire connaître les perfections et les desseins de Dieu ; ils sont les dépositaires de tous ses décrets ; ils reflètent toute ses pensées sur l’avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi bien que l’activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation. Ils remplissent le monde des louanges de la majesté divine. ― Pour se former une idée de la cour céleste, telle qu’elle fut montrée à saint Jean, il faut joindre à ce tableau celui de la multitude des élus, tracé au chapitre 7. Rien de plus solennel, de plus animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l’auteur du Te Deum ses plus magnifiques versets. ― Il est impossible de n’être pas frappé du rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, chapitres 4 et 5, et le culte que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l’origine du christianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée céleste dont saint Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres sacrés, de prêtres, vêtus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au milieu, un autel ; sous cet autel, des reliques ; sur l’autel, l’Agneau immolé qui fait office de Médiateur et qui reçoit des adorations ; devant l’autel, des parfums, des prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu’il n’est pas donné à tous de lire et de comprendre. ― Soit que l’Esprit Saint nous donne à entendre par cette vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous les voiles dans nos sanctuaires, soit que l’Eglise de la terre ait pris dans cette vue du ciel, comme Moïse autrefois, l’idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en conclure que nos principales cérémonies remontent à l’origine du christianisme, et qu’elles ont leur sanction dans l’autorité de Dieu » (L. BACUEZ)
4.8 Voir Isaïe, 6, 3. ― Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant trois fois l’adjectif positif.
4.11 « Dans ce chapitre, les chantres célestes louent Dieu à cause de la création, qui a été la première manifestation des perfections divines et le principe de toutes ses grâces. Dans le chapitre suivant, ils loueront Dieu et le Sauveur à cause de la rédemption. » (CRAMPON)
5.1 « On voit apparaître successivement trois groupes de symboles : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes. S’il est manifeste que tous ces symboles ont rapport au même objet, la destruction du monde idolâtre, il ne l’est pas moins que leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe ajoute à la signification du précédent. La levée des sceaux montre que l’arrêt vengeur est porté, sans être encore promulgué ; le son des trompettes est la promulgation de l’arrêt ; l’effusion des coupes sera comme l’application de la peine au coupable. A la dernière, on entendra éclater dans le ciel cette parole : « C’est fait », voir Apocalypse, 16, 17, auquel fait écho le cri de l’Apostat expirant : « Tu as vaincu Galiléen. » ― Il est clair qu’il s’agit de fléaux ou de châtiments divins. Ces fléaux tombent sur l’empire idolâtre comme les plaies d’Egypte sur le royaume de Pharaon. Reste la difficulté d’assigner à chaque signe un sens particulier, ou d’indiquer avec précision à quelle date il s’accomplit, à quel événement il se rapporte. Il nous semble qu’il y a une mesure à garder dans cette détermination, qu’il ne faut pas vouloir tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour objet des faits d’une même époque et parfois les mêmes faits considérés sous divers aspects. Evidemment, c’est moins pour s’accorder avec les faits de l’histoire que pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent d’une manière régulière, en nombre septénaire. « Le nombre sept, dit saint Augustin, est celui de la totalité. » Plusieurs interprètes n’ont pas assez tenu compte de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles une signification particulière, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de précision leur a fait perdre jusqu'à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles, moins précis que frappants. “Prise dans son ensemble, dit P. Lacordaire, la prophétie de saint Jean est d’une extrême clarté ; mais elle échappe aux efforts de ceux qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scènes aux événements accomplis.” » (L. BACUEZ)
5.2 D’en délier les sceaux. Anciennement on scellait les livres, les tablettes, en les enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appliquant le sceau par-dessus. Voir Isaïe, 8, 16.
5.5 A obtenu, etc. ; littéralement : A vaincu, l’a emporté d’ouvrir le livre, pour ouvrir le livre ; c’est-à-dire a été assez puissant pour ouvrir, etc.
5.8 Qui sont les prières des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre.
5.11 Voir Daniel, 7, 10.
5.13 Sur la mer ; c’est le sens de la Vulgate expliquée par le grec.
5.13-14 « Le cantique en l’honneur de la rédemption est chanté d’abord par les rachetés eux-mêmes, les 24 vieillards (versets 8-10) ; ensuite par le chœur innombrable des anges ; puis, plus loin encore, dans les sphères qui embrassent l’univers entier, toutes les créatures le font entendre ; enfin l’harmonie céleste revient au centre par l’amen des quatre animaux, et l’adoration silencieuse des 24 vieillards termine le premier acte de la vision. » (CRAMPON)
6.2-8 Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre le monde à son Evangile ; les quatre chevaux, les jugements et les châtiments qui devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise ; le cheval roux signifie les guerres ; le noir, la famine et le pâle monté par la Mort, les plaies et la peste.
6.6 Deux livres. Le texte original porte deux chœnix. Le chœnix était une mesure de capacité contenant 1 litre 079. ― Le denier valait environ 80 centimes (en 1 900).
6.9 Sous l’autel. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est cet autel sous lequel les âmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos autels.
6.10 Le saint et le véritable. Comparer à Apocalypse, 3, 7. ― Ne ferez-vous point, etc. Les saints ne demandent pas cela par haine de leurs ennemis, mais par zèle pour la gloire de Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la béatitude complète de ses élus.
6.11 Une robe blanche, stolê. Voir Luc, 12, 22.
6.12 Noir comme un sac de poils. Les sacs de deuil dont se servaient ordinairement les prophètes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chèvre, soit de chameau.
6.13 Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un grand vent les fait tomber en abondance.
6.14 Comme un livre roulé. Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier ou de vélin.
6.16 Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.
7.3 Sur le front : « la marque du sceau sera une sauvegarde et contre les tribulations des derniers jours, et contre toute espèce de chute ou de défaillance morale. » (CRAMPON, 1 885)
7.9 Une grande troupe « ou foule immense : il s’agit ici, non plus des élus de Dieu encore sur la terre au sein des épreuves, mais des bienheureux sans nombre, de tous les lieux et de tous les temps, en possession de la gloire du ciel. » (CRAMPON, 1 885)
7.9 ; 7.13 De robes blanches, stolai. Voir Luc, 12, 22.
7.15 Habitera sur eux, il les couvrira comme un pavillon, une tente.
7.16 Voir Isaïe, 49,10.
7.17 Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 21, 4.
8.5 Des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre : « signes avant-coureurs des jugements de Dieu. Ainsi la même cause qui vient de faire monter vers Dieu les prières des saints, demandant justice contre les persécuteurs (voir Apocalypse, 6, 9-11), devient le signe des châtiments divins. » (CRAMPON, 1 885)
8.7 Toute herbe verte ; c’est-à-dire toute sorte d’herbe indistinctement, mais non pas généralement toute l’herbe. ― Comparer à la plaie d’Egypte décrite à Exode, 9, 18-25.
8.8-8.9 Comparer à Exode, 7, 17.
9.1 Une étoile ; c’est-à-dire un grand hérétique. ― Lui fut donnée ; c’est-à-dire fut donnée à l’étoile qui s’en servit pour ouvrir le puits de l’abîme, et non à l’ange. C’est le sens indiqué par la construction même de la phrase. Ajoutons que les quatre anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu’ils laissaient agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. ― « Au son de la cinquième trompette, saint Jean voit d’abord un être sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir l’abîme, demeure des démons et des exécuteurs de la justice divine. La fumée qui s’en échappe donne l’idée d’une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement après, apparaît une multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavaleries armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture rappelle celle de Joël, chapitres 1 et 2, et doit avoir une signification analogue. » (L. BACUEZ.).
9.6 Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.
9.7 Voir Sagesse, 16, 9.
9.7 et suivants « La description qui suit emprunte ses traits aux sauterelles naturelles, mais en les transformant et les agrandissant d’une façon merveilleuse. La tête de ces animaux, semble sortir du thorax, comme celle du cheval sort du plastron qui recouvre son poitrail (voir Job, 39, 20 ; Joël, 2, 4) ; à Naples, on les appelle encore cavaletti, en Allemagne Heupferde, c’est-à-dire chevaux du foin. Elles ont à la tête une protubérance ou crête à reflet d’un jaune vert : c’est le diadème d’or. Cette tête offre, en outre, une vague ressemblance avec le profil du visage humain. Leurs longues antennes rappellent des cheveux de femmes, leur voracité les dents du lion (voir Joël, 1, 6), leur dur thorax une cuirasse de fer. Pour le bruit de leurs ailes, comparer à Joël, 2, 5. » (CRAMPON)
9.13 « Aux quatre coins de l’autel étaient placées quatre cornes, emblèmes de la puissance de la prière et du sacrifice (voir Exode, 30, 3). L’autel d’où part la voix est celui-là même où les prières des saints montaient devant Dieu (voir Apocalypse, 8, verset 3 et suivants) : elles ont été exaucées et ont obtenu de Dieu la plaie qui va être décrite. » (CRAMPON)
9.14 Les quatre anges, « probablement de bons anges, quoiqu’ils soient présentés comme liés ; ce qui lie les anges, dit Bossuet, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. ― L’Euphrate est mis ici par figure : c’est de là que, dans l’Ancien Testament (voir Isaïe, 7, 20 ; 8, 7 ; Jérémie, 46, 10) partaient les armées ennemies pour ravager les Juifs infidèles. » (CRAMPON) ― Le grand fleuve d’Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Mésopotamie et la Babylonie et après s’être mêlé au Tigre, se jette dans le golfe Persique.
10.5 Voir Daniel, 12, 7.
10.6 Disant ; c’est la traduction fidèle de la particule parce que, le discours qui suit étant direct ; la Bible présente des exemples nombreux de cet idiotisme.
10.9 Voir Ezéchiel 3, 1.
11.1-11.2 « Le temple qui est montré à saint Jean n’est certainement pas celui de Jérusalem, détruit depuis longtemps ; c’est l’image de l’Eglise, la cité céleste, le sanctuaire par excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que saint Jean le voit. Il en prend la mesure sur la parole de l’Ange, comme Ezéchiel avait pris la mesure du temple de Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son intégrité, qu’il n’y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des douze tribus. Quant au parvis extérieur, c’est-à-dire ce qui appartient à l’Eglise sans être l’Eglise elle-même, saint Jean n’a pas à le mesurer, parce qu’il est abandonné aux fureurs des Gentils, pour être dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l’essentiel, l’intérieur, la foi, le culte, les choses saintes : rien ne pourra les détruire ni les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversés. » (L. BACUEZ.)
11.2 Hors du temple, en grec naos. Voir Matthieu, 21, 12. ― « La cité sainte, livrée aux Gentils et saccagée par les infidèles, c’est l’Eglise considérée dans sa plus grande extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu’aux demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem ; mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, saint Jean n’aurait pas donné le titre de cité sainte à la ville déicide, si durement châtiée par Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d’un culte réprouvé. D’ailleurs, l’affliction de Jérusalem dure toujours, et celle de cette cité doit cesser après trois ans et demi, quarante-deux mois, mille deux cent soixante et des jours, l’espace de temps que dura en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Elie. » (L. BACUEZ.)
11.3 Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par ces deux témoins Hénoch (voir Genèse, 5, 22 ; Ecclésiastique, 44, 16 ; Hébreux, 11, 5) et Elie, « qui doivent revenir à la fin des temps prêcher aux hommes la pénitence. » (CRAMPON) ― De prophétiser ; littéralement : Et ils prophétiseront ; ce qui est un pur hébraïsme.
11.4 « Allusion à Zacharie, 4, verset 2 et suivants, où deux oliviers figurent à droite et à gauche d’un chandelier, symbolisant Zorobabel et le grand prêtre Jésus (Josué), les défenseurs du peuple de Dieu. Mais ce n’est qu’un simple rapprochement entre deux visions essentiellement différentes. Les témoins du Christ doivent, comme l’olivier, porter l’huile du Saint-Esprit et de sa divine lumière. » (CRAMPON)
11.6 « La première partie de ce verset rappelle clairement Elie (voir 1 Rois, 17, 1 ; comparer à Jacques, 5, 17), la seconde Moïse (voir Exode, 17, 19), celui-ci représentant la Loi, celui-là la prophétie, et par suite l’Evangile. Saint Jean les avait vus tous deux sur le Thabor, témoins de la glorification de Jésus et s’entretenant avec lui de ses souffrances (voir Luc, 9, 30). » (CRAMPON)
11.7 « Dans ces paroles et celles qui suivent, saint Jean décrit la guerre, la mort et la victoire corporelle dans lesquelles Dieu accordera à l’Antéchrist le triomphe sur ces deux prophètes, après leur guerre et leur victoire spirituelle contre lui. L’Antéchrist est ici appelé la bête qui s’élève de l’abîme. Par La bête, saint Jean désigne donc l’Antéchrist, ou le fils de perdition qui apparaîtra dans le monde vers la fin des temps. 1° Il est appelé la bête, à cause de sa vie abominable qu’il passera dans la luxure et la concupiscence des femmes. 2° A cause de sa cruauté sans exemple avec laquelle, comme le farouche léopard, il sévira contre les chrétiens. 3° Une bête féroce dévore et déchire tout ce qu’elle rencontre ; et c’est ainsi que l’Antéchrist dévorera et mutilera toutes choses saintes et sacrées ; il abolira le sacrifice continuel, il foulera aux pieds le Saint des Saints, il ne craindra pas le Dieu de ses pères, et ne s’inquiètera d’aucun dieu (voir Daniel, 11, 37). 4° Comme le destin final de la bête est de naître et de vivre pour être tuée ou périr ; ainsi l’Antéchrist naîtra et sera désigné et choisi pour ne faire que le mal, et pour courir à sa perte ; c’est pour cela qu’il est appelé le fils de perdition. Il est dit que la bête s’élèvera de l’abîme, parce que l’Antéchrist parviendra à [la puissance] par les fraudes les plus sourdes et les plus cachées et par les artifices les plus coupables ; et c’est à l’aide de la puissance des ténèbres, qu’il entrera dans le royaume et s’élèvera par-dessus tout, et ensuite parce qu’il possèdera les trésors d’or, d’argent et de pierreries les plus précieuses qui soient cachées dans les abîmes de la terre et la mer ; et ces trésors lui seront révélés et livrés par le démon Moazim qu’il adorera (voir Daniel, 11, 38). On doit aussi remarquer ici que le verbe s’élever [ou monter] est mis au présent, tandis que les verbes, faire, vaincre et tuer sont au futur ; c’est pour nous apprendre que ce n’est pas dès l’instant de son élévation au trône, qu’il sera permis à l’Antéchrist de sévir contre les deux prophètes, mais seulement après qu’ils auront rendu et terminé leur témoignage de Jésus-Christ. » (HOLZHAUSER)
11.8 « Grande cité, ou grande ville, etc. Ces traits conviennent à Jérusalem (voir Isaïe, 1, 10 ; 3, 9 ; Ezéchiel, 16, 49) ; mais tout, dans ce tableau, étant symbolique, Jérusalem doit l’être aussi : comparer aux versets 9-10. Ce nom signifie donc toute ville, toute contrée de la terre corrompue comme Sodome, rebelle aux ordres de Dieu comme l’Egypte, crucifiant de nouveau Jésus-Christ dans ses membres comme Jérusalem. » (CRAMPON, 1 885). On peut donc penser à la Jérusalem du Temps des Nations : Rome, devenue apostate à la fin des temps.
11.9 De toutes les tribus, etc. Les mots toutes, tous, ne sont pas exprimés dans la Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l’article déterminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., indique, comme en hébreu, l’universalité.
11.11 Mais après trois jours et demi : « allusion à la résurrection du Sauveur. ― Un esprit de vie : comparer à Ezéchiel, 27,10. » (CRAMPON)
11.13 Sept mille hommes ; littéralement, sept mille noms d’homme. Le mot nom, comme on l’a déjà vu (voir Apocalypse, 3, 4), répond dans les énumérations à tête, individu, personne, homme. Etant joint ici au mot homme, il devient pléonastique.
11.18 Le temps de juger les morts ; littéralement, le temps de l’être jugé des morts ; construction hébraïque mise pour : Le temps auquel les morts seront jugés.
12.1 « La femme revêtue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de l’enfantement, c’est l’Eglise. Le soleil dont elle parée, c’est Notre Seigneur, dont elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a lune sous ses pieds, pour montrer qu’elle domine toutes les agitations et les vicissitudes de ce monde. Sur sa tête est une couronne de douze étoiles, parce que sa gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l’enfantement parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu’elle donne naissance à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infidèles. Ce n’est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulèvements de l’enfer qu’elle le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan ; et sa prudence n’empêchera pas le démon d’entraîner dans le même abîme que lui un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison d’appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Etant la reine de l’Eglise, Marie doit en posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l’idée de l’une et de l’autre se présente ici à la fois. » (L. BACUEZ.)
12.3-4 Un grand dragon, « Satan, représenté dans le ciel, parce qu’il y est remonté, en quelque sorte, en se faisant adorer par toute la terre ; roux ou rouge, par allusion soit au feu de l’enfer, soit au sang des martyrs. ― Sept têtes, etc. ; ce sont à peu près les insignes de la bête (voir Apocalypse 13, 1 et chapitre 17), qui tient sa puissance du dragon. ― Des étoiles du ciel, des anges qu’il a entraînés dans sa révolte ; selon d’autres, des fidèles de toute condition, entraînés à leur perte par Satan. » (CRAMPON, 1 885)
12.7 Michel. A cet archange était confiée la conduite du peuple juif ; voir Daniel, 10, 21.
12.9 Diable veut dire calomniateur, et Satan, adversaire.
12.11 Et par la parole de leur témoignage ; c’est-à-dire par la confession qu’ils ont faite de leur foi.
12.14 Des temps ; c’est-à-dire deux temps ; en tout 42 mois (voir Apocalypse, 11, 2), ou 1 260 jours (voir Apocalypse, 11, 3).
12.17 Qui ont le témoignage de Jésus-Christ ; ce que l’on explique généralement par : Ceux qui ont conservé fidèlement le témoignage qu’ils ont rendu à Jésus-Christ, qui sont demeurés fermes dans la confession qu’ils ont faite de Jésus-Christ. Comparer au verset 11.
13.1 Une bête : « une puissance de ce monde, un empire dominateur, opposé à Dieu et à son Christ ; l’image est empruntée à l’empire romain. D’autres : l’Antéchrist. Les sept têtes sont des rois ou royaumes (voir Apocalypse, note, 17.10-13). » (CRAMPON)
13.2 Voir Apocalypse, note 11.7.
13.3 Une de ses têtes, etc. « La signification de ce trait est obscure ; quelque événement de l’avenir en donnera sans doute l’explication. » (CRAMPON)
13.4 Ils ; c’est-à-dire les habitants de la terre. Comparer au verset 8.
13.8 Qui a été immolé dès l’origine du monde ; soit par rapport au décret éternel de sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l’Ancien Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dès le commencement du monde. D’autres, en vertu d’une hyperbate assez ordinaire au style biblique, traduisent : Dont les noms ne sont pas écrits dès l’origine du monde dans le livre de l’Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de saint Jean lui-même, qui dit, voir Apocalypse, 17, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde.
13.11 Cornelius a Lapide (1 565-1 637) écrit ceci : « Saint Ambroise, Tertullien et d’autres… entendent par cette Bête un insigne imposteur qui sera comme un précurseur et un héraut de l’Antéchrist, comme saint Jean-Baptiste le fut du Christ… Joseph Acosta (De temp. Noviss. II, 17) dit : Ces deux cornes sont celles de la dignité épiscopale, celle de la mitre [qui est en effet bicorne]. Il semblerait donc que ce pseudo-prophète sera un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, traître à l’état ecclésiastique, qui propagera dans le peuple par ses discours le venin du dragon. » (Corn. In Apoc., XIII, 11). Saint Thomas d’Aquin (opuscule 68) précise : « Cela revient à dire : Sa doctrine avait la ressemblance de celle de l’Agneau, à savoir le Christ… mais en réalité il s’agissait des cornes du diable, c’est-à-dire de sa doctrine fétide… » ― « “Et elle parlait comme le Dragon”. Celle qui, chrétienne seulement par le nom, présente l’agneau pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Eglise hérétique ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de l’agneau si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien, afin de tromper plus sûrement les imprudents ; c’est pour cela que le Seigneur a dit : “Méfiez-vous des faux prophètes” (voir Matthieu, 7, 15). » (Saint Césaire d’Arles) ― « Ses cornes sont semblables à celles d’un agneau ; elle n’a pas recours à la force matérielle ; mais son langage est celui d’un serpent : ses armes sont la ruse et la séduction. » (CRAMPON, 1 885) ― « Cette bête qui s’élèvera de terre est un faux prophète (voir Apocalypse, 16, 13 ; 19, 20 ; 20, 10) qui annoncera le fils de perdition comme étant le Christ, et il en sera le bras duquel l’Antéchrist opérera des choses surprenantes tant par des signes que par la puissance de ses armes. (…) Il est dit que cette bête aura deux cornes semblables à celles de l’Agneau, parce qu’elle sera un chrétien apostat et qu’elle s’élèvera secrètement et frauduleusement. Elle (…) occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint Pierre (…). Alors l’Eglise sera dispersée dans les solitudes et les lieux déserts, (…) parce que le pasteur aura été frappé, et que les brebis seront dispersées. Car il en sera de même qu’au temps de la Passion de Notre Seigneur. L’Eglise latine sera déchirée, et à l’exception des élus, il y aura défection totale de la foi. (…) « (HOLZHAUSER)
13.16 Les païens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.
13.18 Son nombre est 666. « Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était d’autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérale. De là ces mots : « Son chiffre est 666, » c’est-à-dire on trouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce nom ? Evidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu’on rapprochait de Titus, Ουλπιανος, Ulpianus, prénom de Trajan, Λντιμος, Honori contrarius, Λαμπετις, Splendidus, ο Νιχητης, Victor, Αμνος αδιχος, Agnus nocens, Καχος οδηγος, malus dux, Γενσηριχος, Genséric, Gentium seductor, Αποστατης, Apostata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus, en hébreu et en grec : Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diocles Augustus, en latin ; etc. ― Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique ; que le nombre 6, symbole du jour de l’homme, indique l’imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du jour de Dieu, indique la perfection de l’éternité. D’où ils déduisent que 666, nombre de l’Antéchrist, signifie l’imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, signifie la perfection à la plus haute puissance. » (L. BACUEZ.)
14.3 Qui ont été achetés de la terre ; c’est-à-dire qui, au prix du sang de l’Agneau, ont été rachetés, de manière qu’en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume.
14.7 Voir Psaumes, 145, 6 ; Actes des Apôtres, 14, 14.
14.8 Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8. ― Cette grande Babylone, Rome.
14.15 Voir Joël, 3, 13 ; Matthieu, 13, 39. ― Jette ta faux. L’expression jeter, ou envoyer, mettre la faux, s’emploie dans les textes hébreu et grec aussi bien que dans la Vulgate, pour dire faucher la moisson. ― La moisson est sèche ; c’est-à-dire qu’elle est mûre.
15.2 Des harpes de Dieu ; c’est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans le temple pour le service divin ; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de Dieu ; ce qui serait un superlatif hébreu.
15.4 Voir Jérémie, 10, 7.
16.8 Par l’ardeur du feu ; littéralement : Par l’ardeur et par le feu ; figure grammaticale en usage chez les Grecs aussi bien que chez les Hébreux.
16.12 L’Euphrate. Voir Apocalypse, 9, 14.
16.15 Voir Matthieu, 24, 43 ; Luc, 12, 39 ; Apocalypse, 3, 3. ― Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs.
16.16 C’est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les rois. ― Armagédon ; c’est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Mageddo, ville située au pied du mont Carmel, célèbre par deux sanglants combats (voir Juges, 1, 27 ; 5, 19 ; 2 Rois, 9, 27 ; 23, 29). Mais ce mot a tant de variantes, qu’il est impossible d’en connaître la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification.
16.17 C’est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs de son Eglise est accompli. Comparer à Apocalypse, 21, 6.
16.21 Grosse comme un talent ; pour dire d’une grosseur extraordinaire, prodigieuse ; le talent étant le poids le plus fort.
17.1-5 La grande Babylone. « Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c’est bien la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant l’empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et à cet empire que la plupart des interprètes appliquent ce chapitre. Ceux qui reportent à la fin des temps les événements annoncés par les visions de l’Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, saint Jean n’emprunte que ses couleurs et ses traits à la Rome des Césars, et ce n’est pas elle qu’il a réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui sera, dans les derniers jours du monde, l’a capitale du dernier empire antichrétien. Comparer à Apocalypse, 14, 8. ― Assise sur les grandes eaux : trait emprunté à la Babylone historique située sur l’Euphrate, (voir Jérémie, 51, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (verset 15), sur lesquels règne la prostituée. » (Chanoine CRAMPON, 1 885) ― « Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu’elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête [étant préfigurée par] l’empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de l’idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l’on peut dire que tout le monde aujourd’hui la reconnaît (…). ― Que cette femme représente une ville, saint Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu’elle a sept montagnes et sept rois, qu’elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome n’était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n’a été désignée ainsi. ― Cette grande ville est représentée comme le principal soutien de l’idolâtrie, comme une source d’erreurs et de dépravation pour l’univers entier. Elle est pleine d’abominations et d’impuretés, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens. Elle est couverte d’inscriptions sacrilèges et blasphématoires. C’est une Nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour l’orgueil, la puissance et l’impiété. Elle persécute le christianisme ; elle s’enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est répandu par elle. ― Qui pourrait méconnaître à ces traits la Rome des empereurs, telle qu’était sous Domitien, au moment du martyre de saint Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l’appelait aussi Sodome ou l’Egypte. Non contente de professer l’idolâtrie, elle s’attribuait à elle-même la divinité. ― Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien que dans les provinces. ― Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irrécusable. ― Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l’ancienne, pour ne jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu’elle opprimait, à passer par le fer et par le feu, come un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l’effroi, la stupeur, la désolation, mais en même temps être le signal du triomphe de l’Eglise dans le monde entier. Les chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la corruption. ― Il suffit d’avoir lu l’histoire du quatrième et du cinquième siècle pour reconnaître dans la ruine de Rome [la parfaite préfiguration] de ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l’empire finit par disparaître sous ses débris avec ses dieux et ses temples. L’empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu’un petit nombre de chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place des ruines de l’ancienne. » (L. BACUEZ.)
17.10-13 « Bisping et les partisans de l’interprétation eschatologique [disent ceci] : les sept têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l’histoire, ont fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Egyptiens, Assyriens, Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains. Etats modernes sortis de la Révolution ou imbus de ses principes. Quand l’élément antichrétien aura atteint son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas l’un d’eux, comme on traduit souvent), c’est-à-dire une puissance mondaine, qui résumera en elle et portera au suprême degré l’impiété des sept premières. Les dix cornes désignent les divers Etats de la fin des temps, Etats non indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l’Antéchrist (la bête. Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô, nondum). Voilà pourquoi elles ne portent pas de couronnes (comparer à Apocalypse 13, 1). Leurs pouvoir durera une heure, c’est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l’Agneau (verset 14 : cette victoire de l’Agneau est décrite au chapitre 19). » (CRAMPON, 1 885)
17.12 Pour une heure ; pendant une heure ; d’autres traduisent : A la même heure, dans une même heure ; mais la première interprétation est plus conforme au texte sacré.
17.14 Voir 1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 19, 16.
17.15 Des peuples, des nations et des langues : « ces expressions amoncelées ont pour but de montrer Rome comme le centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de la terre. » (CRAMPON, 1 885)
17.18 La grande ville, Rome. « La Rome des Césars [préfigurant] une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome des Césars était une autre Babylone. » (CRAMPON, 1 885)
18.2 Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8 ; Apocalypse, 14, 8.
18.6 Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité.
18.7 Voir Isaïe, 47, 8.
18.12 Tous les bois odorants. Le texte les appelle bois de thyin. C’était un bois odoriférant, célèbre chez les anciens qui croissait dans l’oasis de Jupiter Ammon, dans la Cyrénaïque et en Mauritanie. Les Romains l’appelaient citronnier. C’est le cèdre blanc désigné sous le nom de cupressus thyioides.
18.13 L’expression âmes d’hommes se prend dans l’Ecriture tantôt pour esclaves, tantôt pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes les hommes libres ; car on vend tout, esclaves et libres, dans une ville d’un si grand abord. »
18.14 Tout ce qu’il y a d’exquis ; littéralement, toutes les choses grasses. Les Hébreux désignaient par graisse, ce qui est gras, non seulement les meilleures productions de la terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu’offrent une table bien servie et un festin splendide.
18.17 Le lac est évidemment ici un nom collectif exprimant tous les lacs avoisinant la ville, et lui fournissant le poisson.
18.20 Dieu vous a fait pleinement justice d’elle ; littéralement : Dieu a jugé votre jugement par rapport à elle. Nous avons déjà fait remarquer que ce genre de répétition, dans toutes les langues, a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours. Ainsi le sens est : Dieu vous a vengés de tout le mal qu’elle vous a fait.
18.21 Comme une grande meule : le châtiment prononcé par le Sauveur contre ceux qui ont donné du scandale. Voir Matthieu, 18, 6.
19.3 Et sa fumée ; c’est-à-dire la fumée de son embrasement.
19.8 Les justifications des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes deviennent justes et saints.
19.9 Voir Matthieu, 22, 2 ; Luc, 14, 16.
19.13 Voir Isaïe, 63, 1.
19.15 Voir Psaumes, 2, 9.
19.16 Voir 1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 17, 14.
19.19-21 La bête « qui était montée de l’abîme (voir Apocalypse 17, 3-8), l’Antéchrist, avec les dix rois (voir Apocalypse, 17, verset 12 et suivants) et leurs armées. ― Le faux prophète, la bête à deux cornes d’Apocalypse, 13, verset 11 et suivants. Comparer à Apocalypse, 16, 13. ― Tous les autres, les partisans de l’Antéchrist, les rois, les généraux et les puissants du verset 18 avec les armées du verset 19. » (CRAMPON, 1 885) La guerre signifie la conspiration des puissances humaines contre l’Eglise. L’ultime bataille générale, inspirée par Satan et conduite par l’Antéchrist, signifie la dernière coalition ennemie qui se terminera, par la victoire du Christ, dans le jugement universel.
20.1-6 « Règneront avec lui pendant mille ans. D’après ce qui précède, nous pouvons nous figurer ce règne de mille ans, prélude à la gloire définitive, comme une réalisation plus complète de l’adveniat regnum tuum (que ton règne vienne) de l’oraison dominicale. L’Eglise a remporté une grande victoire sur Satan (verset 2) et sur le monde, dont le prince des ténèbres ne peut plus faire l’instrument de ses séductions. Sans doute, la lutte entre l’esprit et la chair n’a pas cessé ; les enfants de Dieu marchent encore dans la foi, non dans la claire vision : ils sont encore des pèlerins ici-bas ; la mort exige encore sa solde. Mais une effusion plus abondante des dons de l’Esprit-Saint est répandue dans les âmes ; les combats de la vertu sont moins rudes, plus souvent victorieux. Durant cette ère de paix, le christianisme étend partout son action ; il pénètre de son esprit les arts, les sciences, toutes les relations sociales. Plusieurs appliquent à cette période de bénédiction les riants tableaux d’Isaïe (11, 6-9 ; 30, 6 ; 65, 20) et de Daniel (2, 35-44 ; 7, verset 13 et suivants). Pendant les premiers siècles de l’Eglise, le millénarisme fut conçu comme le retour glorieux de Jésus-Christ venant régner sur la terre avec ses saints pendant mille ans avant le jugement général. Cette attente était commune, nous pourrions dire populaire parmi les premiers fidèles (Papias, saint Justin, saint Irénée, Tertullien, etc.) ; elle les soutient et les console sous le feu de la persécution. [Hélas] des hérétiques y mêlèrent des idées grossières qui la firent bien vite rejeter. Dès le temps de saint Jérôme, [on pensa autrement] : c’est du haut du ciel avec ses Saints, et non pas visiblement présent sur la terre, que Jésus-Christ, d’après saint Jean, doit régner pendant mille ans, et ce règne doit précéder le second avènement, sans se confondre avec lui. Saint Augustin, après quelques hésitations, finit par voir dans le règne de mille ans toute la durée de l’existence terrestre de l’Eglise (de Civit. Dei, XX, VII, 13). Bossuet le fait commencer avec Jésus-Christ et finir en l’an mille. D’autres le placent entre Charlemagne et la Révolution française. Nous pensons, avec Bisping, que le millénium n’a pas encore fait son apparition. » (Chanoine CRAMPON, 1 885)
20.2 Qui est le diable et Satan. Voir Apocalypse, 12, 9.
20.4 A cause du témoignage, etc. ; c’est-à-dire parce qu’ils ont rendu témoignage à Jésus-Christ, qu’ils ont prêché son nom et la parole de Dieu. Comparer à Apocalypse, 1, 9.
20.6 Celui qui ; est, par un pur hébraïsme, pour chacun de ceux qui ; voilà pourquoi on trouve immédiatement après le pluriel sur eux, ils seront, etc.
20.7 Voir Ezéchiel, 39, 2. ― Sous le nom de Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d’Ezéchiel, saint Jean désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Eglise.
21.1 Voir Isaïe, 65, 17 ; 66, 22 ; 2 Pierre, 3, 13.
21.4 Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 7, 17.
21.5 Voir Isaïe, 43, 19 ; 2 Corinthiens, 5, 17.
21.6 C’est fait ; c’est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rapport au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Comparer à Apocalypse, 16, 17. ― L’Alpha et l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
21.16 Douze mille stades : le stade avait 185 mètres.
21.17 Qui est celle de l’ange ; qui est celle dont se servait l’ange pour mesurer. Saint Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici question ne diffèrent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons ordinairement. ― La coudée avait 52 centimètres.
21.23 Voir Isaïe, 60, 19.
21.25 Voir Isaïe, 60, 11.
22.5 Voir Isaïe, 60, 20. ― « Que peut-on conclure de l’Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses circonstances, à sa date ? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu’à fortifier notre foi et à exciter notre vigilance. Il nous apprend peu de choses relativement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l’Apocalypse, qu’il y aura une résurrection générale et un jugement universel, que les méchants seront la proie de l’enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l’abîme, qu’il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l’Eglise sera environnée d’ennemis et en butte à toutes sortes d’attaques, et que ses ennemis seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit des dernières persécutions de l’empire romain, et des séductions causées par la fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvellera alors avec un scandale encore plus grand. Mais c’est à peu près tout ce qu’on peut conclure. Le reste n’est que conjecture ou imagination. ― Sur la date de la fin du monde, en particulier, l’Apocalypse ne fournit qu’une seule donnée, et il en résulte qu’elle doit avoir lieu bien longtemps après la fin des persécutions et la chute de Rome. Entre l’enchaînement de Satan, qui suit la ruine de l’empire, et le jugement dernier, saint Jean place une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son empire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d’années, c’est-à-dire un espace de temps très long, incomparablement plus long que les persécutions, quoique le nombre rond d’un millier ne doive pas s’entendre d’une manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de séduction et d’impiété, qu’on croit devoir être celle de l’Antéchrist, il n’est pas dit que le jugement universel doive la suivre immédiatement. » (L. BACUEZ.)
22.11 Que celui qui fait l’injustice la fasse encore, etc. Ce n’est pas une permission ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le vrai sens est donc : Si l’homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à en subir la peine ; de même que si celui qui est juste le devient encore davantage, il en recevra bientôt la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce genre de construction.
22.13 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 1, vv. 8, 17 ; 21, 6.
22.14 Lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, « emprunté à Apocalypse, 7, 14 : sanctifient leur vie. Une variante très autorisée porte : pratiquent ces (ses ?) commandements. ― Par les portes : comparer à Genèse, 3, 24. » (CRAMPON)
22.15 Loin d’ici les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde ; on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur pour quelqu’un que de l’appeler chien. Voir Philippiens, 3, 2 ; Matthieu, 7, 6. ― Le mensonge : comparer à Apocalypse, 21, 8.
22.16 Je suis la racine ; en tant que créateur et source de la vie. ― La race ; c’est-à-dire le descendant.
22.17 Voir Isaïe, 55, 1. ― L’Esprit de Dieu dans le cœur des fidèles (voir Romains, 8, vv. 15-16, 26) et l’Epouse, c’est-à-dire l’Eglise du Sauveur (voir Apocalypse, 21, vv. 2, 9) lui répondent en soupirant après son glorieux retour : Venez. ― Eau de la vie : comparer à 1 Jean, 4, 14 ; 7, 37 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 1.
22.19 De ce qui est écrit dans ce livre ; c’est-à-dire des promesses qui sont contenues dans ce livre.
Celui : « Jésus-Christ, avant de prendre congé du Voyant, confirme l’espérance de l’Eglise par ces mots : oui, je viens bientôt ; à quoi Jean répond au nom de l’Eglise : Venez, etc. » (CRAMPON)