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Livre de Ruth

Introduction




Le petit livre qui porte le nom de Ruth a pour objet principal de nous faire connaître la généalogie de David, le fondateur de la race royale, et de celle de Jésus-Christ. Cette généalogie, qui n’est point donnée par le livre des Rois, se lit ici, au chapitre 4, versets 18 à 21 ; elle est incomplète, car de Pharès, fils de Juda, jusqu’à David, elle ne comprend que dix membres, ce qui est insuffisant pour un intervalle de six à huit siècles ; mais l’auteur a voulu nous indiquer seulement les principaux ancêtres du grand roi, et établir qu’il descendait de Juda, fils de Jacob. L’histoire d’une Moabite, Ruth, a fourni à l’écrivain sacré l’occasion de raconter l’origine du véritable fondateur de la monarchie israélite. Elle vivait du temps des Juges ; c’est pourquoi ce livre est considéré comme une sorte d’appendice ou de supplément au livre même des Juges. Il est d’ailleurs impossible de fixer à quelle date précise se sont passés les événements mentionnés dans Ruth. Des critiques ont pensé que c’était pendant les invasions des Madianites qu’avait eu lieu la famine dont parle le premier verset du chapitre 1 ; Josèphe dit que Booz vivait du temps d’Héli, après la mort de Samson. On ne peut résoudre la question. Nous ne savons pas davantage quel est l’auteur de cet écrit. Le style ne ressemble ni à celui du livre des Juges ni à celui des deux premiers livres des Rois. Plusieurs l’ont attribué à Samuel, d’autres à Ezéchias, mais sans preuves. Il a été probablement composé peu après la mort de David, puisque la généalogie finale s’arrête à ce roi, chapitre 4, verset 22.

Le livre de Ruth nous fait pénétrer dans l’intérieur d’une famille bethléhémite et nous trace un tableau achevé de la vie domestique. C’est une ravissante idylle d’une incomparable fraîcheur, d’une grâce charmante, d’une délicate sobriété de touche, une œuvre d’art exquise. Le plus habile poète n’aurait pu imaginer des caractères mieux harmonisés et mieux choisis. Quelle belle figure que celle de Booz, homme de foi, plein de l’idée de Dieu, dont la pensée est présente à tous les détails de sa vie, diligent et soigneux dans la culture de ses terres, bon pour ses serviteurs, condescendant envers eux, aimé de tous ; libéral envers les étrangers, respectant le droit des autres et observant la loi jusque dans son amour pour Ruth, sa parente ! ― Quelle touchante et sympathique figure que celle de cette Moabite, d’un dévouement si généreux pour sa belle-mère et pour la mémoire de son époux, d’une modestie si simple, d’une patience si grande dans le support de la pauvreté, d’une docilité si candide aux avis de Noémi ! Cette étrangère, adoptée par le peuple de Jéhovah, à cause de ses vertus, destinée à devenir un des ancêtres du Messie, n’est pas seulement pour nous un beau caractère : elle est le gage de notre vocation à la foi, pour nous, gentils, qui avons été appelés comme elle de l’erreur à la vérité. ― Noémi est le type de la mère de famille, de la femme forte que devait chanter plus tard l’auteur des Proverbes ; c’est la femme religieuse, fidèle à remplir ses devoirs avec tact, sagesse et prudence, comptant toujours sur Dieu, dans l’adversité comme dans la prospérité. ― Et pour faire contraste à ces figures si attachantes, Orpha, qui n’est point méchante, mais qui n’a pas le cœur assez généreux pour suivre jusqu’au bout sa belle-mère, la quitte après l’avoir embrassée et renonce ainsi à la vraie religion, comme sans s’en douter, pour retourner chez elle, vers son peuple et « vers ses dieux, » et demeurer païenne.

« Le petit livre de Ruth, dit Roos, est placé au milieu de livres remplis de récits de guerres et d’autres grands événements comme un peinture gracieuse et incomparable d’honnêteté, de décence, de sagesse et de droiture… Cette belle histoire renferme des types de toutes les vertus nécessaires dans la vie domestique et sociale. C’est la gloire éternelle du Dieu d’Israël d’avoir été honoré, au milieu de la liberté dont son peuple jouissait à cette époque, par tant de chasteté, de justice, d’amour, de bienséance. Qu’étaient donc Noémi, Booz, Ruth ? C’étaient des paysans. Combien charmante est leur éloquence ! Combien touchante leur amitié ! Combien délicate leur conduite ! Quelle prudence et quel jugement ils manifestent !

Elimélech se retire dans le pays de Moab.

Il y meurt.

Ses fils s’y marient.

Noémi sa femme avec Ruth, sa bru, retourne à Bethléhem.


1Au temps où les juges gouvernaient, sous l’un d’entre eux il arriva une famine dans le pays (sur la terre). Et un homme partit de Bethléhem de Juda, et s’en alla avec sa femme et ses deux fils au pays des Moabites (pour y passer quelque temps). 2Il s’appelait Elimélech, et sa femme Noémi. L’un de ses fils s’appelait Mahalon et l’autre Chélion ; et ils étaient Ephrathéens de Bethléhem de Juda. Etant donc venus au pays des Moabites, ils y demeurèrent. 3Elimélech, mari de Noémi, mourut ensuite, et elle resta avec ses (deux) fils, 4qui épousèrent des filles de Moab, dont l’une s’appelait Orpha et l’autre Ruth. Après avoir passé dix ans dans ce pays-là, 5ils moururent tous deux, savoir Mahalon et Chélion ; et Noémi demeura seule, ayant perdu son mari et ses deux enfants. 6Elle se leva donc pour retourner dans sa patrie avec ses deux belles-filles, qui étaient de Moab ; car elle avait appris que le Seigneur avait regardé son peuple, et qu’il leur avait donné de quoi manger. 7Elle sortit donc avec ses deux brus de cette terre étrangère ; et, étant déjà en chemin pour retourner au pays de Juda, 8elle leur dit : Allez dans la maison de votre mère ; que le Seigneur use de sa bonté envers vous, comme vous en avez usé envers ceux qui sont morts et envers moi. 9Qu’il vous fasse trouver votre repos dans la maison des maris que vous prendrez. Elle les baisa ensuite ; et ses deux brus se mirent à pleurer, et élevant la voix, elles lui dirent : 10Nous irons avec vous vers votre peuple. 11Noémi leur répondit : Retournez, mes filles ; pourquoi venez-vous avec moi ? Ai-je encore des enfants dans mon sein pour vous donner lieu d’attendre de moi des maris ? 12Retournez, mes filles, et allez-vous-en ; car je suis déjà usée de vieillesse, et hors d’état de rentrer dans les liens du mariage. Quand même je pourrais concevoir cette nuit et enfanter des fils, 13si vous vouliez attendre qu’ils fussent grands et en âge de se marier, vous seriez devenues vieilles avant de les pouvoir épouser. Non, mes filles, ne faites point cela, je vous prie ; car votre affliction ne fait qu’accroître la mienne, et la main du Seigneur s’est appesantie sur moi. 14Elles élevèrent donc encore leur voix, et recommencèrent à pleurer. Orpha baisa sa belle-mère, et s’en retourna ; mais Ruth s’attacha à Noémi (sans vouloir la quitter). 15Noémi lui dit : Voilà ta (belle-)sœur qui est retournée à son peuple et à ses dieux ; va-t’en avec elle. 16Ruth lui répondit : Ne vous opposez point à moi en me portant à vous quitter et à m’en aller ; car en quelque lieu que vous alliez, j’irai ; et partout où vous demeurerez, j’y demeurerai aussi : votre peuple sera mon peuple, et votre Dieu sera mon Dieu. 17La terre où vous mourrez me verra mourir, et je serai ensevelie où vous le serez. Que (le Seigneur, note) Dieu me traite dans toute sa rigueur, si jamais rien me sépare de vous, que la mort seule. 18Noémi, voyant donc Ruth dans une résolution si déterminée d’aller avec elle, ne voulut plus s’y opposer ni lui persuader d’aller retrouver les siens. 19Alors elles partirent ensemble, et elles arrivèrent à Bethléhem. Dès qu’elles y furent entrées, le bruit en courut de toutes parts, et les femmes disaient : Voilà cette Noémi. 20Noémi leur dit : Ne m’appelez plus Noémi, c’est-à-dire belle ; mais appelez-moi Mara, c’est-à-dire amère ; parce que le Tout-Puissant m’a toute remplie d’amertume. 21Je suis sortie d’ici pleine, et le Seigneur m’y ramène vide. Pourquoi donc m’appelez-vous Noémi, puisque le Seigneur m’a humiliée, et que le Tout-Puissant m’a comblée d’affliction ? 22Noémi quitta donc avec Ruth la Moabite, sa belle-fille, la terre étrangère où elle avait demeuré, et elle revint à Bethléhem lorsqu’on commençait à couper les orges.


Ruth va glaner dans les champs de Booz.

Booz la comble de bonté.


2Or Elimélech (, mari de Noémi,) avait un parent, homme puissant et extrêmement riche, appelé Booz. 2Et Ruth la Moabite dit à sa belle-mère : Si vous l’agréez (ordonnez), j’irai dans quelque champ, et je ramasserai les épis qui seront échappés aux moissonneurs, partout où je trouverai quelque père de famille qui me témoigne de la bonté. Noémi lui répondit : Va, ma fille. 3Elle s’en alla donc, et elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Or il arriva que le champ où elle était appartenait à Booz, le parent d’Elimélech. 4Et étant venu lui-même de Bethléhem, il dit à ses moissonneurs : Que le Seigneur soit avec vous ! Ils lui répondirent : Que le Seigneur vous bénisse ! 5Alors Booz dit au jeune homme qui veillait sur les moissonneurs : A qui est cette jeune fille ? 6Il lui répondit : C’est cette Moabite qui est venue avec Noémi du pays de Moab. 7Elle nous a demandé de pouvoir recueillir les épis qui seraient demeurés, en suivant les pas des moissonneurs ; et elle est dans le champ depuis le matin jusqu’à cette heure, sans être retournée un moment chez elle. 8Booz dit à Ruth : Ecoute, ma fille ; ne va point dans un autre champ pour glaner, et ne pars point de ce lieu ; mais joins-toi à mes jeunes filles, 9et suis partout où l’on fera la moisson, car j’ai commandé à mes gens que nul ne te fasse aucune peine ; et quand tu auras soif, va où sont les vases, et bois de l’eau dont boivent mes serviteurs. 10Ruth, se prosternant le visage contre terre, (adora,) et dit à Booz : D’où me vient que j’aie trouvé grâce à vos yeux, et que vous daigniez me connaître, moi qui suis une femme étrangère ? 11Il lui répondit : On m’a rapporté tout ce que tu as fait à l’égard de ta belle-mère après la mort de ton mari, et comment tu as quitté tes parents et le pays où tu es née, pour venir chez un peuple qui t’était inconnu auparavant. 12Que le Seigneur te rende le bien que tu as fait, et puisses-tu recevoir une pleine récompense du Seigneur, le Dieu d’Israël, vers lequel tu es venue, et sous les ailes duquel tu as cherché ton refuge. 13Elle lui répondit : J’ai trouvé grâce à vos yeux, mon seigneur, qui m’avez consolée, et qui avez parlé au cœur de votre servante, bien qu’elle ne soit pas comme (ne suis pas semblable à) l’une de vos servantes. 14Booz lui dit (encore) : Quand l’heure du repas sera venue, viens ici, et mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. Elle s’assit donc à côté des moissonneurs, et se versa de la bouillie ; elle en mangea, se rassasia, et garda le reste. 15Elle se leva (ensuite) de là pour (continuer à) recueillir des épis. Or Booz donna cet ordre à ses gens (serviteurs) : Quand même elle voudrait couper l’orge avec vous, ne l’empêchez pas. 16Jetez même exprès des épis de vos javelles, et laissez-en debout, afin qu’elle n’ait point de honte de les recueillir, et qu’on ne la reprenne jamais de ce qu’elle aura ramassé. 17Elle glana donc dans le champ jusqu’au soir ; et ayant battu avec une baguette les épis qu’elle avait recueillis, et en ayant tiré le grain, elle trouva environ la mesure d’un éphi d’orge, c’est-à-dire trois boisseaux. 18S’en étant chargée, elle revint à la ville, et les montra à sa belle-mère ; elle lui présenta aussi et lui donna les restes de ce qu’elle avait mangé, et dont elle avait été rassasiée. 19Sa belle-mère lui dit : Où as-tu glané aujourd’hui, et où as-tu travaillé ? Béni soit celui qui a eu pitié de toi. Ruth lui indiqua celui dans le champ duquel elle avait travaillé, et lui dit que cet homme s’appelait Booz. 20Noémi lui répondit : Qu’il soit béni du Seigneur ; car il a gardé la même bonne volonté pour les morts qu’il a eue pour les vivants. Et elle ajouta : Cet homme est notre proche parent. 21Ruth lui dit : Il m’a donné ordre encore de me joindre à ses moissonneurs jusqu’à ce qu’il ait recueilli tous ses grains. 22Sa belle-mère lui répondit : Il vaut mieux, ma fille, que tu ailles moissonner avec les servantes de cet homme, de peur que quelqu’un ne te fasse de la peine dans le champ d’un autre. 23Elle se joignit donc aux filles de Booz, et elle moissonna constamment avec elles jusqu’à ce que les orges et les blés eussent été mis dans les greniers.


Ruth va se coucher aux pieds de Booz.

Booz lui promet de l’épouser.


3(Or,) Après que Ruth fut revenue auprès de sa belle-mère, celle-ci lui dit : Ma fille, je pense à te mettre en repos, et je pourvoirai à ton bonheur. 2Booz, aux filles duquel tu t’es jointe dans le champ, est notre proche parent, et il vannera cette nuit son orge dans son aire. 3Lave-toi donc, parfume-toi d’huile, et prends tes plus beaux vêtements, et va à son aire. Que Booz ne te voie point jusqu’à ce qu’il ait fini de boire et de manger. 4Quand il s’en ira dormir, remarque le lieu où il dormira ; tu y viendras, et tu découvriras la couverture dont il sera couvert du côté des pieds, et tu te jetteras (coucheras) là et y dormiras. Il te dira lui-même ensuite ce que tu dois faire. 5Ruth lui répondit : Je ferai tout ce que vous me commanderez. 6Elle alla donc à l’aire de Booz, et fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé. 7Et lorsque Booz, après avoir bu et mangé, et être devenu plus gai, s’en alla dormir près d’un (du) tas de gerbes, elle vint doucement, et, ayant découvert sa couverture du côté des pieds, elle se coucha là. 8Tout à coup, vers minuit, Booz fut effrayé et se troubla voyant une femme couchée à ses pieds ; 9et il lui dit : Qui es-tu ? Elle lui répondit : Je suis Ruth, votre servante ; étendez votre couverture sur votre servante, parce que vous êtes mon proche parent. 10Booz lui dit : Ma fille, que le Seigneur te bénisse (tu es bénie du Seigneur) ; cette dernière bonté (miséricorde) que tu témoignes dépasse encore la première, parce que tu n’es pas allée chercher de jeunes gens, pauvres ou riches. 11Ne crains donc point, je ferai (pour toi) tout ce que tu me diras ; car tout le peuple de cette ville sait que tu es une femme vertueuse. 12Pour moi, je ne désavoue pas que je sois ton parent ; mais il y en a un autre plus proche que moi. 13Repose-toi cette nuit ; et aussitôt que le matin sera venu, s’il veut te retenir par son droit de parenté, tout sera bien ; s’il ne le veut pas, je te jure par le Seigneur qu’indubitablement (le Seigneur vit !) je te prendrai. Dors là jusqu’au matin. 14Elle dormit donc à ses pieds jusqu’à ce que la nuit fût passée ; et elle se leva le matin, avant que les hommes se pussent entre-connaître. Booz lui dit encore : Prends bien garde que personne ne sache que tu es venue ici. 15Et il ajouta : Etends le manteau que tu as sur toi, et tiens-le bien des deux mains. Ruth l’ayant étendu et le tenant, il lui mesura six boisseaux d’orge et les chargea sur elle. Elle rentra à la ville en les portant, 16et vint trouver sa belle-mère, qui lui dit : Ma fille, qu’as-tu fait ? Elle lui raconta tout ce que Booz avait fait pour elle, 17et elle lui dit : Voilà six boisseaux d’orge qu’il m’a donnés, en me disant : Je ne veux pas que tu retournes vers ta belle-mère les mains vides. 18Noémi lui dit : Attends, ma fille, jusqu’à ce que nous voyons l’issue de cette affaire. Car c’est un homme à n’avoir aucun repos qu’il n’ait accompli tout ce qu’il a dit.


Booz épouse Ruth.

Elle devient mère d’Obed, aïeule de David.


4Booz alla donc à la porte de la ville, et s’y assit ; et voyant passer ce parent dont il a été parlé auparavant, il lui dit en l’appelant par son nom : Viens un peu ici, et assois-toi. Ce parent vint donc et il s’assit. 2Et Booz, ayant pris dix hommes des anciens de la ville, leur dit : Asseyez-vous ici. 3Après qu’ils furent assis, il dit à son parent : Noémi, qui est revenue du pays de Moab, doit vendre une (la) partie du champ d’Elimélech notre parent (frère, note). 4J’ai désiré te l’apprendre, et te le dire devant tous ceux qui sont assis en ce lieu et devant les anciens de mon peuple. Si tu veux l’acquérir par le droit que tu as de plus proche parent, achète-le et possède-le. Mais, si cela te déplaît, déclare-le-moi, afin que je sache ce que j’ai à faire. Car il n’y a point d’autre parent que toi, qui es le premier, et moi, qui suis le second. Il lui répondit : J’achèterai le champ. 5Booz ajouta : Quand tu auras acheté le champ de Noémi, il faudra aussi que tu épouses Ruth la Moabite, qui a été la femme du défunt ; afin que tu fasses revivre le nom de ton parent dans son héritage. 6Il lui répondit : Je (te) cède mon droit de parenté ; car je ne dois pas éteindre moi-même la postérité de ma famille. Use toi-même de mon privilège, dont je déclare que je me prive volontiers (volontairement). 7Or c’était une ancienne coutume en Israël entre parents que s’il arrivait que l’un cédât son droit à l’autre, afin que la cession fût valide, celui qui se démettait de son droit ôtait son soulier et le donnait à son parent : c’était là le témoignage de la cession en Israël. 8Booz dit donc à son parent : Ote ton soulier. Et il l’enleva aussitôt de son pied. 9Booz dit alors devant les anciens et devant tout le peuple : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’acquiers tout ce qui a appartenu à Elimélech, à Chélion et à Mahalon, l’ayant acheté de Noémi, 10et que je prends pour femme Ruth la Moabite, femme de Mahalon, afin que je fasse revivre le nom du défunt dans son héritage ; et (pour) que son nom ne s’éteigne pas dans sa famille parmi ses frères et parmi son peuple. Vous êtes, dis-je, témoins de ce fait. 11Tout le peuple qui était à la porte et les anciens répondirent : Nous en sommes témoins. Que le Seigneur rende cette femme qui entre dans ta maison, comme Rachel et Lia, qui ont établi la maison d’Israël, afin qu’elle soit un exemple de vertu dans Ephrata, et que son nom soit célèbre dans Bethléhem ; 12que ta maison devienne comme la maison de Pharès, que Thamar enfanta à Juda, par la postérité que le Seigneur te donnera de cette jeune femme (fille). 13Booz prit donc Ruth et l’épousa ; et après qu’elle fut mariée, le Seigneur lui fit la grâce de concevoir et d’enfanter un fils. 14Et les femmes dirent à Noémi : Béni soit le Seigneur, qui n’a point permis que ta famille fût sans successeur, et qui a voulu que son nom se conservât dans Israël ; 15afin que tu aies un enfant qui console ton âme, et qui te nourrisse dans ta vieillesse, car il t’est né de ta belle-fille qui t’aime, et qui te vaut beaucoup mieux que si tu avais sept fils. 16Noémi, ayant pris l’enfant, le mit dans son sein, et elle le portait, et lui tenait lieu de nourrice. 17(Or) Les femmes ses voisines s’en réjouissaient avec elle, en disant : Il est né un fils à Noémi ; et elles l’appelèrent Obed. C’est lui qui fut père d’Isaï, père de David. 18Voici les générations de Pharès : Pharès fut père d’Esron ; 19Esron, d’Aram ; Aram, d’Aminadab ; 20Aminadab, de Nahasson ; Nahasson, de Salmon ; 21Salmon, de Booz ; Booz, d’Obed ; 22Obed, d’Isaï ; et Isaï fut père de David.

Notes


1.1 De Juda, est ajouté à Bethléhem, parce qu’il y avait un autre Bethléhem dans la tribu de Zabulon. ― Bethléhem, gracieux village, à deux heures environ de Jérusalem au sud, bâti sur une double colline, tapissée de vignes et d’oliviers. Voir Matthieu, note 2.1. ― Moab, à l’est de la mer Morte.

1.2 Ephrathéens, veut dire ici hommes d’Ephrata, ou de Bethléhem, qui s’appelait anciennement Ephrata ; et non point hommes de la tribu d’Ephraïm, comme en plusieurs autres endroits.

1.6 Du pays de Moab, selon le texte hébreu, ne peut se rattacher qu’au verbe aller ; mais il y a amphibologie dans la Vulgate.

1.8 Allez, etc. Les femmes demeuraient dans des appartements séparés de ceux des hommes ; ainsi les filles habitaient dans l’appartement de leurs mères.

1.17 Que le Seigneur, etc. Bien que les mots du texte hébreu diffèrent un peu de ceux de la Vulgate, le sens est le même ; il exprime une formule de serment usitée dans ces anciens temps, mais abrégée ici par l’auteur sacré. C’est comme si l’on disait : Que le Seigneur me punisse de tels et tels maux et d’autres encore.

2.2 Dans le champ ; voisin du lieu où elles se trouvaient. Les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent les avec la main par la racine ; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille même qu’on vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent aujourd’hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale à travers le champ qu’ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée.

2.3 Elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Aujourd’hui comme du temps de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l’orphelin, se voient souvent à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. » (VAN LENNEP.)

2.8 Mes jeunes filles ; c’est-à-dire les jeunes filles qui me servent.

2.9 Et même si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours très altérés, aussi vont-ils boire souvent à une cruche d’eau qu’on garde cachée à l’ombre d’un arbre ou dans des broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent presque toujours des outres d’eau destinées aux ouvriers. Tantôt une femme les leur apporte, tantôt on les voit boire à longs traits.

2.13 Qui ne suis pas semblable ; qui suis au-dessous.

2.14 Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de la campagne. ― Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunissent tous ensemble, à l’ombre d’un arbre, autour d’un plat fourni par le propriétaire du champ. Les mets préférés sont le leben ou le lait aigre, des grains rôtis, la salade ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraîchissante, et par là même très agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travailleurs. Sur les épis rôtis, voici ce que dit un voyageur : « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger qui conduisait le lus grand troupeau de chèvres que j’eusse encore vu dans le pays. Il dînait avec des épis de froment à moitié mûrs, qu’il mangeait, après les avoir fait rôtir, d’aussi bon appétit que les Turcs font leur pillaus. Il nous régala du même mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. Il est parlé de ces épis ainsi rôtis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans l’Orient. Elle est pareillement en usage en Egypte, avec cette différence que les pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet. Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements de l’art, et vraisemblablement ceux qui s’en servent les ignorent encore. Cependant je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rôtis. » (FR. HASSELQUIST.)

2.17 L’éphi contenait environ trente pintes. ― En litres : 38 litres 88. ― Quand la quantité d’orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l’épi en le battant avec un bâton et on le vanne au moyen d’un courant d’air qui emporte le chaume.

3.2 Il vanne l’aire de l’orge ; pour il vanne l’orge de l’aire, ou dans l’aire. ― Quand on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l’on examine sans prévention l’ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme l’ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu’ils n’avaient peut-être pas dans le cœur.

3.7 Et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé commence à être transporté sur l’aire jusqu’au jour où il en est enlevé, après avoir été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à côté de ses gerbes, dont quelques-unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l’aire n’est pas éloignée du village, ou pour la mettre à l’abri des ravages des sangliers, quand on est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jourdain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu’elles soient entièrement mûres, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s’emparent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les emportent.

3.10 La première miséricorde ; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et ta belle-mère. ― La dernière ; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le nom de ton premier mari, en épousant un parent âgé préférablement à un jeune homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-même.

3.13 Le Seigneur vit ! Voir Juges, 8, 19.

4.3 Notre frère ; c’est-à-dire notre parent.

4.5 De la main de la femme ; c’est-à-dire Noémi.

4.7 Voir Deutéronome, 25, 7.

4.11 Comme Rachel et Lia, les épouses de Jacob. Voir Genèse, chapitres 29 et 30.

4.12 Voir Genèse, 38, 29.

4.17 Elles appelèrent. Ce sont les voisines de Noémi qui nommèrent l’enfant. Le latin de la Vulgate est amphibologique, mais l’hébreu ne l’est nullement.

4.18 Voir 1 Paralipomènes, 2, 5 ; 4, 1 ; Matthieu, 1, 3.

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