JesusMarie.comBible Vigouroux

Bible Catholique Vigouroux

Lettres de Saint Jacques, Lettres de Saint Pierre, Lettres de saint Jean et Lettre de Saint Jude



Les Épîtres catholiques

INTRODUCTION





On donne le nom d’Epîtres catholiques à un groupe d’Epîtres apostoliques, que l’Eglise a placées à la suite de celles de saint Paul dans le Nouveau Testament. On en compte sept, une de saint Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean et une de saint Jude. Pour le rang qu’on a donné à chacune, on a eu moins d’égard à leur date qu’à leur étendue ; car la lettre de saint Jude est bien antérieure aux Epîtres de saint Jean. Il est vrai que certains exemplaires du Nouveau Testament placent celles-ci en dernier lieu, sans doute pour les joindre à l’Apocalypse, comme venant du même Apôtre.

Le titre de catholiques, donné dès le second siècle à certaines Epîtres, paraît signifier qu’elles sont adressées à l’Eglise entière, ou du moins qu’elles n’ont pas, comme celles de saint Paul, de destinataire bien déterminés. Du temps d’Eusèbe (325) nos sept Epîtres avaient déjà cette qualification et formaient un recueil distinct ; mais il n’est pas aisé de dire à quelle époque s’était faite cette collection. Une fois insérées au Canon, ces Epîtres furent nommées Canoniques, surtout par les Pères latins, qui les distinguent ainsi des Epîtres apocryphes attribuées aux Apôtres.

Ces Epîtres tendent au même but ; elles sont inspirées par un même état des esprits et des choses, et l’on peut dire qu’elles ont toutes un objet semblable ou presque identique. L’avantage qu’elles procurent à l’Eglise, ce n’est pas d’accroître les dogmes par de nouvelles révélations ; c’est d’éclaircir, d’inculquer et de défendre les vérités préalablement révélées, d’en faire voir le sens et la portée, d’en signaler les conséquences pratiques.

L’hérésie commençait à lever la tête. Dans l’Orient surtout, où ces Lettres ont été écrites, la doctrine des Apôtres était menacée par une foule de prédicateurs qui l’altéraient, sous prétexte de la compléter, et qui semaient partout la division et l’inquiétude. Simples judaïsants d’abord, c’est-à-dire Israélites mal convertis, qui voulaient être chrétiens sans cesser d’être juifs et asservir aux pratiques légales les Gentils baptisés, bientôt dogmatiseurs, chefs de sectes, révélateurs ou adeptes de toutes sortes de systèmes aussi disparates que bizarres, sous les noms de Simonites, de Nicolaïtes, de Cérinthiens, d’Ebionites, etc., ils ne craignaient pas de nier ou de combattre les points les plus essentiels de la foi et de la morale chrétiennes. Plusieurs Epîtres de saint Paul nous ont déjà fait voir, en ces hérétiques, la prétention orgueilleuse de substituer « la science » à la foi pure et simple, avec une tendance plus ou moins manifeste à rabaisser la dignité du Sauveur et l’importance de son œuvre. Les Epîtres catholiques nous prouvent, ce que confirme la tradition, qu’ils en vinrent jusqu’à nier la divinité de Jésus-Christ, son Incarnation, la réalité de sa nature humaine, la rédemption ; et qu’après avoir substitué à sa doctrine les rêveries les plus absurdes, ils osèrent soutenir que la foi, une foi éclairée comme la leur, était la seule condition du salut, les œuvres étant une chose absolument indifférente devant Dieu.

Ces sept Epîtres s’accordent à flétrir ces docteurs, à défendre la divinité du Sauveur et la réalité de la rédemption ; mais surtout elles insistent sur la nécessité d’avoir une foi pratique et d’unir à des convictions fermes et vraies la fuite du péché et la pratique des vertus. Elles sont donc, à la différence de celles de saint Paul, moins dogmatiques que morales. Aussi est-ce le ton de l’exhortation qui y domine, plutôt que celui de la démonstration.

Au point de vue de l’histoire, ces écrits fournissent des renseignements importants sur les temps apostoliques et sur le caractère des premières hérésies. Ils montrent en outre comment se sont éclaircis et complétés les enseignements des Apôtres ; et l’on peut constater dès ce moment cette loi providentielle que les contradictions dont la doctrine de l’Eglise a été l’objet ont toujours pour résultat de mettre en relief les vérités contestées, et de leur faire acquérir toute la netteté et la certitude désirables. (L. BACUEZ.)

Epître de saint Jacques

INTRODUCTION





L’auteur de cette Epître ne peut être saint Jacques, fils de Zébédée, mis à mort une dizaine d’années après la Pentecôte. C’est donc saint Jacques, fils d’Alphée, apôtre comme le premier, et parent de Notre-Seigneur, selon que l’affirme le concile de Trente.

Quelques auteurs ont voulu distinguer du fils d’Alphée, Jacques, évêque de Jérusalem, parent de Notre-Seigneur et auteur de cette Lettre ; mais ce sentiment, contraire à la persuasion commune, ne peut être justifié par de bonnes raisons. Saint Luc et saint Paul parlent bien de Jacques, évêque de Jérusalem : or, l’Epître aux Galates dit nettement qu’il était parent de Notre-Seigneur, qu’il fut du nombre des Apôtres et qu’on le regardait comme l’une des colonnes de l’Eglise. D’ailleurs, nous savons que l’apôtre Jacques était fils d’Alphée ou de Cléophas, qu’Alphée ou Cléophas était marié à une parente de la sainte Vierge et qu’il en avait eu un fils qu’on nommait Jacques le Mineur. Il n’y a donc pas moyen de justifier cette distinction.

Etant fils de Cléophas et de Marie, l’auteur de cette Lettre était frère de Jude, de Simon et de Joseph. Le Sauveur lui apparut en particulier, après sa résurrection ; et plusieurs ont cru, dit saint Jérôme, qu’il l’avait lui-même établi évêque de Jérusalem. L’importance de cette Eglise, l’affluence des Juifs et des chrétiens qui y venaient de toutes parts, l’opposition que la foi chrétienne ne pouvait manquer d’y rencontrer demandaient bien les soins et la présence assidue d’un apôtre. Il est certain que saint Jacques exerça cette charge de bonne heure. La première fois que saint Paul se rend à Jérusalem, après s’être présenté à saint Pierre, le chef du collège apostolique, il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur. Au Concile, il le retrouve, et dans son Epître aux Galates, il le nomme comme l’une des principales colonnes de l’Eglise. Il paraît que saint Jacques occupa son siège pendant plus de trente ans. Sa sagesse et sa vertu lui acquirent l’estime des Juifs incrédules eux-mêmes ; ce qui n’empêcha pas qu’il ne fût victime de sa foi et qu’il ne rendît au Sauveur, comme ses collègues, le témoignage du sang. Il fut mis à mort en l’an 62 ou 63, sous le pontificat d’Ananie, dans un soulèvement populaire dont les Scribes et les Pharisiens étaient les instigateurs. Eusèbe nous a transmis la tradition qu’Hégésippe avait recueillie sur ce sujet. Il nous apprend de plus que les fidèles de Jérusalem avaient conservé par vénération et qu’ils montraient encore, de son temps, la chaire de leur premier évêque. C’est un des plus anciens monuments du culte des reliques dans l’Eglise.

Ce qui paraît avoir donné lieu à l’Epître de saint Jacques, ce sont les enseignements antichrétiens de certains docteurs simonites ou nicolaïtes. D’après ces hérétiques, hommes présomptueux qui abondaient en paroles, pour avoir part à l’héritage de Jésus-Christ, il n’était besoin pour personne, ni de changement de vie, ni de bonnes œuvres ; il suffisait d’adhérer aux oracles divins et d’en avoir l’intelligence. En cela seul consistait le mérite aussi bien que la sagesse. Ils citaient, à l’appui de leur système, quelques paroles de saint Paul qu’ils interprétaient à leur manière. Averti du scandale et peut-être consulté sur ce sujet par les chrétiens israélites ou gentils, dont un grand nombre venaient chaque année à Jérusalem, saint Jacques se crut d’autant plus obligé de défendre la vérité que le crédit particulier dont il jouissait parmi ses compatriotes le mettait à même de s’en faire écouter et de leur donner d’utiles avis.

L’objet de la Lettre répond naturellement à la fin que l’auteur se propose. Bien qu’il touche plusieurs points de morale, entre autre la vanité des richesses et la nécessité de la patience, les vérités sur lesquelles il insiste le plus sont celles-ci : qu’on de doit pas se flatter de se sauver, si l’on néglige les œuvres de salut, qu’il faut veiller sur ses paroles, ne pas faire ostentation de science ni s’arroger la charge de Docteur, mais observer avec soin les devoirs de la justice et de la charité.

On peut distinguer trois parties dans cet écrit : ― 1° Saint Jacques exhorte les fidèles à la constance, chapitre 1. ― 2° Il reprend les faux Docteurs, du chapitre 2 au chapitre 4, verset 7. ― 3° Il indique les devoirs des divers états, du chapitre 4, verset 8 au chapitre 5, verset 20.

Cette Epître a plutôt la forme d’une instruction morale ou d’une exhortation que celle d’une lettre. Elle commence par une salutation aux tribus d’Israël, comme il convenait à une instruction de l’évêque de Jérusalem ; mais on n’y voit rien qui ressemble à une conclusion épistolaire. Peut-être saint Jacques voulait-il en faire son testament spirituel. Bien que Jésus-Christ n’y soit nommé que deux fois, cet écrit respire toute la ferveur du christianisme. Il porte cependant l’empreinte de la sagesse et la modération de son auteur. Nulle part la nécessité d’une vertu effective et le caractère obligatoire de la loi de Dieu ne sont plus fortement inculqués. Pour la méthode, il rappelle moins les Epîtres de saint Paul que les discours du Sauveur et surtout le sermon sur la montagne. Saint Jacques ne procède pas par raisonnements, mais par affirmations, par sentences ; il énonce simplement ses idées, sans chercher à les déduire d’un principe ni à les lier ensemble, et pour l’ordinaire il en a un certain nombre sur chaque sujet et il les donne d’un ton qui annonce l’autorité. Ses maximes dénotent un esprit vif, cultivé, poétique même, accoutumé à la lecture des prophètes. Le style, quoique simple, est non seulement correct, mas noble, élégant, énergique. Les fortes pensées, les images, les interrogations, les tours vifs et frappants, les antithèses abondent et donnent à cet écrit une physionomie à part. Quoique les pensées soient toutes bibliques, le grec est très pur.

Cette Epître doit avoir été composée vers 62, peu de temps avant la mort de saint Jacques. Elle suppose non seulement que saint Pierre avait quitté la Judée et peut-être écrit déjà aux fidèles de l’Asie-Mineure, mais que les Epîtres même de saint Paul aux Romains et aux Galates étaient connues et commentées. Du moins les remarques de saint Jacques sur la nécessité des bonnes œuvres semblent motivées par la fausse interprétation qu’on donnait à certains passages de ces Lettres. Il est également probable que saint Paul n’était plus dans l’Asie-Mineure et qu’il se trouvait éloigné des lieux où l’on dénaturait ainsi le sens de ses paroles. D’un autre côté, il n’est pas possible de renvoyer la composition de cette lettre après la ruine de Jérusalem, ni même à l’époque du siège, lorsque les chrétiens étaient retirés à Pella ou sur le point de quitter la ville. Rien n’y cesse l’agitation de cette époque. On sait d’ailleurs que saint Jacques ne dépassa pas l’an 62.

Quant au lieu où cette Epître fut écrite, il n’y a aucune raison de douter que ce ne soit Jérusalem, cette ville à laquelle l’auteur était attaché par tant de liens, et d’où il semble qu’il ne s’est jamais éloigné. On trouve dans son langage la manière, les souvenirs et toutes les images d’un habitant de la Palestine, versé dans la connaissance de la loi et des prophètes. (L. BACUEZ.)

Epître de saint Jacques



Joie dans les souffrances.

Demander à Dieu la sagesse.

Prier avec foi.

Pauvres élevés, riches abaissés.

Souffrances heureuses.

Dieu ne tente pas.

Il est l’auteur de tout bien.

Ecouter volontiers : parler peu.

Pratique la vérité.

Caractère de la vraie piété.


1Jacques, serviteur de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dispersées, salut. 2Regardez comme une grande joie (complète), mes frères, d’être en butte à diverses épreuves (de tomber en diverses tentations), 3sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. 4Mais la patience doit être (rend) parfaite dans ses œuvres, afin que vous soyez parfaits et accomplis, ne laissant rien à désirer. 5Si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et sans rien reprocher ; et elle lui sera donnée. 6Mais qu’il demande avec foi, sans hésiter. Car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé de côté et d’autre par le vent. 7Que cet homme là ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur. 8C’est un homme à l’esprit partagé (double d’esprit, note), inconstant dans toutes ses voies. 9Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation ; 10et le riche, au contraire, de son abaissement, parce qu’il passera comme la fleur de l’herbe. 11Car le soleil s’est levé brûlant, et il a desséché l’herbe, et sa fleur est tombée, et la grâce de son aspect (charme de sa beauté) a disparu ; ainsi le riche se flétrira dans ses voies. 12Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car, lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. 13Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu ne tente pas pour le mal, et il ne tente lui-même personne. 14Mais chacun est tenté par sa propre concupiscence, qui l’emporte et le séduit. 15Ensuite, lorsque la concupiscence a conçu, elle enfante le péché ; et le péché, étant consommé, engendre la mort. 16Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés. 17Toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. 18De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. 19Vous le savez, mes frères bien-aimés. Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère ; 20car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. 21C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole entée en vous, qui peut sauver vos âmes. 22Seulement, mettez cette parole en pratique, et ne vous contentez pas de l’écouter, vous trompant vous-mêmes. 23Car si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, 24et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel (comment) il était. 25Mais celui qui aura considéré attentivement la loi parfaite de la liberté, et qui l’aura fait avec persévérance, arrivant ainsi, non à écouter pour oublier, mais à pratiquer l’œuvre prescrite, celui-là trouvera le bonheur dans son activité. 26Si quelqu’un croit être religieux, et ne met pas un frein à sa langue, mais trompe son propre cœur, la religion de cet homme est vaine. 27La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur tribulation, et à se conserver pur du siècle présent.


L’acception des personnes condamnée.

Estime pour les pauvres.

Ne violer la loi en aucun point.

La foi sans les œuvres est inutile pour le salut.

Abraham justifié par ses œuvres jointes à la foi.


2Mes frères, n’associez aucune acception de personnes à la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ glorifié (le Seigneur de la gloire). 2Car s’il entre dans votre assemblée un homme ayant un anneau d’or et un vêtement magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre avec un habit sordide (mal vêtu), 3et que, tournant vos regards sur celui qui porte un vêtement magnifique, vous lui disiez : Toi, assieds-toi à cette place d’honneur (bien ici) ; et que vous disiez au pauvre : Toi, tiens-toi là debout, ou : Assieds-toi au-dessous de mon marchepied ; 4ne faites-vous pas en vous-mêmes des différences, et n’êtes-vous pas des juges animés de pensées injustes ? 5Ecoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres selon le monde, pour qu’ils soient riches dans la foi, et héritiers du royaume que Dieu a promis à ceux qui l’aiment ? 6Et vous, vous avez déshonoré le pauvre. Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment par leur puissance, et qui vous traînent devant les tribunaux ? 7Ne sont-ce pas eux qui blasphèment le beau nom qu’on prononce en vous nommant (sur vous) ? 8Si cependant vous accomplissez la loi royale, selon les Ecritures : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. 9Mais si vous faites acception des personnes, vous commettez un péché, et vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs. 10Car quiconque aura observé toute la loi, mais pèche contre un seul point, est coupable de tous. 11En effet, celui qui a dit : Tu ne commettras pas d’adultère, dit aussi : Tu ne tueras pas. Si donc tu ne commets pas d’adultère, mais que tu commettes un meurtre, tu es transgresseur de la loi. 12Parlez et agissez comme devant être jugés par la loi de la liberté. 13Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde s’élève au-dessus du jugement. 14Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Est-ce que la foi peut (pourra) le sauver ? 15Si un frère ou une soeur sont dans la nudité, et qu’ils manquent de la nourriture de chaque jour, 16et que l’un de vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous, et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, a quoi cela servira-t-il ? 17Il en est de même de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. 18Mais quelqu’un dira : Tu as la foi, et moi j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi je te montrerai ma foi par les (mes) œuvres. 19Tu crois qu’il n’y a qu’un Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent. 20Mais veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est morte ? 21Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ? 22Tu vois que la foi coopérait à ses (ces) œuvres, et que par les œuvres sa foi fut rendue parfaite (loi fut consommée). 23Et ainsi s’accomplit cette parole de l’Ecriture : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice, et il fut appelé ami de Dieu. 24Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement. 25De même aussi Rahab, la femme de mauvaise vie, ne fut-elle pas justifiée par les œuvres, recevant les messagers, et les renvoyant par un autre chemin ? 26De même, en effet, que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte.


Craindre de devenir maître.

La langue source de maux ; difficulté de la contenir.

Sagesse terrestre amie des disputes.

Caractère de la sagesse qui vient d’en haut.


3Ne soyez pas nombreux à vous ériger en docteurs, mes frères, sachant que vous vous exposez à un jugement plus sévère. 2Nous bronchons tous de bien des manières (faisons tous beaucoup de fautes). Si quelqu’un ne bronche (pèche) pas dans ses paroles, c’est un homme parfait, et il peut tenir en bride (même) tout son corps. 3Si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux, pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons aussi tout leur corps. 4Voyez aussi les navires : quoique si grands et poussés par des vents impétueux, ils sont dirigés avec un petit gouvernail, selon la volonté de celui qui les conduit. 5Ainsi la langue n’est qu’un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voyez quelle grande forêt un petit feu peut incendier. 6La langue aussi est un feu ; c’est un monde d’iniquité. La langue est placée parmi nos membres ; elle souille tout le corps, elle embrase le cours de notre vie, embrasée elle-même au feu de l’enfer. 7Toutes les espèces de bêtes sauvages, d’oiseaux, de reptiles, et d’autres animaux peuvent se dompter, et ont été domptés par la nature humaine ; 8mais la langue, aucun homme ne peut la dompter ; mal impossible à réprimer (inquiet), elle est pleine d’un venin mortel. 9Par elle nous bénissons Dieu notre Père, et par elle nous maudissons les hommes, qui ont été faits à l’image de Dieu. 10De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. 11Est-ce que la source (fontaine) fait jaillir, par une même ouverture, de l’eau douce et de l’eau amère ? 12Est-ce qu’un figuier, mes frères, peut produire des raisins, ou une vigne des figues ? Ainsi une source salée ne peut pas donner une eau douce. 13Qui est sage et instruit parmi vous ? Qu’il montre ses œuvres par une bonne conduite, dans une sagesse pleine de douceur. 14Mais si vous avez un zèle amer et s’il y a un esprit de dispute dans vos cœurs, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. 15Car une telle sagesse ne descend pas d’en haut, mais elle est terrestre, animale, diabolique. 16En effet, là où il y a zèle amer (envie) et esprit de dispute, il y a du trouble (inconstance) et toute sorte d’actions mauvaises. 17Mais la sagesse qui vient d’en haut est premièrement chaste, puis pacifique, modérée, conciliante, cédant au bien, pleine de miséricorde et de bons fruits, ne jugeant pas et n’étant pas dissimulée. 18Or le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui prodiguent la paix.


Divisions produites par les passions.

On n’obtient pas, parce qu’on demande mal.

Amitié du monde ennemie du Dieu.

Se soumettre à Dieu ; résister au démon.

S’affliger par la pénitence.

Ne pas médire, ne pas juger.

Ne pas s’appuyer sur la vie, parce qu’elle est incertaine.


4D’où viennent les guerres et les querelles parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions (convoitises), qui combattent dans vos membres ? 2Vous convoitez et vous n’obtenez pas ; vous tuez, et vous êtes envieux, et vous ne pouvez pas obtenir ; vous avez des querelles et vous faites la guerre, et vous n’obtenez pas, parce que vous ne demandez pas. 3Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. 4Adultères, ne savez-vous pas que l’amour de ce monde est inimitié contre Dieu ? Par conséquent quiconque veut être ami de ce siècle se constitue ennemi de Dieu. 5Pensez-vous que l’Ecriture dise en vain : L’Esprit qui habite en vous a-t-il des désirs qui portent à l’envie ? 6Au contraire, il donne une plus grande grâce. C’est pourquoi il dit : Dieu résiste aux superbes, et il donne sa grâce aux humbles. 7Soumettez-vous donc à Dieu ; mais résistez au diable, et il fuira (loin) de vous. 8Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Lavez vos mains, pécheurs ; et purifiez vos cœurs, vous qui êtes irrésolus (doubles d’esprit, note). 9Sentez votre misère, prenez le deuil et pleurez ; que votre rire se change en pleurs, et votre joie en tristesse. 10Humiliez-vous en présence du Seigneur, et il vous élèvera. 11Ne parlez pas mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi, et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es pas observateur de la loi, mais tu t’en fais le juge. 12(Il y a) Un seul est législateur et un juge : Celui qui peut sauver et perdre. 13Mais qui es-tu, toi qui juges le prochain ? Et maintenant, vous qui dites : Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville ; nous y passerons une année, nous trafiquerons, et nous ferons des (beaucoup de) profits ; 14vous qui ne savez pas (même) ce qui arrivera demain. 15Car qu’est-ce que votre vie ? C’est une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite s’évanouit. Vous devriez dire au contraire : Si le Seigneur le veut, ou : Si nous vivons, nous ferons ceci ou cela. 16Mais maintenant, vous vous glorifiez dans votre orgueil. Toute jactance de ce genre est mauvaise. 17Celui donc qui sait le bien à faire et qui ne le fait pas est coupable de péché (verset oublié).


Riches injustes sévèrement punis.

Patience dans les afflictions.

Souffrances des prophètes et de Job.

Eviter le jurement.

Extrême-Onction.

Confession des péchés.

Prière du juste.

Conversion du pécheur.


5A vous, maintenant, riches : pleurez, poussez des cris, à cause des malheurs (misères) qui viendront sur vous. 2Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les vers. 3Votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille témoignera contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous vous êtes amassé un trésor de colère dans (pour) les derniers jours. 4Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et leur cri a pénétré jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées (Sabaoth, note). 5Vous avez vécu sur la terre dans les festins (voluptés) et dans les délices ; vous avez rassasié vos cœurs (comme, note) au jour de carnage (de sacrifice, note). 6Vous avez condamné et vous avez tué le Juste, et il ne vous a pas résisté. 7Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies (celui, note) de la première et de la dernière saison. 8Soyez donc patients, vous aussi, et affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. 9Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés. Voici, le juge est à la porte. 10Prenez, frères, pour modèle de souffrance (mort cruelle) et de patience dans les afflictions les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. 11Voici, nous appelons heureux ceux qui ont tenu bon (souffert). Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée ; car le Seigneur est miséricordieux et compatissant. 12Mais avant tout, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par tout autre genre de serment. Dites seulement : Oui, oui ; Non, non ; afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. 13Quelqu’un parmi vous est-il dans la tristesse ? Qu’il prie. Est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques. 14Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les prêtres de l’Eglise, et qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. 15Et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le soulagera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis. 16Confessez-vous donc réciproquement vos péchés, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ; car la prière fervente du juste a beaucoup de puissance. 17Elie était un homme sujet aux mêmes faiblesses que nous ; et il pria avec instance pour qu’il ne plût pas sur la terre, et il ne plut pas durant trois ans et demi. 18Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre donna son fruit. 19Mes frères, si quelqu’un d’entre vous s’égare loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, 20qu’il sache que celui qui ramène un pécheur de la voie où il s’égare, sauvera son âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés.

Notes


1.1 Qui sont dans la dispersion ; c’est-à-dire qui sont dispersés. Le mot dispersion se trouve quelquefois dans l’Ecriture pour désigner les Juifs dispersés par suite de la captivité. Voir Jean, 7, 35.

1.3 L’épreuve produit la patience ; saint Paul dit au contraire que c’est la patience qui produit l’épreuve (voir Romains, 5, 3). Mais outre que deux choses peuvent être mutuellement cause l’une de l’autre, le mot épreuve n’est pas pris dans le même sens dans les deux passages. La patience, c’est-à-dire la souffrance des afflictions, produit l’épreuve, et nous rend éprouvés et agréables à Dieu. Et l’épreuve, c’est-à-dire les maux et les tribulations par lesquels Dieu nous éprouve, produit la patience, et nous rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C’est par l’exercice des souffrances que nous acquérons la patience.

1.5 La sagesse pratique, qui envisage au point de vue chrétien les adversités et les fait servir au salut.

1.6 Voir Matthieu, 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Luc, 11, 9 ; Jean, 14, 13 ; 16, 23-24.

1.8 L’homme double d’esprit ; c’est-à-dire qui en a un pour la foi, et l’autre pour l’incrédulité ; l’homme qui est partagé entre la foi et l’incrédulité, entre Dieu et le monde. L’homme animé de sentiments contraires.

1.10 Voir Ecclésiastique, 14, 18 ; Isaïe, 40, 6 ; 1 Pierre, 1, 24.

1.12 Voir Job, 5, 17.

1.13 Quoique Dieu ait tenté autrefois Abraham, quoique Moïse ait dit aux anciens Hébreux : Le Seigneur votre Dieu vous tente (voir Deutéronome, 13, 3), l’apôtre saint Jacques a pu dire avec vérité que Dieu ne tente personne, parce que le mot tenter a deux sens bien différents : dans l’un, il signifie séduire pour porter au mal ; et dans l’autre, éprouver, pour porter au bien, pour affermir dans la vertu et pour procurer des occasions de mériter. Or c’est dans le premier sens que Dieu ne tente personne, et c’est dans le second qu’il a pu tenter Abraham et les anciens Hébreux, et qu’il peut tenter tous les hommes.

1.16 Ne vous y trompez donc pas, « en vous imaginant que Dieu est l’auteur du mal ; il est, au contraire, la source suprême de tout bien. » (CRAMPON)

1.19 Voir Proverbes, 17, 27.

1.22 Voir Matthieu, 7, vv. 21, 24 ; Romains, 2, 13.

1.23 Dans un miroir. Les miroirs étaient communs chez les anciens. Ils étaient en métal poli.

1.25 C’est la loi évangélique que l’apôtre appelle la loi de la liberté, parce qu’elle nous affranchit de la servitude des cérémonies, en opposition avec la loi de l’Ancien Testament, dont saint Paul dit qu’elle n’était propre qu’à former des esclaves (voir Galates, 4, 24).

2.1 Voir Lévitique, 19, 15 ; Deutéronome, 1, 17 ; 16, 19 ; Proverbes, 24, 23 ; Ecclésiastique, 42, 1.

2.2 Un anneau d’or. Les bagues en or ou autres métaux précieux étaient communes chez les anciens.

2.8 Voir Lévitique, 19, 18 ; Matthieu, 22, 39 ; Marc, 12, 31 ; Romains, 13, 9 ; Galates, 5, 14. La loi royale ; c’est-à-dire qui domine toutes les autres, la loi suprême. « Sens : si pourtant vous agissez ainsi, non par mépris du pauvre, mais pour quelque motif honnête, et sans violer la première de toutes les lois, la charité, je ne vous condamne pas absolument. Mais si vous faites réellement acception des personnes, c’est-à-dire si vous humiliez le pauvre parce qu’il est pauvre, vous êtes coupable ; car (voir verset 10) quiconque transgresse un seul point de la loi, etc. » (CRAMPON)

2.9 Voir Lévitique, 19, 15 ; Jacques, 2, 1.

2.10 Voir Matthieu, 5, 19. ― Lorsque cette Epître fut écrite, il y avait des Juifs qui croyaient que violer la loi sur un point ou sur un petit nombre de points et la pratiquer sur tous les autres, n’était pas un péché grave qui pût attirer la colère de Dieu, qu’il y avait même un certain mérite en cela. Saint Augustin dit que c’était aussi l’erreur de quelques chrétiens de son temps. C’est donc contre cette erreur que saint Jacques s’élève ; et quand il dit toute, c’est qu’il considère la loi comme un tout pris dans son ensemble. Ainsi, qu’on viole tel ou tel précepte en particulier, c’est toujours la loi elle-même qui est violée.

2.14 et suivants. L’apôtre n’est nullement en contradiction ici avec ce que dit saint Paul aux Romains (voir Romains, 1, 17 ; 3, verset 20 et suivants) ; car saint Paul s’attache à montrer que les œuvres prescrites par les lois cérémonielles de Moïse ne servaient par elles-mêmes de rien pour le salut depuis la prédication de l’Evangile, à moins qu’elles ne fussent animées de la foi et de la charité, tandis que la foi animée elle-même de la charité, pouvait, sans les œuvres cérémonielles de la loi, nous rendre justes et nous mériter le salut. Saint Jacques, au contraire, parle de la pratique des œuvres morales, telles que la justice, la miséricorde, et toutes les autres vertus. Or comment saint Paul aurait-il voulu exclure ces sortes d’œuvres, lui qui remplit toutes ses lettres d’exhortations à bien vivre et à mettre en action les vérités que Jésus-Christ nous a enseignées ?

2.15 Voir 1 Jean, 3, 17.

2.21 Voir Genèse, 22, 9.

2.23 Voir Genèse, 15, 6 ; Romains, 4, 3 ; Galates, 3, 6.

2.24 « Pour saint Jacques, Abraham est le représentant et le type de tous les vrais croyants : la conclusion est donc légitime. Sa doctrine est d’ailleurs conforme à celle de saint Paul, qui n’accorde de valeur qu’à « la foi agissante par les œuvres » (voir Galates, 5, 6). » (CRAMPON)

2.25 Voir Josué, 2, 4 ; Hébreux, 11, 31. ― Rahab… recevant à Jéricho les espions de Josué.

3.1 Voir Matthieu, 23, 8.

3.2 D’autres : « Son corps tout entier, avec les convoitises et les passions dont le corps est comme le foyer. Suivent deux comparaisons, qui expliquent cette dernière pensée. » (CRAMPON)

3.6 Par la géhenne. Voir Matthieu, 5, 22. Enflamme tout le cours de notre vie : « elle nous fait pêcher durant tout le cours de notre vie, elle-même étant excitée par l’esprit de mensonge, le démon. » (CRAMPON)

3.7 Et d’autres animaux. Le grec porte : Et d’animaux marins. Beaucoup d’interprètes pensent qu’on lisait autrefois dans la Vulgate cetorum au lieu de cæterorum.

3.13 Dans une sagesse pleine de douceur ; littéralement et par hébraïsme : Dans une douceur de sagesse.

4.2 « Vive peinture de l’agitation d’une âme qui ne sait pas mettre un frein à ses désirs : elle convoite mille choses, et ne les obtenant pas, elle devient meurtrière (dans son cœur, voir 1 Jean, 3, 15), c’est-à-dire, elle hait à mort ceux qui lui sont un obstacle, et envie, etc. » (CRAMPON)

4.4 Adultères. L’Ecriture appelle souvent ainsi non seulement les idolâtres et les impies déclarés, mais encore tous les hommes qui sont attachés aux biens terrestres et aux plaisirs illicites, parce qu’ils brisent ainsi l’union qui doit toujours exister entre eux et Dieu leur créateur et bienfaiteur.

4.5 L’Ecriture, etc. Ce passage ne se trouve pas en terme exprès dans la Bible ; mais l’Apôtre fait allusion aux divers endroits où elle parle du péché originel, ou de la concupiscence et du penchant qui nous porte constamment au mal. C’est après l’envie, etc. ; le chagrin qu’on ressent du bonheur, des succès d’autrui ; c’est en effet le sens du texte grec. ― L’esprit qui habite en vous ; c’est-à-dire l’esprit malin, le démon. Comparer au verset 7, où il est dit : Résistez au diable, et il s’enfuira de vous ; et cet autre passage de l’Ecriture : C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde (voir Sagesse, 2, 24). D’autres traduisent : L’esprit (de Dieu) qui habite en vous, vous aime d’un amour de jalousie. Mais, outre que cette traduction est peu conforme à la vraie signification des mots employés par l’apôtre, elle ne s’accorde pas avec le verset suivant.

4.6 Voir Proverbes, 3, 34 ; 1 Pierre, 5, 5. ― Mais il donne ; c’est-à-dire Dieu, ou comme porte la version syriaque, Notre-Seigneur.

4.8 Double d’esprit. Comparer à Jacques, 1, 8. « La main figure les œuvres extérieures ; le cœur, les passions. » (CRAMPON)

4.10 Voir 1 Pierre, 5, 6.

4.13 Voir Romains, 14, 4.

5.4 Sabaoth. Voir, sur la vertu de ce mot, Romains, 9, 29.

5.5 Comme. Ce mot est évidemment sous-entendu ; il se trouve d’ailleurs dans le grec. « Jour de sacrifice : comme les animaux qu’on engraisse pour le sacrifice ; ou bien : comme les animaux qui mangent et boivent à l’ordinaire le jour même où ils sont offerts en sacrifice. » (CRAMPON)

5.7 Celui (le fruit) de la première, etc. C’est le seul sens dont soit susceptible la Vulgate, et c’est aussi le plus favorable au contexte. D’autres, conformément aux exemplaires grecs qui portent, comme la version syriaque, le mot pluie, traduisent : Jusqu’à ce qu’il reçoive la pluie de la première, etc.

5.11 La fin du Seigneur ; c’est-à-dire, selon saint Augustin et beaucoup d’interprètes après lui, la passion et la mort du Sauveur sur la croix. D’autres l’entendent de la fin heureuse que le Seigneur accorda à Job.

5.12 Voir Matthieu, 5, 34.

5.14 Sur lui. L’apôtre emploie cette expression, parce que pendant la prière, le prêtre tenait la main étendue sur le malade. (Comparer à Matthieu, 19, 13 ; Actes des Apôtres, 6, 6) ; ou bien, parce qu’en priant, il faisait les onctions sur lui. Ce passage exprime une promulgation claire du sacrement de l’Extrême-Onction institué par Jésus-Christ.

5.16 L’un à l’autre ; c’est-à-dire le malade au prêtre de l’Eglise, qu’il doit appeler auprès de lui, d’après le verset 14, et qui a le pouvoir d’absoudre.

5.17 Voir 3 Rois, 17, 1 ; Luc, 4, 25. Pria avec instance ; littéralement, pria par la prière ; sorte d’hébraïsme, dont le but est, comme on l’a remarqué plusieurs fois, de donner de la force au discours.

5.20 Son âme ; celle du pécheur. ― Couvrira, etc. Il effacera les péchés de celui qu’il convertit en l’amenant à faire pénitence et à se confesser ; et les siens propres, parce qu’en exerçant ainsi la charité, il se rend digne de recevoir la grâce de la rémission de ses fautes.

1re Epître de saint Pierre

INTRODUCTION





On n’a jamais contesté l’authenticité de cette Epître. Eusèbe la met immédiatement après les Epîtres de saint Paul, dans la liste des homologoumènes avec la première de saint Jean. Elle a été citée dès le premier siècle par saint Clément. Saint Pierre lui-même en fait mention dans sa seconde Lettre ; et tous les caractères de cet écrit, sa forme, sa destination, son objet, confirment le témoignage de la tradition. S’il convenait à l’apôtre des nations d’instruire et de diriger par les Epîtres les Eglises qu’il avait fondées parmi les Gentils, n’appartenait-il pas à saint Pierre, l’apôtre des circoncis, de veiller sur ses compatriotes, de pourvoir à leurs besoins spirituels, et d’envoyer à ceux qu’il avait évangélisés les instructions et les avis que rendaient nécessaires leurs dispositions, leurs habitudes et les épreuves par lesquelles ils devaient bientôt passer ? C’est ce qu’il fait dans cette Lettre, avec un dignité, une élévation de sentiments, une étendue de vue, une solidité et une plénitude de doctrine qui répondent à la hauteur de sa position, et qui font de son écrit un monument de sagesse et une source d’édification pour les fidèles de tous les temps et de tous les lieux.

Elle est datée de Rome ; car le nom de Babylone désigne Rome, ici comme dans l’Apocalypse.

Plusieurs croient qu’elle fut écrite peu d’années après l’arrivée de saint Pierre dans cette ville, vers 45, parce qu’il y parle de saint Marc comme étant encore auprès de lui. Mais cette raison n’est pas décisive ; car si ce disciple quitta Rome de bonne heure pour aller fonder l’Eglise d’Alexandrie, nous voyons par l’Epître aux Colossiens qu’il y est revenu au temps de la captivité de saint Paul ; et c’est à ce moment que le plus grand nombre de commentateurs renvoient la composition de cette première Epître.

Saint Pierre, aussi bien que saint Jacques, écrit aux tribus dispersées ; mais il adresse son Epître aux Israélites convertis du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie, et de la Bythinie, en leur associant dans sa pensée ceux des Gentils qui professent la même foi dans les mêmes contrées. Les uns et les autres se mêlaient, dit Origène, dans ces pays, où saint Paul avait prêché aussi bien que saint Pierre. Cette Lettre fut confiée aux mains de Sylvanus.

Le but de cette Epître est d’affermir les chrétiens dans la foi et dans la vertu, de les soutenir contre les épreuves, de les préparer à la persécution et de les animer à se rendre dignes du ciel par une vie parfaite. Le Sauveur avait recommandé particulièrement ce soin à son Vicaire.

Dans ce dessein, saint Pierre leur atteste la vérité de la doctrine qui leur a été prêchée. Il exalte la grandeur du chrétien et la sublimité de sa vocation en ce monde et en l’autre ; puis il anime à la perfection les fidèles et les pasteurs. En même temps qu’il signale les obligations des divers états, il exhorte au courage et à la constance ; il rappelle la passion du Sauveur, et il assure que s’associer généreusement à ses souffrances, c’est mériter d’avoir part à sa gloire.

La doctrine de cette Epître est simple et pratique, mais non moins énergique et surnaturelle. Comme saint Paul, saint Pierre fait reposer toute sa morale sur la dignité du chrétien, sur l’union que cette qualité lui donne avec Jésus-Christ, sur les souffrances que le Sauveur a endurées pour le racheter. C’est pour nous tirer de l’esclavage et de la mort qu’il a répandu son sang. Ceux dont il a brisé les fers doivent être, au milieu du monde, comme un peuple à part, comme une nation sainte, comme la famille des enfants de Dieu.

Quand à la forme, on peut remarquer dans cette Epître, comme dans tous les discours de saint Pierre, un style ferme et digne, de la concision, de l’élévation, un ton d’autorité doux et paternel qui répond à la position de l’auteur, une humilité profonde, un zèle sincère et une émotion qui se font sentir chaque fois que sa pensée se reporte vers son Maître, qu’il rappelle sa Passion ou la gloire du ciel, prix de ses souffrances. Cet écrit se distingue encore par un grand nombre d’allusions à l’Ancien Testament, et par de fréquents hébraïsmes. (L. BACUEZ.)

1re Epître de saint Pierre



Saint Pierre rend grâces à Dieu de la vocation des fidèles.

Afflictions, épreuves de la foi.

Salut annoncé par les prophètes.

Sainteté de conduite.

Estime du prix de nos âmes.

Charité pure et sincère.

Régénération par la parole de l’Evangile.


1Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus étrangers et dispersés (de la dispersion) dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus 2selon la prescience de Dieu le Père, pour recevoir la sanctification de l’Esprit, pour obéir à la foi et avoir part à l’aspersion du sang de Jésus-Christ. Que la grâce et la paix vous soient multipliées. 3Béni soit le Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, 4pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, qui est réservé dans les cieux pour vous, 5qui êtes gardés par la puissance (vertu) de Dieu, par la foi, pour le salut qui est prêt à être manifesté dans le dernier temps. 6Vous devez en être (Où vous serez) transportés de joie, supposé même qu’il faille que, pour un peu de temps, vous soyez attristés par diverses épreuves (tentations), 7afin que votre foi ainsi éprouvée, plus précieuse que l’or qu’on éprouve par le feu, tourne à votre louange, votre gloire et votre honneur, lorsque paraîtra Jésus-Christ, 8lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui maintenant encore vous croyez sans le voir ; ce qui vous fait tressaillir (or croyant ainsi vous tressaillirez) d’une joie ineffable et glorieuse, 9parce que vous remporterez la fin de votre foi, le salut de vos âmes. 10Ce salut a été l’objet des recherches et des investigations des prophètes, qui ont prédit la grâce qui vous était destinée ; 11(et comme) ils cherchaient à découvrir quel temps et quelles conjonctures leur indiquait l’Esprit du Christ (qui était en eux), qui annonçait d’avance les souffrances réservées à Jésus-Christ, et la gloire qui devait les suivre. 12Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils étaient dispensateurs de ces choses, que vous ont maintenant annoncées ceux qui vous ont prêché l’Evangile par l’Esprit-Saint, envoyé du ciel, et que les anges désirent contempler à fond. 13C’est pourquoi ayant ceint les reins de votre esprit (âme), étant sobres, placez votre espérance entière dans la grâce qui vous sera donnée lorsque paraîtra Jésus-Christ. 14Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas à vos convoitises d’autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance ; 15mais, à l’image du Saint qui vous a appelés, soyez saints vous aussi dans toute votre conduite, 16car il est écrit : Vous serez saints parce que (moi) je suis saint. 17Et si (puisque) vous invoquez comme votre Père celui qui, sans faire acception des personnes, juge chacun selon ses œuvres, conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre pèlerinage ; 18sachant que ce n’est pas par des choses périssables, par l’or ou l’argent, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous teniez de vos pères, 19mais par le précieux sang du Christ, comme de l’Agneau (d’un agneau) sans tache et sans défaut, 20prédestiné avant la création du monde, et manifesté dans les derniers temps à cause de vous, 21qui par lui croyez en Dieu, lequel l’a ressuscité d’entre les morts, et lui a donné la gloire, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu. 22Rendez vos âmes pures (chastes) par une obéissance d’amour (de charité), par la charité (une dilection) fraternelle ; portez une attention continuelle à vous aimer les uns les autres du fond du cœur ; 23ayant été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu, qui vit et demeure éternellement. 24Car toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe se dessèche, et sa fleur tombe ; 25mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle dont la bonne nouvelle a été annoncée.


Croître en Jésus-Christ ; s’approcher de lui comme de la pierre angulaire.

Il est une source d’honneur pour ceux qui croient, et une pierre d’achoppement pour les incrédules.

Caractères du chrétien.

S’abstenir des passions charnelles.

Etre soumis aux puissances.

Gloire du chrétien, souffrir comme Jésus-Christ.


2Vous étant donc dépouillés de toute malice, de toute (fraude, de toute) ruse, dissimulation et envie, et de toute médisance, 2comme des enfants nouveau-nés, désirez ardemment le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, 3si toutefois vous avez goûté que (comme) le Seigneur est doux. 4Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et mise en honneur par Dieu ; 5et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, soyez posés sur lui pour former une maison spirituelle, et un sacerdoce saint, qui offre des sacrifices (hosties) spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ. 6C’est pourquoi il est dit dans l’Ecriture : Voici, je mets dans Sion la pierre angulaire choisie, précieuse ; et celui qui aura confiance en elle ne sera pas confondu. 7Ainsi donc, à vous qui croyez, l’honneur ; mais, pour les incrédules, la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, est devenue la tête de l’angle, 8et une pierre d’achoppement, et une pierre de scandale pour ceux qui se heurtent contre la parole et qui ne croient pas ; ce à quoi ils ont été destinés. 9Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; 10vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’avez (aviez) pas reçu miséricorde, mais qui maintenant avez reçu miséricorde. 11Bien-aimés, je vous exhorte (conjure), comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre l’âme. 12Ayez une bonne conduite au milieu des païens, afin que, là même où ils vous calomnient comme des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour de sa visite. 13Soyez donc soumis à toute institution (créature) humaine, à cause de Dieu : soit au roi, comme au souverain (étant au-dessus des autres), 14soit aux gouverneurs, comme étant envoyés par lui pour châtier les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien (louange des bons). 15Car c’est là la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des hommes insensés ; 16comme étant libres, non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté (malice), mais comme des serviteurs de Dieu. 17Honorez tous les hommes ; aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. 18Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres ; non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais aussi à ceux qui sont difficiles (fâcheux). 19Car c’est une grâce (un mérite) d’endurer des peines et de souffrir injustement, par motif de conscience envers Dieu. 20En effet, quelle gloire y a-t-il, si battu pour avoir commis des fautes, vous le supportez ? Mais si, en faisant le bien, vous souffrez avec patience, voilà ce qui est une grâce (un mérite) devant Dieu. 21Car c’est à cela que vous avez été appelés, parce que le Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces : 22Lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel ne s’est pas trouvée de fraude ; 23lui qui, injurié, ne rendait pas d’injures, et, maltraité, ne faisait pas de menaces, mais se livrait à celui qui le jugeait injustement ; 24lui qui a porté lui-même nos péchés dans son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice ; lui par les meurtrissures (plaies) duquel vous avez été guéris. 25Car vous étiez comme des brebis errantes ; mais vous êtes retournés maintenant au pasteur et au gardien (à l’évêque) de vos âmes.


Devoirs des femmes envers leurs maris, et réciproquement.

Charité mutuelle.

Bénir ceux qui maudissent.

S’estimer heureux de souffrir pour la justice.

Souffrance de Jésus-Christ.

Eaux du déluge figure des eaux du baptême.


3Que les femmes soient pareillement soumises à leurs maris, afin que, si quelques-uns ne croient pas à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs femmes, 2lorsqu’ils verront votre conduite chaste et respectueuse. 3Que leur parure ne soit pas celle du dehors, la frisure des cheveux, les ornements d’or, ou les habits (riches vêtements) qu’on revêt ; 4mais celle qui convient à l’homme caché du cœur, par la pureté incorruptible d’un esprit doux et modeste, qui est d’un grand prix devant Dieu. 5Car c’est ainsi qu’autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu se paraient, soumises à leurs maris : 6telle Sara, qui obéissait à Abraham, l’appelant son seigneur ; Sara dont vous êtes devenues les filles, en faisant ce qui est bien et sans vous laisser troubler par aucune crainte. 7Vous de même, maris, montrez de la sagesse dans vos relations avec vos femmes, comme avec un sexe plus faible, les traitant avec honneur puisqu’elles sont, aussi bien que vous, héritières de la grâce de la vie, afin que vos prières ne soient pas empêchées. 8Enfin, soyez d’un même sentiment, vous aimant comme des frères, compatissants, miséricordieux, doux et humbles. 9Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’injure pour l’injure ; mais au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de recevoir en héritage la bénédiction. 10Si quelqu’un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu’il préserve sa langue du mal, et que ses lèvres ne profèrent pas le mensonge ; 11qu’il se détourne du mal et qu’il fasse le bien ; qu’il cherche la paix, et qu’il la poursuive ; 12car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles écoutent leurs prières ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal. 13Et qui pourra vous nuire, si vous êtes zélés pour faire le bien ? 14Et si même vous deviez souffrir pour la justice, vous êtes bienheureux. Ne les craignez pas, et ne soyez pas troublés. 15Sanctifiez (Glorifiez) dans vos cœurs le Seigneur Jésus-Christ, étant toujours prêts à répondre pour votre défense à quiconque vous demandera compte de votre espérance ; 16mais avec douceur et respect, ayant une bonne conscience, afin que ceux qui décrient la bonne conduite que vous menez dans le Christ soient confus de ce qu’ils vous calomnient. 17Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant bien qu’en faisant mal. 18En effet, le Christ aussi est mort une fois pour nos péchés, lui (le) juste pour des injustes, afin de nous offrir à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais rendu à la vie quant à l’esprit ; 19par lequel aussi il est allé prêcher aux esprits qui étaient en prison, 20qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience de Dieu, pendant qu’était préparée l’arche, dans laquelle peu de personnes, savoir huit seulement, furent sauvées à travers l’eau. 21Figure (à laquelle ?) correspond le baptême, qui vous sauve maintenant, non pas en enlevant les souillures de la chair, mais par l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, grâce à la résurrection de Jésus-Christ, 22qui est à la droite de Dieu, ayant détruit la mort, afin que nous devinssions héritiers de la vie éternelle ; il est allé au ciel, où les anges, les dominations et les puissances lui sont assujettis.


Vivre non selon les passions des hommes, mai selon la volonté de Dieu.

Veiller et prier.

Pratiquer la charité.

Parler et agir par l’esprit de Dieu.

Se réjouir dans les souffrances.

Dieu juge ici les siens et leur est fidèle.


4Ainsi donc, puisque le Christ a souffert (pour nous) dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée ; car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, 2afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui lui reste à passer dans la chair. 3C’est assez, en effet, d’avoir, dans le temps passé, accompli la volonté des païens, en vivant dans le désordre (les impudicités), les convoitises, l’ivrognerie (la crapule), les excès du manger et du boire, et le culte sacrilège des idoles. 4Ils trouvent maintenant étrange que vous ne couriez plus avec eux à ce débordement de débauche, et ils vous outragent. 5Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. 6Car c’est pour cela que l’Evangile a été aussi annoncé aux morts, afin qu’après avoir été jugés selon les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’esprit. 7La fin de toutes choses approche. Soyez donc prudents et veillez dans la prière. 8Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une (la) multitude de péchés. 9Exercez entre vous l’hospitalité sans murmurer. 10Que chacun mette au service des autres le don spirituel (la grâce) qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dispensateurs de la grâce de (du) Dieu aux formes multiples. 11Si quelqu’un parle, que ce soit selon les (comme des) oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce un ministère, que ce soit comme employant une force (la vertu) que Dieu donne, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartiennent la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen. 12Bien-aimés, ne soyez pas surpris du feu ardent qui sert à vous éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange (d’extraordinaire) ; 13mais, parce que vous participez (ainsi) aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lorsque sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. 14Si vous recevez des injures pour le nom du Christ, vous êtes bienheureux, parce que l’honneur, la gloire, et la puissance (vertu) de Dieu (et son Esprit), reposent sur vous. 15Mais qu’aucun de vous ne souffre comme homicide, ou comme voleur, ou comme malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui (médisant et avide d bien d’autrui). 16Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas de honte, mais qu’il glorifie Dieu de porter ce nom-là. 17Car le moment est venu où le jugement va commencer par la maison de Dieu ; et s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui ne croient pas à l’Evangile de Dieu ? 18Et si le juste n’est sauvé qu’avec peine, que deviendront l’impie et le pécheur ? 19Que ceux donc qui souffrent selon la volonté de Dieu recommandent leurs âmes au Créateur fidèle, en faisant ce qui est bien (avec leurs bonnes œuvres).


Avis aux ministres de l’Evangile.

Avis à tous les fidèles.

S’humilier devant Dieu ; se reposer en lui.

Veiller sur soi ; résister au démon.

Salutations.


5Je prie donc les anciens (conjure les prêtres) qui sont parmi vous, moi qui suis ancien (prêtre) comme eux et témoin des souffrances du Christ, moi qui aurai aussi ma part à cette gloire qui doit être manifestée dans l’avenir : 2paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillez sur lui, non par contrainte, mais de bon gré (spontanément), selon Dieu ; non pour un gain honteux, mais par dévouement ; 3non en dominant sur ceux qui sont votre partage (l’héritage du Seigneur), mais devenant les modèles du troupeau, du fond du cœur. 4Et lorsque le prince des pasteurs paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de gloire (qui ne se flétrit(ra) jamais). 5Et vous aussi, jeunes gens, soyez soumis aux anciens (prêtres). Tous inspirez-vous l’humilité les uns aux autres, car Dieu résiste aux superbes, et donne la grâce aux humbles. 6Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève (exalte) au temps de sa visite ; 7vous déchargeant sur lui de tous vos soucis (sollicitude), car c’est lui qui prend soin de vous. 8Soyez sobres et veillez ; car votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui il pourra dévorer. 9Résistez-lui, demeurant fermes dans la foi, sachant que vos frères qui sont dans le monde souffrent les mêmes afflictions que vous. 10Le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés dans le Christ Jésus à son éternelle gloire, lui-même vous perfectionnera, vous affermira et vous fortifiera, après que vous aurez un peu souffert (un peu de temps). 11A lui soit la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen. 12Je vous ai écrit brièvement, ce me semble, par Silvain, notre frère fidèle, pour vous exhorter et vous attester (vous suppliant et vous exhortant) que cette grâce de Dieu, à laquelle vous êtes attachés, est la vraie. 13L’Eglise élue comme vous qui est à Babylone vous salue, ainsi que mon fils Marc. 14Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Que la grâce soit avec vous tous, qui êtes dans le Christ Jésus. Amen.

Notes


1.1 De la dispersion. Voir à Jacques, 1, 1, la note relative à ce mot. Le Pont. Voir Actes des Apôtres, 2, 9 ― La Galatie, province de l’Asie Mineure bornée au nord par la Paphlagonie et la Bythinie, à l’ouest par la Phrygie, au sud par la Lycaonie et la Cappadoce, à l’est par le Pont. ― La Cappadoce. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― L’Asie, la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― La Bythinie. Voir Actes des Apôtres, 16, 7.

1.3 Voir 2 Corinthiens, 1, 3 ; Ephésiens, 1, 3.

1.7 A la révélation ; c’est-à-dire à l’avènement au jour du jugement.

1.11-12 (?) « Les chrétiens sont élus et choisis par un décret éternel ; ils sont comme des étrangers sur la terre, regardant le ciel comme leur véritable patrie. (…) L’élection a sa raison dernière dans la prescience éternelle de Dieu, c’est-à-dire ici sa volonté déterminée et son amour ; elle s’exécute dans le temps par l’action du Saint-Esprit, qui nous justifie intérieurement et crée en nous l’homme nouveau ; sa fin prochaine est de nous amener à la foi et de nous faire entrer, par les mérites du sang de Jésus-Christ, dans la nouvelle alliance, qui est l’Eglise chrétienne, comme les Israélites avait été reçus dans l’ancienne alliance par l’aspersion du sang des victimes (voir Exode, 24, 8). » (CRAMPON, 1885)

1.13 Qui vous est offerte, etc. ; qui vous sera donnée à l’avènement de Jésus-Christ.

1.14 Aux anciens désirs de votre ignorance ; aux passions auxquelles vous vous abandonniez autrefois, quand vous viviez dans l’ignorance.

1.16 Voir Lévitique, 11, 44 ; 19, 2 ; 20, 7.

1.17 Voir Deutéronome, 10, 17 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6.

1.19 Voir 1 Corinthiens, 6, 20 ; 7, 23 ; Hébreux, 9, 14 ; 1 Jean, 1, 7 ; Apocalypse, 1, 5.

1.24 Voir Ecclésiastique, 14, 18 ; Isaïe, 40, 6 ; Jacques, 1, 10.

2.1 Voir Romains, 6, 4 ; Ephésiens, 4, 22 ; Colossiens, 3, 8 ; Hébreux, 12, 1.

2.2 Le lait, « la parole de Dieu, ainsi appelée pour continuer la métaphore. ― Spirituel, nourriture des âmes. ― Pur, sans mélange d’erreur. » (CRAMPON)

2.6 Voir Isaïe, 28, 16 ; Romains, 9, 33.

2.7 Voir Psaumes, 117, 22 ; Isaïe, 8, 14 ; Matthieu, 21, 42 ; Actes des Apôtres, 4, 11.

2.8 Et qui ne croient pas, etc. Il y a quelques divergences dans la manière d’expliquer cette fin de verset ; mais la pensée dominante de l’apôtre se retrouve dans chaque interprétation.

2.10 Voir Osée, 2, 24 ; Romains, 9, 25.

2.11 Voir Romains, 13, 14 ; Galates, 5, 16.

2.12 Au jour de sa visite ; lorsque Dieu, dans sa miséricorde, leur ouvrira les yeux et leur donnera une grâce lumineuse qui les attirera à la foi.

2.13 Voir Romains, 13, 1.

2.17 Voir Romains, 12, 10.

2.18 Voir Ephésiens, 6, 5 ; Colossiens, 3, 22 ; Tite, 2, 9.

2.22 Voir Isaïe, 53, 9.

2.24 Voir Isaïe, 53, 5 ; 1 Jean, 3, 5.

3.1 Voir Ephésiens, 5, 22 ; Colossiens, 3, 18. ― Ne croient pas à la parole ; c’est-à-dire ne se rendent pas à la prédication de l’Evangile.

3.3 Voir 1 Timothée, 2, 9.

3.4 Dans l’impossibilité où nous nous trouvions de rendre en notre langue la terre du texte sacré, nous avons dû chercher à reproduire fidèlement la pensée de l’apôtre. Ainsi l’expression au-dedans répond au mot cœur du grec et de la Vulgate. ― L’homme caché ; c’est-à-dire l’homme intérieur. Voir Romains, 7, 22.

3.6 Voir Genèse, 18, 12.

3.7 Voir 1 Corinthiens, 7, 3. ― Sagement ; littéralement, selon la science. Les écrivains sacrés emploient souvent le mot science pour sagesse, prudence.

3.9 Voir Proverbes, 17, 13 ; Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 5, 15.

3.10 Voir Psaumes, 33, 13.

3.11 Voir Isaïe, 1, 16.

3.12 La face du Seigneur veut dire ici, comme en plusieurs autres endroits, sa colère, son courroux.

3.14 Voir Matthieu, 5, 10. ― N’ayez aucune crainte d’eux ; littéralement : Ne craignez pas leur crainte ; hébraïsme d’une grande énergie. Le mot eux se rapporte aux méchants mentionnés au verset 12.

3.15 Mais glorifiez dans vos cœurs, etc. Cette traduction de Bossuet rend parfaitement l’expression qui, dans la Vulgate comme dans le grec, répond à l’hébreu déclarer, proclamer saint.

3.16 Voir 1 Pierre, 2, 12.

3.18 Voir Romains, 5, 6 ; Hébreux, 9, 28.

3.19 En prison ; c’est-à-dire dans les limbes.

3.20 Voir Genèse, 7, 7 ; Matthieu, 24, 37 ; Luc, 17, 26. ― Par l’eau. Les eaux du déluge sauvèrent en effet la famille de Noé en soulevant l’arche, et en l’empêchant ainsi d’être submergée.

3.21 Le baptême est semblable au déluge sous le rapport de l’eau employée pour figurer la grâce qui purifie l’âme, et qui, en la purifiant, lui procure le salut. ― L’engagement ; littéralement, l’interrogation, mot qui se prend aussi quelque fois pour la promesse que l’on fait, l’engagement que l’on prend à la suite d’une question. Ainsi saint Pierre fait allusion, soit aux questions que l’on adresse à ceux qui se présentent pour recevoir le baptême, s’ils sont bien résolus à renoncer au démon et à embrasser la foi chrétienne, soit aux promesses solennelles que ceux-ci font en réponse à ces questions.

4.2 Voir Ephésiens, 4, 23.

4.6 Aux morts ; c’est-à-dire à ceux qui étaient retenus dans les limbes, et qui avaient été incrédules au temps de Noé (voir 1 Pierre, 3, 19-20) ; ou bien aux gentils, qui étaient regardés comme des morts ensevelis dans les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance.

4.8 Une multitude de péchés. « Dans les Proverbes (voir Proverbes, 10, 12), auxquels saint Pierre emprunte cette sentence, il s’agit des péchés du prochain : la charité les couvre de son manteau, et ainsi la paix et l’union se conservent dans la communauté. » (CRAMPON)

4.9 Voir Romains, 12, 13 ; Hébreux, 13, 2 ; Philippiens, 2, 14.

4.10 Voir Romains, 12, 6 ; 1 Corinthiens, 4, 2.

4.18 Voir Proverbes, 11, 31.

4.19 Avec leurs bonnes œuvres ; c’est-à-dire en lui montrant leurs bonnes œuvres.

5.5 Voir Colossiens, 3, 12 ; Jacques, 4, 6.

5.6 Voir Jacques, 4, 10.

5.7 Voir Psaumes, 54, 23 ; Matthieu, 6, 25 ; Luc, 12, 22.

5.12 La vraie grâce de Dieu, etc. La vraie religion, la vraie voie du salut, celle que nous vous avons annoncée, et dans laquelle vous persévérez, malgré les persécutions qui vous ont été suscitées. « La grâce et la vérité que Dieu a données au monde en Jésus-Christ. Les destinataires de cette lettre avaient été évangélisés par saint Paul : ce verset renferme donc une confirmation indirecte de la prédication de ce dernier. Peut-être le choix de Silvain répond-il à la même pensée : un compagnon de Paul porteur d’une lettre de Pierre adressée à des chrétiens convertis par Paul, quelle preuve éclatante de la conformité de doctrine entre les deux apôtres ! » (CRAMPON) ― Par Silvain. C’est probablement le Silvain ou Silas, compagnon de saint Paul. Voir Actes des Apôtres, 15, 22-27 ; 2 Corinthiens, 1, 19.

5.13 Par Babylone, tous les anciens, suivis de la plupart des interprètes catholiques, et même de quelques protestants très célèbres, tels que Grotius, Cave, Lardner, etc., ont entendu la ville de Rome, où l’apôtre a écrit cette lettre. ― Marc est saint Marc, l’Evangéliste, que saint Pierre appelle son fils, parce qu’il l’avait engendré à Jésus-Christ, en le convertissant, qu’il l’avait instruit et qu’il le regardait comme un de ses principaux disciples.

2e Epître de saint Pierre

INTRODUCTION





Il n’est pas permis de mettre en doute l’authenticité de cette Epître, ni d’en placer la date après la mort de saint Pierre, puisqu’elle-même désigne cet apôtre comme son auteur, et qu’elle est reconnue par toute l’Eglise comme inspirée. Cependant elle ne s’est pas propagée aussi vite que la première ; et l’on voit qu’au deuxième et au troisième siècles, elle était l’objet de certaines hésitations. Dans plusieurs Eglises, on doutait qu’elle fût du Prince des Apôtres, non qu’on ne la jugeât pas digne de lui, mais parce qu’elle semblait avoir un style différent de celui de la précédente et qu’on y trouvait renfermée une partie de celle de saint Jude. Aussi est-elle du nombre des livres deutérocanoniques, comme l’Epître de saint Jacques. Ces doutes n’ont pourtant pas empêché qu’elle n’ait été reçue généralement en Occident comme en Orient, dès le milieu du quatrième siècle. Si elle diffère de la précédente à quelques points de vue, si elle a un style plus énergique et plus vif, elle s’en rapproche aussi sous certains rapports, par ses citations de l’Ancien Testament, par ses allusions fréquentes aux mystères de Notre-Seigneur, par des expressions singulières et pittoresques, par plusieurs de ses pensées, par la construction de ses périodes et par la manière dont sont énoncées ses maximes. D’ailleurs, quelque différence qu’il y ait sous ce rapport entre l’une et l’autre, on s’en étonnera peu, si l’on tient compte de ce que rapporte la tradition, que saint Pierre s’est servi de divers secrétaires pour rendre ses pensées. Des auteurs du second siècle ont nommé saint Marc et Glaucias comme lui ayant servi d’interprètes. Peut-être Sylvanus a-t-il été son secrétaire comme son messager pour sa première Epître.

Comme les hérétiques qu’il combattait dans sa première Epître continuaient à nier la nécessité des bonnes œuvres, saint Pierre, averti par Notre-Seigneur de la proximité de sa mort, crut qu’une seconde Lettre, laissée comme son testament aux fidèles dont il avait la confiance, serait le moyen le plus efficace pour les détourner de l’erreur et les maintenir dans la bonne voie. Telle est l’idée qui a inspiré ce dernier écrit. Le Prince des Apôtres ne se contente pas de condamner l’erreur et de la flétrir : il démasque les séducteurs ; il dénonce à l’avance ceux qui se préparent à désoler l’Eglise ; il réfute leurs erreurs et en signale les funestes effets.

On remarque une certaine gradation dans l’exposé de ses idées. ― Au premier chapitre, il inculque les grands principes qui obligent les chrétiens à la pratique des vertus, et il fait sentir la certitude de la doctrine des Apôtres. Elle ne repose pas sur des imaginations ou des théories savantes, comme celles des gnostiques, mais sur des faits, c’est-à-dire, sur des miracles, dont ils ont été témoins et sur des prophéties dont l’accomplissement est manifeste. ― Dans le second, il dévoile et flétrit les maximes et les mœurs des hérétiques et surtout des hérésiarques. ― Dans le troisième, il réfute les raisons par lesquelles ils cherchaient à ébranler la foi des chrétiens ; et parce qu’ils abusaient de certains passages de saint Paul pour autoriser leurs erreurs, il invoque lui-même le témoignage de l’Apôtre, caractérise ses Epîtres et en fait sentir la divine autorité. (L. BACUEZ.)

2e Epître de saint Pierre



Dons de Dieu accordés aux fidèles.

Enchaînement des vertus qui commencent par la foi et qui se terminent par la charité.

Affermir son élection par les bonnes œuvres.

Transfiguration de Jésus-Christ.

Usage des prophéties.


1Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont reçu avec nous une foi du même prix, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. 2Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et du Christ Jésus Notre Seigneur. 3Puisque sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, 4et qu’il nous a donné les (plus) grandes et les (plus) précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption de la concupiscence qui existe dans le monde, 5vous aussi, (vous) apportez tous vos soins pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, 6à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété ; 7à la piété l’amour de vos frères, à l’amour de vos frères la charité. 8Car si ces choses sont en vous, et qu’elles y croissent (dominent), elles ne vous laisseront ni stériles ni infructueux dans la connaissance de Notre Seigneur Jésus-Christ ; 9car celui en qui elles ne sont pas est aveugle et marche à tâtons, ayant oublié la purification de ses anciens péchés. 10C’est pourquoi, mes frères, appliquez-vous davantage à affermir (rendre certaines) par les (vos) bonnes œuvres votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne pécherez jamais, 11et ainsi vous sera pleinement accordée l’entrée dans le royaume éternel de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. 12Voilà pourquoi j’aurai soin de vous rappeler constamment ces choses, quoique vous les connaissiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente. 13J’estime qu’il est juste, aussi longtemps que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil en vous les rappelant ; 14car je sais que je quitterai bientôt ma tente, comme Notre Seigneur Jésus-Christ me l’a fait connaître. 15Mais j’aurai soin que, même après mon départ, vous puissiez toujours conserver le souvenir de ces choses. 16Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables ingénieuses que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ ; mais c’est après avoir été les témoins oculaires (spectateurs) de sa majesté. 17Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque (descendant de) la gloire magnifique lui fit entendre une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu ; écoutez-le. 18Et nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne. 19Nous avons aussi la parole des prophètes, d’autant plus certaine, à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui luit dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître, et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ; 20étant persuadés avant tout qu’aucune prophétie de l’Ecriture ne s’explique par une interprétation particulière. 21Car ce n’est pas par une volonté humaine que la prophétie a été autrefois apportée ; mais c’est inspirés par l’Esprit-Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé.


Faux docteurs, châtiment qui leur est réservé.

Exemples de la justice de Dieu sur les démons, sur le monde par le déluge, sur Sodome et Gomorrhe.

Faux docteurs caractérisés.

Rechute pire que le premier état.


2Il y eut cependant aussi de faux prophètes parmi le peuple, et il y aura de même parmi vous des docteurs de mensonge, qui introduiront des hérésies pernicieuses (sectes de perdition), et qui, reniant le Maître qui les (nous) a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. 2Beaucoup les suivront dans leurs débauches, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux ; 3et, par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles artificieuses, eux que la condamnation menace depuis longtemps, et dont la ruine ne sommeille pas. 4Car si Dieu n’a pas épargné les anges qui avaient péché, mais les a précipités dans le tartare (l’abîme, note) et les a livrés aux liens des ténèbres, pour être tourmentés et réservés jusqu’au jugement ; 5et s’il n’a pas épargné l’ancien monde, mais n’a sauvé que Noé, lui huitième (que sept personnes avec Noé), ce prédicateur de la justice, lorsqu’il fit venir le déluge sur le monde impie, 6et si, réduisant en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, il les a condamnées à la destruction, pour les faire servir d’exemple à ceux qui vivaient (vivraient) dans l’impiété, 7et s’il a délivré le juste Lot, vivement attristé par les outrages et la conduite déréglée de ces hommes abominables 8[car, (il était pur de ses yeux et de ses oreilles) par ce qu’il voyait et entendait, ce juste, qui demeurait parmi eux, avait chaque jour son âme juste tourmentée par leurs actions criminelles], 9c’est que le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux (justes), et réserver les impies pour être châtiés au jour du jugement ; 10mais surtout ceux qui vont après la chair, dans d’impures convoitises, et qui méprisent la souveraineté (les puissances). Audacieux, se plaisant à eux-mêmes, ils ne craignent pas d’introduire des sectes, en blasphémant, 11tandis que les anges, quoique supérieurs en forme et en puissance, ne portent pas les uns contre les autres un jugement de malédiction. 12Mais eux, comme des animaux sans raison, qui ne suivent que la nature et sont nés pour être pris et détruits, blasphémant ce qu’ils ignorent, ils périront par leur propre corruption, 13recevant le salaire de leur iniquité. Ils trouvent leur plaisir dans les délices du (d’un) jour ; ils sont une souillure, une tache ; ils se gorgent de délices dans les festins où ils font bonne chère avec vous. 14Ils ont les yeux pleins d’adultère et d’un péché qui ne cesse jamais ; ils séduisent les âmes mal affermies ; ils ont le cœur exercé à la cupidité (l’avarice) ; ce sont des enfants de malédiction. 15Après avoir quitté le droit chemin, ils se sont égarés en suivant la voie de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire de l’iniquité, 16mais qui fut repris de sa folie : une ânesse (bête de somme, note) muette, parlant d’une voix humaine, arrêta la démence du prophète. 17Ce sont des fontaines sans eau, des nuées agitées par des tourbillons ; l’obscurité des ténèbres leur est réservée. 18Car tenant des discours enflés de vanité, ils séduisent, par les convoitises de la chair, par les dissolutions, ceux qui s’étaient retirés quelque peu des hommes qui vivent dans l’erreur. 19Ils leur promettent la liberté, quand ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption ; car on est esclave de celui par qui on a été vaincu. 20En effet, si après s’être retirés des (après avoir cherché un refuge contre les) souillures du monde par la connaissance de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils sont vaincus en s’y engageant de nouveau, leur dernière condition devient pire que la première. 21Car il eût été meilleur pour eux de n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été transmis. 22Mais il leur est arrivé ce que dit un proverbe très vrai : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi ; et : La truie (Le pourceau), après avoir été lavée, s’est vautrée (de nouveau) dans la boue.


Imposteurs qui mépriseront la promesse du second avènement de Jésus-Christ.

Embrasement du monde.

Patience de Dieu.

Avènement de Jésus-Christ.

Monde renouvelé.

Saint Paul loué ; difficulté de ses Epîtres.

Croître en grâce et en silence.


3Voici, mes bien-aimés, la seconde lettre que je vous écris ; dans toutes les deux, je tâche de réveiller vos bons sentiments (âmes sincères) en faisant appel à votre mémoire (par mes avertissements), 2afin que vous vous souveniez des paroles des saints prophètes, dont j’ai déjà parlé, et des préceptes du Seigneur et Sauveur, transmis par vos apôtres. 3Sachez, avant toutes choses, qu’aux derniers jours il viendra des imposteurs et des moqueurs, marchant selon leurs propres convoitises, 4qui diront : Où est la promesse de (ou) son avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, toutes choses demeurent comme depuis le commencement de la création. 5Car ils affectent d’ignorer qu’il y eut autrefois des cieux et une terre sortie de l’eau et formée au moyen de l’eau, par la parole de Dieu, 6et que ce fut par ces choses mêmes que le monde d’alors périt, submergé dans l’eau. 7Quant aux cieux et à la terre d’à présent, ils sont gardés par cette même parole, et réservés pour le feu, au jour du jugement et de la ruine des impies. 8Mais il est une chose que vous ne devez pas ignorer, mes bien-aimés : c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour. 9(Ainsi) Le Seigneur ne retarde pas l’exécution de sa promesse, comme quelques-uns le supposent ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la pénitence. 10(Car) Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; alors les cieux passeront avec un grand fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre sera consumée avec tout ce qu’elle renferme. 11Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre (être détruites), quels ne devez-vous pas être par la sainteté de votre conduite et par la piété, 12attendant et hâtant l’avènement du jour du Seigneur, jour à cause duquel les cieux enflammés seront dissous, et les éléments embrasés se fondront (fondus par l’ardeur du feu ?). 13Mais (Car) nous attendons, selon ses promesses, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera. 14C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, faites des efforts pour que Dieu vous trouve purs et irréprochables dans la paix (en paix, purs et sans aucune tache). 15Et dans la longue patience de Notre Seigneur, reconnaissez votre salut, ainsi que notre bien-aimé frère Paul vous l’a écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. 16C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses ; lettres dans lesquelles il y a certains passages difficiles à comprendre, dont les hommes ignorants et mal affermis (légers) tordent le sens (aussi bien que les autres Ecritures), pour leur propre ruine. 17Vous donc, frères, étant prévenus, soyez sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’erreur de ces insensés, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. 18Mais croissez dans la grâce (et) dans la connaissance de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. A lui la gloire, et maintenant, et jusqu’au jour de l’éternité. Amen.

Notes


1.5 Apportez aussi, etc., est l’apodose de Comme tout ce qui est, etc., du verset 3.

1.10 Ainsi notre vocation et notre élection sont liées l’une à l’autre et dépendent de nos bonnes œuvres. Dieu, en nous prédestinant à la béatitude éternelle, ne nous y a prédestinés qu’autant qu’il a prévu que nous coopérerions à sa grâce par nos bonnes œuvres.

1.14 Voir Jean, 21, 19. ― Jésus-Christ avait prédit à saint Pierre qu’il mourrait d’une mort violente ; mais outre cette révélation générale, saint Pierre en eut d’autres particulières, selon plusieurs Pères.

1.16 Voir 1 Corinthiens, 1, 17.

1.17 Voir Matthieu, 17, 5. ― De la gloire magnifique ; c’est-à-dire de la nuée où la gloire de Dieu parut avec un grand éclat.

1.19 La certitude des anciennes prophéties était plus affermie dans l’esprit des Juifs, qui avaient toujours cru au témoignage des prophètes, mais qui avaient peine à croire au témoignage des Apôtres, et à qui les Apôtres étaient obligés de dire pour les convaincre : Ce ne sont pas des fables que nous vous prêchons, mais ce que nous vous disons, nous l’avons vu de nos yeux, et c’est ce que les prophètes mêmes vous ont annoncé.

1.20 Voir 2 Timothée, 3, 16. Nulle prophétie. On a pu déjà remarquer que, dans le langage des Hébreux, le mot tout, suivi d’une négation, signifiait pas un seul, nul, aucun.

2.4 Voir Job, 4, 18 ; Jude, 1, 6. ― Dans l’abîme ; littéralement, dans le tartare, mot que saint Pierre a pu employer pour exprimer l’enfer, puisqu’il rend parfaitement l’idée que la religion nous donne de l’enfer. Il l’a pris sans doute des Juifs hellénistes devenus chrétiens.

2.5 Voir Genèse, 7, 1.

2.6 Voir Genèse, 19, 25.

2.8 Ce verset forme évidemment une parenthèse ; c’est pour cela que nous l’avons enfermé entre des crochets.

2.13 Souillures et saletés, pour pleins de souillures et de saletés ; ce qui est bien moins énergique. ― Le salaire : la damnation éternelle. ― Avec vous : reproche indirect à l’adresse de quelques chrétiens.

2.14 Fils de malédiction ; hébraïsme, pour : Voués à la malédiction.

2.15 Voir Jude, 1, 11. ― Balaam, fils de Bosor ou Béor. (Gagné par les présents du roi de Moab, Balaam s’avançait pour maudire Israël, lorsque l’ânesse qu’il montait lui adressa la parole et l’arrêta.)

2.16 Voir Nombres, 22, 28. ― Une bête de somme muette, l’ânesse de Balaam.

2.17 Voir Jude, 1, 12.

2.19 Voir Jean, 8, 34 ; Romains, 6, vv. 16, 20.

2.20 Voir Hébreux, 6, 4 ; Matthieu, 12, 45.

2.21 Le saint commandement ; c’est-à-dire la loi évangélique. Le sens du verset est : Ils auraient été moins criminels s’ils n’avaient jamais connu la vérité ; car ils n’auraient pas eu au moins à se reprocher l’infidélité, l’ingratitude et l’apostasie.

2.22 Voir Proverbes 26, 11.

3.3 Voir 1 Timothée, 4, 1 ; 2 Timothée, 3, 1 ; Jude, 1, 18.

3.4 Voir Ezéchiel, 12, 27. ― La plupart des hérétiques qui parurent du temps de saint Pierre et après sa mort, niaient l’avènement futur du Sauveur. ― « Les pères de la génération à laquelle appartiennent les railleurs. Ces pères, contemporains du Sauveur, et qui avaient vécu dans une si vive attente de son glorieux retour (voir Actes des Apôtres, 1, 6), étaient morts pour la plupart, sans avoir vu cet avènement. L’apôtre va répondre à ces deux assertions des impies : le monde a déjà subi un grand changement par le fait du déluge, versets 5 à 7 ; Jésus-Christ n’a retardé jusqu’ici son avènement que dans l’intérêt des pécheurs, mais son retour est certain. » (CRAMPON, 1885). Sur ce retard, voir Jean, note 21.22 et Matthieu, note 16.28.

3.6 Par où ; littéralement, par lesquelles choses ; c’est-à-dire par les cieux et la terre qui fournirent les eaux du déluge.

3.10 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; Apocalypse, 3, 3 ; 16, 15. ― Et tout ce qui est en elle ; littéralement : Tous les ouvrages qui sont en elle ; c’est-à-dire toutes les productions de la nature et des arts.

3.13 Voir Isaïe, 66, 22. ― « Sa promesse : voir Isaïe, 65, 17-25 ; Apocalypse, 21, 1-5. ― Nouveaux cieux et nouvelle terre : le monde ne sera pas anéanti, mais purifié par le feu et renouvelé (voir 1 Corinthiens, 7, 31. Comparer à Romains, 8, verset 19 et suivants.) ― La justice ; les justes. Le monde actuel est « le monde des impies » (voir 2 Pierre, 2, 5) ; « le monde de l’injustice » (voir Jacques, 3, 6). » (CRAMPON, 1885)

3.15 Voir Romains, 2, 4.

1re Epître de saint Jean

INTRODUCTION





L’authenticité de cette Epître n’a jamais été contestée, et elle ne pourrait l’être sérieusement. D’ailleurs, il suffit de la lire pour être convaincu que saint Jean en est l’auteur. S’il ne se désigne pas par son nom ou par ses prérogatives, il ne s’en révèle pas moins de la manière la plus manifeste. Il affirme qu’il a été témoin de tout ce que le Verbe de vie a fait lorsqu’il était sur la terre. Il parle comme étant bien connu de ceux à qui il s’adresse. Il s’exprime en docteur, en maître, en père. Aux erreurs qu’il combat, on peut voir l’époque où il a écrit : ce ne peut être que la fin du premier siècle. Les vérités qu’il enseigne et la manière dont il les énonce font reconnaître l’auteur du quatrième Evangile. Le fond des idées est le même dans les deux écrits et ne diffère pas de celui de l’Apocalypse. De part et d’autre, ce sont les mêmes dogmes : la divinité du Sauveur, l’universalité de la rédemption, la réalité de la vie future. C’est le même accent, la même conviction, la même candeur, la même tendresse, le même zèle à confesser la foi et à la communiquer. C’est aussi le même style : même simplicité dans les constructions, mêmes expressions favorites, mêmes parallélismes, mêmes répétitions, mêmes maximes et mêmes images. Enfin, c’est un langage que saint Jean seul a parlé, langage de la spiritualité la plus sublime et de la bonté la plus paternelle, tout de lumière, de pureté et d’amour.

On admet assez communément que cette Epître a été écrite à l’occasion du quatrième Evangile, pour en annoncer la publication et en indiquer le but. Ce fait n’est garanti par aucun témoignage bien exprès ; mais l’Epître répond bien à ce dessein : elle est comme le sommaire de cet Evangile et elle pourrait en être la préface.

D’anciens Pères ont supposé que saint Jean s’adressait à des Juifs convertis, résidant chez les Parthes. Mais la Lettre ne fournit aucune base à ce sentiment. On n’y trouve rien qui en restreigne la destination : elle ne contient aucune salutation, ni au commencement ni à la fin, de sorte qu’elle semble plutôt avoir été destinée, comme l’Evangile même, à l’Eglise entière. On peut présumer seulement que l’un et l’autre auront été publiés, d’abord à Ephèse où devait être l’apôtre, puis dans l’Asie-Mineure où dogmatisaient les hérétiques qu’il combat.

On connaît les circonstances qui l’ont déterminé à prendre la plume, si longtemps après les Synoptiques et les autres écrivains sacrés. Dès l’origine de l’Eglise, un grand nombre de judaïsants, à demi convertis, s’éprirent du désir de se faire fondateur de religions, ou plutôt réformateurs et chefs de sectes. Chacun se composa à son gré un système où il mélangea à divers degrés les dogmes du christianisme, les traditions juives et les idées philosophiques de l’Orient. De là un commencement de gnose, assez indécis d’abord, qui se diversifia suivant les lieux et les personnes, mais dont la tendance générale était de rabaisser la dignité du Sauveur et de reporter sur les spéculations philosophiques l’importance que la religion chrétienne attachait à la pratique de la vertu. Cérinthe (80-100) ne voulut voir en Jésus-Christ qu’une union morale et passagère du Christ ou du Dieu suprême avec une personne humaine. D’autres ne reconnurent même pas la réalité de cette courte union. Selon eux, la chair ayant pour auteur le principe du mal et étant mauvaise de sa nature, le Verbe n’avait pu s’unir à elle : il n’avait pris qu’une forme humaine pour nous donner des instructions et des exemples. Il n’existait donc pas d’Homme-Dieu. Quant à la rédemption, elle n’avait pas eu lieu non plus. Il est vrai qu’elle perdait sa raison d’être, l’homme n’ayant pas besoin d’être racheté mais seulement d’être instruit ; car c’était une maxime admise par tous ces novateurs, que pour plaire à Dieu, il suffisait de le connaître et d’avoir l’intelligence de ses mystères. A leurs yeux, la science et la sainteté étaient une même chose. La vertu ne contribuait en rien à la perfection, et le péché n’y mettait aucun obstacle.

Saint Paul, passant près d’Ephèse en l’an 58, avait annoncé l’apparition prochaine de ces hérésies, et, un peu plus tard, écrivant à Timothée, évêque de cette ville, il lui inculquait l’obligation où il était de les combattre. Mais ce fut surtout l’œuvre de saint Jean qui vint lui-même s’établir à Ephèse après la mort de saint Vierge. Il s’en acquitta, en affirmant, avec toute l’énergie et la netteté possibles, dans cette Epître comme dans son Evangile, les dogmes les plus essentiels du christianisme, la nature humaine du Sauveur, sa divinité et surtout l’union personnelle de son humanité et de sa divinité. Aussi se trouve-t-il avoir réfuté par avance les hérésies plus dangereuses et plus puissantes qui allaient bientôt déchirer l’Eglise, et altérer, chacune à sa manière, le mystère de l’Incarnation : l’arianisme, le nestorianisme, l’eutychianisme, etc.

Nul écrit ne se prête moins à une analyse proprement dite. On voit bien néanmoins le but de l’auteur : il est à la fois dogmatique et moral. En même temps qu’il affermit les fidèles dans la croyance à la divinité du Sauveur, à la réalité de son sacrifice et à l’universalité de la Rédemption, saint Jean s’efforce de les convaincre de la nécessité de pratiquer la vertu et surtout de l’importance de la charité. Ainsi les exhortations se mêlent à la polémique et aux enseignements doctrinaux. Jésus-Christ est montré tour à tour comme vrai Dieu, comme vrai homme, comme médiateur, comme victime, comme source de toute grâce et de tout pardon. Le péché est présenté comme incompatible avec la grâce sanctifiante, et les bonnes œuvres comme indispensables pour le salut. De l’ensemble de l’Epître résulte cette conclusion : Que la vocation du chrétien est de participer à la vie de Dieu, en s’attachant à Notre-Seigneur par la foi et en s’appropriant ses mérites par une vie pure et sainte. (L. BACUEZ.)

1re Epître de saint Jean



Jésus-Christ vie éternelle apparue aux hommes.

Société entre Dieu et nous.

Marcher dans la lumière, pour être en société avec Dieu.

Se dire sans péché, c’est mentir et accuser Dieu même de mensonge.


1Ce qui était au commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole (du Verbe) de vie, 2[car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue, et nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle (qui était auprès du Père et) qui nous est apparue] ; 3ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous, et que notre communion (société) soit avec le Père, et avec son Fils Jésus-Christ. 4Et nous vous écrivons ces choses pour que vous soyez dans la joie, et que votre joie soit parfaite (complète). 5Or, le message que nous avons appris de lui, et que nous vous annonçons, est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a pas en lui de ténèbres. 6Si nous disons que nous sommes en communion (société) avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité. 7Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché. 8Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. 9Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste, pour nous remettre nos péchés, et pour nous purifier de toute iniquité. 10Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est pas en nous.


Jésus-Christ victime de propitiation pour les péchés de tout le monde.

Qui demeure en lui doit marcher comme lui.

Qui hait son frère est dans les ténèbres.

Qui aime le monde n’aime pas Dieu.

Triple concupiscence.

Plusieurs Antéchrists.

L’onction divine enseigne tout.


2Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ; mais quand même quelqu’un aurait péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste. 2C’est lui qui est une propitiation pour nos péchés ; et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. 3Et voici comment nous savons que nous l’avons connu : c’est si nous gardons ses commandements. 4Celui qui dit qu’il le connaît, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. 5Mais si quelqu’un garde sa parole, l’amour de Dieu est vraiment parfait en lui ; et par là nous savons que nous sommes en lui. 6Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit marcher aussi comme il a marché lui-même. 7Bien-aimés, je ne vous écris pas un commandement nouveau, mais un commandement ancien, que vous avez eu dès le commencement ; ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue. 8D’un autre côté, c’est un commandement nouveau que je vous écris ; ce qui est vrai en lui et en vous, parce que les ténèbres sont passées, et que la vraie lumière brille déjà. 9Celui qui dit qu’il est dans la lumière, et qui hait son frère, est (encore) dans les ténèbres jusqu’à maintenant. 10Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et aucun sujet de chute (scandale) n’est en lui. 11Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres et marche dans les ténèbres, et il ne sait pas où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. 12Je vous écris, mes petits enfants, parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom. 13Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin. 14Je vous écris, petits enfants, parce que vous avez connu le Père. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin. 15N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, 16car tout ce qui est dans le monde est concupiscence (convoitise) de la chair, et concupiscence (convoitise) des yeux, et orgueil de la vie ; et cela ne vient pas du Père, mais du monde. 17Or le monde passe, et sa concupiscence avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. 18Mes petits enfants, c’est la dernière heure ; et comme vous avez entendu dire que l’Antéchrist doit venir, dès maintenant il y a plusieurs Antéchrists ; par là nous savons que c’est la dernière heure. 19Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres, car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient (certainement) demeurés avec nous (; mais ils sont sortis, afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres). 20Quant à vous, vous avez une onction venant de celui qui est Saint, et vous connaissez toutes choses. 21(Aussi) Je ne vous ai pas écrit comme à des personnes qui ignorent la vérité, mais comme à ceux qui la connaissent, et parce qu’aucun mensonge ne vient de la vérité. 22Qui est menteur, si ce n’est celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’Antéchrist, qui nie le Père et le Fils. 23Quiconque nie le Fils, n’a (ne reconnaît) pas non plus le Père ; celui qui confesse le Fils a (reconnaît) aussi le Père. 24Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père. 25Et voici la promesse qu’il nous a faite lui-même : la vie éternelle. 26Je vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous séduisent. 27Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous ; et vous n’avez pas besoin que personne (quelqu’un) vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas un mensonge, demeurez en lui, selon qu’elle (il, note) vous l’a enseigné. 28Et maintenant, mes petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance, et que nous ne soyons pas confus, loin de lui, à son avènement. 29Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui.


Les chrétiens enfants de Dieu.

Qui commet le péché est enfant du diable.

Qui est né de Dieu ne pèche pas.

Qui n’aime pas son frère demeure dans la mort.

Aimer non de parole, mais réellement.

Dieu demeure en nous par son Esprit.


3Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu (connais pas). 2Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. 3Et quiconque a cette espérance en lui, se sanctifie, comme il est saint lui-même. 4Quiconque commet le péché, commet aussi une violation de la loi (l’iniquité) ; le péché est la violation de la loi (l’iniquité). 5Vous savez que Jésus a paru pour enlever nos péchés, et qu’il n’y a pas de péché en lui. 6Quiconque demeure en lui ne pèche pas ; et quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l’a pas connu. 7Mes petits enfants, que personne ne vous séduise. Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste. 8Celui qui commet le péché est enfant du diable, car le diable pèche depuis le commencement. Voici pourquoi le Fils de Dieu a paru : c’est pour détruire les œuvres du diable. 9Quiconque est né de Dieu ne commet pas de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu. 10A ceci on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants du diable : Quiconque n’est pas juste, n’est pas de Dieu, non plus que celui qui n’aime pas son frère. 11Car voici le message que vous avez entendu dès le commencement : c’est que vous vous aimiez les uns les autres ; 12loin de faire comme Caïn, qui était enfant du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et celles de son frère justes. 13Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. 14Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. 15Quiconque hait son frère est un homicide ; et vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. 16A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’il a donné sa vie pour nous ; et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères. 17Si quelqu’un possède les biens de ce monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? 18Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes (œuvres) et en vérité. 19Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et rassurerons nos cœurs en sa présence ; 20car, si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. 21Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant (confiance en) Dieu ; 22et quoi que nous demandions, nous le recevrons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui lui est agréable. 23Et voici son commandement : que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous l’a commandé. 24Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous connaissons qu’il demeure en nous, par l’Esprit qu’il nous a donné.


Discernement des esprits.

S’aimer les uns les autres.

Amour de Dieu envers nous, modèle de l’amour que nous devons à nos frères.

Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu.

Confiance qu’inspire la charité.

Celui qui hait son frère n’aime pas Dieu.


4Bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s’ils sont de Dieu ; car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. 2Voici à quoi vous reconnaîtrez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu en chair est de Dieu ; 3et tout esprit qui divise (détruit) Jésus n’est pas de Dieu ; et c’est là l’Antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il vient, et maintenant déjà il est dans le monde. 4Vous, mes petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous l’avez vaincu, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. 5Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent selon le monde, et le monde les écoute. 6Nous, nous sommes de Dieu. Celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas. C’est par là que nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit de l’erreur. 7Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour est de Dieu ; et tout homme qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. 8Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. 9L’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous en ceci : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. 10L’amour consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils comme une propitiation pour nos péchés. 11Bien-aimés, si c’est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres. 12Personne n’a jamais vu Dieu. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. 13A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous ; à ce qu’il nous a donné de son Esprit. 14Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. 15Tout homme qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. 16Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. 17La perfection de l’amour de Dieu en nous, c’est que nous ayons de l’assurance au jour du jugement, parce que tel il est, lui, tels aussi nous sommes en ce monde. 18La crainte n’est pas dans l’amour ; mais l’amour (la charité, note) parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose une peine, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. 19Nous donc, aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier. 20Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. Car comment celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? 21Et c’est là le commandement que nous tenons de Dieu : Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.


Amour de Dieu et du prochain.

Commandements de Dieu non pénibles.

Foi victorieuse du monde.

Témoins qui déposent pour Jésus-Christ.

Qui ne croit pas en Jésus-Christ fait Dieu menteur, et n’a pas la vie.

Demandes exaucées.

Péché qui conduit à la mort.

Jésus-Christ vrai Dieu.


5Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est né de lui. 2A ceci nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu : c’est quand nous aimons Dieu, et que nous gardons ses commandements. 3Car l’amour pour Dieu consiste en ce que nous gardions ses commandements ; et ses commandements ne sont pas pénibles. 4Car tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde ; et ce qui remporte la victoire sur le monde, c’est notre foi. 5Quel est celui qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? 6C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus-Christ ; non par l’eau seulement, mais par l’eau et par le sang. Et c’est l’Esprit qui rend témoignage que le Christ est la vérité. 7Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois sont un. 8Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l’Esprit, l’eau, et le sang ; et ces trois sont un. 9Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; or, ce témoignage de Dieu qui est plus grand, est celui qu’il a rendu au sujet de son Fils. 10Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage de Dieu en lui-même. Celui qui ne croit pas au Fils fait Dieu menteur, parce qu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à l’égard de son Fils. 11Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. 12Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils n’a pas la vie. 13Je vous écris ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. 14Et c’est là l’assurance que nous avons envers lui : quoi que nous lui demandions selon sa volonté, il nous exauce. 15Et nous savons qu’il nous exauce, quoi que nous lui demandions ; nous le savons, parce que nous obtenons les choses que nous lui demandons. 16Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne va pas à la mort, qu’il prie ; et la vie lui sera donnée, si ce péché ne va pas à la mort. Il y a un péché qui va à la mort : ce n’est pas pour ce péché-là que je vous dis de prier. 17Toute iniquité est un péché, et il y a un péché qui va à la mort. 18Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas ; mais la naissance qu’il a reçue de Dieu le conserve, et le malin n’a pas de prise sur lui. 19Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous l’empire du malin. 20Et nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence, afin que nous connaissions le vrai Dieu, et que nous soyons en son vrai Fils. C’est lui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle. 21Mes petits enfants, gardez-vous des idoles. Amen.

Notes


1.2 Ce verset forme évidemment une parenthèse, c’est pour cela que nous l’avons enfermé entre des crochets.

1.5 Voir Jean, 8, 12.

1.7 Voir Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 1, 19 ; Apocalypse, 1, 5.

1.8 Voir 3 Rois, 8, 46 ; 2 Paralipomènes, 6, 36 ; Proverbes, 20, 9 ; Ecclésiaste, 7, 21.

1.10 Nous le faisons menteur ; puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Ecriture nous enseigne, savoir que nul n’est sans péché. Voir, en effet, Psaumes, 115, 11 ; Job, 14, 4 ; Proverbes, 24, 16 ; Ecclésiaste, 7, 21.

2.1 Le Juste. Le titre de Juste par excellence est donné à Jésus-Christ dans plusieurs passages de l’Ecriture.

2.7-8 Le commandement d’aimer le prochain est aussi ancien que le monde, c’est une loi de la nature même ; mais il est devenu un commandement nouveau par la perfection que Jésus-Christ y a attachée.

2.8 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

2.10 Voir 1 Jean, 3, 14.

2.13 Le malin esprit, le démon.

2.18 Il y a maintenant beaucoup d’Antéchrists, c’est-à-dire de pécheurs et d’hérétiques. « Les hérétiques sont appelés antéchrists parce qu’ils sont les précurseurs de l’Antéchrist (voir 2 Thessaloniciens, 2, 4). » (Tintori)

2.19 Ils n’étaient pas de nous ; ils n’étaient pas des nôtres, parce qu’ils n’étaient pas sincèrement chrétiens. Chrétiens seulement par le baptême, infidèles par la perversité de leur doctrine et de leur conduite.

2.20 Du Saint. Les prophètes ont appelé Jésus-Christ le Saint par excellence ; plusieurs écrivains sacrés lui ont donné le nom de Juste, notamment saint Jean dans cette même Epître (voir verset 1). Saint Pierre réunit ces deux titres dans un de ses discours (voir Actes des Apôtres, 3, 14). ― Les vrais enfants de l’Eglise, participant à l’onction de l’Esprit-Saint, y trouvent toutes les connaissances, toute l’instruction nécessaire, sans avoir besoin de les chercher ailleurs.

2.27 Comme il est vous, etc. ; selon d’autres, comme elle ; c’est-à-dire l’onction. A la vérité, le grec et la Vulgate sont amphibologiques ; mais la version syriaque porte il, c’est-à-dire le Fils de Dieu, nommé aux versets précédents.

2.28 Oui. Nous avons déjà fait remarquer (voir Jean, 18, 36) que dans beaucoup de passages la particule du texte que l’on traduit généralement par maintenant était purement enclitique.

3.5 Voir Isaïe, 53, 9 ; 1 Pierre, 2, 22.

3.6 Ne pèche pas ; c’est-à-dire qu’il ne tombe pas dans des péchés graves, qu’il ne se laisse pas aller au crime ; s’il commet quelque faute par fragilité, il a soin de les expier par la pénitence.

3.8 Voir Jean, 8, 44. Est apparu dans le monde, est venu dans le monde.

3.11 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

3.12 Voir Genèse, 4, 8. ― Du malin esprit, du démon. ― Caïn… tua son frère Abel.

3.14 Voir Lévitique, 19,17 ; 1 Jean, 2, 10.

3.16 Voir Jean, 15, 13.

3.17 Voir Luc, 3, 11 ; Jacques, 2, 15.

3.22 Voir Matthieu, 21, 22.

3.23 Voir Jean, 6, 29 ; 13, 34 ; 15, 12 ; 17, 3.

4.1 Eprouver les esprits, c’est, par exemple, examiner si leur doctrine est conforme à la foi catholique, à l’enseignement de l’Eglise.

4.2 Tout esprit, etc. Ce n’est pas dire que la confession de ce point de foi seul soit dans tous les temps et dans tous les cas suffisante ; mais cela se rapporte à ce temps-là et à cette partie de la doctrine chrétienne qu’on devait particulièrement alors confesser, enseigner et maintenir contre les hérétiques qui avaient paru ; c’était la meilleure marque à laquelle on pût distinguer les vrais des faux docteurs.

4.3 Qui détruit ou qui divise Jésus-Christ, soit en niant sa nature humaine, ou sa divinité, soit en niant qu’il soit le Messie promis et envoyé de Dieu.

4.5 Voir Jean, 8, 47.

4.9 Voir Jean, 3, 16.

4.12 Voir Jean, 1, 18 ; 1 Timothée, 6, 16.

4.17 Tels qu’il est. Jésus-Christ étant saint et sans tache, nous devons, nous aussi, nous maintenir dans ce monde purs de toute tache du péché.

4.18 La charité parfaite, ou l’amour, chasse la crainte des hommes, comme aussi toute inquiétude qui nous porte à douter de la miséricorde de Dieu, et cette crainte servile qui nous fait appréhender la punition du péché plutôt que de l’offense de Dieu. Mais elle n’exclut pas la crainte salutaire des jugements de Dieu, si souvent recommandée dans les Livres saints, pas plus que cette crainte et ce tremblement avec lesquels saint Paul (voir Philippiens, 2, 12) nous recommande d’opérer notre salut. « La crainte servile, qui se résoud dans l’égoïsme ou l’amour de soi, n’a rien de commun avec la charité ; à mesure que l’une s’accroît, dit saint Augustin, l’autre diminue, et quand l’amour est arrivé à sa perfection, il n’y a plus, dans l’âme où il règne, de place pour la crainte servile. Cette crainte, loin d’échapper au châtiment qu’elle redoute, l’a déjà, elle le porte en quelque sorte en elle-même. Ajoutons que saint Jean décrit ici un état idéal, que les âmes les plus saintes peuvent bien entrevoir, auquel elles peuvent même toucher un moment, mais où elles ne sauraient, dans ce monde de péché, s’établir d’une manière définitive. En plaçant sous nos yeux ce but magnifique, il ne veut qu’une chose, nous animer à servir Dieu par le motif le plus élevé et le plus doux. » (CRAMPON, 1885)

4.21 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12 ; Ephésiens, 5, 2.

5.4 Tous ceux qui ; littéralement, tout ce qui. Voir Romains, 11, 32.

5.5 Voir 1 Corinthiens, 15, 57.

5.10 Voir Jean, 3, 36.

5.16 Qui ne va pas à la mort, qui ne conduit pas à l’impénitence finale, laquelle cause à l’âme la mort éternelle. Ce n’est pas, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour ceux qui commettent un tel péché ; car il n’y a pas de péché absolument irrémissible, mais il n’ose donner aux fidèles la confiance d’être exaucés pour celui-ci, confiance qu’il leur a inspirée à l’égard de tous les autres. ― Le péché qui va à la mort, « qui entraîne la mort spirituelle, qui rompt toute communion de vie avec le Fils de Dieu, c’est l’apostasie ou l’endurcissement. ― Ce n’est pas pour ce péché-là, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour les apostats ; il ne dit pas non plus que ces prières ne seraient jamais exaucées. Mais il fait observer que la recommandation qui précède concerne d’autres pécheurs, et il insinue que la prière pour les apostats obtiendrait plus difficilement son effet, sans doute à cause de l’endurcissement de ceux pour qui elle serait faite. » (CRAMPON, 1885)

5.20 Voir Luc, 24, 45.

2e et 3e Epîtres de saint Jean

INTRODUCTION





On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epîtres dans le Nouveau Testament, sans doute à cause de leur peu d’importance et de notoriété. Cependant, elles ont été citées de bonne heure comme de saint Jean, par le canon du Muratori, saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène ; et dès le quatrième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la liste des Livres saints. On convient, du reste, qu’elles ont tous les signes d’authenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n’a eu intérêt à les supposer. C’est le même style et la même époque.

Ni l’une ni l’autre Epître ne contient le nom de saint Jean ; cependant il est impossible d’en méconnaître l’auteur. C’est bien là le vieillard d’Ephèse, bon et doux, mais tout brûlant de zèle pour la foi et ne séparant jamais, dans son esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu’il s’attribue indique l’époque à laquelle ces Lettres furent écrites ; car ce titre semble moins désigner le sacerdoce et l’autorité de saint Jean révérés par toute l’Asie, que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du collège apostolique, tout le respect et toute l’affection dont les Apôtres étaient l’objet. Il vécut jusqu’à la fin du premier siècle.

Dans la première Epître, saint Jean félicite Electe des vertus de ses enfants ; puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques et à leurs doctrines antichrétiennes ; il les exhorte à persévérer dans la pureté de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, il témoigne à Gaïus la joie qu’il éprouve du bien qu’il entend dire de lui. Il lui recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais esprit de Diotrèphe, évêque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il censure les défauts de cet évêque est remarquable dans l’apôtre de la charité, aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu’il prend d’interdire leur société aux fidèles ; mais elle répond à l’idée que l’Evangile et l’Apocalypse nous donnent de saint Jean, et elle rappelle qu’il accompagnait saint Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaïus devait être un chrétien riche et zélé, et Electe une mère de famille veuve et d’un rang distingué.

Comme Electe signifie élue et que saint Jean parle encore d’une autre Electe, sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné à une Eglise, à celle d’Ephèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par saint Pierre. Les versets 4 à 7 de la 2e Epître se prêteraient à cette interprétation ; aussi de graves commentateurs ont pris electa pour un qualificatif, et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à qui écrit saint Jean (L. BACUEZ.)

2e Epître de saint Jean



Saint Jean exhorte Electe et ses fils à demeurer fermes dans la charité et dans la foi ; à éviter les hérétiques et à n’avoir pas de commerce avec eux.


1L’ancien (le vieillard), à la dame élue (Electe) et à ses enfants, que j’aime véritablement, et non pas moi seul, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité, 2à cause de la vérité qui demeure en nous, et qui sera avec nous éternellement. 3Que la grâce, la miséricorde et la paix soient avec vous, de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ, Fils du Père, dans la vérité et la charité. 4J’ai éprouvé une grande joie à trouver quelques-uns de tes enfants marchant dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père. 5Et maintenant, je te demande, dame, non comme si je t’écrivais un commandement nouveau, mais d’après celui que nous avons reçu dès le commencement, que nous nous aimions les uns les autres. 6Et l’amour consiste en ceci : que nous marchions selon ses commandements. Car c’est là le commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement : que vous marchiez dans cet amour. 7Car de nombreux séducteurs (imposteurs) se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu en chair. Un tel homme (Ceux-là, note) est un (sont des) séducteur et un (des) Antéchrist. 8Prenez garde à vous, afin de ne pas perdre le fruit de votre travail, mais de recevoir une récompense pleine. 9Quiconque s’éloigne et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine, celui-là a le Père et le Fils. 10Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas. 11Car celui qui le salue participe à ses œuvres mauvaises. 12Quoique j’eusse plusieurs choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre ; car j’espère (bientôt) aller auprès de vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit pleine. 13Les enfants de ta soeur Elue (Electe) te saluent.





Notes


1.1 A la dame Electe. Le vieillard, saint Jean qui était avancé en âge. Le mot grec presbyteros, employé ici par saint Jean, indique d’ailleurs tout à fait la fois sa dignité épiscopale et son âge.

1.5 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

1.7 Ceux-là sont, littéralement : Celui-là est l’imposteur et l’Antéchrist ; hébraïsme pour chacun de ceux-là est, etc.

3e Epître de saint Jean



Affection de saint Jean pour Gaïus, dont il loue la piété.

Diotrèphe ne reconnaît pas saint Jean.

Témoignage de la vertu de Démétrius.

Saint Jean espère aller voir Gaïus.


1 L’ancien (vieillard), au bien-aimé Gaïus, que j’aime véritablement. 2Bien-aimé, je prie pour que tu prospères en toutes choses et que tu sois en bonne santé, comme ton âme prospère aussi. 3J’ai été fort réjoui, lorsque des frères sont venus et ont rendu témoignage à ta vérité (sincérité), disant que tu marches dans la vérité. 4Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité. 5Bien-aimé, tu agis fidèlement, quoi que tu fasses pour les frères, qui de plus sont étrangers. 6Ils ont rendu témoignage à ta charité en présence de l’Eglise ; tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. 7Car c’est pour son nom qu’ils se sont mis en route, sans rien recevoir des païens (gentils). 8Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin de travailler avec eux pour (l’avancement de) la vérité. 9J’aurais (peut-être) écrit à l’Eglise ; mais Diotrèphe, qui aime à tenir le premier rang parmi eux, ne nous reçoit pas. 10C’est pourquoi, lorsque (si) je viendrai, je rappellerai les actions qu’il commet, se livrant contre nous à de méchants propos (malins) ; et comme si cela ne lui suffisait pas, non seulement il ne reçoit pas lui-même les frères, mais il empêche ceux qui voudraient les recevoir, et les chasse de l’Eglise. 11Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais ce qui est bon. Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu. 12Tous, et la vérité elle-même, rendent un bon témoignage à Démétrius ; nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est véridique. 13J’avais beaucoup de choses à t’écrire, mais je ne veux pas t’écrire avec l’encre et la plume. 14J’espère te voir bientôt, et nous nous entretiendrons de vive voix. Que la paix soit avec toi. Les amis te saluent. Salue nos amis, chacun en particulier.


Notes


1.1 Voir 2 Jean, 1, 1.

1.6 Si tu leur fais une conduite. Comparer à Actes des Apôtres, 15, 3 ; Romains, 15, 24. Digne de Dieu ; comme si tu la faisais pour Dieu lui-même, ce qui semble être une allusion à ce qu’enseigne Jésus-Christ dans l’Evangile (voir Matthieu, 25, 35), qu’il faut le recevoir et le servir dans la personne des étrangers. Selon d’autres : Comme si Dieu, proportion gardée, la faisait lui-même ; c’est-à-dire le mieux possible.

1.9 Diotrèphe, d’après qui est dit dans ce passage, était un homme influent, mais d’ailleurs inconnu, dans la partie de l’Asie Mineure où se trouvait Gaïus.

1.12 Démétrius, dont on ne sait que ce qui est dit ici de lui, fut probablement chargé de porter cette lettre de saint Jean à Gaïus.

1.14 Par leur nom ; c’est-à-dire chacun en particulier.

Epître de saint Jude

INTRODUCTION





L’auteur de cette Epître est l’apôtre saint Jude, qu’on appelait aussi Thaddée ou Lebbé. Il se dit lui-même frère de Jacques, ce qu’il faut entendre de saint Jacques le Mineur, l’autre apôtre du même nom, frère de saint Jean, ayant subi le martyre depuis longtemps et étant alors beaucoup moins connu. Saint Jude prend ce titre, plutôt que celui d’apôtre, soit parce qu’un autre apôtre ayant porté son nom, la qualité d’apôtre ne le désignerait pas d’une manière aussi précise, soit parce que sa parenté avec l’évêque de Jérusalem est de nature à le rendre plus cher aux Juifs convertis auxquels il paraît s’adresser. Cette Lettre a toujours fait partie de la version italique. Elle est mentionnée dans le canon de Muratori, comme dans ceux des Conciles de Laodicée (363) et d’Hippone (393). On la trouve citée dès les premiers temps par Tertullien (200), Clément d’Alexandrie (165-200), Origène (186-255), saint Pamphile, etc., et l’on ne la voit rejetée positivement nulle part. Néanmoins, ce qu’elle dit de la lutte de saint Michel contre Satan, verset 9, et de la prophétie d’Hénoch, verset 14, excitait quelque défiance, de sorte qu’elle a été placée par Eusèbe parmi les antilégomènes, et qu’on la compte aujourd’hui au nombre des deutérocanoniques.

Le but de saint Jude, comme celui de saint Pierre, dans sa seconde Epître, est de prémunir les fidèles contre les séductions des docteurs gnostiques. Il part de ce principe, que la foi a été livrée aux saints une fois pour toutes, verset 3, et que c’est pour s’en être écarté, versets 4 à 7, et pour avoir abandonné la société qui en fait profession, que les sectaires sont tombés dans des abîmes d’erreur, d’impiété et d’immoralité. En conséquence, il exhorte les fidèles à se souvenir des vérités qui leur ont été annoncées au commencement par les Apôtres, à s’édifier eux-mêmes sur le fondement de leur très sainte foi, à persévérer dans l’espérance et la charité, et à sauver tous ceux qu’ils pourront soustraire au feu de la vengeance divine, versets 19 à 23.

Les coïncidences de l’Epître de saint Jude avec la seconde de saint Pierre ne peuvent s’expliquer que par une imitation volontaire de la part de l’un ou de l’autre apôtre. Un certain nombre de commentateurs attribuent cette imitation à saint Pierre, en alléguant pour raison que, dans sa première Lettre, il a reproduit pareillement plusieurs pensées de saint Paul. Néanmoins la supposition contraire paraît plus vraisemblable. En effet : ― 1° Il n’y a pas de parité entre les allusions que saint Pierre a pu faire dans sa première Epître à certains passages de saint Paul et un emprunt si littéral et si étendu, qui comprendrait la plus grande partie de l’Epître de saint Jude. ― 2° Saint Pierre n’avait pas d’intérêt à s’approprier la Lettre de saint Jude. Saint Jude, au contraire, trouvait un avantage à citer saint Pierre : il ajoutait à sa considération et à son autorité personnelles celle du Prince des Apôtres et du chef de l’Eglise. ― 3° L’Epître de saint Pierre paraît avoir été écrite la première. Elle parle au futur ; elle prédit les hérésies qui vont bientôt paraître, voir 2 Pierre, 2, 1-3 ; celle de saint Jude parle au passé, elle donne les faits qu’elle décrit pour l’accomplissement des prophètes faites par les Apôtres. Par suite, saint Jude combat les sectaires avec plus de force et les caractérise d’une manière plus précise. ― 4° Le style de saint Jude est meilleur, plus soigné, plus soutenu. On y voit moins de répétitions. ― 5° Saint Jude paraît commenter et expliquer saint Pierre. Au verset 10, il développe et éclaircit ce que saint Pierre avait laissé dans l’ombre, et au verset 9, sa citation du livre de l’Assomption de Moïse semble avoir pour but de confirmer un fait qu’a avancé saint Pierre. L’Epître de saint Jude nous semblerait donc postérieure et d’une date assez rapprochée de la ruine de Jérusalem.

Quoi qu’il en soit, du reste, la ressemblance si visible qui existe entre ces deux Epîtres est une preuve de leur authenticité. On ne se fait pas faussaire pour le plaisir de transcrire, et l’on n’a pas d’intérêt à s’approprier ce qui est sans autorité. (L. BACUEZ.)

Epître de saint Jude



Combattre pour la foi et pour la tradition.

Exemples de la justice de Dieu.

Faux docteurs caractérisés.

Contestation touchant le corps de Moïse.

Prophétie d’Hénoch.

Foi, prière, confiance, amour de Dieu, haine de la chair.


1Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, à ceux qui sont aimés en Dieu le Père, gardés et appelés par Jésus-Christ. 2Que la miséricorde, la paix et la charité soient multipliées en vous. 3Bien-aimés, comme je mettais tout mon zèle à vous écrire au sujet de votre salut commun, je me suis trouvé dans la nécessité de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été une fois pour toutes transmise aux saints. 4Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, depuis longtemps désignés pour la condamnation (pour ce jugement), des impies qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution (luxure), et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ. 5(Or) Je veux vous rappeler, quoique vous sachiez fort bien toutes choses, que Jésus, ayant délivré le peuple du pays d’Egypte, fit ensuite périr ceux qui furent incrédules ; 6et que les anges qui n’ont pas conservé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure, ont été réservés par lui pour le jugement du grand jour, liés par des chaînes éternelles, dans les ténèbres. 7De même, Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impureté et à des vices contre nature, sont devant nous comme un exemple, subissant la peine du feu éternel. 8Pareillement, ces hommes souillent la chair ; de plus, ils méprisent l’autorité, et insultent ceux qui sont élevés en dignité (la majesté). 9Cependant l’archange Michel, lorsqu’il discutait avec le diable, lui disputant le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux ; mais dit : Que le Seigneur te réprime (commande) ! 10Mais ceux-ci insultent tout ce qu’ils ignorent ; quant à celles qu’ils connaissent naturellement, comme les bêtes brutes (muettes), ils s’y corrompent. 11Malheur à eux ! car ils ont suivi la voie de Caïn ; ils se sont jetés (rompu toute digue), pour un salaire, dans l’erreur de Balaam, et ils ont péri dans la rébellion de Coré. 12Ils sont des taches (le déshonneur) dans leurs repas de charité, faisant bonne chère sans retenue, se repaissant eux-mêmes ; nuées sans eau, emportées çà et là par les vents ; arbres d’automne, sans fruits, deux fois morts, déracinés ; 13vagues furieuses de la mer, qui rejettent l’écume de leurs infamies ; astres errants, auxquels une tempête ténébreuse est réservée pour l’éternité. 14C’est d’eux qu’a prophétisé Hénoch, le septième patriarche depuis Adam, lorsqu’il a dit : Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, 15pour exercer un jugement contre tous (les hommes), et pour convaincre tous les impies de toutes les œuvres d’impiété qu’ils ont commises, et de toutes les dures paroles que ces pécheurs impies ont proférées contre lui (Dieu). 16Ce sont des mécontents qui murmurent (sans cesse), qui marchent suivant leurs convoitises, dont la bouche prononce des paroles hautaines, et qui admirent les gens par intérêt. 17Mais vous, bien-aimés, rappelez-vous les choses qui ont été prédites par les Apôtres de Notre Seigneur Jésus-Christ ; 18ils vous disaient qu’au dernier temps il viendra des moqueurs (imposteurs), qui marcheront dans l’impiété, suivant leurs convoitises (désirs dans l’impiété). 19Ce sont eux qui se séparent eux-mêmes, êtres sensuels (hommes de vie animale), n’ayant pas l’Esprit. 20Mais vous, bien-aimés, vous élevant vous-mêmes comme un édifice sur le fondement de votre sainte foi, et priant par l’Esprit-Saint, 21conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour obtenir la vie éternelle. 22Reprenez les uns, qui paraissent condamnés (après les avoir convaincus) ; 23sauvez les autres, en les retirant du feu ; ayez pour les autres une pitié mêlée de crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair. 24A celui qui est puissant pour vous conserver sans péché, et pour vous faire comparaître devant sa gloire irréprochables et dans l’allégresse, lors de l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ, 25à Dieu seul (au seul Dieu) notre Sauveur, par Jésus-Christ Notre Seigneur, gloire et magnificence, empire et force, avant tous les siècles, et maintenant, et dans tous les siècles des siècles. Amen.




Notes


1.3 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.5 Voir Nombres, 14, 37.

1.6 Voir 2 Pierre, 2, 4. ― Les démons ne peuvent sortir de l’enfer que par la permission de Dieu, et pour tenter les hommes que Dieu veut bien qu’ils tentent. Leur supplice dure depuis le moment de leur révolte ; ils sont déjà jugés, mais leur sentence sera alors prononcé et confirmée pour toute l’éternité.

1.7 Voir Genèse, 19, 24.

1.8 Ceux-ci ; c’est-à-dire les faux docteurs contre lesquels l’apôtre cherche à prémunir les fidèles auxquels il écrit.

1.9 Voir Zacharie, 3, 2. Que le Seigneur te commande fortement, qu’il te réprimande avec menaces. C’est le vrai sens du texte. Comparer à Matthieu, 8, 26 ; Marc, 4, 39 ; Luc, 8, 24. Ceci n’est pas rapporté dans l’Ecriture ; saint Jude le savait par la tradition.

1.11 Voir Genèse, 4, 8 ; Nombres, 22, 23 ; 16, 32.

1.12 Voir 2 Pierre, 2, 17.

1.14 Voir Apocalypse, 1, 7. ― Le septième après Adam ; c’est-à-dire le septième patriarche. ― A prophétisé. La prophétie qui est rapportée ici ne se trouve pas dans l’Ecriture ; l’apôtre l’a connue par la tradition ou par une révélation particulière de Dieu.

1.16 Voir Psaumes, 16, 10.

1.17 Voir 1 Timothée, 4, 1 ; 2 Timothée, 3, 1 ; 2 Pierre, 3, 3.

1.18 Dans l’impiété ; littéralement, dans les impiétés. D’autres, se conformant au grec, qui porte des impiétés, au génitif, comme régime de désirs, traduisent : Selon leurs désirs impies.

1.19 L’Esprit ; c’est-à-dire l’Esprit de Dieu.

1.23 Prenant même en haine, etc. ; c’est-à-dire ayant même horreur. L’apôtre semble faire allusion à ce qui est dit dans la loi mosaïque des vêtements souillées par la lèpre ou d’autres impuretés légales, dont on ne pouvait se purifier qu’en lavant non seulement le corps, mais encore le vêtement. Voir Lévitique, 13, verset 47 et suivants. Il veut donc dire par cette comparaison : Fuyez avec le plus grand soin même les apparences de tout ce qui pourrait souiller vos âmes.

JesusMarie.comBible Vigouroux