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Livre des Juges

Introduction

Le livre des Juges nous raconte les traits les plus saillants de l’histoire du peuple de Dieu, depuis la mort de Josué jusque vers l’époque de Samuel, qui établit Saül premier roi d’Israël. Il est précédé d’une sorte d’introduction renfermant deux parties. La première du chapitre 1 au chapitre 2, verset 5, trace le tableau de l’état politique d’Israël après la mort de Josué, relativement aux Chananéens, qui n’avaient pas été expulsés de leurs anciennes possessions ; la seconde, du chapitre 2, verset 6, au chapitre 3, verset 6, dépeint l’état religieux, qu’elle nous montre vacillant constamment entre la fidélité et l’infidélité, prospères quand ils servent le vrai Dieu, châtiés quand ils tombent dans l’idolâtrie, jusqu’à ce qu’ils fassent pénitence.

Les Juges d’Israël, mentionnés dans le livre qui porte leur nom, sont au nombre de treize ou de quatorze, selon que l’on compte ou non parmi eux Abimélech, qui usurpa le pouvoir royal à Sichem. L’auteur sacré ne nous les fait pas tous connaître en détail ; il ne raconte un peu longuement que la vie de sept d’entre eux, en se contenant d’énumérer les autres. De là sept sections : 1° Othoniel, chapitre 3, du verset 7 au verset 11 ; 2° Aod (et Samgar), chapitre 3, du verset 12 au verset 31 ; 3° Débora et Barac, chapitres 4 et 5 ; 4° Gédéon, du chapitre 6 au chapitre 8, verset 32 ; 5° Abimélech (Thola et Jaïr), du chapitre 8, verset 33, au chapitre 10, verset 5 ; 6° Jephté (Abesan, Ahialon et Abdon), du chapitre 10, verset 6, au chapitre 12 ; 7° Samson, du chapitre 13 au chapitre 16.

Deux appendices terminent le livre. Le premier nous raconte l’histoire de l’idolâtrie des Danites, chapitres 17 et 18, et le second le crime des habitants de Gabaa, qui amena la guerre des autres tribus contre celle de Benjamin et l’anéantissement presque total de cette dernière, du chapitre 19 au chapitre 21. Ces deux événements n’ont aucune relation nécessaire avec le corps de l’ouvrage ; ils y sont joints comme suppléments, parce qu’ils se sont passés dans la même période, le premier, un peu avant, le second, un peu après la mort de Josué.

Si l’on ne tient pas compte de ce double appendice, le livre des Juges forme un tout homogène, dont une pensée unique constitue l’unité. Nous n’avons là, sans doute, qu’une série de portraits, mais ils ont tous été peints par le même artiste et dans le but de former une seule galerie. L’introduction en est comme le vestibule nécessaire, qui prépare et explique ce qui suit. Le cadre de tous les récits est identique, et il nous révèle clairement le dessein de l’auteur, indiqué d’ailleurs dans l’introduction : c’est de prouver par des exemples qu’Israël est heureux tant qu’il est fidèle à son Dieu ; malheureux, dès qu’il l’abandonne ; pardonné, dès qu’il se convertit. Ainsi le corps de l’ouvrage n’a point d’autre but que de nous démontrer la thèse posée, chapitre 2, versets 11 à 19, et la conclusion pratique qui en découle, c’est la nécessité, pour le pécheur, de reconnaître sa faute et de revenir à son Dieu.

L’unité du livre des Juges, qui se manifeste si bien dans le plan adopté par l’auteur, est la preuve qu’il est l’œuvre d’un seul écrivain.

On peut fixer approximativement la date du livre des Juges. 1° Comme la mort de Samson forme la fin du récit et que la durée de l’oppression des Philistins est indiquée, chapitre 13, verset 1, il en résulte que l’ouvrage ne peut pas avoir été écrit avant la victoire de Samuel sur ces ennemis du peuple de Dieu, voir 1 Rois, 7, 1-14. De plus, les mots : “ En ce temps-là il n’y avait pas de roi en Israël, ” qui se lisent plusieurs fois dans les Juges, supposent la royauté déjà établie en Israël ; nous ne pouvons donc pas placer l’époque de la composition des Juges avant l’avènement de Saül au trône. 2° D’autre part, comme il est dit expressément, chapitre 1, verset 21, que les Jébuséens sont encore dans Jérusalem avec les Benjamites, et que nous savons par 2 Rois, 5, 6-7, que cette tribu chananéenne fut chassée par David, au commencement de son règne, de la cité dont il devait faire la capitale de son royaume, il suit de ces données que l’auteur a écrit avant cet événement.

La tradition talmudique attribue à Samuel le livre des Juges ; quoique cette tradition ne puisse pas être établie rigoureusement, elle s’accorde bien avec les faits que nous venons de rappeler et ne manque pas de vraisemblance.

Ce livre nous fait connaître la suite de l’histoire du peuple de Dieu, et les merveilles qu’opère le Seigneur en faveur d’Israël. C’est un des écrits inspirés dans lesquels la Providence se manifeste avec le plus d’éclat. ― Ce que Dieu fait pour délivrer les enfants d’Abraham de leurs ennemis est, d’après tous les Pères, l’image de ce que devait faire Jésus-Christ pour nous affranchir des liens du péché. ― Enfin le livre des Juges renferme un grand nombre d’exemples propres à nous exciter au bien et à nous prémunir contre le mal. Voir le chapitre 11 de l’Epître de saint Paul aux Hébreux.

La tribu de Juda est nommée pour marcher à la tête des autres tribus.

Défaite d’Adonibézec.

Prise de Jérusalem.

Plusieurs tribus épargnent les Chananéens.


1Après la mort de Josué, les enfants d’Israël consultèrent le Seigneur et lui dirent : Qui marchera à notre tête pour combattre les Chananéens, et qui sera notre chef dans cette guerre ? 2Le Seigneur répondit : Juda marchera devant vous. Je lui ai livré le pays. 3Alors Juda dit à Siméon son frère : Viens m’aider à me rendre maître de la part qui m’est échue par le sort, et à combattre les Chananéens ; et ensuite j’irai t’aider à acquérir ce qui t’est échu. Et Siméon s’en alla donc avec Juda. 4Et Juda ayant marché contre l’ennemi, le Seigneur livra entre leurs mains les Chananéens et les Phérézéens ; ils taillèrent en pièces dix mille hommes à Bézec. 5A Bézec ils trouvèrent Adonibézec. Ils le combattirent et taillèrent en pièces les Chananéens et les Phérézéens. 6Adonibézec ayant pris la fuite, ils le poursuivirent, le prirent et lui coupèrent les extrémités des mains et des pieds. 7Adonibézec dit alors : J’ai fait couper l’extrémité des mains et des pieds à soixante-dix rois qui mangeaient sous ma table les restes de ce qu’on me servait. Dieu m’a traité comme j’ai traité les autres. Ensuite ils l’emmenèrent à Jérusalem, où il mourut. 8Car (Or) les enfants de Juda, ayant mis le siège devant Jérusalem, la prirent, passèrent au fil de l’épée tout ce qu’ils y trouvèrent, et mirent le feu dans toute la ville. 9Ils descendirent ensuite pour combattre les Chananéens dans le pays des montagnes, dans le district du midi et dans la plaine. 10Et Juda, ayant marché contre les Chananéens qui habitaient à Hébron, dont le nom était autrefois Cariath-Arbé, défit Sésaï, Ahiman et Tholmaï. 11Et étant parti de là, il marcha contre les habitants de Dabir, qui s’appelait autrefois Cariath-Sépher, c’est-à-dire (la) Ville des lettres. 12Et Caleb dit alors : Je donnerai ma fille Axa pour femme à celui qui prendra et ruinera Cariath-Sépher. 13Et (Or) Othoniel, fils de Cénez, frère puîné de Caleb, l’ayant prise, il lui donna pour femme sa fille Axa. 14Et tandis qu’Axa était en chemin, Othoniel son mari l’avertit de demander un champ à son père. Axa, étant donc montée sur un âne, commença à soupirer. Et Caleb lui dit : Qu’as-tu ? 15Elle lui répondit : Donne-moi (Accorde-moi) une bénédiction (grâce). Tu m’as donné une terre desséchée, donne-m’en une aussi où il y ait des eaux en abondance. Caleb lui donna donc une terre dont le haut et le bas étaient arrosés d’eau. 16Or les enfants de Jéthro le (d’un) Cinéen, allié de Moïse, montèrent de la Ville des palmes avec les enfants de Juda, au désert qui était échu en partage à cette tribu, et qui est vers le midi d’Arad ; et ils habitèrent avec eux. 17Juda s’en étant allé aussi avec son frère Siméon, ils défirent ensemble les Chananéens qui habitaient à Séphaath, et les passèrent au fil de l’épée. Et cette ville fut appelée Horma, c’est-à-dire anathème. 18Juda prit aussi Gaza avec ses confins, Ascalon et Accaron avec leurs confins. 19Le Seigneur fut avec Juda, et il se rendit maître des montagnes ; mais il ne put défaire ceux des ennemis qui habitaient dans la vallée, parce qu’ils avaient une grande quantité de chars armés de faux. 20Et ils donnèrent, selon que Moïse l’avait ordonné, Hébron à Caleb, qui y extermina les trois fils d’Enac. 21Mais les enfants de Benjamin n’exterminèrent point les Jébuséens qui demeuraient à Jérusalem ; et les Jébuséens demeurèrent à Jérusalem avec les enfants de Benjamin, comme ils y sont encore aujourd’hui. 22La maison de Joseph marcha aussi contre Béthel, et le Seigneur était (fut) avec eux. 23Car lorsqu’ils (comme) assiégeaient la ville, qui s’appelait auparavant Luza, 24ayant vu un homme qui en sortait, ils lui dirent : Montre-nous par où l’on peut entrer dans la ville, et nous te ferons miséricorde. 25Cet homme le leur ayant montré, ils passèrent au fil de l’épée tout ce qui se trouva dans la ville ; et ils conservèrent (renvoyèrent) cet homme avec toute sa famille. 26Cet homme, ayant été congédié, s’en alla au pays des Hetthim, où il bâtit une ville qu’il appela Luza, nom qu’elle porte encore aujourd’hui. 27Manassé non plus ne détruisit pas Bethsan et Thanac avec les villages qui en dépendent, ni les habitants de Dor, de Jéblaam et de Mageddo avec les villages voisins ; et les Chananéens commencèrent à demeurer avec eux. 28Lorsqu’Israël fut devenu plus fort, il les rendit tributaires ; mais il ne voulut point les exterminer. 29Ephraïm ne tua point non plus les Chananéens qui habitaient à Gazer ; mais il demeura avec eux. 30Zabulon n’extermina point les habitants de Cétron et de Naalol ; mais les Chananéens demeurèrent au milieu d’eux, et ils devinrent leurs tributaires. 31Aser n’extermina point non plus les habitants d’Accho, de Sidon, d’Ahalab, d’Achazib, d’Helba, d’Aphec et de Rohob ; 32et ils demeurèrent au milieu des Chananéens qui habitaient dans ce pays-là, et ils ne les exterminèrent point. 33Nephtali n’extermina point non plus les habitants de Bethsamès et de Béthanath ; mais il demeura au milieu des Chananéens qui habitaient en ce pays-là, et ceux de Bethsamès et de Béthanath lui devinrent tributaires. 34Les Amorrhéens tinrent les enfants de Dan fort resserrés dans la montagne, sans leur permettre de s’étendre en descendant dans la plaine ; 35et ils habitèrent sur la montagne d’Harès, c’est-à-dire la montagne de l’argile (têts), dans Aïalon et dans Salébim ; mais la maison de Joseph étant devenue plus puissante, se rendit les Amorrhéens tributaires. 36Et le pays des Amorrhéens eut pour limites la montée du Scorpion, Pétra et les lieux plus élevés.


Un envoyé de Dieu reprend les Israélites d’avoir épargné les Chananéens.

Infidélité des Israélites depuis la mort de Josué.


2Alors (Or) l’ange du Seigneur vint de Galgala au lieu appelé le Lieu des pleurants, et il dit : Je vous ai (re)tirés de l’Egypte, je vous ai fait entrer dans la terre que j’avais juré de donner à vos pères, et je vous ai promis de garder à jamais l’alliance que j’avais faite avec vous ; 2mais à la condition que vous ne feriez point d’alliance avec les habitants du pays de Chanaan, et que vous renverseriez leurs autels ; et cependant vous n’avez point voulu écouter ma voix. Pourquoi avez-vous agi ainsi ? 3C’est pour cette raison que je n’ai pas voulu exterminer ces peuples devant vous ; en sorte que vous les ayez pour ennemis, et que leurs dieux vous soient un sujet de ruine. 4Tandis (Lorsque) que l’ange du Seigneur tenait ce langage à tous les enfants d’Israël, ils élevèrent leurs voix et se mirent à pleurer. 5Et ce lieu fut appelé le Lieu des pleurants, ou le Lieu des larmes ; et ils y immolèrent des victimes au Seigneur. 6Josué renvoya donc le peuple, et les enfants d’Israël s’en allèrent chacun dans son territoire pour s’en rendre maîtres, 7et ils servirent le Seigneur tout le temps de la vie de Josué et des anciens qui vécurent longtemps après lui, et qui savaient toutes les œuvres merveilleuses que le Seigneur avait faites en faveur d’Israël. 8Cependant Josué, fils de Nun, serviteur du Seigneur, mourut âgé de cent dix ans, 9et on l’ensevelit dans son héritage de Thamnathsaré, sur la montagne d’Ephraïm, vers le septentrion du mont Gaas. 10Toute cette ancienne génération ayant donc été réunie à ses pères, il s’en éleva une autre à sa place, qui ne connaissait point le Seigneur, ni les merveilles qu’il avait faites en faveur d’Israël. 11Alors les enfants d’Israël firent le mal en présence du Seigneur, et ils servirent les Baalim (Baals). 12Ils abandonnèrent le Seigneur, le Dieu de leurs pères, qui les avait (re)tirés du pays d’Egypte ; et ils servirent des dieux étrangers, les dieux des peuples qui demeuraient autour d’eux. Ils les adorèrent, et ils irritèrent la colère du Seigneur, 13l’ayant quitté pour servir Baal et Astaroth. 14Le Seigneur, étant donc irrité contre les Israélites, les livra entre les mains de pillards, qui les prirent et les vendirent aux nations ennemies qui demeuraient autour d’eux, et ils ne purent résister à leurs adversaires ; 15mais de quelque côté qu’ils allassent, la main du Seigneur était sur eux, comme le Seigneur le leur avait dit avec serment ; et ils tombèrent en des misères extrêmes. 16Dieu leur suscita ensuite des juges, pour les délivrer des mains de ceux qui les opprimaient ; mais ils ne voulurent pas même les écouter. 17Ils se prostituèrent aux dieux étrangers en les adorant. Ils abandonnèrent bientôt la voie par laquelle leurs pères avaient marché, et, ayant entendu les ordonnances du Seigneur, ils firent tout le contraire. 18Lorsque Dieu leur avait suscité des juges, il se laissait toucher de pitié pendant que ces juges vivaient ; il écoutait les gémissements des affligés, et les délivrait du massacre des pillards. 19Mais après que le juge était mort, ils retournaient aussitôt à leurs péchés, et faisaient des actions encore plus criminelles que leurs pères, en suivant des dieux étrangers, en les servant et les adorant. Ils ne quittaient point leurs malheureuses habitudes (inventions, note), ni la voie très dure par laquelle ils avaient coutume de marcher. 20La fureur du Seigneur s’alluma donc contre Israël, et il dit : Puisque ce peuple a violé l’alliance que j’avais contractée avec ses pères, et qu’il a négligé avec mépris d’entendre ma voix, 21de mon côté je n’exterminerai point les nations que Josué a laissées lorsqu’il est mort ; 22afin que j’expérimente par là si les enfants d’Israël garderont la voie du Seigneur, et s’ils y marcheront comme leurs pères y ont marché. 23C’est pour cette raison que le Seigneur laissa subsister toutes ces nations, qu’il ne voulut pas les détruire immédiatement, et qu’il ne les livra point entre les mains de Josué.


Servitude des Israélites sous Chusan ; Othoniel est leur libérateur.

Servitude sous Eglon ; Aod les en délivre.

Samgar, troisième juge d’Israël.


3Voici les peuples que le Seigneur laissa vivre, pour servir d’exercice et d’instruction aux Israélites, et à tous ceux qui ne connaissaient point les guerres des Chananéens ; 2afin que (dans la suite) leurs enfants apprissent après eux à combattre contre leurs ennemis, et qu’ils s’accoutumassent à la guerre : 3les cinq princes (satrapes, note) des Philistins, tous les Chananéens, les Sidoniens et les Hévéens, qui habitaient sur le mont Liban, depuis la montagne de Baal-Hermon jusqu’à l’entrée d’Emath. 4Le Seigneur laissa ces peuples pour éprouver ainsi Israël, et pour voir s’il obéirait ou s’il n’obéirait pas aux commandements du Seigneur, qu’il avait donnés à leurs pères par (l’entremise de) Moïse. 5Les enfants d’Israël habitèrent donc au milieu des Chananéens, des Héthéens, des Amorrhéens, des Phérézéens, des Hévéens et des Jébuséens. 6Ils épousèrent leurs filles, et donnèrent leurs filles en mariage à leurs fils, et ils adorèrent leurs dieux. 7Et ils firent le mal aux yeux du Seigneur ; et ils oublièrent leur Dieu, adorant les Baalim (Baals) et les Astaroth. 8Le Seigneur, étant donc irrité contre Israël, les livra entre les mains de Chusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, auquel ils furent assujettis pendant huit ans. 9Et ils crièrent au Seigneur, et il leur suscita un sauveur qui les délivra : Othoniel, fils de Cénez, frère puîné de Caleb. 10L’esprit du Seigneur fut en lui, et il jugea Israël. Et il se mit en campagne, et le Seigneur livra entre ses mains Chusan Rasathaïm, roi de Syrie, qu’il défit. 11(Et) Le pays demeura en paix durant quarante ans, et Othoniel, fils de Cénez, mourut. 12Alors les enfants d’Israël recommencèrent à faire le mal aux yeux du Seigneur, qui fortifia contre eux Eglon, roi de Moab, parce qu’ils avaient péché devant lui. 13Il joignit les enfants d’Ammon et d’Amalec à Eglon, qui, s’étant avancé avec eux, défit Israël et se rendit maître de la ville des Palmes. 14Les enfants d’Israël furent assujettis à Eglon, roi de Moab, pendant dix-huit ans. 15Après cela ils crièrent au Seigneur, et il leur suscita un sauveur nommé Aod, fils de Géra, fils de Jémini, qui se servait de la main gauche comme de la droite. Les enfants d’Israël envoyèrent par lui des présents à Eglon, roi de Moab. 16Aod se fit faire une dague (glaive) à deux tranchants, qui avait une garde de la longueur de la paume de la main, et il s’en ceignit sous sa tunique (son sayon) au côté (sur la cuisse) droit(e). 17Et il offrit les présents à Eglon, roi de Moab. Or Eglon était extrêmement gros. 18Et Aod, lui ayant offert les présents, s’en retourna vers ses compagnons qui étaient venus avec lui. 19Puis étant revenu de Galgala, où étaient les idoles, il dit au roi : J’ai un mot à vous dire en secret, ô prince. Le roi fit signe qu’on se tût ; et tous ceux qui étaient auprès de lui étant sortis, 20Aod s’approcha de lui. Il était alors seul assis dans sa chambre d’été. Et il lui dit : J’ai à vous dire une parole de la part de Dieu. Aussitôt le roi se leva de son trône. 21Et Aod étendit sa main gauche, tira la dague (le glaive) qu’il avait à son côté (de sa cuisse) droit(e), et la (le) lui enfonça si avant dans le ventre, 22que la poignée y entra tout entière avec le fer, et se trouva serrée par la grande épaisseur de graisse. Aod ne retira donc point sa dague ; mais, après avoir donné le coup, il la laissa dans le corps, et aussitôt les excréments qui étaient dans le ventre s’écoulèrent par les conduits naturels. 23Puis Aod, ayant fermé avec grand soin les portes de la chambre, 24sortit par la porte de derrière. Cependant les serviteurs du roi, étant venus, trouvèrent la porte fermée, et ils dirent : Peut-être se soulage-t-il dans sa chambre d’été. 25Et après avoir longtemps attendu jusqu’à en devenir tout honteux (troublés), voyant que personne n’ouvrait, ils prirent la clef, ouvrirent la chambre, et trouvèrent leur seigneur étendu mort sur la place. 26Pendant ce grand trouble où ils étaient, Aod s’échappa, et ayant passé le lieu des idoles, d’où il était revenu, il vint à Séirath. 27Aussitôt il sonna de la trompette sur la montagne d’Ephraïm, et les enfants d’Israël descendirent avec Aod, qui marchait à leur tête. 28Il leur dit : Suivez-moi, car le Seigneur a livré entre nos mains les Moabites nos ennemis. Les Israélites suivirent Aod, se saisirent des gués du Jourdain par où l’on passe au pays de Moab, et ne laissèrent passer personne. 29Ils tuèrent environ dix mille Moabites, qui étaient tous des hommes forts et vaillants. Nul d’entre eux ne put échapper. 30(Ainsi) Moab fut humilié en ce jour-là sous la main d’Israël, et le pays demeura en paix pendant quatre-vingts ans. 31Après Aod il y eut Samgar, fils d’Anath. Il tua six cents Philistins avec un soc de charrue, et il fut aussi le défenseur d’Israël.


Servitude sous Jabin.

Debbora et Barac défont Sisara, général des troupes de Jabin.


4(Et) Les enfants d’Israël recommencèrent encore à faire le mal aux yeux du Seigneur après la mort d’Aod ; 2et le Seigneur les livra entre les mains de Jabin, roi des Chananéens, qui régna dans Asor. Le chef (général) de son armée se nommait Sisara, et il demeurait à Haroseth des Gentils (nations). 3Les enfants d’Israël crièrent donc au Seigneur. Car, Jabin ayant neuf cents chars armés de faux, les avait violemment opprimés pendant vingt ans. 4Or il y avait là une prophétesse nommée Debbora, femme de Lapidoth, laquelle jugeait le peuple en ce temps-là. 5Elle s’asseyait sous un palmier qu’on avait appelé de son nom, entre Rama et Béthel, sur la montagne d’Ephraïm ; et les enfants d’Israël venaient à elle pour tous leurs différends (jugements). 6Elle envoya donc chercher Barac, fils d’Abinoëm, de Cédès de Nephtali ; et elle lui dit : Le Seigneur Dieu d’Israël te donne cet ordre : Va et mène l’armée sur la montagne de Thabor. Prends avec toi dix mille combattants des enfants de Nephtali et des enfants de Zabulon. 7Quand tu seras au torrent de Cison, je t’amènerai Sisara, chef de l’armée de Jabin, avec ses chars et toutes ses troupes (sa multitude), et je te les livrerai entre les mains. 8Barac lui répondit : Si vous venez avec moi, j’irai ; si vous ne voulez point venir avec moi, je n’irai pas. 9Debbora lui dit : J’irai (assurément) avec toi ; mais la victoire pour cette fois ne te sera point attribuée, parce que Sisara sera livré entre les mains d’une femme. Debbora partit donc (aussitôt), et s’en alla à Cédès avec Barac. 10Celui-ci, ayant fait venir les hommes de Zabulon et de Nephtali, marcha avec dix mille combattants, et Debbora était avec lui. 11Or Haber le Cinéen s’était séparé depuis quelque temps des Cinéens ses frères, fils d’Hobab, allié de Moïse, et il avait dressé ses tentes (tabernacles) jusqu’à la vallée appelée Sennim, et il était près de Cédès. 12Alors Sisara fut averti que Barac, fils d’Abinoëm, avait gravi la montagne du Thabor. 13Et il fit assembler ses neuf cents chars armés de faux, et fit marcher toute son armée de Haroseth des Gentils (nations) au torrent de Cison. 14Alors Debbora dit à Barac : Lève-toi ; car voici le jour où le Seigneur a livré Sisara entre tes mains ; c’est le Seigneur lui-même qui te conduit. Barac descendit donc du mont Thabor, et ses dix mille combattants avec lui. 15En même temps le Seigneur frappa de terreur Sisara, tous ses chars et toutes ses troupes (sa multitude), et les fit passer au fil de l’épée aux yeux de Barac ; de sorte que Sisara, sautant à bas de son char, s’enfuit à pied. 16Barac poursuivit les chars qui s’enfuyaient et toutes les troupes jusqu’à Haroseth des Gentils (nations), et toute cette multitude si nombreuse d’ennemis fut taillée en pièces sans qu’il en restât un seul. 17Or Sisara, dans sa fuite, vint à la tente de Jahel, femme du Cinéen Haber. Car il y avait alors la paix entre Jabin, roi d’Asor, et la maison d’Haber le Cinéen. 18Jahel, étant donc sortie au-devant de Sisara, lui dit : Entre chez moi, mon seigneur ; entre, ne crains point. Il entra donc dans la tente, et elle le couvrit d’un manteau. 19Et Sisara lui dit : Donnez-moi, je vous prie, un peu d’eau, parce que j’ai une soif extrême. Elle lui apporta une outre pleine de lait, et elle lui en donna à boire, et remit le manteau sur lui. 20Alors Sisara lui dit : Tenez-vous à l’entrée de la tente (votre tabernacle) ; et si quelqu’un vous interroge et vous dit : N’y a-t-il personne ici ? vous lui répondrez : Il n’y a personne. 21Jahel, femme d’Haber, prit donc un des pieux de la tente (tabernacle) ; elle prit aussi un marteau, entra doucement sans faire aucun bruit, et, ayant mis le pieu sur la tempe de Sisara, elle le frappa avec son marteau, et lui en transperça le cerveau, l’enfonçant jusqu’en terre ; et Sisara, passant du sommeil à la mort, expira. 22Et voici que Barac arriva, poursuivant Sisara ; et Jahel, étant sortie au devant de lui, lui dit : Viens, je te montrerai l’homme que tu cherches. Il entra chez elle, et il vit Sisara étendu mort, et le pieu enfoncé dans sa tempe. 23Dieu humilia donc en ce jour-là Jabin, roi de Chanaan, devant les enfants d’Israël, 24qui, croissant tous les jours en vigueur, opprimèrent d’une main forte Jabin, roi de Chanaan, jusqu’à ce qu’il fût entièrement ruiné.


Cantique de Debbora.


5En ce jour-là Debbora et Barac, fils d’Abinoëm, chantèrent (ce cantique) : 2Vous qui, parmi les enfants d’Israël, avez exposé spontanément votre vie au péril, bénissez le Seigneur. 3Ecoutez, rois ; princes, prêtez l’oreille. C’est moi, c’est moi qui chanterai au (le) Seigneur, qui consacrerai un hymne au Seigneur, le Dieu d’Israël. 4Seigneur, lorsque vous êtes sorti de Séir, et que vous passiez par le pays d’Edom, la terre a tremblé ; les cieux et les nuées se sont fondus en eau. 5Les montagnes se sont écoulées comme l’eau devant la face du Seigneur, aussi bien que le Sinaï en la présence du Seigneur Dieu d’Israël. 6Au temps de Samgar, fils d’Anath, au temps de Jahel, les routes étaient abandonnées, et ceux qui voyageaient marchaient par des sentiers détournés. 7On a cessé de voir de vaillants hommes dans Israël. Il ne s’en trouvait plus, jusqu’à ce que Debbora se fût élevée, jusqu’à ce qu’il se fût élevé une mère en Israël. 8Le Seigneur a choisi de nouveaux combats, et il renverse lui-même les portes des ennemis ; tandis qu’auparavant on ne voyait ni bouclier ni lance parmi quarante mille Israélites. 9Mon cœur aime les princes d’Israël. Vous qui vous êtes exposés volontairement au péril, bénissez le Seigneur. 10Parlez, vous qui montez sur des ânes brillants ; vous qui êtes assis sur le siège de la justice, vous qui marchez sur les chemins. 11Qu’au lieu où les chars ont été brisés, l’armée des ennemis taillée en pièces, on publie la justice du Seigneur et sa clémence envers les braves d’Israël. Alors le peuple du Seigneur a paru aux portes des villes, et il s’est acquis la principauté. 12Lève-toi, lève-toi, Debbora ; lève-toi, lève-toi, et chante un cantique. Lève-toi, Barac ; saisis tes captifs, fils d’Abinoëm. 13Les restes du peuple ont été sauvés ; c’est le Seigneur qui a combattu par les héros (forts). 14Il s’est servi (d’un héros sorti) d’Ephraïm pour exterminer les Chananéens dans Amalec et il s’est servi (d’un autre) aussi de Benjamin contre tes peuples, ô Amalec. Les princes de Machir sont descendus, et il en est venu de Zabulon pour mener l’armée au combat. 15Les chefs d’Issachar ont été avec Debbora ; ils ont suivi les traces de Barac, qui s’est jeté dans le péril comme s’il se fût précipité dans un abîme. Ruben alors était divisé contre lui-même, et les plus vaillants (magnanimes) de cette tribu n’ont fait autre chose que disputer. 16Pourquoi donc demeure-tu entre deux limites à entendre les cris des troupeaux ? Ainsi, Ruben étant divisé contre lui-même, les plus vaillants (magnanimes) de cette tribu ne se sont occupés qu’à contester. 17Pendant que Galaad était en repos au-delà du Jourdain, et que Dan s’occupait à ses vaisseaux, qu’Aser demeurait sur le rivage de la mer et se tenait dans ses ports, 18Zabulon et Nephtali se sont exposés à la mort au pays de Méromé. 19Les (Des) rois sont venus et ont combattu, les rois de Chanaan ont combattu à Thanach, près des eaux de Mageddo, mais (butinant) ils n’ont pas emporté de butin. 20On a combattu contre eux du haut du ciel ; les étoiles, demeurant dans leur rang et dans leur course ordinaire, ont combattu contre Sisara. 21Le torrent de Cison a entraîné leurs cadavres, le torrent de Cadumim, le torrent de Cison. O mon âme, foule aux pieds les corps de ces braves (les forts). 22Leurs chevaux se sont rompu la corne du pied dans l’impétuosité de leur course (La corne des chevaux est tombée,) ; les plus vaillants des ennemis ont fui à toute bride, se renversant les uns sur les autres. 23Malheur à (Maudissez) la terre de Méroz, dit l’ange du Seigneur ; malheur à (maudissez) ceux qui l’habitent, parce qu’ils ne sont point venus au secours du Seigneur, au secours des plus vaillants d’entre ses guerriers. 24Bénie soit entre les femmes Jahel, femme d’Haber le Cinéen, et qu’elle soit bénie dans sa tente (son tabernacle). 25Il (Sisara) demandait de l’eau, elle lui donna du lait ; elle lui présenta de la crème (du beurre) dans la coupe des princes. 26Elle prit le clou de la main gauche, et de la droite le marteau des ouvriers ; et choisissant l’endroit de la tête de Sisara où elle donnerait son coup, elle lui enfonça (fortement) le clou dans la tempe. 27Il tomba à ses pieds, il s’affaissa, et il mourut ; après s’être roulé à ses pieds, il demeura étendu sans vie, dans un état misérable (digne de pitié). 28Cependant sa mère regardait par la fenêtre, et, parlant de sa chambre, elle criait (poussait des cris perçants) : Pourquoi son char ne revient-il pas encore ? Pourquoi ses chars (quadriges) tardent-ils tant ? 29Et la plus sage d’entre (que) les (autres) femmes de Sisara répondit ainsi à sa belle-mère : 30Peut-être que maintenant on partage le butin, et qu’on choisit pour lui la plus belle des captives ; on choisit parmi toutes les dépouilles des vêtements de diverses couleurs pour les donner à Sisara, et on lui destine quelque écharpe précieuse brodée à l’aiguille, qu’il puisse porter sur son cou comme un ornement. 31(Qu’) Ainsi périssent, Seigneur, tous vos ennemis ; mais que ceux qui vous aiment brillent comme le soleil, lorsque ses rayons éclatent au matin. 32Or (Et) tout le pays demeura en paix pendant quarante ans.


Servitude des Israélites sous les Madianites ; Gédéon est choisis de Dieu pour les délivrer.


6(Mais) Les enfants d’Israël firent encore le mal aux yeux du Seigneur, et il les livra pendant sept ans entre les mains des Madianites. 2Ce peuple les tint dans une si grande oppression, qu’ils furent obligés de se retirer dans les antres et dans les cavernes des montagnes, et dans les lieux les plus fortifiés propres à la résistance. 3Après que les Israélites avaient semé, les Madianites, les Amalécites et les autres peuples de l’orient venaient sur leurs terres, 4y dressaient leurs tentes, ruinaient tous les grains en herbes jusqu’à l’entrée de Gaza, et ne laissaient aux Israélites (absolument) rien de tout ce qui était nécessaire à la vie, ni brebis, ni bœufs, ni ânes. 5Car ils venaient avec tous leurs troupeaux et avec leurs tentes (tabernacles) ; et comme ils étaient une multitude innombrable d’hommes et de chameaux, semblables à un nuage de sauterelles, ils remplissaient tout et gâtaient tout par où ils passaient. 6Israël fut donc extrêmement humilié sous Madian. 7Et ils crièrent au Seigneur, lui demandant du secours contre les Madianites. 8Alors le Seigneur leur envoya un (homme) prophète, qui leur dit : Voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d’Israël : Je vous ai fait sortir d’Egypte, et je vous ai (re)tirés d’un séjour de servitude ; 9je vous ai délivrés de la main des Egyptiens, et de tous les ennemis qui vous affligeaient ; j’ai (les) chassé (les Amorrhéens) de cette terre à votre entrée, et je vous ai livré le pays qui était à eux. 10Et je vous ai dit : Je suis le Seigneur votre Dieu. Ne craignez point les dieux des Amorrhéens dans le pays desquels vous habitez. Cependant vous n’avez point voulu écouter ma voix. 11Or l’ange du Seigneur vint s’asseoir sous un chêne qui était à Ephra, et qui appartenait à Joas, père de la famille d’Ezri. Et Gédéon, son fils, était occupé alors à battre le blé dans le pressoir et à le vanner, pour échapper aux Madianites. 12L’ange du Seigneur apparut donc à Gédéon, et lui dit : Le Seigneur est avec toi, ô le plus fort d’entre les hommes. (!) 13Gédéon lui répondit : D’où vient donc, mon seigneur, je vous prie, que tous ces maux sont tombés sur nous, si le Seigneur est avec nous ? Où sont ses merveilles que nos pères nous ont rapportées, en nous disant : Le Seigneur nous a (re)tirés de l’Egypte ? Et maintenant le Seigneur nous a abandonnés, et nous a livrés entre les mains des Madianites. 14Alors le Seigneur, le regardant, lui dit : Va, avec cette (tienne) force dont tu es rempli, et tu délivreras Israël de la puissance des Madianites. Sache que c’est moi qui t’ai envoyé. 15Gédéon lui répondit : Hélas ! mon Seigneur, comment, je vous prie, délivrerais-je Israël ? Vous savez que ma famille est la dernière de Manassé, et que je suis le dernier dans la maison de mon père. 16(Et) Le Seigneur lui dit : Je serai avec toi, et tu battras les Madianites, comme s’ils n’étaient qu’un seul homme. 17Sur quoi Gédéon repartit : Si j’ai trouvé grâce devant vous, faites-moi connaître par un signe que c’est vous qui me parlez. 18Et ne vous retirez point d’ici jusqu’à ce que je revienne auprès de vous, et que j’apporte un sacrifice pour vous l’offrir. L’ange lui répondit : (Oui) J’attendrai ton retour. 19Gédéon, étant donc entré chez lui, fit cuire un chevreau, et fit d’une mesure de farine des pains sans levain ; et ayant mis la viande (chair) dans une corbeille et le jus de la viande dans un pot, il apporta le tout sous le chêne, et il le lui offrit. 20L’ange du Seigneur lui dit : Prends la viande (chair) et les pains sans levain, mets-les sur cette pierre, et verse dessus le jus de viande. Ce que Gédéon ayant fait, 21l’ange du Seigneur étendit le bout du bâton qu’il tenait dans sa main, et en toucha la viande et les pains sans levain ; et aussitôt il sortit de la pierre un feu qui consuma la viande et les pains sans levain ; et (mais) en même temps l’ange du Seigneur disparut de devant ses yeux. 22(Et) Gédéon, voyant que c’était l’ange du Seigneur, s’écria : Hélas ! Seigneur mon Dieu, j’ai vu l’ange du Seigneur face à face. 23Le Seigneur lui dit : La paix soit avec toi. Ne crains point : tu ne mourras pas. 24Gédéon éleva donc en ce même lieu un autel au Seigneur, et l’appela la paix du Seigneur ; nom qu’il garde encore aujourd’hui. Et lorsqu’il était encore à Ephra, qui appartient à la famille d’Ezri, 25le Seigneur lui dit la nuit suivante : Prends un taureau de ton père, et un autre taureau de sept ans, et renverse (tu détruiras) l’autel de Baal qui appartient à ton père, et coupe le bois qui est autour de l’autel. 26Dresse aussi un autel au Seigneur ton Dieu sur le haut de cette pierre, sur laquelle tu as offert ton sacrifice, et prends le second taureau, que tu offriras en holocauste sur un bûcher fait de branches d’arbres que tu auras coupées de ce bois. 27Gédéon, ayant donc pris dix de ses serviteurs, fit ce que le Seigneur lui avait commandé. Il ne voulut pas néanmoins le faire de jour, parce qu’il craignait ceux de la maison de son père, et les hommes de cette ville-là ; mais il fit tout pendant la nuit. 28Et les habitants de cette ville, étant venus le matin, virent l’autel de Baal détruit, le bois coupé, et le second taureau mis sur l’autel qui venait d’être élevé. 29Alors ils se dirent les uns aux autres : Qui est-ce qui a fait cela ? Et comme ils cherchaient partout quel était l’auteur de cette action, on leur dit : C’est Gédéon, fils de Joas ; qui a fait toutes ces choses. 30Ils dirent donc à Joas : Fais venir ici ton fils, afin qu’il meure ; parce qu’il a détruit l’autel de Baal, et qu’il en a coupé le bois. 31Joas répondit : Est-ce à vous de venger Baal et de combattre pour lui ? Que celui qui est son ennemi meure avant que le jour de demain soit venu. Si Baal est Dieu, qu’il se venge de celui qui a détruit son autel. 32Depuis ce jour Gédéon fut appelé Jérobaal, à cause de cette parole que Joas avait dite : Que Baal se venge de celui qui a renversé (démoli) son autel. 33Cependant tous les Madianites, les Amalécites et les peuples d’Orient se joignirent ensemble ; et ayant passé le Jourdain, ils vinrent camper dans la vallée de Jezraël. 34En même temps (Mais) l’esprit du Seigneur revêtit Gédéon, qui, sonnant de la trompette, assembla toute la maison d’Abiézer, afin qu’elle le suivit. 35Il envoya aussi des courriers dans toute la tribu de Manassé, qui le suivit aussi, et il en envoya d’autres dans les tribus d’Aser, de Zabulon et de Nephtali ; et les hommes de ces tribus vinrent au-devant de lui. 36Alors Gédéon dit à Dieu : Si vous voulez vous servir de ma main pour sauver Israël, comme vous l’avez dit, 37je mettrai dans l’aire cette toison ; et si, toute la terre demeurant sèche, la rosée ne tombe que sur la toison, je reconnaîtrai par là que vous vous servirez de ma main, selon que vous l’avez promis, pour délivrer Israël. 38Ce que Gédéon avait proposé arriva. Car, s’étant levé de grand matin, il pressa la toison, et remplit une coupe de la rosée qui en sortit. 39Gédéon dit encore à Dieu : Que votre colère ne s’allume pas contre moi, si je fais encore une fois une épreuve, en demandant un second signe dans la toison. Je vous prie, Seigneur, que toute la terre soit trempée de rosée, et que la toison seule demeure sèche. 40Le Seigneur fit cette nuit-là même ce que Gédéon avait demandé. La rosée tomba sur toute la terre, et la toison seule demeura sèche.


Gédéon, avec trois cents hommes, défait les Madianites.


7Jérobaal, qui s’appelait aussi (c’est-à-dire) Gédéon, se leva donc avant le jour et vint, accompagné de tout le peuple, à la fontaine nommée Harad. Or les Madianites étaient campés dans la vallée, vers le côté septentrional d’une colline fort élevée. 2Alors le Seigneur dit à Gédéon : Tu as avec toi un peuple considérable. Madian ne sera point livré entre ses mains, de peur qu’Israël ne se glorifie contre moi et qu’il ne dise : C’est par mes propres forces que j’ai été délivré. 3Parle au peuple, et fais publier ceci devant tous : Que celui qui est effrayé et timide s’en retourne. Et vingt-deux mille hommes du peuple se retirèrent de la montagne de Galaad, et s’en retournèrent, et il n’en demeura que dix mille. 4Alors le Seigneur dit à Gédéon : Le peuple est encore en trop grand nombre. Mène-les près des eaux, et là je les éprouverai. Celui que je te désignerai pour qu’il aille avec toi te suivra, et celui que j’en empêcherai s’en retournera. 5Le peuple étant venu en un lieu où il y avait des eaux, le Seigneur dit encore à Gédéon : Mets d’un côté ceux qui auront pris de l’eau avec la langue comme les chiens ont coutume de faire ; et mets de l’autre ceux qui auront mis les genoux en terre pour boire. 6Il s’en trouva donc trois cents qui prenant l’eau avec la main, la portèrent à leur bouche ; mais tout le reste du peuple avait mis les genoux en terre pour boire. 7Alors le Seigneur dit à Gédéon : C’est par ces trois cents hommes qui ont pris l’eau avec la langue que je vous délivrerai, et que je ferai tomber Madian entre vos mains. Que tout le reste du peuple s’en retourne donc chacun chez soi. 8Gédéon, leur ayant commandé à tous de se retirer dans leurs tentes (tabernacles), prit des vivres avec des trompettes, selon le nombre des gens qu’il avait, et marcha avec ses trois cents hommes pour combattre les ennemis. Or le camp de Madian était en bas, dans la vallée. 9La nuit suivante le Seigneur dit à Gédéon : Lève-toi, et descends dans le camp, parce que j’ai livré les Madianites entre tes mains. 10Mais, si tu crains d’y aller seul, que Phara ton serviteur y aille avec toi. 11Et lorsque tu auras entendu ce que diront les Madianites, tes mains en seront fortifiées, et tu descendras ensuite avec plus d’assurance contre le camp des ennemis. Gédéon descendit donc avec son serviteur Phara à l’endroit du camp où étaient les sentinelles de l’armée. 12Or les Madianites, les Amalécites et tous les peuples de l’Orient étaient étendus dans la vallée comme une multitude de sauterelles, avec des chameaux sans nombre, comme le sable qui est sur le rivage de la mer. 13Et lorsque Gédéon se fut approché, il entendit l’un d’eux qui contait un songe à un autre, et qui lui rapportait ainsi ce qu’il avait vu : J’ai eu un songe, disait-il, et il me semblait que je voyais comme un pain d’orge cuit sous la cendre, qui roulait en bas et descendait dans le camp des Madianites ; et, ayant rencontré une tente, il l’a frappée, renversée et complètement jetée à terre. 14Celui à qui il parlait lui répondit : Tout cela n’est autre chose que l’épée de Gédéon, fils de Joas l’Israélite ; parce que le Seigneur lui a livré entre les mains les Madianites avec toute leur armée. 15Gédéon, ayant entendu ce songe et l’interprétation qui lui en avait été donnée, adora Dieu. Et étant retourné au camp d’Israël, il dit aux siens : Levez-vous, car le Seigneur a livré entre nos mains le camp de Madian. 16Et il divisa ses trois cents hommes en trois bandes, et leur donna des trompettes à la main et des pots de terre (cruches) vides, avec des lampes au milieu des pots ; 17et il leur dit : Faites ce que vous me verrez faire. J’entrerai par un endroit du camp ; faites tout ce que je ferai. 18Quand vous me verrez sonner de la trompette que j’ai à la main, sonnez de même de la trompette tout autour du camp ; et criez ensemble : Pour le (Au) Seigneur et pour (à) Gédéon ! 19Gédéon, suivi de ses trois cents hommes, entra donc par un endroit du camp vers le commencement de la veille de minuit. Et ayant réveillé les gardes, ils commencèrent à sonner de la trompette et à heurter leurs pots de terre (cruches) l’un contre l’autre. 20Et faisant un grand bruit autour du camp, en trois endroits différents, après qu’ils eurent brisé leurs pots de terre (cruches), ils tinrent leurs lampes de la main gauche, et de la droite les trompettes dont ils sonnaient, et ils crièrent : L’épée du Seigneur et de Gédéon ! 21Chacun demeura à son poste autour du camp des ennemis. Aussitôt, le camp des Madianites se trouva tout en désordre, et ils s’enfuirent en poussant de grands cris. 22Les trois cents hommes continuèrent à sonner de la trompette, et le Seigneur tourna les épées de tous ceux du camp les unes contre les autres, et ils se tuèrent mutuellement. 23Et ceux qui échappèrent s’enfuirent jusqu’à Bethsetta, et jusqu’au bord d’Abelméhula à Tebbath. Mais les enfants d’Israël, des tribus de Nephtali et d’Aser, et tous ceux de la tribu de Manassé poursuivirent les Madianites en criant. 24Et Gédéon envoya des courriers sur toute la montagne d’Ephraïm, pour dire au peuple : Marchez au-devant des Madianites, et emparez-vous des eaux jusqu’à Bethbéra, et de tous les passages du Jourdain. Tous ceux d’Ephraïm, criant donc aux armes, se saisirent des bords de l’eau, et des passages du Jourdain jusqu’à Bethbéra. 25Et ayant pris deux chefs (hommes) des Madianites, Oreb et Zeb, ils tuèrent Oreb au rocher d’Oreb, et Zeb au pressoir de Zeb ; et ils poursuivirent les Madianites, ayant à la main les têtes d’Oreb et de Zeb, qu’ils portèrent à Gédéon au-delà du Jourdain.


Gédéon apaise les enfants d’Ephraïm.

Il met à mort Zébée et Salmana.

Il fait faire un éphod.

Mort de Gédéon.


8Alors les enfants d’Ephraïm lui dirent : Pourquoi nous as-tu traités ainsi, et pourquoi ne nous as-tu pas fait avertir lorsque tu allais combattre les Madianites ? Et ils le querellèrent fort aigrement, jusqu’à en venir presque à la violence. 2Gédéon leur répondit : Que pouvais-je faire qui égalât ce que vous avez fait ? Est-ce qu’une grappe de raisin d’Ephraïm ne vaut pas mieux que toutes les vendanges d’Abiézer ? 3Le Seigneur a livré entre vos mains les princes de Madian, Oreb et Zeb. Qu’ai-je pu faire qui approchât de ce que vous avez fait ? En leur parlant ainsi, il apaisa leur colère, qui était prête à éclater contre lui. 4Gédéon, étant venu ensuite sur le bord du Jourdain, le passa avec ses trois cents hommes qui le suivaient, et ils étaient si las, qu’ils ne pouvaient plus poursuivre les fuyards. 5(Et) Il dit donc aux habitants de Soccoth : Donnez, je vous prie, du pain à ceux qui sont avec moi, parce qu’ils n’en peuvent plus ; afin que nous puissions poursuivre les rois des Madianites, Zébée et Salmana. 6Mais les notables (princes) de Soccoth lui répondirent : Peut-être la paume des mains de Zébée et de Salmana est-elle déjà en ton pouvoir ; et c’est pour cela que tu demandes que nous donnions du pain à tes gens ? 7Gédéon leur répondit : Lorsque le Seigneur aura livré entre mes mains Zébée et Salmana, je vous ferai briser le corps (je déchirerai votre chair) avec les épines et les ronces du désert. 8Etant allé plus loin, il vint à Phanuel et il fit la même demande aux habitants de cette localité, et ils lui firent la même réponse que ceux de Soccoth. 9Gédéon lui répliqua de même : Lorsque je serai revenu en paix et victorieux, j’abattrai cette tour-là. 10Or Zébée et Salmana prenaient du repos avec le reste de leur armée ; car il n’était resté à ces peuples d’Orient que quinze mille hommes de toutes leurs troupes, cent vingt mille hommes, tous gens de guerre et portant les armes, ayant péri. 11Gédéon, se dirigeant donc du côté de ceux qui habitaient sous la tente, à l’orient de Nobé et de Jegbaa, défit l’armée des ennemis, qui se croyaient en sûreté, s’imaginant qu’ils n’avaient plus rien à craindre. 12Zébée et Salmana s’enfuirent (aussitôt), toutes leurs troupes étant en désordre ; Gédéon les poursuivit et les prit tous deux. 13Etant revenu du combat avant le lever du soleil, 14il prit un jeune homme (garçon) de Soccoth, et lui demanda les noms des notables et des anciens de Soccoth ; cet homme lui en marqua soixante-dix-sept. 15Gédéon vint ensuite à Soccoth et dit aux notables : Voici Zébée et Salmana au sujet desquels vous m’avez insulté, en disant : Peut-être les mains de Zébée et de Salmana sont-elles en ton pouvoir, et c’est pour cela que tu demandes que nous donnions du pain à tes gens, qui sont si las qu’ils n’en peuvent plus. 16Il prit donc les anciens de la ville, et il leur brisa le corps avec (il en déchira et mit en pièces) les épines et les ronces du désert. 17Il abattit aussi la tour de Phanuel, après avoir tué les habitants de la ville. 18Il dit ensuite à Zébée et à Salmana : Comment étaient (faits) ceux que vous avez tués au mont Thabor ? Ils lui répondirent : Ils étaient comme vous, et l’un d’eux paraissait un fils de roi. 19Gédéon ajouta : C’étaient mes frères et les enfants de ma mère. Vive le Seigneur (le Seigneur vit) ! si vous leur aviez sauvé la vie, je ne vous tuerais pas (maintenant). 20Il dit ensuite à Jéther, son fils aîné : Va, tue-les. Mais Jéther ne tira point son épée, parce qu’il était effrayé, n’étant encore qu’un enfant. 21Zébée et Salmana dirent donc à Gédéon : Viens toi-même, et tue-nous ; car c’est l’âge qui rend l’homme fort. Gédéon, s’étant avancé, tua Zébée et Salmana. Il prit ensuite tous les ornements et les bossettes qu’on met d’ordinaire au cou des chameaux des rois. 22Alors tous les enfants d’Israël dirent à Gédéon : Sois notre prince et commande-nous, toi, ton fils, et le fils de ton fils, parce que tu nous as délivrés de la main des Madianites. 23Gédéon leur répondit : Je ne serai point votre prince, et je ne vous commanderai point, ni moi ni mes fils ; mais c’est le Seigneur qui sera votre prince, et qui vous commandera. 24Et il ajouta : Je ne vous demande qu’une chose. Donnez-moi les pendants d’oreilles que vous avez eus de votre butin. Car les Ismaélites (Israélites ?) avaient coutume de porter des pendants d’oreilles d’or. 25Ils lui répondirent : Nous (te) les donnerons très volontiers. Et étendant un manteau à terre, ils y jetèrent les pendants d’oreilles qu’ils avaient eus de leur butin. 26Ces pendants d’oreilles que Gédéon avait demandés pesaient mille sept cents sicles d’or, sans compter les ornements, les colliers précieux et les vêtements d’écarlate (de pourpre) que les rois de Madian avaient coutume de porter, et sans compter les colliers (carcans) d’or des chameaux. 27(Et) Gédéon fit de toutes ces choses précieuses un éphod, qu’il mit dans sa ville d’Ephra. Et cet éphod fit tomber les Israélites dans la prostitution de l’idolâtrie, et causa la ruine de Gédéon et de toute sa maison. 28Les Madianites furent donc humiliés devant les enfants d’Israël, et ils ne purent plus lever la tête ; mais tout le pays demeura en paix pendant les quarante années du gouvernement de Gédéon. 29Après cela Jérobaal (, fils de Joas,) s’en retourna et demeura dans sa maison ; 30et il eut soixante-dix fils issus de lui, car il avait plusieurs femmes. 31Et sa concubine (seconde femme) qu’il avait à Sichem lui donna un fils nommé Abimélech. 32Gédéon, fils de Joas, mourut enfin dans une heureuse vieillesse, et il fut enseveli dans le sépulcre de Joas, son père, à Ephra, qui appartenait à la famille d’Ezri. 33(Mais) Après la mort de Gédéon, les enfants d’Israël se détournèrent du culte de Dieu, et ils se prostituèrent à l’idolâtrie des Baals (à Baal). Ils firent alliance avec Baal, afin qu’il fût leur dieu ; 34et ils oublièrent le Seigneur leur Dieu, qui les avait délivrés des mains de tous leurs ennemis dont ils étaient environnés. 35Et ils n’usèrent point de miséricorde envers la maison de Gédéon Jérobaal (Gédéon), pour reconnaître tout le bien qu’il avait fait à Israël.


Abimélech se fait déclarer roi.

Les Sichémites lui dressent des embûches.

Il prend Sichem.

Il est tué au siège de Thébès.


9Alors (Or) Abimélech, fils de Jérobaal, s’en alla à Sichem trouver les frères de sa mère, et tous ceux de la famille du père de sa mère, et il leur parla en ces termes : 2Représentez ceci, leur dit-il, à tous les habitants de Sichem : Lequel est le meilleur pour vous, ou être dominé par soixante-dix hommes, tous enfants de Jérobaal, ou de n’avoir qu’un seul homme qui vous commande ? Et de plus, considérez que je suis votre os et votre chair. 3Les frères de sa mère parlèrent de lui en ces termes à tous les habitants de Sichem, dont ils inclinèrent les cœurs en faveur d’Abimélech, en disant : C’est notre frère. 4Et ils lui donnèrent soixante-dix sicles d’argent, qu’ils enlevèrent du temple de Baalberith. Abimélech, avec cet argent, leva une troupe de gens misérables et vagabonds qui le suivirent. 5Il vint donc dans la maison de son père à Ephra, et il tua sur une même pierre les soixante-dix fils de Jérobaal, ses frères ; et de tous les enfants de Jérobaal, il ne resta que Joatham, le plus jeune de tous, qui se cacha. 6Alors tous les habitants de Sichem s’assemblèrent avec toutes les familles de la ville de Mello, et allèrent établir roi Abimélech près du chêne qui était à Sichem. 7Joatham, en ayant reçu la nouvelle, s’en alla au sommet du mont Garizim, où, se tenant debout, il cria à haute voix et dit : Ecoutez-moi, habitants de Sichem, comme vous voulez que (et qu’ainsi) Dieu vous écoute. 8Les arbres allèrent un jour pour s’élire un roi, et ils dirent à l’olivier : Sois notre roi (Commande-nous). 9L’olivier leur répondit : Puis-je abandonner mon suc et mon huile dont les dieux et les hommes se servent, pour venir m’établir au-dessus des arbres ? 10Les arbres dirent ensuite au figuier : Viens, et règne sur nous. 11Le figuier leur répondit : Puis-je abandonner la douceur de mon suc et l’excellence de mon fruit, pour venir m’établir au-dessus des arbres ? 12Les arbres s’adressèrent aussi à la vigne, et lui dirent : Viens, et règne sur nous. 13La vigne leur répondit : Puis-je abandonner mon vin, qui est la joie de Dieu et des hommes pour venir m’établir au-dessus des arbres ? 14Enfin tous les arbres vinrent au buisson : Viens, et règne sur nous. 15Le buisson leur répondit : Si vous m’établissez véritablement votre roi, venez vous reposer sous mon ombre ; mais si vous ne le voulez pas, que le feu sorte du buisson, et qu’il dévore les cèdres du Liban. 16Considérez donc maintenant si ç’a été pour vous une action juste et innocente de proclamer roi Abimélech ; si vous avez bien traité Jérobaal et sa maison ; si vous avez reconnu, comme vous deviez, les grands services de celui qui a combattu pour vous, 17et qui a exposé sa vie (son âme) à tant de périls pour vous délivrer des mains des Madianites ; 18et si vous auriez dû vous élever, comme vous l’avez fait, contre la maison de mon père, en tuant sur une même pierre ses soixante-dix fils, et en proclamant Abimélech, fils de sa servante, roi des habitants de Sichem, parce qu’il est votre frère. 19Si donc vous aviez traité comme vous deviez Jérobaal et sa maison, et que vous ne lui ayez point fait d’injustice, qu’Abimélech soit votre bonheur, et puissiez-vous être aussi le bonheur d’Abimélech. 20Mais, si vous avez agi contre toute justice, que le feu sorte d’Abimélech, qu’il consume les habitants de Sichem et de la ville de Mello, et que le feu sorte des habitants de Sichem et de la ville de Mello, et qu’il dévore Abimélech. 21Ayant ainsi parlé, il s’enfuit et il s’en alla à Béra, où il demeura, parce qu’il craignait Abimélech, son frère. 22Abimélech fut donc prince d’Israël pendant trois ans. 23Mais le Seigneur envoya un (très) mauvais esprit entre Abimélech et les habitants de Sichem, qui commencèrent à le détester, 24et à imputer à Abimélech leur frère, et aux principaux des Sichémites qui l’avaient soutenu, le crime du meurtre des soixante-dix fils de Jérobaal, et de la (cruelle) effusion de leur sang. 25Ils lui dressèrent donc des embûches au haut des montagnes ; et, en attendant qu’il vînt, ils s’exerçaient à des brigandages et volaient les passants. Mais Abimélech en fut averti. 26Cependant Gaal, fils d’Obed, vint avec ses frères, et passa à Sichem ; et les Sichémites, à son arrivée, ayant pris une nouvelle confiance, 27sortirent dans la campagne, ravagèrent les vignes, foulèrent aux pieds les raisins ; et, dansant et chantant, ils entrèrent dans le temple de leur dieu, où, en mangeant et en buvant, ils faisaient des imprécations contre (maudissaient) Abimélech ; 28et Gaal, fils d’Obed, criait à haute voix : Qui est Abimélech et qu’est Sichem, pour que nous servions Abimélech ? N’est-ce pas le fils de Jérobaal ? et n’a-t-il pas établi Zébul, son serviteur, pour gouverner sous lui les hommes de la maison d’Hémor, père de Sichem ? Pourquoi donc serions-nous assujettis à Abimélech ? 29Plût à Dieu que quelqu’un me donnât l’autorité sur ce peuple pour exterminer Abimélech ! Cependant on vint dire à Abimélech : Assemble une grande armée, et viens. 30Zébul, gouverneur de la ville, ayant entendu ces discours de Gaal, fils d’Obed, entra dans une grande colère, 31et envoya en secret des courriers à Abimélech pour lui dire : Gaal, fils d’Obed, est venu à Sichem avec ses frères, et il excite la ville contre toi. 32Viens donc de nuit avec les troupes qui t’accompagnent, et tiens-toi caché dans les champs ; 33et au point du jour, lorsque le soleil se lèvera, viens fondre sur la ville. Quand Gaal sortira contre toi avec ses gens, profite de tes chances contre lui. 34Abimélech, ayant donc marché la nuit avec toute son armée, dressa des embuscades en quatre endroits près de Sichem. 35(Or) Gaal, fils d’Obed, sortit de la ville, et se tint à l’entrée de la porte, et Abimélech sortit de l’embuscade avec toute son armée. 36Gaal, ayant aperçu les gens d’Abimélech, dit à Zébul : Voilà bien du monde qui descend des montagnes. Zébul lui répondit : Les ombres des montagnes que tu vois te paraissent des têtes d’hommes, et c’est là ce qui te trompe. 37Gaal lui dit encore : Voilà un grand peuple qui sort du milieu de la terre, et j’en voie venir une colonne par le chemin qui regarde le chêne. 38Zébul lui répondit : Où est maintenant cette audace (ta bouche) avec laquelle tu disais : Qui est Abimélech pour nous tenir assujettis à lui ? Ne sont-ce pas là les gens que tu méprisais ? Sors donc et combats contre eux. 39Gaal sortit alors à la vue de tout le peuple de Sichem, et combattit contre Abimélech. 40Mais Abimélech le contraignit de fuir, le poursuivit et le chassa dans la ville ; et plusieurs de ses gens (nombres des siens) furent tués jusqu’à la porte de Sichem. 41Abimélech se tint ensuite à Ruma, et Zébul chassa de la ville Gaal avec ses gens, et ne souffrit plus qu’il y demeurât. 42(Or) Le lendemain le peuple de Sichem sortit dans les champs, et Abimélech, l’ayant appris, 43amena son armée, la divisa en trois bandes, et dressa des embuscades dans les champs. Lorsqu’il vit que les habitants sortaient de la ville, il se leva de l’embuscade, et les chargea vivement 44avec ses troupes, et il vint assiéger la ville. Cependant les deux autres corps de son armée poursuivaient les ennemis, qui fuyaient ça et là dans la campagne. 45(Or) Abimélech attaqua la ville pendant tout ce jour ; et l’ayant prise, il en tua tous les habitants, et la détruisit au point de semer du sel là où elle avait été. 46Ceux qui habitaient dans la tour de Sichem, ayant appris ces faits, entrèrent dans le temple de leur dieu Berith, où ils avaient fait alliance avec lui : ce qui avait valu à ce lieu le nom de Berith ; et il était extrêmement fortifié. 47Abimélech, ayant appris de son côté que les habitants de la tour de Sichem s’étaient réunis tous ensemble, 48monta sur la montagne de Selmon avec tous ses gens, coupa une branche d’arbre avec une hache, la mit sur son épaule, et dit à ses compagnons : Faites promptement ce que vous m’avez vu faire. 49Ils coupèrent donc tous à l’envi des branches d’arbres, et suivirent leur chef ; et environnant la forteresse, ils y mirent le feu, et il arriva ainsi que mille personnes, tant hommes que femmes, qui demeuraient dans cette tour de Sichem, y furent tués par le feu ou par la fumée. 50Abimélech marcha (ensuite) de là vers la ville de Thébès, qu’il investit et assiégea avec son armée. 51(Or) Il y avait au milieu de la ville une haute tour, où les hommes et les femmes, et tous les principaux de la ville s’étaient réfugiés ; ils avaient barricadé solidement la porte, et étaient montés sur le haut de la tour pour se défendre par les créneaux (derrière les parapets). 52Abimélech était au pied de la tour combattant vaillamment, et, s’approchant de la porte, il tâchait d’y mettre le feu. 53En même temps une femme, jetant d’en haut un morceau d’une meule de moulin, brisa la tête à Abimélech, et en fit sortir la cervelle (brisa son crâne). 54Aussitôt il appela son écuyer et lui dit : Tire ton épée et tue-moi, de peur qu’on ne dise que j’ai été tué par une femme. L’écuyer, obéissant à ses ordres, le tua. 55Abimélech étant mort, tous ceux d’Israël qui étaient avec lui retournèrent chacun dans sa maison. 56Et Dieu rendit à Abimélech le mal qu’il avait commis contre son père en tuant ses soixante-dix frères. 57Les Sichémites aussi reçurent la punition de ce qu’ils avaient fait ; et la malédiction que Joatham, fils de Jérobaal, avait prononcée, tomba sur eux.


Thola et Jaïr, juges d’Israël.

Servitude sous les Philistins et les Ammonites.


10Après Abimélech, Thola, fils de Phua, oncle paternel d’Abimélech, qui était de la tribu d’Issachar, et qui demeurait à Samir en la montagne d’Ephraïm, se leva comme chef d’Israël. 2Et il jugea Israël pendant vingt-trois ans ; et il mourut, et fut enseveli à Samir. 3Jaïr de Galaad lui succéda, et il fut juge dans Israël pendant vingt-deux ans. 4Ils avaient (Ayant) trente fils qui montaient sur trente poulains d’ânesses, et qui étaient princes de trente villes, au pays de Galaad. Jusqu’à ce jour elles sont nommées de son nom, Havoth-Jaïr, c’est-à-dire les villes de Jaïr. 5Jaïr mourut ensuite, et fut enseveli au lieu appelé Camon. 6Mais les enfants d’Israël, joignant de nouveaux crimes aux anciens, firent le mal aux yeux du Seigneur, et adorèrent les idoles des Baalim et des Astaroth, et les dieux de Syrie et de Sidon, de Moab, des enfants d’Ammon et des Philistins : ils abandonnèrent le Seigneur et cessèrent de l’adorer. 7Le Seigneur, irrité contre eux, les livra entre les mains des Philistins et des enfants d’Ammon. 8Et tous ceux qui habitaient au-delà du Jourdain, au pays des Amorrhéens qui est en Galaad, furent affligés et opprimés cruellement pendant dix-huit ans ; 9à tel point que les enfants d’Ammon, ayant passé le Jourdain, ravagèrent les tribus de Juda, de Benjamin et d’Ephraïm ; et Israël se trouva dans une extrême affliction. 10Les Israélites crièrent donc au Seigneur, et ils dirent : Nous avons péché contre vous, parce que nous avons abandonné le Seigneur notre Dieu, et que nous avons servi les Baalim. 11Et le Seigneur leur dit : les Egyptiens, les Amorrhéens, les enfants d’Ammon, les Philistins, 12les Sidoniens, les Amalécites et les Chananéens ne vous ont-ils pas autrefois opprimés ; et quand vous avez crié vers moi, ne vous ai-je pas délivrés d’entre leurs mains ? 13Après cela néanmoins vous m’avez abandonné, et vous avez adoré des dieux étrangers. C’est pourquoi je ne penserai plus désormais à vous délivrer. 14Allez, et invoquez les dieux que vous vous êtes choisis ; et qu’ils vous délivrent eux-mêmes de l’affliction qui vous accable. 15Les enfants d’Israël répondirent au Seigneur : Nous avons péché. Faites-nous vous-même tout le mal (ce) qu’il vous plaira ; du moins pour cette heure délivrez-nous. 16Après avoir ainsi prié, ils jetèrent hors de leur territoire toutes les idoles des dieux étrangers, et ils adorèrent le Seigneur Dieu, qui se laissa toucher de leur misère. 17Cependant les enfants d’Ammon, poussant de grands cris, dressèrent leurs tentes dans le pays de Galaad, et les enfants d’Israël, s’étant assemblés pour les combattre, campèrent à Maspha. 18Alors les princes de Galaad se dirent les uns aux autres : Le premier d’entre nous qui commencera à combattre contre les enfants d’Ammon sera le chef du peuple de Galaad.


Jephté, choisi pour être chef des Israélites, combat les Ammonites, et les défait.

Son vœu.


11En ce temps-là, il y avait un homme de Galaad, nommé Jephté, homme de guerre et fort vaillant, fils d’une courtisane (femme de mauvaise vie) ; il avait pour père Galaad. 2Or Galaad son père avait sa femme légitime, dont il eut des enfants, lesquels, étant devenus grands, chassèrent Jephté de la maison, en lui disant : Tu ne peux pas être héritier dans la maison de notre père, parce que tu es né d’une autre mère. 3Jephté, les fuyant donc et les évitant, demeura au pays de Tob ; et des gens qui n’avaient rien et qui vivaient de brigandage s’assemblèrent près de lui, et le suivaient comme leur chef. 4En ce même temps, les enfants d’Ammon combattaient contre Israël. 5Et comme ils pressaient vivement les Hébreux, les anciens de Galaad allèrent trouver Jephté au pays de Tob, pour le faire venir à leur secours. 6Ils lui dirent donc : Viens, et sois notre prince (chef) pour combattre contre les enfants d’Ammon. 7Jephté leur répondit : N’est-ce pas vous qui me haïssez, et qui m’avez chassé de la maison de mon père ? Et maintenant vous venez à moi, parce que la nécessité vous y contraint. 8Les notables (princes) de Galaad lui répondirent : Nous venons te trouver, afin que tu marches avec nous, que tu combattes contre les enfants d’Ammon, et que tu sois le chef de tous ceux qui habitent en Galaad. 9Jephté leur répondit : Si c’est avec un désir sincère que vous venez m’engager à combattre pour vous contre les enfants d’Ammon, en cas que le Seigneur me les livre entre les mains, serai-je votre chef ? 10Ils lui répondirent : Que le Seigneur, qui nous entend, soit entre toi et nous, et soit témoin que nous voulons accomplir nos promesses. 11Jephté s’en alla donc avec les notables de Galaad, et tout le peuple l’élut pour son chef. Jephté, ayant fait d’abord toutes ces protestations devant le Seigneur à Maspha, 12envoya ensuite des ambassadeurs au roi des enfants d’Ammon, pour lui dire de sa part : Qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ? Pourquoi es-tu venu m’attaquer et ravager mon pays ? 13Le roi des Ammonites leur répondit : C’est parce qu’Israël, lorsqu’il venait d’Egypte, m’a pris mon pays depuis les confins de l’Arnon jusqu’au Jaboc et jusqu’au Jourdain. Rends-le-moi donc maintenant de toi-même, et demeurons en paix. 14Jephté donna de nouveau ses ordres aux ambassadeurs, et leur commanda de dire au roi des Ammonites : 15Voici ce que dit Jephté : Les Israélites n’ont pris ni le pays de Moab ni le pays des enfants d’Ammon ; 16mais, lorsqu’ils sortirent d’Egypte, ils marchèrent par le désert jusqu’à la mer Rouge ; et étant venus à Cadès, 17ils envoyèrent des ambassadeurs au roi d’Edom, et lui firent dire : Laisse-nous passer par ton pays ; et le roi d’Edom ne voulut point accéder à leur demande. Ils envoyèrent aussi des ambassadeurs au roi de Moab, qui dédaigna de leur accorder le passage. Ils demeurèrent donc à Cadès, 18et ayant côtoyé le pays d’Edom et le pays de Moab, ils vinrent sur le côté oriental du pays de Moab, et ils campèrent au-delà de l’Arnon, sans vouloir entrer dans le pays de Moab ; car l’Arnon est la frontière de la terre de Moab. 19Les Israélites envoyèrent ensuite des ambassadeurs vers Séhon, roi des Amorrhéens, qui habitait dans Hésébon, pour lui dire : Laisse-nous passer par tes terres jusqu’au Jourdain. 20Séhon, méprisant comme les autres la demande des Israélites, leur refusa le passage par ses terres ; et ayant assemblé une armée innombrable, il marcha contre les Israélites à Jasa, et il leur résista de toutes ses forces. 21Mais le Seigneur le livra entre les mains d’Israël avec toute son armée, et Israël le défit et se rendit maître de toutes les terres des Amorrhéens qui habitaient en ce pays-là, 22et de tout ce qui était renfermé dans leurs limites, depuis l’Armon jusqu’au Jaboc, et depuis le désert jusqu’au Jourdain. 23Ainsi le Seigneur, le Dieu d’Israël, ruina les Amorrhéens, lorsque les Israélites, son peuple, combattaient contre eux, et tu prétends maintenant que ses terres t’appartiennent ? 24Ne crois-tu pas avoir droit de posséder ce qui appartient à Chamos ton dieu ? Il est donc bien plus juste que nous possédions ce que le Seigneur notre Dieu s’est acquis par ses victoires. 25Est-ce que tu es plus grand que Balac, fils de Séphor, roi de Moab ? ou peux-tu faire voir qu’il ait formulé des plaintes contre les Israélites, ou qu’il leur ait pour cela déclaré la guerre, 26tant qu’Israël a habité dans Hésébon et dans ses villages, dans Aroër et dans les villages qui en dépendent, ou dans toutes les villes qui sont le long du Jourdain, pendant trois cents ans ? D’où vient que pendant tout ce temps-là tu n’as fait aucune démarche pour entrer dans ces droits prétendus ? 27Ce n’est donc point moi qui te fais injure ; mais c’est toi qui me la fais, en me déclarant une guerre inique. Que le Seigneur soit notre arbitre, et qu’il décide aujourd’hui ce différend entre Israël et les enfants d’Ammon. 28Mais le roi des enfants d’Ammon ne voulut point se rendre à ce que Jephté lui avait fait dire par ses ambassadeurs. 29L’esprit du Seigneur vint donc sur Jephté, et, parcourant tout le pays de Galaad, de Manassé, et de Maspha de Galaad, il passa ensuite chez les enfants d’Ammon, 30et il fit ce vœu au Seigneur : Seigneur, si vous livrez entre mes mains les enfants d’Ammon, 31le premier qui sortira de la porte de ma maison, et qui viendra au-devant de moi, lorsque je retournerai victorieux du pays des enfants d’Ammon, je vous l’offrirai en holocauste. 32Jephté passa donc chez les enfants d’Ammon pour les combattre, et le Seigneur les livra entre ses mains. 33Il prit et ravagea vingt villes, depuis Aroër jusqu’à Mennith, et jusqu’à Abel qui est plantée de vignes. Les enfants d’Ammon (perdirent dans cette défaite un grand nombre d’hommes, et ils) furent humiliés par les enfants d’Israël. 34Lorsque Jephté revenait à Maspha dans sa maison, sa fille unique vint au-devant de lui avec des tambourins et des chœurs de danse : il n’avait pas d’autres enfants. 35Jephté, l’ayant vue, déchira ses vêtements, et dit : Ah ! malheureux que je suis ! ma fille, tu m’as trompé, et tu (t’)es trompée toi-même ; car j’ai fait un vœu au Seigneur, et je ne puis faire autre chose que ce que j’ai promis. 36Sa fille lui répondit : Mon père, si vous avez fait vœu au Seigneur, faites de moi tout ce que vous avez promis, Dieu vous ayant accordé vengeance et victoire sur vos ennemis. 37Et elle ajouta : Accordez-moi seulement cette requête : laissez-moi aller sur les montagnes pendant deux mois, afin que je pleure ma virginité avec mes compagnes. 38Jephté lui répondit : Va ; et il la laissa libre pendant ces deux mois. Elle alla donc avec ses compagnes et ses amies, et elle pleurait (pleura) sa virginité sur les montagnes. 39Les deux mois écoulés, elle revint auprès de son père, et il accomplit ce qu’il avait voué à l’égard de sa fille ; or elle n’avait pas connu d’homme. De là vint la coutume, qui s’est toujours depuis observée en Israël, 40que toutes les jeunes filles d’Israël s’assemblent une fois l’année, pour pleurer la fille de Jephté de Galaad pendant quatre jours.


Guerre entre Ephraïm et Galaad.

Mort de Jephté.

Abésan, Ahialon, Abdon, juges d’Israël.


12Cependant il s’excita une sédition dans Ephraïm ; car les hommes de cette tribu, passant vers le nord, dirent à Jephté : Pourquoi, lorsque tu allais combattre les enfants d’Ammon, n’as-tu pas voulu nous appeler, pour que nous y allassions avec toi ? Nous allons donc mettre le feu à ta maison. 2Jephté leur répondit : Nous avions une grande guerre (débat), mon peuple et moi, contre les enfants d’Ammon ; je vous ai prié de nous secourir, et vous ne l’avez pas voulu faire. 3Ce qu’ayant vu, j’ai exposé ma vie, et j’ai marché contre les enfants d’Ammon, et le Seigneur les a livrés entre mes mains. En quoi ai-je mérité que vous vous souleviez contre moi pour me combattre ? 4Jephté, ayant donc appelé à lui tous les hommes de Galaad, combattit ceux d’Ephraïm, et les hommes de Galaad battirent ceux d’Ephraïm, qui disaient (parce qu’il avait dit) par mépris : Galaad est un échappé d’Ephraïm, qui demeure au milieu d’Ephraïm et de Manassé. 5(Et) Les hommes de Galaad se saisirent des gués du Jourdain par où Ephraïm devait entrer chez lui ; et lorsque quelque fuyard d’Ephraïm se présentait et disait : Je vous prie de me laisser passer ; ils lui demandaient : N’es-tu pas Ephrathéen ? et comme il lui répondait que non, 6ils lui répliquaient : Dis donc Schibboleth, c’est-à-dire un épi. Mais comme il prononçait Sibboleth, parce qu’il ne pouvait pas bien exprimer la première lettre de ce nom, ils le prenaient aussitôt et le tuaient au passage du Jourdain ; de sorte qu’il y eut quarante-deux mille hommes de la tribu d’Ephraïm qui furent tués en ce jour-là. 7Jephté de Galaad jugea donc le peuple d’Israël pendant six ans ; et il mourut ensuite, et fut enseveli dans sa ville de Galaad. 8Abésan de Bethléhem fut après lui juge d’Israël. 9Il avait trente fils et autant de filles. Il fit sortir celles-ci de la maison en les mariant, et il fit venir autant de jeunes filles, qu’il donna pour femmes à ses fils ; et après avoir jugé Israël pendant sept ans, 10il mourut, et fut enseveli à Bethléhem. 11Ahialon de Zabulon lui succéda, et jugea Israël pendant dix ans ; 12et, étant mort, il fut enseveli dans Zabulon. 13Abdon, fils d’Illel, de Pharathon, fut après lui juge d’Israël. 14Il eut quarante fils, et de ces fils trente petits-fils, qui montaient tous sur soixante-dix poulains d’ânesses. Il jugea Israël pendant huit ans ; 15et, étant mort, il fut enseveli à Pharathon, au pays d’Ephraïm, sur la montagne d’Amalec.


Servitudes Israélites sous les Philistins.

Naissance de Samson.


13Les enfants d’Israël commirent encore (de nouveau) le mal aux yeux du Seigneur, qui les livra entre les mains des Philistins pendant quarante ans. 2Or il y avait un homme de Saraa, de la race de Dan, nommé Manué, dont la femme était stérile. 3Et l’ange du Seigneur apparut à sa femme, et lui dit : Tu es stérile et sans enfants ; mais tu concevras et tu enfanteras un fils. 4Prends donc garde de ne pas boire de vin, ni rien de ce qui peut enivrer (cervoise), et de ne rien manger d’impur ; 5parce que tu concevras et tu enfanteras un fils, sur la tête duquel le rasoir ne passera point ; car il sera nazaréen, consacré à (de, note) Dieu dès son enfance et dès le sein de sa mère, et c’est lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins. 6Et elle vint auprès de son mari, et lui dit : Il est venu à moi un homme de Dieu, qui avait un visage d’ange, et qui était terrible à voir. Je lui ai demandé qui il était, d’où il venait, et comment il s’appelait ; et il ne me l’a pas voulu dire. 7Mais voici ce qu’il m’a dit : Tu concevras et tu enfanteras un fils. Prends bien garde de ne point boire de vin, ni rien de ce qui peut enivrer (cervoise), et de ne rien manger d’impur, car l’enfant sera nazaréen, consacré à (de) Dieu dès son enfance et dès le sein de sa mère jusqu’au jour de sa mort. 8Manué pria donc le Seigneur, et lui dit : Je vous en prie, Seigneur, que l’homme de Dieu que vous avez envoyé vienne encore, afin qu’il nous apprenne ce que nous devons faire de cet enfant qui doit naître. 9Le Seigneur exauça la prière de Manué ; et l’ange de Dieu apparut encore à sa femme, tandis qu’elle était assise dans les champs. Manué son mari n’était pas alors avec elle. Ayant donc vu l’ange, 10elle courut vite auprès de son mari, et lui dit : Voilà ce même homme, que j’avais vu auparavant, qui m’est encore apparu. 11Manué se leva aussitôt et suivit sa femme. Et étant venu vers cet homme, il lui dit : Est-ce vous qui avez parlé à cette femme ? Il lui répondit : C’est moi. 12Manué lui dit : Quand ce que vous avez prédit sera accompli, que voulez-vous que fasse l’enfant, et de quoi devra-t-il s’abstenir ? 13L’ange du Seigneur répondit à Manué : Qu’il (Que ta femme, note) s’abstienne de tout ce que j’ai indiqué (à ta femme). 14Qu’il (Qu’elle) ne mange rien de ce qui naît de la vigne, ni de ce qui peut enivrer (cervoise). Qu’il (Qu’elle) ne mange rien d’impur, et qu’il (qu’elle) accomplisse et observe ce que j’ai ordonné à son sujet. 15Manué dit ensuite à l’ange du Seigneur : Je vous prie de m’accorder ce que je vous demande, et de permettre que nous vous préparions un chevreau. 16L’ange lui répondit : Quelque instance que tu me fasses, je ne mangerai point de ton pain ; mais, si tu veux faire un holocauste, offre-le au Seigneur. Or Manué ne savait pas que ce fût l’ange du Seigneur. 17Et il dit à l’ange : Comment vous appelez-vous ? afin que nous puissions vous honorer si vos paroles s’accomplissent. 18L’ange lui répondit : Pourquoi demandes-tu à savoir mon nom, qui est admirable ? 19Manué prit donc le chevreau avec du vin ; il les mit sur une pierre et les offrit au Seigneur, qui opère des merveilles, et il considérait, lui et sa femme, ce qui arriverait. 20Alors la flamme de l’autel monta vers le ciel, et l’ange du Seigneur y monta aussi au milieu des flammes : ce que Manué et sa femme ayant vu, ils tombèrent la face contre terre ; 21et l’ange du Seigneur disparut de devant leurs yeux. Manué reconnut aussitôt que c’était l’ange du Seigneur, 22et il dit à sa femme : Nous mourrons (de mort) certainement, parce que nous avons vu Dieu. 23Sa femme lui répondit : Si le Seigneur voulait nous faire mourir, il n’aurait pas reçu de nos mains l’holocauste et le vin (libation) que nous lui avons offerts ; il ne nous aurait pas fait voir toutes ces choses, ni prédit ce qui doit arriver. 24Elle enfanta donc un fils, et elle l’appela Samson. L’enfant crût, et le Seigneur le bénit. 25Et l’esprit du Seigneur commença à être avec lui, lorsqu’il était dans le camp de Dan, entre Saraa et Esthaol.


Samson épouse une Philistine, elle le trahit ; il la quitte, et se retire chez son père.


14Samson descendit donc (ensuite) à Thamnatha, et, ayant vu là une femme d’entre les filles des Philistins, 2il (re)monta et l’annonça à son père et à sa mère en disant : J’ai vu à Thamnatha une femme d’entre les filles des Philistins ; je vous prie de me l’obtenir (d’accepter) pour femme. 3Son père et sa mère lui dirent : N’y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères et parmi tout notre peuple, pour que tu veuilles prendre une femme d’entre les Philistins, qui sont incirconcis ? Samson dit à son père : Donnez-moi (Acceptez) celle-là, parce qu’elle a plu à mes yeux. 4Or ses parents ne savaient pas que cela venait du Seigneur, et qu’il cherchait une occasion pour perdre les Philistins ; car, en ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël. 5Samson descendit donc avec son père et sa mère à Thamnatha. Et lorsqu’ils furent arrivés aux vignes qui sont près de la ville, il parut tout à coup un jeune lion furieux et rugissant, qui vint au-devant de Samson. 6Mais l’esprit du Seigneur se saisit de Samson, qui déchira le lion comme il aurait fait d’un chevreau, et le mit en pièces sans avoir quoi que ce soit dans la main. Et il ne voulut point le raconter à son père ni à sa mère. 7Il alla ensuite parler à la femme qui lui avait plu. 8Et quelques jours après, tandis qu’il revenait pour épouser cette femme, il se détourna du chemin pour voir le corps du lion ; et il trouva un essaim d’abeilles dans la gueule du lion, et un rayon de miel. 9Il prit ce rayon de miel entre ses mains, et il en mangeait en marchant. Et rejoignant son père et sa mère, il leur en donna une partie, qu’ils mangèrent. Mais il ne voulut point leur découvrir qu’il avait pris le miel dans le corps (la gueule) du lion. 10Son père vint donc chez cette femme ; et il fit un festin pour son fils Samson, selon la coutume que les jeunes gens avaient alors. 11Les habitants de ce lieu, l’ayant vu, lui donnèrent trente jeunes hommes pour l’accompagner ; 12et Samson leur dit : Je vous proposerai une énigme ; et si vous pouvez me l’expliquer pendant les sept jours du festin, je vous donnerai trente robes (vêtements de dessous) et autant de tuniques. 13Mais si vous ne pouvez l’expliquer, vous me donnerez trente robes (vêtements de dessous) et trente tuniques. Ils lui répondirent : Propose ton énigme, afin que nous sachions ce que c’est. 14(Alors) Samson leur dit : De celui qui mange est sortie la nourriture, et du fort est sortie la douceur. Ils ne purent pendant trois jours expliquer cette énigme. 15Mais, le septième jour s’approchant, ils dirent à la femme de Samson : Gagne ton mari par tes caresses, et fais qu’il te découvre ce que signifie son énigme. Mais, si tu ne veux pas le faire, nous te brûlerons, toi et toute la maison de ton père. Est-ce que tu nous as conviés à tes noces pour nous dépouiller ? 16Cette femme pleurait donc auprès de Samson, et se plaignait en disant : Tu me hais et tu ne m’aimes point ; et c’est pour cela que tu ne veux pas m’expliquer l’énigme que tu as proposée aux jeunes gens de mon peuple. Samson lui répondit : Je n’ai pas voulu le dire à mon père ni à ma mère ; comment pourrais-je te le dire à toi ? 17Elle pleura ainsi auprès de lui pendant les sept jours du festin. Enfin le septième jour, à force d’être importuné d’elle, il lui découvrit l’énigme ; et elle l’indiqua aussitôt à ses concitoyens, 18qui vinrent le même jour, avant que le soleil fût couché, dire à Samson : Qu’y a-t-il de plus doux que le miel, et de plus fort que le lion ? Samson leur répondit : Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas trouvé l’explication de mon énigme. 19(C’est pourquoi) En même temps l’Esprit du Seigneur saisit Samson, qui descendit à Ascalon et y tua trente hommes, dont il prit les vêtements, et les donna à ceux qui avaient expliqué son énigme. Et étant dans une très grande colère, il monta à la maison de son père. 20Cependant la (sa) femme épousa un de ces jeunes hommes et de ses amis qui l’avaient accompagné(e) à ses noces.


Samson met le feu aux moissons des Philistins.

Il bat mille Philistins avec une mâchoire d’âne.


15(Mais) Peu de temps après, vers le temps de la moisson des blés, Samson, voulant voir sa femme, vint lui apporter un chevreau ; et comme il voulait entrer dans sa chambre selon sa (la) coutume, le père l’en empêcha en disant : 2J’ai cru que tu avais de l’aversion pour elle ; c’est pourquoi je l’ai donné à un de tes amis. Mais elle a une sœur qui est plus jeune et plus belle qu’elle ; prends-la pour ta femme à sa place. 3Samson lui répondit : Désormais les Philistins n’auront pas à se plaindre de moi si je leur fais du mal. 4Il s’en alla et prit trois cents renards, qu’il lia queue à queue, et attacha des torches entre les queues, 5et, y ayant mis le feu, il lâcha les renards afin qu’ils courussent de tous côtés. Les renards allèrent aussitôt dans les blés (moissons) des Philistins, qui s’embrasèrent, de sorte que les blés, qui étaient déjà en gerbe, et ceux qui étaient encore sur pied furent brûlés ; et le feu consuma jusqu’aux vignes et aux plants d’oliviers. 6Alors les Philistins dirent : Qui a fait cela ? On leur répondit : C’est Samson, gendre du Thamnathéen, qui a fait tout ce mal, parce que son beau-père lui a ôté sa femme et l’a donnée à un autre. Les Philistins montèrent donc et brûlèrent la femme de Samson avec son père. 7Alors Samson leur dit : Quoique vous ayez agi ainsi, je veux néanmoins me venger encore de vous ; et après cela je me tiendrai en repos. 8Et il les battit et en fit un grand carnage, de sorte que, mettant la jambe sur la cuisse, ils demeuraient tout interdits. Descendant ensuite, il habita dans la caverne du rocher d’Etam. 9Les Philistins, montant dans le pays de Juda, campèrent au lieu qui depuis fut appelé Léchi, c’est-à-dire (la) Mâchoire, où leur troupe se dispersa (fut dissipée). 10Et les hommes de la tribu de Juda leur dirent : Pourquoi êtes-vous montés contre nous ? Les Philistins leur répondirent : Nous sommes venus pour lier Samson, afin de lui rendre le mal (ce) qu’il nous a fait. 11Alors trois mille hommes de la tribu de Juda vinrent à la caverne du rocher d’Etam, et dirent à Samson : Ne sais-tu pas que nous sommes assujettis aux Philistins ? Pourquoi les as-tu traités de la sorte ? Il leur répondit : Je leur ai rendu le mal qu’ils m’ont fait. 12Nous sommes venus, dirent-ils pour te lier et pour te livrer entre les mains des Philistins. Jurez-moi, repartit Samson, et promettez-moi que vous ne me tuerez point. 13Ils lui répondirent : Nous ne te tuerons point ; mais après t’avoir lié, nous te livrerons aux Philistins. Ils le lièrent avec deux cordes neuves, et ils l’enlevèrent du rocher d’Etam. 14Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé la Mâchoire, les Philistins vinrent à sa rencontre avec de grands cris ; et l’Esprit du Seigneur saisit tout à coup Samson, qui rompit et brisa les cordes dont il était lié, de même que le lin se consume lorsqu’il sent le feu ; 15et ayant trouvé là une mâchoire d’âne (, c’est-à-dire une mandibule d’âne) qui était à terre, il la prit et en tua mille hommes. 16Et il dit : Je les ai défaits avec une mâchoire d’âne, avec la mâchoire (mandibule) d’un poulain d’ânesse, et j’en ai tué (frappé) mille hommes. 17Et après qu’il eut dit ces paroles en chantant, il jeta de sa main la mâchoire, et appela ce lieu-là Ramathléchi, c’est-à-dire (l’)Elévation de la mâchoire. 18Et pressé d’une grande soif, il cria au Seigneur et il dit : C’est vous qui avez sauvé votre serviteur et qui lui avez donné cette grande victoire ; et maintenant je meurs de soif, et je tomberai entre les mains de ces incirconcis. 19Le Seigneur ouvrit donc une des grosses dents (molaire) de cette mâchoire d’âne et il en sortit de l’eau ; Samson, en ayant bu, revint de sa défaillance et reprit ses forces. C’est pourquoi ce lieu a été appelé jusqu’à ce jour la Fontaine sortie de la mâchoire par l’invocation de Dieu. 20Et Samson jugea Israël pendant vingt ans, au temps des Philistins.


Samson enlève les portes de Gaza.

Dalila lui coupe les cheveux.

Il renverse sur lui le temple de Dagon.


16Samson alla ensuite à Gaza, et y ayant vu une courtisane (femme de mauvaise vie), il entra chez elle. 2Les Philistins l’ayant appris, et le bruit s’étant répandu parmi eux que Samson était entré dans la ville, ils l’environnèrent, et mirent des gardes aux portes de la ville, où ils l’attendirent en silence toute la nuit pour le tuer le matin lorsqu’il sortirait. 3Samson dormit jusque vers minuit (milieu de la nuit). Et s’étant levé alors, il alla prendre les deux battants d’une (de la) porte avec leurs poteaux et la barre, les mit sur ses épaules, et les porta sur le haut de la montagne qui regarde Hébron. 4Après cela, il aima une femme qui demeurait dans la vallée de Sorec, et qui s’appelait Dalila. 5Et les princes des Philistins vinrent trouver cette femme et lui dirent : Trompe Samson et sache de lui d’où lui vient une si grande force, et comment nous pourrions le vaincre et le tourmenter après l’avoir lié. Si tu fais cela, nous te donnerons chacun onze cents pièces d’argent. 6Dalila dit donc à Samson : Dis-moi, je te prie, d’où vient ta si (très) grande force, et avec quoi il faudrait te lier pour t’empêcher de fuir. 7Samson lui dit : Si on me liait avec sept cordes à (de) boyaux qui ne fussent pas sèches, mais qui eussent encore leur humidité, je deviendrais faible comme les autres hommes. 8Les princes (satrapes) des Philistins lui apportèrent donc sept cordes, comme il avait dit, dont elle le lia ; 9et ayant fait cacher dans sa chambre des hommes qui attendaient l’issue de cette action, elle lui cria : (Voilà) les Philistins sur toi, Samson ! Et aussitôt il rompit les cordes comme se romprait un fil d’étoupe lorsqu’il sent le feu ; et on ne connut point d’où lui venait cette grande (sa) force. 10Et Dalila lui dit : Tu t’es joué de moi et tu m’as dit un mensonge. Découvre-moi donc au moins maintenant avec quoi il faudrait te lier. 11Samson lui répondit : Si on me liait avec des cordes neuves dont on ne se serait jamais servi, je deviendrais faible et semblable aux autres hommes. 12Dalila l’en ayant encore lié, après avoir fait caché des gens dans sa chambre, elle lui cria : (Voilà) les Philistins sur toi, Samson ! Et aussitôt il rompit ses cordes comme on romprait des fils (de toile). 13Dalila lui dit encore : Jusqu’à quand me tromperas-tu, et me diras-tu des choses fausses ? Dis-moi donc avec quoi il faudrait te lier. Samson lui dit : Si tu entortilles sept cheveux de ma tête avec la chaîne du tissu (fil de la trame), et qu’ayant fait passer un clou par dedans, tu l’enfonces dans la terre, je deviendrai faible. 14Ce que Dalila ayant fait, elle lui dit : (Voilà) les Philistins sur toi, Samson ! Et s’éveillant tout à coup, il arracha le clou avec ses cheveux et la chaîne de tissu (fil de la trame). 15Alors Dalila lui dit : Comment dis-tu que tu m’aimes, puisque ton cœur n’est pas avec moi ? Tu m’as menti par trois fois, et tu n’as pas voulu me dire d’où vient ta (très) grande force. 16Et comme elle l’importunait sans cesse, se tenant plusieurs jours attachée auprès de lui, sans lui donner aucun temps pour se reposer, son âme tomba dans la défaillance et se lassa jusqu’à la mort. 17Alors, lui découvrant toute la vérité de la chose, il lui dit : La rasoir n’a jamais passé sur ma tête, parce que je suis nazaréen, c’est-à-dire consacré à Dieu dès le sein de ma mère. Si l’on me rase la tête, (toute) ma force m’abandonnera, et je deviendrai faible comme les autres hommes. 18Dalila, voyant qu’il lui avait confessé tout ce qu’il avait au cœur, envoya vers les princes des Philistins, et leur fit dire : Venez encore cette fois, parce qu’il m’a maintenant ouvert son cœur. Ils vinrent donc chez elle, portant avec eux l’argent qu’ils lui avaient promis. 19(Ainsi) Dalila fit dormir Samson sur ses genoux et lui fit reposer la tête dans son sein ; et ayant mandé un barbier, elle lui fit raser les sept touffes (tresses) de ses cheveux ; après quoi elle commença à le chasser et à le repousser d’auprès d’elle, car sa force l’abandonna au même moment. 20Et elle lui dit : (Voilà) les Philistins sur toi, Samson ! Samson, s’éveillant, dit en lui-même : J’en sortirai comme j’ai fait auparavant, et je me dégagerai d’eux ; car il ne savait pas que le Seigneur s’était retiré de lui. 21Les Philistins, l’ayant donc pris, lui arrachèrent aussitôt les yeux, et ils le conduisirent à Gaza chargé de chaînes ; ils l’enfermèrent dans une prison, où ils lui firent tourner la meule (d’un moulin). 22Or ses cheveux commençaient déjà à revenir, 23lorsque les princes des Philistins s’assemblèrent tous pour immoler des victimes solennelles à leur dieu Dagon, et pour faire des festins de réjouissance, en disant : Notre dieu nous a livré entre les mains Samson notre ennemi. 24Et le peuple, voyant cela, louait aussi son dieu, en disant comme eux : Notre dieu a livré entre nos mains notre ennemi, qui a ruiné notre pays et qui a fait tant de victimes (tué un grand nombre de Philistins). 25Ils firent donc des festins avec de grandes réjouissances ; et après le repas ils commandèrent que l’on fit venir Samson, afin qu’il jouât devant eux. Samson, ayant été amené de la prison, jouait devant les Philistins, et ils le firent tenir debout entre (les) deux colonnes. 26Alors Samson dit au jeune homme (à l’enfant) qui le conduisait : Laisse-moi toucher les colonnes qui soutiennent toute la maison, afin que je m’appuie dessus et que je prenne un peu de repos. 27Or la maison était pleine d’hommes et de femmes. Tous les princes des Philistins y étaient, et il y avait environ trois mille personnes de l’un et de l’autre sexe, qui du haut de la maison regardaient jouer Samson. 28Samson, ayant alors invoqué le Seigneur, lui dit : Seigneur Dieu, souvenez-vous de moi, mon Dieu ; rendez-moi maintenant ma première force, afin que je me venge (tire une seule vengeance, note) de mes ennemis, et que je leur rende (en une seule fois) ce qui leur est dû pour la perte de mes deux yeux. 29Et prenant les deux colonnes sur lesquelles la maison était appuyée, tenant l’une de la main droite et l’autre de la gauche, 30il dit : Que je meure avec les Philistins ! Et les colonnes ayant été violemment ébranlées, la maison tomba sur tous les princes et sur le reste du peuple qui était là ; et Samson en tua beaucoup plus en mourant qu’il n’en avait tué pendant sa vie. 31(Or) Ses frères et tous ses parents, étant venus en ce lieu, prirent son corps et l’ensevelirent entre Saraa et Esthaol, dans le sépulcre de son père Manué. Il avait été juge d’Israël pendant vingt ans.


Idole de Michas.


17En ce temps-là, il y eut un homme de la montagne d’Ephraïm nommé Michas, 2qui dit à sa mère : Les onze cents pièces d’argent que vous aviez mises à part pour vous, et au sujet desquelles vous aviez fait devant moi des imprécations pour qu’on vous les rendit (avez juré), sont entre mes mains, et je les ai sur moi. Sa mère lui répondit : Que le Seigneur comble mon fils de ses bénédictions. 3Michas rendit donc ces pièces d’argent à sa mère, qui lui dit : J’ai consacré et voué cet argent au Seigneur, afin que mon fils le reçoive de ma main, et qu’il en fasse une image taillée (au ciseau) et une image coulée en fonte ; et je te le donne maintenant. 4Après donc qu’il eut rendu cet argent à sa mère, elle en prit deux cents pièces d’argent qu’elle donna à un ouvrier (orfèvre) pour qu’il en fît une image taillée (au ciseau), et une autre coulée en fonte, qui demeurèrent dans la maison de Michas. 5Michas fit aussi dans sa maison un petit édifice pour le dieu, avec un éphod et des théraphim, c’est-à-dire le (un) vêtement sacerdotal et les idoles ; et il remplit (d’offrandes) la main de l’un de ses fils, qui fut établi son prêtre. 6En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël ; mais chacun faisait tout ce qu’il jugeait à propos (semblait juste). 7Il y avait aussi un autre jeune homme, de Bethléhem de Juda, de cette même famille ; il était Lévite et il demeurait là. 8Il était sorti de Bethléhem dans le dessein d’aller ailleurs, partout où il trouverait son avantage. Et étant venu dans la montagne d’Ephraïm, il se détourna un peu de son chemin pour aller dans la maison de Michas. 9Michas lui demanda d’où il venait. Il lui répondit : Je suis un Lévite de Bethléem de Juda ; je cherche à m’établir où je pourrai, et où je verrai qu’il me sera le plus utile. 10(Et) Michas lui dit : Demeure chez moi ; tu me tiendras lieu de père et de prêtre. Je te donnerai chaque année dix pièces d’argent, deux (un double) vêtements et ce qui est nécessaire pour la vie. 11Le Lévite y consentit et il demeura chez lui, et il fut traité comme l’un de ses enfants. 12Michas lui remplit la main d’offrandes, et il retint ce jeune homme chez lui en qualité de prêtre. 13Je sais maintenant disait-il, que Dieu me fera du bien, puisque j’ai chez moi un prêtre de la race de Lévi.


Six cents hommes de la tribu de Dan vont s’établir à Laïs.

Ils enlèvent le prêtre et l’idole de Michas.


18En ce temps-là, il n’y avait point de roi dans Israël, et la tribu de Dan cherchait des terres pour y habiter ; car jusqu’alors elle n’avait point reçu sa part de territoire avec les autres tribus. 2Les enfants de Dan choisirent donc, de Saraa et d’Esthaol, cinq hommes de leur race et de leur famille qui étaient très vaillants, et ils les envoyèrent pour reconnaître le pays et pour l’explorer avec grand soin ; et ils leur dirent : Allez et reconnaissez le pays. S’étant donc mis en chemin, ils vinrent à la montagne d’Ephraïm et entrèrent chez Michas, où ils se reposèrent. 3Ils reconnurent la voix du jeune Lévite, et, demeurant avec lui, ils lui dirent : Qui t’a amené ici ? Qu’y fais-tu ? Et quel est le motif qui t’a porté à y venir ? 4Il leur répondit : Michas a fait pour moi telle et telle chose, et il m’a donné des gages (loué moyennant finance) afin que je lui tienne lieu de prêtre. 5Ils le prièrent donc de consulter le Seigneur, afin qu’ils pussent savoir si leur voyage serait heureux et s’ils viendraient à bout de leur entreprise. 6Il leur répondit : Allez en paix ; le Seigneur regarde votre voyage (voie et le chemin par lequel vous allez). 7Ces cinq hommes s’en allèrent donc et vinrent à Laïs ; et ils trouvèrent le peuple de cette ville sans aucune crainte, à la manière des Sidoniens, en paix et en assurance, personne ne les troublant, extrêmement riche, fort éloigné de Sidon, et séparé de tous les autres hommes. 8Ils revinrent ensuite trouver leurs frères à Saraa et à Esthaol ; et lorsque ceux-ci leur demandèrent ce qu’ils avaient fait, ils leur répondirent : 9Levez-vous, allons à eux ; car le pays que nous avons vu est très riche et très fertile ; ne négligez pas, ne différez pas. Allons, mettons-nous en possession de cette terre ; nous n’y aurons aucune peine. 10Nous trouverons des gens en une pleine assurance, une contrée fort étendue ; et le Seigneur nous donnera ce pays, où il ne manque rien de tout ce qui croît sur la terre. 11Six (cents) hommes en armes partirent donc de la tribu (famille) de Dan, c’est-à-dire de Saraa et d’Esthaol. 12Et étant venus (montant) à Cariathiarim de Juda, ils s’y arrêtèrent ; et ce lieu, depuis ce temps-là, fut appelé (le) Camp de Dan ; il est derrière Cariathiarim. 13De là ils passèrent dans la montagne d’Ephraïm ; et lorsqu’ils furent venus à la maison de Michas, 14les cinq hommes qui avaient été envoyés auparavant pour reconnaître le pays de Laïs dirent à leurs frères : Vous savez qu’il y a dans cette maison un éphod, des théraphim, une image taillée (au ciseau) et une autre coulée en fonte. Voyez ce qu’il vous plaît (de faire). 15S’étant donc un peu détournés, ils entrèrent chez le jeune Lévite qui était dans la maison de Michas, et le saluèrent par des paroles de paix. 16Cependant les six cents hommes demeurèrent à la porte sous les armes, 17et ceux qui étaient entrés dans l’appartement du jeune homme tâchaient d’emporter l’image taillée (au ciseau), l’éphod, les théraphim et l’image coulée en fonte ; et le prêtre se tenait à la porte pendant que les six cents hommes vaillants attendaient non loin de là les cinq autres. 18Ceux qui étaient entrés emportèrent l’image taillée (au ciseau), l’éphod, les idoles et l’image coulée en fonte. Le prêtre leur dit : Que faites-vous ? 19Ils lui répondirent : Tais-toi, et mets ton doigt sur ta bouche ; viens avec nous, afin que tu nous tiennes lieu de père et de prêtre. Lequel t’est le plus avantageux, d’être prêtre dans la maison d’un particulier ou de l’être dans une tribu et dans toute une famille d’Israël ? 20Le Lévite, les ayant entendu parler ainsi, se rendit à ce qu’ils disaient ; et prenant l’éphod, les idoles et l’image taillée (au ciseau), il s’en alla avec eux. 21Tandis qu’ils étaient en chemin, ayant fait marcher devant eux les petits enfants, le bétail et tout ce qu’ils avaient de plus précieux, 22et comme ils étaient déjà loin de la maison de Michas, ceux qui demeuraient chez Michas les suivirent avec grand bruit, 23et commencèrent à crier après eux : Ils se retournèrent et dirent à Michas : Que demandes-tu ? Pourquoi cries-tu ? 24Il leur répondit : Vous m’emportez mes dieux que je me suis faits, et vous m’emmenez mon prêtre et tout ce que j’avais ; et ensuite vous me dites : Qu’as-tu ? 25(Et) Les enfants de Dan lui dirent : Garde-toi de nous parler davantage de peur qu’il ne t’arrive des gens qui s’emportent de colère, et que tu ne périsses avec toute ta maison. 26Ils continuèrent ensuite leur chemin, et Michas, voyant qu’ils étaient plus forts que lui, s’en retourna à sa maison. 27Cependant les six cents hommes emmenèrent le prêtre avec ce que nous avons dit auparavant, et, étant venus à Laïs, ils trouvèrent un peuple qui se tenait en assurance et dans un plein repos. Ils firent passer au fil de l’épée tout ce qui se trouva dans la ville ; ils y mirent le feu et la brûlèrent, 28sans qu’il se trouvât personne pour les secourir, parce qu’ils demeuraient loin de Sidon, et qu’ils n’avaient aucune société ni aucun commerce avec qui que ce soit. Or la ville était située au pays de Rohob ; et, l’ayant rebâtie, ils y demeurèrent. 29Ils l’appelèrent Dan, du nom de leur père, qui était fils d’Israël ; tandis qu’auparavant elle s’appelait Laïs. 30Ils se dressèrent l’image taillée (au ciseau), et ils établirent Jonathan, fils de Gersam, qui était fils de Moïse, et ses fils, en qualité de prêtres dans la tribu de Dan, jusqu’au jour où ils furent emmenés captifs ; 31et l’idole de Michas demeura parmi eux pendant tout le temps que la maison de Dieu fut à Silo. En ce temps-là il n’y avait pas de roi dans Israël.


Outrage fait à la femme d’un Lévite par les habitants de Gabaa.


19Un Lévite qui demeurait à l’extrémité de la montagne d’Ephraïm, ayant épousé une femme de Bethléhem de Juda, 2celle-ci le quitta ; et elle revint à Bethléhem dans la maison de son père, et elle demeura chez lui pendant quatre mois. 3(Mais) Son mari vint la trouver, désireux de se réconcilier avec elle par de bonnes paroles (ses caresses) et de la ramener chez lui ; il avait avec lui un serviteur et deux ânes. Sa femme le reçut (bien), et le fit entrer dans la maison de son père. Son beau-père l’ayant appris, et le voyant venir, alla au-devant de lui avec joie, 4et l’embrassa. (Or) Le gendre demeura dans la maison du beau-père pendant trois jours, mangeant et buvant familièrement avec lui. 5Le quatrième jour, le Lévite, se levant de bon matin, voulut partir ; mais son beau-père le retint et lui dit : Prends un peu de pain auparavant pour te fortifier, et après cela tu te mettras en chemin. 6Ils s’assirent donc, et mangèrent et burent ensemble. Le beau-père dit ensuite à son gendre : Je te prie de demeurer encore ici aujourd’hui, afin que nous nous réjouissions ensemble. 7Le Lévite, se levant, voulut partir ; mais son beau-père le conjura avec tant d’instance, qu’il le fit demeurer chez lui. 8Le lendemain matin, le Lévite se préparait à partir ; mais son beau-père lui dit de nouveau : Je te prie de prendre d’abord un peu de nourriture, afin qu’ayant pris des forces, tu partes quand le jour sera plus avancé. Ils mangèrent donc ensemble ; 9et le jeune homme se leva pour partir avec sa femme et son serviteur ; mais son beau-père lui dit encore : Considère que le jour baisse beaucoup, et que le soir approche ; demeure encore chez moi pour aujourd’hui, et réjouissons-nous : tu partiras demain pour retourner dans ta maison. 10Son gendre ne voulut point se rendre à ses paroles ; mais il partit aussitôt, et vint près de Jébus, qui s’appelle aussi Jérusalem, menant avec lui ses deux ânes chargés et sa (seconde) femme. 11Et comme ils étaient près de Jébus, et que le jour finissant, la nuit commençait, le serviteur dit à son maître : Allons, je vous prie, à la ville des Jébuséens, et demeurons-y. 12Son maître lui répondit : Je n’entrerai pas dans la ville d’un peuple étranger qui ne fait point partie des enfants d’Israël, mais je passerai jusqu’à Gabaa ; 13et quand je serai arrivé là, nous y séjournerons, ou du moins dans la ville de Rama. 14Ils dépassèrent donc Jébus, et, continuant leur chemin, ils se trouvèrent au coucher du soleil près de Gabaa, qui est dans la tribu de Benjamin. 15Ils y allèrent pour y demeurer, et étant entrés, ils s’assirent dans la place de la ville, sans que personne voulût les loger chez lui. 16Mais sur le soir on vit venir un vieillard qui rentrait des champs après son travail ; il était lui-même de la montagne d’Ephraïm, et il demeurait comme étranger dans la ville de Gabaa. Or les hommes de ce pays-là étaient enfants de Jémini. 17Le vieillard, levant les yeux, vit le Lévite assis dans la place de la ville avec son bagage ; et s’adressant à lui, il lui dit : D’où viens-tu et où vas-tu ? 18Le Lévite lui répondit : Nous sommes partis de Bethléhem de Juda, et nous retournons dans notre maison, qui est à l’extrémité de la montagne d’Ephraïm, d’où nous étions allés à Bethléhem ; nous allons maintenant à la maison de Dieu et personne ne veut nous recevoir chez lui. 19(Quoique) Nous avons (ayons) de la paille et du foin pour les ânes, du pain et du vin pour moi et pour votre servante et pour le serviteur qui est avec moi. Nous n’avons besoin de rien, sinon qu’on nous loge. 20Le vieillard lui répondit : La paix soit avec vous. Je te donnerai tout ce qui t’est nécessaire ; je te prie seulement de ne pas demeurer sur cette place. 21Les ayant donc fait entrer dans sa maison, il donna à manger aux ânes ; et pour eux, après qu’ils eurent lavé leurs pieds, il leur servit un festin (donna un repas). 22Tandis qu’ils faisaient bonne chère, et que, mangeant et buvant, ils donnaient quelque soulagement à leurs corps lassés par le travail du chemin, il vint des hommes de cette ville, qui étaient des enfants de Bélial, c’est-à-dire sans joug ; et environnant la maison du vieillard, ils commencèrent à frapper à la porte, criant au maître de la maison, et lui disant : Fais sortir cet homme qui est entré chez toi, afin que nous en abusions. 23(Alors) Le vieillard sortit dehors pour leur parler, et leur dit : Gardez-vous, mes frères, gardez-vous de faire un si grand mal ; car j’ai reçu cet homme comme mon hôte, et cessez de penser à cette folie. 24J’ai une fille vierge, et cet homme a sa concubine ; je les amènerai vers vous, et vous les aurez pour satisfaire votre passion ; (seulement) je vous prie de ne pas commettre à l’égard d’un homme ce crime contre nature. 25Mais le Lévite, voyant qu’ils ne voulaient point se rendre à ses paroles, leur amena lui-même sa femme, et l’abandonna à leurs outrages ; et ayant abusé d’elle toute la nuit, quand le matin fut venu, ils la laissèrent. 26Lorsque les ténèbres de la nuit se dissipaient, cette femme vint à la porte de la maison où demeurait son mari, et y tomba étendue par terre. 27Le matin, son mari se leva et ouvrit la porte pour continuer son chemin, et il y trouva sa femme couchée par terre, ayant les mains étendues sur le seuil de la porte. 28Il crut d’abord qu’elle était endormie, et il lui dit : Lève-toi, et allons-nous-en. Mais, comme elle ne répondait pas, il reconnut qu’elle était morte ; et l’ayant prise, il la mit sur son âne, et s’en retourna dans sa maison. 29Et lorsqu’il fut arrivé chez lui, il prit un couteau (le glaive, note), et divisa le corps de sa femme avec ses os en douze parts, et il envoya une part dans chacune des tribus d’Israël. 30Quand chacun eut vu cela, ils crièrent tous d’une voix : Jamais rien de tel n’est arrivé dans Israël, depuis le jour que nos pères sortirent de l’Egypte jusqu’à présent ; prononcez là-dessus, et ordonnez ensemble ce qu’il faut faire.


Les Israélites vengent sur les enfants de benjamin l’injure faite au Lévite.


20Alors tous les enfants d’Israël sortirent, et s’assemblèrent comme un seul homme, depuis Dan jusqu’à Bersabée, et ceux de la terre de Galaad, à Maspha, auprès du Seigneur. 2Tous les chefs du peuple et toutes les tribus d’Israël se trouvèrent dans l’assemblée du peuple de Dieu, au nombre de quatre cent mille hommes de pied, tous hommes de guerre. 3Et les enfants de Benjamin surent bientôt que les enfants d’Israël étaient montés à Maspha. (Et) Le lévite, mari de la femme qui avait été tuée, étant interrogé de quelle manière un si grand crime s’était commis, 4répondit : J’étais allé dans la ville de Gabaa de la tribu de Benjamin avec ma femme pour y passer la nuit (et j’y logeai) ; 5et voici que les hommes de cette ville entourèrent tout à coup pendant la nuit la maison où j’étais, pour me tuer, et ils ont outragé (tourmentant) ma femme avec une brutalité et une fureur si incroyables, qu’enfin elle en est morte. 6Ayant pris ensuite son corps, je l’ai coupé en morceaux, et j’en ai envoyé les parts dans tout le pays que vous possédez, parce qu’il ne s’est jamais commis un si grand crime ni un excès si abominable en Israël. 7Vous êtes tous ici présents, ô enfants d’Israël ; ordonnez ce que vous devez faire. 8Et tout le peuple, debout, répondit comme un seul homme : Nous ne retournerons point à nos tentes (tabernacles), et personne ne retournera dans sa maison, 9jusqu’à ce que nous ayons exécuté ceci en commun contre Gabaa : 10Qu’on choisisse d’entre toutes les tribus d’Israël dix hommes sur cent, cent sur mille, et mille sur dix mille, afin qu’ils portent des vivres à l’armée, et que nous puissions combattre contre Gabaa de Benjamin, et rendre la punition que nous en ferons égale au crime qu’elle a commis. 11Alors tout Israël se rendit près de cette ville, comme un seul homme, n’ayant qu’un même esprit et une même résolution. 12Et ils envoyèrent des ambassadeurs vers toute la tribu de Benjamin pour leur dire : Pourquoi une action si détestable s’est-elle commise parmi vous ? 13Donnez-nous les hommes de Gabaa qui sont coupables de ce crime infâme, afin qu’ils meurent, et que le mal soit banni d’Israël. Les Benjamites ne voulurent point se rendre à cet ordre des enfants d’Israël leurs frères ; 14mais, étant sortis de toutes les villes de leur tribu, ils s’assemblèrent à Gabaa pour secourir ceux de cette ville, et pour combattre contre tout le peuple d’Israël. 15Il se trouva dans la tribu de Benjamin vingt-cinq mille hommes portant les armes, outre les habitants de Gabaa, 16qui étaient sept cents hommes très vaillants, combattant de la main gauche comme de la droite, et si adroits à lancer des pierres avec la fronde, qu’ils auraient pu même frapper un cheveu, sans que la pierre qu’ils auraient lancée se fût détournée de part ou d’autre. 17Il se trouva aussi parmi les enfants d’Israël, sans compter ceux de Benjamin, quatre cent mille hommes tirant l’épée et prêts à combattre. 18S’étant donc mis en campagne, ils vinrent à la maison de Dieu à Silo, où ils consultèrent Dieu, et lui dirent : Qui sera le chef de notre armée pour combattre les enfants de Benjamin ? Le Seigneur leur répondit : Que Juda soit votre chef. 19Aussitôt les enfants d’Israël, marchant dès la pointe du jour, vinrent camper près de Gabaa. 20Et s’avançant de là pour combattre les enfants de Benjamin, ils commencèrent à assiéger la ville. 21Mais les enfants de Benjamin, étant sortis de Gabaa, tuèrent en ce jour vingt-deux mille hommes de l’armée des enfants d’Israël. 22Les enfants d’Israël, s’appuyant sur leurs forces et sur leur grand nombre, se remirent encore en bataille dans le même lieu où ils avaient combattu (auparavant). 23Néanmoins, auparavant, ils allèrent pleurer jusqu’à la nuit devant le Seigneur, et ils le consultèrent, en disant : Devons-nous combattre encore les enfants de Benjamin qui sont nos frères, ou en demeurer là ? Le Seigneur leur répondit : Marchez contre eux, et donnez la bataille. 24(Et) Le lendemain les enfants d’Israël s’étant présentés encore pour combattre les enfants de Benjamin, 25ceux de Benjamin sortirent avec impétuosité des portes de Gabaa, et, les ayant rencontrés, ils en firent un si grand carnage, qu’ils tuèrent sur place dix-huit mille hommes de guerre. 26C’est pourquoi tous les enfants d’Israël vinrent à la maison de Dieu, et, s’étant assis, ils pleuraient devant le Seigneur. Ils jeûnèrent ce jour-là jusqu’au soir, et ils offrirent au Seigneur des holocaustes et des victimes pacifiques, 27et ils le consultèrent sur l’état où ils se trouvaient. En ce temps-là, l’arche d’alliance du Seigneur était en ce lieu ; 28et Phinées, fils d’Eléazar, fils d’Aaron, tenait le premier rang dans la maison de Dieu. Ils consultèrent donc le Seigneur, et ils lui dirent : Devons-nous encore combattre les enfants de Benjamin, nos frères, ou demeurer en paix ? Le Seigneur leur dit : Marchez contre eux ; car demain je les livrerai entre vos mains. 29Les enfants d’Israël dressèrent alors des embuscades autour de la ville de Gabaa, 30et marchèrent en bataille pour la troisième fois contre Benjamin, comme ils avaient déjà fait la première et la seconde fois. 31Les enfants de Benjamin sortirent aussi de la ville avec une grande audace, et, voyant fuir leurs ennemis, ils les poursuivirent au (très) loin, et ils en blessèrent quelques-uns, comme ils avaient fait le premier et le second jour, et taillèrent en pièces ceux qui fuyaient par deux chemins, dont l’un va à Béthel et l’autre à Gabaa, et ils tuèrent environ trente hommes ; 32car ils pensaient qu’ils lâchaient pied comme auparavant. Mais ceux d’Israël feignaient adroitement de fuir, à dessein de les entraîner loin de la ville, et de les attirer sur ces chemins dont nous venons de parler. 33Tous les enfants d’Israël, se levant donc du lieu où ils étaient, se mirent en bataille à l’endroit appelé Baalthamar. Les embuscades dressées autour de la ville commencèrent aussi à paraître peu à peu, 34et à s’avancer du côté de la ville qui regarde l’occident. Et il y avait encore dix mille hommes de l’armée d’Israël qui provoquaient au combat les habitants de la ville. Ainsi les enfants de Benjamin se trouvèrent attaqués rudement, et ils ne comprirent point que la mort les pressait de toutes parts. 35Le Seigneur les tailla en pièces aux yeux des enfants d’Israël, qui tuèrent en ce jour vingt-cinq mille cent hommes, tous gens de guerre et de combat. 36(Or) Les enfants de Benjamin, se voyant trop faibles, commencèrent à fuir. Les enfants d’Israël, s’en étant aperçus, leur firent place, afin qu’en s’enfuyant ils tombassent dans les embuscades qu’ils leur avaient dressées auprès de la ville. 37Alors ceux qui étaient en embuscade, étant sortis tout à coup, taillèrent en pièces les Benjaminites (Benjamites ?) qui fuyaient devant eux, entrèrent ensuite dans la ville, et y passèrent tout au fil de l’épée. 38Or les enfants d’Israël avaient donné pour signal à ceux qu’ils avaient mis en embuscade, d’allumer un grand feu après avoir pris la ville, afin que la fumée qui s’élèverait en haut indiquât la prise de la ville. 39Les Israélites, en plein combat, s’aperçurent de ce qui était arrivé. Car les enfants de Benjamin, s’étant imaginés d’abord que ceux d’Israël fuyaient, les avaient poursuivis vivement, après avoir tué trente hommes de leurs troupes. 40Mais lorsqu’on vit comme une colonne de fumée qui s’élevait au-dessus des maisons, les Benjaminites (Benjamites ?), regardant aussi derrière eux, s’aperçurent que la ville était prise, et que les flammes s’élevaient en haut. 41Et alors les Israélites, qui auparavant faisaient semblant de fuir, commencèrent à tourner visage contre eux, et à les charger vivement. Les enfants de Benjamin, l’ayant vu, se mirent à fuir, 42et à gagner le chemin du désert ; mais leurs ennemis les y poursuivirent. Et ceux qui avaient mis le feu à la ville vinrent à leur rencontre. 43Aussi les Benjaminites (ils), trouvant leurs ennemis en tête et en queue, furent taillés en pièces devant et derrière, sans que rien n’arrêtât un si grand carnage. Ils tombèrent morts sur la place, du côté de la ville de Gabaa qui regarde l’orient. 44Dix-huit mille hommes furent tués en ce même endroit, tous très vaillants guerriers. 45Ceux qui étaient restés de(s) Benjamin(ites), voyant cette défaite, s’enfuirent dans le désert pour gagner le rocher appelé Remmon. Mais comme ils étaient tous dispersés dans cette fuite, l’un d’un côté et l’autre d’un autre, il y en eut cinq mille de tués. Et comme ils passaient plus loin, ceux d’Israël les poursuivirent et en tuèrent encore deux mille. 46Ainsi, il y eut en tout vingt-cinq mille hommes de la tribu de Benjamin qui furent tués en cette journée en divers endroits, tous très vaillants guerriers. 47De sorte qu’il ne resta de toute cette tribu que six cents hommes qui purent se sauver et s’enfuir dans le désert ; et ils demeurèrent au rocher de Remmon pendant quatre mois. 48Les enfants d’Israël, étant revenus du combat, firent passer au fil de l’épée tout ce qui se trouva de reste dans la ville, depuis les hommes jusqu’aux bêtes ; et toutes les villes et les villages de Benjamin furent consumés par les flammes.


Ruine de Jabès-Galaad.

Filles données aux Benjamites.


21Les enfants d’Israël firent aussi un serment à Maspha, et ils dirent : Nul d’entre nous ne donnera sa fille en mariage aux enfants de Benjamin. 2Et ils vinrent tous à la maison de Dieu, à Silo, et, se tenant assis en sa présence jusqu’au soir, ils élevèrent la voix, et commencèrent à pleurer en jetant de grands cris et en disant : 3Seigneur Dieu d’Israël, pourquoi est-il arrivé un si grand malheur à votre peuple, qu’aujourd’hui une des tribus ait été retranchée d’entre nous ? 4(Mais) Le lendemain, ils se levèrent au point du jour, dressèrent un autel, et y offrirent des holocaustes et des victimes pacifiques, et dirent : 5Qui d’entre toutes les tribus d’Israël n’a point marché avec l’armée du Seigneur ? Car, étant à Maspha, ils s’étaient engagés par un grand serment à tuer tous ceux qui auraient manqué de s’y trouver. 6Et les enfants d’Israël, touchés de repentir et de ce qui était arrivé à leurs frères de Benjamin, commencèrent à dire : Une des tribus a été retranchée d’Israël ; 7où prendront-ils des femmes ? Car nous avons juré tous ensemble que nous ne leur donnerions pas nos filles. 8Ils s’entredirent donc : Quels sont ceux de toutes les tribus d’Israël qui ne sont point venus en la présence du Seigneur à Maspha ? Et il se trouva que les habitants de Jabès-Galaad n’avaient point paru dans l’armée. 9Et en effet, au temps où les enfants d’Israël étaient à Silo, il ne se trouva parmi eux aucun homme de Jabès. 10Ils envoyèrent donc dix mille hommes très vaillants, avec cet ordre : Allez et faites passer au fil de l’épée tous les habitants de Jabès-Galaad, sans épargner ni les femmes ni les petits enfants. 11Et vous observerez ceci en même temps : Tuez tous les mâles et toutes les femmes mariées ; mais réservez les vierges. 12Il se trouva dans Jabès-Galaad quatre cents vierges qui étaient demeurées toujours pures ; et ils les amenèrent au camp, à Silo, au pays de Chanaan. 13Ils envoyèrent ensuite des messagers aux enfants de Benjamin qui étaient au rocher de Remmon, avec ordre de leur dire qu’on voulait vivre en paix avec eux. 14Alors les enfants de Benjamin revinrent chez eux, et on leur donna pour femmes ces jeunes filles de Jabès-Galaad ; mais on n’en trouva pas d’autres qu’on pût leur donner de la même manière. 15Tout Israël fut alors touché d’une grande douleur, et ils eurent un extrême regret qu’une (du meurtre) des tribus d’Israël eût péri de la sorte. 16Et les anciens du peuple dirent : Que ferons-nous aux autres à qui on n’a pas donné de femmes ? Car toutes les femmes de la tribu de Benjamin ont été tuées. 17Et il n’est rien que nous ne devions faire pour empêcher, autant qu’il est en notre pouvoir, qu’une des tribus d’Israël ne périsse. 18Cependant nous ne pouvons leur donner nos filles, étant liés par notre serment et par les imprécations (la malédiction) que nous avons faites en disant : Maudit soit celui qui donnera sa fille en mariage aux enfants de Benjamin. 19Ils prirent donc la résolution suivante, et ils dirent : Voici la fête solennelle du Seigneur qui se célèbre tous les sept ans à Silo, localité située au nord de la ville de Béthel, et à l’est du chemin qui va de Béthel à Sichem, et au midi de la ville de Lébona. 20Puis ils donnèrent cet ordre aux enfants de Benjamin : Allez, leur dirent-ils, et cachez-vous dans les vignes. 21Et lorsque vous verrez les jeunes filles de Silo s’avancer pour former des chœurs de danse selon la coutume, sortez tout à coup des vignes, et que chacun de vous en prenne une pour sa femme ; et retournez au pays de Benjamin. 22Et lorsque leur père et leurs frères viendront se plaindre de vous et vous accuser, nous leur dirons : Ayez compassion d’eux ; car ils ne les ont pas prises comme des vainqueurs par le droit de la guerre ; mais, après qu’ils vous ont suppliés de leur donner vos filles, vous les leur avez refusées, et ainsi la faute est venue de vous. 23Les enfants de Benjamin firent ce qui leur avait été commandé, et, selon leur nombre, chacun d’eux enleva pour en faire sa femme une des jeunes filles qui dansaient. Etant ensuite retournés chez eux, ils bâtirent des villes et y habitèrent. 24Les enfants d’Israël retournèrent aussi dans leurs tentes (tabernacles), chacun dans sa tribu et dans sa famille. En ce temps-là il n’y avait point de roi dans Israël ; mais chacun faisait ce qu’il jugeait à propos (lui paraissait juste).

Notes


1.2 Juda, etc. La tribu de Juda donnera l’exemple aux autres. Elle était la plus nombreuse et la plus vaillante (voir Genèse, 49, 8). ― La terre des Chananéens.

1.3 Les deux tribus de Juda et de Siméon étaient voisines ; leurs lots étaient en quelque sorte les mêmes.

1.4 Bézec, ville chananéenne, capitale d’Adonibézec, devint aussi ville de Juda.

1.6 Et coupèrent, etc. Ce genre de supplice était usité chez les anciens ; il avait pour but de mettre les prisonniers hors d’état de porter les armes.

1.9 Dans les plaines des Philistins, la Séphéla.

1.10 Voir Josué, 15, 14. ― Hébron. Voir Genèse, 13, 18.

1.11-12 Cariath-Sépher ou Dabir, dans le Négeb, au sud d’Hébron, probablement la Dhâherîyéh d’aujourd’hui, sur une éminence au nord de laquelle est une vallée où l’on remarque plusieurs sources jaillissant les unes sur le flanc de la colline, les autres dans le fond du ravin.

1.14 Le champ. L’article déterminatif qu’on lit dans le texte hébreu suppose un champ particulier, bien connu, ou un champ dont on a déjà parlé. Dans la première supposition, ce serait probablement le champ attenant à la terre aride qu’Axa avait reçu de son beau-père ; et dans la seconde, l’auteur sacré ne ferait que rappeler le champ déjà mentionné au livre de Josué (15, 18) ; et par conséquent ce fait ne se trouverait rapporté ici que par récapitulation.

1.16 Au désert de leur lot ; au désert qui était échu en partage aux, enfants, à la tribu de Juda. ― Avec eux, littéralement avec lui ; c’est-à-dire Juda, considéré comme tribu, ou selon que porte l’hébreu, comme peuple. ― La ville des Palmes, Jéricho. ― Arad. Voir Nombres, note 21.1. ― Cinéen. Voir Genèse, 15, 19.

1.17 A Séphaath, aujourd’hui Sebaita. On y voit des ruines assez considérables, entre autres celles de trois églises et d’une tour. Il y avait deux réservoirs d’eau.

1.18 Gaza, Ascalon, Accaron, trois des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla. La conquête de Juda ne fut pas durable.

1.19 Chars armés de faux. Voir Josué, 11, 4.

1.20 Voir Nombres, 14, 24 ; Josué, 15, 14.

1.22 Béthel. Voir Genèse, 12, 8.

1.26 Hetthim, les Héthéens, alors maîtres de la Syrie.

1.27 Bethsan, non loin du Jourdain, à l’est du mont Gelboé. ― Thanac, au sud de Mageddo. ― Jéblaam, dans le voisinage d’Engannim, au sud de cette ville. ― Mageddo, dans la plaine d’Esdrelon.

1.29 Le Chananéen. Ce mot est répété dans l’hébreu ; il détruit ainsi l’amphibologie qui se trouve dans la Vulgate. ― Avec lui ; c’est-à-dire avec Ephraïm. Voir note précédente. ― Gazer, à l’ouest de Béthoron, au nord-est d’Accaron.

1.31 Accho, appelée aussi Acre, saint Jean d’Acre et Ptolémaïde, ville phénicienne et port de mer sur la Méditerranée, près du mont Carmel, à l’embouchure du Bélus, au sud de Tyr. ― Sidon, première capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de Tyr. ― Ahalab, ville inconnue, mentionnée seulement ici. ― Achazib, Ecdippe, au nord d’Accho, sur la Méditerranée. ― Helba, non retrouvée. ― Aphec, Rohob, site inconnus.

1.33 Bethsamès. Voir Josué, 21, 16. ― Béthanath, inconnue.

1.35 La puissance ; littéralement la main. Le mot hébreu réunit ces deux significations. ― Aïalon. Voir Josué, 10, 11.

1.36 Le rocher, ou la pierre, désigne probablement Pétra, la capitale de l’Arabie Pétrée.

2.1 Au lieu des pleurants ; au lieu qui fut appelé depuis Lieu de Pleurants (verset 4et 5). ― Galgala, à l’ouest du Jourdain, entre ce fleuve et la ville de Jéricho.

2.6 Voir Josué, 24, 28.

2.9 Thamnathsaré. Voir Josué, 19, 50.

2.11 Baalim, pluriel hébraïque de Baal, c’est-à-dire maître, seigneur, désigne les idoles de ce faux dieu. ― Sur Baal et les Baalim, voir Juges, note 6.25. Le siège principal du culte de Baal était en Phénicie et à Tyr, mais il était adoré, avant la conquête de Josué, dans tout le pays de Chanaan.

2.13 Astaroth. Voir Juges, note 3.7.

2.19 Leurs inventions ; leurs égarements d’esprit et de cœur ; selon le texte hébreu, leurs actions mauvaises.

3.3 Les cinq satrapes, etc. Ces mots se rapportant à : Voici les nations, etc., 1er du verset dont ils sont l’explicatif ; mais ils sont à l’accusatif, parce qu’on peut les considérer aussi comme complément du verbe, qui les précède immédiatement, livrer bataille, ou abandonner (verset 1). ― Baal-Hermon. Voir Josué, 11, 17.Emath. Voir 2 Rois, 7, 9.

3.7 Baalim. Voir Juges, 2, 11. ― Astaroth, pluriel féminin hébraïque, signifie les idoles de la divinité, qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth, et dans la Vulgate sous celle d’Astharthé. L’hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois sacré, parce qu’on l’adorait plus particulièrement dans les bois. ― Astoreth ou Astarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d’ailleurs plusieurs Astoreths ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la multiplication du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De même que Baal était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de nombreux indices montrent aussi qu’elle est souvent la lune, emblème de la beauté féminine, de même que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le symbole de la force et de la destruction ; elle est le principe passif et productif, la mère, comme Baal est le principe actif et générateur, le père. Une figurine en albâtre du Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d’or au-dessus de sa tête, mais on la représente le plus souvent sous la forme d’un pieu symbolique.

3.8 Chusan-Rasathaïm ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges. ― Sur Amalec, voit Exode, 17, 8.

3.9 Un sauveur qui les délivra ; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur pour sujet. Mais voir Josué, 24, 7.

3.13 La ville des Palmes, probablement Jéricho.

3.15 Aod… se servait des deux mains comme de la droite. Aod n’était pas le seul Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Benjamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers et comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, voir Juges, 20, 16 ; 1 Paralipomènes, 12, 2. Mucius Scævola, qui se rendit célèbre chez les Romains par un acte semblable à celui d’Aod, était aussi gaucher ; et c’est la signification même de son surnom de Scævola.

3.19 De Galgala. Voir Juges, 2, 1. ― Où étaient les idoles, c’est peut-être un nom de lieu, Pesilim. Au verset 26, nous lisons le lieu des idoles.

3.19-22 Si on était obligé de justifier cette conduite d’Aod, on pourrait dire qu’il croyait, d’après les préjugés du temps, et le droit de la guerre, beaucoup plus rigoureux à cette époque reculée qu’il ne l’est aujourd’hui, qu’il lui était permis de recourir à un pareil stratagème. N’est-il pas possible d’ailleurs que Dieu ait suscité ce général pour sauver son peuple, sans lui inspirer ce meurtre ? ― Chez tous les peuples et dans tous les temps, on a admiré le sang-froid, l’audace, le courage et le dévouement qu’indiquent, dans leurs auteurs, des actes comme ceux d’Aod, quoique ces actes ne soient pas du tout point irrépréhensibles. Les Athéniens ont chanté les louanges d’Harmodius et d’Aristogiton, les Romains ont glorifié Mucius Scævola.

3.26 Séirath, localité inconnue de la montagne d’Ephraïm.

3.28 Personne ; c’est-à-dire aucun des Moabites. ― Il n’y avait pas de ponts sur le Jourdain ; on ne pouvait le passer qu’à gué.

3.31 D’entre les Philistins. Sur les Philistins, voir Juges, note 13.1.

4.2 Voir 1 Rois, 12, 9. ― Asor ; rebâtie par quelque descendant de l’ancien Jabin. Comparer à Josué, 11, 10-11. ― Haroseth des nations ; ville ainsi nommée, parce qu’il y avait beaucoup de gens de diverses nations, ou parce qu’elle était peuplée de Chananéens et de peuples idolâtres, ou enfin parce qu’elle se trouvait dans la Galilée des nations.

4.3 Neuf cents chars armés de faux. Le texte hébreu porte : neuf cents chars de fer, et non armés de faux. Voir Josué, note 11.4.

4.4 Debbora signifie abeille. De même que biche, chatte, sont aujourd’hui des termes de tendresse, les noms d’animaux gracieux ont toujours été employés comme noms de femmes. Jahel signifie biche ; Sebia, voir 4 Rois, 12, 1, et Tabitha ou Dorcas, voir Actes des Apôtres, 9, 36, gazelle ; Rachel, agneau ou brebis ; Séphora, femme de Moïse, oiseau. Nous trouvons même un nom de femme, celui de la mère du roi Joakim, voir 4 Rois, 24, 8, Nohesta, qui signifie serpent, par allusion sans doute au serpent d’airain érigé par Moïse dans le désert et qu’Ezéchias avait fait détruire, dont le nom était Nohestan, voir 4 Rois, 13, 4. Comme noms d’hommes empruntés aux animaux, on trouve Caleb, chien, désignant différents personnages, Oreb, corbeau, Zeb, loup, Aïa, vautour, Sual, chacal, Jonas, colombe, Ariel, lion de Dieu. Cf. Léon, etc. Le nom de Debbora était aussi celui de la nourrice de Rébecca. Il correspond au grec et au latin Melissa, à l’allemand Emma, qui signifie aussi abeille.

4.5 Rama, probablement au sud-ouest de Béthel. ― Béthel. Voir Genèse, 12, 8.

4.6 Cédès de Nephtali. « Les villes de la région (montagneuse de Nephtali) ont toutes ce trait commun de ressemblance qu’elles sont situées sur des rochers élevés au milieu des collines, au-dessus de vallées vertes et paisibles. De ces villes, la plus remarquable est Cédès de Nephtali, la patrie de Barac… Le village moderne couronne la cime de la colline. Les fragments de colonnes qu’on rencontre sur cette colline, les tombeaux de toute espèce dans la vallée au-dessous et sur la place du village, les ruines de deux bâtiments considérables sur cette même place, forment l’ensemble le plus considérable de vestiges archéologiques de toutes les villes de Galilée. La plaine verdoyante qui s’étend au nord et au sud de la colline et de la place du village est toute parsemée de térébinthes, assez nombreux pour servir d’illustration à la scène du campement de Jahel, sous des arbres de même espèce, dans ce même lieu. » (STANLEY.) ― Conduis l’armée sur la montagne de Thabor. Le Thabor est situé dans la tribu d’Issachar, sur la limite de Zabulon. Il se distingue par sa forme et par sa végétation abondante des autres montagnes de la Palestine. Vu du sud-ouest, il se dresse devant le spectateur comme un dôme gigantesque, complètement isolé. Il faut près d’une heure de marche pour en atteindre la cime. Ses flancs sont couverts d’arbres propres à cacher les hommes qui s’y réfugient. Le sommet, dont on peut faire le tour en une demi-heure, est couvert en partie d’arbres, en partie de pelouses. L’œil domine de là toute la plaine d’Esdrelon : aucun mouvement des Chananéens ne pouvait échapper à Barac et à Débora. Les chars de Sisara ne pouvaient d’ailleurs y atteindre les Hébreux. ― « Les côtés du Thabor sont inégaux, escarpés, d’une pente raide, couverts d’arbres odoriférants et d’arbrisseaux qui s’élèvent dans les interstices des rochers : partout où peut croître l’herbe, la terre est tapissée de verdure et de fleurs. Les sentiers sont presque impraticables, et quelques bons que soient les chevaux, ils ont la plus grande peine à se tirer de certains passages scabreux… Les écrivains qui ont assuré que [le sommet] se termine en pain à sucre se sont trompés. C’est un plateau d’environ une demi-heure d’étendue, où l’on ne rencontre que de l’herbe fort élevée, des broussailles, des arbustes, de petits bocages sur les points les plus éminents et d’énormes tas de pierres… Le gibier fourmille partout ; les endroits touffus et les creux des rochers servent de repaires à des panthères, des sangliers et autres animaux sauvages. » (DE GERAMB.)

4.7 A l’endroit du torrent de Cison, dans la plaine d’Esdrelon ou de Jezrael. La plaine a environ dix lieues de longueur du Carmel à la vallée du Jourdain, et cinq lieues de largeur, entre les montagnes de Gelboé et celles de Nazareth. Elle est inégale, surtout au levant et au couchant. C’est de Mageddo, où était Sisara, dans la direction de Nazareth, au nord, qu’elle est le plus large et le plus unie. Mageddo, qui commande l’entrée de la plaine, au sud-ouest, Bethsan qui la commande à l’est, demeurèrent des forteresses jusqu’au temps des Romains, sous le nom de Legio et de Scythopolis. Du temps de Sisara, les Chananéens habitaient encore en grand nombre dans ces deux villes et devaient y être les maîtres. ― Le torrent de Cison prend sa source sur le versant nord-est du Thabor ; il arrose dans toute sa longueur, du nord-est au nord-ouest, la plaine d’Esdrelon et se jette dans la Méditerranée au nord du mont Carmel. Il a un grand nombre d’affluents, qui sont complètement à sec en été, mais forment des torrents considérables au moment des pluies.

4.11 Le Cinéen. Voir Genèse, note 15.19 ― Sennim, signifie changer la tente, proprement charger les montures (pour changer de campement). Sennim est donc probablement un lieu où campaient d’ordinaire les caravanes.

4.15 Voir Psaumes, 82, 10.

4.18 De son manteau, selon l’hébreu, de la couverture. On sait que dans la langue sacrée, l’article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif. Mais on ne sait au juste si ce pronom doit se rapporter à Sisara ou à Jahel. ― Les orientaux se sont toujours servis pour dormir de leur manteau. « Ces gens-ci, écrivait du Maroc Eugène Delacroix, ne possèdent qu’une couverture dans laquelle ils marchent, ils dorment, et où ils seront un jour ensevelis. »

4.19 Jahel ouvrit l’outre du lait, lui donna à boire. « Les Bédouins savent préparer le lait caillé d’une manière délicieuse ; cette préparation est appelée lében ; on l’offre aux hôtes, mais on la considère généralement comme un mets délicat. Je sais par expérience qu’elle est très rafraîchissante pour le voyageur accablé par la fatigue et la chaleur, mais elle a aussi un effet soporifique étrange. Ce ne fut pas sans doute sans connaître ses effets probables que Jahel donna à son hôte épuisé ce breuvage séducteur, qui devait lui procurer un sommeil profond et de bonne durée. » (CONDER.)

4.21 Le clou, probablement, le clou principal, le plus gros ; l’hébreu porte le pieu de la tente. ― Quant à la conduite de Jahel envers Sisara, il est au moins des circonstances qu’on ne saurait justifier, par exemple son mensonge formel, son manque de bonne foi ; choses mauvaises en elles-mêmes. Mais cela n’empêche point de rendre justice à ses intentions, qui étaient incontestablement pures et louables. Voir ce que nous avons dit en parlant d’Aod, Juges, 3, 19-22.

5.8 Est-ce que ; littéralement si. Cette particule est souvent en hébreu interrogative, ou négative ; on pourrait donc traduire aussi : Ni lance ni bouclier ne paraissaient.

5.10 Dans la Palestine, les juges et les principaux du pays n’avaient que des ânes pour monture. Voir Juges, 10, 4 ; 12, 14.

5.14 Ce verset, qui est différent dans l’hébreu et aussi obscur que dans la Vulgate par sa concision, se traduit diversement ; nous avons choisi l’interprétation qui nous a paru la plus conforme au latin.

5.21 Le torrent de Cadumim ; c’est-à-dire le torrent des combats. Le torrent de Cison s’appelle aujourd’hui Nahr el-Mukatta, la rivière du Massacre.

5.23 Méroz, probablement le Kephr Murs actuel.

5.24-27 Voir ce que nous avons dit de l’action de Jahel, Juges, 4, 21.

5.26 Au clou. Voir Juges, 4, 21. ― A des marteaux ; dans l’hébreu, à un marteau d’ouvriers.

5.31 Le cantique de Debbora est d’une belle et forte poésie ; c’est un des monuments littéraires les plus remarquables de l’antiquité, mais ce qui le caractérise surtout, c’est que la prophétesse le consacré à la louange du Dieu des combats qui a vaincu par Israël, et non à la glorification des vainqueurs : les chefs et les soldats ne paraissent qu’au second plan ; c’est Dieu qui tient la première place. Cet admirable cantique se compose de trois parties, chacune de trois strophes : I. Introduction, chapitre 5, versets 2 à 8 ; 1° Adresse du poème, versets 2 et 3 ; 2° Puissance de Jéhovah, gage de victoire pour les Hébreux fidèles, versets 4 et 5 ; 3° Malheurs d’Israël avant Debbora, versets 6 à 8. ― II. Préparatifs du combat, versets 9 à 17 ; 1° Nouvelle exhortation à tous ceux qui doivent chanter et bénir Jéhovah, versets 9 à 12 ; 2° Enumération des combattants, versets 12 à 15c ; 3° Reproches aux tribus qui n’ont pas secouru leurs frères, versets 15d à 17. ― III. Tableau du combat et de ses suites, versets 18 à 31 ; 1° Description de la bataille, versets 18 à 22 ; 2° Malédiction de Méroz, bénédiction de Jahel, versets 23 à 27 ; 3° Inquiétude et illusions de la mère et des femmes de Sisara ; souhait final, versets 28 à 31. ― Herder appelle ce poème « le plus beau chant héroïque des Hébreux… Chez Debbora, dit-il, tout est présent vivant, agissant. »

6.3 Tous les autres peuples des nations orientales. En hébreu, Benê-Qédem, ou Fils de l’Orient, désignent toujours dans la Bible les Arabes nomades ou Bédouins qui habitent l’Arabie déserte, depuis la Pérée jusqu’à l’Euphrate. Voir Juges, 6, vv. 3, 33 ; 7, 12 ; Job, 1, 3 ; 3 Rois, 5, 10 ; Isaïe, 11, 14 ; Jérémie, 49, 28 (où Benê-Qédem désigne spécialement les Benê-Qêdar ou habitants du Hauran) ; Ezéchiel, 25, vv. 4, 10.

6.4 Des moissons ; littéralement des herbes ; hébraïsme, du produit de la terre. ― Jusqu’à Gaza. Voir Josué, 10, 41.

6.11 Ephra, localité située à l’ouest du Jourdain, dans la tribu de Manassé, mais dont la position précise est inconnue. ― Dans le pressoir. Les pressoirs, en Palestine, se composaient de deux espèces de cuves, de niveau différent. On foulait les raisins dans la cuve supérieure, et le jus coulait, par une rigole creusée dans la pierre, dans la cuve inférieure, généralement plus grande, et où l’on pouvait cacher hommes et provisions. Afin de n’être pas remarqué par les Madianites qui rodaient déjà peut-être aux alentours, Gédéon dépiquait les épis, non dans l’aire, mais dans le pressoir, et renfermait probablement ensuite le grain dans la cuve destinée à recevoir le vin.

6.11-24 Quoi qu’en disent les incrédules et les mythologues de nos jours, il n’y a rien dans l’histoire de Gédéon qui, en bonne critique, autorise à la regarder comme un tissu de faussetés et d’aventures ridicules, ni comme une pure fiction mythique.

6.14 Voir 1 Rois, 12, 11. ― Va avec cette tienne force. Nous avons cru devoir conserver cette locution, qui se trouve dans toutes les anciennes versions françaises, et qu’aucune autre ne saurait convenablement remplacer.

6.19 Un chevreau. Voir 1 Rois, note 16.20.

6.20-21 Pour lui offrir à manger, parce qu’il ne savait pas que c’était un ange, disent les uns ; pour offrir un sacrifice à Dieu, disent les autres, en plus grand nombre. Mais les détails donnés, voir Juges, 6, 19, indiquent un repas, non un sacrifice, car dans le sacrifice on n’apportait pas la victime cuite.

6.24 Jusqu’au présent, etc. Il y a devant cette expression l’ellipse de la phrase : Et il a été ainsi appelé. Comparer à Juges, 1, 26.

6.25 Baal. Baal était le principal dieu chananéen. Baal signifie le Seigneur, le Maître, et ce nom devait être un des noms primitifs du vrai Dieu. On le représenta d’abord sous la forme d’une pierre conique, voir 4 Rois, note 3.2. Dans les derniers temps, on le figura la tête entourée de rayons. C’était en effet le soleil divinisé, et aussi la nature considérée comme dieu. On distingua un grand nombre de Baals, qu’on considéra peu à peu comme des dieux différents, mais qui n’étaient en réalité que des personnifications des attributs du baal principal ou bien ce Baal honoré en des lieux différents. Considéré comme présidant aux traités et aux alliances, il devint Baal-Berith, voir Juges, 9, 4 ; comme roi, il prit chez les Ammonites le nom de Moloch, Milcom ou Malkom ; comme dieu des mouches, ces insectes si nombreux et si désagréables en Palestine, il fut appelé Béelzébub, voir 4 Rois, 1, 2. Sur le mont Hermon, on l’appelait Baalhermon, voir Juges, 3, 3, et Baalgad : à Hazor, il devenait Baalhazor, voir 2 Rois, 13, 23 ; à Péor ou Phégor, Béelphégor ; comme maître des cieux, c’était Baal-samaïm ; comme dieu-soleil, c’était Baal-salakh, le dieu qui lance ses rayons ou Baal-haman, le dieu flamboyant. Le Baal, père des autres Baals, quand le souvenir de l’unité primitive de Dieu eut été oubliée, fut appelé avec l’article le Baal par excellence. Il exerça son influence sur les fruits de la terre, et les autres Baals, qui étaient censés être plus jeunes, représentèrent les influences spéciales du soleil et de la terre. ― On célébrait son culte avec une grande pompe, puisque du temps du prophète Elie, sous Achab, le texte sacré nous parle de quatre cent cinquante prêtres de Baal et de quatre cents prêtres d’Aschéra, voir 3 Rois, 18, 19-40 ; Jérémie, 2, 28. Ses autels étaient nombreux, voir Jérémie, 11, 13 ; 3 Rois, 16, 32 ; 4 Rois, 11, 18. On lui offrait des holocaustes et même des victimes humaines, voir Jérémie, 19, 5. Les sacrificateurs exécutaient autour de l’autel des danses frénétiques, accompagnés de cris sauvages : ils se meurtrissaient eux-mêmes et s’enlevaient avec des instruments tranchants des lambeaux de chair pour attirer l’attention du dieu, par la vue de leur corps ensanglanté, voir 3 Rois, 18, 26-28. La nature et le soleil étaient adorés par les Moabites et par les Ammonites sous le nom de Moloch.

6.26 On peut supposer qu’il n’est parlé que du second taureau, que parce que c’est celui que Gédéon immola en holocauste pour les péchés de la nation ; tandis qu’il avait offert avec le premier un sacrifice particulier pour lui et pour sa famille.

6.33 Ils campèrent dans la vallée de Jezraël. La plaine de Jezraël a toujours exercé sur es enfants du désert une fascination irrésistible. De temps immémorial, au commencement du printemps, ils traversent le Jourdain et se dirigent vers Bethsan, qui, pour eux, est comme la porte du ciel. La plaine de Jezraël est bien en effet un petit paradis et digne de son nom de « semence de Dieu. » Elle charme tous les voyageurs par la richesse de son sol et l’exubérance de sa végétation. Cette exubérance est telle, qu’un homme à cheval y disparaît presque au milieu des hautes herbes. En avril, le blé ondule dans la vaste campagne.

7.1 Vers le côté septentrional de la colline fort élevée. Cette colline porte dans l’hébreu le nom de mont Moréh ; c’est le petit Hermon, au nord du mont Gelboé. Les habitants l’appellent aujourd’hui Duhy.

7.3 Voir Deutéronome, 20, 8 ; 1 Machabées, 3, 56. ― Parle au peuple, conformément à la loi du Deutéronome, 20, 8. ― De la montagne de Galaad. Il n’est pas douteux que Gédéon ne campât (pas ?) sur le mont Gelboé, sur le versant septentrional, à l’extrémité occidentale. Le texte porte à la vérité, le mont Galaad, mais il ne peut-être question des montagnes de Galaad, situées à l’est du Jourdain, puisque nous verrons tout à l’heure les Madianites obligés de traverser le Jourdain pour passer à l’est. Il faut donc ou que Galaad fût un des noms du mont Gelboé, ou que Galaad soit écrit ici pour Gelboé.

7.5 Près de l’eau de la fontaine d’Aïn-Harod, aujourd'hui Aïn-Djaloud, source abondante au pied du mont Gelboé, au nord-ouest. Elle sort de dessous un gros rocher, creusé intérieurement comme une caverne, et surplombant au-dessus du grand bassin, de forme demi-circulaire, où l’eau se répand en nappe, et où jouent de nombreux poissons. Elle se divise ensuite en deux canaux.

7.11 Tes mains, etc. Tu deviendras plus fort ; tu te sentiras plus de vigueur.

7.13 A la tente, principale, celle du roi, selon l’historien Josèphe ; ou bien à ma tente ; car en hébreu comme en français, l’article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif.

7.22 Voir Psaumes, 82, 10.

7.23 Bethsetta, peut-être la Chouttah actuelle. ― Abelméhula, patrie d’Elisée, était dans la tribu d’Issachar, au sud de Bethsan, sur la route qui conduit de l’extrémité occidentale du lac de Génésareth à Sichem. ― Tebbath, localité inconnue.

7.24 Emparez-vous des eaux, des gués. Il n’y avait sur le Jourdain ni points ni barques. Il fallait donc chercher nécessairement, pour le passer, les endroits où l’eau était peu profonde. ― Jusqu’à Bethbéra, peut-être le Bethabara de Jean, note 1.18.

7.25 Voir Psaumes, 82, 12 ; Isaïe, 10, 26. ― Oreb (corbeau) et Zeb (loup), deux noms ou surnoms indices de leur rapacité et de leur férocité. ― Au rocher d’Oreb, etc., ainsi appelés dans la suite du nom des princes qui y avaient été tués. ― Le pressoir. Voir Juges, note 6.11. Zeb s’était caché dans la cuve inférieure d’un pressoir et c’est là qu’il fut tué.

8.1-3 Cet épisode est raconté par anticipation pour en finir d’un coup avec les Ephraïmites, dont l’auteur vient de faire connaître les exploits dans la prise d’Oreb et Zeb. Les plaintes des Ephraïmites ne peuvent avoir été exprimées que lorsque l’expédition fut finie.

8.2 Une grappe, etc. Le sens est : La tribu d’Ephraïm ne veut-elle pas mieux à elle seule que toute la famille des Abiézerites à laquelle j’appartiens ? ou bien encore : Ce que vous venez de faire ne vaut-il pas mieux que mon exploit ? J’ai commencé la guerre, et vous l’avez achevée.

8.5 Soccoth, aujourd’hui Tell-Derala.

8.11 Voir Osée, 10, 14.

8.16 Les hommes. Il est très probable que par ce mot il faut entendre les seuls personnages dont on vient de parler ; car si Gédéon avait voulu faire mourir tous les habitants de Soccoth, il n’aurait pas demandé les noms des principaux de la ville.

8.19 Le Seigneur vit ! formule de serment que l’on rend assez ordinairement par vive le Seigneur ! et qui équivaut à : Je jure que.

8.21 Voir Psaumes, 82, 12. ― Bulle ou petite boule, était un ornement d’or, d’argent ou d’autre métal que portaient au cou les personnes aussi bien que les animaux. Le correspondant en hébreu est traduit dans la Vulgate par collier, cercles (torques), aux versets 26 de ce même chapitre, et par petite lune ou croissant (lunulæ), au chapitre 3, verset 18, d’Isaïe. ― « L’usage d’orner le cou des chameaux n’est pas perdu, dit M. de Saulcy, et dans la Syrie, quand on rencontre de ces animaux harnachés, on est à peu près assuré d’avance qu’on leur verra un collier. Celui-ci est fréquemment formé de fils d’une petite coquille blanche du genre des porcelaines, et qui sert de monnaie sous le nom cauri, sur toute la côte occidentale d’Afrique. Je ne puis affirmer positivement que j’aie rencontré des chameaux portant suspendu à leur collier un croissant de cuivre, je crois cependant bien me le rappeler. Ce que tout le monde sait aussi bien que moi, c’est que l’usage de ces croissants de cuivre s’est conservé dans le harnachement militaire de la cavalerie moderne.

8.26 Mille sept cents sicles d’or. Le sicle, du moins après la captivité, avait comme poids la valeur de 14 grammes 20 ; 1 700 sicles équivalaient donc à 24 kilogrammes 140 grammes. Avec ce poids, Gédéon fit sans doute fabriquer non seulement un éphod mais plusieurs autres objets sacrés.

8.27 Voir sur l’éphod, ornement sacré, Exode, 28, 4.

8.32 Ephra de la famille ; c’est-à-dire qui appartenait à la famille.

8.33 Baal. Voir Juges, note 6.25.

9.1 A Sichem. Voir Genèse, note 12.6.

9.4 Le mot sicle est ici comme en bien d’autres endroits, sous-entendu, pour son poids et sa valeur. ― Soixante-dix sicles d’argent font près d’un kilogramme. ― Baalberith, le baal de l’alliance. Voir Juges, note 6.25.

9.7 Le mont Garizim est coupé dans le bas par une ligne de rochers blancs à pic. A un endroit, devant Sichem, le rocher s’avance en forme de triangle. Au-dessous, dans le roc, il y a des cavernes. C’est sur ce rocher triangulaire que Joatham prononça son apologue.

9.7-15 Cette fable rappelle celle des membres et de l’estomac que Ménénius Agrippa adressa au peuple romain révolté, Tite-Live, II, 30 ; La Fontaine, I. III, fable II.

9.13 Qui réjouit Dieu ; expression figurée, qui doit se prendre dans le même sens que, l’odeur des victimes est une odeur agréable au Seigneur, que les parfums le récréent. D’ailleurs il est probable qu’au lieu de Dieu, il faut les dieux, comme le porte la Vulgate elle-même dans le passage parallèle (verset 9). Alors Joatham a très bien pu se servir de cette expression, puisque les païens auxquels il parlait, croyaient que leurs dieux prenaient réellement plaisir à la fumée des victimes et à l’odeur de leurs parfums et de leurs libations.

9.16 Est-ce justement, etc. ; littéralement si justement, voir Juges, 5, 8.

9.17 Qui a livré, etc. ; c’est-à-dire qui a exposé sa vie.

9.21 Béra, dans la tribu de Juda, selon les uns ; Béeroth, dans la tribu de Benjamin, selon les autres.

9.25 Au sommet des montagnes d’Hébal et de Garizim.

9.28 Sur les hommes d’Hémor ; sur la famille d’Hémor.

9.31 Ils attaquent la ville contre toi ; c’est-à-dire ils pressent la ville de se déclarer contre toi ; ou bien ils s’y fortifient pour résister contre toi.

9.37 Le chêne ; probablement celui dont il est parlé au verset 6.

9.41 Ruma, probablement l’el-Arma d’aujourd’hui.

9.45 Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C’est pour cela que l’Ecriture dit une terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile. Les auteurs profanes emploient quelquefois la même locution.

9.46 Berith en hébreu signifie pacte, alliance.

9.50 Thèbes, aujourd’hui Tûbas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan, à quatre heures de marche de Sichem, au nord-est.

9.53 Voir 2 Rois, 11, 21.

9.54 Voir 1 Rois, 31, 4 ; 1 Paralipomènes, 10, 4. ― L’histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leurs maîtres ; tandis que David fit mourir l’Amalécite, qui se vantait de l’avoir rendu à Saül sur son instante prière. Le christianisme condamne également celui qui demande ce service et celui qui le rend. ― Une mort comme celle d’Abimélech, reçue de la main d’une femme, était considérée comme particulièrement ignominieuse. Voir 2 Rois, 11, 21.

10.1 Samir de la montagne ; pour Samir, dans la montagne.

10.3 Jaïr Galaadite. Comparer à Nombres, 26, 29.

10.4 Qui montaient, etc. Voir Juges, 5, 10. ― Havoth-Jaïr, dans le pays d’Argob. Voir Deutéronome, 3, 4.

10.5 Camon, dans le pays de Galaad.

10.6 Les Baalim. Voir Juges, note 6.25.

10.17 Maspha de Galaad, au nord-est de Jabès-Galaad.

11.3 La terre de Tob. Elle est inconnue, mais elle était probablement située sur les confins du royaume des Ammonites, même si elle n’en faisait pas partie.

11.7 Voir Genèse, 26, 27.

11.11 Jephté dit, etc. il renouvela les assurances que les princes de Galaad lui avaient données, et, de son côté, il prit solennellement Dieu à témoin de la fidélité avec laquelle il tiendrait ses engagements.

11.13 Voir Nombres, 21, 24. ― Arnon, rivière qui forme la frontière septentrionale de Moab, voir verset 18, et se jette dans la mer Morte après un cours de 75 kilomètres. ― Jaboc. Voir Genèse, note 32.22.

11.16 Cadès. Voir Nombres, 20, 1.

11.17 Voir Nombres, 20, 14.

11.18 Voir Nombres, 21, 13.

11.19 Jusqu’au fleuve ; c’est-à-dire jusqu’au Jourdain.Hésébon. Voir Nombres, 21, 25.

11.24 Chamos ton dieu. Voir 3 Rois, note 11.7. ― Ton dieu. Les Israélites n’attribuent qu’à leur Dieu unique une véritable divinité : ils traitent de faux dieux tous ceux qu’adorent les nations étrangères. Quand Jephté dit Chamos, ton Dieu, il parle le langage diplomatique. Cette expression n’est donc pas une profession de foi et ne prouve pas que Jephté croyait à la divinité de Chamos. Elle prouve seulement que le juge d’Israël voulait parler au roi des Ammonites un langage qui lui fût agréable, afin d’en obtenir la paix qu’il sollicitait.

11.25 Voir Nombres, 22, 2.

11.26 A Hésébon. Voir Nombres, 21, 25. ― A Aroer, sur l’Arnon, qui formait la frontière méridionale du royaume de Séhon.

11.31-40 Contre le sentiment de tous les anciens, plusieurs interprètes modernes prétendent que la fille de Jephté ne fut pas réellement immolée, mais seulement consacrée au service du sanctuaire. Quelque opinion qu’on adopte, on ne peut rien conclure contre la divinité de la religion des Hébreux. Car le vœu de Jephté est un fait qui lui est entièrement personnel. Il n’était pas commandé par la loi, puisque la loi au contraire défendait si expressément le sacrifice de victimes humaines. C’est un fait isolé, et auquel le grand prêtre et la majorité du peuple ne prirent aucune part.

11.33 Depuis Aroer, non pas probablement Aroer sur l’Arnon, mais Aroer de Gad, à l’est de Rabbath-Ammon, jusqu’à l’entrée de Mennith, au sud, et jusqu’à Abel, qui est plantée de vignes ou Abel-Keramim, sur la route qui va d’Aroer à Bosra.

11.35 J’ai ouvert ma bouche au Seigneur ; j’ai prononcé un vœu fait au Seigneur.

11.37 On regardait comme un malheur de mourir sans laisser de postérité.

11.40 Après le cours d’une année ; c’est-à-dire chaque année.

12.3 J’ai mis mon âme, etc. ; hébraïsme, pour j’ai exposé ma vie.

12.6 Ne pouvant pas exprimer, etc. ; c’est-à-dire, ne pouvant pas exprimer le mot schibboleth, qui signifie épi, en prononçant commet il faut la lettre sch ; car, en hébreu, ces trois caractères ne forment qu’une seule lettre ou articulation. Remarquons que les Ephrathéens n’étaient pas tués parce qu’ils ne savaient pas prononcer le mot schibboleth, mais parce qu’ils étaient des ennemis de guerre, et d’une guerre injuste faite à Jephté et aux Israélites, leurs frères. La prononciation de ce mot était seulement une marque à laquelle on reconnaissait s’ils disaient vrai, quand ils niaient qu’ils fussent Ephrathéens.

12.7 Galaad ou Maspha de Galaad.

12.13 Pharathonite ; de Pharathon. Voir verset 15.

13.1 Voir Juges, 10, 6. ― Aux mains des Philistins. Les Philistins étaient originaires de Crète et avaient émigré de la ville de Caphtor ou Cydonia. Ils formaient une grande confédération qui, sous Ramsès III, roi d’Egypte, avait envahi la Syrie. Ramsès III les battit et en établit les restes dans le pays qui prit depuis leur nom. A la fin de la XXe dynastie égyptienne, profitant de la faiblesse des pharaons, ils devinrent seuls maîtres de toute la riche plaine de la Séphéla. Ils possédèrent ainsi, près de la Méditerranée, trois villes, Gaza au sud, Azot au nord, Ascalon au centre. Dans l’intérieur des terres, ils avaient aussi deux autres villes principales, Geth et Accaron. Ces cinq villes, encore aujourd’hui subsistantes, Geth exceptée, étaient les chefs-lieux de cinq principautés puissantes, gouvernées par cinq seranim ou princes confédérés. C’est du nom des Philistins que les Egyptiens et les Grecs, qui les connurent avant les habitants de l’intérieur des terres, tirèrent la dénomination de Palestine, sous laquelle la terre de Chanaan est encore aujourd’hui désignée.

13.2 De Saraa. Saraa est actuellement un village de trois cents habitants, qui a gardé son ancien nom, à peine modifié sous la forme Sar’ah. Il est placé sur une colline en forme de pain de sucre, à l’entrée d’une vallée. Les flancs de la colline sont percés de grottes sépulcrales. Une source est à peu de distance, au-dessous du village.

13.3 Voir Genèse, 16, 11 ; 1 Rois, 1, 20 ; Luc, 1, 31. ― Les grâces que Dieu a accordées à Samson et les faveurs qu’il lui a faites n’avaient pas pour objet de le récompenser de sa vertu, mais de protéger et de défendre son peuple contre la tyrannie et l’oppression de ses ennemis.

13.4 Voir Nombres, 6, 3-4.

13.5 Nazaréen de Dieu ; c’est-à-dire consacré à Dieu en qualité de nazaréen.

13.6 L’homme de Dieu. C’est ainsi que porte l’hébreu. Il paraît que Manué et sa femme avaient déjà une connaissance quelconque de cet homme de Dieu : c’est du moins ce que prouve l’article déterminatif que l’écrivain sacré affecte d’employer ici.

13.13-14 Que ta femme s’abstienne, etc. Les verbes de ces deux versets étant au féminin en hébreu, ne peuvent avoir pour sujet que la mère de Samson, et non Samson lui-même.

13.15 Un chevreau. Voir 1 Rois, note 16.20.

13.18 Voir Genèse, 32, 29.

13.19 Sur le rocher, qui se trouvait à l’endroit même de la campagne où était Manué.

13.22 Nous mourrons de mort ; hébraïsme pour : nous mourrons infailliblement.

13.24 Samson, en hébreu Schismchôn, parait être un diminutif de schémesch, soleil.

14.1 A Thamnatha. Thamnatha, aujourd’hui Tibnéh. Tibnéh n’est plus qu’un monceau de ruines, éparses sur les flancs d’une colline hérissée de hautes herbes, de chardons et de lentisques. Une partie de ses débris a été transportée plus loin et a servi à bâtir le village actuel d’el-Bridje. Elle a perdu maintenant ses riches vignobles. De gros blocs de pierres, disséminés aux alentours, sont, avec ces vieux décombres, rongés et couverts de lichens, le seul souvenir qui nous reste de Thamnatha. ― Samson descendit. On a fait une difficulté contre ce verset, parce qu’il y est dit que Samson descendit de Saraa à Thamnatha, mais cette expression est exacte. “ Il fallait descendre, ce qui est effectivement vrai, le village actuel de Saraa étant situé sur une colline plus élevée que Tibnéh, ” dit M. GUERIN.

14.2 Une femme d’entre les Philistins. Du temps de Samson, Thamnatha était au pouvoir des Philistins. Du moins les Philistins y habitaient-ils en nombre et y agissaient-ils en maîtres.

14.5 Parut le petit d’un lion. Thamnatha est à une heure à l’ouest de Bethsamès. Ce fut en descendant de Bethsamès à Thamnatha, peut-être dans la gorge même, près du torrent qu’il avait à traverser, que Samson rencontra et tua le lionceau. C’est aussi dans ce massif montueux qu’il prit plus tard les trois cents chacals avec lesquels il brûla les blés des Philistins. Ces lieux abondaient autrefois en bêtes fauves, comme l’attestent les noms que portaient les villages des alentours, Lebaoth ou les lionnes, Saalbim ou les chacals.

14.6 L’Esprit du Seigneur ne signifie pas ici l’inspiration divine, ou l’amour de la vertu, mais cet esprit de force dont le Seigneur remplit Samson pour combattre et vaincre les Philistins, qui étaient les ennemis d’Israël. L’Ecriture elle-même nous apprend que la force de Samson n’était pas naturelle, mais qu’elle lui était donnée de Dieu d’une manière miraculeuse, bien qu’il y ait eu des hommes doués d’une force de corps prodigieuse.

14.8 Et après quelques jours, etc. « On sait que les abeilles fuient les cadavres, mais elles ne fuient pas les ossements desséchés. L’expression après quelques jours est plus d’une fois employée dans la Sainte Ecriture pour désigner un espace de temps considérable et même quelques années. Samson peut être resté plusieurs mois fiancé avec la jeune fille, qui était peut-être encore trop jeune. Hérodote, V, 114, raconte que les abeilles firent du miel dans le crâne d’Onésilos, tyran de l’île de Cypre, dont la tête avait été suspendue par les habitants d’Amathonte. » (STOLBERG.) ― Les bois de Palestine sont remplis d’innombrables essaims d’abeilles sauvages qui n’habitent pas seulement des creux d’arbres, mais rassemblent aussi, faute d’autres places, leurs provisions de miel dans les fentes des rochers et dans les cavernes souterraines, sans autre but que de s’abriter à leur ombre.

14.11 C’était anciennement la coutume de donner à l’époux, pour l’accompagner, un certain nombre plus ou moins considérable de jeunes hommes. Les Grecs les appelaient paranymphes. Ce sont probablement ceux que l’Evangile désigne sous le nom d’amis de l’époux.

14.12 Pendant les sept jours du festin. Les fêtes qui accompagnaient les mariages duraient une semaine entière et on les égayait par toute espèce de divertissement.

14.14 Le goût des Orientaux pour les énigmes et les jeux de mots est un des traits saillants de leur caractère.

14.19 Ascalon, l’une des cinq grandes villes des Philistins, sur la Méditerranée, au nord de Gaza et au sud d’Azot, dans une position très forte et très fertile.

15.1 Il lui apporta un chevreau. Voir 1 Rois, note 16.20.

15.3 Il n’y aura plus, etc. ; c’est-à-dire je ne serai point coupable envers les Philistins.

15.4 Les renards dont il est ici question sont les schacals, espèce d’animaux qui tiennent le milieu entre le renard ordinaire, le chien et le loup. On les rencontre par troupes dans la Palestine ; ils cherchent la société des hommes, et se laissent prendre facilement.

15.5 Dans les moissons des Philistins. Les cinq villes des Philistins étaient situées dans une vaste plaine que le texte hébreu appelle Séphéla ou le pays bas. Sur le rivage de la mer Méditerranée s’étend une large bande de sable stérile, mais tout le reste de la plaine n’est qu’un immense champ de blé, d’un rapport merveilleux, parsemé çà et là de légers mamelons, couverts de jardins verdoyants et de riches vergers.

15.8 On met souvent la jambe sur la cuisse, quand on est pensif, inquiet, interdit. L’hébreu porte : Et il les frappa jambe sur cuisse ; ce qui peut être une expression proverbiale désignant une défaite entière. ― Dans la caverne du rocher d’Etam. Cette caverne était probablement une des nombreuses excavations qu’on trouve à l’extrémité orientale de la plaine de la Séphéla, dans les derniers contreforts des montagnes de Juda, vers Lekiéh et Deir-Dubban.

15.14 A l’odeur du feu ; aux approches, au moindre contact du feu.

15.19 Fontaine de l’invoquant Elle ne devait pas être éloignée d’Etam.

16.1 Gaza. Voir Josué, 10, 41.

16.3 Il prit les deux battants de la porte avec ses poteaux et son verrou. « Les portes des villes sont ordinairement cintrées ; elles sont gardées et fermées la nuit. Elles sont larges, massives, à deux battants (voir Isaïe, 45, 1), construites en bois solide et bardées de fer (voir Actes des Apôtres, 12, 10). Une forte barre de fer, formant crochet à l’une de ses extrémités, est suspendue à un lourd anneau de même métal, fixé à un fort montant solidement encastré dans la muraille de chaque côté de la porte. Quand la porte est fermée, le crochet des arcs-boutants entre dans un anneau de fer, attaché derrière chaque battant, de sorte que la porte est capable de résister à une forte pression venant du dehors. La serrure est massive, de fer travaillé, et la clef à longue poignée, fort lourde, est portée à la ceinture par le gardien de la porte ou suspendue à un clou dans le petit appartement qui est tout près. Il fallut la force de Samson, pour arracher les portes de Gaza de leurs gonds, avec les deux montants, barre et tout, et les porter au sommet de la colline qui regarde Hébron. Une tour, quelquefois deux, flanquent la porte. Des bancs sont fixés de chaque côté de l’entrée et souvent occupés par des gardes qui vivent dans des appartements ouvrant sur le porche. Ce porche est le rendez-vous favori des habitants, spécialement des plus riches, qui y sont attirés par la brise fraîche qui souffle à travers la porte ombragée, et par la distraction qu’ils trouvent à voir aller et venir constamment hommes et bêtes… Les juges et même le gouverneur se rendent souvent en ce lieu pour régler les affaires les plus importantes : les causes civiles et criminelles y sont souvent discutées et jugées… Les portes de la ville sont fermées au coucher du soleil ou bientôt après. Quelques-unes d’entre elles ont, dans un de leurs battants, une petite porte, qui demeure ouverte une heure ou même plus après le coucher du soleil, pour permettre aux piétons accidentellement en retard d’entrer dans la ville ou d’en sortir. On peut la faire ouvrir aussi plus tard, moyennant un backschisch. Mais les animaux doivent rester dehors et les voyageurs attardés sont ainsi fréquemment forcés de camper hors des murs, quand ils n’arrivent pas à la porte avant le coucher du soleil. » (VAN LENNEP.) ― Hébron. Voir Genèse, note 13.18.

16.4 La vallée de Sorec. La vallée qui sépare Bethsamès de Saraa est très probablement la vallée qu’habitait Dalila. Les plants de vigne de la vallée de Sorec étaient les plus célèbres de la Palestine.

16.5 Pièces ; c’est-à-dire sicles. Voir Genèse, 45, 22.

16.13 Si tu entrelaces, etc. Pour bien comprendre la fin de ce verset, il faut supposer que Samson partageait ordinairement ses cheveux en sept tresses, et qu’il était alors couché par terre auprès de Dalila, qui faisait de la toile sur son métier. Quant au clou que le texte hébreu détermine par l’article, c’était probablement le principal parmi ceux qui servaient à soutenir le métier.

16.21 Ils lui firent tourner la meule. On ne peut imaginer d’occupation plus fastidieuse et plus fatigante. Aussi celui qui était obligé de s’y livrer était considéré comme la plus malheureuse des créatures, et chez les peuples anciens, on condamnait souvent les captifs à tourner la meule, comme Samson. Il est donc impossible de rien concevoir de plus humiliant pour le héros israélite que cette besogne de femme et d’esclave. Sur le moulin à bras, voir Deutéronome, note 24.6.

16.23 Dagon leur dieu. Dagon était le dieu principal des Philistins. Sur cette idole, voir 1 Rois, note 5.2.

16.25-27 Jouait en chantant et en dansant, pour les amuser, selon l’usage de ce temps-là. ― La description suivante de Shaw permet de se rendre bien compte des faits racontés ici : « Il y a dans ce pays-ci [en Afrique] plusieurs palais et Don-wânas, comme ils appellent les cours de justice, qui sont bâtis [comme les enclos sacrés] lesquels étaient entourés les uns en partie seulement, les autres tout à fait, de bâtiments avec des cloîtres par-dessus. Les jours de fête, on couvre la place de sable, afin que les pello-waan ou lutteurs ne se fassent point de mal en tombant, pendant que les toits des cloîtres d’alentour fourmillent de spectateurs. J’ai souvent vu à Alger, plusieurs centaines de personnes dans ces sortes d’occasions sur le toit du palais du Dey qui, de même que plusieurs autres grands édifices, a un cloître avancé qui ressemble à un grand appentis, n’étant soutenu dans le milieu ou sur le devant que par un ou deux piliers. C’est dans de semblables bâtiments ouverts, que les bachas, les cadis et les autres grands officiers s’assemblent et s’asseyent au milieu de leurs gardes et de leurs conseillers, pour administrer la justice et pour régler les affaires publiques de leur province. Ils y font aussi des festins, comme les principaux d’entre les Philistins en faisant dans le temple de Dagon. De sorte qu’en supposant que ce temple était construit à peu près comme les bâtiments dont je viens de parler, il est aisé de concevoir comment Samson, en faisant tomber les piliers qui soutenaient le cloître, le renversa, “ et tua plus de Philistins en sa mort qu’il n’en avait fait mourir en sa vie ”. »

16.28 Je tire une seule vengeance ; je me venge en une seule fois du mal qu’ils m’ont fait en m’arrachant les deux yeux.

16.31 Esthaol, aujourd’hui Aschoua. ― Dans le sépulcre dont l’oualy (tombeau) de Scheikh Gherib actuel, occupe probablement l’emplacement.

17.5 ; 17.12 Il remplit la main, etc. Voir, sur le sens de cette expression, Nombres, 3, 3. ― Il fit un éphod. Voir Exode, 28, 4. ― C’est-à-dire un vêtement sacerdotal et des idoles. Cette explication est ajoutée au texte original dans notre Vulgate.

17.7 Par sa parenté ; du côté de sa mère ; c’est-à-dire, qu’il appartenait à la tribu de Juda par sa mère ; car par son père il était de la race de Lévi. Ainsi l’écrivain sacré fait ici cette remarque dans le but d’expliquer pourquoi il demeurait à Bethléhem, ville de la tribu de Juda, laquelle n’était pas du nombre des villes assignées aux Lévites. Au lieu de par sa parenté, l’hébreu, plus explicite, dit : de la famille de Juda.

18.7 A Laïs. Voir verset 27. ― Sidon, capitale de la Phénicie, avant Tyr ; port de mer sur la Méditerranée.

18.8 A Saraa. Voir Juges, 13, 2. ― A Esthaol. Voir Juges, 16, 31.

18.12 Cariathiarim, la ville des fourrés, probablement aujourd’hui Erma, entre les hautes montagnes de Juda et les collines plus basses.

18.14 Un éphod. Voir Exode, note 28.4.

18.27 Laïs. Ville de la frontière septentrionale de la Palestine, à une des sources du Jourdain ; aujourd’hui Tell el-Kadi. Il n’y a actuellement qu’un moulin.

18.28 Rohob n’est connu que vaguement d’après l’indication donnée ici. Il était au sud d’Emath, sur la route de cette ville.

18.30 Fils de Gersam ; c’est-à-dire petit-fils ou descendant ; car le mot fils en hébreu est susceptible de ces différentes significations.

18.31 La maison de Dieu, signifie le saint tabernacle. ― Fut à Silo. Voir Josué, note 18.1.

19.1 Bethléhem. Voir Ruth, 1, 1.

19.12 Gabaa, aujourd’hui Tuleil el-Fûl.

19.18 A la maison de Dieu ; auprès du saint tabernacle, qui est à Silo ; ou bien à Silo où est le tabernacle ; car quelquefois Silo elle-même est appelée maison de Dieu. Voir Juges, 20, 18. ― Par l’expression, votre servante, le Lévite désigne sa propre femme.

19.22 Voir Genèse, 19, 5. ― Sans joug ; c’est-à-dire ne pouvant supporter aucun joug, indisciplinés, indomptables. Selon l’étymologie, Bélial signifie sans utilité, vaurien. Comparer 2 Corinthiens, note 6.15.

19.29 Le glaive ; l’hébreu porte, le couteau. ― Dans tous les confins ; dans tous les lieux occupés par les enfants d’Israël ; c’est-à-dire qu’il envoya une part dans chacune des tribus d’Israël.

20.1 Voir Osée, 9, 9. ― Depuis Dan jusqu’à Bersabée ; depuis une extrémité du pays jusqu’à l’autre ; Dan étant située à l’extrémité septentrionale de la terre de Chanaan, et Bersabée à l’extrémité méridionale. ― La terre de Galaad ; expression elliptique pour les habitants de la terre de Galaad ; ce qui veut dire ici la tribu qui était au-delà du Jourdain. ― Le peuple d’Israël s’assembla souvent à Maspha, et on lit dans le premier livre des Machabées (3, 46) que cette ville était un lieu de prières.

20.2 Les chefs du peuple ; littéralement : les angles du peuple ; ceux qui étaient comme les pierres angulaires qui soutenaient tout l’édifice de la nation. Cette métaphore est souvent employée dans l’Ecriture.

20.4 Gabaa. Voir Juges, 19, 12.

20.18 A Silo. Voir Josué, 18, 1.

20.31 Béthel. Voir Genèse, 12, 8.

20.33 Baalthamar, ville de la tribu de Benjamin, dans les environs de Gabaa.

20.34 Choisis. Ce mot se lit dans l’hébreu, et il est nécessaire pour donner le véritable sens de la phrase.

20.47 Au rocher de Remmon, à 15 milles romains au nord de Jérusalem, d’après Eusèbe.

21.1 Jurèrent aussi à Maspha ; ce mot aussi de la Vulgate donne au prétérit jurèrent le sens du plus-que-parfait qui se trouve dans le texte original, et qui rattache ainsi ce serment à l’assemblée que les Israélites avaient tenu à Maspha. Voir Juges, chapitre 20.

21.6 Leur frère Benjamin ; c’est-à-dire leurs frères de la tribu de Benjamin. Ici, comme souvent ailleurs, le fondateur de la tribu se prend pour la tribu elle-même.

21.8 Jabès-Galaad, ville de Galaad, dans le voisinage de Pella. La situation exacte de cette ville n’est pas connue. Peut-être était-elle située à Ed-Deir, près de l’ouadi Yabès, à cinq heures de marche au sud de Bethsan.

21.11 Voir Nombres, 31, 17-18.

21.16 Sont tombées à la fois, sous les coups du glaive. Voir les versets 10 et 11.

21.19 Béthel. Voir Genèse, 12, 8. ― Lébona, ville au nord de Silo.

21.20 Cachez-vous dans les vignes. Les vignes qui, du temps de Josué et des Juges, étaient aux environs de Silo, ont aujourd’hui disparu. Avec la ruine du village, la désolation s’est répandue sur les collines d’alentour.

21.23 Rebâtissant. C’est le sens qu’exige l’article qui se trouve en hébreu devant le mot villes. Les villes dont il est ici question existaient déjà ; et d’ailleurs, comme nous l’avons remarqué dans un autre endroit (voir Nombres, 32, 34), le verbe hébreu bâtir, signifie souvent par extension rebâtir, reconstruire, restaurer, embellir son édifice.


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