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Introduction au livre de TOBIE

Le livre de Tobie a été composé en chaldéen, d’après saint Jérôme ; il l’a été en hébreu, d’après un certain nombre de critiques ; en grec, d’après quelques autres. Cette dernière opinion est fausse. Quant aux deux premières, on n’apporte aucun argument décisif en faveur de l’une ni de l’autre ; les savants modernes penchent cependant plus communément pour l’original hébreu.

Quoiqu’il en soit, le texte primitif est perdu. Un texte chaldéen, découvert en 1877, et publié en 1878, n’est certainement pas le texte original. Les anciennes versions de ce livre sont sensiblement différentes les unes des autres ; les noms propres ne se ressemblent pas toujours entre eux, et la critique ne peut réussir, en plus d’un cas, à découvrir quelle était la leçon authentique. La plupart des objections qu’on fait contre cette histoire n’ont pas d’autre fondement que les altérations provenant de la variété des leçons ou des négligences des copistes. Le nom de Tobie est en hébreu Tobiyah. Il signifie : « Jéhovah est bon. »

La réalité de son histoire est attestée par les détails minutieux du récit, par la généalogie du principal personnage, qui est longuement donnée dans le texte grec le plus complet par les renseignements précis sur la géographie, l’histoire, la chronologie, etc.

Plusieurs critiques modernes retardent jusqu’au temps d’Adrien, qui régna de 117 à 138 de notre ère, la composition du livre de Tobie. Ils s’appuient sur des raisons futiles, tirées de la tendance qu’ils attribuent l’auteur, celle, par exemple, de montrer que l’ensevelissement des morts est une œuvre agréable à Dieu, comme si on l’on avait eu besoin d’attendre l’époque de l’empereur Adrien pour soupçonner que c’était là un acte de charité !

La tradition a toujours attribué à Tobie père et fils la rédaction de leur histoire ; 1° parce que, dans toutes les versions (celle de saint Jérôme, et en partie, le nouveau texte chaldéen exceptés), Tobie parle à la première personne, depuis le chapitre Ier jusqu’au commencement de l’histoire de Sara. Le texte grec, chapitre 12, verset 20, porte que l’ange Raphaël commanda à Tobie d’écrire son histoire, et l’on ne peut douter qu’il n’ait obéi à cet ordre, comme l’insinue le verset suivant, chapitre 13, verset 1, dans les éditions grecques. Le livre de Tobie a donc été écrit très probablement dans les premiers temps qui suivirent la déportation des Israélites du nord en Assyrie, puisque c’est à cette époque que vivait le héros de cette histoire, et qu’il en est vraisemblablement l’auteur. Les deux derniers versets, voir Tobie, 14, 16-17, sont d’une main étrangère. ― Le concile de Trente a déclaré contre les protestants le livre de Tobie canonique.

Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admirable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : Vertus et épreuves de Tobie ; vertus et épreuves de Sara ; voyage du jeune Tobie en Médie ; son mariage avec Sara ; son retour à Ninive ; conclusion : manifestation de l’ange Raphaël, dernières années de Tobie.

L’histoire de Tobie nous offre un parfait modèle de la vie domestique et renferme les exemples les plus instructifs et les plus touchants de toutes sortes de vertus.

Son but direct est d’apprendre aux Juifs à honorer Dieu, au milieu même des païens, pour leur faire connaître la vérité, comme le chante Tobie dans son cantique d’actions de grâce, qui peut être considéré comme l’épilogue de son livre, voir Tobie, 13, 3-4.

Mais en même temps que l’auteur poursuit ce but élevé, il en atteint un autre, presque sans y penser, celui d’édifier ses lecteurs, non pas seulement ceux qui vivraient, comme lui et avec lui, captifs au milieu des Assyriens, mais ceux de tous les temps et de tous les lieux, par sa patience, et par des exemples de toutes les vertus. ― « [Le livre de Tobie] nous offre un tableau intime des vertus, des souffrances et des joies de l’exil de Tobie. Ce n’est pas le froid récit d’événements fortuitement rapprochés, mais le tableau plein de simplicité et de grandeur des épreuves d’un homme juste et miséricordieux. Tobie est un second Job, dont les malheurs et le salut sont liés à des événements qui font en même temps de son histoire le manuel des [époux]. L’exemple du jeune Tobie montre comment doivent se contracter et se célébrer les unions agréables à Dieu. L’humanité, l’amour paternel, la piété filiale, la douceur et la probité des deux Tobie sont le développement de la pensée fondamentale du livre ; la confiance en Dieu ne peut tourner à la confusion du juste. Ainsi ce livre devient le livre élémentaire des parents qui veulent fonder une famille agréable à Dieu et marcher courageusement au devant des épreuves de la vie. » (HANEBERG.) ― Mais il n’est pas seulement le guide des pères et des mères, il renferme aussi des exemples et des enseignements pour tous ; l’aumône y est recommandée avec insistance, voir Tobie, 1, 16-17 ; 2, 1-2 ; 4, vv. 7-12, 17 ; 12, 8-9 ; le grand précepte de la charité y est donné sous forme négative, voir Tobie, 4, 16 ; la prière revient constamment pour attirer les bénédictions de Dieu sur toutes les affaires importantes, voir Tobie, 4, 20 ; 3, vv. 1-6, 11, 13-23 ; 6, 18 ; 8, 6-10, etc. ; la fuite de tout péché est recommandée comme celle du seul mal véritable, voir Tobie, 4, 23, etc. ― L’intervention d’un ange, envoyé de Dieu, est un des traits principaux du livre de Tobie, qui nous révèle ainsi, d’une manière manifeste, la doctrine des anges gardiens. ― Cette histoire est, comme celle de Job, une justification de la Providence.

« L’histoire de Tobie est un des plus beaux monuments de la littérature juive. Les caractères sont très simples, mais dessinés avec une grande habileté. Le pieux et infortuné Tobie, sa femme également pieuse, mais impatiente et un peu acariâtre, sont des personnes réelles. Fort simple, le récit est très heureusement disposé. » (NŒLDEKE.)

Livre de Tobie



Origine de Tobie.

Sa fidélité à la loi.

Naissance de son fils.

Il demeure fidèle dans sa captivité.

Situation où il se trouve sous Salmanasar, sous Sennachérib, et après la mort de ce prince.


1Tobie, de la tribu et d’une ville de Nephthali, qui est dans la haute Galilée au-dessus de Naasson, derrière le chemin qui conduit à l’occident, ayant à sa gauche la ville de Séphet, 2fut emmené captif au temps de Salmanasar, roi des Assyriens ; et, même dans sa captivité, il n’abandonna pas la voie de la vérité ; 3en sorte qu’il distribuait tous les jours ce qu’il pouvait avoir à ses frères, à ceux de sa nation qui étaient captifs avec lui. 4Et quoiqu’il fût le plus jeune de tous dans la tribu de Nephthali, il ne fit rien paraître de puéril dans ses actes. 5Car lorsque tous allaient aux veaux d’or que Jéroboam, roi d’Israël, avait faits, il (lui seul) fuyait seul la compagnie de tous. 6Et il allait à Jérusalem au temple du Seigneur, et il y adorait le Seigneur, le Dieu d’Israël, offrant fidèlement les prémices et les dîmes de tous ses biens, 7et, la troisième année, il distribuait toute sa dîme aux prosélytes et aux étrangers. 8Il observait ces choses et d’autres semblables conformément à la loi de Dieu, n’étant encore qu’un enfant. 9Mais, lorsqu’il fut devenu homme, il épousa une femme de sa tribu, nommée Anne, et en eut un fils auquel il donna son nom. 10Et il lui apprit dès son enfance à craindre Dieu, et à s’abstenir de tout péché. 11Lors donc qu’ayant été emmené captif avec sa femme, son fils et toute sa tribu, il fut arrivé dans la ville de Ninive, 12quoique tous mangeassent des mets des Gentils, il garda néanmoins son âme, et il ne se souilla jamais de leurs mets. 13Et parce qu’il se souvint de Dieu de tout son cœur, Dieu lui fit trouver grâce devant le roi Salmanasar, 14qui lui donna pouvoir d’aller partout où il voudrait, et la liberté de faire (tout) ce qu’il lui plairait. 15Il allait donc trouver tous ceux qui étaient captifs, et leur donnait des avis salutaires. 16Or il vint à Ragès, ville des Mèdes, ayant dix talents d’argent qui provenaient des dons qu’il avait reçus du roi. 17Et parmi le grand nombre de ceux de sa race, voyant que Gabélus, qui était de sa tribu, (était dans le besoin,) il lui donna sous son seing cette somme d’argent. 18Mais, longtemps après, le roi Salmanasar étant mort, et Sennachérib, son fils, qui régna après lui, ayant une grande haine contre les fils d’Israël, 19Tobie allait visiter presque tous les jours tous ceux de sa parenté, les consolait, et distribuait de son bien à chacun d’eux selon son pouvoir. 20Il nourrissait ceux qui avaient faim, il donnait des vêtements à ceux qui étaient nus, et ensevelissait soigneusement ceux qui étaient morts ou qui avaient été tués. 21Car le roi Sennachérib étant revenu de la Judée, fuyant la plaie dont Dieu l’avait frappé pour ses blasphèmes, il faisait tuer dans sa colère beaucoup des fils d’Israël, et Tobie ensevelissait leurs corps. 22Mais, lorsque le roi l’apprit, il ordonna de le tuer, et il lui ôta tout son bien. 23Alors Tobie s’enfuit avec son fils et sa femme, et, dépouillé de tout, il put se cacher, parce qu’un grand nombre l’aimaient (le chérissaient). 24(Or) Quarante-cinq jours après, le roi fut tué par ses fils ; 25et Tobie revint dans sa maison, et on lui rendit tout son bien.


Zèle de Tobie pour ensevelir les morts.

Il devient aveugle.

Sa constance au milieu de son affliction.

Reproches que sa femme lui fait.


2Or, après cela, comme c’était un jour de fête du Seigneur, un grand (bon) repas fut préparé dans la maison de Tobie ; 2et il dit à son fils : Va, et amène quelques-uns de notre tribu qui craignent Dieu, afin qu’ils mangent avec nous. 3Son fils partit, et revint lui annoncer qu’un des fils d’Israël gisait égorgé dans la rue (sur la place). Tobie se leva aussitôt de table, et laissant là le repas, arriva à jeun auprès du cadavre (corps). 4Il l’enleva et l’emporta secrètement dans sa maison, afin de l’ensevelir avec précaution lorsque le soleil serait couché. 5Et après avoir caché le corps, il se mit à manger avec larmes et tremblement, 6se souvenant de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : Vos jours de fête se changeront en lamentation et en deuil (pleur). 7Et lorsque le soleil fut couché, il alla l’ensevelir. 8Or tous ses proches le blâmaient, en disant : Déjà, pour ce sujet, on a ordonné de te faire mourir, et tu n’as échappé qu’avec peine à l’arrêt de mort, et de nouveau tu ensevelis les morts ? 9Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, emportait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison, et les ensevelissait au milieu de la nuit (des nuits). 10Or il arriva un jour que, s’étant fatigué à ensevelir les morts, il revint dans sa maison, se coucha près d’une (de la) muraille et s’endormit ; 11et pendant qu’il dormait, il tomba d’un nid d’hirondelle de la fiente chaude sur ses yeux ; ce qui le rendit aveugle. 12(Or) Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, pour que sa patience servît d’exemple à la postérité, comme celle du saint homme Job. 13Car, ayant toujours craint Dieu dès son enfance, et ayant gardé ses commandements, il ne s’attrista pas (et ne murmura pas) contre Dieu de ce qu’il l’avait affligé par cette (plaie de) cécité ; 14mais il demeura immobile (inébranlable) dans la crainte du Seigneur, rendant grâces à Dieu tous les jours de sa vie. 15Et de même que des rois insultaient au bienheureux Job, ainsi ses parents et ses proches se raillaient de sa conduite, en disant : 16Où est ton espérance pour laquelle tu faisais (tant) d’aumônes et de sépultures ? 17Mais Tobie, les reprenant, leur disait : Ne parlez pas ainsi ; 18car nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne changent jamais leur foi (fidélité) envers lui. 19Mais (Or) Anne, sa femme, allait tous les jours faire de la toile, et apportait du travail de ses mains ce qu’elle pouvait gagner pour vivre. 20Il arriva donc qu’ayant reçu un jour un chevreau, elle l’apporta à la maison. 21Et son mari, l’ayant entendu bêler, dit : Prenez garde qu’il n’ait été dérobé ; rendez-le à ses maîtres, car il ne nous est pas permis de manger ou de toucher ce qui a été dérobé. 22Alors sa femme lui répondit avec colère : Il est évident que ton espérance était vaine, et voilà le résultat de tes aumônes. 23C’est ainsi, et par d’autres paroles semblables, qu’elle lui insultait (le blâmait).


Prière de Tobie et de Sara, fille de Raguel.

Le Seigneur les exauce, et envoie à leur secours l’ange Raphaël.


3Alors Tobie gémit et commença à prier avec larmes, 2en disant : Seigneur, vous êtes juste ; tous vos jugements sont équitables (droits), et toutes vos voies sont miséricorde, et vérité, et justice. 3Et maintenant, Seigneur, souvenez-vous de moi, ne prenez pas vengeance de mes péchés, et ne vous souvenez pas de mes fautes, ni de celles de mes pères. 4(Parce que) Nous n’avons pas obéi à vos préceptes ; c’est pourquoi nous avons été livrés au pillage, à la captivité et à la mort, et nous sommes devenus la risée de toutes les nations parmi lesquelles vous nous avez dispersés. 5Et maintenant, Seigneur, vos jugements sont grands, parce que nous n’avons pas agi selon vos préceptes, et que nous n’avons pas marché sincèrement devant vous. 6Et maintenant, Seigneur, traitez-moi selon votre volonté, et commandez que mon âme soit reçue en paix ; car il vaut mieux pour moi mourir que vivre. 7(Or) En ce même jour, il arriva que Sara, fille de Raguël, à Ragés, ville des Mèdes, entendit, elle aussi, les injures d’une des servantes de son père. 8Car elle avait été donnée en mariage à sept maris, et un démon, nommé Asmodée, les avait tués aussitôt qu’ils s’étaient approchés d’elle. 9Comme donc elle reprenait cette servante pour quelque faute (qu’elle avait faite), celle-ci lui répondit : Que jamais nous ne voyons de toi ni fils ni fille sur la terre, (ô) meurtrière de tes maris ! 10Ne veux-tu pas me tuer aussi, comme tu as déjà tué sept maris ? A cette parole, Sara monta dans une (la) chambre haute de la (sa) maison, où elle demeura trois jours et trois nuits sans boire ni manger. 11Mais, persévérant dans la prière, elle demandait à Dieu avec larmes qu’il la délivrât de cet opprobre. 12Or il arriva que, le troisième jour, achevant sa prière, et bénissant le Seigneur, 3elle dit : Que votre nom soit béni, Dieu de nos pères, qui faites miséricorde après vous être irrité, et qui au temps de l’affliction (la tribulation) pardonnez les péchés à ceux qui vous invoquent. 14(C’est) Vers vous, Seigneur, (que) je tourne mon visage, vers vous (que) je dirige mes yeux. 15Je vous demande, Seigneur, de me délivrer du lien de cet opprobre, ou de me retirer de dessus la terre. 16Vous savez, Seigneur, que je n’ai jamais désiré un mari, et que j’ai conservé mon âme pure de toute concupiscence (mauvais désir). 17Je ne me suis jamais mêlée avec ceux qui aiment à se divertir, et je n’ai jamais eu aucun commerce avec ceux qui se conduisent avec légèreté (imprudemment). 18Si j’ai consenti à recevoir un mari, c’est dans votre crainte, et non par passion. 19Et, ou j’ai été indigne d’eux, ou peut-être n’étaient-ils pas dignes de moi, parce que vous m’avez peut-être réservée pour un autre époux (mari). 20Car votre conseil n’est pas au pouvoir de l’homme. 21Mais quiconque vous honore est sûr que, si vous l’éprouvez pendant sa vie, il sera couronné ; si vous l’affligez, il sera délivré ; et si vous le châtiez, il aura accès auprès de votre miséricorde. 22Car vous ne prenez pas plaisir à notre perte ; mais, après la tempête, vous ramenez le calme ; et après les larmes et les pleurs, vous nous comblez de joie. 23Que votre nom, ô Dieu d’Israël, soit béni dans tous les siècles. 24Ces prières de tous deux furent exaucées en même temps devant la gloire du Dieu suprême (souverain) ; 25et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour les guérir tous deux, eux dont les prières avaient été présentées au Seigneur en même temps.


Instructions de Tobie à son fils.

Il l’avertit de la somme qu’il a mise entre les mains de Gabélus.


4Tobie, croyant donc que Dieu exaucerait la prière qu’il lui avait faite de pouvoir mourir, appela à lui son fils Tobie, 2et lui dit : Mon fils, écoute les paroles de ma bouche, et pose-les dans ton cœur comme un fondement. 3Lorsque Dieu aura reçu mon âme, ensevelis mon corps, et honore (aussi) ta mère tous les jours de sa vie ; 4car tu dois te souvenir des nombreux et grands périls qu’elle a soufferts lorsqu’elle te portait dans son sein. 5Et quand elle-même aussi aura achevé le temps de sa vie, ensevelis-la auprès de moi. 6Aie Dieu dans l’esprit tous les jours de ta vie, et garde-toi de consentir jamais au péché, et de violer les préceptes du Seigneur notre Dieu. 7Fais l’aumône de ton bien, et ne détourne ton visage d’aucun pauvre ; car ainsi il arrivera que le visage du Seigneur ne se détournera pas (non plus) de toi. 8Sois charitable (miséricordieux) de la manière que tu le pourras. 9Si tu as beaucoup, donne abondamment ; si tu as peu, aie soin de donner de bon cœur de ce peu. 10Car tu t’amasseras (ainsi) une grande récompense pour le jour de la nécessité. 11Car l’aumône délivre de tout péché et de la mort, et elle ne laissera pas tomber l’âme dans les ténèbres. 12L’aumône sera le sujet d’une grande confiance devant le Dieu suprême (très-haut), pour tous ceux qui l’auront faite. 13Garde-toi, mon fils, de toute fornication ; et hors ton épouse, ne te permets pas (jamais) de commettre le crime. 14Ne souffre jamais que l’orgueil domine dans tes pensées (ton esprit) ou dans tes paroles, car c’est par lui que tous les maux ont commencé. 15Lorsque quelqu’un aura travaillé pour toi, paie-lui aussitôt son salaire, et que la récompense du mercenaire ne demeure jamais chez toi. 16Ce que tu serais fâché qu’on te fît, prends garde de jamais le faire à autrui. 17Mange ton pain avec les pauvres et avec ceux qui ont faim, et couvre de tes vêtements ceux qui sont nus. 18Emploie (Mets) ton pain et ton vin (;) à la sépulture du juste, et garde-toi d’en manger et d’en boire avec les pécheurs. 19Demande toujours conseil à un homme sage. 20Bénis Dieu en tout temps, et demande-lui qu’il dirige tes voies, et que tous tes desseins demeurent fermes en lui. 21Je t’avertis aussi, mon fils, que lorsque tu n’étais qu’un petit enfant, j’ai donné dix talents d’argent à Gabélus, de Ragès, ville des Mèdes, et que j’ai sa promesse (son seing) entre les mains. 22C’est pourquoi cherche de quelle manière tu parviendras jusqu’à lui, pour retirer de lui cette somme d’argent et lui rendre son obligation. 23Ne crains pas, mon fils : il est vrai que nous menons une vie pauvre ; mais nous aurons beaucoup de biens si nous craignons Dieu, et si nous nous écartons de tout péché, et si nous faisons de bonnes œuvres.


L’ange Raphaël s’engage à accompagner le jeune Tobie jusqu’à Ragès ; larmes de sa mère ; confiance de son père.


5Alors Tobie répondit à son père, et lui dit : Mon père, je ferai tout ce que vous m’avez ordonné. 2Mais je ne sais comment je retirerai cet argent. Cet homme ne me connaît pas, et je ne le connais pas non plus ; quelle preuve lui donnerai-je ? Je n’ai même jamais connu le chemin par où l’on va là-bas. 3Alors son père lui répondit, et lui dit : J’ai son obligation (seing) entre les mains, et aussitôt que tu la lui auras montrée, il te rendra l’argent. 4Mais va maintenant, et cherche quelque homme fidèle qui aille avec toi moyennant un salaire, afin que tu reçoives cet argent pendant que je vis encore. 5Alors Tobie, étant sorti, trouva un beau jeune homme (magnifique) debout, ceint et comme prêt à marcher. 6Et ignorant que c’était un ange de Dieu, il le salua, et dit : D’où viens-tu (es-tu), bon jeune homme ? 7Il répondit : D’avec les fils d’Israël. Tobie lui dit : Connais-tu le chemin qui conduit au pays des Mèdes ? 8Et il lui répondit : Je le connais ; j’ai souvent parcouru tous ces chemins, et j’ai demeuré chez Gabélus notre frère, qui demeure à Ragès, ville des Mèdes, qui est située dans la montagne d’Ecbatane. 9Tobie lui dit : Attends-moi, je te prie, jusqu’à ce que j’aie annoncé ces choses à mon père. 10Alors Tobie, étant rentré, raconta tout cela à son père ; sur quoi le père, saisi d’admiration, demanda que ce jeune homme entrât auprès de lui. 11Etant donc entré, il salua Tobie, et dit : Que la joie soit toujours avec vous. 12Tobie répondit : Quelle joie puis-je avoir, moi qui suis dans les ténèbres, et qui ne vois pas la lumière du ciel ? 13Le jeune homme lui dit : Ayez bon courage, le temps approche où Dieu doit vous guérir. 14Alors Tobie lui dit : Pourras-tu conduire mon fils chez Gabélus à Ragès, ville des Mèdes ? Et quand tu seras de retour, je te donnerai ce qui te sera dû. 15L’ange lui dit : Je le conduirai, et le ramènerai auprès de vous. 16Tobie lui répondit : Indique-moi, je te prie, de quelle famille tu es, ou de quelle tribu. 17L’ange Raphaël lui dit : Cherchez-vous la famille (race) du mercenaire qui doit conduire votre fils, ou le mercenaire lui-même ? 18Mais, de peur que je ne vous donne de l’inquiétude, je suis Azarias, fils du grand Ananias. 19Et Tobie répondit : Tu es d’une race illustre. Mais je te prie de ne pas te fâcher, si j’ai désiré connaître ta race. 20L’ange lui dit : (Oui) Je conduirai votre fils en bonne santé, et le ramènerai de même. 21Tobie lui répondit : Faites bon voyage ; que Dieu soit dans votre chemin, et que son ange vous accompagne. 22Alors, ayant pparé tout ce qu’ils devaient porter dans le voyage, Tobie dit adieu à son père et à sa mère, et ils se mirent en chemin tous deux ensemble. 23Et lorsqu’ils furent partis, sa mère commença à pleurer et à dire : Tu nous as ôté le bâton de notre vieillesse, et tu l’as éloigné de nous. 24Plût à Dieu que cet argent, pour lequel tu l’as envoyé, n’eût jamais existé ! 25Car notre pauvreté nous suffisait, et nous pouvions regarder comme une grande richesse de voir notre fils. 26Et Tobie lui dit : Ne pleure pas ; notre fils arrivera sain et sauf, et il reviendra sain et sauf, et tes yeux le verront. 27Car je crois que le (qu’un) bon ange de Dieu l’accompagne, et qu’il dispose bien tout ce qui le concerne, et qu’ainsi il reviendra vers nous avec joie. 28A cette parole, sa mère cessa de pleurer, et elle se tut.


Le jeune Tobie étant en route, un poisson veut le dévorer.

Tobie le prend par ordre de l’ange.

L’ange lui conseille d’épouser Sara, fille de Raguel.


6Tobie partit donc, et le chien le suivit ; et il demeura la première nuit (s’arrêta à la première hôtellerie) près du fleuve du Tigre. 2Et il sortit pour se laver les pieds, et voici qu’un énorme poisson s’avança pour le dévorer. 3Tobie, plein d’effroi, jeta un grand cri, en disant : Seigneur, il va se jeter sur moi. 4Et l’ange lui dit : Prends-le par les ouïes, et tire-le à toi. Ce qu’ayant fait, il le tira à terre, et le poisson commença à se débattre à ses pieds. 5Alors l’ange lui dit : Vide (Eventre) ce poisson, et prends-en le cœur, le fiel et le foie, car ils te seront nécessaires pour des remèdes (très) utiles. 6Ce qu’ayant fait, il fit rôtir une partie de la chair, qu’ils emportèrent avec eux en chemin ; ils salèrent le reste, qui leur devait suffire jusqu’à ce qu’ils arrivassent à Ragès, ville des Mèdes. 7Alors Tobie interrogea l’ange, et lui dit : Mon frère Azarias, je te supplie de me dire quel remède l’on peut tirer de ce que tu m’as ordonné de garder du poisson. 8Et l’ange, lui répondant, lui dit : Si tu mets sur des charbons une partie de son cœur, sa fumée chasse toute sorte de démons, soit d’un homme, soit d’une femme, en sorte qu’ils ne s’en approchent plus. 9Et le fiel est bon pour oindre les yeux où il y a quelque taie, et il les guérit. 10Et Tobie lui dit : Où veux-tu que nous logions ? 11L’ange lui répondit : Il y a ici un homme du nom de Raguël, ton parent et de ta tribu. Il a une fille nommée Sara ; mais il n’a pas de fils, ni d’autre fille que celle-là. 12Tout son bien te sera (t’est) dû, et (mais) il faut que tu la prennes pour épouse (en mariage). 13Demande-la donc à son père, et il te la donnera en mariage (pour femme). 14Alors Tobie répondit et dit : J’ai entendu dire qu’elle avait déjà épousé sept maris, et qu’ils sont morts ; et j’ai entendu dire aussi qu’un démon les avait tués. 15Je crains donc que la même chose ne m’arrive à moi-même, et que, comme je suis fils unique de mes parents, je ne précipite de chagrin leur vieillesse au tombeau (dans les enfers). 16Alors l’ange Raphaël lui dit : Ecoute-moi, et je t’apprendrai quels sont ceux sur qui le démon a du pouvoir. 17Ce sont (Or) ceux qui s’engagent dans le mariage de manière à bannir Dieu de leur cœur et de leur esprit, et qui ne pensent qu’à leur passion, comme le cheval et le mulet qui sont sans raison ; le démon a du pouvoir sur ceux-là (eux). 18Mais pour toi, lorsque tu l’auras épousée, étant entré dans la chambre, vis avec elle dans la continence pendant trois jours, et ne pense à autre chose qu’à prier avec elle. 19Cette même nuit, (si tu) mets dans le feu le foie du poisson, (et) le démon s’enfuira. 20La seconde nuit, tu seras admis dans la société des saints patriarches. 21La troisième nuit, tu recevras la bénédiction de Dieu, afin qu’il naisse de vous des enfants en parfaite santé. 22(Or) La troisième nuit passée, tu prendras cette jeune fille dans la crainte du Seigneur, et guidé par le désir d’avoir des enfants plutôt que par la passion, afin que tu obtiennes la bénédiction de Dieu, en ayant des enfants de la race d’Abraham.


Mariage du jeune Tobie avec Sara, fille de Raguel.


7Or ils entrèrent chez Raguël, qui les reçut avec joie. 2Et Raguël, regardant Tobie, dit à Anne sa femme : Que ce jeune homme ressemble à mon cousin ! 3Après cela il leur dit : D’où êtes-vous, (mes) jeunes gens nos frères ? Ils lui dirent : Nous sommes de la tribu de Nephthali, du nombre des captifs de Ninive. 4Et Raguël leur dit : Connaissez-vous mon frère Tobie ? Ils lui dirent : Nous le connaissons. 5Et comme Raguël en disait beaucoup de bien, l’ange lui dit : Tobie, dont vous nous demandez des nouvelles, est le père de ce jeune homme. 6Et Raguël, s’avançant aussitôt, le baisa avec larmes, et pleurant sur son cou, 7il dit : Sois béni, mon fils ; car tu es le fils d’un homme de bien, du meilleur des hommes. 8Et Anne sa femme et Sara leur fille se mirent à pleurer. 9Et, après cet entretien, Raguël ordonna qu’on tuât un bélier et qu’on préparât le festin. Et comme il les priait de se mettre à table, 10Tobie dit : Je ne mangerai et ne boirai pas ici aujourd’hui, que vous ne m’ayez accordé ma demande, et que vous ne me promettiez de me donner Sara, votre fille. 11A ces mots, Raguël fut saisi de frayeur (épouvanté), sachant ce qui était arrivé aux sept maris qui s’étaient approchés d’elle, et il commença à craindre que la même chose n’arrivât aussi à celui-ci. Et comme il hésitait, et ne répondait rien à la demande de Tobie, 12l’ange lui dit : Ne craignez pas de la donner à ce jeune homme, car il craint Dieu, et c’est à lui que votre fille est due comme épouse ; c’est pourquoi nul autre n’a pu la posséder. 13Alors Raguël dit : Je ne doute pas que Dieu n’ait admis mes prières et mes larmes en sa présence. 14Et je crois qu’il vous a fait venir (uniquement) afin que cette fille épousât quelqu’un de sa parenté selon la loi de Moïse ; et ainsi ne doute pas que je ne te donne ma fille comme tu le désires. 15Et prenant la main droite de sa fille, il la mit dans la main droite de Tobie, et dit : Que le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob soit avec vous ; que lui-même vous unisse, et qu’il accomplisse sa bénédiction en vous. 16Et ayant pris du papier, ils écrivirent l’acte de mariage. 17Et après cela, ils mangèrent en bénissant Dieu. 18Et Raguël appela Anne, sa femme, et lui ordonna de préparer une autre chambre. 19Et elle y conduisit Sara, sa fille, qui (et celle-ci, note) se mit à pleurer. 20Et elle lui dit : Aie bon courage, ma fille. Que le Seigneur du ciel compense en joie le chagrin que tu as éprouvé.


Tobie et Sara passent la première nuit de leurs noces en prières.

Tobie n’éprouve aucun accident fâcheux.

Raguel en bénit Dieu, et leur fait célébrer leurs noces.


8(Or) Après qu’ils eurent soupé, ils firent entrer le jeune homme auprès d’elle. 2Alors Tobie, se souvenant des paroles de l’ange, tira de son sac une partie du foie du poisson, et la mit sur des charbons ardents. 3Alors l’ange Raphaël saisit le démon, et le lia dans le désert de la haute Egypte. 4Et Tobie exhorta la jeune fille (vierge) et lui dit : Sara, lève-toi et prions Dieu aujourd’hui, et demain, et après-demain, car durant ces trois nuits nous nous unirons à Dieu ; et après la troisième nuit, nous vivrons dans notre mariage. 5Car nous sommes (les) enfants des saints, et nous ne pouvons pas nous unir comme des païens (les nations), qui ne connaissent pas Dieu. 6S’étant donc levés tous deux, ils prièrent Dieu ensemble avec instance, afin qu’il les conservât sains et saufs. 7Et Tobie dit : Seigneur, Dieu de nos pères, que les cieux et la terre, la mer, les fontaines et les fleuves, avec toutes vos créatures qu’ils renferment, vous bénissent. 8Vous avez fait Adam du limon de la terre, et vous lui avez donné Eve pour auxiliaire (aide). 9Et maintenant, Seigneur, vous savez que ce n’est pas pour satisfaire ma passion que je prends ma sœur pour épouse, mais dans le seul désir d’une postérité par laquelle votre nom soit béni dans tous les siècles. 10Sara dit aussi : Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous, et faites que nous vieillissions tous deux ensemble dans une parfaite santé. 11Or, vers le chant du coq, Raguël ordonna qu’on fît venir ses serviteurs, et ils s’en allèrent avec lui pour creuser une fosse (un sépulcre). 12Car il disait : Il lui sera peut-être arrivé la même chose qu’à ces sept hommes qui sont entrés auprès d’elle. 13Et lorsqu’ils eurent pparé la fosse, Raguël, étant revenu près de sa femme, lui dit : 14Envoie une de tes servantes pour voir s’il est mort, afin que je l’ensevelisse avant qu’il fasse jour. 15Et Anne envoya une de ses servantes, qui, étant entrée dans la chambre, les trouva sains et saufs, dormant ensemble. 16Et elle revint et annonça cette bonne nouvelle. Alors Raguël et Anne, sa femme, bénirent le Seigneur, 17et dirent : Nous vous bénissons, Seigneur, Dieu d’Israël, parce que ce que nous avions pensé ne nous est pas arrivé ; 18car vous nous avez fait miséricorde, et vous avez chassé loin de nous l’ennemi qui nous persécutait, 19et vous avez eu pitié de ces deux enfants uniques. Faites, Seigneur, qu’ils vous bénissent (encore) davantage, et qu’ils vous offrent un sacrifice de louange (qui vous est dû) pour leur préservation, afin que toutes les nations connaissent que vous seul êtes Dieu sur toute la terre. 20Et aussitôt Raguël ordonna à ses serviteurs de remplir avant le jour la fosse qu’ils avaient faite. 21Il dit aussi à sa femme de préparer un festin, et tous les vivres nécessaires à ceux qui entreprennent un voyage. 22Et il fit (aussi) tuer deux vaches grasses et quatre moutons (béliers), pour préparer un festin à tous ses voisins et à tous ses amis. 23Raguël conjura ensuite Tobie de demeurer avec lui pendant deux semaines. 24(Or) Il lui donna la moitié de tout ce qu’il possédait, et déclara par un écrit que l’autre moitié qui restait reviendrait à Tobie après sa mort.


L’ange va trouver Gabélus, reçoit de lui l’argent, et l’amène aux noces de Tobie.


9Alors Tobie appela auprès de lui l’Ange, qu’il croyait (certainement être) un homme, et il lui dit : Mon frère Azarias, je te prie d’écouter mes paroles. 2Quand je me donnerais à toi comme esclave, je ne pourrais pas reconnaître dignement tous tes soins. 3Néanmoins je te conjure de prendre avec toi des serviteurs et des montures, et d’aller trouver Gabélus à Ragès, ville des Mèdes, pour lui rendre son obligation (écrit) et recevoir de lui l’argent, et pour le prier de venir à mes noces. 4Car tu sais que mon père compte les jours, et si je tarde un jour de plus, son âme sera accablée d’ennui. 5Tu vois aussi de quelle manière Raguël m’a conjuré, et que je ne puis résister à ses instances. 6Raphaël prit donc quatre serviteurs de Raguël et deux chameaux, et s’en alla à Ragès, ville des Mèdes, et ayant trouvé Gabélus, il lui rendit son obligation (écrit) et reçut de lui tout l’argent. 7Il lui raconta aussi tout ce qui était arrivé au jeune Tobie, et il le fit venir avec lui aux noces. 8Et lorsque Gabélus fut entré dans la maison de Raguël, il trouva Tobie à table ; celui-ci se leva, et ils s’embrassèrent l’un l’autre, et Gabélus pleura et bénit Dieu, 9en disant : Que le Dieu d’Israël te bénisse, car tu es le fils d’un homme très vertueux et juste, qui craint Dieu et fait beaucoup d’aumônes. 10Que la bénédiction se répande aussi sur ta femme et sur tes parents. 11Puissiez-vous voir vos fils, et les fils de vos fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération, et que votre race soit bénie du Dieu d’Israël, qui règne dans les siècles des siècles. 12Et tous ayant répondu : Amen, ils se mirent à table ; mais dans le festin même des noces ils se conduisirent avec la crainte du Seigneur.


Inquiétude du père et de la mère du jeune Tobie.

Raguel et le jeune Tobie se séparent.


10Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces, son père s’inquiétait et disait : D’où peut venir ce retard de mon fils, et qui peut le retenir là-bas ? 2Ne serait-ce pas que Gabélus est mort, et qu’il ne se trouve personne pour lui rendre l’argent ? 3Il commença donc à s’attrister vivement, et Anne, sa femme, avec lui ; et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n’était pas revenu auprès d’eux au jour marqué. 4Mais sa mère surtout versait des larmes inconsolables, et elle disait : Hélas ! hélas ! mon fils, pourquoi t’avons-nous envoyé si loin, toi la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, la consolation de notre vie et l’espérance de notre postérité ? 5Nous ne devions pas t’éloigner de nous, puisque toi seul nous tenais lieu de toutes choses. 6Tobie lui disait : Tais-toi, et ne te trouble pas ; notre fils se porte bien ; cet homme avec qui nous l’avons envoyé est très fidèle. 7Mais rien ne pouvait la consoler ; et, sortant tous les jours de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait dans tous les chemins par lesquels elle espérait qu’il pourrait revenir pour tâcher de le découvrir de loin quand il reviendrait. 8Cependant Raguël disait à son gendre : Demeure ici, et j’enverrai à Tobie ton père des nouvelles de ta santé. 9Tobie lui répondit : Je sais (parfaitement) que mon père et ma mère comptent maintenant les jours, et qu’ils sont accablés de chagrin. 10Et comme Raguël priait Tobie avec de grandes instances, et que celui-ci refusait de consentir, il lui remit Sara et la moitié de tout ce qu’il possédait en serviteurs, en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches, et une grande quantité d’argent, et il le laissa partir plein de santé et de joie, 11en lui disant : Que le saint ange du Seigneur soit en votre chemin ; qu’il vous conduise sains et saufs, et puissiez-vous trouver votre père et votre mère en bon état, et que mes yeux voient vos enfants avant que je meure. 12Et les parents, prenant leur fille, la baisèrent et la laissèrent aller, 13l’avertissant d’honorer son beau-père et sa belle-mère, d’aimer son mari, de régler sa famille, de gouverner sa maison, (et) de se conserver elle-même irrépréhensible.


Le jeune Tobie et Raphaël arrivent à Ninive.

Tobie recouvre la vue.

Sara arrive, on célèbre la noce.


11Et comme ils s’en retournaient, ils arrivèrent le onzième jour à Charan, qui est à moitié chemin dans la direction de Ninive. 2Et l’Ange dit : Mon frère Tobie, tu sais en quel état tu as (nous avons) laissé ton père. 3Si donc cela te plaît, allons en avant, et que tes serviteurs suivent lentement avec ta femme et tes troupeaux. 4Et comme il lui plut d’aller ainsi, Raphaël dit à Tobie : Prends avec toi du fiel du poisson, car tu en auras besoin. Tobie prit donc de ce fiel, et ils partirent. 5Anne cependant allait tous les jours s’asseoir près du chemin, sur le haut d’une montagne, d’où elle pouvait découvrir de loin. 6Et comme elle regardait de ce lieu si son fils arrivait, elle l’aperçut de loin, et elle le reconnut aussitôt, et elle courut l’annoncer à son mari, et lui dit : Voilà que ton fils revient. 7Et Raphaël dit à Tobie : Dès que tu seras entré dans ta maison, adore aussitôt le Seigneur ton Dieu ; et lui rendant grâces, approche-toi de ton père, et baise-le. 8Et aussitôt frotte-lui les yeux avec ce fiel de poisson que tu portes sur toi. Car sache que bientôt ses yeux s’ouvriront, et que ton père verra la lumière du ciel, et se réjouira en te voyant. 9Alors le chien, qui les avait suivis durant le voyage, courut devant eux ; et arrivant comme un messager, il témoignait sa joie par le mouvement de sa queue et ses caresses (en caressant avec sa queue). 10Et le père aveugle se leva et se mit à courir, trébuchant à chaque pas (heurtant de ses pieds) ; et donnant la main à un serviteur, il s’avança au-devant de son fils. 11Et le rencontrant, il l’embrassa, et sa mère ensuite ; et ils commencèrent tous deux à pleurer de joie. 12Puis, lorsqu’ils eurent adoré Dieu et lui eurent rendu grâces, ils s’assirent. 13Alors Tobie, prenant du fiel du poisson, en frotta les yeux de son père. 14Et il attendit environ une demi-heure, et une petite peau blanche (la taie), semblable à la membrane d’un œuf, commença à sortir de ses yeux. 15Et Tobie, la prenant, la tira des yeux de son père (de ses yeux, note), qui recouvra aussitôt la vue. 16Et ils rendirent gloire à Dieu, lui et sa femme, et tous ceux qui le connaissaient. 17Et Tobie disait : Je vous bénis, Seigneur, Dieu d’Israël, de ce que vous m’avez châtié et guéri ; et voici que je vois Tobie, mon fils. 18Sept jours plus tard, Sara, la femme de son fils, arriva aussi avec toute sa famille en parfaite santé, et aussi les troupeaux et les chameaux, et tout l’argent de la femme, et aussi l’argent que Gabélus avait rendu. 19Et il raconta à ses parents tous les bienfaits dont Dieu l’avait comblé par cet (l’entremise de l’) homme qui l’avait conduit. 20Et Achior et Nabath, cousins de Tobie, vinrent pleins de joie auprès de lui, et le félicitèrent de tous les biens que Dieu lui avait faits. 21Et tous firent festin durant sept jours, et ils se réjouirent d’une grande joie.


Tobie veut récompenser Raphaël.

Celui-ci découvre qui il est, et disparaît de devant eux.


12Alors Tobie appela son fils auprès de lui, et lui dit : Que pouvons-nous donner à ce saint homme qui est venu avec toi ? 2Tobie répondant à son père, lui dit : Mon père, quelle récompense lui donnerons-nous ? ou que peut-il y avoir de proportionné à ses bienfaits ? 3Il m’a mené et ramené sain et sauf ; il a lui-même reçu l’argent de Gabélus ; il m’a fait avoir une épouse ; il a éloigné d’elle le démon ; il a rempli de joie ses parents ; il m’a délivré du poisson qui allait me dévorer ; il vous a fait voir à vous-même la lumière du ciel ; et c’est par lui que nous avons été remplis de tous les biens. Que lui donnerons-nous qui égale ce qu’il a fait pour nous (de convenable pour cela) ? 4Mais je vous prie, mon père, de lui demander s’il daignerait accepter la moitié de tout le bien que nous avons apporté. 5Alors Tobie le père et son fils l’appelèrent, et l’ayant pris à part, ils le conjurèrent de vouloir bien recevoir la moitié de tout ce qu’ils avaient (qui a été) apporté. 6Alors l’ange leur dit en secret : Bénissez le Dieu du ciel, et glorifiez-le devant tous les hommes, parce qu’il a fait éclater (exercé) sur vous sa miséricorde. 7Car il est bon de cacher le secret du roi, mais il est honorable de révéler et de publier les œuvres de Dieu. 8La prière accompagnée du jeûne est bonne, et l’aumône vaut mieux que d’amasser des monceaux d’or. 9Car l’aumône délivre de la mort, et c’est elle qui efface les péchés, et qui fait trouver la miséricorde et la vie éternelle. 10Mais ceux qui commettent le péché et l’iniquité sont les ennemis de leur âme. 11Je vais donc vous découvrir la vérité, et je ne vous cacherai pas une chose qui est secrète. 12Lorsque tu priais avec larmes, et que tu ensevelissais les morts, que tu quittais ton repas, et que tu cachais les morts dans ta maison durant le jour pour les ensevelir pendant la nuit, j’ai présenté ta prière au Seigneur. 13Et parce que tu étais agréable à Dieu, il a été nécessaire que la tentation t’éprouvât. 14Et maintenant le Seigneur m’a envoyé pour te guérir, et pour délivrer du démon Sara, la femme de ton fils. 15Car je suis l’ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons en la présence du Seigneur. 16Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent troublés, et, saisis de frayeur (tremblants), ils tombèrent le visage contre terre. 17Et l’ange leur dit : La paix soit avec vous, ne craignez pas. 18Car, lorsque j’étais avec vous, j’y étais par la volonté de Dieu ; bénissez-le et chantez-le. 19Il vous a paru que je mangeais et que je buvais avec vous ; mais je me nourris d’un mets invisible, et d’un breuvage qui ne peut être vu des hommes. 20Il est donc temps que je retourne vers celui qui m’a envoyé ; pour vous, bénissez Dieu et publiez toutes ses merveilles. 21Et lorsqu’il eut ainsi parlé, il disparut de devant eux, et ils ne purent plus le voir. 22Alors, s’étant prosternés le visage contre terre pendant trois heures, ils bénirent Dieu, et s’étant levés, ils racontèrent toutes ses merveilles.


Cantique de Tobie.


13Alors Tobie l’ancien, ouvrant la bouche, bénit le Seigneur, et il dit : Vous êtes grand, Seigneur, dans l’éternité ; et votre règne s’étend à tous les siècles. 2Car vous châtiez et vous sauvez, vous conduisez jusqu’au tombeau (en enfer), et vous en ramenez, et nul ne peut se soustraire à votre main. 3Rendez grâces au Seigneur, fils (enfants) d’Israël, et louez-le devant les nations ; 4car il vous a dispersés parmi les peuples qui l’ignorent, (uniquement) afin que vous publiiez ses merveilles, et que vous leur appreniez qu’il n’y a pas d’autre Dieu tout-puissant, si ce n’est lui. 5C’est lui qui nous a châtiés à cause de nos iniquités ; et c’est lui qui nous sauvera à cause de sa miséricorde. 6Considérez donc la manière dont il nous a traités, et bénissez-le avec crainte et tremblement, et exaltez par vos œuvres le roi des siècles. 7Pour moi je le bénirai sur cette terre où je suis captif, parce qu’il a fait éclater (manifesté) sa majesté sur une nation criminelle. 8Convertissez-vous donc, pécheurs, et pratiquez la justice devant Dieu, et croyez qu’il vous fera miséricorde. 9Mais moi et mon âme, nous nous réjouirons en lui. 10Bénissez le Seigneur, vous tous ses élus ; célébrez des jours de joie, et rendez-lui des actions de grâces. 11Jérusalem, cité de Dieu, le Seigneur t’a châtiée à cause des œuvres de tes mains. 12Rends grâces au Seigneur pour les biens qu’il t’a faits, et bénis le Dieu des siècles, afin qu’il rétablisse en toi son tabernacle, et qu’il rappelle à toi tous les captifs, et que tu te réjouisses dans tous les siècles des siècles. 13Tu brilleras d’une lumière éclatante, et toutes les extrémités de la terre t’adoreront. 14Les nations viendront à toi des pays lointains, et, t’apportant des présents, elles adoreront en toi le Seigneur, et considéreront ta terre comme un sanctuaire (pour sainte). 15Car elles invoqueront le grand nom au milieu de toi. 16Ceux qui te mépriseront seront maudits ; ceux qui te blasphémeront seront condamnés, et ceux qui t’édifieront seront bénis. 17Mais toi, tu te réjouiras dans tes enfants, parce qu’ils seront tous bénis, et réunis près du Seigneur. 18Heureux tous ceux qui t’aiment, et qui se réjouissent de ta paix. (!) 19Mon âme, bénis le Seigneur, parce qu’il a délivré Jérusalem, sa cité, de toutes ses tribulations, lui le Seigneur notre Dieu. 20Je serai heureux s’il reste quelqu’un de ma race pour voir la splendeur de Jérusalem. 21Les portes de Jérusalem seront bâties de saphirs et d’émeraudes, et toute l’enceinte de ses murailles de pierres précieuses. 22Toutes ses places publiques seront pavées de pierres blanches et pures ; et l’on chantera dans ses rues Alléluia. 23Béni soit le Seigneur qui l’a exaltée, et qu’il règne sur elle dans les siècles des siècles. Amen.


Dernières paroles de Tobie.

Il prédit la ruine de Ninive et le rétablissement de Jérusalem.

Le jeune Tobie sort de Ninive.

Sa mort.


14Ainsi finirent les paroles de Tobie. Et après qu’il eut recouvré la vue, il vécut quarante-deux ans, et il vit les enfants de ses petits-enfants. 2Et après avoir vécu cent deux ans, il fut enseveli honorablement à Ninive. 3Car il avait cinquante-six ans lorsqu’il perdit la vue, et il la recouvra à soixante (étant sexagénaire). 4Le reste de sa vie se passa dans la joie ; et ayant beaucoup avancé dans la crainte de Dieu, il mourut en paix. 5(Or) A l’heure de sa mort, il appela Tobie son fils, et sept jeunes enfants qu’il avait, ses petits-fils, et il leur dit : 6La ruine de Ninive est proche, car la parole de Dieu ne demeure pas sans effet ; et nos frères, qui auront été dispersés hors de la terre d’Israël, y retourneront. 7Tout le pays désert (d’Israël) y sera repeuplé et la maison de Dieu, qui a été brûlée, sera rebâtie de nouveau, et tous ceux qui craignent Dieu y reviendront. 8Et les nations abandonneront leurs idoles, et elles viendront à Jérusalem, et elles y habiteront ; 9et tous les rois de la terre s’y réjouiront en adorant le roi d’Israël. 10Mes enfants, écoutez donc votre père : Servez le Seigneur dans la vérité, et cherchez à faire ce qui lui est agréable. 11Recommandez à vos enfants de faire des œuvres de justice et des aumônes, de se souvenir de Dieu, et de le bénir en tout temps dans la vérité, et de toutes leurs forces. 12Ecoutez-moi donc maintenant, mes enfants, et ne demeurez pas ici. Mais le jour même où vous aurez enseveli votre mère auprès de moi dans un même sépulcre, tournez vos pas afin de sortir d’ici. 13Car je vois que l’iniquité de cette ville la fera périr. 14Or il arriva qu’après la mort de sa mère Tobie sortit de Ninive avec sa femme, ses enfants et les enfants de ses enfants, et il retourna chez son beau-père et sa belle-mère. 15Et il les trouva bien portants, dans une heureuse vieillesse, et il eut soin d’eux, et leur ferma les yeux ; il recueillit toute la succession de la maison de Raguël, et il vit les enfants de ses enfants jusqu’à la cinquième génération. 16Et après qu’il eut vécu quatre-vingt-dix-neuf ans dans la crainte du Seigneur, ses enfants l’ensevelirent avec joie. 17Et toute sa parenté et toute sa famille persévérèrent dans une bonne vie et dans une conduite sainte, de sorte qu’ils furent aimés de Dieu et des hommes, et de tous les habitants du pays.

Notes


1.1 Première section : « Vertus et épreuves de Tobie, du chapitre 1 au chapitre 3, verset 6. ― Tobie signifie en hébreu « Jéhovah est bon. » ― De la ville de Nephthali. Il faut entendre d’une ville de la tribu de Nephthali, parce qu’il n’y avait pas de ville qui portât ce nom. D’après plusieurs modernes, Tobie pouvait être originaire de Cadès de Nephthali, ainsi surnommée pour la distinguer de Cadès d’Issachar. ― Naasson est inconnue. ― Séphet, d’après l’opinion commune, est la ville encore aujourd’hui importante de Safed, où il y a une nombreuse colonie juive, dans un climat très sain, à cause de sa situation qui est la plus élevée de la Galilée, à 845 mètres d’altitude.

1.2 Voir 4 Rois, 17, 3 ; 18, 9. ― Dans les jours de Salmanasar, roi des Assyriens, qui régna de 727 à 723 ou 722 avant Jésus-Christ.

1.5 Voir 3 Rois, 12, 28.

1.11 Où il se trouva. Ces mots nous paraissent nécessaires pour le vrai sens du texte. D’abord la construction même de la phrase semble s’opposer à ce qu’on rattache l’expression avec toute sa tribu aux mots avec sa femme et son fils. En second lieu, il est certain que la tribu de Nephthali, à laquelle appartenait Tobie, avait été déjà auparavant transportée en Assyrie par Théglathphalasar, qui en était le roi. Voir 4 Rois, 15, 29. ― Avec toute sa tribu, peut mieux s’entendre avec tout ce qui restait de sa tribu en Palestine, car Téglathphalasar n’avait pas déporté absolument tous les Nephthalites. ― Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre.

1.12 Des aliments des Gentils ; c’est-à-dire des viandes défendues par la Loi aux Juifs (voir Lévitique, chapitre 11).

1.16 De ce dont, etc. ; des appointements attachés à son emploi. ― Ragès, aujourd’hui Reï, s’élevait non loin de l’emplacement actuel de Téhéran. On y voit encore des restes de fortifications antiques. Elle est mentionnée comme une ville très ancienne dans le Zend Avesta et son nom se lit dans les inscriptions cunéiformes de Darius, fils d’Hystaspe. Séleucus Nicator la rebâtit et lui donna le nom d’Europos. Les Mongols la détruisirent presque complètement en 1 220.

1.18 Sennachérib, roi de Ninive, régna de l’an 705 à l’an 681 avant Jésus-Christ. Il n’était pas fils de Salmanasar, mais de Sargon. Ce nom de Salmanasar a été altéré par les copistes, comme le prouve le texte grec, qui porte Enémessaros.

1.21 Voir Ecclésiastique, 48, 24 ; 2 Machabées, 8, 19. ― La plaie, etc. ; la destruction miraculeuse de son armée. Voir 4 Rois, 19, 35-36.

1.24 Voir 4 Rois, 19, 37 ; 2 Paralipomènes, 32, 21 ; Isaïe, 37, 38. ― Après quarante-cinq jours. Les différents textes de Tobie donnent un nombre de jours différents. Ces jours ne s’appliquent pas d’ailleurs au temps qui s’écoula depuis le retour de Sennachérib dans ses états, après la destruction de son armée en Palestine, mais au temps qui s’écoula depuis la spoliation de Tobie.

2.1 Repas ; proprement le premier de la journée.

2.3 De son lit de table. Les anciens Hébreux se mettaient à table couchés sur des lits. Cependant cet usage n’était pas universel parmi eux.

2.6 Voir Amos, 8, 10 ; 1 Machabées, 1, 41.

2.9 Voir Tobie, 1, 21.

2.10 La muraille de sa maison. Tobie, n’ayant pu se purifier de l’impureté légale qu’il avait contractée en touchant les morts, demeura hors de sa maison.

2.11 Un nid d’hirondelles. Ces oiseaux étaient des hirondelles, d’après la traduction de saint Jérôme, des passereaux d’après l’ancienne Italique et les textes grecs, qui ne parlent pas non plus de nid. La cécité ne fut pas instantanée, d’après les versions grecques ; mais les excréments qui étaient chauds, en tombant sur les yeux, ouverts, ajoutent le Codex Vaticanus et autres, produisirent dans les yeux une inflammation et une taie, laquelle, par la maladresse des médecins, dégénéra en perte complète de la vue. Saint Jérôme a résumé tous les détails fournis par les autres textes en deux mots : il devint aveugle.

2.22 Voir Job, 2, 9.

3.2 Justice ; littéralement jugement, arrêt juste.

3.4 Voir Deutéronome, 28, 15.

3.7 Ragès ; le grec lit Ecbatane. D’un autre côté on voit dans la Vulgate (voir Tobie, 9, vv. 3, 6) que Tobie, étant arrivé chez Raguel, envoie Raphaël à Ragès vers Gabélus. Pour faire disparaître cette espèce de contradiction de la Vulgate, on dit qu’il y avait deux villes du nom de Ragès. On pourrait dire encore que Raguel et sa fille habitaient Ragès, quand les sept maris furent tués par le démon ; mais qu’après ce fâcheux événement, ils changèrent d’habitation ; ils avaient en effet plus d’une raison de s’éloigner d’un lieu qui leur rappelait de si tristes souvenirs. ― La leçon du grec est préférable. Raguel habitait Ecbatane. Ecbatane, aujourd’hui Hamadan, était la capitale de la Médie. Fondée par Déjocès et entourée de sept murailles, de hauteur et de couleurs différentes, elle servit de résidence d’été aux rois Achéménides et plus tard aux rois Parthes. Située au milieu de hautes montagnes, le climat en est très froid. Son altitude est de près de 1800 mètres. ― Au verset 7 commence la deuxième partie de cette histoire qui, jusqu’au verset 23, nous fait connaître les vertus et les épreuves de Sara, fille de Raguel.

3.8 Asmodée paraît être le démon de la concupiscence. D’après les uns, il vient du perse asmûden, « tenter », d’après les autres de l’hébreu schâmad, « perdre. » 

3.10 La chambre haute, l’endroit principal de la maison.

3.24 Ici commence la troisième section de Tobie, du chapitre 3, verset 24, au chapitre 6, verset 9, laquelle raconte le voyage du jeune Tobie en Médie.

3.25 Raphaël, « Dieu guérit », prend une forme humaine pour conduire, sous le nom d’Azarias, le jeune Tobie.

4.3 Voir Exode, 20, 12 ; Ecclésiastique, 7, 29.

4.4 A cause de toi, lorsque tu étais dans son sein.

4.7 Voir Proverbes, 3, 9 ; Ecclésiastique, 4, 1 ; 14, 13 ; Luc, 14, 13.

4.8 Voir Ecclésiastique, 35, 12.

4.11 Voir Ecclésiastique, 29, 15. ― Parce que l’aumône, etc. L’aumône faite avec de bonnes intentions nous mérite une augmentation de la grâce divine, et nous amène ainsi à la conversion et à la pénitence, qui nous délivre en effet de tout péché et nous sauve de la mort éternelle.

4.13 Voir 1 Thessaloniciens, 4, 3. ― De connaître le crime ; c’est-à-dire de commettre l’adultère.

4.14 Voir Genèse, 3, 5.

4.15 Voir Lévitique, 19, 13 ; Deutéronome, 24, 14.

4.16 Voir Matthieu, 7, 12 ; Luc, 6, 31.

4.17 Voir Luc, 14, 13.

4.18 Cette coutume de mettre la nourriture sur les tombeaux, pratiquée chez les Hébreux, et même parmi les chrétiens pendant plusieurs siècles, était une aumône que l’on faisait aux vivants, afin de les engager à prier pour les morts.

4.21 Voir Tobie, 1, 17.

4.23 Voir Romains, 8, 17.

5.2 Quelle marque, etc. ; pour me faire connaître à lui.

5.5 Quand les orientaux se mettent en route, ils retroussent leurs longs vêtements avec une ceinture.

5.7 L’ange, ayant pris la forme d’Azarias (voir verset 18), et par conséquent le représentant, et tenant sa place, a pu sans blesser la vérité se qualifier d’enfant d’Israël. C’est ainsi qu’un autre ange disait à Jacob : Je suis le Dieu de Béthel, parce qu’il représentait le Seigneur et parlait en son nom (voir Genèse, 31, 13).

5.18 Azarias veut dire Dieu aide, et Ananias, Dieu est propice, miséricordieux. L’ange pouvait d’autant mieux prendre ces deux noms, qu’ils conviennent parfaitement à la mission divine qu’il remplissait vis-à-vis de Tobie.

5.23 Voir Tobie, 10, 4.

5.25 Notre pauvreté, etc. Le peu que nous avons nous suffisait, et nous aurions dû regarder comme une richesse le bonheur de voir notre fils avec nous.

6.1 Le soir de la première journée du voyage, Tobie et son conducteur s’arrêtèrent sur les bords du Tigre, soit le fleuve célèbre de ce nom, qui traversait l’ancienne Ninive, ce qui impliquerait que l’Israélite demeurait sur la rive droite, soit le grand ou le petit Zab, affluents du Tigre, à l’est, à qui on donnait aussi ce nom.

6.2 Un poisson énorme. C’était probablement un brochet. Ce poisson atteint souvent la grosseur d’un homme et peut devenir très vieux. Il est très vorace ; on a trouvé quelquefois dans ses entrailles des membres humains. La tête est grosse, l’ouverture de la bouche large et s’étend presque jusqu’aux yeux. On le rencontre dans le Tigre ; sa chair est excellente ; il est assez gros pour servir plusieurs jours de nourriture à des voyageurs, voir Tobie, 6, 6 ; il a des nageoires et des écailles et remplit ainsi les conditions prescrites par la loi pour que les Juifs puissent en manger, voir Lévitique, 11, 9-10 ; il a des ouïes, comme le suppose le texte.

6.6 A Ragès. Voir Tobie, 3, 7.

6.8-9 L’ange ordonna à Tobie de saisir le poisson par les ouïes, et, quand ils en eurent mangé, il lui recommanda de garder une partie du cœur, pour chasser le démon, et le fiel, pour guérir la taie des yeux. Les interprètes catholiques sont divisées sur la question de savoir s’il s’agit ici de propriétés naturelles ou surnaturelles de ces organes. Il s’agit plus vraisemblablement ici de propriétés miraculeuses que Dieu leur confère, afin que son ange puisse conserver jusqu’à la fin l’incognito et remplir néanmoins la mission secourable qui lui a été confiée.

6.9 Il les guérit. Devant ces mots, il y a évidemment sous-entendu si on les oint avec ce fiel. Les ellipses de ce genre sont très communes dans le style de l’Ecriture.

6.10 Quatrième section. Mariage du jeune Tobie avec Sara, du chapitre 6, verset 10, au chapitre 9.

6.12 Voir Nombres, 27, 8 ; 36, 8.

6.15 Dans les enfers. Voir, sur le vrai sens de cette expression, Genèse, 37, 35.

6.20-22 Dans la seconde et la troisième nuit, que vous passerez de même dans la continence et la prière, tu participeras à l’esprit, à la vertu des saints patriarches, et à la bénédiction qui consiste en une postérité nombreuse d’enfants de la race d’Abraham.

7.14 Voir Nombres, 36, 6. ― Selon la loi de Moïse, qui prescrivait que lorsqu’il n’y avait que des filles dans une famille, elles se mariassent dans leur propre tribu.

7.16 Du papier, ou un livre, comme porte le grec.

7.19 Celle-ci pleura. La suite prouve que c’est en effet Sara qui pleura. Remarquons de plus que, dans les écrivains sacrés comme dans les auteurs arabes, le complément d’un verbe sert très souvent de sujet au verbe suivant, quand ce dernier n’en a aucun autre d’exprimé.

8.3 L’ange Raphaël, usant de la puissance que Dieu lui avait donnée, enleva à Asmodée tout pouvoir de nuire, et le relégua dans un lieu où il lui était impossible d’exercer sa méchanceté. ― Dans le désert de la haute Egypte, dans la Thébaïde.

8.4 Nous sommes, etc. Nous devons nous unir à Dieu par la prière.

8.8 Voir Genèse, 2, 7.

8.11 Coqs. Le mot de la Vulgate signifie proprement les petits des animaux. ― Pour creuser un sépulcre, afin d’enterrer immédiatement Tobie qu’on supposait mort, parce qu’on n’avait pas coutume de conserver les cadavres.

8.19 Qu’ils vous offrent un sacrifice, non pas un sacrifice proprement dit, qu’on ne pouvait offrir hors de la Palestine, mais un sacrifice de louange ou d’actions de grâces, comme dans Psaumes, 49, 23.

8.24 Après leur mort ; c’est-à-dire la mort de Raguel et de sa femme.

9.2 Je ne serais pas, etc. ; ma personne et mes services d’esclave ne seraient pas un prix tout à fait digne des services que tu m’as rendus, c’est-à-dire : je ne pourrais reconnaître dignement, etc.

9.3 A Ragès. Voir Tobie, 1, 16.

9.8 A table ; littéralement couché. Voir Tobie, 2, 3.

9.10 Que l’on dise, etc. Que l’on prononce les bénédictions sur ta femme, etc. ; c’est-à-dire que l’on proclame heureux ta femme et tes parents.

10.1 Disant en lui-même, se disant en lui-même. Comparer à 2 Rois, 9, 1. ― Les chapitres 10 et 11 forment la cinquième section et racontent le retour de Tobie à Ninive.

10.4 Voir Tobie, 5, 23.

11.1 Charan ne désigne pas ici la ville de ce nom située en Mésopotamie, mais une autre ville à l’est de Ninive et d’ailleurs inconnue, située peut-être sur la frontière de la Médie et de l’Assyrie.

11.2 Tobie n’avait pu quitter sa jeune femme et prendre les devants, tant qu’on était en Médie, probablement parce que ce pays, mal soumis aux Assyriens, était mal disposé à l’égard de gens qui se rendaient à Ninive. Il avait donc fallu que l’ange Raphaël et Tobie restassent avec Sara pour la protéger, elle et ses biens. Arrivés sur le sol assyrien, ils pouvaient sans inconvénient hâter leur marche, en la laissant suivre à petites journées.

11.15 Tobie : le fils, selon la Vulgate ; le grec ne détermine ni le père, ni le fils.

12.1 Sixième section et conclusion de l’histoire, du chapitre 12 au chapitre 14 ; manifestation de l’ange Raphaël et dernières années de Tobie.

12.9 De la mort ; éternelle. Voir Tobie, 4, 11.

12.11 Une chose ; littéralement une parole. Comme nous l’avons déjà remarqué, dans l’Ecriture le mot parole se prend très souvent dans le sens de chose, fait, événement.

12.12 Ton repas. Voir Tobie, 2, 1.

12.15 Raphaël ; mot hébreu qui signifie Dieu a guéri.

13.1 et suivants Ce cantique est en même temps une véritable prophétie, dans laquelle Tobie annonce la délivrance des Israélites et le rétablissement de Jérusalem, ou plutôt l’établissement de l’Eglise et la conversion future du peuple juif.

13.2 Voir Deutéronome, 32, 39 ; 1 Rois, 2, 6 ; Sagesse, 16, 13. ― Aux enfers. Voir, sur le sens de cette expression, Genèse, 37, 35.

13.9 Moi et mon âme ; c’et-à-dire tout mon être.

13.11 Jérusalem ne fut détruite que plus de 70 ans après la mort de Tobie, qui, comme prophète, emploie le prétérit pour le futur.

13.12 Son tabernacle ; c’est-à-dire son temple.

13.14 Voir Isaïe, 60, 5. ― Pour sainte ; littéralement et par hébraïsme pour sanctification, sainteté.

13.15 Le grand nom ; c’est-à-dire le grand Dieu. Voir 2 Esdras, 1, 9.

13.21 Voir Apocalypse, 21, 19.

14.5 Ses petits-fils ; littéralement fils de lui ; c’est-à-dire du jeune Tobie.

14.6 Voir 1 Esdras, 3, 8. ― Dans peu arrivera la ruine de Ninive. Elle eut lieu en 606. La capitale de l’Assyrie fut prise et dévastée par Nabopolassar, roi de Babylone, père de Nabuchodonosor, et par Cyaxare Ier, roi des Mèdes.

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