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Évangile selon Saint Matthieu

Introduction





L’auteur du premier évangile est l’apôtre saint Matthieu. Il n’y a qu’une voix à cet égard dans la tradition. Les Pères s’accordent également à dire que cet évangile a paru avant tous les autres, que saint Matthieu l’a écrit en hébreu pour l’usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller prêcher la foi parmi les Gentils, entre l’an 45 et l’an 48, un peu avant que saint Paul écrivît ses premières Epîtres. Quant à la version grecque du texte hébreu de saint Matthieu, il est certain que, si l’auteur ne l’a pas faite lui-même, comme Josèphe a fait la traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apôtres et a dû être approuvée par eux ; car dès le premier siècle, et avant la mort de saint Jean, elle était citée et reçue par toute l’Eglise avec l’autorité des textes inspirés ; et s’il en avait été autrement, on aurait peine à s’expliquer la disparition du texte hébreu.

L’évangile de saint Matthieu n’est pas proprement une histoire, une biographie. On y trouve bien une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire de sa prédication. Mais les faits n’y tiennent pas une grande place ; ils sont peu circonstanciés et souvent groupés, comme les discours, suivant leurs analogies. L’ordre chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. Le dessein de l’auteur est donc, avant tout, dogmatique et moral. Ce qu’il se propose, c’est de montrer à ses lecteurs, ce qu’il a prêché jusque là de vive voix, que Jésus est le Messie promis au peuple Juif, qu’il faut croire à sa parole, accepter ses maximes, entrer dans son Eglise, et se conformer à ses lois. Aussi s’attache-t-il à signaler dans sa personne toutes les prérogatives que les prophètes ont attribuées au Messie, celles de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophète, de souverain prêtre. A tous ces points de vue, il a soin de faire remarquer l’accord des prophéties avec les faits qu’il décrit.

Cet évangile a été appelé quelquefois l’évangile du royaume des cieux, parce qu’on y voit annoncée et souvent désignée sous ce nom l’œuvre que le Fils de Dieu venait accomplir en ce monde ; mais l’auteur a soin de faire sentir que sa royauté est spirituelle, qu’elle a pour fin le salut des âmes.

Ses vingt-huit chapitres se divisent en trois parties : les premières années du Sauveur, sa prédication, ses derniers jours. Les premières années du Sauveur remplissent trois chapitres, dans lesquels il est surtout représenté comme roi, du chapitre 1 au chapitre 3. Ses derniers jours, depuis le commencement de sa Passion jusqu’à son retour au ciel, en occupent trois également, du chapitre 26 au chapitre 28 : Notre-Seigneur y paraît comme prêtre et victime. La partie intermédiaire, la seconde, est de beaucoup plus considérable, du chapitre 4 au chapitre 25. Si l’on en fait deux sections, on aura d’abord sa prédication dans la Galilée, du chapitre 4 au chapitre 18, puis son ministère, si laborieux et si combattu, dans la Judée, du chapitre 19 au chapitre 25. La première fait voir en lui le législateur, du chapitre 4 au chapitre 7, et le thaumaturge, du chapitre 8 au chapitre 18. Dans la seconde, du chapitre 19 au chapitre 25, il agit en prophète : il enseigne, il reprend, il prédit. Mais ces points de vue s’entremêlent, et il paraît plusieurs fois sous le même aspect.

Les caractères de cet évangile s’accordent sur tous les points avec le témoignage de la tradition. On ne peut s’empêcher de reconnaître, en le lisant, que l’auteur était juif, qu’il avait été témoin des faits, qu’il écrivait pour les Juifs de Palestine, à une époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu’il avait bien le caractère et les dispositions que devait avoir saint Matthieu.

L’auteur était juif de naissance. ― Ses citations indiquent un homme versé dans l’étude de l’Ancien Testament et dans la méditation des prophètes. Son langage dénote un habitant de la Palestine qui a reçu une éducation juive et qui est habitué à parler l’idiome de son pays. A ses yeux, la maison d’Israël est toujours la maison de Dieu ; tous ceux qui en font partie ont le Seigneur pour père. Jérusalem est encore la cité sainte, malgré son déicide ; le temple est encore le lieu saint. Les hébraïsmes et les répétitions ou oppositions paralléliques surabondent dans son style. Enfin l’aspect de la Galilée, son ciel, ses campagnes, son sol, ses troupeaux, ses figuiers, ses montagnes, ses torrents, son lac, s’y reflètent comme ils durent se refléter dans les discours de notre Sauveur, dans ses paraboles, ses comparaisons et ses images.

Il a été témoin des faits qu’il rapporte. ― C’est ce qu’il suppose évidemment, en retraçant en détail les actions du divin Maître, et surtout en reproduisant ses discours avec tant d’étendue, sans jamais indiquer aucune source, ni donner d’autre garantie que son témoignage. A la vérité, ses récits sont moins circonstanciés que ceux de saint Marc, et il ne suit pas l’ordre des temps aussi fidèlement que saint Luc ; mais cette particularité s’explique par le but spécialement dogmatique de sa composition. Quant aux discours, qui tiennent la plus grande partie de son ouvrage, si l’auteur ne les avait pas recueillis de la bouche du Sauveur, il faudrait dire qu’il les a inventés ou qu’il les a rédigés d’après la tradition ; mais, dans ce cas, ces discours conviendraient-ils si bien au caractère du Fils de Dieu, à sa dignité, à ses lumières, à sa sainteté ? Y trouverait-on ce naturel, cette élévation, cette placidité, ce charme ? Il nous semble voir trop d’unité dans le fond et dans la forme, trop de pureté dans la doctrine, trop de noblesse et de simplicité dans le langage, pour n’y pas reconnaître une reproduction directe de l’enseignement du divin Maître. C’est un assez grand honneur pour l’évangéliste d’avoir reproduit sans altération cette morale et ce style.

Il écrivait pour ses compatriotes, c’est-à-dire pour les Juifs de Palestine convertis au christianisme. ― S’il avait destiné son évangile aux Gentils, il se proposerait un autre but, il suivrait une autre marche ; il insisterait sur d’autre points ; il ferait moins d’emprunts à l’Ancien Testament ; il parlerait un autre langage. A qui peut-il s’adresser, sinon à des Juifs, quand il annonce la venu du royaume de Dieu, quand il établit l’autorité du Sauveur sur sa qualité de Messie, quand il lui applique les prédictions des prophètes, quand il commence par décrire sa généalogie, quand il l’appelle le fils de David, quand il parle du lieu saint et de la sainte cité, quand il mentionne sans nulle explication les localités, les lois et les usages du pays, quand il met les Gentils sur la même ligne que les publicains, quand il rapporte avec tant de détails les invectives du Sauveur contre les Pharisiens, quand il fait entendre que le règne de la Synagogue est fini et qu’une autre Eglise, une Eglise universelle, va s’élever sur ses ruines, etc. ? Mais si c’est à des Juifs convertis qu’il destine son évangile, ce ne peut être qu’à ceux de la Palestine, car ils ne formaient une église particulière qu’en Judée, et partout ailleurs ils étaient mêlés avec les Gentils.

Il a composé son livre de bonne heure, assez peu de temps après l’Ascension du Sauveur. ― Puisque l’auteur est un apôtre, et qu’il destine son livre aux Juifs de la Palestine, il a dû l’écrire lorsqu’il était au milieu d’eux, avant la dispersion du collège apostolique, de l’an 45 à l’an 48 au plus tard. Si l’on compare cet évangile avec les deux autres synoptiques, on est conduit à la même conclusion, car il est visiblement le plus ancien. On conçoit saint Marc, disciple de saint Pierre, abrégeant saint Matthieu et retranchant de l’évangile hébreu ce qui était sans intérêt pour les Romains. On conçoit saint Luc, disciple de saint Paul, complétant les Mémoires des premiers évangélistes, et s’efforçant de mettre dans leurs récits l’ordre et la correction qui y manquent. Mais on ne concevrait pas saint Matthieu, un témoin oculaire, un apôtre, prenant pour guide dans beaucoup d’endroits un simple disciple, paraphrasant saint Marc, traduisant saint Luc dans un langage moins correct et s’écartant à dessein de l’ordre chronologique. Matthieu le publicain a donc été le premier à écrire l’Evangile, comme Madeleine la pécheresse a été la première à annoncer la Résurrection.

Les dispositions qu’il manifeste conviennent parfaitement à saint Matthieu. ― Le style de cet écrit est simple, uniforme et peu soigné. C’est partout la même manière de passer des faits aux discours et des discours aux faits. Le mot « alors » se trouve répété près de cent fois. Néanmoins cette rédaction, et surtout les citations de l’Ancien Testament dont elle est semée, supposent une culture d’esprit que la plupart des apôtres n’avaient pas. Or, l’emploi que saint Matthieu remplissait, avant son apostolat, demandait précisément un degré particulier d’instruction. Rien d’étonnant qu’il soit le premier à qui on ait demandé et qui ait entrepris de tracer une esquisse de la prédication du Sauveur. De plus, on fait observer que l’auteur du premier évangile s’exprime avec une précision remarquable, lorsqu’il s’agit de cens et d’impôt. ― 1° Sa modestie n’est pas moins remarquable. Saint Matthieu trouvait, comme saint Paul, un sujet de confusion dans la première partie de sa vie, et il est à croire que lui seul, entre les disciples du Sauveur, pouvait se plaire à rappeler son ancienne profession de publicain. Or c’est précisément ce qui a lieu. Comme il avait changé son nom de Lévi en celui de Matthieu, don de Dieu, au moment où il s’attachait à Notre-Seigneur, lorsque saint Marc et saint Luc rapportent le fait de sa vocation et qu’ils font connaître son premier emploi, ils ont soin de ne le désigner que par son ancien nom, afin de ne pas associer dans l’esprit des fidèles l’idée d’un apôtre avec le souvenir d’une profession odieuse. Mais le premier évangéliste ne songe pas à rien dissimuler : il dit simplement Matthieu, ou le publicain ; et il indique le bureau qu’il occupait à Capharnaüm. Cette observation a été faite de bonne heure : nous la trouvons dans Eusèbe, saint Jérôme et saint Chrysostome. On peut y joindre une autre remarque du même genre. On sait que le Sauveur envoya ses Apôtres prêcher l’Evangile deux à deux. Les trois synoptiques qui rapportent ce fait mettent, comme compagnons d’apostolats, au quatrième rang, saint Matthieu et saint Thomas, mais avec cette différence que le premier évangéliste donne la première place à saint Thomas et que les deux derniers la donnent à saint Matthieu. Quiconque tiendra compte des leçons données par le Sauveur à ses Apôtres et du sentiment qu’on a toujours eu de leur vertu, croira volontiers que c’est saint Matthieu lui-même qui s’est mis ici au second rang, tandis que ses collègues le plaçaient au premier. (M. BACUEZ) (Toutes les citations de M. Bacuez faites dans ce volume sont tirées du Manuel biblique.)

L’Evangile selon Saint Matthieu



Généalogie de Jésus-Christ.

Sa conception dans le sein de la Vierge.

Soupçons de Joseph, époux de Marie.

Il est rassuré par un ange.

Naissance de Jésus-Christ.


1Livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. 2Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ; 3Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar ; Pharès engendra Esron ; Esron engendra Aram ; 4Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ; 5Salmon engendra Booz, de Rahab ; Booz engendra Obed, de Ruth ; Obed engendra Jessé ; Jessé engendra David, qui fut roi. 6Le roi David engendra Salomon, de celle qui avait été femme d’Urie ; 7Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abias ; Abias engendra Asa ; 8Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ; 9Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ezéchias ; 10Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ; 11Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone. 12Et après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ; 13Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Eliacim ; Eliacim engendra Azor ; 14Azor engendra Sadoc ; Sadoc engendra Achim ; Achim engendra Eliud ; 15Eliud engendra Eléazar ; Eléazar engendra Mathan ; Mathan engendra Jacob ; 16Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ. 17En tout donc, depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; et depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, quatorze générations ; et depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations. 18Or la naissance du Christ eut lieu ainsi. Marie, Sa Mère, étant fiancée à Joseph, avant qu’ils habitassent ensemble, il se trouva qu’Elle avait conçu de l’Esprit-Saint. 19Mais Joseph, Son époux, étant un homme juste, et ne voulant pas La diffamer, résolut de La renvoyer secrètement. 20Et comme il y pensait, voici qu’un Ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton Epouse ; car ce qui est né en Elle vient du Saint-Esprit. 21Elle enfantera un fils, et tu Lui donneras le nom de Jésus ; car Il sauvera Son peuple de ses péchés. 22Or tout cela arriva pour que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète, en ces termes : 23Voici, la Vierge concevra, et Elle enfantera un Fils, et on Lui donnera le nom d’Emmanuel ; ce qui signifie : Dieu avec nous. 24Joseph, réveillé de son sommeil, fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit son Epouse avec lui. 25Et il ne L’avait point connue quand Elle enfanta Son Fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus.


Adoration des Mages.

Fuite de Jésus en Egypte.

Meurtre des enfants de Bethléem par Hérode.

Retour de Jésus de l’Egypte.


2Jésus étant donc né à Bethléem de Juda, aux jours du roi Hérode, voici que des Mages d’Orient vinrent à Jérusalem, 2disant : Où est le Roi des Juifs, qui vient de naître ? car nous avons vu Son étoile en Orient, et nous sommes venus L’adorer. 3Or le roi Hérode, l’apprenant, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Et rassemblant tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s’enquit d’eux où devait naître le Christ. 5Et ils lui dirent : A Bethléem de Juda ; car il a été ainsi écrit par le prophète : 6Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certainement pas le plus petit des chefs-lieux de Juda, car c’est de toi que sortira le chef qui régira Israël Mon peuple. 7Alors Hérode, ayant appelé secrètement les Mages, s’informa d’eux avec soin du temps où l’étoile leur était apparue. 8Puis, les envoyant à Bethléem, il dit : Allez, informez-vous avec soin de l’Enfant ; et lorsque vous L’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi j’aille L’adorer. 9Lorsqu’ils eurent entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce que, arrivée au-dessus du lieu où était l’Enfant, elle s’arrêta. 10Or, en voyant l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. 11Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’Enfant, avec Marie Sa Mère, et, se prosternant, ils L’adorèrent ; puis, ayant ouvert leurs trésors, ils Lui offrirent pour présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12Et ayant reçu en songe l’avertissement de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils revinrent par un autre chemin dans leur pays. 13Lorsqu’ils furent partis, voici qu’un Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant : Lève-toi, prends l’Enfant et Sa Mère, et fuis en Egypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle ; car il arrivera qu’Hérode cherchera l’Enfant pour Le faire mourir. 14Joseph s’étant levé, prit l’Enfant et Sa Mère durant la nuit, et se retira en Egypte. 15Et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète, en ces termes : J’ai rappelé Mon Fils d’Egypte. 16Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les Mages, entra dans une grande colère ; et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tous ses environs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis auprès des Mages. 17Alors s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie, en ces termes : 18Une voix a été entendue à Rama, des pleurs et de grandes lamentations ; c’est Rachel pleurant ses enfants, et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus. 19Mais Hérode étant mort, voici qu’un Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, 20et dit : Lève-toi, prends l’Enfant et Sa Mère, et va dans le pays d’Israël ; car ceux qui en voulait à la vie de l’Enfant sont morts. 21Joseph, s’étant levé, prit l’Enfant et Sa Mère, et vint dans le pays d’Israël. 22Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée, à la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller ; et, averti en songe, il se retira dans la province de Galilée. 23Et il vint habiter dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.


Prédication de saint Jean ; sa pénitence ; son baptême ; ses reproches contre les Pharisiens et les Saduccéens.

Jésus-Christ vient à lui et reçoit son baptême.


3En ces jours-là, Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée, 2et disant : Faites pénitence, car le royaume des Cieux est proche. 3C’est lui qui a été désigné par le prophète Isaïe, lorsqu’il dit : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droit Ses sentiers. 4Or Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage. 5Alors Jérusalem, et toute la Judée, et tout le pays des environs du Jourdain, venaient à lui ; 6et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, confessant leurs péchés. 7Mais voyant beaucoup de pharisiens et de saduccéens qui venaient à son baptême, il leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui va venir ? 8Faites donc de dignes fruits de pénitence. 9Et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père. Car je vous déclare que Dieu peut susciter de ces pierres des enfants à Abraham. 10Car déjà la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. 11Moi, je vous baptise dans l’eau, pour la pénitence ; mais Celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter Ses sandales. Lui, Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu. 12Il a Son van dans Sa main, et Il nettoiera Son aire ; et Il amassera Son blé dans le grenier, mais Il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra pas. 13Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui. 14Mais Jean L’écartait, en disant : C’est moi qui dois être baptisé par Vous, et Vous venez à moi ! 15Mais Jésus, répondant, lui dit : Laisse faire maintenant ; car c’est ainsi qu’il convient que nous accomplissions toute justice. Alors Jean Le laissa faire. 16Or Jésus, ayant été baptisé, sortit aussitôt hors de l’eau. Et voici que les cieux Lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu qui descendait comme une colombe, et qui vint sur Lui. 17Et voici qu’une voix du Ciel disait : Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en qui Je Me suis complu.


Jeûne et tentation de Jésus-Christ.

Il se retire en Galilée et fixe sa demeure à Capharnaüm.

Il prêche dans ce pays.

Vocation de Pierre et d’André, de Jacques et de Jean.

Miracles et réputation de Jésus-Christ.


4Alors Jésus fut conduit dans le désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable. 2Et lorsqu’Il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, Il eut faim. 3Et le tentateur, s’approchant, Lui dit : Si Vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains. 4Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. 5Alors le diable Le transporta dans la cité sainte, et Le plaça sur le haut du temple ; 6et il Lui dit : Si Vous êtes le Fils de Dieu, jetez-Vous en bas ; car il est écrit : Il a donné des ordres à Ses Anges à ton sujet, et ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre. 7Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. 8Le diable Le transporta encore sur une montagne tout à fait élevée, et Lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ; 9et Lui dit : Je Vous donnerai toutes ces choses, si, Vous prosternant, Vous m’adorez. 10Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu Le serviras Lui seul. 11Alors le diable Le laissa, et voici que les Anges s’approchèrent, et ils Le servaient. 12Quand Jésus eut appris que Jean avait été mis en prison, Il Se retira en Galilée ; 13et ayant quitté la ville de Nazareth, Il vint habiter à Capharnaüm, ville maritime, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, 14afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : 15Le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, la voie de la mer, le pays qui est au delà du Jourdain, la Galilée des nations : 16ce peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre de la mort la lumière s’est levée. 17Dès lors Jésus commença à prêcher, et à dire : Faites pénitence, car le royaume des Cieux est proche. 18Or Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frére, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs. 19Et Il leur dit : Suivez-Moi, et Je vous ferez devenir pêcheurs d’hommes. 20Et eux aussitôt, laissant leurs filets, Le suivirent. 21Et de là, S’avançant plus loin, Il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque avec Zébédée leur père, réparant leurs filets ; et Il les appela. 22Et eux aussitôt, laissant leurs filets et leur père, Le suivirent. 23Et Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Evangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité parmi le peuple. 24Et Sa renommée se répandit dans toute la Syrie ; et on Lui présenta tous ceux qui étaient malades, atteints de langueurs et de diverses souffrances, et les possédés du démon, et les lunatiques, et les paralytiques ; et Il les guérit. 25Et des foules nombreuses Le suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d’au delà du Jourdain.


Sermon sur la montagne.

Béatitudes.

Apôtres, sel et lumière de la terre.

Loi non détruite.

Faire et enseigner.

Justice abondante.

Parole injurieuse.

Réconciliation.

Adultère dans le cœur.

S’arracher l’œil.

Mariage indissoluble.

Jurement.

Etre prêt à tout souffrir.

Amour des ennemis.

Perfection.


5Or Jésus, voyant les foules, monta sur une montagne, et, lorsqu’Il Se fut assis, Ses disciples s’approchèrent de Lui. 2Et, ouvrant Sa bouche, Il les enseignait, en disant : 3Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des Cieux est à eux. 4Bienheureux ceux qui sont doux, car ils possèderont la terre. 5Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. 6Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. 7Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront eux-mêmes miséricorde. 8Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. 9Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. 10Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. 11Bienheureux serez-vous lorsqu’on vous maudira, et qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de Moi. 12Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les Cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. 13Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. 14Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; 15et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le candélabre, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux. 17Ne pensez pas que Je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; Je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. 18Car en vérité, Je vous le dis, jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait ne disparaîtra pas de la loi, que tout ne soit accompli. 19Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera les hommes à le faire, sera appelé le plus petit dans le royaume des Cieux ; mais celui qui fera et enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des Cieux. 20Car Je vous dis que si votre justice n’est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. 21Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera méritera d’être condamné en jugement. 22Mais Moi Je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère, méritera d’être condamné en jugement ; et celui qui dira à son frère : Raca, méritera d’être condamné par le conseil ; et celui qui lui dira : Fou, méritera d’être condamné au feu de la géhenne. 23Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, 24laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite tu reviendras présenter ton offrande. 25Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur que ton adversaire ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au ministre de la justice, et que tu ne sois mis en prison. 26En vérité, Je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole (quart d’un as, note). 27Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point d’adultère. 28Mais Moi Je vous dis que quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. 29Si ton œil droit te scandalise, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne. 30Et si ta main droite te scandalise, coupe-la, et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps allait dans la géhenne. 31Il a été dit encore : Que quiconque renverra sa femme lui donne un acte de répudiation. 32Mais Moi Je vous dis que quiconque renverra sa femme, si ce n’est en cas d’infidélité, la fait devenir adultère ; et celui qui épouse une femme renvoyée commet un adultère. 33Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments. 34Mais Moi Je vous dis de ne pas jurer du tout : ni par le Ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; 35ni par la terre, parce qu’elle est l’escabeau de Ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand Roi. 36Tu ne jureras pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. 37Mais que votre langage soit : Oui, oui ; Non, non ; car ce qu’on y ajoute vient du mal. 38Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. 39Mais Moi Je vous dis de ne point résister au méchant ; mais si quelqu’un t’a frappé sur ta joue droite, présente-lui encore l’autre. 40Et si quelqu’un veut t’appeler en jugement pour te prendre ta tunique, abandonne-lui encore ton manteau. 41Et si quelqu’un veut te contraindre de faire mille pas, va avec lui pendant deux autres mille. 42Donne à celui qui te demande, et si quelqu’un veut emprunter de toi ne te détourne pas. 43Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. 44Mais Moi Je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient ; 45afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les Cieux, qui fait lever Son soleil sur les bons et sur les méchants, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains ne le font-ils pas aussi ? 47Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens ne le font-ils pas aussi ? 48Soyez donc parfaits, vous, comme votre Père céleste est parfait.


Suite du sermon sur la montagne.

Aumône.

Prière.

Jeûne.

Trésor dans le ciel.

Œil simple.

Servir Dieu, non l’argent.

Ne point s’inquiéter des besoins de la vie.

Confiance en la Providence.


6Gardez-vous de faire vos oeuvres de justice devant les hommes pour en être vus ; autrement, vous n’aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les Cieux. 2Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être honorés des hommes. En vérité, Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 3Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache point ce que fait ta main droite, 4afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. 5Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des places publiques, pour être vus des hommes. En vérité, Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 6Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, après avoir fermé la porte, prie ton Père dans le secret : et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. 7Quand vous priez, ne multipliez pas les paroles, comme les païens, qui s’imaginent que c’est par la multitude de leurs paroles qu’ils seront exaucés. 8Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous Le lui demandiez. 9C’est donc ainsi que vous prierez : Notre Père, qui êtes aux Cieux, que Votre nom soit sanctifié ; 10que Votre règne arrive ; que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. 11Donnez-nous aujourd’hui le pain qui nous est nécessaire, 12et remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à ceux qui nous doivent ; 13et ne nous abandonnez pas à la tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il. 14Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi vos péchés. 15Mais si vous ne pardonnez point aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos péchés. 16Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; car ils exténuent leur visage, pour faire voir aux hommes qu’ils jeûnent. En vérité, Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 17Mais toi, lorsque tu jeûnes, parfume ta tête, et lave ton visage 18afin de ne pas faire voir aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père, qui est présent dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra. 19Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la rouille et les vers détruisent, et où les voleurs percent et dérobent. 20Mais amassez-vous des trésors dans le Ciel, où ni la rouille ni les vers ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. 21Car là où est ton trésor, là est aussi ton cœur. 22La lampe de ton corps, c’est ton œil. Si ton œil est simple, tout ton corps sera lumineux ; 23mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes ! 24Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (l’argent). 25C’est pourquoi Je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent pas dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux ? 27Qui de vous, en se tourmentant, peut ajouter une coudée à sa taille ? 28Et au sujet du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent. 29Cependant Je vous dis que Salomon lui-même dans toute sa gloire n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. 30Mais si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui, et qui demain sera jetée dans le four, combien plus vous-mêmes, hommes de peu de foi ! 31Ne vous inquiétez donc pas, en disant : que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous couvrirons-nous ? 32Car ce sont les païens qui se préoccupent de toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. 33Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et Sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. 34Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit son mal.


Suite du sermon sur la montagne.

Ne point juger témérairement.

Ne pas donner les choses saintes aux chiens.

Demander, chercher et frapper.

Charité.

Voie étroite.

Faux prophètes.

Fruit semblable à l’arbre.

Dieu juge sur les œuvres.

Bâtir sur la pierre et non sur le sable.


7Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. 2Car vous serez jugés selon que vous aurez jugé, et on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis. 3Pourquoi vois-tu le fétu dans l’œil de ton frère, et ne vois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? 4Ou comment dis-tu à ton frère : Laisse-moi ôter le fétu de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? 5Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et ensuite tu verras comment ôter le fétu de l’œil de ton frère. 6Ne donnez pas la chose sainte aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se retournant, ils ne vous déchirent. 7Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. 8Car quiconque demande, reçoit, et qui cherche, trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe. 9Quel est parmi vous l’homme qui, si son fils lui demande du pain, lui présentera une pierre ? 10Ou s’il lui demande un poisson, lui présentera-t-il un serpent ? 11Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les Cieux donnera-t-Il ce qui est bon à ceux qui le Lui demandent ! 12Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux ; car c’est là la loi et les prophètes. 13Entrez par la porte étroite ; car large est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle. 14Qu’étroite est la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu’il y en a peu qui la trouvent ! 15Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, et qui au dedans sont des loups ravisseurs. 16Vous les connaîtrez par leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ? 17Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits ; mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. 18Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, ni un mauvais arbre produire de bons fruits. 19Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. 20Vous les reconnaîtrez donc à leurs fruits. 21Ce ne sont pas tous ceux qui Me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des Cieux ; mais celui qui fait la volonté de Mon Père qui est dans les Cieux, celui-là entrera dans le royaume des Cieux. 22Beaucoup Me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en Votre nom, et chassé les démons en Votre nom, et fait de nombreux miracles en Votre nom ? 23Et alors Je leur dirai hautement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de Moi, vous qui commettez l’iniquité. 24Ainsi donc, quiconque entend ces paroles que Je dis et les met en pratique, sera comparé à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre. 25Et la pluie est tombée, et les torrents sont venus, et les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison, et elle ne s’est point écroulée ; car elle était fondée sur la pierre. 26Et quiconque entend ces paroles que Je dis et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé, qui a bâti sa maison sur le sable. 27Et la pluie est tombée, et les torrents sont venus, et les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison, et elle s’est écroulée, et sa ruine a été grande. 28Or il arriva que, lorsque Jésus eut achevé Ses paroles, les foules étaient dans l’admiration de Sa doctrine ; 29car Il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes et les pharisiens.


Guérison d’un lépreux et de beaucoup d’autres malades.

Dispositions pour suivre Jésus-Christ.

Tempête apaisée.

Démons chassés, pourceaux précipités.


8Lorsqu’Il fut descendu de la montagne, des foules nombreuses Le suivirent. 2Et voici qu’un lépreux vint à (Lui) et L’adora, en disant : Seigneur, si Vous voulez, Vous pouvez me purifier. 3Jésus, étendant la main, le toucha, en disant : Je le veux, sois purifié. Et aussitôt sa lèpre fut guérie. 4Et Jésus lui dit : Garde-toi d’en parler à personne ; mais va, montre-toi au prêtre, et offre le don que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage. 5Lorsque Jésus fut entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de Lui, Le priant, 6et disant : Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, atteint de paralysie, et il souffre extrêmement. 7Jésus lui dit : J’irai et je le guérirai. 8Mais le centurion répondit : Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. 9Car moi, qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre, ayant sous moi des soldats, je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. 10En l’entendant, Jésus fut dans l’admiration, et dit à ceux qui Le suivaient : En vérité, Je vous le dis, je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël. 11Aussi Je vous dis que beaucoup viendront de l’orient et de l’occident, et auront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des Cieux ; 12mais les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures. Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 13Alors Jésus dit au centurion : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru. Et le serviteur fut guéri à l’heure même. 14Jésus, étant venu dans la maison de Pierre, vit sa belle-mère, qui était couchée, et qui avait la fièvre. 15Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; et elle se leva, et elle les servait. 16Quand le soir fut venu, on Lui présenta de nombreux possédés, et Il chassait les (malins) esprits par Sa parole, et Il guérit tous ceux qui étaient malades ; 17afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : Il a pris Lui-même nos infirmités, et S’est chargé de nos maladies. 18Or Jésus, voyant des foules nombreuses autour de Lui, ordonna de passer à l’autre bord du lac. 19Alors un scribe, s’approchant, Lui dit : Maître, je Vous suivrai partout où Vous irez. 20Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer Sa tête. 21Un autre de Ses disciples Lui dit : Seigneur, permettez-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. 22Mais Jésus lui dit : Suis-Moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. 23Puis Il monta dans une barque, et Ses disciples Le suivirent. 24Et voici qu’il s’éleva sur la mer une si grande tempête, que la barque était couverte par les flots ; et Lui, Il dormait. 25Ses disciples s’approchèrent de Lui, et L’éveillèrent, en disant : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. 26Et Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous effrayés, hommes de peu de foi ? Alors Se levant, Il commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. 27Ces hommes furent dans l’admiration, et ils disaient : Quel est Celui-ci, à qui les vents et la mer obéissent ? 28Lorsqu’ils furent arrivés à l’autre bord, au pays des Géraséniens, deux possédés vinrent au-devant de Lui, sortant des sépulcres, si furieux que personne ne pouvait passer par ce chemin. 29Et voici qu’ils se mirent à crier, en disant : Qu’y a-t-il entre Vous et nous, Jésus, Fils de Dieu ? Etes-Vous venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? 30Or, il y avait non loin d’eux un grand troupeau de porcs qui paissaient. 31Et les démons Le priaient, en disant : Si Vous nous chassez d’ici, envoyez-nous dans ce troupeau de porcs. 32Il leur dit : Allez. Et étant sortis, ils entrèrent dans les pourceaux ; et voici que tout le troupeau alla se précipiter avec impétuosité dans la mer, et ils moururent dans les eaux. 33Alors les gardiens s’enfuirent ; et venant dans la ville, ils racontèrent tout cela, et ce qui était arrivé aux possédés. 34Et voici que toute la ville sortit au-devant de Jésus, et, L’ayant vu, ils Le priaient de S’éloigner de leur territoire.


Guérison d’un paralytique.

Vocation de saint Matthieu.

Jeûne.

Hémorroïsse guérie.

Fille de Jaïre ressuscitée.

Guérison de deux aveugles.

Possédé muet délivré.

Brebis sans pasteurs.

Moisson.

Ouvriers.


9Montant alors dans une barque, Il repassa le lac, et revint dans Sa ville. 2Et voici qu’on Lui présenta un paralytique couché sur un lit. Et Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Aie confiance, Mon fils ; tes péchés te sont remis. 3Et voici que quelques-uns des scribes dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème. 4Et Jésus, ayant vu leurs pensées, dit : Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? 5Lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? 6Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-Il au paralytique ; prends ton lit, et va dans ta maison. 7Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. 8Les foules, voyant cela, furent remplies de crainte, et glorifièrent Dieu, qui avait donné un tel pouvoir aux hommes. 9Jésus, sortant de là, vit un homme, appelé Matthieu, assis au bureau des impots. Et Il lui dit : Suis-Moi. Et se levant, il Le suivit. 10Or, il arriva que, Jésus étant à table dans la maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent se mettre à table avec Lui et Ses disciples. 11Et voyant cela, les pharisiens disaient à Ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-Il avec les publicains et les pécheurs ? 12Mais Jésus les ayant entendus, dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades, qui ont besoin de médecin. 13Allez, et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde et non le sacrifice. Car Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. 14Alors les disciples de Jean s’approchèrent de Lui, et dirent : Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous souvent, tandis que Vos disciples ne jeûnent point ? 15Et Jésus leur dit : Les amis (fils) de l’époux peuvent-ils être dans le deuil pendant que l’époux est avec eux ? Mais les jours viendront où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. 16Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement ; car elle emporterait une partie du vêtement, et la déchirure serait pire. 17On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous deux se conservent. 18Tandis qu’Il leur disait cela, voici qu’un chef de synagogue s’approcha, et se prosterna devant Lui, en disant : Seigneur, ma fille est morte il y a un instant ; mais venez, imposez Votre main sur elle, et elle vivra. 19Jésus, Se levant, le suivait avec Ses disciples. 20Et voici qu’une femme, qui souffrait d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière, et toucha la frange de Son vêtement. 21Car elle disait en elle-même : Si je puis seulement toucher Son vêtement, je serai guérie. 22Jésus, Se retournant et la voyant, dit : Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée. Et la femme fut guérie à l’heure même. 23Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef de synagogue, et qu’Il eut vu les joueurs de flûte et une foule bruyante, Il dit : 24Retirez-vous ; car cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de Lui. 25Lorsque la foule eut été renvoyée, Il entra, et prit la main de la jeune fille. Et la jeune fille se leva. 26Et le bruit s’en répandit dans tout le pays. 27Comme Jésus sortait de là, deux aveugles Le suivirent, criant et disant : Ayez pitié de nous, Fils de David. 28Et lorsqu’Il fut venu dans la maison, les aveugles s’approchèrent de Lui. Et Jésus leur dit : Croyez-vous que Je puisse vous faire cela ? Ils Lui dirent : Oui, Seigneur. 29Alors Il toucha leurs yeux, en disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi. 30Et leurs yeux s’ouvrirent. Et Jésus les menaça, en disant : Prenez garde que personne ne le sache. 31Mais eux, s’en allant, répandirent Sa renommée dans tout ce pays-là. 32Lorsqu’ils furent sortis, voici qu’on Lui présenta un homme muet, possédé du démon. 33Le démon ayant été chassé, le muet parla, et les foules furent dans l’admiration, disant : Jamais rien de semblable n’a été vu en Israël. 34Mais les pharisiens disaient : C’est par le prince des démons qu’Il chasse les démons. 35Or, Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l’Evangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité. 36Et voyant les foules, Il en eut compassion ; car elles étaient accablées, et gisaient comme des brebis qui n’ont point de pasteur. 37Alors Il dit à Ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. 38Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans Sa moisson.


Mission des Apôtres.

Leurs noms.

Instructions que Jésus-Christ leur donne ; puissance qu’il leur communique.

Il leur recommande le désintéressement, la prudence, la patience, la confiance en Dieu.

Il leur annonce les maux qu’ils auront à souffrir et la récompense qu’ils en recevront.


10Et ayant appelé Ses douze disciples, Il leur donna puissance sur les esprits impurs, pour les chasser et pour guérir toute langueur et toute infirmité. 2Or, voici les noms des douze apôtres : Le premier, Simon, qui est appelé Pierre, et André son frère ; 3Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; 4Simon le Cananéen, et Judas Iscariote, qui Le trahit. 5Jésus envoya ces douze, en leur donnant ces instructions : N’allez pas vers les gentils, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains ; 6mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. 7Et en y allant, prêchez, et dites : Le royaume des Cieux est proche. 8Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. 9Ne possédez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures ; 10ni sac pour le chemin, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton : car l’ouvrier est digne de sa nourriture. 11En quelque ville ou en quelque village que vous entriez, demandez qui y est digne, et demeurez chez lui jusqu’à ce que vous partiez. 12En entrant dans la maison, saluez-la, en disant : Paix à cette maison. 13Et si cette maison en est digne, votre paix viendra sur elle ; et si elle n’en est pas digne, votre paix reviendra à vous. 14Et si quelqu’un ne vous reçoit pas et n’écoute pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds. 15En vérité, Je vous le dis, il y aura moins de rigueur pour Sodome et Gomorrhe, au jour du jugement, que pour cette ville. 16Voici que Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes. 17Mais mettez-vous en garde contre les hommes : car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous flagelleront dans leurs synagogues ; 18et vous serez traduits, à cause de Moi, devant les gouverneurs et devant les rois, pour servir de témoignage à eux et aux nations. 19Mais, lorsqu’ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous direz ; car ce que vous devrez dire vous sera donné à l’heure même. 20En effet, ce n’est pas vous qui parlez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parle en vous. 21Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. 22Et vous serez haïs de tous, à cause de Mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. 23Lors donc qu’ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre. En vérité, Je vous le dis, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, avant que le Fils de l’homme ne vienne. 24Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. 25Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S’ils ont appelé le Père de famille Béelzébub, combien plus ceux de Sa maison ! 26Ne les craignez donc point ; car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu. 27Ce que Je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. 28Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent tuer l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans la géhenne. 29Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Cependant il n’en tombent pas un à terre sans la volonté de votre Père. 30Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. 31Ne craignez donc point ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux. 32C’est pourquoi, quiconque Me confessera devant les hommes, Je le confesserai aussi Moi-même devant Mon Père qui est dans les Cieux. 33Mais quiconque Me reniera devant les hommes, Je le renierai aussi Moi-même devant Mon Père qui est dans les Cieux. 34Ne pensez pas que Je sois venu apporter la paix sur la terre ; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. 35Car Je suis venu séparer l’homme d’avec son père, et la fille d’avec sa mère, et la belle-fille d’avec sa belle-mère ; 36et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison. 37Celui qui aime son père ou sa mère plus que Moi, n’est pas digne de Moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi. 38Celui qui ne prend pas sa croix et ne Me suit pas, n’est pas digne de Moi. 39Celui qui conserve sa vie, la perdra ; et celui qui aura perdu sa vie à cause de Moi, la trouvera. 40Celui qui vous reçoit, Me reçoit ; et celui qui Me reçoit, reçoit Celui qui M’a envoyé. 41Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra une récompense de juste. 42Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à l’un de ces tout petits, parce qu’il est Mon disciple, en vérité, Je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense.


Saint Jean envoie deux de ses disciples à Jésus-Christ.

Eloge de saint Jean.

Jésus-Chrsist et saint Jean rejetés par les Juifs.

Villes impénitentes pire que Sodome.

Sages aveuglés ; simples éclairés.

Joug de Jésus-Christ doux et léger.


11Il arriva que, lorsque Jésus eut achevé de donner Ses instructions à Ses douze disciples, Il partit de là, pour enseigner et prêcher dans les villes. 2Or Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres du Christ, envoya deux de ses disciples 3Lui dire : Etes-Vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? 4Jésus leur répondit et dit : Allez raconter à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu. 5Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. 6Et bienheureux est celui pour qui Je ne serai pas une occasion de scandale. 7Lorsqu’ils s’en allaient, Jésus Se mit à dire aux foules, au sujet de Jean : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? 8Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu avec mollesse ? Voici, ceux qui sont vêtus avec mollesse habitent dans les maisons des rois. 9Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, Je vous le dis, et plus qu’un prophète. 10Car c’est de lui qu’il a été écrit : Voici que devant Ta face J’envoie Mon Ange, qui préparera la voie devant Toi. 11En vérité, Je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean-Baptiste ; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. 12Or, depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des Cieux se prend par violence, et ce sont les violents qui s’en emparent. 13Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean ; 14et si vous voulez comprendre, il est lui-même cet Elie qui doit venir. 15Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. 16Mais à qui comparerai-Je cette génération ? Elle est semblable à des enfants assis sur la place publique, et qui, criant à leurs compagnons, 17leur disent : Nous avons chanté pour vous, et vous n’avez pas dansé ; nous avons poussé des lamentations, et vous n’avez pas pleuré. 18Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il est possédé du démon. 19Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent : Voici un homme vorace et un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs. Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants. 20Alors Il Se mit à adresser des reproches aux villes dans lesquelles avaient été opérés beaucoup de Ses miracles, parce qu’elles n’avaient pas fait pénitence. 21Malheur à toi, Corozaïn ; malheur à toi, Bethsaïde ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence dans le sac et la cendre. 22C’est pourquoi, Je vous le dis, au jour du jugement Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous. 23Et toi, Capharnaüm, t’élèveras-tu jusqu’au ciel ? Tu descendras jusqu’à l’enfer ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait peut-être encore aujourd’hui. 24C’est pourquoi, Je vous le dis, au jour du jugement le pays de Sodome sera traité moins vigoureusement que toi. 25En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Je Vous rends grâce, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, de ce que Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que Vous les avez révélées aux petits. 26Oui, Père, Je Vous rends grâce parce qu’il Vous a plu ainsi. 27Toutes choses M’ont été données par Mon Père. Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu Le révéler. 28Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai. 29Prenez Mon joug sur vous, et recevez Mes leçons, parce que Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. 30Car Mon joug est doux, et Mon fardeau léger.


Murmures des pharisiens contre les disciples de Jésus-Christ, qui arrachaient des épis un jour de sabbat.

Guérison d’un homme qui avait la main desséchée.

Douceur du Messie.

Possédé aveugle et muet.

Blasphèmes des pharisiens.

Péché contre le Saint-Esprit.

Miracle de Jonas.

Démon rentrant.

Mère et frères de Jésus-Christ.


12En ce temps-là, Jésus passait le long des blés un jour de sabbat, et Ses disciples, ayant faim, se mirent à arracher des épis, et à les manger. 2Les pharisiens, voyant cela, Lui dirent : Voici que Vos disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire aux jours de sabbat. 3Mais Il leur dit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, ainsi que ceux qui étaient avec lui ; 4comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu’il ne lui était pas permis de manger, non plus qu’à ceux qui étaient avec lui, mais aux prêtres seuls ? 5Ou n’avez-vous pas lu dans la loi que les prêtres, aux jours de sabbat, violent le sabbat dans le temple, et ne sont pas coupables ? 6Or Je vous le dis, il y a ici Quelqu’un plus grand que le temple. 7Si vous saviez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n’auriez jamais condamné des innocents. 8Car le Fils de l’homme est maître même du sabbat. 9Etant parti de là, Il vint dans leur synagogue. 10Et voici qu’il se trouva là un homme qui avait une main desséchée. Et ils L’interrogeaient, en disant : Est-il permis de guérir au jour de sabbat ? afin de pouvoir L’accuser. 11Mais Il leur dit : Quel est l’homme d’entre vous qui, ayant une brebis, si elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la prendra pas pour l’en retirer ? 12Combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis ! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat. 13Alors Il dit à l’homme : Etends ta main. Il l’étendit, et elle devint saine comme l’autre. 14Les pharisiens, étant sortis, tinrent conseil contre Lui, sur les moyens de Le perdre. 15Mais Jésus, le sachant, S’éloigna de là ; et beaucoup Le suivirent, et Il les guérit tous. 16Et Il leur ordonna de ne pas le faire connaître, 17afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : 18Voici Mon Serviteur, que J’ai choisi ; Mon Bien-aimé, en qui Mon âme a mis toutes ses complaisances. Je ferai reposer sur Lui Mon Esprit, et Il annoncera la justice aux nations. 19Il ne disputera point, Il ne criera point, et personne n’entendra Sa voix dans les places publiques. 20Il ne brisera pas le roseau cassé, et Il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’Il ait amené le triomphe de la justice. 21Et les nations espéreront en Son nom. 22Alors on Lui présenta un possédé aveugle et muet, et Il le guérit, de sorte qu’il parlait et voyait. 23Et toutes les foules étaient dans l’admiration, et disaient : N’est-ce point là le Fils de David ? 24Mais les pharisiens, entendant cela, dirent : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébub, prince des démons. 25Or Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera dévasté, et toute ville ou maison qui est divisée contre elle-même ne pourra subsister. 26Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ? 27Et si c’est par Béelzébub que Je chasse les démons, par qui vos fils les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront vos juges. 28Mais si Je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc venu au milieu de vous. 29Ou, comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison de l’homme fort, et piller ses meubles, si auparavant il n’a lié cet homme fort ? Et ensuite il pillera sa maison. 30Celui qui n’est point avec Moi est contre Moi, et celui qui n’amasse point avec Moi disperse. 31C’est pourquoi Je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis. 32Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais si quelqu’un aura parlé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir. 33Ou bien, dites que l’arbre est bon, et que son fruit est bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais : car c’est par le fruit qu’on connaît l’arbre. 34Race de vipères, comment pouvez-vous dire de bonnes choses, vous qui êtes méchants ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. 35L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. 36Or Je vous dis que les hommes rendront compte, au jour du jugement, de toute parole inutile qu’ils auront dite. 37Car tu seras justifié par tes paroles, et tu seras condamné par tes paroles. 38Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole et Lui dirent : Maître, nous voulons voir un signe de Vous. 39Il leur répondit : Cette génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d’autre signe que le signe du prophète Jonas. 40Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre. 41Les hommes de Ninive se lèveront au jour du jugement contre cette génération, et la condamneront, parce qu’ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas ; et voici qu’il y a ici plus que Jonas. 42La reine du Midi se lèvera au jour du jugement contre cette génération, et la condamnera ; car elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et voici qu’il y a ici plus que Salomon. 43Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il erre dans des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. 44Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti. Et, y revenant, il la trouve vide, balayée et ornée. 45Alors il va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et entrant dans la maison, ils y habitent, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. C’est ce qui arrivera à cette génération très mauvaise. 46Comme Il parlait encore aux foules, voici que Sa Mère et Ses frères, se tenant dehors, cherchaient à Lui parler. 47Quelqu’un Lui dit : Voici que Votre Mère et Vos frères sont dehors, et Vous cherchent. 48Mais Il répondit à celui qui Lui avait dit cela : Qui est Ma Mère, et qui sont Mes frères ? 49Et étendant Sa main sur Ses disciples, Il dit : Voici Ma mère et Mes frères. 50Car quiconque fait la volonté de Mon Père qui est dans les cieux, celui-là est Mon frère, et Ma soeur, et Ma mère.


Parabole de la semence et son explication.

Plusieurs autres paraboles.

Jésus méprisé dans sa patrie.


13Ce même jour, Jésus, étant sorti de la maison, S’assit au bord de la mer. 2Et des foules nombreuses s’assemblèrent autour de Lui, de sorte qu’Il monta dans une barque, et S’assit ; et toute la foule se tenait sur le rivage. 3Et Il leur dit beaucoup de choses en paraboles, et ces termes : Voici que le semeur est sorti pour semer. 4Et pendant qu’il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin ; et les oiseaux du ciel vinrent, et la mangèrent. 5Une autre partie tomba dans des endroits pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre ; et elle leva aussitôt, parce que la terre n’avait pas de profondeur ; 6mais, le soleil s’étant levé, elle fut brûlée, et comme elle n’avait pas de racine, elle sécha. 7Une autre partie tomba dans des épines, et les épines grandirent et l’étouffèrent. 8Une autre partie tomba dans une bonne terre, et elle donna du fruit, quelques grains rendant cent pour un, d’autres soixante, d’autres trente. 9Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. 10Et les disciples, s’approchant, Lui dirent : Pourquoi leur parlez-Vous en paraboles ? 11Il leur répondit : C’est parce qu’à vous il a été donné de connaître les mystères du royaume des Cieux ; mais à eux, cela n’a pas été donné. 12Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. 13C’est pourquoi Je leur parle en paraboles, parce qu’en regardant ils ne voient point, et qu’en écoutant, ils n’entendent et ne comprennent pas. 14Et en eux s’accomplit la prophétie d’Isaïe, qui dit : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez pas. 15Car le cœur de ce peuple s’est épaissi, et ils ont péniblement entendu de leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient de leurs yeux, et qu’ils n’entendent de leurs oreilles, et qu’ils ne comprennent de leur cœur, et qu’ils ne se convertissent, et que Je ne les guérisse. 16Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent. 17Car en vérité, Je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, et entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. 18Vous donc, écoutez la parabole du semeur. 19Si quelqu’un entend la parole du royaume, et ne s’en pénètre pas, l’esprit malin vient, et enlève ce qui avait été semé dans son cœur ; c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin. 20Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie ; 21mais il n’a pas de racine en lui-même, et il ne tient que pour un temps ; et lorsque viennent la tribulation et la persécution à cause de la parole, il est aussitôt scandalisé. 22Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole ; mais les sollicitudes de ce siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse. 23Quant à celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend, et qui porte du fruit, et donne cent, ou soixante, ou trente pour un. 24Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé du bon grain dans son champ. 25Mais, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, et sema de l’ivraie au milieu du blé, et s’en alla. 26Lorsque l’herbe eut poussé, et produit son fruit, alors l’ivraie parut aussi. 27Et les serviteurs du père de famille, s’approchant, lui dirent : Seigneur, n’avez-vous pas semé du bon grain dans votre champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? 28Il leur répondit : C’est l’homme ennemi qui a fait cela. Ses serviteurs lui dirent : Voulez-vous que nous allions l’arracher ? 29Et il dit : Non, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. 30Laissez-les croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler ; mais amassez le blé dans mon grenier. 31Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé, qu’un homme a pris et semé dans son champ. 32C’est la plus petite de toutes les semences ; mais lorsqu’elle a crû, elle est plus grande que tous les autres légumes, et elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter sur ses branches. 33Il leur dit une autre parabole : Le royaume des Cieux est semblable au levain qu’une femme a pris et mêlé dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte soit levée. 34Jésus dit toutes ces choses au peuple en paraboles ; et Il ne leur parlait pas sans paraboles, 35afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète : J’ouvrirai Ma bouche en paraboles, Je publierai des choses cachées depuis la création du monde. 36Alors Jésus, ayant renvoyé les foules, vint dans la maison ; et Ses disciples s’approchèrent de Lui, en disant : Expliquez-nous la parabole de l’ivraie du champ. 37Et leur répondant, il leur dit : Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme. 38Le champ est le monde ; le bon grain, ce sont les enfants du royaume ; l’ivraie, ce sont les enfants d’iniquité. 39L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde, les moissonneurs, ce sont les Anges. 40Or, comme on arrache l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, il en sera de même à la fin du monde. 41Le Fils de l’homme enverra Ses Anges, qui enlèveront de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, 42et ils les jetteront dans la fournaise de feu. Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 43Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. 44Le royaume des Cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache, et dans sa joie il va, vend tout ce qu’il a, et achète ce champ. 45Le royaume des Cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles. 46Ayant trouvé une perle de grand prix, il s’en est allé, a vendu tout ce qu’il avait, et l’a achetée. 47Le royaume des Cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer, et ramassant des poissons de toute espèce. 48Lorsqu’il est plein, les pêcheurs le tirent, et s’étant assis sur le bord du rivage, ils choisissent les bons et les mettent dans des vases, et rejettent les mauvais. 49Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les Anges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes, 50et ils les jetteront dans la fournaise de feu. Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 51Avez-vous compris tout cela ? Ils Lui dirent : Oui. 52Il leur dit : C’est pourquoi tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des Cieux est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. 53Il arriva que, lorsque Jésus eut achevé ces paraboles, Il partit de là. 54Et étant venu dans Son pays, Il les instruisait dans leurs synagogues, de sorte qu’ils étaient dans l’admiration et disaient : D’où viennent à Celui-ci cette sagesse et ces miracles ? 55N’est-ce pas là le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-Elle pas Marie ? Et Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas Ses frères ? 56Et Ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où Lui viennent donc toutes ces choses ? 57Et ils prenaient de Lui un sujet de scandale. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est sans honneur que dans son pays et dans sa maison. 58Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité.


Mort de saint Jean-Baptiste.

Multiplication des cinq pains et des deux poissons.

Jésus et Pierre marchent sur les eaux.

Vertus des vêtements de Jésus-Christ.


14En ce temps-là, Hérode le tétraque apprit ce qui se publiait de Jésus, 2et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste ; il est ressuscité d’entre les morts, et c’est pour cela que des miracles se font par lui. 3Car Hérode s’était saisi de Jean, et l’avait fait lier et mettre en prison, à cause d’Hérodiade, femme de son frère, 4parce que Jean lui disait : il ne t’est pas permis d’avoir cette femme. 5Et voulant le faire mourir, il craignit le peuple, qui regardait Jean comme un prophète. 6Or, le jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa au milieu des convives, et elle plut à Hérode ; 7aussi lui promit-il avec serment de lui donner tout ce qu’elle lui demanderait. 8Avertie d’abord par sa mère, elle lui dit : Donne-moi ici sur un plat la tête de Jean-Baptiste. 9Le roi fut attristé ; mais, à cause de son serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il ordonna qu’on la lui donnât. 10Et il envoya décapiter Jean dans la prison. 11Et sa tête fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère. 12Alors ses disciples vinrent, prirent son corps et l’ensevelirent ; puis ils allèrent l’annoncer à Jésus. 13Jésus, l’ayant appris, partit de là dans une barque, pour Se retirer à l’écart dans un lieu désert ; et les foules, l’ayant appris, Le suivirent à pied des villes voisines. 14En sortant de la barque, Il vit une foule nombreuse, et Il en eut compassion, et Il guérit leurs malades. 15Le soir étant venu, Ses disciples s’approchèrent de Lui, en disant : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà avancée ; renvoyez les foules, afin qu’elles aillent dans les villages pour s’acheter des vivres. 16Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’ils s’en aillent, donnez-leur vous-mêmes à manger. 17Ils Lui répondirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons. 18Il leur dit : Apportez-les-Moi ici. 19Et après avoir ordonné à la foule de s’asseoir sur l’herbe, Il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au Ciel, Il les bénit ; puis, rompant les pains, Il les donna à Ses disciples, et les disciples les donnèrent aux foules. 20Et tous mangèrent, et furent rassasiés ; et on emporta les restes, douze corbeilles pleines de morceaux. 21Or le nombre de ceux qui mangèrent fut de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. 22Aussitôt Jésus pressa Ses disciples de monter dans la barque, et de Le précéder sur l’autre rive, pendant qu’Il renverrait les foules. 23Et lorsqu’Il eut renvoyé la foule, Il monta seul sur une montagne, pour prier ; et, le soir étant venu, Il était là seul. 24Cependant la barque était battue par les flots au milieu de la mer, car le vent était contraire. 25Mais, à la quatrième veille de la nuit, Jésus vint à eux, marchant sur la mer. 26Et Le voyant marcher sur la mer, ils furent troublés, et dirent : C’est un fantôme. Et ils poussèrent des cris d’effroi. 27Aussitôt Jésus leur parla, en disant : Ayez confiance ; c’est Moi, ne craignez point. 28Pierre Lui répondit : Seigneur, si c’est Vous, ordonnez que j’aille à Vous sur les eaux. 29Jésus lui dit : Viens. Et Pierre, descendant de la barque, marchait sur l’eau pour aller à Jésus. 30Mais, voyant la violence du vent, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauvez-moi ! 31Et aussitôt Jésus, étendant la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? 32Et lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent cessa. 33Alors ceux qui étaient dans la barque vinrent et L’adorèrent, en disant : Vous êtes vraiment le Fils de Dieu. 34Lorsqu’ils eurent traversé la mer, ils vinrent dans le pays de Génésar. 35Et les hommes de ce lieu, L’ayant reconnu, envoyèrent (chercher) dans toute cette région, et Lui présentèrent tous ceux qui étaient malades. 36Et ils Le priaient de leur laisser seulement toucher la frange de Son vêtement. Et tous ceux qui la touchèrent furent guéris.


Scandale des pharisiens en voyant les disciples de Jésus manger sans avoir lavé leurs mains.

Guérison de plusieurs malades.

Multiplication des sept pains.


15Alors des scribes et des pharisiens de Jérusalem s’approchèrent de Jésus, en disant : 2Pourquoi Vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain. 3Mais Jésus leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu, à cause de votre tradition ? Car Dieu a dit : 4Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort. 5Mais vous, vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous profitera, (satisfait à la loi) 6ne sera pas tenu d’honorer son père ou sa mère (Et cependant il n’honore point son père et sa mère). Ainsi, vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition. 7Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit : 8Ce peuple M’honore des lèvres, mais son cœur est loin de Moi ; 9ils Me rendent un culte inutile, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines. 10Puis, ayant appelé à Lui les foules, Il leur dit : Ecoutez et comprenez. 11Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. 12Alors les disciples, s’approchant, Lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ? 13Mais Il répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. 14Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse. 15Pierre, prenant la parole, Lui dit : Expliquez-nous cette parabole. 16Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous sans intelligence ? 17Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, et est jeté dans un lieu secret ? 18Mais ce qui sort de la bouche part du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. 19Car c’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. 20Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains ne souille pas l’homme. 21Etant parti de là, Jésus Se retira du côté de Tyr et de Sidon. 22Et voici qu’une femme chananéenne, venue de ces contrées, s’écria, en Lui disant : Ayez pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est affreusement tourmentée par le démon. 23Mais Il ne lui répondit pas un mot. Et les disciples, s’approchant de Lui, Le priaient, en disant : Renvoyez-la, car elle crie derrière nous. 24Il répondit : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. 25Mais elle vint, et L’adora, en disant : Seigneur, secourez-moi. 26Il répondit : Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. 27Mais elle dit : Oui, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. 28Alors Jésus lui répondit : O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le veux. Et sa fille fut guérie à l’heure même. 29Etant parti de là, Jésus vint près de la mer de Galilée ; et montant sur une montagne, Il S’y assit. 30Alors des foules nombreuses s’approchèrent de Lui, ayant avec elles des muets, des aveugles, des boiteux, des estropiés et beaucoup d’autres malades ; et elles les jetèrent à Ses pieds, et Il les guérit : 31de sorte que les foules étaient dans l’admiration, voyant les muets parler, les boiteux marcher, les aveugles voir ; et elles glorifiaient le Dieu d’Israël. 32Or Jésus, ayant appelé Ses disciples, leur dit : J’ai pitié de cette foule ; car il y a déjà trois jours qu’ils restent avec Moi, et ils n’ont rien à manger ; et Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne défaillent en chemin. 33Les disciples Lui dirent : Comment donc trouverons-nous, dans ce lieu désert, assez de pains pour rassasier une si grande foule ? 34Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils Lui dirent : Sept, et quelques petits poissons. 35Alors Il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. 36Et prenant les sept pains et les poissons, et rendant grâces, Il les rompit, et les donna à Ses disciples ; et les disciples les donnèrent au peuple. 37Tous mangèrent, et furent rassasiés ; et on emporta sept corbeilles, pleines des morceaux qui étaient restés. 38Or ceux qui mangèrent étaient au nombre de quatre mille hommes, sans compter les enfants et les femmes. 39Ayant ensuite renvoyé la foule, il monta sur une barque, et vint sur les confins de Magédan.


Prodige demandé et refusé.

Levain des pharisiens et des saduccéens.

Confession et primauté de Pierre.

Jésus-Christ prédit sa passion, sa mort et sa résurrection.

Saint Pierre repris.

Croix et renoncement à soi-même.


16Alors les pharisiens et les saduccéens s’approchèrent de Lui pour Le tenter, et ils Le prièrent de leur faire voir un signe qui vînt du Ciel. 2Mais Il leur répondit : Le soir venu, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge. 3Et le matin : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est sombre et rougeâtre. 4Vous savez donc discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez pas connaître les signes des temps ! Cette génération mauvaise et adultère demande un signe, et il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. Et les laissant, Il s’en alla. 5Or Ses disciples, étant passés sur l’autre rive, avaient oublié de prendre des pains. 6Il leur dit : Voyez, et gardez-vous du levain des pharisiens et des saduccéens. 7Mais ils pensaient et se disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons pas pris de pains. 8Jésus, le sachant, dit : Hommes de peu de foi, pourquoi pensez-vous en vous-mêmes que vous n’avez pas de pains ? 9Ne comprenez-vous pas encore, et ne vous souvenez-vous pas des cinq pains distribués à cinq mille hommes, et du nombre des paniers que vous avez emportés ? 10ni des sept pains distribués à quatre mille hommes, et du nombre de corbeilles que vous avez emportées ? 11Comment ne comprenez-vous pas que ce n’est point au sujet du pain que Je vous ai dit : Gardez-vous du levain des pharisiens et des saduccéens ? 12Alors ils comprirent qu’Il ne leur avait pas dit de se garder du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des pharisiens et des saduccéens. 13Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et Il interrogeait Ses disciples, en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? 14Ils Lui répondirent : Les uns, qu’Il est Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. 15Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que Je suis ? 16Simon Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. 17Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais Mon Père qui est dans les Cieux. 18Et Moi, Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai Mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. 19Et Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les Cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les Cieux. 20En même temps Il ordonna à Ses disciples de ne dire à personne qu’Il était Jésus, le Christ. 21Dès lors Jésus commença à montrer à Ses disciples qu’il fallait qu’Il allât à Jérusalem, qu’Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu’Il fût mis à mort, et qu’Il ressuscitât le troisième jour. 22Et Pierre, Le prenant à part, commença à Le reprendre, en disant : A Dieu ne plaise, Seigneur ; cela ne Vous arrivera point. 23Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre : Va-t’en derrière Moi, Satan ; tu m’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. 24Alors Jésus dit à Ses disciples : Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il Me suive. 25Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi, la trouvera. 26Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ? 27Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses oeuvres. 28En vérité, Je vous le dis. il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant en Son règne.


Transfiguration de Jésus-Christ.

Avènement d’Elie.

Guérison d’un enfant lunatique.

Puissance de la foi.

Jésus-Christ prédit sa passion.

Il paye le tribut pour lui et pour saint Pierre.


17Six jours après, Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. 2Et Il fut transfiguré devant eux : Son visage resplendit comme le soleil, et Ses vêtements devinrent blancs comme la neige. 3Et voici que Moïse et Elie leur apparurent, s’entretenant avec Lui. 4Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si Vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour Vous, une pour Moïse, et une pour Elie. 5Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les couvrit ; et voici qu’une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en qui J’ai mis toutes Mes complaisances ; écoutez-Le. 6Les disciples, l’entendant, tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une grande crainte. 7Mais Jésus, S’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et ne craignez point. 8Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. 9Lorsqu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cette ordre : Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. 10Ses disciples L’interrogèrent alors, en disant : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’Elie vienne auparavant ? 11Mais Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Elie doit venir, et qu’il rétablira toutes choses. 12Mais Je vous dis qu’Elie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. C’est ainsi que le Fils de l’homme doit souffrir par eux. 13Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’Il leur avait parlé. 14Lorsqu’Il fut venu vers la foule, un homme s’approcha de Lui, et se mit à genoux devant Lui, et Lui dit : Seigneur, ayez pitié de mon fils, qui est lunatique, et qui souffre beaucoup ; car il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau. 15Je l’ai présenté à Vos disciples, et ils n’ont pu le guérir. 16Jésus répondit : O génération incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-Je avec vous ? jusqu’à quand vous souffrirai-Je ? Amenez-le-Moi ici. 17Et Jésus le menaça, et le démon sortit de l’enfant, qui fut guéri à l’heure même. 18Alors les disciples s’approchèrent de Jésus en particulier, et Lui dirent : Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? 19Jésus leur dit : A cause de votre incrédulité. Car en vérité, Je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait ; et rien ne vous serait impossible. 20Mais cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et le jeûne. 21Pendant qu’il se trouvait en Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes, 22et ils Le feront mourir, et le troisième jour Il ressuscitera. Et ils furent vivement attristés. 23Lorsqu’ils furent venus à Capharnaüm, ceux qui recevaient les didrachmes s’approchèrent de Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paye-t-Il pas le tribut ? 24Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, en disant : Que t’en semble, Simon ? De qui les rois de la terre reçoivent-ils le tribut ou le cens ? de leurs fils, ou des étrangers ? 25Pierre répondit : Des étrangers. Jésus lui dit : Les fils en sont donc exempts. 26Mais, pour que nous ne les scandalisions point, va à la mer, et jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui montera, et en lui ouvrant la bouche tu trouveras un statère ; prends-le, et donne-le-leur pour Moi et pour toi.


S’humilier.

Devenir enfant.

Fuir le scandale.

Parabole de la brebis égarée.

Correction fraternelle.

Pouvoir des clefs.

Pardon des injures.

Parabole du créancier et du débiteur.


18A cet instant les disciples s’approchèrent de Jésus, et Lui dirent : Qui est le plus grand dans le royaume des Cieux ? 2Jésus ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, 3et dit : En vérité, Je vous le dis, à moins que vous ne vous convertissiez, et que vous ne deveniez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. 4C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme cet enfant, sera le plus grand dans le royaume des Cieux. 5Et quiconque reçoit en Mon nom un enfant comme celui-ci, Me reçoit Moi-même. 6Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en Moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendit à son cou une de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le plongeât au fond de la mer. 7Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! 8Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie manchot ou boiteux, que d’avoir deux mains ou deux pieds, et d’être jeté dans le feu éternel. 9Et si ton œil te scandalise, arrache-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne de feu. 10Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits ; car Je vous dis que leurs Anges dans le Ciel voient sans cesse la face de Mon Père qui est dans les Cieux. 11Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. 12Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? 13Et s’il arrive qu’il la trouve, en vérité, Je vous le dis, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées. 14De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les Cieux qu’un seul de ces petits périsse. 15Si ton frère a péché contre toi, va, et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. 16Mais, s’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire soit réglée par l’autorité de deux ou trois témoins. 17S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Eglise ; et s’il n’écoute pas l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. 18En vérité, Je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le Ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le Ciel. 19Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, ils l’obtiendront de Mon Père qui est dans les Cieux. 20Car là où deux ou trois sont assemblés en Mon nom, Je suis au milieu d’eux. 21Alors Pierre, S’approchant de Lui, dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il aura péché contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? 22Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 23C’est pourquoi le royaume des Cieux a été comparé à un roi, qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs. 24Et lorsqu’il eut commencé à faire rendre compte, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents. 25Mais, comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maître ordonna qu’on le vendit, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, pour acquitter la dette. 26Ce serviteur, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Ayez patience envers moi, et je vous rendrai tout. 27Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit sa dette. 28Mais ce serviteur, étant sorti, trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers, et le saisissant, il l’étouffait en disant : Rends-moi ce que tu me dois. 29Et son compagnon, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Aie patience envers moi, et je te rendrai tout. 30Mais il ne voulut pas ; et il s’en alla, et le fit mettre en prison, jusqu’à ce qu’il lui rendît ce qu’il devait. 31Les autres serviteurs, ayant vu ce qui était arrivé, en furent vivement attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. 32Alors son maître le fit appeler, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; 33ne fallait-il donc pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi ? 34Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il payât tout ce qu’il devait. 35C’est ainsi que Mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.


Indissolubilité du mariage.

Eunuques volontaires.

Enfants présentés à Jésus-Christ.

Conseils de perfection.

Salut des riches difficile.

Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ.


19Et il arriva que, lorsque Jésus eut achevé ces discours, Il partit de Galilée et vint aux confins de la Judée, au delà du Jourdain. 2Des foules nombreuses Le suivirent, et il y fit des guérisons. 3Alors les pharisiens s’approchèrent de Lui pour Le tenter ; et ils Lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ? 4Il leur répondit : N’avez-vous pas lu que Celui qui créa l’homme dès le commencement, créa un homme et une femme, et qu’Il dit : 5A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair ? 6Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. 7Ils Lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme un acte de divorce et de la renvoyer ? 8Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes ; mais au commencement, il n’en était pas ainsi. 9Or Je vous dis que quiconque renvoie sa femme, si ce n’est pour infidélité, et en épouse une autre, commet un adultère, et que celui qui épouse une femme renvoyée commet un adultère. 10Ses disciples Lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. 11Il leur dit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela a été donné. 12 Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le sein de leur mère, et il y a des eunuques qui ont été faits tels par les hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du royaume des Cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne. 13On Lui présenta alors de petits enfants, afin qu’Il leur imposât les mains et pria pour eux. Et les disciples les repoussaient. 14Mais Jésus leur dit : Laissez ces petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à Moi ; car le royaume des Cieux est pour ceux qui leur ressemblent. 15Et leur ayant imposé les mains, Il partit de là. 16Et voici qu’un homme s’approcha, et Lui dit : Bon Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? 17Jésus lui dit : Pourquoi M’interroges-tu sur ce qui est bon ? Dieu seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. 18Lesquels ? Lui dit-il. Jésus dit : Tu ne commettras pas d’homicide ; Tu ne seras point adultère ; Tu ne déroberas point ; Tu ne diras pas de faux témoignage ; 19Honore ton père et ta mère ; et, Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 20Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ? 21Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le Ciel ; puis viens, et suis-Moi. 22Lorsque le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. 23Et Jésus dit à Ses disciples : En vérité, Je vous le dis, un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. 24Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. 25Les disciples, ayant entendu cela, furent très étonnés ; et ils disaient : Qui donc pourra être sauvé ? 26Jésus, les regardant, leur dit : Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu. 27Alors Pierre, prenant la parole, Lui dit : Nous, voici que nous avons tout quitté, et que nous Vous avons suivi ; qu’y aura-il-donc pour nous ? 28Jésus leur dit : En vérité, Je vous le dis, vous qui M’avez suivi, lorsque, au temps de la régénération, le Fils de l’homme siégera sur le trône de Sa gloire, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. 29Et quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de Mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle. 30Mais beaucoup des premiers seront les derniers, et beaucoup des derniers seront les premiers.


Parabole des ouvriers envoyés à la vigne.

Jésus-Christ prédit sa passion.

Demande des enfants de Zébédée.

Domination interdite.

Deux aveugles guéris près de Jéricho.


20Le royaume des Cieux est semblable à un père de famille, qui sortit de grand matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne. 2Et étant convenu avec les ouvriers d’un denier par jour, il les envoya à sa vigne. 3En sortant vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place publique. 4Et il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste. 5Et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième et vers la neuvième heure, et il fit de même. 6Et étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui se tenaient là, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ? 7Ils lui dirent : Parce que personne ne nous a loués. Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne. 8Lorsque le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paye-leur le salaire, en commençant par les derniers, et en finissant par les premiers. 9Ceux qui étaient venus vers la onzième heure vinrent donc, et reçurent chacun un denier. 10Les premiers, venant ensuite, crurent qu’ils recevraient davantage ; mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier. 11Et en le recevant, ils murmuraient contre le père de famille, 12disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et vous les avez traités comme nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur. 13Mais il répondit à l’un d’eux : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ? 14Prends ce qui t’appartient, et va-t-en ; je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. 15Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux ? ou ton œil est-il méchant parce que je suis bon ? 16Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. 17Or Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit : 18Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils Le condamneront à mort ; 19et ils Le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de Lui, Le flagellent et Le crucifient ; et Il ressuscitera le troisième jour. 20Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Lui avec ses deux fils, et se prosterna en Lui demandant quelque chose. 21Il lui dit : Que veux-tu ? Ordonnez, Lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à Votre droite, et l’autre à Votre gauche, dans Votre royaume. 22Mais Jésus répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que Je dois boire ? Ils Lui dirent : Nous le pouvons. 23Il leur dit : Oui, vous boirez Mon calice ; quant à être assis à Ma droite ou à Ma gauche, il ne M’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels Mon Père l’a préparé. 24Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères. 25Mais Jésus les appela à Lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent ; et que les grands exercent la puissance sur elles. 26Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, 27et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ; 28de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner Sa vie comme la rançon d’un grand nombre. 29Lorsqu’ils sortaient de Jéricho, une grande foule Le suivit. 30Et voici que deux aveugles, assis au bord du chemin, apprirent que Jésus passait ; et ils crièrent, en disant : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous. 31Et la foule les reprenait, pour les faire taire ; mais ils criaient plus fort, en disant : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous. 32Jésus S’arrêta, et Il les appela, et leur dit : Que voulez-vous que Je vous fasse ? 33Ils Lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts. 34Ayant pitié d’eux, Jésus toucha leurs yeux ; et aussitôt ils recouvrirent la vue, et Le suivirent.


Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem.

Vendeurs chassés du temple.

Acclamations des enfants.

Figuier séché.

Puissance de la foi.

Autorité de Jésus : baptême de Jean.

Parabole des deux fils envoyés à la vigne, des vignerons homicides.

Parabole de la pierre angulaire.


21Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, près de la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux de Ses disciples, 2en leur disant : Allez au village qui est devant vous, et aussitôt vous trouverez une ânesse liée, et son ânon avec elle ; déliez-la (les) et amenez-la (les) Moi, 3et si quelqu’un vous dit quelque chose, dites que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les laissera emmener. 4Or tout cela s’est fait, afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète : 5Dites à la fille de Sion : voici que ton Roi vient à toi plein de douceur, monté sur une ânesse et sur l’ânon de celle qui porte le joug. 6Les disciples allèrent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. 7Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements et Le firent asseoir dessus. 8Or, une foule nombreuse étendit leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupaient des branches d’arbres, et en jonchaient le chemin. 9Et les foules qui précédaient Jésus, et celles qui Le suivaient, criaient : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! 10Et lorsqu’Il fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et disait : Quel est Celui-ci ? 11Et le peuple disait : C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée. 12Jésus entra dans le temple de Dieu, et Il chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple, et Il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes. 13Et Il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. 14Alors des aveugles et des boiteux s’approchèrent de Lui dans le temple, et Il les guérit. 15Mais les princes des prêtres et les scribes, voyant les merveilles qu’Il avait faites, et les enfants qui criaient dans le temple, et qui disaient : Hosanna au Fils de David ! s’indignèrent, 16et ils Lui dirent : Entendez-vous ce qu’ils disent ? Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lu cette parole : De la bouche des enfants, et de ceux qui sont à la mamelle, Vous avez tiré une louange parfaite ? 17Et les ayant laissés, Il S’en alla hors de la ville, à Béthanie, où Il demeura. 18Le matin, en revenant à la ville, Il eut faim. 19Et voyant un figuier près du chemin, Il S’en approcha ; mais Il n’y trouva que des feuilles. Et Il lui dit : Qu’à jamais il ne naisse de toi aucun fruit. Et aussitôt le figuier se déssécha. 20Voyant cela, les disciples s’étonnèrent, et dirent : Comment s’est-il desséché en un instant ? 21Jésus leur répondit : En vérité, Je vous le dis, si vous avez la foi et que vous n’hésitiez point, non seulement vous feriez ce que J’ai fait à ce figuier, mais quand même vous diriez à cette montagne : Ote-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. 22Et quoi que ce soit que vous demandiez avec foi dans la prière, vous le recevrez. 23Lorsqu’Il fut arrivé dans le temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de Lui pendant qu’Il enseignait, et Lui dirent : Par quelle autorité faites-Vous ces choses ? et qui Vous a donné ce pouvoir ? 24Jésus leur répondit : Je vous adresserai Moi aussi, une question ; si vous M’y répondez, Je vous dirai, Moi aussi, par quelle autorité Je fais ces choses. 25Le baptême de Jean, d’où était-il ? du Ciel ou des hommes ? Mais ils raisonnaient entre eux, et disaient : 26Si nous répondons : Du Ciel, Il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre la foule ; car tous regardaient Jean comme un prophète. 27Ils répondirent donc à Jésus : Nous ne savons. Et Il leur répondit, lui aussi : Je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité Je fais ces choses. 28Que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; et s’approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va aujourd’hui travailler à ma vigne. 29Celui-ci répondit : Je ne veux pas. Mais ensuite, touché de repentir, il y alla. 30S’approchant ensuite de l’autre, il lui dit la même chose. Celui-ci répondit : J’y vais, Seigneur. Et il n’y alla point. 31Lequel des deux a fait la volonté de son père ? Ils lui dirent : Le premier. Jésus leur dit : En vérité, Je vous le dis, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. 32Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui. Mais les publicains et les prostituées ont cru en lui ; et vous, voyant cela, vous ne vous êtes pas repentis ensuite, pour croire en lui. 33Ecoutez une autre parabole. Il y avait un père de famille, qui planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons, et partit pour un pays lointain. 34Or, lorsque le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour recueillir les fruits de sa vigne. 35Mais les vignerons, s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre. 36Il leur envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même. 37Enfin il leur envoya son fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils. 38Mais les vignerons, voyant le fils, dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous aurons son héritage. 39Et s’étant saisis de lui, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. 40Lors donc que le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ? 41Ils lui dirent : Il fera périr misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d’autres vignerons, qui en rendront les fruits en leur temps. 42Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, celle-là même est devenue la tête de l’angle ; c’est le Seigneur qui a fait cela, et c’est une chose admirable à nos yeux ? 43C’est pourquoi, Je vous dis que le royaume de Dieu vous sera enlevé, et qu’il sera donné à une nation qui en produira les fruits. 44Et celui qui tombera sur cette pierre, s’y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. 45Lorsque les princes des prêtres et les pharisiens eurent entendu ces paraboles, ils comprirent que Jésus parlait d’eux. 46Et, cherchant à se saisir de Lui, ils craignirent les foules, parce qu’elles Le regardaient comme un prophète.


Parabole du festin des noces.

Rendre à César ce qui est à César.

Résurrection des morts.

Vie angélique.

Amour de Dieu et du prochain.

Le Messie, fils et seigneur de David.


22Jésus, prenant la parole, parla de nouveau en paraboles, disant : 2Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit faire les noces de son fils. 3Et il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces, mais ils ne voulaient pas venir. 4Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux invités : J’ai préparé mon festin, mes boeufs et mes animaux engraissés sont tués ; tout est prêt, venez aux noces. 5Mais ils ne s’en inquiétèrent point, et s’en allèrent, l’un à sa ferme et l’autre à son négoce ; 6les autres se saisirent de ses serviteurs, et les tuèrent, après les avoir accablés d’outrages. 7Lorsque le roi l’apprit, il fut irrité ; et ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers, et brûla leur ville. 8Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes, mais ceux qui avaient été invités n’en étaient pas dignes. 9Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. 10Ses serviteurs, s’en allant par les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut remplie de convives. 11Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’était pas revêtu de la robe nuptiale. 12Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et cet homme demeura muet. 13Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 14Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. 15Alors les pharisiens, s’étant retirés, tinrent conseil sur le moyen de Le surprendre dans Ses paroles. 16Et ils Lui envoyèrent leurs disciples avec les hérodiens, qui Lui dirent : Maître, nous savons que Vous êtes véridique, et que Vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans Vous inquiéter de personne, car Vous ne regardez pas la condition des hommes. 17Dites-nous ce qu’il Vous en semble : Est-il permis de payer le tribut à César ou non ? 18Mais Jésus, connaissant leur malice, dit : Pourquoi Me tentez-vous, hypocrites ? 19Montrez-moi la monnaie du tribut. Et ils Lui présentèrent un denier. 20Et Jésus leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? 21Ils Lui dirent : De César. Alors Il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. 22Ayant entendu cela, ils furent dans l’admiration, et Le laissant, ils s’en allèrent. 23Ce même jour, les saduccéens, qui disent qu’il n’y a pas de résurrection, s’approchèrent de Lui et L’interrogèrent, 24en disant : Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfant, son frère épousera sa femme, et suscitera une postérité à son frère. 25Or il y avait parmi nous sept frères. Le premier, ayant épousé une femme, mourut ; et n’ayant pas eu de postérité, il laissa sa femme à son frère. 26Il en fut de même du second, et du troisième, jusqu’au septième. 27Enfin, après eux tous, la femme mourut aussi. 28A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme, puisque tous l’ont eue ? 29Jésus leur répondit : Vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. 30Car, à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les Anges de Dieu dans le Ciel. 31Et pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit : 32Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. 33Et les foules, entendant cela, étaient dans l’admiration de Sa doctrine. 34Mais les pharisiens, ayant appris qu’Il avait réduit les saduccéens au silence, se rassemblèrent ; 35et l’un d’eux, docteur de la loi, Lui fit cette question pour Le tenter : 36Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? 37Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. 38C’est là le plus grand et le premier commandement. 39Mais le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40Dans ces deux commandements sont renfermés la loi et les prophètes. 41Les pharisiens étant rassemblés, Jésus les interrogea, 42en disant : Que vous semble du Christ ? de qui est-Il fils ? Ils lui répondirent : de David. 43Il leur dit : Comment donc David L’appelle-t-il en esprit son Seigneur, en disant : 44Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-Toi à Ma droite, jusqu’à ce que J’aie fait de Tes ennemis l’escabeau de Tes pieds ? 45Si donc David L’appelle son Seigneur, comment est-Il son fils ? 46Et personne ne pouvait rien Lui répondre, et, depuis ce jour, nul n’osa plus Lui poser des questions.


Ecouter ceux qui sont assis sur la chaire de Moïse.

Vanité et hypocrisie des scribes et des pharisiens.

Reproches de Jésus-Christ contre eux.

Prédiction contre Jérusalem.


23Alors Jésus parla aux foules et à Ses disciples, 2en disant : Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. 3Observez donc et faites tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs oeuvres, car ils disent, et ne font pas. 4Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et ils les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. 5Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes ; c’est pourquoi ils portent de larges phylactères et de longues franges. 6Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues, 7et à être salués dans les places publiques, et à être appelés Rabbi par les hommes. 8Mais vous, ne vous faites point appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. 9Et ne donnez à personne sur la terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père qui est dans les Cieux. 10Et qu’on ne vous appelle point maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. 11Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur. 12Quiconque s’élèvera, sera humilié, et quiconque s’humiliera, sera élevé. 13Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez le royaume des Cieux devant les hommes ; car vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous ne laissez pas entrer ceux qui désirent entrer. 14Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous dévorez les maisons des veuves, en faisant de longues prières ; c’est pourquoi vous recevrez un jugement plus rigoureux. 15Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, après qu’il l’est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne deux fois pire que vous. 16Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais si quelqu’un jure par l’or du temple, il doit. 17Insensés et aveugles ! Car lequel est le plus grand ? l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ? 18Et si quelqu’un jure par l’autel, ce n’est rien ; mais si quelqu’un jure par le don qui est sur l’autel, il doit. 19Aveugles ! Car lequel est le plus grand ? le don, ou l’autel qui sanctifie le don ? 20Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par tout ce qui est dessus. 21Et quiconque jure par le temple, jure par le temple et par Celui qui y habite. 22Et celui qui jure par le Ciel, jure par le trône de Dieu, et par Celui qui y est assis. 23Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et qui avez abandonné ce qu’il y a de plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité (foi). Il fallait faire ceci, et ne pas omettre cela. 24Guides aveugles, qui filtrez le moucheron, et qui avalez le chameau. 25Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au dedans, vous êtes pleins de rapines et d’impureté. 26Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors devienne pur aussi. 27Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous êtes semblables à des sépulcres blanchis, qui, au dehors, paraissent beaux aux hommes, mais qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. 28Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes ; mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. 29Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et qui ornez les monuments des justes. 30et qui dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes. 31Par là, vous témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. 32Comblez donc aussi la mesure de vos pères. 33Serpents, race de vipères, comment échapperez-vous au jugement de la géhenne ? 34C’est pourquoi, voici que Je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous tuerez et crucifierez les uns, et vous flagellerez les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, 35afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. 36En vérité, Je vous le dis, toutes ces choses retomberont sur cette génération. 37Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-Je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ! 38Voici que votre maison vous sera laissée déserte. 39Car Je vous le dis, vous ne Me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur.


Jésus-Christ prédit la ruine de Jérusalem.

Questions des diciples à l’occasion de cette prédiction, et réponse de Jésus-Christ.

Signes de la ruine de Jérusalem, et du dernier avènement de Jésus-Christ.


24Jésus, étant sorti du temple, S’en allait. Alors Ses disciples s’approchèrent, pour Lui faire remarquer les constructions du temple. 2Mais Il leur répondit : Voyez-vous tout cela ? En vérité, Je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. 3Et comme Il était assis sur le mont des Oliviers, Ses disciples s’approchèrent de Lui en particulier, et Lui dirent : Dites-nous quand ces choses arriveront, et quel signe il y aura de Votre avènement et de la consommation du siècle. 4Et Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise. 5Car beaucoup viendront sous Mon nom, disant : Je suis le Christ, et ils en séduiront beaucoup. 6Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres. Gardez-vous de vous troubler ; car il faut que ces choses arrivent, mais ce ne sera pas encore la fin. 7Car on verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume ; et il y aura des pestes et des famines, et des tremblements de terre en divers lieux. 8Et tout cela ne sera que le commencement des douleurs. 9Alors on vous livrera aux tourments, et on vous fera mourir ; et vous serez en haine à toutes les nations, à cause de Mon nom. 10Alors aussi beaucoup seront scandalisés, et ils se trahiront et se haïront les uns les autres. 11Et de nombreux faux prophètes surgiront, et séduiront beaucoup de monde. 12Et parce que l’iniquité abondera, la charité d’un grand nombre se refroidira. 13Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. 14Et cet Evangile du royaume sera prêché dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin. 15Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie dans le lieu saint, que celui qui lit comprenne. 16Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes, 17et que celui qui sera sur le toit n’en descende pas pour emporter quelque chose de sa maison, 18et que celui qui sera dans les champs ne retourne point pour reprendre sa tunique. 19Malheur aux femmes qui seront enceintes ou qui allaiteront en ces jours-là ! 20Priez pour que votre fuite n’ait pas lieu en hiver, ou un jour de sabbat. 21Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais. 22Et si ces jours n’avaient été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés. 23Alors si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : Il est là, ne le croyez pas. 24Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui feront de grands signes et des prodiges, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. 25Voici que Je vous l’ai prédit. 26Si donc on vous dit : Le voici dans le désert, ne sortez pas ; Le voici dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez pas. 27Car comme l’éclair part de l’orient et se montre jusqu’à l’occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. 28Partout où sera le corps, là s’assembleront les aigles. 29Aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. 30Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté. 31Et Il enverra Ses Anges, avec la trompette et une voix éclatante, et ils rassembleront Ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu’à l’autre. 32Apprenez une comparaison prise du figuier. Quand ses branches sont déjà tendres, et que ses feuilles naissent, vous savez que l’été est proche ; 33de même, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, et qu’Il est aux portes. 34En vérité, Je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. 35Le ciel et la terre passeront, mais Mes paroles ne passeront point. 36Quant à ce jour et à cette heure, personne ne les connaît, pas même les Anges des Cieux, mais le Père seul. 37Ce qui arriva aux jours de Noé arrivera aussi à l’avènement du Fils de l’homme. 38Car de même que, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, 39et qu’ils ne surent rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous, ainsi en sera-t-il à l’avènement du Fils de l’homme. 40Alors deux hommes seront dans un champ : l’un sera pris, et l’autre laissé. 41Deux femmes moudront à la meule : l’une sera prise, et l’autre laissée. 42Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra. 43Sachez-le bien, si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait certainement, et ne laisserait pas percer sa maison. 44C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne savez pas. 45Quel est, pensez-vous, le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses gens, pour leur distribuer leur nourriture en temps convenable ? 46Heureux ce serviteur, si son maître, à son arrivée, le trouve agissant ainsi ! 47En vérité, Je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens. 48Mais si ce serviteur est méchant, et dit en son cœur : Mon maître tarde à venir, 49et s’il se met à battre ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, 50le maître de ce serviteur viendra au jour où il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ne connaît pas, 51et il le séparera, et lui assignera sa part avec les hypocrites ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.


Parabole des dix vierges.

Parabole des talents.

Dernier jugement.

Œuvres de miséricorde faites ou refusées à Jésus-Christ dans la personne de ses membres.


25Alors le royaume des Cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux et de l’épouse. 2Or, cinq d’entre elles étaient folles, et cinq étaient sages. 3Les cinq folles, ayant pris leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles ; 4mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes. 5L’époux tardant à venir, elles s’assoupirent toutes, et s’endormirent. 6Mais, au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux qui vient ; allez au-devant de lui. 7Alors toutes ces vierges se levèrent, et préparèrent leurs lampes. 8Mais les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. 9Les sages leur répondirent : De peur qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous, allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. 10Mais pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée. 11Enfin les autres vierges viennent aussi, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous. 12Mais il leur répondit : En vérité, je vous le dis, je ne vous connais point. 13Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure. 14Car il en sera comme d’un homme qui, partant pour un long voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens. 15Il donna à l’un cinq talents, et à un autre deux, et à un autre un seul, à chacun selon sa capacité ; puis il partit aussitôt. 16Celui qui avait reçu cinq talents s’en alla, les fit valoir, et en gagna cinq autres. 17De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres. 18Mais celui qui n’en avait reçu qu’un, s’en alla, creusa dans la terre et cacha l’argent de son maître. 19Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. 20Et celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, et présenta cinq autres talents, en disant : Seigneur, vous m’avez remis cinq talents ; voici que j’en ai gagné cinq autres. 21Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. 22Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi, et dit : Seigneur, vous m’avez remis deux talents ; voici que j’en ai gagné deux autres. 23Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. 24Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha aussi, et dit : Seigneur, Je sais que vous êtes un homme dur, qui moissonnez où vous n’avez pas semé, et qui ramassez où vous n’avez pas répandu ; 25c’est pourquoi j’ai eu peur, et j’ai caché votre talent dans la terre ; le voici, vous avez ce qui est à vous. 26Mais son maître lui répondit : Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que je ramasse où je n’ai pas répandu ; 27il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré avec usure ce qui est à moi. 28Enlevez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a dix talents. 29Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais, à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il semble avoir. 30Quant à ce serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. 31Or, lorsque le Fils de l’homme viendra dans Sa majesté, avec tous les Anges, Il S’assiéra sur le trône de Sa majesté. 32Toutes les nations seront assemblées devant Lui ; et Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; 33et Il placera les brebis à Sa droite, et les boucs à Sa gauche. 34Alors le Roi dira à ceux qui sont à Sa droite : Venez, les bénis de Mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’établissement du monde. 35Car J’ai eu faim, et vous M’avez donné à manger ; J’ai eu soif, et vous M’avez donné à boire ; J’étais sans asile, et vous M’avez recueilli ; 36J’étais nu, et vous M’avez vêtu ; J’étais malade, et vous M’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venu à Moi. 37Alors les justes Lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous Vous avons vu avoir faim, et que nous Vous avons donné à manger ; avoir soif, et que nous Vous avons donné à boire ? 38Quand est-ce que nous Vous avons vu sans asile, et que nous Vous avons recueilli ; ou nu, et que nous Vous avons vêtu ? 39Ou quand est-ce que nous Vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus à Vous ? 40Et le Roi leur dira : En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait. 41Il dira ensuite à ceux qui seront à gauche : Retirez-vous de Moi, maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. 42Car J’ai eu faim, et vous ne M’avez pas donné à manger ; J’ai eu soif, et vous ne M’avez pas donné à boire ; 43J’étais sans asile, et vous ne M’avez pas recueilli ; J’étais nu, et vous ne M’avez pas vêtu ; J’étais malade et en prison, et vous ne M’avez pas visité. 44Alors ils Lui répondront, eux aussi : Seigneur, quand est-ce que nous Vous avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou sans asile, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne Vous avons pas assisté ? 45Alors Il leur répondra : En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait. 46Et ceux-ci iront au supplice éternel, mais les justes à la vie éternelle.


Conspiration des Juifs.

Parfums répandus sur la tête de Jésus-Christ.

Trahison de Judas.

Dernière cène.

Institution de l’Eucharistie.

Renoncement de saint Pierre prédit.

Prière de Jésus dans le jardin des Oliviers.

Il est pris, conduit chez Caïphe, accusé, condamné, outragé.

Renoncement et pénitence de saint Pierre.


26Et il arriva que, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, Il dit à Ses disciples : 2Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. 3Alors les princes des prêtres et les anciens du peuple s’assemblèrent dans la cour du grand prêtre, appelé Caïphe ; 4et ils tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, et Le faire mourir. 5Mais ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la fête, de peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le peuple. 6Or, comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, 7une femme s’approcha de Lui avec un vase d’albâtre, plein d’un parfum de grand prix, et elle le répandit sur Sa tête, pendant qu’Il était à table. 8Les disciples, voyant cela, s’indignèrent et dirent : A quoi bon cette perte ? 9Car on aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres. 10Mais Jésus, sachant ce qu’ils disaient, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle a fait une bonne oeuvre à Mon égard. 11En effet, vous avez toujours des pauvres avec vous ; mais Moi, vous ne M’aurez pas toujours. 12Cette femme, en répandant ce parfum sur Mon corps, l’a fait en vue de Ma sépulture. 13En vérité, Je vous le dis, partout où sera prêché cet Evangile, dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. 14Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les princes des prêtres 15et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous Le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent. 16Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour Le livrer. 17Or, le premier jour des azymes, les disciples s’approchèrent de Jésus et Lui dirent : Où voulez-Vous que nous Vous préparions ce qu’il faut pour manger la pâque ? 18Jésus leur répondit : Allez dans la ville, chez un tel, et dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; Je ferai la pâque chez toi avec Mes disciples. 19Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la pâque. 20Le soir étant venu, Il Se mit à table avec Ses douze disciples. 21Et pendant qu’ils mangeaient, Il dit : En vérité, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira. 22Vivement attristés, ils commencèrent chacun à Lui dire : Est-ce moi, Seigneur ? 23Il leur répondit : Celui qui met avec Moi la main au plat est celui qui Me trahira. 24Pour ce qui est du Fils de l’homme, Il S’en va, selon ce qui a été écrit de Lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera trahi ! Il aurait mieux valu pour cet homme de n’être jamais né. 25Judas, celui qui Le trahit, prenant la parole, Lui dit : Est-ce moi, Maître ? Jésus lui répondit : Tu l’as dit. 26Or, pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à Ses disciples, en disant : Prenez et mangez ; ceci est Mon corps. 27Et, prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna, en disant : Buvez-en tous ; 28car ceci est Mon sang, le sang de la nouvelle alliance (testament), qui sera répandu pour beaucoup, pour la rémission des péchés. 29Or, Je vous le dis, Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où Je le boirai de nouveau avec vous, dans le royaume de Mon Père. 30Et, après avoir dit l’hymne, ils allèrent à la montagne des Oliviers. 31Alors Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés cette nuit à Mon sujet. Car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. 32Mais, après que Je serai ressuscité, Je vous précéderai en Galilée. 33Pierre, prenant la parole, Lui dit : Quand même tous seraient scandalisés à Votre sujet, moi je ne serai jamais scandalisé. 34Jésus lui dit : En vérité, Je te le dis, cette nuit même, avant que le coq chante, tu Me renieras trois fois. 35Pierre Lui dit : Quand il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai point. Et tous les disciples parlèrent de même. 36Alors Jésus vint avec eux dans un domaine appelé Gethsémani ; Il dit à Ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que J’irai là pour prier. 37Et ayant pris avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée, Il commença à être attristé et affligé. 38Alors Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez avec Moi. 39Et S’étant avancé un peu plus loin, Il Se prosterna le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de Moi ; cependant, qu’il en soit non pas comme Je veux, mais comme Vous voulez. 40Et Il vint vers Ses disciples, et les trouva endormis ; et Il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec Moi ? 41Veillez et priez, afin que vous ne tombiez point dans la tentation. L’esprit est prompt, mais la chair est faible. 42Il S’en alla encore une seconde fois, et Il pria, en disant : Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que Je le boive, que Votre volonté soit faite. 43Il revint de nouveau, et Il les trouva endormis ; car leurs yeux étaient appesantis. 44Et les quittant, Il S’en alla encore, et Il pria pour la troisième fois, en disant les mêmes paroles. 45Puis Il vint à Ses disciples, et leur dit : Dormez maintenant et reposez-vous ; voici que l’heure approche, et le Fils de l’homme sera livré aux mains des pécheurs. 46Levez-vous, allons ; voici que celui qui doit Me trahir approche. 47Comme Il parlait encore, voici que Judas, l’un des douze, arriva, et avec Lui une foule nombreuse, armée d’épées et de bâtons, envoyée par les princes des prêtres et par les anciens du peuple. 48Or, celui qui Le trahissait leur avait donné un signe, en disant : Celui que je baiserai, c’est Lui ; saisissez-Le. 49Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Je Vous salue, Maître. Et il Le baisa. 50Jésus lui dit : Mon ami, pourquoi es-tu venu ? Alors ils s’avancèrent, mirent les mains sur Jésus, et Le saisirent. 51Et voici qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, étendant la main, tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui coupa l’oreille. 52Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. 53Penses-tu que Je ne puisse pas prier Mon Père, qui M’enverrait à l’instant plus de douze légions d’Anges ? 54Comment donc s’accompliront les Ecritures, qui annoncent qu’il en doit être ainsi ? 55En même temps, Jésus dit à la foule : Vous êtes venus comme après un voleur, armés d’épées et de bâtons, pour vous emparer de Moi ; tous les jours J’étais assis au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne M’avez pas arrêté. 56Mais tout cela s’est fait afin que ce que les prophètes ont écrit fût accompli. Alors tous les disciples, L’abandonnant, s’enfuirent. 57Mais ceux qui avaient arrêté Jésus Le conduisirent chez Caïphe, le grand prêtre, où les scribes et les anciens s’étaient rassemblés. 58Or, Pierre Le suivait de loin, jusqu’à la cour du grand prêtre ; et étant entré, il s’assit avec les serviteurs, pour voir la fin. 59Cependant les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour Le faire mourir ; 60et ils n’en trouvèrent point, quoique beaucoup de faux témoins se fussent présentés. Enfin il vint deux faux témoins, 61qui dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours. 62Alors le grand prêtre, se levant, Lui dit : Tu ne réponds rien à ce que ces hommes déposent contre Toi ? 63Mais Jésus Se taisait. Et le grand prêtre Lui dit : Je T’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu. 64Jésus lui répondit : Tu l’as dit. Car Je vous le dis, désormais vous verrez (un jour) le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. 65Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore de témoins ? Voici que vous venez d’entendre le blasphème. 66Que vous en semble ? Ils répondirent : Il mérite la mort. 67Alors ils Lui crachèrent au visage, et ils Le frappèrent à coup de poing ; d’autres Lui donnèrent des soufflets, 68en disant : Prophétise-nous, Christ ; qui est-ce qui T’a frappé ? 69Cependant Pierre était assis dehors, dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, en disant : Toi aussi, Tu étais avec Jésus de Galilée. 70Mais il le nia devant tous, en disant : Je ne sais ce que tu dis. 71Et comme il franchissait la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. 72Et il le nia de nouveau avec serment : Je ne connais point cet homme. 73Peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent, et dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage te fait reconnaître. 74Alors il se mit à faire des imprécations, et à jurer qu’il ne connaissait pas cet homme. Et aussitôt le coq chanta. 75Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus avait dite : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti dehors, il pleura amèrement.


Conseil des Juifs contre Jésus-Christ.

Désespoir de Judas.

Jésus devant Pilate ; Barabbas lui est préféré.

Cris des Juifs contre Jésus-Christ.

Couronnement d’épines ; insultes.

Jésus-Christ est conduit au Calvaire et crucifié.

Ténèbres.

Mort de Jésus-Christ.

Miracles après sa mort.

Joseph d’Arimathie prend soin de sa sépulture.

Gardes mis au sépulcre.


27Le matin étant venu, tous les princes des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour Le faire mourir. 2Et L’ayant lié, ils L’emmenèrent et Le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur. 3Alors Judas, qui L’avait trahi, voyant qu’Il était condamné, poussé par le repentir, rapporta les pièces d’argent aux princes des prêtres et aux anciens, 4en disant : J’ai péché, en livrant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ? c’est ton affaire. 5Ayant jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et alla se pendre. 6Mais les princes des prêtres, ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il ne nous est pas permis de les mettre dans le trésor, parce que c’est le prix du sang. 7Et ayant tenu conseil, ils en achetèrent le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers. 8C’est pourquoi ce champ a été appelé jusqu’à ce jour Haceldama, c’est-à-dire champ du sang. 9Alors s’accomplit ce qui avait été prédit par le prophète Jérémie : Ils ont reçu les trente pièces d’argent, prix de Celui qui a été évalué, qu’on a évalué de la part des enfants d’Israël, 10et ils les ont données pour le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’a ordonné. 11Or Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur L’interrogea en ces termes : Es-Tu le Roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis. 12Et comme Il était accusé par les princes des prêtres et les anciens, Il ne répondit rien. 13Alors Pilate Lui dit : N’entends-Tu pas quels graves témoignages ils portent contre Toi ? 14Mais Il ne lui répondit pas un seul mot, de sorte que le gouverneur en fut très étonné. 15Or, le jour de la fête, le gouverneur avait coutume de délivrer un prisonnier, celui que le peuple demandait. 16Il avait alors un prisonnier insigne, nommé Barabbas. 17Comme ils étaient donc assemblés, Pilate leur dit : Qui voulez-vous que je vous délivre ? Barabbas, ou Jésus, qui est appelé Christ ? 18Car il savait que c’était par envie qu’ils L’avaient livré. 19Pendant qu’il était assis sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui en songe, à cause de Lui. 20Mais les princes des prêtres et les anciens persuadèrent au peuple de demander Barabbas et de faire périr Jésus. 21Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ? Ils dirent : Barabbas. 22Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, qui est appelé Christ ? 23Ils répondirent tous : Qu’il soit crucifié ! Le gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-Il fait ? Et ils crièrent encore plus fort, en disant : Qu’Il soit crucifié ! 24Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l’eau, et se lava les mains devant le peuple, en disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous de voir. 25Et tout le peuple répondit : Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! 26Alors il leur délivra Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il Le leur livra pour être crucifié. 27Alors les soldats du gouverneur, emmenant Jésus dans le prétoire, rassemblèrent autour de Lui toute la cohorte. 28Et L’ayant dépouillé, ils Le revêtirent d’une chlamyde écarlate ; 29puis, tressant une couronne d’épines, ils la mirent sur Sa tête, et un roseau dans Sa main droite ; et fléchissant le genou devant Lui, ils se moquaient de Lui, en disant : Salut, Roi des Juifs ! 30Et crachant sur Lui, ils prenaient le roseau, et Lui frappaient la tête. 31Lorsqu’ils se furent moqués de Lui, ils Lui ôtèrent la chlamyde, Lui remirent Ses vêtements, et L’emmenèrent pour Le crucifier. 32Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter la croix de Jésus. 33Et ils vinrent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire, lieu du Calvaire. 34Et ils Lui donnèrent du vin mêlé de fiel ; mais, quand Il l’eut goûté, Il ne voulut pas boire. 35Après qu’ils L’eurent crucifié, ils partagèrent entre eux Ses vêtements, les tirant au sort, afin que s’accomplît ce qui avait été prédit par le prophète : Ils se sont partagés Mes vêtements, et ils ont tiré Ma tunique au sort. 36Et s’étant assis, ils Le gardaient. 37Ils mirent au-dessus de Sa tête une inscription, indiquant le sujet de Sa condamnation : Celui-ci est Jésus, le Roi des Juifs. 38En même temps, on crucifia avec Lui deux voleurs, l’un à Sa droite, et l’autre à Sa gauche. 39Et les passants Le blasphémaient, branlant la tête, 40et disant : Allons, Toi qui détruis le temple de Dieu, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-Toi Toi-même ; si Tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. 41Les princes des prêtres se moquaient aussi de Lui, avec les scribes et les anciens, et disaient : 42Il a sauvé les autres, et Il ne peut Se sauver Lui-même ; s’Il est le Roi d’Israël, qu’Il descende maintenant de la croix, et nous croirons en Lui. 43Il a confiance en Dieu : que Dieu Le délivre maintenant, s’Il L’aime ; car Il a dit : Je suis le Fils de Dieu. 44Les voleurs qui avaient été crucifiés avec Lui, Lui adressèrent les mêmes outrages. 45Or, depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre. 46Et vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : Eli, Eli, lamma sabacthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’avez-vous abandonné ? 47Quelques-uns de ceux qui étaient présents, L’ayant entendu, disaient : Il appelle Elie. 48Et aussitôt l’un d’eux, accourant, prit une éponge et la remplit de vinaigre ; et l’ayant attachée à un roseau, il Lui donnait à boire. 49Mais les autres disaient : Laisse, voyons si Elie viendra Le délivrer. 50Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. 51Et voici que le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, et la terre trembla, et les pierres se fendirent, 52et les sépulcres s’ouvrirent, et beaucoup de corps des saints qui s’étaient endormis ressuscitèrent, 53et sortant de leurs tombeaux après Sa résurrection, ils vinrent dans la ville sainte, et apparurent à beaucoup de personnes. 54Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d’une grande frayeur, et dirent : Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. 55Il y avait là aussi, à quelque distance, des femmes nombreuses, qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour Le servir ; 56parmi elles était Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. 57Lorsque le soir fut venu, il vint un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui était aussi disciple de Jésus. 58Cet homme alla trouver Pilate, et demanda le corps de Jésus. Pilate ordonna qu’on rendît le corps. 59Et ayant pris le corps, Joseph l’enveloppa d’un linceul blanc. 60Et le déposa dans son sépulcre neuf, qu’il avait fait tailler dans le roc ; puis il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et il s’en alla. 61Or, Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre. 62Le lendemain, qui était le jour après la Préparation, les princes des prêtres et les pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate, 63en disant : Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit, lorsqu’Il vivait encore : Après trois jours Je ressusciterai. 64Ordonnez donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que Ses disciples ne viennent dérober Son corps, et ne disent au peuple : Il est ressuscité d’entre les morts ; dernière imposture qui serait pire que la première. 65Pilate leur dit : Vous avez des gardes ; allez, gardez-le comme vous l’entendez. 66Ils s’en allèrent donc, et pour s’assurer du sépulcre, ils en scellèrent la pierre et y mirent des gardes.


Résurrection de Jésus-Christ.

Apparition de l’ange aux saintes femmes.

Jésus-Christ même leur apparaît.

Gardes corrompus par les princes des prêtres.

Apparition de Jésus en Galilée.

Mission des apôtres.


28Le sabbat passé, lorsque le premier jour de la semaine commençait à luire, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre. 2Et voici qu’il se fit un grand tremblement de terre ; car un Ange du Seigneur descendit du Ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus. 3Son visage était comme l’éclair, et son vêtement comme la neige. 4A cause de lui les gardes furent atterrés d’effroi, et devinrent comme morts. 5Mais l’Ange, prenant la parole, dit aux femmes : Ne craignez point, vous ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. 6Il n’est point ici ; car Il est ressuscité, comme Il l’avait dit. Venez, et voyez le lieu où le Seigneur avait été mis. 7Et hâtez-vous d’aller dire à Ses disciples qu’Il est ressuscité, et voici qu’Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous Le verrez. Voici, je vous l’ai prédit. 8Elles sortirent aussitôt du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à Ses disciples. 9Et voici que Jésus vint au-devant d’elles, en disant : Je vous salue. Elles s’approchèrent, et embrassèrent Ses pieds et L’adorèrent. 10Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez, dites à Mes frères de partir pour la Galilée ; c’est là qu’ils Me verront. 11Lorsqu’elles furent parties, quelques-uns des gardes vinrent à la ville, et annoncèrent aux princes des prêtres tout ce qui s’était passé. 12Ceux-ci s’étant assemblés avec les anciens, et ayant tenu conseil, donnèrent une forte somme d’argent aux soldats, 13en leur disant : Dites : Ses disciples sont venus pendant la nuit, et ils L’ont enlevé tandis que nous dormions. 14Et si le gouverneur l’apprend, nous le persuaderons, et nous vous mettrons à couvert. 15Les soldats, ayant reçu l’argent, agirent d’après ces instructions ; et ce bruit s’est répandu parmi les Juifs jusqu’à ce jour. 16Or, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait indiquée. 17Et Le voyant, ils L’adorèrent ; cependant, quelques-uns eurent des doutes. 18Et Jésus, S’approchant, leur parla ainsi : Toute puissance M’a été donnée dans le Ciel et sur la terre. 19Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, 20et leur enseignant à observer tout ce que Je vous ai commandé. Et voici que Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles.

Notes


1.1 Voir Luc, 3, 31.

1.2 Voir Genèse, 21, 3 ; 25, 25 ; 29, 35.

1.3 Voir Genèse, 38, 29 ; 1 Paralipomènes, 2, 4 ; Ruth, 4, 18 ; 1 Paralipomènes, 2, 5.

1.4 Voir Nombres, 7, 12.

1.5 Voir Ruth, 4, vv. 21, 22 ; 1 Rois, 16, 1.

1.6 Voir 2 Rois, 12, 24.

1.7 Voir 3 Rois, 11, 43 ; 14, 31 ; 15, 8.

1.8 Ozias n’était pas fils immédiat de Joram. Joram fut père d’Ochozias qui le fut de Joas ; et Joas eut pour fils Amasias, père d’Ozias. On croit que saint Matthieu a passé Ochozias, Joas, Amasias, pour conserver la distribution de cette généalogie en trois parties, chacune de quatorze générations (voir verset 17), et peut-être aussi à cause de leur impiété, ou enfin, à cause de l’arrêt prononcé contre la maison d’Achab, dont ils étaient descendus par Athalie, leur mère (voir 3 Rois, 21, 21). Au reste, c’est la coutume des Juifs, et même des Orientaux en général, d’omettre plusieurs descendants dans leurs généalogies, parce que leur but est de faire connaître certains personnages illustres plutôt que de présenter une énumération complète de tous les individus appartenant à l’échelle généalogique.

1.9 Voir 2 Paralipomènes, 26, 23 ; 27, 9 ; 28, 27.

1.10 Voir 2 Paralipomènes, 32, 33 ; 33, vv. 20, 25.

1.11 Voir 2 Paralipomènes, 36, vv. 1, 2.

1.16 Saint Matthieu, en donnant ici la généalogie de saint Joseph, se conforme à l’usage des Juifs, qui, dans leurs listes généalogiques, ne faisaient point mention des femmes ; mais il n’en donne pas moins la généalogie de Jésus-Christ, puisque la sainte Vierge, sa mère, descendait aussi bien que saint Joseph de la famille de David. ― Sur la double généalogie de Notre-Seigneur donnée par saint Matthieu et par saint Luc, voir la note 26 à la fin du volume. Saint Joseph était, comme nous l’apprend l’Evangile, de la tribu de David et exerçait un métier pour gagner sa vie. C’était, d’après la tradition, le métier de charpentier. Il vivait à Nazareth, et c’est là qu’il épousa la sainte Vierge. Le choix que Dieu fit de lui pour être le gardien de la virginité de Marie et le père adoptif de Notre-Seigneur nous montre quelle était sa vertu et sa sainteté. On ne sait pas à quelle époque il mourut, mais tout porte à croire que ce fut avant la vie publique de Jésus-Christ. ― Marie, en hébreu, Miryam, signifie probablement maîtresse, dame, de sorte que le nom de Notre-Dame, donné à la sainte Vierge, n’est sans doute que la traduction de son nom. Exemptée du péché originel par un privilège spécial, et destinée à être la mère de Dieu, elle devait dépasser en sainteté toutes les créatures. Son père fut saint Joachim, et sa mère sainte Anne. Elle était de la tribu de Juda et de la race de David. La tradition nous apprend qu’elle fut présentée à l’âge de trois ans au temple de Jérusalem et employée au service de Dieu. Elle épousa saint Joseph à Nazareth, où eut lieu le mystère de l’Annonciation. L’Evangile nous fait connaître sa visite à sa cousine Elisabeth, comment elle mit son fils Jésus au monde à Bethléem, s’enfuit avec lui en Egypte, habita avec lui à Nazareth, le perdit dans le temple de Jérusalem quand il avait douze ans, l’accompagna dans une partie de ses courses apostoliques, le suivit au Calvaire. Elle était avec les Apôtres au Cénacle le jour de la Pentecôte. Elle habita ensuite avec saint Jean que Jésus lui avait donné à sa place. Les uns la font mourir à Ephèse, les autres à Jérusalem. Elle rendit son âme à Dieu dans un âge avancé et con corps fut transporté miraculeusement dans le ciel.

1.17 La captivité de Babylone commença en 606 avant Jésus-Christ, et finit en 536, après avoir duré soixante-dix ans.

1.18 Voir Luc, 1, 27. ― Avant qu’ils ne vinssent ensemble, voir plus bas le verset 25.

1.21 Voir Luc, 1, 31 ; Actes des Apôtres, 4, 12. ― Jésus, en hébreu Yehoschouah, sous sa forme complète, c’est-à-dire Jéhovah est Sauveur. Jésus a été en effet le Sauveur des hommes, le Dieu Sauveur qui nous a rachetés et délivrés du péché.

1.23 Voir Isaïe, 7, 14 ― La Vierge par excellence, qui était destinée à devenir la Mère du Messie.

1.25 L’expression premier-né, comme le remarque judicieusement saint Jérôme, n’emporte pas toujours dans l’Ecriture l’idée d’autres enfants qui seraient venus après. Ainsi elle marque simplement ici que Marie n’en avait point eu auparavant. De même, dans la phrase textuelle du grec et de la Vulgate : Il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eut enfanté, la particule jusqu’à ce que ne dit pas non plus que Joseph connut Marie après la naissance du Sauveur. L’Ancien et le Nouveau Testament fournissent une foule d’exemples qui prouvent que les particules jusqu’à ce que, avant que, tout en niant une chose pour le passé, ne l’affirment nullement pour l’avenir. D’ailleurs quand, dans le langage ordinaire, on dit qu’un juge a condamné un coupable avant de l’entendre, et qu’une femme a refusé de pardonner à ses ennemis jusqu’à la mort, s’ensuit-il que ce juge ait entendu le coupable après l’avoir condamné, et que cette femme ait pardonné à ses ennemis après la mort ? ― La tradition place au 25 décembre la nativité de Notre-Seigneur. Quant à l’année où eut lieu ce grand événement, on ne la connaît pas d’une manière certaine. Les chronologistes la placent entre l’an 7 et l’an 1 avant notre ère. Une seule chose est incontestable, c’est que, par suite d’une erreur de calcul, le commencement de l’ère chrétienne n’a pas été fixé à l’année même de la naissance de Jésus-Christ, mais à une année postérieure qu’il a été jusqu’à présent impossible de préciser avec certitude. De là vient que la mort d’Hérode eut lieu avant l’ère chrétienne, selon notre manière de compter, quoiqu’il ne mourût qu’après la nativité de Notre-Seigneur.

2.1 Voir Luc, 2, 7. ― Voir note 27, à la fin du volume, la description de Bethléem. ― « Il est parlé dans l’Evangile de deux Hérodes, Hérode l’Ancien ou le Grand, fils d’Antipater, meurtrier des Innocents, et Hérode Antipas, fils du précédent et d’une samaritaine, appelée Malthace, tétrarque de Galilée, époux adultère d’Hérodiade, meurtrier de saint Jean-Baptiste, celui que Notre-Seigneur appelle un renard, et devant qui il comparaît dans sa Passion. C’est avec lui que Manahen avait été élevé. C’est lui qui eut pour intendant Chusa, dont la femme était au nombre des disciples les plus dévoués du divin Maître : Il mourut dans l’exil. ― Les Actes des Apôtres parlent encore d’un troisième Hérode, surnommé Agrippa, petit-fils d’Hérode l’Ancien, fils d’Aristobule et d’une petite-fille de Marianne, neveu d’Hérode Antipas et son beau-frère par Hérodiade. Celui-ci, porté subitement au trône par le caprice de Caligula, dont il était le compagnon de débauche et le favori, fit décapiter saint Jacques et incarcérer saint Pierre, puis périt rongé des vers. Le roi Agrippa, devant qui Festus fit comparaître saint Paul, était son fils. ― Les Hérodes étaient Iduméens d’origine, c’est-à-dire descendants d’Esaü. Le premier naquit à Ascalon. » (L. BACUEZ). ― Son père Antipater avait été nommé procureur de la Judée par Jules César, sous le pontificat d’Hyrcan II, en 47 avant Jésus-Christ. Les Iduméens s’étaient convertis à la religion juive, quand ils avaient été soumis par Jean Hyrcan, vers 129 avant Jésus-Christ. A la mort d’Antipater, son fils Hérode, âgé, dit-on de quinze ans, devint gouverneur de la Galilée, puis de la Cœlésyrie. Plus tard, Marc-Antoine le nomma tétrarque de Judée avec son frère Phasaël. Une invasion des Parthes, qui soutenaient les anciens princes Asmonéens, l’obligea de fuir à Rome. Là il fut nommé, par le Sénat, roi de Judée, en 40 avant Jésus-Christ, et dans la suite, Auguste augmenta encore son pouvoir et son royaume. Hérode, qu’on a surnommé le Grand, se distingua par son luxe et ses cruautés. Il rebâtit le temple de Jérusalem et aussi celui de Samarie ; il introduisit les jeux païens dans sa capitale, et le culte païen à Césarée ; à Rome il avait sacrifié à Jupiter. Il mourut à l’âge de 70 ans, souillé du sang de sa femme Marianne, de trois de ses fils, des saints Innocents et de bien d’autres. On place ordinairement sa mort l’an 4 avant notre ère. ― Les mages étaient des sages ou savants qu’on croit être venus de l’Arabie Déserte, de la Chaldée ou de la Mésopotamie, aux environs de l’Euphrate. Comme le fameux devin Balaam avait habité ces contrées, on pouvait y avoir conservé le souvenir de la prophétie par laquelle il avait annoncé l’avènement du Messie sous l’emblème d’une étoile qui devait s’élever de Jacob (voir Nombres, 24, 17).

2.2 Voir sur l’étoile des mages, la note 28 à la fin du volume (appendices).

2.4 Les princes des prêtres, c’est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de rôle une semaine chacun le service du temple. La Vulgate avait employé le mot principes, on a pris l’habitude de traduire en français les princes des prêtres, mais il faut remarquer que le mot principes n’a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhédrin. ― Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science et dans l’explication de la loi mosaïque. Ils jouissaient d’une grande considération parmi le peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c’est-à-dire les chefs des prêtres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prêtres simplement dits. Plusieurs d’entre eux faisaient partis du sanhédrin avec les principaux des prêtres et les anciens. Leur nombre était considérable ; ils avaient des écoles où ils enseignaient ; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. ― Les docteurs de la loi étaient des scribes mais on réservait ce titre de docteurs à ceux des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des scribes étaient pharisiens ; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques saduccéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minutieuses ; ils adressèrent souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d’être traités par lui d’hypocrites et de guides aveugles.

2.6 Voir Michée, 5, 2 ; Jean, 7, 42.

2.9 Du lieu où était l’enfant. Ce lieu est appelé maison au verset 11, d’où divers commentateurs ont conclu que la Sainte Vierge et saint Joseph avaient quitté la grotte et l’étable et avaient été reçus dans une maison proprement dite, avant l’arrivée des mages. Il est cependant possible que le mot de maison, dont la signification est très large dans les langues orientales, soit appliqué ici à la grotte et pris simplement dans le sens de demeure, habitation. La tradition actuelle place dans la grotte l’adoration des mages.

2.11 Voir Psaumes, 71, 10. ― La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait la divinité, la royauté et l’humanité de Jésus-Christ.

2.15 Voir Osée, 11, 1.

2.16 Un auteur païen a conservé le souvenir du massacre des saints Innocents. « Macrobe raconte entre les bons mots d’Auguste que cet empereur, ayant appris que parmi les enfants qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer en Syrie, âgés de deux ans et au-dessous, avait enveloppé son propre fils dans ce massacre, dit : Il vaut mieux être le pourceau d’Hérode que son fils. » (GLAIRE.)

2.18 Voir Jérémie, 31, 15. ― Rachel fut enterrée près de Bethléem. Son tombeau est à une demi-lieue, au nord de ce village. Le tombeau actuel « ne remonte qu’à Mohammed IV, qui l’a renouvelé en 1679. Un Juif d’Europe l’a fait réparer récemment, dit Mgr Mislin. Des ruines sont éparses sur les collines ; quelques-uns ont cru que ce devait être celles de Rama. Au témoignage d’Eusèbe, [il y avait] un lieu appelé Rama près de Bethléem. » Il paraît plus exact [à d’autres] de prendre ici simplement ce mot dans le sens de hauteur. Ce fut là qu’on entendit les cris déchirants qui s’élevèrent jusqu’au ciel des mères de Bethléem et des environs, personnifiés dans Rachel, la mère des enfants d’Israël. ― Pourquoi, se demande saint Jérôme, ces enfants sont-ils plus particulièrement attribués à Rachel, tandis qu’elle est la mère de Benjamin et non de Juda, dans la tribu duquel est située la ville de Bethléem ? Il répond : « Parce que Rachel est ensevelie près de Bethléem, et qu’elle a pris le titre de mère de la terre qui a donné l’hospitalité à son corps ; ou encore, parce que les deux tribus de Juda et de Benjamin se touchaient, et qu’Hérode avait ordonné de mettre à mort non seulement les enfants de Bethléem, mais ceux de tous les environs. »

2.22 Archélaüs, fils d’Hérode le Grand et de la samaritaine Malthace, avait été désigné par son père pour être son successeur dans le royaume de Judée. Les soldats le proclamèrent roi, mais il ne voulut prendre ce titre qu’après y avoir été autorisé par Auguste. Avant de partir pour Rome, il fit périr près de trois mille Pharisiens pour réprimer une sédition. Il revint de la capitale de l’empire avec le titre d’ethnarque et épousa Glaphyra, veuve de son frère Alexandre. Son mépris de la loi mosaïque et ses cruautés révoltèrent les Juifs qui portèrent leurs plaintes à Auguste. Archélaüs fut déposé (an 7 de Jésus-Christ) et exilé à Vienne, dans les Gaules, où il mourut. Quelques commentateurs ont vu une allusion au voyage d’Archélaüs à Rome dans la parabole de Notre-Seigneur rapporté dans saint Luc, 19, 12-14. ― Archélaüs régnait en Judée, et non en Galilée, où était située Nazareth. L’autorité d’Archélaüs s’étendait sur la Judée, l’Idumée et la Samarie. Le reste du royaume d’Hérode avait été partagé entre ses deux autres fils : Hérode Antipas avait eu la Galilée et la Pérée, et Philippe la Batanée, la Trachonitide et l’Hauranitide. La Judée proprement dite correspondait à peu près à l’ancien royaume de Juda, formé par la Palestine du Sud. ― Le pays de Galilée. Sur la Galilée, voir la note 29 à la fin du volume.

2.23 Nazareth. Voir sur Nazareth la note 30 à la fin du volume.

3.1 En ces jours-là, c’est-à-dire au temps de Jésus-Christ dont ce livre contient l’histoire ; car cette expression n’indique pas toujours que les faits qui la suivent soient immédiatement arrivés après ceux qui la précèdent. ― Jean (Yohanan, Jéhovah fait grâce), surnommé Baptiste, parce qu’il baptisait dans le Jourdain, était de race sacerdotale, fils de Zacharie et d’Elisabeth, cousine de la sainte Vierge, voir Luc, 1, 5-80. Destiné par la Providence à être le précurseur du Messie, il se prépara à sa mission par une vie rude et austère, et il l’accomplit en prêchant la pénitence, en annonçant la venue du Messie, en baptisant Jésus et en montrant en lui l’agneau qui efface les péchés du monde, celui auquel il était chargé de préparer lui-même les voies. Il mourut martyr de son zèle à défendre la sainteté du mariage et fut décapité à Machéronte par ordre d’Hérode Antipas. Voir Matthieu, 14, 1-12. ― Le désert de Judée, ainsi appelé, non qu’il fût stérile et sans pâturages, mais parce qu’il était inhabité, est la région située à l’ouest de la mer Morte. « Il consiste en un plateau déchiré par de profonds ravins, et sur lequel s’élèvent des monticules coniques. C’est un désert jaunâtre et sans eau, d’une largeur de 25 kilomètres et d’une longueur d’environ 100 kilomètres. La chaleur de cette contrée dépourvue d’arbres est considérable. » (A. SOCIN). La tradition fixe le séjour du précurseur à trois heures de Bethléem, à la Grotte de saint Jean-Baptiste ou désert de saint Jean, appelé dans le pays el-Habiz. « Cette grotte est située sur le haut d’une colline très escarpée, tournée au nord-ouest, et qui domine la vallée du Térébinthe. Elle est d’un accès assez difficile ; mais quand on est dedans, on la trouve si bien appropriée à la destination qu’elle a eue, à la vie d’ermite, qu’on la croit faite de main d’homme. C’est une cellule naturelle, longue de dix à douze pieds, large de six ; elle a deux ouvertures, dont l’une sert de porte et l’autre de fenêtre : celle-ci donne sur la vallée et a une très belle vue. Au fond de la grotte, il y a un rocher qui semble taillé tout exprès pour servir de siège et de couche ; on l’appelle lit de saint Jean. Une source d’eau fraîche et limpide sort d’une fente de montagne : elle forme au pied de la grotte un petit bassin et s’épanche dans la vallée en traçant un étroit ruban de verdure. » (MISLIN.)

3.2 Voir Marc, 1, 4 ; Luc, 3, 3. ― Le royaume des cieux. ― « Le mot, royaume de Dieu, employé plus de cinquante fois par saint Marc et par saint Luc ; celui de royaume des cieux, non moins souvent répété par saint Matthieu ; ceux de royaume du Christ ou simplement de royaume par excellence, semblent pris indistinctement ou à peu près dans le même sens. Ils sont propres à la révélation chrétienne, dit saint Augustin. Néanmoins l’expression royaume des cieux était déjà employée par le Précurseur pour annoncer l’avènement du Sauveur, et nous avons lieu de croire qu’elle était dès lors en usage pour désigner l’œuvre du Messie ou le nouvel état religieux et politique qu’on s’attendait à lui voir fonder. Dans l’esprit de Notre-Seigneur, ces mots n’avaient un sens non moins précis qu’étendu. Ils signifiaient la société chrétienne, l’Eglise dont il devait être le fondateur et le chef ; le grand royaume prédit par Daniel, comme supérieur à tout autre ; royaume véritablement divin, qui ne tire d’ici-bas ni son origine, ni son autorité, ni sa constitution, ni sa hiérarchie ; royaume surnaturel, qui n’admet dans son sein que des hommes régénérés, élevés à la dignité d’enfants de Dieu ; royaume universel, dont l’autorité s’étend sur le monde entier et qui aspire à s’incorporer tous les peuples ; royaume [longtemps] combattu et incomplet sur la terre [jusqu’au jour où le Christ reviendra sur terre dans sa Puissance pour instaurer son Règne glorieux, voir Matthieu, note 16.28] ; royaume éternel néanmoins, qui ne finira pas ici-bas avant la fin des temps, et qui doit se perpétuer et se consommer dans le ciel pour l’éternité. Mais il s’en faut que ces expressions aient éveillé dès lors des idées aussi nettes et aussi exactes dans tous ceux qui les entendaient. Comme elles n’énonçaient clairement qu’une chose, à savoir, que le Messie régnerait et que sa royauté ne serait pas [seulement] terrestre comme les autres, elles permettaient à chacun de faire ses conjectures et de garder les vues qu’il pouvait avoir sur les caractères, les prérogatives et les destinées de cette royauté à venir. On ne la désirait pas avec moins d’ardeur ; au contraire. Ce qu’il y avait de vague dans l’idée qu’on s’en formait servait à écarter les difficultés ; et les ennemis du Sauveur, comme ses disciples, s’accordaient pour désirer voir bientôt s’accomplir les desseins du ciel. » (L. BACUEZ.)

3.3 Voir Isaïe, 40, 3 ; Marc, 1, 3 ; Luc, 3, 4.

3.4 Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins. « La ceinture de cuir, le vêtement de poils de chameaux sont encore portés par les Arabes les moins riches. Les pauvres gens qui n’ont pas de manteau portent une courte tunique retenue par une ceinture, c’était le costume de Jean. » (J.-H. MICHON.) ― Sa nourriture était des sauterelles. On a toujours mangé et l’on mange encore les sauterelles en Orient. Elles sont plus grosses que celles de nos contrées. On enlève les pattes et les ailes et on les prépare des manières les plus diverses. Elles ont un goût qui approche de celui de l’écrevisse ou du homard. Les rois d’Assyrie en exigeaient comme tribut des peuples qu’ils avaient soumis. ― Du miel sauvage. Il abonde dans le désert de Judée où les abeilles sauvages le produisent dans les trous des rochers.

3.5 Voir Marc, 1, 5. ― Tout le pays autour du Jourdain. C’est-à-dire la région appelée dans l’Ancien Testament Kikkar, aujourd’hui le Ghôr ; c’est la gorge profonde creusée par le Jourdain depuis le lac de Tibériade jusqu’à la mer Morte. Il s’agit surtout ici sans doute de la partie méridionale du Ghôr.

3.6 Le baptême de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu’il promettait à ceux qui s’en approchaient dans un esprit de componction et de pénitence, après avoir confessé leurs péchés.

3.7 Voir Luc, 3, 7. ― Les Pharisiens et les Saduccéens étaient les deux principales sectes des Juifs. Ces derniers prétendaient qu’il n’y avait ni anges ni démons : ils rejetaient l’immortalité de l’âme et la résurrection des morts. Les Pharisiens croyaient toutes ces vérités et faisaient profession d’être exacts observateurs de la loi de Dieu et des traditions des anciens ; mais ils faisaient consister presque toute la religion dans des pratiques purement extérieures et corrompaient la loi de Dieu par de fausses interprétations. ― Voir les notes 31 et 32 à la fin du volume sur les Pharisiens et les Saduccéens.

3.9 Voir Jean, 8, 39.

3.11 Voir Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1, 5. ― C’était la coutume des Hébreux, aussi bien que des Grecs et des Romains, de faire porter, lier et délier leurs souliers par les derniers de leurs esclaves. ― Dans l’Esprit saint et dans le feu ; c’est-à-dire dans l’Esprit saint qui purifie et qui enflamme comme le feu.

3.13 Voir Marc, 1, 9.

3.16-17 On voit ici se manifester distinctement les trois personnes de la très sainte Trinité.

3.16 Voir Luc, 3, 22.

3.17 Voir Luc, 9, 35 ; 2 Pierre, 1, 17.

4.1 Voir Marc, 1, 12 ; Luc, 4, 1. ― Le désert de la tentation est, d’après la tradition, le désert de la Quarantaine, ainsi appelé des quarante jours qu’y passa Notre-Seigneur. Il s’étend à l’ouest de Jéricho ; il est très accidenté et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine méridionale ; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes ; c’est là vraisemblablement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho (Voir Josué, 2, 22) ; elles furent peuplées d’anachorètes, après l’ère chrétienne, en souvenir du jeûne du Sauveur.

4.4 Voir Deutéronome, 8, 3 ; Luc, 4, 4.

4.5 Sur le haut du temple. Littéralement sur le pinacle du temple. Le sens est incertain. D’après les uns, c’est le faîte du temple proprement dit ; d’après les autres, comme le texte grec emploie un mot qui désigne ordinairement l’ensemble des constructions du temple, hiéron, c’est le faîte du portique de Salomon à l’est ou bien le faîte de la porte royale qui se dressait au sud au-dessus d’un précipice profond, d’après le témoignage de Josèphe.

4.6 Voir Psaumes, 90, 11.

4.7 Voir Deutéronome, 6, 16.

4.8 Sur une montagne très élevée. Il est impossible de savoir quelle est cette montagne.

4.10 Voir Deutéronome, 6, 13.

4.12 Voir Marc, 1, 14 ; Luc, 4, 14 ; Jean, 4, 43.

4.13 Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revient si souvent dans les Evangiles, est encore aujourd’hui un problème. La malédiction prononcée par le Sauveur contre cette ville coupable s’est si littéralement accomplie que personne ne peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Capharnaüm était à Khan Miniéh, d’après les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un monceau de ruines qui tire son nom d’un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac de Tibériade, à l’extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d’heure environ à l’ouest-sud-ouest de l’embouchure du Jourdain dans le lac.

4.15 Voir Isaïe, 9, 1.

4.17 Voir Marc, 1, 15.

4.18 Voir Marc, 1, 16 ; Luc, 5, 2. ― La mer de Galilée. Sur la mer de Galilée ou lac de Tibériade, voir la note 33 à la fin du volume.

4.21 Zébédée, pécheur de la mer de Galilée, époux de Salomé, qui paraît avoir joui d’une certaine aisance.

4.23 Les synagogues étaient des lieux d’assemblée de religion pour les Juifs ; ils s’y réjouissaient les jours de sabbat et les jours de fête pour prier, lire et entendre la parole de Dieu, et pour y exercer les autres pratiques de leur loi. ― Du royaume ; c’est-à-dire du royaume de Dieu.

4.24 Toute la Syrie. La Syrie désigne dans le Nouveau Testament le pays borné à l’est par l’Euphrate et l’Arabie, au sud par la Palestine, à l’ouest par la mer Méditerranée et la Phénicie, au nord par la chaîne de l’Amanus et du Taurus.

4.25 Voir Marc, 3, 7 ; Luc, 6, 17. ― La Décapole était la confédération de plusieurs villes unies entre elles pour leur commune défense. Quoique le mot Décapole signifie dix villes, le nombre des cités confédérées était variable. La plupart d’entre elles étaient situées à l’est du Jourdain. La capitale, Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à l’ouest du fleuve, est la clef de la Palestine proprement dite. Après Scythopolis, les villes les plus importantes de la Décapole étaient Césarée de Philippe, Asor, Cédès de Nephtali, Séphet, Corozaïn, Capharnaüm, Bethsaïde, Jotapata et Tibériade. Le territoire confédéré s’étendait donc depuis Scythopolis au sud jusqu’au Liban et à Damas au nord ; à l’ouest, il se prolongeait jusqu’à Sidon ; à l’est, il se prolongeait au-delà de Gadara, d’Hippos et de Pella.

5.1 Sur la montagne voisine du lieu où il se trouvait. ― « Si le sermon sur la montagne est l’abrégé de toute la doctrine chrétienne, les huit béatitudes sont l’abrégé de tout le sermon sur la montagne. » (BOSSUET.) ― Cette montagne est, d’après la tradition, celle à laquelle on a donné, en mémoire des huit béatitudes par lesquelles le Sauveur commence son discours, le nom de Mont des Béatitudes, situé au nord-ouest de la ville de Tibériade, à environ deux heures de marche. « Le Mont des Béatitudes ou Kurn-Hattin (Koroun-Hattîn), ainsi que l’appellent les indigènes, ne s’élève à guère plus de 50 mètres au-dessus de la plaine. Son plateau peut avoir une centaine de mètres de long. Les deux extrémités se terminent chacune par une petite éminence, et c’est ce qui lui a fait donner le nom de Kurn-Hattin (les cornes d’Hattîn). Par un temps clair, du haut du Mont des Béatitudes, on voit au sud-ouest le mont Thabor ; à l’est le pays de Galaad et le lac de Tibériade ; au nord-est, à l’horizon, le grand Hermon. » (LIEVIN DE HAMME.)

5.3 Voir Luc, 6, 20. ― Les pauvres d’esprit sont des pauvres de cœur et d’affection. S’ils n’ont point de richesses, ils n’en désirent pas ; s’ils en ont, ils n’y sont point attachés. ― « Bienheureux sont les pauvres d’esprit, c’est-à-dire, non seulement ces pauvres volontaires, qui ont tout quitté pour le suivre, et à qui il a promis le centuple dans cette vie, et dans la vie future la vie éternelle ; mais encore tous ceux qui ont l’esprit détaché des biens de la terre ; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure et sans impatience, qui n’ont pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil, l’injustice, l’avidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le titre majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c’est de rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume. » (BOSSUET.)

5.4 Voir Psaumes, 36, 11 ― La terre, c’est-à-dire la terre des vivants, comme l’appelle l’Ecriture, ou le ciel. ― « Bienheureux ceux qui sont doux. Apprenez de moi que je suis doux, sans aigreur, sans enflure, sans dédain, sans prendre avantage sur personne, sans insulter au malheureux, sans même choquer le superbe ; mais tâchant de le gagner par douceur ; doux même à ceux qui sont aigres, n’opposant point l’humeur à l’humeur, la violence à la violence, mais corrigeant les excès d’autrui par des paroles vraiment douces. ― On est bienheureux dans sa douceur, et on possède la terre. La terre sainte promise à Abraham est appelée une terre coulante de lait et de miel. Toute douceur y abonde ; c’est la figure du ciel et de l’Eglise. Ce qui rend l’esprit aigre, c’est qu’on répand sur les autres le venin et l’amertume qu’on a soi-même. Lorsqu’on a l’esprit tranquille par la jouissance du vrai bien et par la joie d’une bonne conscience, comme on n’a rien d’amer en soi, on n’a que douceur pour les autres ; la vraie marque de l’innocence, ou conservée ou recouvrée, c’est la douceur. » (BOSSUET.)

5.5 Voir Isaïe, 61, 2. ― « Bienheureux ceux qui pleurent, soit qu’ils pleurent leurs misères, soit qu’ils pleurent leurs péchés ; ils sont heureux et ils recevront la consolation véritable, qui est celle de l’autre vie, où toute affliction cesse, où toutes les larmes sont essuyées. » (BOSSUET.)

5.6 « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Faim et soif, c’est une ardeur vive, un désir avide et pressant qui vient d’un besoin extrême. Cherchez le royaume de Dieu et sa justice. La justice règne dans les cieux ; elle doit aussi régner dans l’Eglise qui est souvent appelée le royaume des cieux. Elle règne lorsqu’on rend à Dieu ce qu’on lui doit, car alors on rend aussi pour l’amour de Dieu tout ce qu’on doit à la créature qu’on regarde en lui. On se rend ce qu’on se doit à soi-même, car on s’est donné tout le bien dont on est capable, quand on s’est rempli de Dieu. L’âme alors n’a plus de faim, n’a plus de soif ; elle a sa véritable nourriture. » (BOSSUET.)

5.7 « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Le plus bel effet de la charité, c’est d’être touché des maux d’autrui. Ceux qui sont inflexibles, insensibles, sans tendresse, sans pitié, sont dignes de trouver sur eux un ciel d’airain, qui n’ait ni pluie ni rosée. Au contraire, ceux qui sont tendres à la misère d’autrui auront part aux grâces de Dieu et à sa miséricorde ; il leur sera pardonné comme ils auront pardonné aux autres ; il leur sera donné comme ils auront donné aux autres ; ils recevront selon la mesure dont ils se seront servi envers leurs frères ; c’est Jésus-Christ qui le dit ; et autant qu’ils auront eu de compassion, autant Dieu en aura-t-il pour eux-mêmes. » (BOSSUET.)

5.8 Voir Psaumes, 23, 4. ― « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. Qui pourrait dire la beauté d’un cœur pur ? Une grâce parfaitement nette, un or parfaitement affiné, un diamant sans aucune tache, une fontaine parfaitement claire, n’égalent pas la beauté et la netteté d’un cœur pur. Il faut en ôter toute ordure, et celles principalement qui viennent des plaisirs des sens, car un goutte de ces plaisirs trouble cette belle fontaine. Qu’elle est belle, qu’elle est ravissante cette fontaine incorruptible d’un cœur pur ! Dieu se plaît à s’y voir lui-même comme dans un beau miroir ; il s’y imprime lui-même dans toute sa beauté. Ce beau miroir devient un soleil par les rayons qui le pénètrent ; il est tout resplendissant. La pureté de Dieu se joint à la nôtre qu’il a lui-même opérée en nous, et nos regards épurés le verront briller en nous-mêmes, et y luire d’une éternelle lumière : Bienheureux donc ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (BOSSUET.)

5.9 « Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Dieu est appelé le Dieu de paix. Sa bonté concilie tout. Il a composé cet univers des natures et des qualités les plus discordantes ; il fait concourir ensemble la nuit et le jour, l’hiver et l’été, le froid et le chaud, et ainsi du reste, pour la bonne constitution de l’univers et pour la conservation du genre humain. Jésus-Christ, le Fils unique du Père céleste, est le grand pacificateur, qui a annoncé la paix à ceux qui étaient de loin, et à ceux qui étaient de près, pacifiant par le sang qu’il a répandu sur la croix tout ce qui est dans le ciel et dans la terre, comme dit saint Paul. A l’exemple du Fils unique, les enfants d’adoption doivent prendre le caractère de leur père et se montrer vrais enfants de Dieu par l’amour de la paix. » (BOSSUET.)

5.10 Voir 1 Pierre, 2, 20 ; 3, 14 ; 4, 14. ― « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux leur appartient. Tous ceux qui souffrent pour avoir bien fait, pour avoir donné bon exemple, pour avoir obéi simplement et avoir confondu par leur exemple ceux qui ne vivent pas assez régulièrement, en sorte qu’on se prend à eux des reproches qu’on fait aux autres, souffrent persécution pour la justice. Ceux qui portent leur croix tous les jours et persécutent persévéramment en eux-mêmes leurs mauvais désirs, souffrent persécution pour la justice. C’est ici la dernière et la plus parfaite de toutes les béatitudes, parce que c’est elle qui porte le plus vivement en elle-même l’empreinte et le caractère du Fils de Dieu. » (BOSSUET.)

5.13 Voir Marc, 9, 49 ; Luc, 14, 34.

5.15 Voir Marc, 4, 21 ; Luc, 8, 16 ; 11, 33. ― Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure de capacité pour les solides, qu’on avait dans les maisons, contenant la sixième partie d’un médimne attique, c’est-à-dire environ huit litres et demi. Si l’on voulait cacher sans l’éteindre une lampe allumée, on mettait le boisseau par-dessus.

5.16 Voir 1 Pierre, 2, 12.

5.18 Voir Luc, 16, 17.

5.19 Voir Jacques, 2, 10. ― Sera appelé ; sera regardé, considéré, ou simplement sera, en vertu d’un hébraïsme.

5.20 Voir Luc, 11, 39.

5.21-22 Le jugement est probablement le tribunal qui était établi dans chaque ville et qui se composait de vingt-trois juges ; comme le conseil signifie le tribunal souverain composé de soixante-douze membres, et qui jugeait en dernier ressort les crimes contre la religion et l’Etat. ― Jésus-Christ veut donc dire ici que la haine, la colère, le désir de la vengeance sont aussi criminels aux yeux de Dieu que l’homicide, qui est puni de mort, parce que quiconque conserve de la haine contre son semblable est censé désirer sa mort, et que s’il ne se porte contre lui aux dernières extrémités, c’est uniquement la crainte qui le retient : que dire à son frère des paroles telles que Raca, vil, abject, c’est se rendre coupable devant Dieu des mêmes peines dont le conseil punit les plus grands crimes : qu’enfin, joindre à la haine, aux paroles de mépris, les outrages et les discours infamants, c’est mériter l’enfer, la terre n’ayant point de supplice capable d’expier un tel crime.

5.21 Voir Exode, 20, 13 ; Deutéronome, 5, 17.

5.22 La géhenne du feu ; c’est-à-dire l’enfer. Le nom de géhenne vient de deux mots hébreux désignant une vallée où l’on a autrefois brûlé des victimes humaines, et qui était devenue depuis la voirie de Jérusalem.

5.23 L’autel des holocaustes, placé devant le temple proprement dit, dans la cour des prêtres, sur lequel on offrait et brûlait les victimes des sacrifices.

5.25 Voir Luc, 12, 58. ― Par le ministre, il faut entendre ici l’exécuteur de la justice.

5.26 L’as valait à peu près un sou de notre monnaie.

5.27 Voir Exode, 20, 14.

5.29-30 La géhenne, voir Matthieu, note 5.22.

5.29 Voir Marc, 9, 46 ; Matthieu, 18, 9.

5.31 Voir Deutéronome, 24, 1 ; Matthieu, 19, 7.

5.32 Voir Marc, 10, 11 ; Luc, 16, 18 ; 1 Corinthiens, 7, 10. ― Le Sauveur permet à un mari, en cas d’adultère, de se séparer de sa femme, mais non pas d’en épouser une autre du vivant de sa première.

5.33 Voir Exode, 20, 7 ; Lévitique, 19, 12 ; Deutéronome, 5, 11 ; Jacques, 5, 12. ― Il n’est pas même permis de jurer avec vérité, sans une véritable nécessité.

5.37 Voir Jacques, 5, 12.

5.38 Voir Exode, 21, 24 ; Lévitique, 24, 20 ; Deutéronome, 19, 21.

5.39-42 Et moi, etc. Jésus-Christ veut nous montrer ici que c’est pour nous un véritable devoir de ne rechercher, ni même de désirer la vengeance, et d’être disposés intérieurement à renoncer à ce qui nous est dû toutes les fois que la charité et la gloire de Dieu le demandent. Pour l’exécution à la lettre de ses divines paroles, c’est un simple conseil de perfection propre à nous faire acquérir plus de mérite aux yeux de Dieu.

5.39 Voir Luc, 6, 29.

5.40 Voir 1 Corinthiens, 6, 7. ― Ta tunique, chitôn. C’est le vêtement de dessous qu’on avait coutume de porter sur la peau. ― Ton manteau, imation. Vêtement qu’on mettait par-dessus la tunique.

5.42 Voir Deutéronome, 15, 8.

5.43 Voir Lévitique, 19, 18.

5.44 Voir Luc, 6, 27 ; Romains, 12, 20 ; Luc, 23, 34 ; Actes des Apôtres, 7, 59.

5.46 Les publicains dont parle ici l’Evangile étaient des commis qui recueillaient les impôts, et qui, à plus d’un titre, étaient regardés comme des gens vils et méprisables.

6.5 Les Juifs priaient ordinairement debout ; mais cet usage n’était point général, tantôt ils se tenaient à genoux, et tantôt ils se prosternaient le visage contre terre.

6.6 Jésus-Christ ne défend point ici les prières publiques qui se font dans les assemblées des fidèles, puisqu’il nous dit lui-même qu’il se trouve au milieu de deux ou trois personnes rassemblées pour prier en son nom ; mais il veut que dans les prières particulières et de simple dévotion chacun se retire dans le secret pour prier avec plus de recueillement et pour éviter l’ostentation. Il ne condamne pas non plus d’une manière absolue les longues prières, puisque lui-même a passé quelquefois les nuits à prier ; il s’élève seulement contre l’abus qu’en faisaient les Juifs à l’imitation des païens, qui croyaient se rendre plus aisément leurs dieux propices lorsqu’ils parlaient beaucoup en priant.

6.9 Voir Luc, 11, 2. ― « Notre Père. Dès ce premier mot de l’oraison dominicale le cœur se fond en amour. Dieu veut être notre Père par une adoption particulière. Il a un Fils unique qui lui est égal, en qui il a mis sa complaisance ; il adopte les pécheurs. Les hommes n’adoptent des enfants que lorsqu’ils n’en ont point ; Dieu qui avait un tel Fils, nous adopte encore. L’adoption est un effet de l’amour ; car on choisit celui qu’on adopte ; la nature donne les autres enfants, l’amour seul fait les adoptifs. Dieu qui aime son Fils unique de tout son amour, et jusqu’à l’infini, étend sur nous l’amour qu’il a pour lui. ― Notre Père qui êtes dans les cieux. Vous êtes partout, mais vous êtes dans les cieux comme dans le lieu où vous rassemblez vos enfants, où vous vous montrez à eux, où vous leur manifestez votre gloire, où vous leur avez assigné leur héritage. » (BOSSUET.)

6.9-10 « Votre nom soit sanctifié ; votre règne arrive ; votre volonté soit faite en la terre comme au ciel. C’est la perpétuelle continuation de l’exercice d’aimer. Sanctifier le nom de Dieu, c’est le glorifier en tout et ne respirer que sa gloire. Désirer son règne, c’est vouloir lui être soumis de tout son cœur, et vouloir qu’il règne sur nous, et non seulement sur nous, mais encore sur toutes les créatures. Son règne est dans le ciel, son règne éclatera sur toute la terre dans le dernier jugement. » (BOSSUET.)

6.11 « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour. C’est ici le vrai discours d’un enfant qui demande en confiance à son père tous ses besoins jusqu’aux moindres. O notre Père, vous nous avez donné un corps mortel ; vous ne l’avez pas fait tel d’abord ; mais nous vous avons désobéi, et la mort est devenue notre partage. Le corps infirme et mortel a besoin tous les jours de nourriture ; ou il tombe en défaillance, ou il périt. Donnez-la nous simple, donnez-la nous autant qu’elle est nécessaire. Que nous apprenions en la demandant que c’est vous qui la donnez, de jour à jour. Vous donnez à vos enfants, à vos serviteurs, à vos soldats, si on veut qu’ils combattent sous vos étendards, vous leur donnez chaque jour leur pain. Que nous le demandions avec confiance ; que nous le recevions comme de votre main avec action de grâce ! » (BOSSUET.)

6.12 « Pardonnez-nous comme nous pardonnons. C’est une chose admirable comment Dieu fait dépendre le pardon que nous attendons de lui, de celui qu’il nous ordonne d’accorder à ceux qui nous ont offensés. Non content d’avoir partout inculqué cette obligation, il nous la met à nous-mêmes à la bouche dans la prière journalière, afin que si nous manquions à pardonner, il nous dise comme à ce mauvais serviteur : Je te juge par ta propre bouche, mauvais serviteur. Tu m’as demandé pardon, à condition de pardonner ; tu as prononcé ta sentence, lorsque tu as refusé de pardonner à ton frère. Va-t’en au lieu malheureux où il n’y a plus ni pardon ni miséricorde. » (BOSSUET.)

6.13 « Ne nous induisez point en tentation. On ne prie par seulement pour s’empêcher de succomber à la tentation, mais pour la prévenir, conformément à cette parole : Veillez et priez, de peur que vous n’entriez en tentation. Non seulement de peur que vous n’y succombiez, mais de peur que vous n’y entriez. Il faut entendre par ces paroles la nécessité de prier en tout temps, et quand le besoin presse, et avant qu’il ne presse. N’attendez pas la tentation ; car alors le trouble et l’agitation de l’esprit vous empêcheront de prier. Priez avant la tentation et prévenez l’ennemi. ― Délivrez-nous du mal. L’Eglise explique : Délivrez-nous de tout mal passé, présent et à venir. Le mal passé, mais qui laisse de mauvais restes, c’est le péché commis ; le mal présent, c’est le péché où nous sommes encore ; le mal à venir, c’est le péché que nous avons à craindre. Tous les autres maux ne sont rien qu’autant qu’ils nous portent au péché par le murmure et l’impatience. C’est principalement en cette vue que nous demandons d’être délivrés des autres maux. Délivrez-nous du mal. Délivrez-nous du péché et de toutes les suites du péché, par conséquent de la maladie, de la douleur, de la mort ; afin que nous soyons parfaitement libres. Alors aussi nous serons souverainement heureux. » (BOSSUET.)

6.14 Voir Ecclésiastique, 28, 2-5 ; Matthieu, 18, 35 ; Marc, 11, 25.

6.20 Voir Luc, 12, 33 ; 1 Timothée, 6, 19.

6.22 Voir Luc, 11, 34.

6.24 Voir Luc, 16, 13. ― Jésus-Christ ne défend pas absolument aux chrétiens d’avoir des biens temporels, mais seulement d’y attacher leurs cœurs et d’en être les esclaves.

6.25 Voir Psaumes, 54, 23 ; Luc, 12, 22 ; Philippiens, 4, 6 ; 1 Timothée, 6, 7 ; 1 Pierre, 5, 7.

6.26-28 « Regardez les oiseaux du ciel. Voyez les lis des champs. Jésus-Christ nous apprend dans ce sermon admirable, à considérer la nature, les fleurs, les oiseaux, les animaux, notre corps, notre âme, notre accroissement insensible, afin d’en prendre occasion de nous élever à Dieu. Il nous fait voir toute la nature d’une manière plus relevée, d’un œil plus perçant, comme l’image de Dieu. Le ciel est son trône ; la terre est l’escabeau de ses pieds ; la capitale du royaume est le siège de son empire ; son soleil se lève, la pluie se répand pour nous assurer de sa bonté. Tout nous en parle : il ne s’est pas laissé sans témoignage. » (BOSSUET.)

6.30 Est jetée dans le four. Comme le bois est rare dans plusieurs parties de la Palestine, on se sert d’herbes sèches pour faire cuire le pain.

6.32 Les païens qui n’avaient point d’espérance solide, mettaient toute leur confiance dans leur travail et dans leur industrie. Un chrétien doit travailler de manière à attendre tout de la main et de la bénédiction de Dieu.

7.1 Voir Luc, 6, 37 ; Romains, 2, 1. ― Ne jugez point ; c’est-à-dire n’allez pas vous informer par des motifs de curiosité, des mœurs et des actions des autres, pour les soumettre à votre jugement et les y condamner.

7.2 Voir Marc, 4, 24.

7.3 Ce verset et les suivants contiennent différentes manières de parler proverbiales.

7.7 Voir Matthieu, 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Luc, 11, 9 ; Jean, 14, 13 ; Jacques, 1, 6.

7.9 Voir Luc, 11, 11.

7.12 Voir Tobie, 4, 16 ; Luc, 6, 31.

7.13 Voir Luc, 13, 24.

7.15 Les Hébreux comprenaient par prophètes non seulement ceux qui prédisaient l’avenir, mais en général aussi quiconque se donnait pour inspiré ou qui se mêlait d’interpréter l’Ecriture et d’enseigner. Et, sous le nom de faux prophètes, les Pères ont compris ici tous les faux docteurs, juifs ou chrétiens.

7.19 Voir Matthieu, 3, 10.

7.21 Voir Matthieu 25, 11 ; Luc, 6, 46.

7.22-23 La prophétie et le don des miracles ne sont pas toujours des preuves certaines de la sainteté et du mérite de ceux à qui Dieu en fait part ; témoin Balaam et Judas lui-même (voir Nombres, 24, 17 ; Matthieu, 10, 1).

7.22 Voir Actes des Apôtres, 19, 13.

7.23 Voir Psaumes, 6, 9 ; Matthieu, 25, 41 ; Luc, 13, 27.

7.24 Voir Luc, 6, 48 ; Romains, 2, 13 ; Jacques, 1, 22.

7.29 Voir Marc, 1, 22 ; Luc, 4, 32.

8.2 Voir Marc, 1, 40 ; Luc, 5, 12. ― Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux de la loi celui qui en était atteint.

8.4 Voir Lévitique, 14, 2. ― En témoignage pour eux ; c’est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. ― Le mot eux peut signifier par hébraïsme : à chacun des prêtres, ou bien : à la foule du peuple dont il est parlé au premier verset.

8.5 Voir Luc, 7, 1. ― Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13. ― Un centurion. Le centurion était le chef d’une centurie légionnaire, c’est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et une branche de vigne qui lui servait à châtier ceux de ses hommes qui enfreignaient les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats.

8.6 Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement seul, ou du sentiment seul. C’est ce qu’ont reconnu tous les médecins tant anciens que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extrêmement, même dans les parties paralysées, puisqu’il suffisait que les nerfs moteurs furent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pouvaient, par là même, servir d’instruments à la douleur.

8.8 Voir Luc, 7, 6.

8.11 Voir Malachie, 1, 11.

8.12 Les ténèbres extérieures désignent l’enfer. Jésus-Christ continue l’allégorie d’un festin. Or dans les festins, la salle était toujours bien éclairée ; de sorte que ceux qui en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grinçant des dents de dépit et de rage.

8.16 Voir Marc, 1, 32. ― On a voulu expliquer les possessions dont il est parlé dans les évangélistes par de simples maladies ou par un dérèglement de l’imagination, ou par des possessions purement spirituelles, ou enfin par le seul emportement des passions. Mais les termes dont se sont servis les écrivains sacrés et Jésus-Christ lui-même sont trop clairs et trop explicites pour qu’on puisse les entendre autrement que l’Eglise les a toujours entendus, c’est-à-dire des possessions dans les lesquelles le démon agit sur les corps.

8.17 Voir Isaïe, 53, 4 ; 1 Pierre, 2, 24.

8.18 De la mer de Galilée.

8.20 Voir Luc, 9, 58.

8.23 Voir Marc, 4, 36 ; Luc, 8, 22.

8.24 « Il n’y a de tempête sur la mer de Tibériade que par les vents d’ouest. Venant de la côte de Capharnaüm, ils devaient chasser la barque avec violence et l’empêcher d’aborder. » (J.-H. MICHON.)

8.28 Voir Marc, 5, 1 ; Luc, 8, 26. ― Voir Matthieu, note 8.16 sur les possessions. ― Gérasa (le texte grec porte : Gergésa) était situé, d’après l’opinion commune, à l’endroit où sont aujourd’hui les ruines informes de Khersa sur la rive gauche de l’ouadi es-Semak, qui se jette dans le lac de Génésareth à l’est. Là entre l’ouadi es-Semak et l’ouadi Fik, vis-à-vis de la ville de Tibériade, cessent les collines et commence la plaine qui s’étend au nord sur la rive orientale du lac. Les ruines de Khersa sont entourées d’un mur. Un peu au sud, en un seul endroit, sont des rochers très escarpés qui s’avancent en pointe dans la mer de Galilée et c’est de là que les porcs poussés par les démons durent se précipiter dans les flots. Partout ailleurs il y a une bande de terre cultivable entre les montagnes et le lac. ― Sortant des sépulcres. Les tombeaux chez les Juifs pouvaient servir d’habitation. C’étaient des cavernes ou des excavations artificielles au milieu des jardins ou des champs ou dans les flancs des montagnes. Ils étaient souvent assez vastes, renfermant des cours avec des chambres souterraines, disposées le long de corridors et remplies de niches où l’on plaçait des cadavres ; on fermait ensuite la niche avec une pierre. Sur plusieurs de ces tombeaux on élevait des édicules. Les démoniaques dont parle saint Matthieu pouvaient habiter dans l’un de ces édicules ou dans les corridors du tombeau.

8.30 Voir Marc, 5, 11 ; Luc, 8, 32.

8.32 Le troupeau tout entier se précipita dans la mer. Voir Matthieu, note 21.19.

8.34 Voir Marc, 5, 17 ; Luc, 8, 37.

9.1 Dans sa ville. Capharnaüm, où il habitait alors ordinairement.

9.2 Voir Marc, 2, 3 ; Luc, 5, 18.

9.9 Voir Marc, 2, 14 ; Luc, 5, 27.

9.13 Voir Osée, 6, 6 ; Matthieu, 12, 7 ; 1 Timothée, 1, 15.

9.14 Voir Marc, 2, 18 ; Luc, 5, 33.

9.15 Les fils de l’époux, pour les amis et les compagnons de l’époux ; hébraïsme. ― Les amis de l’époux étaient chargés de faire tous les préparatifs des noces et prenaient part ensuite aux fêtes du mariage qui duraient ordinairement sept jours.

9.17 Des outres. Les Orientaux se servent d’outres de peau de chèvre, de chameau ou d’âne pour conserver le vin et les autres liquides.

9.18 Voir Marc, 5, 22 ; Luc, 8, 41. ― Un chef de synagogue ; c’est ainsi que cet homme est qualifié dans saint Marc et dans saint Luc. ― Son nom était Jaïre.

9.20 Voir Marc, 5, 25 ; Luc, 8, 43. ― Selon la loi, les Hébreux étaient obligés de porter des franges aux quatre coins de leurs manteaux (voir Nombres, 15, 38 ; Deutéronome, 22, 12).

9.23 Les joueurs de flûte et la foule. Les pleureuses et les joueurs de flûte étaient un accompagnement ordinaire des funérailles. Voir Jérémie, 9, 17.

9.28 Cela ; c’est-à-dire ce que vous me demandez.

9.30 Jésus-Christ fait cette défense pour nous donner l’exemple de l’humilité. Nous ne devons pas aimer qu’on publie nos vertus et nos bienfaits : à Dieu seul appartient l’honneur et la gloire.

9.32 Voir Matthieu, 12, 22 ; Luc, 11, 14.

9.34 Par le prince des démons ; c’est-à-dire par la puissance du prince des démons, comme si Jésus-Christ avait eu des intelligences avec Satan.

9.35 Voir Marc, 6, 6.

9.37 Voir Luc, 10, 2.

10.1 Voir Marc, 3, 13 ; Luc, 6, 13 ; 9, 1.

10.4 Judas Iscariote, c’est-à-dire de Carioth, ville de la tribu de Juda (voir Josué, 15, 25).

10.5 Les Samaritains, ainsi nommés parce qu’ils habitaient la Samarie, étaient les descendants des étrangers transportés dans ce pays après la ruine du royaume d’Israël, et les ennemis invétérés des Juifs. Voir 4 Rois, chapitre 17.

10.6 Voir Actes des Apôtres, 13, 46.

10.9 Voir Marc, 6, 8 ; Luc, 9, 3 ; 10, 4. ― On portait autrefois la bourse suspendue à la ceinture ; on mettait aussi l’argent dans la ceinture elle-même, qui était creuse et large, comme le sont encore la plupart de celle des Orientaux.

10.15 Sodome avait été détruite, de même que Gomorrhe, à cause de ses crimes, par la vengeance divine (voir Genèse, 19, 24), qui fit pleuvoir sur elles une pluie de soufre et de feu.

10.16 Voir Luc, 10, 3.

10.18 En témoignage pour eux et pour les nations ; c’est-à-dire pour servir de témoignage et de preuve irrécusable du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du salut, et de l’opiniâtreté avec laquelle ils l’ont refusée.

10.23 Voir Marc, 8, 39, Luc, 9, 27. ― Jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme… Voir Matthieu, note 16.28 et Jean, note 21.22.

10.24 Voir Luc, 6, 40 ; Jean, 13, 16 ; 15, 20.

10.25 Béelzébub était le nom d’une idole des Philistins. Les Juifs donnaient ce nom au démon, parce que les faux dieux sont des démons.

10.26 Voir Marc, 4, 22 ; Luc, 8, 17 ; 12, 2.

10.27 Sur les toits. Les toits des maisons orientales sont en forme de terrasse. Voir Marc, note 2.4.

10.28 Dans la géhenne. Voir Matthieu, note 5.22.

10.29 Voir 2 Rois, 14, 11 ; Actes des Apôtres, 27, 34. ― Un as. Comparer à Matthieu, 5, 26. ― Sans votre Père ; c’est-à-dire sans la volonté, sans l’ordre de votre Père. Le Sauveur veut faire entendre ici à ses apôtres qu’ils sont sous la protection spéciale du Père céleste, et que, par conséquent, ils n’ont rien à craindre de la part des hommes.

10.32 Voir Marc, 8, 38 ; Luc, 9, 26 ; 12, 8 ; 2 Timothée, 2, 12.

10.34 Voir Luc, 12, 51. ― L’Evangile est ce glaive qui sépare un fils de son père, quand ce père veut persister dans son infidélité, etc. Et le verset suivant n’est que l’explication de celui-ci.

10.36 Voir Michée, 7, 5.

10.37 Voir Luc, 14, 26.

10.38 Voir Matthieu, 16, 24 ; Marc, 8, 34 ; Luc, 14, 27.

10.39 Voir Matthieu, 16, 25 ; Luc, 9, 24 ; 17, 33 ; Jean, 12, 25. ― Celui qui sauvera sa vie (Qui invenit animam suam) ; c’est-à-dire qui tient beaucoup à sa vie, qui tient par-dessus tout à la conserver. Le mot vie (âme en grec et en latin), désigne la vie passagère du corps et la vie éternelle de l’âme. Notre-Seigneur joue ici et dans les passages parallèles sur ces deux sens. Dans l’Ecriture, le mot âme (anima), ou substance spirituelle, se prend en effet aussi pour la vie et les biens de ce monde, et pour la personne même, le soi.

10.40 Voir Luc, 10, 16 ; Jean, 13, 20.

10.42 Voir Marc, 9, 40.

11.1 Par les villes des douze apôtres, on peut entendre celles de la Galilée, où les apôtres étaient tous ou presque tous nés.

11.2 Voir Luc, 7, 18. ― Saint Jean-Baptiste était prisonnier à Machéronte, à l’est de la mer Morte. Voir Matthieu, note 14.3.

11.5 Voir Isaïe, 35, 5 ; 61, 1.

11.7 Voir Luc, 7, 24.

11.10 Voir Malachie, 3, 1 ; Marc, 1, 2 ; Luc, 7, 27.

11.14 La prophétie de Malachie (voir Malachie, 4, 5-6), dont l’objet littéral est l’avènement personnel d’Elie, qui doit précéder le dernier avènement, se trouve aussi vérifiée dans un premier sens moins littéral en la personne de Jean-Baptiste, qui fut suscité dans l’esprit et dans la vertu d’Elie (voir Luc, 1, 17) pour précéder le Messie, au temps de son dernier avènement. Les Juifs, qui confondaient ce double avènement du Messie, attendaient alors Elie même en personne.

11.21 Voir Luc, 10, 13. ― Corozaïn, bourgade de Galilée, qui n’est mentionnée ni dans l’Ancien Testament ni dans Josèphe. Saint Jérôme dit qu’elle était située à deux mille romains de Capharnaüm, sur les bords du lac de Génésareth. Beaucoup la placent aujourd’hui au nord de Capharnaüm dans la plaine. ― Bethsaïde, ville de Galilée, dont le nom signifie maison de pêche, située sur la rive occidentale du lac de Génésareth, non loin de Capharnaüm. Il y avait à l’extrémité septentrionale du lac, à l’est, près du Jourdain, une autre Bethsaïde, qui faisait partie de la Gaulonitide ; elle fut agrandie par Philippe le tétrarque et reçut le surnom de Julias, en l’honneur de Julie, fille de l’empereur Auguste. D’après plusieurs interprètes, la Bethsaïde dont il est question dans saint Luc, 9, 10, et aussi dans saint Marc, 8, 22, est Bethsaïde-Julias ; dans tous les autres passages du Nouveau Testament où Bethsaïde est nommée, il faut entendre celle de Galilée. ― Tyr et Sidon. Voir Marc, 3, 8.

11.23 Capharnaüm. Voir Matthieu, 8, 5.

11.27 Voir Jean, 6, 46 ; 7, 28 ; 8, 19 ; 10, 15.

11.29 Voir Jérémie, 6, 16.

11.30 Voir 1 Jean, 5, 3.

12.1 Voir Marc, 2, 23 ; Luc, 6, 1. ― La loi mosaïque permettait à ceux qui avaient faim de cueillir quelques épis dans un champ (voir Deutéronome, 23, 25).

12.3 Voir 1 Rois, 21, 6.

12.4 Voir Lévitique, 24, 9. ― Les pains de proposition sont ceux qu’on exposait tous les samedis sur la table d’or devant le Seigneur.

12.5 Voir Nombres, 28, 9.

12.6 Que le temple, en grec, hiéron. Voir Matthieu, note 21.12.

12.7 Voir 1 Rois, 15, 22, Ecclésiaste, 4, 17 ; Osée, 6, 6 ; Matthieu, 9, 13.

12.9 Dans leur synagogue. Voir Matthieu, 4, 23.

12.10 Voir Marc, 3, 1 ; Luc, 6, 6.

12.11 Voir Deutéronome, 22, 4. ― On a prétendu qu’il n’est pas permis aux Juifs, de retirer, le jour du sabbat, une bête d’un puits ou d’une fosse où elle serait tombée, et que, par conséquent, le discours de Jésus-Christ n’est pas conforme à la vérité. Nous convenons que cette défense existe, mais elle est bien postérieure au temps de Jésus-Christ.

12.18-21 Ce texte d’Isaïe (voir Isaïe, 42, 1-4) s’applique à Jésus-Christ même dans le sens littéral. En effet, Jésus-Christ était Fils coéternel et consubstantiel au Père par sa nature divine, mais il s’est rendu son serviteur, comme le dit saint Paul, (voir Philippiens, 2, 2 (?)), en se revêtant de la chair et des infirmités humaines.

12.18 Voir Isaïe, 42, 1.

12.24 Voir Matthieu, 9, 34 ; Marc, 3, 22 ; Luc, 11, 15. ― Béelzébub. Voir Matthieu, 10, 25.

12.25 Voir Luc, 11, 17.

12.29 Le fort, ou le fort armé, comme l’appelle saint Luc (voir Luc, 11, 21), était le latriensis des anciens, c’est-à-dire un officier fidèle et vaillant à qui l’on confiait la garde d’une maison.

12.30 Jésus-Christ parle ici à des pharisiens, qui, par le seul refus qu’ils faisaient de croire en lui, formaient une opposition des plus fortes à la prédication de l’Evangile. Car, comme ils étaient les plus accrédités des Juifs, leur exemple empêchait un grand nombre de conversions.

12.31 Voir Marc, 3, 28-29 ; Luc, 12, 10.

12.32 Il résulte du contexte même que le péché contre le Saint-Esprit, dont il est ici parlé, consiste à attribuer au démon les miracles du Sauveur. Or ce péché est dit irrémissible, parce qu’il est moralement impossible d’en obtenir la rémission, attendu qu’il y a une malice intrinsèque naturellement opposée au pardon. Il faudrait pour cela un miracle de la grâce que Dieu n’accorde pas selon le cours ordinaire de sa providence. D’un autre côté, c’est un dogme de la foi catholique qu’il n’y a aucun péché absolument irrémissible, l’Eglise ayant reçu le pouvoir de remettre tous les péchés sans exception, et Dieu, dans sa miséricorde, pouvant toucher le cœur du pécheur le plus endurci.

12.34 Voir Luc, 6, 45.

12.37 Car c’est par tes paroles, etc. Il paraît que c’est un proverbe que l’évangéliste rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier.

12.39 Voir Matthieu, 16, 4 ; Luc, 11, 29 ; 1 Corinthiens, 1, 22 ; Jonas, 2, 1.

12.40 Si l’on a égard à la manière dont les Juifs divisaient le temps, on reconnaîtra sans peine que le corps de Jésus-Christ est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.

12.41 Voir Jonas, 3, 5.

12.42 Voir 3 Rois, 10, 1 ; 2 Paralipomènes, 9, 1. ― La reine du midi ; c’est-à-dire la reine de Saba, province d’Arabie située au sud de la Judée.

12.43 Voir Luc, 11, 24.

12.45 Voir 2 Pierre, 2, 20.

12.46 Voir Marc, 3, 31 ; Luc, 8, 19. ― On sait que chez les anciens et surtout chez les Hébreux le mot frère se prenait dans le sens de cousin et de proche en général. ― Sur les frères du Sauveur, voir la note 34 de M. Glaire à la fin du volume.

12.48-50 La réponse du Sauveur signifie, selon l’explication des Pères, que quand il s’agit de la gloire et des intérêts de Dieu, on ne doit considérer ni parents ni amis ; pas plus qu’on ne doit considérer la chair et le sang, dès qu’ils s’opposent à ce que Dieu demande de nous. Enfin Jésus-Christ nous apprend par là qu’il préfère aux parents et aux amis selon la chair, ceux qui lui sont attachés selon l’esprit, ceux qui l’écoutent, qui l’aiment et qui le suivent. Ainsi sa réponse n’avait nullement pour but de montrer du mépris pour sa mère et ses parents.

13.1 Jésus étant sorti de la maison, probablement à Capharnaüm, où il demeurait depuis le commencement de son ministère (voir Matthieu, 4, 13). ― S’assit sur le bord de la mer de Galilée ou lac de Tibériade.

13.2 Voir Marc, 4, 1 ; Luc, 8, 4.

13.3 En paraboles. Sur les paraboles de l’Evangile, voir la note 35 à la fin du volume.

13.12 Voir Matthieu, 25, 29.

13.13 Il ne s’agit ici que des mystères du royaume de Dieu, et non des préceptes évangéliques que tous doivent entendre et pratiquer. Or Jésus-Christ ne proposait qu’en paraboles les mystères aux Juifs, afin de les punir de l’aveuglement de leur esprit et de l’endurcissement de leur cœur. Voir Marc, 4, 12.

13.14 Voir Isaïe, 6, 9 ; Marc, 4, 12 ; Luc, 8, 10 ; Jean, 12, 40 ; Actes des Apôtres, 28, 26 ; Romains, 11, 8.

13.17 Voir Luc, 10, 24.

13.23 Ou cent, etc. ; littéralement autre cent, etc.

13.24 Voir Marc, 4, 26.

13.25 L’ivraie est une plante annuelle, de la famille des graminées et de la tribu des hordéacées. Il en existe plusieurs espèces. Celle de la parabole est le Lolium temulentum ou ivraie enivrante. Elle est commune dans les moissons d’Europe comme en Palestine. « L’ivraie enivrante est la seule graminée qui possède des propriétés malfaisantes. Son nom lui vient de l’espèce d’ivresse qu’elle occasionne. Ses semences mêlées au blé, ont souvent produit des symptômes d’empoisonnement, des nausées, des vertiges. » (CHENU.) Par la cuisson, l’action de la chaleur lui enlève ses propriétés malfaisantes. ― Son ennemi sema de l’ivraie. « Notre-Seigneur n’a rien imaginé ici, mais il parle d’un acte de malice qui a dû être connu de ses auditeurs. La loi romaine le suppose et un écrivain moderne (ROBERTS), en parlant des coutumes et des mœurs de l’Orient, affirme qu’il est également pratiqué dans l’Inde. « Voyez, dit-il, ce coquin attentif au moment où son voisin labourera son champ ; dès que le champ est ensemencé, il s’y rend à son tour, de nuit, et y répand ce que les natifs appellent pandinellu, c’est-à-dire de l’ivraie ; elle croît avant la bonne semence et se propage rapidement, tellement que le malheureux propriétaire du champ doit attendre des années avant de pouvoir se débarrasser de cette plante nuisible. » (TRENCH, L’ivraie.)

13.29-30 L’ivraie, avant de s’être développée, ressemble si fort au froment, qu’il est très difficile de distinguer les deux plantes l’une de l’autre. Mais « quand le blé commence à former l’épi, l’ivraie fait de même, et alors un enfant ne peut plus la confondre avec le froment ou avec l’orge. Auparavant le triage serait impossible. Les cultivateurs eux-mêmes qui, en Palestine, ont l’habitude d’arracher les mauvaises herbes dans leurs champs, n’essaient point d’enlever l’ivraie. » (THOMSON.)

13.31 Voir Marc, 4, 31 ; Luc, 13, 19. ― Un grain de sénevé ou de moutarde. La sinapis nigra ou moutarde noire de Palestine est une plante annuelle, aux rameaux nombreux et à larges feuilles. Tous les voyageurs rapportent qu’en Terre Sainte, elle atteint, même à l’état sauvage, de grandes proportions et s’élève souvent à plus de trois mètres de hauteur, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent se reposer littéralement sur ses rameaux.

13.32 Il devient un arbre. Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel sont les Apôtres.

13.33 Voir Luc, 13, 21. ― Trois mesures de farine, trois sata, c’est-à-dire environ 39 litres.

13.35 Voir Psaumes, 77, 2.

13.36 Voir Marc, 4, 34.

13.39 Voir Apocalypse, 14, 15. ― La consommation du siècle ; c’est-à-dire la fin du monde.

13.43 Voir Sagesse, 3, 7 ; Daniel, 12, 3.

13.44 « Saint Augustin nous dit que le champ dans lequel on peut trouver le céleste trésor n’est autre que la vraie Eglise, parce que dans l’Eglise seule nous pouvons trouver dans toute leur pureté et les dogmes révélés de Dieu, et les lois qu’il nous a imposées, et le culte qu’il exige. » (VENTURA DE RAULICA.)

13.54 Voir Marc, 6, 1 ; Luc, 4, 16. ― Etant venu dans son pays, Nazareth.

13.55-56 Ses frères, ses sœurs, c’est-à-dire ses cousins, ses cousines, ses parents en général. Voir Matthieu, note 12.46. ― Jacques est saint Jacques le Mineur, un des douze apôtres. Jude est l’apôtre saint Jude, l’auteur de l’épître catholique qui porte son nom. Simon fut le successeur de saint Jacques le Mineur, son frère, sur le siège de Jérusalem. On ne connaît de Joseph (ou Josès, comme l’appelle le texte grec) que son nom. Ces quatre cousins de Notre-Seigneur étaient fils de Cléophas, et d’une Marie qui était sœur aînée de la sainte Vierge, suivant les uns ; sa belle-sœur suivant les autres, Cléophas étant le frère de saint Joseph, époux de la sainte Vierge.

13.55 Voir Jean, 6, 42.

13.58 A cause de leur incrédulité ; pour les punir de leur incrédulité.

14.1 Voir Marc, 6, 14 ; Luc, 9, 7. ― On donnait le titre de tétrarques à des princes qui gouvernaient la quatrième partie d’un royaume démembré. ― Hérode le tétrarque s’appelait aussi Antipas et il était fils, comme Archélaüs (voir Matthieu, 2, 22), d’Hérode le Grand et de Malthace la Samaritaine. Après la mort de son père, il devint tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Il épousa d’abord une fille du roi arabe Arétas mais se lia ensuite avec Hérodiade, sa nièce, femme de son demi-frère, Hérode Philippe (voir Matthieu, 14, 3). Cette liaison coupable fit de lui le meurtrier de saint Jean-Baptiste et amena plus tard sa ruine, comme il est dit à la Matthieu, note 14.3. C’est à cet Hérode que Pilate envoya Notre-Seigneur, (voir Luc, 23, 7-12). C’était un esprit faible, superstitieux, rusé et sans principes (voir Luc, 13, 31-32). Exilé à Lyon, en l’an 39, il fut transféré ensuite en Espagne, où il mourut.

14.3 Voir Marc, 6, 17 ; Luc, 3, 19. ― Hérodiade était fille d’Aristobule, un des fils d’Hérode le Grand et de Marianne ; elle était sœur d’Hérode Agrippa Ier. Elle épousa d’abord Hérode Philippe Ier, mais elle le quitta pour Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand, comme Philippe Ier, mais par une autre femme. Hérode Antipas était déjà marié depuis longtemps avec une fille d’Arétas, roi d’Arabie. Ce dernier, pour venger l’affront fait à sa fille, attaqua l’armée d’Hérode et la tailla en pièces. Le peuple, raconte Josèphe, considéra cette défaite comme une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, commis peu auparavant pour plaire à Hérodiade et à sa fille Salomé. Ce ne fut pas du reste le seul châtiment que Hérodiade attira sur Antipas. Cette femme ambitieuse le pressa d’aller à Rome pour y obtenir le titre de roi. Les émissaires d’Agrippa combattirent ses prétentions à la cour de Caligula et il fut exilé à Lyon, l’an 39 de notre ère. Sa coupable épouse l’y accompagna et c’est là qu’elle mourut. ― Philippe, le mari légitime d’Hérodiade, fils d’Hérode le Grand et de Marianne, avait été déshérité par son père et vécut comme simple particulier. C’est sans doute ce qui porta l’ambitieuse Hérodiade à l’abandonner pour Hérode Antipas. Il ne faut pas confondre ce Philippe avec son demi-frère Philippe le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide dont parle saint Luc, 3, 1.

14.4 La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sœur, même divorcés (voir Lévitique, 18, 16).

14.5 Voir Matthieu, 21, 26.

14.6 La fille d’Hérodiade qui se fit donner par Hérode Antipas la tête de saint Jean-Baptiste, en récompense de ses danses, s’appelait Salomé. Elle était fille d’Hérode Philippe Ier, l’époux légitime d’Hérodiade. Elle épousa en première noces Philippe, tétrarque de Trachonitide, et plus tard Aristobule, roi de Chalcis.

14.10 Dans la prison. Josèphe nous apprend que saint Jean-Baptiste était emprisonné à Machéronte (Machærus, aujourd’hui M’Kaur), à l’est de la mer Morte. C’était une forteresse construite par Alexandre fils d’Hyrcan Ier. Hérode le Grand en avait fait la place la plus forte de la Pérée. La citadelle, située sur une colline de rochers très élevés, au milieu de vallées profondes, était entourée d’une enceinte haute de 160 coudées, qui enfermaient le palais royal. Elle est à 1158 mètres au-dessus de la mer Morte, à 764 mètres au-dessus de la Méditerranée.

14.13 Voir Marc, 6, 31 ; Luc, 9, 10 ; Jean, 6, 1. ― Des villes ; c’est-à-dire des villes voisines. ― Le lieu désert où Jésus se retira se trouvait dans les environs de Bethsaïde-Julias, au nord-est du lac de Tibériade (voir Matthieu, 11, 21), dans la tétrarchie de Philippe, prince d’un caractère doux, pacifique. Voir Luc, note 3.1. La région qui s’étend au nord-est du lac est peu peuplée, parce qu’elle est moins arrosée et par suite moins fertile.

14.17 Voir Jean, 6, 9.

14.19 Il les bénit. Comparer à Luc, 9, 6.

14.22 Voir Marc, 6, 45.

14.23 Voir Jean, 6, 15. ― Sur la montagne ; c’est-à-dire la montagne voisine. Comparer à Matthieu, 5, 1.

14.25 Du temps de Jésus-Christ, les Juifs partageaient la nuit en quatre veilles égales entre elles, à la manière des Grecs et des Romains. ― La première veille commençait au coucher du soleil ; la seconde, appelée minuit, commençait vers neuf heures et se prolongeait jusqu’au milieu de la nuit ; la troisième, appelée le chant du coq ; se terminait vers trois heures du matin ; la quatrième finissait à la pointe du jour.

14.34 Voir Marc, 6, 53. ― Génésar ou Génésareth. La terre de Génésar était sur le bord du lac de Génésareth ou de Tibériade, à l’ouest, probablement à l’endroit appelé aujourd’hui el-Ghoueir, entre Khan Minyèh et Medjdel. Josèphe dit que cette terre était très fertile et d’une grande beauté.

14.36 La frange de ses vêtements. Comparer à Matthieu, 9, 20.

15.1 Voir Marc, 7, 1.

15.2 Voir Marc, 7, 5. ― Manger du pain ou manger le pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la nourriture, faire un repas. ― La tradition des anciens, c’est-à-dire des ancêtres, désigne les préceptes pour la plupart rituels qui, d’après les Juifs d’alors, avaient été donnés oralement par Moïse et transmis oralement jusqu’à eux soit pour expliquer la loi, soit pour la compléter. Ils y attachaient la même importance qu’à la loi écrite. Le précepte de laver les mains avant de manger était une addition à la loi écrite. Dans saint Marc, 7, 7, Jésus appelle cette tradition la tradition des hommes, par opposition avec la véritable loi de Dieu.

15.4 Voir Exode, 20, 12 ; Deutéronome, 5, 16 ; Ephésiens, 6, 2 ; Exode, 21, 17 ; Lévitique, 20, 9 ; Proverbes, 20, 20. ― Mourra de mort ; c’est-à-dire il mourra infailliblement, il sera puni de mort sans rémission. Dans la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours.

15.8 Voir Isaïe, 29, 13 ; Marc, 7, 6.

15.9 Jésus-Christ veut censurer ici les commandements contraires à la loi de Dieu, comme l’oubli et la négligence des parents, sous prétextes que l’on donne à Dieu, ou au moins ceux qui ne conduisent nullement à la vraie piété, comme le lavement fréquent des mains, sans égard à la pureté du cœur.

15.11 On abuse souvent de ces paroles pour autoriser la violation de l’abstinence prescrite par l’Eglise. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l’homme ne peuvent souiller son âme ; mais le mépris des lois de l’Eglise établie par Jésus-Christ lui-même, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu. C’est ainsi qu’Adam n’a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais par sa désobéissance à la loi de Dieu.

15.13 Voir Jean, 15, 2.

15.14 Voir Luc, 6, 39.

15.15 Voir Marc, 7, 17.

15.21 Voir Marc, 7, 24. ― Du côté de Tyr et de Sidon, villes de Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de la Palestine.

15.23 Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi.

15.24 Voir Matthieu, 10, 6 ; Jean, 10, 3. ― Le Messie avait été envoyé pour sauver les nations aussi bien que les Juifs, mais il ne devait point prêcher au milieu d’elles ; cette mission était réservée à ses apôtres.

15.26 Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à cause de la corruption de leurs mœurs.

15.29. Sur la montagne. Voir Matthieu, 14, 23. ― La mer de Galilée. Voir la note 33 à la fin du volume.

15.30 Voir Isaïe, 35, 5.

15.32 Voir Marc, 8, 1.

15.39 Magédan ou Magdala, comme porte le texte grec, aujourd’hui el-Medjdel, sur la rive occidentale du lac de Tibériade, à l’extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et quart environ au nord de Tibériade. On croit que c’est là qu’était née Marie-Madeleine et que c’est de Magdala qu’elle tirait son surnom.

16.1 Voir Marc, 8, 11.

16.2 Voir Luc, 12, 54.

16.4 Voir Matthieu, 12, 39 ; Jonas, 2, 1.

16.5 C’était la coutume de ces temps et de ce pays que les voyageurs portassent le pain dont ils pourraient avoir besoin.

16.6 Voir Marc, 8, 15 ; Luc, 12, 1.

16.9 Voir Matthieu, 14, 17 ; Jean, 6, 9.

16.10 Voir Matthieu, 15, 34.

16.13 Voir Marc, 8, 27. ― Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon, près d’une des sources du Jourdain, en Gaulonitide, s’appelait d’abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l’eut agrandie, il l’appela Césarée en l’honneur de Tibère César, et on y ajouta le nom même de Philippe pour le distinguer de la Césarée bâtie sur la Méditerranée, par Hérode le Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd’hui Césarée de Philippe a repris son nom primitif sous la forme Bânias et compte environ 150 maisons.

16.14 Voir Marc, 8, 28 ; Luc, 9, 19.

16.16 Voir Jean, 6, 70.

16.18 Voir Jean, 1, 42. ― Dans le syro-chaldéen que l’on parlait au temps de Jésus-Christ, il n’y avait point de différence entre le nom propre Pierre, et le nom commun pierre ; c’est pourquoi, dans cette langue, l’allusion est plus naturelle. ― Les portes de l’enfer, c’est-à-dire le palais, le royaume de l’enfer, l’enfer lui-même. Comme partie principale d’un édifice, les portes sont mises pour le tout. On dit la Porte Ottomane pour le royaume ottoman. Remarquez aussi que l’enfer est souvent représenté dans l’Ecriture comme un palais ayant des portes et des verrous.

16.19 Voir Isaïe, 22, 22 ; Jean, 20, 23. ― Les mots lier et délier sont synonymes d’ouvrir et de fermer ; parce qu’anciennement on ouvrait les portes en déliant la barre, et on les fermait en la liant. Les clefs sont le symbole de la puissance. Voir Jean, 21, 17.

16.21 De la part des anciens, des scribes et des princes des prêtres. Les anciens, titre de dignité, dont il est si souvent question dans les Evangiles, sont les membres du sanhédrin. Cette dénomination provient de ce que primitivement les chefs des villes et les juges étaient choisis parmi les vieillards. Dans plusieurs passages des Actes des Apôtres, 11, 30, etc., et dans les Epîtres, le mot d’anciens a un autre sens, comme il sera expliqué en son lieu. ― Sur les scribes et les princes des prêtres, voir Matthieu, note 2.4.

16.23 Voir Marc, 8, 33. ― Retire-toi, etc. C’est comme si le Sauveur disait : Ma volonté et celle de mon Père est que je meure pour le salut des hommes, et tu veux m’empêcher de souffrir ; tu mérites donc d’être appelé Satan, c’est-à-dire adversaire, contradicteur.

16.24 Voir Matthieu, 10, 38 ; Luc, 9, 23 ; 14, 27.

16.25 Voir Luc, 17, 33 ; Jean, 12, 25. ― Car celui qui voudra sauver, etc. Comparer à Matthieu, 10, 39 (voir la note).

16.27 Voir Actes des Apôtres, 17, 31 ; Romains, 2, 6.

16.28 Voir Matthieu, 16, 27-28 (inutile). ― Plusieurs Pères de l’Eglise croient que le Sauveur veut parler de sa transfiguration, rapportée dans le chapitre suivant ; l’expression quelques-uns de ceux qui sont ici donne à ce sentiment une probabilité. ― Néanmoins, à cause des nombreux passages parallèles, dans lesquels le texte ne peut s’entendre de la Transfiguration, comme le verset précédent (27) ou en Matthieu, 24, 30 et Luc, 21, 27, on peut donner avec d’autres interprètes l’explication suivante. Il faut d’abord faire remarquer que cette annonce est confirmée par les quatre évangélistes et la comparaison des textes permet d’éclaircir le sens. Au lieu de : Venant dans son royaume, saint Marc, 8, 39, dit : « Le Royaume de Dieu venant dans sa puissance ». Dans saint Matthieu, 10, 23, le Christ leur dit : « Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. » Dans saint Jean, 21, 22, le Christ dit : « Je veux qu’il [saint Jean] demeure [vivant] jusqu’à ce que je vienne. » Saint Luc écrit pareillement : « Quelques-uns sont ici qui ne goûteront point la mort qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu » (voir Luc, 9, 27). Si Jésus annonce que l’évangélisation de toutes les villes d’Israël ne sera pas achevée (voir Matthieu, 10, 23), alors que pourtant viendra le Fils de l’homme « dans sa Puissance », ce royaume annoncé ne pouvait être le règne de Dieu dans les âmes (à peine commencé), comme le pense J.-H. MICHON. Qu’est-ce alors ? CRAMPON pense à la ruine de Jérusalem en l’an 70 et à l’établissement du christianisme tout en indiquant qu’il ne s’agit là que du premier acte, de la figure, de ce qui doit s’accomplir complètement à la fin des temps. « Pendant tout le premier siècle, il y eut au sein de l’Eglise cette croyance que Jésus allait paraître dans le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. » (MICHON) Mais pourquoi n’est-il pas arrivé au temps annoncé ? Nous en donnons une explication en Jean, note 21.22.

17.1 Voir Marc, 9, 1 ; Luc, 9, 28. ― Sur une haute montagne. On croit communément que c’est le Thabor dans la Galilée. ― C’est l’opinion qui a été soutenue par Eusèbe et saint Jérôme. Elle est néanmoins aujourd’hui très contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin du Thabor, à Césarée de Philippe (voir Matthieu, 16, 13) et qu’après la transfiguration, les Evangélistes parlent de son retour en Galilée (voir Matthieu, 17, 21 ; Marc, 9, 29), sans mentionner aucun voyage dans l’intervalle. On pense donc que la montagne de la Transfiguration était située plus au nord, et à l’est du Jourdain, mais sans pouvoir la déterminer d’une manière précise.

17.5 Voir Matthieu, 3, 17 ; 2 Pierre, 1, 17.

17.10 Voir Marc, 9, 10. ― Le prophète Malachie dit, en effet, qu’Elie doit venir avant le grand et épouvantable jour du Seigneur. Comparer à ce que nous avons dit un peu plus haut à Matthieu, note 11.14.

17.11 Voir Malachie, 4, 5.

17.12 Voir Matthieu, 11, 14 ; 14, 10.

17.14 Voir Marc, 9, 16 ; Luc, 9, 38.

17.19 Voir Luc, 17, 6. ― Un grain de sénevé. Voir Matthieu, 13, 31.

17.21 Voir Matthieu, 20, 18 ; Marc, 9, 30 ; Luc, 9, 44.

17.23 Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingt-un centimes. ― « Ce didrachme était la contribution d’un demi-sicle, ou de deux drachmes, que les familles juives étaient habituées à payer pour l’entretien du Temple. Vespasien le fit percevoir plus tard pour le Capitole. Les collecteurs s’adressent à saint Pierre, soit par respect pour le Sauveur, soit pour engager le disciple à s’acquitter à la place du maître. La réponse du Sauveur suppose clairement sa divinité. Pour ne pas scandaliser ceux qui l’ignorent, il consent à payer ; mais fait observer qu’il n’est pas soumis à l’impôt, et il révèle par un miracle cet acte de condescendance. Le statère avait la valeur d’un tétradrachme, trois francs environ, et par conséquent suffisait pour deux personnes. » (BACUEZ.) ― Capharnaüm, voir Matthieu, 4, 13.

17.26 Le statère valait quatre drachmes.

18.1 Voir Marc, 9, 33 ; Luc, 9, 46.

18.2 Voir Matthieu, 19, 14.

18.3 Voir 1 Corinthiens, 14, 20.

18.6 Voir Marc, 9, 41 ; Luc, 17, 2. ― De moulin ; littéralement, d’âne ; qu’un âne tourne. ― Dans chaque maison, on faisait moudre chaque jour la quantité de blé nécessaire pour l’usage de la famille ; il y avait par conséquent dans chaque maison un moulin à bras ou à âne, tourné dans le premier cas par une ou deux personnes. Le moulin à âne était plus grand, mais composé comme le moulin à bras de deux meules de pierres superposées, l’inférieure étant immobile et la supérieure mobile. Le grain était écrasé entre les deux meules.

18.8 Voir Matthieu, 5, 30 ; Marc, 9, 42. ― Dans la vie, c’est-à-dire dans la vie éternelle.

18.9 Dans la géhenne, voir Matthieu, 5, 22.

18.10 Voir Psaumes, 33, 8.

18.11 Voir Luc, 19, 10.

18.12 Voir Luc, 15, 4.

18.15 Voir Lévitique, 19, 17 ; Ecclésiastique, 19, 13 ; Luc, 17, 3 ; Jacques, 5, 19.

18.16 Voir Deutéronome, 19, 15 ; Jean, 8, 17 ; 2 Corinthiens, 13, 1 ; Hébreux, 10, 28.

18.17 Voir 1 Corinthiens, 5, 11 ; 2 Thessaloniciens, 3, 14. ― A l’Eglise, c’est-à-dire aux chefs, aux pasteurs de l’Eglise.

18.18 Voir Jean, 20, 23.

18.21 Voir Luc, 17, 4.

18.24 Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Egyptiens, des Arabes et des Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables. ― Le talent d’argent valant 8500 francs, dix mille talents font 85 000 000 de francs (en 1900). On peu supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole juive, qui a quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s’agit du tribut que doit payer toute une ville et dont le roi la libère, sur sa demande.

18.25 Suivant l’ancien droit des Hébreux et de plusieurs autres peuples, un créancier pouvait vendre ou réduire en esclavage ses débiteurs insolvables. ― Dans diverses contrées de l’Orient, par exemple en Perse, aujourd’hui encore, la disgrâce royale entraîne la confiscation des biens, la perte des esclaves et quelquefois celle de la femme et des enfants du condamné.

18.28 Le denier, pièce d’argent des Romains, valait environ 0.80 centime (en 1900).

19.1 Voir Marc, 10, 1.

19.2 Et il les guérit ; c’est-à-dire qu’il guérit en ce lieu tous les malades qu’on lui présenta.

19.3 Voir Marc, 10, 2.

19.4 Voir Genèse, 1, 27. ― L’homme, c’est-à-dire la créature humaine. Ainsi ce mot doit s’entendre non d’un individu, mais de l’espèce ; c’est pourquoi il est considéré ici comme un pluriel dans la Vulgate : Il les fit mâle et femelle, et dans l’hébreu même, d’où Jésus-Christ a emprunté sa citation.

19.5 Voir Genèse, 2, 24 ; 1 Corinthiens, 6, 16 ; Ephésiens, 5, 31.

19.7 C’est dans le Deutéronome (voir Deutéronome, 24, 1), que Moïse a ordonné à tout homme qui répudiait sa femme de lui donner un acte de répudiation.

19.9 Voir Matthieu, 5, 32 ; Marc, 10, 11 ; Luc, 16, 18 ; 1 Corinthiens, 7, 10. ― Jésus-Christ permet à un mari, en cas d’adultère, de se séparer de sa femme, mais non pas d’en épouser une autre du vivant de sa première.

19.12 Il y en a qui se sont rendus, etc. Ce sont ceux qui ont renoncé pour toujours aux plaisirs des sens, pour servir avec une plus grande liberté de cœur Dieu et la justice, et mériter ainsi le bonheur éternel.

19.13 Voir Marc, 10, 13 ; Luc, 18, 15.

19.14 Voir Matthieu, 18, 3. ― Car à de tels, etc. Cette traduction nous a paru la seule qui pût rendre fidèlement la concision énergique du texte. Bossuet d’ailleurs traduit : A de tels appartient le royaume de Dieu.

19.16 Voir Marc, 10, 17 ; Luc, 18, 18. ― Quelqu’un ; c’est-à-dire un jeune homme, comme portent les versets 20 et 22.

19.18 Voir Exode, 20, 13-16.

19.24 C’était un proverbe usité chez les Juifs pour marquer une chose naturellement impossible. Les Arabes en ont un semblable.

19.30 Voir Matthieu, 20, 16 ; Marc, 10, 31 ; Luc, 13, 30.

20.1-16 Cette parabole est une explication de la fin du chapitre précédent. Elle nous montre que Dieu est maître de ses dons, et qu’il peut se faire que celui qui a travaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s’il l’a fait avec plus de zèle. Elle s’applique aux gentils qui, n’entrant qu’à la dernière heure dans l’Eglise, auront part à la même récompense que les Juifs qui y ont été appelés les premiers. ― Il faut remarquer d’ailleurs que « quand Jésus-Christ se sert d’une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu’il y ait toujours une parité complète entre l’allégorie et la vérité. Il ne faut prendre souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n’est pour l’ordinaire qu’une espèce d’ornement sur lequel il est bon de ne pas trop s’appesantir. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit saint Jean Chrysostome, et qui ne le sont nullement pour la réalité. [Ici] l’excuse des ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maître n’ont point d’application. » (Mgr PICHENOT.)

20.2 Un denier. Voir Matthieu, 18, 28.

20.3 Vers la troisième heure. Vers neuf heures du matin.

20.5. Vers la sixième et la neuvième heure. Vers midi et trois heures de l’après-midi.

20.6 Vers la onzième heure. Vers cinq heures du soir.

20.15 Ton œil est-il mauvais ? Dans le style des Hébreux, comme dans celui des Grecs et des Latins, un mauvais œil est un œil jaloux et désigne un homme envieux et souvent un avare. Au contraire, un œil bon marque la bonté, la libéralité.

20.16 Voir Matthieu, 19, 30 ; Marc, 10, 31 ; Luc, 13, 30. ― Ainsi les derniers, etc. Il semble au premier abord que la conclusion de cette parabole manque de justesse, et qu’il aurait fallu la terminer ainsi : Les derniers seront comme les premiers. C’est en effet le sens du texte original, où la particule de comparaison comme se trouve sous-entendue en vertu d’un hébraïsme que les auteurs du Nouveau-Testament ont souvent imité.

20.17 Voir Marc, 10, 32 ; Luc, 18, 31.

20.20 Voir Marc, 10, 35. ― La mère des fils de Zébédée s’appelait Salomé. Ses deux fils étaient saint Jacques le Majeur et saint Jean l’Evangéliste.

20.22 Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ.

20.23 Pour attacher ses disciples à la foi dont ils ne comprenaient pas encore la vertu, le Sauveur remet à son Père ce qui regarde la gloire, et ne se réserve que de prédire et de distribuer les afflictions ; quoique cependant tout ce qui est au Père soit au Fils, et tout ce qui est au Fils soit au Père (voir Jean, 17, 10).

20.24 Voir Marc, 10, 41. ― Or les dix ; c’est-à-dire les dix autres apôtres.

20.25 Voir Luc, 22, 25.

20.28 Voir Philippiens, 2, 7. ― D’un grand nombre ; c’est-à-dire de tous, de tout le monde (ce qui constitue en effet un grand nombre), comme l’explique saint Jean dans sa première épître (voir 1 Jean, 2, 2). On pourrait encore entendre cette expression de ceux-là seulement qui, par leur foi et leur conduite vraiment chrétienne, ont une part réelle aux mérites du Sauveur, mérites que les autres ont volontairement refusé de s’appliquer.

20.29 Voir Marc, 10, 46 ; Luc, 18, 35.

21.1 Voir Marc, 11, 1 ; Luc, 19, 29. ― Bethphagé était un village non loin de Béthanie, et, comme le dit le texte, près du mont des Oliviers. ― Le mont des Oliviers lui-même est situé à l’est de Jérusalem dont il est séparé par le torrent de Cédron et la vallée de Josaphat. « Pour s’y rendre, on passe par la porte Saint-Etienne et la vallée de Josaphat ; on traverse le torrent de sur un pont d’une seule arche. Le torrent de Cédron traverse la vallée de Josaphat ; il est à vingt pas de Gethsémani. Non loin de Gethsémani est l’endroit où, malgré l’incertitude des traditions à cet égard, les chrétiens d’Orient soutiennent qu’eurent lieu les merveilles de l’Assomption de la très sainte Mère de Dieu. De cet endroit, on commence à monter le mont des Olives qui est fort roide. Rien n’égale la surprise que l’on éprouve, lorsque, arrivé à la moitié de sa hauteur, en se retournant, on aperçoit devant soi Jérusalem [et l’on jouit du magnifique spectacle qu’elle présente. Du haut de la montagne, en s’avançant vers le levant, on voit] la mer Morte, la plaine de Jéricho, le Jourdain et au-delà les montagnes de l’Arabie Pétrée. » (DE GERAMB.)

21.5 Voir Isaïe, 62, 11 ; Zacharie, 9, 9 ; Jean, 12, 15. ― Cette citation paraît être empruntée d’Isaïe et de Zacharie, mais surtout de ce dernier. Nous devons faire observer que l’évangéliste donne le sens du texte, sans en rapporter les propres termes.

21.9 Voir Psaumes, 117, 26 ; Marc, 11, 10 ; Luc, 19, 38. ― Hosanna est un mot formé de l’hébreu signifiant : Sauvez, je vous prie, et renfermant, comme le latin vivat, non seulement le souhait d’une longue vie, mais d’une vie accompagnée de prospérité et de gloire.

21.10 Lorsqu’il fut entré dans Jérusalem. Une tradition très vraisemblable fait entrer Notre-Seigneur dans la ville par la porte Dorée, située à l’est du temple et aujourd’hui murée.

21.12 Voir Marc, 11, 15 ; Luc, 19, 45 ; Jean, 2, 14. ― Dans le temple, en grec, hiéron. Le texte original distingue toujours soigneusement le hiéron et le naos. Le hiéron était l’ensemble des bâtiments et des cours qui étaient consacrés à Dieu ; le naos était le sanctuaire proprement dit. Comme nos églises consistent exclusivement dans l’édifice qui est la maison de Dieu, nos langues n’ont point de termes propres pour désigner ces deux choses autrefois si distinctes. Le naos ou maison de Dieu proprement dite se composait d’un portique, puis du Saint où étaient l’autel des parfums, le chandelier à sept branches et les pains de proposition, et enfin du Saint des Saints où avait été d’abord l’arche et où le grand prêtre seul pouvait pénétrer une fois par an. Les sacrifices ne s’offraient point dans le naos, mais au dehors. Devant le naos était une cour ou terrasse, appelée le parvis des Prêtres ; c’est là qu’était l’autel des holocaustes sur lequel on offrait les victimes immolées au Seigneur. Les prêtres et les Lévites seuls pouvaient y pénétrer. Autour de cette terrasse en était une autre, plus basse de quinze marches, qui portait le nom de parvis des Israélites. A l’est, une cour élevée de cinq marches était réservée aux femmes. Une barrière séparait la cour des Juifs d’une troisième cour qui portait le nom de parvis des Gentils, parce que les Gentils eux-mêmes pouvaient y pénétrer, tandis qu’il leur était défendu sous peine de mort de pénétrer dans la cour d’Israël. Le parvis des Gentils était plus étendu à l’est et surtout au sud qu’au nord et qu’à l’ouest, parce que le naos n’était pas au milieu de la plateforme du mont Moriah, mais au nord-ouest. Le parvis des Gentils était fermé au levant par le portique de Salomon et au midi par le portique royal qui était beaucoup plus large que celui de Salomon. L’un et l’autre étaient magnifiques ; ils étaient formés de colonnes monolithes de marbre blanc de douze à treize mètres de haut. C’est sous ces portiques que se sont passées une partie des scènes racontées par les Evangiles, et en particulier celle des vendeurs du temple. ― Les tables de changeurs. « Ces usages se sont perpétués à Jérusalem, où, dans les rues voisines du bazar, les changeurs sont assis devant de petites tables chargées de diverses espèces de monnaie. » (J.-H. MICHON.)

21.13 Voir Isaïe, 56, 7 ; Jérémie, 7, 11 ; Luc, 19, 46.

21.16 Voir Psaumes, 8, 3.

21.17 Béthanie, aujourd’hui el-Azariyéh ou Lazariéh, si célèbre par les récits de l’Evangile, est maintenant un pauvre petit village d’une vingtaine de familles. Elevé sur la pente orientale du mont des Oliviers, il est proche de l’endroit où la route de Jérusalem à Jéricho commence à descendre avec rapidité vers la vallée du Jourdain. On y montre le site traditionnel de la maison et du tombeau de Lazare, ainsi que la maison de Simon le lépreux.

21.19 Et à l’instant le figuier sécha. « En arrivant de Béthanie à Jérusalem le matin, Jésus eut faim ; ayant vu de loin un figuier, il s’en approcha pour voir s’il s’y trouverait du fruit ; mais n’y trouvant que des feuilles, parce que ce n’était pas le temps des fruits, il le maudit. ― C’est une parabole de choses, semblable à celle des paroles qu’on trouve en saint Luc, 13, 6. Il ne faut donc point demander ce qu’avait fait ce figuier, ni ce qu’il avait mérité : car qui ne sait qu’un arbre ne mérite rien ? ni regarder cette malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n’était que la matière de la parabole. Il faut voir ce qu’il représentait, c’est-à-dire la créature raisonnable qui doit toujours des fruits à son créateur en quelque temps qu’il lui en demande ; et lorsqu’il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent, et rien de solide, il la maudit. Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume, et la matinée d’après, ses disciples s’arrêtèrent au figuier, qu’ils trouvèrent desséché depuis la racine ; et Pierre dit au Sauveur : Maître, le figuier que vous avez maudit est séché. Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de sa malédiction, voulant faire sentir ce qu’elle pouvait ; mais par un effet admirable de sa bonté, il frappe l’arbre et épargne l’homme. Ainsi quand il voulut faire sentir combien les démons étaient malfaisants, et jusqu’où allait leur puissance, lorsqu’il leur lâchait la main, il le fit paraître sur un troupeau de pourceaux que les démons précipitèrent dans la mer (voir Matthieu, 8, 32). Qu’il est bon et qu’il a de la peine à frapper l’homme ! » (BOSSUET.) ― Il faut d’ailleurs remarquer que Notre-Seigneur pouvait s’étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figues sur un figuier, quoique ce ne fut pas le temps ordinaire des figues (voir Marc, 11, 13), parce qu’en Palestine les figuiers ont des fruits à peu près toute l’année, voir Luc, note 13.6. Josèphe dit qu’on cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois de l’année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas encore mûres quand les feuilles tombent et que la végétation s’arrête ; elles ne se détachent point des arbres, mais y restent suspendues pendant tout l’hiver et deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre-Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l’arbre aux environs de Pâques. Les figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers et il y en a encore quelques-uns aujourd’hui.

21.20 Voir Marc, 11, 20.

21.22 Voir Matthieu, 7, 7 ; Marc, 11, 24 ; 1 Jean, 3, 22.

21.23 Voir Marc, 11, 28 ; Luc, 20, 2. ― Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. ― Les anciens du peuple, les membres du sanhédrin.

21.26 Voir Matthieu, 14, 5.

21.33 Voir Isaïe, 5, 1 ; Jérémie, 2, 21 ; Marc, 12, 1 ; Luc, 20, 9. ― Y creusa un pressoir. Les pressoirs étaient des cuves souterraines où l’on conservait le vin sur ses lies jusqu’à ce qu’on le mît dans des cruches ou dans des outres. ― On trouve encore aujourd’hui en Palestine, spécialement dans le sud, d’anciens pressoirs qui ont été creusés ou taillés dans le roc. ― Et bâtit une tour. « L’habitude de construire des tours pour protéger, principalement à l’époque de la récolte, les enclos qu’elles dominent, remonte en Palestine à la plus haute antiquité. [Encore aujourd’hui], au centre de la plupart des jardins que délimitent de petits murs en pierres sèches, on remarque des tours de garde de forme ronde, et dont plusieurs sont peut-être très anciennes. Elles servent à protéger la récolte contre les déprédations des voleurs et les dévastations des bêtes fauves, principalement des chacals. » (V. GUERIN.) Judée, I, 125.

21.35 Ils déchirèrent, etc. C’est le vrai sens du texte ; car le mot employé par la Vulgate signifie faire tomber, couper, trancher, tailler en pièces ; et celui du grec, écorcher, arracher, enlever la peau.

21.38 Voir Matthieu, 26, 3 ; 27, 1 ; Jean, 11, 53.

21.42 Voir Psaumes, 117, 22 ; Actes des Apôtres, 4, 11 ; Romains, 9, 33 ; 1 Pierre, 2, 7.

22.2 Voir Luc, 14, 16 ; Apocalypse, 19, 9.

22.11 La robe nuptiale. C’est partout la coutume que les invités aux noces se revêtent d’habits de fêtes. Peut-être y a-t-il aussi une allusion à une coutume orientale, en vertu de laquelle les rois et les princes envoient à ceux qu’ils appellent à leur table une robe dont ils doivent se couvrir pour prendre part au festin.

22.13 Voir Matthieu, 8, 12 ; 13, 42 ; 25, 30.

22.14 Car beaucoup sont appelés, etc. Ces paroles sont la conclusion naturelle de la parabole d’après laquelle beaucoup de ceux qui avaient été invités au festin de noces ne s’y rendirent pas.

22.15 Voir Marc, 12, 13 ; Luc, 20, 20.

22.16 Par les hérodiens dont il est ici question, les uns entendent les membres d’une secte de ce nom, les autres de simples partisans d’Hérode qui étaient, comme la secte elle-même, pour les Romains, et par conséquent opposés aux pharisiens ; de sorte que, de quelque manière que le Sauveur répondit, il ne pouvait manquer d’être accusé par l’un ou l’autre parti. Mais il sut éluder leur demande et éviter ainsi le piège qu’ils lui tendaient. ― La face des hommes ; c’est-à-dire leur qualité, leur condition. Le sens de ce passage est que le Sauveur ne faisait acception de personne. ― Les hérodiens ou partisans des Hérodes étaient probablement un parti surtout politique, qui considérait la famille d’Hérode comme le meilleur appui des Juifs contre l’absorption totale de leur pays dans l’empire romain, mais qui cherchait en même temps à établir une sorte de compromis entre le judaïsme et le paganisme, et avait par suite peu de zèle pour l’observation de la loi.

22.17 A César. Le César alors régnant était Tibère. Voir Luc, 3, 1.

22.21 Voir Romains, 13, 7.

22.23 Voir Actes des Apôtres, 23, 8.

22.24 Voir Deutéronome, 25, 5 ; Marc, 12, 19 ; Luc, 20, 28.

22.32 Voir Exode, 3, 6. ― Je suis le Dieu d’Abraham, etc. Avec ces paroles qui sont prises de l’Exode Jésus-Christ prouve ici la résurrection des corps par l’immortalité de l’âme, parce que, en effet, ces deux dogmes sont inséparables. L’âme étant immortelle doit nécessairement être un jour réunie à son corps, pour y recevoir la récompense ou la punition qu’elle a méritée dans ce corps même, lorsqu’elle en était revêtue.

22.35 Voir Marc, 12, 28 ; Luc, 10, 25.

22.37 Voir Deutéronome, 6, 5.

22.39 Voir Lévitique, 19, 18 ; Marc, 12, 31.

22.43 Voir Luc, 20, 41. ― En esprit ; c’est-à-dire parlant par l’Esprit de Dieu. Voir Psaumes, 109, 1.

22.44 Voir Psaumes, 109, 1. ― L’escabeau de vos pieds. Les vainqueurs avaient coutume de poser leurs pieds sur le cou des vaincus en signe de leur triomphe, de sorte que faire de ses ennemis l’escabeau de ses pieds, c’est les soumettre à sa puissance.

23.2 Voir 2 Esdras, 8, 4.

23.4 Voir Luc, 11, 46 ; Actes des Apôtres, 15, 10.

23.5 Voir Deutéronome, 22, 12 ; Nombres, 15, 38. ― Les phylactères ou préservatifs étaient des bandes de parchemin qu’on portait sur le front et sur le bras, et sur lesquelles étaient écrites certaines paroles de la loi. Comparer à Exode, 13, 16 ; Deutéronome, 6, 8 ; 11, 18. ― Et des franges fort longues. Comparer à Matthieu, 9, 20.

23.6 Voir Marc, 12, 39 ; Luc, 11, 43 ; 20, 46.

23.8 Voir Jacques, 3, 1.

23.9-10 Ce qui se lit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incomparablement notre Père céleste au-dessus de tout père selon la chair, et que nous ne devons suivre aucun maître qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dû pour nos pères selon la chair, pour nos pères spirituels (voir 1 Corinthiens, 4, 15), pour nos maîtres et nos précepteurs.

23.9 Voir Malachie, 1, 6.

23.12 Voir Luc, 14, 11 ; 18, 14.

23.14 Voir Marc, 12, 40.

23.15 Fils de la géhenne ; c’est-à-dire de l’enfer ; hébraïsme, pour digne de l’enfer. Ainsi le sens est : Vous le rendez digne de l’enfer deux fois plus que vous. ― Géhenne. Voir Matthieu, 5, 22. ― Pour faire un prosélyte, un converti du paganisme au judaïsme. Les Rabbins distinguaient deux espèces de prosélytes : les prosélytes de la justice, qui ayant reçu la circoncision, observaient tous les préceptes de la loi mosaïque, et les prosélytes de la porte, non circoncis, mais habitant au milieu des Juifs et observant certains préceptes, les sept appelés noachiques. Ils étaient ainsi nommés sans doute parce que le Pentateuque parle des étrangers qui habitent « dans les portes » ou l’intérieur des villes juives. Voir Exode, 20, 10 ; Deutéronome, 14, 21 ; 24, 14.

23.16 Par le temple, dans le texte grec, naos. Voir Matthieu, 21, 12.

23.23 Voir Luc, 11, 42. ― La menthe est commune en Syrie et les Juifs en mettaient dans les synagogues et dans leurs maisons pour y répandre une bonne odeur. ― L’aneth, l’anis, plante de la famille des ombellifères qui atteint un mètre de hauteur. Les Juifs se servaient des grains d’anis comme de condiment dans leur cuisine. ― Le cumin est une plante également de la famille des ombellifères dont le fruit était aussi employé pour aromatiser le vin et pour d’autres usages culinaires.

23.27 Les Juifs, dans la crainte qu’on ne se souillât en touchant les tombeaux, les blanchissaient au dehors afin qu’on les distinguât.

23.33 Voir Matthieu, 3, 7. ― Le jugement de la géhenne ; c’est-à-dire la condamnation à la géhenne, à l’enfer. Comparer à Matthieu, 5, 22.

23.35 Voir Genèse, 4, 8 ; Hébreux, 11, 4 ; 2 Paralipomènes, 24, 22. ― Zacharie, fils de Barachie. « Il y a divers sentiments, plus ou moins plausibles, sur la personne de Zacharie, fils de Barachie. ― Plusieurs interprètes pensent qu’il s’agit ici de celui que les zélateurs ont immolé dans le temple, pendant le dernier siège de Jérusalem. Notre-Seigneur aurait pu parler de ce meurtre à l’avance et annoncer qu’il serait puni ; mais il ne paraît pas le faire ici. Il parle au passé, comme d’un crime déjà commis. ― D’autres supposent qu’il est question de Zacharie, le dernier des petits prophètes. Son père s’appelait bien Barachie ; mais si un personnage si connu, le plus récent des prophètes, avait été tué entre le vestibule et l’autel, est-il à croire qu’il n’en fût fait mention nulle part ? ― La plupart croient, comme saint Jérôme, que ce Zacharie est celui qui fut lapidé par Joas, in atrio domus Domini, c’est-à-dire dans le parvis des prêtres, entre l’autel des holocaustes placé en avant du vestibule et le saint ou l’enceinte qui précédait immédiatement le Saint des Saints. C’était probablement un usage parmi les Juifs d’unir le meurtre d’Abel à celui de ce pontife, comme les deux crimes les plus odieux qui eussent jamais déjà été commis. Si l’on objecte que le meurtre de Zacharie était déjà bien ancien pour être cité comme le dernier dont ils fussent coupables, on répond que le livre dans lequel on le lisait était un des livres historiques les plus récents de leur canon. Ainsi le meurtre d’Abel se lisait aux premières pages de la Bible, et celui de Zacharie aux dernières. La difficulté de ce sentiment est que, selon les Paralipomènes, ce Zacharie était fils de Joiadas et non pas de Barachie. On peut néanmoins la résoudre de plusieurs manières : ― 1° En supposant que le père de Zacharie, Joiadas, avait deux noms, qu’il était surnommé Barachie ou fils d’Achias, ce qui n’a rien d’invraisemblable. ― 2° En prenant le mot fils dans le sens de petit-fils ou d’héritier, ce qui a lieu fréquemment. Si l’on suppose Barachie mort avant son père Joiadas, il était naturel que l’auteur des Paralipomènes donnât à Zacharie la qualification de fils, c’est-à-dire de descendant et d’héritier de Joiadas, son aïeul, plutôt que de Barachie, son père. Or, il paraît que l’âge de Joiadas confirme cette supposition. ― 3° En supposant que les mots fils de Barachie, qui ne sont pas en saint Luc, et qui manquent dans le manuscrit du Sinaï, à cet endroit de saint Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura cru qu’il s’agissait du dernier Zacharie. » (L. BACUEZ.) ― Entre le temple, le naos, la maison de Dieu, et l’autel des holocaustes. Voir Matthieu, 21, 12.

23.37 Voir Luc, 13, 34.

23.39 Jusqu’à ce que, etc. ; c’est-à-dire jusqu’à ce que vous me reconnaissiez pour le Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avènement pour juger le monde, vous me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur.

24.1 Voir Marc, 13, 1 ; Luc, 21, 5. ― Du temple, en grec, hiéron. Voir Matthieu, 21, 12.

24.2 Voir Luc, 19, 44.

24.3 Sur le mont des Oliviers. Voir Matthieu, 21, 1. Du mont des Oliviers, on dominait le Temple et on avait en vue toute la ville de Jérusalem, ses murs et ses édifices.

24.4 Voir Ephésiens, 5, 6 ; Colossiens, 2, 18.

24.9 Voir Matthieu, 10, 17 ; Luc, 21, 12 ; Jean, 15, 20 ; 16, 2.

24.11 Beaucoup de prophètes aussi s’élèveront. Les premiers écrivains ecclésiastiques ont vu ces faux prophètes dans les pseudo-Messies, Théodas (voir Actes des Apôtres, 5, 36), Barcochébas, dans Simon le Magicien, Cérinthe, etc. Il faut du reste remarquer que dans toute cette prophétie les événements qui devaient s’accomplir à la ruine de Jérusalem sont mêlés avec ceux qui ne doivent se réaliser qu’à la fin du monde, sans qu’il soit toujours possible de bien les démêler les uns des autres. « Le Seigneur, dit un ancien auteur ecclésiastique à qui l’on doit l’Opus imperfectum publié dans les œuvres de saint Jean Chrysostome, le Seigneur n’a pas spécifié quels sont les signes qui appartiennent à la destruction de Jérusalem et quels sont ceux qui appartiennent à la fin du monde, de sorte que les mêmes signes semblent convenir à l’une et à l’autre, parce qu’il n’expose point avec ordre comme dans une histoire ce qui devait se passer, mais il annonce d’une manière prophétique ce qui arrivera. »

24.14 En témoignage à toutes les nations ; c’est-à-dire pour servir de témoignage à toutes les nations du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du salut. ― Et alors viendra la fin. Comparer au verset 6.

24.15 Voir Marc, 13, 14 ; Luc, 21, 20 ; Daniel, 9, 27. ― L’abomination de la désolation ; une idole, d’après l’interprétation des Juifs et de plusieurs Pères.

24.16 Fuient sur les montagnes. Au moment du siège de Jérusalem par Titus, les chrétiens se réfugièrent en effet à Pella dans les montagnes de Galaad.

24.17 Sur le toit. Comparer à Matthieu, 10, 27.

24.19 Malheur aux femmes enceintes, etc. ; parce qu’elles ne pourront se sauver avec toute la promptitude nécessaire.

24.20 Voir Actes des Apôtres, 1, 12. ― En hiver, à cause des incommodités de cette saison. ― Ni en un jour de sabbat ; parce que les Juifs croyaient qu’il ne leur était pas permis de faire plus de deux mille pas, c’est-à-dire environ une demie-lieue de chemin le jour du sabbat.

24.21 Alors la tribulation sera grande. Les tribulations qu’endurèrent les Juifs pendant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails dépassent toute imagination. Toutes les prophéties du Sauveur s’accomplirent à la lettre et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier. « Les yeux plutôt que les oreilles, dit saint Jérôme, peuvent juger de ce que sont devenues les villes et les places fortes de la Judée ; nous qui pouvons voir l’état de la province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l’exactitude de tout ce qui a été écrit. A peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où s’élevaient autrefois de grandes villes… Les vignerons perfides (voir la parabole de Matthieu, 21, 33-41) après avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même, n’ont plus maintenant le droit d’entrer dans Jérusalem que pour y pleurer et afin qu’ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une somme d’argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du Christ achètent maintenant la permission de verser des larmes et les pleurs mêmes ne leur sont permis qu’à prix d’argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la destruction de Jérusalem par les Romains, voyez venir ce peuple lugubre ; ces vieilles femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d’années sont par leur tenue et par leur extérieur, autant de témoins de la colère de Dieu. La troupe misérable se rassemble, et tandis que brillent l’instrument du supplice du Seigneur et l’église de la Résurrection, tandis que l’étendard de la croix est déployé tout éclatant sur le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple. »

24.22 Nulle chair. L’Ecriture emploie souvent le mot chair pour désigner l’homme.

24.23 Voir Marc, 13, 21 ; Luc, 17, 23.

24.28 Voir Luc, 17, 37. ― Tous les hommes ressuscités et renouvelés comme des aigles s’assembleront autour du corps de Jésus-Christ, qui a été immolé pour eux. ― Le corps, le cadavre. ― Les aigles. L’aigle proprement dit ne se nourrit pas de cadavres, ordinairement du moins. L’oiseau de proie dont il s’agit ici est le vautour percnoptère qui ressemble beaucoup à l’aigle et que Pline considère comme formant la quatrième espèce du genre aigle. Nous avons du reste ici une locution proverbiale.

24.29 Voir Isaïe, 13, 10 ; Ezéchiel, 32, 7 ; Joël, 2, 10 ; 3, 15 ; Marc, 13, 24 ; Luc, 21, 25.

24.30 Voir Apocalypse, 1, 7. ― Le signe du Fils de l’homme ; c’est-à-dire la croix, qui est comme l’étendard du Sauveur.

24.31 Voir 1 Corinthiens, 15, 52 ; 1 Thessaloniciens, 4, 15.

24.32 Du figuier. Voir Luc, 13, 6.

24.34-35 « Ces versets étant la conclusion de la première partie du discours, et cette première partie annonçant deux événements distincts, les mots « cette génération » désigneront ou bien les Juifs actuellement en vie, ou bien la race juive qui doit subsister jusqu’à la fin des temps, selon qu’on appliquera toutes ces choses à la destruction de Jérusalem ou à la catastrophe finale de l’univers. » (CRAMPON, 1885) Comparer à Luc, 21, 32 et Marc, 13, 30. Voir Matthieu, note 16.28.

24.34 Voir Luc, 21, 32 ; Marc, 13, 30.

24.35 Voir Marc, 13, 31.

24.37 Voir Genèse, 7, 7 ; Luc, 17, 26. ― Comme aux jours de Noé ; c’est-à-dire de la même manière qu’aux jours de Noé. Il faut suppléer fut, se passa la venue du déluge. C’est une sorte d’ellipse que l’on trouve souvent dans la Bible, et qui s’explique facilement par le contexte.

24.40-41 Ces façons de parler marquent le discernement qui se fera alors des élus et des réprouvés.

24.41 Les esclaves de l’un et de l’autre sexe étaient employés à moudre le gain à force de bras. ― La meule supérieure du moulin est souvent tournée en Orient par deux personnes. Voir Matthieu, note 18.6.

24.43 Voir Marc, 13, 33 ; Luc, 12, 39.

24.46 Voir Apocalypse, 16, 15.

24.51 Voir Matthieu, 13, 42 ; 25, 30. ― Et il le divisera ; c’est-à-dire il le fera mourir. Dans l’Ecriture le mot diviser se met souvent pour séparer l’âme du corps, ôter la vie. Les maîtres d’ailleurs avaient droit de vie et de mort sur leurs esclaves.

25.1 La cérémonie principale du mariage chez les Juifs consistait à conduire la fiancée de sa propre maison dans la maison de son futur époux. Elle avait lieu le soir, quand il était déjà nuit, ce qui obligeait d’emporter des lampes pour éclairer la marche. La fiancée richement habillée et entourée de ses compagnes, les dix vierges dont il est ici question, attendait la venue de l’époux et de ses amis (voir Matthieu, 9, 15) qui venaient la chercher et la conduisaient dans la maison qui devait être désormais la sienne. ― Les mots de l’épouse ne se lisent pas dans le grec. De fait les compagnes vont attendre seulement l’époux.

25.3-4 Les lampes étant petites, analogues à celles qu’on trouve dans les catacombes, il fallait en renouveler l’huile pour une si longue veille. C’est pour cela que les vierges sages avaient emporté avec leurs lampes un vase plein d’huile, tandis que les folles n’avaient pas pensé à en prendre avec elles.

25.6 Au milieu de la nuit. Voir Matthieu, 14, 25.

25.10 La porte fut fermée. Les vierges folles n’arrivent que lorsque le cortège qui a accompagné la mariée à la maison de son époux est déjà entré dans la salle de noces et que la porte en est fermée.

25.13 Voir Marc, 13, 33.

25.14 Voir Luc, 19, 12.

25.15 Chez les Hébreux, le talent valait environ 4414 francs (en 1900).

25.27 Il fallait donc, etc. Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos frères.

25.29 Voir Matthieu, 13, 12 ; Marc, 4, 25 ; Luc, 8, 18 ; 19, 26.

25.30 Dans les ténèbres extérieures. Comparer à Matthieu, 8, 12.

25.35 Voir Isaïe, 58, 7 ; Ezéchiel, 18, vv. 7, 16.

25.36 Voir Ecclésiastique, 7, 39.

25.41 Voir Psaumes, 6, 9 ; Matthieu, 7, 23 ; Luc, 13, 27.

25.46 Voir Daniel, 12, 2 ; Jean, 5, 29.

26.2 Voir Marc, 14, 1 ; Luc, 22, 1. ― La Pâque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la délivrance du peuple juif de la servitude de l’Egypte, par la manducation de l’agneau pascal, figure de Notre-Seigneur, voir 1 Corinthiens, 5, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril) et durait sept jours.

26.3 Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. ― Les anciens du peuple, les membres du sanhédrin. ― Du grand prêtre appelé Caïphe. Caïphe, qu’on appelait aussi Joseph, fut nommé grand prêtre par le procurateur romain Valérius Gratus vers l’an 27 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l’administration de Pilate, mais il fut déposé en l’an 36 ou 37 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du pontife Ananus ou Anne.

26.6 Simon le lépreux ; c’est-à-dire qui avait été lépreux. ― « Le repas décrit par saint Jean, 12, 2, est-il différent de celui qui eut lieu chez Simon le lépreux, voir Matthieu, 26, 6, et de celui que décrit saint Luc, 7, 36 ? ― Il est probable que le repas décrit par saint Jean est le même que saint Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon. Les deux Evangélistes placent la scène à Béthanie ; les récits présentent les mêmes circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six jours avant Pâques, comme le dit saint Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant le repas, ou le vendredi, si l’on compte les six jours à partir du jeudi soir où la fête commençait. Si saint Matthieu parle de deux jours avant Pâques, quelques versets plus haut, c’est à propos d’un autre fait, de la résolution prise par le Sanhédrin de faire mourir Jésus ; et cette anticipation n’empêche pas qu’il ne dérive ensuite très naturellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l’occasion de quitter son Maître et de le vendre aux Juifs. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n’est pas une preuve qu’il eut lieu chez eux. Celui qui l’offrait ne pouvait-il pas être de leurs parents ou de leurs amis ? C’est même probablement parce qu’on n’était pas chez eux que saint Jean crut devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à servir les convives. Ici comme ailleurs, le dernier évangile complète les précédents, en ajoutant à leur récit de nouveaux traits. Saint Matthieu et saint Marc disent : une femme ; saint Jean dit : Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l’onction de la tête seulement ; lui signale l’onction des pieds.

« Le repas dont parle saint Luc eut lieu assez longtemps auparavant en Galilée, et selon toute apparence à Naïm. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre-Seigneur eut à reprendre les sentiments de Judas, et non ceux de Simon. Seulement on peut demander si ce n’est pas le même Simon qui les a donnés l’un et l’autre. La plupart distinguent Simon le pharisien de Simon le lépreux. Ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même domicile, ni le même caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n’est pas sûr que Simon fût de Naïm, ni même de Galilée : saint Luc ne le dit pas ; et quoique pharisien, il avait pu être guéri de la lèpre par Notre-Seigneur et changer de sentiment à son égard. » (L. BACUEZ.)

26.7 Voir Marc, 14, 8 ; Jean, 11, 2 ; 12, 3. ― « Une femme ayant un vase d’albâtre. On croit que c’est Marie Madeleine. Le sentiment commun est qu’il n’y a point de distinction à faire entre la pécheresse de saint Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie de Béthanie. Ce sentiment paraît bien fondé. En effet : 1° Tel est l’avis des docteurs et des Pères les plus anciens, celui que l’Eglise romaine a toujours suivi dans sa liturgie. S’il s’agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible que les Apôtres n’en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu’il se fût établi dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement ? ― 2° Lorsqu’on lit simplement l’Evangile, l’idée de ces distinctions ne s’offre pas à l’esprit. ― Après avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, saint Luc parle aussitôt de plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, et qui l’assistaient de leurs biens : or, la première de toutes est Marie, surnommée Madeleine. ― Quand saint Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, pour la faire connaître, que c’est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds du Sauveur. A qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu’on sait avoir fait à Naïm cet acte d’humilité et de religion ? ― On ne peut pas la méconnaître davantage chez Simon où cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau où elle paraît sous le nom de Marie-Madeleine. Si ce n’était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s’expliquer son absence, l’absence de la sœur de Lazare, en pareille circonstance ? D’ailleurs, ce sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l’identité du caractère indique l’identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naïm, celle qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d’amour ? ― 3° On ne peut opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. ― Une même personne ne peut-elle pas s’être trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Magdala, et être venue chez sa sœur à Béthanie ? ― Il est des esprits qui répugnent à croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa conversion. Mais n’a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu’on doit penser d’un tel sentiment ? N’est-ce pas pour les pécheurs qu’il est venu sur la terre et ne voulait-il pas qu’on connût ses dispositions ? Ce qu’il a fait pour Madeleine, ne l’a-t-il pas fait pour la Samaritaine et pour une infinité d’autres ? N’était-ce pas un présage, une figure de la grâce qu’il destinait à toute la gentilité ? Ne l’a-t-il pas aussi convertie ? Ne l’a-t-il pas régénérée, honorée du nom d’épouse et mise à la place de la synagogue infidèle ? ― Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n’était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-il pas dire que l’Eglise est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu’elle ne comprend même pas la prédiction qu’il a faite au repas de Béthanie, puisqu’elle attribue à sainte Madeleine et qu’elle honore particulièrement en sa personne l’acte de religion qu’il a signalé en Marie comme devant être pour elle la source de tant de gloire ? ― Le caractère de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à Naïm. » (L. BACUEZ.) ― Un vase d’albâtre. On a trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre-Seigneur, sont tous en albâtre égyptien ; ils ont la forme d’une poire ; leur hauteur est de 25 centimètres ; l’orifice a 3 centimètres ; l’épaisseur n’est guère que d’un centimètre. Ces vases faits au tour, sont donc très fragiles.

26.14 Voir Marc, 14, 10 ; Luc, 22, 4.

26.15 Trente pièces d’argent ; c’est-à-dire trente sicles, qui font environ quarante-huit francs de notre monnaie (en 1900) ; c’était le prix ordinaire d’un esclave. Voir Exode, 21, 32.

26.17 Voir Marc, 14, 12 ; Luc, 22, 9. ― Les azymes ; c’est-à-dire la fête des pains sans levain. ― La pâque ; l’agneau pascal.

26.18 Je veux faire chez toi la pâque. Dans le cénacle. Voir sur le cénacle, Marc, 14, 15.

26.19 Ils préparèrent la pâque, l’agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour le manger selon les rites. Voir Exode, 12, 3-20.

26.20 Voir Marc, 14, 17 ; Luc, 22, 14.

26.21 Voir Jean, 13, 21.

26.23 Dans le plat, en grec, trublion, plat très grand. En Orient, les assiettes sont inconnues ; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu’il mange, chacun de ses morceaux, en se servant de son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous les Apôtres mettaient donc la main dans le plat avec le Sauveur, et ces paroles ne désignaient pas le traître mais signifiaient seulement : C’est un de ceux qui mangent ici avec moi qui me trahira.

26.24 Voir Psaumes, 40, 10.

26.26 Voir 1 Corinthiens, 11, 24. ― Ceci est mon corps. Jésus ne dit pas : Ceci est la figure de mon corps ; ni : Dans ceci ou avec ceci est mon corps ; mais absolument : Ceci est mon corps, ce qui implique clairement la transsubstantiation.

26.27 Buvez-en tous. Cela fut dit aux douze apôtres, qui tous étaient alors présents ; mais il ne s’ensuit nullement qu’il soit ordonné à tous les fidèles de boire de ce calice, pas plus qu’il ne leur est ordonné de consacrer, d’offrir et d’administrer ce sacrement, parce que Jésus-Christ, dans le même moment, commanda à ses apôtres de faire cela, selon ces paroles de saint Luc (voir Luc, 22, 19) : Faites ceci en mémoire de moi.

26.28 Le sang du nouveau testament. Comme l’ancien testament était consacré avec le sang des victimes (voir Exode, 24, 8) par ces paroles : Ceci est le sang du testament (voir Hébreux, 9, 20), de même se trouve ici la consécration et l’institution du nouveau testament dans le sang de Jésus-Christ, répandu d’une manière mystique par ces paroles : Ceci est le sang du nouveau Testament. Pour un grand nombre. Voir Matthieu, 20, 28.

26.30 Et l’hymne dit ; c’est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes 112 à 117, consacrés dans les rituels des Juifs, pour la cène pascale ; ou, selon d’autres, après le chant du cantique composé par le Sauveur lui-même pour la circonstance. ― Comme Jésus-Christ et les Apôtres suivaient ordinairement les coutumes juives, l’opinion des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l’un qui commence par Halleluia et qui se compose des Psaumes 112 à 117 ; l’autre qu’on appelle grand, parce qu’on y dit vingt-six fois : Car sa miséricorde est à jamais (voir, Psaumes, 136, 1 en hébreu ; 135, 1 dans la Vulgate) qui se compose du Psaume 136. On divise le Hallel en deux parties : les Psaumes 112 et 113 avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. » (H.-J. MICHON.)

26.31 Voir Marc, 14, 27 ; Jean, 16, 32 ; Zacharie, 13, 7.

26.32 Voir Marc, 14, 28 ; 16, 7.

26.34 Voir Marc, 14, 30 ; Jean, 13, 38.

26.35 Voir Marc, 14, 31 ; Luc, 22, 33.

26.36 Gethsémani. « Au bord même et presque à la naissance du torrent de Cédron, à l’est de Jérusalem, est Gethsémani ou le jardin des Oliviers. On y voit la grotte où Notre-Seigneur répandit une sueur de sang. Cette grotte est irrégulière, profonde et haute, et divisée en deux cavités qui communiquent par une espèce de portique souterrain ; on y a pratiqué des autels. Le jardin même est entouré d’un petit mur de pierres sans ciment, et huit oliviers espacés de trente à quarante pas les uns des autres le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nombre des plus grands arbres que j’ai jamais rencontrés, dit Lamartine ; la tradition fait remonter leurs années jusqu’à la date mémorable de l’agonie de l’Homme-Dieu qui les choisit pour cacher ses divines angoisses. [L’olivier est pour ainsi dire immortel, a observé Châteaubriand, parce qu’il renaît de sa souche.] Leur aspect confirmerait au besoin la tradition qui les vénère ; leurs immenses racines, comme les accroissements séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s’élevant de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pèlerin des sièges naturels, où il peut s’agenouiller ou s’asseoir pour recueillir les saintes pensées qui descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la vieillesse comme par des rides profondes, s’élève en large colonne sur ces groupes de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s’incline à droite ou à gauche et laisse pendre ses vastes rameaux entrelacés, que la hache a cent fois retranchés pour les rajeunir. Ces rameaux, vieux et lourds, qui s’inclinent sur le tronc, en portent d’autres plus jeunes, qui s’élèvent un peu vers le ciel, et d’où s’échappent quelques tiges d’une ou deux années, couronnées de quelques touffes de feuilles et noircies de quelques petites olives bleues, qui tombent, comme des reliques célestes, sur les pieds du voyageur chrétien. » (LAMARTINE.)

26.39 Nous avons copié Bossuet, afin d’imiter le plus possible l’admirable concision du texte sacré, qui porte à la lettre : Toutefois, non comme je veux, mais comme vous voulez.

26.45 Dormez maintenant, etc. Ces paroles se prennent généralement dans un sens ironique. Ce n’est pas une permission que le Sauveur donne à ses apôtres, mais un reproche qu’il leur fait de ce qu’ils se mettaient si peu en peine de l’approche du péril qu’il leur avait annoncé.

26.47 Voir Marc, 14, 43 ; Luc, 22, 47 ; Jean, 18, 3. ― Les princes des prêtres. Voir Matthieu, note 2.4. ― Les anciens du peuple. Voir Matthieu, note 16.21.

26.49 Maître. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot, Jean, note 1.38.

26.52 Voir Genèse, 9, 6 ; Apocalypse, 13, 10. ― Périront par l’épée ; c’est-à-dire mériteront de périr par l’épée.

26.53 Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.

26.54 Voir Isaïe, 53, 10.

26.56 Voir Lamentations de Jérémie, 4, 20 ; Marc, 14, 50.

26.57 Voir Luc, 22, 54 ; Jean, 18, 24. ― Selon le récit plus ample de saint Jean (voir Jean, 18, verset 13 et suivants), ils le menèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, et ensuite chez Caïphe. ― D’après la tradition, la maison de Caïphe, soit que ce fût sa propre maison, soit que ce fût celle des grands prêtres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l’endroit où est aujourd’hui un petit couvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement triangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C’est là, croit-on, que saint Pierre se trouvait pendant qu’on jugeait son maître et qu’il le renia trois fois. Nicéphore nous apprend que sainte Hélène avait bâti en ce lieu une église dédiée au Prince des Apôtres.

26.59 Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les Evangiles par la périphrase : les princes des prêtres, les scribes et les anciens du peuple (voir Marc, 14, vv. 43, 53) parce que c’étaient là les membres qui le constituaient, était le conseil et le tribunal suprême des Juifs. Il était composé de soixante-douze membres ; le grand-prêtre en était le président ; les vingt-quatre chefs des familles sacerdotales ou princes des prêtres (voir Matthieu, 2, 4) y représentaient l’élément sacerdotal ; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matthieu, 2, 4) ; les anciens du peuple, le reste d’Israël. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l’origine du sanhédrin (voir Exode, 18, 17-26) ; mais on ne le voit constitué comme il l’était du temps de Notre-Seigneur qu’après la captivité. Même sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que la sentence fût confirmée par le procurateur romain.

26.61 Voir Jean, 2, 19. ― Le temple, en grec, naos. Voir Matthieu, 21, 12.

26.64 Voir Matthieu, 16, 27 ; Romains, 14, 10 (?) ; 1 Thessaloniciens, 4, 15.

26.65 En signe d’une grande douleur ou d’indignation, les Juifs déchiraient leurs vêtements.

26.66 Selon la loi (voir Lévitique, 24, 16), les blasphémateurs devaient être punis de mort.

26.67 Voir Isaïe, 50, 6 ; Marc, 14, 65. ― Et le déchirèrent à coups de poing. Voir Matthieu, 21, 35.

26.69 Voir Luc, 22, 56 ; Jean, 18, 17.

26.73 Ton langage te décèle. Les Galiléens n’avaient pas le même accent que les habitants de Jérusalem et de la Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu et qu’ils brouillaient les lettres les unes avec les autres : le b avec le f, etc.

26.75 Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, saint Pierre alla pleurer son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cédron. On éleva dans la suite, au-dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le Chant du Coq.

27.1 Les princes des prêtres et les anciens du peuple. Voir Matthieu, 26, 3.

27.2 Voir Marc, 15, 1 ; Luc, 23, 1 ; Jean, 18, 28. ― « Ponce-Pilate fut le cinquième procurateur envoyé de Rome en Judée. Il gouverna cette province de l’an 26 à l’an 36 de l’ère chrétienne, sous les ordres du légat de Syrie. C’était une créature de Séjan, favori de Tibère. Par ménagement pour la susceptibilité des Juifs, il résidait à Césarée de Palestine, place forte sur la côte de la mer ; mais, comme Antipas, il venait à Jérusalem au temps des grandes fêtes, et alors il habitait le prétoire, demeure contigüe au palais d’Hérode et à la tour Antonia. » (L. BACUEZ.)

27.5 Voir Actes des Apôtres, 1, 18.

27.6 Le trésor était l’endroit du temple où le peuple mettait ses présents et ses offrandes.

27.7 Du potier ; c’est-à-dire du potier de ce lieu.

27.8 Voir Actes des Apôtres, 1, 19. ― Haceldama, c’est-à-dire le champ du sang. L’emplacement traditionnel de ce champ, qui porte toujours le même nom, est au sud de Jérusalem, sur le versant méridional de la vallée de Ben-Hinnon.

27.9 Voir Zacharie, 11, 12. ― Le texte qui est rapporté ici ne se lit pas dans Jérémie ; mais on en trouve la substance dans Zacharie. Saint Matthieu a pu se borner à dire du prophète, sans ajouter aucun nom. Il est certain que la version syriaque et plusieurs anciens manuscrits latins ne nomment pas le prophète. Cependant les interprètes ne conviennent pas tous que saint Matthieu ait fait cette omission, et ils cherchent à maintenir, les uns le nom de Jérémie, les autres celui de Zacharie.

27.11 Voir Marc, 15, 2 ; Luc, 23, 3 ; Jean, 18, 33.

27.15 A un des jours de la fête solennelle ; c’est-à-dire pendant la fête de pâque (Comparer à Jean, 18, 39). Comme c’était la plus grande de leurs solennités, les Juifs la désignaient assez ordinairement sous le nom de la fête.

27.16 Barabbas, d’après les détails fournis par les divers évangélistes, avait trempé dans une sédition, et il était voleur et assassin.

27.19 Sa femme, Claudia Procula ou Procla, d’après la tradition.

27.20 Voir Marc, 15, 11 ; Luc, 23, 18 ; Jean, 18, 40 ; Actes des Apôtres, 3, 14.

27.24 Les païens aussi se lavaient les mains, soit dans les alliances, soit dans les sacrifices qu’ils offraient aux dieux supérieurs, soit enfin pour expier un meurtre ou se purifier du sang répandu même à la guerre ; mais on pense généralement que Pilate a voulu dans cette circonstance se conformer à l’usage des Juifs pour leur être agréable.

27.26 Le supplice de la croix était la peine des esclaves, des voleurs, mais surtout des séditieux, suivant les lois romaines. Les Hébreux, selon Maimonide, ne crucifiaient régulièrement pas les hommes en vie, mais après leur mort ; ils les attachaient au poteau et les en détachaient avant le coucher du soleil. Comparer à Deutéronome, 21, vv. 22, 23.

27.27 Voir Marc, 15, 16 ; Psaumes, 21, 17. ― La cohorte romaine se comportait de six cent vingt-cinq hommes. ― Menant Jésus dans le prétoire. Le prétoire, qui désigna d’abord la tente du général en chef dans le camp, fut aussi plus tard le nom donné à la résidence du gouverneur de province, comme était Pilate. C’est là qu’il habitait et qu’il rendait la justice. Les évangélistes ont conservé le nom latin grécisé que les Latins avaient donné au palais du procurateur dans la capitale de la Judée. A la place où s’élevait autrefois le Prétoire est aujourd’hui en grande partie, à ce qu’on croit, la cour actuelle de la caserne turque, au nord-ouest du Temple. On y voit encore de grosses pierres qu’on dit avoir appartenu au prétoire. « L’escalier, qui de la cour supérieure où était le prétoire, conduisait dans la cour inférieure occupée aujourd’hui par une rue, a été transportée à Rome, où il est vénéré près de Saint-Jean de Latran. » (J. H. MICHON.)

27.28 Ils l’enveloppèrent d’un manteau d’écarlate. En grec : d’une chlamyde. C’était une espèce de manteau de laine, ouvert et retroussé sur l’épaule gauche, où il s’attachait avec une agrafe, afin de laisser le bras droit libre. Le nom est d’origine grecque ; il désigne ici le paludamentum, vêtement militaire des soldats romains. Il était de forme ovale, se portait par-dessus la cuirasse et retombait en arrière, à peu près jusqu’à mi-jambe. Les tribuns le portaient de couleur blanche ; les généraux et les empereurs de couleur pourpre.

27.29 Voir Jean, 19, 2. ― Une couronne d’épines. La couronne qu’on mit sur la tête de Notre-Seigneur était de joncs, entrelacés d’épines de zizyphus. La couronne proprement dite est conservée à Notre-Dame de Paris ; Pise possède dans sa jolie église de la Spina une branche de zizyphus. La couronne de joncs de Paris, « cette relique insigne, peut-être la plus remarquable de celles que possèdent les chrétiens, à cause de son intégrité relative ; vient sans conteste de saint Louis. Elle se compose d’un anneau de petits joncs réunis en faisceaux. Le diamètre intérieur de l’anneau est de 210 millimètres, la section a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés par quinze ou seize attaches de joncs semblables. Quelques joncs sont pliés et font voir que la plante est creuse ; leur surface, examinée à la loupe, est sillonnée de petites côtes. Le jardin des Plantes de Paris cultive un jonc appelé juncus balticus, originaire des pays chauds et qui paraît exactement semblable à la relique de Notre-Dame. Quant aux épines, nul doute que ce ne soit du rhamnus, nom générique de trois plantes qui se rapprochent tout-à-fait de l’épine de Pise. [Ce rhamnus était le zizyphus spina Christi ou jujubier. Dans la couronne de Notre-Seigneur, ses] branches brisées ou courbées vers le milieu pour prendre la forme d’un bonnet, étaient fixées par chacune de leurs extrémités, soit en dedans, soit au dehors du cercle de joncs. Il fallait que le cercle fût plus grand que le tour de la tête, afin de l’y pouvoir faire entrer, malgré le rétrécissement causé par l’introduction des branches, et l’on trouve en effet que la couronne de Notre-Dame placée seule sur la tête tomberait sur les épaules. On n’avait même pas besoin de nouveaux liens pour les fixer au cercle de joncs ; et les rameaux passaient alternativement dessus et dessous devaient suffire pour les maintenir. C’est cette opération que les [évangélistes] ont pu appeler le tressage. Les soldats sans doute, évitèrent de toucher à ces horribles épines, dont chacune, plus tranchante que la griffe du lion, fait jaillir le sang en abondance. [La branche de zizyphus de Pise] a 80 millimètres de hauteur. L’épine principale a plus de 20 millimètres de longueur. » (ROHAULT DE FLEURY.)

27.32 Voir Marc, 15, 21 ; Luc, 23, 26. ― Sa croix. Les auteurs avaient émis les opinions les plus diverses sur la nature du bois ou des bois dont était formée la croix. Après l’examen scientifique de diverses reliques, « on peut affirmer que le bois de la croix provenait d’un conifère, et on ne peut douter que ce conifère soit du pin. [D’après l’opinion commune, l’instrument du supplice de Notre-Seigneur se composait d’un montant] avec une traverse laissant passer la tête de la tige, comme l’usage de la représenter s’en est le plus généralement répandu. [D’après] une ancienne tradition, la hauteur du montant était de 4 mètres 80, et celle de la traverse de 2 mètres 30 à 2 mètres 60. » Le supplice de la croix, très fréquent chez les Romains, était spécial pour les esclaves. On l’appliquait quelquefois aux hommes libres, mais alors aux plus vils et aux plus coupables, comme les voleurs, les assassins, les faussaires. Chez les Romains, les condamnés portaient leurs croix. Plaute (Pilate ?) a dit : qu’il porte la potence à travers la ville et qu’il soit ensuite attaché à la croix. « L’intervention de Simon le Cyrénéen peut s’entendre de deux manières. Le texte sacré ne dit pas formellement si Notre-Seigneur fut totalement déchargé de sa croix, ou s’il continua à la porter avec une aide étrangère. Dans la première hypothèse, le Christ aurait marché en avant, Simon portant seul la croix en arrière. Dans la seconde, il aurait porté la partie antérieure et Simon la partie postérieure, le bout traînant à terre. Saint Augustin, saint Athanase, saint Jérôme, saint Léon, Origène et plusieurs modernes supposent que Notre-Seigneur fut entièrement déchargé. [On peut donner] à la croix un [poids total] d’environ cent kilogrammes. La croix devait traîner à terre, [parce que] ce long bois n’aurait pu rester en équilibre sur l’épaule ; la diminution du poids qui en résultait peut être évaluée à 25 ou 30 kilogrammes. [Le Sauveur avait donc encore à porter] environ 75 kilogrammes. [Ce fardeau dépassait ses forces, parce qu’il était] épuisé par les supplices qu’il avait endurés, par la longueur de la voie douloureuse dont on connaît au moins les deux extrémités et qui devait être de 5 à 600 mètres, et par la difficulté des chemins dans un sol montueux. » (ROHAULT DE FLEURY.)

27.33 Voir Marc, 15, 22 ; Luc, 23, 33 ; Jean, 19, 17. Golgotha. Le Golgotha est actuellement enclavé dans l’église du Saint-Sépulcre, dans la partie sud-est de la Basilique. Il s’élève à la hauteur de 4 mètres 70 centimètres au-dessus du sol. Du temps de Notre-Seigneur, le Calvaire était en dehors de Jérusalem, à l’ouest ; aujourd’hui il est dans l’enceinte même de la ville.

27.34 Du vin mêlé avec du fiel. Voir Jean, 19, 29-30.

27.35 Voir Marc, 15, 24 ; Luc, 23, 33 ; Jean, 19, 23 ; Psaumes, 21, 19. ― Après qu’ils l’eurent crucifié. « Tantôt la victime était attachée par terre à la croix, qui était ensuite élevée avec son fardeau ; tantôt la croix était d’abord dressée, et le condamné attaché avec des cordes, puis cloué. Le premier mode paraît avoir été plus probablement employé sur le Calvaire. Les crucifiés étaient souvent fixés avec des clous [placés au milieu des mains et aux pieds.] Avant de clouer les pieds, on préparait le trou avec une broche. Ce que dit le Sauveur à saint Thomas, (voir Jean, 20, 27), prouve qu’il avait eu les mains percées de clous. Les auteurs profanes qui se sont occupés du crucifiement parlent toujours de quatre clous. Toutes les peintures grecques représentent Notre-Seigneur fixé sur la croix avec quatre clous. Le clou [de la passion conservé à] Notre-Dame [de Paris], de 90 millimètres de longueur, n’a pas de tête ; sa pointe méplate est intacte. La forge est en grossière. Le clou que l’on voit dans la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem a 120 millimètres de long, 8 millimètres et demi de grosseur à sa plus grande dimension, et sa tête est couverte d’une espèce de chapeau creux au fond duquel il est rivé, comme on le voit à quelques clous antiques, à ceux par exemple de la Bibliothèque du Vatican. » (ROHAULT DE FLEURY.)

27.37 Celui-ci est Jésus, roi des Juifs. « Un écriteau destiné à faire connaître les motifs de la condamnation [était] porté en avant du condamné, ou attaché à son cou ; il était parfois remplacé par une proclamation du crieur public, annonçant le nom du criminel et l’arrêt de la justice. Il était préparé quand Notre-Seigneur sortit du prétoire, afin de le précéder dans le long parcours de la voie douloureuse. Le titre ne tenait pas encore à la croix, à laquelle il ne fut attaché avec des clous que sur le Calvaire. » Les trois premiers évangélistes n’ont pas rapporté l’inscription ; ils n’en ont donné que le sens. Saint Jean est le seul qui l’ait littéralement reproduite, en nous apprenant qu’elle portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs, écrits en trois langues, en hébreu ou araméen, en grec et en latin. L’église de Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome, possède un fragment considérable du titre de la croix. « C’est une petite planche [de chêne ou bien de sycomore ou de peuplier], de 235 millimètres de largeur sur 130 millimètres de hauteur, sillonnée de trous de vers. On y voit très distinctement deux restes d’inscription grecque et romaine, et dans le haut, l’extrémité de quelques lignes courbes qui paraissent être ceux d’une troisième inscription [en lettres hébraïques]. La seconde inscription porte : Nazarenous (en caractères grecs) et la troisième NAZARENUS RE. Les lettres sont légèrement en creux, comme si elles avaient été tracées avec cet outil particulier dont les charpentiers se servent de nos jours pour marquer le bois, ou simplement avec une petite gouge. Elles ont de 28 millimètres à 30 millimètres. Peintes en rouge sur un fond blanc, elles devaient être très visibles à la hauteur où Ponce Pilate les fit placer. Les mots sont écrits [au rebours] de droite à gauche, en suivant l’ordre du titre hébreu, et les lettres sont renversées, comme si on les voyait dans une glace. » (ROHAULT DE FLEURY.) Le titre de la croix, dans son intégrité, devait avoir approximativement 65 centimètres sur 20.

27.40 Voir Jean, 2, 19. ― Le temple, en grec, naos. Voir Matthieu, 21, 12.

27.42 Voir Sagesse, 2, 18.

27.43 Voir Psaumes, 21, 9.

27.44 Saint Luc ne parle que d’un seul voleur qui ait insulté Jésus-Christ ; mais on peut très légitimement supposer que les deux voleurs s’étaient d’abord permis ces insultes, et qu’ensuite l’un d’eux, touché de la grâce, blâma l’insolence de son compagnon. On est encore fondé à dire que saint Matthieu parle ainsi de ces voleurs indistinctement, et qu’il a mis le pluriel pour le singulier, genre de licence qui se rencontre quelquefois dans les écrivains sacrés.

27.45 Depuis la sixième heure, etc. ; depuis midi jusqu’à trois heures. ― Toute la terre, signifie, selon plusieurs, la Judée et quelques pays voisins.

27.46 Voir Psaumes, 21, 2.

27.50 Jésus… rendit l’esprit. C’était le vendredi 14 nisan, à trois heures de l’après-midi, c’est-à-dire, selon les calculs les plus probables, le vendredi 7 avril de l’an 30 de notre ère.

27.51 Voir 2 Paralipomènes, 3, 14. ― Le voile du temple, en grec, naos. Il y avait dans le temple de Jérusalem deux voiles ou portières. Le premier voile séparait le portique du Saint ; le second séparait le Saint du Saint des Saints. C’est ce dernier qui fut déchiré en deux au moment de la mort de Notre-Seigneur.

27.52 Qui s’étaient endormis ; c’est-à-dire qui étaient morts. Souvent dans l’Ecriture le sommeil est mis pour la mort.

27.54 Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus. « Les corps étaient gardés. Pétrone, dans une satire, dit que les soldats veillaient pour qu’on ne les dérobât pas pour les ensevelir. Il ajoute que les parents d’un crucifié profitèrent d’une nuit où les soldats étaient absents et enlevèrent le corps de la croix. » (ROHAULT DE FLEURY.)

27.56 « Marie-Madeleine est célèbre dans l’Evangile par ses sentiments de charité ardente envers le Sauveur des hommes, et dans la tradition ecclésiastique par ses larmes et sa pénitence. Le surnom de Madeleine fut donné à Marie, parce qu’elle était du bourg de Magdala, en Galilée, près du lac de Tibériade. On croit qu’elle était d’une famille distinguée par ses richesses. L’Evangile, en la nommant pécheresse, a fait supposer qu’elle s’était abandonnée à des débordements. On connaît le châtiment que Marie-Madeleine subit durant quelques années : elle fut tourmentée du démon jusqu’au jour où le Sauveur, lui remettant ses péchés, l’affranchit de cette domination horrible. [Quand elle versa ses parfums sur les pieds de Jésus, il lui remit ses péchés.] C’est depuis cette époque qu’elle s’imposa des pratiques de pénitence. Après avoir mis sa chevelure et ses parfums aux pieds du Seigneur, comme si elle avait voulu figurer son renoncement à toutes choses vaines, elle se joignit à quelques saintes et nobles femmes qui suivaient le divin Maître, écoutaient ses prédications et l’assistaient de leurs biens dans ses courses évangéliques. Marie-Madeleine et les saintes femmes suivirent Jésus de la Galilée à Jérusalem et elles ne l’abandonnèrent pas, même à sa mort, qui arriva six mois après. Marie avec sa famille habitait le bourg de Béthanie. [C’est là que mourut son frère Lazare, et c’est là que Jésus le ressuscita. Peu après, dans un repas qui fut donné à Béthanie au Sauveur chez un homme qui avait été guéri de la lèpre et où Lazare assistait avec ses deux sœurs, Marie répandit un nouveau vase de parfums sur les pieds du Sauveur.] Malgré les souffrances de son amour, Madeleine accompagna Jésus sur le Calvaire. [Elle lui rendit les derniers devoirs de la sépulture et mérita d’être des premières à voir son maître ressuscité.] A partir de cet instant, on ne trouve plus dans l’Evangile aucune trace de sainte Madeleine. Il est probable toutefois qu’elle se rendit d’abord en Galilée, où Jésus devait se manifester à ses disciples ; ce fut l’opinion générale des anciens que, après la descente du Saint-Esprit et la dispersion des Apôtres, Marie-Madeleine quitta Jérusalem et la Palestine. La tradition [la] plus fondée fait aborder Marie-Madeleine en Provence avec Marthe et Lazare. D’après cette tradition, Lazare devint évêque de Marseille où il mourut ; Marthe porta l’Evangile à Tarascon, et Marie-Madeleine se retira dans la caverne devenue si célèbre sous le nom de Sainte-Baume. C’est là qu’elle finit ses jours dans les pratiques de la pénitence. » (Mgr DARBOY.) ― Marie, mère de Jaques et de Joseph, femme de Cléophas ou Alphée, sœur ou belle-sœur de la sainte Vierge, mère de saint Jacques le Mineur. ― Sur Jacques et Joseph, ou Josès, voir Matthieu, note 13.55-56. ― La mère des fils de Zébédée, Salomé, mère de saint Jacques le Majeur et de saint Jean l’Evangéliste.

27.57 Voir Marc, 15, 42 ; Luc, 23, 50 ; Jean, 19, 38. ― Arimathie, d’après Eusèbe, est la Ramathaïm-Sophim située dans les montagnes d’Éphraïm, non loin de Béthel. D’après saint Jérôme, c’est la Ramléh actuelle, à quelques kilomètres de Lydda.

27.58 Les lois romaines défendaient de donner la sépulture aux criminels sans la permission des juges. ― « La croix était le tombeau du supplicié. Les Juifs attachèrent quelquefois à la croix les cadavres des suppliciés, mais ils ne les y abandonnaient jamais après le coucher du soleil. Les Romains, plus cruels, y fixaient les condamnés vivants et les laissaient périr misérablement de faim, de soif et d’épuisement. Leurs corps devenaient la proie de vautours et des chiens et se détruisaient en général par la putréfaction. » (ROHAULT DE FLEURY.)

27.59 Joseph l’enveloppa dans un linceul blanc. « Le suaire dont se servit Joseph d’Arimathie devait envelopper décemment le corps pour le porter au tombeau, indépendamment des autres linges nécessaires à l’embaumement dont parle saint Jean, 19, 40 ; 20, 5-7. » (ROHAULT DE FLEURY.) On honore à Cadouin (Dordogne) et à Turin le saint Suaire de Notre-Seigneur. « La longueur du saint suaire [de Cadouin] est de 2 mètres 81 ; sa largeur de 1 mètre 13. La pièce d’étoffe est entière, ayant une lisière sur les deux côtés larges et une bordure coloriée sur les deux côtés longs. » (DE GOURGUES.) Quant au saint Suaire de Turin, « c’est une pièce d’étoffe de quatre mètres environ de longueur, en lin, un peu jauni par le temps et rayé comme du basin. De grandes taches, dont quelques-uns indiquent certainement la place de la tête, ne peuvent être attribuées qu’au sang divin dont ce saint Suaire fut décoré. Le temps a fait dans le tissu des trous imperceptibles dont quelques-uns ont été réparés par les princesses [de Savoie.] » (Mgr JEANCART.) Voyez les nombreux ouvrages publiés sur cette sainte et authentique relique, qui fait toujours l’objet de recherches scientifiques, et dont les mystérieuses empreintes ne sont pas explicables naturellement. C’est la plus émouvante relique du Christ crucifié et ressuscité.

27.60 C’était la coutume dans ce pays de faire tailler dans le roc des tombeaux pour les personnes de considération. ― Dans son sépulcre. D’après la tradition, le tombeau de Joseph d’Arimathie était composé de deux chambres, taillées l’une et l’autre dans le roc, et dont la première servait de vestibule à la seconde où avait été déposé le corps du Sauveur. Sainte Hélène, en préparant le terrain pour isoler le tombeau de Notre-Seigneur, placé aujourd’hui au milieu de la rotonde de l’église du Saint-Sépulcre, modifia la forme du monument et le rendit quadrangulaire. La première chambre du tombeau, nommée chapelle de l’ange, parce qu’on croit que c’est là que l’Ange annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur, est une sorte de vestibule long de 3 m. 45 sur 2 m. 90 de large. On entre par une petit porte très basse percée dans le mur ouest dans la seconde chambre appelée chapelle du tombeau de Notre-Seigneur. Elle a 2 m. 07 de long sur 1 m. 93 de large. Des plaques de marbre blanc couvrent le roc naturel. Le tombeau proprement dit s’élève de 65 centimètres au-dessus du pavement ; il est long de 1 mètre 89 et large de 93 centimètres. Il est creusé en forme d’auge et adhérent aux parois nord-ouest et est. ― Il roula une grande pierre. Les tombeaux, étant des grottes ou des édifices, sont fermés par une porte ou par une pierre.

27.62 Le jour d’après la préparation du sabbat ; c’est-à-dire le jour même du sabbat Les Juifs appelaient le vendredi la préparation du sabbat, parce qu’on y préparait à manger, ce qu’il n’était pas permis de faire le lendemain.

27.66 Scellant la pierre et mettant des gardes. Les gardes furent placés à l’entrée du monument ou du vestibule extérieur, afin de surveiller les scellés. La garde romaine se composait ordinairement de seize hommes, qui se relevaient quatre par quatre de trois heures en trois heures.

28.1 Voir Marc, 16, 1 ; Jean, 20, 1. ― L’autre Marie, Marie, femme de Cléophas.

28.7 Les disciples de Jésus-Christ étant Galiléens devaient s’en retourner en Galilée après la fête de pâque.

28.16. Sur la montagne. On ignore quelle est la montagne de Galilée ici désignée.

28.17 Quelques-uns néanmoins doutèrent ; non quelques-uns des apôtres, puisque Thomas, qui seul avait douté de la vérité de la résurrection, en était alors pleinement convaincu ; mais quelques-uns des disciples qui se trouvaient là présents avec les apôtres et dont le doute portait non sur le fait de la résurrection, qui était indubitable, mais sur la personne même de Jésus-Christ. Saint Paul dit que Notre-Seigneur, après sa résurrection, se fit voir à plus de cinq cents personnes (voir 1 Corinthiens, 15, 6).

28.19 Voir Marc, 16, 15.

28.20 Jusqu’à la consommation du siècle ; c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde. « Digne parole de l’Epoux céleste, qui engage sa foi pour jamais à sa sainte Eglise ! Ne craignez point, mes Apôtres, ni vous qui succéderez à un si grand ministère : moi ressuscité, moi immortel, je serai toujours avec vous : vainqueur de l’enfer et de la mort, je vous ferai triompher de l’un et de l’autre ; et l’Eglise que je formerai par votre sacré ministère, comme moi, sera immortelle. » (BOSSUET.)

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