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INTRODUCTION

AU LIVRE D’ESTHER





L’auteur du livre d’Esther est inconnu. Le Talmud l’attribue à la grande Synagogue ; Clément d’Alexandrie, Aben Esra, etc., à Mardochée. Esther, 9, 20, semble appuyer cette dernière opinion, mais le verset 31 du même chapitre prouve que la fin, du moins, n’est pas de lui. On peut cependant admettre que la plus grande partie de cette histoire a été rédigée par Mardochée.

Ce qui est certain, c’est que la forme même du récit suppose que l’empire perse est encore debout, car le narrateur en connaît parfaitement les coutumes, ainsi que les habitudes et la cour ; il en appelle de plus aux annales des Mèdes et des Perses, voir Esther, 10, 2. Il écrivait donc en Perse, à Suse même ; ce qui est confirmé, en outre, par l’absence d’allusions à Juda et à Jérusalem ; on ne peut même douter qu’il n’ait vécu à la cour, à cause des détails circonstanciés qu’il donne sur le grand banquet d’Assuérus, de la connaissance qu’il a des noms des grands officiers et des eunuques, de la femme et des enfants d’Aman, etc.

Le style, dans le texte original, est simple et généralement pur, mélangé seulement de quelques mots perses et de quelques expressions araméennes comme on en on trouve dans Esdras et dans certaines parties des Paralipomènes.

Le nom de Dieu ne se trouve pas une seule fois dans la partie protocanonique du livre d’Esther, peut-être parce qu’elle fut écrite à Suse, au milieu des païens ; mais s’il n’y est pas nommé, il paraît partout ; c’est sa Providence qui dispose tous les événements et qui fait triompher les Juifs des pièges de leurs ennemis.

A la fin du livre d’Esther, saint Jérôme a placé un certain nombre de fragments dont nous ne possédons plus le texte original ; ils se lisent dans la Bible grecque, et ils avaient été traduits, de cette dernière source, dans l’ancienne Italique. Ces fragments sont rejetés par les protestants comme apocryphes. Ils forment la partie deutérocanonique du livre d’Esther et on y lit plusieurs fois le nom de Dieu. L’Eglise les range parmi les récits inspirés, de même que les autres parties de la Sainte Ecriture.

La scène se passe à la cour d’Assuérus (hébreu Akhaschvérosch). Assuérus est Xerxès Ier, fils de Darius Ier, fils d’Hystaspe, qui régna de l’an 485 à l’an 465 avant Jésus-Christ. La forme hébraïque Akhaschvérosch correspond à la forme perse Kschayarscha, en la faisant précéder de l’aleph prosthétique. Ce qui est dit de l’étendue de l’empire perse, des usages de la cour et enfin de l’humeur capricieuse d’Assuérus, convient parfaitement à Xerxès. Les auteurs grecs et latins, en citant d’autres traits de son caractère, nous le présentent sous le même jour que l’écrivain hébreu : sensuel, vindicatif, cruel, extravagant.

Assuérus régnait depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie, sur 127 provinces, qu’il ne faut pas confondre avec les 20 satrapes que Darius, fils d’Hystaspe, avait établies dans ses Etats. Les provinces étaient les subdivisions géographiques et ethnographiques de l’empire ; les satrapes étaient une division administrative plus générale, faite en vue du prélèvement des tributs.

Au moment où commence le récit, Assuérus est à Suse, capitale de la province de Susiane, ville forte, où le roi des Perses passait plusieurs mois de l’année. La troisième année de son règne, en 482 avant Jésus-Christ, il donna un splendide festin à tous les grands de son royaume, pendant cent quatre-vingt jours, ce qu’il faut entendre en ce sens qu’ils vinrent les uns après les autres et que des premiers aux derniers invités, il s’écoula un espace de cent quatre-vingt jours.

La reine Vasthi, en ancien perse, Vahista, excellente, donna aussi un banquet à ses femmes. La reine prenait d’ordinaire ses repas avec le roi, mais non dans les festins publics. Assuérus lui ordonna de venir montrer sa beauté à ses convives, elle refusa, non sans raison, de paraître devant des gens ivres. Le message lui avait été apporté par les sept eunuques, dont le nombre correspond à celui des sept Amschaspands. Le roi, irrité de sa désobéissance, la répudia.

Par une permission particulière de la Providence, une Juive, nommé Edissa, myrte, qui prit le nom perse d’Esther ou Astre, remplaça comme reine la fière Vasthi, en 479 ou 478. C’était la nièce de Mardochée. Dieu préparait ainsi la délivrance des Juifs, comme on va le voir dans le récit sacré.

Livre d’Esther



Festin donné par Assuérus.

La reine Vasthi refuse d’y venir.

Assuérus la répudie.


1Au temps d’Assuérus, qui régna depuis les Indes jusqu’à l’Ethiopie, sur cent vingt-sept provinces, 2lorsqu’il s’assit sur le trône de son royaume, Suse était la capitale (première ville) de son empire. 3La troisième année de son règne il fit un festin magnifique à tous les princes et à ses serviteurs, aux plus braves d’entre les Perses et les (aux illustres des) Mèdes, et aux gouverneurs des provinces, étant lui-même présent, 4pour montrer la gloire et les richesses de son empire, et la grandeur et l’éclat (le faste) de sa puissance. Ce festin dura longtemps, pendant cent quatre-vingts jours. 5Et lorsque les jours de ce festin s’achevaient, le roi invita tout le peuple qui se trouva dans Suse, depuis le plus grand jusqu’au plus petit ; et il ordonna qu’on préparât un festin pendant sept jours dans le vestibule de son jardin, et d’un parc qui avait été planté de la main des rois, avec une magnificence royale. 6On avait tendu de tous côtés des tapisseries de fin lin, de couleur (de) bleu céleste et d’hyacinthe, qui étaient soutenues par des cordons de lin et de pourpre, passés dans des anneaux d’ivoire, et attachés à des colonnes de marbre. Des lits d’or et d’argent étaient rangés en ordre sur un pavé de porphyre (d’émeraude) et de marbre blanc (de Paros), qui était embelli de plusieurs figures avec une admirable variété. 7Ceux qui avaient été invités buvaient dans des coupes d’or, et les mets étaient servis dans des vases (plats) de différentes formes. On y présentait aussi d’excellents vins, et en grande abondance, comme il convenait à la magnificence royale. 8Nul ne contraignait à boire ceux qui ne le voulaient pas, mais le roi avait ordonné que l’un des grands de sa cour présidât à chaque table, afin que chacun prît ce qu’il lui plairait (voudrait). 9La reine Vasthi fit aussi un festin aux femmes dans le palais que le roi Assuérus avait coutume d’habiter. 10(Ainsi) Le septième jour, lorsque le roi était plus gai qu’à l’ordinaire, et dans la chaleur du vin qu’il avait bu avec excès, il commanda à Maümam, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zéthar et Charchas, les sept eunuques qui servaient en sa présence, 11de faire venir devant le roi la reine Vasthi, avec le diadème sur sa tête, pour montrer sa beauté à tous ses peuples et aux princes, car elle était extrêmement (très) belle. 12Mais elle refusa, et dédaigna de venir selon le commandement que le roi lui en avait fait par ses eunuques. Alors le roi, irrité et tout transporté de fureur, 13consulta les sages qui étaient toujours auprès de lui, selon la coutume royale, et par le conseil desquels il faisait toutes choses, parce qu’ils savaient les lois et les ordonnances anciennes. 14(Or) Les premiers et les plus proches du roi étaient Charséna, Séthar, Admatha, Tharsis, Marés, Marsana et Mamuchan, (les) sept princes (chefs) des Perses et des Mèdes, qui voyaient la face du roi, et qui avaient coutume de s’asseoir les premiers après lui. 15Il leur demanda quelle peine méritait la reine Vasthi, qui n’avait pas obéi à l’ordre que le roi lui avait transmis par ses eunuques. 16Et Mamuchan répondit en présence du roi et des princes : La reine Vasthi n’a pas seulement offensé le roi, mais encore tous les peuples, et tous les princes (grands) qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus. 17Car cette conduite (parole) de la reine sera connue de toutes les femmes, qui mépriseront leurs maris, en disant : Le roi Assuérus a commandé à la reine Vasthi de se présenter devant lui, et elle s’y est refusée. 18Et à son imitation les femmes de tous les princes des Perses et des Mèdes mépriseront les ordres de leurs maris. Ainsi la colère du roi est juste. 19Si donc vous l’agréez, qu’il se fasse un édit par votre ordre, et qu’il soit écrit, selon la loi des Perses et des Mèdes, qu’il n’est pas permis de violer, que la reine Vasthi ne paraîtra plus devant le roi ; mais qu’une autre, qui en sera plus digne qu’elle, recevra sa dignité de reine. 20Et que cet édit soit publié dans toute l’étendue des provinces de votre empire, afin que toutes les femmes, tant des grands que des petits, rendent honneur à leurs maris. 21Ce conseil plut au roi et aux princes ; et le roi se conforma à l’avis de Mamuchan. 22Et il envoya des lettres à toutes les provinces de son royaume en diverses langues et écritures, selon que les divers peuples pouvaient les comprendre et les lire, ordonnant que les maris fussent les maîtres et les chefs dans leurs maisons, et que cet édit fût publié parmi tous les peuples.


Esther devient l’épouse d’Assuérus.

Mardochée découvre la conspiration de deux eunuques.


2Ces choses s’étant ainsi passées, lorsque la colère du roi Assuérus se fut calmée, il se ressouvint de Vasthi, et de ce qu’elle avait fait, et de ce qu’elle avait souffert. 2Alors les serviteurs et les ministres du roi lui dirent : Qu’on cherche pour le roi des jeunes filles, vierges et belles, 3et qu’on envoie dans toutes les provinces des officiers qui découvriront les plus belles d’entre les jeunes filles vierges, pour les amener dans la ville de Suse, et les mettre dans le palais (la maison) des femmes sous la conduite de l’eunuque Egée, qui est chargé de garder les femmes du roi ; là elles recevront tout ce qui leur est nécessaire, tant pour leur parure que pour leurs autres besoins ; 4et celle qui plaira davantage aux yeux du roi sera reine à la place de Vasthi. Cet avis plut au roi, et il leur ordonna de faire ce qu’ils lui avaient conseillé. 5Il y avait alors dans la ville de Suse un Juif, nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméi, fils de Cis, de la race de Jémini, 6qui avait été emmené de Jérusalem au temps où Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait déporté Jéchonias, roi de Juda. 7Il avait élevé auprès de lui la fille de son frère, Edissa, qui portait aussi le nom d’Esther. Elle avait perdu son père et sa mère. Elle était parfaitement (très) belle et avait un visage très gracieux. Après la mort de son père et de sa mère, Mardochée l’avait adoptée pour sa fille. 8Lorsqu’on eut publié cette ordonnance du roi, et que, d’après cet édit, beaucoup de belles jeunes filles (vierges) eussent été amenées à Suse et confiées à l’eunuque Egée, Esther lui fut aussi confiée avec les autres jeunes filles, afin qu’elle fût mise au nombre des femmes (destinées au roi). 9Elle lui plut, et trouva gce devant lui. Et il ordonna à l’eunuque de lui préparer promptement sa parure, et de lui donner sa part d’aliments et sept jeunes filles très belles de la maison du roi, et de la parer et de la soigner, elle et ses suivantes. 10Elle ne voulut pas lui indiquer son pays et sa patrie, parce que Mardochée lui avait ordonné de tenir ces détails très secrets (garder entièrement le silence sur cela). 11Il se promenait tous les jours devant le vestibule de la maison où étaient gardées les vierges choisies, se mettant en peine de l’état (du salut) d’Esther, et voulant savoir ce qui lui arriverait. 12Or, lorsque le temps de ces jeunes filles était venu, elles étaient présentées au roi chacune à son tour, après avoir accompli, pendant l’espace de douze mois, tout ce qui concernait leur parure ; durant les six premiers mois elles employaient une onction d’huile de myrrhe, et pendant les six autres, divers parfums et aromates. 13Et lorsqu’elles entraient auprès du roi, on leur donnait tout ce qu’elles demandaient pour se parer, et elles passaient de l’appartement des femmes à la chambre du roi ornées comme elles l’avaient désiré. 14Celle qui y était entrée le soir en sortait le matin, et, de là, elle était conduite dans d’autres appartements, ou demeuraient les concubines du roi, sous la surveillance de l’eunuque Susagazi ; et elle ne pouvait plus revenir auprès du roi, à moins que lui-même ne le voulût, et qu’il ne l’eût demandée nommément. 15Après donc qu’il se fut écoulé quelque temps, le jour vint où Esther, fille d’Abihaïl, frère de Mardochée, que celui-ci avait adoptée pour sa fille, devait être à son tour présentée au roi. Elle ne demanda rien (d’extraordinaire) pour se parer ; mais l’eunuque Egée, gardien des jeunes filles, lui donna comme parure tout ce qu’il voulut. Car elle était très bien faite, et son incroyable beauté la rendait aimable et agréable aux yeux de tous. 16Elle fut donc conduite à la chambre du roi Assuérus, au dixième mois, nommé Tébeth, la septième année de son règne. 17Et (Or) le roi l’aima plus que toutes ses femmes, et elle obtient grâce et faveur devant lui plus que toutes ses femmes. Et il mit sur sa tête le diadème royal, et il la fit reine à la place de Vasthi. 18Et le roi ordonna qu’on fît un festin très magnifique à tous les princes et à tous ses serviteurs pour le mariage et les noces d’Esther. Et il accorda du repos à toutes ses provinces, et il fit des présents (largesses) d’une magnificence princière. 19Et lorsqu’on chercha et qu’on rassembla pour la seconde fois des jeunes filles (vierges), Mardochée était encore à la porte du roi. 20Et Esther n’avait (encore) révélé ni son pays ni son peuple, selon l’ordre de Mardochée. Car Esther observait tout ce qu’il lui ordonnait, et elle agissait en tout comme elle avait coutume de faire au temps où il la nourrissait petite enfant. 21Au temps donc où Mardochée demeurait à la porte du roi, Bagathan et Tharès, deux eunuques du roi, gardiens des portes et qui commandaient à la première entrée du palais, voulurent dans un mouvement de colère, s’insurger contre le roi et le tuer. 22Mardochée en eut connaissance, et il l’annonça aussitôt à la reine Esther, et celle-ci au roi, au nom de Mardochée, de qui elle l’avait appris. 23On fit l’instruction, et la chose fut prouvée ; et ils furent l’un et l’autre pendus à la potence, et ceci fut écrit dans les histoires et marqué dans les annales en présence du roi.


Elévation d’Aman.

Sa haine contre Mardochée.

Il obtient un édit du roi pour faire mourir tous les Juifs, sujets d’Assuérus.


3Après cela le roi Assuérus éleva Aman, fils d’Amadathi, qui était de la race d’Agag ; et il plaça son trône au-dessus de tous ceux des princes qu’il avait auprès de lui. 2Et tous les serviteurs du roi qui se tenaient à la porte du palais fléchissaient les genoux et adoraient Aman, car le roi le leur avait commandé. Seul, Mardochée ne fléchissait pas le genou et ne l’adorait pas. 3Et les serviteurs du roi qui commandaient à la porte du palais lui dirent : Pourquoi n’observes-tu pas l’ordre du roi comme les autres ? 4Et comme ils lui disaient cela souvent, et qu’il ne voulait pas les écouter, ils en avertirent Aman, voulant savoir s’il persévérerait dans sa résolution ; car il leur avait dit qu’il était Juif. 5Lorsqu’Aman eut entendu cela, et qu’il eut reconnu par expérience que Mardochée ne fléchissait pas le genou devant lui et ne l’adorait pas, il entra dans une violente colère (fut très irrité) ; 6mais il compta pour rien de porter la main seulement sur Mardochée ; et ayant su qu’il était Juif, il aima mieux perdre la nation entière des Juifs qui étaient dans le royaume d’Assuérus. 7La douzième année du règne d’Assuérus, au premier mois nommé Nisan, le sort, qui s’appelle en hébreu phur, fut jeté dans l’urne en présence d’Aman, pour tirer le mois et le jour où l’on devait faire périr la nation juive ; et c’est le douzième mois appelé Adar qui sortit. 8Et Aman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé par toutes les provinces de votre royaume, et divisé lui-même, usant de lois et de cérémonies nouvelles, et, de plus, méprisant les ordres du roi. Et vous savez très bien qu’il est de l’intérêt de votre royaume que la licence ne le rende pas plus insolent encore. 9Ordonnez donc, s’il vous plaît, qu’il périsse, et je payerai (pèserai) dix mille talents aux officiers de votre trésor. 10Alors le roi tira de son doigt l’anneau dont il se servait, et il le donna à Aman, fils d’Amadathi, de la race d’Agag, ennemi des Juifs, 11et il lui dit : Que l’argent que tu (me) promets soit pour toi ; fais du (de ce) peuple ce qu’il te plaira. 12Au premier mois, appelé Nisan, le treizième jour de ce même mois, on fit venir les secrétaires (scribes) du roi, et l’on écrivit au nom du roi Assuérus, selon qu’Aman l’avait ordonné, à tous les satrapes du roi et aux juges des provinces et des diverses nations, de sorte que chaque peuple pût lire et comprendre selon la variété de son langage ; et les lettres furent scellées de l’anneau du roi, 13et envoyées par les courriers du roi dans toutes les provinces, afin qu’on tuât et qu’on exterminât tous les Juifs, depuis l’enfant jusqu’au vieillard, les petits enfants et les femmes, en un même jour, c’est-à-dire le treizième jour du douzième mois, appelé Adar, et qu’on pillât leurs biens. 14C’est ce que contenaient ces lettres, afin que toutes les provinces fussent averties, et qu’elles se tinssent prêtes pour ce jour-là. 15Les courriers qui avaient été envoyés allaient en toute hâte pour exécuter les ordres du roi. Et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse ; et le roi et Aman étaient en festin, et tous les Juifs qui étaient dans la ville pleuraient.


Consternation des Juifs.

Mardochée instruit Esther de ce qui se passait.

Elle se dispose à aller trouver le roi.


4Mardochée, ayant appris ces choses, déchira ses vêtements, se revêtit d’un sac, et se couvrit la tête de cendres ; et il poussait de grands cris dans la place du milieu de la ville, manifestant l’amertume de son cœur (âme). 2Il vint donc, en se lamentant ainsi, jusqu’à la porte du palais ; car il n’était pas permis d’entrer revêtu d’un sac dans le palais du roi. 3Dans toutes les provinces (aussi) et les villes, et dans tous les lieux où était parvenu le cruel édit du roi, il y avait aussi, chez les Juifs, un deuil extrême et des jeûnes, des lamentations et des pleurs, et beaucoup se servaient de sac et de cendre au lieu de lit. 4Or les suivantes d’Esther et ses eunuques vinrent lui apporter ces nouvelles. Elle fut consternée en les apprenant, et elle envoya un vêtement à Mardochée, afin qu’il ôtât son sac et s’en revêtit ; mais il ne voulut pas le recevoir. 5Et elle appela Athach, l’eunuque que le roi lui avait donné pour la servir, et elle lui commanda d’aller auprès de Mardochée, et de savoir de lui pourquoi il agissait ainsi. 6Et Athach alla (aussitôt) vers Mardochée, qui était sur la place de la ville, devant la porte du palais. 7Mardochée lui indiqua tout ce qui était arrivé, et comment Aman avait promis de livrer beaucoup d’argent au trésor du roi pour le (par le moyen du) massacre des Juifs. 8Il lui donna aussi une copie de l’édit qui était affiché dans Suse, pour qu’il la fît voir à la reine ; et pour qu’il l’avertît d’entrer chez le roi, et d’intercéder pour son peuple. 9Athach revint, et rapporta à Esther tout ce qu’avait dit Mardochée. 10Elle lui répondit et lui ordonna de dire à Mardochée : 11Tous les serviteurs du roi et toutes les provinces de son empire savent que qui que ce soit, homme ou femme, qui entre dans la cour intérieure du roi sans y avoir été appelé, est aussitôt mis à mort sans aucun délai, à moins que le roi n’étende vers lui son sceptre d’or en signe de clémence, et qu’il ne lui sauve ainsi la vie. Comment donc pourrais-je entrer chez le roi, moi qui, depuis déjà trente jours, n’ai pas été appelée auprès de lui ? 12Lorsque Mardochée eut entendu cette réponse, 13il envoya dire encore à Esther : Ne croyez pas que vous sauverez seule votre vie d’entre tous les Juifs, parce que vous êtes dans la maison du roi. 14Car si vous vous taisez maintenant, les Juifs seront délivrés par quelque autre moyen, et vous périrez, vous et la maison de votre père. Et qui sait si ce n’est pas pour cela même que vous êtes parvenue à la royauté, afin de pouvoir agir en de tels temps que celui-ci ? 15Alors Esther fit faire de nouveau cette réponse à Mardochée : 16Allez, assemblez tous les Juifs que vous trouverez dans Suse, et priez pour moi. Ne mangez pas et ne buvez pas pendant trois jours et trois nuits, et je jeûnerai de même avec mes servantes, et ensuite j’entrerai chez le roi malgré la loi et sans être appelée, m’abandonnant au péril et à la mort. 17Mardochée s’en alla donc, et il fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné.


Esther se présente devant Assuérus, et le prie de venir au festin qu’elle lui a préparé.

Aman prend la résolution de faire pendre Mardochée.


5Et le troisième jour, Esther se revêtit de ses habits royaux et se présenta dans la cour intérieure de la maison du roi, en face de la chambre du roi. Il était assis sur son trône dans la salle d’audience du palais, en face de la porte de la maison. 2Et lorsqu’il vit la reine Esther debout, elle plut à ses yeux, et il étendit vers elle le sceptre d’or qu’il avait à la main. Esther, s’approchant, baisa l’extrémité du sceptre. 3Et le roi lui dit : Que voulez-vous, reine Esther ? que demandez-vous ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais, 4et elle répondit : S’il plaît au roi, je le supplie de venir aujourd’hui au festin que je lui ai préparé, et Aman avec lui. 5Et le roi dit aussitôt : Qu’on appelle Aman, afin qu’il obéisse à la volonté d’Esther. Le roi et Aman vinrent donc au festin que la reine leur avait préparé. 6Et le roi lui dit après avoir bu beaucoup de vin : Que désirez-vous que je vous donne, et que demandez-vous ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous le donnerais. 7Esther lui répondit : Voici ma demande et ma prière : 8Si j’ai trouvé grâce devant le roi, et s’il lui plaît de m’accorder ce que je demande, et de réaliser ma prière, que le roi et Aman viennent au festin que je leur ai préparé, et demain je déclarerai au roi ce que je souhaite. 9Aman sortit donc ce jour-là content et plein de joie. Mais lorsqu’il vit que Mardochée, qui était assis devant la porte du palais, non seulement ne s’était pas levé devant lui, mais ne s’était pas même remué de la place où il était, il en fut vivement indigné ; 10et, dissimulant sa colère, il retourna chez lui, et convoqua auprès de lui ses amis et Zarès, sa femme. 11Et il leur exposa la grandeur de ses richesses, le grand nombre de ses enfants, et la haute gloire à laquelle le roi l’avait élevé au-dessus de tous ses princes (les grands de sa cour) et de ses serviteurs ; 12et il dit ensuite : La reine Esther n’a invité personne autre que moi au festin qu’elle a fait au roi, et je dois encore dîner demain chez elle avec le roi. 13Mais, quoique j’aie tout cela, je croirai n’avoir rien tant que je verrai le Juif Mardochée assis devant la porte du roi. 14Zarès, sa femme, et tous ses amis lui répondirent : Ordonne qu’on dresse une potence (fort) élevée de cinquante coudées de haut, et demande demain matin au roi que Mardochée y soit pendu, et tu iras ainsi plein de joie au festin avec le roi. Ce conseil lui plut, et il ordonna de préparer une croix gigantesque (fort élevée).


Honneurs rendus à Mardochée.

Confusion d’Aman.


6Le roi passa cette nuit-là sans dormir, et il ordonna qu’on lui apportât les histoires et les annales des temps précédents. Et comme on les lisait devant lui, 2on en vint à ce passage où il était écrit de quelle manière Mardochée avait révélé la conspiration des eunuques Bagathan et Tharès, qui avaient voulu assassiner le roi Assuérus. 3Lorsque le roi eut entendu ces choses, il dit : Quel honneur et quelle récompense Mardochée a-t-il reçus pour cette fidélité ? Ses serviteurs et ses officiers lui dirent : Il n’a reçu absolument aucune récompense. 4Et le roi dit aussitôt : Qui est dans le parvis ? Or Aman était entré dans la cour intérieure de la maison royale, pour suggérer au roi d’ordonner que Mardochée fût attaché à la potence qui lui avait été préparée. 5Les serviteurs répondirent : Aman est dans le parvis (vestibule). Et le roi dit : Qu’il entre. 6Et, lorsqu’il fut entré, le roi lui dit : Que doit-on faire à un homme que le roi désire honorer ? Aman, pensant en lui-même et s’imaginant que le roi n’en voulait pas honorer d’autre que lui, 7répondit : L’homme que le roi veut honorer 8doit être revêtu des habits royaux, placé sur le cheval que le roi monte, et recevoir le (un) diadème royal sur sa tête, 9et il faut que le premier des princes et des dignitaires royaux tienne son cheval, et que, marchant (devant lui) à travers la place de la ville, il crie : Ainsi sera honoré celui qu’il plaira au roi d’honorer. 10Et le roi lui dit : Hâte-toi, prends le vêtement royal (la robe) et le cheval, et ce que tu as dit, fais-le au Juif Mardochée qui est assis à la porte du palais. Prends (bien) garde de ne rien omettre de tout ce que tu viens de dire. 11Aman prit donc le vêtement (la robe) et le cheval. Et ayant revêtu Mardochée dans la place de la ville, et l’ayant fait monter sur le cheval, il marchait devant lui, et criait : C’est ainsi que mérite d’être honoré celui qu’il plaira au roi d’honorer. 12Et Mardochée revint à la porte du palais, et Aman se hâta d’aller à sa maison, désolé et la tête voilée (couverte). 13Et il raconta à Zarès, sa femme, et à ses amis tout ce qui lui était arrivé. Les sages dont il prenait conseil et sa femme lui répondirent : Si ce Mardochée devant lequel tu as commencé de tomber est de la race des Juifs, tu ne pourras lui résister ; mais tu tomberas devant lui. 14Tandis qu’ils parlaient encore, les eunuques du roi survinrent, et l’obligèrent d’aller aussitôt au festin que la reine avait préparé.


Esther découvre au roi l’entreprise d’Aman.

Aman est pendu à la potence qu’il avait fait dresser pour Mardochée.


7Le roi et Aman entrèrent donc pour boire avec la reine. 2Et le roi lui dit encore ce second jour, dans la chaleur du vin : Que me demandez-vous, Esther, et que voulez-vous que je fasse ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais. 3Esther lui répondit : Si j’ai trouvé grâce à vos yeux, ô roi, accordez-moi, s’il vous plaît, ma propre vie, pour laquelle je vous supplie, et celle de mon peuple, pour lequel j’intercède. 4Car nous avons été livrés, moi et mon peuple, pour être foulés aux pieds, pour être égorgés et exterminés. Et plût à Dieu qu’on nous vendît comme esclaves et servantes ! ce serait un mal supportable, et je me tairais en gémissant ; mais maintenant nous avons un ennemi dont la cruauté retombe sur le roi (même). 5Et le roi Assuérus lui répondit : Qui est celui-là, et quelle est sa puissance pour qu’il ose faire cela ? 6Et Esther dit : Notre adversaire et notre ennemi, c’est ce cruel (méchant) Aman. En entendant cela Aman fut tout interdit, ne pouvant supporter les regards du roi et de la reine. 7Mais le roi se leva irrité, et il alla du lieu du festin dans le jardin planté d’arbres. Aman se leva aussi pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie ; car il avait compris que le roi était résolu de le perdre. 8Lorsqu’Assuérus revint du jardin planté d’arbres, et rentra dans le lieu du festin, il trouva qu’Aman s’était jeté sur le lit où était Esther, et il dit : Comment ! il veut faire violence à la reine elle-même, en ma présence, dans ma maison ! (?) A peine cette parole était-elle sortie de la bouche du roi, qu’on couvrit aussitôt le visage d’Aman. 9Et Harbona, l’un des eunuques qui étaient au service du roi, lui dit : Voici, le bois qu’il avait préparé pour Mardochée, qui a donné un avis salutaire au roi, est dans la maison d’Aman, haut de cinquante coudées. Le roi lui dit : Qu’il y soit pendu. 10Aman fut donc pendu à la potence qu’il avait préparée pour Mardochée. Et la colère du roi s’apaisa.


Elévation de Mardochée.

Edit en faveur des Juifs.


8Le même jour, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Aman, ennemi des Juifs, et Mardochée fut présenté au roi. Car Esther lui avait avoué qu’il était son oncle. 2Et le roi ôta son anneau, qu’il avait fait reprendre à Aman, et le donna à Mardochée. Esther, de son côté, fit Mardochée intendant de sa maison. 3Et non contente de cela, elle se jeta aux pieds du roi, et le conjura avec larmes d’arrêter les effets de la malice d’Aman l’Agagite, et de ses machinations odieuses (très mauvaises) qu’il avait ourdies contre les Juifs. 4Et le roi lui tendit de sa main son sceptre d’or, pour lui donner, selon la coutume, son signe de clémence. Et elle, se levant, se tint devant lui 5et dit : S’il plaît au roi, et si j’ai trouvé grâce devant ses yeux, et si ma prière ne lui paraît pas inconvenante, je le conjure de révoquer par de nouvelles lettres les anciennes lettres d’Aman, persécuteur et (l’insidieux et l’) ennemi des Juifs, par lesquelles il avait ordonné de les faire périr dans toutes les provinces du roi. 6Car comment pourrais-je souffrir la mort et le carnage de mon peuple ? 7Et le roi Assuérus répondit à la reine Esther et au Juif Mardochée : J’ai donné à Esther la maison d’Aman, et je l’ai fait attacher lui-même à une croix, parce qu’il avait osé porter la main sur les Juifs. 8Ecrivez donc aux Juifs comme il vous plaira, au nom du roi, et scellez les lettres de mon anneau. Car c’était la coutume que nul n’osait s’opposer aux lettres qui étaient envoyées au nom du roi, et scellées de son anneau. 9On fit donc venir les scribes et les écrivains (copistes) du roi (c’était alors le troisième mois, appel Siban) ; le vingt-troisième jour de ce même mois les lettres furent écrites, comme Mardochée le voulut, aux Juifs, aux princes, aux gouverneurs et aux juges qui commandaient aux cent vingt-sept provinces du royaume, depuis les Indes jusqu’en Ethiopie ; à chaque province et à chaque peuple dans sa langue et dans son écriture, et aux Juifs, afin qu’ils pussent lire et comprendre. 10Ces lettres, qui étaient envoyées au nom du roi, furent scellées de son anneau et expédiées par les courriers, afin que, parcourant toutes les provinces, ils prévinssent les anciennes lettres par ces nouveaux messages. 11Le roi leur ordonna d’aller trouver les Juifs en chaque ville, et de leur prescrire de s’assembler pour défendre leur vie, et pour tuer et exterminer tous leurs ennemis, avec leurs femmes, leurs enfants et toutes leurs maisons, et pour piller leurs dépouilles. 12Et dans toutes les provinces un même jour fut fixé pour la vengeance, savoir le treizième jour du douzième mois, appelé Adar. 13La substance de cette lettre était qu’on fît savoir, dans toutes les provinces et aux peuples qui étaient soumis à l’empire du roi Assuérus, que les Juifs étaient prêts à se venger de leurs ennemis. 14Et les courriers partirent en grande hâte, portant la nouvelle, et l’édit fut affiché dans Suse. 15Et Mardochée, sortant du palais et de la présence du roi, parut avec éclat, dans ses (des) vêtements royaux de couleur d’hyacinthe et de blanc (bleu céleste), portant une couronne d’or sur la tête, et couvert d’un manteau de soie et de pourpre. Et toute la ville fut transportée d’allégresse et de joie. 16Et sur les Juifs sembla se lever une nouvelle lumière, la joie, l’honneur et les transports (l’allégresse). 17Parmi toutes les nations, dans les villes et les provinces où l’ordonnance du roi était portée, il y avait une joie extraordinaire, des banquets, des festins et des jours de fêtes ; à ce point que plusieurs des autres nations, et d’autres cultes, embrassèrent leur religion et leurs cérémonies. Car une grande terreur du nom juif s’était répandue sur tous.


Les Juifs, suivant l’ordre du roi, tuent tous ceux qui avaient conspiré leur perte.

Ils établissent une fête en mémoire de leur délivrance.


9Ainsi, le treizième jour du douzième mois, que nous avons déjà dit auparavant se nommer Adar, lorsqu’on se préparait à tuer tous les Juifs, et que leurs ennemis aspiraient à verser leur sang, les Juifs, au contraire, commencèrent à être les plus forts, et à se venger de leurs adversaires. 2Ils s’assemblèrent dans toutes les villes, les bourgs et les autres lieux, pour étendre la main sur leurs ennemis et leurs persécuteurs ; et nul n’osa résister, parce que la crainte de leur puissance avait pénétré dans tous les peuples. 3Car les juges des provinces, les gouverneurs et les intendants, et tous les dignitaires qui présidaient à chaque localité et aux affaires, soutenaient (élevaient) les Juifs par crainte de Mardochée, 4qu’ils savaient être prince du palais et avoir beaucoup de pouvoir. La renommée de son nom croissait aussi de jour en jour, et volait par toutes les bouches. 5Les Juifs firent donc un grand carnage de leurs ennemis, et ils les tuèrent, leur rendant le mal qu’ils s’étaient préparés à leur faire (eux-mêmes) ; 6à ce point, qu’ils tuèrent dans Suse même jusqu’à cinq cents hommes, outre les dix fils d’Aman l’Agagite, ennemi des Juifs, dont voici les noms : (verset 6 sans doute incomplet dans DFT) 7Pharsandatha, Delphon, Esphatha, 8Phoratha, Adalia, Aridatha, 9Phermestha, Arisaï, Aridaï, et Jézatha. 10Lorsqu’ils les eurent tués, ils ne voulurent pas toucher à leurs dépouilles et à leurs biens. 11On rapporta aussitôt au roi le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse. 12Et il dit à la reine : Les Juifs ont tué cinq cents hommes dans la ville de Suse, outre les dix fils d’Aman. Combien grand, croyez-vous, sera le carnage qu’ils font dans toutes les provinces ? Que demandez-vous encore, et que voulez-vous que j’ordonne ? 13Elle lui répondit : S’il plaît au roi, que les Juifs reçoivent le pouvoir de faire encore demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient pendus à des gibets (aux potences). 14Et le roi ordonna que cela fût fait, et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus. 15Les Juifs, s’étant assemblés le quatorzième jour du mois d’Adar, ils tuèrent trois cents hommes dans Suse, sans vouloir piller leur bien. 16Les Juifs se tinrent aussi prêts pour la défense de leur vie dans toutes les provinces qui étaient soumises à l’empire du roi, et ils tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs, de sorte qu’il y eut soixante quinze mille morts, et personne ne toucha à leurs biens. 17Or le treizième jour du mois d’Adar fut pour tous le premier du massacre, et ils cessèrent le quatorzième jour ; ils ordonnèrent que celui-ci serait un jour de fête où on se livrerait désormais en tout temps aux banquets, à la joie et aux festins. 18Mais ceux qui étaient dans la ville de Suse avaient fait le carnage pendant le treizième et le quatorzième jour de ce même mois, et n’avaient cessé qu’au quinzième. C’est pourquoi ils le choisirent pour en faire une fête solennelle de festins (banquets) et de réjouissances. 19Les Juifs qui demeuraient dans les bourgs sans murailles et dans les villages choisirent le quatorzième jour du mois d’Adar, comme jour de festins et de joie, où ils se livrent à l’allégresse, et s’envoient mutuellement des portions de leurs repas et de leurs mets. 20Mardochée écrivit donc toutes ces choses, et il les envoya sous forme de lettres aux Juifs qui demeuraient dans toutes les provinces du roi, dans les plus proches et dans les plus éloignées, 21afin qu’ils acceptassent comme jours de fête le quatorzième et le quinzième jour du mois d’Adar et qu’ils les célébrassent tous les ans à perpétuité par des honneurs solennels. 22Parce que, en ces jours-là, les Juifs s’étaient vengés de leurs ennemis, et que leur deuil et leur tristesse avaient été changés en allégresse et en joie, ces jours devaient être à la joie et aux festins, et on devait s’envoyer mutuellement des portions de mets et donner aux pauvres de petits présents. 23Les Juifs établirent donc comme un rite solennel tout ce qu’ils avaient commencé de faire en ce temps-là, et ce que Mardochée leur avait ordonné de faire par ses lettres. 24Car Aman, fils d’Amadathi, de la race d’Agag, ennemi déclaré des Juifs, avait médité du mal contre eux, pour les tuer et les exterminer ; et il avait jeté le phur, ce qui, dans notre langue, se traduit par le sort. 25Mais Esther entra ensuite auprès du roi, le suppliant de rendre inutiles les efforts d’Aman par une nouvelle lettre, et de faire retomber sur sa tête le mal qu’il avait résolu de faire aux Juifs. En effet, on l’attacha à une (la) croix, lui et ses fils. 26Et, depuis ce temps-là, ces jours ont été appelés phurim, c’est-à-dire les (des) sorts, parce que le phur, c’est-à-dire le sort, avait été jeté dans l’urne. Et tout ce qui se passa alors est contenu dans (le rouleau de) cette lettre, c’est-à-dire dans ce livre (du livre de Mardochée). 27Les Juifs donc, en mémoire de ce qu’ils avaient souffert, et des changements survenus ensuite, s’obligèrent, eux et leurs enfants, et tous ceux qui voudraient se joindre à leur religion, à ne permettre à personne de passer ces deux jours sans solennité, selon ce qui est adressé dans cet écrit, et ce qui s’observe exactement chaque année aux temps destinés à cette fête. 28Ce sont ces jours que n’effacera jamais l’oubli, et que toutes les provinces, d’âge en âge, célébreront par toute la terre. Et il n’y a pas de ville en laquelle les jours de(s) phurim, c’est-à-dire des sorts, ne soient observés par les Juifs, et par leurs enfants qui sont obligés de pratiquer ces cérémonies. 29La reine Esther, fille d’Abihaïl, et le Juif Mardochée écrivirent encore une seconde lettre, afin qu’on eût tout le soin (zèle) possible d’établir ce jour comme une fête solennelle à l’avenir. 30Et ils l’envoyèrent à tous les Juifs qui demeuraient dans les cent vingt sept provinces du roi Assuérus, afin qu’ils eussent la paix et qu’ils reçussent la vérité, 31en observant ces jours des sorts, et en les célébrant en leur temps avec joie. Les Juifs s’engagèrent donc, selon que Mardochée et Esther l’avaient ordonné, à observer, eux et leur postérité, les jeûnes, les cris et les jours des sorts, 32et tout ce qui est contenu dans (l’histoire de) ce livre, qui porte le nom d’Esther.


Grandeur d’Assuérus.

Puissance de Mardochée.

Explication d’un songe qu’il avait eu.


10Or le roi Assuérus se rendit toute la terre et toutes les îles de la mer tributaires. 2Et sa puissance (force) et son empire, et le haut point de grandeur auquel il avait élevé Mardochée, sont écrits dans les livres des Mèdes et des Perses, 3et comment Mardochée, Juif de nation, devint le second après le roi Assuérus, et comment il fut grand parmi les Juifs, et aimé généralement (agréable à la foule) de ses frères, cherchant le bien de sa nation et ne parlant que pour procurer la paix de son peuple.


J’ai traduit avec une entière fidélité ce qui se trouve dans l’hébreu. Mais ce qui suit, je l’ai trouvé écrit dans l’édition Vulgate, où il est contenu en langue grecque et en caractères grecs. Cependant, à la fin du livre, se trouvait placé ce petit chapitre, que, selon notre coutume, nous avons marqué d’un obèle, c’est-à-dire d’une petite broche. (a)


4Alors Mardochée dit : C’est Dieu qui a fait ces choses. 5Je me souviens d’un songe que j’avais vu, qui signifiait toutes ces choses, dont rien n’est resté sans accomplissement. 6La petite fontaine (source) qui s’accrut et devint un fleuve, et qui se changea en lumière et en soleil, et se répandit en eaux (très) abondantes, c’est Esther, que le roi épousa, et qu’il voulut faire reine. 7Et (Mais) les deux dragons, c’est moi et Aman. 8Les peuples qui s’assemblèrent, ce sont ceux qui ont tâché d’exterminer le nom des Juifs. 9Israël est mon peuple, qui cria au Seigneur, et le Seigneur sauva son peuple, et il nous délivra de tous nos maux, et il fit des miracles et de grands prodiges parmi les nations ; 10et il ordonna qu’il y eût deux sorts, l’un du peuple de Dieu, et l’autre de toutes les nations. 11Et ce double sort vint au jour marqué dès ce temps-là devant Dieu pour toutes les nations. 12Et le Seigneur se ressouvint de son peuple, et il eut compassion de son héritage. 13Et ces jours seront célébrés au mois d’Adar, le quatorzième et le quinzième jour de ce même mois, avec zèle et avec joie, par le peuple réuni en (une seule) assemblée, dans toutes les générations futures du peuple d’Israël.


Autre songe de Mardochée.


11La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, et Ptolémée, son fils, apportèrent cette lettre (épître) des phurim, qu’ils disaient avoir été traduite (interprétée) à Jérusalem par Lysimaque, fils de Ptolémée.


Ce commencement aussi était dans l’édition Vulgate ; mais il ne se trouve ni dans l’hébreu ni dans aucun interprète.


2La seconde année du règne du très grand Artaxerxès, le premier jour du mois de Nisan, Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméi, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, eut un songe. 3C’était un Juif qui demeurait dans la ville de Suse, homme puissant et des premiers de la cour du roi. 4(Or) Il était du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait transportés de Jérusalem avec Jéchonias, roi de Juda. 5Et voici le songe qu’il eut. Il apparut des voix, et du tumulte, et des tonnerres, et des tremblements de terre, et des (un) trouble(s) sur la terre. 6Et voici deux grands dragons, prêts à combattre l’un contre l’autre. 7A leur cri, toutes les nations se soulevèrent pour combattre contre la nation des justes. 8Et ce jour fut un jour de ténèbres et de périls, d’affliction et d’angoisses, et de grande épouvante sur la terre. 9Et la nation des justes fut troublée, redoutant ses malheurs (maux), et se disposant à la mort. 10Et ils crièrent vers Dieu, et, au bruit de ces cris, une petite fontaine devint un (très) grand fleuve, et répandit une (très) grande abondance d’eaux. 11La lumière et le soleil parurent, et ceux qui étaient humiliés furent élevés, et ils dévorèrent ceux qui étaient dans l’éclat. 12Mardochée ayant eu cette vision, et s’étant levé de son lit, pensait en lui-même ce que Dieu voulait faire ; et elle lui demeura gravée dans son esprit, et il désirait savoir ce que ce songe signifiait.


Mardochée découvre une conspiration que deux eunuques d’Assuérus avaient formée contre lui.


12Or, en ce temps-là, Mardochée était à la cour du roi avec Bagatha et Thara, eunuques du roi, qui étaient les gardes de la porte du palais. 2Et ayant compris leurs pensées, et reconnu par une exacte recherche ce qu’ils machinaient, il découvrit qu’ils avaient entrepris de porter la main sur le roi Artaxerxès, et il en donna avis au roi. 3Celui-ci, les ayant fait interroger tous deux (qu’ils eurent été mis l’un et l’autre à la question, note), après qu’ils eurent confessé leur crime, les fit mener au supplice (à la mort). 4Or le roi fit écrire dans les annales ce qui s’était passé, et Mardochée le mit aussi par écrit pour en conserver le souvenir. 5Et le roi lui ordonna de demeurer dans son palais, et il lui fit des présents pour sa dénonciation. 6Mais Aman, fils d’Amadathi, Bugée, avait été élevé par le roi à une grande gloire, et il voulut perdre Mardochée et son peuple, à cause des deux eunuques du roi qui avaient été mis à mort. Or voici la teneur de la lettre.


Jusqu’ici est l’avant-propos. Ce qui suit était mis à l’endroit du volume où il est écrit : Et ils enlevèrent leurs biens ou leurs richesses.


Ce que nous avons trouvé dans la seule édition Vulgate.


Or voici quelle était la copie de la lettre.


Edit contre les Juifs.

Prière de Mardochée.


13Le (très) grand roi Artaxerxès, qui règne depuis les Indes jusqu’en Ethiopie, aux princes et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui sont soumises à son empire, salut. 2Quoique je commandasse à tant (très grand nombre) de nations, et que j’eusse soumis tout l’univers à mon empire, je n’ai pas voulu abuser de la grandeur de ma puissance, mais j’ai gouver mes sujets avec clémence et avec bonté, afin que, passant leur vie doucement et sans aucune crainte, ils jouissent de la paix qui est désirée de tous les hommes (mortels). 3Et ayant demandé à mes conseillers de quelle manière je pourrais accomplir ce dessein, l’un d’eux, nommé Aman, élevé par sa sagesse et sa fidélité au-dessus des (de tous les) autres, et le second après le roi, 4m’a informé qu’il y a un peuple dispersé dans toute la terre, qui suit de nouvelles lois, et qui, s’opposant aux coutumes des autres nations, méprise les commandements du roi, et trouble par la contrariété de ses sentiments (son dissentiment) la concorde de tous les peuples. 5Ce qu’ayant appris, et voyant qu’une seule nation se révolte contre tout le genre humain, suit des lois perverses, désobéit à nos ordonnances, et trouble la paix et la concorde des provinces qui nous sont soumises, 6nous avons ordonné que tous ceux qu’Aman, qui commande à toutes les provinces, qui est le second après le roi, et que nous honorons comme un père, aura désignés, soient tués par leurs ennemis, avec leurs femmes et leurs enfants, le quatorzième jour d’Adar, douzième mois de cette année, sans que personne en ait compassion ; 7afin que ces scélérats (hommes criminels), descendant tous aux enfers en un même jour, rendent à notre empire la paix qu’ils avaient troublée.


Jusqu’ici est la copie de la lettre. Ce qui suit, je l’ai trouvé écrit après l’endroit où on lit :


Et, allant, Mardochée fit tout ce que lui avait mandé Esther.


Mais cependant il ne se trouve pas dans l’hébreu, et il n’est entièrement rapporté dans aucun des interprètes.


8Or Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres, 9et il dit : Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et nul ne peut résister à votre volonté, si vous avez résolu de sauver Israël. 10Vous avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu dans l’enceinte du ciel. 11Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut résister à votre majesté. 12Vous connaissez tout, et vous savez que si je n’ai pas adoré le (très) superbe Aman, ce n’a été ni par orgueil, ni par mépris, ni par quelque désir de gloire ; 13car volontiers, pour le salut d’Israël, j’aurais été disposé à baiser les traces mêmes de ses pieds. 14Mais j’ai craint de transférer à un homme l’honneur de mon Dieu, et d’adorer quelqu’un en dehors de mon Dieu. 15Maintenant donc, Seigneur roi, Dieu d’Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre et détruire votre héritage. 16Ne méprisez pas (ce peuple) qui est votre partage (portion), que vous avez racheté de l’Egypte pour vous. 17Exaucez ma prière, et soyez propice à une nation qui est votre part et votre héritage, et changez, Seigneur, notre deuil en joie, afin que pendant notre vie nous glorifiions votre nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent. 18Tout Israël cria aussi au Seigneur, dans un même esprit et une même supplication, parce qu’une mort certaine les menaçait.


Pénitence d’Esther ; sa prière avant d’aller trouver le roi Assuérus.


14La reine Esther eut aussi recours au Seigneur, épouvantée du péril qui était proche (imminent) ; 2et ayant quitté tous ses vêtements royaux, elle en prit de conformes à son affliction ; et elle se couvrit la tête de cendres et d’ordure (de boue), au lieu de parfums variés, et elle humilia son corps par les jeûnes ; et elle remplit de ses cheveux, qu’elle s’arrachait, tous les endroits où elle avait coutume de se réjouir auparavant. 3Et elle suppliait le Seigneur, le Dieu d’Israël, en disant : Mon Seigneur, qui êtes seul notre roi, assistez-moi dans l’abandon où je suis, puisque vous êtes le seul qui puissiez me secourir. 4Mon péril est présent et inévitable (entre mes mains). 5J’ai appris de mon père, Seigneur, que vous avez pris Israël d’entre toutes les nations, et nos pères d’entre tous leurs ancêtres qui les avaient devancés, pour les posséder comme un héritage éternel ; et vous leur avez fait ce que vous leur aviez promis. 6Nous avons péché devant vous, et c’est pour cela que vous nous avez livrés entre les mains de nos ennemis : 7car nous avons adoré leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur ; 8et maintenant ils ne se contentent pas de nous opprimer par une très (la plus) dure servitude ; mais, attribuant la force de leurs mains à la puissance de leurs idoles, 9ils veulent renverser vos promesses, détruire votre héritage, fermer la bouche à ceux qui vous louent, et éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, 10pour ouvrir la bouche des nations, pour louer la puissance des idoles, et pour célébrer à jamais un roi de chair. 11Seigneur, ne livrez pas votre sceptre à ceux qui ne sont rien, de peur qu’ils ne se rient de notre ruine : mais faites retomber sur eux leurs desseins, et perdez celui qui a commencé à sévir contre nous. 12Souvenez-vous (de nous), Seigneur, et montrez-vous à nous dans le temps de notre affliction ; et donnez-moi de la fermeté (l’assurance), Seigneur, roi des dieux et de toute puissance. 13Mettez dans ma bouche des paroles habiles en présence du lion, et portez son cœur à haïr notre ennemi, afin qu’il périsse lui-même, avec tous ceux qui conspirent avec lui. 14Pour nous, délivrez-nous par votre main, et aidez-moi, Seigneur, vous qui êtes mon unique secours, vous qui connaissez toutes choses, 15et qui savez que je hais la gloire des impies, et que je déteste la couche des incirconcis et de tout étranger. 16Vous savez la nécessité où je me trouve, et que j’ai en abomination la marque superbe de ma gloire qui est sur ma tête aux jours de ma magnificence, et que je la déteste comme un linge souillé, et que je ne la porte pas aux jours de mon silence ; 17et que je n’ai pas mangé à la table d’Aman, ni pris plaisir au festin du roi ; que je n’ai pas bu le vin des libations, 18et que depuis l’instant où j’ai été amenée ici au palais jusqu’a ce jour, jamais votre servante ne s’est réjouie qu’en vous seul, Seigneur, Dieu d’Abraham. 19Dieu fort au-dessus de tous, exaucez la voix de ceux qui n’ont aucune autre espérance, sauvez-nous de la main des méchants, et délivrez-moi de ma crainte.


Avis de Mardochée à Esther après l’édit qu’Aman fit porter contre les Juifs.

Ce qui se passa lorsqu’Esther parut devant Assuérus.


Ceci aussi, je l’ai trouvé ajouté dans l’édition Vulgate.


15Et il lui manda (c’était évidemment Mardochée) d’entrer chez le roi, et de prier pour son peuple et pour sa patrie. 2Souvenez-vous, lui dit-il des jours de votre abaissement (humiliation), et comment vous avez été nourrie par mes mains ; car Aman, qui est le second après le roi, a parlé contre nous pour nous perdre. 3Et vous, invoquez le Seigneur ; parlez pour nous au roi, et délivrez-nous de la mort.


J’y ai trouvé aussi ce qui suit.


4(Or) Le troisième jour, Esther quitta les habits de deuil dont elle s’était revêtue, et s’environna de sa gloire. 5Et lorsqu’elle brilla dans cette parure royale, ayant invoqué Dieu, qui est le guide et le sauveur de tous (qui régit toutes choses), elle prit deux de ses suivantes ; 6et elle s’appuyait sur l’une d’elles, comme ayant peine à soutenir son corps, à cause de sa délicatesse (attitude nonchalante) et de sa faiblesse (délicatesse) extrême ; 7l’autre servante suivait sa maîtresse, portant ses vêtements qui traînaient par terre. 8Elle cependant, une couleur de rose répandue sur son visage, et les yeux pleins d’agréments et d’éclats (gracieux et brillants), cachait la tristesse de son âme qui était toute contractée par une crainte violente (excessive). 9Et ayant passé toutes les portes l’une après l’autre, elle se présenta devant le roi au lieu où il était assis sur son trône, couvert de ses vêtements royaux, tout brillant d’or et de pierres précieuses ; et il était terrible à voir. 10Et lorsqu’il eut levé la tête, et que par ses yeux étincelants il eut manifesté la fureur de son cœur, la reine s’affaissa, et la couleur de son teint se changeant en pâleur, elle laissa tomber sa tête fatiguée sur sa jeune servante. 11Et Dieu changea le cœur du roi et l’adoucit. Et aussitôt, tremblant, il s’élança de son trône, et la soutenant entre ses bras jusqu’à ce qu’elle fût revenue à elle, il la caressait en lui disant : 12Qu’avez-vous, Esther ? Je suis votre frère, ne craignez pas. 13Vous ne mourrez pas, car cette loi n’a pas été faite pour vous, mais pour tous les autres. 14Approchez-vous donc, et touchez mon sceptre. 15Et comme elle se taisait, il prit son sceptre d’or, et le lui posa sur le cou, et il la baisa et lui dit : Pourquoi ne me parlez-vous pas ? 16Elle lui répondit : Seigneur, je vous ai vu comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre gloire. 17Car, Seigneur, vous êtes admirable, et votre visage est plein de grâces. 18En disant ces paroles, elle retomba encore, et elle était sur le pas de s’évanouir. 19Le roi en était (tout) troublé, et ses ministres la consolaient.


Edit en faveur des Juifs.


Copie de la lettre que le roi Artaxerxès envoya en faveur des Juifs dans toutes les provinces de son royaume, laquelle ne se trouve pas non plus dans le volume hébreu.


16Le grand roi Artaxerxès, qui règne depuis les Indes jusqu’en Ethiopie, aux chefs et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui sont soumises à notre empire (commandement), salut. 2Plusieurs (Beaucoup) ont abusé insolemment de la bonté des princes, et de l’honneur qu’ils en ont reçu ; 3et non seulement ils s’efforcent d’opprimer les sujets des rois, mais, ne pouvant supporter la gloire dont ils ont été comblés, ils tendent des pièges à ceux mêmes qui la leur ont accordée. 4Et ils ne se contentent pas de méconnaître les grâces qu’on leur a faites, et de violer eux-mêmes les droits de l’humanité ; mais ils s’imaginent aussi qu’ils pourront se soustraire à la justice (sentence) de Dieu qui voit tout. 5Et leur présomption passe à un tel excès, que, s’élevant contre ceux qui s’acquittent avec soin de leurs fonctions, et se conduisent de telle sorte qu’ils méritent la louange de tous, ils tâchent de les perdre par les artifices de leurs mensonges, 6surprenant par leurs déguisements et par leur adresse la bonté (les oreilles) des princes, qui (lesquelles sont simples et) jugent les autres d’après leur propre nature. 7Ceci est confirmé par les anciennes histoires, et on voit encore tous les jours combien les bonnes inclinations des rois sont souvent altérées par de faux rapports. 8C’est pourquoi nous devons pourvoir à la paix de toutes les provinces. 9Et, si nous ordonnons des choses différentes, vous ne devez pas croire que cela vienne de la légèreté de notre esprit ; mais plutôt que nous formulons nos ordonnances selon la diversité et la nécessité des temps, suivant que le demande le bien public (l’exige de l’utilité de l’Etat). 10Et pour vous faire connaître ceci plus clairement, nous avions auprès de nous l’étranger Aman, fils d’Amadathi, Macédonien d’inclination et d’origine, qui n’avait rien de commun avec le sang des Perses, et qui a voulu déshonorer notre clémence par sa cruauté ; 11et après que nous lui avions donné tant de marques de notre bienveillance, jusqu’à le faire appeler notre père et à le faire adorer de tous, comme le second après le roi, 12il s’est élevé à un tel excès d’insolence (arrogance), qu’il a tâché de nous faire perdre la couronne et la vie. 13Car, par des machinations nouvelles et inouïes, il avait tenté de perdre Mardochée, grâce à la fidélité et aux bons services duquel nous vivons, et Esther, la compagne de notre royaume, avec tout leur peuple, 14pensant qu’après les avoir tués, il nous tendrait des embûches dans notre isolement, et ferait passer aux Macédoniens l’empire des Perses. 15Mais nous avons reconnu que les Juifs, qui étaient destinés à la mort par le plus méchant des hommes (mortels), n’étaient coupables d’aucune faute ; mais qu’au contraire ils se conduisent par des lois justes, 16et qu’ils sont les enfants du Dieu très haut, très puissant et éternel, par la grâce duquel ce royaume a été donné à nos pères et à nous-mêmes, et se conserve encore aujourd’hui. 17C’est pourquoi sachez que les lettres qu’il vous avait envoyées en notre (mon) nom sont nulles. 18A cause de ce crime dont il a été l’instigateur, il a été pendu avec tous ses proches, devant la porte de cette ville, c’est-à-dire de Suse, Dieu lui-même, et non pas nous, l’ayant traité comme il l’a mérité. 19Que cet édit, que nous vous envoyons maintenant, soit affiché dans toutes les villes, afin qu’il soit permis aux Juifs de garder leurs lois. 20Et vous devrez leur prêter secours, afin qu’ils puissent tuer ceux qui se préparaient à les perdre le treizième jour du douzième mois, appelé Adar. 21Car le Dieu tout-puissant a changé pour eux ce jour de tristesse (d’affliction) et de deuil en un jour de joie. 22C’est pourquoi mettez aussi ce jour au rang des jours de fêtes, et célébrez-le avec toute sorte de réjouissances, afin que l’on sache à l’avenir 23que tous ceux qui obéissent fidèlement aux Perses reçoivent une récompense digne de leur fidélité, mais que ceux qui conspirent contre le royaume périssent pour leurs crimes. 24Et que toute province et toute ville qui refuserait de prendre part à cette solennité périsse par le glaive et par le feu, et qu’elle soit tellement détruite, qu’elle demeure (devienne, note) inaccessible à jamais, non seulement aux hommes, mais aux bêtes même, comme un exemple de désobéissance et de mépris.

Notes


1.1 Assuérus. Xerxès Ier. Voir l’Introduction.

1.2 Suse, capitale de la Susiane, sur l’Eulæus, une des résidences des rois de Perse.

1.4 Le roi voulut que pendant cent quatre-vingt jours, son palais fût ouvert à tous les seigneurs de son vaste empire qui venaient le complimenter sur son avènement au trône et que pendant ce temps ils y fussent magnifiquement traités à mesure qu’ils arrivaient.

1.5 Remarquons bien que le texte ne dit pas que tous les habitants de Suse se trouvèrent en même temps réunis dans le vestibule du jardin. On peut donc légitimement supposer que le peuple fut distribué en sept bandes différentes dont chacune avait son jour, pour éviter la confusion, et qu’on partagea ensuite les convives de chaque bande en plusieurs repas, dans le même jour.

1.6 Un pavé d’émeraude et de marbre de Paros en mosaïque. De Paros est un mot ajouté par la Vulgate.

1.8 Que chacun prît ce qu’il voudrait. Assuérus voulut bien en cette circonstance déroger à la coutume des Perses en vertu de laquelle les convives devaient boire autant que le roi du festin l’ordonnait.

1.9 Vasthi. Voir l’Introduction.

1.12 Vasthi refusa ; fondée sur la loi qui ne permettait pas aux femmes en dignité de se montrer dans les festins.

1.14 Qui voyaient, etc. ; qui avaient l’honneur de voir le roi, ou qui étaient toujours près de lui. Comparer à 1 Esdras, 7, 14.

1.15 Quelle sentence, etc., est le complément direct de : Il demanda, qui se trouve au verset 13.

1.19 De vous ; littéralement et par hébraïsme de votre face.

1.20 Toutes les provinces de votre empire ; littéralement et par hypallage, tout l’empire de vos provinces.

2.5 Voir Esther, 11, 2. ― Mardochée, à l’époque où commence notre histoire, était déjà très âgé, selon plusieurs interprètes, qui entendent les versets 5 et 6 en ce sens qu’il avait été transporté de Jérusalem du temps de Jéchonias, c’est-à-dire en 599 ; il aurait eu ainsi alors plus de 120 ans. Mais il est plus naturel de rapporter le verset 6, lequel avait été transféré, à Cis, son arrière grand-père. Son nom de Mardochée, qui est babylonien et non palestinien, semble indiquer qu’il était né en Babylonie.

2.6 Voir 4 Rois, 24, 15 ; Judith, 11, 4.

2.7 Esther. Sur le nom d’Esther, voir l’Introduction.

2.9 Ses portions ; c’est-à-dire tout ce qui concernait sa nourriture, sa table, ou bien, selon d’autres interprètes, tout ce qu’il était convenable de lui donner selon son rang.

2.16 Le dixième mois commençait à la nouvelle lune de septembre.

2.17 Et la fit régner. On objecte que suivant Hérodote, après la mort du mage Smerdis, il fut arrêté solennellement que le roi ne pourrait prendre de femme que dans la maison des sept prétendants au trône. On objecte encore qu’il n’est nullement probable qu’Assuérus ait voulu choisir pour reine une femme juive. Mais d’abord est-il bien sûr que l’obligation de n’épouser qu’une femme appartenant à la maison des sept prétendants ne regardait pas uniquement le successeur de Smerdis ? Il n’est pas plus sûr que, lors même que la convention eut été générale et sans restriction, les princes qui vinrent après lui la crurent obligatoire pour eux et consentirent à s’y soumettre. Enfin on sait que les souverains d’Asie, entièrement plongés dans la volupté, ne consultaient que leurs passions et que, par conséquent, ils ne pouvaient être qu’indifférents sur leur famille et leur religion. Cette considération explique encore comme Assuérus a pu épouser une Juive, d’autant plus qu’Esther cherchait elle-même à cacher son extraction, ainsi que le lui avait prescrit Mardochée, son oncle (voir verset 20).

3.1 Aman. Quelques temps après l’élévation d’Esther à la dignité de reine et le service rendu au roi par Mardochée, Assuérus choisit pour premier ministre un Mède nommé Aman, originaire de la province d’Agag. « On a longtemps cru que Haman, fils d’Hamadâtha, dont le nom a reçu une si triste célébrité, était Amalékite, car l’un des rois d’Amalec s’appelait Agag. Et puisque déjà dans l’antiquité les noms d’Esaü, d’Amalec, étaient pris comme les désignations des païens d’Europe, les Septante traduisent l’hébreu Agagi par Μαχεδῶν, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman, ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant, par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d’Agag composait réellement une partie de la Médie. Or, voilà donc une nouvelle circonstance qui montre, jusque dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d’Esther. » (OPPERT.) ― On voit par là que l’objection faite contre Esther, 16, 10, et tirée de ce que, dans ce passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit pas, comme on le prétendait, Esther, 3, vv. 1, 10 ; 8, 3 ; 9, vv. 6, 24. Le mot de Macédonien, dans le chapitre 16, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version de ce chapitre 16, ont rendu à tort, ici comme à Esther, 9, 23 (24), le mot Agagite par Macédonien.

3.2 Le seul Mardochée ne fléchissait pas le genou, sans doute parce qu’il considérait cette prostration comme un acte d’idolâtrie. Les Spartiates refusèrent de rendre à Xerxès un hommage semblable.

3.7 Le mois de Nisan commençait à la nouvelle lune de mars, et le mois d’Adar, à la nouvelle lune de février. ― Phur ; mot persan qui a été adopté par les Hébreux. Comparer à Esther, 9, 24. ― On tirait douze sorts, pour les douze mois de l’année.

3.9 Je pèserai ; c’est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. ― Dix mille talents. Si c’étaient les talents d’argent des Hébreux, ils feraient environ 44 145 000 francs (en 1902) ; mais s’il s’agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus 21 000 000 de francs (en 1902). Quoi qu’il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifs mis à mort la somme qu’il promettait.

3.10 L’anneau. Il lui donnait ainsi tout pouvoir.

3.13 Le treizième jour du douzième mois. Onze mois devaient donc s’écouler entre la date du décret et son exécution. On a trouvé ce délai invraisemblable, mais l’explication nous en est fournie par le texte lui-même. Les Perses consultaient le sort dans les affaires graves ; le sort, en cette circonstance, ayant indiqué le douzième mois, appelé Adar, il était nécessaire d’attendre cette date. ― Aman fait porter l’ordre par des courriers dans tout le royaume. Ces courriers avaient été institués par Cyrus.

4.4 Les jeunes filles ; les filles attachées au service.

4.11 Le vestibule, etc. ; c’est-à-dire le vestibule qui précédait immédiatement la chambre où était le roi.

4.13 Plutôt que tous les autres Juifs ; c’est-à-dire à l’exclusion de tous les autres Juifs, si tous les Juifs périssent.

4.16 Trois jours et trois nuits. Cela doit s’entendre d’une partie de deux nuits et d’un jour entier ; puisqu’Esther mangea avec le roi, avant même que le troisième jour fût passé (voir Esther, 5, 1). Comparer à Matthieu, 12, 40. ― A la mort et au péril ; hébraïsme, pour au péril de la mort.

5.4 Le vestibule, etc. Voir Esther, 4, 11.

5.14 Une croix. Le texte hébreu porte la croix, avec l’article déterminatif, parce que le mot croix est virtuellement renfermé dans le terme générique potence qui précède.

6.8 Que le roi monte ; littéralement, qui est de la selle du roi.

7.1 Boire, signifie ici, comme souvent ailleurs, prendre un repas, faire un festin.

7.8 On couvrit, etc. Comme c’était une coutume assez générale dans l’antiquité de couvrir la tête de ceux qu’on menait ou qu’on destinait au supplice, bien des interprètes pensent que le visage d’Aman, ainsi couvert, était un signe du châtiment qui lui était réservé mais d’autres prétendent qu’on voila le visage d’Aman, parce qu’ayant offensé et irrité le roi, il s’était rendu indigne de le voir.

8.3 Agagite, du pays d’Agag. Voir, Esther, note 3.1.

8.9 Le troisième mois, Siban ou Sivan, commençait à la nouvelle lune de mai. ― A une province et à une province, hébraïsme, pour à chaque province.

8.11 De défendre, etc. ; littéralement et par hébraïsme, de se tenir debout pour leurs âmes.

8.12 Du douzième mois, Adar. Voir Esther, 3, 7.

9.6 L’Agagite. Voir Esther, 8, 3.

9.13 Esther pouvait avoir un motif suffisant de faire cette demande : elle pouvait croire en effet que soixante-quinze mille personnes devaient être sacrifiées à la conservation de trois ou quatre millions de Juifs répandus dans tout l’empire, et que cette mesure était nécessaire à la sûreté de son peuple, qui s’était trouvé à la veille d’une extinction totale, et qui pouvait encore y être exposé.

9.16 Défendirent leur vie. Voir Esther, 8, 11. ― Soixante-quinze mille de tués. Ce nombre n’a rien d’incroyable, réparti sur l’étendue de l’empire perse. Mithridate, roi de Pont, fit massacrer, en un seul jour, dans son royaume, 80 000 Romains. On a reproché aux Juifs de s’être laissé entraîner en cette circonstance par la cruauté et la vengeance ; on a, en particulier, blâmé Esther d’avoir demandé pour eux, à son époux, la permission de continuer à Suse le massacre, pendant un autre jour, voir Esther, 9, 13. Mais on oublie que les coreligionnaires de Mardochée, dans la capitale comme ailleurs, ne faisaient que se défendre : la reine sollicite l’autorisation de faire le lendemain ce qui a été fait le même jour, voir Esther, 9, 13 ; c’est-à-dire de défendre leur vie, voir Esther, 8, 11 ; sa prière suppose que les habitants de Suse voulaient le lendemain renouveler leurs attaques contre ceux qu’ils haïssaient, non seulement sans doute à cause de leur nationalité, mais aussi à cause de leur religion.

9.24 ; 9.26 Phur. Voir Esther, 3, 7. ― Phurim ; pluriel hébreu de Phur. ― Dans le rouleau, etc. Les lettres et les livres qui sont souvent exprimés en hébreu par le même mot, s’écrivaient sur des feuilles de papyrus, de parchemin, etc. On les roulait aussi autour d’un bâton (de là le mot rouleau ou volume), et quand elles étaient ainsi roulées, on les arrêtait avec un petit cordon ; ce qui faisait qu’on pouvait facilement y apposer un sceau.

9.26 Ces jours ont été appelés Phurim, c’est-à-dire la fête des Phurim. La fête des Phurim est encore célébrée dans les synagogues. Le 13 adar, veille de la fête, est un jour de jeûne. Le soir de ce jour, la fête commence, et le livre d’Esther est lu en entier. Le lecteur prononce très rapidement le passage Esther, 9, 7-9, dans lequel on trouve les noms d’Aman et des ses fils, et, autant que possible, sans reprendre haleine, pour signifier qu’ils furent pendus tous à la fois. Pendant ce temps les assistants font du bruit. Cette lecture est répétée de la même manière le matin du 14 adar. La soirée se passe dans de grandes réjouissances. ― Les manuscrits hébreux reproduisent les versets 7 à 9 du chapitre 9 sous forme de trois colonnes perpendiculaires, comme pour représenter les dix fils d’Aman, pendus à trois cordes parallèles, au nombre de 3, 3 et 4.

9.27 Cet écrit ; la lettre de Mardochée. ― Et qui demandent, etc. ; c’est-à-dire, que ces jours de fête devront se renouveler tous les ans, sans jamais y manquer, à l’époque fixée, qui est le quatorze et le quinze du mois d’Adar.

9.30 Dans le langage ordinaire de l’Ecriture, les mots paix et vérité signifient, l’un toute sorte de prospérité, et l’autre, la fidélité à s’acquitter de ses promesses.

9.31 Les cris vers le Seigneur ; c’est-à-dire les prières faites à haute voix. La fête des sorts se célèbre encore aujourd’hui chez les Juifs avec la plus grande solennité.

10.3 La paix. Voir, sur ce mot, Esther, 9, 30.

(a) J’ai traduit, etc. Cette observation ainsi que les autres de même nature qu’on lit dans ce chapitre et les suivants sont de saint Jérôme. Quant à l’édition Vulgate dont il parle, c’est l’ancienne version italique, qui était la plus commune de son temps. ― Mais ce qui suit ; c’est-à-dire depuis le verset 3 de ce chapitre 10 jusqu’au chapitre 11, verset 1. C’est en effet à ce verset 4 que commence la partie deutérocanonique, qui se compose de sept fragments, et que les protestants rangent à tort parmi les livres apocryphes.

11.1 Ce commencement ; c’est-à-dire depuis le verset 2 de ce chapitre 11 jusqu’au chapitre 12, verset 6. ― Ce verset forme le titre du livre d’Esther dans la version grecque, où il est placé en tête. Le Ptolémée mentionné ici est Ptolémée VI Philométor qui régna de 181 à 146 avant Jésus-Christ. C’est sous le règne de ce prince qu’on porta en Egypte la traduction grecque du livre d’Esther, mais le livre lui-même existait en hébreu depuis longtemps.

11.2 Artaxerxès très grand. Le nom d’Artaxerxès qui se lit ici et dans tous les Appendices, vient des Septante ; il est certain qu’il répond là, comme dans les chapitres précédents, à Xerxès. La version grecque a traduit à tort Akhaschvérosch par Artaxerxès, dans tout le cours de ce livre, et comme cette partie de notre traduction latine est faite sur les Septante, elle porte le nom d’Artaxerxès au lieu de celui d’Assuérus que nous lisons dans les chapitres précédents traduits directement par saint Jérôme sur l’original hébreu.

11.4 Voir 4 Rois, 24, 15 ; Esther, 2, 6.

12.1 Voir Esther, 2, 21 ; 6, 2.

12.3 Qu’ils eurent été mis… à la question ; ou simplement qu’on eut fait, qu’on eut instruit leur procès.

12.5 En lui donnant des présents. Il est dit plus haut (voir Esther, 6, 3) que Mardochée ne reçut pas de récompense. Le roi, sans aucun doute, donna l’ordre de récompenser dignement le service que Mardochée lui avait rendu ; mais il est très vraisemblable qu’Aman, qui en voulait à Mardochée, parce qu’il avait dévoilé la conspiration des deux eunuques, fit en sorte que la bonne volonté du roi fût en effet. D’autres disent que les présents faits à Mardochée furent si peu de chose, que les historiens ne crurent pas devoir en faire mention dans les annales du roi.

13.7 Et allant, etc. Ces paroles se trouvent dans la Vulgate, voir Esther, 4, 17.

13.16 Votre portion ; le peuple hébreu que vous avez choisi pour être spécialement votre peuple.

13.17 A votre lot, etc. Même figure qu’au verset précédent. ― Votre partage ; littéralement votre corde. Comme nous l’avons déjà remarqué, on se servait de cordes pour la division et le partage des terres.

14.4 Est en mes mains ; c’est-à-dire imminent.

14.5 Voir Deutéronome, 4, vv. 20, 34 ; 32, 9.

14.11 Votre sceptre, votre pouvoir, ou votre peuple. Le peuple d’Israël, en effet, est quelquefois désigné sous ce nom. ― Ceux qui ne sont pas, c’est-à-dire qui ne sont rien ; les méchants, ou plus probablement les idoles, qui sont appelées ailleurs vanités, choses vaines.

14.12 Des dieux ; c’est-à-dire des rois, des grands de la terre.

14.17 Du vin des libations offertes aux faux dieux.

15.4 De sa parure ; qui était en ce moment une parure de deuil. Comparer à Esther, 14, 2. ― De sa gloire ; de sa dignité, c’est-à-dire de ses habits de reine.

15.13 Cette loi ; la loi qui défendait de paraître devant le roi sans avoir été appelé. Voir Esther, 4, 11.

16.6 En vertu d’une hypallage dont on déjà vu plusieurs exemples, l’écrivain sacré attribue aux oreilles des princes ce qui appartient aux princes eux-mêmes.

16.10 On dit ici qu’Aman était de Macédonien d’origine, ce qui n’est pas en contradiction avec ce qui est dit à Esther, 3, 1, qu’il était de la race d’Agag, roi des Amalécites, parce que le mot Macédonien est un terme générique, employé, comme on le voit en plusieurs endroits des Machabées, pour signifier un étranger. D’ailleurs il peut très bien se faire qu’un homme de la postérité d’Agag se soit établi en Macédoine, et qu’Aman soit descendu de lui, et né dans cette contrée. ― Voir Esther, 3, 1.

16.14 Aux Macédoniens. Voir Esther, 3, 1.

16.24 Qu’elle devienne inaccessible, etc. Les prophètes emploient souvent cette expression pour marquer une destruction totale, et qui ne laisse aucun espoir de rétablissement. ― Comme un exemple, etc. Pour être un exemple du châtiment réservé à ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements.

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