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Introduction au livre de JOB

L’existence réelle de Job ne fait aucun doute pour les Juifs et les chrétiens. Elle est attestée par les écrivains sacrés. Du reste, « on peut croire avec le plus grand nombre des interprètes, dit M. Le Hir, que Job et ses amis n’ont prononcé que le fond des discours qu’on leur met à la bouche, et que la diction appartient à l’auteur sacré. »

Le patriarche Job est postérieur à Abraham et à Esaü, puisque deux de ses amis, Eliphaz et Baldad, descendent d’Abraham, le premier par Théman, fils d’Esaü, le second par Suah, fils d’Abraham et de Cétura. Il y a lieu de croire qu’il est, au contraire, antérieur à Moïse, parce que dans son histoire, il n’est fait aucune allusion aux faits qui se sont passés pendant ou après l’Exode, tandis qu’on y trouve des allusions à tous les grands événements précédents, à la création, à la chute de l’homme, aux géants, au déluge, à la ruine de Sodome.

Job vivait dans la terre de Hus. D’après saint Jérôme et la plupart des modernes, la terre de Hus se trouvait dans la partie septentrionale du désert d’Arabie, parce que le Genèse en fit une terre araméenne et que Job est appelé Ben-Qédem, mot qui désigne proprement les Arabes ; la tradition syrienne et la tradition musulmane placent, avec raison, ce semble, Hus dans le Hauran, non loin de Damas, dans le pays fertile appelé El-Bethenijé, où se trouve le monastère de Deïr Ejjub, élevé en l’honneur du saint patriarche.

La question la plus difficile concernant le livre de Job est celle qui regarde la date de sa composition et son auteur. On l’a souvent attribué à Moïse ou au moins à l’époque de Moïse, mais à cause de la langue et du style, on le reporte aujourd’hui, communément, au temps de Salomon ou à l’intervalle qui s’est écoulé de ce roi à Ezéchias.

Le but du livre de Job est la justification de la Providence, la solution du problème du mal dans le monde. L’occasion des malheurs de Job, leur cause et leur but, la manière dont il les endure et dont ses amis les apprécient, la raison que Dieu en donne, voilà tout le livre.

Tous les critiques sont unanimes à regarder le livre de Job comme un chef-d’œuvre de littérature ; on le regarde généralement aujourd’hui comme un drame, dans un sens large : le prologue en est l’exposition et ressemble beaucoup à la plupart des expositions des tragédies d’Euripide, qui sont aussi une sorte d’introduction épique à la pièce. Dès que le nœud de l’intrigue a été noué dans ce récit préliminaire, il se resserre de plus en plus dans les trois discussions ou les trois actes qui suivent, sous la forme de dialogues entre Job et ses amis. Dans les discours d’Eliu qui viennent ensuite, l’intrigue commence à se dénouer ; ils préparent l’intervention de Dieu qui amène d’une manière admirable le dénouement, complété dans l’épilogue. La préparation, le développement et la conclusion de l’action ne laissent rien à désirer au point de vue de l’art. Le poète procède avec tant d’habileté qu’il détache insensiblement le lecteur des amis de Job, pour le porter de plus en plus vers son héros, et l’intérêt va grandissant jusqu’à la fin.

Saint Grégoire le Grand remarque, dans sa Préface sur Job, que ce saint patriarche a été la figure de Notre-Seigneur, non seulement par ses paroles, mais aussi et plus encore par ses souffrances. Quoiqu’il soit innocent, il est accablé de maux, par la permission de Dieu, comme devait l’être le Sauveur, le juste par excellence ; comme lui, il est abandonné des siens et comme lui enfin, il reçoit la récompense de sa patience et de sa résignation.

Le livre de Job se divise en cinq parties : 1° Prologue, chapitres 1 et 2 ; 2° discussion de Job et de ses trois amis, du chapitre 3 au chapitre 31 ; 3° discours d’Eliu, du chapitre 32 au chapitre 37 ; 4° apparition et discours de Dieu, du chapitre 38 au chapitre 42, verset 6 ; 5° épilogue, chapitre 42, versets 7 à 16.

Livre de Job



Origine de Job.

Sa vertu, ses richesses.

Dieu permet au démon de le tenter.

Job perd ses biens et ses enfants.


1Il y avait dans la terre de Hus un homme qui s’appelait Job. Et cet homme était simple et droit ; et il craignait Dieu, et fuyait le mal. 2Et il lui naquit sept fils et trois filles. 3Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, et cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était grand parmi tous les Orientaux. 4Et ses fils allaient (les uns chez les autres), et donnaient un festin chacun à leur jour. Et ils envoyaient prier leurs trois sœurs de venir manger et boire avec eux. 5Et lorsque (ce cercle des) les jours de festin étaient achevés, Job envoyait chercher ses enfants, et les purifiait (sanctifiait) ; et, se levant de grand matin, il offrait des holocaustes pour chacun d’eux. Car il disait : Peut-être mes enfants ont-ils péché, et ont-ils offensé Dieu dans leur cœur. C’est ainsi que Job faisait tous les jours. 6Or les fils de Dieu étant venus un jour se présenter devant le Seigneur, Satan se trouva aussi parmi eux. 7Le Seigneur lui dit : D’où viens-tu ? Il lui répondit : J’ai fait le tour de la terre, et je l’ai parcourue tout entière (traversée). 8Et le Seigneur lui dit : As-tu considéré mon serviteur Job, qui n’a pas d’égal sur la terre, qui est un homme simple et droit, qui craint Dieu et fuit le mal ? 9Satan lui répondit : Est-ce pour rien (en vain) que Job craint Dieu (le Seigneur) ? 10N’avez-vous pas protégé de toutes parts sa personne, et sa maison, et tous ses biens ? Vous avez béni les œuvres de ses mains, et ses possessions se sont multipliées sur la terre. 11Mais étendez un peu votre main, et touchez tout ce qui est à lui, et vous verrez s’il ne vous maudira pas en face. 12Le Seigneur répondit à Satan : Va, tout ce qu’il a est en ton pouvoir ; seulement ne porte pas la main sur lui. Et Satan sortit aussitôt de devant le Seigneur. 13Un jour donc que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné, 14un messager vint à Job et lui dit : Les bœufs labouraient, et les ânesses paissaient auprès d’eux, 15et les Sabéens se sont précipités, ont tout enlevé, et ont passé les serviteurs au fil de l’épée ; et je me suis échappé, moi seul, pour vous en apporter la nouvelle. 16Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Le (Un) feu de Dieu est tombé du ciel sur les brebis et sur les serviteurs, et les a consumés, et je me suis échappé (, moi) seul pour vous en apporter la nouvelle. 17Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Les Chaldéens ont formé trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés, et ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée, et je me suis échappé seul pour vous en apporter la nouvelle. 18Il parlait encore, quand un autre se présenta et dit : Vos fils et vos filles mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné, 19lorsqu’un vent impétueux s’est levé tout à coup du côté du désert, et a ébranlé les quatre coins de la maison, qui, s’écroulant, a écrasé vos enfants, et ils sont morts. Et je me suis échappé seul pour vous en apporter la nouvelle. 20Alors Job se leva et déchira ses vêtements, et, s’étant rasé la tête, il se jeta par terre, et adora, 21et dit : Je suis sorti nu du sein de ma mère, et j’y retournerai nu. Le Seigneur (m’) a donné, le Seigneur (m’) a ôté ; il est arrivé ce qui a plu au Seigneur ; que le nom du Seigneur soit béni ! 22En tout cela Job ne pécha pas par ses lèvres, et il ne dit rien d’insensé contre Dieu.


Job est frappé d’une plaie horrible.

Sa femme lui (l’) insulte.

Trois amis, venus pour le consoler, restent auprès de lui sans lui parler.


2Or il arriva que les fils de Dieu étant venus un (certain) jour se présenter devant le Seigneur, et Satan étant aussi venu parmi eux se présenter devant le Seigneur, 2le Seigneur lui dit : D’où viens-tu ? Il répondit : J’ai fait le tour de la terre, et je l’ai parcourue tout entière (traversée). 3Le Seigneur dit encore à Satan : As-tu considéré mon serviteur Job, qui n’a pas d’égal sur la terre, qui est un homme simple et droit, qui craint Dieu et fuit le mal, et qui maintient encore son innocence ? Cependant tu m’as porté à agir (excité) contre lui pour l’affliger sans motif. 4Satan lui répondit : L’homme donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a pour sauver sa vie ; 5mais étendez votre main, et frappez ses os et sa chair, et vous verrez s’il ne vous maudira pas en face. 6Le Seigneur dit donc à Satan : Va, (Voilà qu’) il est en ta main ; mais ne touche pas à sa vie. 7Satan, étant sorti de devant le Seigneur, frappa Job d’un ulcère malin (d’une plaie horrible), depuis la plante des pieds jusqu’à la tête. 8Et Job, assis sur un fumier, ôtait avec un tesson la pourriture de ses ulcères (raclait la sanie). 9Alors sa femme lui dit : Tu demeures encore dans ta simplicité ? Maudis Dieu, et meurs. 10Il lui dit : Tu parles comme une femme qui n’a pas de sens. Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n’en recevrons-nous pas les maux ? Dans toutes ces choses Job ne pécha pas par ses lèvres. 11Cependant trois amis de Job apprirent tous les maux qui lui étaient arrivés, et ils vinrent chacun de leur pays : Eliphaz de Théman, Baldad de Suha, et Sophar de Naamath. Car ils s’étaient concertés pour venir le voir ensemble, et le consoler. 12Et ayant levé de loin les yeux, ils ne le reconnurent pas ; et (jetant un grand cri,) ils pleurèrent à haute voix, déchirèrent leurs vêtements, et jetèrent de la poussière en l’air au-dessus de leur tête. 13Et ils se tinrent assis à terre avec lui sept jours et sept nuits, et nul ne lui dit une parole, car ils voyaient que sa douleur était extrême (violente).


Job maudit le jour de sa naissance, et déplore sa misère.


3Après cela Job ouvrit la bouche, et maudit le jour de sa naissance, 2et il parla (ainsi) : 3Périsse le jour où je suis né, et la nuit dans laquelle il a été dit : Un homme est (a été) conçu. 4Ce jour, qu’il se change en ténèbres ; que Dieu ne le regarde pas du ciel ; qu’il ne soit pas éclairé de la lumière. 5Que les (des) ténèbres et l’ombre de la mort l’obscurcissent, qu’une noire obscurité l’environne, et qu’il soit plongé dans l’amertume. 6Cette nuit, qu’un tourbillon ténébreux s’en empare ; qu’elle ne soit pas comptée parmi les jours de l’année, ni mise au nombre des mois. 7Que cette nuit soit désolée (solitaire) et indigne de louanges. 8Que ceux qui maudissent le jour le maudissent, ceux qui sont prêts à susciter Léviathan. 9Que les étoiles soient obscurcies par sa noirceur ; qu’elle attende la lumière, et qu’elle ne la voie pas, non plus que l’aurore, lorsqu’elle commence à poindre, 10parce qu’elle n’a pas fermé le sein qui m’a porté, ni dérobé les souffrances à (maux de devant de) mes regards (yeux). 11Pourquoi ne suis-je pas mort dans le sein de ma mère ? Pourquoi n’ai-je pas expiré aussitôt que j’en suis sorti ? 12Pourquoi ai-je été reçu sur des genoux, allaité par des mamelles ? 13Car je dormirais maintenant dans le silence, et je me reposerais dans mon sommeil, 14avec les rois et les consuls de la terre, qui se bâtissent des (de vastes) solitudes ; 15(ou) avec les princes qui possèdent l’or, et qui remplissent d’argent leurs maisons. 16Ou, comme un avorton caché (dans le sein de sa mère), je n’existerais plus ; ou comme ceux qui, ayant été conçus, n’ont pas vu la lumière. 17Là les impies ont cessé leur tumulte ; là se reposent ceux qui sont épuisés, sans force. 18Et ceux qui étaient autrefois enchaînés ensemble ne souffrent plus aucun mal, et ils n’entendent plus la voix du maître de corvées (d’un exacteur). 19Là sont le grand et le petit, et l’esclave est affranchi de son maître. 20Pourquoi la lumière a-t-elle été donnée au misérable, et la vie à ceux qui sont dans l’amertume du cœur ; 21qui attendent la mort, et elle ne vient pas ; qui la cherchent comme s’ils creusaient pour trouver un trésor, 22et qui sont ravis de joie lorsqu’ils ont trouvé le tombeau (un sépulcre) ? 23Pourquoi la vie a-t-elle été donnée (A un) à l’homme dont la voie est cachée, et que Dieu a environné de ténèbres ? 24Avant de manger je soupire, et mes cris (rugissements) sont comme des eaux qui débordent. 25Car ce qui faisait le sujet de ma crainte m’est arrivé, et ce que je redoutais est tombé sur moi. 26Ne me suis-je pas tenu dans la réserve ? N’ai-je pas gardé le silence, le repos ? Et la colère divine (l’indignation de Dieu) est tombée sur moi.


Eliphaz accuse Job d’impatience.

Il soutient que l’homme ne peut être affligé que pour ses péchés, et que Job ne doit pas se croire innocent devant Dieu.


4Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit : 2Si nous nous mettons à te parler, tu le trouveras peut-être mauvais ; mais qui pourrait retenir la parole qu’il a conçue ? 3Voici, tu en as instruit un grand nombre, et tu as fortifié les mains fatiguées. 4Tes paroles ont affermi ceux qui chancelaient, et tu as fortifié les genoux tremblants. 5Mais maintenant que le malheur est venu sur toi, tu perds courage ; il t’a touché, et tu es dans le trouble (es troublé). 6Où (donc) est ta crainte de Dieu, ta force, ta patience, et la perfection de tes voies ? 7Rappelle-toi, je te prie, quel innocent a jamais péri ; ou quand les hommes droits ont-ils été exterminés ? 8J’ai vu, au contraire, que ceux qui commettent l’iniquité, qui sèment les maux et les moissonnent, 9sont re(n ?)versés par le souffle de Dieu, et consumés par le vent de sa colère. 10Le rugissement du lion, et la voix de la lionne, et les dents des lionceaux ont été broyés (brisés). 11Le tigre a péri parce qu’il n’avait pas de proie, et les petits du lion ont été dispersés (dissipés). 12(Cependant) Une parole m’a été dite en secret, et mon oreille a recueilli comme à la dérobée ses faibles sons. 13Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsqu’un profond sommeil a coutume de s’emparer des hommes, 14je fus saisi de crainte et d’épouvante, et la frayeur pénétra jusque dans mes os. 15(Et) Un esprit passa devant moi ; les poils de ma chair se hérissèrent. 16Quelqu’un se tint là, dont je ne connaissais pas le visage ; un spectre parut devant mes yeux, et j’entendis une voix semblable à un souffle léger. 17L’homme sera-t-il trouvé juste en comparaison de Dieu ? et sera-t-il plus pur que son créateur ? 18Ceux même qui le servent n’ont pas été stables, et il a trouvé le péché (la dépravation) dans ses anges. 19Combien plus ceux qui habitent des maisons d’argile (de boue), qui n’ont qu’un fondement de terre, seront-ils consumés comme par les vers ? (!) 20Du matin au soir ils seront retranchés (moissonnés) ; et, parce que nul n’a d’intelligence, ils périront à jamais. 21Ceux (même) qui seront restés de leur race seront emportés ; ils mourront, et non dans la sagesse.


Eliphaz soutient que la prospérité des impies est toujours promptement dissipée.

Il exhorte Job à recourir à Dieu par la pénitence.


5Appelle donc (à ton secours), s’il y a quelqu’un qui te réponde, et adresse-toi à quelqu’un des saints. 2Certes, la colère fait mourir l’insensé, et l’envie tue les petits esprits (les enfants). 3J’ai vu l’insensé aux solides racines, et j’ai maudit aussitôt son éclat. 4Ses enfants, loin de trouver le salut, seront foulés à la porte, et il n’y aura personne pour les délivrer. 5L’affamé dévorera sa moisson, l’homme armé l’enlèvera lui-même, et ceux qui séchaient de soif boiront ses richesses. 6Rien sur la terre ne se fait sans sujet, et ce n’est pas de la terre que germe la douleur. 7L’homme est né pour la peine (le travail), comme l’oiseau pour voler. 8C’est pourquoi je supplierai (prierai) le Seigneur, et j’adresserai ma parole à Dieu, 9qui fait des choses grandes et impénétrables, et des merveilles sans nombre ; 10qui répand la pluie sur la face de la terre, et qui arrose d’eau tout l’univers (tous les lieux) ; 11qui exalte ceux qui sont abaissés (les humbles) ; qui relève et guérit (protège) les affligés ; 12qui dissipe les pensées des méchants, et empêche leurs mains d’achever ce qu’elles avaient commencé ; 13qui (sur)prend les sages dans leur propre ruse, et qui renverse les desseins (le conseil) des injustes. 14Durant le jour ils trouveront les ténèbres, et, comme si c’était la nuit, ils tâtonneront en plein midi. 15Mais Dieu sauvera le pauvre du glaive de leur langue, il le sauvera de la main du violent. 16Et il y aura de l’espérance pour le pauvre, et l’iniquité fermera sa bouche. 17Heureux l’homme qui est châtié par Dieu. (!) Ne rejette donc pâs la correction du Seigneur. 18Car c’est lui qui blesse et qui donne le remède ; il frappe, et ses mains guérissent. 19Il te délivrera dans six tribulations, et à la septième le mal ne te touchera pas. 20Pendant la famine, il te sauvera de la mort, et, dans la guerre, du tranchant du glaive. 21Il te mettra à couvert du fléau de la langue, et si l’affliction (la calamité) survient, tu ne la craindras pas. 22Tu riras des ravages et de la disette, et tu ne redouteras pas les bêtes de la terre. 23Mais tu feras alliance avec les pierres des champs, et les bêtes sauvages (de la terre) seront pacifiques pour toi. 24Tu verras la paix régner dans ta tente (ton tabernacle), et, contemplant ta prospérité, tu la trouveras au complet (beauté, tu ne pécheras pas). 25Tu verras aussi ta race se multiplier, et ta postérité croître comme l’herbe de la terre. 26Tu entreras dans le sépulcre comblé de biens, comme un monceau de blé qu’on emporte en son temps. 27Voila le résultat de nos recherches, il en est ainsi ; écoute-le, et (ce que tu as entendu) repasse-le dans ton esprit.


Job justifie ses plaintes.

Il souhaite de mourir, de peur de perdre la patience.

Il reproche à ses amis l’injustice de leurs accusations.


6(Or) Job répondit en ces termes : 2Plût à Dieu que les péchés par lesquels j’ai mérité la colère de Dieu, et les maux que je souffre, fussent pesés dans une balance ! 3Ceux-ci apparaîtraient plus lourds que le sable de la mer. C’est pourquoi mes paroles sont pleines de douleur, 4car les flèches du Seigneur m’ont percé. La douleur qu’elles me causent épuise mon esprit, et les terreurs de Dieu (du Seigneur) m’assiègent. 5L’âne sauvage (L’onagre) crie-t-il lorsqu’il a de l’herbe ? ou le bœuf mugit-il lorsqu’il est devant une auge (crèche) pleine ? 6Peut-on manger d’un mets fade, qui n’est pas assaisonné avec le sel ? ou quelqu’un peut-il goûter ce qui fait mourir celui qui en goûte ? 7Ce qu’auparavant je (mon âme) n’eusse pas voulu toucher, c’est là maintenant ma nourriture, à cause de mon angoisse (détresse). 8Qui m’accordera que ma prière soit reçue, et que Dieu me donne ce que j’attends ; 9que celui qui a commencé achève de me briser ; qu’il laisse aller sa main (qu’il m’extirpe) et qu’il tranche ma vie ? 10Qu’il me reste au moins cette consolation, dans ces douleurs dont il m’afflige sans m’épargner, que je ne contredise en rien les ordres du Dieu saint (Saint). 11Car quelle est ma force pour que je supporte ces maux ? ou quelle est ma fin pour que je conserve la patience ? 12Ma force n’est pas la force des pierres, et ma chair n’est pas de bronze (d’airain). 13Voici que je ne trouve en moi aucun secours, et mes amis intimes (mêmes) m’ont abandonné. 14Celui qui n’a pas compassion de son ami a perdu la crainte du Seigneur. 15Mes frères ont passé devant moi, comme un torrent qui s’écoule avec rapidité dans les vallées. 16Ceux qui craignent la gelée seront accablés par la neige. 17Au temps où ils commenceront à s’écouler (se répandre), ils périront ; dès que la chaleur viendra, ils disparaîtront de leur lieu. 18Ils vont par des sentiers embarrassés (cachés) ; ils marchent sur le vide, et ils périront. 19Considérez les sentiers de Théma, les chemins de Saba, et attendez un peu. 20Ils sont confus, parce que j’ai espéré ; ils sont venus aussi jusqu’à moi, et ils ont été couverts de honte (confusion). 21Vous ne faites que venir, et aussitôt que vous voyez ma plaie, vous en avez horreur. 22Ai-je dit : Apportez-moi quelque chose, ou donnez-moi de votre bien ? 23ou : Délivrez-moi de la main de l’ennemi, et arrachez-moi de la main des forts ? 24Enseignez-moi, et je me tairai ; et si j’ai ignoré quelque chose, instruisez-moi. 25Pourquoi attaquez-vous (avez-vous déprimé) des paroles de vérité, puisque nul d’entre vous ne peut m’accuser ? 26Vous n’étudiez dans vos discours qu’à jeter du blâme, et vous ne faites que parler en l’air. 27Vous vous précipitez sur un orphelin, et vous vous efforcez d’accabler (de renverser) votre ami. 28Mais achevez ce que vous avez commencé ; prêtez l’oreille, et voyez si je mens. 29Répondez, je vous prie, sans contention ; et, en parlant, jugez des choses selon la justice. 30Alors vous ne trouverez pas d’iniquité sur ma langue, et la folie ne retentira pas dans ma bouche.


Maux communs à tous les hommes.

Job représente au Seigneur sa misère et sa faiblesse, et le supplie de lui pardonner son péché.


7La vie de l’homme sur la terre est celle du soldat, et ses jours sont comme les jours d’un mercenaire. 2Comme un esclave soupire après l’ombre, et comme un mercenaire attend la fin de son travail, 3ainsi je n’ai eu que des mois vides, et je ne compte que des nuits douloureuses (laborieuses). 4Si je m’endors, je dis : Quand me lèverai-je ? et j’attends de nouveau le soir, et je suis rempli de douleurs jusqu’à la nuit (aux ténèbres). 5Ma chair est couverte de pourriture et d’une sale poussière ; ma peau est toute sèche et retirée (contractée). 6Mes jours ont passé plus vite que la toile n’est coupée par le tisserand, et ils se sont consumés sans aucune espérance. 7Souvenez-vous que ma vie n’est qu’un souffle, et que mes yeux ne verront plus (reviendra pas pour voir) le bonheur. 8Le regard de l’homme ne m’apercevra plus. Vos yeux s(er)ont sur moi, et je ne pourrai subsister. 9Comme une nuée se dissipe et passe, ainsi celui qui descend au séjour des morts (dans les enfers) ne remontera plus. 10Il ne reviendra plus dans sa maison, et le lieu où il était ne le reconnaîtra plus. 11C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma langue (bouche) ; je parlerai dans l’affliction (la tribulation) de mon esprit, je m’entretiendrai dans l’amertume de mon âme. 12Suis-je une mer, ou un monstre marin, pour que vous m’ayez renfermé dans une prison ? 13Si je dis : Mon lit me consolera, et en m’entretenant avec moi-même je me reposerai sur ma couche, 14vous me tourmentez par des songes, et vous me troublez par d’horribles visions. 15C’est pourquoi mon âme préfère une mort violente, et mes os appellent le trépas. 16J’ai perdu tout espoir ; la vie m’échappe à jamais. Epargnez-moi, car mes jours ne sont que néant. 17Qu’est-ce que l’homme (qu’un) pour que vous en fassiez tant de cas ? Et comment daignez-vous appliquer sur lui votre cœur ? 18Vous le visitez le matin, et aussitôt vous l’éprouvez. 19Jusques à quand ne m’épargnerez-vous pas, et ne me laisserez-vous pas même avaler ma salive ? 20J’ai péché, que vous ferai-je, ô gardien des hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis en butte à vos coups, et m’avez-vous rendu insupportable à moi-même ? 21Pourquoi n’enlevez-vous pas mon péché, et ne me pardonnez-vous pas mon iniquité ? Je vais bientôt dormir dans la poussière, et quand vous me chercherez (dès) le matin, je ne serai plus.


Baldad soutient que les malheurs de Job sont la peine de ses péchés.

Il traite d’hypocrisie la vertu de Job, et l’exhorte à recourir à Dieu.


8Alors Baldad le Suhite prit la parole et dit : 2Jusques à quand tiendras-tu ce langage, et les paroles de ta bouche seront-elles un vent impétueux (qui souffle de tout côté) ? 3Dieu refuse-t-il la justice ? et le Tout-Puissant renverse-t-il l’équité ? 4Quand tes enfants auraient péché contre lui, et qu’il les aurait abandonnés au pouvoir de leur iniquité, 5si néanmoins tu t’empresses d’aller à Dieu, et si tu implores (pries) le Tout-Puissant, 6si tu marches pur et droit, il sera prompt à te secourir, et il rendra la paix à ton habitation innocente (la demeure de ta justice) ; 7de sorte que si tes biens étaient autrefois médiocres, ils se multiplieront désormais étonnamment. 8Interroge (en effet) la génération passée, et consulte avec soin les histoires de nos pères ; 9(car nous ne sommes que d’hier, et nous ne savons rien, parce (pas) que nos jours s’écoulent sur la terre comme l’ombre ;) 10et ils t’instruiront ; ils te parleront, et ils puiseront ces leçons dans leur cœur. 11Le jonc peut-il verdir sans humidité, ou le roseau (carex) peut-il croître sans eau ? 12Encore en fleur, et sans qu’on le cueille, il sèche avant toutes les herbes. 13Telle est la voie de tous ceux qui oublient Dieu, et (ainsi) l’espérance de l’hypocrite (l’impie) périra. 14Il condamnera lui-même sa folie, et sa confiance sera comme une toile (maison) d’araignée. 15Il s’appuiera sur sa maison, et elle ne tiendra pas ; il l’étayera, et elle ne subsistera pas. 16C’est une plante qui paraît verte avant que le soleil se lève, et qui pousse sa tige aussitôt qu’il est levé. 17Ses racines se multiplient sur un monceau de pierres, et elle s’établit (il s’arrêtera, note) parmi les cailloux. 18Si on l’arrache de sa place, ce lieu la (elle le) reniera, et dira : Je ne te connais pas. 19Car telle est toute la joie de sa voie, que d’autres germent de terre à sa place. 20Dieu ne rejettera pas le simple, et il ne tendra pas la main aux méchants, 21jusqu’à ce que le (un sou)rire remplisse ta bouche, et que la jubilation (un cri de joie) soit sur tes lèvres. 22Ceux qui te haïssent seront couverts de confusion, et la tente des impies ne subsistera plus.


Job reconnaît que Dieu est infiniment juste dans ses jugements.

Il relève la sagesse et la puissance du Seigneur.

Il s’abaisse et se confond devant lui.

Il le supplie de lui donner quelque relâche.


9Job prit la parole et dit : 2Assurément je sais qu’il en est ainsi, et que l’homme, si on le compare à Dieu, ne sera pas trouvé juste. 3S’il veut disputer avec lui, il ne pourra pas lui répondre sur une chose entre mille. 4Dieu est sage, il est tout-puissant (puissant en force) : qui lui a résisté, et est demeuré en paix ? 5Il transporte les (des) montagnes, et ceux qu’il renverse dans sa fureur ne s’en aperçoivent pas (sont pas aperçus). 6Il remue la terre de sa place, et ses colonnes sont ébranlées. 7Il commande au soleil, et le soleil ne se lève pas, et il tient les étoiles enfermées comme sous le (un) sceau. 8Il étend seul les cieux, et il marche sur les flots de la mer. 9Il a créé la Grande-Ourse (Arcturus, note), Orion, les Hyades, et les constellations australes (les astres cachés du midi). 10Il fait des merveilles incompréhensibles, et des prodiges sans nombre. 11S’il vient à moi, je ne le verrai pas ; et s’il s’en va, je ne m’en apercevrai pas. 12S’il interroge tout à coup, qui lui répondra ? ou qui pourra lui dire : Pourquoi faites-vous ainsi ? 13Dieu, personne ne peut résister à sa colère ; et ceux mêmes qui portent le monde (l’univers) fléchissent sous lui. 14Qui suis-je donc, moi, pour lui répondre, et pour avoir un entretien avec lui ? 15Quand même j’aurais quelque justice, je ne répondrais pas, mais j’implorerais mon juge. 16Et lors même qu’il aurait exaucé ma prière (quand je l’invoquais), je ne croirais pas qu’il eût daigné écouter ma voix. 17Car il me brisera dans un tourbillon, et il multipliera mes blessures, même sans raison. 18Il ne me laisse pas respirer (permet pas que mon esprit se repose), et il me remplit d’amertume. 19Si l’on fait appel à la force, il est tout- (très) puissant ; à la justice du jugement, personne n’osera rendre témoignage en ma faveur. 20Si j’entreprends de me justifier, ma propre bouche me condamnera ; si je démontre mon innocence, il me convaincra d’être coupable (que je suis pervers). 21Quand je serais juste, cela même me serait caché, et ma vie me serait à charge à moi-même. 22Tout ce que j’ai dit se ramène à ceci : Dieu détruit le juste aussi bien que l’impie. 23S’il frappe, qu’il tue tout d’un coup, et qu’il ne se rie pas des peines des innocents. 24La terre est (a été) livrée aux mains de l’impie ; Dieu couvre d’un voile la face des juges. Si ce n’est lui, qui est-ce donc ? 25Mes jours ont passé plus vite qu’un courrier (coureur) ; ils ont fui sans avoir vu le bonheur. 26Ils ont passé comme des vaisseaux qui portent des fruits, comme un aigle qui fond sur sa proie. 27Quand je dis : Je ne parlerai plus ainsi, mon visage se change aussitôt, et la douleur me déchire. 28Je tremblais à chacune de mes œuvres, sachant que vous ne (me) pardonne(rie)z pas au coupable (si je péchais). 29Que si, après cela, je passe pour impie, pourquoi aurais-je (ai-je) travaillé en vain ? 30Quand je me laverais dans l’eau de neige, et que la pureté de mes mains éclaterait, 31vous me plongeriez dans la fange, et mes vêtements m’auraient en horreur. 32Car ce n’est pas à un homme semblable à moi que j’aurai à répondre, ni à quelqu’un qui puisse d’égal à égal plaider avec moi. 33Il n’y a personne qui puisse reprendre les deux parties, et mettre sa main sur l’un et l’autre. 34Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne m’épouvante pas. 35Alors je parlerai sans le craindre ; car, dans la crainte où je suis, je ne puis répondre.


Job adresse ses plaintes à Dieu.

Il s’humilie devant lui, et le supplie de lui accorder quelque relâche avant la mort.


10Mon âme est dégoûtée de la vie ; je m’abandonnerai aux plaintes contre moi-même, je parlerai dans l’amertume de mon âme. 2Je dirai à Dieu : Ne me condamnez pas ; indiquez-moi pourquoi vous me traitez (jugez) ainsi. 3Vous paraîtrait-il bon de me calomnier et de m’accabler, moi l’œuvre de vos mains ? Favoriserez-vous les desseins des impies ? 4Avez-vous des yeux de chair, et regardez-vous les choses comme l’homme les regarde ? 5Vos jours sont-ils comme les jours de l’homme, et vos années comme ses années, 6pour que vous recherchiez mes iniquités, et que vous scrutiez mon péché, 7quand vous savez que je n’ai rien fait d’impie, et que personne ne peut me délivrer de votre main ? 8Vos mains m’ont formé ; elles ont façonné toutes les parties de mon corps, et vous voudriez me perdre en un instant ? 9Souvenez-vous, je vous prie, que vous m’avez façonné comme de (un vase d’) l’argile, et que vous me réduirez en poussière. 10Ne m’avez-vous pas fait couler comme le lait, et coagulé comme un laitage pressé (le fromage) ? 11Vous m’avez revêtu de peau et de chairs ; vous m’avez affermi d’os et de nerfs. 12Vous m’avez donné la vie et comblé de bienfaits ; et c’est votre providence (vos soins) qui a gardé mon âme (conservé mon souffle vital). 13Quoique vous cachiez ces choses dans votre cœur, je sais néanmoins que vous vous souvenez de tout. 14Si j’ai péché, et si vous m’avez épargné pour un instant, pourquoi ne permettez-vous pas que je sois purifié de mon iniquité ? 15Si j’ai été impie, malheur à moi ; et si je suis juste, je n’ose lever la tête, abreuvé (saturé) d’affliction et de misère. 16A cause de mon orgueil, vous me saisirez comme une lionne, et de nouveau vous me tourmenterez étrangement (prodigieusement). 17Vous produisez encore contre moi vos témoins, vous multipliez sur moi les effets de votre colère, et les maux m’assiègent comme une armée (vos châtiments combattent contre moi). 18Pourquoi m’avez-vous tiré du sein de ma mère ? Que n’ai-je péri sans qu’un œil pût me voir ! 19J’aurais été comme si je n’avais pas existé, n’ayant fait que passer du sein (de ma mère) au tombeau. 20Les quelques jours qui me restent ne finiront-ils pas bientôt ? Laissez-moi donc pleurer un instant (peu) ma douleur, 21avant que je m’en aille sans retour dans cette région ténébreuse et couverte de l’obscurité de la mort : 22région (terre) de misère et de ténèbres, où habite (règne) l’ombre de la mort, où il n’y a pas d’ordre, mais une éternelle horreur.


Sophar accuse Job de présomption et d’orgueil, et l’exhorte à se convertir au Seigneur.


11(Or) Sophar de Naama prit la parole et dit : 2Celui qui parle tant n’écoutera-t-il pas à son tour ? et suffira-t-il d’être un grand parleur pour paraître juste (être absous) ? 3Les hommes se tairont-ils pour toi seul ? et après t’être moqué des autres, ne seras-tu confondu par personne ? 4Car tu as dit : Ma doctrine (parole) est pure, et je suis sans tache en votre présence. 5Qu’il serait à souhaiter que Dieu te parlât, et qu’il ouvrît pour toi sa bouche, 6pour te découvrir les secrets de sa sagesse, et la multiplicité des préceptes de sa loi, et pour te faire comprendre qu’il exige beaucoup moins de toi que ne mérite ton iniquité ! 7Prétends-tu sonder (Découvriras-tu) ce qui est caché en Dieu, et connaître parfaitement le Tout-Puissant ? 8Il est plus élevé que le ciel, que feras-tu ? Il est plus profond que l’enfer, comment (donc) le connaîtras-tu ? 9Sa mesure dépasse la longueur de la terre et la largeur de la mer. 10S’il renverse tout, s’il confond toutes choses ensemble, qui pourra s’opposer à lui (le contredira) ? 11Car il connaît la vanité des hommes, et, voyant l’iniquité, ne la considère-t-il pas ? 12L’homme vain s’élève jusqu’à l’orgueil, et il se croit né libre comme le poulain de l’âne sauvage (petit d’un onagre). 13Mais toi, tu as endurci ton cœur, et (cependant) tu as élevé tes mains vers Dieu. 14Si tu bannis l’iniquité qui est dans tes mains, et que l’injustice ne demeure pas dans ta tente (on tabernacle), 15alors tu pourras lever ton visage sans tache ; tu seras stable, et tu ne craindras pas. 16Tu oublieras même ta misère, et tu t’en souviendras comme d’eaux qui se sont écoulées. 17Sur le soir se lèvera pour toi comme l’éclat du midi ; et lorsque tu te croiras perdu, tu apparaîtras comme l’étoile du matin (Lucifer). 18L’espérance qui te sera proposée te remplira de confiance ; et, (même) entrant dans le sépulcre, tu dormiras en assurance. 19Tu te reposeras sans que personne ne te trouble, et plusieurs imploreront tes regards. 20Mais les yeux des méchants seront consumés ; pour eux pas de refuge, et ce que l’âme a en horreur, voilà leur espérance.


Job reproche à ses amis la fausse confiance qu’ils ont dans leurs lumières.

Il relève la souveraine puissance de Dieu.


12Job prit la parole et dit : 2Etes-vous donc les seuls hommes, et la sagesse mourra-t-elle avec vous ? 3J’ai du sens aussi bien que (cependant un cœur comme) vous, et je ne vous suis pas inférieur ; car qui donc (en effet) ignore ce que vous savez ? 4Celui qui est comme moi l’objet des railleries de son ami invoquera Dieu, et Dieu l’exaucera ; car on se moque de la simplicité du juste. 5C’est une lampe méprisée dans les pensées des riches, mais qui est prête pour le (un) temps marqué. 6Les tentes des brigands sont dans l’abondance, et ils provoquent Dieu audacieusement, quoiqu’il (quoique que ce soit lui qui) ait tout mis entre leurs mains. 7Interroge les animaux, et ils t’enseigneront ; les oiseaux du ciel, et ils t’instruiront. 8Parle à la terre, et elle te répondra, et les poissons de la mer te le raconteront. 9Qui ignore que c’est la main de Dieu (du Seigneur) qui a fait toutes ces choses ? 10Lui qui tient dans sa main l’âme de tout ce qui vit, et le souffle (l’esprit) de toute chair d’homme. 11L’oreille ne juge-t-elle pas des paroles ? et le palais ne savoure-t-il pas les mets ? 12Dans les vieillards se trouve la sagesse, et la prudence dans une longue vie. 13En Dieu résident la sagesse et la puissance ; c’est lui qui possède le conseil et l’intelligence (la prudence). 14S’il détruit, nul ne pourra bâtir ; s’il tient un homme enfermé, nul ne pourra lui ouvrir. 15S’il retient les eaux, tout se desséchera ; et, s’il les lâche, elles dévasteront la terre. 16En lui résident la force et la sagesse ; il connaît et celui qui trompe, et celui qui est trompé. 17Il amène les conseillers à une fin insensée, et les juges à l’étourdissement. 18Il délie le baudrier des rois, et il ceint leurs reins d’une corde. 19Il emmène les pontifes (prêtres) sans gloire, et il fait tomber les nobles (grands). 20Il change le langage des véridiques, et il retire la science aux vieillards. 21Il répand le mépris sur les princes : Il relève ceux qui avaient été opprimés. 22Il découvre ce qui était caché dans les ténèbres, et il produit au jour (la lumière) l’ombre de la mort. 23Il multiplie les nations, et les perd, et il les rétablit entièrement après leur ruine. 24Il change le cœur des princes du peuple de la terre, et il les trompe pour qu’ils s’avancent vainement en des déserts sans voie. 25Ils tâtonneront comme dans les ténèbres, loin de la lumière, et il les fera errer comme des gens ivres.


Job continue de se défendre contre les reproches de ses amis.

Il témoigne sa confiance en Dieu, et il lui adresse ses plaintes.


13Voici, mon œil a vu toutes ces choses ; mon oreille les a entendues, et je les ai toutes comprises. 2Ce que vous savez ne m’est pas inconnu, et je ne vous suis pas inférieur. 3Mais je veux parler (parlerai) au Tout-Puissant, et je désire discuter avec Dieu, 4en montrant d’abord que vous êtes des fabricants de mensonge, et les défenseurs d’une doctrine (de maximes) corrompue(s). 5Que ne gardez-vous le silence, afin de passer pour des sages ! 6Ecoutez donc ma réprimande ; soyez attentifs à la sentence de mes lèvres. 7Dieu a-t-il besoin de votre mensonge, ou que vous disiez des faussetés pour le défendre ? 8Voulez-vous avoir égard à sa personne, et faites-vous des efforts pour le justifier ? 9Cela peut-il lui plaire, lui à qui rien n’est caché ? ou se laissera-t-il tromper (sera-t-il trompé), comme un homme, par vos artifices ? 10Lui-même il vous condamnera, à cause de votre perversité secrète en sa faveur. 11Aussitôt qu’il s’ébranlera (s’émouvra), il vous troublera, et sa terreur fondra sur vous. 12Votre mémoire sera semblable à la cendre, et vos têtes superbes deviendront comme de la boue. 13Taisez-vous un peu, afin que je dise tout ce que mon esprit me suggérera. 14Pourquoi déchiré-je mes chairs avec mes dents, et pourquoi porté-je mon âme entre mes mains ? 15Quand même Dieu me tuerait, j’espérerais en lui ; néanmoins je défendrai (j’exposerai donc) mes voies en sa présence. 16Et il sera lui-même mon sauveur ; car l’hypocrite n’osera paraître devant lui. 17Ecoutez mes paroles, prêtez oreille à mes sentences (énigmes). 18Si j’étais jugé, je sais que je serais reconnu innocent. 19Est-il quelqu’un qui veuille plaider contre moi ? Qu’il vienne ; car pourquoi me laissé-je consumer sans avoir parlé pour ma défense ? 20Je vous demande seulement deux choses, et ensuite je ne me cacherai pas de devant votre face. 21Eloignez de moi votre main, et que votre épouvante (crainte) ne m’effraye pas. 22Appelez-moi, et je vous répondrai ; ou bien je parlerai, et vous, répondez-moi. 23Combien ai-je commis d’iniquités et de péchés ? Montrez-moi mes crimes et mes offenses. 24Pourquoi me cachez-vous votre visage, et pourquoi me croyez-vous votre ennemi ? 25Vous faites éclater votre puissance contre une feuille que le vent emporte, et vous poursuivez une paille sèche (desséchée). 26Car vous écrivez contre moi des arrêts très sévères ; et vous voulez me consumer pour les péchés de ma jeunesse. 27Vous avez mis mes pieds dans les ceps ; vous avez observé tous mes sentiers, et vous avez considéré les traces de mes pas (pieds). 28Et moi je dois me consumer comme la pourriture, et comme un vêtement rongé par les vers.


Job expose la brièveté de la vie et les misères de l’homme sur la terre, et il se console par l’espérance de la résurrection.


14L’homme né de la femme vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. 2Comme une fleur, il germe et il est foulé aux pieds (brisé) ; il fuit comme l’ombre, et il ne demeure jamais dans le même état. 3Et vous jugez digne de vous d’ouvrir les yeux sur lui, et de le faire entrer en jugement avec vous ? 4Qui peut rendre pur celui qui a été conçu dans l’impureté (d’un sang impur) ? N’est-ce pas vous seul qui le pouvez ? 5Les jours de l’homme sont courts ; vous connaissez le nombre de ses mois ; vous avez marqué les bornes qu’il ne pourra franchir. 6Retirez-vous un peu de lui, afin qu’il se repose, jusqu’à ce que vienne le jour qu’il désire (désiré) comme le mercenaire. 7Un arbre n’est pas sans espérance ; si on le coupe, il reverdit encore, et ses branches se multiplient. 8Que sa racine ait vieilli dans la terre, et que son tronc soit mort dans la poussière, 9à peine aura-t-il senti l’eau, qu’il repoussera, et il se couvrira de feuilles comme lorsqu’il a été planté. 10Mais quand l’homme est mort, dépouillé, consumé, dites-le-moi, que devient-il ? 11Semblable aux eaux qui se retirent de la mer, et à un fleuve qui tarit et se dessèche (il ne coule pas de nouveau), 12(ainsi) l’homme, lorsqu’il est mort, ne ressuscite pas ; jusqu’à ce que le ciel soit détruit, il ne se réveillera pas, et il ne sortira pas de son sommeil. 13Qui m’accordera que vous me cachiez dans le séjour des morts (protégiez dans l’enfer) jusqu’à ce que votre fureur soit passée, et que vous me marquiez un temps où vous vous souviendrez de moi ? 14L’homme, une fois mort, vivra-t-il de nouveau ? Dans cette guerre où je me trouve maintenant, j’attends tous les jours que mon changement arrive. 15Vous m’appellerez, et je vous répondrai ; vous tendrez votre droite à l’œuvre de vos mains. 16Vous avez (, à la vérité,) compté tous mes pas ; mais pardonnez-moi mes péchés. 17Vous avez scellé mes offenses comme dans un sac ; mais vous avez guéri mon iniquité. 18La (Une) montagne se mine et tombe, et le (un) rocher est arraché de sa place ; 19les eaux creusent les pierres, et l’eau qui bat contre la terre la consume peu à peu : c’est (donc) ainsi que vous perd(r)ez l’homme. 20Vous l’avez affermi pour quelque temps, afin qu’il passât ensuite à jamais ; vous changerez son visage, et vous le ferez sortir de ce monde (l’enverrez au loin). 21Que ses enfants soient dans l’éclat (la gloire) ou qu’ils soient dans l’ignominie, il ne le saura pas. 22Sa chair, pendant qu’il vivra, sera dans la douleur, et son âme pleurera sur lui.


Eliphaz accuse Job d’imiter les blasphémateurs, et soutient que les méchants sont sans cesse tourmentés dans cette vie.


15Eliphaz de Théman prit la parole et dit : 2Le sage doit-il dans ses réponses parler comme en l’air, et remplir sa poitrine d’une chaleur inconsidérée (ardente) ? 3Tu accuses par tes paroles celui qui n’est pas ton égal, et tu parles d’une manière qui ne t’est pas avantageuse. 4Tu as détruit, autant qu’il est en toi, la crainte de Dieu, et supprimé les prières qu’on doit lui offrir. 5Car ton iniquité a instruit ta bouche, et tu imites le langage des blasphémateurs. 6C’est ta bouche qui te condamnera, et non pas moi ; et tes lèvres déposeront contre toi. 7Es-tu né le premier des hommes, et as-tu été formé avant les collines ? 8Es-tu entré dans (As-tu ouï) le conseil de Dieu, et sa sagesse sera-t-elle inférieure à la tienne ? 9Que sais-tu que nous ignorions ? et quelle lumière as-tu que nous n’ayons également ? 10Parmi nous aussi il y a des vieillards et des anciens, beaucoup plus âgés que tes pères. 11Serait-il difficile à Dieu de te consoler ? Mais tu l’en empêches par tes paroles perverses. 12Pourquoi ton cœur te soulève-t-il ? L’étonnement de tes yeux ne marque-t-il pas l’orgueil de tes pensées (comme si tu pensais de grandes choses) ? 13Pourquoi ton esprit s’enfle-t-il contre Dieu, jusqu’à faire proférer à ta bouche de si étranges (tels) discours ? 14Qu’est-ce que l’homme pour qu’il soit pur, et le fils de la femme pour paraître juste ? 15Entre ses saints même, personne n’est impeccable, et les cieux ne sont pas purs devant ses yeux. 16Combien plus l’homme, qui boit l’iniquité comme l’eau, est-il abominable et inutile ? 17Je t’instruirai (te le montrerai), écoute-moi ; je te raconterai ce que j’ai vu. 18Les (Des) sages le publient, et ils ne cachent pas ce qu’ils ont reçu de leurs pères, 19auxquels seuls cette terre a été donnée, et nul étranger ne passait parmi eux. 20Durant tous ses jours, l’impie croît en orgueil, et le nombre des années de sa tyrannie est incertain. 21Son oreille est toujours frappée de bruits effrayants, et au milieu de la paix il soupçonne toujours des embûches. 22Il ne croit pas qu’il puisse revenir des ténèbres à la lumière, et il ne voit partout que le glaive. 23Lorsqu’il se remue pour chercher son pain, il sait que le jour des ténèbres est prêt à ses côtés (en sa main). 24L’adversité l’épouvante(ra), et l’angoisse l’assiège (l’environnera), comme un roi qui se prépare au combat. 25Car il a étendu sa main contre Dieu, et il s’est raidi (roidi) contre le Tout-Puissant. 26Il a couru contre Dieu le cou tendu ; il s’est armé d’un orgueil inflexible. 27L’embonpoint (La graisse) a couvert tout son visage, et la graisse (l’embonpoint) pend à ses flancs (côtés). 28Il a mis sa demeure dans des villes désolées, dans des maisons désertes, qui ne sont plus que des monceaux de pierres. 29Il ne s’enrichira pas, son opulence (bien) ne durera pas, et il ne poussera pas de racine sur la terre. 30Il ne sortira pas des ténèbres ; la (une) flamme desséchera ses rameaux ; le souffle de sa bouche l’emportera. 31Il ne croira pas, trompé par une vaine erreur, qu’il puisse être racheté à aucun prix. 32Il périra avant que ses jours soient accomplis, et ses mains se (des)sécheront. 33Sa grappe sera frappée comme celle de la vigne à peine fleurie (qui l’est dans sa première fleur), et comme l’olivier qui laisse tomber sa fleur. 34Car la famille de (tout ce qu’amasse un) l’hypocrite sera inféconde (fruit), et le feu dévorera les maisons (tabernacles) de ceux qui aiment à recevoir des présents. 35Il conçoit (a conçu) la douleur et il enfante l’iniquité, et son sein (cœur) prépare la déception (des fourberies).


Job se plaint de la dureté de ses amis.

Il expose ses maux et met sa confiance en Dieu, qui est témoin de son innocence.


16Job prit la parole et dit : 2J’ai entendu souvent de pareils discours ; vous êtes tous des consolateurs importuns. 3Ces discours en l’air finiront-ils ? Et qu’y a-t-il de plus aisé que de parler (eu dans mes paroles quelque chose d’offensant pour toi, puisque tu parles ainsi) ainsi ? 4Moi aussi je pourrais en dire autant que vous ; et que ne suis-je à votre place ! 5Je vous consolerais aussi par mes paroles, et je branlerais la tête à votre sujet. 6Je vous fortifierais par mon langage (ma bouche), et je remuerais mes lèvres, comme par compassion pour vous (si je vous ménageais). 7Mais que ferai-je ? Si je parle, ma douleur ne s’apaisera pas ; et si je me tais, elle ne me quittera pas. 8Mais maintenant ma douleur m’accable, et tous mes membres sont réduits à rien. 9Mes rides rendent témoignage contre moi ; et il s’élève, devant ma face, un menteur qui m’accuse (un faux raisonneur est suscité devant ma face, me contredisant). 10Il a ramassé contre moi sa fureur ; il a grincé des dents en me menaçant ; mon ennemi m’a envisagé (regardé) avec un regard terrible. 11Ils ont ouvert leurs bouches contre moi, et, me couvrant d’opprobre, ils ont frappé ma joue, et se sont rassasiés de mes peines. 12Dieu m’a mis à la merci du méchant ; il m’a livré entre les mains des impies. 13Moi qui étais autrefois (si) puissant, j’ai été brisé tout à coup. Il m’a pris par la nuque, il m’a broyé, et il m’a mis comme en butte à ses traits. 14Il m’a environné de ses lances, il m’en a percé (couvert) les reins (de blessure) ; il ne m’a pas épargné, et il a répandu mes entrailles à terre. 15Il m’a fait (déchiré en me faisant) blessure sur blessure ; il a fondu sur moi comme un géant. 16J’ai cousu un cilice (sac) sur ma peau, et j’ai couvert ma chair de cendres. 17Mon visage s’est gonflé à force de pleurer, et mes paupières se sont obscurcies. 18J’ai souffert cela sans que l’iniquité fût dans ma main, lorsque j’offrais à Dieu de(s) pures prières (pures). 19Terre, ne couvre pas mon sang, et que mes cris ne soient nulle part étouffés dans ton sein. 20Car voici que mon témoin est dans le ciel, et celui qui me connaît à fond (a une connaissance intime de moi) habite les hauts lieux. 21Mes amis se répandent en paroles, mes yeux fondent en larmes devant Dieu. 22Que je voudrais que l’homme pût se justifier devant Dieu, comme il peut se justifier devant un de ses semblables ! 23Car mes années s’écoulent rapides (vite), et je parcours une voie par laquelle je ne reviendrai jamais (pas).


Job se plaint des insultes de ses mais, et les exhorte à rentrer en eux-mêmes.


17Mon souffle (esprit) va s’épuiser, mes jours vont être abrégés, et il ne me reste plus que (un) le tombeau. 2Je n’ai pas péché, et cependant mon œil ne contemple qu’amertumes. 3Délivrez-moi, Seigneur, et placez-moi auprès de vous, et que la main de qui que ce soit s’arme contre moi. 4Vous avez éloigné leur cœur de l’intelligence (la science) ; c’est pourquoi ils ne seront pas exaltés. 5Il promet du butin à ses compagnons ; mais (et) les yeux de ses fils tomberont en défaillance. 6Il m’a rendu comme la fable du peuple, et je suis à leurs yeux un exemple. 7L’indignation m’obscurcit les yeux, et mes membres sont comme réduits à rien. 8Les (Des) justes seront dans la stupeur à ce sujet, et l’innocent (un) s’élèvera contre l’hypocrite. 9Et (Mais) le juste demeurera dans sa voie, et celui qui a les mains pures en deviendra plus fort. 10Vous tous, retournez-vous (convertissez-vous) donc et venez, et je ne trouverai pas un sage parmi vous. 11Mes jours se sont écoulés, mes pensées ont été renversées, et ne servent qu’à me torturer le cœur. 12Ils (Elles) ont changé la nuit en jour, et après les ténèbres j’espère encore voir la lumière. 13Quand même j’attendrais (avec patience), le séjour des morts (l’enfer) est ma maison, et je me suis préparé mon lit dans les ténèbres. 14J’ai dit à la pourriture : Tu es mon père ; et aux vers : Vous êtes ma mère et ma sœur. 15Où est donc maintenant mon attente ? Et ma patience, qui la considère ? 16Tout ce que j’ai (en moi) descendra dans le plus profond du tombeau (l’enfer). Croyez-vous qu’au moins là je puisse avoir du repos ?


Baldad accuse Job de désespoir, et exagère les malheurs et la mauvaise fin des méchants.


18Baldad le Suhite prit la parole et dit : 2Jusques à quand vous répandrez-vous en paroles ? Comprenez d’abord, et ensuite nous parlerons. 3Pourquoi passons-nous pour des brutes (animaux stupides), et pourquoi sommes-nous immondes (méprisables) à vos yeux ? 4Toi qui perds ton âme dans ta fureur, la terre sera-t-elle abandonnée à cause de toi, et les rochers transportés de leur place ? 5La lumière de l’impie ne s’éteindra-telle pas ? et la flamme de son foyer (feu) ne sera-t-elle pas sans éclat ? 6La lumière sera obscurcie dans sa tente (son tabernacle), et la lampe qui brille au-dessus de lui s’éteindra. 7Ses pas robustes seront entravés, et ses conseils le jetteront dans le précipice. 8Car il a engagé ses pieds dans les (un) rets, et il marche au milieu de leurs mailles. 9Son pied sera pris dans le filet, et la (une) soif (ardente) le brûlera par ses ardeurs. 10Le piège est caché pour lui sous la terre, et les lacs (qu’on lui a préparés) sur le sentier. 11Les terreurs l’assiégeront de toutes parts, et envelopperont ses pieds. 12La faim exténuera sa force, et la disette envahira ses flancs. 13La mort la plus terrible (cruelle) dévorera sa beauté, et elle consumera ses bras. 14Ce en quoi il mettait sa confiance sera arraché de sa tente (son tabernacle), et la mort, comme un roi, le foulera aux pieds. 15Les compagnons de celui qui n’est plus habiteront dans sa tente (son tabernacle), et on répandra du soufre dans sa demeure (son tabernacle). 16En bas, (que) ses racines se desséche(ro)nt ; (qu’) en haut, ses branches seront (soient) brisées. 17Sa mémoire périra de dessus la terre, et son nom ne sera plus (pas) célébré dans les places publiques. 18On (Il, note) le chassera de la lumière dans les ténèbres, et il sera transporté hors de ce monde (l’univers). 19Il n’aura pas de postérité, pas de descendants parmi son peuple, et il n’en restera rien dans le pays. 20Ceux qui viendront après lui seront étonnés de sa perte, et ceux de son temps en seront saisis d’horreur. 21Telles seront les tentes (tabernacles) du méchant, et telle la place (tel est le terme) de celui qui ignore Dieu.


Job se plaint de la dureté de ses amis.

Il expose ses peines, et se console par l’espérance de la résurrection.


19Alors Job prit la parole et dit : 2Jusques à quand affligerez-vous mon âme, et m’écraserez-vous par vos discours ? 3Voilà déjà dix fois que vous m’insultez (cherchez à me confondre), et que vous ne rougissez pas de m’accabler. 4Quand je serais dans l’ignorance, mon ignorance ne regarde que moi. 5Mais vous vous élevez contre moi, et vous tirez de mes humiliations une preuve contre moi. 6Comprenez au moins maintenant que ce n’est pas par un jugement de justice que Dieu m’a affligé et m’a entouré de ses fléaux (châtiments). 7Voici, je crie, souffrant violence, et personne ne m’écoute ; j’élève la voix, et on ne me rend pas justice. 8Il a fermé de toutes parts mon sentier, et je ne puis plus passer ; et il a répandu des ténèbres sur mon chemin. 9Il m’a dépouillé de ma gloire, et il m’a ôté la couronne de la tête. 10Il m’a détruit de tous côtés, et je péris ; et comme à un arbre arraché, il m’a ôté toute espérance. 11Sa fureur s’est allumée contre moi, et il m’a traité comme son ennemi. 12Ses brigands (soldats) sont venus tous ensemble ; ils se sont frayé une route jusqu’à (au travers de) moi, et ils ont mis le siège autour de ma tente (mon tabernacle). 13Il a éloigné de moi mes frères, et mes amis se sont détournés de moi comme des étrangers. 14Mes proches m’ont abandonné, et ceux qui me connaissaient m’ont oublié. 15Ceux qui demeuraient dans ma maison et mes servantes m’ont regardé comme un étranger (hôte passager). 16J’ai appelé mon serviteur, et il ne m’a pas répondu ; je le suppliais (priais) de ma propre bouche. 17Ma femme a eu horreur de mon haleine, et je priais les fils sortis de mon sein. 18Les (Des) insensés eux-mêmes me méprisaient, et à peine les avais-je quittés, qu’ils médisaient de moi. 19Mes confidents d’autrefois m’ont eu en exécration, et celui que j’aimais le plus s’est détourné de moi. 20Mes chairs étant consumées, mes os se sont collés à ma peau, et il ne me reste que les lèvres autour des dents. 21Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la main du Seigneur m’a frappé. 22Pourquoi me persécutez-vous comme Dieu, et vous rassasiez-vous de ma chair ? 23Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ? Qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre ; 24qu’elles soient gravées sur une lame de plomb avec un style de fer, ou sur la pierre avec un ciseau (burin) ? 25Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai de la terre au dernier jour, 26et que je serai de nouveau revêtu de ma peau, et que dans ma chair je verrai mon Dieu. 27Je le verrai (dois le voir) moi-même, et non un autre, et mes yeux le contempleront. Cette espérance repose dans mon sein. 28Pourquoi donc dites-vous maintenant : Persécutons-le, et cherchons contre lui des prétextes pour le décrier ? 29Fuyez donc de devant le glaive, car il y a un glaive vengeur des iniquités, et sachez qu’il y a un jugement.


Sophar continue de décrire les châtiments dont Dieu punit les impies.


20Sophar de Naamath prit la parole et dit : 2C’est pour cela que mes pensées diverses se succèdent, et que mon esprit est agité en sens contraires (des sentiments divers). 3J’écouterai la théorie sur laquelle tu m’attaques (m’accuses) ; mais l’esprit (de mon) d’intelligence qui est en moi répondra pour moi. 4Je sais que dès l’origine, depuis que l’homme a été placé sur la terre, 5la gloire des impies est courte, et que la joie de l’hypocrite n’est que d’un moment. 6Quand son orgueil s’élèverait jusqu’au ciel, et que sa tête toucherait les nues, 7il périra à la fin, comme un fumier ; et ceux qui l’avaient vu, diront : Où est-il ? 8Comme un songe qui s’envole, on ne le trouvera plus, et il disparaîtra comme une vision de la nuit. 9L’œil qui l’avait vu ne le verra plus, et sa place (son lieu) ne l’apercevra plus. 10Ses fils seront écrasés par la pauvreté, et ses propres mains lui rendront le mal qu’il a fait (aux autres). 11Les dérèglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans ses os, et se reposeront avec lui dans la poussière. 12Car, parce que le mal a été doux à sa bouche, il le cachera sous sa langue. 13Il ménage(ra) ce mets, il ne le lâche(ra) pas, et il le retien(dra)t dans sa bouche. 14Son pain, dans son sein, se changera intérieurement en fiel d’aspic. 15Il vomira les richesses qu’il avait dévorées, et Dieu les tirera de son ventre (entrailles). 16Il sucera la tête des aspics, et la langue de la vipère le tuera. 17Il ne verra pas couler sur lui les fleuves, ni des torrents de miel et de lait (beurre). 18Il expiera tout ce qu’il a fait, et n’en sera cependant pas consumé ; il souffrira selon la multitude de ses crimes (la multitude de richesses qu’il aura acquises). 19Car il a brisé et dépouillé les pauvres ; il a ravi la maison qu’il n’avait pas fait bâtir. 20Son ventre a été insatiable ; et lorsqu’il aura ce qu’il convoitait, il n’en pourra pas jouir. 21Il n’est rien resté de sa nourriture : c’est pour cela qu’il ne demeurera rien de ses biens. 22Lorsqu’il aura été rassasié, il sera dans l’angoisse (oppressé et étouffé de chaleur) ; il s’agitera, et toutes les douleurs se précipiteront sur lui. 23Que son ventre se remplisse donc ; que Dieu lance contre lui la fureur de sa colère (colère de sa fureur), et qu’il fasse pleuvoir sur lui ses traits (foudres) ! 24Il fuira les armes de fer, et il tombera sur (sera transpercé par) l’arc d’airain. 25L’épée est dégainée, elle sort du fourreau, elle étincelle et le perce cruellement ; les terreurs (d’horribles spectres) passeront et repasseront sur lui. 26Toutes les ténèbres sont cachées dans le secret de son âme ; il sera dévoré par un feu que personne n’allume, et, délaissé dans sa tente (son tabernacle), il sera livré à l’affliction. 27Les cieux révéleront son iniquité, et la terre s’élèvera contre lui. 28Les enfants de sa maison seront exposés à la violence ; ils seront retranchés (enlevés) au jour de la fureur de Dieu. 29Tel est le partage que Dieu réserve à l’impie, et l’héritage qu’il recevra du Seigneur pour ses paroles.


Job soutient que les impies jouissent souvent d’une longue prospérité, et que c’est après leur mort que Dieu exerce contre eux ses vengeances.


21Job prit la parole et dit : 2Ecoutez, je vous prie, mes paroles, et changez de sentiment (faites pénitence). 3Souffrez que je parle, et ensuite riez, si cela vous plaît, de mes discours. 4Est-ce avec un homme que je dispute ? N’est-ce pas à bon droit que je m’attriste (pour que je ne doive pas être justement contristé, note) ? 5Jetez les yeux sur moi, et soyez frappés d’étonnement, et mettez le doigt sur votre bouche. 6Et moi, quand je m’en souviens, j’en suis épouvanté et j’en tremble de tout mon corps. 7Pourquoi donc les impies vivent-ils ? Pourquoi sont-ils si élevés et rendus puissants par les richesses ? 8Leur race se perpétue devant eux ; la foule de leurs proches et de leurs petits enfants est en leur présence. 9Leurs maisons jouissent d’une profonde paix, et la verge de Dieu ne les touche pas. 10Leur vache (génisse) conçoit et conserve son fruit, leur génisse (vache) met bas et n’avorte pas (n’a pas été privée de son fruit). 11Leurs (petits) enfants sortent comme des troupeaux, leurs nouveau-nés (enfants) bondissent en se jouant. 12Ils tiennent le (un) tambour(in) et la (une) harpe, et ils se réjouissent au son de la flûte de Pan (d’un orgue). 13Ils passent leurs jours dans le bonheur, et soudain ils descendent dans le tombeau (les enfers). 14Ils ont dit à Dieu : Retire-toi de nous, nous ne voulons pas connaître tes voies. 15Qu’est le Tout-Puissant pour que nous le servions ? Et quel intérêt avons-nous à le prier ? 16Mais puisque leurs biens ne sont pas en leur pouvoir, loin de moi le conseil des impies ! 17Combien de fois voit-on s’éteindre la lumière des impies, et un déluge de maux leur survenir, et Dieu leur partager (distribuer) les douleurs dans sa colère ! 18Ils s(er)ont comme la paille en face du vent, et comme la poussière que disperse un tourbillon. 19Dieu réserve à leurs fils la peine du père, Dieu le frappera lui-même (lorsqu’il lui aura rendu selon son mérite), (et) alors il comprendra. 20Il verra de ses yeux sa propre ruine, et il boira de la fureur du Tout-Puissant. 21Car que lui importe ce que deviendra sa maison après lui, quand même Dieu lui retrancherait la moitié de ses années (mois) ? 22Qui entreprendra d’enseigner la science à Dieu, lui qui juge les grands ? 23L’un meurt robuste et sain, riche et heureux ; 24ses entrailles sont chargées de graisse, et ses os arrosés de moelle. 25L’autre meurt dans l’amertume de son âme, sans aucun bien ; 26et néanmoins ils dorment tous deux dans la poussière, et les vers les recouvrent tous deux. 27Je connais bien vos pensées, et vos jugements injustes contre moi. 28Car vous dites : Où est la maison du (d’un) prince, et où sont les tentes (tabernacles) des impies ? 29Interrogez quelqu’un des voyageurs (le premier des passants), et vous verrez qu’il connaît cette même vérité : 30que le méchant est réservé pour le jour de la ruine (perdition), et qu’il sera conduit (jusqu’)au jour de la fureur. 31Qui le reprendra, en sa présence, de ses voies ? et qui lui rendra ce qu’il a fait ? 32Il sera porté lui-même au tombeau, et il veillera parmi la foule des morts. 33Sa présence a été agréable aux sables (graviers) du Cocyte ; il y entraînera tous les hommes (tout homme) après lui, et une foule innombrable l’a précédé. 34Pourquoi (Comment) donc me donnez-vous une vaine consolation, puisque j’ai (il a été) montré que votre réponse est contraire à la vérité ?


Eliphaz reproche à Job les crimes dont il le suppose coupable, et il l’exhorte à se convertir au Seigneur.


22Eliphaz de Théman prit la parole et dit : 2L’homme peut-il être comparé à Dieu, quand (même) il aurait une science consommée (parfaite) ? 3Que sert à Dieu que tu sois juste ? ou que lui procures-tu si ta conduite est sans tache ? 4Est-ce par crainte (en craignant) qu’il t’accusera, et qu’il entrera en jugement avec toi ? 5Et n’est-ce pas à cause de ta malice multiple (très grande) et de tes iniquités infinies ? 6(Car) Tu as pris sans raison des gages à tes frères, et tu as dépouillé de leurs vêtements ceux qui étaient nus. 7Tu n’as pas donné d’eau à celui qui était fatigué (épuisé de lassitude), et tu refusais du pain à l’homme affamé. 8Tu possédais le pays par la violence (force) de ton bras, et tu t’y établissais par le droit du plus fort (étant le plus puissant, tu la conservais). 9Tu renvoyais les veuves les mains vides, tu brisais les bras des orphelins. 10C’est pour cela que tu es environné de pièges, et troublé par une crainte subite. 11Et tu pensais que tu ne verrais pas les ténèbres, et que tu ne serais pas accablé par le choc des eaux débordées (un impétueux débordement d’eaux). 12Ne considères-tu pas que Dieu est plus élevé que le ciel, qu’il est bien au-dessus (au sommet) des astres ? 13Et tu dis : Qu’est-ce que Dieu sait ? Il juge comme à travers (une profonde) l’obscurité. 14Les nuées sont sa retraite ; il ne s’inquiète pas de nos affaires, et il se promène dans le ciel d’un pôle à l’autre. 15Désires-tu suivre l’antique route des siècles, foulée de ces hommes impies, 16qui ont été emportés avant leur temps, et dont le déluge (un fleuve) a renversé le fondement ; 17qui disaient à Dieu : Retire-toi de nous, et qui s’imaginaient que le Tout-Puissant ne pouvait rien (faire) ; 18quoique ce fût lui qui avait rempli leurs maisons de biens ? Mais loin de moi leurs pensées impies ! 19Les justes les verront périr, et s’en réjouiront, et l’innocent leur insultera (se moquera d’eux) : 20Ce qu’ils avaient élevé n’a-t-il pas été détruit, et le feu n’a-t-il pas dévoré leurs restes ? 21Soumets-toi donc à Dieu, et demeure en paix ; et par là tu obtiendras d’excellents fruits. 22Reçois la loi de sa bouche, et mets ses paroles dans ton cœur. 23Si tu reviens au Tout-Puissant, tu seras rétabli de nouveau, et tu banniras l’iniquité de ta tente (ton tabernacle). 24Il te donnera, au lieu de la terre, le rocher ; et au lieu de la pierre (d’un rocher), des torrents d’or. 25Le Tout-Puissant se déclarera contre tes ennemis, et tu auras des monceaux d’argent. 26Alors tu trouveras tes délices dans le Tout-Puissant, et tu élèveras ton visage vers Dieu. 27Tu le prieras, et il t’exaucera ; et tu accompliras tes vœux. 28Tu formeras des desseins, et ils réussiront ; et la lumière brillera sur tes voies. 29Car celui qui aura été humilié sera dans la gloire ; et celui qui aura baissé les yeux sera sauvé. 30L’innocent sera délivré, et il le sera par la pureté de ses mains.


Job souhaite de pouvoir se présenter au tribunal de Dieu, et d’y paraître soutenu par le Médiateur en qui il espère.

Il est touché de confiance, de crainte et de reconnaissance.


23Or (Mais) Job répondit en ces termes : 2Maintenant encore ma parole est pleine d’amertume, et la violence de ma plaie est bien au-dessus de (s’est bien plus aggravée que) mes gémissements. 3Qui me donnera de le connaître (Dieu) et de le trouver, et de parvenir jusqu’à son trône ? 4J’exposerais ma cause devant lui, et je remplirais ma bouche de preuves (récriminations), 5pour savoir ce qu’il me répondrait, et pour entendre ce qu’il pourrait me dire. 6Je ne voudrais (veux) pas qu’il me combattît de toute sa force (lutte contre moi), ni qu’il m’accablât (accable) par le poids de sa grandeur. 7Qu’il propose contre moi l’équité, et ma cause obtiendra la victoire. 8Mais si je vais à l’orient, il ne paraît pas ; si je vais à l’occident, je ne l’aperçois pas. 9Si je me tourne à gauche, que faire ? je ne puis l’atteindre ; si je vais à droite, je ne le verrai pas. 10Mais il connaît lui-même ma voie, et il m’éprouve comme l’or qui passe par le feu. 11Mon pied a suivi ses traces ; j’ai gardé sa voie, et je ne m’en suis pas détourné. 12Je ne me suis pas écarté des commandements de ses lèvres, et j’ai caché dans mon sein les paroles de sa bouche. 13Car il subsiste lui seul (est Tout-puissant). Nul ne peut empêcher ses desseins, et il fait absolument tout ce qui lui plaît (son âme a voulu, elle l’a fait). 14Quand il aura accompli sur moi sa volonté, il lui reste encore beaucoup d’autres moyens semblables. 15C’est pourquoi je me trouble en sa présence, et lorsque je le considère, je suis agité de crainte. 16Dieu a amolli mon cœur, et le Tout-Puissant m’a épouvanté. 17Car je ne péris pas à cause des ténèbres qui m’environnent, et ce n’est pas l’obscurité qui a voilé ma face.


Job soutient que le crime est souvent impuni en ce monde, parce que Dieu en réserve ordinairement la vengeance après cette vie.


24Les temps ne sont pas cachés au Tout-Puissant ; mais ceux qui le connaissent ignorent ses jours. 2Il en est qui déplacent les limites, qui ravissent les troupeaux, et les mènent dans leurs pâturages (les ont fait paître). 3Ils saisissent l’âne des orphelins, et ils emmènent pour gage le bœuf de la veuve. 4Ils renversent la voie des pauvres, et ils oppriment tous ceux qui sont doux sur la terre. 5D’autres, comme les onagres du désert, sortent pour leur ouvrage ; ils cherchent leur proie dès le matin, pour donner de quoi vivre à leurs enfants. 6Ils moissonnent le champ qui n’est pas à eux, et ils vendangent la vigne de celui qu’ils ont opprimé par violence. 7Ils renvoient les hommes nus, et ils enlèvent les vêtements de ceux qui n’ont pas de quoi se couvrir pendant le froid ; 8qui sont mouillés par les pluies des montagnes, et qui, n’ayant pas de manteau, se pressent contre les rochers. 9Ils dépouillent de force les orphelins, et ils pillent le pauvre peuple. 10Ils arrachent les épis des mains (ont pris des épis) à ceux qui sont nus, sans vêtements et affamés. 11Ils se reposent à midi parmi les gerbes (tas de fruits) de ceux qui, après avoir foulé les (des) pressoirs, sont dans la soif. 12Ils font gémir les hommes dans les villes ; les âmes blessées poussent des cris, et Dieu ne laissera pas ces crimes impunis. 13Ils ont été rebelles à la lumière ; ils n’ont pas connu ses voies (les voies de Dieu), et ils ne sont pas revenus par ses sentiers. 14Le meurtrier se lève de grand matin ; il tue le faible (l’indigent) et le pauvre, et il rôde la nuit, comme un larron. 15L’œil de l’adultère épie l’obscurité ; il dit : Personne ne me verra ; et il se couvre le visage. 16Il perce les maisons dans les ténèbres, à l’heure qu’ils s’étaient donnée pendant le jour ; et ils n’ont pas connu la lumière. 17Si l’aurore paraît tout à coup, ils croient que c’est l’ombre de la mort, et ils marchent dans les ténèbres comme dans le jour (à la lumière). 18Il est (plus) léger à (que) la (sur)face de l’eau ; que sa portion soit maudite sur la terre, et qu’il ne marche pas par le chemin des vignes. 19Qu’il passe des eaux de la neige à une chaleur excessive, et que son péché pénètre (le conduise) jusqu’aux enfers. 20Que la miséricorde l’oublie, que les vers soient ses délices ; qu’on ne se souvienne pas de lui, mais qu’il soit arraché comme un arbre sans fruit. 21Car il a dévoré (nourri) la femme stérile, qui n’enfante pas, et il n’a pas fait de bien à la veuve. 22Il a fait tomber (abattu) les forts par sa puissance ; et lorsqu’il sera debout, il ne sera pas sûr de sa vie. 23Dieu lui a donné du temps pour faire pénitence, et il en abuse pour l’orgueil ; mais les yeux de Dieu sont sur ses voies. 24Ils se sont élevés pour un moment, et ils ne subsisteront pas ; ils seront humiliés comme toutes choses, ils seront emportés et retranchés (brisés) comme le haut des épis. 25Que si cela n’est ainsi, qui pourra me convaincre de mensonge, et porter mes paroles devant Dieu ?


Baldad soutient que l’homme ne peut, sans présomption, prétendre se justifier devant Dieu.


25Baldad le Suhite parla ensuite en ces termes : 2La puissance et la terreur appartiennent à Dieu ; il (à celui qui) fait régner la paix dans ses hauts lieux. 3Peut-on compter le nombre de ses soldats ? et sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ? 4L’homme comparé à Dieu peut-il être justifié, et celui qui est né de la femme paraîtra-t-il pur ? 5La lune même ne brille pas, et les étoiles ne sont pas pures devant ses yeux ; 6combien moins le sera l’homme qui n’est que pourriture, et le fils de l’homme, qui n’est qu’un ver ?


Job relève la grandeur et la puissance de Dieu.


26Alors Job répondit en ces termes : 2De qui es-tu l’auxiliaire ? Est-ce du faible ? et soutiens-tu le bras d’un être dénué de force ? 3A qui donnes-tu un conseil ? Est-ce à celui qui n’a pas de sagesse ? Vraiment (et) tu as manifesté une immense prudence. 4Qui veux-tu instruire ? N’est-ce pas celui qui a créé le souffle de la vie ? 5Les géants mêmes et ceux qui habitent avec eux gémissent sous les eaux. 6Le séjour des morts (L’enfer) est à nu devant lui, et l’abîme sans aucun voile. 7Il étend le septentrion sur le vide, et suspend la terre sur le néant. 8Il lie les eaux dans ses nuées, afin qu’elles ne fondent pas sur la terre toutes ensemble. 9Il couvre la face de son trône, et il répand sur lui sa nuée. 10Il a entouré les eaux d’une limite (pour les retenir), jusqu’aux confins de la lumière et des ténèbres. 11Les colonnes du ciel tremblent, et s’effrayent à son moindre signe (clin d’œil). 12Sa puissance a rassemblé les mers en un instant, et sa sagesse en a dompté l’orgueil (prudence a frappé le superbe). 13Son esprit a orné les cieux, et l’adresse de sa main a fait paraître le (un) serpent plein de replis. 14Ce n’est là qu’une partie de ses œuvres (de ses voies) ; et si nous n’avons entendu qu’un léger murmure de sa voix, qui pourra soutenir le tonnerre de sa grandeur ?


Job persiste à soutenir son innocence.

Il expose les malheurs qui menacent l’hypocrite et l’impie.


27Job prit encore la parole sous une forme sentencieuse (prenant encore de nouveau sa parabole), et il dit : 2Par le Dieu vivant (Vive Dieu) qui refuse de me faire justice, et par le Tout-Puissant qui a rempli mon âme d’amertume, 3tant que j’aurai ma respiration et que le souffle de Dieu sera dans mes narines, 4mes lèvres ne prononceront rien d’injuste, et ma langue ne dira rien de faux. 5Loin de moi la pensée de vous croire équitables ; tant que je vivrai, je ne me désisterai pas de mon innocence. 6Je n’abandonnerai pas la justification que j’ai commencé de produire ; car mon cœur ne me reproche rien dans toute ma vie. 7Que mon ennemi soit regardé comme un impie ; et celui qui me combat, comme un homme injuste. 8Car quelle est l’espérance de l’hypocrite, s’il vole par avarice, et que Dieu ne délivre pas son âme ? 9Dieu entendra-t-il ses cris, lorsque l’affliction (l’angoisse) viendra sur lui ? 10Ou (bien) pourra-t-il faire du Tout-Puissant ses délices, et invoquer Dieu en tout temps ? 11Je vous enseignerai avec le secours de Dieu ; je ne vous cacherai pas les desseins du (ce que fait le) Tout-Puissant. 12Mais vous le savez déjà tous ; pourquoi donc vous répandre inutilement en de vains discours ? 13Voici le sort que Dieu réserve à l’homme impie, et l’héritage que les violents recevront du Tout-Puissant. 14S’il a des fils en grand nombre, ils passeront par le glaive, et ses petits-enfants (descendants) ne seront pas rassasiés de pain. 15Ceux qui resteront de sa race seront ensevelis dans leur ruine, et ses veuves ne (le) pleureront pas. 16S’il amoncelle l’argent comme de la terre, s’il amasse des vêtements comme de la boue, 17il est vrai qu’il les aura amassés ; mais le juste s’en revêtira, et l’innocent partagera son argent. 18Ce qu’il a bâti sera comme la maison de la teigne (Il a bâti, comme les vers, sa maison), et comme la cabane d’un gardien. 19Lorsque le riche s’endormira, il n’emportera rien avec lui ; il ouvrira les yeux, et il ne trouvera rien. 20L’indigence le surprendra comme une inondation (l’au qui déborde) ; la (une) tempête l’emportera pendant la nuit. 21Un vent brûlant le saisira et l’emportera, et l’enlèvera de sa place comme un tourbillon. 22Dieu enverra sur lui plaie sur plaie (l’infortune), et ne l’épargnera pas ; et il s’efforcera d’échapper à sa main. 23On battra des mains sur lui, et on le sifflera en voyant la place qu’il occupait.


Job recherche l’origine, le principe et la source de la sagesse.


28L’argent a une source de ses veines, et l’or un lieu où on l’épure. 2Le fer se tire de la terre, et la pierre, fondue par la chaleur, se change en airain. 3L’homme (Il, note) met fin aux ténèbres ; il considère lui-même la fin de toutes choses, et aussi la pierre ensevelie (cachée) dans l’obscurité et l’ombre de la mort. 4Le (Un) torrent sépare du (d’un) peuple voyageur (étranger) ceux qu’a oubliés le pied de l’homme pauvre, et qui sont hors de la voie (inaccessibles). 5La (Une) terre, d’où le pain naissait comme de son lieu, a été bouleversée par le feu. 6Le saphir se trouve dans ses pierres, et ses mottes (glèbes) sont de l’or. 7L’oiseau en a ignoré la route, et l’œil du vautour ne l’a pas vue. 8Les fils des marchands n’y ont pas marché, et la lionne n’y a pas passé. 9Il a étendu sa main sur les (des) rochers ; il a renversé les (des) montagnes jusque dans leurs racines. 10Il a taillé des ruisseaux dans les pierres, et son œil a vu tout ce qui est précieux. 11Il a scruté le fond des fleuves, et il a produit au jour les trésors cachés. 12Mais la sagesse, où la trouvera-t-on ? et quel est le lieu de l’intelligence ? 13L’homme en ignore le prix, et elle ne se trouve pas dans la terre de ceux qui vivent délicatement (dans les délices). 14L’abîme dit : Elle n’est pas en moi ; et la mer aussi : Elle n’est pas avec moi. 15Elle ne se donne pas pour l’or le plus pur, et elle ne s’achète pas au poids de l’argent (au poids). 16On ne la mettra pas en comparaison avec les étoffes teintes des Indes, ni avec la sardoine la plus précieuse, ou le saphir. 17On ne lui égalera ni l’or ni le verre, et on ne la donnera pas en échange pour des vases d’or. 18Ce qu’il y a de plus grand et de plus élevé ne sera pas même mentionné auprès d’elle ; mais la sagesse se tire d’une source cachée. 19On ne la comparera pas avec la topaze d’Ethiopie, ni avec les teintures les plus éclatantes. 20D’où vient donc la sagesse ? et où l’intelligence se trouve-t-elle ? 21Elle est cachée aux yeux de tous les vivants ; elle est inconnue même aux oiseaux du ciel. 22La perdition et la mort ont dit : Nous avons entendu parler d’elle (ouï son nom de nos oreilles). 23C’est Dieu qui connaît (comprend) sa voie ; lui qui sait le lieu où elle habite. 24Car il contemple les extrémités du monde, et il considère tout ce qui se passe sous le ciel. 25C’est lui qui a réglé le poids des (aux) vents ; lui qui a pesé et mesuré les eaux (avec mesure). 26Lorsqu’il prescrivait une loi aux pluies, et un chemin (une voix (voie ?)) aux tempêtes retentissantes (tonnantes), 27alors il l’a vue, il l’a découverte, il l’a préparée (proclamée) et il l’a fondée (scrutée). 28Et il a dit à l’homme : La crainte du Seigneur, voilà la sagesse, et se retirer du mal, c’est l’intelligence.


Job fait la description de son premier état.


29Job, reprenant son discours sentencieux (prenant encore de nouveau sa parabole), parla encore en ces termes : 2Qui me donnera d’être comme au temps d’autrefois, comme aux jours où Dieu me gardait ? 3Lorsque sa lampe luisait sur ma tête, et qu’à sa lumière je marchais dans les ténèbres ; 4comme j’étais aux jours de ma jeunesse, lorsque Dieu habitait en secret dans ma tente (tabernacle) ; 5lorsque le Tout-Puissant était avec moi, et mes enfants (serviteurs) autour de moi ; 6lorsque je lavais mes pieds dans le lait caillé (beurre), et que (une) la pierre répandait pour moi des ruisseaux d’huile ; 7lorsque je m’avançais vers la porte de la ville, et que l’on me préparait un siège dans la place publique ? 8Les jeunes gens me voyaient et se cachaient (retiraient à l’écart) ; et les vieillards, se levant, demeuraient debout. 9Les princes cessaient de parler, et ils mettaient le doigt sur leur bouche. 10Les chefs (grands) retenaient leur voix, et leur langue demeurait attachée à leur palais. 11L’oreille qui m’écoutait me proclamait bienheureux, et l’œil qui me voyait me rendait témoignage, 12parce que j’avais délivré le pauvre qui criait, et l’orphelin privé de secours. 13La bénédiction de celui qui allait périr venait sur moi, et je consolais le cœur de la veuve. 14Je me suis revêtu de la justice, et l’équité (de jugements) me servit (m’a servi) comme d’un manteau (de vêtement) et d’un diadème. 15J’ai été l’œil de l’aveugle, et le pied du boiteux. 16J’étais le père des pauvres, et j’examinais avec un soin extrême l’affaire que je ne connaissais pas. 17Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais sa proie d’entre les dents. 18Je disais : Je mourrai dans mon (petit) nid, et je multiplierai mes jours comme le palmier. 19Ma racine s’étend le long des eaux, et la rosée se reposera sur mes branches (ma moisson). 20Ma gloire se renouvellera sans cesse, et mon arc se fortifiera dans ma main. 21Ceux qui m’écoutaient attendaient mon avis (sentiment), et ils se taisaient, attentifs à mon sentiment (avis). 22Ils n’osaient rien ajouter à mes paroles, et elles tombaient sur eux comme la rosée. 23Ils me désiraient comme la pluie, et leur bouche s’ouvrait comme aux ondées de l’arrière-saison. 24Si parfois je leur souriais, ils ne pouvaient le croire, et la lumière de mon visage ne tombait pas à terre. 25Quand (Si) je voulais aller parmi eux, je prenais la première place ; et lorsque j’étais assis comme un roi au milieu de ses gardes, je ne laissais pas d’être le consolateur des affligés.


Job décrit l’état où il est tombé.


30Mais maintenant je sers de jouet à de plus jeunes qui moi, dont je ne daignais pas (autrefois) mettre les pères avec les chiens de mon troupeau ; 2car la force de leurs mains (la main) ne m’eût servi de rien, et ils étaient même regardés (qui me paraissaient) comme indignes de la vie. 3Desséchés par la faim et la pauvreté, ils rongeaient le désert, défigurés par l’affliction (malheur) et la misère. 4Ils mangeaient l’herbe et l’écorce des arbres, et se nourrissaient de la racine des genévriers. 5Ils allaient ravir ces aliments dans les vallées, et, quand ils les découvraient, ils y accouraient avec de grands cris. 6Ils habitaient dans les creux (déserts auprès) des torrents, dans les cavernes de la terre ou sur le gravier. 7Ils trouvaient leur joie dans cet état, et ils regardaient comme des délices d’être sous les buissons (des ronces). 8Fils d’insensés et d’hommes ignobles, mépris et rebut du pays. 9Je suis devenu le sujet de leurs chansons, je suis l’objet de leurs railleries (passé parmi eux en proverbe). 10Ils m’ont en horreur, et ils fuient loin de moi, et ils ne craignent pas de me cracher au visage. 11Car Dieu a ouvert son carquois pour me faire souffrir, et il a mis un frein à ma bouche. 12Quand je me lève, mes maux se dressent aussitôt à ma droite ; ils ont renversé mes pieds, et ils m’ont accablé de leurs menées comme sous des flots. 13Ils ont rompu mes sentiers, ils m’ont dressé des pièges et ont eu sur moi l’avantage, et il n’y a eu personne pour me secourir. 14Ils se sont jetés sur moi, comme par la brèche d’une muraille et par une porte ouverte, et ils sont venus m’accabler dans ma misère. 15J’ai été réduit au néant. Vous avez emporté comme un tourbillon ce qui m’était cher, et mon salut a passé comme un nuage. 16(Aussi) Mon âme est maintenant toute languissante en moi-même, et des jours d’affliction me possèdent. 17Pendant la nuit la douleur transperce mes os, et ceux qui me dévorent ne dorment pas. 18Leur multitude consume mon vêtement, et ils me serrent comme le haut (m’ont couvert comme le capuchon) d’une tunique. 19Je suis devenu comme de la boue, et je suis semblable à la poussière (braise) et à la cendre. 20Je crie vers vous, et vous ne m’écoutez pas ; je me présente à vous, et vous ne me regardez pas. 21Vous êtes devenu cruel envers moi, et vous me combattez d’une main dure. 22Vous m’avez élevé, et, me tenant comme suspendu en l’air, vous m’avez brisé entièrement. 23Je sais que vous me livrerez à la mort, où est marquée la maison de tous les vivants. 24Toutefois vous n’étendez pas votre main pour les consumer entièrement ; car, lorsqu’ils tombent, vous les sauvez. 25Je pleurais autrefois sur ce qui était affligé, et mon âme était compatissante envers le pauvre. 26J’attendais les (des) biens, et les (des) maux me sont venus ; j’espérais la lumière, et les ténèbres se sont précipitées. 27Un feu brûle sans relâche dans mes entrailles ; les (des) jours de l’affliction m’ont prévenu. 28Je marchais triste, sans ardeur (fureur) ; je me levais et je poussais des cris dans la foule. 29J’ai été le frère des dragons, et le compagnon des autruches. 30Ma peau s’est noircie sur moi, et mes os se sont desséchés par l’ardeur qui me brûle. 31Ma harpe s’est changée en un chant de deuil (plainte lugubre), et mon hautbois rend des sons lugubres (orgue en voix de pleureurs).


Job se justifie devant ses amis en leur exposant le détail de la conduite qu’il a tenue dans le temps de sa prospérité.


31J’ai fait un pacte avec mes yeux pour ne pas penser même à une vierge. 2Car (autrement) quelle union Dieu aurait-il d’en haut avec moi ? et quelle part le Tout-Puissant me donnerait-il à son céleste héritage ? 3Ne perdra-t-il pas le méchant, et ne rejettera-t-il pas (l’aliénation des héritages pour) ceux qui commettent l’injustice ? 4Ne considère-t-il pas mes voies, et ne compte-t-il pas toutes mes démarches (tous mes pas) ? 5Si j’ai marché dans la vanité, et si mon pied s’est empressé vers la fraude (ruse), 6que Dieu pèse mes actions dans une juste balance, et qu’il connaisse ma simplicité. 7Si mes pas se sont détournés de la voie, si mon cœur a suivi mes yeux, et si la (quelque) souillure s’est attachée à mes mains, 8que je sème, et qu’un autre mange, et que ma race soit arrachée (jusqu’à la racine). 9Si mon cœur a été séduit au sujet d’une femme, et si j’ai dressé des embûches à la porte de mon ami, 10que ma femme soit déshonorée par un autre, et qu’elle soit exposée à une honteuse prostitution. 11Car c’est là (l’adultère est) un crime énorme et une très grande iniquité. 12C’est un feu qui dévore jusqu’à une perte entière, et qui déracine les moindres rejetons. 13(Si j’ai dédaigné d’entrer en jugement avec mon serviteur et avec ma servante, lorsqu’ils disputaient contre moi ; 14car que ferai-je, quand Dieu s’élèvera pour juger, et lorsqu’il fera son enquête, que répondrai-je ?) 15Ce(lui) qui m’a créé dans le sein de ma mère ne l’a-t-il pas créé aussi ? Et n’est-ce pas le même Dieu qui nous a formés ? 16Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils voulaient, et si j’ai fait attendre les yeux de la veuve ; 17si j’ai mangé seul mon pain, et si l’orphelin n’en a pas mangé : 18(car la compassion a grandi avec moi dès mon enfance, et est sortie avec moi du sein de ma mère ; (.) 19si j’ai négligé ce qui périssait faute de vêtement, et le pauvre dépourvu de manteau ; 20si ses membres (flancs) ne m’ont pas béni, et s’il n’a pas été réchauffé par les toisons de mes brebis ; 21si j’ai levé la main sur l’orphelin, alors même que je me voyais le plus fort (supérieur) à la porte (de la ville), 22que mon épaule tombe de sa jointure, et que mon bras se brise (entièrement) avec ses os. 23Car j’ai toujours craint Dieu comme des flots bouillonnant contre moi, et je n’en ai pu supporter le poids (de sa majesté). 24Si j’ai cru que l’or était ma force, et si j’ai dit à l’or pur : Tu es ma confiance ; 25si j’ai mis ma joie dans mes richesses nombreuses, et dans les (très) grands biens amassés par ma main ; 26si j’ai regardé le soleil dans son éclat, et la lune dans sa marche brillante ; 27si alors mon cœur a ressenti une secrète joie, et si j’ai porté ma main à ma bouche pour la baiser, 28ce qui est le comble de l’iniquité, et un reniement du Dieu très haut ; 29si je me suis réjoui de la ruine de celui qui me haïssait, si j’ai été ravi de ce que le malheur l’ait atteint ; 30car je n’ai pas abandonné ma langue au péché, pour faire des imprécations contre lui (son âme) ; 31si les gens de ma maison n’ont pas dit : Qui nous donnera de sa chair, afin que nous en soyons rassasiés ? 32L’étranger n’est pas demeuré dehors, ma porte a (toujours) été ouverte au voyageur. 33Si j’ai tenu mon péché secret, comme font les hommes, et si j’ai caché mon iniquité dans mon sein ; 34si la grande multitude m’a épouvanté, ou si le mépris de mes proches m’a effrayé ; si je ne suis pas au contraire demeuré dans le silence, sans franchir ma porte. 35Qui me donnera quelqu’un qui m’écoute, que le Tout-Puissant entende mon désir, et que le juge écrive lui-même son (un) livre, 36afin que je le porte sur mon épaule, et que je m’en ceigne comme d’une couronne ? 37A chacun de mes pas j’en prononcerai les paroles, et je le présenterai comme à mon (un) prince. 38Si ma terre crie contre moi, et qu’avec elle ses sillons pleurent ; 39si j’en ai mangé les fruits sans les payer, et si j’ai affligé le cœur (l’âme) de ceux qui l’ont cultivée ; 40qu’au lieu de froment naissent pour moi des ronces, et des épines au lieu d’orge.


Les paroles de Job sont finies.


Eliu accuse ses amis de manquer de sagesse, et relève sa propre suffisance.


32Or ces trois hommes omirent de répondre à Job, parce qu’il se croyait (toujours) juste. 2Et (Mais) Eliu, fils de Barachel, Buzite de la famille de Ram, s’irrita et s’indigna. Il s’irrita contre Job, parce qu’il se disait juste devant Dieu. 3(Puis) Il s’irrita aussi contre ses amis, parce qu’ils n’avaient pas trouvé de réponse raisonnable (contre Job), mais qu’ils s’étaient contentés de (le) condamner Job. 24Eliu attendit donc que Job eût parlé, parce que ceux qui avaient la parole étaient plus âgés. 5Mais voyant qu’ils n’avaient pu tous trois répondre, il fut transporté de colère. 6Et Eliu, fils de Barachel, Buzite prit la parole et dit : Je suis plus jeune et vous êtes plus âgés ; c’est pourquoi baissant la tête, j’ai craint de vous indiquer mon avis (sentiment). 7Car j’espérais que l’âge plus (un âge aussi) avancé parlerait, et que le grand nombre des années enseignerait la sagesse. 8Mais, à ce que je vois, c’est l’Esprit qui est dans les hommes ; c’est l’inspiration du Tout-Puissant qui donne l’intelligence. 9Ceux qui ont vécu longtemps ne sont pas les plus sages, et le jugement n’est pas le partage exclusif des vieillards (ce ne sont pas les vieillards qui comprennent la justice). 10Je dirai donc : Ecoutez-moi ; moi aussi je vous montrerai ma sagesse. 11(Car) J’ai attendu pendant que vous parliez ; j’ai été attentif à votre sagesse (prudence) aussi longtemps que vous avez discuté. 12Et tant que j’ai cru que vous diriez quelque chose, j’écoutais avec soin ; mais, à ce que je vois, nul d’entre vous ne peut convaincre Job, ni répondre à ses discours. 13N’allez pas dire : Nous avons trouvé la sagesse ; c’est Dieu qui l’a rejeté, et non l’homme. 14Job ne m’a pas adressé la parole ; et ce n’est pas selon vos raisonnements (discours) que je lui répondrai. 15Les voilà intimidés (épouvantés), ils ne répondent plus rien ; ils se sont enlevé la parole. 16Puis donc que j’ai attendu et qu’ils n’ont pas parlé, et qu’ils se tiennent là sans pouvoir répondre davantage, 17je parlerai aussi à mon tour, et je montrerai ma science 18Car je suis plein de paroles, et mon esprit (une force) est comme en travail et me presse. 19Ma poitrine (Mon estomac) est comme un vin nouveau qui n’a pas d’air, qui rompt les outres neuves. 20Je parlerai donc pour respirer un peu ; j’ouvrirai mes lèvres(, et je répondrai). 21Je ne ferai acception de personne, et je n’égalerai pas l’homme à Dieu. 22Car je ne sais combien de temps je subsisterai, et si celui qui m’a créé ne m’enlèvera pas bientôt.


Eliu accuse Job de s’être élevé contre Dieu, et d’abuser des différentes voies dont Dieu se sert pour reprendre les hommes.


33Ecoute donc, Job, mes paroles, et sois attentif à tous mes discours. 2J’ai ouvert la bouche, pour que ma langue parle dans ma gorge. 3Mes discours sortiront d’un cœur simple, et mes lèvres ne prononceront que la pure vérité (un sentiment pur). 4C’est l’Esprit de Dieu qui m’a créé, et c’est le souffle du Tout-Puissant qui m’a donné la vie. 5Si tu le peux, réponds-moi, et tiens-toi ferme en face de moi. 6Dieu m’a fait aussi bien que toi, et moi aussi j’ai été formé de la même boue. 7Mais il n’y a rien (que ce qu’il y a) de merveilleux en moi pour t’épouvanter (ne t’épouvante pas), et mon éloquence ne t’accablera pas. 8Tu as (donc) dit à mes oreilles, et j’ai entendu le son de tes paroles : 9Je suis pur et sans péché ; je suis sans tache, et il n’y a pas d’iniquité en moi. 10Car Dieu a cherché des sujets de plainte contre moi : c’est pourquoi il a cru que j’étais son ennemi. 11Il a mis mes pieds dans l’entrave ; il a observé tous mes sentiers. 12C’est donc en cela même que tu n’es pas juste. Car je te réponds que Dieu est plus grand que l’homme. 13Disputes-tu contre lui, parce qu’il n’a pas répondu à toutes tes paroles ? 14Dieu parle une fois, et il ne répète pas une seconde fois ce qu’il a dit. 15Pendant un songe, dans une vision de la nuit, lorsque le sommeil est tombé sur les hommes et qu’ils dorment dans leur lit 16alors Dieu leur ouvre l’oreille ; il les avertit et les instruit de ce qu’ils doivent savoir (leur enseigne la science), 17pour détourner (ainsi) l’homme du mal qu’il fait, et pour le délivrer de l’orgueil ; 18pour tirer son âme de la corruption, et pour sauver sa vie du glaive. 19Il le châtie aussi par la douleur sur sa couche, et il fait sécher tous ses os. 20En cet état (Durant sa vie), il a en horreur le pain, et la nourriture qu’il trouvait auparavant délicieuse (pour son âme). 21(Toute) Sa chair se consume, et les os, qui étaient recouverts, paraissent à nu. 22Son âme s’approche du tombeau (de la corruption), et sa vie appartient aux exterminateurs (de tout ce qui pouvait lui donner la mort). 23Si un ange choisi entre mille parle pour lui, et qu’il annonce l’équité de cet homme, 24Dieu aura compassion de lui, et dira : Délivre-le, afin qu’il ne descende pas dans la corruption ; j’ai trouvé lieu de lui faire grâce. 25Sa chair est consumée par les souffrances ; qu’il retourne aux jours de sa jeunesse. 26Il priera Dieu, et Dieu lui sera propice (se laissera apaiser) ; il verra sa face avec un transport de joie, et Dieu rendra à cet homme sa justice. 27Il regardera les hommes, et il dira : J’ai péché, j’ai vraiment offensé Dieu, et je n’ai pas été châtié comme je le méritais. 28Il a ainsi délivré son âme, afin qu’elle ne tombât pas dans la mort, mais qu’en vivant elle jouît de la lumière. 29Or Dieu fait toutes ces choses trois fois pour chacun des hommes, 30pour rappeler leurs âmes de la corruption, et pour les éclairer (illuminer) de la lumière des vivants. 31Job, sois attentif et écoute-moi, et garde le silence pendant que je parle. 32Mais si tu as quelque chose à dire, réponds-moi, parle ; car je veux te donner lieu de te justifier. 33Si tu n’as rien à dire, écoute-moi ; garde le silence, et je t’enseignerai la sagesse.


Eliu accuse Job de blasphème.

Il relève la justice infinie de Dieu, sa puissance et ses lumières.


34Eliu, continuant encore de parler, le fit en ces termes : 2Sages, écoutez mes paroles ; savants, soyez attentifs. 3Car l’oreille juge les paroles, comme le palais juge les mets par le goût. 4Convenons ensemble de ce qui est selon la justice, et voyons entre nous ce qui est le meilleur. 5Car Job a dit : Je suis juste, et Dieu a renversé mon droit. 6Car la manière dont j’ai été jugé est mensongère : je suis percé de flèches cuisantes sans avoir péché. 7Où trouver un homme semblable à Job, qui boit le blasphème (la dérision) comme l’eau ? 8Il marche avec ceux qui commettent l’iniquité, et il se joint avec les impies. 9Car il a dit : L’homme ne saurait plaire à Dieu, quand même il courrait avec lui. 10Vous donc, hommes de sens, écoutez-moi. Loin de Dieu l’impiété, et loin du Tout-Puissant l’injustice. 11Car il rendra à l’homme selon ses œuvres, et il rétribuera chacun selon ses voies. 12Non, certes, Dieu ne condamne pas sans sujet, et le Tout-Puissant ne renverse pas la justice. 13A quel autre a-t-il confié le soin de la terre (Quel autre que lui a-t-il constitué sur la terre) ? Et qui a-t-il établi pour gouverner le monde (l’univers) qu’il a créé ? 14S’il regardait l’homme dans sa rigueur (dirigeait vers lui son cœur), il attirerait à soi l’esprit qui l’anime (son esprit et son souffle). 15Toute chair périrait à la fois, et l’homme retournerait en poussière. 16Si donc tu as de l’intelligence, écoute ce que l’on te dit, et sois attentif à mes paroles. 17Peut-on guérir ce qui n’aime pas la justice ? et comment condamnes-tu avec tant de hardiesse celui qui est juste ? 18Lui qui dit à un roi : Apostat ; qui appelle les grands : Impies ; 19qui n’a pas d’égard à la personne des princes ; qui n’a pas de considération pour le tyran lorsqu’il dispute contre le pauvre ; car tous (les hommes) sont l’œuvre de ses mains. 20Ils mourront soudain, et au milieu de la nuit les peuples seront remplis de trouble ; ils passeront, et le violent sera emporté par une main invisible. 21Car les yeux de Dieu sont sur les voies des hommes, et il considère tous leurs pas. 22Il n’y a pas de ténèbres, il n’y a pas d’ombre de la mort où puissent se cacher ceux qui commettent l’iniquité. 23Car il n’est plus au pouvoir de l’homme de venir en jugement devant Dieu. 24Il en brisera une multitude innombrable, et il en établira d’autres à leur place. 25Car il connaît leurs œuvres, et c’est pour cela qu’il répandra la nuit sur eux, et qu’il les brisera. 26Il les frappera (a frappés) comme des impies, à la vue de tout le monde : 27eux qui se sont retirés de lui comme à dessein (de propos délibéré), et qui n’ont pas voulu comprendre toutes ses voies, 28pour faire monter jusqu’à lui le cri de l’indigent, et pour lui faire entendre la voix des pauvres. 29Car, s’il donne la paix, quel est celui qui le condamnera ? S’il cache son visage, qui le contemplera, qu’il s’agisse des nations en général, ou de tous les hommes ? 30C’est lui qui fait régner (un) l’homme hypocrite, à cause des péchés du peuple. 31Puis donc que j’ai parlé à Dieu, je ne t’empêcherai pas non plus de le faire. 32Si je me suis trompé, enseigne-moi ; si ce que j’ai dit n’est pas juste, je n’ajouterai rien de plus. 33Dieu te demandera-t-il ton avis, si une chose t’a déplu (N’est-ce pas à toi que Dieu demande compte de cette iniquité qui t’a déplu) ? car c’est toi qui as commencé à parler, et non pas moi. Si tu sais quelque chose de meilleur, dis-le. 34Que les (des) hommes intelligents me parlent, et que l’homme sage m’écoute. 35Mais Job a parlé inconsidérément, et il ne paraît pas de sagesse (science) dans ses discours. 36Mon père, que Job soit éprouvé jusqu’à la fin ; n’épargnez pas l’homme d’iniquité. 37Puisqu’il ajoute le blasphème à ses péchés, qu’il soit encore mis dans l’angoisse parmi nous (pressé par nos raisons), et ensuite qu’il appelle Dieu en jugement par ses discours.


Eliu continue de calomnier Job.

Il soutient que c’est pour l’avantage même des hommes que Dieu est attentif à récompenser le bien et à punir le mal.

Il exhorte Job à prévenir la sévérité de la justice de Dieu.


35Eliu parla encore en ces termes : 2Crois-tu avoir eu une pensée raisonnable (équitable), quand tu as dit : Je suis plus juste que Dieu ? 3Car tu as dit : Ce qui est juste ne vous plaît pas ; ou quel avantage retirerez-vous si je pèche ? 4Je répondrai donc à tes discours, et à tes amis aussi bien qu’à toi. 5Regarde le ciel, considère et contemple combien le firmament est plus haut que vous (toi). 6Si tu pèches, en quoi nuiras-tu à Dieu ? Et si tes iniquités se multiplient, que feras-tu contre lui ? 7Et si tu es juste, que lui donneras-tu, ou que recevra-t-il de ta main ? 8Ton impiété peut nuire à un homme semblable à toi, et ta justice peut servir au fils de (d’un) l’homme. 9Ils crieront à cause de la multitude des calomniateurs, et ils gémiront à cause de la violence du bras des tyrans. 10Et nul d’eux ne dit : Où est le Dieu qui m’a créé, qui inspire des chants d’allégresse (cantiques) pendant la nuit ; 11qui nous instruit plus que les bêtes de la terre, et nous éclaire plus (donne plus d’intelligence) que les oiseaux du ciel ? 12Ils crieront alors, et il ne les exaucera pas, à cause de l’orgueil des méchants. 13Dieu n’exauce donc pas sans raison (en vain), et le Tout-Puissant considère avec attention la cause de chacun. 14Lors même que tu as dit : Il ne considère pas, ta cause est (juge-toi toi-même) devant lui, et attends-le. 15Car maintenant il ne manifeste pas sa fureur, et il ne punit pas rigoureusement le crime. 16C’est donc en vain que Job ouvre la bouche, et qu’il multiplie les paroles insensées (que sans science il multiplie des paroles).


Eliu continue à défendre l’équité des jugements de Dieu.

Il exhorte Job à profiter des peines dont Dieu l’a châtié, et relève la puissance du Seigneur.


36Eliu ajouta encore, et dit : 2Supporte-moi (Ecoute-moi) un peu, et je t’enseignerai ; car j’ai encore à parler pour (en faveur de) Dieu. 3Je prendrai ma science à sa source, et je prouverai que mon créateur est juste. 4Car il est certain qu’il n’y a pas de mensonge dans mes discours, et je te prouverai que ma science est parfaite. 5Dieu ne rejette pas les puissants, puisqu’il est puissant lui-même ; 6mais il ne sauve pas les impies, et il fait justice aux pauvres. 7Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et il établit les rois pour toujours sur le trône, et ils y demeurent élevés. 8Et s’ils sont dans les chaînes et resserrés par les liens de la pauvreté, 9il leur découvrira leurs œuvres et leurs crimes, parce qu’ils ont été violents. 10Il leur ouvrira aussi l’oreille pour les reprendre, et il leur parlera, afin qu’ils reviennent de leur iniquité. 11S’ils écoutent et se soumettent, ils passeront leurs jours dans le bonheur, et leurs années dans la gloire ; 12mais s’ils n’écoutent pas, ils passeront par le glaive, et ils périront dans leur folie. 13Ceux qui sont dissimulés et doubles de cœur (astucieux) provoquent la colère de Dieu ; ils ne crieront pas lorsqu’ils seront dans les chaînes. 14Leur âme mourra dans la tourmente, et leur vie aura le sort des efféminés. 15Dieu (re)tirera le pauvre de l’angoisse, et il lui ouvrira l’oreille dans la tribulation. 16Après t’avoir sauvé de l’abîme étroit et sans fond, il te mettra (très) au large, et tu te reposeras à ta table chargée de mets succulents. 17Ta cause a été jugée comme celle d’un impie ; le châtiment est inséparable de ta cause (tu recevras selon la cause et le jugement, note). 18Que la colère ne t’entraîne donc pas à opprimer l’innocent, et que la multitude des présents ne te fasse pas dévier (vers l’injustice). 19Abaisse, sans que l’affliction t’y oblige, ta grandeur et tous tes sentiments présomptueux (abaisse aussi les forts et les puissants). 20Ne soupire pas après la nuit, dans laquelle les peuples entrent tour à tour. 21Garde-toi de te livrer à l’iniquité, car tu t’es mis à la suivre après être tombé dans la misère. 22Vois, Dieu est sublime dans sa puissance, et personne ne lui est semblable parmi les législateurs. 23Qui pourra approfondir ses voies ? ou qui peut lui dire : Vous avez fait une injustice (iniquité) ? 24Souviens-toi que tu ne comprends pas (ignores) son œuvre, que les hommes célèbrent par leurs chants. 25Tous les hommes la voient, chacun la contemple de loin. 26Certes, Dieu est grand ; il dépasse notre science ; le nombre de ses années est innombrable (incalculable). 27Il attire en haut les gouttes de pluie, et les fait retomber comme des torrents. 28Elles se précipitent des nuées qui couvrent toute la face du ciel (voilent toutes les régions d’en-haut). 29Il étend les nuages quand il veut (S’il veut étendre les nuées), comme sa tente. 30Il fait briller d’en haut les éclairs, et il couvre (couvrira même) la mer d’une extrémité à l’autre. 31Par là il juge les peuples, et il distribue la nourriture à un grand nombre d’hommes. 32Il cache la lumière dans ses mains, et il lui commande ensuite de paraître de nouveau. 33Il fait connaître à celui qui aime qu’elle est son partage, et qu’il pourra s’élever (peut monter) jusqu’à elle.


Eliu continue de décrire les effets de la puissance et de la sagesse de Dieu.


37C’est pour cela que mon cœur est saisi d’effroi, et qu’il bondit hors de sa place. 2Ecoutez, écoutez (très attentivement) sa voix terrible, et les sons qui sortent de sa bouche. 3Il contemple toute la voûte des cieux, et sa lumière brille jusqu’aux extrémités de la terre. 4Puis un rugissement retentit ; il tonne de sa voix majestueuse (grandeur), et on ne peut suivre sa trace lorsque sa voix s’est fait entendre. 5Dieu tonne avec sa voix d’une façon merveilleuse. Il fait des choses grandes et impénétrables. 6Il commande à la neige de descendre sur la terre, et aux pluies de l’hiver et aux averses impétueuses (fortes ondées). 7Il met le sceau sur la main de tous les hommes, afin que chacun reconnaisse ses œuvres. 8La bête rentre dans sa tanière, et elle demeure dans sa caverne (son antre). 9La tempête sort de ses retraites, et le froid des régions du nord (d’Arcturus). 10Au souffle de Dieu la glace se durcit, et (de nouveau) les eaux s’écoulent ensuite abondamment. 11Le froment (blé) désire les nuées, et les nuées répandent leur lumière. 12Elles se dirigent en tous sens, partout où les conduit la volonté de celui qui les gouverne, pour accomplir tous ses ordres sur la surface du globe ; 13soit dans une tribu, soit sur sa propre terre, soit en tout autre lieu, où sa miséricorde (de sa miséricorde que ce soit, où il) leur aura ordonné de se trouver. 14Job, écoute ces choses ; arrête-toi et considère les merveilles de Dieu. 15Sais-tu quand Dieu a commandé aux pluies de faire paraître la lumière de ses nuées ? 16Connais-tu les grandes routes des nuages et la parfaite science (les sciences parfaites) ? 17Tes vêtements ne sont-ils pas chauds, lorsque le vent du midi souffle sur la terre ? 18Tu as peut-être créé avec lui les cieux, qui sont aussi solides que l’airain fondu (en bronze). 19Apprends-nous ce que nous pourrons lui dire ; car, pour nous, nous sommes enveloppés de ténèbres. 20Qui lui rapportera ce que je dis ? L’homme qui lui parlerait serait anéanti (sera absorbé). 21Mais maintenant ils ne voient pas la lumière ; l’air s’épaissit tout à coup en nuées, et un vent qui passe les dissipera. 22L’or vient de l’aquilon, et c’est une chose redoutable que de louer Dieu (la louange qu’on donne à Dieu doit être accompagnée de crainte). 23Nous ne pouvons le trouver (comprendre) dignement ; il est grand par la force, par l’équité et par la justice, et on ne saurait le décrire. 24C’est pourquoi les hommes doivent le craindre, et nul de ceux qui se croient sages n’osera contempler sa grandeur.


Le Seigneur montre à Job la distance qu’il y a entre la créature et le Créateur.


38Alors le Seigneur parla à Job du milieu d’un tourbillon, et lui dit : 2Quel est celui qui obscurcit les pensées par des discours inconsidérés (mêle des sentences à des discours maladroits) ? 3Ceins tes reins comme un homme (de cœur) ; je t’interrogerai, et tu me répondras. 4Où étais-tu quand je jetais les fondements de la terre ? Dis-le-moi, si tu as de l’intelligence. 5Sais-tu qui en a réglé les mesures, ou qui a tendu sur elle le cordeau ? 6Sur quoi ses bases sont-elles affermies ? ou qui a posé sa pierre angulaire, 7tandis que les astres du matin me louaient ensemble, et que les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? 8Qui a (r)enfermé la mer avec des portes (digues), lorsqu’elle s’élançait comme (sortant) du (d’un) sein maternel, 9lorsque je lui donnais les nuées pour vêtement, et que je l’enveloppais d’obscurité comme de langes d’enfant ? 10Je l’ai resserrée dans mes limites ; je lui ai mis des barrières et des portes (un verrou et une porte à deux battants) ; 11et j’ai dit : Tu viendras jusqu’ici, et tu ne passeras pas plus loin, et tu briseras là l’orgueil de tes flots. 12Est-ce toi qui, depuis ta naissance, as donné des ordres à l’étoile du matin, et qui as montré sa place à l’aurore ? 13As-tu saisi les extrémités de la terre, la secouant pour en rejeter (chasser) les impies ? 14Elle se transforme alors comme l’argile sous le cachet, et elle se montre comme couverte d’un (demeurera comme un) vêtement. 15La lumière des impies leur sera enlevée ; et leur bras, qui se lève, sera brisé. 16Es-tu entré jusqu’au fond de la mer, et t’es-tu promené aux extrémités de l’abîme ? 17Les portes de la mort t’ont-elles été ouvertes ? et as-tu vu ces (les) portes ténébreuses ? 18As-tu considéré l’étendue de la terre ? Indique-moi toutes ces choses si tu les connais. 19Sur quelle route habite la lumière, et quelle est la demeure des ténèbres, 20afin que tu les conduises toutes deux à leurs limites, et que tu connaisses les sentiers de leur séjour. 21Savais-tu, alors, que tu devais naître, et connaissais-tu le nombre de tes jours ? 22Es-tu entré dans les trésors de la neige, ou as-tu contemplé (aperçu) les trésors de la grêle, 23que j’ai préparés pour le temps de l’ennemi, pour le jour de la guerre et du combat ? 24Par quelle voie la lumière se divise-t-elle, et la chaleur se répand-elle sur la terre ? 25Qui a ouvert une route aux pluies impétueuses, et un passage au tonnerre éclatant, 26pour faire pleuvoir dans une terre sans habitants, dans un désert où aucun mortel ne demeure ; 27pour inonder les lieux solitaires (inaccessibles) et isolés, et pour y faire germer l’herbe verte ? 28Qui est le père de la pluie, et qui a engendré les gouttes de rosée ? 29Du sein de qui la glace est-elle sortie ? et qui a engendré la gelée du ciel ? 30Les eaux se durcissent comme la pierre, et la surface de l’abîme devient solide. 31Pourras-tu joindre ensemble les brillantes étoiles des Pléiades, et détourner l’Ours (Arcturus) de son cours ? 32Est-ce toi qui fais paraître en son temps l’étoile du matin (Lucifer), et qui fais lever l’étoile du soir sur les habitants (fils) de la terre ? 33Connais-tu l’ordre du ciel, et règles-tu son influence (en rendras-tu raison) sur la terre ? 34Elèveras-tu ta voix jusqu’aux nuées, et des torrents d’eaux te (re)couvriront-ils ? 35Lances-tu des tonnerres (foudres), et partent-ils à l’instant ; et, revenant ensuite, te disent-ils : Nous voici ? 36Qui a mis la sagesse dans le cœur de l’homme, ou qui a donné au coq l’intelligence ? 37Qui exposera l’arrangement (la conduite) des cieux, et qui fera taire leur harmonie (cesser el concert du ciel) ? 38Quand la poussière se répand(ait)-elle sur la terre, et quand les mottes (glèbes) se colleront-elles (durcissaient-elles) ensemble ? 39Prendras-tu la proie pour la lionne, et rassasieras-tu la faim (empliras-tu l’âme, note) de ses petits, 40lorsqu’ils sont couchés dans leurs antres, et qu’ils sont en embuscade dans leurs cavernes ? 41Qui prépare au corbeau sa nourriture, lorsque ses petits courent çà et là et crient vers Dieu, parce qu’ils n’ont rien à manger ?


Le Seigneur continue de montrer à Job la distance qu’il y a de la créature au Créateur.

Job reconnaît sa bassesse et se condamne au silence.


39Connais-tu le temps où les chèvres sauvages mettent bas dans les rochers, ou as-tu observé l’enfantement des biches ? 2As-tu compté les mois de leur portée, et sais-tu le temps où elles enfantent ? 3Elles se courbent pour faire sortir leur faon, et elles le mettent au jour en poussant des gémissements (hurlements). 4Leurs petits se séparent d’elles et vont aux pâturages ; ils s’éloignent et ne reviennent plus auprès d’elles. 5Qui a mis en liberté l’âne sauvage (l’onagre), et qui a rompu ses liens ? 6Je lui ai donné une demeure dans le désert, et des tentes dans la terre salée. 7Il méprise le tumulte de la ville ; il n’entend pas les cris d’un maître impérieux (exacteur). 8Il regarde les montagnes où sont ses pâturages, et il cherche partout des herbages verts. 9Le rhinocéros voudra-t-il te servir, et demeurera-t-il à ton étable ? 10Lieras-tu le (un) rhinocéros avec une corde pour qu’il laboure, et pour qu’il brise derrière toi les mottes des (glèbes aux) vallons ? 11Auras-tu confiance en sa grande rigueur (force), et lui abandonneras-tu tes travaux ? 12Compteras-tu sur lui pour ramener ta récolte (tes semailles) et pour l’amasser dans ton aire ? 13La plume (L’aile) de l’autruche est semblable à celle de la cigogne (du héron) et de l’épervier. 14Lorsqu’elle abandonne ses œufs sur la terre, c’est toi peut-être qui les (r)échaufferas dans la poussière ? 15Elle oublie qu’on les foulera aux pieds, ou que la bête sauvage les écrasera. 16Elle est dure pour ses petits, comme s’ils n’étaient pas à elle. Elle a travaillé en vain (en les abandonnant) sans qu’aucune crainte l’y forçât. 17Car Dieu l’a privée de sagesse, et ne lui a pas donné l’intelligence. 18Quand il le faut, elle élève ses ailes : elle se rit du cheval et de son cavalier. 19Est-ce toi qui donnes au cheval sa force, et qui lui fais pousser ses hennissements ? 20Le feras-tu bondir comme les sauterelles ? La fierté de son souffle répand (fait) la terreur. 21Il creuse du pied la terre, il tressaille d’audace, il s’élance au-devant des hommes armés. 22Il dédaigne la peur, il ne recule pas devant le glaive. 23Sur lui retentit le carquois, s’agitent la lance et le bouclier. 24Il écume, il frémit, il dévore la terre ; il ne se contient pas au bruit du clairon (qui sonne le retour). 25Dès qu’il entend la trompette, il dit : Allons ! De loin il flaire la bataille, la voix (l’exhortation) des chefs et les cris (confus) des armées. 26Est-ce par ta sagesse que l’épervier se couvre de plumes, étendant ses ailes vers le midi ? 27Est-ce par ton ordre que l’aigle s’élève(ra), et qu’il place(ra) son nid sur les hauteurs ? 28Il demeure dans les rochers, dans les montagnes escarpées et dans les rocs inaccessibles. 29De là il contemple sa proie, et ses yeux découvrent (voient) au loin. 30Ses petits sucent le sang, et partout où se trouve un cadavre, il y fond aussitôt. 31Le Seigneur parla de nouveau à Job, et lui dit : 32Ce(lui) qui dispute contre Dieu se réduit-il si facilement au silence ? Certes, quiconque reprend Dieu, doit lui répondre. 33Job, répondant au Seigneur, lui dit : 34Moi qui ai parlé avec légèreté (légèrement), que puis-je répondre ? Je n’ai qu’à mettre (mettrai) ma main sur ma bouche. 35J’ai dit une chose, et puissé-je ne l’avoir pas dite, et une autre encore, et je n’ajouterai rien de plus.


Le Seigneur continue de montrer à Job la distance qu’il y a de la créature au Créateur.

Description de Béhémoth et de Léviathan.


40Le Seigneur, parlant à Job du milieu d’un tourbillon, lui dit : 2Ceins tes reins comme un homme (de cœur) ; je t’interrogerai, et réponds-moi. 3Prétends-tu anéantir ma justice, et me condamneras-tu pour te justifier ? 4As-tu un bras comme celui de Dieu ? et ta voix tonne-t-elle comme la sienne ? 5Revêts-toi de magnificence (majesté), élève-toi bien haut ; sois glorieux et pare-toi de vêtements magnifiques. 6Dissipe les superbes dans ta fureur, et d’un regard humilie tout insolent (arrogant). 7Jette les yeux sur tous les orgueilleux et confonds-les, et écrase sur place les impies. 8Cache-les tous ensemble dans la poussière, et plonge leurs visages dans la fosse. 9Et alors je confesserai que ta droite a le pouvoir de te sauver. 10Voici Béhémoth, que j’ai créé avec toi ; il mange l’herbe (du foin) comme le bœuf. 11Sa force est dans ses reins, et sa vigueur (vertu) dans le nombril de son ventre. 12Il dresse sa queue comme un cèdre ; les nerfs de ses testicules (cuisses) sont entrelacés. 13Ses os sont comme des tubes (tuyaux) d’airain ; ses cartilages, comme des lames de fer. 14Il est à la tête des œuvres de Dieu ; celui qui l’a fait dirige son glaive. 15(C’est pour lui que) Les montagnes lui produisent des herbages ; c’est là que se jouent toutes les bêtes des champs. 16Il dort sous l’ombre, dans le secret des roseaux, et dans des lieux humides. 17Les ombres couvrent son ombre ; les saules du torrent l’environnent. 18Il absorbera le fleuve et il ne s’en étonnera pas, et même il se promet que le Jourdain coulera dans sa gueule (bouche). 19On le prendra en face (par les yeux) comme avec un hameçon, et on lui percera les narines avec des pieux. 20Pourras-tu enlever Léviathan à l’hameçon, et lui lier la langue avec une corde ? 21Lui passeras-tu un cercle aux narines, et lui perceras-tu la mâchoire avec un anneau ? 22Multipliera-t-il devant toi les prières, et te dira-t-il de douces paroles ? 23Fera-t-il un pacte avec toi, et le recevras-tu comme un esclave perpétuel ? 24(Te) Joueras-tu avec lui comme avec (d’) un oiseau, et l’attacheras-tu pour tes servantes ? 25Les pêcheurs associés (Des mais) le couperont-ils en morceaux ? et les marchands le diviseront-ils ? 26Rempliras-tu tes filets de sa peau, et de sa tête le réservoir à poissons ? 27Mets la main sur lui ; souviens-toi de ce combat (la guerre), et n’en parle plus (ne continue pas à parler). 28On sera frustré de l’espoir de le prendre, et on sera terrassé à la vue de tous (Voilà que son espoir le trompera, et à la vue de tous il se précipitera).


Suite de la description de Léviathan.


41Je ne l’exciterai pas comme par cruauté. Car qui est-ce qui peut résister à mon visage ? 2Qui m’a donné le premier, afin que je lui rende ? tout ce qui est sous le ciel est à moi. 3Je ne l’épargnerai pas, malgré les paroles puissantes (ses discours arrogants) et les prières les plus touchantes (ses paroles suppliantes). 4Qui soulèvera le dessus de son armure (vêtement), et qui entrera au milieu de sa gueule ? 5Qui ouvrira l’entrée de ses mâchoires ? La terreur habite autour de ses dents. 6Son corps est semblable à des boucliers d’airain fondu (jetés en fonte), et couvert d’écailles qui se pressent. 7L’une est jointe à l’autre, et (pas même) le moindre souffle ne passe pas entre elles. 8Elles adhèrent l’une à l’autre, et elles se tiennent sans se séparer jamais. 9Son éternuement fait briller la lumière (l’éclat du feu), et ses yeux sont comme la paupière de l’aurore. 10De sa gueule sortent des lampes, comme des torches ardentes (allumées). 11Une fumée sort de ses narines comme d’une chaudière qui bout sur un brasier (pot mis au feu et bouillant). 12Son haleine allume des charbons, et la flamme sort de sa gueule (bouche). 13Sa force réside dans son cou, la famine marche devant lui. 14Ses parties charnues tiennent ensemble ; la foudre tombera sur (Dieu lancera des foudres contre) lui sans qu’elles changent de place. 15Son cœur est dur comme la pierre, et solide comme l’enclume du forgeron (de marteleur). 16Lorsqu’il s’avance, les (des) anges craignent, et dans leur frayeur ils se purifient. 17Le glaive qui voudrait le frapper ne résisterait pas, non plus que le dard et la cuirasse ; 18car il méprise le fer comme de la paille, et l’airain comme du bois pourri. 19L’archer ne le met pas en fuite ; les pierres de la fronde sont de la paille légère pour lui. 20Il regarde la massue (le marteau) comme du chaume, et se rit du dard lancé (brandira la lance) contre lui. 21Sous lui sont les rayons du soleil, et il s’étend sur l’or comme sur la boue. 22Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière (un pot), et il la rend semblable à un vase de parfums (des essences) en ébullition. 23(Un sentier répandra) La lumière brille derrière lui ; on croirait que l’abîme a la chevelure d’un vieillard. 24Il n’y a pas de puissance sur la terre qui puisse lui être comparée, car il a été créé pour ne rien craindre (personne). 25Il voit avec dédain tout ce qui est élevé (au-dessous de lui) ; c’est lui qui est le roi de tous les fils de l’orgueil.


Job s’humilie devant le Seigneur, qui reprend ses trois amis.

Job prie pour eux.

Rétablissement de Job.

Sa mort.


42Job répondit au Seigneur, et dit : 2Je sais que vous pouvez toutes choses, et qu’aucune pensée ne vous est cachée. 3Quel est ce qui obscurcit mes desseins sans rien savoir (Quel est celui qui, dans son manque d’intelligence, prétend cacher ses desseins à Dieu) ? En vérité, j’ai parlé follement de choses qui dépassaient de beaucoup ma science. 4Ecoutez, et je parlerai ; je vous interrogerai, et répondez-moi. 5Mon oreille avait entendu parler de vous, mais maintenant c’est mon œil qui vous voit. 6C’est pourquoi je m’accuse moi-même, et je fais pénitence dans la poussière et dans la cendre. 7Lorsque le Seigneur eut adressé à Job ces paroles, il dit à Eliphaz de Théman : Ma fureur s’est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé devant moi avec droiture, comme mon serviteur Job. 8Prenez donc (avec vous) sept taureaux et sept béliers, et allez auprès de mon serviteur Job, et offrez pour vous un holocauste. (Or) Job mon serviteur priera pour vous ; je le recevrai favorablement, afin que cette folie (votre imprudence) ne vous soit pas imputée ; car vous ne m’avez pas parlé avec droiture comme mon serviteur Job. 9Eliphaz le Thémanite, Baldad le Suhite et Sophar le Naamathite s’en allèrent donc, et firent ce que le Seigneur leur avait dit, et le Seigneur reçut Job favorablement. 10Le Seigneur se laissa aussi toucher par la pénitence de Job pendant qu’il priait pour ses amis, et il lui rendit le double de tout ce qu’il possédait auparavant. 11(Alors) Tous ses frères, toutes ses sœurs et tous ceux qui l’avaient connu autrefois, vinrent auprès de lui et mangèrent avec lui (du pain) dans sa maison. Ils témoignèrent leur compassion pour (secouèrent la tête sur) lui, et ils le consolèrent de tout le mal que le Seigneur lui avait envoyé ; et ils donnèrent chacun une brebis et un pendant d’oreille en or. 12Quant au Seigneur, il bénit plus encore les dernières années de Job que les premières ; et il eut quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. 13Il eut aussi sept fils et trois filles. 14Et il nomma la première (il appela le nom de l’une) Jour, la seconde Casse, et la troisième Corne-d’antimoine (Cornustibie). 15Il n’y eut pas dans toute la terre de femmes aussi belles que les filles de Job, et leur père leur donna une part d’héritage comme à leurs frères. 16Job vécut après cela cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération, et il mourut âgé et plein de jours.

Notes


1.1-5 Le prologue nous fait connaître le principal personnage et les circonstances qui amènent la discussion sur le problème de l’existence du mal, problème dont la solution fait le fond du poème. ― 1° Piété de Job au milieu de la plus grande prospérité : sa grandeur morale est égale à celle de sa fortune, chapitre 1, versets 1 à 5.

1.1 Dans la terre de Hus. Voir l’Introduction.

1.3 Parmi les Orientaux, les Arabes.

1.4 A son jour ; au jour qui lui était marqué ; suivant quelques-uns, au jour de leur naissance. Comparer à Genèse, 40, 20 ; Matthieu, 14, 6.

1.5 Il les sanctifiait ; c’est-à-dire les préparait au sacrifice par les moyens de purifications qui étaient en usage. ― Maudit ; littéralement et par antiphrase, béni. Le grec porte : Mes fils ont pensé de mauvaises choses. Comparer à 3 Rois, 21, 10.

1.6-12 2° Résolution que Dieu prend d’éprouver la fidélité de son serviteur, chapitre 1, versets 6 à 12. Nous sommes transportés de la terre au ciel, où tout ce qui se passe ici-bas a sa racine et sa raison dernière. Satan, « l’adversaire », l’ennemi des hommes, apparaît au milieu des bons anges pour calomnier le juste ; mais c’est pour concourir finalement, malgré sa malice, aux desseins de Dieu et travailler malgré lui à l’accomplissement du plan de la Providence.

1.6 Les fils de Dieu sont les anges. ― Dans ce prologue qui s’étend jusqu’à la fin du Ier chapitre, l’écrivain sacré nous montre : 1° les efforts du démon contre les serviteurs de Dieu ; 2° que cet esprit malin ne peut rien sans la permission divine ; 3° que Dieu ne lui permet pas de tenter ses serviteurs au-delà de leurs forces, mais qu’il les assiste de sa grâce, de manière que les efforts impuissants de leur ennemi ne servent qu’à faire éclater leur vertu et à augmenter leur mérite.

1.7 J’ai fait le tour, etc. Comparer à 1 Pierre, 5, 8.

1.11 S’il ne vous maudira pas. Voir le verset 5.

1.13 3° Job subit sept épreuves consécutives : les quatre premières l’atteignent dans ses biens et dans ses enfants, la cinquième dans son corps ; la sixième et la septième sont des épreuves morales. Les quatre premières ne se passent pas sous ses yeux, il en reçoit la nouvelle par quatre messagers de malheur : 1° Les Sabéens, dans un razzia, lui enlèvent tous ses troupeaux de bœuf et d’ânes, chapitre 1, versets 13 à 15 ; ― 2° la foudre fait périr ses brebis, chapitre 1, verset 16 ; ― 3° les Chaldéens, dans une razzia, lui enlèvent ses chameaux, sa plus grande richesse, chapitre 1, verset 17 ; ― 4° un vent violent renverse la maison où tous ses enfants étaient réunis pour prendre part au festin que leur offrait leur frère aîné, et les écrase tous, chapitre 1, versets 18 et 19. ― Job a écouté en silence le récit des trois premiers malheurs, mais, au quatrième, lorsqu’il apprend la mort de ses fils, il ne peut plus contenir sa douleur ; toutefois elle ne sert qu’à faire ressortir davantage la solidité de sa vertu, car elle ne lui arrache que ces paroles admirables, qui sont l’expression même de sa résignation et qui feront à jamais l’admiration des hommes : « Nu, je suis sorti du sein de ma mère, nu j’y retournerai ; Dieu m’a donné, Dieu m’a ôté ; que le nom du Seigneur soit béni ! »

1.15 Les serviteurs ; c’est-à-dire les gardiens.

1.16 Un feu de Dieu ; c’est-à-dire un feu très grand, ou, envoyé de Dieu. ― La foudre, d’après le plus grand nombre ; le simoun, vent brûlant qui peut tuer les hommes et les animaux, d’après d’autres commentateurs.

1.21 Voir Ecclésiaste, 5, 14 ; 1 Timothée, 6, 7.

2.1 Job n’était pas au terme de ses malheurs : 5° Satan revient à la charge contre lui, au bout d’un temps indéterminé, et demande à le frapper dans sa personne après l’avoir frappé dans ses biens. Dieu le lui permet, et le saint patriarche est atteint d’une des plus terribles maladies de peau qui désolent l’Orient, l’éléphantiasis. Devenu ainsi la proie de la lèpre, Job, doit se retirer hors du village qu’il habite, chapitre 2, versets 1 à 8.

2.3 En vain ; c’est-à-dire, c’est en vain que tu l’as fait éprouver ; cette épreuve n’a pas ébranlé sa fidélité. D’autres traduisent, sans motif, à tort, sans qu’il l’ait mérité.

2.4 L’homme donnera peau pour peau, etc. ; c’est-à-dire qu’il donnera volontiers la peau des autres pour conserver la sienne ; il donnera ses enfants même, ses bestiaux et tout ce qu’il possède pour sauver sa propre vie. Ainsi Job a perdu ses biens, ses enfants ; mais il espère en avoir d’autres. S’il était frappé en son propre corps, s’il venait à perdre sa santé, il ne soutiendrait pas cette épreuve ; sa fidélité en serait ébranlée.

2.5 Qu’il vous maudira. Voir Job, 1, 5.

2.7 Satan… frappa Job d’une plaie horrible. D’après tous les caractères de la maladie de Job disséminés dans le cours du livre, J. D. Michaelis a prouvé que la maladie dont Job fut frappé est l’éléphantiasis. Elle commence par l’éruption de pustules, qui ont comme la forme de nœuds, d’où son nom latin de lepra nodosa ; elle couvre ensuite comme un chancre toute la surface du corps et le ronge de telle façon que tous les membres semblent s’en détacher. Les pieds et les jambes s’enflent et se couvrent de croûtes au point d’être pareils à ceux de l’éléphant, d’où le nom d’éléphantiasis. Le visage est boursouflé et luisant, comme si on l’avait oint avec du suif, le regard est fixe et hagard, la voix faible ; le malade finit quelquefois par tomber dans un mutisme complet. En proie à d’atroces douleurs, objet de dégoût pour lui-même et pour les autres, éprouvant une faim insatiable, accablé de tristesse, ne pouvant dormir ou bien tourmenté par d’affreux cauchemars, il ne trouve aucun remède au mal qui le ronge. Ce cruel état peut durer vingt ans et plus. Il meurt quelquefois subitement, après une fiable fièvre ou étouffé par la maladie.

2.8 Assis sur le fumier. Voir la note 18 à la fin du volume.

2.9 Dieu ménage à Job une nouvelle épreuve : les reproches de sa femme. C’est là sa sixième épreuve. Au lieu de l’encourager à la patience, elle voudrait le pousser au désespoir, mais il lui fait cette réponse admirable : Si nous avons reçu les biens de la main de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas aussi les maux ?

2.11 La septième épreuve de Job fut la visite de ses amis. C’est d’abord une visite muette. Elle prépare la discussion ou le combat qui va être l’objet de la majeure partie du poème. La suite nous montrera que cette épreuve fut la plus difficile par laquelle Job eut à passer. Ils viennent pour le consoler, mais au lieu d’adoucir ses peines, ils ne font que les aggraver par les accusations injustes dont ils le chargent. Il est probable que quelque temps s’était écoulé entre le moment où Job fut frappé et l’arrivée de ses amis.

2.13 Le deuil durait sept jours ; mais il ne faut pas croire que les amis de Job ne l’aient pas quitté un seul instant, pendant tout ce temps, et qu’ils ne lui avaient pas adressé une seule parole. Ce sont là des expressions hyperboliques que l’on trouve assez souvent dans la Bible, et en général dans les écrivains orientaux. ― Ils s’assirent avec lui. Quand ils le voient, ils le saluent à distance, avec ces marques extraordinaires de douleur qui sont en usage en Orient, et ils passent sept jours et sept nuits sans proférer une parole. Ce silence si prolongé prouve qu’à la vue de tant de maux, ils ne sentent pas la force de le consoler. Il faut que Job ouvre le premier la bouche, et ne recevant d’eux aucun mot d’encouragement, il ne peut qu’exhaler ses plaintes.

3.1-26 Les malédictions et les imprécations suivantes ne sont que des expressions emphatiques très usitées en Orient pour peindre une vive douleur. ― Ici commence la deuxième partie, contenant la discussion de Job et de ses trois amis, du chapitre 3 au chapitre 31. Première discussion, du chapitre 3 au chapitre 14. 1° Monologue de Job, chapitre 3. Il renferme trois idées principales : 1° Job maudit le jour de sa naissance, versets 3 à 10 ; ― 2° il regrette de n’être pas mort, versets 11 à 19 ; ― 3° il se demande pourquoi la vie a été adonnée au misérable, versets 20 à 26. ― Sa douleur longtemps comprimée éclate avec véhémence : il se plaint tout d’abord avec une amère éloquence de ce qu’il souffre et, après avoir épanché ses sentiments, il donne la raison de ses plaintes. Job n’est pas un stoïcien, un Titan ou un Prométhée révolté, comme on l’a prétendu, c’est un homme qui souffre : les aiguillons de la maladie lui font pousser des cris d’angoisse ; mais comme c’est aussi un juste, au fond de sa conscience il demeure ferme, comptant sur la justice de Dieu. Tel nous le verrons dans tout le cours du livre, sentant vivement la souffrance, mais fort de son innocence et animé d’une confiance inébranlable dans le jugement de Dieu.

3.3 Voir Jérémie, 20, 14.

3.8 Ceux qui maudissent le jour ; les enchanteurs qui ont des formules de bénédiction et de malédiction pour les jours, qui prédisent des jours heureux ou malheureux, et exercent leur pouvoir sur les animaux les plus terribles. Comparer à Job, 40, 20 ; 41, 1. ― On entend généralement par Léviathan le crocodile.

3.12 Ai-je été reçu sur des genoux ? Voir Genèse, 30, 3.

3.13 La mort est souvent appelée dans l’Ecriture un sommeil, pour nous rappeler le souvenir de la résurrection future.

3.14 Les consuls ; les conseillers du roi, les grands. ― Bâtissent de vastes solitudes ; c’est-à-dire de superbes mausolées, où ils sont ensevelis seuls, ou bien ils bâtissent de magnifiques palais dans de vastes solitudes.

3.18 Enchaînés ensemble. On enchaînait deux ensemble (par deux ?) les esclaves fugitifs et indociles. ― Job ne nie pas ici les jugements que Dieu doit exercer contre les méchants après leur mort ; mais il parle un langage humain et conforme à la manière ordinaire de regarder la mort, c’est-à-dire comme la fin de tous les maux de la vie.

3.21 Qui attendent la mort, et la recherchent avec autant d’ardeur que s’ils creusaient la terre pour trouver un trésor.

3.23 A un homme ; c’est le complément de pourquoi la lumière ou la vie a-t-elle été donnée, du verset 20. ― Dont la voie est cachée. Le sentier dans lequel il doit marcher est tellement couvert, qu’il ne sait où poser le pied.

4.1 Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en scène. Ils défendront tous la même thèse : que l’on n’est malheureux que par sa faute et en punition de ses péchés. 1° Eliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne, plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommée le premier et prend le premier la parole, parce qu’il est le plus âgé de tous, voir Job, 15, 10, et peut-être aussi parce qu’il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, voir Jérémie, 49, 7 ; Abdias, 1, 8 ; Baruch, 3, 22-23. Il témoigne d’abord à Job dans son premier discours, plus d’affection et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle à une opinion qu’il n’a jamais entendu contester (contestée ?), savoir que l’on souffre jamais que parce qu’on l’a mérité, il ne croit pas à l’innocence de celui qu’il est venu consoler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu’il s’attache le plus à faire ressortir dans son langage, c’est la majesté et la pureté de Dieu, voir Job, 4, 12-21 ; 15, 12-16. ― Eliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu’inspire l’expérience et sur le ton d’un prophète. C’est dans son premier discours qu’il parle avec le plus d’assurance. Le fond de son langage est vrai d’ailleurs ; il n’est faux que dans l’application exagérée qu’il en fait au cas présent. Tout se lie très bien dans ce que dit Eliphaz : au point de vue de la disposition oratoire et de l’arrangement des parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l’expérience, les habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s’en tenir sur le problème de la souffrance : 1° Job ne doit pas oublier qu’il a consolé autrefois des malheureux en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes qui périssent, chapitre 4, versets 2 à 11. ― 2° Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n’est juste devant Dieu, versets 12 à 21. ― 3° Le chagrin qui empêche Job de recourir à l’intercession des anges est la cause de la ruine des insensés, chapitre 5, versets 1 à 7. ― 4° Il doit se tourner vers Dieu, le juge équitable du juste et de l’impie, versets 8 à 16. ― 5° Heureux celui que Dieu châtie ! Dieu, par ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, versets 17 à 27. Chacune de ces cinq pensées est tout à la fois une thèse et un reproche contre Job.

4.7 Qui a jamais péri, etc. On peut être innocent et périr en cette vie ; on peut être éprouvé par des malheurs et cependant être juste et innocent. Plusieurs prophètes et les martyrs en offrent un exemple sensible.

4.12 La suite ; littéralement les veines. Il paraît certain que saint Jérôme a donné ici au latin vena le sens qu’on lui trouve dans le moyen âge, celui de série, ordre, ordo, series.

4.17 Voir Job, 25, 4.

4.18 Voir Job, 15, 15 ; 2 Pierre, 2, 4 ; Jude, 1, 6. ― Ceux qui le servent, etc. ; c’est-à-dire les anges ne sont pas par eux-mêmes et sans un secours divin capables de se maintenir dans le bien. ― Dans ses anges ; déchus, qui quoique si purs et si parfaits, sont cependant tombés dans l’orgueil et l’infidélité.

4.21 Non dans la sagesse ; dans leur folie, en insensés.

5.1 Appelle donc, etc. Des adversaires du catholicisme ont prétendu prouver par ce passage que nous ne devions pas invoquer les saints, attendus qu’ils ne pouvaient connaître nos prières. D’abord les discours des amis de Job ne sont pas des dogmes reconnus pour tels par l’Eglise. Ensuite le but d’Eliphaz ici est tout simplement de prouver à Job que, puisque aucun saint n’a été traité de Dieu comme lui, il faut nécessairement que la cause de ses misères et de ses souffrances soit ses propres péchés.

5.13 Voir 1 Corinthiens, 3, 19.

5.16 Contractera sa bouche ; c’est-à-dire la fermera ; il restera muet.

5.19 Dans six tribulations, etc. C’est une expression poétique, qui paraît signifier que Dieu empêchera toujours que les malheurs dans lesquels l’homme peut tomber ne lui nuisent en aucune sorte, pourvu qu’il s’humilie et se soumette à ses ordres.

5.22 Les bêtes de la terre ; c’est-à-dire des bêtes sauvages.

5.23 Il y aura même, etc. Tu ne heurteras pas contre les pierres ; elles ne blesseront pas tes pieds. Anciennement on marchait nu-pieds. C’est l’interprétation la plus simple ; elle est justifiée d’ailleurs par un assez grand nombre d’expressions analogues.

5.24 Ta beauté ; c’est-à-dire ta femme, selon quelques-uns ; mais l’hébreu, les Septante, la paraphrase chaldaïque, le syriaque et l’arabe portent ta demeure, ta maison. ― Tu ne pécheras pas ; ou bien selon d’autres d’après un des sens de l’hébreu, tu ne feras pas de faux pas, tu ne manqueras pas ton but.

5.26 Tu entreras, etc. ; tu mourras riche.

6.1 IIe discours de Job ; Ire réponse à Eliphaz, chapitres 6 et 7. Le discours d’Eliphaz a surpris et affligé Job qui trouve, au lieu d’un consolateur, un accusateur : 1° Il justifie l’amertume de ses plaintes par la grandeur de ses maux ; ils sont tels qu’en face de la mort qui approche, il n’a d’autre consolation que de n’avoir pas renié Dieu, chapitre 6, versets 2 à 10. ― 2° Reproches indirects à ses amis qui ne l’ont pas consolé et ont trahi ses espérances, versets 11 à 20. ― 3° Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines paroles, versets 21 à 30. ― 4° Misère de l’homme en général et de Job en particulier : tableau destiné à les apitoyer sur son sort, chapitre 7, versets 1 à 10. ― 5° Prière à Dieu : Pourquoi le frappe-t-il si cruellement ? Pourquoi, s’il a péché, ne lui pardonne-t-il pas ? Versets 11 à 21.

6.5 Un onagre, âne sauvage.

6.7 Mon âme, hébraïsme pour ma personne, moi.

6.10 Saint ; par excellence, Dieu.

6.11 Quelle est ma fin ? c’est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse conserver ma patience jusque-là ?

6.16 En me fuyant, mes amis croient éviter un mal ; mais, par une juste punition de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand.

6.18 Sont cachés (comparer à Job, 3, 23) ; selon d’autres, détournés, tortueux.

7.3 Des mois vides de repos et de consolation.

7.4 Jusqu’aux ténèbres ; c’est-à-dire jusqu’à la nuit.

7.5 D’une sale poussière ; littéralement et par hébraïsme, de saletés de poussière.

7.9 Les enfers. Voir, pour la vraie signification de ce mot, Genèse, 37, 35.

7.10 Son lieu ; c’est-à-dire le lieu où il était auparavant, son habitation, sa demeure.

7.15 Mon âme a choisi ; c’est-à-dire je préférerais (Comparer à Job, 6, 7). ― Une destruction violente ; littéralement l’action de se pendre ; hébreu l’étranglement. Le sens du verset est donc : Tout mon être préférerait une mort violente et cruelle aux maux que je souffre.

7.17 Pour que vous fassiez un si grand cas de lui ; en l’examinant, l’éprouvant et l’affligeant. ― Mettez-vous, etc., c’est-à-dire songez-vous à lui, vous occupez-vous de lui ?

7.20 En parlant ainsi Job ne murmurait nullement contre Dieu, mais il déplorait seulement les suites funestes du péché originel.

8.1 Baldad, dont le nom signifie « fils de contention », n’a ni une grande originalité ni une grande indépendance de caractère ; il s’appuie en partie sur les maximes des sages anciens, en partie sur l’autorité de son ami plus âgé, Eliphaz. Son tempérament est plus violent que celui de ce dernier ; il a moins d’arguments et plus d’invectives ; son langage est aussi moins riche ; il est abrupt, sans tendresse.

8.2 Qui souffle de tout côté ; littéralement multiplié. Le terme hébreu correspondant a aussi cette signification. Cependant on le traduit assez généralement par grand, fort, impétueux. ― Ier discours de Baldad, chapitre 8. Baldad voit dans la réponse de Job à Eliphaz une accusation d’injustice portée contre Dieu ; il lui répète donc à sa manière le discours de son vieil ami. Dieu n’est pas injuste : ses enfants avaient donc mérité la mort par leurs péchés et lui-même expie actuellement ses propres fautes. Son bonheur d’autrefois prouve seulement que Dieu avait différé à le punir. La pensée dominante, c’est que si Job ne veut pas en croire ses amis, il croie du moins les anciens sages dont Baldad rapporte les pensées, quand il annonce que le bonheur des méchants n’est pas durable et que Dieu punit ceux qui l’ont mérité. La suite de ses idées est celle-ci : 1° Avis et reproches à Job qui a parlé à Dieu sans respect, versets 2 à 7. ― 2° Appel aux anciens sages qui attestent que les impies sont voués à la perdition, versets 8 à 19. ― 3° Horizon de bonheur pour Job, s’il se convertit, versets 20 à 22.

8.6 La paix ; c’est-à-dire toute sorte de prospérités. ― La demeure de ta justice ; la demeure qui t’appartiendra, à toi homme juste, dans laquelle tu te conduiras selon la justice.

8.8 Des pères ; selon l’hébreu, de leurs pères, c’est-à-dire des pères de la génération passée. Le singulier génération, étant un nom collectif, peut concorder avec un pluriel.

8.9 Voir Job, 14, 2 ; Psaumes, 143, 4.

8.11 Carex, espèce de jonc.

8.12 Lorsqu’il est ; c’est-à-dire, le carex.

8.14 Sa folie, etc. Il condamnera lui-même sa folle espérance. ― La maison de l’araignée est sa toile.

8.17 Il s’arrêtera ; il pullulera même au milieu des cailloux. Sa prospérité paraîtra d’abord ferme et inébranlable.

8.18 Lorsque l’impie tombe dans l’infortune, même ceux qui l’approchaient de plus près le renient comme un inconnu.

8.19 La joie de sa voie ; c’est-à-dire le bonheur de son état, de sa situation. Le sens de ce verset est donc : C’est à quoi se réduit la prospérité du méchant sur la terre ; il se sèche sur la terre, afin que d’autres croissent comme la plante et se développent en prenant sa place.

8.20-22 Le Seigneur ne t’abandonnera pas, si tu vis dans la justice ; il te rétablira dans ton premier état, et te rendra la joie et le bonheur dont tu jouissais auparavant, et, de plus, tes ennemis seront couverts de confusion.

8.20 Simple ; c’est-à-dire innocent, juste, parfait.

9.1 IIIe discours de Job ; sa réponse à Baldad, chapitres 9 et 10. Comme Job n’a pas dit que Dieu est injuste, toute l’argumentation de Baldad porte à faux, mais elle est blessante pour le juste malheureux à qui l’on affirme que ses souffrances sont méritées. 1° Job répète donc à son tour qu’il sait que Dieu est juste et puissant, chapitre 9, versets 2 à 12. ― 2° Mais il n’en proteste pas moins de son innocence, versets 13 à 24. ― 3° Il n’accuse pourtant pas Dieu d’injustice, parce qu’il est peut-être coupable de quelques fautes, mais il voudrait pouvoir lui répondre, s’il l’accuse, pour se justifier, versets 25 à 35. ― 4° Comment Dieu peut-il en effet l’affliger si sévèrement, lui qui connaît son innocence ? Chapitre, 10, versets 1 à 12. ― 5° Qu’il daigne donc adoucir ses maux avant sa mort, versets 13 à 22.

9.2 Les luthériens se servent de ce passage pour établir que nul homme n’a véritablement la justice intérieure devant Dieu. Mais c’est un abus évident qu’il en font ; car ce passage signifie seulement ou que l’homme qui voudra se comparer à Dieu ne pourra être justifié, parce que cette comparaison même est l’effet d’un grand orgueil, et le fait déchoir de la justice qu’il pouvait avoir ; ou que toute la justice de l’homme, étant comparée à celle de Dieu, n’est rien.

9.6 Qui remue la terre, par les tremblements de terre.

9.9 Arcturus, la constellation de la Grande Ourse.

9.13 Ceux qui portent l’univers sont les anges que le Créateur a établis pour gouverner et comme pour soutenir le monde par la sagesse de leur conduite, et par la puissance que Dieu a mise pour cet effet entre leurs mains.

9.16 Je ne croirais pas, etc., tant je me sens indigne de l’attention d’un Dieu si saint et si élevé, et je ne serais pas assuré que j’ai plus rien à craindre de sa colère.

9.17 Sans raison, connue de moi ; car il ne me fait pas connaître la cause pour laquelle il m’envoie tant de maux.

9.20 Ma propre bouche, etc., par cela même que je présume de ma justice, et que je me dis innocent, je me rends coupable ; car je manque ainsi au respect dû à sa souveraine majesté.

9.23 S’il frappe, etc. Dans son langage oriental et hyperbolique, Job veut dire simplement que les coups de la main de Dieu sont si terribles, et que le danger de tomber dans l’impatience et le murmure et si grand, que tout juste doit plutôt souhaiter la mort, que d’être exposé à une tentation à laquelle il pourrait succomber. Il veut dire encore qu’il traite ses plus fidèles amis avec une rigueur qui semblerait prouver qu’il est indifférent à ce qu’ils souffrent. Il fait comme le chirurgien qui, dans une opération, continue à couper et à trancher les chairs du malade, en paraissant sourd et insensible à ses cris.

9.26 Comme, etc., c’est-à-dire avec la rapidité des vaisseaux qui portent des fruits. Ces vaisseaux sont très rapides, soit parce qu’on les charge peu, soit parce qu’on abrège le temps de leur traversée le plus possible, afin que les fruits ne se corrompent pas.

9.29 Pourquoi ai-je travaillé en vain, en prenant tant de soin d’éviter les moindres péchés, et en me purifiant de ceux dans lesquels je craignais d’être tombé.

9.30 Comme. Ni l’hébreu ni le grec ne portent cette particule.

10.1 Je lâcherai ma propre parole, etc. Comparer à Job, 7, 11.

10.7 Et que vous sachiez au moyen d’informations, d’examen et de recherches.

10.10 Les anciens croyaient que le fœtus se formait dans le sein maternel à la manière du lait qui se caille et s’épaissit. Job pouvait d’autant mieux conformer son langage à cette opinion, qu’aujourd’hui même la génération de l’homme est un mystère incompréhensible.

10.13 Quoique vous cachiez, etc. ; c’est-à-dire quoique par la manière dont vous me traitez aujourd’hui, vous semblez avoir oublié que je suis votre ouvrage, votre créature, comblée autrefois de vos bontés, je suis certain que vous n’êtes pas changé, et que vous ne m’avez pas rejeté.

10.14 Pourquoi voulez-vous aujourd’hui rappeler le souvenir de mes fautes passées ?

10.15 Si j’ai été impie, etc. Injuste ou juste, je n’ai pas lieu de me plaindre, ni de vous accuser d’injustice. J’adore la profondeur de vos desseins. Comparer à Job, 9, vv. 15, 17, 21, 30, 31.

10.16 Comme la lionne ; c’est-à-dire comme on prend la lionne à la chasse. ― Vous me tourmenterez de nouveau ; littéralement et par hébraïsme : revenus, vous me tourmenterez.

11.1 Sophar diffère de ses deux amis, Eliphaz et Baldad ; c’est un jeune homme à la parole vive, quelquefois injurieuse et blessante, surtout dans son second discours, chapitre 20 ; c’est le type des esprits étroits et à préjugés de son époque.

11.2 Ier discours de Sophar contre Job, chapitre 11. Toute la réponse à Baldad se résume en ceci : Dieu n’est pas injuste, mais il le punit sévèrement pour des fautes légères dont il n’a pas même conscience. Le fougueux Sophar veut à son tour le réfuter : 1° Il reproche à Job d’oser parler avec présomption contre la divine sagesse, versets 2 à 6. ― 2° Cette sagesse est impénétrable et insondable. Si Dieu venait discuter avec lui, il lui aurait bientôt prouvé que son sort n’est pas trop dur, versets 7 à 12. Cette réflexion sur l’intervention de Dieu, dès le début, prépare avec un art achevé, le dénouement, chapitres 38 à 41. ― 3° Exhortation à Job : qu’il se tourne vers Dieu avec componction et il sera consolé, sinon, comme l’impie, il n’aura pas d’espérance, versets 13 à 20.

11.6 La loi, soit naturelle, soit mosaïque, contenait beaucoup de préceptes. ― Qu’il exige, etc. ; littéralement que tu es exigé (châtié) par lui selon beaucoup moins de choses.

11.7 Les traces ; c’est-à-dire les voies. ― Parfaitement, ou bien : Le parfait Tout-Puissant, ce qui revient au sens de l’hébreu qui porte : La perfection du Tout-Puissant.

11.11 Est-ce qu’il ne la considère pas, pour la punir un jour ?

11.13 Vers Dieu ; littéralement vers lui. Le pronom lui représente évidemment le mot Dieu, exprimé au verset 7.

11.18 Tranquille ; sans craindre que ton sépulcre ne soit violé ; ou, sûr d’une meilleure condition après cette vie.

11.19 Voir Lévitique, 26, 6. ― Implorera ta face ; c’est-à-dire recherchera ta faveur.

11.20 Voir Lévitique, 26, 16. ― Leur espérance, etc. Les choses dans lesquelles ils avaient mis leur espérance, comme les honneurs et les richesses, seront pour eux des objets d’abomination.

12.1 IVe discours de Job : sa Ire réponse à Sophar, du chapitre 12 au chapitre 14. Les menaces de Sophar blessent le juste innocent. Il réfute d’abord ses amis, du chapitre 12 au chapitre 13, verset 12 ; puis il se plaint à Dieu lui-même, du chapitre 13, verset 13 au chapitre 14. ― I. Réfutation de ses amis : 1° Il nie la thèse que le châtiment suive toujours le crime ici-bas et que l’affliction soit une preuve de culpabilité de l’affligé : « Les tentes des voleurs sont dans l’abondance, et ils provoquent audacieusement Dieu », voir Job, 12, 6. Ses amis n’ont pas le privilège exclusif de la connaissance de Dieu, il le connaît comme eux par la nature et par la tradition, chapitre 12, versets 2 à 13. ― 2° Il connaît, lui aussi la puissance et la sagesse de son Maître, et il la décrit en termes magnifiques, ainsi que la Providence générale et particulière, versets 14 à 25. ― 3° Il ne veut pas avoir à faire à eux, puisqu’ils sont aveuglés par leurs préjugés, mais à Dieu, chapitre 13, versets 1 à 12. ― II. Plainte à Dieu, du chapitre 13, verset 13 au chapitre 14. ― 4° Sa sincérité l’encourage à s’adresser à Dieu même, pourvu qu’il veuille bien ne pas l’accabler par l’éclat de sa majesté, chapitre 13, versets 13 à 22. ― 5° Alors même que ses péchés seraient aussi grands que ses souffrances, la vie est déjà bien assez amère pour que Dieu ne punisse pas si sévèrement les fautes qui peuvent lui avoir échappé dans sa jeunesse, du chapitre 13, verset 23 au chapitre 14, verset 3. ― 6° L’origine de l’homme est trop basse, sa vie trop triste, pour que Dieu soit sans pitié envers lui, versets 4 à 12. ― 7° Si l’homme devait retourner sur la terre, Dieu pourrait le maltraiter une première fois, mais il n’y revient jamais, versets 13 à 22.

12.2-3 Ce n’est nullement l’orgueil qui inspire à Job ce langage. On a vu, au contraire, combien il s’était humilié devant Dieu, en comparant sa propre justice à celle de ce souverain juge de tous les hommes. D’ailleurs la jactance de ses amis qui appliquaient faussement des sentences vraies jusqu’à un certain point, en elles-mêmes, le forçait à rabaisser leur orgueil ; et c’est uniquement dans ce dessein qu’il a l’air de se glorifier, en montrant leur infériorité.

12.3 Voir Job, 20, 2.

12.4 Voir Proverbes, 14, 2.

12.11 Voir Job, 34, 3.

12.12 Dans une longue vie ; littéralement dans beaucoup de temps.

12.13 En Dieu ; littéralement En lui. Job désigne ordinairement Dieu par le pronom lui.

12.14 Voir Isaïe, 22, 22 ; Apocalypse, 3, 7.

12.17 Il amène, etc. Calvin a abusé de ce passage, et d’autres semblables, pour établir que Dieu est auteur du péché. Mais de telles expressions dans les auteurs sacrés signifient seulement que Dieu permet qu’on tombe, parce que, par un jugement, il s’éloigne de ceux qui méprisent sa lumière, et qui, voulant suivre leur propre sagesse, tombent en des écarts qui les conduisent jusqu’à la mort.

12.18 Il délie le baudrier, etc. ; il dépouille les rois de leur autorité. ― Il ceint, etc. ; c’est-à-dire, il les réduit à la condition des esclaves.

13.6 Au jugement de mes lèvres ; c’est-à-dire aux preuves qui sortiront de ma bouche.

13.8-10 Faire acception de la personne ou de la face de quelqu’un, c’est, selon le langage de l’Ecriture, avoir égard à sa puissance, à sa dignité, en un mot, à sa position plutôt qu’à son vrai mérite personnel ; ce que font ordinairement les juges peu consciencieux.

13.12 Vos fêtes superbes ; littéralement vos cous (cervicas vestræ).

13.14 Porté-je, etc., c’est-à-dire, exposé-je ma vie au danger, à la mort ?

13.16 Après et lui-même sera mon sauveur, il y a ellipse de parce que je ne suis pas hypocrite.

13.17 Des énigmes ; des vérités cachées, que vous semblez ne pas vouloir comprendre.

13.20 Seulement, ne me faites pas deux choses. Ainsi lisent l’hébreu et la Vulgate ; mais les Septante ne portent pas la négation, ce qui s’accorde beaucoup mieux avec la suite du discours.

13.27 Les chaînes ; littéralement le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des nerfs, mais qui s’applique aussi aux cordes, aux chaînes, aux menottes, et même aux colliers qu’on mettait aux criminels.

14.2 Voir Job, 8, 9 ; Psaumes, 143, 4.

14.4 Voir Psaumes, 50, 4. ― Celui qui a été conçu, etc. Job fait évidemment allusion au péché originel ; aussi les Pères de l’Eglise, grecs et latins, se sont-ils servis de ce passage pour établir le dogme de la tache originelle, source de tous les maux et surtout de la concupiscence.

14.5-6 Il faut évidemment faire violence à ce passage, pour y trouver, comme l’ont fait plusieurs hérétiques, de quoi établir une certaine fatalité ou destinée, qui impose une espèce de nécessité inévitable à tous les hommes, soit par leur mort, soit même pour toutes les actions de leur vie.

14.8 Si un tronc était entièrement mort, on ne pourrait, en aucune manière, lui faire pousser des rejetons ; mais il arrive souvent qu’un tronc qui paraît mort conserve encore, dans l’intérieur, quelque fibre vivante que l’humidité met en action.

14.10 Où est-il, je vous prie ? Les vivants ne peuvent plus le trouver, le voir et lui parler.

14.11 Elles n’y reviennent plus… il ne coule pas de nouveau. Ces mots ou autres semblables sont évidemment sous-entendus. Au reste les ellipses de ce genre se rencontrent souvent dans l’Ecriture.

14.12 Lorsqu’il s’est endormi ; lorsqu’il est mort. Ce qui est dit dans ce verset s’applique très vraisemblablement à la résurrection qui aura lieu à la fin du monde.

14.14 La suite du discours prouve que sous la forme d’une interrogation, Job exprime sa conviction intime. ― J’attends que mon changement vienne. Ces paroles et celles du verset suivant expriment encore éclairement le dogme de la résurrection.

14.16 Voir Job, 31, 4 ; 34, 21 ; Proverbes, 5, 21.

14.17 Vous avez scellé, etc. Vous avez mis comme en réserve mes offenses dans les trésors de votre justice ; mais la pénitence que j’en ai faite, et les maux dont vous m’avez accablé, me font espérer que mon iniquité est pardonnée.

14.20 Vous changerez sa face ; par la vieillesse. ― Vous l’enverrez au loin ; c’est-à-dire vous le ferez sortir de ce monde par la mort.

15.1 Deuxième discussion, du chapitre 15 au chapitre 21. ― Caractère de la seconde discussion. Ce qui distingue la seconde discussion de la première, c’est que dans celle-ci les amis de Job ne l’ont pas pris directement à partie ; ils ont défendu Dieu lui-même, et ce n’est que par voie de conséquence et sans l’exprimer d’ordinaire formellement qu’ils ont déclaré Job coupable. Désormais, il n’en sera plus de même, ils n’useront plus de réticence. Les discours de Job les forcent en quelque sorte à se démasquer. Par sa dernière réponse, il les a mis dans l’impossibilité de continuer leur tactique, en leur montrant qu’il possédait aussi bien qu’eux la sagesse, et en répétant à Dieu ses plaintes, qui avaient été le point de départ de leurs attaques. ― IIe discours d’Eliphaz, chapitre 15. Eliphaz rentre le premier en lice. Il essaie d’abord de réfuter Job, versets 2 à 19 ; puis il l’attaque, versets 20 à 35. ― I. Réfutation de Job. 1° S’il était vraiment sage, il ne répondrait pas avec tant de passion et n’oublierait pas le respect dû à Dieu, versets 2 à 6. ― 2° Sur quoi s’appuient donc ses prétentions à une si haute sagesse ? Versets 7 à 11. ― 3° Et comment un homme pécheur peut-il oser discuter contre Dieu qui trouve des taches dans ses anges ? Versets 12 à 16. ― 4° Transition. Qu’il écoute donc ce qu’il va lui dire d’après la révélation et la tradition, versets 17 à 19. ― II. Attaque contre Job. ― 5° L’impie n’a pas de repos ; il doit craindre à tout moment la plus terrible ruine, versets 20 à 24, ― 6° parce qu’il a été présomptueux dans la prospérité ; voilà pourquoi elle a un terme et finit d’une manière terrible, versets 25 à 30. ― 7° Les mensonges sur lesquels il se confie ne le protégeront pas, mais lui seront un piège, versets 31 à 35.

15.2 Remplira-t-il, etc. ; c’est-à-dire s’échauffera-t-il par des discours pleins d’une ardeur violente ?

15.3 Qui n’est pas égal à toi ; qui est infiniment au-dessus de toi. ― Tu dis ce qui, etc., puisque tu soutiens que Dieu afflige également le juste et le coupable.

15.4 Tu as anéanti, etc., en enseignant que ni le bien ni le mal ne reçoivent leur récompense en cette vie (voir Job, 9, 22). ― Et tu as détruit les prières que l’on doit faire devant Dieu, puisque tu refuses toi-même de t’adresser à Dieu pour le prier.

15.10 Voir Ecclésiastique, 18, 8.

15.14 Qu’il soit sans tache ; c’est-à-dire qu’il se croie sans tache.

15.15 Voir Job, 4, 18.

15.23 Son pain ; littéralement en hébreu le pain ; mais comme nous l’avons déjà remarqué, l’article déterminatif se met souvent en hébreu pour le pronom possessif. ― Est prêt en sa main, ou à son côté ; hébraïsme, pour est proche.

15.26 Cou inflexible ; littéralement gras, épais. Comparer à Deutéronome, 31, 27 ; 32, 15.

15.28 Des villes désolées, des maisons désertes ; l’hébreu porte : Des villes qui seront désolées, des maisons qui seront désertes.

15.30 De sa bouche ; c’est-à-dire de la bouche de Dieu, nommé au verset 25. On a pu remarquer que dans plusieurs passages Job sous-entend le mot Dieu.

15.33 Sa grappe ; sa postérité. Comparer à Job, 1, 18-19.

15.35 Voir Psaumes, 7, 15 ; Isaïe, 59, 4. ― Son cœur ; littéralement et selon l’hébreu son ventre, son intérieur.

16.1 Ve discours de Job : IIe réponse à Eliphaz, chapitres 16 et 17. ― Eliphaz n’a fait que répéter son premier discours. ― 1° Job réfute ces vaines paroles qui ne sont que des répétitions, chapitre 16, versets 2 à 5. ― 2° Parler ou se taire lui est également inutile, il est vrai, mais il ne peut retenir ses plaintes, en voyant que Dieu et ses amis lui sont si hostiles, versets 6 à 11. ― 3° Son sort est d’autant plus dur qu’il a été frappé en pleine prospérité, à l’improviste, sans avoir conscience d’aucune faute, versets 12 à 17. ― 4° Mais son innocence lui cause en même temps un sentiment de joie, parce qu’alors même qu’il mourrait, son droit se fera jour et Dieu sera son témoin contre ses amis, du chapitre 16, verset 18 au chapitre 17, verset 2. ― 5° Il invoque donc Dieu avec confiance, versets 3 à 9, et ― 6° il repousse les consolations de ses amis, versets 10 à 16.

16.4-6 Et plût à Dieu, etc. ; c’est-à-dire si vous étiez à ma place, je saurais trouver autre chose pour vous consoler : mes gestes et les mouvements de ma tête indiqueraient combien je serais touché de vos afflictions ; je tâcherais de vous encourager par des paroles pleines d’amitié et de compassion. ― Mouvoir, ou secouer la tête sur quelqu’un signifie, tantôt se moquer, tantôt avoir compassion de lui. Voir Job, 42, 11 ; Nahum, 3, 7. Or c’est dans le dernier sens que cette expression doit se prendre ici.

16.11 Ils ont frappé ma joue. Job, animé de l’esprit de prophétie, parle souvent au nom de Jésus-Christ qu’il représentait. C’est ainsi qu’à une autre époque, Isaïe, marquant cette même circonstance (voir Isaïe, 50, 6), parlait en apparence de lui-même, quoiqu’en réalité il parlât au nom de Jésus-Christ.

16.13 Il m’a saisi par le cou ; métaphore tirée de l’usage où sont les lutteurs de saisir ordinairement leur adversaire par le cou, en s’efforçant de le renverser. ― Comme un but à ses traits.

16.21 Mes amis, etc. ; c’est-à-dire tandis que mes amis m’attaquent par des discours diffus et importuns, je n’ai recours qu’à Dieu seul, et je ne trouve de consolation que dans les larmes que je répands devant lui.

17.1 Mon esprit ; c’est-à-dire ma force vitale.

17.2 Mon œil vit, etc. Mon œil nage dans les larmes les plus amères, ou bien, ne voit que les outrages les plus amers.

17.5 Il promet, lui Eliphaz. Les yeux de ses enfants s’éteindront, c’est-à-dire ses enfants seront malheureux.

17.6 Exemple ; selon le grec, risée, sujet de risée ; selon l’hébreu, l’action de tympaniser, raillerie ; mais beaucoup d’hébraïsants modernes, expliquant le terme hébreu par le chaldéen et l’arabe, le rendent par crachat, et au figuré par abomination.

17.10 Convertissez-vous ; c’est-à-dire changez de sentiment ; ne me condamnez plus, comme impie, par cela seul que je suis malheureux. ― Et je ne trouverai, etc. Et je vous montrerai qu’aucun de vous ne possède la véritable sagesse.

17.13 ; 17.16 Comme nous l’avons déjà remarqué, par le mot enfer (hébreu scheôl), il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau (hébreu Kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi ce mot fournit une preuve sans réplique de la survivance des âmes aux corps.

18.1 IIe discours de Baldad, chapitre 18. Il reproche à Job d’être dur à l’égard de ses amis et de se plaindre injustement au sujet de ses souffrances. ― 1° Combien de temps, méprisant ses amis, attaquera-t-il la Providence qui gouverne le monde et qui punit toujours à la fin les méchants ? Versets 2 à 11 ― 2° Oui, le méchant périt avec toute sa race, sa mémoire s’évanouit et il ne reste plus de lui que le souvenir confus de la catastrophe qui l’a englouti, versets 12 à 21.

18.2 Lancerez-vous… Comprenez, etc. Baldad emploie ici le pluriel, probablement parce qu’il s’adresse à Job et à tous ceux qui pensent comme lui. Ce pluriel est aussi dans l’hébreu ; mais les Septante ont le singulier.

18.5 La lumière chez les Hébreux était le symbole de la prospérité.

18.6 La lampe, etc. ; allusion à l’usage de tenir dans les maisons des lampes suspendues au-dessus de la tête.

18.7 Ses pas fermes et rapides ; littéralement les pas de sa force. ― Seront resserrés. Comparer à Proverbes, 4, 12. Les pas sont resserrés, lorsque le chemin est très étroit ou embarrassé ; car dans ce cas on ne peut ni faire de grands pas, ni marcher vite. Les Arabes disent aussi grands pas, pas resserrés, pour grande fortune, prospérité, et adversité, état de misère.

18.11 Les frayeurs, etc. ; métaphore empruntée de la chasse, où l’on effraye la bête pour qu’elle aille se jeter dans le piège qu’on lui a tendu. Comparer à Isaïe, 24, 17 ; Jérémie, 48, 43-44.

18.13 La mort la plus cruelle ; littéralement et par hébraïsme la mort la première-née. Le texte hébreu porte le premier-né de la mort, c’est-à-dire la maladie la plus mortelle. ― La beauté de sa peau. Allusion à la lèpre qui dévore Job et qui s’attaque d’abord à la peau.

18.15 Soit répandu du soufre, et du feu tombant du ciel, comme à Sodome et à Gomorrhe (voir Genèse, 19, 24). Peut-être que Baldad fait allusion au feu céleste qui consuma les brebis et les serviteurs de Job (voir Job, 1, 16). Ou bien qu’on répande du soufre dans son tabernacle pour le purifier, parce qu’il a été souillé par la présence de son cadavre.

18.17 Voir Proverbes, 2, 22.

18.18 Il le chassera. C’est probablement Dieu que représente ici le pronom il. Nous avons déjà remarqué que Job sous-entend souvent le mot Dieu. D’autres traduisent : On le chassera.

18.20 Son jour fatal ; le jour de sa mort. ― Les derniers ; ceux qui viendront après lui. Les premiers ; c’est-a-à-dire ses contemporains.

19.1 VIe discours de Job : IIe réponse à Baldad, chapitre 19. C’est le discours le plus important de Job, et, à certains égards, du livre. Comme il ne peut plus compter sur ses amis, Job cherche à se consoler sans leur secours et se tourne plus que jamais vers Dieu. ― 1° Reproches à ses amis, versets 2 à 5. ― 2° Ils doivent songer que c’est Dieu lui-même qui le tourmente d’une manière si terrible, versets 6 à 12. ― 3° C’est pourquoi il lui a retiré l’appui de tous ceux qui l’avaient autrefois soutenu, versets 13 à 20. ― 4° Ils n’en devraient avoir que plus de compassion pour lui, car son droit demeure inébranlable ; aussi, il en est certain, il sera vengé dans une autre vie et le dernier jugement lui rendra justice, versets 21 à 29. C’est là le point culminant de la discussion. La vue de son Rédempteur attendrit le saint patriarche ; désormais sa fougue est tombée ; il n’a plus la même impétuosité et ne se plaint qu’avec calme ; mettant toute sa confiance en Dieu, il cherche moins à se défendre lui-même et se préoccupe plutôt de réfuter la thèse de ses adversaires.

19.5 Vous m’accusez, etc. Vous prétendez que je suis coupable, parce que je souffre des opprobres.

19.6 Ce n’est pas en vertu d’un jugement de cette justice qui punit le crime et récompense la vertu que Dieu m’a affligé ; car je ne suis nullement coupable, comme vous l’entendez ; mais c’est en sa qualité de créateur tout-puissant et infiniment sage, qui traite ses créatures selon les desseins impénétrables de son infinie sagesse, et par conséquent sans qu’elles puissent comprendre ses desseins.

19.12 Ils se sont faits un chemin au travers de moi ; c’est le sens littéral de la Vulgate qu’on explique généralement par ils m’ont foulé aux pieds, en disant que tel est le sens de l’hébreu et du grec ; mais on semble oublier que la préposition hébraïque et grecque qu’on traduit par sur, au-dessus de, signifie également contre, et que ce dernier sens convient beaucoup mieux ici. Ainsi le sens de la phrase qui paraît le plus naturel est : Ils se sont frayé un chemin contre moi.

19.17 Les enfants, etc. La plupart des interprètes pensent, d’après les Septante, qu’il s’agit ici des enfants que Job avait eus de ses femmes du second rang.

19.21 Saint Grégoire dit que Job appelle encore ses amis ceux qui l’accablent par leurs injures, soit afin de les obliger par ce terme de tendresse à user d’une meilleure conduite à son égard ; soit pour s’exciter lui-même à regarder leurs injures comme utiles à son salut (Greg. Moral., LXIV, c. 23).

19.22 Pourquoi… vous rassasiez-vous de ma chair ? Pourquoi me calomniez-vous ou dites-vous du mal de moi ? Cette image se retrouve, sous des formes plus ou moins différentes, dans toutes les langues, quoique nous ne soyons pas habitués à la forme hébraïque. Un passage d’une lettre de Machiavel à Julien de Médicis permet de se rendre bien compte de cette figure de langage. « Je vous envoie, Julien, quelques grives… Si vous avez autour de vous quelqu’un qui se plaise à me mordre, vous pourrez lui en jeter une aux dents : en mangeant cet oiseau il oubliera de déchirer son prochain… De ma pauvre chair, mes ennemis tirent de bonnes bouchées. »

19.23 Un livre. C’est ainsi que porte la version grecque. A la vérité, l’hébreu lit le livre dans ce passage ; mais dans un des endroits parallèles, comme Isaïe, 30, 8 ; Jérémie, 30, 2, il n’a pas l’article déterminatif.

19.24 On gravait des inscriptions sur le métal et sur la pierre dès une haute antiquité dans le pays que Job habitait.

19.25-27 Presque tous les Pères ont reconnu dans ces paroles de Job une profession de foi très claire à la résurrection des corps, et dans les premiers siècles de l’Eglise, après les persécutions, de pieux chrétiens ont fait graver sur leurs tombeaux cet acte de foi comme une expression de leur propre croyance.

19.25 Mon Rédempteur. Ce Rédempteur est, selon le sentiment commun des Pères et des interprètes, le Fils de Dieu, qui doit juger tous les hommes à la fin du monde.

19.28 Une parole fondamentale ; littéralement une racine, un fondement de parole, une parole radicale.

20.1 IIe discours de Sophar, chapitre 20. Ce discours est en quelque sorte l’ultimatum de Sophar ; dans la troisième discussion, il ne prendra plus la parole ; aussi sa violence est-elle maintenant très grande. ― 1° Les menaces de Job, qui les compare à des persécuteurs, obligent Sophar d’insister encore sur la thèse que ses amis et lui ont soutenue jusqu’à présent, versets 2 à 5. ― 2° Le coupable périt, malgré sa puissance ; il est dépouillé de ses biens injustement acquis, malgré son avidité, versets 6 à 17. ― 3° ― Un juste châtiment vient ainsi le punir de ses rapines et de son insatiabilité ; il n’échappera pas, versets 18 à 29.

20.2 C’est pour cela ; c’est-à-dire c’est parce qu’il y a un jugement. Voir Job, 19, 29. ― En d’autres termes, un sujet d’accusation contre Job.

20.9 Son lieu. Voir Job, 7, 10.

20.11 Ses os seront, etc. Les dérèglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans ses os.

20.13 Il le ménagera ; c’est-à-dire il le savourera.

20.14 Fiel d’aspic, venin de ce serpent qui est très dangereux.

20.16 La tête des aspics, leur venin.

20.17 Les torrents… de beurre. Dans les pays chauds de l’Orient, le beurre est à l’état liquide et on le verse comme du lait des vases qui le contiennent.

20.18 Ses richesses acquises ; le grec porte le mot richesses ; l’hébreu lit travail, qui signifie encore très souvent le fruit du travail, les richesses ; ce doit être aussi le sens d’inventionum suarum de la Vulgate.

20.20 Voir Ecclésiaste, 5, 9.

20.23 Ses foudres ; littéralement sa guerre.

20.25 Dans son amertume ; c’est-à-dire pour porter son amertume, ou une mort amère, cruelle. ― Au lieu de l’horribiles de la Vulgate, l’hébreu porte terreurs.

20.26 Toutes sortes, etc. C’est en vain qu’il cherchera à se cacher dans les ténèbres, il ne trouvera pas de cache, où les ténèbres puissent pénétrer.

20.28 Les rejetons de sa maison sont ses enfants, sa progéniture.

21.1 VIIe discours de Job ; IIe réponse à Sophar, chapitre 21. Job s’est principalement attaché, dans ses discours précédents, à convaincre ses amis de son innocence ; ne pouvant y réussir, il se tourne maintenant contre eux, et, abandonnant le terrain de la justification personnelle pour se jeter sur celui des principes, il attaque leur thèse en elle-même ; il ne se borne plus à leur dire qu’ils la proposent d’une manière trop générale et qu’ils lui en font une fausse application, il la nie. ― 1° Il va leur donner une réponse décisive ; ils cesseront ainsi de le railler, versets 2 à 4. ― 2° C’est le contraire de ce qu’ils affirment qui est la vérité : beaucoup d’impies sont heureux sur la terre, versets 5 à 15. ― 3° Toute leur argumentation contre ce fait d’expérience est sans force ; ce serait orgueil de leur part que de le nier et de vouloir tracer à Dieu la voie qu’il doit suivre, versets 16 à 26. ― 4° Il sent bien les applications malignes que renferment leurs discours, mais leurs affirmations sont démenties par l’expérience, versets 27 à 34.

21.2 Faites pénitence ; c’est-à-dire changez de sentiment.

21.4 N’ai-je pas un juste sujet d’être contristé, quand je n’ai pas affaire à un homme, mais à Dieu, qui par les maux dont il m’accable semble autoriser les accusations de mes ennemis ?

21.5 Soyez dans l’étonnement. La chose étonnante dont va parler Job, c’est, selon la plupart des commentateurs modernes, la prospérité des méchants sur la terre. Saint Jérôme pense, et avec plus de raison, ce semble, qu’il s’agit du bonheur que Dieu accorde indistinctement aux méchants et aux bons, sans mettre entre eux aucune différence sensible et apparente.

21.7 Voir Jérémie, 12, 1 ; Habacuc, 1, vv. 3, 13.

21.12 Orgue ; instrument qui, chez les anciens Hébreux, était un composé de plusieurs tuyaux de flûte collés ensemble, et dont on jouait en faisant passer successivement ces divers tuyaux le long de la lèvre d’en bas. On considère assez généralement ici le mot Organum de la Vulgate comme un collectif et on le traduit par des instruments de musique. ― Une harpe, en hébreu, kinnor, instruments à cordes, sorte de harpe.

21.13 En un moment ils descendent dans les enfers. Ils sont heureux jusqu’à la fin de leur vie, mais la mort met brusquement un terme à leur félicité et les remplit d’épouvante en les précipitant dans le scheôl.

21.15 Voir Malachie, 3, 14.

21.16 En leur main ; c’est-à-dire ne leur puissance. ― J’avoue que les méchants sont souvent heureux, mais leur bonheur n’est pas sûr, aussi à Dieu ne plaise que j’ai leurs sentiments.

21.19 Alors il comprendra qu’il y a une souveraine justice qui rendra à chacun selon ses mérites.

21.20 Ses yeux, etc. Il verra de ses propres yeux sa ruine entière ; littéralement son meurtre.

21.21 Lors même, ou bien et si, c’est-à-dire que lui importe encore, si le nombre, etc. Le verset est susceptible de cette double analyse.

21.22 Ceux qui sont élevés ; les grands de la terre, selon les uns, les habitants du ciel, selon les autres. Le terme hébreu est, comme celui de la Vulgate, susceptible de ces deux sens. Les Septante ont traduit phonous, c’est-à-dire meurtres ; mais il y a des exemplaires qui portent sohous ou sages.

21.28 Où est la maison, etc. La maison d’un mauvais prince et les tabernacles des impies ne subsistent plus, parce que c’étaient des méchants que Dieu a fait périr. Ainsi, c’est parce que tu es méchant que Dieu t’a traité comme eux.

21.30 Ce verset renferme la réponse des passants, c’est-à-dire des voyageurs étrangers.

21.32 Il veillera ; il vivra encore en quelque sorte à la faveur d’un mausolée fastueux qui conservera sa mémoire parmi les hommes ; ou bien il vivra en enfer parmi les morts.

21.33 Il a été agréable au gravier du Cocyte, tant par la magnificence du tombeau qu’il s’y est fait élever que par la majesté de la pompe funèbre qui l’a accompagné. ― Le Cocyte, fleuve fabuleux, qui selon les poètes païens arrose l’enfer. Saint Jérôme a donc pu employer ce mot pour désigner le lieu où l’impie est précipité à sa mort, comme il a employé après saint Pierre le terme Tartare pour exprimer la même idée. Comparer à 2 Pierre, 2, 4. ― Le texte original porte : « Les pierres de la vallée (où il est enseveli) lui sont légères, et tous les hommes y vont à sa suite, comme de nombreuses générations l’y ont précédé. »

22.1 Troisième discussion, du chapitre 22 au chapitre 31. ― IIIe discours d’Eliphaz, chapitre 22. ― La troisième discussion est la plus courte par le nombre et l’étendue des discours. C’est encore Eliphaz qui l’ouvre. A la suite de ce que vient de dire Job, ses amis ne peuvent lui répondre logiquement que de deux manières, ou en niant le bonheur des méchants qu’il vient d’affirmer, ou en soutenant que ce bonheur ne prouve rien en sa faveur. Eliphaz ne fait directement ni l’un ni l’autre : il considère le discours de Job comme non avenu ; il déplace la question et prétend toujours avec la même assurance que les souffrances de son ami sont la punition de ses péchés. Devenant de plus en plus agressif, il accuse Job d’un grand nombre de crimes, versets 2 à 11 ; ― 2° il l’avertit de ne pas s’attirer par son obstination et son impénitence un jugement sévère comme celui que Dieu porte contre les impies, versets 12 à 20 ; ― 3° il lui promet, s’il s’amende, un retour de bonheur et une prospérité plus grande qu’autrefois, versets 21 à 30.

22.4 Est-ce en craignant, etc. Est-ce parce qu’il a à craindre de toi ?

22.6 Nus ; c’est-à-dire ceux qui n’avaient que l’habit de dessous. Comparer à 1 Rois, 19, 24 ; Isaïe, 20, 2.

22.7 Tu n’as pas donné, etc. On verra plus bas (voir Job, 29, verset 15 et suivants ; 31, verset 16 et suivants), combien Job était éloigné de cette inhumanité. Eliphaz lui remet devant les yeux tous les excès où un homme de son rang avait pu tomber, lui reprochant facilement qu’il devait en avoir commis quelques-uns ; car il est difficile de se persuader qu’Eliphaz ait cru Job coupable de tous ces défauts.

22.8 Ta terre, littéralement en hébreu la terre ; mais dans cette langue, aussi bien que dans les autres langues sémitiques, l’article déterminatif se met quelquefois pour le pronom possessif, ce qui a évidemment lieu ici.

22.9 Tu as brisé les bras ; c’est-à-dire détruit l’appui.

22.15-16 Allusion aux impies célèbres des temps antiques, probablement aux géants qui furent punis par le déluge.

22.16 Un fleuve ; le déluge.

22.19 Voir Psaumes, 106, 42.

22.24 Un rocher. Dans le texte original betser, tranches ou morceaux de métal, soit or ou argent, qu’on coupait pour s’en servir dans les achats et les transactions, avant qu’on eût inventé la monnaie proprement dite.

22.29 Voir Proverbes, 29, 23.

23.1 VIIIe discours de Job : IIIe réponse à Eliphaz, chapitres 23 et 24. ― Malgré la vivacité des attaques d’Eliphaz, Job reste maintenant calme. ― 1° Il réitère d’abord son souhait de se justifier devant Dieu. Ses plaintes sont regardées comme une révolte contre lui ; cependant il lui permettrait, lui, de s’exprimer librement en sa présence. Mais Job voit bien qu’il n’obtiendra pas la faveur d’être admis devant lui, chapitre 23, versets 2 à 9. ― 2° Quoi qu’il en soit, il est certain d’avoir observé les commandements de Dieu. Pourquoi donc Dieu le châtie-t-il ? Il l’ignore, versets 10 à 17. ― 3° Mais qui peut comprendre pourquoi tant d’innocents souffrent dans le monde, chapitre 24, versets 1 à 12, et ― 4° pourquoi, au contraire, les méchants ne sont pas punis comme ils le méritent et vient heureux jusqu’à leur mort ? Versets 13 à 25.

23.2 D’amertume ; c’est-à-dire de tristesse, de douleur. ― La violence ; littéralement la main, c’est-à-dire la force, la puissance.

23.3 Que je sache trouver Dieu ; littéralement et par hébraïsme : Que je sache et que je trouve.

23.4 Je remplirai, etc., pour repousser les fausses accusations dirigées contre moi.

23.7 L’équité ; c’est-à-dire la justice ordinaire qui punit le crime et récompense la vertu. Comparer à Job, 19, 6. ― Et ma cause obtiendra ; littéralement et par hébraïsme : Et que ma cause obtienne.

23.8-9 Ces deux versets sont la réponse à ce qui a été dit au 3: Qui m’accordera, etc.

23.9 A gauche…, à droite. La gauche, c’est le nord ; la droite, c’est le sud, parce que les Orientaux déterminaient les quatre points cardinaux en regardant l’est en face.

23.13 Son âme. Nous avons déjà remarqué qu’en hébreu comme en arabe le mot âme se prend souvent pour personne, individu.

23.14 Un grand nombre de moyens semblables de m’affliger, sans que rien puisse s’y opposer.

23.16 A amolli mon cœur ; lui a ôté toute sa force.

23.17 Car je n’ai pas péri, quoique j’aie été éprouvé par beaucoup de maux. Les ténèbres signifient souvent dans l’Ecriture, les maux, les calamités. ― L’obscurité n’a pas couvert ma face, au point que je ne voie pas tous les malheurs qui m’accablent.

24.1 Ceux qui le connaissent ; ses fidèles serviteurs eux-mêmes ignorent ses jours ; c’est-à-dire les jours où il doit rendre à chacun selon ses œuvres.

24.2 Transporter les bornes était chez les anciens un très grand crime. Ils regardaient les limites comme des choses sacrées et inviolables. ― Les ont fait paître dans leur propres pâturages, comme s’ils avaient été maîtres des troupeaux.

24.5 Pour leur ouvrage, qui est de piller et de voler.

24.17 Si tout d’un coup, etc. Si l’aurore les surprend au milieu de leurs vols, ils en sont effrayés, comme on est effrayé naturellement, quand on se trouve subitement enveloppé d’une obscurité profonde.

24.18 Il est plus léger, etc. Il est mis pour chacun d’eux. Cette sorte de changement de nombre a lieu très souvent en hébreu. Ainsi, dès que l’aurore paraît, il s’enfuit plus rapidement que l’eau qui s’écoule ; ou bien, selon d’autres, si rapidement qu’il semble qu’il pourrait marcher sur la surface de l’eau. ― Par le chemin des vignes. Les vignes sont ordinairement plantées dans les lieux d’un bel aspect.

24.20 Que la miséricorde l’oublie. Le texte original porte : que le sein qui l’a porté l’oublie.

24.21 Il a nourri, etc. L’hébreu peut signifier : Il a brisé ; sens qui a été donné dans la version chaldaïque. Les Septante ont rendu par : Il n’a pas fait de bien à la stérile.

24.22 Il ne croira pas, etc. Il ne se tiendra pas assuré de sa vie, il craindra continuellement pour ses jours.

24.23 Voir Apocalypse, 2, 21.

24.24 Ils se sont. Job reprend le nombre pluriel qu’il avait abandonné depuis le verset 18.

24.25 Mettre, etc., c’est-à-dire les accuser, pour les faire condamner.

25.1 IIIe discours de Baldad, chapitre 25. ― Au lieu de répondre à Job, il parle comme s’il n’avait rien entendu et ajoute seulement au discours d’Eliphaz quelques mots courts et solennels sur l’incompréhensible majesté de Dieu et le néant de l’homme. Devant Dieu, les créatures les plus saintes ne sont pas pures. Il veut faire entendre par là à Job qu’il ne peut être pur lui-même devant Dieu, versets 2 à 6. C’est le dernier mot de ses amis. Sophar n’intervient plus.

25.2 Qui établit ; qui entretient cette harmonie et cet ordre admirable qui paraît dans ses lieux élevés, dans les cieux qui lui appartiennent.

25.3 Ses soldats ; c’est-à-dire tous les corps célestes, ou, selon d’autres, les anges.

25.4-5 Tout ce qu’il y a de plus saint, de plus beau dans le ciel, et de plus parfait sur la terre, n’est qu’imperfection, que faiblesse devant Dieu.

26.1 IXe discours de Job : IIIe réponse à Baldad, chapitre 26. ― Job répond brièvement au dernier discours de Baldad. ― 1° Il lui reproche ironiquement l’inutilité de ce qu’il vient de dire, versets 2 à 4, et il lui montre ensuite qu’il peut peindre, aussi bien que lui, la puissance de Dieu, ce qu’il fait en effet d’une manière supérieure. ― 2° Il décrit la puissance divine dans l’enfer (le scheôl), versets 5 à 7 ; ― 3° dans les airs, versets 8 à 10 ; ― 4° dans le ciel et sur les mers, versets 11 à 14.

26.5 Les géants gémissent sous les eaux ; c’est-à-dire dans l’enfer ; car c’est sous la mer que les anciens le plaçaient. Comparer à Genèse, 6, 4 ; 7, 21 ; Sagesse, 14, 6 ; 1 Pierre, 3, 20. Quelques interprètes entendent par géants les monstres marins ; mais cette opinion ne paraît nullement fondée.

26.6 L’abîme ; littéralement la perdition, le lieu de perdition ; c’est encore l’enfer sous un autre nom.

26.7 Ces paroles sont des images et ne doivent pas être prises à la lettre, comme l’a fait observer saint Thomas.

26.9 La face ; c’est-à-dire le devant. Il tient son trône inaccessible à nos regards.

26.12 Sa prudence, etc. La Vulgate ne supporte pas d’autre sens. Cependant beaucoup d’interprètes font de superbum un mot neutre synonyme de superbia, ferocia, qu’ils appliquent à maria, qui précède. Le texte hébreu porte : Dans son intelligence, il a frappé l’orgueil, et le grec : Par sa science il a renversé le monstre marin.

26.13 Sa main agissant ; littéralement obstetricante ; c’est-à-dire que sa main a formé un serpent tortueux ; le dragon, constellation de l’hémisphère boréal.

26.14 De ses voies ; de sa manière d’agir, de ses œuvres. ― Un petit mot ; littéralement une petite goutte. La parole est souvent comparée dans l’Ecriture à la pluie ou à la rosée. Voir Deutéronome, 32, 2 ; Isaïe, 55, 10-11. ― De sa parole ; c’est-à-dire de la parole qui le concerne, dite à son sujet. ― L’éclat. Ou ce mot est sous-entendu, ou l’antécédent du génitif de sa parole est une goutte (parvam stillam), qui précède ; car il faut nécessairement au verbe contempler (intueri) un accusatif pour complément. Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu’un bien faible partie des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n’avez entendu qu’avec peine le peu de paroles que j’ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux les merveilles de sa grandeur infinie ?

27.1 Job, prenant, etc., littéralement et par hébraïsme Job ajouta, reprenant. ― Sa parabole ; c’est-à-dire l’oracle sacré que Dieu lui inspirait ; car tel est le sens qu’a ce mot dans le texte sacré. ― Xe discours de Job, chapitres 27 et 28. ― Les amis de Job ne lui répondant plus, il reste comme maître du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa victoire dans deux discours. Dans le premier, en pensant à ses amis, dans le second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, il développe ses idées et ses croyances, il exprime ses craintes par rapport à son propre sort et fait connaître ses vues sur la Providence. Au commencement du premier discours, ― 1° il atteste à ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation ; il ne peut s’avouer coupable, car il ne l’est pas : s’il le faisait, il trahirait la vérité et mériterai ainsi ses souffrances, chapitre 27, versets 2 à 12. ― 2° Il reconnaît d’ailleurs que la Providence punit souvent le pécheur, même en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, versets 13 à 23. ― 3° Les voies de Dieu sont cachées ; l’homme peut bien sonder les profondeurs de la terre, chapitre 28, versets 1 à 11 ; ― 4° mais non les profondeurs de Dieu ; l’enfer ou le scheôl lui-même ne le peut, versets 12 à 22. ― 5° Seul Dieu connaît ses propres secrets ; à l’homme d’avoir la crainte de Dieu, versets 23 à 28.

27.2 Vive Dieu ! littéralement Dieu vit ! formule de serment qui équivaut à : Je jure que. ― Qui a écarté mon jugement ; qui ne m’a pas permis de justifier mon innocence.

27.3 Un souffle de Dieu ; c’est-à-dire un souffle accordé par Dieu.

27.7 C’est mon ennemi et mon adversaire qui doivent être regardés comme impies et injustes, puisque n’admettant pas que quelques fois Dieu punit les justes pour les éprouver, et qu’il laisse souvent les pécheurs impunis dans cette vie, ils accusent par là même Dieu de ne pas toujours observer les règles de la justice ; ce qui est une véritable impiété.

27.11 Avec le secours ; littéralement et par hébraïsme, par la main, par le moyen. ― Ce que fait le Tout-Puissant ; c’est-à-dire la manière d’agir à l’égard des hommes. C’est un des sens dont le texte hébreu est susceptible, et qui est parfaitement conforme au texte.

27.14 Ils appartiendront au glaive ; ils périront par le glaive.

27.15 Ils seront ensevelis, etc. ; c’est-à-dire selon l’opinion assez commune, qu’ils mourront privés de la sépulture.

27.18 Par ces comparaisons Job veut faire ressortir le peu de consistance de la maison de l’impie.

27.19 Voir Psaumes, 48, 18. ― Il ouvrira ses yeux et il ne trouvera rien. Dans l’hébreu : il ouvrira ses yeux et il ne sera plus, c’est-à-dire sa mort sera si prompte qu’elle lui laissera à peine le temps d’ouvrir les yeux avant qu’il expire.

27.22 Fera tous ses efforts, etc. ; littéralement : s’enfuyant, il s’enfuira ; c’est un hébraïsme.

27.23 Frappera des mains ; littéralement serrera ses mains, c’est-à-dire applaudira. ― Son lieu ; le lieu de sa félicité, dont il est déchu. ― Et sifflera sur lui, se moquera de lui.

28.1 L’argent a des sources de ses veines dans la terre. ― Les exégètes modernes croient que Job nous a conservé dans ce chapitre le souvenir des travaux des Egyptiens dans les mines de la péninsule du Sinaï. D’après eux, l’auteur du livre de Job avait, selon toutes les vraisemblances, visité le Sinaï comme l’Egypte, et il nous a fait ici la description de l’exploitation des mines sinaïtiques. Le texte original dit dans le premier verset : « Il y a pour l’argent [une mine] d’où ils sont, pour l’or, un lieu où on le purifie. » Diodore de Sicile décrit ainsi la manière dont les Egyptiens purifiaient l’or : « A l’extrémité de l’Egypte, sur les confins de l’Arabie et de l’Ethiopie, est une contrée abondante en mines d’or d’où on retire ce métal à grands frais et par un pénible travail. La terre, de couleur noire, y est remplie de protubérances et de veines de marbre d’une blancheur remarquable… C’est dans cette terre que les préposés aux travaux des mines font recueillir l’or par un grand nombre d’ouvriers… Voici quels sont les procédés employés pour traiter la mine. On expose à un feu violent la partie la plus dure de la terre qui contient l’or, on la fait ainsi éclater, et on la travaille ensuite avec les mains… Les plus robustes sont occupés à fendre avec des masses de fer le marbre qu’on trouve dans la mine… Comme les travailleurs, au milieu des détours que forment les galeries, se trouvent dans l’obscurité, ils portent, attachés au front, des lanternes allumées… Les enfants ramassent… les fragments de pierre détachés et les portent en plein air, à l’ouverture extérieure de la galerie. D’autres ouvriers… prennent une certaine mesure de ces fragments et les broient dans des mortiers de pierre avec des pilons de fer, jusqu’à ce qu’ils soient réduits à la grosseur d’une lentille. Auprès d’eux sont le femmes et les vieillards, qui reçoivent ces petites pierres, les jettent sous des meules rangées plusieurs de suite, et deux ou trois d’entre eux, se plaçant à la manivelle de chaque meule, la font tourner jusqu’à ce qu’ils aient, par cette sorte de mouture, converti à la mesure de pierres qui leur a été livrée, en une poussière aussi fine que la farine… Enfin, des hommes instruits dans l’art de traiter les métaux s’emparent des pierres réduites en degré de finesse que nous avons indiqué, et mettent la dernière main au travail. Ils commencent par étendre sur une planche large et un peu en pente cette poussière de marbre, et la remuent ensuite, en versant de l’eau dessus. La partie terreuse, détrempée par l’eau, coule le long de la planche inclinée, et l’or plus pesant y reste. Ils répètent plusieurs fois cette opération, d’abord en frottant légèrement la matière entre les mains ; puis, en la pressant mollement avec des éponges très fines, ils enlèvent peu à peu la terre inutile, jusqu’à ce que la paillette d’or demeure seule et pure sur la planche. D’autres reçoivent une certaine mesure de ces paillettes qui leur sont livrées au poids, et les jettent dans des vases d’argile cuite, en les mélangeant avec un lingot de plomb, d’un poids proportionné à la quantité de paillettes que contient le vase, quelques grains de sel, une très petite quantité d’étain, et du son de farine d’orge. Après quoi ils ferment ces vases d’un couvercle parfaitement ajusté, enduit avec soin d’argile délayée, et les rangent dans un four où ils les font chauffer, pendant cinq jours et cinq nuits, sans discontinuation. Ils les retirent ensuite du feu, les laissent refroidir, et n’y trouvent plus, après les avoir ouverts, que l’or devenu parfaitement pur et qui a très peu perdu de son poids : toutes les autres matières ont disparu. »

28.2 Dans l’original : « Le fer est extrait de la poussière [de la terre], et la pierre fondue [donne] l’airain. » Cette description s’applique à l’extraction du cuivre, non à celle de l’or, de l’argent ou du fer. Les Egyptiens exploitaient le cuivre dans les mines du Sinaï. Ils en extrayaient aussi la turquoise ou la malachite qui est un cuivre carbonaté vert.

28.3 Il a posé, etc. Les uns donnent pour sujet à ce verbe Dieu, sous-entendu, les autres le mot homme, qui se trouve exprimé au verset 13 ; ce que l’ensemble du récit semble insinuer. ― Pierre peut signifier ici gravier métallifère. ― L’ombre est grammaticalement complément du verbe il considère ; mais on le traduit généralement comme si ce mot était régime de cachée dans. ― Dans l’original : « [L’homme] met une fin aux ténèbres, jusqu’aux plus grandes profondeurs il explore la pierre [cachée dans] l’obscurité et dans l’ombre de la mort. » L’homme pénètre dans les sombres profondeurs de la terre pour en extraire le minerai et il y triomphe des ténèbres.

28.4 Tous les interprètes conviennent que ce verset présente de grandes difficultés, tant dans l’hébreu et les Septante que la Vulgate. On ne peut donc avoir que de simples conjectures sur le sens. ― Un peuple étranger ; c’est-à-dire éloigné et chez lequel se trouve des mines d’or et d’argent. ― Ceux que le pied, etc. Comme les mineurs sont éloignés, l’homme indigent ne saurait faire les dépenses nécessaires pour arriver jusqu’à eux ; d’autant plus qu’il n’y a pas de chemin frayé qui y conduise. ― Hébreu : « Il creuse un puits [de mine], loin des voyageurs, [là, sont les ouvriers], oubliés sous les pieds [des passants] ; suspendus [à des cordes], loin [du regard] des hommes, ils se balancent. »

28.5 Pain se prend souvent dans l’Ecriture pour nourriture, aliment en général. Le sens du verset est donc : Une terre auparavant cultivée et fertile, depuis que les mineurs l’ont découverte, a été bouleversée à l’intérieur à cause des fourneaux qu’il a fallu y établir, pour faire fondre les métaux. ― Hébreu : « Et la terre, d’où sort le pain, [l’homme] bouleverse ses entrailles comme le feu. »

28.6 Hébreu : « Ses pierres recèlent le lapis-lazuli, [elles contiennent] des paillettes d’or. »

28.7-8 Hébreu : « Le sentier [qui y conduit], l’oiseau de proie ne le connaît pas, l’œil du vautour ne l’a pas vu ; les animaux féroces ne l’ont pas foulé, le lion rugissant n’y a pas marché. »

28.9-11 Hébreu : « [L’homme] a porté sa main sur le granit, il ébranle les montagnes [jusque dans leur racine] ; il creuse des canaux dans le roc, alors son œil voit tout ce qui est précieux : il ferme [les fissures des rochers pour empêcher] les eaux de filtrer, et il produit à la lumière [du jour] ce qui était caché. »

28.15 Voir Sagesse, 7, 9.

28.16 Aux tissus colorés de l’Inde ; en hébreu : à l’or d’Ophir.

28.17 Comme l’époque reculée à laquelle vivait Job, le verre était très rare, il a pu le compter parmi les choses les plus précieux.

28.18 La sagesse, etc. Selon l’hébreu : La possession de la sagesse est plus que les coraux rouges, ou que des perles.

28.25 Qui a fait un poids, etc., c’est-à-dire qui a pesé les vents et mesuré les eaux, de manière à les contenir les uns et les autres dans de certaines limites.

29.1 Job prenant encore, etc. Voir Job, 27, 1. ― XIe discours de Job, du chapitre 29 au chapitre 31. ― En décrivant d’une manière si éloquente l’impénétrabilité de la sagesse divine, Job a montré à ses amis combien il était téméraire de leur part de vouloir assigner les raisons pour lesquelles Dieu le faisait souffrir. Comme ils ne lui répondent rien, Job commence un long discours, divisé en trois parties : ― I. il décrit sa félicité passée, qu’il ne peut se rappeler sans douleur dans son état présent ; ― II. il décrit ensuite ses douleurs actuelles ; ― III. enfin il dit combien elles sont pour lui inexplicables, parce qu’il n’a pas conscience de les avoir méritées par ses péchés. Ce discours est moins une continuation de la discussion qu’une récapitulation méthodique et complète de ce qu’il avait avancé déjà : ― 1° qu’il n’a pas mérité son malheur et ― 2° qu’il en ignore la cause. ― Ire partie : Félicite passée, chapitre 29. ― 1° Souvenirs mélancoliques du bonheur, des honneurs et de la considération dont il a autrefois joui, versets 2 à 11. ― 2° La considération dont il jouissait était méritée par son zèle à défendre les droits de l’opprimé ; c’est pourquoi il croyait pouvoir compter sur la stabilité de son bonheur, versets 12 à 20. ― 3° Il inspirait à tous confiance, et cette confiance était fondée sur la peine qu’il prenait pour l’intérêt du prochain, versets 21 à 25.

29.2 Job, voyant que ses amis ne répondaient pas à ses raisons, continue à parler dans ce chapitre et les deux suivants. C’est ici un discours nouveau, mais qui tend au même but que les précédents. Il y fait d’abord son apologie en réponse aux reproches injustes que lui avait faits Eliphaz (voir Job, 22, verset 5 et suivants). Il termine par une peinture de ses maux, et soutient qu’ils ne sont pas la punition de ses crimes passés (du chapitre 29 au chapitre 31).

29.3 Sa lampe, etc. dans un grand nombre de passages de la Bible, la lumière marque la prospérité, et les ténèbres l’adversité.

29.6 Je lavais mes pieds, etc. Ces expressions hyperboliques indiquent une grande abondance. ― Le beurre est ordinairement à l’état liquide en Orient.

29.14 L’équité de mes jugements. La Vulgate dit simplement mon jugement ; mais le terme hébreu signifie aussi quelquefois jugement équitable. Or le contexte exige qu’on lui donne ici ce sens.

29.18 Comme le palmier. En hébreu : comme le sable. Quelques modernes traduisent à tort : comme le phénix.

29.23 Dans ces contrées orientales, il ne pleut guère qu’en deux saisons de l’année, au printemps et en automne. Comme les pluies de l’automne succèdent aux grandes chaleurs de l’été, et lorsque la terre était toute desséchée, et comme altérée, les auteurs sacrés empruntent de là des images, pour marquer une grande avidité, un ardent désir.

29.24 La lumière de mon visage ; c’est-à-dire un regard gracieux de ma part. ― Ne tombait pas à terre ; n’était pas négligé, était au contraire très bien accueilli.

30.1 IIe partie du XIe discours de Job : Malheurs présents, chapitre 30. ― Ils sont décrits en trois tableaux qui commencent tous par le mot maintenant. ― 1° Maintenant les hommes les plus méprisables s’élèvent contre lui, versets 1 à 8 ; ― 2° maintenant il est pour eux un objet de moquerie ; ils l’attaquent de toutes leurs forces, versets 9 à 15 ; ― 3° maintenant il a cependant assez à souffrir, sans cette peine de surcroît, de la part de ses propres maux et de la part de Dieu, versets 16 à 23. ― 4° Combien moins ses amis devraient-ils se tourner contre lui, puisque sa félicité s’est changée en une douleur si cruelle ! Versets 24 à 31.

30.2 Dont je comptais pour rien, etc. ; la force de leur bras m’était entièrement inutile ; je n’avais nullement besoin de leur secours.

30.3 Ce qu’ils pouvaient y trouver. Ces mots ou autres semblables sont sous-entendus ; à moins qu’on ne considère comme complément du verbe actif rongeaient (rodebant), les mots herbes (herbas) et écorces d’arbres (arborum cortices) ; genre de construction qui n’est pas rare dans la Vulgate.

30.4 Des herbes, en hébreu malouakh, kali des Arabes, espèce d’accroche, d’une saveur salée, dont les pauvres mangent les bourgeons et les feuilles jeunes. Quelques philosophes pythagoriciens s’en nourrissaient aussi, au rapport d’Athénée. ― La racine des genévriers. Le mot original rôhtem, a été rendu par genévrier dans les anciennes versions, mais on s’accorde généralement aujourd’hui à le traduire par genêt. L’abondance du genêt dans une partie du désert du Sinaï fit donner son nom, Rithmah, à un des campements des Israélites dans la péninsule, voir Nombres, 33, 18. La racine de cette plante est très amère.

30.6 Dans les cavernes. Il est question ici d’une espèce de Troglodytes ou d’un peuple semblable à celui que mentionnent Genèse, 14, 6, et Deutéronome, 2, 12, les Chorréens ou Horrhéens. Ces derniers étaient les habitants aborigènes du mont Séir, probablement les alliés des Emim et des Réphaïm. Ils en furent chassés par les enfants d’Esaü. On voit encore par centaines leurs habitations, taillées dans le grès, dans les montagnes d’Edom et surtout à Pétra. Les Troglodytes dont parle Job habitaient le Hauran, dont le nom signifie peut-être « terre des cavernes », parce que les cavernes y abondent. Elles sont encore aujourd’hui en parties habitées. M. Drake en a fait la description suivante, qui nous fait connaître en même temps la vie misérable des Troglodytes, semblable à celle des contemporains de Job. « Ils habitent les antiques cavernes, en commun avec leurs vaches, les brebis et les boucs. L’entrée est généralement un passage taillé dans le roc, d’environ un mètre de large, ouvert au-dessus, et descendant soit par un plan incliné, soit par de petites marches à la porte de la caverne, qui est d’un peu plus d’un mètre sur 0.75 centimètre (?). Les parois de la caverne sont rarement polies. Elle est de forme circulaire ou ovale et a rarement deux mètres de hauteur. Le milieu est occupé par le bétail ; la partie réservée pour la portion humaine des habitants est marquée et délimitée par une ligne de pierres. On porte chaque matin le fumier au dehors… Lorsqu’une pluie abondante amène dans la caverne quelques centimètres d’eau, cette eau, jointe à l’humidité des murs, aux moustiques, à la vermine, à la mauvaise odeur qu’exhalent hommes et bêtes, fait de cette habitation la plus affreuse des étables. Et cependant les hommes indolents, bien constitués, qui possèdent cette écurie, sont trop paresseux pour se construire une hutte. Ils préfèrent demeurer dans ces cavernes que leur ont léguées leurs ancêtres et ils errent sur les collines avec leurs troupeaux, ou bien enveloppés dans leurs haillons, ils sommeillent dans quelque coin abrité, sans autre désir que de remplir leur estomac d’herbes sauvages qu’ils mangent crues. Ces herbes sauvages, du pain de millet et le lait diversement préparé forment leur nourriture ordinaire. »

30.7 Sous des ronces. Hébreu : les ronces, ou plutôt les orties leur servent de couche.

30.8 Qui ne paraissent, etc. ; c’est-à-dire qui n’osent pas paraître, se montrer dans leur patrie, parmi leurs concitoyens. ― Hébreu : race insensée, gens sans aveu, ils sont le rebut de la terre. La région que décrit Job a été de tout temps habitée par des pillards, vivant en partie de brigandage. La population actuelle de la Trachonitide orientale, qui porte aujourd’hui le nom arabe fort significatif de Ledjah, c’est-à-dire refuge, parce que c’est là en effet que se réfugient comme dans un repaire inaccessible les aventuriers et les bandits, rappelle particulièrement ce trait de la description de Job.

30.11 Il m’a mis un frein à la bouche. Les bas-reliefs assyriens représentent des hommes à qui l’on a mis réellement un frein à la bouche.

30.12 Ils ont renversé mes pieds, effet de la maladie de Job.

30.17 Ceux qui, etc., peut s’entendre de ses ennemis, ou mieux peut-être, des vers qui le rongeaient.

30.18 Comme d’un capuchon de tunique. C’est le sens qui nous a paru le mieux concorder avec : ils m’ont couvert, littéralement entouré (succinxerunt). Ainsi cette phrase signifie, comme le remarque Ménochius, que les vers qui rampaient au-dessus du cou de Job formaient comme un capuchon qui entourait et couvrait sa tête.

30.19 Je suis devenu comme la boue. Détails pathologiques, exprimés métaphoriquement, sur l’éléphantiasis dont souffre Job. Dans cette maladie, la peau se colore d’abord fortement en rouge ; elle devient ensuite noire et écailleuse et a l’apparence d’une croûte terreuse et sale.

30.22 Me posant comme sur le vent, etc. Me tenant comme suspendu en l’air, c’est-à-dire après m’avoir élevé, vous m’avez laissé tomber, etc.

30.23-24 Tous les hommes vont à la mort ; mais vous ne voulez pas leur perte entière ; vous les conservez dans cette vie. S’ils font quelques faux pas, vous les relevez. Voilà, Seigneur, la conduite que vous tenez envers le commun des hommes ; mais pour moi, il semble que vous vouliez en tenir une autre.

30.27 N’a cessé de brûler ; c’est le vrai sens de l’hébreu, qui porte à la lettre : Elles (mes entrailles) ont brûlé et n’ont pas cessé. C’est aussi celui de la Vulgate, car l’expression absque ulla requie, qu’on traduit par sans aucun repos, et qui signifie sans aucune interruption, sans jamais cesser, se rapporte à entrailles, et non pas à Job.

30.29 J’ai été frère des dragons (en hébreu : des chacals) et compagnons des autruches, c’est-à-dire je leur suis devenu semblable par les cris que m’arrache la douleur. Le glapissement du chacal fatigue tous ceux qui l’entendent, et le cri strident de l’autruche a quelque chose plaintif et de lugubre qui remplit d’effroi. « Lorsque les autruches, raconte un voyageur, se préparent à la course ou au combat, elles font sortir de leur grand cou tendu et de leur long bec béant un bruit sauvage, terrible, semblable à un sifflement. Dans le silence de la nuit, elles poussent des gémissements plaintifs et horribles qui ressemblent parfois de loin au rugissement de lion, mais plus souvent au beuglement enroué du taureau. Je les ai entendues souvent gémir, comme si elles étaient en proie aux plus affreuses tortures. » (SHAW.)

30.31 Orgue. Voir, pour le sens de ce mot, Job, 21, 12.

31.1 IIIe partie du XIe discours de Job : Conscience de son innocence, chapitre 31. ― Du moins sa conscience est-elle pour lui. ― 1° Il ne s’est jamais abandonné à ses passions, versets 1 à 12 ; ― 2° il ne s’est jamais servi de sa force pour traiter injustement les faibles, versets 13 à 23 ; ― 3° il n’a jamais été arrogant, comme on le lui a reproché, ni envers Dieu ni envers les hommes, versets 24 à 40.

31.6 Ma simplicité ; c’est-à-dire ma droiture, mon innocence.

31.7 La voie droite, juste.

31.11 L’adultère ; littéralement Cela (hoc), ce dont Job vient de parler. Or c’est l’adultère qu’il a désigné dans les deux versets précédents.

31.12 Jusqu’à la perdition. Le terme hébreu abaddôn signifie aussi le lieu de perdition, l’enfer. Comparer à Job, 26, 6. ― L’adultère est effectivement une vraie flamme qui dévore et les richesses, et la réputation, et les qualités les plus excellentes du corps et de l’âme. L’adultère extirpe encore toutes les productions, c’est-à-dire toute la race ou les enfants légitimes.

31.13 Ici commence une suite de phrases conditionnelles entrecoupées de parenthèses que nous avons cru devoir marquer du signe ordinaire, comme on l’a fait dans le latin, au verset 18, pour faciliter l’intelligence du texte. C’est au verset 22 que se trouve la conclusion de ces phrases. ― Si j’ai dédaigné, etc. Les esclaves régulièrement n’avaient pas d’action contre leur maître, en public devant les juges ; le maître avait sur eux un droit absolu ; mais en particulier, les esclaves pouvaient se plaindre ; et il était de l’équité de leur maître d’écouter leurs humbles remontrances et de leur faire justice.

31.21 A la porte de la ville ; c’était là qu’étaient placés les tribunaux et que se tenaient les assemblées du peuple.

31.23 Ce verset et les suivants sont encore des phrases conditionnelles entremêlées de parenthèses, dont le sens est suspendu, jusqu’au verset 35, qui leur sert de conclusion.

31.27 Les peuples anciens qui adoraient les astres, étendaient ordinairement la main vers eux et la portaient ensuite à leur bouche pour la baiser.

31.31 Qui nous donnera… de sa chair ? Les uns entendent de la chair de l’ennemi de Job, les autres de la propre chair de Job, ou supposant que ses serviteurs étant très mécontents de lui, parce qu’il rendait leur service trop pénible et trop fatigant en pratiquant l’hospitalité envers tout le monde et en tenant dans sa maison une discipline trop sévère, exprimaient ainsi leur mécontentement, ou ne voyant dans ces mots que l’expression d’un sentiment si tendre et d’un si vif attachement pour leur maître, qu’ils auraient, pour ainsi dire, souhaité de le manger ; expression analogue à dévorer des yeux, manger de caresses, etc. Quoi qu’il en soit de ces diverses interprétations, Job a voulu dire que, lorsqu’il était excité à la vengeance même par les gens de sa maison, il n’a pas cédé à ce sentiment.

31.33 Comme homme, est le texte même de la Vulgate : Quasi homo. On prend généralement le mot homme pour un nom collectif, et on traduit : Comme le font ordinairement les hommes. L’hébreu pouvait signifier Comme Adam, le chaldéen ayant traduit ainsi, plusieurs habiles interprètes, soit catholiques, soit protestants, ont adopté ce sens, qui paraît d’ailleurs parfaitement conforme au texte.

31.35-36 Un livre, contenant sa sentence. ― Celui qui juge ; le juge par excellence, le juge suprême, Dieu. Après avoir exposé son innocence, Job demande à son souverain juge qu’il daigne prononcer et écrire sa sentence, parce que, loin de craindre qu’elle ne lui soit défavorable, il la portera au contraire comme un trophée et s’en parera comme d’un ornement précieux.

31.36 Sur mon épaule. Chez les Hébreux, comme chez plusieurs autres peuples de l’antiquité, les princes et les grands portaient sur leurs épaules les marques de leurs dignités. Voir Isaïe, 9, 6 ; 22, 22.

31.37 Comme à un prince ; comme un présent digne d’un prince ; selon d’autres : comme à mon prince ; ce qui est s’écarter du texte. L’hébreu porte littéralement Comme un prince je le présenterai ; ce que l’on explique ainsi : Je donnerai ce livre à lire qui voudra, avec la même assurance, la même hardiesse qu’un prince qui présente les titres de sa qualité, qui prononce une sentence ou qui donne ses ordres.

31.39 Sans argent, sans les payer.

31.40 Les paroles de Job sont finies ; c’est-à-dire ses paroles à ses amis ; il ne leur parle plus, en effet, dans la suite, il répond seulement à Dieu, qui intervient pour terminer le différend.

32.2 IIIe partie : Intervention d’Eliu, du chapitre 32 au chapitre 37. ― La conclusion de Job, c’est qu’étant innocent il ne sait pas pourquoi Dieu l’afflige. Eliu intervient et veut lui apprendre la raison de ses souffrances. C’est un jeune homme, issu probablement d’une branche collatérale de la famille d’Abraham, voir Job, 32, vv. 2, 6 ; Genèse, 22, 21. Il a écouté en silence, comme il convenait à sa jeunesse, mais non sans indignation, des hommes plus âgés que lui, voir Job, 32, 6-7, qui lui paraissent avoir avancé beaucoup d’erreurs. Poussé par une inspiration divine, il s’adresse maintenant aux deux partis. Ils se sont tous trompés, puisqu’ils n’ont vu ni les uns ni les autres un des principaux buts de la souffrance : c’est que Dieu parle à l’homme par la voix de la douleur et lui enseigne toutes les vertus. Tout en faisant ressortir ce caractère médicinal, préventif et didactique de la souffrance, Eliu redresse accessoirement ce qui lui a paru faux à un degré quelconque dans les paroles de Job et de ses amis. Ses discours sont au nombre de quatre. Les Pères les ont sévèrement jugés. Eliu est en effet présomptueux et avide de faire étalage de sa science, mais il n’en fait pas moins ressortir une vérité nouvelle, qui n’avait pas encore été présentée, celle de l’utilité de la souffrance pour purifier l’homme et l’instruire ; ce qui montre que le juste lui-même peut être affligé. Il prépare ainsi la manifestation de Dieu, en faisant cesser les plaintes de Job ; Dieu n’a plus, en paraissant, qu’à faire confesser à Job qu’il a eu tort de se plaindre.

32.6 Ier discours d’Eliu : L’homme n’est pas sans tache aux yeux de Dieu, chapitres 32 et 33. ― Après l’introduction historique, en prose, chapitre 32, versets 1 à 6a, dans laquelle sont mentionnées l’indignation de Job contre ses amis, versets 1 et 3, et les raisons qu’a eues Eliu de se taire d’abord et de parler maintenant, ― 1° Eliu commence en disant qu’il a laissé parler les amis plus âgés de Job, dans l’espérance qu’ils le réfuteraient mais puisqu’il s’est trompé, il prend la parole, versets 6b à 14. ― 2° Quand ils ont eu fini leurs discours, il s’est tu quelque temps encore ; l’esprit le pousse maintenant à exposer sans partialité ce qu’il pense, versets 15 à 22. ― 3° Que Job l’écoute, car il sera sincère et clair ; Job n’a pas d’ailleurs à craindre devant lui comme devant Dieu, puisqu’il est son semblable, chapitre 33, versets 1 à 7. ― 4° Quand il a fini ce long exorde, il entre dans le cœur de son sujet. Job s’est déclaré innocent à l’encontre de Dieu, mais il est faux que Dieu ne manifeste pas à l’homme sa volonté, il la lui manifeste de plusieurs manières, d’abord par des visions de nuit, versets 8 à 18 ; ― 5° ensuite par la souffrance et par la maladie, qui est un des langages de Dieu. Ces coups ne doivent pas décourager l’homme, mais plutôt, au moyen de l’intercession des saints, lui faire reconnaître ses péchés, versets 19 à 30. ― 6° Péroraison : Job peut continuer à l’écouter tranquillement ou lui répondre, versets 31 à 33.

32.7 Qu’un âge aussi avancé… qu’une multitude d’années, est dit par métonymie, pour des hommes d’un âge aussi avancé ; … des hommes qui ont une multitude d’années.

32.13 N’allez pas dire, etc. Il ne suffit pas de dire que Dieu lui-même l’a rejeté, que ce qu’il souffre est une preuve plus manifeste de son péché, que tout ce que nous pourrions dire ; il faut le convaincre, et venger la justice de Dieu offensée par ses discours insolents.

32.19 Sans air ; littéralement sans soupirail, expression qui se rapporte en réalité à outres neuves, mais que par une métonymie très familière aux écrivains sacrés le texte rapporte à vin nouveau.

33.2 Que ma langue parle dans ma gorge. Les Hébreux, dans les récits, exprimaient souvent l’action matérielle et physique. C’est ainsi qu’on lit dans 1 Rois, 10, 9 : Lorsqu’il eut détourné son épaule, pour s’en aller. Ces sortes d’expressions sont de vrais archaïsmes, qui n’ont pas été compris par tous les hébraïsants, mais que nous avons dû conserver dans notre Traduction, sans nous inquiéter des sarcasmes de quelques Voltairiens ignorants.

33.9 Je suis pur, etc. Job soutenait son innocence contre les calomnies de ses amis ; mais il ne prétendait pas être absolument pur de toute faute aux yeux de Dieu ; car il dit le contraire en plusieurs endroits, notamment à Job, 7, 20-21 ; 9, 2-3 ; 13, vv. 23, 26 ; 14, 16-17.

33.11 Les chaînes ; littéralement le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des nerfs, mais qui s’applique aussi aux cordes, aux chaînes, aux menottes et aux colliers qu’on mettait aux criminels. Voir 2 Paralipomènes, 16, 10.

33.20 Durant sa vie de malade ; dans l’état où il est.

34.1 IIe discours d’Eliu : Apologie de la justice divine, chapitre 34. ― Job ne lui répond rien. Eliu a consacré en partie son premier discours à montrer que Dieu n’est pas injuste envers l’homme ; il consacre le second tout entier à développer cette idée et à établir que Dieu gouverne le monde avec équité. ― 1° Il prie les assistants de l’écouter et de prononcer. Job accuse Dieu de ne pas le traiter avec justice, versets 2 à 9 ; ― 2° mais comment Dieu pourrait-il être injuste, puisqu’il créé et gouverne le monde librement ? Versets 10 à 18. ― 3° La justice de Dieu envers ses créatures éclate de toutes parts : sa toute-puissance et sa science infinie lui permettent de juger avec pleine justice, versets 19 à 28. ― 4° Comment pourrait-on calomnier les voies de Dieu, puisqu’il se propose comme but le bien des hommes ? On doit plutôt s’humilier devant lui, et c’est parce que Job ne le fait pas qu’il mérite le châtiment divin, versets 29 à 37.

34.3 Voir Job, 12, 11.

34.4 Formons-nous, etc. ; c’est-à-dire discutons, examinons ensemble, en commun, toute cette dispute, et voyons ce qui s’y trouve de plus vrai, de plus juste.

34.5 Mon bon droit ; littéralement Mon jugement. Le mot jugement (judicium) de la Vulgate, comme le terme hébreu dont il est la traduction, signifie aussi juste jugement, cause juste, justice, etc. Job veut dont dire ici que Dieu, en l’affligeant, fait que sa juste cause paraît injuste.

34.6 Une flèche ardente, la maladie qui l’a blessé et couvert de plaies, comme s’il avait été frappé par une flèche qui produit des douleurs cuisantes.

34.9 Il aurait couru avec lui, dans ses voies ; hébraïsme, pour se conformer à ses désirs, ne faire que sa volonté.

34.12 Le bon droit. Voir le verset 5.

34.17 Celui qui est juste par excellence, Dieu.

34.18 Apostat, ellipse pour : Tu es un apostat. ― Le mot traduit par apostat est en hébreu Bélial, homme de rien, homme sans valeur, inutile.

34.19 Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Paralipomènes, 19, 7 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6 ; Ephésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17.

34.20 Sans la main de l’homme ; sans que la main d’un homme le frappe, parce que Dieu lui-même l’enlève par la maladie, etc.

34.27 Toutes ses voies. C’est ainsi qu’on traduit généralement ; selon nous, il serait plus exact de dire : Nulle, aucune de ses voies ; parce que, comme nous en avons déjà fait la remarque, le mot tout en hébreu, étant joint à une négation, signifie nul, aucun.

34.31 J’ai parlé à Dieu ; c’est ainsi que porte la Vulgate, et le texte hébreu ; mais comme la particule hébraïque, traduite dans la Vulgate par ad ou à, signifie quelquefois de, au sujet de, surtout quand elle est jointe aux verbes parler, dire, la plupart des traducteurs lui ont donné ce dernier sens. Dans son discours, en effet, Eliu a parlé de Dieu dont il a entrepris la défense contre les prétendus blasphèmes de Job, mais sans s’adresser directement à lui.

34.33 N’est-ce pas à toi, etc. ; selon d’autres : Est-ce à toi, etc. ; mais ce qui suit immédiatement : Car c’est toi qui as commencé, etc., s’oppose évidemment, selon nous, à cette dernière interprétation.

34.36 Mon père, c’est-à-dire, mon Dieu, selon la version chaldaïque et plusieurs interprètes. Sanchez pense qu’Eliu appelle ainsi Eliphaz à cause de son grand âge et du respect dont il était environné. Cette explication semble mieux s’accorder avec ce qui suit.

34.37 Ses, omis dans la Vulgate, est exprimé en hébreu.

35.1 IIIe discours d’Eliu : réfutation de la seconde affirmation de Job sur l’inutilité de la confiance en Dieu, chapitre 35. ― Il développe dans ce discours l’idée qu’il avait déjà exprimée contre Job, voir Job, 34, 9, et il affirme que, par la piété ou l’impiété, l’homme se rend utile ou nuisible à lui-même. ― 1° Quand Job dit que la piété est inutile à l’homme, croit-il par là que l’homme puisse donner ou enlever quelque chose à Dieu ? Versets 2 à 8. ― 2° Ceux-là se plaignent en vain qui négligent, par présomption, de recourir à Dieu ; que Job prenne garde de leur devenir semblable ! Versets 9 à 16.

35.2 Je suis plus juste que Dieu. Job n’avait pas proféré un pareil blasphème ; mais il avait soutenu son innocence en des termes si forts, qu’il semblait en quelques endroits accuser Dieu d’injustice à son égard.

35.6 Lui représente Dieu, qui est exprimé au verset 2.

35.8 Fils d’un homme ; expression poétique, synonyme du mot homme.

35.9 Calomniateurs. Ce mot et calomnie signifient souvent dans la Vulgate, oppresseurs injustes, injuste oppression. ― Ils crieront ; c’est-à-dire les méchants opprimés par d’autres méchants crieront, mais ils ne seront pas exaucés, parce qu’ils ne crieront pas à Dieu, comme il est dit au verset 2.

35.10 Aucun d’eux, est sous-entendu ; c’est le sujet du verbe singulier a dit (dixit). Dans les récits de cette nature, les écrivains sacrés mettent très souvent le verbe au singulier en sous-entendant chacun ou nul, aucun, suivant que la phrase est affirmative ou négative.

35.14 Même lorsque, etc. Il y a dans ce verset une ellipse qui le rend tout à fait inintelligible. Or en insérant entre : Il ne considère pas et juge-toi toi-même, ces mots : Ta pensée était-elle équitable ? mots qu’on lit au verset 2, dans une phrase semblable, on a un sens parfaitement clair et suivi.

35.15 Maintenant ; c’est-à-dire dans ce monde.

36.1 IVe discours d’Eliu : Dieu afflige l’homme pour le garder du péché et l’exciter au repentir, chapitres 36 et 37. ― Dans son dernier discours, Eliu explose encore plus complètement les motifs pour lesquels Dieu permet que le juste soit affligé : c’est pour le tenir en garde contre le péché, ou, s’il a péché, pour l’exciter au repentir. ― 1° Son exorde annonce des raisons décisives en faveur de sa thèse, chapitre 36, versets 2 à 4. ― 2° Dieu est tout-puissant, mais il ne dédaigne personne, et c’est ce qu’il montre en éprouvant ceux qu’il aime, versets 5 à 12. ― 3° C’est pour le plus grand bien de Job que Dieu l’afflige ; il doit donc veiller à ne pas perdre par sa faute la bénédiction que Dieu veut répandre sur lui, versets 13 à 22. ― 4° L’homme doit louer humblement ce maître incomparable qui manifeste sa puissance et sa sagesse par ses œuvres merveilleuses et par les phénomènes atmosphériques, versets 23 à 33. ― 5° Eliu décrit en détail l’orage, sa magnificence et ses suites, chapitre 37, versets 1 à 13. ― 6° En face de pareils spectacles, Job peut bien reconnaître sa faiblesse et son ignorance, comme Eliu reconnaît la sienne, versets 14 à 24. C’est la conclusion naturelle des discours d’Eliu et la préparation de l’apparition de Dieu qui se manifeste maintenant au sein d’une de ces tempêtes que l’orateur vient de décrire.

36.2 Ecoute-moi ; littéralement souffre-moi, supporte-moi.

36.10 Il découvrira leur oreille ; c’est-à-dire il ouvrira. Comparer à Job, 33, 16. Le mot découvrir est aussi dans le texte hébreu ; il signifie proprement, écarter les cheveux ou toute autre chose qui couvre les oreilles.

36.14 Leur âme. On a dû déjà remarquer que les Hébreux, comme les Arabes, prennent souvent l’âme pour la personne, l’individu. ― Dans la tempête d’une mort subite et violente.

36.15 Il découvrira, etc. Comparer au verset 10.

36.16 La table… sera pleine de viandes grasses ; littéralement et par hypallage, figure grammaticale très familière aux écrivains sacrés : Le repas de ta table sera plein, etc.

36.17 Tu recevras, etc. Comme ta cause est très mauvaise, le jugement que tu subiras, sera proportionné à cette cause ; il sera très mauvais pour toi, très défavorable.

36.20 N’allonge pas, etc. Ne prolonge pas le temps de ton sommeil ; lève-toi au contraire de bon matin, afin que les tribus de pasteurs puissent se présenter devant toi pour que tu leur rendes la justice, au lieu de ces dominateur insolents, (voir verset 19) dont tu aimes à t’environner.

36.24 Son œuvre ; c’est-à-dire l’œuvre de la création, ou bien ses ouvrages en général, en supposant que l’opus de la Vulgate soit un nom collectif. ― Que les hommes ont chantée. Les anciens ne conservaient guère la mémoire des grands événements que par des cantiques composés exprès.

36.25 Tous les hommes le voient dans ses œuvres. ― Chacun le considère de loin, et par conséquent d’une manière imparfaite, confuse et avec une certaine obscurité. Comparer à 1 Corinthiens, 13, 12.

36.29 S’il veut étendre les nuées pour s’en servir comme d’une tente. On supposait que Dieu habitait dans une tente ou pavillon composé de nuées qui l’environnaient de toutes parts et en dérobaient la vue aux hommes.

37.1 C’est pour cela ; c’est à cause des merveilles dont je viens de parler, et surtout du tonnerre dont les effets sont si terribles et dont la cause est si inconnue. ― « Dans le 37e chapitre,… on sent que les accidents météorologiques qui se produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent, suivant la direction des vents, les jeux bizarres de la lumière, la formation de la grêle et du tonnerre, avaient été observés avant d’être décrits. Plusieurs questions aussi sont posées, que la physique moderne peut ramener sans doute à des formules plus scientifiques, mais pour lesquelles elle n’a pas trouvé encore de solution satisfaisante. On tient généralement le livre de Job pour l’œuvre la plus achevée de la poésie hébraïque. Il y a autant de charme pittoresque dans la peinture de chaque phénomène que d’art dans la composition didactique de l’ensemble. Chez tous les peuples qui possèdent une traduction du livre de Job, ces tableaux de la nature orientale ont produit une impression profonde : « Le Seigneur marche sur les sommets de la mer, sur le dos des vagues soulevées par la tempête. ― L’aurore embrasse les contours de la terre et façonne diversement les nuages comme la main de l’homme pétrit l’argile docile. » Nous y voyons “ l’air pur, quand viennent à souffler les vents dévorants du sud, étendu comme un métal en fusion sur les désert altérés. ” » (Alex. De HUMBOLDT.)

37.2 Le tonnerre est souvent appelé dans l’Ecriture la voix de Dieu.

37.3 Il considère tout ce qui se passe sous le ciel. ― Sa lumière ; c’est-à-dire les éclairs qui accompagnent le tonnerre.

37.4 Après lui. Partout où il va, des bruits effrayants annoncent sa présence. Selon d’autres : Après l’éclair, qui est représenté dans le verset précédent par le mot lumen ; mais ce mot étant du genre neutre, eum qui est du masculin ne saurait s’y rapporter. ― On ne pourra la comprendre ; on ne pourra rien dire de certain et d’incontestable sur la cause, sur le lieu et sur les circonstances du tonnerre.

37.6 Ses fortes ondées ; littéralement Les ondées de sa force ; ce genre de construction est assez usité dans le style biblique.

37.7 Qui met un sceau, etc. Nous sommes tous comme les esclaves de Dieu, qui a gravé, pour ainsi dire, dans la main de chaque homme son emploi, sa qualité et son rang, son engagement. Cette coutume d’imprimer des marques aux esclaves, est connue dans toute l’antiquité, et on la pratique encore aujourd’hui dans l’Orient. Comparer à Isaïe, 44, 5 ; Ezéchiel, 9, 6 ; Apocalypse, 7, 3 ; 13, 16. Chez les Romains, on imprimait avec un fer chaud une certaine marque aux soldats qu’on enrôlait. Voir Veget., liv. I, chap. VIII ; liv. II, chap. V. Eliu peut donc faire ici allusion à cet ancien usage, pour montrer notre dépendance du Seigneur. Cependant d’autres expliquent ce passage dans le sens que Dieu, pendant les orages, ferme la main des hommes et la scelle, en quelque sorte, pour les empêcher de travailler à la terre, et qu’ils reconnaissent que toutes leurs œuvres ne se font que par l’ordre du Seigneur.

37.9 D’Arcturus, la constellation de la grande Ourse.

37.13 Dans une tribu étrangère, où Dieu est inconnu. ― Dans sa terre, dans une terre qui est à lui, où il a ses adorateurs. Comparer à Psaumes, 68, 10. ― Lieu de sa miséricorde ; c’est-à-dire lieu où il veut répandre sa miséricorde.

37.16 Les sciences parfaites, qui sont nécessaires pour comprendre les phénomènes relatifs aux nuées.

37.18 Comme s’ils avaient été coulés en bronze, c’est-à-dire comme des miroirs de bronze, car c’est le sens de l’original. Les miroirs ne sont mentionnés dans l’Ecriture que dans ce passage et Exode, 38, 8. Tous les miroirs des anciens étaient en métal ; c’est ce qui explique la comparaison renfermée dans ce verset. On a trouvé en Egypte un grand nombre de miroirs antiques. Ils sont fabriqués avec un métal composé principalement de cuivre. L’habileté des Egyptiens à mélanger les métaux était telle qu’on a pu rendre leur pouvoir réflecteur à quelques-uns de ceux qui ont été découverts à Thèbes, quoiqu’ils fussent ensevelis dans la terre depuis des siècles.

37.20 Absorbé ; accablé par la grandeur du sujet et le poids de la majesté de Dieu.

37.22 Du temps de Job, de Moïse, de Salomon, et encore longtemps depuis, l’or venait du côté de la Colchide, de l’Arménie, du pays d’Ophir, qui sont tous au septentrion de la Judée et de l’Idumée, et qui sont ordinairement désignés dans l’Ecriture sous le nom de pays du nord.

38.1 IVe partie : Apparition et discours de Dieu, du chapitre 38 au chapitre 41. ― Ce que Job avait si ardemment souhaité, voir Job, 13, 22, arrive enfin : Dieu apparaît. Le mystère de la souffrance n’a pas encore été complètement éclairci. Il est démontré que la thèse des trois premiers adversaires de Job est insoutenable ; il est établi que les idées de Job ne sont pas non plus toutes également justes ; cependant Eliu lui-même n’a pas dit le dernier mot. Les souffrances du saint patriarche ont eut pour but de manifester la sincérité de sa vertu et de démontrer que la fidélité au devoir peut subsister dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, mais aucun des interlocuteurs ne l’a soupçonné, et, à vrai dire, ce but ne pouvait être connu que par une révélation. A Dieu seul il appartient de trancher le différend ; lui seul peut distribuer à chacun le blâme et l’éloge, déclarer Job innocent, tout en lui reprochant les excès de parole dans lesquels il s’est laissé entraîner ; faire sentir à ses trois amis leur dureté et leur opiniâtreté. Il semble que Dieu ne saurait intervenir sans s’abaisser, et cependant comme il apparaît en maître souverain ! Il ne se justifie pas, il ne dit pas un seul mot pour expliquer sa conduite, il dédaigne de parler des questions spéculatives qui ont été l’objet du débat ; il a fait résoudre le problème en tête du livre par l’écrivain inspiré, qui nous a découvert le secret divin dans le prologue. Maintenant les choses se passent tout autrement que Job ne l’avait imaginé, quand il réclamait la présence de Dieu. Surpris, accablé par les questions que son Seigneur lui adresse, il comprend quelle a été sa présomption et son imprudence, il s’humilie et se tait. Dieu veut nous rappeler notre ignorance, nous apprendre à nous abaisser devant lui et à reconnaître que la véritable sagesse consiste à ne pas tenter de pénétrer ce qui est impénétrable. Comment pourrions-nous sonder les plans du Seigneur et scruter ses desseins, puisqu’il est si grand et que nous sommes si petits ?

38.2 Discours de Dieu, du chapitre 38 au chapitre 41. ― Il se divise en trois parties. La première renferme la description des phénomènes de l’ordre physique, la seconde la description du règne animal, la troisième celle de deux animaux particulièrement remarquables, l’hippopotame et le crocodile. La première et la seconde partie sont à peu près d’égale longueur, chapitre 38, versets 1 à 38 ; du chapitre 38, verset 39, au chapitre 39, verset 30 ; la troisième a près du double de longueur, chapitres 40 et 41. ― Ire partie, chapitre 38, versets 1 à 38. ― 1° Dieu interroge Job. Lui qui veut disputer avec le Tout-Puissant, a-t-il assisté à la création, à l’emprisonnement de l’océan et à l’asservissement de la lumière ? Versets 2 à 15. ― 2° A-t-il découvert le secret des mystères de la nature, versets 16 à 30, et ― 3°, en particulier des lois qui régissent les astres ? Versets 31 à 38.

38.3 Ceins, etc. Ceindre ses reins se disait chez les anciens Hébreux d’un homme qui entreprend un voyage, ou qui va au combat. ― Et tu me répondras ; littéralement et par hébraïsme : Et réponds-moi.

38.7 Les fils de Dieu ; c’est-à-dire les anges. Comparer à Job, 1, 6.

38.12 Son lieu ; le lieu où elle doit naître.

38.13 As-tu tenu, en les ébranlant, les extrémités de la terre, comme on saisit les deux bords d’un manteau ou d’un tapis pour le secouer.

38.14 Elle ; c’est-à-dire la terre. Cette explication, donnée par beaucoup d’interprètes, paraît la plus simple, la plus naturelle et la mieux liée à ce qui précède ; mais alors il faut supposer que dans la Vulgate, le substantif signaculum est mis pour l’adjectif signatorium, sorte d’hébraïsme qu’elle imite d’ailleurs assez souvent. Le sens de ce passage expliqué grammaticalement de cette manière sera donc que la terre, après que les méchants en auront disparu, reprendra son ancienne forme, comme une terre molle reprend la sienne, après qu’on y a appliqué un cachet, parce qu’elle n’a pas assez consistance pour conserver l’empreinte du cachet. ― Un vêtement magnifique, splendide ; c’est le sens de l’hébreu. ― Une terre molle de cachet. Les Orientaux se servent encore aujourd’hui, en guise de cire à sceller, d’une argile particulière.

38.21 Alors ; quand j’ai créé toutes ces choses.

38.22-23 Dieu tient la foudre, la neige, la grêle, les vents, la tempête, comme des armes toutes prêtes à agir contre ses ennemis. Comparer à Psaumes, 32, 7 ; 134, 7 ; Jérémie, 10, 13 ; 50, 25.

38.39 Empliras-tu l’âme ; c’est-à-dire rassasieras-tu la faim. ― IIe partie du discours de Dieu, du chapitre 38, verset 39 au chapitre 39, verset 35. Description du règne animal. ― 1° Nourriture du lion et du corbeau, enfantement de la biche, du chapitre 38, verset 39 au chapitre 39, verset 4. ― 2° Comparaison des animaux domestiques avec les animaux sauvages, du buffle avec le bœuf, de l’onagre avec l’âne, chapitre 39, versets 5 à 12. ― 3° Description de l’autruche, versets 13 à 18. ; ― 4° du cheval, versets 19 à 25 ; ― 5° de l’aigle, versets 26 à 30. ― Après ce tableau de sa puissance, Dieu demande à Job s’il va lui répondre. Job confesse qu’il a parlé avec légèreté et qu’il aurait dû se taire, versets 31 à 35.

38.41 Voir Psaumes, 146, 9.

39.1 Dans l’original, le premier animal est nommé littéralement grimpeur de rochers, c’est-à-dire chèvre sauvage, bouquetin, sorte de chamois semblable à celui de la Suisse et des Alpes Tyroliennes, qui habite les endroits les plus escarpés.

39.2 Les mois de leur conception ; c’est-à-dire les mois qui se sont écoulés depuis le moment où elles ont conçu leur fruit.

39.5 L’onagre. Cet animal est très célèbre en Orient à cause de la rapidité de sa course, et c’est de cette qualité qu’il paraît tirer son nom oriental. On assure qu’aucun cavalier ne peut l’atteindre. Les poètes orientaux comparent à un troupeau d’onagres un escadron de cavaliers qui passent avec la rapidité de l’éclair. C’est un animal très sauvage, d’un roux cendré, à longues oreilles, qui vit en troupes dans les déserts.

39.6 Une terre de sel ; c’est un terrain rempli de nitre, inculte, stérile.

39.9 Un rhinocéros. Dans l’original reem. Le nom de cet animal est diversement traduit. Les Septante l’ont rendu par licorne ; Aquila et la Vulgate par rhinocéros ; d’autres par oryx, espèce d’antilope ; Schultens, Gesenius, par buffle. Les questions qui se rapportent au reem, versets 9 à 12, et l’opposition qui est établie entre cet animal et le bœuf domestique prouvent qu’il s’agit du bœuf sauvage ou du buffle.

39.10 A tes traits ; aux traits de ta charrue. ― Après toi ; en labourant, les animaux vont devant le labourant, et en hersant. ― Vallons ; c’est-à-dire sillons, comme ont traduit les Septante.

39.13 Littéralement dans l’original : L’aile de l’autruche bat avec allégresse ; est-ce l’aile pieuse (de la cigogne qu’on appelle pieuse à cause de sa tendresse pour ses petits) ? Non ; est-ce l’aile prenant l’essor (ou l’aile de l’épervier) ? Non, car elle ne vole pas.

39.14 Les naturalistes et les voyageurs rapportent sur ce point des choses contradictoires. Si l’autruche ne néglige pas entièrement ses œufs, il paraît du moins certain qu’elle en prend peu de soin, surtout dans les jours qui suivent la ponte, et qu’elle les abandonne toujours quand elle est poursuivie par les chasseurs.

39.15 L’autruche fait son nid dans un trou qu’elle creuse dans le sable. Les œufs mal enterrés ou dispersés sont souvent la proie des chacals et des hyènes.

39.16 L’autruche travaille en vain, en pondant des œufs, en les plaçant dans un nid, en les couvant même pour un temps, puisqu’après cela elle les abandonne sans y être forcée par aucun motif de crainte. Si quelquefois les autres oiseaux quittent leur nid, c’est ou parce que leurs œufs ont été refroidis, ou qu’on a dérangé leur nid, ou qu’on les en a chassés et qu’on les a effarouchés. Mais l’autruche abandonne ses œufs, sans y être obligée par aucune de ces raisons.

39.17 On sait que l’autruche est un animal oublieux et stupide. C’est ainsi que la dépeignent les naturalistes. ― Plus sot qu’une autruche, dit un proverbe arabe.

39.18 Elle se rit ; etc. Pline dit (liv. X, chap. I) que, lorsque l’autruche est poursuivie par les chasseurs, elle étend ses ailes dont elle s’aide, comme de voiles, pour courir, et qu’elle court ainsi avec une vitesse qui approche du vol le plus rapide. Diodore de Sicile ajoute (liv. II) qu’en courant elle lance des pierres avec ses pieds par derrière si violemment que souvent elle tue les chasseurs. ― Les naturalistes confirment ces détails. « La course des autruches est très rapide, dit l’un d’eux. Les lévriers les plus agiles ne peuvent les atteindre. L’Arabe lui-même, monté sur son cheval, est obligé de recourir à la ruse pour les prendre, en leur jetant adroitement un bâton dans les jambes. Dans leur fuite, elles lancent derrière elles des cailloux comme des traits contre ceux qui les poursuivent. »

39.19 Environneras-tu, etc. ; c’est-à-dire peux-tu donner au cheval le hennissement qu’il fait retentir autour de son cou ? ― Rollin dit de la description du cheval : « Chaque mot demanderait d’être développé, pour en faire sentir la beauté… Les armées sont longtemps à se mettre en ordre de bataille… Tous les mouvements sont marqués par des signaux particuliers. Cette lenteur importune le cheval. Comme il est prêt au premier son de trompette, il porte avec impatience qu’il faille avertir tant de fois l’armée. Il murmure en secret contre tous ces délais, et ne pouvant demeurer en place, ni aussi désobéir, il bat continuellement du pied et se plaint en sa manière qu’on perde inutilement le temps à se regarder sans rien faire. Dans son impatience, il compte pour rien tous les signaux qui ne sont pas décisifs et qui ne font marquer que quelque détail dont il n’est pas occupé. Mais quand c’est tout de bon, et que le dernier coup de trompette annonce la bataille, alors toute la contenance du cheval change. On dirait qu’il distingue, comme par l’odorat, que le combat va se donner, et qu’il a entendu distinctement l’ordre du général, et il répond aux cris confus de l’armée par un frissonnement qui marque son allégresse et son courage. Qu’on compare les admirables descriptions qu’Homère et Virgile ont faites du cheval, on verra combien celle-ci est supérieure. »

39.20 La gloire de ses naseaux, etc. Le souffle si fier de ses narines répand la terreur. Un cheval, animé et échauffé, montre une certaine audace par le souffle de ses narines, qui inspire de la crainte à ceux qui le voient.

39.26 Etendant ses ailes vers le midi. Ce mot fait allusion à l’habitude qu’a d’émigrer l’oiseau dont il est question, le net. Le sens de ce mot n’est pas certain, mais il désigne incontestablement un oiseau de passage.

39.30 Partout où est un cadavre. L’aigle ordinaire ne se nourrit pas de cadavres, mais il en existe une espèce qui les dévore volontiers. De plus, tous les aigles mangent les corps morts, avant qu’ils aient commencé à se corrompre.

40.1 IIIe partie, chapitres 40 et 41. ― Pour lui faire reconnaître encore davantage son néant, Dieu continue : ― 1° Que Job montre sa sagesse en maîtrisant ce qu’il y a de plus indomptable au monde. Mais il n’est pas même en état de dominer Béhémoth, c’est-à-dire l’hippopotame, qu’on rencontre dans les eaux du Nil, en Egypte, où on l’appelait péhémouth, nom devenu, en hébreu, Béhémoth, c’est-à-dire « les bêtes ou le grand animal », chapitre 40, versets 2 à 19. ― 2° Il ne peut dompter non plus Léviathan, mot qui désigne le crocodile ; combien moins peut-il donc lutter contre Dieu, du chapitre 40, verset 20 au chapitre 41, verset 3. ― 3° Puissance redoutable et beauté de Léviathan, chapitre 41, versets 4 à 13. ― 4° Tableau de sa supériorité et de sa souveraineté incontestée dans son royaume, versets 14 à 26. ― Les chapitres 38 et 39 avaient parlé des animaux de la terre et des animaux de l’air ; la description se termine ainsi par les animaux aquatiques ou amphibies, par les deux animaux les plus singuliers de l’Egypte.

40.2 Ceins tes reins. Voir Job, 38, 3.

40.4 Semblable à celle de Dieu.

40.10 Béhémoth ; à la lettre, bêtes d’une énorme grosseur, est ici un pluriel d’excellence. Quant à l’animal particulier que ce mot désigne, c’est la baleine, selon les anciens interprètes ; l’éléphant, selon quelques modernes ; mais Bochart semble avoir prouvé qu’on doit l’entendre de l’hippopotame. Les Pères de l’Eglise appliquent au démon ou aux méchants animés de son esprit ce qui est dit ici de Béhémoth. ― Le nom de Béhémoth est hébreu, mais il a été vraisemblablement choisi à cause de sa ressemblance avec le mot égyptien Pehemouth, l’hippopotame, littéralement le bœuf d’eau, composé de p, article, ehe bœuf, et mout eau. Il se nourrit d’herbe comme le bœuf. Ce trait est relevé parce qu’il est surprenant dans un animal qui vit dans l’eau. C’est parce qu’il est herbivore que cet animal est malfaisant. Il ravage pendant la nuit les récoltes sur le bord du Nil.

40.11 Plusieurs commentateurs ont cru reconnaître l’éléphant dans Béhémoth. Le trait que nous avons ici : sa vertu dans le nombril de son ventre convient parfaitement à l’hippopotame, mais non pas à l’éléphant dont la peau du ventre est assez tendre. A 1 Machabées, 6, 46, Eléazar, tue un éléphant en lui perçant le ventre.

40.12 La queue de l’hippopotame est petite mais forte.

40.13 Les os de l’hippopotame sont d’une extrême dureté, quoiqu’ils soient minces comme doivent l’être ceux d’une bête destinée à nager dans l’eau.

40.14 Le commencement, etc. ; un chef-d’œuvre de la puissance de Dieu. ― Celui qui t’a fait, etc. ; c’est-à-dire Dieu seul qui l’a fait est capable de l’attaquer, de le vaincre et de le tuer ; ou selon d’autres (qui traduisent par le passé le futur du texte hébreu et de la Vulgate) : Dieu son créateur lui a donné son glaive, c’est-à-dire des dents tranchantes. L’hippopotame a des dents de la forme d’un sabre recourbé, harpé ; et l’éléphant, outre ses dents, a une trompe pour défense. ― Tous les commentateurs reconnaissent aujourd’hui dans ce glaive les dents de l’hippopotame. « Avec ses dents, dit Wood, l’hippopotame peut courber l’herbe aussi régulièrement qu’avec une faux. » Ces dents, dit l’abbé Prévot, dans son Histoire des voyages, « sont plus dures et plus blanches que l’ivoire. » Aussi les emploie-t-on volontiers comme dents artificielles.

40.15 ; près de lui, autour de lui. ― L’hippopotame va paître sur les collines qui bordent le Nil dans l’Egypte supérieure. Tous les animaux des champs se jouent autour de lui. Comme il est herbivore et non carnivore, les autres animaux n’ont pas à le redouter.

40.18 Allusion aux crues du Nil. Le Jourdain désigne ici, non le Jourdain de Palestine, mais le Nil.

40.19 On prendra, on percera, littéralement et par hébraïsme, il prendra, il percera. On emploie souvent en hébreu un verbe actif d’une manière impersonnelle.

40.20 Léviathan ; c’est le crocodile, selon l’opinion commune. Voir Job, 3, 8. Les Pères expliquent allégoriquement du démon ce qui est dit dans ce récit de Léviathan. ― Léviathan est moins un nom spécial qu’un nom générique. Etymologiquement, il signifie une chose qui se replie en guirlande, un serpent. Ici, il est appliqué au crocodile.

40.21 Un passage du Voyage à la recherche des sources du Nil, de J. Bruce, nous donne un excellent commentaire de ce verset. Ce voyageur raconte que les pêcheurs des bords du Nil, quand ils prennent un poisson, le tirent à terre, lui passent un anneau de fer dans les branchies et le rejettent dans le fleuve, après lui avoir fait passer dans l’anneau une corde qui est solidement attachée au rivage. « Ceux qui désirent du poisson l’achètent ainsi vivant. Nous en achetâmes deux et le pêcheur nous en montra dix ou douze autres qui étaient ainsi prisonniers dans l’eau. »

40.24 Pour tes servantes ; c’est-à-dire pour amuser tes servantes. ― Dans l’Egypte supérieure, au rapport d’Hasselquist, les crocodiles dévorent très souvent les femmes qui viennent puiser de l’eau dans le Nil, et les enfants qui jouent sur le bord du fleuve.

40.25 Des amis, etc. Tes amis découperont-ils le Léviathan sur ta table, ou des marchands en feront-ils trafic ? ― Ou plutôt, les associés, les pêcheurs qui s’unissent ensemble pour la pêche. ― Quoique le crocodile fût sacré dans quelques parties de l’Egypte, à Eléphantine et à Apollinopolis, on le salait, et on le vendait par morceaux, mais on ne pouvait le faire souvent, parce que comme l’indique le verset 26, il était très difficile de le prendre. ― Des marchands, en hébreu ; les Chananéens ou Phéniciens qui étaient des marchands si fameux que leur nom étaient devenu synonyme de marchands.

40.26 Dans le texte original : Transperceras-tu sa peau avec des dards, et lui enfonceras-tu le harpon dans la tête ? Harponnait-on déjà le crocodile au temps de Job ? Ce verset semble prouver le contraire, ou au moins l’inefficacité du procédé. D’ailleurs encore aujourd’hui le harpon est généralement sans résultat, à moins qu’il ne frappe l’animal juste entre le cou et la tête ou dans le ventre. Les balles glissent sur ses écailles sans les entamer.

40.27 Mets sur lui, etc. Si tu l’attaques, tu te souviendras du combat par les nombreuses et sanglantes blessures que tu y auras reçues et tu n’oseras pas en parler.

40.28 Son espoir le trompera ; c’est-à-dire l’espoir de celui qui voudra le prendre sera trompé ; Léviathan, furieux, se précipitera au fond de la mer, à la vue de tout le monde.

41.1 Je ne suis, etc. Pour moi (c’est toujours Dieu qui parle) qui connais la force extraordinaire de Léviathan, je ne le susciterai pas contre les hommes par un esprit de cruauté. Je le pourrais, si je voulais ; car qui oserait résister à mon simple regard ?

41.3 Si cependant quelqu’un me résiste, je ne l’épargnerai pas, malgré, etc.

41.4 Qui découvrira, etc. Dieu reprend la description de Léviathan.

41.5 Les portes de son visage sont l’entrée de ses mâchoires. La gueule du crocodile est si vaste, qu’il dévore et avale aisément un homme. ― Della Valle raconte qu’un crocodile qui n’avait cependant que 25 palmes de long, coupa en deux une pelle de fer qu’on lui mit dans la mâchoire.

41.9 Ses yeux sont comme les paupières de l’aurore. Les yeux du crocodile sont en égyptien le signe hiéroglyphique qui désigne l’aurore.

41.10-11 Lorsque le crocodile, après un long séjour dans l’eau reparaît à sa surface, il semble vomir de la fumée et du feu. Bartram raconte dans ses Voyages (Travels through North and South Carolina, Philadelphie, 1791, p. 116), que pendant qu’il remontait l’Alatamaha dans la Floride occidentale, cherchant un soir à terre un endroit commode pour prendre son repas, il aperçut un crocodile qui sortait avec bruit du milieu des roseaux pour se jeter dans un petit lac. « Il enfla son corps monstrueux et agita sa queue dans les airs. Une épaisse fumée s’élança de ses naseaux largement ouverts avec un bruit qui fit presque trembler la terre. » Et plus loin : « D’abord il nage avec la rapidité de l’éclair, mais il ralentit peu à peu sa marche, jusqu’à ce qu’il atteigne le milieu du fleuve. Là il s’arrête, et aspirant tout à la fois l’air et l’eau par sa large gueule, son corps devient énorme et pendant un moment on entend un grand bruit dans son gosier. Puis, tout d’un coup il fait rejaillir avec fracas de sa bouche et de son nez une vapeur qui produit comme un nuage de fumée. »

41.14 Et elles ne se porteront, etc. Les foudres que Dieu lancera sur lui ne manqueront pas de l’atteindre. Tout fort, tout robuste, tout terrible qu’il est, le crocodile ne saurait résister à la main toute-puissante de Dieu.

41.16 Des anges ; ou plutôt des forts, comme le porte le texte hébreu ; c’est-à-dire des grands, des hommes puissants. Ainsi, lorsque le crocodile paraîtra hors de l’eau, les hommes les plus puissants, les plus considérables du pays, seront saisis de frayeur et d’épouvante. ― Ils se purifieront de leurs péchés, en faisant pénitence.

41.17-20 « La nature a pourvu à la sûreté des crocodiles en les revêtant d’une armure presque impénétrable ; tout leur corps est couvert d’écailles, excepté le sommet de la tête, où la peau est collée immédiatement sur l’os… Ces écailles carrées ont une très grande dureté et une flexibilité qui les empêche d’être cassantes ; le milieu de ces lames présente une sorte de crête dure qui ajoute à leur solidité. » (LACEPEDE.) Thévenot, compare le dos du crocodile, à cause de ces pointes, à une porte qui serait toute garnie de clous de fer et si dure qu’aucune lance ne pourrait la percer. « Les écailles du crocodile sont à l’épreuve de la balle, à moins que le coup ne soit tiré de très près ou le fusil très chargé. Les nègres s’en font des bonnets, ou plutôt des casques, qui résistent à la hache. » (LABAT.)

41.17 Lorsque le glaive, etc. ; c’est-à-dire, si on veut le percer du glaive, le glaive, la lance, la cuirasse, ne pourront rien contre lui.

41.21 Sous lui, etc. Il s’élèvera si fort au-dessus des eaux que les rayons du soleil seront au-dessous de lui. ― Il fera son lit ; c’est le seul sens que puisse comporter la Vulgate, et même le texte hébreu, qu’elle a rendu avec une rigoureuse fidélité. ― Sur l’or comme la boue. Le corps étant couvert d’écailles carrées ou de boucliers osseux, cet animal peut se coucher sur un dur métal comme un sur une terre molle.

41.22 La profonde mer. Le crocodile se tient ordinairement dans les eaux douces ; mais il ne faut pas oublier que le Nil est appelé dans l’Ecriture mer, à cause de sa grandeur et de ses inondations réglées, et qui durent si longtemps, et que dans le style des Hébreux tous les grands amas d’eaux, les lacs, les étangs, portent le nom de mers. ― Plusieurs voyageurs affirment que le crocodile communique aux eaux qu’il habite une forte odeur de musc, et quelques commentateurs pensent que c’est pour ce motif que le fleuve dans lequel il nage est comparé ici à un vase de parfums en ébullition. « Le crocodile, dit Rüppel, à quatre glandes à musc. Elles communiquent à sa chair une odeur désagréable qui a empêché beaucoup d’Européens qui l’ont goûtée d’en manger. Les Berbères se servent de ce musc comme pommade pour les cheveux.

41.23 Derrière lui, etc. La rapidité et le mouvement du crocodile dans l’eau sont tels, qu’il laisse des traces de son passage par un long sillon d’écume et par la blancheur de l’eau semblable aux cheveux blancs d’un vieillard. ― Paraîtra ; sera estimé, regardé ; littéralement et par hébraïsme, estimera, regardera. Voir, sur cet hébraïsme, Job, 40, 19.

41.25 Les fils de l’orgueil ; hébraïsme, pour les orgueilleux, les superbes.

42.1 Réponse de Job, versets 1 à 6. ― La seconde réponse de Job à Dieu est courte, mais complète, versets 1 à 6. Il savait que Dieu était grand et que sa conduite est incompréhensible, mais il ne le sentait pas assez ; il confesse qu’il a eu tort de vouloir se mesurer présomptueusement avec Dieu et il le prie de lui pardonner. La discussion se termine donc comme cela devait être, par la victoire complète de Dieu, victoire avouée et acceptée de l’homme qui ne peut en remporter lui-même d’autre que celle-là : reconnaître son néant en présence de son créateur.

42.7 Ve partie : Epilogue, versets 7 à 16. ― L’épreuve de Job est maintenant finie. Il a déjoué, sans le savoir, le plan de Satan : ― 1° Dieu proclame son innocence devant ses amis, et leur injustice n’est pardonnée que par son intercession, versets 7 à 9. ― 2° Job lui-même est récompensé : il saura que l’épreuve bien supportée devient une source de bonheur ; il reçoit le double des biens qu’il avait perdus, versets 10 à 15. ― 3° Il en jouit 140 ans et meurt plein de jours, verset 16.

42.8 Ce passage condamne formellement les hérétiques, qui s’élèvent contre l’intercession des saints reconnue par l’Eglise catholique, et qui prétendent qu’elle déroge à l’unique médiateur qui est Jésus-Christ. Car on voit ici Job établi de Dieu même, intercesseur, et en quelque sorte médiateur entre ses amis et Dieu irrité contre eux. On ne conçoit pas comment l’invocation ou l’intercession des saints, que l’Eglise catholique nous enseigne, déroge davantage à la médiation de Jésus-Christ. ― J’accueillerai sa face ; hébraïsme pour : Je l’accueillerai, je l’écouterai favorablement.

42.10-12 Job, en priant pour ses amis, selon l’ordre que Dieu lui en a donné, s’humilie lui-même en sa présence, et son humiliation, jointe à cette charité qui le portait à intercéder pour ceux qui l’avaient outragé, lui fit mériter pour récompense une grande augmentation dans tous ses biens. Mais, comme le remarque saint Augustin, (Epist. CXX, chap. X), c’eût été peu de choses pour Job que de recevoir temporellement le double de ce qu’il avait possédé auparavant, pour récompense de cette admirable fermeté avec laquelle il avait souffert une si terrible épreuve de sa vertu. C’est donc principalement la béatitude de l’autre vie que le Saint-Esprit a voulu nous figurer par cette prospérité beaucoup plus grande que la première dont le Seigneur récompensa sa fidélité.

42.11 Le mot pain, dans la langue des Hébreux, se prend très souvent pour nourriture, aliment en général, et l’expression manger du pain, ou manger le pain, signifie simplement manger, prendre de la nourriture, faire un repas. ― Secouèrent la tête sur lui. Voir, pour le vrai sens de cette expression, Job, 28, 5. (?)

42.13 Et leur père leur donna, etc. ; c’est-à-dire que Job donna à ses filles leur part dans son héritage comme à ses fils. L’auteur du livre de Job, qui était Hébreu, fait cette remarque, parce que dans sa nation les filles n’héritaient pas, quand elles avaient des frères (voir Nombres, 27, 8). L’usage contraire était établi dans l’Arabie, nous le voyons confirmé par Mahomet dans le Coran. On voit la même chose parmi les Romains, dans les lois des douze Tables et dans leurs lois civiles.

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