LA BIBLE DE ROME

TOME N°8


Copyleft

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La Bible de Rome a été déposée au rang des minutes d’un notaire français pour en protéger la propriété intellectuelle car la révision d’une traduction constitue une nouvelle œuvre de l’esprit, tout comme la création d’une nouvelle œuvre écrite même si elle s’est réalisée à partir d’œuvres tombées dans le domaine public, remaniées, allégées, actualisées, modifiées et enrichies.



Copyleft Alexis Maillard, auteur-éditeur de La Nouvelle Bible Crampon (2022)

de La Bible de Rome (2023) et de La Bible Expliquée par les Saints Catholiques (en cours)

Alexis Maillard a créé et dirige le site JesusMarie.com

PARISFRANCE

Téléphone : 06-12-39-56-62 sitejesusmarie@gmail.com biblederome@free.fr

ISBN 978-2-493832-37-5 EAN 9782493832375


Préface de l’éditeur

La Bible de Rome est composée de cinq éléments :


1) la traduction de l'abbé Augustin Crampon (1826-1894), révisée en 2023. Initialement publiée, il y a un siècle, en 1923 : La Sainte Bible Traduction D’Après les Textes Originaux par L’Abbé A. Crampon Chanoine D’Amiens. Édition révisée par des Pères de la Cie de Jésus avec la collaboration de Professeurs de S. Sulpice. Paris – Tournai – Rome : Société de S. Jean l’Évangéliste Desclée et Cie Édit. Pont. 1923. Imprimatur : Tournai, 1er septembre 1928. V. Cantineau, vicaire général.


2) les introductions de l’abbé Louis-Claude Fillion (1843-1927), prêtre de la Compagnie de Saint Sulpice, professeur d’Écriture Sainte et d'Hébreux à l'Institut Catholique de Paris, membre de la Commission Biblique Pontificale, initialement publiées dans : La Sainte Bible, texte latin et traduction française, commentée d'après la Vulgate et les textes originaux à l'usage des séminaires et du clergé. Paris : Letouzey et Ané, 8 volumes, 3ème édition, 1899-1904. Imprimatur pour l’Ancien Testament : Lyon, 20 février 1888, Joseph, archevêque de Lyon ; Imprimatur pour le Nouveau Testament : Paris, 11 mai 1901, François, cardinal RICHARD, archevêque de Paris.


3) Deux mille pages de commentaires verset par verset des quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) par le même abbé Louis-Claude Fillion ; initialement publiées dans : La Sainte Bible, texte de la vulgate, traduction française en regard avec commentaires théologiques, moraux, philologiques, historiques, etc., rédigés d'après les meilleurs travaux anciens et contemporains et atlas géographique et archéologique. Paris : P. Lethielleux, Libraire-Éditeur, 40 volumes, 1871-1889. Imprimatur du commentaire de l’Évangile selon S. Matthieu : Lyon, 11 juin 1878, cardinal Louis-Marie Caverot, archevêque de Lyon. Imprimatur du commentaire de l’Évangile selon S. Marc : Paris, 3 juillet 1879, cardinal Joseph-Hippolyte Guibert, archevêque de Paris. Imprimatur du commentaire de l’Évangile selon S. Luc : Paris, 1er janvier 1882, cardinal Joseph-Hippolyte Guibert, archevêque de Paris. Imprimatur du commentaire de l’Évangile selon S. Jean : Paris, 11 novembre 1886, François, cardinal RICHARD, archevêque de Paris.


4) un commentaire verset par verset des Psaumes par l’abbé Joseph-Franz von Allioli (1793-1873), initialement publié dans : Nouveau Commentaire Littéral, Critique et Théologique avec rapport aux Textes Primitifs sur tous les Livres des Divines Écritures. Traduction de l’allemand en français par l’abbé Louis-Philibert Gimarey (1808-1861), Paris : Louis Vivès, 10 volumes, 1853-1854. Imprimatur : La Rochelle, 24 février 1854, Clément, évêque de La Rochelle et de Saintes.


5) Les notes explicatives de l’abbé Fulcran Vigouroux annotateur (1837-1915) sur les 68 autres livres de la Bible : initialement publiées dans : La Sainte Bible. Paris : R. Roger et F. Chernoviz, 5 volumes, 1917. Imprimatur : Paris, 19 septembre 1916, H. Odelin, v. g. De nombreuses notes explicatives des abbés Louis Bacuez et A. Crampon figurent dans le tome 8.


Les introductions, notes et commentaires ont été modifiés et actualisés par Alexis Maillard.





Une Bible très lisible, même pour les notes explicatives

La Bible de Rome est éditée en police Calibri, choisie pour sa grande lisibilité ; les caractères sont de taille 12, y compris pour les notes, en vue d’une lecture plus confortable. Nous nous démarquons ainsi des autres Bibles et de leurs notes difficilement lisibles car imprimées en trop petits caractères.


Faire cesser l’abus consistant à traduire les lettres sacrées : « YHWH » par Yahweh, Yahvè ou Jéhovah

Une des qualités de La Bible de Rome est sa conformité avec la demande du Saint Siège aux Conférences des évêques, présentée le 29 juin 2008, par le cardinal Francis ARINZE, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements (cf. Notitiae de juin 2008 et le journal français La Croix du 9 avril 2013) de faire cesser l’abus consistant à traduire le tétragramme sacré, YHWH, le nom de Dieu (cf. Exode 3, 13-14), par « Yahweh », « Yahwè », « Jahweh », « Jahwè », « Jave », « Jehovah ». En effet, la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements a fait remarquer que « Quand il s'agit du saint nom de Dieu lui-même, les traducteurs doivent faire preuve, au plus haut point, de fidélité et de respect. En particulier, comme le dit le n°41 de l'Instruction Liturgiam authenticam, « en se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans la [Bible] Septante, le nom de Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le tétragramme, et traduit en latin par le vocable “Dominus”, doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de la même signification » » (…) « Dans la traduction grecque de l'Ancien Testament, appelée « Septante », qui date des derniers siècles précédant l'ère chrétienne, on avait pris l'habitude de rendre le tétragramme hébreu par le mot grec Kyrios, qui signifie « Seigneur ». Puisque le texte de la Septante constitua la Bible des premières générations chrétiennes de langue grecque, et que c'est aussi en grec qu'on écrivit tous les livres du Nouveau Testament, ces chrétiens des origines n'ont jamais prononcé le tétragramme divin. Il en fut de même, d'une manière semblable, pour les chrétiens de langue latine, dont les premiers écrits datent de la fin du IIe siècle, comme l'attestent, tout d'abord, la Vetus latina, puis la Vulgate de saint Jérôme : dans ces traductions, le tétragramme était aussi habituellement substitué par le mot latin « Dominus », qui correspond soit à l'hébreu Adonaï, soit au grec Kyrios. Ce que l'on vient d'affirmer vaut aussi pour la récente Nova Vulgata, que l'Église [catholique] utilise dans la liturgie. » (…) « le tétragramme sacré n'a jamais été prononcé dans le contexte chrétien, ni traduit dans aucune des langues dans lesquelles on a traduit la Bible. » (…) « Pour établir les traductions liturgiques des textes où sont présents, l'un après l'autre, soit le mot hébreu Adonay, soit le tétragramme YHWH, on doit traduire Adonay par « Seigneur », et le tétragramme par la forme « Dieu », comme dans la traduction grecque de la Septante, et latine de la Vulgate. ».

Ainsi dans La Bible de Rome, pour nous conformer à la demande du Saint Siège, nous avons remplacé : « Yahweh » par « le Seigneur » ; « Yahweh Dieu » par « le Seigneur Dieu » ; « Yahweh Sabaoth » par « le Seigneur des armées ».





Dieu a-t-il divisé la Bible en chapitres et en versets ?

La division des livres de la Bible en chapitres et en versets est une invention postérieure à la première mise par écrit des 73 livres inspirés par Dieu qui constituent la Bible.

La division en chapitres a été inventée par Monseigneur Étienne Langton, archevêque de Canterbury et grand chancelier de l’Université de Paris vers l’année 1226.

La division en versets a été inventée par le père Santes Pagnino (+1541), juif devenu catholique, religieux dominicain : né à Lucques (en Italie), Santes Pagnino consacra 25 années de sa vie à la traduction en italien de la Bible, qu’il publia en 1527. Il fut donc le premier à diviser le texte biblique en versets numérotés.

Inventions reprises par l’imprimeur catholique Robert Estienne, puis par tous les imprimeurs, y compris protestants.

Ce n’est donc pas Dieu qui a décidé de mettre la séparation entre le chapitre 1 et le chapitre 2 ou la séparation entre le chapitre 2 et le chapitre 3, etc... Il ne faut donc pas donner trop d’importance à ces divisions. Elles ne viennent pas de Dieu, bien qu’elles contribuent souvent à une meilleure lecture et connaissance du texte sacré inspiré par Dieu.

Il ne faut pas non plus sacraliser les numéros de versets comme si c’était Dieu qui avait donné tel numéro à tel verset en fixant ainsi le début et la fin du verset ou de la phrase : ce n’est pas le cas : le découpage n’est pas couvert par l’inspiration divine des Saintes Écritures, c’est un choix humain.

Ces divisions en chapitres et en versets sont une bonne chose mais elles ne font pas partie des plus anciens manuscrits de la Sainte Bible. Dans lesquels le texte est en majuscules, les mots y sont collés les uns aux autres, sans aucune ponctuation ; celle-ci est proposée par les éditeurs et imprimeurs mais elle ne vient pas non plus de Dieu. Il ne faut donc pas sacraliser ces éléments utiles mais non essentiels au texte divin. Ces divisions en chapitres et versets sont donc d’origine catholique : Mgr Langton, le père Pagnino et Robert Estienne.


Une Bible à 2 €

Nous voulons imprimer la Bible, avec des introductions et des notes abrégées, pour un prix public de 2 €. Si vous voulez nous aider dans cette entreprise, contactez-nous avec : sitejesusmarie@gmail.com ou par le site internet JesusMarie.com ou par nos réseaux sociaux officiels aux noms de JesusMarie.com ou Bible de Rome.

Vous pouvez aussi nous faire un don ou un legs par testament pour financer ce projet (contactez-nous dans ce cas, Téléphone : 06-12-39-56-62). Le stockage et la distribution sont aussi à financer. Merci de votre aide, de vos prières et pénitences pour que cette Bible catholique à 2 € puisse voir le jour.




Les Actes des Apôtres



Introduction

Le titre et le sujet du livre. — De très anciens témoignages en font foi (voyez saint Irénée, Contre les Hérésies, 5, 13 ; Clément d’Alex., Stromates, 5, 12 ; Tertullien, de Baptismo, 10, etc.), le livre des Actes des Apôtres l’écrit dont nous entreprenons l’étude a toujours été appelé Πράξεις ἀποστόλων (leçon beaucoup mieux garantie que Πράξεις τῶν ἀποστόλων, avec l'article) ; en latin, Acta, ou plus habituellement, Actus apostolorum. Ce qui revient à dire : Histoire des Apôtres. Mais il faut prendre ce nom dans un sens assez large, car le livre des Actes est loin de raconter d'une manière complète et détaillée l’activité missionnaire de chacun des douze apôtres. S’il commence par citer leur liste (cf. 1, 13), s’il les mentionne ensuite collectivement de temps à autre (voyez 2, 14, 37, 42-43 ; 4, 33 - 3 7; 5, 2, 12, 18, 29 ; 6, 6 ; 8, 6, 14, 18, etc.), il ne revient nommément que sur six d’entre eux, y compris saint Paul : saint Pierre et saint Paul, saint Jean, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur et Judas ; bien plus, en réalité, c’est de saint Pierre et de saint Paul qu’il s'occupe surtout. On ne saurait dire si le titre provenait de l'auteur même du livre, ou s’il a été ajouté plus tard. Il est certain, du moins, qu’il est aussi ancien que la collection du canon du Nouveau Testament [le canon est la liste officielle catholique des livres inspirés par Dieu].

Le récit des Actes se rattache très étroitement à celui des évangiles, spécialement de l'évangile selon saint Luc, dont il se donne dès ses premières lignes comme la continuation (voyez 1, 1, où le troisième évangile est nommé πρῶτος λὁγος, premier traité ; c'est donc un δεύτερος λογός, ou second traité, que nous avons ici. Comp. aussi Actes des Apôtres 1, 2 - 12, et Luc. 24, 50 et ss. Les deux écrits sont aussi dédiés au même personnage, Théophile). Il s’ouvre par l'ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ et par la descente du Saint-Esprit sur le groupe d’âmes fidèles qui formaient l'Église naissante ; puis il expose l’histoire des premiers développements de cette société, cette église, que le Sauveur était venu fonder pour le salut du monde. Toutefois, l'écrivain sacré, ne voulant pas tout raconter, a fait un choix parmi les événements, à la façon des évangélistes : il glisse sur certains points, il en passe d'autres entièrement sous silence, il s’étend au contraire longuement sur plusieurs. Dans les chap. 1-12, c’est autour de saint Pierre que les épisodes sont groupés (voyez 1, 15 et ss. ; 2, 14 et ss., 38 ; 3, 4 et ss., 12 et ss. ; 4, 8 et ss. ; 5, 3, 29 et ss. ; 8, 19 et ss. ; 9, 32 et ss. ; 10, 5, 6, 34 et ss. ; 11, 4 et ss. ; 12, 3 et ss.) ; les chap. 13-28 sont réservés à peu près exclusivement à saint Paul, dont les voyages apostoliques sont décrits avec assez d’ampleur. Rien de plus naturel, d'ailleurs, que cette part prépondérante accordée aux deux apôtres qui jouèrent, l’un en vertu de sa primauté (saint Pierre fut le premier pape), l'autre par son ardente activité au milieu des païens, un rôle capital dans l'histoire de l'établissement de l'Église. Le livre des Actes se termine brusquement, après avoir raconté l'arrivée de saint Paul à Rome comme prisonnier et le commencement de sa captivité. On a parfois conclu de là que saint Luc avait l’intention d’écrire un troisième volume (τρίτος λογός), dans lequel il aurait exposé la suite de l'histoire des apôtres ; mais ce n’est là qu’une simple conjecture. Le mieux est de dire que l’auteur s'arrête à cet endroit parce qu’il avait atteint son but. Et c’était certainement une grande chose que d’avoir montré l'évangile, après ses humbles débuts à Jérusalem et en Palestine, arrivant dans la capitale du monde, après avoir traversé en conquérant de nombreuses provinces de l’empire, et recruté des adhérents innombrables chez les païens comme chez les Juifs.

On a dit fort justement que ce livre est résumé tout entier dans la parole adressée par Jésus-Christ à ses apôtres au moment de son ascension : « Vous serez mes témoins dans Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’à l’extrémité de la terre » (1, 8b). Nous constaterons à chaque pas ce progrès (Premier stade : l'Église à Jérusalem, 1, 1-8, 3. Second stade : l'Église en Judée et en Samarie, 8, 4 - 11, 18. Troisième stade : l'Église à Antioche de Syrie, 11, 19 - 13, 35. Quatrième stade : l'Église dans le monde païen et à Rome, 13, 1 - 28, 31).

La durée des événements racontés est d’un peu plus de trente ans (30 à 63 apr. J.-C.).

Le plan et la division du livre des Actes ont été implicitement indiqués dans les lignes qui précèdent. Deux parties : les Actes de saint Pierre, chap. 1-12, et les Actes de saint Paul, chap. 13-28 (quelques exégètes adoptent trois ou quatre parties ; mais cela revient au même, car tout le monde est d'accord pour les subdivisions principales, tant elles sont clairement marquées). La première, qui raconte la naissance de l’Église à Jérusalem et les débuts de sa diffusion, soit chez les Juifs, soit dans le monde païen, renferme deux sections : 1° les origines du christianisme à Jérusalem, 1, 1 - 8, 3 ; 2° la préparation et le commencement de sa diffusion chez les païens, 8, 4 - 12, 25. La seconde, qui décrit les missions et la captivité de saint Paul, en contient quatre : 1° le premier voyage apostolique de Paul et le concile de Jérusalem, 13, 1 - 15, 35 ; 2° le second voyage de l'apôtre des païens, 15, 36 -18, 22 ; 3° son troisième voyage, 18, 23 - 21, 16 ; 4° sa captivité à Césarée et à Rome, 21, 17 - 28, 31.

L'auteur des Actes des apôtres. — Exception faite de quelques sectes hérétiques, qui rejetaient en tout ou en partie l’enseignement de saint Paul, et qui niaient par là même plus ou moins l’authenticité du livre des Actes, notamment, les Ébionites (voyez saint Épiph., Haer., 30, 3, 6), les disciples de Marcion (Tertull., adv. Marc., 5, 2) et les Manichéens (saint Aug., lettre, 237, 2), l’antiquité chrétienne a toujours regardé cet écrit comme canonique, et l'a attribué d’un commun accord à saint Luc. Les Pères apostoliques en citent d'assez nombreux passages, ou y font allusion comme à une partie de la sainte Écriture (entre autres, saint Clément de Rome, saint Polycarpe, saint Justin, saint Ignace martyr. A partir de la fin du second siècle, le canon de Muratori (les Actes sont nommés dans sa liste après les évangiles), saint Irénée (Adv. Hær., 3, 14), Tertullien (De Jejun., 10; de Prescript., 22, etc.), Clément d’Alexandrie (Stromates, 5, 2) et Origène (Adv. Cels, 6, 12) mentionnent formellement saint Luc comme l’auteur, et tous les témoignages subséquents des Pères et des anciens écrivains ecclésiastiques sont conformes à cette tradition, que l'Église n’a fait que confirmer par ses décrets officiels (par exemple, dans le concile de Trente et dans le 1er concile du Vatican : « Vatican I »).

Cette même tradition trouve une autre excellente garantie dans ce qu’on nomme aujourd’hui les preuves internes ou intrinsèques, c.-à-d., dans le fond et la forme mêmes du livre des Actes. On peut, en effet, démontrer successivement les propositions suivantes : 1° Cet écrit est remarquable par son unité de plan, de pensées et de style ; il ne peut donc avoir été composé que par un seul et même auteur (Baur et la fameuse « école de Tubinguen » ont admirablement contribué à mettre ce fait en relief) ; 2° L'auteur est tellement familiarisé avec les idées et le genre littéraire de saint Paul, qu’il ne peut être qu’un des disciples du grand Apôtre ; 3° Les divers passages dans lesquels il parle à la première personne du pluriel démontrent jusqu’à l'évidence qu’il fut à plusieurs reprises le compagnon de voyage de saint Paul. Ces passages sont au nombre de quatre : 16, 10 -17 ; 20, 5 - 15 ; 21, 1 - 18 ; 27, 1 - 28, 16. Ils se font remarquer par la vie, la fraîcheur du récit, et par de nombreux détails qui ne peuvent venir que d’un témoin oculaire. Leur style est tout à fait semblable à celui du reste du livre, et il n'y a pas à douter que le tout n'ait été composé par un auteur unique. 4° Saint Luc est l'auteur de ces passages et aussi du livre entier.

Rappelons enfin que les Actes des apôtres, ainsi qu’il a été dit plus haut, se donnent ouvertement comme l’œuvre du troisième de nos évangélistes ; assertion dont la vérité est si bien démontrée par l’identité du style des deux écrits, qu’elle est à peine l'objet d’un doute parmi les rationalistes eux-mêmes.

Le temps et le lieu de la composition. — Le livre des Actes fut certainement écrit avant la ruine de Jérusalem (70 de notre ère). En effet, non seulement il ne fait pas la moindre allusion à ce terrible événement, mais il parle du temple, du culte, des sacrifices, des synagogues, en un mot, des choses juives, comme existant encore à l’état normal dans la capitale d’Israël. De nombreux commentateurs catholiques et protestants admettent aussi que la composition fut antérieure à la mort de saint Paul, et qu’elle eut lieu, comme le pensait déjà saint Jérôme (De Vir. Illustr., 7), après les deux années de captivité mentionnées aux dernières lignes du récit (28, 30 - 31), par conséquent, vers l'année 63. Dans ce cas, c’est à Rome même que saint Luc aurait fait sa rédaction (il y avait accompagné saint Paul, d'après 28, 16). On ne peut rien dire de plus au sujet du lieu de la composition.

Les sources du livre des Actes. — Au début de son évangile, 1, 1 - 4, saint Luc nous fournit lui-même quelques détails sur ce point : il a cherché soigneusement des documents, nous dit-il. On ne parviendra jamais à démontrer que le livre des Actes n’est qu'une compilation, produite peu à peu par divers réviseurs et rédacteurs aux vues opposées. Distinguons, cependant.

Pour les chap. 1-12, qui racontent des faits dont saint Luc ne fut pas témoin, il eut à sa disposition soit le riche trésor des traditions de l’Église primitive, soit les récits des témoins oculaires, soit un certain nombre de documents écrits.

Pour les chap. 13-28, il n’eut, le plus souvent, qu’à se reporter à ses souvenirs personnels, à ceux des autres disciples de saint Paul, à ceux de saint Paul lui-même, qui, — plusieurs passages de ses lettres en font foi (cf. Romains 15, 16-32 ; 2 Corinthiens 1, 8-10 ; Galates 1, 11 -2, 14 ; Philippiens 2, 3-7, etc.), — dans ses conversations intimes, revenait volontiers sur les divers épisodes de sa vie. C’est tout ce qu’on peut dire de certain, et cela nous suffit d’ailleurs pour nous fier entièrement à l’auteur des Actes (voyez ce qui sera dit plus bas, au 7°, sur sa parfaite véracité).

Le but que se proposait saint Luc, en écrivant ce second livre, était le même que pour son premier livre, l'évangile (cf. Luc. 1, 4) : il s’agissait donc, ici encore, de confirmer dans la foi chrétienne, tout d’abord Théophile, le destinataire immédiat des deux volumes (cf. Luc. 1, 3 et Actes des Apôtres 1, 1), puis tous les autres lecteurs. Or, après le récit de la vie, de la mort et de la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ, rien ne pouvait mieux démontrer la divinité du christianisme que l’histoire merveilleuse de son développement rapide à travers le monde juif et le monde païen malgré des obstacles de tout genre.

Pour cette question comme pour la précédente, la critique rationaliste s’est étrangement fourvoyée, en prêtant à l’auteur de notre livre, qui n'aurait vécu que dans la première moitié du second siècle, des vues et des tendances qui n’ont d’existence que dans certains esprits modernes ou contemporains. En supposant, comme base de ces divers systèmes, que l'Église naissante avait été en proie à de graves divisions intestines, occasionnées par deux partis rivaux, dont l’un s’appuyait sur saint Pierre et l’autre sur saint Paul, on a prétendu, tantôt que l’historien a voulu présenter aux « Pétriniens » l'apologie de saint Paul, dont il était le disciple enthousiaste; tantôt qu’il a pris la défense de saint Pierre contre le « Pauliniens », tantôt qu’il a composé une sorte d'eirénikon destiné à ramener la paix entre les deux partis hostiles. En toute hypothèse, il aurait arrangé, transformé, ou même inventé positivement les faits, pour qu’ils pussent s’harmoniser avec son but. Mais ce n’est là, indépendamment de l'existence du parti judaïsant, que de l'imagination pure et simple : l’étude du livre suffit pour le démontrer. Du reste, même dans le camp rationaliste, ces théories ont trouvé des adversaires ardents, de sorte que, à ce point de vue encore, notre livre est sorti intact du feu de la critique.

La valeur historique du livre des Actes est parfaite, et a été souvent admirée, même par des exégètes qui ne croient ni à son authenticité, ni à son inspiration. « Écrit d’un prix inestimable comme écrit historique » ; « idéal d’histoire ecclésiastique », disent-ils. Sans lui, à part quelques détails épars dans les lettres de saint Paul, dans les lettres catholiques et dans les rares fragments qui nous restent des premiers écrivains ecclésiastiques, nous ne connaîtrions rien de l'origine de l'Église.

De plus, l’auteur des Actes était parfaitement renseigné sur tout ce qu’il raconte. De tous les livres de l'Écriture, aucun n’a un champ si vaste et si peu familier aux Juifs. Saint Luc nous conduit en Syrie, à Chypre, en Asie Mineure, en Grèce, en Italie; son récit est plein d’allusions à l’histoire, aux mœurs, aux coutumes, à la religion des peuples qui habitaient ces régions si diverses, aux usages même de la navigation de son temps, et dans des sujets si variés, au milieu de cette foule de détails, il se meut avec la plus grande aisance, et il s’exprime sur les personnes, les lieux et les choses avec une exactitude que peut posséder seul un témoin oculaire, intelligent, attentif, instruit et consciencieux. Toutes les fois qu’il est possible de contrôler sa narration par les sources profanes, et le cas se présente souvent, cette épreuve est tout entière en sa faveur. Le fait est d’autant plus remarquable, que sur ces divers terrains il y avait de la place pour des erreurs multiples, tandis qu’aucun ouvrage ancien ne fournit des marques aussi nombreuses de véracité.

8° Les principaux commentaires catholiques sont, dans lantiquité, ceux de saint Jean Chrysostome, d’Œcumenius, de Théophylacte et du Bède le Vénérable et dans les temps modernes, ceux de Lorin (1605), de Salmeron (1614) et Sanchez (1616).
































Les Actes des Apôtres



Actes 1 1 Théophile, j'ai raconté, dans mon premier livre, toute la suite des actions et des enseignements de Jésus, 2 jusqu'au jour où, après avoir donné, par l'Esprit-Saint, ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis, il fut enlevé au ciel. 3 À eux aussi, après sa passion, il s'était montré plein de vie, leur en donnant des preuves nombreuses, leur apparaissant pendant quarante jours et les entretenant du royaume de Dieu. 4 Un jour qu'il était à table avec eux, il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, "ce que, leur dit-il, vous avez appris de ma bouche, 5 car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans l'Esprit-Saint." 6 Eux donc, étant réunis, lui demandèrent : "Seigneur, le temps est-il venu où vous rétablirez le royaume d'Israël?" 7 Il leur répondit : "Ce n'est pas à vous de connaître les temps ni les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8 Mais lorsque le Saint-Esprit descendra sur vous, vous serez revêtus de force et vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre." 9 Après qu'il eut ainsi parlé, il fut élevé en leur présence et une nuée le déroba à leurs yeux. 10 Et comme ils avaient leurs regards fixés vers le ciel pendant qu'il s'éloignait, voici que deux hommes parurent auprès d'eux, vêtus de blanc, 11 et dirent : "Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui, du milieu de vous, a été enlevé au ciel, en viendra de la même manière que vous l'avez vu monter." 12 Ils revinrent alors à Jérusalem, de la montagne appelée des Oliviers, laquelle est près de Jérusalem, à la distance du chemin d'un jour de sabbat. 13 Quand ils furent arrivés, ils montèrent dans le cénacle, où ils se tenaient d'ordinaire : c'étaient Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée et Simon le Zélé et Jude, frère de Jacques. 14 Tous, dans un même esprit, persévéraient dans la prière, avec quelques femmes et Marie, mère de Jésus et ses frères. 15 En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères, ils étaient réunis au nombre d'environ cent vingt, leur dit : 16 "Mes frères, il fallait que s'accomplît ce que le Saint-Esprit, dans l'Écriture, a prédit par la bouche de David au sujet de Judas, le guide de ceux qui ont arrêté Jésus, 17 car il était un d'entre nous et il avait part à notre ministère. 18 Cet homme acquit un champ avec le salaire de son crime et s'étant précipité en avant, se rompit par le milieu et toutes ses entrailles se répandirent. 19 Ce fait est si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ a été nommé dans leur langue Hakeldama, c'est-à-dire champ du sang. 20 Il est écrit, en effet, dans le livre des Psaumes : Que sa demeure devienne déserte et que personne ne l'habite. Et d'ailleurs : Qu'un autre prenne sa charge. 21 Il faut donc que, parmi les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, 22 à partir du baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection." 23 Ils en présentèrent deux : Joseph, appelé Barsabas et surnommé le juste et Mathias. 24 Et s'étant mis en prière, ils dirent : "Seigneur, vous qui connaissez le cœur de tous, indiquez lequel de ces deux vous avez choisi 25 pour occuper dans ce ministère de l'apostolat, la place que Judas a laissée par son crime pour s'en aller en son lieu." 26 On tira leurs noms au sort et le sort tomba sur Mathias, qui fut associé aux onze Apôtres.



Actes 2 1 Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2 Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent qui souffle avec force et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Et ils virent paraître comme des langues de feu qui se partagèrent et se posèrent sur chacun d'eux. 4 Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils se mirent à parler d'autres langues, selon que l'Esprit-Saint leur donnait de s'exprimer. 5 Or, parmi les Juifs résidant à Jérusalem, il y avait des hommes pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6 Au bruit qui se fit entendre, ils accoururent en foule et ils étaient tout hors d'eux-mêmes, de ce que chacun les entendait parler sa propre langue. 7 Surpris et étonnés, ils disaient : "Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que nous les entendions parler chacun dans sa langue maternelle ? 9 Nous tous, Parthes, Mèdes, Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie, 10 de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Égypte et des contrées de la Libye voisine de Cyrène, Romains de passage ici, 11 soit Juifs, soit prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu." 12 Ils étaient tous dans l'étonnement et, ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres : "Qu'est-ce que cela pourrait bien être ?" 13 D'autres disaient en se moquant : "Ils sont pleins de vin nouveau." 14 Alors Pierre, se présentant avec les Onze, éleva la voix et leur dit : "Juifs et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez bien ceci et prêtez l'oreille à mes paroles : 15 Ces hommes ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c'est la troisième heure du jour. 16 Ce que vous voyez, c'est ce qui a été annoncé par le prophète Joël : 17 "Dans les derniers jours, dit le Seigneur, je répandrai de mon Esprit sur toute chair et vos fils ainsi que vos filles prophétiseront et vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes. 18 Oui, dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes et ils prophétiseront. 19 Et je ferai paraître des prodiges en haut dans le ciel et des miracles en bas sur la terre : du sang, du feu et des tourbillons de fumée, 20 le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le jour du Seigneur, le jour grand et glorieux. 21 Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. 22 Enfants d'Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage pour vous par les prodiges, les miracles et les signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes, 23 cet homme ayant été livré selon le dessein immuable et la prescience de Dieu, vous l'avez attaché à la croix et mis à mort par la main des impies. 24 Dieu l'a ressuscité, en le délivrant des douleurs de la mort, parce qu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. 25 Car David dit de lui : "J'avais continuellement le Seigneur devant moi, parce qu'il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. 26 C'est pourquoi mon cœur est dans la joie et ma langue dans l'allégresse et ma chair aussi reposera dans l'espérance, 27 car vous ne laisserez pas mon âme dans le séjour des morts et vous ne permettrez pas que votre Saint voie la corruption. 28 Vous m'avez fait connaître les sentiers de la vie et vous me remplirez de joie en me montrant votre visage." 29 Mes frères, qu'il me soit permis de vous dire en toute franchise, au sujet du patriarche David, qu'il est mort, qu'il a été enseveli et que son tombeau est encore aujourd'hui parmi nous. 30 Comme il était prophète et qu'il savait que Dieu lui avait promis avec serment de faire asseoir sur son trône un fils de son sang, 31 c'est la résurrection du Christ qu'il a vue d'avance, en disant que son âme ne serait pas laissée dans le séjour des morts et que sa chair ne verrait pas la corruption. 32 C'est ce Jésus que Dieu a ressuscité, nous en sommes tous témoins. 33 Et maintenant qu'il a été élevé au ciel par la droite de Dieu et qu'il a reçu du Père la promesse du Saint-Esprit, il a répandu cet esprit que vous voyez et entendez. 34 Car David n'est pas monté au ciel, mais il a dit lui-même : "Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, 35 jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds." 36 Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié." 37 Le cœur transpercé par ce discours, ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : "Frères, que ferons-nous?" 38 Pierre leur répondit : "Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour obtenir le pardon de vos péchés et vous recevrez le don du Saint-Esprit. 39 Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera." 40 Et par beaucoup d'autres paroles il les pressait et les exhortait en disant : "Sauvez-vous du milieu de cette génération perverse." 41 Ceux qui reçurent la parole de Pierre furent baptisés et ce jour-là le nombre des disciples s'augmenta de trois mille personnes environ. 42 Ils étaient assidus aux prédications des Apôtres, aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières. 43 Et la crainte était dans toutes les âmes et beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient par les Apôtres. 44 Tous ceux qui croyaient vivaient ensemble et ils avaient tout en commun. 45 ils vendaient leurs terres et leurs biens et ils en partageaient le prix entre tous, selon les besoins de chacun. 46 Chaque jour, tous ensemble, ils fréquentaient le temple et, rompant leur pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité, 47 louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour au nombre de ceux qui étaient dans la voie du salut.


Actes 3 1 Pierre et Jean montaient ensemble au temple pour la prière de la neuvième heure. 2 Or, il y avait un homme, boiteux de naissance, qui se faisait transporter. On le posait chaque jour près de la porte du temple, appelée la Belle-Porte, pour qu'il pût demander l'aumône à ceux qui entraient dans le temple. 3 Cet homme, ayant vu Pierre et Jean qui allaient y entrer, leur demanda l'aumône. 4 Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui et dit : "Regarde-nous." 5 Il les regarda attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. 6 Mais Pierre lui dit : "Je n'ai ni or ni argent, mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche." 7 Et le prenant par la main, il l'aida à se lever. Au même instant, ses jambes et ses pieds devinrent fermes, 8 d'un bond il fut debout et il se mit à marcher. Puis il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. 9 Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10 Et reconnaissant que c'était celui-là même qui se tenait assis à la Belle-Porte du temple pour demander l'aumône, ils furent stupéfaits et hors d'eux-mêmes de ce qui lui était arrivé. 11 Comme il ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut vers eux, au portique dit de Salomon. 12 Voyant cela, Pierre dit au peuple : "Enfants d'Israël, pourquoi vous étonnez-vous de cela ? Et pourquoi tenez-vous les yeux fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? 13 Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de vos pères a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate alors qu'il était d'avis qu'on le relâchât. 14 Vous, vous avez renié le Saint et le Juste et vous avez sollicité la grâce d'un meurtrier. 15 Vous avez fait mourir l'Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité des morts, nous en sommes témoins. 16 C'est à cause de la foi reçue de lui que son nom a raffermi l'homme que vous voyez et connaissez, c'est la foi qui vient de lui qui a opéré devant vous tous cette parfaite guérison. 17 Je sais bien, frères, que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos chefs. 18 Mais Dieu a accompli de la sorte ce qu'il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, que son Christ devait souffrir. 19 Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, 20 afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, 21 que le ciel doit recevoir jusqu'aux jours du rétablissement de toutes choses, jours dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes. 22 Moïse a dit : "Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète semblable à moi, vous l'écouterez dans tout ce qu'il vous dira. 23 Et quiconque n'écoutera pas ce prophète, sera exterminé du peuple." 24 Tous les prophètes qui ont successivement parlé depuis Samuel ont aussi annoncé ces jours-là. 25 Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a faite avec vos pères, lorsqu'il a dit à Abraham : "En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre." 26 C'est à vous premièrement que Dieu, ayant suscité son Fils, l'a envoyé pour vous bénir, lorsque chacun de vous se détournera de ses iniquités.


Actes 4 1 Pendant que Pierre et Jean parlaient au peuple, survinrent les prêtres, le capitaine du temple et les Sadducéens, 2 mécontents de ce qu'ils enseignaient le peuple et annonçaient en la personne de Jésus la résurrection des morts. 3 Ils mirent la main sur eux et les jetèrent en prison jusqu'au lendemain, car c’était déjà le soir. 4 Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu ce discours crurent et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille. 5 Le lendemain, leurs chefs, les Anciens et les Scribes, s'assemblèrent à Jérusalem, 6 avec Anne, le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre et tous ceux qui étaient de la famille pontificale. 7 Et ayant fait comparaître les Apôtres devant eux, ils leur demandèrent : "Par quelle puissance ou au nom de qui avez-vous fait cela ?" 8 Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : 9 "Chefs du peuple et Anciens d'Israël : si l'on nous interroge aujourd'hui, sur un bienfait accordé à un infirme, pour savoir comment cet homme a été guéri, 10 sachez-le bien, vous tous et tout le peuple d'Israël : C'est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par lui que cet homme se présente devant vous pleinement guéri. 11 Ce Jésus est la pierre rejetée par vous de l'édifice et qui est devenue la pierre angulaire. 12 Et le salut n'est en aucun autre, car il n'y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés." 13 Lorsqu'ils virent l'assurance de Pierre et de Jean, sachant que c'étaient des hommes du peuple sans instruction, ils furent étonnés, ils les reconnurent en même temps pour avoir été avec Jésus. 14 Mais, comme ils voyaient debout, près d'eux, l'homme qui avait été guéri, ils n'avaient rien à répliquer. 15 Les ayant fait sortir du sanhédrin, ils se mirent à délibérer entre eux, disant : 16 "Que ferons-nous à ces hommes ? Qu'ils aient fait un miracle insigne, c'est ce qui est manifeste pour tous les habitants de Jérusalem et nous ne pouvons le nier. 17 Mais afin que la chose ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler désormais en ce nom-là à qui que ce soit." 18 Et les ayant rappelés, ils leur interdirent absolument de parler et d'enseigner au nom de Jésus. 19 Pierre et Jean leur répondirent : "Jugez s'il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu. 20 Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu." 21 Alors ils leur firent des menaces et les relâchèrent, ne sachant comment les punir, à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de tout ce qui venait d'arriver. 22 Car l'homme qui avait été guéri d'une manière si merveilleuse était âgé de plus de quarante ans. 23 Mis en liberté, ils se rendirent auprès de leurs frères et leur racontèrent tout ce que les Princes des prêtres et les Anciens leur avaient dit. 24 Ce qu'ayant entendu, les frères élevèrent tous ensemble la voix vers Dieu, en disant : "Maître souverain, c'est vous qui avez fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment. 25 C'est vous qui avez dit [par l'Esprit-Saint], par la bouche de [notre père] David, votre serviteur : "Pourquoi les nations ont-elles frémi et les peuples ont-ils formé de vains complots ? 26 Les rois de la terre se sont soulevés, les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son Christ." 27 Voici qu'en vérité, dans cette ville, se sont ligués contre votre saint serviteur, Jésus, consacré par votre onction, Hérode et Ponce-Pilate avec les païens et les peuples d'Israël, 28 pour faire ce que votre main et votre conseil avaient arrêté d'avance. 29 Et maintenant, Seigneur, considérez leurs menaces et donnez à vos serviteurs d'annoncer votre parole avec une pleine assurance, 30 en étendant votre main pour qu'il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de votre saint serviteur Jésus." 31 Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient réunis trembla. Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils annoncèrent la parole de Dieu avec assurance. 32 La multitude des fidèles n'avait qu'un cœur et qu'une âme, nul n'appelait sien ce qu'il possédait, mais tout était commun entre eux. 33 Avec beaucoup de force les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Sauveur Jésus et une grande grâce était sur eux tous 34 car il n'y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient 35 et en apportaient le prix aux pieds des Apôtres, on le distribuait ensuite à chacun, selon ses besoins. 36 Un lévite originaire de Chypre, Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé, ce qui se traduit Fils de consolation, 37 possédait un champ, il le vendit, en apporta l'argent et le déposa aux pieds des Apôtres.


Actes 5 1 Mais un homme nommé Ananie, avec Saphire, sa femme, vendit une propriété, 2 et ayant, de concert avec elle, retenu quelque chose du prix, il en apporta le reste et le mit aux pieds des Apôtres. 3 Pierre lui dit : "Ananie, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point que tu mentes au Saint-Esprit et que tu retiennes quelque chose du prix de ce champ ? 4 Ne pouvais-tu pas sans le vendre, en rester possesseur et après l'avoir vendu, n'étais-tu pas maître de l'argent ? Comment as-tu pu concevoir un pareil dessein ? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu." 5 En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira et tous ceux qui l'apprirent furent saisis d'une grande crainte. 6 Les jeunes gens s'étant levés enveloppèrent le corps et l'emportèrent pour l'inhumer. 7 Environ trois heures après, la femme d'Ananie entra, sans savoir ce qui était arrivé. 8 Pierre lui demanda : "Dites-moi, est-ce tel prix que vous avez vendu votre champ ?" "Oui, répondit-elle, c'est ce prix-là." 9 Alors Pierre lui dit : "Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur ? Voici que le pied des jeunes gens qui ont enterré votre mari heurte le seuil, ils vont aussi vous porter en terre." 10 Au même instant, elle tomba aux pieds de l'Apôtre et expira. Les jeunes gens étant entrés la trouvèrent morte, ils l'emportèrent et l'inhumèrent auprès de son mari. 11 Une grande crainte se répandit dans toute l'Église et parmi tous ceux qui apprirent cet événement. 12 Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple par les mains des Apôtres. Et ils se tenaient tous ensemble sous le portique de Salomon, 13 aucune autre personne n'osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement. 14 Chaque jour voyait s'accroître la multitude d'hommes et de femmes qui croyaient au Seigneur, 15 en sorte qu'on apportait les malades dans les rues et qu'on les plaçait sur des lits ou des nattes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrît quelqu'un d'entre eux. 16 On venait ainsi en foule des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des hommes tourmentés par des esprits impurs et tous étaient guéris. 17 Alors le grand prêtre et tous ceux qui étaient avec lui, savoir le parti des Sadducéens, se levèrent, remplis de jalousie 18 et ayant fait arrêter les Apôtres, ils les jetèrent dans une prison publique. 19 Mais un ange du Seigneur, ayant ouvert pendant la nuit les portes de la prison, les fit sortir en disant : 20 "Allez, tenez-vous dans le temple et annoncez au peuple toutes ces paroles de vie." 21 Ce qu'ayant entendu, ils entrèrent dès le matin dans le temple et se mirent à enseigner. Cependant le grand prêtre et tous ceux qui étaient avec lui s'étant réunis, assemblèrent le conseil et tous les Anciens des enfants d'Israël et ils envoyèrent à la prison chercher les Apôtres. 22 Les gardes allèrent et ne les ayant pas trouvés dans la prison, ils revinrent et firent leur rapport, en disant : 23 "Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée et les gardes debout devant les portes, mais, après avoir ouvert, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur." 24 Quand le grand prêtre, le commandant du temple et les princes des prêtres eurent entendu ces paroles, ils furent dans une grande perplexité au sujet des prisonniers, ne sachant ce que ce pouvait être. 25 En ce moment quelqu'un vint leur dire : "Ceux que vous aviez mis en prison, les voilà dans le temple et ils enseignent le peuple." 26 Le commandant se rendit aussitôt avec ses hommes et les amena sans leur faire violence, car ils craignaient d'être lapidés par le peuple. 27 Les ayant amenés, ils les firent comparaître devant le Sanhédrin et le grand prêtre les interrogea, en disant : 28 "Nous vous avons expressément défendu d'enseigner ce nom-là et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme." 29 Pierre et les Apôtres répondirent : "On doit obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. 30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez fait mourir en le pendant au bois. 31 Dieu l'a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël le repentir et le pardon des péchés. 32 Et nous sommes ses témoins pour ces choses, avec le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui sont dociles." 33 Exaspérés de ce qu'ils venaient d'entendre, les membres du conseil étaient d'avis de les faire mourir. 34 Mais un Pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, vénéré de tout le peuple, se leva dans le sanhédrin et, ayant ordonné de faire sortir un instant les Apôtres, 35 il dit : "Enfants d'Israël, prenez garde à ce que vous allez faire à l'égard de ces hommes. 36 Car il n'y a pas longtemps parut Théodas, qui se donnait pour un personnage, environ quatre cents hommes s'attachèrent à lui : il fut tué et tous ceux qui l'avaient suivi furent dispersés et réduits à néant. 37 Après lui s'éleva Judas le Galiléen, à l'époque du recensement et il attira du monde à son parti : il périt aussi et tous ses partisans ont été dispersés. 38 Voici maintenant le conseil que je vous donne : Ne vous occupez plus de ces gens-là et laissez-les aller. Si cette idée ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira d'elle-même, 39 mais si elle vient de Dieu, vous ne sauriez la détruire. Ne courez pas le risque d'avoir lutté contre Dieu même." 40 Ils se rendirent à son avis et ayant rappelé les Apôtres, ils les firent fouetter, puis ils leur défendirent de parler au nom de Jésus et les relâchèrent. 41 Les Apôtres sortirent du sanhédrin, joyeux d'avoir été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus. 42 Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'annoncer Jésus comme le Christ.


Actes 6. 1 En ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes élevèrent des plaintes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans l'assistance de chaque jour. 2 Alors les Douze ayant assemblé la multitude des disciples, leur dirent : "Il ne convient pas que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. 3 Choisissez donc parmi vous, frères, sept hommes d'un bon témoignage, remplis de l'Esprit-Saint et de sagesse, à qui nous puissions confier cet office, 4 et nous, nous serons tout entiers à la prière et au ministère de la parole." 5 Ce discours plut à toute l'assemblée et ils élurent Étienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche. 6 On les présenta aux apôtres et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains. 7 La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples s'augmentait considérablement à Jérusalem et une multitude de prêtres obéissaient à la foi. 8 Étienne, plein de grâce et de force, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. 9 Quelques membres de la synagogue dite des Affranchis et de celle des Cyrénéens et des Alexandrins, avec des Juifs de Cilicie et d'Asie, vinrent disputer avec lui, 10 mais ils ne purent résister à la sagesse et à l'Esprit avec lesquels il parlait. 11 Alors ils subornèrent des gens qui dirent : "Nous l'avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu." 12 Ils ameutèrent ainsi le peuple, les Anciens et les scribes et tous ensemble se jetant sur lui, ils le saisirent et l'entraînèrent au Sanhédrin. 13 Et ils produisirent de faux témoins, qui dirent : "Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la Loi. 14 Car nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu et changera les institutions que Moïse nous a données." 15 Comme tous ceux qui siégeaient dans le conseil avaient les yeux fixés sur Étienne, son visage leur parut comme celui d'un ange.


Actes 7. 1 Le grand prêtre lui demanda : "En est-il bien ainsi ?" 2 Étienne répondit : "Mes frères et mes pères, écoutez. Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il vint demeurer à Haran, 3 et lui dit : "Quitte ton pays et ta famille et va dans le pays que je te montrerai." 4 Alors il quitta le pays des Chaldéens et s'établit à Haran. De là, après la mort de son père, Dieu le fit émigrer dans ce pays que vous habitez maintenant. 5 Et il ne lui donna aucune propriété dans ce pays, pas même où poser le pied, mais il lui promit, à une époque où le patriarche n'avait pas d'enfants, de lui en donner la possession, à lui et à sa postérité après lui. 6 Dieu parla ainsi : "Sa postérité habitera en pays étranger, on la réduira en servitude et on la maltraitera pendant quatre cents ans. 7 Mais la nation qui les aura tenus en esclavage, c'est moi qui la jugerai, dit le Seigneur. Après quoi ils sortiront et me serviront en ce lieu." 8 Puis il donna à Abraham l'alliance de la circoncision et ainsi Abraham après avoir engendré Isaac le circoncit le huitième jour, Isaac engendra et circoncit Jacob et Jacob, les douze patriarches. 9 Poussés par la jalousie, les patriarches vendirent Joseph pour être emmené en Égypte. Mais Dieu était avec lui, 10 et il le délivra de toutes ses épreuves et lui donna grâce et sagesse devant Pharaon, roi d'Égypte, qui le mit à la tête de l'Égypte et de toute sa maison. 11 Or il survint une famine dans tout le pays d'Égypte et dans celui de Chanaan. La détresse était grande et nos pères ne trouvaient pas de quoi se nourrir. 12 Jacob, ayant appris qu'il y avait des vivres en Égypte, y envoya nos pères une première fois. 13 Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères et Pharaon sut quelle était son origine. 14 Alors Joseph envoya chercher son père Jacob et toute sa famille, composée de soixante-quinze personnes. 15 Et Jacob descendit en Égypte, où il mourut, ainsi que nos pères. 16 Et ils furent transportés à Sichem et déposés dans le tombeau qu'Abraham avait acheté à prix d'argent des fils d'Hémor, à Sichem. 17 Comme le temps approchait où devait s'accomplir la promesse que Dieu avait jurée à Abraham, le peuple s'accrut et se multiplia en Égypte, 18 jusqu'à ce que parut dans ce pays un autre roi qui n'avait pas connu Joseph. 19 Ce roi, usant d'artifice envers notre race, maltraita nos pères, au point de leur faire exposer leurs enfants, afin qu'ils ne vécussent pas. 20 A cette époque naquit Moïse, qui était beau aux yeux de Dieu, il fut nourri trois mois dans la maison de son père. 21 Et quand il eut été exposé, la fille de Pharaon le recueillit et l'éleva comme son fils. 22 Moïse fut instruit dans toute la sagesse des égyptiens et il était puissant en paroles et en œuvres. 23 Quand il eut atteint l'âge de quarante ans, il lui vint dans l'esprit de visiter ses frères, les enfants d'Israël. 24 Il en vit un qu'on outrageait, prenant sa défense, il vengea l'opprimé en tuant l'égyptien. 25 Or il pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur accordait la délivrance par sa main, mais ils ne le comprirent pas. 26 Le jour suivant, en ayant rencontré deux qui se battaient, il les exhorta à la paix en disant : "Hommes, vous êtes frères : pourquoi vous maltraiter l'un l'autre ?" 27 Mais celui qui maltraitait son prochain le repoussa, en disant : "Qui t'a établi chef et juge sur nous ? 28 Veux-tu me tuer, comme tu as tué hier l'égyptien ?" 29 A cette parole, Moïse s'enfuit et alla habiter dans la terre de Madian, où il engendra deux fils. 30 Quarante ans après, au désert du mont Sinaï, un ange lui apparut dans la flamme d'un buisson en feu. 31 A cette vue, Moïse fut saisi d'étonnement et comme il s'approchait pour examiner, la voix du Seigneur se fit entendre [à lui] : 32 "Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob." Et Moïse tout tremblant n'osait regarder. 33 Alors le seigneur lui dit : "Ôte la sandale de tes pieds, car le lieu que tu foules est une terre sainte. 34 J'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Égypte, j'ai entendu ses gémissements et je suis descendu pour le délivrer. Viens donc maintenant et je t'enverrai en Égypte." 35 Ce Moïse qu'ils avaient renié en disant : Qui t'a établi chef et juge ? C'est lui que Dieu a envoyé comme chef et libérateur, avec l'assistance de l'ange qui lui était apparu dans le buisson. 36 C'est lui qui les a fait sortir, en opérant des prodiges et des miracles dans la terre d'Égypte, dans la mer Rouge et au désert pendant quarante ans. 37 C'est ce Moïse qui dit aux enfants d'Israël : "Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi [écoutez-le]." 38 C'est lui qui, au milieu de l'assemblée, au désert, avec l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï et avec nos pères, a reçu des oracles vivants pour nous les transmettre. 39 Nos pères, loin de vouloir lui obéir, le repoussèrent et, retournant de cœur en Égypte, 40 ils dirent à Aaron : "Fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu." 41 Ils fabriquèrent alors un veau d'or et ils offrirent un sacrifice à l'idole et se réjouirent de l'œuvre de leurs mains. 42 Mais Dieu se détourna et les livra au culte de l'armée du ciel, selon qu'il est écrit au livre des Prophètes : "M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans au désert, maison d'Israël ? 43 Vous avez porté la tente de Moloch et l'astre de votre dieu Raiphan, ces images que vous avez faites pour les adorer. C'est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone." 44 Nos pères dans le désert avaient le tabernacle du témoignage, comme l'avait ordonné celui qui dit à Moïse de le construire selon le modèle qu'il avait vu. 45 L'ayant reçu de Moïse, nos pères l'apportèrent, sous la conduite de Josué, lorsqu'ils firent la conquête du pays sur les nations que Dieu chassa devant eux et il y subsista jusqu'aux jours de David. 46 Ce roi trouva grâce devant Dieu et demanda d'élever une demeure pour le Dieu de Jacob. 47 Néanmoins ce fut Salomon qui lui bâtit un temple. 48 Mais le Très-Haut n'habite pas dans les temples faits de main d'homme, selon la parole du prophète : 49 "Le ciel est mon trône et la terre l'escabeau de mes pieds. Quelle demeure me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu de mon repos ? 50 N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?" 51 Hommes à la tête dure, incirconcis de cœur et d'oreilles, vous résistez toujours au Saint-Esprit, tels furent vos pères, tels vous êtes. 52 Quel prophète vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste et vous, aujourd'hui, vous l'avez trahi et mis à mort. 53 Vous qui avez reçu la Loi, en considération des anges qui vous l'intimaient et vous ne l'avez pas gardée." 54 En entendant ces paroles, la rage déchirait leurs cœurs et ils grinçaient des dents contre lui. 55 Mais Étienne, qui était rempli de l'Esprit-Saint, ayant fixé les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de son Père. 56 Et il dit : "Voici que je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu." 57 Les Juifs poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles et se jetèrent tous ensemble sur lui. 58 Et l'ayant entraîné hors de la ville, ils le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul. 59 Pendant qu'ils le lapidaient, Étienne priait en disant : "Seigneur Jésus, recevez mon esprit." 60 Puis s'étant mis à genoux, il s'écria d'une voix forte : "Seigneur, ne leur imputez pas ce péché." Après cette parole, il s'endormit [dans le Seigneur]. Or, Saul avait approuvé le meurtre d'Étienne.


Actes 8. 1 Le même jour, une violente persécution éclata contre l'Église de Jérusalem et tous, sauf les apôtres se dispersèrent dans les campagnes de la Judée et de la Samarie. 2 Des hommes pieux ensevelirent Étienne et firent sur lui de grandes lamentations. 3 Et Saul ravageait l'Église, pénétrant dans les maisons, il en arrachait les hommes et les femmes et les faisait jeter en prison. 4 Ceux qui étaient dispersés parcouraient le pays annonçant la parole. 5 Philippe étant descendu dans une ville de Samarie, y prêcha le Christ. 6 Et les foules étaient attentives à ce que disait Philippe, en apprenant et en voyant les miracles qu'il faisait. 7 Car les esprits impurs sortaient de beaucoup de démoniaques, en poussant de grands cris, beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris, 8 et ce fut une grande joie dans cette ville. 9 Or il s'y trouvait déjà un homme nommé Simon, qui pratiquait la magie et qui émerveillait le peuple de la Samarie, se donnant pour un grand personnage. 10 Tous, petits et grands, s'étaient attachés à lui. Cet homme, disaient-ils, est la Vertu de Dieu, celle qu'on appelle la Grande. 11 Ils étaient donc attachés à lui, parce que, depuis longtemps, il les avait séduits par ses enchantements. 12 Mais quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. 13 Simon lui-même crut et, s'étant fait baptisé, il s'attacha à Philippe et les miracles et les grands prodiges dont il était témoin le frappaient d'étonnement. 14 Les Apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. 15 Ceux-ci arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit. 16 Car il n'était encore descendu sur aucun d'eux, ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. 17 Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint-Esprit. 18 Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l'imposition des mains des Apôtres, il leur offrit de l'argent, 19 en disant : "Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tout homme à qui j'imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit." 20 Mais Pierre lui dit : "Périsse ton argent avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s'acquérait à prix d'argent. 21 Il n'y a pour toi absolument aucune part dans cette faveur, car ton cœur n'est pas pur devant Dieu. 22 Repens-toi donc de ton iniquité et prie le Seigneur de te pardonner, s'il est possible, la pensée de ton cœur. 23 Car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens du péché." 24 Simon répondit : "Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit." 25 Quant à eux, après avoir rendu témoignage et prêché la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem, en annonçant la bonne nouvelle dans plusieurs villages des Samaritains. 26 Un ange du Seigneur, s'adressant à Philippe, lui dit : "Lève-toi et va du côté du midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza, celle qui est déserte." 27 Il se leva et partit. Et voici qu'un éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d'Éthiopie et surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer. 28 Il s'en retournait et, assis sur un char, il lisait le prophète Isaïe. 29 L'Esprit dit à Philippe : "Avance et tiens-toi près de ce char." 30 Philippe accourut et entendant l'éthiopien lire le prophète Isaïe, il lui dit : "Comprends-tu bien ce que tu lis ?" 31 Celui-ci répondit : "Comment le pourrais-je, si quelqu'un ne me guide ?" Et il pria Philippe de monter et de s'asseoir avec lui. 32 Or le passage de l'Écriture qu'il lisait était celui-ci : "Comme une brebis, il a été mené à la boucherie et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n'a pas ouvert la bouche. 33 C'est dans son humiliation que son jugement s'est consommé. Quant à sa génération, qui la racontera ? Car sa vie a été retranchée de la terre." 34 L'eunuque dit à Philippe : "Je t'en prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? Est-ce de lui-même ou de quelque autre ?" 35 Alors Philippe ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça Jésus. 36 Chemin faisant, ils rencontrèrent de l'eau et l'eunuque dit : "Voici de l'eau : qu'est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ?" 37 [Philippe répondit : "Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. Je crois, repartit l'eunuque, que Jésus Christ est le Fils de Dieu."] 38 Il fit donc arrêter son char et Philippe, étant descendu avec lui dans l'eau, le baptisa. 39 Quand ils furent sortis de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe et l'eunuque ne le vit plus et il continua tout joyeux son chemin. 40 Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, d'où il alla jusqu'à Césarée, en évangélisant toutes les villes par où il passait.


Actes 9. 1 Cependant Saul, respirant encore la menace et la mort contre les disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre 2 et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il trouvait des gens de cette croyance, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem. 3 Comme il était en chemin et qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. 4 Il tomba par terre et entendit une voix qui lui disait : "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?" 5 Il répondit : "Qui êtes-vous, Seigneur ?" Et le Seigneur dit : "Je suis Jésus que tu persécutes. [Il n'est pas bon pour toi de regimber contre l'aiguillon." 6 Tremblant et saisi d'effroi, il dit : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?" Le Seigneur lui répondit] "Lève-toi et entre dans la ville, là on te dira ce que tu dois faire." 7 Les hommes qui l'accompagnaient demeurèrent saisis de stupeur, car ils percevaient le son de la voix, mais ne voyaient personne. 8 Saul se releva de terre et bien que ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien, on le prit par la main et on le conduisit à Damas, 9 et il y fut trois jours sans voir et sans prendre ni nourriture ni boisson. 10 Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananie. Le Seigneur lui dit dans une vision : "Ananie." Il répondit : "Me voici, Seigneur." 11 Et le Seigneur lui dit : "Lève-toi, va dans la rue qu'on appelle la Droite et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse, car il est en prière." 12 Et il a vu en vision un homme nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains afin qu'il recouvrât la vue. 13 Ananie répondit : "Seigneur, j'ai appris de plusieurs tout le mal que cet homme a fait à vos saints dans Jérusalem. 14 Et il a ici, des princes des prêtres, plein pouvoir pour charger de chaînes tous ceux qui invoquent votre nom." 15 Mais le Seigneur lui dit : "Va, car cet homme est un instrument que j'ai choisi, pour porter mon nom devant les nations, devant les rois et devant les enfants d'Israël, 16 et je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour mon nom." 17 Ananie s'en alla et arrivé dans la maison, il imposa les mains à Saul, en disant : "Saul, mon frère, le Seigneur Jésus qui t'a apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint-Esprit." 18 Au même instant, il tomba des yeux de Saul comme des écailles et il retrouva la vue. Il se leva et fut baptisé, 19 et après qu'il eut pris de la nourriture, ses forces lui revinrent. Saul passa quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas, 20 et aussitôt il se mit à prêcher dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu. 21 Tous ceux qui l'entendaient étaient dans l'étonnement et disaient : "N'est-ce pas lui qui persécutait à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom et n'est-il pas venu ici pour les conduire chargés de chaînes aux princes des prêtres ?" 22 Cependant Saul sentait redoubler son courage et il confondait les Juifs de Damas, leur démontrant que Jésus est le Christ. 23 Après un temps assez considérable, les Juifs formèrent le dessein de le tuer, 24 mais leur complot parvint à la connaissance de Saul. On gardait les portes jour et nuit, afin de le mettre à mort. 25 Mais les disciples le prirent pendant la nuit et le descendirent par la muraille, dans une corbeille. 26 Il se rendit à Jérusalem et il cherchait à se mettre en rapport avec les disciples, mais tous le craignaient, ne pouvant croire qu'il fût disciple de Jésus. 27 Alors Barnabé, l'ayant pris avec lui, le mena aux Apôtres et leur raconta comment sur le chemin Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé et avec quel courage il avait, à Damas, prêché le nom de Jésus. 28 Dès lors Saul allait et venait avec eux dans Jérusalem et parlait avec assurance au nom du Seigneur. 29 Il s'adressait aussi aux Hellénistes et disputait avec eux, mais ceux-ci cherchaient à le mettre à mort. 30 Les frères, l'ayant su, l'emmenèrent à Césarée, d'où ils le firent partir pour Tarse. 31 L'Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, se développant et progressant dans la crainte du Seigneur et elle se multipliait par l'assistance du Saint-Esprit. 32 Or il arriva que Pierre, visitant les saints de ville en ville, descendit vers ceux qui demeuraient à Lydda. 33 Il y trouva un homme appelé Énée, couché sur un lit depuis huit ans : c'était un paralytique. 34 Pierre lui dit : "Énée, Jésus-Christ te guérit, lève-toi et fais toi-même ton lit." Et aussitôt il se leva. 35 Tous les habitants de Lydda et du Saron le virent et ils se convertirent au Seigneur. 36 Il y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme nommée Tabitha, en grec Dorcas : elle était riche en bonnes œuvres et faisait beaucoup d'aumônes. 37 Elle tomba malade en ce temps-là et mourut. Après l'avoir lavée, on la déposa dans une chambre haute. 38 Comme Lydda est près de Joppé, les disciples ayant appris que Pierre s'y trouvait, envoyèrent deux hommes vers lui pour lui adresser cette prière : "Ne tarde pas de venir jusque chez nous." 39 Pierre se leva et partit avec eux. Dès qu'il fut arrivé, on le conduisit dans la chambre haute et toutes les veuves l'entourèrent en pleurant et en lui montrant les tuniques et les vêtements que faisait Dorcas pendant qu'elle était avec elles. 40 Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria, puis, se tournant vers le cadavre, il dit : "Tabitha, lève-toi." Elle ouvrit les yeux et ayant vu Pierre, elle s’assit. 41 Pierre lui tendit la main et l'aida à se lever. Et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante. 42 Ce prodige fut connu dans toute la ville de Joppé et un grand nombre crurent au Seigneur. 43 Pierre demeura quelque temps à Joppé, chez un corroyeur nommé Simon.


Actes 10. 1 Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion dans la cohorte Italique, 2 Religieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, il faisait beaucoup d'aumônes au peuple et priait Dieu sans cesse. 3 Dans une vision, vers la neuvième heure du jour, il vit clairement un ange de Dieu qui entra chez lui et lui dit : 4 "Corneille." Fixant les yeux sur l'ange et saisi d'effroi, il s'écria : "Qu'est-ce, Seigneur ?" L'ange lui répondit : "Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu comme un mémorial. 5 Et maintenant envoie des hommes à Joppé et fais venir un certain Simon, surnommé Pierre, 6 il est logé chez un corroyeur, appelé Simon, dont la maison est située auprès de la mer." 7 L'ange qui lui parlait étant parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et un soldat pieux parmi ceux qui étaient attachés à sa personne, 8 et après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé. 9 Le jour suivant, comme les messagers étaient en route et qu'ils s'approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. 10 Puis, ayant faim, il désirait manger. Pendant qu'on lui préparait son repas, il tomba en extase : 11 il vit le ciel ouvert et quelque chose en descendre, comme une grande nappe, attachée par les quatre coins et s'abaissant vers la terre, 12 à l'intérieur se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. 13 Et une voix lui dit : "Lève-toi, Pierre, tue et mange." 14 Pierre répondit : "Oh non, Seigneur, car jamais je n'ai rien mangé de profane ni d'impur." 15 Et une voix lui parla de nouveau : "Ce que Dieu a déclaré pur, ne l'appelle pas profane." 16 Cela se fit par trois fois et aussitôt après la nappe fut retirée dans le ciel. 17 Or Pierre cherchait en lui-même ce que pouvait signifier la vision qu'il avait eue et voici que les hommes envoyés par Corneille, s'étant informés de la maison de Simon, se présentèrent à la porte, 18 et ayant appelé, ils demandèrent si c'était là qu'était logé Simon, surnommé Pierre. 19 Et comme Pierre était à réfléchir sur la vision, l'Esprit lui dit : "Voici trois hommes qui te cherchent. 20 Lève-toi, descends et pars avec eux sans crainte, car c'est moi qui les ai envoyés." 21 Aussitôt Pierre descendit vers eux : "Je suis, leur dit-il, celui que vous cherchez, quel est le motif qui vous amène ?" 22 Ils répondirent : "Le centurion Corneille, homme juste et craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend témoignage, a été averti par un ange saint de te faire venir dans sa maison et d'écouter tes paroles." 23 Pierre les fit donc entrer et les logea. Le lendemain, s'étant levé, il partit avec eux et quelques-uns des frères de Joppé l'accompagnèrent. 24 Ils entrèrent à Césarée le jour suivant. Corneille les attendait et il avait invité ses parents et ses amis intimes. 25 Quand Pierre entra, Corneille alla au-devant de lui et tombant à ses pieds il se prosterna. 26 Mais Pierre le releva en disant : "Lève-toi, moi aussi je suis un homme." 27 Et tout en s'entretenant avec lui, il entra et trouva beaucoup de personnes réunies. 28 Il leur dit : "Vous savez qu'il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d'entrer chez lui, mais Dieu m'a appris à ne regarder aucun homme comme souillé ou impur. 29 Aussi suis-je venu sans hésitation, dès que vous m'avez envoyé chercher. Je vous prie donc de me dire pour quel motif vous m'avez fait venir." 30 Corneille répondit : "Il y a en ce moment quatre jours que je jeûnais et priais dans ma maison à la neuvième heure, tout à coup parut devant moi un homme revêtu d'une robe éclatante, qui me dit : 31 "Corneille, ta prière a été exaucée et Dieu s'est souvenu de tes aumônes. 32 Envoie donc à Joppé et fais appeler Simon, surnommé Pierre, il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer, [il viendra te parler]."  33 Aussitôt j'ai envoyé vers toi et tu as bien fait de venir. Maintenant nous sommes tous réunis devant Dieu pour entendre tout ce que Dieu t'a commandé de nous dire." 34 Alors Pierre, ouvrant la bouche, parla ainsi : "En vérité, je reconnais que Dieu est impartial, 35 mais en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable. 36 Il a envoyé la parole aux enfants d'Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ : c'est lui qui est le Seigneur de tous. 37 Vous savez ce qui s'est passée dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché : 38 comment Dieu a oint de l'Esprit-Saint et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui. 39 Pour nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans les campagnes de la Judée et à Jérusalem. Ensuite ils l'ont fait mourir, en le pendant au bois. 40 Mais Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se faire voir, 41 non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d'avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après sa résurrection d'entre les morts. 42 Et il nous a commandé de prêcher au peuple et d'attester que c'est lui que Dieu a établi juge des vivants et des morts. 43 Tous les prophètes rendent de lui ce témoignage, que tout homme qui croit en lui reçoit par son nom la rémission de ses péchés." 44 Pierre parlait encore, lorsque le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. 45 Les fidèles venus de la circoncision qui accompagnaient Pierre étaient tout hors d'eux-mêmes en voyant que le don du Saint-Esprit était répandu même sur les Païens. 46 Car ils entendaient ceux-ci parler des langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : 47 "Peut-on refuser l'eau du baptême à ces hommes qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ?" 48 Et il commanda de les baptiser au nom du Seigneur Jésus-Christ. Après quoi ils le prièrent de rester quelques jours.


Actes 11. 1 Les apôtres et les frères qui étaient dans la Judée apprirent que les Païens avaient aussi reçu la parole de Dieu. 2 Et lorsque Pierre fut remonté à Jérusalem, les fidèles de la circoncision lui adressèrent des reproches, 3 en disant : "Tu es entré chez des incirconcis et tu as mangé avec eux." 4 Pierre, prenant la parole, se mit à leur exposer, d'une manière suivie, ce qui s'était passé. 5 "J'étais en prière, dit-il, dans la ville de Joppé et j'eus, en extase, une vision : un objet semblable à une grande nappe, tenue par les quatre coins, descendait du ciel et venait jusqu'à moi. 6 Fixant les yeux sur cette nappe, je la considérai et j'y vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles et les oiseaux du ciel. 7 J'entendis aussi une voix qui me disait : "Lève-toi, Pierre, tue et mange. 8 Je répondis : "Oh non, Seigneur, car jamais rien de profane et d'impur n'est entré dans ma bouche. 9 Pour la seconde fois une voix se fit entendre du ciel : Ce que Dieu a déclaré pur, ne l'appelle pas profane. 10 Cela arriva par trois fois, puis tout fut retiré dans le ciel. 11 Au même instant trois hommes se présentèrent devant la maison où nous étions, on les avait envoyés de Césarée vers moi. 12 L'Esprit me dit de partir avec eux sans hésiter. Les six frères que voici m'accompagnèrent et nous entrâmes dans la maison de Corneille. 13 Cet homme nous raconta comment il avait vu dans sa maison l'ange se présenter à lui, en disant : Envoie à Joppé et fais venir Simon, surnommé Pierre, 14 il te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. 15 Lorsque j'eus commencé à leur parler, l'Esprit-Saint descendit sur eux, comme sur nous au commencement. 16 Et je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit-Saint. 17 Si donc Dieu leur a donné la même grâce qu'à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir m'opposer à Dieu." 18 Ayant entendu ce discours, ils se calmèrent et ils glorifièrent Dieu en disant : "Dieu a donc accordé aussi aux Païens la pénitence, afin qu'ils aient la vie." 19 Cependant ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l'occasion d'Etienne, allèrent jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre et à Antioche, n'annonçant la parole à personne si ce n'est aux seuls Juifs. 20 Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène qui, étant venus à Antioche, s'adressèrent aussi aux Grecs et leur annoncèrent le Seigneur Jésus. 21 Et la main du Seigneur était avec eux et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. 22 Le bruit en étant venu aux oreilles des fidèles de l'Église de Jérusalem, ils envoyèrent Barnabé jusqu'à Antioche. 23 Lorsqu'il fut arrivé et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il s'en réjouit et il les exhorta tous à demeurer d'un cœur ferme dans le Seigneur. 24 Car c'était un homme de bien rempli de l'Esprit-Saint et de foi. Et une foule assez considérable se joignit au Seigneur. 25 Barnabé se rendit ensuite à Tarse pour chercher Saul et l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. 26 Or, il advint que, pendant une année entière, ils tinrent des réunions dans cette église et instruisirent une multitude nombreuse. Ce fut ainsi à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de Chrétiens. 27 En ces jours-là, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche. 28 L'un d'eux, nommé Agabus, s'étant levé, annonça par l'Esprit qu'il y aurait sur toute la terre une grande famine, elle eut lieu, en effet, sous Claude. 29 Les disciples décidèrent d'envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée : 30 ce qu'ils firent. Ce secours fut envoyé aux Anciens par les mains de Barnabé et de Saul.


Actes 12. 1 Vers ce temps-là, le roi Hérode fit arrêter quelques membres de l'Église pour les maltraiter, 2 il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean. 3 Voyant que cela était agréable aux Juifs, il ordonna encore l'arrestation de Pierre : c'était pendant les jours des Azymes. 4 Lorsqu'il l'eut en son pouvoir, il le jeta en prison et le mit sous la garde de quatre escouades de quatre soldats chacune, avec l'intention de le faire comparaître devant le peuple après la Pâque. 5 Pendant que Pierre était ainsi gardé dans la prison, l'Église ne cessait d'adresser pour lui des prières à Dieu. 6 Or, la nuit même du jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre, lié de deux chaînes, dormait entre deux soldats et des sentinelles devant la porte gardaient la prison. 7 Tout à coup survint un ange du Seigneur et une lumière resplendit dans la prison. L'ange, frappant Pierre au côté, le réveilla en disant : "Lève-toi rapidement" et les chaînes tombèrent de ses mains. 8 L'ange lui dit : "Mets ta ceinture et tes sandales." Il le fit et l'ange ajouta : "Enveloppe-toi de ton manteau et suis-moi." 9 Pierre sortit et le suivit, ne sachant pas que ce qui se faisait par l'ange fût réel, il croyait avoir une vision. 10 Lorsqu'ils eurent passé la première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la porte de fer qui donne sur la ville : elle s'ouvrit d'elle-même devant eux, ils sortirent et s'engagèrent dans une rue et aussitôt l'ange le quitta. 11 Alors revenu à lui-même, Pierre se dit : "Je vois maintenant que le Seigneur a réellement envoyé son ange et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode et de tout ce qu'attendait le peuple Juif." 12 Après un temps de réflexion, il se dirigea vers la maison de Marie, la mère de Jean, surnommé Marc, où une nombreuse assemblée était en prière. 13 Il frappa à la porte du vestibule et une servante, nommée Rhodé, s'approcha pour écouter. 14 Dès qu'elle eut reconnu la voix de Pierre, dans sa joie, au lieu d'ouvrir, elle courut à l'intérieur annoncer que Pierre était devant la porte. 15 Ils lui dirent : "Tu es folle." Mais elle affirma qu'il en était ainsi et ils dirent : "C'est son ange." 16 Cependant Pierre continuait à frapper et lorsqu'ils lui eurent ouvert, en le voyant, ils furent saisis de stupeur. 17 Mais Pierre, leur ayant fait de la main signe de se taire, leur raconta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison et il ajouta : "Allez porter cette nouvelle à Jacques et aux frères." Puis il sortit et s'en alla dans un autre lieu. 18 Quand il fit jour, il y eut une grande agitation parmi les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu. 19 Hérode le fit chercher et ne l'ayant pas découvert, il procéda à l'interrogatoire des gardes et les fit conduire au supplice. Ensuite il quitta la Judée pour retourner à Césarée, où il séjourna. 20 Hérode était en hostilité avec les Tyriens et les Sidoniens, ceux-ci vinrent ensemble le trouver et ayant gagné Blastus, son chambellan, ils lui demandèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance des terres du roi. 21 Au jour fixé, Hérode, revêtu d'habits royaux et assis sur son trône, les haranguait, 22 et le peuple s'écria : "C'est la voix d'un Dieu et non d'un homme." 23 Au même instant, un ange du Seigneur le frappa, parce qu'il n'avait pas rendu gloire à Dieu. Et il expira, rongé des vers. 24 Cependant la parole de Dieu se répandait de plus en plus et enfantait de nouveaux disciples. 25 Barnabé et Saul, après s'être acquittés de leur ministère, s'en retournèrent de Jérusalem, emmenant avec eux Jean, surnommé Marc.


Actes 13. 1 Il y avait dans l'Église d'Antioche des prophètes et des docteurs, savoir, Barnabé, Siméon, appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque et Saul. 2 Comme ils vaquaient au service du Seigneur et qu'ils jeûnaient, l'Esprit-Saint leur dit : "Séparez-moi Saul et Barnabé pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés." 3 Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir. 4 Envoyés donc par le Saint-Esprit, Saul et Barnabé se rendirent à Séleucie, d'où ils s’embarquèrent pour Chypre. 5 Arrivés à Salamine, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Ils avaient avec eux Jean pour les aider dans leur ministère. 6 Ayant parcouru toute l'île jusqu'à Paphos, ils trouvèrent un certain magicien, faux prophète juif, nommé Barjésus, 7 qui vivait auprès du proconsul Sergius Paulus, homme sage. Ce dernier, ayant fait appeler Barnabé et Saul, manifesta le désir d'entendre la parole de Dieu. 8 Mais Elymas, le magicien car telle est la signification de son nom, leur faisait opposition, cherchant à détourner de la foi le proconsul. 9 Alors Saul, appelé aussi Paul, rempli du Saint-Esprit, fixant son regard sur le magicien, 10 lui dit : "Homme plein de toute sorte de ruses et de fourberies, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? 11 Maintenant voici que la main de Dieu est sur toi, tu seras aveugle, privé pour un temps de la vue du soleil." Aussitôt d'épaisses ténèbres tombèrent sur lui et il cherchait, en se tournant de tous côtés, quelqu'un qui lui donnât la main. 12 A la vue de ce prodige, le proconsul crut, vivement frappé de la doctrine du Seigneur. 13 Paul et ses compagnons, embarquèrent à Paphos, se rendirent à Pergé en Pamphylie, mais Jean les quitta et s'en retourna à Jérusalem. 14 Eux, poussant au-delà de Pergé, se rendirent à Antioche de Pisidie et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s'assirent. 15 Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : "Frères, si vous avez quelque exhortation à adresser au peuple, parlez." 16 Paul se leva et, ayant fait signe de la main, il dit : "Enfants d'Israël et vous qui craignez Dieu, écoutez. 17 Le Dieu de ce peuple d'Israël a choisi nos pères. Il glorifia ce peuple pendant son séjour en Égypte et l'en fit sortir par son bras puissant. 18 Durant près de quarante ans, il en prit soin dans le désert. 19 Puis, ayant détruit sept nations au pays de Chanaan, il le mit en possession de leur territoire. 20 Après cela, durant quatre cent cinquante ans environ, il lui donna des juges jusqu'au prophète Samuel. 21 Alors ils demandèrent un roi et Dieu leur donna, pendant quarante ans, Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin. 22 Puis, l'ayant rejeté, il leur suscita pour roi David, auquel il a rendu ce témoignage : J'ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui accomplira toutes mes volontés. 23 C'est de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a fait sortir pour Israël un Sauveur, Jésus. 24 Avant sa venue, Jean avait prêché un baptême de pénitence à tout le peuple d'Israël, 25 et arrivé au terme de sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez, mais voici qu'après moi vient celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale. 26 Mes frères, fils de la race d'Abraham et vous qui craignez Dieu, c'est à vous que cette parole de salut a été envoyée. 27 Car les habitants de Jérusalem et leurs magistrats ayant méconnu Jésus et les oracles des prophètes qui se lisent chaque sabbat, les ont accomplis par leur jugement, 28 et sans avoir rien trouvé en lui qui méritât la mort, ils ont demandé à Pilate de le faire mourir. 29 Et quand ils eurent accompli tout ce qui est écrit de lui, ils le descendirent de la croix et le déposèrent dans un tombeau. 30 Mais Dieu l'a ressuscité des morts et pendant plusieurs jours de suite il s'est montré à ceux 31 qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem et qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple. 32 Nous aussi, nous vous annonçons que la promesse faite à nos pères, 33 Dieu l'a accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus, selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième : Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui. 34 Que Dieu l'ait ressuscité des morts de telle sorte qu'il ne retournera pas à la corruption, c'est ce qu'il a déclaré en disant : Je vous donnerai les faveurs divines promises à David, faveurs qui sont assurées. 35 C'est pourquoi il dit encore ailleurs : Tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption. 36 Or David, après avoir, pendant qu'il vivait, accompli les desseins de Dieu, s'est endormi et il a été réuni à ses pères et il a vu la corruption. 37 Mais celui que Dieu a ressuscité n'a pas vu la corruption. 38 Sachez-le donc, mes frères : c'est par lui que le pardon des péchés vous est annoncé et de toutes les souillures, dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, 39 quiconque croit, en est justifié par lui. 40 Prenez donc garde qu'il ne vous arrive ce qui est dit dans les Prophètes : 41 Voyez, hommes dédaigneux, soyez étonnés et disparaissez, car je vais faire en vos jours une œuvre, une œuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait." 42 Lorsqu'ils sortirent, on les pria de parler sur le même sujet au sabbat suivant. 43 Et à l'issue de l'assemblée, beaucoup de Juifs et de pieux prosélytes suivirent Paul et Barnabé et ceux-ci, s'entretenant avec eux, les exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu. 44 Le sabbat suivant, la ville presque toute entière se rassembla pour entendre la parole de Dieu. 45 Les Juifs, voyant cette foule, furent remplis de jalousie et, en blasphémant, ils contredirent tout ce que disait Paul. 46 Alors Paul et Barnabé dirent avec assurance : "C'est à vous les premiers que la parole de Dieu devait être annoncée, mais, puisque vous la repoussez et que vous-mêmes vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les Païens 47 car le Seigneur nous l'a ainsi ordonné : Je t'ai établi pour être la lumière des nations, pour porter le salut jusqu'aux extrémités de la terre." 48 En entendant ces paroles, les Païens se réjouirent et ils glorifiaient la parole du Seigneur et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants. 49 Et la parole du Seigneur se répandait dans tout le pays. 50 Mais les Juifs, ayant excité les femmes prosélytes de la classe élevée et les notables de la ville, soulevèrent une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. 51 Alors Paul et Barnabé secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et allèrent à Iconium. 52 Cependant les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit-Saint.


Actes 14. 1 A Iconium, Paul et Barnabé entrèrent de même dans la synagogue des Juifs et y parlèrent de telle sorte qu'une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. 2 Mais les Juifs restés incrédules excitèrent et aigrirent l'esprit des Païens contre leurs frères. 3 Ils firent néanmoins un assez long séjour, parlant avec assurance, appuyés par le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, par les prodiges et les miracles qu'il leur donnait de faire. 4 Toute la ville se divisa, les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les Apôtres. 5 Mais comme les Païens et les Juifs, avec leurs chefs, se mettaient en mouvement pour les outrager et les lapider, 6 les Apôtres, l'ayant su, se réfugièrent dans les villes de Lycaonie, Lystres et Derbé et le pays d'alentour, 7 et ils y annoncèrent la bonne nouvelle. 8 Il y avait à Lystres un homme perclus des jambes, qui se tenait assis, car il était boiteux de naissance et n'avait jamais marché. 9 Il écoutait Paul parler et Paul, ayant arrêté les yeux sur lui et voyant qu'il avait la foi pour être guéri, dit d'une voix forte : "Lève-toi droit sur tes pieds." Aussitôt il bondit et il marchait. 10 A la vue de ce que Paul venait de faire, la foule éleva la voix, disant en lycaonien : "Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous." 11 Et ils appelaient Barnabé Jupiter et Paul Mercure, parce que c'était lui qui portait la parole. 12 De plus, le prêtre du temple de Jupiter, qui était à l'entrée de la ville, amena devant les portes des taureaux avec des bandelettes et voulait, ainsi que la foule, offrir un sacrifice. 13 Les apôtres Paul et Barnabé, l'ayant appris, déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent au milieu de la foule 14 et d'une voix retentissante, ils disaient : "O hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi, nous sommes des hommes sujets aux mêmes faiblesses que vous, nous vous annonçons qu'il faut quitter ces vanités pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment. 15 Ce Dieu, dans les siècles passés, a laissé toutes les nations suivre leurs voies, 16 sans que toutefois il ait cessé de se rendre témoignage à lui-même, faisant du bien, dispensant du ciel les pluies et les saisons favorables, nous donnant la nourriture avec abondance et remplissant nos cœurs de joie." 17 Malgré ces paroles, ils ne parvinrent qu'avec peine à empêcher le peuple de leur offrir un sacrifice. 18 Alors survinrent d'Antioche et d'Iconium des Juifs qui, ayant gagné le peuple, lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort. 19 Mais les disciples l'ayant entouré, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, il partit pour Derbé avec Barnabé. 20 Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un assez grand nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche, 21 fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. 22 Ils instituèrent des Anciens dans chaque église, après avoir prié et jeûné et les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. 23 Traversant ensuite la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie, 24 et après avoir annoncé la parole de Dieu à Pergé, ils descendirent à Attalie. 25 De là ils embarquèrent pour Antioche, d'où ils étaient partis, après avoir été recommandés à la grâce de Dieu, pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir. 26 Dès qu'ils furent arrivés, ils assemblèrent l'Église et racontèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi 27 et ils demeurèrent à Antioche assez longtemps avec les disciples.


Actes 15. 1 Or quelques gens, venus de Judée, enseignaient aux frères cette doctrine : "Si vous n'êtes pas circoncis selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés." 2 Paul et Barnabé ayant donc eu avec eux une contestation et une vive discussion, il fut décidé que Paul et Barnabé, avec quelques autres des leurs, monteraient à Jérusalem vers les Apôtres et les Anciens pour traiter cette question. 3 Après avoir été accompagnés par l'Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Païens, ce qui causa une grande joie à tous les frères. 4 Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Église, les Apôtres et les Anciens et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux. 5 Alors quelques-uns du parti des Pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu'il fallait circoncire les Païens et leur enjoindre d'observer la loi de Moïse. 6 Les Apôtres et les Anciens s'assemblèrent pour examiner cette affaire. 7 Une longue discussion s'étant engagée, Pierre se leva et leur dit : "Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m'a choisi parmi vous, afin que, par ma bouche, les Païens entendent la parole de l'Évangile et qu'ils croient 8 et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous, 9 il n'a fait aucune différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi. 10 Pourquoi donc tentez-vous Dieu maintenant, en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ? 11 Mais c'est par la grâce du Seigneur Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, de la même manière qu'eux." 12 Toute l'assemblée garda le silence et l'on écouta Barnabé et Paul, qui racontèrent tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des Païens. 13 Lorsqu'ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit : "Frères, écoutez-moi. 14 Simon a raconté comment Dieu tout d'abord a pris soin de tirer du milieu des Païens un peuple qui portât son nom. 15 Avec ce dessein concordent les paroles des prophètes, selon qu'il est écrit : 16 Après cela je reviendrai et je rebâtirai la tente de David qui est renversée par terre, j'en réparerai les ruines et la relèverai, 17 afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui sont appelées de mon nom, dit le Seigneur, qui exécute ces choses. 18 L’œuvre du Seigneur est connue de toute éternité. 19 C'est pourquoi je suis d'avis qu'il ne faut pas inquiéter ceux d'entre les Païens qui se convertissent à Dieu. 20 Qu'on leur écrive seulement qu'ils ont à s'abstenir des souillures des idoles, des péchés sexuels, des viandes étouffées et du sang. 21 Car, depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des hommes qui le prêchent, puisqu'on le lit tous les jours de sabbat dans les synagogues." 22 Alors il parut bon aux Apôtres et aux Anciens, ainsi qu'à toute l'Église, de choisir quelques-uns d'entre eux pour les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé, on choisit Jude, surnommé Barsabas et Silas, personnages éminents parmi les frères. 23 Ils les chargèrent d'une lettre ainsi conçue : "Les Apôtres, les Anciens et les frères, aux frères d'entre les Païens qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie : Salut. 24 Ayant appris que quelques-uns des nôtres sont venus, sans aucun mandat de notre part, vous troubler par des discours qui ont bouleversé vos âmes, 25 nous nous sommes assemblés et nous avons jugé à propos de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, 26 ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. 27 Nous avons donc député Jude et Silas, qui vous diront de vive voix les mêmes choses. 28 Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer aucun fardeau au-delà de ce qui est indispensable, savoir : 29 de vous abstenir des viandes offertes aux idoles, du sang, de la chair étouffée et des péchés sexuels. En vous gardant de ces choses, vous ferez bien. Adieu." 30 Ayant donc pris congé, les délégués se rendirent à Antioche, assemblèrent tous les fidèles et leurs remirent la lettre. 31 On en fit lecture et tous furent heureux de la consolation qu'elle renfermait. 32 Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, adressèrent plusieurs fois la parole aux frères, pour les exhorter et les affermir. 33 Après un séjour de quelque temps, ils furent congédiés par les frères, avec des souhaits de paix vers ceux qui les avaient envoyés. 34 Toutefois, Silas trouva bon de rester et Jude s'en alla seul à Jérusalem. 35 Paul et Barnabé demeurèrent à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole du Seigneur. 36 Au bout de quelques jours, Paul dit à Barnabé : "Retournons visiter les frères dans les différentes villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir dans quel état ils se trouvent." 37 Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc, 38 mais Paul jugeait bon de ne pas prendre pour compagnon un homme qui les avait quittés depuis la Pamphylie et qui n'avait pas été à l'œuvre avec eux. 39 Ce dissentiment fut tel qu'ils se séparèrent l'un de l'autre et Barnabé, prenant Marc, s'embarqua avec lui pour Chypre. 40 Paul fit choix de Silas et partit, recommandé par les frères à la grâce de Dieu. 41 Il parcourut la Syrie et la Cilicie, fortifiant les Églises.


Actes 16. 1 Paul se rendit ensuite à Derbé, puis à Lystres. Il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d'une juive chrétienne et d'un père grec. 2 Les frères de Lystres et d'Iconium rendaient de lui un bon témoignage. 3 Paul voulut l'emmener avec lui et l'ayant pris, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient dans ces contrées, car tous savaient que son père était grec. 4 En passant par les villes, ils enseignaient aux fidèles à observer les décisions des Apôtres et des Anciens de Jérusalem. 5 Et les Églises se fortifiaient dans la foi et croissaient de jour en jour. 6 Lorsqu'ils eurent parcouru la Phrygie et le pays de Galatie, l'Esprit-Saint les ayant empêchés d'annoncer la parole dans l'Asie, 7 ils arrivèrent aux confins de la Mysie et ils se disposaient à entrer en Bithynie, mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. 8 Alors, ayant traversé rapidement la Mysie, ils descendirent à Troas. 9 Pendant la nuit, Paul eut une vision : un Macédonien se présenta devant lui et lui fit cette prière : "Passe en Macédoine et viens à notre secours." 10 Après cette vision de Paul, nous cherchâmes aussitôt à nous rendre en Macédoine, certains que Dieu nous appelait à y annoncer la bonne nouvelle. 11 Ayant donc pris la mer à Troas, nous fîmes voile droit vers Samothrace et le lendemain nous débarquâmes à Néapolis. 12 De là nous allâmes à Philippes, qui est la première ville de cette partie de la Macédoine et une colonie. Nous demeurâmes quelques jours dans cette ville. 13 Le jour du sabbat, nous nous rendîmes hors de la porte, sur le bord d'une rivière, où nous pensions qu'était le lieu de la prière. Nous étant assis, nous parlâmes aux femmes qui s'y étaient assemblées. 14 Or dans l'auditoire était une femme nommée Lydie : c'était une marchande de pourpre, de la ville de Thyatire, craignant Dieu et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu'elle fût attentive à ce que disait Paul. 15 Quand elle eut reçu le baptême, elle et sa famille, elle nous adressa cette prière : "Si vous avez jugé que j'ai foi au Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y" et elle nous contraignit par ses instances. 16 Un jour que nous allions à la prière, nous rencontrâmes une jeune esclave qui avait un esprit Python et procurait un grand profit à ses maîtres par ses divinations. 17 Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : "Ces hommes sont des serviteurs du Dieu très haut, ils vous annoncent la voie du salut." 18 Elle fit ainsi pendant plusieurs jours. Comme Paul en éprouvait de la peine, il se retourna et dit à l'esprit : "Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille." Et il sortit à l'heure même. 19 Les maîtres de la jeune fille, voyant s'évanouir l'espoir de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas et les traînèrent à l'agora devant les magistrats. 20 Et les ayant amenés aux magistrats, ils dirent : "Ces hommes troublent notre ville. Ce sont des Juifs, 21 ils prêchent des usages qu'il ne nous est pas permis, à nous, Romains, de recevoir ni de suivre." 22 En même temps la foule se souleva contre eux et les magistrats ayant fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent qu'ils fussent fouettés avec des bâtons. 23 Après qu'on les eut chargés de coups, ils les firent mettre en prison, en recommandant au geôlier de les garder sûrement. 24 Le geôlier ayant reçu cet ordre, les mit dans un des cachots intérieurs et engagea leurs pieds dans des ceps. 25 Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas chantaient les louanges de Dieu et les prisonniers les entendaient. 26 Tout à coup il se fit un tremblement de terre si violent que les fondements de la prison en furent ébranlés, au même instant, toutes les portes s'ouvrirent et les liens de tous les prisonniers tombèrent. 27 Le geôlier s'étant éveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et il allait se tuer, pensant que les prisonniers avaient pris la fuite. 28 Mais Paul cria d'une voix forte : "Ne te fais pas de mal, nous sommes tous ici." 29 Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra précipitamment et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas, 30 puis il les fit sortir et dit : "Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?" 31 Ils répondirent : "Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille." 32 Et ils lui annoncèrent la parole de Dieu, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans la maison. 33 Les prenant avec lui à cette heure de la nuit, il lava leurs plaies et aussitôt après il fut baptisé, lui et tous les siens. 34 Ensuite il les fit monter dans sa maison et leur servit à manger, se réjouissant avec toute sa famille d'avoir cru en Dieu. 35 Quand il fit jour, les magistrats envoyèrent les gardes qui dirent : "Mets ces hommes en liberté." 36 Le geôlier annonça la chose à Paul : "Les magistrats ont envoyé l'ordre de vous relâcher, sortez donc maintenant et allez en paix." 37 Mais Paul dit aux gardes : "Après nous avoir publiquement battus de verges, sans jugement, nous qui sommes Romains, on nous a jetés en prison et maintenant on nous fait sortir en secret. Il n'en sera pas ainsi. Qu'ils viennent eux-mêmes nous mettre en liberté." 38 Les gardes rapportèrent ces paroles aux magistrats, qui furent effrayés en apprenant que ces hommes étaient Romains. 39 Ils vinrent donc les exhorter et ils les mirent en liberté, en les priant de quitter la ville. 40 Au sortir de la prison, Paul et Silas entrèrent chez Lydie et après avoir vu et exhorté les frères, ils partirent.


Actes 17. 1 Ayant ensuite traversé Amphipolis et Apollonie, Paul et Silas arrivèrent à Thessalonique, où était la synagogue des Juifs. 2 Selon sa coutume, Paul y entra et pendant trois sabbats, il discuta avec eux. Partant des Écritures, 3 il expliquait et établissait que le Messie avait dû souffrir et ressusciter des morts et "ce Messie, disait-il, c'est le Christ Jésus que je vous annonce." 4 Quelques Juifs furent persuadés et ils se joignirent à Paul et à Silas, ainsi qu'une grande multitude de païens craignant Dieu et un assez grand nombre de femmes du premier rang. 5 Mais les Juifs, piqués de jalousie, enrôlèrent quelques mauvais sujets de la lie du peuple, provoquèrent des attroupements et répandirent l'agitation dans la ville. Puis, s'étant précipités vers la maison de Jason, ils cherchèrent Paul et Silas pour les amener devant le peuple. 6 Ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les magistrats, en criant : "Ces hommes qui ont bouleversé le monde sont aussi venus ici, 7 et Jason les a reçus. Ils sont tous en contravention avec les édits de César, disant qu'il y a un autre roi, Jésus." 8 Ils mirent ainsi en émoi le peuple et les magistrats qui les écoutaient. 9 Et ce ne fut qu'après avoir reçu une caution de Jason et des autres qu'ils les laissèrent aller. 10 Les frères, sans perdre de temps, firent partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Quand ils furent arrivés dans cette ville, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. 11 Ces derniers avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, ils reçurent la parole avec beaucoup d'empressement, examinant chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu'on leur enseignait était exact. 12 Beaucoup d'entre eux et, parmi les grecs, des femmes de qualité et des hommes en grand nombre, embrassèrent la foi. 13 Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul annonçait aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent encore y agiter la population. 14 Alors les frères firent sur-le-champ partir Paul jusqu'à la mer, mais Silas et Timothée restèrent à Bérée. 15 Ceux qui conduisaient Paul l'accompagnèrent jusqu'à Athènes, puis, chargés de demander à Silas et à Timothée de venir le rejoindre au plus tôt, ils s'en retournèrent. 16 Pendant que Paul les attendait à Athènes, il sentait en son âme une vive indignation au spectacle de cette ville pleine d'idoles. 17 Il discutait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu et tous les jours dans l'Agora avec ceux qu'il rencontrait. 18 Or quelques philosophes épicuriens et stoïciens ayant discuté avec lui, les uns disaient : "Que nous veut ce semeur de paroles ?" D'autres, l'entendant prêcher Jésus et la résurrection, disaient : "Il paraît qu'il vient nous annoncer des divinités étrangères." 19 Et l'ayant pris avec eux, ils le menèrent sur l'Aréopage, disant : "Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ? 20 Car tu nous fais entendre des choses étranges, nous voudrions donc savoir ce qu'il en est." 21 Or tous les Athéniens et les étrangers établis dans la ville ne passaient leur temps qu'à dire ou à écouter des nouvelles. 22 Paul, debout au milieu de l'Aréopage, parla ainsi : "Athéniens, je constate qu'à tous égards vous êtes éminemment religieux. 23 Car lorsqu'en passant je regardais les objets de votre culte, j'ai trouvé même un autel avec cette inscription : AU DIEU INCONNU. Celui que vous adorez sans le connaître, je viens vous l'annoncer. 24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu'il renferme, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans des temples faits de main d'homme, 25 il n'est pas servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. 26 D'un seul homme il a fait sortir tout le genre humain, pour peupler la surface de toute la terre, ayant déterminé pour chaque nation la durée de son existence et les bornes de son domaine, 27 afin que les hommes le cherchent et le trouvent comme à tâtons : quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous, 28 car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être et, comme l'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : de sa race nous sommes. 29 Étant donc de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art et le génie de l'homme. 30 Dieu ne tenant pas compte de ces temps d'ignorance, annonce maintenant aux hommes qu'ils aient tous, en tous lieux, à se repentir, 31 car il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné et qu'il a accrédité auprès de tous, en le ressuscitant des morts." 32 Lorsqu'ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, les autres dirent : "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois." 33 C'est ainsi que Paul se retira du milieu d'eux. 34 Quelques personnes néanmoins s'attachèrent à lui et crurent, de ce nombre furent Denys l'Aréopagite, une femme nommée Damaris et d'autres avec eux.


Actes 18. 1 Après cela, Paul partit d'Athènes et se rendit à Corinthe. 2 Il y trouva un Juif nommé Aquila, originaire du Pont et récemment arrivé d'Italie avec sa femme Priscille, parce que Claude avait enjoint à tous les Juifs de sortir de Rome. Paul alla les voir, 3 et comme il exerçait le même métier, il demeura chez eux et y travailla : ils étaient faiseurs de tentes. 4 Chaque sabbat, il discourait dans la synagogue et il persuadait des Juifs et des Grecs. 5 Lorsque Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, il se donna tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ. 6 Mais comme ceux-ci s'opposaient à lui et l'injuriaient, Paul secoua ses vêtements et leur dit : "Que votre sang soit sur votre tête. J'en suis pur, dès ce moment j'irai chez les Païens." 7 Et sortant de là, il entra chez un nommé Justus, homme craignant Dieu et dont la maison était contiguë à la synagogue. 8 Or Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison, un grand nombre de Corinthiens, en entendant Paul, crurent aussi et furent baptisés. 9 Pendant la nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : "Sois sans crainte, mais parle et ne te tais pas 10 car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, car j'ai un peuple nombreux dans cette ville." 11 Paul demeura un an et six mois à Corinthe, y enseignant la parole de Dieu. 12 Or, Gallion étant proconsul d'Achaïe, les Juifs se soulevèrent unanimement contre Paul et le menèrent devant le tribunal, 13 en disant : "Celui-ci persuade aux hommes un culte contraire à la Loi." 14 Comme Paul ouvrait la bouche pour répondre, Gallion dit aux Juifs : "S'il s'agissait de quelque délit ou de quelque grave méfait, je vous écouterais comme de raison, ô Juifs. 15 Mais puisqu'il s'agit de discussions sur une doctrine, sur des noms et sur votre loi, cela vous regarde, je ne veux pas être juge de ces choses." 16 Et il les renvoya du tribunal. 17 Alors tous, se saisissant de Sosthènes, le chef de la synagogue, le battirent devant le tribunal, sans que Gallion s'en préoccupe. 18 Paul resta encore assez longtemps à Corinthe, puis, ayant dit adieu aux frères, il s'embarqua pour la Syrie, avec Priscille et Aquila, après s'être fait raser la tête à Cenchrées, en vertu d'un vœu. 19 Il arriva à Éphèse et y laissa ses compagnons. Pour lui, étant entré dans la synagogue, il s'entretint avec les Juifs, 20 qui le prièrent de prolonger son séjour. Mais il n'y consentit pas 21 et il prit congé d'eux, en disant : "[Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem.] Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut." Et il partit d'Éphèse. 22 Ayant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem, salua l'Église et descendit à Antioche. 23 Après y avoir passé quelque temps, Paul se mit en route et parcourut successivement le pays des Galates et la Phrygie, affermissant tous les disciples. 24 Or, un Juif nommé Apollos, originaire d'Alexandrie, homme éloquent et versé dans les Écritures, vint à Éphèse. 25 Il avait été instruit dans la voie du Seigneur et, d'un cœur ardent, il enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu'il ne connût que le baptême de Jean. 26 Il se mit à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquila, l'ayant entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus à fond la voie du Seigneur. 27 Et comme il voulait passer en Achaïe, les frères l'approuvèrent et écrivirent aux disciples de le bien recevoir. Quand il fut arrivé, il fut d'un grand secours à ceux qui avaient cru par la grâce, 28 car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.


Actes 19. 1 Or, pendant qu'Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes régions, arriva à Éphèse. Ayant rencontré quelques disciples, 2 il leur dit : "Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ?" Ils lui répondirent : "Nous n'avons pas même entendu dire qu'il y ait un Saint-Esprit." 3 "Quel baptême avez-vous donc reçu ?" demanda Paul. Ils dirent : "Le baptême de Jean." 4 Paul dit alors : "Jean a baptisé du baptême de pénitence, en disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus." 5 Ayant entendu ces paroles, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus. 6 Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux et ils se mirent à parler des langues et à prophétiser. 7 Ils étaient environ douze en tout. 8 Ensuite Paul entra dans la synagogue et pendant trois mois, il y parla avec beaucoup d'assurance, discourant d'une manière persuasive sur les choses qui concernent le royaume de Dieu. 9 Mais, comme quelques-uns restaient endurcis et incrédules, décriant devant le peuple la voie du Seigneur, il se sépara d'eux, prit à part les disciples et discourut chaque jour dans l'école d'un nommé Tyrannus. 10 Ce qu'il fit durant deux ans, de sorte que tous ceux qui habitaient l'Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur. 11 Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, 12 au point qu'on appliquait sur les malades des mouchoirs et des ceintures qui avaient touché son corps et les maladies les quittaient et les esprits mauvais étaient chassés. 13 Quelques-uns des exorcistes Juifs qui couraient le pays essayèrent aussi d'invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits malins, en disant : "Je vous adjure par Jésus que Paul prêche." 14 Or ils étaient sept fils de Scéva, grand prêtre juif, qui se livraient à cette pratique. 15 L'esprit malin leur répondit : "Je connais Jésus et je sais qui est Paul, mais vous, qui êtes-vous ?" 16 Et l'homme qui était possédé de l'esprit malin se jeta sur eux, s'en rendit maître et les maltraita si fort, qu'ils s'enfuirent de cette maison nus et blessés. 17 Ce fait étant venu à la connaissance de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Éphèse, la crainte tomba sur eux tous et le nom du Seigneur Jésus fut glorifié. 18 Un grand nombre de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer leurs actions. 19 Et parmi ceux qui s'étaient adonnés aux pratiques superstitieuses, beaucoup apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le peuple : en estimant la valeur de ces livres on trouva cinquante mille pièces d'argent : 20 tant la parole du Seigneur s'étendait avec force et se montrait puissante. 21 Après cela, Paul résolut d'aller à Jérusalem, en traversant la Macédoine et l'Achaïe. "Après que j'aurai été là, se disait-il, il faut aussi que je voie Rome." 22 Il envoya en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et Éraste et lui-même resta encore quelque temps en Asie. 23 Il survint en ce temps-là un grand tumulte au sujet de la voie du Seigneur. 24 Un orfèvre, nommé Démétrius, fabriquait en argent de petits temples de Diane et procurait à ses ouvriers un gain considérable. 25 les ayant rassemblés, avec ceux du même métier, il leur dit : "Mes amis, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie, 26 et vous voyez et entendez dire que, non seulement à Éphèse, mais encore dans presque toute l'Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d'homme ne sont pas des dieux. 27 Il est donc à craindre, non seulement que notre industrie ne tombe dans le discrédit, mais encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien et même que la majesté de celle que révèrent l'Asie et le monde entier ne soit réduite à néant." 28 A ces mots, transportés de colère, ils se mirent à crier : "Grande est la Diane des éphésiens." 29 Bientôt la ville fut remplie de confusion. Ils se portèrent tous ensemble au théâtre, entraînant Gaïus et Aristarque, Macédoniens, qui avaient accompagné Paul dans son voyage. 30 Paul voulait pénétrer au milieu de la foule, mais les disciples l'en empêchèrent. 31 Quelques-uns même des Asiarques, qui étaient de ses amis, envoyèrent vers lui, pour l'engager à ne pas se présenter au théâtre. 32 Mille cris divers s'y faisaient entendre, car le désordre régnait dans l'assemblée et la plupart ne savaient pourquoi ils s'étaient réunis. 33 Alors on dégagea de la foule Alexandre que les Juifs poussaient en avant. Il fit signe de la main qu'il voulait parler au peuple. 34 Mais, lorsqu'ils eurent reconnu qu'il était juif, ils crièrent tous d'une seule voix durant près de deux heures : "Grande est la Diane des éphésiens." 35 Le secrétaire de la ville ayant enfin apaisé la foule, dit : "éphésiens, quel est l'homme qui ne sache que la ville d'Éphèse est vouée au culte de la grande Diane et de sa statue tombée du ciel ? 36 Cela étant incontestable, vous devez être calme et ne rien faire inconsidérément, 37 car ces hommes que vous avez amenés ici ne sont ni des sacrilèges, ni des blasphémateurs de votre déesse. 38 Que si Démétrius et ceux de son industrie ont à se plaindre de quelqu'un, il y a des jours d'audience et des proconsuls : que chacun fasse valoir ses griefs. 39 Si vous avez quelque autre affaire à régler, on en décidera dans l'assemblée légale. 40 Nous risquons, en effet, d'être accusés de sédition pour ce qui s'est passé aujourd'hui, car il n'existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement." Ayant parlé ainsi, il congédia l'assemblée.


Actes 20. 1 Lorsque le tumulte eut cessé, Paul réunit les disciples, prit congé d'eux et partit pour la Macédoine. 2 Il parcourut cette contrée, en adressant aux disciples de nombreuses exhortations et se rendit en Grèce, 3 où il passa trois mois. Il se disposait à s’embarquer pour la Syrie, quand les Juifs lui dressèrent des embûches. Alors il se décida à reprendre la route de Macédoine. 4 Il avait pour l'accompagner jusqu'en Asie, Sopater de Bérée, fils de Pyrrhus, Aristarque et Secundus de Thessalonique, Gaius de Derbé, Timothée, Tychique et Trophime d'Asie. 5 Ceux-ci prirent les devants et nous attendirent à Troas. 6 Pour nous, après les jours des Azymes, nous nous embarquâmes à Philippes et au bout de cinq jours nous les rejoignîmes à Troas, où nous passâmes sept jours. 7 Le premier jour de la semaine, comme nous étions assemblés pour la fraction du pain, Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretint avec les disciples et prolongea son discours jusqu'à minuit. 8 Il y avait beaucoup de lampes dans la salle haute où nous étions assemblés. 9 Or un jeune homme, nommé Eutyque, était assis sur le bord de la fenêtre. Pendant le long discours de Paul, il s'endormit profondément et, sous le poids du sommeil, il tomba du troisième en bas, on le releva mort. 10 Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui et le prit dans ses bras, en disant : "Ne vous troublez pas, car son âme est en lui." 11 Puis étant remonté, il rompit le pain et mangea et il parla longtemps encore, jusqu'au jour, après quoi, il partit. 12 Quant au jeune homme, on le ramena vivant, ce qui fut le sujet d'une grande consolation. 13 Pour nous, prenant les devants par mer, nous embarquèrent pour Assos, où nous devions reprendre Paul, c'est ainsi qu'il l'avait ordonné, car il devait faire le voyage à pied. 14 Quand il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes à bord et nous gagnâmes Mytilène. 15 De là, continuant par la mer, nous arrivâmes le lendemain à la hauteur de Chio. Le jour suivant, nous arrivâmes à Samos et, [après avoir passé la nuit à Trogylle], nous arrivâmes le lendemain à Milet. 16 Paul avait résolu de passer devant Éphèse sans s'y arrêter, afin de ne pas perdre de temps en Asie. Car il se hâtait pour se trouver, s'il était possible, à Jérusalem, le jour de la Pentecôte. 17 Or, de Milet, Paul envoya à Éphèse pour faire venir les Anciens de cette Église. 18 Lorsqu'ils furent réunis autour de lui, il leur dit : "Vous savez comment, depuis le premier jour que j'ai mis le pied en Asie, je me suis toujours comporté avec vous, 19 servant le Seigneur en toute humilité, au milieu des larmes et des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs, 20 comment je ne vous ai rien caché de ce qui vous était avantageux, ne manquant pas de prêcher et de vous instruire en public et dans les maisons particulières, 21 annonçant aux Juifs et aux Païens le retour à Dieu par la pénitence et la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ. 22 Et maintenant voici que, lié par l'Esprit, je vais à Jérusalem, sans savoir ce qui doit m'y arriver, si ce n'est que de ville en ville l'Esprit-Saint m'assure que des chaînes et des persécutions m'attendent. 24 Mais je n'en tiens aucun compte et je n'attache pour moi-même aucun prix à la vie, pourvu que je consomme ma course et que j'accomplisse le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus, d'annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. 25 Oui, je sais que vous ne verrez plus mon visage, ô vous tous parmi lesquels j'ai passé en prêchant le royaume de Dieu. 26 C'est pourquoi je vous atteste aujourd'hui que je suis pur du sang de tous, 27 car je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu, sans vous en rien cacher. 28 Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l'Église du Seigneur, qu'il s'est acquise par son propre sang. 29 Moi, je sais en effet qu'après mon départ, il s'introduira parmi vous des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau. 30 Et même il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux. 31 Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n'ai cessé nuit et jour d'exhorter avec larmes chacun de vous. 32 Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut achever l'édifice et vous donner l'héritage avec tous les sanctifiés. 33 Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni le vêtement de personne. 34 Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. 35 Je vous ai montré de toutes manières que c'est en travaillant ainsi qu'il faut soutenir les faibles et se rappeler la parole du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir." 36 Après avoir ainsi parlé, il se mit à genoux et pria avec eux tous. 37 Ils fondaient tous en larmes, en se jetant au cou de Paul, ils le baisaient l’embrassaient, 38 affligés surtout de ce qu'il avait dit : "Vous ne verrez plus mon visage." Et ils l'accompagnèrent jusqu'au navire.


Actes 21. 1 Après nous être arrachés à leurs embrassements, nous embarquèrent et allâmes droit à Cos. Le lendemain nous atteignîmes Rhodes, puis Patara. 2 Là, ayant trouvé un bateau qui faisait la traversée vers la Phénicie, nous y montâmes et partîmes. 3 Arrivés en vue de Chypre, nous laissâmes l'île à gauche, nous dirigeant vers la Syrie et nous abordâmes à Tyr, où le navire devait déposer sa cargaison. 4 Nous trouvâmes les disciples et nous restâmes là sept jours et ils disaient à Paul, par l'Esprit de Dieu, de ne pas monter à Jérusalem. 5 Mais au bout de sept jours, nous nous acheminâmes pour partir et tous, avec leurs femmes et leurs enfants, nous accompagnèrent jusqu'en dehors de la ville. Nous nous mîmes à genoux sur le rivage pour prier, 6 puis, après nous être dit adieu, nous montâmes sur le bateau, tandis qu'ils retournèrent chez eux. 7 Pour nous, achevant notre navigation, nous allâmes de Tyr à Ptolémaïs et ayant salué les frères, nous passâmes un jour avec eux. 8 Nous partîmes le lendemain et nous arrivâmes à Césarée. Étant entrés dans la maison de Philippe l'évangéliste, l'un des sept, nous logeâmes chez lui. 9 Il avait quatre filles vierges, qui prophétisaient. 10 Comme nous étions dans cette ville depuis quelques jours, il arriva de Judée un prophète nommé Agabus. 11 Étant venu vers nous, il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains et dit : "Voici ce que déclare l'Esprit-Saint : L'homme à qui appartient cette ceinture sera ainsi lié à Jérusalem par les juifs et livré aux mains des Païens." 12 Ayant entendu ces paroles, nous et les fidèles de Césarée, nous conjurâmes Paul de ne pas monter à Jérusalem. 13 Alors il répondit : "Que faites-vous de pleurer ainsi et de me briser le cœur ? Pour moi, je suis prêt, non seulement à porter les chaînes, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus." 14 Comme il restait inflexible, nous cessâmes nos instances, en disant : "Que la volonté du Seigneur se fasse." 15 Après ces jours-là, ayant achevé nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem. 16 Des disciples de Césarée vinrent aussi avec nous, emmenant un nommé Mnason, de l'île de Chypre, depuis longtemps disciple, chez qui nous devions loger. 17 A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. 18 Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques et tous les Anciens s'y réunirent. 19 Après les avoir embrassés, il raconta en détail tout ce que Dieu avait fait parmi les Païens par son ministère. 20 Ce qu'ayant entendu, ils glorifièrent Dieu et dirent à Paul : "Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru et tous sont zélés pour la Loi. 21 Or ils ont entendu dire de toi que tu enseignes aux Juifs dispersés parmi les Païens de se séparer de Moïse, leur disant de ne pas circoncire leurs enfants et de ne pas se conformer aux coutumes. 22 Que faire donc ? Sans aucun doute, on se rassemblera en foule, car on va savoir ton arrivée. 23 Fais donc ce que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes qui ont fait un vœu, 24 prends-les, purifie-toi avec eux et fais pour eux les frais des sacrifices, afin qu'ils se rasent la tête. Ainsi tous sauront que les rapports faits sur ton compte sont sans valeur et que toi aussi tu observes la Loi. 25 Quant aux Païens qui ont cru, nous leur avons écrit après avoir décidé [qu'ils n'ont rien de pareil à observer, sauf] qu'ils doivent s'abstenir des viandes offertes aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de la fornication." 26 Alors Paul prit avec lui ces hommes et après s'être purifié, il entra le lendemain avec eux dans le temple, pour annoncer que les jours du naziréat étaient expirés et il y vint jusqu'à ce que le sacrifice eût été offert pour chacun d'eux. 27 Comme les sept jours touchaient à leur fin, les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule et mirent la main sur lui, en criant : 28 "Enfants d'Israël, au secours. Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la Loi et contre ce lieu, il a même introduit des païens dans le temple et a profané ce saint lieu." 29 Car ils avaient vu auparavant Trophime d'Éphèse avec lui dans la ville et ils croyaient que Paul l'avait fait entrer dans le temple. 30 Aussitôt toute la ville fut en émoi et le peuple accourut de toute part, on se saisit de Paul et on l'entraîna hors du temple, dont les portes furent immédiatement fermées. 31 Pendant qu'ils cherchaient à le tuer, la nouvelle arriva au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion. 32 Il prit à l'instant des soldats et des centurions et accourut à eux. A la vue du tribun et des soldats, ils cessèrent de frapper Paul. 33 Alors le tribun s'approchant, se saisit de lui et le fit lier de deux chaînes, puis il demanda qui il était et ce qu'il avait fait. 34 Mais, dans cette foule, les uns criaient une chose, les autres une autre. Ne pouvant donc rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il ordonna de l'emmener dans la forteresse. 35 Lorsque Paul fut sur les marches de l'escalier, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence de la multitude. 36 Car le peuple suivait en foule en criant : "Fais-le mourir." 37 Au moment d'être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun : "M'est-il permis de te dire quelque chose ?" Tu sais le grec ? répondit le tribun. 38 Tu n'es donc pas l'Égyptien qui s'est révolté dernièrement et qui a emmené au désert quatre mille sicaires ?" 39 Paul lui dit : "Je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans renom. Je t'en prie, permets-moi de parler au peuple." 40 Le tribun le lui ayant permis, Paul debout sur les marches, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s'établit et Paul, s'exprimant en langue hébraïque, leur parla ainsi :


Actes 22. 1 "Mes frères et mes pères, écoutez ce que j'ai maintenant à vous dire pour ma défense."  2 Dès qu'ils entendirent qu'il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. 3 Et Paul dit : "Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais j'ai été élevé dans cette ville et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la Loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui. 4 C'est moi qui ai persécuté cette secte jusqu'à la mort, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes : 5 le grand-prêtre et tous les Anciens m'en sont témoins. Ayant même reçu d'eux des lettres pour les frères, je partis pour Damas afin d'amener enchaînés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là et de les faire punir. 6 Mais comme j'étais en chemin et déjà près de Damas, tout à coup, vers midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi. 7 Je tombai par terre et j'entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8 Je répondis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. 9 Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait. 10 Alors je dis : Que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, va à Damas et là on te dira tout ce que tu dois faire. 11 Et comme par suite de l'éclat de cette lumière je ne voyais plus, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main et j'arrivai à Damas. 12 Or un homme pieux selon la Loi, nommé Ananie et de qui tous les Juifs de la ville rendaient un bon témoignage, 13 vint me voir et s'étant approché de moi, me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je le vis. 14 Il dit alors : Le Dieu de nos pères t'a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et entendre les paroles de sa bouche. 15 Car tu lui serviras de témoin, devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. 16 Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés, en invoquant son nom. 17 De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, il m'arriva d'être ravi en esprit, 18 et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte-toi et sors au plus tôt de Jérusalem, parce qu'on n'y recevra pas le témoignage que tu rendras de moi. 19 Seigneur, répondis-je, ils savent eux-mêmes que je faisais mettre en prison et battre de bâtons dans les synagogues ceux qui croyaient en vous, 20 et lorsqu'on répandit le sang d'Étienne, votre témoin, j'étais moi-même présent, joignant mon approbation à celle des autres et gardant les vêtements de ceux qui le lapidaient. 21 Alors il me dit : Va, c'est aux nations lointaines que je veux t'envoyer." 22 Les Juifs l'avaient écouté jusqu'à ces mots, ils élevèrent alors la voix, en disant : "Ôte de la terre un pareil homme, il n'est pas digne de vivre." 23 Et comme ils poussaient de grands cris, jetant leurs manteaux et lançant de la poussière en l'air, 24 le tribun ordonna de faire entrer Paul dans la forteresse et de le torturer par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. 25 Déjà les soldats l'avaient lié avec les courroies, lorsque Paul dit au centurion qui était là : "Vous est-il permis de flageller un citoyen romain, qui n'est pas même condamné ?" 26 A ces mots, le centurion alla trouver le tribun pour l'avertir et lui dit : "Que vas-tu faire ? Cet homme est citoyen romain." 27 Le tribun vint et dit à Paul : "Dis-moi, es-tu citoyen romain ?" "Oui, " répondit-il, 28 et le tribun repris : "Moi, j'ai acheté bien cher ce droit de cité." "Et moi, dit Paul, je l'ai par ma naissance." 29 Aussitôt ceux qui se disposaient à le torturer se retirèrent et le tribun aussi eut peur, quand il sut que Paul était citoyen romain et qu'il l'avait fait lier. 30 Le lendemain, voulant savoir exactement de quoi les Juifs l’accusaient, il lui fit ôter ses liens et donna l'ordre aux princes des prêtres et à tout le Sanhédrin de se réunir, puis, ayant fait descendre Paul, il le plaça au milieu d'eux.


Actes 23. 1 Paul, les regards fixés sur le Sanhédrin, dit : "Mes frères, je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour dans toute la droiture d'une bonne conscience." 2 Le grand prêtre Ananie ordonna à ses assistants de le frapper sur la bouche. 3 Alors Paul lui dit : "Certainement, Dieu te frappera, muraille blanchie. Tu sièges ici pour me juger selon la Loi et, au mépris de la Loi, tu ordonnes qu'on me frappe." 4 Les assistants dirent : "Tu outrages le grand-prêtre de Dieu." 5 Paul répondit : "Je ne savais pas, mes frères, qu'il fût grand-prêtre, car il est écrit : Tu ne proféreras pas d'injure contre un chef de ton peuple." 6 Paul, sachant qu'une partie de l'assemblée était composée de Sadducéens et l'autre de Pharisiens, s'écria dans le Sanhédrin : "Mes frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens, c'est à cause de l'espérance en la résurrection des morts que je suis mis en jugement." 7 Dès qu'il eut prononcé ces paroles, il s'éleva une discussion entre les Pharisiens et les Sadducéens et l'assemblée se divisa. 8 Car les Sadducéens disent qu'il n'y a pas de résurrection, ni d'ange et d'esprit, tandis que les Pharisiens affirment l'un et l'autre. 9 Il y eut donc une bruyante agitation et quelques scribes du parti des Pharisiens, s'étant levés, engagèrent un vif débat et dirent : "Nous ne trouvons rien à reprendre en cet homme, si un esprit ou un ange lui avait parlé ?" 10 Comme la discussion allait croissant, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, ordonna à des soldats de descendre pour l'enlever du milieu d'eux et de le ramener dans la forteresse. 11 La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : "Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage dans Rome." 12 Dès que le jour parut, les Juifs ourdirent un complot et jurèrent avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire jusqu'à ce qu'ils eussent tué Paul. 13 Il y en avait plus de quarante qui s'étaient engagés dans cette conjuration. 14 Ils allèrent trouver les princes des prêtres et les Anciens et dirent : "Nous avons solennellement juré de ne prendre aucune nourriture que nous n'ayons tué Paul. 15 Vous donc, maintenant, adressez-vous avec le Sanhédrin au tribun, pour qu'il l'amène devant vous, comme si vous vouliez examiner plus à fond sa cause et nous, nous sommes prêts à le tuer pendant le trajet." 16 Le fils de la sœur de Paul ayant eu connaissance du complot, accourut à la forteresse et en donna avis à Paul. 17 Celui-ci appela un des centurions et lui dit : "Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui révéler." 18 Le centurion, prenant le jeune homme avec lui, le mena au tribun et dit : "Le prisonnier Paul m'a prié de t'amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire." 19 Le tribun le prit par la main et l'ayant tiré à part, il lui demanda : "Qu'as-tu à me communiquer ?" 20 Il répondit : "Les Juifs sont convenus de te prier de faire demain comparaître Paul devant le Sanhédrin, sous le prétexte d'examiner plus à fond sa cause. 21 Ne les écoute pas, car plus de quarante d'entre eux lui dressent des embûches et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne manger ni boire avant qu'ils ne l'aient tué. Ils sont tout prêts et n'attendent que ton ordre." 22 Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de ne dire à personne qu'il lui avait fait ce rapport. 23 Et ayant appelé deux centurions, il leur dit : "Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats avec soixante-dix cavaliers et deux cents lanciers, pour aller jusqu'à Césarée. 24 Préparez aussi des chevaux pour y faire monter Paul, afin de le conduire sain et sauf au gouverneur Félix." 25 Il avait écrit une lettre ainsi conçue : 26 "Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut. 27 Les Juifs s'étaient saisis de cet homme et allaient le tuer, lorsque je survins avec des soldats et l'arrachai de leurs mains, ayant appris qu'il était Romain. 28 Voulant savoir de quel crime ils l'accusaient, je le menai devant leur assemblée, 29 et je trouvai qu'il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais n'avait commis aucun crime qui méritât la mort ou la prison. 30 Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l'ai immédiatement envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu'ils eussent à s'expliquer devant toi à son sujet. [Adieu.]" 31 Les soldats ayant donc pris Paul, selon l'ordre qu'ils avaient reçu, le conduisirent pendant la nuit à Antipatris. 32 Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec le prisonnier, ils retournèrent à la forteresse. 33 Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul. 34 Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul et apprenant qu'il était de Cilicie : 35 "Je t'entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus" et il ordonna de le garder dans le prétoire d'Hérode.


Actes 24. 1 Cinq jours après, arriva le grand prêtre Ananie, avec quelques Anciens et un certain rhéteur nommé Tertullus, ils portèrent plainte au gouverneur contre Paul. 2 Celui-ci ayant été appelé, Tertullus se mit à l'accuser en ces termes : "Jouissant d'une paix profonde, grâce à toi, excellent Félix et aux réformes que ta prévoyance a opérées en faveur de cette nation, 3 nous les accueillons toujours et partout avec une entière reconnaissance. 4 Mais, pour ne pas t'arrêter davantage, je te prie de nous écouter un moment avec ta bonté ordinaire. 5 Nous avons trouvé cet homme : c'est une peste, un homme qui excite des troubles parmi les Juifs dans le monde entier, un chef de la secte des Nazaréens, 6 et qui même a tenté de profaner le temple, aussi nous l'avons arrêté [et nous voulions le juger selon notre loi. 7 Mais le tribun Lysias étant survenu, l'a arraché violemment de nos mains 8 et il a ordonné que ses accusateurs vinssent devant toi]. Tu pourras toi-même, en l'interrogeant, apprendre de sa bouche tout ce dont nous l'accusons." 9 Les Juifs se joignirent à cette accusation, soutenant que les choses étaient ainsi. 10 Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit : "C'est avec confiance que je prends la parole pour me justifier, car je sais que tu gouvernes cette nation depuis plusieurs années. 11 Il n'y a pas plus de douze jours, tu peux t'en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. 12 Et l'on ne m'a pas vu dans le temple parler à quelqu'un, ni ameuter la foule, soit dans les synagogues, soit dans la ville, 13 et ils ne sauraient prouver ce dont ils m'accusent maintenant. 14 Je te confesse que je sers le Dieu de nos pères selon la religion qu'ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes, 15 et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une résurrection des justes et des pécheurs. 16 C'est pourquoi moi aussi je m'efforce d'avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. 17 Je suis donc venu, après plusieurs années, pour faire des aumônes à mes compatriotes et pour présenter des oblations. 18 C'est alors que j'ai été trouvé dans le temple, après ma consécration, sans attroupement ni tumulte, 19 par certains Juifs d'Asie, c'était à eux de paraître devant toi comme accusateurs, s'ils avaient quelque chose à me reprocher. 20 Ou bien que ceux-ci disent de quel crime ils m'ont trouvé coupable, lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin, 21 à moins qu'on me fasse un crime de cette seule parole que j'ai dite à haute voix devant eux : C'est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd'hui mis en jugement devant vous." 22 Félix, qui connaissait bien cette religion les ajourna, en disant : "Quand le tribun Lysias sera venu je connaîtrai à fond votre affaire." 23 Et il donna l'ordre au centurion de garder Paul, mais en lui laissant quelque liberté et sans empêcher aucun des siens de lui rendre des services. 24 Quelques jours après, Félix vint avec Drusille, sa femme, qui était juive. Ayant fait appeler Paul, il l'entendit sur la foi en Jésus-Christ. 25 Mais Paul en étant venu à parler de justice, de chasteté et de jugement à venir, Félix effrayé dit : "Pour le moment, retire-toi, je te rappellerai à la première occasion." 26 Il espérait en même temps que Paul lui donnerait de l'argent, aussi le faisait-il venir assez fréquemment pour s'entretenir avec lui. 27 Deux ans s'écoulèrent ainsi et Félix eut pour successeur Porcius Festus et, dans le désir d'être agréable aux Juifs, il laissa Paul en prison.




Actes 25. 1 Festus, étant donc arrivé dans sa province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem. 2 Les chefs des prêtres et les principaux d'entre les Juifs vinrent lui porter plainte contre Paul. Avec beaucoup d'instances, 3 ils lui demandèrent comme une faveur, dans un but hostile à l'Apôtre, qu'il le fît transférer à Jérusalem, ils prépareraient un guet-apens pour le faire périr en route. 4 Festus répondit que Paul était gardé à Césarée et que lui-même y retournerait sous peu. 5 "Que ceux d'entre vous, ajouta-t-il, qui ont qualité pour cela, descendent avec moi et s'il y a des charges contre cet homme, qu'ils l'accusent." 6 Après avoir seulement passé huit ou dix jours à Jérusalem, Festus descendit à Césarée. Le lendemain, ayant pris place sur son tribunal, il fit amener Paul. 7 Quand on l'eut amené, les Juifs venus de Jérusalem l'entourèrent, en portant contre lui de nombreuses et graves accusations, qu'ils ne pouvaient prouver. 8 Paul dit pour sa défense : "Je n'ai rien fait de répréhensible, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César." 9 Festus, qui voulait faire plaisir aux Juifs, dit à Paul : "Veux-tu monter à Jérusalem et y être jugé sur ces griefs en ma présence ?" 10 Paul répondit : "Je suis devant le tribunal de César, c'est là que je dois être jugé. Je n'ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais bien toi-même. 11 Si j'ai commis quelque injustice ou quelque attentat qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir, mais s'il n'y a rien de fondé dans leurs accusations, personne n'a le droit de me livrer à eux. J'en appelle à César." 12 Alors Festus, après en avoir conféré avec son conseil, répondit : "Tu en as appelé à César, tu iras à César." 13 Quelques jours après le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée pour saluer Festus. 14 Comme ils y passèrent plusieurs jours, Festus exposa au roi l'affaire de Paul, en disant : "Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier. 15 Lorsque j'étais à Jérusalem, les princes des prêtres et les Anciens des Juifs ont porté plainte contre lui, demandant sa condamnation. 16 Je leur ai répondu que ce n'est pas la coutume des Romains de livrer un homme avant d'avoir confronté l'accusé avec ses accusateurs et de lui avoir donné les moyens de se justifier de ce dont on l'accuse. 17 Ils sont donc venus ici et, sans différer, j'ai pris place le lendemain sur mon tribunal et j'ai ordonné de m'amener cet homme. 18 Les accusateurs, s'étant présentés, ne lui imputèrent aucun des crimes que je supposais, 19 mais ils eurent avec lui des controverses ayant trait à leur religion particulière et à un certain Jésus, qui est mort et que Paul affirmait être vivant. 20 Comme j'étais embarrassé pour faire une enquête sur ces matières, je lui demandai s'il voulait aller à Jérusalem et y être jugé sur ces accusations. 21 Mais Paul en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance de l'empereur, j'ai ordonné de le garder jusqu'à ce que je l'envoie à César." 22 Agrippa dit à Festus : "J'aurais voulu, moi aussi, entendre cet homme." "Demain, répondit Festus, tu l'entendras." 23 Le lendemain, Agrippa et Bérénice vinrent en grand faste. Quand ils furent dans la salle d'audience avec les tribuns et les principaux personnages de la ville, Paul fut amené par l'ordre de Festus. 24 Et Festus dit : "Roi Agrippa et vous tous qui êtes présents avec nous, vous avez devant vous l'homme au sujet duquel les Juifs sont venus en foule me parler soit à Jérusalem, soit ici, en criant qu'il ne fallait plus le laisser vivre. 25 Pour moi, ayant reconnu qu'il n'a rien fait qui mérite la mort et lui-même en ayant appelé à l'empereur, j'ai résolu de le lui envoyer. 26 Comme je n'ai rien de précis à écrire à l'empereur sur son compte, je l'ai fait comparaître devant vous et surtout devant toi, roi Agrippa, afin qu'après cette audience je puisse rédiger mon rapport 27 car il me paraît déraisonnable d'envoyer un prisonnier, sans indiquer en même temps de quoi on l'accuse."


Actes 26. 1 Agrippa dit à Paul : "Tu as la parole pour ta défense." Alors Paul, étendant la main, se justifia en ces termes : 2 "Je m'estime heureux, roi Agrippa, d'avoir aujourd'hui à me justifier devant toi de toutes les accusations portées contre moi par les Juifs 3 car tu connais mieux que personne leurs coutumes et leurs controverses. Je te prie donc de m'écouter avec patience. 4 Ma vie, dès les premiers temps de ma jeunesse, est connue de tous les Juifs, puisqu'elle s'est passée à Jérusalem, au milieu de ma nation. 5 Me connaissant ainsi depuis longtemps, ils savent, s'ils veulent en rendre témoignage, que j'ai vécu en pharisien selon la secte la plus austère de notre religion. 6 Et maintenant je suis mis en jugement parce que j'espère en la promesse que Dieu a faite à nos pères, 7 promesse dont nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche, nuit et jour, attendent la réalisation. C'est pour cette espérance, ô roi, que les Juifs m'accusent. 8 Vous semble-t-il donc incroyable que Dieu ressuscite les morts ? 9 Moi aussi j'avais cru que je devais m'opposer de toutes mes forces au nom de Jésus de Nazareth. 10 C'est ce que j'ai fait à Jérusalem, j'ai fait enfermer dans les prisons un grand nombre de saints, en ayant reçu le pouvoir des princes des prêtres et quand on les mettait à mort, j'y donnais mon suffrage. 11 Souvent, parcourant toutes les synagogues et sévissant contre eux, je les ai forcés de blasphémer et ma fureur allant toujours croissant, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères. 12 Comme j'allais ainsi à Damas, avec de pleins pouvoirs et un mandat des chefs des prêtres, 13 vers le milieu du jour, je vis sur le chemin, ô roi, une lumière venant du ciel, plus éclatante que celle du soleil, resplendir autour de moi et de mes compagnons. 14 Nous tombâmes par terre et j'entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de résister à l'aiguillon. 15 Qui êtes-vous, Seigneur ? m'écriai-je. Et le Seigneur dit : Je suis Jésus, que tu persécutes. 16 Mais relève-toi et tiens-toi ferme sur tes pieds, car je t'ai apparu, afin de te constituer serviteur et témoin des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je t'apparaîtrai encore. 17 Je t'ai tiré du milieu de ce peuple et des Païens auxquels maintenant je t'envoie, 18 pour leur ouvrir les yeux, afin qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu et qu'ainsi, par la foi en moi, ils reçoivent la rémission des péchés et l'héritage avec les sanctifiés. 19 Je n'ai donc pas résisté, roi Agrippa, à la vision céleste, 20 mais d'abord j'ai prêché, à ceux de Damas, puis à Jérusalem et dans toute la Judée et parmi les Païens, le repentir et la conversion à Dieu, par la pratique d'œuvres dignes de la pénitence. 21 Voilà pourquoi les Juifs se sont saisis de moi dans le temple et ont essayé de me faire périr. 22 C'est donc grâce au secours de Dieu que je suis resté debout jusqu'à ce jour, rendant témoignage devant les petits et les grands, sans dire autre chose que ce que Moïse et les prophètes ont prédit, 23 savoir, que le Christ devait souffrir et que, ressuscité le premier d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux Païens." 24 Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : " Tu déraisonnes, Paul, ton grand savoir égare ton esprit." 25 "Je ne déraisonne pas, très excellent Festus, répondit Paul, je parle le langage de la vérité et de la sagesse. 26 Le roi est instruit de ces choses et je lui en parle librement, persuadé qu'il n'en ignore aucune, car rien de tout cela ne s'est passé dans un coin. 27 Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois." 28 Agrippa dit à Paul : "Peu s'en faut que tu ne me persuades de devenir chrétien." 29 Qu'il s'en faille de peu ou de beaucoup, repartit Paul, plût à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent en ce moment, vous fussiez tels que je suis, à l'exception de ces chaînes." 30 Alors le roi se leva et avec lui le gouverneur, Bérénice et toute leur suite. 31 S'étant retirés, ils se disaient les uns aux autres : "Cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou la prison." 32 Et Agrippa dit à Festus : "On pourrait le relâcher, s'il n'en avait pas appelé à César."


Actes 27. 1 Lorsqu'il eut été décidé que nous irions par mer en Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion nommé Julius, de la cohorte Augusta. 2 Nous montâmes sur un bateau d'Adramytte qui devait longer les côtes de l'Asie et nous levâmes l'ancre, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique. 3 Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon et Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d'aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. 4 Étant partis de là, nous côtoyâmes l'île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. 5 Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, en Lycie. 6 Le centurion y ayant trouvé un navire d'Alexandrie qui faisait voile pour l'Italie, il nous y fit monter. 7 Pendant plusieurs jours nous naviguâmes lentement et ce ne fut pas sans difficulté que nous arrivâmes à la hauteur de Cnide, où le vent ne nous permit pas d'aborder. Nous passâmes au-dessous de l'île de Crète, du côté de Salmoné, 8 et longeant la côte avec peine, nous arrivâmes à un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Lasaïa. 9 Un temps assez long s'était écoulé et la navigation devenait dangereuse, car l'époque du jeûne était déjà passée. Paul fit cet avertissement à l'équipage : 10 "Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation ne pourra se faire sans danger et sans de graves dommages, non seulement pour la cargaison et le navire, mais encore pour nos personnes." 11 Mais le centurion avait plus de confiance en ce que disait le pilote et le patron du navire, que dans les paroles de Paul. 12 Et comme le port n'était pas bon pour hiverner, la plupart furent d'avis de reprendre la mer et de tâcher d'atteindre, pour y passer l'hiver, Phénice, port de Crète qui regarde l'Africus et le Corus. 13 Un léger vent du sud vint à souffler, se croyant maîtres d'exécuter leur dessin, ils levèrent l'ancre et rasèrent plus près les côtes de Crète. 14 Mais bientôt un vent impétueux, nommé Euraquilon, se déchaîna sur l'île. 15 Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre l'ouragan et nous nous laissâmes aller à la dérive. 16 Nous passâmes rapidement au-dessous d'une petite île, nommée Cauda et nous eûmes beaucoup de peine à remonter la chaloupe. 17 Quand on l'eut hissée, les matelots, ayant recours à tous les moyens de salut, ceintrèrent le navire et dans la crainte d'échouer sur la Syrte, ils abattirent la voilure et se laissèrent aller. 18 Comme nous étions violemment battus par la tempête, on jeta le lendemain la cargaison à la mer, 19 et le jour suivant nous y lançâmes de nos propres mains le gréement du navire. 20 Pendant plusieurs jours, ni le soleil ni les étoiles ne se montrèrent et la tempête continuait de sévir avec violence : tout espoir de salut s'était évanoui. 21 Depuis longtemps personne n'avait mangé. Paul, se levant alors au milieu d'eux, leur dit : "Vous auriez dû m'écouter, mes amis, ne pas partir de Crète et vous épargner ce péril et ce dommage. 22 Cependant je vous exhorte à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie, le bateau seul sera perdu. 23 Cette nuit même un ange de Dieu à qui j'appartiens et que je sers, m'est apparu, 24 et m'a dit : Paul, ne crains pas, il faut que tu comparaisses devant César et voici que Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi. 25 Courage donc, mes amis, car j'ai confiance en Dieu qu'il en sera comme il m'a été dit. 26 Nous devons échouer sur une île." 27 La quatorzième nuit, comme nous étions ballottés dans l'Adriatique, les matelots soupçonnèrent, vers le milieu de la nuit, qu'on approchait de quelque terre. 28 Jetant aussitôt la sonde, ils trouvèrent vingt brasses, un peu plus loin, ils la jetèrent de nouveau et en trouvèrent quinze. 29 Dans la crainte de heurter contre des récifs, ils jetèrent quatre ancres de la poupe et attendirent le jour avec impatience. 30 Mais comme les matelots cherchaient à s'échapper du navire et que déjà, sous prétexte d'aller jeter des ancres du côté de la proue, ils avaient mis la chaloupe à flot, 31 Paul dit au centurion et aux soldats : "Si ces hommes ne restent pas dans le navire, vous êtes tous perdus." 32 Alors les soldats coupèrent les amarres de la chaloupe et la laissèrent tomber. 33 En attendant le jour, Paul exhorta tout le monde à prendre de la nourriture : "Voici, leur dit-il, le quatorzième jour que, remplis d'anxiété, vous restez à jeun sans rien prendre. 34 Je vous engage donc à manger, car cela importe à votre salut, aucun de vous ne perdra un cheveu de sa tête." 35 Ayant ainsi parlé, il prit du pain et après avoir rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit et se mit à manger. 36 Et tous, reprenant courage, mangèrent aussi. 37 Nous étions en tout, sur le bâtiment, deux cent soixante-seize personnes. 38 Quand ils eurent mangé suffisamment, ils allégèrent le navire en jetant les provisions à la mer. 39 Le jour étant venu, ils ne reconnurent pas la côte, mais ayant aperçu une baie qui avait une plage de sable, ils résolurent de faire échouer le navire, s'ils le pouvaient. 40 On coupa donc les amarres des ancres, qu'on abandonna à la mer, on lâcha en même temps les attaches des gouvernails, on mit au vent la voile d'artimon et on se dirigea vers la plage. 41 Mais ayant touché sur une langue de terre, ils y échouèrent, la proue s'enfonça et resta immobile, tandis que la poupe se disloquait sous la violence des vagues. 42 Les soldats furent d'avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu'un d'entre eux ne s'échappât à la nage. 43 Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha d'exécuter leur dessein. Il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter à l'eau les premiers et de gagner la terre 44 et aux autres de se mettre sur des planches ou sur des débris du bateau. Et ainsi tous atteignirent le rivage sains et saufs.


Actes 28. 1 Une fois sauvés, nous reconnûmes que l'île s'appelait Malte. 2 Les barbares nous traitèrent avec une bienveillance peu commune, ils nous recueillirent tous autour d'un grand feu qu'ils avaient allumé, à cause de la pluie qui était survenue et du froid. 3 Paul ayant ramassé quelques broussailles et les ayant jetées dans le brasier, une vipère, que la chaleur en fit sortir, s'attacha à sa main. 4 En voyant ce reptile qui pendait à sa main, les barbares se dirent les uns aux autres : "Sans aucun doute, cet homme est un meurtrier, car, après qu'il a été sauvé de la mer, la Justice divine n'a pas voulu le laisser vivre." 5 Lui, cependant, secoua la vipère dans le feu et n'en ressentit aucun mal. 6 Les barbares s'attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement. Mais après avoir longtemps attendu, voyant qu'il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent de sentiment et dirent : C'est un dieu. 7 Il y avait, dans le voisinage, des terres appartenant au premier personnage de l'île, nommé Publius, qui nous reçut et nous donna pendant trois jours l'hospitalité la plus amicale. 8 Le père de Publius était alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul alla le visiter et après avoir prié, il lui imposa les mains et le guérit. 9 Sur quoi les autres malades de l'île vinrent le trouver et ils furent guéris. 10 On nous rendit de grands honneurs à notre départ et on nous pourvut de ce dont nous avions besoin. 11 Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un bateau d'Alexandrie qui avait passé l'hiver dans l'île, il portait pour enseigne les Dioscures. 12 Ayant abordé à Syracuse, nous y restâmes trois jours. 13 De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio et le lendemain, le vent soufflant du sud, nous arrivâmes en deux jours à Pouzzoles. 14 Nous y trouvâmes des frères qui nous prièrent de passer sept jours avec eux, ensuite nous partîmes pour Rome. 15 Ayant entendu parler de notre arrivée, les frères de cette ville vinrent au-devant de nous jusqu'au Forum d'Appius et aux Trois-Tavernes. Paul, en les voyant, rendit grâces à Dieu et fut rempli de confiance. 16 Quand nous fûmes arrivés à Rome, on permit à Paul d’avoir son propre logement avec un soldat qui le gardait. 17 Trois jours après, Paul fit appeler les principaux d'entre les Juifs et quand ils furent venus, il leur dit : "Mes frères, sans avoir rien fait, ni contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères, je suis prisonnier et, depuis Jérusalem, livré au pouvoir des Romains. 18 Après m'avoir interrogé, ils voulaient me relâcher, parce qu'il n'y avait rien en moi qui méritât la mort. 19 Mais les Juifs s'y opposèrent et je me suis vu forcé d'en appeler à César, non certes que j'aie aucun dessein d'accuser ma nation. 20 Voilà pourquoi j'ai demandé à vous voir et à vous parler, car c'est à cause de l'espérance d'Israël que je porte cette chaîne." 21 Ils lui répondirent : "Nous n'avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet et aucun des frères qui en sont revenus n'a rien rapporté ou dit de défavorable à ton égard. 22 Mais nous voudrions entendre de ta bouche ce que tu penses, car, pour ce qui est de cette secte, nous savons qu'elle rencontre partout de l'opposition." 23 Ayant convenu d’un jour avec lui, ils vinrent en plus grand nombre le trouver où il logeait. Paul leur exposa, dans un langage pressant, le royaume de Dieu, cherchant à les persuader, par la loi de Moïse et les Prophètes, de ce qui concerne Jésus. L'entretien dura depuis le matin jusqu'au soir. 24 Les uns furent convaincus par ce qu'il disait, mais les autres ne crurent pas. 25 Comme ils se retiraient en désaccord, Paul n'ajouta que ces mots : "Elle est bien vraie cette Parole que le Saint-Esprit a dit à vos pères par le prophète Isaïe : 26 Va vers ce peuple et dis-leur : Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas, vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas. 27 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible, ils ont endurci leurs oreilles et ils ont fermé leurs yeux, de peur de voir de leurs yeux, d'entendre de leurs oreilles, de comprendre avec leur cœur, de se convertir et de recevoir de moi le salut. 28 Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux Païens, pour eux, ils le recevront avec docilité." 29 [Lorsqu'il eut ainsi parlé, les Juifs s'en allèrent, en discutant vivement entre eux.] 30 Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu'il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le visiter, 31 prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ, en toute liberté et sans empêchement.


Notes sur les Actes des Apôtres


1.1 Mon premier récit ; c'est-à-dire l'Évangile que j'ai composé. ― Théophile. Même dédicace que pour l’évangile selon saint Luc. Voir Luc, 1, 3.

1.2 Par l'Esprit-Saint, qui disposait les Apôtres à recevoir les instructions de Jésus.

1.4 Voir Matthieu 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; 24, 49 ; Jean, 1, 26 ; 14, 26.

1.6 Voir Matthieu 10, 23 ; 16, 28 ; Marc, 13, 32. ― Rétablissement d'Israël annoncé par les Prophètes. Voir références dans Luc, note 21.24. Pendant quarante jours, le Christ leur parla du royaume de Dieu (verset 3), et à la question des Apôtres (verset 6), Jésus-Christ ne leur répond pas qu'ils sont dans l'erreur d'attendre ce rétablissement terrestre mais simplement que ce n'est pas à eux de connaître les temps et les moments (verset 7).

1.8 Voir Actes des Apôtres, 2, 2 ; Luc, 24, 48. ― La Judée proprement dite comprenait la Palestine méridionale ; la Samarie était située entre la Judée et la Galilée.

1.9 Il s'éleva sur le mont des Oliviers.

1.10 Deux hommes ; c'est-à-dire deux anges sous une forme humaine.

1.12 Une journée de sabbat signifie ici la distance de deux mille pas de chemin, distance que ne pouvait pas dépasser les Juifs, le jour du sabbat. ― La montagne qu'on appelle des Oliviers. Voir Matthieu 21, 1.

1.13 Le cénacle était une chambre haute où l'on se retirait pour prier, où l'on recevait les étrangers, etc. C'était la pièce principale dans les maisons juives ; c'est là qu'on se réunissait pour les repas, les entretiens. L'article suppose un cénacle connu, peut-être celui où Jésus fit la dernière cène avec ses Apôtres. ― Le mot cénacle est la traduction du grec hyperôon, sur lequel on peut voir Marc, note 2.4.

1.14 Ses frères. Cf. Matthieu 12, 46.

1.16 Voir Psaume, 40, 10 ; Jean, 13, 18.

1.18 Voir Matthieu 27, 7.

1.19 Haceldama. On montre ce champ, d'après une tradition ancienne, au sud-est de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. Il est situé au milieu d'anciens tombeaux.

1.20 Voir Psaume, 68, 26 ; 108, 8. ― Cette application des Psaumes a d'autant plus de force que saint Pierre la faisait en parlant à des Juifs qui admettaient le sens allégorique.

1.21 A vécu parmi nous ; littéralement Est entré et sorti avec nous. Par l'entrer et le sortir, les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble de la vie et de la conduite.

1.23 Joseph… Barsabas ou fils de Sabas. Eusèbe dit qu'il était du nombre des soixante-douze disciples. ― Mathias, devenu apôtre à la place de Judas, alla prêcher l'Évangile en Éthiopie et y souffrit le martyre.

2.1 Pentecôte est un mot grec qui signifie cinquantième, parce que la fête que nous appelons ainsi se célèbre le cinquantième jour après Pâques. C'était la seconde grande fête juive et elle avait pour objet de remercier Dieu à la fin de la moisson du bienfait de la récolte.

2.2 Toute la maison. On croit communément que les Apôtres étaient dans le cénacle.

2.4 Voir Matthieu 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 7, 39 ; Actes des Apôtres, 1, 8 ; 11, 16 ; 19, 6.

2.9 Les quinze peuples énumérés ici et versets 10-11 doivent s'entendre des Juifs habitant au milieu d'eux. Les premiers nommés sont à l'est de la Judée ; de là saint Luc passe au nord, puis au sud et enfin à l'ouest. ― Parthes. La Parthie était une province d'Asie, bornée à l'est par l'Ariane, au nord par l'Hyrcanie, à l'ouest par la Médie et au sud par les déserts de la Carmanie. ― Mèdes. La Médie, située aussi en Asie et confinant à l'est à la Parthie, était de plus limitrophe, de ce côté, de l'Hyrcanie et de la Susiane ; au nord elle était limitée par la mer Caspienne, à l'ouest par la Syrie et la grande Arménie et au sud par la Perse. Elle avait pour capitale Ecbatane. ― La Mésopotamie est la région de l'Asie située entre les deux fleuves de l'Euphrate et du Tigre, d'où son nom qui signifie en grec : au milieu des fleuves. Les Juifs y étaient très nombreux. ― La Cappadoce, dans l'Asie Mineure, était bornée, dans l'empire romain, à l'est par la petite Arménie, au nord par le Pont, à l'ouest par la Galatie et la Lycaonie, au sud par la Cilicie et la Commagène. ― Le Pont, aussi en Asie Mineure, avait pour frontières à l'est la petite Arménie ; au nord, le Pont-Euxin ; à l'ouest, la Paphlagonie et la Galatie ; au sud, la Cappadoce et la petite Arménie. ― L'Asie. Ce nom, dans la division administrative de l'empire romain, désignait l'Asie proconsulaire, c'est-à-dire la Mysie, la Lydie, la Carie et la Phrygie et comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale. La Phrygie est nommée séparément dans le verset 10 à cause de son importance.

2.10 La Phrygie avait pour limites à l'est et au nord la Galatie ; au sud-est, la Lycaonie ; au nord-ouest, la Pisidie ; à l'ouest, la Lydie et la Mysie ; au nord-ouest et au nord, la Bythinie. Les villes phrygiennes mentionnées dans les Actes des Apôtres sont Laodicée, Hiérapolis et Colosses. ― La Pamphylie était au sud de la Pisidie, à l'ouest de la Cilicie, au nord de la mer Méditerranée et à l'est de la Lycie et de la Phrygie mineure. ― Les contrées de la Libye voisine de Cyrène. La Libye, vaste région de l'Afrique septentrionale, à l'ouest de l'Égypte, renfermait la Cyrénaïque, qui tirait son nom de la ville de Cyrène et où les Juifs étaient très nombreux. Les Juifs y avaient été établis par Ptolémée Ier, roi d'Égypte.

2.11 Prosélytes ; païens convertis au judaïsme. ― Juifs et prosélytes. Ces mots s'appliquent aux deux classes d'étrangers venus de Rome, les uns étant juifs d'origine, les autres païens de naissance. ― Crétois, habitants de l'île de Crète. ― Arabes, habitants de la péninsule de l'Arabie. Parmi les auditeurs des Apôtres, les Parthes, les Mèdes et les Élamites devaient parler des dialectes de la langue persane ; l'araméen était la langue de la Mésopotamie, analogue à celle de la Judée ; l'arabe était l'idiome de l'Arabie ; les habitants de la Cappadoce, du Pont, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Égypte, de la Cyrénaïque et de la Crète parlaient grec ; ceux de Rome latin et grec.

2.14 Hommes de Judée : Juifs de naissance.

2.15 La troisième heure du jour ; c'est-à-dire neuf heures du matin. Aux jours de fêtes, les Juifs ne mangeaient qu'après les prières du matin finies, vers midi.

2.17 Voir Isaïe, 44, 3 ; Joël, 2, 28. ― Sur toute chair. Voir Matthieu 24, 22.

2.20 Le soleil s'obscurcira, la lune deviendra couleur de sang : images de grandes calamités.

2.21 Voir Joël, 2, 32 ; Romains, 10, 13.

2.23 Dieu a livré son Fils, et son Fils s'est livré lui-même à cause de son amour pour nous. Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ livré pour nous a été saint, et la décision de Dieu même. Mais ceux qui le trahirent et le crucifièrent commirent un grand crime, suivant en cela leur propre malice et l'instigation du démon, et non la volonté et l'ordre de Dieu, qui n'était nullement l'auteur de leur perversité, bien qu'il le permît, parce qu'il pouvait, comme il le fit réellement, en tirer un si grand bien, c'est-à-dire notre salut. ― Livré par Judas. ― Des méchants, des impies et des païens (Pilate et les Romains) : Pierre ménage les Juifs, qu'il veut gagner à Jésus-Christ.

2.25 Voir Psaume, 15, 8.

2.27 le séjour des morts ; c'est-à-dire dans les limbes, et nullement dans le tombeau, comme quelques-uns le prétendent. ― Voie la corruption ; hébraïsme, pour éprouve la corruption.

2.29 Voir 1 Rois, 2, 10. ― Au milieu de nous, dans Jérusalem.

2.30 Voir Psaume, 131, 91.

2.31 Voir Psaume, 15, 10 ; Actes des Apôtres, 13, 35.

2.34 Voir Psaume, 109, 1.

2.35 L'escabeau de vos pieds. Voir Matthieu 22, 44.

2.38 Soit baptisé au nom de Jésus-Christ ; c'est-à-dire du baptême de Jésus-Christ et non de celui de saint Jean-Baptiste ; du baptême qui, tirant sa vertu de Jésus-Christ, remet les péchés par lui-même. Ainsi ce texte ne prouve nullement que dans la primitive Église on baptisât seulement en invoquant le nom de Jésus-Christ, sans faire mention des autres personnes de la Trinité.

2.44 Tout en commun : cette communauté de bien n'exista que dans l'Église naissante de Jérusalem, et encore n'était-t-elle pas aussi absolue que ces mots semblent l'indiquer (voir Actes des Apôtres, 4, 32).

3.1 La neuvième heure commençait à trois heures de l'après-midi, et finissait au coucher du soleil. Les Juifs priaient trois fois par jour, le matin, à midi et le soir.

3.2 La porte du temple appelée la Belle, parce qu'elle était plus belle que les autres. Josèphe nous apprend qu'elle était en airain de Corinthe, couvert d'or et d'argent. Elle était dans l'enceinte orientale du temple et conduisait au parvis des païens dans la vallée du Cédron.

3.8 S'élançant, sautant…; cf. Isaïe, 35, 6 : « Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée. »

3.11 Au portique appelé de Salomon. Ainsi appelé parce qu'il était resté debout après la ruine du temple salomonien sous Nabuchodonosor ; il était situé à l'est du temple. Voir Jean, 10, 23.

3.14 Voir Matthieu 27, 20 ; Marc, 15, 11 ; Luc, 23, 18 ; Jean, 18, 40. ― Un meurtrier, Barabbas. Voir Matthieu 27, 16.

3.16 Que son nom ; locution biblique : le nom du Christ, pour le Christ lui-même ; comme dans l'Ancien Testament le nom de Dieu pour Dieu lui-même.

3.20-21 « Les temps de rafraîchissement sont identiques avec les jours du rétablissement de toutes choses (verset 21), qui viendront après le second avènement du Messie. Au jugement [des Nations], le Messie expulsera de son royaume tout péché et toute souillure ; il y aura alors un ciel nouveau et une terre nouvelle (voir Apocalypse, 21, 1-5), et toutes choses seront ramenées à l'état primitif, antérieur à la chute (cf. Romains, 13, verset 19 et suivants) ; alors se lèvera pour les justes et le fidèles le jour du grand sabbat, le temps du repos et du rafraîchissement, après les jours du combat et de la tribulation. Mais la venue de ces temps heureux dépend de la conversion des hommes : elle est d'autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis (cf. 2 Pierre, 3, 9). ― De la part du Seigneur ; littéralement devant la face du Seigneur. » Voir Luc, 17, 21.

3.22 Voir Deutéronome, 18, 15.

3.24 Samuel, le dernier juge d'Israël, fut le fondateur des écoles de prophètes et prophète lui-même.

3.25 Voir Genèse, 12, 3.

4.1 Et le capitaine du temple. Voir Luc, 22, 4.

4.5 Les anciens, les membres du Sanhédrin. ― Les scribes. Voir Matthieu 2, 4.

4.6 Anne. Voir Luc, 3, 2. ― Caïphe, voir Matthieu 26, 3. ― Jean, Alexandre sont deux membres d'ailleurs inconnus du Sanhédrin.

4.11 Voir Psaume, 117, 22 ; Isaïe, 28, 16 ; Matthieu 21, 42 ; Marc, 12, 10 ; Luc, 20, 17 ; Romains, 9, 33 ; 1 Pierre, 2, 7.

4.12 Dans l’Écriture, le nom est souvent mis pour la personne.

4.15 Du Conseil, du Sanhédrin. Voir Matthieu 26, 59.

4.25 Voir Psaume, 2, 1.

4.27 Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir Matthieu 14, 1. ― Ponce Pilate. Voir Matthieu 27, 2. Hérode, qui tourna Jésus en dérision, et Pilate, qui le condamna, répondent aux rois de la terre du verset 26.

4.31 Trembla : ce fut un ébranlement local, semblable à celui de la Pentecôte, et comme lui accompagné d'une effusion de l'Esprit-Saint, qui remplit les disciples d'une nouvelle ardeur ; ce fut un amen divin répondu d'en haut à leur prière.

4.36 Joseph surnommé Barnabé, qui devait jouer un rôle important dans la prédication de l'Évangile aux païens, ne nous est connu qu'à partir de cet épisode de sa vie. On ignore s'il avait été un des disciples de Notre Seigneur pendant sa vie mortelle. On a supposé, mais sans preuves, qu'il avait été condisciple de saint Paul à l'époque de Gamaliel. Ce qui est certain, c'est qu'il fut longtemps le compagnon du grand Apôtre. Les Actes des Apôtres nous font connaître le reste de sa vie jusqu'au moment où il se rend en Chypre sa patrie, avec Jean Marc, son neveu, qu'on croit être le même que l’Évangéliste saint Marc.

5.2 Ananie, comme on le voit au verset 4, était absolument maître de son argent, et il n'aurait pas péché en le gardant chez lui ; mais ce qui l'a rendu coupable d'un crime que Dieu lui-même a jugé digne de mort, c'est d'avoir retenu par avarice une partie de cet argent, en voulant néanmoins se donner en public le mérite de l'avoir tout offert, et ne craignant pas pour cela de mentir à Dieu et aux hommes.

5.4 n'étais-tu pas maître de l'argent, par le prix que tu en avais retiré, et qu'il dépendait de toi de garder ?

5.6 l'inhumer. En Palestine, on enterrait les morts immédiatement après le décès.

5.11 L'Église : c'est la première fois que ce mot paraît dans les Actes des Apôtres avec la signification de société de tous les Fidèles.

5.12 Par les mains des Apôtres. Les Hébreux se servaient des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise.Dans le portique de Salomon Cf Jean 10, 23.

5.17 De la secte des sadducéens. Voir Matthieu note 3.7.

5.20 L'expression cette vie peut désigner, ou la vie éternelle que les Apôtres prêchaient habituellement dans leurs discours, ou la vie nouvelle, c'est-à-dire la nouvelle religion, le christianisme.

5.21 ; 5.27 ; 5.34 ; 5.41 Le Conseil, le Sanhédrin. ― Tous les anciens des enfants d'Israël, tous les membres du Sanhédrin. Voir Matthieu 26, 59.

5.24 Le commandant du temple. Cf. Luc, 22, 4.

5.30 Au bois : c'était, d'après la Loi, le supplice des grands criminels, et celui qui le subissait était « maudit de Dieu » (voir Deutéronome, 21, 23). Pierre choisit à dessein une expression qui rappelle toutes ces idées.

5.34 Gamaliel, pharisien, docteur de la loi, avait été le maître de saint Paul. On croit généralement qu'il est le même que le docteur de ce nom si célèbre dans le Talmud. Il était fils de Rabbi Siméon et petit-fils de Hillel, l'un des docteurs de la loi les plus renommés. Il fut président du Sanhédrin sous Tibère, Caligula et Claude. D'après la tradition, il se convertit au christianisme et mourut dix-huit ans avant la prise de Jérusalem par Titus.

5.36 qui se donnait pour un personnage, un personnage important, comme il est dit dans Actes des Apôtres, 8, 9. ― Théodas. Josèphe parle d'un Théodas qui se révolta aussi contre les Romains, mais ce ne peut être celui qui est mentionné par saint Luc, parce que celui dont l'historien juif nous a conservé le souvenir ne se souleva contre la domination étrangère que dix à douze ans au moins après le discours de Gamaliel, c'est-à-dire vers l'an 44 ou 45, sous l'empereur Claude. De plus, d'après les Actes des Apôtres, Théodas vivant Judas le Galiléen, dont l'insurrection éclata vers l'an 6 ou 7 de notre ère ; il faut donc placer sa révolte à la fin du règne d'Hérode-le-Grand. L'année même de la mort de ce roi fut agitée par beaucoup de troubles et il s'éleva de divers côtés des chefs fanatiques dont la plupart ne sont pas nommés par Josèphe. Parmi ces insurgés indiqués seulement d'une manière vague pouvait se trouver le Théodas des Actes des Apôtres. Ce nom était assez commun en Palestine.

5.37 Judas le Galiléen ou le Gaulonite, qui se révolta contre les Romains « aux jours du dénombrement » de Quirinus, l'an 6 de notre ère, était, d'après les renseignements que nous fournit Josèphe dans ses Antiquités hébraïques, un Gaulonite, originaire de Gamala. Il reçut le surnom de Galiléen, sans doute parce que son insurrection éclata en Galilée. Il avait pris pour mot d'ordre : « Nous n'avons pas d'autre Seigneur ni d'autre maître que Dieu. » Judas périt et ses sectateurs se dispersèrent. Josèphe le considère, avec le pharisien Sadoc, comme le fondateur d'une nouvelle secte, celles des Gaulonites, qui vint s'ajouter à celles des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens. Les Gaulonites peuvent être considérés comme les précurseurs ou les ancêtres des Zélotes qui dominèrent à Jérusalem pendant le siège de cette ville par Titus.

5.40 les firent fouetter. Voir Matthieu 21, 35.

6.1 Le mot Hellénistes désigne ici les Juifs qui étant nés parmi les Grecs, venus des provinces et établis à Jérusalem, ne parlaient que la langue grecque. Les Hébreux étaient des Juifs nés en Palestine et parlant la langue nationale. ― Les veuves avaient d'autant plus besoin d'être assistées que, suivant la loi, elles ne pouvaient hériter.

6.2 servir aux tables, à ce qui est nécessaire pour la vie corporelle, acquisition, préparation et distribution des aliments.

6.5 Prosélyte. Cf. Actes des Apôtres, 2, 11. ― Étienne. Son nom, en grec, Stéphanos, signifie couronne. On croit que c'était un des soixante-douze disciples. Son histoire est racontée dans le chapitre 7 des Actes des Apôtres. ― Philippe était marié et avait quatre filles qui furent douées du don de prophétie (voir Actes des Apôtres, 21, 8-9). Il fut un des disciples les plus zélés pour la propagation du christianisme (voir Actes des Apôtres, 8, 5-17 ; 26-40). On croit qu'il mourut à Césarée. ― Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche, ne nous sont authentiquement connus que de nom par ce passage. Une tradition rapporte que Prochore fut sacré par saint Pierre comme évêque de Nicomédie. ― Le pseudo-Hippolyte dit que Nicanor était un des soixante-douze disciples et qu'il mourut vers le même temps que saint Étienne. ― Timon, d'après un écrit attribué à Dorothée de Tyr, était aussi un des soixante-douze disciples ; il devint évêque de Bostra et consomma son martyre par le supplice du feu. ― Parménas subit, à ce qu'on croit, le martyre à Philippes sous le règne de Trajan. ― Enfin Nicolas était d'origine païenne, puisqu'il est qualifié de prosélyte. D'après plusieurs, il fut infidèle à sa vocation et devint le chef de la secte des Nicolaïtes, dont parle saint Jean dans l'Apocalypse, 2, vv. 6, 15. Les Nicolaïtes le regardaient en effet comme leur père ; mais il n'est pas certain que leur opinion fût fondée. ― Les noms des sept diacres sont tous grecs, ce qui semble indiquer que les six premiers étaient des Juifs hellénistes, le septième étant d'origine grecque.

6.9 la synagogue, voir Matthieu 4, 23. D'après les Rabbins, il y avait à Jérusalem quatre cent vingts synagogues. ― On appelait Affranchis ceux qui d'esclaves étaient devenus libres. La synagogue des Affranchis avait été probablement construite par les Juifs que Pompée avait autrefois faits prisonniers de guerre et qui avaient recouvré ensuite leur liberté. Ils s'étaient fixés pour la plupart à Rome, mais ils avaient fait élever à leurs frais une synagogue à Jérusalem, afin de pouvoir s'y réunir quand ils allaient en pèlerinage dans la ville sainte. ― Celle des Cyrénéens, des Juifs de Cyrène en Afrique. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Des Alexandrins, d'Alexandrie, ville d'Égypte où les Juifs étaient très nombreux. ― De Cilicie, province de l'Asie Mineure, bornée au nord par la Cappadoce, la Lycaonie et l'Isaurie, à l'ouest par la Pamphilie, au sud par la Méditerranée, à l'est par la Syrie. Saint Paul, étant Cilicien d'origine, devait fréquenter la synagogue de Cilicie. ― D'Asie, de la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9.

6.12 et suivants. Les incrédules prétendent que le récit du martyre de saint Étienne renferme des circonstances qui révèlent dans l'historien une profonde ignorance. ― Les anciens, les membres du Sanhédrin. ― Au Conseil, au Sanhédrin. Voir Matthieu 26, 59.

6.15 Dans le Conseil, dans le Sanhédrin.

7.2 Mésopotamie. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― Haran, ville de Mésopotamie, dont le site a été identifié sur le Balîkh, affluent de l'Euphrate, à proximité de l'actuel village turc qui perpétue son nom : Eski-Harrân, au sud-est d'Ourfa (l'Edesse des Séleucides et encore des croisés).

7.3 Voir Genèse, 12, 1.

7.4 Après la mort de son père : ici encore Étienne suit une ancienne tradition qui, pour relever la piété filiale d'Abraham, suppose qu'il ne quitta pas son vieux père.

7.6 Voir Genèse, 15, 13. postérité représente le mot descendants.

7.7 Dit le Seigneur. Voir Genèse, 15, 13-14. ― Ils sortiront ; c'est-à-dire la postérité d'Abraham dont il est question au verset précédent.

7.8 Voir Genèse, 17, 10 ; 21, vv. 2, 4 ; 25, 25 ; 29, 32 ; 35, 22. ― L'alliance de la circoncision consistait en ceci : Dieu promettait à Abraham de bénir sa postérité et de lui donner la terre de Chanaan ; Abraham s'engageait, lui et sa postérité, à servir Dieu, seul vrai Dieu, et à porter en sa chair, par la circoncision, un signe extérieur de cet engagement.

7.9 Voir Genèse, 37, 28.

7.10 Voir Genèse, 41, 37.

7.12 Voir Genèse, 42, 2.

7.13 Voir Genèse, 45, 3.

7.15 Voir Genèse, 46, 5 ; 49, 32.

7.16 Voir Genèse, 23, 16 ; 50, vv. 5, 13 ; Josué, 24, 32. ― A Sichem, aujourd'hui Naplouse, dans les montagnes d'Éphraïm, dans une vallée bien arrosée, au pied du mont Garizim.

7.17 Voir Exode, 1, 7.

7.18 Un autre roi qui n’avait pas connu Joseph. Les pharaons qui régnaient dans le pays de Gessen du temps de Moïse étaient d'origine égyptienne, tandis que les rois qui étaient maîtres du Delta du temps de Joseph étaient des conquérants d'origine sémitique comme les Hébreux.

7.20 Voir Exode, 2, 2 ; Hébreux, 11, 23.

7.24 Voir Exode, 2, 12.

7.25 Par sa main. Voir, pour cette locution, Actes des Apôtres, 5, 12.

7.26 Voir Exode, 2, 13.

7.29 Dans la terre de Madian, dans la presqu'île du Sinaï où les Madianites menaient la vie nomade.

7.30 Voir Exode, 3, 2.

7.35 Voir Actes des Apôtres, 5, 12.

7.36 Voir Exode, 7, vv. 8-11, 14.

7.36 ; 7.38 ; 7.42 ; 7.44 Dans le désert du Sinaï.

7.37 Voir Deutéronome, 18, 15.

7.38 Voir Exode, 19, 3.

7.40 Voir Exode, 32, 1.

7.42 Voir Amos, 5, 25. ― L’armée du ciel, les astres adorés comme des dieux.

7.43 Moloch, idole des Ammonites, à qui l'on offrait des victimes humaines, principalement des enfants. ― Raiphan, probablement la planète Saturne divinisée.

7.44 Voir Exode, 25, 40.

7.45 Voir Josué, 3, 14 ; Hébreux, 8, 9. ― Jésus ; c'est-à-dire Josué. Ces deux noms ayant la même signification, celle de Sauveur, se mettent quelquefois l'un pour l'autre. ― Jusqu'aux jours de David, s'entend, selon les uns, du temps pendant lequel le tabernacle séjourna dans le pays des nations conquises ; d'où le sens serait : Et il y subsista jusqu'aux jours de David ; et selon les autres, de l'expulsion même des nations ; en sorte qu'on doit traduire : Dans le pays des nations que Dieu chassa peu à peu devant nos pères jusqu'aux jours de David, qui acheva de purger le pays de tous les Cananéens.

7.46 Voir 1 Samuel, 16, 13 ; Psaumes, 131, 5.

7.47 Voir 1 Rois, 6, 1 ; 1 Chroniques, 17, 12.

7.48 Voir Actes des Apôtres, 17, 24.

7.49 Voir Isaïe, 66, 1.

7.51 Incirconcis de cœur et d'oreilles ; c'est-à-dire qui n'avez pas retranché de votre cœur tous les mauvais désirs, et qui n'avez pas fermé vos oreilles à toutes sortes de mauvais discours.

7.53 en considération des anges. « Ces mots difficiles sont diversement traduits. L'idée est certainement celle-ci : la présence des anges et les prodiges opérés par eux au Sinaï vous ont portés à recevoir la Loi comme divine, et cependant vous l'avez violée. Cf. Galates, 3, 19.

7.57 Saul de Tarse, depuis l'apôtre saint Paul. ― Et l'entraînant hors de la ville, au nord. C'est là que la tradition place le lieu de la lapidation de saint Étienne, le premier diacre a dû consommer son martyre au nord de Jérusalem.

8.5 Dans une ville de Samarie, ville de la tribu d'Éphraïm fondée par le roi d'Israël Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 721 avant Jésus-Christ, rebâtie et de nouveau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l'empereur Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l'appela Sébaste (ou Auguste) en l'honneur de son bienfaiteur.

8.9 Simon le magicien. Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l'épiscopat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intérêts les pouvoirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de l'associer aux Apôtres, saint Pierre donna à ses successeurs l'exemple de la sévérité dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe ambitieux de la société des fidèles et en le menaçant du sort le plus funeste ; mais ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. ― Opposé en tout à Simon Pierre, Simon de Samarie se mit bientôt à dogmatiser et devint le premier des hérésiarques. Saint Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaître son histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séducteur se posait en antagoniste du Messie et s'attribuait à lui-même la divinité. Il opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d'Exposition, un livre qui contenait le germe des rêveries gnostiques, cette généalogie d'Eons, descendant d'un principe unique et subordonnés les uns aux autres, jusqu'au dernier qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinction de vice et de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu'il opposait à la foi. Mettant d'ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d'une manière immorale. Sa secte se perpétua jusqu'au cinquième siècle. La découverte des Philosphumena a confirmé ce que saint Justin et saint Irénée de Lyon nous apprennent de ses caractères et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidèles, comme l'hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques.

8.18 Il leur offrit de l'argent. C'est pour cela qu'on appelle simoniaques ceux qui achètent ou vendent à prix d'argent les choses spirituelles.

8.26 Celle qui est déserte. Il y avait deux villes de Gaza ; l'une ancienne, qui était abandonnée, et la nouvelle, bâtie plus près de la mer. ― Gaza. Pour se rendre de Jérusalem en Égypte et en Éthiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine, située à la frontière sud-ouest de la Palestine.

8.27 Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouvernaient la partie de l’Éthiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée était porté par tous les rois grecs d'Égypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthiopien converti par saint Philippe prêcha à son retour le christianisme en Éthiopie. ― L'eunuque de la reine Candace. L’Éthiopie s'étendait alors dans la vallée du Nil, vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc. L'eunuque de la reine d’Éthiopie n'était pas étranger à la religion juive ; autrement Corneille n'aurait pas été le premier Païen baptisé ; c'était ou un Israélite d'origine, ou un prosélyte venu des bords du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre part aux solennités de son culte. On croit qu'il devint l'Apôtre de l’Éthiopie et qu'il prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promptitude avec laquelle l'évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de celui-ci et aux consolations dont l'âme du néophyte est remplie, on peut voir dans l'histoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza dont il est ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et où il fit périr un si grand nombre de Philistins.

8.32 Voir Isaïe, 53, 7.

8.40 Azot, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non loin de la Méditerranée. ― Césarée. Voir plus loin, Actes des Apôtres, 9, 30.

9.1 Voir Galates, 1, 13.

9.2 Damas, à 314 km au nord-est de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de saint Paul ; mais bientôt après, elle tomba au pouvoir d'Arétas, roi d'Arabie, ainsi que le prouve une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme la plupart des grandes cités de l'Asie Mineure et de l'empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive, qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses, mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres. Le grand-prêtre de Jérusalem exerçait sur eux son autorité, en matière civile aussi bien que religieuse. C'est dans leurs rangs que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saul prétendait châtier l'apostasie ; et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L'endroit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin maître, se trouve à cinq cent pas de la ville. Saint Augustin dit qu'il est bien connu et qu'on le montre aux voyageurs. Les chrétiens s'y rendent en procession chaque année, le 25 janvier. ― Tous les voyageurs vantent à l'envi la beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l’Éden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve bleu qui l'arrosent, l'encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins que Damas a été une des premières villes bâties par les enfants des hommes… Tant que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. »

9.3 Voir Actes des Apôtres, 22, 6 ; 1 Corinthiens, 15, 8 ; 2 Corinthiens, 12, 2.

9.7 Les hommes qui l'accompagnaient (...) percevaient le son de la voix, mais ne voyaient personne semble contradictoire avec Actes, 22, 9 : Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait. Ils entendirent du bruit mais ne comprirent pas ce qui était dit.

9.11 La rue qu'on appelle la Droite. La rue Droite subsiste encore dans toute sa longueur ; c'est la plus grande de la ville. Elle la traverse d'une extrémité à l'autre, d'orient en occident. Ses édifices de chaque côté sont presque autant de boutiques ou de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d'Europe, soit des diverses parties de l'Asie, qu'y ont apportés les caravanes des pèlerins. ― Saul de Tarse. Sur tarse, voir verset 30.

9.12 Saul vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à Ananie, il le montrait à Saul dans une vision.

9.13 Les premiers chrétiens étaient communément appelés saints, soit parce qu'ils avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs mœurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination.

9.24 Voir 2 Corinthiens, 11, 32.

9.26 A Jérusalem, pour la première fois depuis sa conversion. Quoiqu'il eût reçu immédiatement de Jésus-Christ sa mission apostolique, il sentait qu'il devait se rattacher au chef visible de l'Église. Voir Galates, 1, 18.

9.27 Aux Apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. ― Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36.

9.28 Voir Actes des Apôtres, 1, 21.

9.29 Les Hellénistes, le nom désigne les Juifs qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque.

9.30 Césarée de Palestine, qu'il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l'honneur de César-Auguste, et munie d'un port de première importance. Le gouverneur romain résidait dans ses murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le diacre Philippe s'y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait pour évêque le premier historien de l'Église, Eusèbe, et la maison du centurion Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage. ― « Césarée, l'ancienne et splendide capitale d'Hérode, n'a plus un seul habitant, raconte Lamartine. Ses murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes, et serviraient encore aujourd'hui de fortifications excellentes à une ville moderne. Nous franchîmes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre à peu près au milieu de l'enceinte, et nous entrâmes dans le dédale de pierres, de caveaux entrouverts, de restes d'édifices, de fragments de marbre et de porphyre dont le sol de l'ancienne ville est jonché. Nous fîmes lever trois chacals du sein des décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux ; nous cherchions la fontaine qu'on nous avait indiquée, nous la trouvâmes avec peine à l'extrémité orientale de ces ruines ; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres ; il passa environ deux heures à puiser constamment de l'eau de la fontaine pour abreuver ses animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre après avoir bu, comme s'ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant (...) était monté sur un âne ; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu'il venait ainsi tous les jours d'environ deux lieues, conduire à l'abreuvoir les troupeaux de sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fîmes à Césarée, dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des arts grecs et romains. » ― « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la Cilicie. C'était une ville libre, qui élisait ses magistrats ; mais il n'est pas certain qu'elle fût colonie romaine, ni qu'elle jouît du droit de municipe. Aussi croit-on que le titre de citoyen romain, acquis à saint Paul dès sa naissance, était un privilège de sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu'il y avait en Asie, en particulier à Éphèse et à Sardes, des Juifs qui avaient reçu ce titre, soit pour leurs services militaires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de Chypre permettait à Tarse d'étendre son commerce et d’écouler les produits de son industrie. Ses écoles, que saint Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célèbres en Orient et rivalisaient, dit-on, avec celles d'Athènes et d'Alexandrie.

9.32 Les saints. Voir verset 13. ― Lydda, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée aussi Diospolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée.

9.35 Saron. C'est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s'étendait de Césarée de Palestine jusqu'à Joppé. Elle était très fertile et par conséquent peuplée.

9.36 Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle.Joppé, aujourd'hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu de Dan et d'Éphraïm. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César. Plus tard elle fut sous la domination d'Hérode-le-Grand et d'Archélaüs. Unie de nouveau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Cestius Gallus et par Vespasien. Il y a peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brûlées et reconstruites.


9.37 Chambre haute, hyperôon. Cf. Marc, 2, 4.

9.39 Voir Actes des Apôtres, 1, 13. Dorcas avait formé une réunion de veuves pieuses, qui passaient avec elles les journées à tisser des habits pour les indigents.

10.1 A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30. ― Corneille. Nous ne savons guère de lui que ce nous en apprennent les Actes. Peut-être était-il de l'illustre famille romaine des Cornélius. Saint Jérôme dit qu'il bâtit une église chrétienne Césarée et la tradition le fait évêque de Scamandios. ― Centurion. Voir Matthieu 8, 5. ― De la cohorte. Voir Matthieu 27, 27. ― Appelée Italique, parce qu'elle se composait de soldats d'Italie, et non de soldats tirés des provinces, afin que le procurateur romain pût compter davantage sur eux. ― A cette époque, les Apôtres se demandaient si les païens, qui étaient impurs par leur origine, pouvaient être admis dans l'Église sans avoir reçu la circoncision. Une révélation divine va éclairer saint Pierre sur cette question importante.

10.3 La neuvième heure. Voir Actes des Apôtres, 3, 1.

10.9 Sur le haut, etc. ; c'est-à-dire sur la plate-forme qui servait de toit. ― Vers la sixième heure ; c'est-à-dire vers midi.

10.14 Je n'ai rien mangé d'impur. La loi de Moïse défendait aux Israélites de manger la chair d'un certain nombre d'animaux appelés pour cette raison impurs.

10.17 A la porte. Le mot qu'emploie le texte grec désigne la grande porte d'entrée de la maison.

10.28 Un étranger, expression adoucie à dessein pour dire un païen. Cette interdiction ne se trouve pas formellement dans la Loi ; elle venait de la coutume et de l'interprétation des Docteurs.

10.29 Pour quel motif, etc. Pierre le savait déjà (verset 22) ; mais il veut s'assurer des dispositions et des sentiments intimes du Centurion.

10.30 Un homme revêtu d'une robe éclatante. Les grands personnages se revêtaient d'habits blancs. Voir Luc, 23, 11. Un ange sous la figure d'un homme. Voir Actes des Apôtres, 1, 10.

10.34 Impartial, dans le sens de ne pas faire de différence entre les personnes selon leur rang social, leur origine, leur richesse, etc. Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Chroniques, 19, 7 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6 ; Éphésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17.

10.35 Pierre proclame ici, non l'indifférence des religions, mais l'indifférence de l’origine nationale pour le salut en Jésus-Christ.

10.37 Voir Luc, 4, 14.

10.41 choisis d'avance par Dieu : prédestinés.

10.43 Voir Jérémie, 31, 34 ; Michée, 7, 18.

10.44 « C'est le seul exemple que nous offre le Nouveau Testament de l'effusion du Saint-Esprit avant le baptême. Dieu, dans la distribution de ses grâces, considère avant tout les dispositions de l'âme : il est libre pour le reste.

10.48 Qu'ils fussent baptisés au nom, etc. Voir Actes des Apôtres, 2, 38.

11.5 Joppé. Voir Actes des Apôtres, 9, 36.

11.16 Voir Matthieu 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 19, 4. ― L'effusion de l'Esprit-Saint dans les âmes est appelé par figure un baptême, évidemment supérieur au baptême d'eau de saint Jean Baptiste.

11.19 En Phénicie. Au premier siècle de notre ère, la Phénicie formait une province de la Syrie, longeant la Méditerranée entre le fleuve Eleuthère et le mont Carmel. ― Chypre, île de la Méditerranée entre la Cilicie et la Syrie. Parmi les villes de cette île, les Actes des Apôtres mentionnent Salamine et Paphos, 13, 5-6. ― à Antioche, capitale de la Syrie, sur l'Oronte, bâtie par Séleucus Nicanor et nommée par lui Antioche en l'honneur de son père Antiochus. Les Juifs hellénistes y étaient nombreux.

11.20 De Cyrène. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Aux Grecs, les juifs hellénistes parlant grec.

11.25 Pour Tarse. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.

11.27 Des prophètes, des fidèles qui avaient reçu le charisme ou don de prophétie (voir 1 Corinthiens, 12, 10).

11.28 Agabus, d'ailleurs inconnu, fit une autre prédiction plus tard pour annoncer l'emprisonnement de saint Paul, voir Actes des Apôtres, 21, 10. ― La famine qu'il annonça ici eut lieu vers l'an 44 et sévit cruellement en Judée, comme l'a raconté l'historient Josèphe, sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, qui gouverna l'empire depuis l'assassinat de Caligula en 41 jusqu'en 54 où il fut empoisonné par sa femme Agrippine.

11.30 Par les mains ; c'est-à-dire sous la conduite. Voir Actes des Apôtres, 5, 12. ― Aux anciens, aux chefs de l'église, qui étaient les évêques et les prêtres. Le texte grec porte presbyteroi, mot qui signifie tout à la fois anciens et vieillards, évêques et prêtres. Le nom des prêtres vient même de là par l'intermédiaire du latin presbyteri.

12.1 Cet Hérode était surnommé Agrippa. ― Le roi Hérode Agrippa Ier, fils d'Aristobule et de Bérénice, petit-fils d'Hérode le Grand et neveu d'Hérode Antipas, était né vers l'an 10 avant notre ère. Elevé à Rome, il y avait été mis en prison par Tibère, mais il fut mis en liberté à l'avènement de Caligula et obtint les tétrarchies de Philippe et de Lysanias avec le titre de roi. En l'an 41, Claude y ajouta la Judée et la Samarie, de sorte qu'Agrippa Ier fut ainsi aussi puissant qu'Hérode le Grand. Il affectait un grand zèle pour le judaïsme. Sa mort affreuse est racontée aux versets 21-23. Elle eut lieu l'an 44 ; il avait 54 ans et avait régné 7 ans.

12.2 Jacques le Majeur, fils de Zébédée, le premier des Apôtres qui subit le martyre. ― Il fit mourir par le glaive Jacques le Majeur. Sur le lieu traditionnel où fut décapité le saint apôtre s'élève une église qui lui est dédiée et qui appartient aux Arméniens non unis, dans la partie sud-ouest de Jérusalem, sur le mont Sion. Saint Jacques fut le premier Apôtre qui versa son sang pour Jésus-Christ, en l'an 44, onze ans après l'Ascension, aux environs de la Pâque juive, d'après le témoignage de Clément d'Alexandrie, conservé par Eusèbe.

12.3 Jours des azymes. Voir Matthieu 26, 17.

12.6 « On avait appliqué à Pierre la custodia militaris des Romains. Des quatre soldats de l'escouade, deux se trouvaient dans la cellule du prisonnier : l'un était libre, et Pierre était attaché à l'autre par deux chaînes, une à chaque main. Les deux autres soldats étaient postés, l'un à la porte de la cellule, l'autre à la porte extérieure de la prison (la porte de fer), mais au dedans : c'étaient la première et la deuxième garde (verset 10). Ces précautions montrent bien l'intention d'Agrippa de condamner à mort le chef de l'Église.

12.12 Jean Marc, parent de Barnabé, regardé communément comme le même que saint Marc l’Évangéliste, accompagna saint Paul et saint Barnabé dans quelques-unes de leurs missions (voir Actes des Apôtres, 13, vv. 5, 13 ; 15, vv. 37, 39) Il devint plus tard secrétaire de saint Pierre.

12.13 Rhodé. Ce nom signifie rose.

12.17 A Jacques le Mineur, fils d'Alphée, cousin de Notre Seigneur et premier évêque de Jérusalem.

12.19 A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.

12.21 L’historien juif Josèphe confirme en tous points le récit de saint Luc (Antiq. XIX, VII, 1-2).

12.25 Voir Actes des Apôtres, 11, 30.

13.1 Ici commence la troisième et dernière partie des Actes. Barnabé qui était sans doute à la tête de l'Église d'Antioche. ― Simon appelé Niger, personnage inconnu. ― Lucius de Cyrène est peut-être le même qui est nommé dans Romains, 16, 21. Manahen est inconnu. ― Hérode le tétrarque. Voir Matthieu 13.2 Saul, saint Paul.

13.3 C'est ainsi que commença la première mission de saint Paul, l'an 45 de notre ère.

13.4 Séleucie, ville de Syrie sur la Méditerranée. ― Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.

13.5 A Salamine. C'était une des villes principales de l'île de Chypre, sur la côte orientale, avec un bon port. Les Juifs y étaient nombreux. ― Dans les synagogues. Quand un Juif étranger assistait aux offices de la synagogue, le chef de la synagogue l'invitait à parler et saint Paul ne manqua jamais, dans toute sa carrière apostolique, de saisir cette occasion d'annoncer l'Évangile. Cf. Luc, 4, 16 et Actes des Apôtres, 13, 15.

13.6 Jusqu'à Paphos. Cette ville, port de mer, était à l'opposé de Salamine, sur la côte occidentale de l'île de Chypre. Elle servait alors de résidence au proconsul romain. L'ancienne Paphos, célèbre chez les anciens par le culte de Vénus, était au nord. ― Barjésu. Ce nom signifie fils de Jésus.

13.7 Sergius Paulus. Les Actes donnent à Sergius Paulus le titre de proconsul. On sait, en effet, que la Chypre, à raison de son importance et de son étendue, formait à elle seule une province dans l'empire, et l'on voit par plusieurs médailles qu'elle avait pour gouverneur un proconsul annuel, comme toutes les provinces dont le gouvernement dépendant du Sénat. L'éloge que saint Luc fait des lumières et de la sagesse de Sergius Paulus, et l'impression que l'Évangile produisit sur son esprit, donnent lieu de croire qu'il devint un des appuis du christianisme naissant. Le Martyrologe romain le nomme au 22 mars, avec le titre d'évêque de Narbonne ; et l'église de cette ville l'a toujours regardé comme son apôtre. D'après la tradition, saint Paul l'aurait établi sur ce siège, dans le voyage qu'il fit pour se rendre en Espagne. Narbonne est bien, en effet sur la voie qui conduisait de l'Italie dans la Bétique. L'itinéraire d'Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles Narbonne, les monts Pyrénées, Barcelone. ― Plusieurs pensent que c'est en souvenir de la conversion de Sergius Paulus, comme signe de l'estime et de l'affection dont il honorait son généreux disciple, que l'Apôtre aurait pris le nom de Paul, à la place de celui de Saul qu'il avait porté jusque là. Mais, si cette conjoncture a quelque vraisemblance, elle n'est pas nécessaire pour l'explication du fait. L'usage des doubles noms, ou des surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre qui avaient un nom significatif, le traduisaient dans l'une de ces langues, comme Céphas qui s'appela Pierre, Silas qu'on nomma Tertius ou Silvanus, etc. D'autres, renonçant tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur goût, comme Jean qui prit le nom de Marc, Jannès qui se nomma Alexandre, Onias qui s'appela Ménélaüs, Jésus qui prit celui de Juste. D'autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine. Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcime pour Eliacim, Hégésippe au lieu de Joseph, Dosithée au lieu de Dosithai, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé, Diocletianus pour Dioclès. C'est ce qu'aura fait probablement saint Paul. Au moment d'entrer dans l'empire et de se mettre en rapport avec les Romains, il aura latinisé son nom, en l'altérant le moins possible.

13.13 Pergé, capitale de la Pamphylie, sur la rivière Cestros, à 8 km de la Méditerranée. Dans le voisinage, sur une éminence, était un temple célèbre de Diane. ― La Pamphylie, province de l'Asie Mineure, est déjà mentionnée, voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Jean Marc. Voir Actes des Apôtres, 12, 12.

13.14 Antioche de Pisidie était une ville de Phrygie, mais on l'appelait de Pisidie, à cause de la proximité de cette province et afin de la distinguer d'Antioche de Syrie. Comme cette dernière, elle avait été bâtie par Séleucus Nicanor qui l'avait ainsi nommée en l'honneur de son père Antiochus. C'était une ville importante. Auguste en avait fait une colonie romaine.

13.15 Les chefs de la synagogue. Le premier archisynagogus (voir Marc, 5, 22) était assisté d'un conseil composé d'un nombre plus ou moins considérable de membres, selon l'importance des synagogues. On les appelait quelquefois Archisynagogi ou chefs de la synagogue. Ils avaient dans l'assemblée des sièges particuliers, près du coffre destiné à recevoir les Saintes Écritures.

13.17 Voir Exode, 1, 1 ; 13, 21-22.

13.18 Voir Exode, 16, 3.

13.19 Voir Josué, 14, 2.

13.20 Voir Juges, 3, 9.

13.21 Voir 1 Samuel, 8, 5 ; 9, 16 ; 10, 1.

13.22 Voir 1 Samuel, 13, 14 ; 16, 13 ; Psaumes, 88, 21.

13.23 Voir Isaïe, 11, 1.

13.24 Voir Matthieu 3, 1 ; Marc, 1, 4 ; Luc, 3, 3.

13.25 Voir Matthieu 3, 11 ; Marc, 1, 7 ; Jean, 1, 27. ― La sandale. Voir Marc, 6, 9.

13.26 Cette parole de salut ; c'est-à-dire du salut dont Jésus-Christ est l'auteur. Comparer au verset 23. Dans Actes des Apôtres, 5, 20, on a pu remarquer une construction de phrase tout à fait semblable.

13.28 Voir Matthieu 27, vv. 20, 23 ; Marc, 15, 13 ; Luc, 23, vv. 21, 23 ; Jean, 19, 15.

13.30 Voir Matthieu 28 ; Marc, 16 ; Luc, 24 ; Jean, 20.

13.33 Voir Psaume, 2, 7.

13.34 Voir Isaïe, 55, 3.

13.35 Voir Psaume, 15, 10. ― Voie la corruption. Cf. Actes des Apôtres, 2, 27.

13.36 Voir 1 Rois, 2, 10.

13.41 Voir Habacuc, 1, 5.

13.43 De prosélytes, païens convertis au judaïsme.

13.45 De jalousie : les Juifs s'imaginaient qu'eux seuls avaient droit au salut rapporté par le Messie.

13.47 Voir Isaïe, 49, 6.

13.48 ceux qui étaient destinés. Voir sur ce mot, Actes des Apôtres, 10, 41.

13.51 Voir Matthieu 10, 14 ; Marc, 6, 11 ; Luc, 9, 5. ― Iconium, aujourd'hui Konyéh, ville importante de l'Asie Mineure, chef-lieu de la province de Lycaonie, dans une plaine fertile, au pied du mont Taurus, sur la grande ligne de communication entre Éphèse et les villes de Tarse et d'Antioche de Pisidie. Elle était avantageusement placée pour servir de centre aux missions de saint Paul dans ces parages ; aussi l'y reverrons-nous encore.

14.2 Contre leurs frères ; c'est-à-dire contre les nouveaux convertis, tant du paganisme que du judaïsme.

14.3 Voir Actes des Apôtres, 5, 12.

14.6 Lystre, au sud d'Iconium, au nord du mont Taurus. Le disciple de saint Paul, Timothée, était probablement originaire de Lystre. ― Derbé, au sud-est d'Iconium, à l'est de Lystre, située probablement près du passage appelé les portes de Cilicie. Ces deux villes, comme Iconium, faisaient partie de la province de Lycaonie, en Asie Mineure, bornée à l'est par la Cappadoce, au nord par la Galatie, à l'ouest par la Phrygie, et séparée au sud de la Cilicie par la chaîne du Taurus.

14.10 En lycaonien, dialecte qu'on a supposé être le cappadocien, mais dont le vrai caractère est inconnu.

14.11 Jupiter, le maître des dieux de l'Olympe, était souvent accompagné d'après les fables grecques, de Mercure, le dieu de l'éloquence, qui parlait pour le roi des dieux. Saint Paul étant l'orateur est pris pour Mercure.

14.12 Le prêtre, qui desservait le temple de Jupiter situé dans le voisinage de la ville. ― Avec des taureaux et des couronnes. Les païens avaient coutume d'orner de couronnes les victimes qu'ils offraient aux dieux.

14.14 Voir Genèse, 1, 1 ; Psaumes, 145, 6 ; Apocalypse, 14, 7.

14.18 D'Antioche de Pisidie. Voir Actes des Apôtres, 13, 14.

14.23 La Pisidie, province de l'Asie Mineure, bornée à l'est par la Lycaonie et la Cilicie, au sud par la Pamphylie, à l'ouest et au nord par la Phrygie. Les Apôtres se dirigeant vers le sud, arrivent en Pamphylie, sur laquelle on peut voir Actes des Apôtres, 2, 10.

14.24 A Pergé, capitale de la Pamphylie. Voir Actes des Apôtres, 13, 13. ― Attalie, ville et port de mer du sud-ouest de la Pamphylie, à l'embouchure du Catarrachtès. Elle portait le nom d'Attalie, parque qu'elle avait été fondée par Attale II Philadelphe, roi de Pergame (159-138 avant Jésus-Christ).

14.25 Voir Actes des Apôtres, 13, 1. ― Pour Antioche de Syrie. Ici se termine par le retour au point de départ le premier grand voyage apostolique de saint Paul. Il avait duré cinq ans, de l'an 45 à l'an 50.

15.1 Voir Galates, 5, 2. ― Les faits racontés dans ce chapitre se passèrent en l'an 51.

15.3 Accompagnés par l'Église ; c'est-à-dire que l'Église les fit accompagner par quelques fidèles. ― La Phénicie. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.

15.4 Les anciens, titre de dignité, les prêtres.

15.5 Qu'ils fussent circoncis ; c'est-à-dire que les païens fussent circoncis quand ils se convertissaient.

15.7 Voir Actes des Apôtres, 10, 20.

15.8 Voir Actes des Apôtres, 10, 45.

15.13 Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, cousin de Notre Seigneur.

15.14 Un peuple qui portât son nom ; c'est-à-dire pour lui ; un peuple qui lui appartenait d'une manière toute particulière. Nous avons déjà fait remarquer que dans l'Écriture le nom se prend souvent pour la personne même. Cela a lieu surtout quand il s'agit de Dieu.

15.16 Voir Amos, 9, 11.

15.20 Les souillures des idoles signifient ici les viandes immolées aux idoles, divinités impures et abominables.

15.22 Aux anciens, aux prêtres. ― Jude… Barsabas n'est nommé que dans ce chapitre. ― Silas, qui apparaît ici pour la première fois, devint un des compagnons de saint Paul, qu'il suivit dans sa mission en Macédoine (voir Actes des Apôtres, 15, 40 ; 17, 4). Il demeura à Bérée quand saint Paul quitta cette ville, mais il rejoignit ensuite l'Apôtre à Corinthe où il continua probablement quelque temps à prêcher l'Évangile. Silas n'est qu'une contraction de Silvanus et c'est sous ce dernier nom que saint Paul le mentionne dans ses lettres. Le Silvanus par lequel saint Pierre envoya sa première lettre aux Églises de l'Asie Mineure est probablement le même.

15.23En Syrie. Voir Matthieu 4, 24. ― En Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 5, 9.

15.29 Il était d'autant plus nécessaire de défendre expressément aux païens la fornication, qu'elle passait généralement chez eux pour une chose permise. Quant au sang et à la chair des animaux étouffés, cette défense avait été faite aux hommes aussitôt après le déluge. Saint Jacques est d'avis qu'on la maintienne, soit pour inspirer de plus en plus aux païens convertis l'horreur du meurtre et du sang ; soit afin que les Juifs eussent moins d'aversion pour les païens qui embrassaient le christianisme, en les voyant d'accord avec eux sur un point qu'ils regardaient comme un des plus importants. Toutefois cette défense n'était que temporaire.

15.32 Tous ceux qui avaient le don d'interpréter les Écritures et de parler des choses de Dieu étaient appelé prophètes, aussi bien que ceux qui étaient inspirés pour prédire l'avenir.

15.36 Visiter. Dieu inspira ensuite à Paul un autre dessein (voir Actes des Apôtres, 16, 6-9).

15.37 Jean… Marc. Voir Actes des Apôtres, 12, 12.

15.38 En Pamphylie. Voir Actes des Apôtres, 13,13.

15.39 Pour Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.

15.40 C'est le commencement du second voyage apostolique de saint Paul, en l'an 51.

15.41 La Syrie. Voir Matthieu 4, 24. ― La Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 5, 9.

16.1 Derbé, Lystre. Voir Actes des Apôtres, 14, 6. ― Timothée. Voir l'introduction aux lettres pastorales.

16.2 Iconium. Voir Actes des Apôtres, 13, 51.

16.3 Saint Paul a pu circoncire Timothée, parce que les Apôtres n'avaient pas défini que la circoncision était illicite ; ils s'étaient bornés, comme on le voit dans le chapitre précédent, à déclarer qu'elle n'était plus nécessaire.

16.4 Les anciens, les prêtres.

16.6 La Phrygie. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― La Galatie. Voir Actes des Apôtres, 18, 23. ― Dans l'Asie proconsulaire qui comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale, c'est-à-dire, outre la Phrygie, la Mysie, la Lydie et la Carie.

16.7 En Mysie, province de l'Asie Mineure, faisant partie de l'Asie proconsulaire, entourée à l'est et en partie au nord par la mer Égée, entre la Propontide ou mer de Marmara et la Lydie, avait pour villes principales Pergame, Troas et Assos. ― En Bythinie, autre province de l'Asie Mineure bornée au nord par le Pont Euxin à l'ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par la Phrygie et la Galatie à l'est par la Paphlagonie.

16.8 Troas, ville et port de mer près de l'Hellespont, entre les promontoires de Lectum et de Sigée, au sud de l'ancienne Troie, regardée par quelques-uns comme appartenant à la Mysie inférieure. Fondée par le roi Antigone, elle avait porté d'abord le nom d'Antigonia Troas ; plus tard Lysimaque l'appela Alexandria Troas en l'honneur d'Alexandre le Grand. Elle était très florissante à l'époque romaine et Auguste en fit une colonie avec tous les privilèges attachés à ce titre. L'étendue de ses ruines atteste quelle fut son importance. Elle la devait à sa situation sur la route qui menait en Macédoine de diverses parties de l'Asie Mineure. Saint Paul arriva à Troas en l'an 52.

16.9 Macédoine, pays situé au nord de la Grèce proprement dite et borné à l'est par la Thrace, au nord par la Moesie, à l'ouest par l'Illyrie et au sud par l'Epire et la Thessalie. Ses limites ont d'ailleurs varié à diverses époques. La Macédoine fut conquise par les Romains au temps de Persée, 167 avant Jésus-Christ, et divisée peu après en quatre districts qui avaient pour chefs-lieux Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pelagonia. En 142 avant Jésus-Christ, elle devint une province proconsulaire, unique jusqu'au règne de Tibère. Sous Claude, toute la Grèce fut partagée en deux provinces sous le nom d'Achaïe et de MacédoineÉphésiens. Les villes macédoniennes mentionnées dans les Actes sont Néapolis, Philippes, Apollonie, Bérée, Thessalonique, Amphipolis, Apollonie. La mission de saint Paul en Macédoine eut lieu en l'an 52.

16.11 Samothrace, île de la mer Égée, au nord de Lemnos, au sud de la côte de la Thrace, appelée d'abord Dardanie et plus tard Samothrace, parce qu'elle fut occupée successivement par les Thraces et pas les Samiens. Elle était célèbre par les mystères de Cérès et de Proserpine qu'on y célébrait. ― Néapolis, ville et port de mer sur la mer Égée, avait appartenu d'abord à la Thrace, mais fut incorporée à la Macédoine par Vespasien.

16.12 Philippes, ville de Macédoine, dans la première région de cette province, d'après la division romaine, sur la mer Égée entre le Strymon et le Nestus, sur la frontière de Thrace, à trente-trois milles romains au nord d'Amphipolis, à dix milles de Néapolis où saint Paul avait débarqué. Auguste en avait fait une colonie. Elle tirait son nom de Philippe Ier, roi de Macédoine.

16.14 Lydie, était probablement une personne riche et ne résidait que temporairement à Philippes. ― Thyatire, sa patrie, célèbre par ses étoffes de pourpre, était une ville de Lydie, en Asie Mineure, colonisée par les Macédoniens, entre Sardes et Pergame, sur la rivière du Lycus.

16.16 Un esprit Python ; un esprit de magie.

16.19 Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.

16.21 Nous, Romains, parce que Philippes était une colonie romaine.

16.22 Voir 2 Corinthiens, 11, 25 ; Philippiens, 1, 13 ; 1 Thessaloniciens, 2, 2. ― fouettés avec des bâtons. Voir Matthieu 21, 35.

16.24 Des ceps sont deux ais de bois qui se réunissent, et qui sont percés à diverses distances, dans les trous desquels on mettait les pieds des prisonniers à plus ou moins de distance ; les prisonniers demeuraient ainsi couchés sur le dos, ayant les pieds serrés et les jambes étendues, d'une manière fort gênante.

16.37 Sans jugement, nous qui sommes Romains. La loi romaine protégeait avec beaucoup de soin les citoyens romains. «Beaucoup, dit Cicéron, peuvent être absous après qu'on a entendu leur cause ; personne ne peut être condamné sans avoir été entendu. C'est un crime d'enchaîner et de frapper un citoyen romain.»

17.1 Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l'entourait, colonie athénienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. ― Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mydonie, dédiée à Apollon, d'où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente milles romains de la première et à trente-six milles de la seconde. ― Thessalonique, métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Thermaïque, ville très peuplée et très florissante au temps de saint Paul. Elle tirait son nom de Thessalonica, sœur d'Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l'avait bâtie.

17.4 Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.

17.5 Jason était probablement le parent de saint Paul mentionné dans Romains, 16, 21.

17.10 Bérée, ville de la troisième subdivision de la Macédoine, non loin de Pella, au pied du mont Bermius. Sosipatre, qui fut un des compagnons de saint Paul, était de Bérée, s'il est le même que Sopater d'Actes des Apôtres, 20, 4, comme cela est probable.

17.15 Athènes, la célèbre ville de l'Attique, faisait partie du temps de saint Paul de la province romain d'Achaïe ; mais c'était une ville libre, jouissant à ce titre de beaucoup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures. Il y avait à Athènes quatre collines, dont trois, au nord, formaient une espèce de demi-cercle : l'Acropole, à l'est, rocher d'environ 45 mètres de hauteur ; à l'ouest, l'Aréopage ou colline de Mars (Arès), moins élevé que l'Acropole, et ensuite le Pnyx où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum, était au sud. L'agora ou place publique (verset 17) qui servait de lieu de réunion et de marché était dans la vallée entre les quatre éminences. Saint Paul fut pris de l'agora pour être conduit sur la colline de l'Aréopage (verset 19) où le grand tribunal auquel la colline donnait son nom tenait ses séances. Saint Paul est conduit sur la colline de l'Aréopage (non devant le tribunal pour y être jugé) afin d'exposer sa doctrine devant la multitude. Ces faits se passaient en l'an 53.

17.17 Prosélytes. Voir Actes des Apôtres, 2, 11.

17.18 Des divinités étrangères. Les Grecs entendaient des dieux à leur manière. ― Quelques philosophes épicuriens et stoïciens. Les Épicuriens (disciples d'Épicure, né à Samos (341-270 avant Jésus-Christ), mais d'origine athénienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s'occupaient pas des hommes. Leur doctrine était donc en opposition complète avec l'Évangile. Les Stoïciens, ainsi appelés du portique (stoa en grec) où leur fondateur Zénon (IVe siècle avant Jésus-Christ) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation et le mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l'orgueil et était ainsi en contradiction avec le christianisme.

17.23 Pausanias, dans sa description d'Athènes, dit que l'autel au Dieu inconnu était près de Phalère où peut-être saint Paul avait débarqué.

17.24 Voir Genèse, 1, 1 ; Actes des Apôtres, 7, 48. ― La divinité n'est pas renfermée dans les temples, comme en ayant besoin pour sa demeure, ou pour d'autres usages, ainsi que les païens le croyaient. Mais, comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs.

17.28 Quelques-uns de vos poètes, Aratus, poète cilicien, compatriote de saint Paul, et Cléante, disciple de Zénon. Ces deux poètes vivaient au troisième siècle avant Jésus-Christ.

17.34 Denys l'aréopagite, c'est-à-dire juge au tribunal de l'Aréopage. ― Damaris. La mention qui est faite ici d'elle prouve qu'elle était de haut rang. On a supposé sans preuve que c'était la femme de Denys l'Aréopagite.

18.1 A Corinthe, ville capitale de l'Achaïe propre, dans l'isthme du Péloponnèse, entre la mer Ionienne et la mer Égée. Voir l'introduction aux lettres aux Corinthiens. Le voyage de saint Paul à Corinthe eut lieu l'an 53 de notre ère. Il y séjourna pendant une partie de l'an 54 jusque vers la fête de Pâques.Éphésiens

18.2 Aquila, d'origine juive, né en Asie Mineure, dans le Pont (voir Actes des Apôtres, 2, 9), avait vécu à Rome avec sa femme Priscille jusqu'en l'an 50 ou 51 où l'empereur Claude (voir Actes des Apôtres, 11, 28) bannit tous les juifs de sa capitale, à cause des troubles qu'ils y avaient excités et qui paraissaient avoir eu pour cause la division que la prédication du christianisme amena contre les Juifs qui refusèrent de se convertir et ceux qui se convertirent. Priscille paraît avoir été une femme remarquable et avoir joué avec Aquila un rôle assez important dans les temps apostoliques. Elle s'était retirée avec son mari à Corinthe et c'est là qu'ils rencontrèrent saint Paul. On ignore s'ils étaient déjà chrétiens ou si ce fut l'Apôtre qui leur fit embrasser la religion nouvelle. Ils accompagnèrent plus tard saint Paul à Éphèse et quand le décret de bannissement de Claude fut tombé en désuétude, ils retournèrent à Rome. La tradition nous apprend qu'ils moururent l'un et l'autre martyrs. ― Priscille est le diminutif de Prisca ou Prisque et cette femme est nommée indifféremment sous l'une ou l'autre forme, conformément à un usage commun chez les Latins.Éphésiens

18.3 faiseurs de tentes. En Orient, pour faire des voyages un peu considérables, il fallait emporter avec soi des tentes afin de s'y abriter. Saint Paul et Aquila fabriquaient de ces petites tentes. Ce métier était très commun en Cilicie, patrie de saint Paul ; on y faisait des tentes en grand nombre avec du poil de chèvre et ce tissu avait pris le nom de cilicium, du pays d'où il venait, saint Paul avait dû apprendre ce métier pendant qu'il faisait ses études, selon la coutume juive d'enseigner à chacun les moyens de gagner sa vie en cas de besoin.

18.5 Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22. ― Timothée. Voir Actes des Apôtres, 16, 1. ― De Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.

18.8 Voir 1 Corinthiens, 1, 14. ― Crispus, chef de la synagogue. Sur le chef de la synagogue, voir Marc, 5, 22. Crispe ou Crispus fut baptisé par saint Paul, voir 1 Corinthiens, 1, 14.

18.12 Gallion. « Le proconsul au tribunal duquel on traîne l'Apôtre est Gallion († 65), frère de Sénèque le philosophe et oncle du poète Lucain. Non moins versé dans la littérature que dans l'administration, ce magistrat, d'origine obscure, avait pris le nom d'un Romain opulent, Junius Gallio, qui l'avait adopté ; et la faveur de son frère lui avait valu le proconsulat d'Achaïe. Sénèque lui dédia son traité De la Colère, en lui rendant ce témoignage, confirmé par Stace et non contredit par saint Luc, qu'il était le plus patient et le plus pacifique des hommes : Dulcis Gallio. Il eut besoin plus tard de sa patience et de sa philosophie pour supporter la disgrâce de son frère, et la sienne qui suivit de près. Saint Paul était à Corinthe depuis dix-huit mois, lorsqu'il comparut devant ce proconsul. ― Proconsul d'Achaïe. L'Achaïe, dans le sens restreint, désignait la partie maritime septentrionale du Péloponnèse. Dans son sens plus étendu, celui qu'il a ici et dans tout le Nouveau Testament, l'Achaïe est la province romaine qui depuis l'an 146 avant Jésus-Christ comprenait toute la Grèce, à l'exception de la Thessalie, qui faisait partie de la province de Macédoine.

18.17 Sosthène avait peut-être remplacé Crispus comme chef de la synagogue de Corinthe après la conversion de ce dernier. Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, 1, 1, nomme un Sosthène parmi ses collaborateurs. On ignore si c'est celui dont il est question ici. Ce nom était assez commun chez les Grecs.

18.18 Voir Nombres, 6, 18 ; Actes des Apôtres, 21, 24. ― Pour la Syrie. Voir Matthieu 4, 24. ― s'être fait raser la tête… en vertu d'un vœu, pour remercier sans doute le Seigneur du succès de sa mission apostolique. Josèphe dit que c’était de son temps une pieuse coutume parmi les Juifs de recourir à la protection divine en s'engageant à offrir un sacrifice dans le temple de Jérusalem et, trente jours auparavant, à se couper les cheveux et à s'abstenir de vin. ― A Cenchrée, un des ports de Corinthe, du côté de l'Asie, sur le golfe Salonique.Éphésiens

18.19 Éphèse, ville libre de l'empire bâtie sur les bords du Caïstre, entre Milet et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte de sa grande déesse, était la métropole de l'Asie proconsulaire. Au-dessous du proconsul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistrat, nommé Scribe, ou intendant de la cité. Des dignitaires nommés Asiarques, veillaient aux fêtes religieuses et aux représentations scéniques. Les Éphésiens passionnés pour l'honneur de la déesse ne l'étaient pas moins pour le plaisir et la magie, et il était difficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition. ― Le premier séjour de saint Paul, en cette ville, au retour de sa seconde mission, fut de courte durée ; mais l'Apôtre revint bientôt et y séjourna deux ans et quelques mois (55-58), c'est-à-dire plus longtemps qu'en aucun endroit, excepté Rome. Malgré l'opposition des Juifs, qui s'y étaient établis en grand nombre, ses travaux produisirent des fruits abondants qui s'étendirent à toute la province d'Asie. Il écrivit de là sa première lettre aux Corinthiens. Obligé de s'éloigner de l'Église qu'il avait fondée, il lui donna pour évêque Timothée, son disciple ; ce qui n'empêcha pas saint Jean de s'établir aussi à Éphèse après la mort de la sainte Vierge et d'exercer longtemps sur toute la contrée le pouvoir exceptionnel que lui donnait sa qualité d'apôtre. ― Le tableau si vif et si frappant que l'auteur des Actes trace de la sédition à laquelle saint Paul crut devoir céder aussi bien que de son séjour à Athènes, semble ne pouvoir venir que d'un témoin oculaire. Néanmoins il est remarquable qu'il y parle toujours à la troisième personne. Il ne recommence à se mêler au récit qu'après le passage de l'Apôtre en Grèce, à son retour par la Macédoine.

18.22 Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30. ― Il monta à Jérusalem. Ce voyage de saint Paul à Jérusalem était le quatrième qu'il faisait dans cette ville depuis sa conversion. ― Il descendit de Jérusalem à Antioche de Syrie et là se termina le second voyage apostolique de saint Paul, qui avait duré trois ans, de 51 à 54.

18.23 C'est le commencement de la troisième mission de saint Paul, entreprise avec Timothée et Eraste, en 54. ― Galatie, province du centre de l'Asie Mineure. Elle tirait son nom des Gaulois qui, après avoir quitté leur patrie, s'étaient rendus en Thrace et de là au IIIe siècle avant notre ère en Asie Mineure. En 188 avant Jésus-Christ, ils furent soumis par les Romains, mais eurent néanmoins des rois propres jusqu'en 26 avant Jésus-Christ, où leur pays fut réduit en province romaine. ― La Phrygie. Voir Actes des Apôtres, 2, 10.

18.24 Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.

18.27 il fut d'un grand secours, etc., par la lumière et la grâce dont il était rempli.

19.4 Voir Matthieu 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 11, 16.

19.6 Imposé les mains : rite de la confirmation. ― Parler diverses langues, etc., voir 1 Corinthiens, 14, 2.

19.9 Tyrannus. Ce personnage est inconnu. D'après les uns, c'était un Juif, qui enseignait dans une de ces écoles qu'on annexait quelquefois aux synagogues ; d'après les autres, c'était un philosophe païen qui était à la tête d'une école profane.

19.10 En Asie, dans la partie de l'Asie Mineure dont les Romains avaient fait sous ce nom une province proconsulaire. Durant deux ans : Pendant ce séjour de deux ans à Éphèse, Paul écrivit plusieurs lettres : celle aux Galates, la première aux Corinthiens, etc. ― Tous ceux : hyperbole. ― L'Asie proconsulaire.

19.11 Par les mains de Paul. Voir Actes des Apôtres, 5, 12.

19.12 Des mouchoirs. Voir Luc, 19, 20.

19.13. exorcistes Juifs, Juifs vagabonds, qui faisaient profession de chasser les démons.

19.14 Scéva était prince des prêtres, c'est-à-dire probablement chef d'une des vingt-quatre familles sacerdotales. Il n'est pas dit qu'il résidât lui-même à Éphèse.Éphésiens

19.19 pratiques superstitieuses. La magie était en si grand honneur à Éphèse, que les formules magiques qu'on portait en Orient comme amulettes s'appelaient lettres éphésiennes. ― Leurs livres, qui traitaient de la magie et en renfermaient les formules. ― Cinquante mille pièces d'argent, une pièce d’argent représenterait le salaire d’une journée d’ouvrier.

19.21 La Macédoine et l'Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 16, 9 et 18, 12. ― Rome, la capitale de l'empire, avait déjà des chrétiens assez nombreux dans son sein.

19.22 Timothée. Voir Actes des Apôtres, 16, 1. ― Éraste est probablement le même qui est nommé dans la seconde lettre à Timothée (4, 20), mais il n'est pas possible de savoir si c'est celui qui est qualifié de trésorier de Corinthe dans la lettre aux Romains, 16, 23.

19.24 Démétrius faisait fabriquer de petits édicules qui représentaient le célèbre temple de Diane d'Éphèse, considéré par les anciens comme l'une des merveilles du monde. ― La Diane d'Éphèse différait de la Diane grecque. Elle se rapprochait de l'Astarté syrienne et par conséquent de Vénus.

19.26 Presque toute l'Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.

19.28 Grande était le titre spécial de la Diane des Éphésiens.

19.29 Gaïus, inconnu, différent du Gaïus des Actes des Apôtres, 20, 4. ― Aristarque était de Thessalonique. Il était avec saint Paul à Rome (voir Actes des Apôtres, 27, 2) et il est mentionné comme collaborateur de l'Apôtre et prisonnier avec lui, voir Colossiens, 4, 10 et Philémon, 1, 24. D'après la tradition, il devint évêque d'Apamée.

19.31 Les Asiarques étaient les pontifes païens de l'Asie ; on les choisissait parmi les plus riches et les plus considérables de la province.

19.35 Le secrétaire de la ville était un fonctionnaire public chargé de la rédaction et de la garde des actes administratifs.

19.37 Ni des blasphémateurs de votre déesse : Paul et les siens avaient évité, par prudence, toute attaque directe contre le culte de Diane ; la simple exposition de la doctrine évangélique suffisait à leur cause.

20.1 En se retirant, Paul ne cède pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité personnelle, mais il agit très sagement ; il évite par là que Démétrius et les ouvriers ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C'est ainsi qu'en a usé plus tard saint Athanase dans ses démêlés avec les Ariens. ― En macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 8.

20.2 En Grèce, par opposition à la Macédoine. La Grèce signifie ici la même chose qu'Achaïe dans le reste des Actes. Voir Actes des Apôtres, 18, 12.

20.3 En Syrie. Voir Matthieu 4, 24.

20.4 Sopater, probablement le même que Sosipatre, parent de saint Paul, voir Romains, 16, 21. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29. ― Second. Ce personnage, qui porte un nom latin, est inconnu, de même que Gaïus de Derbé.Timothée. Voir l'introduction aux lettres pastorales. ― Tychique, peut-être originaire d'Éphèse, fut probablement le même qui porta les lettres de saint Paul aux églises d'Éphèse et de Colosses (voir Éphésiens, 6, 21 ; Colossiens, 4, 7). On croît qu'il accompagna Titus et Trophime dans la mission de Corinthe mentionnée dans 2 Corinthiens, 8, 16-24. ― Trophime. « Ce Trophime est l'évêque que l'Église d'Arles honore comme son apôtre. Il était d'Éphèse et Païen d'origine. Après avoir suivi saint Paul à Jérusalem, il paraît l'avoir rejoint à Rome, puis accompagné dans ses dernières missions. La seconde lettre à Timothée nous le montre retenu à Milet par la maladie, durant la dernière captivité de l'Apôtre ; mais, d'après la tradition, il n'aurait guère tardé à repasser, comme saint Crescent, de l'Orient dans les Gaules. S'étant fixé à Arles, il prêcha l'Évangile avec zèle, et cultiva avec tant de soin le champ qui lui avait été assigné, que de là, comme d'une source abondante, les ruisseaux de la foi se répandirent dans la France entière. » Ces paroles du Martyrologe romain [Livre liturgique contenant la liste officielle des saints dont la mémoire est célébrée chaque jour dans l'Église romaine], 29 décembre, empruntées de la première lettre de saint Zozime (417), indiquent l'existence d'une tradition, attestée quelques années plus tard (450), plus d'un siècle avant saint Grégoire de Tours, par tous les évêques de la province de Vienne.

20.5 A Troas. Voir Actes des Apôtres, 16, 8.

20.6 Après les jours des azymes. Voir Matthieu 26, 17. ― A Philippes. Voir Actes des Apôtres, 16, 12.

20.7 Le premier jour de la semaine, le dimanche.

20.8 voir Marc, 2, 4.

20.9 Eutyque. Ce nom signifie fortuné.

20.13 Assos, port de mer de Mysie, vis-à-vis et au nord de l'île de Lesbos, à neuf milles romains de la ville de Troas.

20.14 Mitylène, capitale de Lesbos, au sud de l'île, dans la mer Égée, aujourd'hui Metelin, autrefois célèbre par sa beauté, sa richesse et la culture littéraire de ses habitants.

20.15 Devant Chio, île de la mer Égée, entre Lesbos et Samos, près de la Lydie. ― A Samos, île de la mer Égée, non loin du continent et d'Éphèse. ― A Milet, au sud d'Éphèse, ancienne capitale de l'Ionie, près de l'embouchure du Méandre, aujourd'hui complètement ruinée. Elle avait quatre ports et fonda un grand nombre de colonies.

20.16 En Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.

20.17 Les anciens de l'Église. Ce nom est commun aux prêtres et aux évêques (verset 28). Il désignait en général les chefs d'une communauté, chargés de l'instruire, de la diriger, d'administrer les sacrements, etc. sans désignation de rang ou d'ordre hiérarchique. Saint Irénée pense que l'Apôtre fit venir non seulement l'évêque d'Éphèse et les prêtres de cette Église, mais aussi ceux des Églises voisines.

20.25 Saint Paul pensait qu'il ne reviendrait plus à Milet ; mais on voit dans ses lettres qu'il forma depuis le dessein de retourner en Asie ; et il paraît qu'en effet il y retourna.

20.30 Des hommes : saint Paul a en vue les gnostiques.

20.34 Voir 1 Corinthiens, 4, 12 ; 1 Thessaloniciens, 2, 9 ; 2 Thessaloniciens, 3, 8. ― Ces mains ont pourvu en fabriquant des tentes. Voir Actes des Apôtres, 18, 2.

20.35 plus de bonheur à donner qu'à recevoir. Ces paroles ne se trouvent pas dans l'Évangile ; saint Paul les avait apprises par la tradition des autres Apôtres.

21.1 Cos, petite île de la mer Égée, vis-à-vis de Gnide et d'Halicarnasse, très fertile et riche en vins et en blé. ― Rhodes. Cette île, l'une des Cyclades, en face de la Carie et de la Lycie, était très fertile et très commerçante. Le climat en est très doux. ― A Patare, ville maritime de Lycie, à l'embouchure du Xanthe, célèbre par un oracle d'Apollon.

21.2 En Phénicie. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.

21.3 En vue de Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19. ― Vers la Syrie. Voir Matthieu 4, 24. ― A Tyr. Voir Marc, 3, 8.

21.7 A Ptolémaïs, depuis saint Jean d'Acre, port de la Méditerranée, au sud de Tyr, ville de Phénicie.

21.8 Voir Actes des Apôtres, 6, 5 ; 8, 5. ― Des sept diacres. Ce Philippe est nommé évangéliste, parce qu'il a été le premier à prêcher l'Évangile dans la Samarie. C'est dans ce sens que saint Paul recommande à son disciple Timothée (voir 2 Timothée, 4, 5) de remplir la charge d'évangéliste. ― A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.

21.10 Agabus. Voir Actes des Apôtres, 11, 28.

21.11 Se lia les pieds et les mains : imitant les anciens prophètes par cette action symbolique.

21.16 Mnason porte un nom grec et était probablement un Juif helléniste.

21.17 A notre arrivée à Jérusalem, en 58. Le troisième voyage apostolique de saint Paul avait duré de 54 à 58.

21.18 Tous les anciens, tous les prêtres. ― Chez Jacques le Mineur, frère de saint Jean l'Évangéliste, évêque de Jérusalem. Pierre et les autres Apôtres étaient alors éloignés de cette ville.

21.20 Combien de milliers, etc. Un grand nombre de judéo-chrétiens étaient venus à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte. ― Zélés pour la Loi. Il y avait un grand danger dans cette communauté de pratiques religieuses qui unissait les judéo-chrétiens à la masse des Juifs restés incrédules. La ruine de Jérusalem et du Temple fit cesser cet état de chose.

21.23 Par un vœu ; celui des Nazaréens.

21.24 Voir Nombres, 6, 18 ; Actes des Apôtres, 18, 18.

21.25 Voir Actes des Apôtres, 15, vv. 20, 29.

21.28 Contre ce lieu ; ce lieu saint ; c'est le temple même. ― Il était défendu sous peine de mort aux païens de franchir les barrières qui séparaient dans le temple le parvis des païens de celui des Israélites. Voir Matthieu 21, 12.

21.29 Trophime d'Éphèse. Voir Actes des Apôtres, 20, 4.

21.30 Les portes du temple qui donnaient accès dans les parvis. ― Hors du temple, afin qu'il ne fût pas souillé par l'effusion du sang.

21.31 Au tribun de la cohorte. Voir Matthieu 27, 27.

21.32 Des centurions. Voir Matthieu 8, 5.

21.33 De deux chaines ; c'est-à-dire une à chaque main. Cf. Actes des Apôtres, 12, 6-7.

21.35 Sur les marches de l'escalier très élevé qui mettait le temple en communication avec la tour Antonia.

21.38 Sicaires ; assassins alors répandus dans la Judée, et ainsi nommés, parce qu'ils portaient sous leurs habits un petit poignard, en latin sica. Josèphe donne trente mille hommes à cet Égyptien ; mais rien n'empêche que ce nombre n'ait été d'abord que de quatre mille. Puis Josèphe ne dit pas que tous ces trente mille brigands fussent sicaires. Ajoutons qu'il ne s'accorde guère avec lui-même au sujet de cet événement.

21.40 En langue hébraïque ; c'est-à-dire dans le dialecte araméen ou syro-chaldaïque que parlaient alors les Hébreux.

22.3 Gamaliel. Voir Actes des Apôtres, 5, 34. ― Dans cette ville, Jérusalem, la métropole du judaïsme. ― Aux pieds : les disciples se tenaient assis sur d'humbles sièges, ou même par terre, tandis que le rabbi enseignait du haut de la chaire. ― De Gamaliel, le chef célèbre de l'école orthodoxe du pharisaïsme.

22.4 Voir Actes des Apôtres, 8, 3.

22.5 Voir Actes des Apôtres, 9, 2.

22.6 Comme j'étais en chemin : ce récit s'accorde, dans les choses essentielles, avec celui de saint Luc, (voir Actes des Apôtre, 9, verset 3 et suivants) ; cf. Actes Apôtres, 26, verset 12 et suivants.

22.9 Mais ils n'entendirent, etc. Dans le sens de « ils ne comprirent pas ». Voir Actes des Apôtres, 9, 7. Ils entendirent des sons mais sans comprendre ce qui était dit.

22.14 prédestiné. Voir sur ce mot, Actes des Apôtres, 10, 41. ― Le Juste par excellence, expression consacrée dans l'Ancien Testament pour désigner le Messie.

22.19 Voir Actes des Apôtres, 8, 3.

22.20 Voir Actes des Apôtres, 7, 57.

22.23 lançant de la poussière en l'air : soit en signe d'indignation et de douleur, soit pour exprimer le désir qu'ils avaient de lapider Paul.

22.25 ; 22.26 Le centurion. Voir Matthieu 8, 5.

22.28 Saint Paul ne tenait pas sa qualité de citoyen romain du lieu de sa naissance, mais de ses parents. Sans être natifs d'une ville municipale, les Juifs pouvaient jouir du titre de citoyen et même de chevalier romain ; témoin l'historien Falvius Josèphe.

22.30 Tout le Sanhédrin. Voir Matthieu 26, 59.

23.2 Ananie, fils de Nébédée, avait reçu le souverain pontificat d'Hérode, roi de Chalcis, l'an 48 de notre ère, à la place de Joseph, fils de Camithas. Le procurateur romain Cumanus l'envoya à Rome en 52 pour répondre aux accusations portées contre lui par les Samaritains. Ananie fut acquitté et conserva sa dignité jusqu'en 59 où il dut la céder à Ismaël, fils de Phabi. Il périt de la main des sicaires qui lui firent expier ainsi ses liaisons avec les Romains, en 66 ou 67.

23.5 Voir Exode, 22, 28. ― Saint Paul a pu aisément ne pas connaître le grand prêtre, attendu qu'alors le pontificat était une dignité variable selon le caprice ou la politique des Romains. Josèphe dit qu'il y eut trois grands prêtres la même année, et que l'un d'eux ne conserva sa dignité qu'un seul jour. Ainsi saint Paul a pu facilement être dans l'ignorance sur ce point. Ajoutons que le grand prêtre n'avait pas alors ses vêtements de pontife ; ils étaient renfermés dans la tour Antonia, d'où on ne les tirait qu'aux jours solennels. Enfin, en supposant que dans le lieu où se tenait le Sanhédrin, il y avait une place affectée pour le grand-prêtre, il ne s'en trouva assurément pas de telle chez le tribun où se tint le conseil devant lequel comparut saint Paul.

23.6 Voir Philippiens, 3, 5. ― Sadducéens, pharisiens. Voir note sur Matthieu 3, 7.

23.8 Voir Matthieu 22, 23.

23.10 De descendre de la forteresse Antonia.

23.11 Rome étant la capitale du monde païen, l'Apôtre des païens doit y prêcher le christianisme.

23.14 Les princes des prêtres, voit Matthieu 2, 4. ― Les anciens, les membres du Sanhédrin.

23.16 La sœur de Paul. En supposant qu'elle se soit mariée de bonne heure à Jérusalem, on s'explique que Paul ait été envoyé fort jeune dans cette ville, pour s'y consacrer aux études rabbiniques. Mais peut-être ce neveu de l'Apôtre y était-il venu, comme autrefois l'oncle, pour y faire ses études.

23.23 La troisième heure de la nuit ; c'est-à-dire le milieu de l'intervalle entre le coucher du soleil et minuit. ― A Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.

23.24 Félix. L'historien profane le mentionne, comme ayant gouverné la Judée (52-59), sous le règne de Néron, pendant le pontificat d'Ananie, immédiatement avant Festus. Tacite, Suétone et Josèphe nous apprennent quelques particularités de sa vie. Il était frère de Pallade, et comme lui, un affranchi de la maison de Claude. Suivant Tacite, il gardait dans sa fortune les sentiments de sa première condition. Josèphe ajoute qu'il vivait en adultère, et qu'il s'était rendu fameux par ses concussions. Une fois déjà, les plaintes causées par sa rapacité l'avaient fait mander à Rome, et c'est grâce au crédit de son frère qu'il avait été absous. Les Actes confirment ce que l'histoire profane nous apprend de son avarice et de sa vie licencieuse. Cet esclave débauché eut successivement pour femmes trois filles de rois. La dernière était Drusille, fille d'Hérode Agrippa I, sœur de Bérénice et d'Agrippa II. Félix l'avait enlevée à Azize, roi d'Emèse, grâce aux artifices d'un magicien juif, nommé Simon. Elle lui donna un fils, qui périt avec sa mère, dans l'éruption du Vésuve, sous le règne de Titus, en 79. Il fallait l'intrépidité de l'Apôtre pour oser parler de chasteté et de justice (voir Actes des Apôtres, 24, 25) devant un pareil juge, qui pouvait l'envoyer à la mort. Saint Paul fit plus. Il lui annonça hautement le jugement dernier où les vertus auront leur récompense et les vices leur châtiment. Si Félix ne se rendit pas, il ne put du moins se défendre d'un sentiment de terreur.

23.26 Claude Lysias était probablement grec de naissance, comme semble l'indiquer son nom et c'est pour cela qu'il avait été obligé d'acheter le titre de citoyen romain. Voir Actes des Apôtres, 22, 28.

23.27 Lysias altère ici la vérité à son profit et dissimule habilement ses torts envers saint Paul : voir Actes des Apôtres, 22, 29.

23.31 Antipatris, autrefois Kapharsaba, aujourd'hui Kefr Saba, dans une plaine fertile et bien arrosée, entre Jérusalem et Césarée. Hérode le Grand, qui restaura Kapharsaba, lui donna le nom d'Antipatris en l'honneur de son père Antipater.

23.34 De Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 6, 9.

23.35 Le prétoire d'Hérode. Palais construit par Hérode le Grand et habité par le gouverneur romain.

24.1 Quelques Anciens, quelques membres du Sanhédrin. ― Tertullus, diminutif de Tertius, indique un homme d'origine latine. C'était un avocat chargé par les Juifs d'accuser saint Paul. Les événements racontés ici se passèrent en l'an 58.

24.14 Cf. Actes des Apôtres, 9, 2.

24.18 Voir Actes des Apôtres, 21, 26.

24.21 Voir Actes des Apôtres, 23, 6.

24.24 Avec Drusille. Voir Actes des Apôtres, 23, 24.

24.26 Lui donnerait de l'argent. La vénalité était une des plaies de l'administration romaine, surtout dans les provinces éloignées du centre de l'empire.

24.27 Festus, qui succéda à Félix comme procurateur, était un affranchi aussi bien que son prédécesseur. Il vint en Judée en 59, la cinquième année de Néron, la seconde de la captivité de saint Paul ou de la légation de Félix. Si désireux qu'il fût de plaire aux Juifs, Festus sut rappeler, aux ennemis de l'Apôtre, ce qu'exigeaient le droit romain et l'équité naturelle : que nul accusé ne fût condamné avant d'avoir été confronté avec ses accusateurs et mis à même de s'expliquer sur leurs imputations.

25.1 De Césarée résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.

25.11 J'en appelle à César. Saint Paul avait droit de faire appel à César en sa qualité de citoyen romain. Le César auquel il en appelle était alors Néron (an 60).

25.13 Cet Agrippa était alors roi de la Trachonite. Il avait pour père Hérode surnommé Agrippa, roi de Judée, qui avait fait mourir saint Jacques. Voir Actes des Apôtres, 12, 1. ― Agrippa II, fils du meurtrier de saint Jacques, Hérode Agrippa, était beau-frère de Félix par Drusille. C'était, d'après Josèphe, un Juif zélé pour sa religion. Il porta le titre de roi, quoiqu'il n'ait pas succédé à son père sur le trône de Judée. Il se retira à Rome en 66 et mourut en l'an 100. ― Bérénice, sœur d'Agrippa, plus âgée que Drusille, déjà veuve du vieil Hérode de Chalcis, son oncle, et séparée de Polémon, roi de Cilicie, passait pour être la concubine de son frère. Ces enfants déchus du grand Hérode viennent offrir leurs hommages à l'affranchi Festus, devenu momentanément favori et grand officier de l'empereur. Tandis qu'ils étalent leur faste, dans une ville où leur père est mort rongé de vers pour son orgueil, le gouverneur romain, voulant les distraire, les invite à présider un interrogatoire qui pourra les intéresser, parce qu'il a trait à leur religion.

25.15 Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. ― Les anciens des Juifs, les membres du Sanhédrin.

26.10 Voir Actes des Apôtres, 8, 3. ― De saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

26.11 Saint Paul entre dans tous ces détails pour montrer au roi Agrippa qu'il n'avait pas embrassé le christianisme légèrement, puisqu'il en avait été un persécuteur si ardent, et qu'il ne s'était rendu qu'à la force des miracles et à l'évidence de la vérité.

26.12 Voir Actes des Apôtres, 9, 2.

26.20 Voir Actes des Apôtres, 13 et 14.

26.21 Voir Actes des Apôtres, 21, 31.

26.29 A l'exception de ces chaînes. « Et il montra ces chaînes, dit le comte de Maistre. Après que dix-huit siècles ont passé sur ces pages saintes, après cent lectures de cette belle réponse, je crois la lire encore pour la première fois, tant elle me paraît noble, douce, ingénieuse, pénétrante ! Je ne puis vous exprimer à quel point j'en suis touché. »

27.1 La cohorte Augusta dont Julius était centurion, était composée probablement des hommes appelés Augustani, qu'on a supposé être les mêmes que les vétérans formant la garde du corps des empereurs. Le départ de saint Paul eut lieu l'an 60.

27.2 Voir Actes des Apôtres, 19, 29 ; 20, 4. ― D'Adramytte, port de mer de la Mysie (Asie Mineure), près de la rivière du Caïque. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29.

27.3 A Sidon, ville de la Phénicie, au sud de Tyr. ― D'aller chez ses amis, naturellement sous la garde d'un soldat.

27.4 De Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.

27.5 La mer de Cilicie et de Pamphylie est comprise entre l'île de Chypre et le littoral de l'Asie Mineure. ― Myre, que devait illustrer plus tard son évêque saint Nicolas [saint à la base de l’invention du « Père Noël »], est en effet une ville de Lycie, en Asie Mineure, entre la Carie et la Pamphylie. Cette ville était un port de mer, à l'est de Patare.

27.6 Un navire d'Alexandrie (port de mer d'Égypte) avait été poussé à Myre par les vents contraires (verset 4). On pouvait aller en un jour de Myre à Cnide.

27.7 Devant Cnide, presqu'île et ville du même nom sur la côte de la Carie, entre l'île de Cos et celle de Rhodes. ― La Crète, île au sud ouest de Cnide. Le vent ayant empêché d'aborder à Cnide, le vaisseau aurait dû passer au nord de la Crète, mais à cause du temps, il alla passer au sud de l'île. ― Salmoné est un promontoire à l'extrémité orientale de la Crète.

27.8-9 Bons-Ports, au sud de la Crète, à l'ouest de Salmone, où il y a un port à l'abri des vents du nord-ouest. ― Lasaïa. Les ruines de cette ville ont été découvertes en 1856, près du cap Léonda, non loin de Bons-Ports, à l'est.

27.9-10 Paul les encourageait tout en les avertissant du danger qu'ils couraient pour leur vie. ― l'époque du jeûne, du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu au commencement d'octobre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.

27.12 Phénice, port de Crète, au sud-ouest de l'île, probablement le Lutro actuel, protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l'Africus, et du nord-ouest, le Corus.

27.13 ayant levé l'ancre, ils longèrent la terre, la côte de Crète, de très près.

27.14-15 Le vaisseau se dirigeait vers l'ouest. Après avoir doublé le cap Littino, il naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu'il s'éleva un vent impétueux, nommé Euraquilon, produisant des tourbillons, d'entre l'est et le nord ; la violence de ce vent emporta le navire sans qu'il fût possible d'y résister.

27.16 Le navire fut ainsi poussé au-dessous d'une île qui est appelée Cauda, aujourd'hui Gaudo, au sud de la Crète.

27.17 ceintrèrent le navire ; c'est-à-dire qu'ils firent au vaisseau comme une ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d'en consolider les flancs, en employant toutes sortes de moyens, comme les cordes, les crochets.

27.27 Dans l'Adriatique. Les anciens appliquaient ordinairement ce nom à la mer Ionienne, entre la Grèce et l'Italie méridionale.

27.28 Brasses. La brasse a la longueur des deux bras étendus ; elle valait de cinq à six pieds grecs, soit 156 à 184 cm.

27.40 D'artimon ; d'autres traduisent voile du perroquet ou de misaine : petit mât arboré sur les hunes des autres mâts, et dont la voile sert moins à mouvoir qu'à diriger le navire.

27.41 Voir 2 Corinthiens, 11, 25.

28.1 Les barbares ; c'est-à-dire les restes des paysans africains qui étaient restés dans l'île, depuis que les Romains s'en étaient rendus maîtres ; ces paysans, ne parlant ni grec ni latin, étaient de ceux que les Grecs appelaient alors barbares. ― Malte, dans la mer Méditerranée, au sud de la Sicile.

28.4 La vengeance, en grec Dikê, la vengeance divine personnifiée d'après les idées païennes.

28.7 Au premier personnage de l'île, nommé Publius. Deux inscriptions, l'une grecque, l'autre latine, nous apprennent que le magistrat suprême de Malte portait le titre de Premier de l'île.

28.11 Les Dioscures, c'est-à-dire Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda, dont on avait donné le nom à une constellation et que les marins honoraient comme une divinité tutélaire. Leur image était peinte sur la proue du vaisseau d'Alexandrie, qui, pour ce motif, portait leur nom.

28.12 Syracuse, capitale de la Sicile, sur la côte orientale de cette île.

28.13 Reggio, dans le royaume de Naples, au sud-ouest, vis-à-vis de la Sicile. ― Pouzzoles, ville de la Campanie, sur le golfe de Naples. Le port d'Ostie ne pouvait recevoir que des barques, celui de Pouzzoles était le dernier où l'on abordât avant l'embouchure du Tibre. C'est vers ce port, parfaitement sûr, que cinglaient les nombreux vaisseaux qui venaient d'Alexandrie ; et c'est là que débarquaient les Juifs et les Syriens qui se rendaient à Rome. Saint Paul y arriva deux jours après son départ de Reggio. Les frères qui l'accueillirent avec une charité si empressée, et qui le retinrent toute la semaine avec saint Luc et Aristarque, étaient certainement des chrétiens, aussi bien que ceux qui vinrent à sa rencontre jusqu'au Marché d'Appius, à neuf lieues de Rome, et aux Trois Loges, à quatre lieues. Pouzzoles est à peu de distance de Pompéi. On a trouvé récemment dans les ruines de cette dernière ville, ensevelie dix-huit ans plus tard en 79, sous les laves du Vésuve, une synagogue, et dans une inscription gravée au trait sur le stuc d'une muraille, une trace certaine de l'existence du christianisme à cette époque : Audi christianos, sævos olores : écoutez les chrétiens, doux parfums.

28.15 Forum ou marché d'Appius. Il était situé sur la voie Appienne, à 66 km de Rome, au nord-ouest de Terracine ; aujourd'hui San-Donato. ― Les trois Tavernes étaient encore plus au nord, sur la même voie Appienne, à 49 km de Rome.

28.16 avec un soldat qui le gardait. C'était un soldat prétorien, auquel saint Paul, d'après la coutume romaine, était attaché par une chaîne au bras. ― Saint Paul arriva à Rome au mois de mars de l'an 61, la 7e année du règne de Néron.

28.19 A César, alors Néron.

28.21-22 On sent, dans le langage des Juifs, une sorte de réserve diplomatique ; ils s'en tiennent vis-à-vis de Paul au point de vue purement officiel. ― De cette secte : religion de Jésus, à laquelle Paul a fait allusion verset 20.

28.23 Le logement où il recevait l'hospitalité, peut-être la maison d'Aquila et de Priscille.

28.25-26 Voir Isaïe, 6, verset 9 et suivants, cité d'après les Septante : cf. Matthieu 13, 14 et Jean, 12, 40.

28.26 Voir Isaïe, 6, 9 ; Matthieu 13, 14 ; Marc, 4, 12 ; Luc, 8, 10 ; Jean, 12, 40 ; Romains, 11, 8.


















Introduction aux Lettres de saint Paul



(Vidal, Saint Paul, sa vie et ses œuvres, Paris, 1863 ; A. Trognon, Vie de saint Paul, Paris, 1869 ; C. Fouard, Saint Paul, 2 vol., Paris)


L'apôtre saint Paul. — Il est utile d’esquisser d’abord rapidement la biographie de celui dont nous allons étudier assez longuement les écrits. Sur son double nom de Saul et de Paul, dont le premier (Šã´ul) était hébreu, tandis que le second (Paulus) était romain, voyez notre commentaire des Actes des apôtres, 7, 58 et 13, 9. L’apôtre lui-même nous fournit quelques renseignements sur son origine et sur sa famille. Il était né à Tarse (probablement vers l'an 3 de notre ère. Cette date, et celles que nous indiquerons plus bas, ne sont pas absolument certaines ; ce sont celles qui nous paraissent les mieux garanties. Sa famille appartenait à la tribu de Benjamin (Philippiens 3, 5), et jouissait du droit de cité (on ne saurait dire exactement à quel titre elle possédait ce privilège, qui rendit à Paul de très grands services durant sa vie d'apôtre, cf. Actes des Apôtres 16, 37 et ss.; 22, 25-28; 23, 27 ; 25, 10 et ss.). L’un de ses membres avait pu l'acheter ou, ce qui est peut-être plus probable, l'obtenir à titre de récompense). Sous le rapport religieux, elle suivait strictement les doctrines et les observances pharisaïques (cf. Actes des Apôtres 23, 6).

Après sa première éducation à Tarse (c'est peut-être alors que le futur apôtre fit connaissance avec la littérature grecque, dont on trouve des réminiscences dans ses paroles et ses écrits, cf. Actes des Apôtres 17, 28 ; 1 Corinthiens 15, 33 ; Tite 1, 12; voyez les commentaires. Il y apprit aussi son métier de fabricant de tentes, qui lui permit de gagner honorablement sa vie durant ses missions évangéliques, cf. Actes des Apôtres 18, 3; 20, 34 ; 1 Corinthiens 4, 12 ; 1 Thessaloniciens 2, 9 ; 2 Thessaloniciens 3, 7 et ss., etc), Saul vint, jeune encore, à Jérusalem (Actes des Apôtres 26, 4), pour y faire ses études rabbiniques, et il eut la grâce d'avoir pour maître l'illustre Gamaliel (Actes des Apôtres 22, 3; voyez les notes). C’est là qu’il puisa en partie sa science remarquable des saintes Écritures et sa méthode dialectique pleine de vigueur. En même temps, il s'attachait lui-même de plus en plus aux principes pharisaïques, qu’il avait en quelque sorte sucés avec le lait (voyez Actes des Apôtres 22, 3b ; 26, 5 ; Galates 1, 14 ; Philippiens 3, 5). Tout porte à croire qu’il ne demeura alors que quelques années dans la ville sainte, de sorte qu’il n’eut pas l'occasion de voir et de connaître personnellement Notre-Seigneur Jésus-Christ. Lorsque nous le retrouvons à Jérusalem, il est au premier rang parmi les persécuteurs de l’Église naissante (cf. Actes des Apôtres 7, 58, 60 ; 8, 3 ; 9, 1-2 ; 22, 4 ; 26, 9-11 ; 1 Corinthiens 15, 9 ; Galates 1, 13 ; Philippiens 3, 6a ; 1 Timothée 1, 3a).

Sa conversion merveilleuse sur la route de Damas, l’un des plus grands miracles de l'histoire du christianisme, est racontée jusqu’à trois reprises dans les Actes des Apôtres (Actes des Apôtres 9, 3-19 ; 22, 6-16 ; 26, 12-18. Comp. 1 Corinthiens 9, 1 et 15, 8-9 ; Galates 1, 13-16 ; 1 Timothée 1, 13). Elle eut lieu, d'après l'opinion que nous croyons la plus vraisemblable, vers l’an 34 ou 35 de l'ère chrétienne. Paul avait alors environ trente ans.

En rapprochant l’un de l'autre les passages Galates 1, 17 et Actes des Apôtres 9, 19b-25, nous apprenons que le nouveau converti, après un séjour de courte durée à Damas, alla passer trois années en Arabie, dans la retraite la plus profonde. Rentré ensuite dans la capitale de la Syrie, il y prêcha la foi chrétienne avec tant de zèle et de succès, que les Juifs, furieux, tentèrent de le tuer. C'est alors qu’il revint à Jérusalem, où, présenté aux apôtres par Barnabé, il put se mêler fraternellement aux chrétiens et recommencer sa prédication. Mais, là encore, ses anciens coreligionnaires lui tendirent des embûches, auxquelles il échappa en se réfugiant à Tarse (Actes des Apôtres 9, 26-30). C'est dans cette ville que saint Barnabé alla le chercher, probablement après l’an 40, pour faire de lui son auxiliaire dans l'Église d’Antioche, nouvellement fondée, et qui, grâce à son concours zélé, prit des développements admirables (Actes des Apôtres 11, 22-26).

Ses trois grands voyages apostoliques sont racontés en détail au livre des Actes. Le premier (Actes des Apôtres 13, 1-14, 27) paraît avoir eu lieu entre les années 46-49 ; il fut suivi, vers l’an 51, du concile de Jérusalem, auquel l’apôtre des païens prit une large part (voyez Actes des Apôtres 15, 1-35 ; Galates 2, 1-10). Le second (Actes des Apôtres 15, 36-18, 22) eut lieu entre les années 51 et 54 ; le troisième (Actes des Apôtres 18, 23-21, 16), de l’an 55 à l’an 59.

Les Actes des apôtres exposent aussi d’une manière assez complète les incidents qui occasionnèrent l’arrestation de saint Paul à Jérusalem, son emprisonnement à Césarée durant deux ans (59-61), son appel à César, son naufrage, et son arrivée à Rome en 62 (Actes des Apôtres 21, 17- 28, 29). Puis le narrateur s’arrête brusquement, et se contente de signaler la durée de la première captivité romaine de l'apôtre (Actes des Apôtres 28, 30-31).

Saint Luc ne nous a conservé aucun détail sur les trois dernières années de saint Paul (64-67 après J.-C.). Heureusement, les lettres pastorales de l’apôtre et la tradition nous permettent d‘en fixer, au moins d’une manière générale, les principaux événements. Mis en liberté au début de l’an 64 après avoir plaidé victorieusement sa cause devant Néron, il se rendit très probablement alors en Espagne (Saint Clément pape, 1 Corinthiens 5, saint Epiphane, Haer., 27, 6, saint Jean Chrys., in 2 Timothée Hom., 10, 3, Théodoret, in 2 Timothée, 4, 17, saint Jérôme, in Isaïe, 2, 10, et d'autres anciens écrivains ecclésiastiques le disent en termes formels). Il paraît avoir ensuite évangélisé l’île de Crète, où il laissa son disciple Tite pour continuer son œuvre (cf. Tite 1, 5). De là, il alla visiter les Églises de l’Asie proconsulaire et celles de Macédoine (voyez 1 Timothée 1, 3) ; puis il revint de nouveau, ce semble, en Asie (Cf. 1 Timothée 3, 14). La lettre à Tite nous le montre aussi, vers la même époque, à Nicopolis, en Epire (Tite 3, 12). Plus tard il partit pour Rome, où il eut à subir un second emprisonnement (l'école dite critique nie assez généralement l'existence de cette seconde captivité romaine de saint Paul ; mais elle a contre elle divers témoignages très exprès de la tradition, voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 22; saint Jérôme, de Vir. illustr., 5 et 12, etc.), durant lequel il écrivit sa dernière lettre, la deuxième à Timothée. Condamné à mort avec saint Pierre, il termina glorieusement sa vie par le martyre, en 67.

Le caractère de saint Paul a été souvent décrit en termes éloquents par d’habiles panégyristes. Ceux qui jugent l'apôtre des païens de la même manière qu’ils jugeraient tout autre homme remarquable, confessent unanimement qu’il a été l’un des plus grands esprits de tous les temps. Ceux qui croient à sa mission divine et à son inspiration par l’Esprit-Saint sont émerveillés et comme stupéfaits quand ils examinent, d’une part, les dons qu’il reçut d’en Haut en vue de l’œuvre à laquelle il était destiné, d’autre part, le dévouement courageux avec lequel il se consacra à cette œuvre. Mais on peut préciser davantage. « Aussi humble que le pénitent le plus sévère, et pourtant joyeux jusqu’à pousser des cris d'allégresse ; ferme dans ses convictions, et en même temps sage, réservé sur ce point comme l’homme du monde le plus prudent ; extatique consommé, et nonobstant actif et pratique ; fort comme un héros, et délicat comme une vierge ; embrassant de son œil d’aigle l’univers tout entier, et cependant attentif au plus petit détail ; impérieux, et au service de tous ; théologien sublime, et modeste fabricant de tentes ; Juif rempli d’amour pour son peuple, et cependant l’ennemi le plus terrible du pharisaïsme ; le plus détesté et le plus populaire d’entre les apôtres :... il a mené la vie grandiose d'un héros que le monde n’était pas capable de dominer et de dompter, mais que le Christ a pu soumettre, par un coup de foudre, à sa divine révélation » (J. P. Lange, auteur protestant). C’est parce que saint Paul était un vrai génie, qu’il a pu réunir ainsi dans sa personne les pôles les plus divers.

Les lettres de saint Paul et leur groupement. Il est moralement certain que plusieurs ont été perdues de bonne heure : à savoir, une première lettre aux Corinthiens, ainsi qu’il résulte d'un rapprochement établi entre 1 Corinthiens 5, 9 et 2 Corinthiens 10, 9 ; une première lettre aux Philippiens, d'après Philippiens 3, 1 ; enfin, une lettre aux chrétiens de Laodicée, d'après Colossiens 4, 16. Sur les écrits apocryphes de saint Paul, voyez le Manuel Biblique de Vigouroux, t. 1. Celles qui nous ont été conservées sont au nombre de quatorze, comme l'enseigne la tradition, confirmée par les Conciles, en particulier ceux de Trente, et de Vatican I. Ce sont : celle aux Romains, la première et la seconde aux Corinthiens, celles aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, la première et la seconde aux Thessaloniciens, la première et la seconde à Timothée, celles à Tite, à Philémon et aux Hébreux. Tel est leur ordre canonique dans l'Église latine depuis saint Augustin. Sans s’inquiéter de la chronologie, on a placé au premier rang les lettres adressées à des Églises, au second rang les lettres destinées à de simples particuliers. Puis, de part et d’autre, on a eu égard d’une manière générale soit à la dignité des Églises et des personnes, soit à l'importance des questions traitées ou à la longueur des lettres. On a fait cependant une exception pour la lettre aux Hébreux, placée à la fin de la collection parce que son authenticité fut tout d’abord l’objet de quelques hésitations.

D’après l’ordre chronologique qui nous paraît le plus vraisemblable, les lettres de saint Paul forment trois groupes très distincts, dont le premier comprend deux lettres ; le second, quatre ; le troisième, huit. Au premier groupe appartiennent les lettres aux Thessaloniciens, composées vers l’an 52 ; au second, les lettres aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates, écrites entre les années 56 et 58 ; au troisième, les lettres aux Philippiens, aux Éphésiens, aux Colossiens, à Philémon, aux Hébreux, à Timothée et à Tite, composées de 62 à 66 ou 67. Nous essayerons de fixer d’une manière plus précise la date de la composition de chaque lettre dans les Introductions particulières. Problème assez difficile d'ailleurs, sur lequel les meilleurs exégètes anciens et modernes sont loin d'être d'accord.

Au point de vue du sujet traité, quelques-unes des lettres de saint Paul sont plus spécialement doctrinales, par exemple, les lettres aux Romains, aux Galates, aux Colossiens, aux Hébreux ; d'autres, plus spécialement morales (1 et 2 Corinthiens, Philippiens, 1 et 2 Thessaloniciens, etc. Mais il faut remarquer que l'élément moral est représenté plus ou moins dans toutes les lettres de l'apôtre). Parmi ces dernières, on fait une catégorie à part des intéressantes lettres qu’on a nommées pastorales (1 et 2 Timothée, Tite), parce que saint Paul y trace plus longuement qu'ailleurs les devoirs des pasteurs des âmes.

Leur authenticité. — Comme pour les Évangiles, nous ne traiterons ici cette question que d’une manière générale et rapide. Voyez les Introductions au N. T. de Valrogern ; le Manuel biblique, t. 1, nn. 41-43 , etc. Pour les lettres dont l'authenticité a été le plus attaquée au XIXème siècle, nous répondrons brièvement, dans nos petites Introductions particulières, aux principales objections des critiques.

Il y a d’abord les preuves extrinsèques. Déjà saint Pierre connaissait les écrits de son illustre collègue dans l’apostolat (cf. 2 Pierre 3, 16), quoiqu’on ne puisse pas dire de combien de lettres se composait la collection que le prince des apôtres avait entre les mains. Les Pères apostoliques, successeurs immédiats et souvent disciples des apôtres, citent et utilisent dans leurs écrits, relativement si peu nombreux, toutes les lettres de saint Paul, à part celle à Philémon. On a relevé, de ce chef, un fait vraiment remarquable : dans la lettre fort courte de saint Polycarpe aux Philippiens, vers le milieu du second siècle, on lit treize textes empruntés littéralement à huit des lettres de saint Paul (Romains, 1 Corinthiens, Galates, Éphésiens, Philippiens, 2 Thessaloniciens, 1 et 2 Timothée) ; elle contient en outre des allusions assez fréquentes à d’autres passages de ces mêmes lettres et à quatre autres lettres (2 Corinthiens, Colossiens, 1 Thessaloniciens, Hebreux), de sorte qu’il n’y en a que deux (Philémon et Tite) qui ne soient pas représentées dans ce petit écrit. Voyez aussi saint Clément pape, 1 Corinthiens, 47 ; saint Ignace, ad Philad., 5, et ad Ephes., 12, etc.

Un peu plus tard, les témoignages deviennent plus nombreux, plus précis, plus officiels en quelque sorte. Le Canon de Muratori (fin du second siècle) cite nommément toutes les lettres pauliniennes, à part celle aux Hébreux. Vers le même temps, Tertullien les citait toutes aussi (De Præscript., 37 ; c. Marcion, 4, 5 ). La Peschito syriaque, qui les contient sans une seule exception, nous apprend que la collection entière était reçue, à la même date, par l'Église de Syrie. Origène (In Jesu Nave, hom. 8, 1: « En arrivant, notre Seigneur Jésus Christ... envoie ses apôtres prêtres, portant des trompettes dont ils pouvaient jouer, la doctrine magnifique et céleste de la prédication....(Paul) lançant la foudre par les trompettes de ses quatorze lettres, a jeté à bas et complètement éradiqué toutes les machines de guerre de l'idolâtrie et les dogmes des philosophes.» et Clément d’Alexandrie les mentionnent également toutes comme canoniques. Il en est de même de saint Cyrille de Jérusalem (Catech., 10, 18), de Théodoret, et de tous les écrivains ecclésiastiques subséquents. Mais le témoignage d’Eusèbe a une valeur particulière à cause des recherches multiples, savantes et judicieuses que fit cet historien célèbre, en vue de connaître le sentiment des auteurs les plus anciens sur l’authenticité des saints Livres. « Les quatorze lettres de Paul sont connues manifestement de tous, » dit-il en termes formels (Histoire Ecclésiastique, 3, 3, 25 ). Il ne manque pas de signaler, avec son exactitude et sa franchise habituelles, qu’il existait des doutes dans l’Église d’Occident au sujet de la lettre aux Hébreux ; mais il ajoute aussitôt que, malgré cela, elle doit être rangée, elle aussi, parmi les ὁμολογούμενα, c'est-à-dire, parmi les écrits généralement regardés comme faisant partie des saintes Écritures.

C’est donc un fait clairement attesté, qu'à partir du second siècle on admettait, dans toutes les Églises chrétiennes, que saint Paul était l’auteur des quatorze lettres qui portent encore aujourd’hui son nom. Les hérétiques eux-mêmes reconnaissaient l'authenticité de la plupart d'entre elles. « Quand Marcion se rendit du Pont à Rome, en 142, il portait avec lui une collection des lettres de saint Paul, qui les contenait toutes, excepté celles à Timothée, à Tite et aux Hébreux, dont il niait l'authenticité, ainsi que Basilide, comme nous l'apprend saint Jérôme, in lettre ad Tite, Prolog. » Manuel Biblique, t. 1, n. 41, 2a. Ce travail de mutilation entrait dans le système des hérétiques, qui éliminaient du Nouveau Testament tout ce qui était opposé à leurs doctrines.

Passons maintenant aux preuves intrinsèques. Bossuet les résume fort bien en ces termes (Hist. Univ., 2, 28) : « Les lettres de saint Paul sont si vives, si originales, si fort du temps, des affaires et des mouvements qui étaient alors, et enfin d’un caractère si marqué, qu’elles suffiraient pour convaincre les esprits bien faits, que tout y est authentique et sincère. » Comme le dit un autre exégète, les écrits en question « ne sont pas des dissertations générales, sans patrie et sans but particulier. Ils ont été provoqués par des occasions spéciales, composés pour des circonstances et des lecteurs déterminés, conformément aux besoins de ces lecteurs ». Tout cela permet donc un contrôle. Ce contrôle a été fait, et l'harmonie remarquable qui existe entre de nombreux détails des lettres de saint Paul et les récits des Actes des apôtres démontrent de la manière la plus frappante l’authenticité des lettres les plus anciennes. Les lettres « abondent en détails biographiques, en épanchements intimes, qui, s’ils ne sortaient pas de la plume de Paul, seraient dus à la tromperie la plus raffinée ». Tromperie impossible d’ailleurs, car l’apôtre des païens est un écrivain d’une « inimitable originalité ». Ces documents « ont certains caractères profondément marqués, qui les distinguent de tous les autres produits littéraires ».

Il était réservé au XIXème siècle de voir nier l'authenticité d’écrits si parfaitement garantis. On ne rejeta d’abord que les trois lettres pastorales. Mais l’école de Tubinguen alla beaucoup plus loin, et n’admit comme authentiques que les lettres aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates. Puis, des critiques plus violents encore ont rejeté les quatorze lettres sans exception ; mais ils sont en petit nombre et sont regardés, même dans le camp rationaliste, comme des hommes exagérés. Cependant « l’école» répudie assez communément, avec les lettres pastorales, celles aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens et aux Hébreux.

5° La langue dans laquelle furent écrites les lettres de saint Paul fut certainement le grec. Il n’existe pas aujourd’hui le moindre doute sur ce point, même en ce qui concerne les lettres aux Romains et aux Hébreux. Durant le premier et le second siècle de notre ère, le grec était parlé et compris dans tout l'empire romain, même en Palestine. Voyez le Manuel Biblique, t. 4, n. 570, 2. Il ne s’agit cependant pas ici du grec classique, mais de l’idiome dit « hellénistique », qui était alors populaire à peu près en tous lieux pour les Juifs dispersés à travers l’empire romain, et que la lecture des Septante avait coloré d’hébraïsmes et d'expressions spéciales.

Quoique loin d’être toujours châtié et d’une correction parfaite (voyez saint Jérôme, in Gal., 6,1 ; in Ephes., 3, 1 ; ad Algas. lettre 121, 10. Le savant docteur lui reproche des barbarismes ; on y trouve aussi mainte incorrection et irrégularité, des hébraïsmes, des phrases inachevées, de longues périodes un peu compliquées et chargées de parenthèses, etc. Comp. Origène, in Rom. Præfat. ; saint Épiphane, Hær., 64, 29, etc. ; le Manuel Biblique, t. 4, n. 584), le grec de saint Paul l'emporte, après celui de saint Luc, sur celui de tous les autres écrivains du Nouveau Testament. L’emploi d’un vocabulaire considérable et particulièrement des verbes composés, des participes et des particules, les fréquentes paronomases [procédé consistant à utiliser des mots qui présentent avec un autre mot une certaine analogie phonétique, mais sans avoir le même sens de façon rapprochée], la construction ordinairement très hellénique des phrases, prouvent que l’apôtre possédait bien la langue grecque, et que, s’il avait voulu soigner son langage, il aurait été facilement irréprochable sous ce rapport.

Le nombre des expressions propres à saint Paul dans ses lettres, en laissant celle aux Hébreux hors de compte, a été supputé comme il suit : « 96 dans la lettre aux Romains, 91 dans la première aux Corinthiens, 92 dans la seconde, 32 dans la lettre aux Galates, 38 dans celle aux Éphésiens, 34 dans celle aux Colossiens, 36 dans celle aux Philippiens, 18 dans la première aux Thessaloniciens 7 dans la seconde, 73 dans la première lettre à Timothée et 44 dans la seconde, 31 dans la lettre à Tite, 4 dans celle à Philémon. En tout, près de 600 expressions employées par saint Paul seul dans le Nouveau Testament, plus de la dixième partie des 4700 mots environ qui constituent le vocabulaire du Nouveau Testament. »

Un des auteurs rationalistes montre ainsi son parti pris de tout dénigrer : « Il n'est pas croyable qu'un homme qui eût pris des leçons même élémentaires de grammaire et de rhétorique eût écrit cette langue bizarre, incorrecte, si peu hellénique par le tour, qui est celle des lettres de saint Paul. » D'autres partisans de l'école négative, plus honnêtes et plus sérieux, ont vanté « la souplesse incomparable de l'apôtre à manier les expressions grecques », et « le coloris grec » qui s'y manifeste partout.

Mais, écrivant parmi de nombreux travaux et de graves préoccupations, Saint Paul n’avait guère le temps, non plus que le désir, de s’appliquer à le faire élégamment. Il s’accuse lui-même, 2 Corinthiens 11, 6, d’être peu habile dans son expression (ἰδιώτης τῷ λόγῳ). D'ailleurs, il dicta la plupart de ses lettres (Cf. Romains 16, 22 ; 1 Corinthiens 16, 21 ; Colossiens 4, 18 ; 2 Thessaloniciens 3, 17, etc. ), et tandis que son secrétaire écrivait quelques mots, d’autres pensées affluaient à son esprit et donnaient un nouveau tour à la phrase commencée.

6° Quant au style proprement dit de saint Paul, on en a parfois trop contesté, dans les temps anciens comme au XIXème siècle, l’art et le mérite : Notamment Bossuet, dans un passage célèbre de son panégyrique du grand apôtre ; mais, le plus souvent, on sait lui rendre pleine et entière justice. « Chacun connaît cette manière d’écrire tant de fois caractérisée, tantôt saccadée et brisée, tantôt soutenue, éloquente même jusqu'au pathétique ; ici émue et passionnée, là froidement dialectique; parfois enjouée jusqu’au jeu de mots, quelquefois ironique jusqu’au sarcasme, toujours et sous toutes ces formes l'expression vraie, adéquate, de cette riche et puissante personnalité. »

Parmi les principales qualités du style de saint Paul, il faut signaler :

son énergie extraordinaire, qui agit puissamment et constamment sur le lecteur ; le mot de saint Jérôme, ad Pammach. Ep. 48, 13, est bien connu : « toutes les fois que je lis l'apôtre Paul, il ne me semble pas entendre des paroles, mais du tonnerre. » ; sa vie, sa fraîcheur et son entrain perpétuels, qui correspondent à l'âme ardente de l'écrivain, mais qui s’expliquent davantage encore par son zèle d’apôtre ; le païen Longin a été des premiers à les vanter. Comp. saint Augustin, de Doctr. Christ., 4, 7. Le fréquent recours à l'antithèse (cf. 2 Corinthiens 6, 8-10, etc.), aux métaphores saisissantes (cf. 2 Corinthiens 11, 20 ; Galates 5, 15, etc.), aux images brèves et concrètes (cf. 1 Corinthiens 13, 1 et 2, etc.), aux interrogations qui prennent brusquement le lecteur à partie (cf. Romains 2, 21-26 ; Galates 4, 19, etc.), ne contribue pas peu à cette vie et à cette chaleur. On sent partout l'orateur habile, qui ne néglige aucun moyen pour arriver à son but ; la « plénitude inépuisable », la richesse étonnante des idées qu’il exprime. Il est vrai que parfois saint Paul, précisément à cause de cette richesse, et aussi parce qu’il lui fallait employer des mots anciens pour exprimer des idées nouvelles, tombe dans une certaine obscurité, que lui reprochait déjà délicatement S. Pierre. Cf. 2 Pierre, 3, 16 ; avec cela, une remarquable variété de sentiments. « L'apôtre sait affirmer avec vigueur, menacer, parler doucement et aimablement. A la fermeté il unit la bonté, au blâme la louange, à la parole consolante l'avertissement grave. » Son style se fait tout à tous, comme son cœur. L’effet produit est d’autant plus grand, qu’on ne sent nulle part la recherche, ainsi qu’il arrive trop souvent dans les écrits de la plupart des hommes.


La forme extérieure des lettres de Paul est assez conforme à celle qui était alors usitée pour les lettres ordinaires. On y distingue presque toujours trois parties. La première est la salutation, d’ordinaire assez brève, mais qui quelquefois devient solennelle et prend des proportions plus considérables (cf. Romains, 1-6 ; 1 Corinthiens 1, 1-3 ; 2 Corinthiens 1, 1-2 ; Galates 1, 1-5 ; Philippiens 1, 1-2. etc.). Elle n’est omise que dans la lettre aux Hébreux. Parfois l'apôtre s’adjoint, pour saluer ceux auxquels il écrit, quelqu’un de ses collaborateurs connu d’eux (cf. 1 Corinthiens 1, 1 (Sosthène) ; 2 Corinthiens 1, 1 ; Philippiens 1, 1 ; Colossiens 1, 1 (Timothée) ; 1 Thessaloniciens 1, 1 et 2 Thessaloniciens 1, 1 (Timothée et Sylvain )). Au lieu de terminer cette salutation par la formule ordinaire, χαίρειν (à la lettre : se réjouir ; l’équivalent du salutem des Latins, voyez Actes des Apôtres 25, 23b et Jac. 1, 1), il la conclut par un souhait tout chrétien : χάρις ϰαὶ εἰρήνη (Vulg. : gratia et pax) dans toutes les lettres, à part les trois lettres pastorales, où on lit : χάρις, ἔλεος, εἰρήνη (Vulg.: gratia, misericordia, pax). Dans la lettre à Tite, un certain nombre de manuscrits suppriment ἔλεος. A la salutation est d’ordinaire rattachée une action de grâces, par laquelle l’apôtre remercie Dieu des faveurs particulières accordées aux destinataires de la lettre (Cf. Romains 1, 8 et ss. ; 1 Corinthiens 1, 4-9 ; 2 Corinthiens 1, 3 et ss., etc.). Dans la lettre aux Galates 1, 6-10, elle est remplacée par un blâme sévère. Elle manque tout à fait, de même que la salutation initiale, dans la lettre aux Hébreux. C’est en même temps un éloge délicat et affectueux, bien capable de concilier à Paul l'attention de ses lecteurs et de les rendre dociles à ses avis. Très souvent, dès cette première partie, on entend retentir la note dominante de la lettre.

Vient ensuite le corps de la lettre, qui forme évidemment la partie principale. Saint Paul y développe avec plus ou moins d’ampleur, suivant les circonstances, le thème qu’il se proposait de traiter. Il arrive assez fréquemment que cette partie se subdivise en deux sections, dont la première est dogmatique et théorique ; la seconde, morale et pratique.

La conclusion consiste habituellement en détails qui ont plutôt un caractère personnel (Cf. Romains 16, 1-23 ; 1 Corinthiens 16, 19-21; Philippiens 4, 21-22 ; 2 Timothée 4, 19-21, etc.), et en une affectueuse bénédiction (Cf. Romains 16, 24-27 ; 1 Corinthiens 16, 22-23 ; Galates 6, 18 ; Éphésiens 6, 23-24 ; 2 Timothée 4, 22, etc.).

L'importance des écrits de saint Paul est incontestable et incontestée. Depuis l'époque des Pères jusqu’à nous, les exégètes et les théologiens de tous les partis sont unanimes à la proclamer. Ils sont « une mine et une source inépuisables », dit saint Jean Chrysostome, le plus célèbre des admirateurs et des commentateurs de l’apôtre des païens (voyez ses traités de Verb. Apost., Hom. 3. 1 ; de Laud. Pauli, Hom. 4, etc.). Suivant saint Thomas d’Aquin (In Ep. ad Rom., Prolog.), ils contiennent « presque toute la doctrine de la théologie ». Nous y trouvons, d’après Cornelius a Lap. (Proœm. de praerogat. Pauli, 3), « la moelle de la loi et de la religion chrétiennes. » Si les lettres de saint Paul traitent admirablement du dogme et de la théologie mystique, elles ne savent pas moins bien proposer et discuter les questions pratiques, ou répondre aux difficultés de la vie quotidienne, qu’elles tranchent avec une hauteur de vues et une netteté remarquables.

Leur thème, on le voit, est donc des plus variés. Et cependant rien de plus unique en même temps que leur sujet, puisqu’en réalité il se ramène sans cesse à la personne sacrée et aux enseignements divins de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, rédempteur de tous les hommes. Tel est vraiment le centre perpétuel des écrits de Paul comme de sa prédication, le terme de ses pensées comme de ses œuvres. C'est pour cela surtout que ses lettres sont remplies de tant de beautés supérieures, et qu’elles font tant de bien à quiconque les étudie avec esprit de foi. Elles forment, après les saints Évangiles, le livre le plus précieux que possède l’Église.

Les commentateurs catholiques des lettres de saint Paul. — Nous ne noterons ici que ceux qui les ont toutes expliquées sans exception. Les commentaires relatifs aux lettres particulières seront indiqués dans les petites Introductions qui les précèdent.

Nous signalerons, dans les premiers siècles, saint Jean Chrysostome, Théodoret, Œcuménius, Théophylacte et Euthymius chez les Grecs ; Primasius chez les Latins (au 6ème siècle. Ses explications sont un excellent résumé de celles des exégètes antérieurs). Au moyen âge, Raban Maure, Hugues de Saint-Victor, Hugues de Saint-Cher, Nicolas de Lyre, saint Thomas d’Aquin. Dans les temps modernes, B. Justiniani (In omnes B. Pauli epistolas explanationes, Lyon, 1612), Estius (In omnes D. Pauli et septem catholicas Apostolorum epistolas commentarii, Douai, 1614 ; ouvrage souvent réédité ; naguère à Mayence, 1858-1860), Cornelius a Lapide (voyez l'édition de Paris, 1861, annotée par M. l'abbé Crampon), Bernardin de Picquigny (Triplex expositio epistolarum D. Pauli, Paris 1703 ; les plus récentes éditions sont celles de Paris, 1868 , et d'Inspruck, 1891), Dom Calmet (Commentaire littéral, etc., Paris, 1707 et suiv.). L’abbé Drach (lettres de saint Paul, Paris, 1874).































































Lettre aux Romains



Introduction


Fondation de la communauté chrétienne de Rome. — La lettre aux Romains suppose très manifestement qu'il existait dans la capitale de l'empire une chrétienté bien organisée (voyez 12, 4 et ss.). Aucun écrivain sacré ne nous apprend par qui et comment cette chrétienté avait été fondée ; mais nous savons, soit par l'histoire profane, soit par le livre des Actes 2, 10-11, qu'il existait à Rome une colonie juive assez considérable (on croit qu'elle contenait environ vingt mille membres vers la fin du règne d'Auguste. Josèphe, Ant., 17, 11, 1, parle de huit mille Juifs de Rome, qui s'adjoignirent à une députation envoyée auprès de l'empereur par leurs coreligionnaires de Jérusalem, après la mort d'Hérode), composée surtout d'anciens captifs, qui avaient été amenés de Palestine par Pompée et qui avaient été affranchis peu à peu. Autour de cette colonie, rayonnait le cercle de prosélytes qui se formait peu à peu partout où il y avait des Juifs. Elle avait des relations fréquentes avec la métropole de Jérusalem, surtout à l'époque des grandes fêtes religieuses (voyez Actes des Apôtres 2, 7-11. Cicéron, pro Flacco, 28, mentionne expressément ce fait). Aussi est-il possible, comment l'affirment les Recognitiones clementinae, que la connaissance de Jésus soit arrivée à Rome par cette voie, de son vivant même.

Parmi les romains qui furent témoins de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres et les premiers disciples (Actes des Apôtres 2, 10), il est permis de supposer qu'il y en eut quelques-uns qui emportèrent avec eux l'impression féconde de la première prédication de saint Pierre (Actes des Apôtres 2, 14-41). La persécution qui, au lendemain du martyre de saint Étienne, dispersa une partie des membres de l'Église naissante, put de même pousser vers Rome quelques chrétiens fugitifs... Les caprices de la politique impériale, qui tantôt chassèrent les Juifs de la capitale de l'empire (Actes des Apôtres 18, 2), tantôt les y rappelèrent, ne firent que les mettre plus à portée de l'influence partout répandue du christianisme. Tels furent sans doute les humbles débuts de la chrétienté romaine. Il est parfaitement possible de supposer aussi que des chrétiens doués de l'esprit d'évangélisation avaient travaillé à répandre la bonne nouvelle dans la capitale du monde, selon ce qui s'était passé à Antioche et ailleurs. Cf. Actes des Apôtres 11, 19 et ss.

Mais ces raisons seraient insuffisantes pour expliquer, à elles seules, l'existence à Rome, vers l'an 59 de notre ère, d'une Église aussi florissante (voyez Romains 1, 8 ; 15, 14 ; 16, 19, etc.) que celle à laquelle fut adressée la lettre dont nous commençons l'étude. La lumière se fait pleinement si nous admettons avec une tradition très ancienne, dont les premières traces apparaissent dans les écrits de saint Ignace d’Antioche (Ad Rom., 4), de saint Irénée de Lyon (adv. Haer., 3, 1, 1 et 3, 3), du prêtre Caïus (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 28), et qui est attestée de la façon la plus claire par Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 2, 13-15), saint Jérôme (De Vir. illustr., 1) et Orose (Hist. adv. Pagan., 7, 6), que saint Pierre vint à Rome durant la seconde année du règne de Claude (42 ou 43) ; et qu'il y fonda en personne l'Église dans laquelle il devait plus tard transporter définitivement son siège comme vicaire de Jésus-Christ (voyez Actes des Apôtres 12, 17b).

D'après les détails qui précèdent, à ses débuts, la chrétienté romaine dut se composer presque uniquement de Juifs convertis. L'élément israélite y était encore très considérable, lorsque la lettre aux Romains fut écrite. Cela ressort de plusieurs passages, dans lesquels l'auteur s'adresse manifestement à des chrétiens d'origine juive (voyez 2, 17 et ss. ; 4, 1 et ss. : 7, 1 et ss. Comp. aussi le chap. 16, où plusieurs des salutations s'adressent à des chrétiens d'origine juive). Toutefois, à Rome comme partout ailleurs, la foi chrétienne ne tarda pas à passer des israélites aux païens, parmi lesquels elle fit de très nombreux adeptes. Et ce sont spécialement ces derniers que saint Paul a en vue dans plusieurs passages de cette lettre : ainsi, il s'adresse aux romains en tant qu'il était l'apôtre des païens (1, 5) ; il espère opérer chez eux des fruits de salut comme parmi les autres nations païennes (1, 13) ; il leur parle ouvertement comme à des infidèles convertis (11, 13, 22 et ss. ; 15, 14 et ss., etc.). L'Église de Rome se composait donc aussi d'un élément issu du monde païen, qui paraît même avoir eu alors la prépondérance. Tel est le sentiment d'un très grand nombre d'exégètes. L'opinion contraire a également ses partisans ; mais elle nous paraît beaucoup moins vraisemblable. Si, d'après Actes des Apôtres 28, 16 et ss., les Juifs de Rome semblent ignorer totalement la nature de la doctrine chrétienne à l'époque de la première captivité de saint Paul, cela tient à ce qu'un scission s'était opérée depuis longtemps entre les synagogues de la capitale et la jeune chrétienté.

Le sujet et la division de la lettre aux Romains. — Le sujet est clairement indiqué dans les vers. 16-17 du premier chapitre : « l'évangile est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d'abord, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, ainsi qu'il est écrit : Le juste vit par la foi. » Saint Paul a donc voulu développer aux chrétiens de Rome le thème si beau et si fondamental de la justification par la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le salut apporté par le Christ est destiné à tous les hommes sans aucune exception, aux païens aussi bien qu'aux Juifs, et il est procuré à tous de la même manière ; on l'obtient, non par les observances de la loi judaïque, mais en croyant à Jésus-Christ, l'unique Sauveur de l'humanité.

La lettre s'ouvre par un préambule relativement long, 1, 1-17, qui se compose d'une salutation solennelle (vers 1-7), d'une entrée en matière très délicate dans laquelle l'apôtre se présente aux fidèles de Rome (vers. 8-15) , enfin de la brève indication du sujet (vers. 16-17). Le corps de la lettre, 1, 18 - 16, 23, se divise en deux parties, dont l'une est dogmatique et l'autre morale. C'est dans la partie dogmatique, 1, 18 - 11, 36, qu’est traité d’une façon magistrale le problème de la justification chrétienne. Trois sections : 1° Nécessité universelle et nature de cette justification, 1, 18 - 5, 21 ; 2° Admirables effets moraux qu’elle produit, 6, 1 - 8, 39 ; 3° Situation spéciale des Juifs relativement au salut que procure la foi, 9, 1 - 11, 36. La partie morale, 12, 1 - 16, 23, contient deux sections : 1° Exhortations pratiques adressées aux chrétiens de Rome, pour les aider à vivre d'une manière conforme à la foi (12, 1 - 15, 13) ; 2° Divers points qui concernaient personnellement saint Paul (15, 14 - 16, 23). Le tout se termine par un majestueux épilogue, 16, 24-27.

Son intégrité. — L'authenticité de la lettre aux Romains est si clairement démontrée par les témoignages des Pères les plus anciens et les plus autorisés (voyez l'Introd. générale, p. 8 - 9. Comp. aussi saint Irénée, Adv. Hær., 3, 16, 3 et 9 ; Tertullien, de Coron., 6. ; Clément d’Alex., Stromates 3, 11 et le Canon de Muratori, ligne 53 ; sans parler des citations empruntées à notre lettre par saint Clément pape, saint Ignace, saint Polycarpe, saint Justin, les hérétiques Marcion et Basilide, les Valentiniens, etc.) et par la conformité parfaite du genre épistolaire avec celui de saint Paul, que, lorsqu’elle a été attaquée naguère par quelques adeptes de la critique la plus radicale, de nombreux rationalistes plus modérés ont protesté vigoureusement.

Quant à l'intégrité, plusieurs faits ont suscité quelques doutes, d'ailleurs sans gravité. Marcion supprimait entièrement les chap. 15 et 16 (voyez Origène, in Rom., 16, 25). En outre, dès l'époque d’Origène, plusieurs manuscrits plaçaient la doxologie finale, 16, 25-27, immédiatement après 14, 23, sans omettre toutefois le reste de la lettre. Partant de là, on a fréquemment conclu, surtout dans l’école de Tubinguen, que les chap. 15 et 16, partiellement ou totalement, (car les avis sont très partagés sur ce point, comme il arrive toujours lorsqu'on fait de la critique subjective) seraient un fragment d’une lettre destinée d’abord aux Éphésiens, fragment que l’on aurait rattaché ensuite à la lettre aux Romains. Mais rien n’est moins fondé que cette hypothèse. En effet, la suppression opérée par Marcion est absolument arbitraire. Cet hérésiarque était coutumier du fait, car il supprimait indistinctement dans les différentes parties du Nouveau Testament les passages qui contredisaient ses théories (ce qui concerne la lettre aux Romains, voyez Tertullien, adv. Marc., 5, 13). Pour ce qui est du déplacement de la doxologie, sans compter qu’il n’existe que dans une petite minorité d'anciens manuscrits, il est facile de l’expliquer sans recourir à la conjecture arbitraire des critiques. Le chap. 16 renferme presque uniquement des messages individuels, qui n'intéressaient que les chrétiens de Rome. Il est donc vraisemblable que, dans les autres Églises, on omettait ce chapitre lorsqu'on faisait la lecture publique de la lettre aux Romains. Çà et là, on le retrancha aussi dans les livres liturgiques. Toutefois, comme on ne voulait pas éliminer la magnifique doxologie finale (16, 25-27), on la plaça, non pas après le chap. 15, qui se termine lui-même par une doxologie (cf. 15, 33), mais à la fin du chap. 14. Le style est d'ailleurs le même que dans le reste de la lettre, et les chap. 15 et 16 témoignent d’une finesse de pensée qu’on chercherait en vain parmi tous les interpolateurs. Ajoutons qu’on y entend retentir encore les notes dominantes de la lettre.

L'occasion et le but. — L'occasion de la plupart des lettres de saint Paul consista en quelque circonstance particulière qui se rattachait directement au ministère de l'apôtre ou à ses relations antérieures avec les destinataires de ses lettres. Ici elle paraît avoir été toute générale, ainsi qu’il ressort du fond même de la lettre. Comme l'admettent de nombreux exégètes, elle doit être cherchée dans la liaison intime qui existait entre la vocation de Paul comme apôtre des païens et la métropole du monde païen (cf. 15, 15).

Cette liaison, saint Paul la comprenait et en avait conscience depuis longtemps ; aussi y avait-il « des années nombreuses » (voyez 15, 23, et comp. 1, 13 ; Actes des Apôtres 19, 21 , etc.) que ses aspirations le portaient vers Rome, soit pour s’édifier auprès des chrétiens qui y résidaient, soit pour aller de là porter l'évangile aux confins de l’Occident. Or voici que ses travaux d'évangélisation en Orient approchaient de leur terme : de Corinthe, où il était alors (voir plus bas, au 5°), Paul n’avait plus qu’à se rendre à Jérusalem, afin d’y porter les aumônes recueillies pour l'Église-mère ; cela fait, il se mettrait en route pour la ville des Césars. Mais, notons-le bien, il n’avait pas encore eu de relations personnelles avec la chrétienté romaine ; il n’avait pris aucune part à sa fondation. Avant de la visiter, il lui sembla donc utile et convenable d’entrer en rapports directs avec elle, de s’annoncer en quelque sorte et de préparer ainsi son apostolat auprès d’elle. Tels furent l'occasion première et le but principal de la lettre qu’il lui écrivit. En outre, il ne pensait pas pouvoir demeurer longtemps à Rome ; il était bon, par conséquent, qu’il communiquât d’avance aux Romains, pour suppléer à la brièveté de sa visite, « un exposé doctrinal complet de l'évangile, » tel qu’il l'enseignait en tous lieux. On conçoit aisément que saint Paul, qui se rendait un compte exact du rôle important que la chrétienté de Rome était appelée à jouer pour le développement de l'Église en Occident, fût désireux de lui développer les principes et la doctrine qu’il s'appliquait à faire valoir partout où le portait son zèle. L'apostolat de Paul supposait que le christianisme était destiné au monde païen tout aussi bien qu’aux Juifs ; c'est précisément pour cela qu’il expose tout au long dans la lettre aux Romains la belle théorie du salut donné à tous les hommes, Juifs ou païens, par la foi en Jésus-Christ. La diaconesse Phœbé, pieuse chrétienne des environs de Corinthe, allait partir pour Rome ; son voyage fut l’occasion extérieure qui détermina l'apôtre à écrire en ce temps même (cf. 16, 1-2).

Se proposa-t-il aussi, comme but secondaire, d’opérer une réconciliation entre les deux éléments juif et païen dont se composait l'Église romaine ? D’assez nombreux exégètes et critiques l’ont pensé, à la suite de saint Augustin (Inchoat. exposit. in ep. ad Rom). Cependant, rien ne prouve qu’il existât alors des divisions au sein de la chrétienté de Rome ou qu’elle en fût menacée. De plus, le ton de la lettre, toujours calme, n’a rien qui puisse faire soupçonner dans l’esprit de l'auteur une intention polémique. Quelle différence, sous ce rapport, dans la première lettre aux Corinthiens et dans la lettre aux Galates, où cette intention existe véritablement. Si divers passages (entre autres, 2, 1 et ss., 17 et ss. ; 9, 6 et ss. ; 10, 3, etc.) semblent présenter « un caractère antijudaïque », c’est parce que saint Paul voulait précisément démontrer que la justification n’était pas le résultat de l'accomplissement plus ou moins fidèle de la loi mosaïque, mais seulement de la foi en Jésus-Christ. Ce ne sont donc pas les erreurs judaïsantes qu’il a en vue dans ces passages, mais le judaïsme lui-même, en tant qu’il était opposé au christianisme.

Le lieu et le temps de la composition. — Quelques détails secondaires, insérés dans la dernière partie de la lettre, nous fournissent sur ces deux points des renseignements assez précis.

La lettre aux Romains dut être écrite à Corinthe. En effet, saint Paul y salue l’Église de Rome au nom de Caïus (Gaïus (Γαΐος), d'après le grec), son hôte d’alors, et d’Éraste, économe ou trésorier de la ville (voyez Romains 16, 23). Or, d’après Actes des Apôtres 19, 22 et 2 Timothée 4, 20, ce dernier habitait Corinthe ; il en était de même de Caïus, d’après 1 Corinthiens 1, 14. En outre, comme il a été dit plus haut, cette lettre fut portée à Rome par la diaconesse Phœbé, qui était de Cenchrées, port oriental de Corinthe (cf. 16, 1-2. Notez encore que, parmi ceux qui saluent l'Église romaine avec saint Paul (Romains 16, 1), nous trouvons Sosipater, ou Sopater, et Timothée, lesquels, comme nous l'apprenons par Actes des Apôtres 20, 4, étaient alors les compagnons de l'apôtre). C'est donc de la capitale de l’Achaïe que Paul écrivit aux Romains. Cette opinion, qui est à peu près unanimement admise, est déjà mentionnée dans les mots πρὸς Ρωμαίους ἔγραφη ἀπὸ Κορίνθου, qu’on lit en de nombreux manuscrits.

Cela posé, la date se manifeste d’elle-même. Saint Paul annonce aux Romains (15, 25-28) qu’il est sur le point de partir pour Jérusalem, afin d’y porter le produit des quêtes faites par lui en Macédoine et en Achaïe. De là, ajoute-t-il, il se propose d’aller à Rome. En rapprochant de ces lignes les deux passages Actes des Apôtres 19, 21 et 20, 2-3, nous voyons que la lettre aux Romains dut être composée durant le troisième voyage apostolique de saint Paul, vers la fin du séjour de trois mois que l’apôtre fit en Achaïe et à Corinthe ; par conséquent, vers le commencement de l’année 59. L'année n'était pas encore très avancée, car Paul célèbre peu après la Pâque à Philippes, et il désirait arriver à Jérusalem avant la Pentecôte. Cf. Actes des Apôtres 20, 3-6. Selon quelques auteurs, c'est en 58 que la lettre aurait été écrite. On ne peut fixer, nous l'avons vu, que d'une manière approximative la chronologie de la vie de saint Paul.

Son caractère général. — C’est à juste titre que la lettre aux Romains a été placée en tête de la collection des écrits de saint Paul ; elle est vraiment la plus importante de toutes ses lettres. Exception faite des détails personnels que l’on rencontre çà et là dans la seconde partie, c’est beaucoup plus un traité de théologie qu’une lettre proprement dite, et ce traité contient en abrégé tout l'enseignement de l'apôtre des païens.

Ailleurs, saint Paul suppose chez ses lecteurs la connaissance de la doctrine chrétienne dans son ensemble, il n’en touche que des points isolés, selon que des abus naissants, des erreurs, des doutes, des questions posées par des Églises, l’y excitaient. Ici, c’est le dogme chrétien tout entier. La genèse et les conséquences du paganisme, la signification et l’avenir du judaïsme, les rapports de ces deux religions avec le christianisme, le péché et ses suites funestes, les relations du premier et du second Adam, soit entre eux, soit avec l’humanité : telles sont les principales questions de détail qu’il y envisage, et il est inutile d’insister sur leur gravité exceptionnelle, sur l'intérêt perpétuel qu'elles excitent. La lettre aux Romains se meut dans de vastes horizons. Les explications sont données avec une chaleureuse éloquence, mais surtout avec un calme doctrinal très majestueux, avec une grande vigueur d'argumentation, avec une brillante clarté.













Lettre aux Romains



Romains 1. 1 Paul, serviteur du Christ-Jésus, apôtre par son appel, mis à part pour annoncer l'Évangile de Dieu, 2 Évangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, 3 touchant son Fils, né de la postérité de David selon la chair, 4 et déclaré Fils de Dieu miraculeusement, selon l'Esprit de sainteté, par une résurrection d'entre les morts, Jésus-Christ Notre-Seigneur, 5 par qui nous avons reçu la grâce et l'apostolat, pour amener en son nom à l'obéissance de la foi tous les païens, 6 du nombre desquels vous êtes, vous aussi, par appel de Jésus-Christ, 7 à tous les bien-aimés de Dieu, les saints appelés par lui, qui sont à Rome : grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 8 Et d'abord je rends grâce à mon Dieu, par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. 9 Dieu m'en est témoin, ce Dieu que je sers en mon esprit par la prédication de l'Évangile de son Fils, sans cesse je fais mémoire de vous, 10 demandant continuellement dans mes prières d'avoir enfin, par sa volonté, quelque heureuse occasion de me rendre auprès de vous. 11 Car j'ai un grand désir de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel, capable de vous affermir, 12 je veux dire, de nous encourager ensemble au milieu de vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi. 13 Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que je me suis souvent proposé d'aller vous voir, mais j'en ai été empêché jusqu'ici, afin de recueillir aussi quelques fruits parmi vous, comme parmi les autres nations. 14 Je me dois aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux ignorants. 15 Ainsi, autant qu'il est en moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l'Évangile, à vous qui êtes à Rome. 16 Car je n'ai pas honte de l'Évangile, c'est une force divine pour le salut de tout homme qui croit, premièrement du Juif, puis du Grec. 17 En effet, en lui est révélée une justice de Dieu qui vient de la foi et est destinée à la foi, selon qu'il est écrit : "Le juste vivra par la foi." 18 En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive, 19 car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté. 20 En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l'intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, 21 puisque, ayant connu Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces, mais ils sont devenus vains dans leurs pensées et leur cœur sans intelligence s'est enveloppé de ténèbres. 22 Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous 23 et ils ont échangé la majesté du Dieu incorruptible pour des images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. 24 Aussi Dieu les a-t-il livrés, au milieu des convoitises de leurs cœurs, aux péchés sexuels, en sorte qu'ils déshonorent entre eux leurs propres corps, 25 eux qui ont échangé le Dieu véritable pour le mensonge et qui ont adoré et servi la créature de préférence au Créateur, lequel est béni éternellement. Amen. 26 C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions d'ignominie : leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature, 27 de même aussi les hommes, au lieu d'user de la femme selon l'ordre de la nature, ont, dans leurs désirs, brûlé les uns pour les autres, faisant hommes avec hommes des actes infâmes et recevant, dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement. 28 Et comme ils ne se sont pas souciés de bien connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens pervers pour faire ce qui ne convient pas, 29 étant remplis de toute espèce d'iniquité, de malice, [de fornication], de cupidité, de méchanceté, pleins d'envie, de pensées homicides, de querelle, de fraude, de malignité, semeurs de faux bruits, 30 calomniateurs, haïs de Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, 31 sans intelligence, sans loyauté, [implacables], sans affection, sans pitié. 32 Et bien qu'ils connaissent le jugement de Dieu déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font.


Romains 2. 1 Ainsi, qui que tu sois, ô homme, toi qui juges, tu es inexcusable car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque tu fais les mêmes choses, toi qui juges. 2 Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses. 3 Et tu penses, ô homme, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ? 4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité ? Et ne sais-tu pas que la bonté de Dieu t'invite à la pénitence ? 5 Par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, 6 qui rendra à chacun selon ses œuvres : 7 la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance dans le bien, cherchent la gloire, l'honneur et l'immortalité 8 mais la colère et l'indignation aux rebelles, indociles à la vérité, dociles à l'iniquité. 9 Oui, tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec. 10 Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec 11 car Dieu ne fait pas de favoritisme entre les personnes. 12 Tous ceux qui ont péché sans loi périront aussi sans loi et tous ceux qui ont péché avec une loi seront jugés par cette loi. 13 Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent une loi qui sont justes devant Dieu mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. 14 Quand des païens, qui n'ont pas la loi, accomplissent naturellement ce que la Loi commande, n'ayant pas la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, 15 ils montrent que ce que la Loi ordonne est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui, de part et d'autre, les accusent ou les défendent. 16 C'est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes. 17 Toi qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, 18 qui connais sa volonté, qui sais discerner ce qu'il y a de meilleur, instruit que tu es par la Loi, 19 toi qui te flattes d'être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, 20 le docteur des ignorants, le maître des enfants, ayant dans la Loi la règle de la science et de la vérité : 21 toi donc qui enseignes les autres, tu ne t'enseignes pas toi-même. Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes. 22 Toi qui défends de commettre l'adultère, tu commets l'adultère. Toi qui as les idoles en abomination, tu profanes le temple. 23 Toi qui te fais une gloire d'avoir une loi, tu déshonores Dieu en la transgressant 24 car "le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations", comme dit l’Écriture. 25 La circoncision est utile, il est vrai, si tu observes la Loi mais si tu transgresses la Loi, tu n'es plus, avec ta circoncision, qu'un incirconcis. 26 Si donc l'incirconcis observe les préceptes de la Loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas réputée circoncision ? 27 Bien plus, l'homme incirconcis de naissance, s'il observe la Loi, te jugera, toi qui, avec la lettre de la Loi et la circoncision, transgresses la Loi. 28 Le vrai Juif, ce n'est pas celui qui l'est au dehors et la vraie circoncision, ce n'est pas celle qui paraît dans la chair. 29 Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement et la circoncision, c'est celle du cœur, dans l'esprit et non dans la lettre : ce Juif aura sa louange, non des hommes, mais de Dieu.


Romains 3. 1 Quel est donc l'avantage du Juif ? Ou quelle est l'utilité de la circoncision ? 2 Cet avantage est grand de toute manière. Et d'abord c'est qu'à eux ont été confiés les oracles de Dieu. 3 Mais quoi ? Si quelques-uns n'ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? 4 Loin de là. Mais plutôt que Dieu soit reconnu pour vrai et tout homme pour menteur, selon qu'il est écrit : "Afin, ô Dieu, que tu sois trouvé juste dans tes paroles et que tu triomphes lorsqu'on te juge." 5 Mais si notre injustice démontre la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n'est-il pas injuste en donnant cours à sa colère ? Je parle à la manière des hommes. 6 Loin de là. Autrement, comment Dieu jugera-t-il le monde ? 7 Car si, par mon mensonge, la vérité de Dieu éclate davantage pour sa gloire, pourquoi, après cela, suis-je moi-même condamné comme pécheur ? 8 Et pourquoi ne ferions-nous pas le mal afin qu'il en arrive du bien, comme la calomnie nous en accuse et comme quelques-uns prétendent, que nous l'enseignons ? Ceux-là, leur condamnation est juste. 9 Et bien donc ? Avons-nous quelque supériorité ? Non, aucune car nous venons de prouver que tous, Juifs et Grecs, sont sous le péché, 10 selon qu'il est écrit : "Il n'y a pas de juste, pas même un seul. 11 Il n'y en a pas qui ait de l'intelligence, il n'y en a pas qui cherche Dieu. 12 Tous sont sortis de la voie, tous sont pervertis, il n'y a personne qui fasse le bien, pas même un seul." 13 "Sépulcre ouvert est leur gosier, ils se servent de leurs langues pour tromper." "Un venin d'aspic est sous leurs lèvres." 14 "Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume." 15 "Ils ont les pieds agiles pour répandre le sang. 16 La désolation et le malheur sont dans leurs voies. 17 Ils ne connaissent pas le chemin de la paix." 18 "La crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux." 19 Or nous savons que tout ce que dit la Loi, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée et que le monde entier soit sous le coup de la justice de Dieu. 20 En effet, nul homme ne sera justifié devant lui par les œuvres de la Loi, car la loi ne fait que donner la connaissance du péché. 21 Mais maintenant, sans la Loi, a été manifestée une justice de Dieu à la quelle rendent témoignage la Loi et les Prophètes, 22 justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux et à tous ceux qui croient, il n'y a pas de distinction, 23 car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu 24 et ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. 25 C'est lui que Dieu a donné comme victime propitiatoire par son sang moyennant la foi, afin de manifester sa justice, ayant, au temps de sa patience, laissé impunis les péchés précédents, 26 afin, dis-je, de manifester sa justice dans le temps présent, de manière à être reconnu juste et justifiant celui qui croit [en Jésus-Christ]. 27 Où est donc la raison de se glorifier ? Elle est exclue. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. 28 Car nous tenons pour certain que l'homme est justifié par la foi, à l'exclusion des œuvres de la Loi. 29 Ou bien Dieu n'est-il que le Dieu des Juifs ? Et n'est-il pas aussi le Dieu des païens ? Oui, il est aussi le Dieu de ceux qui ne sont pas juifs, 30 puisqu'il y a un seul Dieu qui justifiera les circoncis par principe de foi et les incirconcis par la foi. 31 Détruisons-nous donc la Loi par la foi ? Loin de là. Nous la confirmons au contraire.


Romains 4. 1 Quel avantage dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, ait obtenu selon la chair ? 2 Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier. Mais il n'en a pas sujet devant Dieu. 3 En effet, que dit l'Écriture ? "Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice." 4 Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due, 5 et à celui qui ne fait aucune œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. 6 C'est ainsi que David proclame la béatitude de l'homme à qui Dieu impute la justice indépendamment des œuvres : 7 "Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées et dont les péchés ont été couverts. 8 Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché" 9 Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis ? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. 10 Comment donc lui fut-elle imputée ? Était-ce en l'état de circoncision, ou en l'état d'incirconcision ? Ce ne fut pas dans l'état de circoncision, il était encore incirconcis. 11 Il reçut ensuite le signe de la circoncision comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous ceux qui ont la foi bien qu'incirconcis, pour que la justice leur soit aussi imputée, 12 et le père des circoncis, de ceux qui ne sont pas seulement circoncis, mais qui marchent en même temps sur les traces de la foi qu'avait notre père Abraham lorsqu'il était incirconcis. 13 En effet, ce n'est pas par la Loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham et à sa postérité, c'est par la justice de la foi. 14 Car si ceux qui ont la Loi sont héritiers, la foi est vaine et la promesse est sans effet, 15 parce que la loi produit la colère et que là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de transgression. 16 Donc c'est bien par la foi, afin que ce soit par grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à ceux qui relèvent de la Loi, mais encore à ceux qui relèvent de la foi d'Abraham, notre père à tous, 17 selon qu'il est écrit : "Je t'ai fait père d'un grand nombre de nations." Il l'est devant celui auquel il a cru, devant Dieu, qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient. 18 Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu'il devint le père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : "Telle sera ta postérité." 19 Et, inébranlable dans sa foi, il ne considéra pas que son corps était déjà éteint, puisqu'il avait près de cent ans, ni que le sein de Sara était épuisé. 20 Devant la promesse de Dieu, il n'eut ni hésitation ni défiance mais puisant sa force dans la foi, il rendit gloire à Dieu, 21 pleinement convaincu qu'il saura accomplir la promesse qu'il a faite. 22 Et voilà pourquoi sa foi lui fut imputée à justice. 23 Or ce n'est pas pour lui seul qu'il est écrit qu'elle lui fut imputée à justice, 24 mais c'est aussi pour nous, à qui elle doit être imputée, pour nous qui croyons en celui qui a ressuscité d'entre les morts Jésus-Christ, Notre-Seigneur, 25 lequel a été livré pour nos offenses et est ressuscité pour notre justification.


Romains 5. 1 Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, 2 à qui nous devons d'avoir eu accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes et de nous glorifier dans l'espérance de la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, 4 la constance une vertu éprouvée et la vertu éprouvée l'espérance. 5 Or, l'espérance ne trompe pas, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné. 6 Car, lorsque nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. 7 C'est à peine si l'on meurt pour un juste et peut-être quelqu'un saurait-il mourir pour un homme de bien. 8 Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous. 9 A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. 10 Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. 11 Bien plus, nous nous glorifions même en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation. 12 Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort. Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché. 13 Car jusqu'à la Loi le péché était dans le monde, or le péché n'est pas imputé lorsqu'il n'y a pas de loi. 14 Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'avaient pas péché, par une transgression semblable à celle d'Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir. 15 Mais il n'en est pas du don gratuit comme de la faute, car si, par la faute d'un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d'un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes. 16 Et il n'en est pas du don comme des suites du péché d'un seul, car le jugement a été porté à cause d'une seule faute pour la condamnation, tandis que le don amène la justification de beaucoup de fautes. 17 En effet, si, par la faute d'un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ. 18 Ainsi donc, comme par la faute d'un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d'un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie. 19 De même en effet, que par la désobéissance d'un seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par l'obéissance d'un seul tous seront constitués justes. 20 La loi est intervenue pour faire abonder la faute mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur.


Romains 6. 1 Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? 2 Loin de là. Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? 3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. 5 Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection 6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché 7 car celui qui est mort est affranchi du péché. 8 Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, 9 sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n'a plus de pouvoir sur lui. 10 Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes et sa vie est une vie pour Dieu. 11 Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. 12 Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel, de sorte que vous obéissiez à ses convoitises. 13 Ne livrez pas vos membres au péché pour être des instruments d'iniquité, mais offrez-vous vous-mêmes à Dieu comme étant vivants, de morts que vous étiez et offrez-lui vos membres pour être des instruments de justice. 14 Car le péché n'aura pas de pouvoir sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce. 15 Quoi donc ? Pécherons-nous, parce que nous ne sommes pas sous la Loi mais sous la grâce ? Loin de là. 16 Ne savez-vous pas que, si vous vous livrez à quelqu'un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l'obéissance à Dieu pour la justice ? 17 Mais grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été les esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été enseignée. 18 Ainsi, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice. 19 Je parle à la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre chair. De même que vous avez livré vos membres comme esclaves aux péchés sexuels et à l'injustice, pour arriver à l'injustice, de même livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. 20 Car, lorsque vous étiez les esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice. 21 Quel fruit aviez-vous alors des choses dont vous rougissez aujourd'hui ? Car la fin de ces choses, c'est la mort. 22 Mais maintenant, affranchis du péché et devenus les esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. 23 Car le salaire du péché, c'est la mort mais le don de Dieu c'est la vie éternelle en Jésus-Christ Notre-Seigneur.


Romains 7. 1 Ignorez-vous, mes frères, car je parle à des hommes qui connaissent la Loi, que l'homme est sous l'empire de la loi aussi longtemps qu'il vit ? 2 Ainsi une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu'il est vivant mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. 3 Si donc, du vivant de son mari, elle épouse un autre homme, elle sera appelée adultère mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi, en sorte qu'elle n'est plus adultère en devenant la femme d'un autre mari. 4 Ainsi, mes frères, vous aussi vous êtes morts à la Loi, par le corps de Jésus-Christ, pour que vous soyez à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. 5 Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions qui engendrent les péchés, excitées par la Loi, agissaient dans nos membres, de manière à produire des fruits pour la mort. 6 Mais maintenant nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à la Loi, sous l'autorité de laquelle nous étions tenus, de sorte que nous servons Dieu dans un esprit nouveau et non selon une lettre surannée. 7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Loin de là. Mais je n'ai connu le péché que par la Loi, par exemple, je n'aurais pas connu la convoitise, si la Loi ne disait : "Tu ne convoiteras pas." 8 Puis le péché, saisissant l'occasion, a fait naître en moi, par le commandement, toutes sortes de convoitises car, sans la Loi, le péché est mort. 9 Pour moi, je vivais autrefois sans la Loi mais le commandement étant venu, le péché a pris vie, 10 et moi, je suis mort. Ainsi le commandement qui devait conduire à la vie, s'est trouvé pour moi conduire à la mort. 11 Car le péché, saisissant l'occasion qu'offrait le commandement, m'a séduit et par lui m'a donné la mort. 12 Ainsi donc la Loi est sainte et le commandement est saint, juste et bon. 13 Une chose bonne a donc été pour moi une cause de mort ? Loin de là. Mais c'est le péché qui m'a donné la mort, afin de se montrer péché en me donnant la mort par le moyen d'une chose bonne et de se développer à l'excès comme péché par le moyen du commandement. 14 Nous savons, en effet, que la Loi est spirituelle mais moi, je suis charnel, vendu au péché. 15 Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais pas ce que je veux et je fais ce que je hais. 16 Or, si je fais ce que je ne voudrais pas, je reconnais par là que la Loi est bonne. 17 Mais alors ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair, le vouloir est à ma portée, mais non le pouvoir de l'accomplir. 19 Car je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. 20 Or, si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi. 21 Je trouve donc cette loi en moi : quand je veux faire le bien, le mal est près de moi. 22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de ma raison et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. 24 Malheureux que je suis. Qui me délivrera de ce corps de mort ? 25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi donc moi-même, par l'esprit, je suis l'esclave de la loi de Dieu et par la chair l'esclave de la loi du péché.


Romains 8. 1 Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. 2 En effet, la loi de l'Esprit de la vie m'a affranchi en Jésus-Christ de la loi du péché et de la mort. 3 Car, ce qui était impossible à la Loi parce qu'elle était sans force à cause de la chair, Dieu l'a fait, en envoyant, pour le péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché et il a condamné le péché dans la chair, 4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l'Esprit. 5 Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, se prennent d'affection pour les choses de la chair mais ceux qui vivent selon l'Esprit se prennent d'affection pour les choses de l'Esprit. 6 Et les affections de la chair, c'est la mort, tandis que les affections de l'Esprit, c'est la vie et la paix 7 parce que les affections de la chair sont inimitié contre Dieu, car elles ne se soumettent pas à la loi divine et elles ne le peuvent même pas. 8 Or ceux qui vivent dans la chair ne sauraient plaire à Dieu. 9 Pour vous, vous ne vivez pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. 10 Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous. 12 Ainsi donc, mes frères, nous ne sommes pas redevables à la chair pour vivre selon la chair. 13 Car si vous vivez, selon la chair, vous mourrez mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez 14 car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. 15 En effet, vous n'avez pas reçu un Esprit de servitude, pour être encore dans la crainte mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, en qui nous crions : Abba. Père. 16 Cet Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, pour être glorifiés avec lui. 18 Car j'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous. 19 Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la manifestation des enfants de Dieu. 20 La création, en effet, a été assujettie à la vanité, non de son gré, mais par la volonté de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance 21 qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. 22 Car nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement. 23 Et ce n'est pas elle seulement, nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'adoption, la rédemption de notre corps. 24 Car c'est en espérance que nous sommes sauvés. Or, voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer : car ce qu'on voit pourquoi l'espérer encore ? 25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec patience. 26 De même aussi l'Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même prie pour nous par des gémissements ineffables 27 et celui qui sonde les cœurs connaît quels sont les désirs de l'Esprit, il sait qu'il prie selon Dieu pour des saints. 28 Nous savons d'ailleurs que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein. 29 Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né d'un grand nombre de frères. 30 Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés et ceux qu'il a justifiés il les a glorifiés. 31 Que dirons-nous donc après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré à la mort pour nous tous, comment avec lui ne nous donnera-t-il pas toutes choses ? 33 Qui accusera des élus de Dieu ? C'est Dieu qui les justifie. 34 Qui les condamnera ? Le Christ est mort, bien plus il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. 35 Qui nous séparera de l'amour du Christ ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée ? 36 Selon qu'il est écrit : "A cause de toi, tout le jour nous sommes livrés à la mort et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie." 37 Mais dans toutes ces épreuves nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés. 38 Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, 39 ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur.


Romains 9. 1 Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m'en rend témoignage par l'Esprit-Saint : 2 j'éprouve une grande tristesse et j'ai au cœur une douleur incessante. 3 Car je souhaiterais d'être moi-même anathème, loin du Christ, pour mes frères, mes parents selon la chair, 4 qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption et la gloire et les alliances et la Loi et le culte et les promesses 5 et les patriarches et de qui est issu le Christ selon la chair, lequel est au-dessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement. Amen. 6 Ce n'est pas que la parole de Dieu ait failli. Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas le véritable Israël, 7 et pour être la postérité d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants mais "C'est la postérité d'Isaac qui sera dite ta postérité", 8 c'est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité d'Abraham. 9 Voici en effet les termes d'une promesse : "Je reviendrai à cette même époque et Sara aura un fils." 10 Et non seulement Sara mais il en fut encore ainsi de Rebecca qui conçut deux enfants d'un seul homme, d'Isaac notre père 11 car, avant même que les enfants fussent nés et qu'ils eussent rien fait, ni bien ni mal, afin que le dessein électif de Dieu fût reconnu ferme, 12 non en vertu des œuvres, mais par le choix de celui qui appelle, il fut dit à Rebecca : "L'aîné sera assujetti au plus jeune," 13 selon qu'il est écrit : "J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü." 14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l'injustice en Dieu ? Loin de là. 15 Car il dit à Moïse : "Je ferai miséricorde à qui je veux faire miséricorde et j'aurai compassion de qui je veux avoir compassion." 16 Ainsi donc l'élection ne dépend ni de la volonté, ni des efforts, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l'Écriture dit à Pharaon : "Je t'ai suscité, pour montrer en toi ma puissance et pour que mon nom soit célébré sur toute la terre." 18 Ainsi il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut. 19 Tu me diras : De quoi donc Dieu se plaint-il encore ? Car qui peut s'opposer à sa volonté ? 20 Mais plutôt, ô homme, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Est-ce que le vase d'argile dit à celui qui l'a façonné : Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? 21 Le potier n'est-il pas maître de son argile, pour faire de la même masse un vase d'honneur et un vase d'ignominie ? 22 Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère, formés pour la perdition, 23 et s'il a voulu faire connaître aussi les richesses de sa gloire à l'égard des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire, 24 envers nous, qu'il a appelés, non seulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les païens, où est l'injustice ? 25 C'est ainsi qu'il dit dans Osée : "Celui qui n'était pas mon peuple, je l'appellerai mon peuple et celle qui n'était pas la bien-aimée, je l'appellerai bien-aimée." 26 "Et dans le lieu où il leur fut dit : Vous n'êtes pas mon peuple, là même on les appellera fils du Dieu vivant." 27 D'autre part, Isaïe s'écrie au sujet d'Israël : "Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, un faible reste seulement sera sauvé." 28 Car accomplissant sa parole pleinement et promptement, il l'exécutera sur la terre. 29 Et comme Isaïe l'avait prédit : "Si le Seigneur des armées ne nous avait laissé un rejeton, nous serions devenus comme Sodome et nous aurions été semblables à Gomorrhe." 30 Que dirons-nous donc ? Que les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont atteint la justice, mais la justice qui vient de la foi, 31 tandis qu'Israël, qui cherchait une loi de justice, n'est pas parvenu à une loi de justice. 32 Pourquoi ? Parce qu'il a cherché à l'atteindre, non par la foi, mais comme s'il avait pu arriver par les œuvres. Il s'est heurté contre la pierre qui fait trébucher, 33 selon qu'il est écrit : "Voici que je mets en Sion une pierre qui fait trébucher et un rocher de scandale, mais quiconque croit en lui ne sera pas confondu."


Romains 10. 1 Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés. 2 Car je leur rends le témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais c'est un zèle mal éclairé. 3 Ne connaissant pas la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. 4 C'est qu'en effet la fin de la Loi c'est le Christ, pour la justification de tout homme qui croit. 5 En effet, Moïse dit de la justice qui vient de la Loi : "L'homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles." 6 Mais voici comment parle la justice qui vient de la foi : "Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au Ciel" ce qui signifie en faire descendre le Christ 7 ou "Qui descendra dans l'abîme ?" Ce qui signifie faire remonter le Christ d'entre les morts 8 Que dit-elle donc ? "Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur." C'est la parole de la foi que nous prêchons. 9 Si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts tu seras sauvé. 10 Car c'est en croyant de cœur qu'on parvient à la justice et c'est en confessant de bouche qu'on parvient au salut, 11 selon ce que dit l'Écriture : "Quiconque croit en lui ne sera pas confondu." 12 Il n'y a pas de différence entre le Juif et le païen, parce que le même Christ est le Seigneur de tous, étant riche envers tous ceux qui l'invoquent. 13 Car "quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé." 14 Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur ? 15 Et comment seront-ils prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? Selon qu'il est écrit : "Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le bonheur" 16 Mais tous n'ont pas obéi à l'Évangile car Isaïe dit : "Seigneur, qui a cru à notre prédication ?" 17 Ainsi la foi vient de la prédication entendue et la prédication se fait par la parole de Dieu. 18 Mais je demande : n'ont-ils pas entendu ? Au contraire : "Leur voix est allée par toute la terre et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde." 19 Je demande encore : Israël n'en a-t-il pas eu connaissance ? Moïse le premier a dit : "J'exciterai votre jalousie contre une nation qui n'en est pas une, j'exciterai votre colère contre une nation sans intelligence." 20 Et Isaïe pousse la hardiesse jusqu'à dire : "J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas." 21 Mais au sujet d'Israël il dit : "J'ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple incroyant et rebelle."


Romains 11. 1 Je dis donc : Est-ce que Dieu a rejeté son peuple ? Loin de là, car moi aussi, je suis Israélite, de la postérité d'Abraham, de la race de Benjamin. 2 Non, Dieu n'a pas rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance. Ne savez-vous pas ce que l'Écriture rapporte dans le chapitre d'Élie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël : 3 "Seigneur, ils ont tué vos prophètes, ils ont renversé vos autels, je suis resté moi seul et ils en veulent à ma vie." 4 Mais que lui répond la voix divine ? Je me suis réservé sept mille hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal." 5 De même aussi, dans le temps présent, il y a une réserve selon un choix de grâce. 6 Or, si c'est par grâce, ce n'est plus par les œuvres, autrement la grâce cesse d'être une grâce. 7 Que dirons-nous donc ? Ce qu'Israël cherche, il ne l'a pas obtenu, mais ceux que Dieu a choisis l'ont obtenu, tandis que les autres ont été aveuglés, 8 selon qu'il est écrit "Dieu leur a donné un esprit d'étourdissement, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu'à ce jour." 9 Et David dit : "Que leur table leur devienne un piège, un lacet, une occasion de tomber et un juste châtiment. 10 Que leurs yeux soient obscurcis pour ne pas voir, tiens leur dos continuellement courbé." 11 Je demande donc, Ont-ils trébuché, afin de tomber pour toujours ? Loin de là, mais par leur chute, le salut est arrivé aux païens, de manière à exciter la jalousie d'Israël. 12 Or, si leur chute a été la richesse du monde et leur amoindrissement la richesse des païens, que ne sera pas leur plénitude. 13 En effet, je vous le dis, à vous, chrétiens nés dans le paganisme : moi-même, en tant qu'apôtre de tous ceux qui ne sont pas juifs, je m'efforce de rendre mon ministère glorieux, 14 afin, s'il est possible, d'exciter la jalousie de ceux de mon sang et d'en sauver quelques-uns. 15 Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon une résurrection d'entre les morts ? 16 Si les prémices sont saintes, la masse l'est aussi et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. 17 Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées et si toi, qui n'étais qu'un olivier sauvage, tu as été greffé à leur place et rendu participant de la racine et de la sève de l'olivier, 18 ne te glorifie pas à l'encontre des branches. Si tu te glorifies, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte. 19 Tu diras donc : Ces branches ont été retranchées, afin que moi je fusse greffé. 20 Cela est vrai, ils ont été retranchés à cause de leur incrédulité et toi, tu subsistes par la foi, garde-toi de pensées orgueilleuses, mais crains. 21 Car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, crains qu'il ne t'épargne pas non plus. 22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sa sévérité envers ceux qui sont tombés et sa bonté envers toi, si tu te maintiens dans cette bonté, autrement toi aussi tu seras retranché. 23 Eux aussi, s'ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront greffés car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau. 24 Si toi, tu as été coupé sur un olivier de nature sauvage et greffé, contrairement à ta nature, sur l'olivier franc, à plus forte raison les branches naturelles seront-elles greffées sur leur propre olivier. 25 Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c'est qu'une partie d'Israël est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la masse des païens soit entrée. 26 Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : "Le libérateur viendra de Sion et il éloignera de Jacob toute impiété 27 et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j'aurai ôté leurs péchés. 28 Il est vrai, en ce qui concerne l'Évangile, ils sont encore ennemis à cause de vous mais eu égard au choix divin, ils sont aimés à cause de leurs pères. 29 Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance. 30 Et comme vous-mêmes autrefois vous avez désobéi à Dieu et que, par le fait de leur désobéissance, vous avez maintenant obtenu miséricorde, 31 de même, eux aussi, ils ont maintenant désobéi, à cause de la miséricorde qui vous a été faite, afin qu'ils obtiennent également miséricorde. 32 Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous. 33 O profondeur inépuisable et de la sagesse et de la science de Dieu. Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles. 34 Car "qui a connu la pensée du Seigneur ou qui a été son conseiller ?" 35 Ou bien "qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour ? 36 De lui, par lui et pour lui sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles. Amen.


Romains 12. 1 Je vous exhorte donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. C'est là le culte spirituel que vous lui devez. 2 Et ne vous conformez pas au monde présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l'esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. 3 En vertu de la grâce qui m'a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas s'estimer plus qu'il ne faut mais d'avoir des sentiments modestes, chacun selon la mesure de la foi que Dieu lui a départie. 4 Car, de même que nous avons plusieurs membres dans un seul corps et que tous les membres n'ont pas la même fonction, 5 ainsi nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu'un seul corps dans le Christ et chacun en particulier nous sommes membres les uns des autres 6 et nous avons des dons différents selon la grâce qui nous a été donnée : soit de prophétie, selon la mesure de notre foi, 7 soit de ministère, pour nous contenir dans le ministère, celui-ci a reçu le don d'enseigner : qu'il enseigne, 8 celui-là, le don d'exhorter : qu'il exhorte, un autre distribue : qu'il s'en acquitte avec simplicité, un autre préside : qu'il le fasse avec zèle, un autre exerce les œuvres de miséricorde : qu'il s'y livre avec joie. 9 Que votre charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur, attachez-vous fortement au bien. 10 Quant à l'amour fraternel, soyez pleins d'affection les uns pour les autres, vous prévenant d'honneur les uns les autres, 11 pour ce qui est du zèle, ne soyez pas nonchalants. Soyez fervents d'esprit, c'est le Seigneur que vous servez. 12 Soyez pleins de la joie que donne l'espérance, patients dans l'affliction, assidus à la prière, 13 prêts à subvenir aux nécessités des saints, empressés à donner l'hospitalité. 14 Bénissez ceux qui vous persécutent : bénissez et ne maudissez pas. 15 Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. 16 Ayez les mêmes sentiments entre vous, n'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez pas sages à vos propres yeux, 17 ne rendez à personne le mal pour le mal, veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. 18 S'il est possible, autant qu'il dépend de vous, soyez en paix avec tous. 19 Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu car il est écrit : "A moi la vengeance, c'est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur." 20 Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s'il a soif, donne-lui à boire, car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête. 21 Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien.


Romains 13. 1 Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu et celles qui existent ont été instituées par lui. 2 C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité, résiste à l'ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation. 3 Car les magistrats ne sont pas à redouter pour les bonnes actions, mais pour les mauvaises. Veux-tu ne pas craindre l'autorité ? Fais le bien et tu auras son approbation, 4 car le prince est pour toi ministre de Dieu pour le bien. Mais si tu fais le mal, crains, car ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée, étant ministre de Dieu pour tirer vengeance de celui qui fait le mal et le punir. 5 Il est nécessaire d'être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais aussi par motif de conscience. 6 C'est aussi pour cette raison que vous payez les impôts, car les magistrats sont des ministres de Dieu, entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû : 7 à qui l'impôt, l'impôt, à qui le tribut, le tribut, à qui la crainte, la crainte, à qui l'honneur, l'honneur. 8 Ne soyez en dette avec personne, si ce n'est de l'amour mutuel, car celui qui aime son prochain a accompli la loi. 9 En effet, ces commandements : "Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras pas, tu ne déroberas pas, tu ne convoiteras pas" et ceux qu'on pourrait citer encore, se résument dans cette parole "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." 10 L'amour ne fait pas de mal au prochain, l'amour est donc la plénitude de la loi. 11 Cela importe d'autant plus, que vous savez en quel temps nous sommes, c'est l'heure de nous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons embrassé la foi. 12 La nuit est avancée et le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. 13 Marchons honnêtement, comme en plein jour, ne nous laissant pas aller aux excès de la table et du vin, à la luxure et à l'impudicité, aux querelles et aux jalousies. 14 Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne prenez pas soin de la chair, de manière à en satisfaire les convoitises.


Romains 14. 1 Quant à celui qui est faible dans la foi, accueillez-le sans discuter ses opinions. 2 Tel croit pouvoir manger de tout, tel autre, qui est faible, se nourrit des légumes. 3 Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange, car Dieu l'a accueilli parmi les siens 4 Qui es-tu, toi qui juges le serviteur d'autrui ? S'il se tient debout, ou s'il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout car Dieu a le pouvoir de le soutenir. 5 Tel met de la différence entre les jours, tel autre les estime tous pareils : que chacun ait dans son esprit une pleine conviction. 6 Celui qui observe tel ou tel jour, l'observe en vue du Seigneur et celui qui mange, mange en vue du Seigneur, car il rend grâces à Dieu et celui qui ne mange pas, c'est en vue du Seigneur qu'il ne mange pas et il rend aussi grâces à Dieu. 7 En effet, nul de nous ne vit pour soi-même et nul ne meurt pour soi-même. 8 Car, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur, soit que nous mourrions, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. 9 Car le Christ est mort et a vécu afin d'être le Seigneur et des morts et des vivants. 10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Toi, aussi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Puisque nous paraîtrons tous devant le tribunal du Christ 11 car il est écrit : "Je suis vivant, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi et toute langue donnera gloire à Dieu." 12 Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même. 13 Ne nous jugeons donc plus les uns les autres, mais jugez plutôt qu'il ne faut rien faire qui soit pour votre frère une pierre qui fait trébucher ou une occasion de chute. 14 Je sais et je suis persuadé dans le Seigneur Jésus que rien n'est impur en soi, néanmoins, si quelqu'un estime qu'une chose est impure, elle est impure pour lui. 15 Or, si pour un aliment, tu attristes ton frère, tu ne marches plus selon la charité, n'entraîne pas à la perdition, par ton aliment, un homme pour lequel le Christ est mort. 16 Que votre bien ne soit pas un sujet de blasphème. 17 Car le royaume de Dieu ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice et la paix et la joie dans l'Esprit-Saint. 18 Celui qui sert le Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. 19 Recherchons donc ce qui contribue à la paix et à l'édification mutuelle. 20 Garde-toi, pour un aliment, de détruire l'œuvre de Dieu. Il est vrai que toutes choses sont pures, mais il est mal à un homme de devenir, en mangeant, une pierre sur laquelle on trébuche. 21 Ce qui est bien, c'est de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, de ne rien faire qui soit pour ton frère une occasion de chute. 22 As-tu une conviction ? Garde-la pour toi-même devant Dieu. Heureux celui qui ne se condamne pas dans l'acte qu'il approuve. 23 Mais celui qui a des doutes, s'il mange, il est condamné, parce qu'il n'agit pas par conviction, tout ce qui ne procède pas d'une conviction est péché.


Romains 15. 1 Nous devons, nous qui sommes forts, supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas et ne pas nous plaire à nous-mêmes. 2 Que chacun de nous cherche à plaire au prochain pour le bien, afin de l'édifier. 3 Car le Christ n'a pas eu de complaisance pour lui-même, mais, selon qu'il est écrit : "Les outrages de ceux qui t'outragent sont tombés sur moi." 4 Car tout ce qui a été écrit avant nous l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l'espérance. 5 Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d'avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ, 6 afin que, d'un même cœur et d'une même bouche, vous glorifiez Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 7 Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. 8 J'affirme, en effet, que le Christ a été ministre des circoncis, pour montrer la véracité de Dieu, en accomplissant les promesses faites à leurs pères, 9 tandis que les païens glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu'il est écrit : "C'est pourquoi je te louerai parmi les nations et je chanterai à la gloire de ton nom." 10 L'Écriture dit encore : "Nations, réjouissez-vous avec son peuple." 11 Et ailleurs : "Nations, louez toutes le Seigneur, peuples, célébrez-le tous." 12 Isaïe dit aussi : "Il paraîtra, le rejeton de Jessé, celui qui se lève pour régner sur les nations, en lui les nations mettront leur espérance." 13 Que le Dieu de l'espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, afin que, par la vertu de l'Esprit-Saint, vous abondiez en espérance.    14 Moi aussi, mes frères, j'ai de vous cette persuasion que vous êtes de vous-mêmes pleins de bons sentiments, remplis de toute connaissance et capables de vous avertir les uns les autres. 15 Cependant je vous ai écrit plus librement, comme pour raviver en partie vos souvenirs, à cause de la grâce que Dieu m'a faite 16 d'être ministre de Jésus-Christ, pour les païens, en m'acquittant du divin service de l'Évangile de Dieu, afin que l'offrande des païens soit agréée, étant sanctifiée par le Saint-Esprit. 17 J'ai donc sujet de me glorifier en Jésus-Christ pour ce qui regarde le service de Dieu. 18 Car je n'oserais pas parler de choses que le Christ n'aurait pas faites par mon ministère pour amener les païens à obéir à l'Évangile, par la parole et par l'action, 19 par la vertu des miracles et des prodiges, par la puissance de l'Esprit-Saint : si bien que, depuis Jérusalem et les pays voisins jusqu'à l'Illyrie, j'ai porté partout l'Évangile du Christ, 20 mettant toutefois mon honneur à prêcher l'Évangile là où le Christ n'avait pas encore été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement qu'un autre aurait posé, 21 mais selon qu'il est écrit : "Ceux à qui il n'avait pas été annoncé le verront et ceux qui n'en avaient pas entendu parler le connaîtront." 22 C'est ce qui m'a souvent empêché d'aller chez vous. 23 Mais maintenant n'ayant plus rien qui me retienne dans ces contrées et ayant depuis plusieurs années le désir d'aller vers vous, 24 j'espère vous voir en passant, quand je me rendrai en Espagne et y être accompagné par vous, après que j'aurai satisfait, en partie du moins, mon désir de me trouver parmi vous. 25 Présentement je vais à Jérusalem, pour venir en aide aux saints. 26 Car la Macédoine et l'Achaïe ont bien voulu faire une collecte en faveur des saints de Jérusalem qui sont dans la pauvreté. 27 Elles l'ont bien voulu, aussi bien elles le leur devaient, car si les païens ont eu part à leurs biens spirituels, ils doivent à leur tour les assister de leurs biens temporels. 28 Dès que j'aurai terminé cette affaire et que j'aurai consigné ce don entre leurs mains, je partirai pour l'Espagne et passerai chez vous. 29 Or je sais qu'en allant chez vous, j'y viendrai avec une abondante bénédiction du Christ. 30 Je vous exhorte, mes frères, par Notre-Seigneur Jésus-Christ et par la charité du Saint-Esprit, à combattre avec moi, en adressant pour moi des prières à Dieu, 31 afin que j'échappe aux incrédules qui sont en Judée et que l'offrande que je porte à Jérusalem soit agréable aux saints, 32 en sorte que j'arrive chez vous dans la joie, si c'est la volonté de Dieu et que je goûte quelque repos au milieu de vous. 33 Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen.


Romains 16. 1 Je vous recommande Phoebé, notre sœur, qui est diaconesse de l’Église de Cenchrées, 2 afin que vous la receviez en Notre-Seigneur d'une manière digne des saints et que vous l'assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous, car elle aussi a donné aide à plusieurs et à moi-même. 3 Saluez Prisca et Aquila, mes coopérateurs en Jésus-Christ. 4 Eux qui, pour sauver ma vie, ont exposé leur tête, ce n'est pas moi seul qui leur rend grâces, ce sont encore toutes les Églises de ceux qui ne sont pas juifs. 5 Saluez aussi l’Église qui est dans leur maison. Saluez Épénète, mon bien-aimé, qui a été pour le Christ les prémices de l'Asie. 6 Saluez Marie, qui a pris beaucoup de peine pour vous. 7 Saluez Andronique et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité, qui jouissent d'une grande considération parmi les apôtres et qui même ont été dans le Christ avant moi. 8 Saluez Amplias, mon bien-aimé dans le Seigneur. 9 Saluez Urbain, notre coopérateur dans le Christ et Stachys, mon bien-aimé. 10 Saluez Apelle, qui a fait ses preuves dans le Christ. Saluez ceux de la maison d'Aristobule. 11 Saluez Hérodion, mon parent. Saluez ceux de la maison de Narcisse qui sont dans le Seigneur. 12 Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent dans le Seigneur. Saluez Perside, la bien-aimée qui a beaucoup travaillé dans le Seigneur. 13 Saluez Rufus, distingué dans le Seigneur et sa mère, qui est aussi la mienne. 14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermés, Patrobas, Hermas et les frères qui sont avec eux. 15 Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, ainsi qu'Olympias et tous les saints qui sont avec eux. 16 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Toutes les Églises du Christ vous saluent. 17 Je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent les divisions et les scandales, en s'écartant de l'enseignement que vous avez reçu, éloignez-vous d'eux. 18 Car de tels hommes ne servent pas le Christ Notre-Seigneur, mais leur propre ventre et avec leurs paroles douces et leur langage flatteur, ils séduisent les cœurs des simples. 19 Car votre obéissance est arrivée aux oreilles de tous, je me réjouis donc à votre sujet, mais je désire que vous soyez prudents pour le bien et simple pour le mal. 20 Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. 21 Timothée, le compagnon de mes travaux, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipater, mes parents. 22 Je vous salue dans le Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre. 23 Caïus, mon hôte et celui de l’Église, vous salue. Éraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que Quartus, notre frère. 24 [Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen] 25 A celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère resté caché durant de longs siècles, 26 mais manifesté maintenant et, selon l'ordre du Dieu éternel, porté par les écrits des prophètes, à la connaissance de toutes les nations pour qu'elles obéissent à la foi, à Dieu, seul sage, soit la gloire par Jésus-Christ aux siècles les siècles. Amen.


Notes sur la lettre aux Romains


1.1 Voir Actes des Apôtres, 13, 2.

1.4 Comme homme, Jésus-Christ était prédestiné pour être le Fils de Dieu. Or, trois choses prouvent qu’il est réellement le Fils de Dieu : les miracles qu’il a opérés, la communication qu’il a faite du Saint-Esprit pour la sanctification des hommes, enfin sa résurrection.

1.7 les saints appelés par lui. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.9 Je fais mémoire de vous. Cette locution, qui est celle du texte sacré lui-même, n’exprime pas un simple souvenir ordinaire, comme on l’entend communément, mais bien l’idée de commémoration, telle que l’Église l’a consacrée dans la liturgie.

1.14 Aux barbares : ceux qui parmi les païens ne parlent pas le grec.

1.17 Voir Habacuc, 2, 4 ; Galates, 3, 11 ; Hébreux, 10, 38. ― justice de Dieu, etc. C’est l’Évangile, en effet, qui nous fait connaître que la justice que Dieu nous a communiquée, et qui nous rend justes et saints, vient de la foi, et se perfectionne par la foi.

1.21 Voir Éphésiens, 4, 17.

1.23 Voir Psaume, 105, 20 ; Jérémie, 11, 10. ― des images, etc. Les idoles païennes représentaient des hommes et des animaux.

1.24 Voir Romains, 1, 27 ; 6, 19 ; Éphésiens, 4, 19.

1.26 Dieu les a livrés, etc. ; c’est-à-dire que, les ayant abandonnés à leur propre malice, il les a laissés tomber dans ces péchés honteux en punition de leur orgueil.

2.1 Voir Matthieu 7, 2.

2.4 Sagesse, 11, 24 ; 12, 2 ; 2 Pierre, 3, 9.

2.6 Voir Matthieu 16, 27.

2.11 Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Chroniques, 19, 7 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Galates, 2, 6 ; Colossiens, 3, 25.

2.12 Sans loi, sans la loi de Moïse.

2.13 Voir Matthieu 7, 21 ; Jacques, 1, 22.

2.14 accomplissent naturellement ; c’est-à-dire sans la connaissance de la loi mosaïque, et par la seule direction de la loi naturelle. ― Les auteurs païens ont parlé expressément de la loi naturelle. Dans l’Antigone de Sophocle, cette héroïne qui a rendu à son frère les devoirs de la sépulture malgré les ordres du roi, répond à celui-ci qui lui demande si elle connaissait sa défense : « Je la connaissais. Mais une telle loi, ce n’est ni Jupiter ni la justice qui l’ont promulguée. Les décrets d’un homme ne peuvent prévaloir contre les lois non écrites, œuvre immuable des dieux. Celles-là ne sont ni d’aujourd’hui ni d’hier ; elles existent de tous les temps. » Le même poète parle aussi dans l’Œdipe roi, « de ces lois émanées des cieux, dont l’Olympe est le père et que jamais on ne saura abolir. »

2.16 Mon Évangile, c’est-à-dire l’Évangile que je prêche. ― D’après d’autres, l’Évangile selon saint Luc, le compagnon de saint Paul, que saint Paul considérait comme son Évangile.

2.24 Voir Isaïe, 52, 5 ; Ézéchiel, 36, 20.

2.27 Avec la lettre de la loi mosaïque.

3.2 Voir Romains, 9, 4.

3.3 Voir 2 Timothée, 2, 13.

3.4 Voir Jean, 3, 33 ; Psaumes, 115, 11.

3.9 Voir Galates, 3, 22.

3.10 Voir Psaume, 13, 3 ; 52, 4. ― Il n’y a pas d’homme juste en vertu de la loi naturelle ou de la loi écrite, mais seulement par la foi et par la grâce.

3.11 Qui comprenne les choses saintes, qui ait du goût et du sentiment pour le bien ; reproche que Jésus-Christ adressait à saint Pierre lui-même. Voir Matthieu 16, 23.

3.13 Voir Psaume, 5, 11 ; 139, 4 ; Jacques, 3, 8.

3.14 Voir Psaume, 9, 7.

3.15 Voir Isaïe, 59, 7 ; Proverbes, 1, 16.

3.18 Voir Psaume, 35, 2.

3.20 Voir Galates, 2, 16. ― Par les œuvres de la loi, purement extérieures et dépouillées de ce qui peut les rendre agréables à Dieu, la foi et la charité.

3.24 Gratuitement, « parce que tes mérites n’ont pas précédé, mais que les bienfaits de Dieu t’ont prévenu. » dit saint Augustin.

3.28 La foi qui justifie l’homme n’est pas une assurance présomptueuse d’être justifié, mais une ferme et vive croyance de tout ce que Dieu a révélé ou promis ; une foi agissant par la charité en Jésus-Christ ; enfin une foi accompagnée d’espérance, d’amour, de repentir et de l’usage des sacrements. ― à l'exclusion des œuvres. Comparer au verset 2.

4.2 Abraham ne pouvait être justifié par ses propres forces, sans la grâce de Dieu et la foi au Messie. Des œuvres purement naturelles pouvaient le faire louer des hommes, mais n’avaient pas la valeur nécessaire pour le rendre juste aux yeux de Dieu.

4.3 Voir Genèse, 15, 6 ; Galates, 3, 6 ; Jacques, 2, 23.

4.7 Voir Psaume, 31, 1-2 ; 50, 10. ― Couverts ; c’est-à-dire qui ne paraissaient plus, parce qu’ils n’existent plus, ayant été détruits par la justice et l’innocence obtenues par la foi.

4.8 A qui le Seigneur n’impute pas de péché ; c’est-à-dire à qui il a pardonné ses péchés.

4.11 Voir Genèse, 17, 10-11.

4.13 Voir Galates, 3, 18 ; Hébreux, 11, 9.

4.14 Ceux qui ont la loi ; c’est-à-dire les Juifs.

4.15 La loi, si elle n’est pas accompagnée de la foi et de la grâce, produit la colère divine par occasion, puisqu’elle est une occasion de plusieurs transgressions qui provoquent la colère de Dieu.

4.16 Assurée, certaine, puisqu’elle dépend, non de l’accomplissement de la Loi (qu’aucun Juif n’a observée parfaitement, voir chapitre 2), mais de la grâce et de la pure bonté de Dieu, qui peut ainsi faire arriver la bénédiction promise et aux juifs transgresseurs de la loi et aux païens idolâtres.

4.17 Voir Genèse, 17, 4.

4.17-18 Abraham espéra contre l’espérance même, parce qu’il eut foi en des promesses dans lesquelles il ne devait avoir aucune espérance, à supposer qu’il ne se confiât qu’aux lumières naturelles.

4.18 Voir Genèse, 15, 5.

4.19 Sara avait 90 ans, quand elle devint mère d’Isaac.

4.24 Voir 1 Pierre, 1, 21.

5.2 Voir Éphésiens, 2, 18.

5.3 Voir Jacques, 1, 3.

5.6 Voir Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 3, 18.

5.9 De la colère ; c’est-à-dire de la colère divine.

5.13 Le péché n’était pas imputé comme transgression d’une loi positive qui n’existait pas encore ; la conscience et la loi naturelle servaient à distinguer le mal, mais d’une manière plus confuse que depuis la promulgation de la loi.

5.17 Avant Jésus-Christ, la mort introduite par le péché, régnait comme un tyran sur l’humanité, son esclave. Par la grâce de Jésus-Christ, l’esclave est devenue souveraine à son tour (voir 1 Corinthiens, 4, 8 ; 2 Timothée, 2, 12) ; avec lui et par lui les fidèles ont vaincu la mort et reçu le germe d’une nouvelle et éternelle vie. 

5.20 La loi n’avait pas été donnée dans le but de faire abonder le péché ; mais elle produisait cet effet par la méchanceté des hommes, qui prenaient occasion de la défense même du péché pour pécher davantage.

5.21 le péché a régné par la mort : pour donner la mort, la grâce régnât(...) pour la vie éternelle : pour donner la vie éternelle.

6.4 Voir Galates, 3, 27 ; Colossiens, 2, 12 ; Éphésiens, 4, 23 ; Hébreux, 12, 1 ; 1 Pierre, 2, 1 ; 4, 2. ― le baptême en sa mort : pour mourir au péché.

6.6 Le corps du péché. C’est la concupiscence qui nous vient d’Adam. Or c’est principalement par les sens et par les passions dont le corps est le ministre et l’organe, que cette concupiscence exerce son empire.

6.14 Voir, pour le sens de ce verset, Romains, 7, 15.

6.16 Voir Jean, 8, 34 ; 2 Pierre, 2, 19. ― Pour la mort, pour la justice ; c’est-à-dire pour y trouver la mort, la justice.

7.2 Voir 1 Corinthiens, 7, 39.

7.3 Elle sera appelée adultère ; c’est-à-dire : Elle sera adultère. Nous avons déjà fait remarquer plusieurs fois que les Hébreux disaient être appelé pour être.

7.5 Lorsque nous étions dans la chair ; c’est-à-dire sous la loi charnelle.

7.6 Dans un esprit nouveau, dans des sentiments et des inclinations inspirés par l’Esprit-Saint.

7.7 Voir Exode, 20, 17 ; Deutéronome, 5, 21. ― Avant la loi mosaïque, on n’ignorait pas le péché, mais on n’y attachait pas la même importance ; on n’en sentait que très imparfaitement la gravité ; parce que d’un côté le mauvais penchant d’une nature corrompue aveuglait les esprits, et que de l’autre on manquait de cette règle extérieure, de cette censure visible, qui reprochait au pécheur le plus étourdi par la passion, ses dérèglements.

7.12 Voir 1 Timothée, 1, 8.

7.13 afin de se montrer péché ; c’est-à-dire pour montrer toute sa corruption.

7.15-17 Saint Paul semble contredire ici ce qu’il a avancé plus haut (voir Romains, 6, 14), que le péché ne dominera plus ; mais cette contradiction n’est qu’apparente. En effet, le grand apôtre reconnaît deux captivités auxquelles nous pouvons être assujettis : celle des sens, qui étant habitués à trouver leur satisfaction dans l’assouvissement des besoins, contractent l’habitude de préférer le plaisir au devoir ; celle de la volonté, qui ne regarde comme bon et préférable que ce que les sens lui présentent comme plus doux. La grâce de Notre-Seigneur nous délivre de cette seconde captivité, qui est la seule réelle ; et c’est ce que saint Paul veut dire par ses paroles : Le péché ne vous dominera plus… vous êtes sous la grâce : Cette même grâce du Sauveur nous laisse au contraire sujets à la première, qui n’est pas un mal, mais une fragilité ; et c’est ce que signifient ces mots : Ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi (verset 17).

7.22 L’homme intérieur, signifie l’intelligence et la raison éclairées par la grâce, et fortifiées par l’Esprit-Saint.

7.24 ce corps de mort ; du corps qui est la cause de cette mort dont je viens de vous parler (verset 10 et suivants). Cf. Actes des Apôtres, 5, 20 ; 13, 26.

8.5 ; 8.8 Ceux qui vivent selon la chair… dans la chair ; les hommes charnels qui se laissent emporter aux mouvements déréglés de la chair.

8.15 Voir 2 Timothée, 1, 7 ; Galates, 4, 5. ― Abba, Père. Voir Marc, 14, 36.

8.16 Par le mouvement intérieur de l’amour divin et la paix de la conscience qu’éprouvent les enfants de Dieu, ils ont, en effet, une sorte de témoignage de la faveur divine, par laquelle ils sont raffermis dans l’espérance de leur justification et de leur salut, mais qui ne leur donne cependant pas une assurance absolue ; car cette assurance ne s’obtient pas ordinairement en cette vie, où il nous est ordonné de travailler à notre salut avec crainte et tremblement, et à nous tenir sans cesse sur nos gardes, parce que celui qui se croit ferme est plus près de tomber.

8.18 la gloire à venir ; cachée maintenant dans le Ciel (voir Colossiens, 3, 3-4 ; 1 Pierre, 1, 4). Elle sera révélée lorsque le royaume messianique sera inauguré dans toute sa splendeur par l’avènement de Jésus-Christ et la résurrection des morts.

8.19-23 La créature, la nature physique elle-même blessée par le péché, humiliée par la condamnation d’Adam. Mais elle est toujours soumise à l’homme, même vain et dépravé. Lasse d’être asservie à la faute, elle aspire à glorifier Dieu par le moyen de l’homme glorifié. La créature attend cette glorification (la rédemption de notre corps, verset 23). Déjà, dans l’Ancien Testament, les prophètes font entendre que lorsque sera venu le règne complet du Messie, vainqueur du péché, toute la nature sera en même temps ennoblie et glorifiée (voir Isaïe, 11, 6-9 ; 65, 17-25 ; 66, 22). Cette idée encore obscure devient dans les rabbins postérieurs un dogme entièrement fixé. Cf. Apocalypse, 21 et 2 Pierre, 3, verset 10 et suivants.

8.23 Voir Luc, 21 28.

8.26 L’Esprit-Saint ne prie pas et ne gémit pas en sa personne, mais il produit en nous la prière et les gémissements, il nous fait parler dans la prière. Or les gémissements qu’il nous fait produire sont nommés ineffables, ou à cause de leur vivacité et de leur ardeur, ou à cause de leur objet qui est surnaturel, ou, enfin, parce qu’ils nous sont intérieurs.

8.27 Pour des saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

8.36 Voir Psaume, 43, 22.

9.3 Voir Actes des Apôtres, 9, 2 ; 1 Corinthiens, 15, 9. ― Bossuet remarque avec raison que l’Apôtre ne porte pas ses vœux vers l’état des damnés, quant aux peines, et quant au péché qui en est la cause, mais qu’il se borne à souhaiter d’être privé de la gloire dont Dieu couronne les élus. D’ailleurs ce souhait n’est pas absolu, puisque, outre qu’il procède d’une condition impossible, saint Paul désire partout posséder Dieu. Ainsi on peut ne voir dans ces paroles qu’une hyperbole dictée par un zèle qu’on admire, mais qui ne doit pas être prise au sens littéral et absolu.

9.7 Voir Genèse, 21, 12, comparer Romains, 7, 3.

9.8 Voir Galates, 4, 28.

9.9 Voir Genèse, 18, 10.

9.10 Voir Genèse, 25, 24. ― Qui eut deux fils Jacob et Ésaü.

9.13 Voir Genèse, 25, 23 ; Malachie, 1, 2. ― Dans l’Écriture, le mot haïr signifie souvent aimer moins. Ainsi l’Apôtre veut dire que Jacob a été préféré à Ésaü, mais il veut montrer en même temps contre les Juifs, que par cette préférence donnée au plus jeune sur l’aîné, Dieu n’est lié envers aucune nation particulière dans la distribution de ses grâces. Car comme, en effet, il ne voit aucun mérite antérieur à sa grâce, mais qu’il trouve tout enveloppé dans le péché, dans la même masse de condamnation, il n’y a personne qu’il ne puisse justement laisser dans cette masse ; de sorte que quiconque en est délivré, l’est par sa miséricorde, et quiconque y est laissé, l’est avec justice. Comme lorsque, de deux hommes également criminels, un roi veut bien, par pure grâce, pardonner à l’un, tandis qu’il laisse la justice suivre son cours à l’égard de l’autre.

9.15 Voir Exode, 33, 19.

9.17 Voir Exode, 9, 16.

9.18 Dieu endurcit le cœur, non pas en lui inspirant le mal, mais en ne lui accordant pas la grâce, qui est purement gratuite de sa part.

9.20 Voir Sagesse, 15, 7 ; Isaïe, 45, 9 ; Jérémie, 18, 6.

9.21 Si la comparaison du potier et de l’argile n’est pas juste sous tous les rapports, puisque l’argile ne concourt pas à la forme qu’on lui donne, tandis que l’homme concourt à la sainteté que Dieu lui communique, elle l’est au moins sous ceux pour lesquels l’Apôtre en fait usage ici.

9.22 Et si Dieu, etc. Le raisonnement qui commence ici, et qui se poursuit à travers diverses phrases incidentes, l’Apôtre le conclut au verset 30.

9.25 Voir Osée, 2, 24 ; 1 Pierre, 2, 10.

9.26 Voir Osée, 1, 10. ― Autre citation d’Osée, parlant encore des dix tribus. La vocation des païens entre donc dans le plan divin de la rédemption ; il en est de même de l’incrédulité d’une partie des Juifs, et par suite de leur exclusion du salut messianique (versets 27-28).

9.27 Voir Isaïe, 10, 22.

9.28 Sa parole ; cette prophétie d’Isaïe. ― promptement ; il l’accomplira rapidement.

9.29 Voir Isaïe, 1, 9. Cf. Genèse, 2, 1.

9.30 Saint Paul reprend ici le raisonnement qu’il a commencé au verset 22.

9.33 Voir Isaïe, 8, 14 ; 28, 16 ; 1 Pierre, 2, 7. ― Ecrit : l’Apôtre fond ensemble deux versets d’Isaïe (voir ligne au-dessus) qui, dans le sens littéral, se rapportent à Dieu et à la théocratie de l’ancienne Alliance, et, dans le sens typique, au Messie. Cf. 1 Corinthiens, 1, 23 ; Matthieu 11, 6. ― En lui ; c’est-à-dire en celui qui est représenté par la pierre d’achoppement et de scandale.

10.5 Voir Lévitique, 18, 5 ; Ézéchiel, 20, 11.

10.6 Voir Deutéronome, 30, 12.

10.8 Voir Deutéronome, 30, 14.

10.9 Confesser que Jésus-Christ est le Seigneur et invoquer son nom, ce n’est pas seulement professer la foi en la personne de Jésus-Christ, mais cela implique de plus une croyance de toute la doctrine, et la soumission à sa loi, sans quoi l’invocation de son nom ne nous sauverait pas.

10.10 parvenir à la justice ; c’est-à-dire obtenir la justice, être justifié.

10.11 Voir Isaïe, 28, 16.

10.13 Voir Joël, 2, 32 ; Actes des Apôtres, 2, 21.

10.15 Voir Isaïe, 52, 7 ; Nahum, 1, 15.

10.16 Voir Isaïe, 53, 1 ; Jean, 12, 38.

10.18 Voir Psaume, 18, 5.

10.19 Voir Deutéronome, 32, 21.

10.20 Voir Isaïe, 65, 1.

10.21 Voir Isaïe, 65, 2.

11.3 Voir 1 Rois, 19, 10. ― ils en veulent à ma vie pour me l’ôter.

11.4 Voir 1 Rois, 19, 18. ― Devant Baal. Baal était le dieu suprême des Phéniciens.

11.8 Voir Isaïe, 6, 9 ; Matthieu 13, 14 ; Jean, 12, 40 ; Actes des Apôtres, 28, 26.

11.9 Voir Psaume, 68, 23. Ces paroles et les suivantes n’expriment pas un désir de vengeance, mais une prédiction du châtiment qui devait frapper ceux des Juifs qui, au lieu de reconnaître le Messie, l’ont mis à mort. [Extrait du Catéchisme de l’Église Catholique : I. Le procès de Jésus. Divisions des autorités juives à l’égard de Jésus : N°595 Parmi les autorités religieuses de Jérusalem, non seulement il s’est trouvé le pharisien Nicodème (cf. Jean 7, 52) ou le notable Joseph d’Arimathie pour être en secret disciples de Jésus (cf. Jean 19, 38-39), mais il s’est produit pendant longtemps des dissensions au sujet de Celui-ci (cf. Jean 9, 16-17 ; 10, 19-21) au point qu’à la veille même de sa passion, S. Jean peut dire d’eux qu’"un bon nombre crut en lui", quoique d’une manière très imparfaite (Jean 12, 42). Cela n’a rien d’étonnant si l’on tient compte qu’au lendemain de la Pentecôte "une multitude de prêtres obéissait à la foi" (Actes 6, 7) et que "certains du parti des Pharisiens étaient devenus croyants" (Actes 15, 5) au point que S. Jacques peut dire à S. Paul que "plusieurs milliers de Juifs ont embrassé la foi et ce sont tous d’ardents partisans de la Loi " (Actes 21, 20). N° 596 Les autorités religieuses de Jérusalem n’ont pas été unanimes dans la conduite à tenir vis-à-vis de Jésus (cf. Jean 9, 16 ; 10, 19). Les pharisiens ont menacé d’excommunication ceux qui le suivraient (cf. Jean 9, 22). A ceux qui craignaient que " tous croient en Jésus et que les Romains viennent détruire notre Lieu Saint et notre nation " (Jean 11, 48), le grand prêtre Caïphe proposa en prophétisant : "Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière " (Jean 11, 49-50). Le Sanhédrin, ayant déclaré Jésus "passible de mort" (Mth 26, 66) en tant que blasphémateur, mais ayant perdu le droit de mise à mort (cf. Jean 18, 31), livre Jésus aux Romains en l’accusant de révolte politique (cf. Luc 23, 2) ce qui mettra celui-ci en parallèle avec Barrabas accusé de "sédition" (Luc 23, 19). Ce sont aussi des menaces politiques que les grands prêtres exercent sur Pilate pour qu’il condamne Jésus à mort (cf. Jean 19, 12. 15. 21). Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus. N°597 En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à l’ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d’une foule manipulée (cf. Marc 15, 11) et les reproches globaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte (cf. Actes 2, 23. 36 ; 3, 13-14 ; 4, 10 ; 5, 30 ; 7, 52 ; 10, 39 ; 13, 27-28 ; 1 Thessaloniciens 2, 14-15). Jésus lui-même en pardonnant sur la croix (cf. Luc 23, 34) et Pierre à sa suite ont fait droit à "l’ignorance" (Actes 3, 17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple : "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants" (Mth 27, 25) qui signifie une formule de ratification (cf. Actes 5, 28 ; 18, 6), étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l’espace et dans le temps : Aussi bien l’Église a-t-elle déclaré au Concile Vatican II : "Ce qui a été commis durant la passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. (...) Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture" (Nostra Ætate 4). Tous les pécheurs furent les auteurs de la passion du Christ. N°598 L’Église, dans le Magistère de sa foi et dans le témoignage de ses saints, n’a jamais oublié que "les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu’endura le divin Rédempteur" (Catéchisme Romain [= Catéchisme du Concile de Trente] 1, 5, 11 ; cf. Hebreux 12, 3). Tenant compte du fait que nos péchés atteignent le Christ Lui-même (cf. Mth 25, 45 ; Actes 9, 4-5), l’Église n’hésite pas à imputer aux chrétiens la responsabilité la plus grave dans le supplice de Jésus, responsabilité dont ils ont trop souvent accablé uniquement les Juifs : Nous devons regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la croix, à coup sûr ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal" crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et le couvrent de confusion " (Hebreux 6, 6). Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’apôtre, "s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l’auraient jamais crucifié" (1 Corinthiens 2, 8). Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains meurtrières (Catéchisme Romain 1, 5, 11). Et les démons, ce ne sont pas eux qui L’ont crucifié ; c’est toi qui avec eux L’as crucifié et Le crucifies encore, en te délectant dans les vices et les péchés (Saint François d’Assise, Admonestations 5, 3).

11.10 tiens leur dos continuellement courbé ; c’est-à-dire qu’ils restent attachés à l’amour des choses terrestres, et à la recherche des biens périssables.

11.15 La conversion des Juifs apportera de profondes transformations dans le monde et l’Église ; une régénération, une joie et un bonheur immense, comme celui du passage de la mort à la vie.

11.22 Dans cette bonté ; c’est-à-dire dans l’état où t’a mis cette bonté divine.

11.26 Voir Isaïe, 59, 20.

11.28 Un caractère de sainteté est inhérent au peuple juif.

11.32 Dieu a permis que tous, Juifs et païens, devinssent incrédules, afin que devenant tous l’objet de sa miséricorde aucun ne pût s'attribuer à lui-même le mérite de sa justification et de son salut. Le texte porte tous parce que le genre neutre donne à l'idée une plus grande extension. Ainsi il s'agit ici de tous les hommes sans exception aucune.

11.34 Voir Sagesse, 9, 13 ; Isaïe, 40, 13 ; 1 Corinthiens, 2, 16.

12.1 Voir Philippiens, 4, 18.

12.2 Voir Éphésiens, 5, 17 ; 1 Thessaloniciens, 4, 3.

12.3 Voir 1 Corinthiens, 12, 11 ; Éphésiens, 4, 7.

12.9 Voir Amos, 5, 15.

12.10 Voir Éphésiens, 4, 3 ; 1 Pierre, 2, 17.

12.13 Voir Hébreux, 13, 2 ; 1 Pierre, 4, 9. ― Des saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

12.14 Bénissez : le chrétien voit dans la persécution un bienfait de Dieu destiné à le purifier et à le conduire à sa fin.

12.16 Les mêmes sentiments : que l'union et la bonne intelligence règnent entre vous (voir Romains, 15, 5). Pour cela, soyez humbles.

12.17 Voir 2 Corinthiens, 8, 21.

12.18 Voir Hébreux, 12, 14. ― Autant qu'il dépend de vous, sans sacrifier les droits de votre conscience.

12.19 Voir Ecclésiastique, 28, 1-3 ; Matthieu 5, 39 ; Deutéronome, 32, 35 ; Hébreux, 10, 30.

12.20 Voir Proverbes, 25, 21-22. ― Tu amasseras des charbons ardents de feu sur sa tête ; emprunt fait au livre des Proverbes, image d'une vive et cruelle douleur. Les Pères grecs l'entendent des charbons de colère ; de manière que si on fait du bien aux ennemis, on est irréprochable, et ils sont eux-mêmes la seule cause de leur punition. Mais saint Jérôme, saint Augustin, etc., l'entendent des charbons d'amour et de charité, qui font qu'un ennemi a honte de sa propre malice, et qu'il cherche à se réconcilier. Sens : Tu lui prépareras, par ta générosité et ta grandeur d'âme, la confusion et bientôt le repentir ; il n'aura plus de repos qu'il n'ait réparé ses torts envers toi.

13.1 Voir Sagesse, 6, 4 ; 1 Pierre, 2, 13.

13.7 Voir Matthieu 22, 21.

13.9 Voir Exode, 20, 14 ; Deutéronome, 5, 18 ; Lévitique, 19, 18 ; Matthieu 22, 39 ; Marc, 12, 31 ; Galates, 5, 14 ; Jacques, 2, 8.

13.12 La nuit marque souvent dans l’Écriture les temps d’ignorance, et le jour, le temps de l’Évangile.

13.13 Voir Luc, 21, 34. ― Ce fut à la lecture des versets 13 et 14 qu’ Augustin, préparé par les prédications de saint Ambroise, et sous le coup d’une grâce puissante, rompit enfin ses chaînes et se convertit (Confessions, 8, 12).

13.14 Voir Galates, 5, 16 ; 1 Pierre, 2, 11.

14.2 Quelques chrétiens faibles d’entre les Juifs convertis n’osaient pas manger des viandes déclarées impures par la loi ; les chrétiens, moins faibles, en mangeaient sans scrupule, ce qui occasionnait des contestations entre eux. Saint Paul, pour les mettre d’accord, exhorte les premiers à ne pas condamner les derniers, qui usent de leur liberté chrétienne, et il engage ces derniers à ne pas mépriser ou scandaliser leurs frères faibles, soit en les portant à manger de ce que, en conscience, ils ne croient pas pouvoir manger, soit en les offensant au point de les exposer au danger d’une apostasie.

14.4 Voir Jacques, 4, 13.

14.10 Voir 2 Corinthiens, 5, 10.

14.11 Voir Isaïe, 45, 24 ; Philippiens, 2, 10. ― Je suis vivant ; formule de serment qui veut dire : J’en jure par la vie qui est en moi essentiellement, et nécessairement, par ma vie éternelle.

14.13 une occasion de chute. Cf. Romains, 9, 33.

14.15 Voir 1 Corinthiens, 8, 11.

14.20 Voir Tite, 1, 15.

14.21 Voir 1 Corinthiens, 8, 13.

14.23 il n'agit pas par conviction ; il agit contre sa persuasion, contre sa conscience. Il est évident, par le contexte, que tel est le vrai sens de ce passage, et qu’il ne s’agit nullement ici de la foi qui nous fait chrétiens.

15.3 Voir Psaume, 68, 10.

15.5 Voir 1 Corinthiens, 1, 10.

15.8 Le Christ Jésus a été ministre, etc. ; c’est-à-dire il a été le dispensateur et le ministre de l’Évangile à l’égard des Juifs circoncis.

15.9 Voir 2 Samuel, 22, 50 ; Psaumes, 17, 50.

15.11 Voir Psaume, 116, 1.

15.12 Voir Isaïe, 11, 10.

15.16 par le Saint-Esprit : dans les sacrifices, avant d’égorger et d’offrir la victime, on la préparait par des purifications extérieures afin de la rendre agréable à Dieu : ainsi les païens, nés dans l’impureté du paganisme, sont purifiés en entrant dans l’Église par l’Esprit-Saint qu’ils reçoivent avec le baptême.

15.19 Jusqu’à l’Illyrie. L’Illyrie est le pays situé entre l’Italie, la Germanie, la Macédoine et la Thrace, entre le Danube à l’est et la mer Adriatique à l’ouest. C’était une province romaine. Saint Paul la nomma comme le point extrême où il avait à cette époque porté l’Évangile.

15.21 Voir Isaïe, 52, 15.

15.24 Pour l’Espagne. D’après un grand nombre de témoignages anciens, saint Paul alla en effet prêcher la foi en Espagne, après sa première captivité à Rome, ce que de nombreux critiques modernes refusent d’admettre.

15.25 venir en aide aux saints ; c’est-à-dire pour porter aux chrétiens pauvres les aumônes que j’ai recueillies. ― Pour le mot saints, voir Actes des Apôtres, 9, 13.

15.26 La Macédoine et l’Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 16, 9 et 18, 12.

15.27 Voir 1 Corinthiens, 9, 11.

16.1 Phœbé, dont le nom signifie la brillante, la lune, était diaconesse. A ne pas confondre avec le sacrement du diaconat réservé aux hommes depuis toujours au sein de l’Église catholique. ― Cenchrées, un des ports de Corinthe, du côté de l’Asie, sur le golfe Saronique. Plusieurs ont pensé que Phœbé, qui allait certainement à Rome d’après ce passage, fut chargée par saint Paul de porter son lettre aux chrétiens de cette ville.

16.3 Voir Actes des Apôtres, 18, vv. 2, 26. ― Prisca et Aquila. Voir Actes des Apôtres, 18, 2.

16.5 Épénète, le premier converti de la province proconsulaire d’Asie. D’après la tradition, il devint le premier évêque de Carthage.

16.6 Marie, chrétienne probablement d’origine juive.

16.7 Andronique et Junias, de la même tribu que saint Paul, peut-être même ses cousins. Junias, d’après un certain nombre de critiques, est une abréviation de Junilius ou Juninianus et par conséquent un nom d’homme. On ignore en quelles circonstances Andronique et Junie avaient été prisonniers avec saint Paul.

16.8-9 Urbain, Stachys sont inconnus. La tradition fait de Stachys un des soixante-douze disciples.

16.10 Apelle, d’après la tradition, devint évêque de Smyrne ou d’Héraclée.

16.11-12 Aristobule, Hérodion, Narcisse, Tryphène, Tryphose, Perside, inconnus.

16.13 Qui est aussi la mienne ; que je regarde comme la mienne, à cause du respect que j’ai pour elle, et de l’amour qu’elle a pour moi. ― Rufus, probablement un des fils de Simon le Cyrénéen. Voir Marc, 15, 21.

16.14 Asyncrite, Phlégion, Patrobas, Hermès, inconnus. Hermas, d’après quelques-uns, serait l’auteur de l’écrit célèbre intitulé le Pasteur, mais on croit généralement le Pasteur moins ancien.

16.15 Philologue et Julie. D’après la tradition, Julie était la femme de Philologue, d’après les autres, c’est un nom d’homme (Julias). ― Nérée, Olympias, inconnus.

16.21 Voir Actes des Apôtres, 16, 1. ― Timothée. Voir l’introduction aux lettres à Timothée. ― Lucius est peut-être Lucius de Cyrène, l’un des docteurs de l’Église d’Antioche. Voir Actes des Apôtres, 13, 1. ― Jason. Voir Actes des Apôtres, 17, 5. ― Sosipater. Voir Actes des Apôtres, 17, 10 et 20, 4.

16.22 Tertius était probablement un chrétien de Corinthe qui servit de secrétaire à saint Paul, en écrivant sous sa dictée.

16.23 Caïus était un chrétien de Corinthe, le seul, avec Crispus que saint Paul eût baptisé dans cette ville (voir 1 Corinthiens, 1, 14). ― Éraste. Ce nom se lit aussi dans les Actes des Apôtres, 19, 22 et 2 Timothée, 4, 20, mais nous ignorons s’il désigne la même personne. ― Quartus, autre chrétien de Corinthe, portant un nom romain, comme Tertius.

16.25 Mon Évangile, etc. ; c’est-à-dire l’Évangile que j’annonce, et la doctrine de Jésus-Christ.



1ère Lettre aux Corinthiens



Introduction


L’Église de Corinthe et ses relations avec saint Paul. — L’antique cité de Corinthe était bâtie à l'extrémité méridionale de l’isthme étroit qui relie le Péloponèse à la Grèce proprement dite. Quoique située elle-même au milieu des terres, elle était reliée à deux ports très rapprochés d’elle: celui de Cenchrées, à l’est (cf. Romains 16, 1), sur la mer Égée ; celui de Léchæon, à l'ouest, sur la mer Ionienne. Par suite de cette position unique, elle ne tarda pas à devenir le centre de vastes relations commerciales entre l’Orient et l’Occident ; ce qui lui valut de grandes richesses et lui attira une population considérable, mais très mêlée et corrompue à un rare degré. Détruite par les Romains en 146 avant Jésus-Christ, elle fut rétablie en 46 par Jules César, avec le titre de colonie romaine sous le nom de « Colonia Julia Corinthus », et, grâce à la faveur des empe- reurs, elle reconquit bientôt son importance et ses richesses. Notez le nombre relativement considérable des noms romains qui sont rattachés à Corinthe dans le Nouveau Testament : Crispus, Titius, Justus (Actes des Apôtres 18, 7-8); Lucius, Tertius, Caïus, Quartus (Romains 16, 21-23) ; Fortunatus, Achaïcus (1 Corinthiens 16, 17). Mais malheureusement elle retrouva aussi ses mœurs dépravées des temps antérieurs, à tel point que vivre d’une manière dissolue se nommait alors dans la Grèce ϰορινθιάζειν, « faire comme à Corinthe ». Cette lettre ne le montrera que trop en plusieurs endroits. Les anciens auteurs, surtout Strabon et Pausanias, aident à compléter ce triste tableau. Elle devint la capitale de la province d’Achaïe, la résidence du proconsul (cf. Actes des Apôtres 18, 12) et le siège des jeux isthmiques. Le commerce n'était pas seul à y prospérer ; les lettres, les arts et les sciences y étaient assez en honneur, pour que Cicéron (Pro leg. Man., 5) pût lui décerner le glorieux titre de « lumère du monde entier ». Au temps de saint Paul, la population se composait des descendants des premiers colons formant une sorte d’aristocratie, d’un certain nombre de magistrats et d’autres Romains établis dans la ville pour leurs affaires, de Grecs nombreux, enfin d’étrangers venus d’un peu partout, notamment de Juifs, que l’on était sûr de rencontrer alors dans tous les centres commerciaux de quelque importance.

C’est saint Paul lui-même qui vint porter le premier la lumière de l'évangile et fonder une Église florissante dans ce milieu qui paraissait si peu disposé à pratiquer la vie chrétienne (cf. 1 Corinthiens 3, 6, 10-11, où il affirme avoir jeté les fondements de la chrétienté de Corinthe). Sa première visite eut lieu durant son troisième voyage apostolique. Elle est racontée au livre des Actes, 18, 1-18. Selon sa coutume, il s’adressa d’abord aux Juifs, parmi lesquels il opéra quelques conversions. Mais, la plupart ayant résisté violemment à la grâce, il se tourna vers les païens, qui acceptèrent la foi en très grand nombre, surtout dans la classe inférieure de la société (cf. 1 Corinthiens 1, 26-28 ; 5, 21), quoique plusieurs des convertis, issus du paganisme, appartinssent aux classes supérieures (cf. 1 Corinthiens 11, 21 ; Romains 16, 23). Ce premier séjour de l'apôtre dura dix-huit mois. Après son départ, la jeune communauté continua de faire des progrès dans la foi, grâce surtout au zèle et à l’éloquence d’Apollos, Juif d’Alexandrie, qui était devenu chrétien à Éphèse (cf. Actes des Apôtres 18, 27-28; 1 Corinthiens 3, 4, etc.). Mais, lorsque l’heureuse influence due à la personnalité puissante de saint Paul cessa de s’exercer d’une manière immédiate, de graves abus, en rapport avec la dépravation corinthienne, se manifestèrent au grand jour. L’apôtre, averti, écrivit alors aux fidèles (voyez 1 Corinthiens 5, 9-11) une lettre qui s’est perdue, et dans laquelle il leur reprochait de n’avoir pas rompu toute communion avec les coupables. La situation ne tarda pas à devenir plus triste encore, à divers points de vue, comme nous allons le voir.

L'occasion et le but de la première lettre aux Corinthiens. — Peu de temps après avoir envoyé cette lettre, Paul apprit par les serviteurs d’une dame grecque nommée Chloé (voyez 1, 11, et le commentaire), bien connue des chrétiens de Corinthe, que la désunion avait pénétré dans la communauté ; il s’y était formé plusieurs partis, très surexcités les uns contre les autres, et qui menaçaient de créer un véritable schisme (voyez 1, 12, et les notes). Par cette même source ou par trois membres de l'Église de Corinthe, venus à Éphèse pour le visiter (1 Corinthiens 16, 17), l'apôtre sut également qu’un grand scandale contre les mœurs avait éclaté, et que les fidèles n’avaient pas aussitôt protesté avec énergie contre le crime et excommunié son auteur (5, 1 et ss.). Du reste, les vices de la chair avaient fait encore parmi eux d'autres victimes (6, 12-20). Et puis, des différends ayant surgi entre chrétiens, ceux-ci s’étaient cités mutuellement devant les tribunaux païens, au lieu de recourir à l'arbitrage de leurs frères (6, 1 et ss.). Dans les assemblées religieuses, les femmes enlevaient leur voile, et s’arrogeaient même le droit d'enseigner en public (11, 3 et ss. ; 2, 34-35). Les repas fraternels qui accompagnaient la réception de la sainte Eucharistie donnaient lieu à des scènes de désordre (11, 17 et ss.) ; il en était de même des dons surnaturels que l'Esprit-Saint accordait alors largement aux chrétiens (chap. 12 et 13). Enfin des doutes ou des erreurs avaient pris naissance au sujet d’un dogme capital, celui de la résurrection (15, 1 et ss.). D’un autre côté, les Corinthiens avaient eux-mêmes écrit à saint Paul, pour le prier de les renseigner sur plusieurs points pratiques d’une grande importance, en particulier sur le mariage et la virginité, et sur la manducation des viandes qui avaient été offertes aux idoles (cf. 7, 1-40 ; 8, 1-10, 33 ). Cette demande et ces fâcheuses nouvelles furent l'occasion de la présente lettre.

Le but que se proposait l'auteur est évident par là même. Il voulait étouffer les germes du schisme avant qu’ils eussent le temps de se développer davantage, mettre promptement fin aux abus qu’on lui avait signalés, répondre aux questions proposées, faire cesser les doutes dogmatiques, et aussi ajouter de son propre mouvement quelques instructions pratiques et doctrinales, qu’il croyait utiles à ses chers Corinthiens dans leur situation présente.

Nous n'avons rien à dire de l'authenticité des deux lettres aux Corinthiens. Elle est si bien garantie par les arguments extrinsèques et intrinsèques, qu’elle a été à peine attaquée, fin XIXème siècle, çà et là par quelques critiques du parti rationaliste le plus avancé. « En vérité, disait un commentateur protestant, nier l'authenticité de ces lettres reviendrait presque à nier l'existence historique de l'Église de Corinthe et de saint Paul lui-même ». Voyez d'ailleurs l'Introd. gén, p. 8 et 9.

Le sujet et la division, le style. — D’après ce que nous venons de dire, on doit s’attendre à rencontrer dans cette lettre une grande diversité d’idées et de sujets. Elle est loin de traiter un thème unique, parfaitement suivi, à la manière des lettres aux Romains, aux Galates, etc. De plus, comme c’est l’élément pratique qui y domine, et que cet élément a, par la force même des choses, des ramifications multiples, la variété n’en sera que plus accentuée. Mais Paul savait toujours ramener les détails à des principes supérieurs, et il avait le don de bien grouper les pensées, en sorte que la classification est relativement aisée, même dans cet écrit aux sujets hétérogènes.

D’abord un court prologue, sous la forme de l'introduction épistolaire habituelle, 1, 1-9. Ensuite, quatre parties assez bien tranchées: 1° Blâme adressé aux fidèles de Corinthe, à cause de leurs divisions intestines (1, 10-4, 21). Après avoir établi sommairement les faits, 1, 10-16, l’apôtre montre comment l'esprit de parti oublie soit la nature essentielle de la doctrine chrétienne, 1, 17- 2, 16, soit le vrai caractère du prédicateur chrétien, 3, 1-4, 21. 2° Règles relatives à la vie civile des chrétiens de Corinthe (5, 1-11, 1). C’est la portion la plus variée de la lettre : elle traite successivement de l'affreux scandale donné naguère par un des membres de la communauté, 5, 1-13 ; des procès entre chrétiens, 6, 1-11 ; de la fornication, 6, 12-20 ; du mariage et de la virginité, 7, 1-40 ; des viandes offertes aux idoles, 8, 1-11, 1. 3° Questions relatives au culte sacré (11, 2-14, 40). Ces questions sont au nombre de trois : les voiles des femmes, 11, 2-16 ; les désordres qui s’étaient glissés dans la célébration des saints mystères, 12, 17-34 ; les dons spirituels, 12, 1 -14, 40. 4° Une question doctrinale, la résurrection des morts (15, 1-58). Le chap. 16 sert d'épilogue ; il contient quelques nouvelles, des commissions, des exhortations et les salutations habituelles.

Le style de la lettre est très varié, selon les sujets traités. Le ton général est celui de l’instruction simple et familière ; par moments, il est plein de chaleur et de tendresse, d'indignation et d’ironie. L'auteur y révèle toute son âme.

Le lieu et la date de la composition. — A la fin de la lettre, on lit dans un certain nombre de manuscrits grecs : Elle fut écrite de Philippes. Mais c’est là une erreur évidente, que la lettre même se charge de réfuter. En effet, 16, 8, saint Paul annonce expressément aux chrétiens de Corinthe qu’il a l'intention de rester à Éphèse jusqu’à la Pentecôte prochaine. C'est donc, comme tout le monde l'admet aujourd’hui, d’Éphèse qu’il écrivait. Quelques lignes plus bas, 16, 19, il salue les Corinthiens au nom des Églises de l’Asie proconsulaire, et c’est précisément durant son long séjour à Éphèse que l'apôtre des païens fonda ces Églises (cf. Actes des Apôtres 19, 10 ). Au même endroit, il présente aussi à la chrétienté de Corinthe une salutation spéciale de la part de ses amis Aquila et Priscille ; mais, d’après Actes des Apôtres 18, 18-19, 1 , ceux-ci étaient encore avec lui à Éphèse. Le doute n’est donc pas possible sur ce point (comparez aussi le chap. 20 des Actes et 1 Corinthiens 16, 5, 8).

L’époque de la composition n’est pas moins facile à déterminer, puisque, selon le récit du livre des Actes, 19, 10, saint Paul demeura environ deux ans à Éphèse, probablement de 56 à 57. Nous venons de dire que l’apôtre, lorsqu’il composait sa lettre, formait le projet de demeurer quelque temps encore à Éphèse (cf. 16, 8) ; de là, il désirait se rendre en Macédoine, puis à Corinthe (cf. 16, 5-7). Or l'auteur des Actes, 19, 21, nous parle d’un projet identique de voyage, que saint Paul avait formé vers la fin de son séjour dans la capitale de l’Asie proconsulaire. La lettre et les Actes des apôtres (cf. 1 Corinthiens 4, 17 et 16, 10-11 ; Actes des Apôtres 19, 22) se réunissent encore pour nous apprendre que, peu de temps avant de quitter Éphèse, Paul envoya Timothée en Macédoine et à Corinthe. La lettre date donc de la dernière partie de son séjour à Éphèse. Elle fut écrite peu de temps avant la Pentecôte de l’an 57 (d'après d'autres, en 56 ou en 58) ; vraisemblablement durant les fêtes pascales, comme paraît l’indiquer l'allusion qui est faite, 5, 6-8, aux rites de cette solennité.

L'importance de la première lettre aux Corinthiens est considérable. « Elle consiste surtout en ce que, plus que tous les autres écrits du Nouveau Testament, elle nous permet de jeter un regard intime sur la vie riche et robuste d’une des premières communautés chrétiennes. Remarquez en particulier ce qui est dit des dons de l'Esprit-Saint, des rapports entre les pasteurs et les fidèles, des relations entre chrétiens, de l'organisation de l'Église, etc. Sans cette lettre, l'image que nous sommes en état de nous faire des mouvements spirituels qui se produisaient dans l'Église primitive serait beaucoup plus vague et plus incolore ; grâce à elle, cette image devient vivante et dramatique. On a dit très justement, à propos d’une partie notable de cette lettre, que « c’est le christianisme appliqué aux détails de la vie ordinaire », qu’elle est « une mine inépuisable de pensées et de vie chrétiennes ». Mais c’est surtout pour notre époque que la première lettre aux Corinthiens a une valeur spéciale. Quels étaient, en effet, les dangers principaux que couraient alors les fidèles de Corinthe ? C'étaient une estime exagérée de la sagesse humaine aux dépens de la vérité éternelle et divine, le relâchement et l'indifférence touchant les relations sociales les plus graves, une tendance à spiritualiser les doctrines positives du christianisme et à faire prévaloir les idées personnelles sur la règle de foi objective... Or ne reconnaît-on pas là précisément les grands maux de notre époque ? Aussi ne saurait-on recommander assez la lecture de cette lettre.






















































1ère Lettre aux Corinthiens



1 Corinthiens 1. 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ appelé par la volonté de Dieu et Sosthène, son frère, 2 à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, aux fidèles sanctifiés en Jésus-Christ, saints par vocation et à tous ceux qui invoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre. 3 Grâce et paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 4 Je rends à mon Dieu de continuelles actions de grâces à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été faite en Jésus-Christ. 5 Car par votre union avec lui, vous avez été comblés de toute sorte de richesses, en toute parole et en toute connaissance, 6 le témoignage du Christ ayant été solidement établi parmi vous, 7 de sorte que vous ne le cédez à personne en aucun don de grâce, attendant avec confiance la révélation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 8 Il vous affermira aussi jusqu'à la fin, pour que vous soyez irréprochables, au jour de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 9 Il est fidèle, le Dieu qui vous a appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, Notre-Seigneur. 10 Je vous exhorte, frères, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à avoir tous un même langage, qu'il n'y ait pas de scission parmi vous, mais soyez parfaitement unis dans un même esprit, et un même sentiment. 11 Car il m'a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de Chloé, qu'il y a des disputes parmi vous. 12 Je veux dire que tel d'entre vous dit : "Moi, je suis à Paul tel autre : et moi, à Apollos et moi à Céphas et moi, au Christ" 13 Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? 14 Je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai baptisé aucun de vous, si ce n'est Crispus et Gaïus, 15 afin que personne ne puisse dire qu'il a été baptisé en mon nom. 16 J'ai encore baptisé la famille de Stéphanas, du reste, je ne sache pas que j'ai baptisé personne d'autre. 17 Ce n'est pas pour baptiser que le Christ m'a envoyé, c'est pour prêcher l'Évangile, non pas par la sagesse du discours, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine. 18 En effet, la doctrine de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une force divine. 19 Car il est écrit : "Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai la science des savants." 20 Où est le sage ? Où est le docteur ? Où est le disputeur de ce monde ? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? 21 Car le monde, avec sa sagesse, n'ayant pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. 22 Les Juifs exigent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse, 23 nous, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, 24 mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. 25 Car ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui serait faiblesse de Dieu est plus fort que la force des hommes. 26 Considérez en effet votre vocation, mes frères, il n'y a parmi vous ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. 27 Mais ce que le monde tient pour insensé, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les sages et ce que le monde tient pour rien, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts, 28 et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n'est rien, pour réduire au néant ce qui est, 29 afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. 30 Or c'est par lui que vous êtes dans le Christ-Jésus, lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse et justice et sanctification et rédemption 31 afin que selon le mot de l'Écriture "celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur."


1 Corinthiens 2. 1 Moi aussi, mes frères, lorsque je suis venu chez vous, ce n'est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis venu vous annoncer le témoignage de Dieu. 2 Car je n'ai pas jugé que je dusse savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. 3 Mais c'est dans la faiblesse, dans la crainte, et dans un grand tremblement que je me suis présenté chez vous, 4 et ma parole et ma prédication n'avaient rien du langage persuasif de la sagesse, mais l'Esprit-Saint et la force de Dieu en démontraient la vérité 5 afin que votre foi repose, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. 6 Pourtant il est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas celle de ce monde, ni des princes de ce monde, dont le règne va finir. 7 Nous prêchons une sagesse de Dieu mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre glorification. 8 Cette sagesse, nul des princes de ce monde ne l'a connue, car, s'ils l'avaient connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire. 9 Mais ce sont, comme il est écrit, "des choses que l'œil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues et qui ne sont pas montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment." 10 C'est à nous que Dieu les a révélées par son Esprit, car l'Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu. 11 Car qui d'entre les hommes connaît ce qui se passe dans l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. 12 Pour nous, nous avons reçu non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. 13 Et nous en parlons, non avec des paroles qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec celles qu'enseigne l'Esprit, en exprimant les choses spirituelles par un langage spirituel. 14 Mais l'homme naturel ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui et il ne peut les connaître, parce que c'est par l'Esprit qu'on en juge. 15 L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. 16 Car "qui a connu la pensée du Seigneur, pour pouvoir l'instruire ?" Mais nous, nous avons la pensée du Christ.


1 Corinthiens 3. 1 Moi-même, mes frères, ce n'est pas comme à des hommes spirituels que j'ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants dans le Christ. 2 Je vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide, car vous n'en étiez pas capables, et vous ne l'êtes pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels. 3 En effet, puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n'êtes-vous pas charnels et ne marchez-vous pas selon l'homme ? 4 Quand l'un dit : Moi je suis à Paul et un autre : Moi, je suis à Apollos n'êtes-vous pas des hommes ? 5 Qu'est-ce donc qu'Apollos ? Et qu'est-ce que Paul ? Des serviteurs par le moyen desquels vous avez cru, selon ce que le Seigneur a donné à chacun. 6 Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître. 7 Ainsi ni celui qui plante n'est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu, qui fait croître. 8 Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. 9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l'édifice de Dieu. 10 Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai, comme un sage architecte, posé le fondement et un autre bâtit dessus. Seulement que chacun prenne garde comment il bâtit dessus. 11 Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui est déjà posé, savoir Jésus-Christ. 12 Si l'on bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, 13 l'ouvrage de chacun sera manifesté, car le jour du Seigneur le fera connaître, parce qu'il va se révéler dans le feu et le feu même éprouvera ce qu'est l'ouvrage de chacun. 14 Si l'ouvrage que l'on aura bâti dessus subsiste, on recevra une récompense, 15 si l'ouvrage de quelqu'un est consumé, il perdra sa récompense, lui pourtant sera sauvé, mais comme au travers du feu. 16 Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? 17 Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint et c'est ce que vous êtes vous-mêmes. 18 Que nul ne s'abuse soi-même. Si quelqu'un parmi vous pense être sage dans ce monde, qu'il devienne fou, afin de devenir sage. 19 En effet, la sagesse de ce monde est folie devant Dieu, car il est écrit : "Je prendrai les sages dans leurs ruses." 20 Et encore : "Le Seigneur connaît les pensées des sages, il sait qu'elles sont vaines." 21 Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes, car tout est à vous, 22 et Paul et Apollos et Céphas et le monde et la vie et la mort et les choses présentes et les choses à venir. 23 Tout est à vous, mais vous vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu.


1 Corinthiens 4. 1 Ainsi, qu'on nous regarde comme des serviteurs du Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu. 2 Eh bien ce que l'on cherche dans les dispensateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle. 3 Pour moi, il m'importe fort peu d'être jugé par vous ou par un tribunal humain, je ne me juge pas moi-même, 4 car, quoique je ne me sente coupable de rien, je ne suis pas pour cela justifié : mon juge, c'est le Seigneur. 5 C'est pourquoi ne jugez de rien avant le temps jusqu'à ce que vienne le Seigneur : il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et manifestera les desseins des cœurs et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui est due. 6 Ce que je viens de dire d'Apollos et de moi, n'est qu'une forme que j'ai prise à cause de vous, frères, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, ne vous enflant pas d'orgueil en faveur de l'un contre l'autre. 7 Car qui est-ce qui te distingue ? Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu ? 8 Déjà vous êtes rassasiés. Déjà vous êtes riches. Sans nous, vous êtes rois. Dieu veuille que vous le soyez en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous. 9 Car il semble que Dieu nous ait fait paraître, nous les Apôtres, comme les derniers des hommes, comme des condamnés à mort, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. 10 Nous, nous sommes insensés à cause du Christ et vous, vous êtes sages en Jésus-Christ, nous, nous sommes faibles et vous, vous êtes forts, vous, vous êtes en honneur et nous dans le mépris. 11 A cette heure encore, nous souffrons la faim, la soif, la nudité, nous sommes meurtris de coups, nous n'avons ni feu ni lieu, 12 et nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains, maudits, nous bénissons, persécutés, nous le supportons 13 calomniés, nous supplions, nous sommes jusqu'à présent comme les balayures du monde, le rebut des hommes. 14 Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris ces choses, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. 15 Car, eussiez-vous dix mille maîtres dans le Christ, vous n'avez pas cependant plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Évangile. 16 Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ. 17 C'est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur, il vous rappellera quelles sont mes voies en Jésus-Christ, de quelle manière j'enseigne partout, dans toutes les Églises. 18 Quelques-uns, présumant que je n'irais plus chez vous, se sont enflés d'orgueil. 19 Mais j'irai bientôt chez vous, s'il plaît au Seigneur et je prendrai connaissance non des paroles de ceux qui se sont enflés, mais de ce qu'ils peuvent faire. 20 Car le royaume de Dieu consiste, non en paroles, mais en œuvres. 21 Que voulez-vous ? Que j'aille chez vous avec le bâton, ou avec amour et dans un esprit de douceur ?


1 Corinthiens 5. 1 On n'entend parler que d'une impudicité commise parmi vous et d'une impudicité telle qu'il ne s'en rencontre pas de semblable même chez les païens, c'est au point que quelqu'un a la femme de son père. 2 Et vous êtes enflés d'orgueil. Et vous n'avez pas été plutôt dans le deuil, afin que celui qui a commis un tel acte fût retranché du milieu de vous. 3 Pour moi, absent de corps, mais présent d'esprit, j'ai déjà jugé, comme si j'étais présent, celui qui a commis un tel acte. 4 Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vous tous réunis et moi en esprit au milieu de vous, avec la puissance de Notre-Seigneur Jésus, 5 qu'un tel homme soit livré à Satan pour la mort de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus. 6 Vous avez tort de tant vous glorifier. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte ? 7 Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme aussi vous êtes des azymes, car notre Pâque, le Christ, a été immolé. 8 Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain ni avec un levain de malice et de perversité, mais avec les azymes de la pureté et de la vérité. 9 Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir de relations avec les impudiques, 10 non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les hommes cupides et rapaces, ou avec les idolâtres, autrement il vous faudrait sortir du monde. 11 J'ai simplement voulu vous dire de n'avoir pas de relations avec un homme qui, portant le nom de frère, est impudique ou cupide, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou rapace, de ne pas même manger avec un tel homme. 12 Car est-ce à moi de juger ceux du dehors ? N'est-ce pas ceux du dedans qu'il vous appartient de juger ? 13 Ceux du dehors, c'est Dieu qui les juge. Retranchez le méchant du milieu de vous.



1 Corinthiens 6. 1 Lorsqu’il y en a un parmi vous qui a un différend avec un autre, il ose aller en jugement devant les injustes et non devant les saints ? 2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et si c'est par vous que le monde doit être jugé, êtes-vous indignes de rendre des jugements de moindre importance ? 3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Pourquoi pas, à plus forte raison, les affaires de cette vie ? 4 Quand donc vous avez des jugements à faire rendre sur les affaires de cette vie, vous établissez pour les juger ceux qui sont les moins considérés dans l'Église ! 5 Je le dis à votre honte : ainsi il n'y a pas un homme sage parmi vous, pas un seul qui puisse se prononcer entre ses frères. 6 Mais un frère est en procès avec un frère et cela devant des infidèles. 7 C'est déjà certes un défaut pour vous que d'avoir des procès les uns avec les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? 8 Mais c'est vous-mêmes qui commettez l'injustice et qui dépouillez les autres et ce sont vos frères. 9 Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, 10 ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le royaume de Dieu. 11 Voilà pourtant ce que vous étiez, du moins quelques-uns d'entre vous, mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu. 12 Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile, tout m'est permis, mais moi, je ne me laisserai dominer par quoi que ce soit. 13 Les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments et Dieu détruira l'un comme les autres. Mais le corps n'est pas pour l'impudicité, il est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps. 14 Et Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance. 15 Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Prendrai-je donc les membres du Christ pour en faire les membres d'une prostituée ? Loin de là. 16 Ne savez-vous pas que celui qui s'unit à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, dit l'Écriture, "Ils seront les deux en une seule chair." 17 Au contraire celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui. 18 Fuyez l'impudicité. Quelque autre péché qu'un homme commette, ce péché est hors du corps, mais celui qui se livre à l'impudicité pèche contre son propre corps. 19 Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu et que vous n'êtes plus à vous-mêmes ? 20 Car vous avez été rachetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps.


1 Corinthiens 7. 1 Quant aux points sur lesquels vous m'avez écrit, je vous dirai qu'il est bon pour l'homme de ne pas toucher de femme. 2 Toutefois, pour éviter toute impudicité, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari. 3 Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit et que la femme agisse de même envers son mari. 4 La femme ne peut pas faire ce qu’elle veut de son propre corps, mais le mari, pareillement le mari ne peut pas faire ce qu’il veut de son propre corps, mais la femme. 5 Ne vous soustrayez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière, puis remettez-vous ensemble, de peur que Satan ne vous tente par suite de votre incontinence. 6 Je dis cela par condescendance, je n'en fais pas un ordre. 7 Je voudrais, au contraire, que tous les hommes fussent comme moi, mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, l'un d'une manière, l'autre d'une autre. 8 A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu'il leur est bon de rester comme moi-même. 9 Mais s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient, car il vaut mieux se marier que de brûler. 10 Quant aux personnes mariées, j'ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari, 11 si elle en est séparée, qu'elle reste sans se remarier ou qu'elle se réconcilie avec son mari, pareillement, que le mari ne répudie pas sa femme. 12 Aux autres, je dis, moi, non le Seigneur : Si quelque frère a une femme qui n'a pas la foi et qu'elle consente à habiter avec lui, qu'il ne la renvoie pas, 13 et si une femme a un mari qui n'a pas la foi et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle ne renvoie pas son mari. 14 Car le mari infidèle est sanctifié par la femme et la femme infidèle est sanctifiée par le mari, autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. 15 Si l'incrédule se sépare, qu'il se sépare, le frère ou la sœur ne sont pas asservis dans ces conditions. Dieu nous a appelés dans la paix. 16 Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? 17 Seulement, que chacun se conduise selon la position que le Seigneur lui a assignée et selon que Dieu l'a appelé, c'est la règle que j'établis dans toutes les Églises. 18 Quelqu'un a-t-il été appelé étant circoncis, qu'il ne dissimule pas sa circoncision, quelqu'un a-t-il été appelé étant incirconcis, qu'il ne se fasse pas circoncire. 19 La circoncision n'est rien, l'incirconcision n'est rien, ce qui est tout, c'est l'observation des commandements de Dieu. 20 Que chacun demeure dans l'état où il était lorsqu'il a été appelé. 21 As-tu été appelé étant esclave, ne t'en mets pas en peine, mais alors même que tu pourrais devenir libre, mets plutôt ton appel à profit. 22 Car l'esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur, de même, l'homme libre qui a été appelé est un esclave du Christ. 23 Vous avez été achetés un grand prix, ne vous rendez pas esclaves des hommes. 24 Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état où il était lorsqu'il a été appelé. 25 Pour ce qui est des vierges, je n'ai pas de commandement du Seigneur, mais je donne un conseil, comme ayant reçu du Seigneur la grâce d'être fidèle. 26 Je pense donc à cause des difficultés présentes, qu'il est bon à un homme d'être ainsi. 27 Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien, n'es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas de femme. 28 Si pourtant tu t'es marié, tu n'as pas péché et si la vierge s'est mariée, elle n'a pas péché, mais ces personnes auront des afflictions dans la chair et moi je voudrais vous les épargner. 29 Mais voici ce que je dis, frères : le temps s'est fait court, il faut donc que ceux qui ont des femmes soient comme n'en ayant pas, 30 ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas, 31 et ceux qui usent du monde comme n'en usant pas, car elle passe, la figure de ce monde. 32 Or je voudrais que vous fussiez sans préoccupation. Celui qui n'est pas marié a souci des choses du Seigneur, il cherche à plaire au Seigneur, 33 celui qui est marié a souci des choses du monde, il cherche à plaire à sa femme, 34 et il est partagé. De même la femme, celle qui n'a pas de mari et la vierge, ont souci des choses du Seigneur, afin d'être saintes de corps et d'esprit, mais celle qui est mariée a souci des choses du monde, elle cherche à plaire à son mari. 35 Je dis cela dans votre intérêt, non pour jeter sur vous le filet, mais en vue de ce qui est bienséant et propre à vous attacher au Seigneur sans tiraillements. 36 Si quelqu'un juge qu'il exposerait sa fille au déshonneur, si elle passait la fleur de l'âge et qu'il est de son devoir de la marier, qu'il fasse comme il veut, il ne pèche pas, qu'elle se marie. 37 Mais celui qui, sans y être forcé, étant maître de faire ce qu'il veut, a mis dans son cœur une ferme résolution et a décidé de garder sa fille vierge, celui-là fait bien. 38 Ainsi celui qui marie sa fille fait bien et celui qui ne la marie pas fait mieux. 39 La femme est liée aussi longtemps que vit son mari, si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier à qui elle voudra, seulement que ce soit dans le Seigneur. 40 Elle est plus heureuse, néanmoins, si elle demeure comme elle est : c'est mon avis et je crois avoir, moi aussi, l'Esprit de Dieu.


1 Corinthiens 8. 1 Pour ce qui est des viandes sacrifiées aux idoles, nous savons, car nous sommes tous éclairé. La science enfle, tandis que la charité édifie. 2 Si quelqu'un présume de sa science, il n'a encore rien connu comme on doit le connaître. 3 Mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui. 4 Pour ce qui est donc de manger des viandes immolées aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien dans le monde et qu'il n'y a de Dieu, qu'un seul. 5 Car s'il est des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, il y a de la sorte beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs, 6 pour nous néanmoins, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. 7 Mais tous n'ont pas cette connaissance. Quelques-uns, conservant encore leur ancienne manière d'envisager l'idole, mangent de ces viandes comme ayant été immolées à une idole et leur conscience, qui est faible, se trouve souillée. 8 Un aliment n'est pas chose qui nous recommande à Dieu, si nous en mangeons, nous n'avons rien de plus, si nous n'en mangeons pas, nous n'avons rien de moins. 9 Toutefois prenez garde que cette liberté dont vous jouissez ne devienne une occasion de chute pour les faibles. 10 Car si quelqu'un te voit, toi qui es un homme éclairé, assis à table dans un temple d'idoles, sa conscience, à lui qui est faible, ne le portera-t-elle pas à manger des viandes immolées aux idoles ? 11 Et ainsi se perd le faible par ta science, ce frère pour lequel le Christ est mort. 12 En péchant de la sorte contre vos frères et en violentant leur conscience encore faible, vous péchez contre le Christ. 13 C'est pourquoi, si un aliment est une occasion de chute pour mon frère, je me passerai éternellement de viande, afin de ne pas être pour lui une occasion de chute.



1 Corinthiens 9. 1 Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon ouvrage dans le Seigneur ? 2 Si pour d'autres je ne suis pas apôtre, je le suis au moins pour vous, car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. 3 Voilà ma réponse à mes détracteurs. 4 N'avons-nous pas le droit de manger et de boire ? 5 N'avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur, comme font les autres Apôtres et les frères du Seigneur et Céphas ? 6 Ou bien sommes-nous les seuls, Barnabé et moi, qui n'ayons pas le droit de ne pas travailler ? 7 Qui jamais a porté les armes à ses propres frais ? Qui est-ce qui plante une vigne pour ne pas en manger le fruit ? Qui est-ce qui fait paître un troupeau, sans se nourrir de son lait ? 8 Est-ce selon l'homme que je dis ces choses et la Loi ne les dit-elle pas aussi ? 9 Car il est écrit dans la loi de Moïse : "Tu ne muselleras pas la bouche du bœuf qui foule le grain." Dieu se met-il en peine des bœufs ? 10 N'est-ce pas absolument à cause de nous qu'il parle ainsi ? Oui, c'est à cause de nous que cela a été écrit, celui qui laboure doit labourer avec espérance et celui qui foule le grain doit le fouler dans l'espérance d'y avoir part. 11 Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une si grosse affaire que nous moissonnions de vos biens matériels ? 12 Si d'autres usent de ce droit sur vous, pourquoi pas plutôt nous-mêmes. Cependant nous n'avons pas usé de ce droit, mais nous supportons tout, afin de ne pas créer d'obstacle à l'Évangile du Christ. 13 Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées vivent du temple et que ceux qui servent à l'autel ont part à l'autel ? 14 De même aussi le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile. 15 Pour moi, je n'ai fait valoir aucun de ces droits et ce n'est pas afin de les réclamer en ma faveur que j'écris ceci : il me vaudrait mieux mourir que de me laisser enlever ce titre de gloire. 16 Si j'annonce l'Évangile, ce n'est pas pour moi une gloire, c'est une obligation qui m'incombe et malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile. 17 Si je le faisais de mon propre gré, je mériterais une récompense mais je le fais par ordre, alors c'est une charge qui m'est confiée. 18 Quelle est donc ma récompense ? C'est que prêchant l'Évangile je l'offre gratuitement, sans user de mon droit de prédicateur de l'Évangile. 19 Car, quoique libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous, afin d'en gagner un plus grand nombre. 20 Avec les Juifs, j'ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs, 21 avec ceux qui sont sous la Loi, comme si j'étais sous la Loi, quoique je ne sois pas assujetti à la Loi, afin de gagner ceux qui sont sous la Loi, avec ceux qui sont sans la Loi, comme si j'étais sans la Loi, quoique je ne sois pas sans la loi de Dieu, étant sous la loi du Christ, afin de gagner ceux qui sont sans loi. 22 Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. 23 Je fais tout à cause de l'Évangile, afin d'y avoir part. 24 Ne le savez-vous pas ? Dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix. Courez de même, afin de le remporter. 25 Quiconque veut lutter, s'abstient de tout, eux pour une couronne périssable, nous, pour une impérissable. 26 Pour moi, je cours de même, non comme à l'aventure, je frappe, non pas comme battant l'air. 27 Mais je traite durement mon corps et je le tiens en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé.


1 Corinthiens 10. 1 Car je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tous traversé la mer, 2 et qu'ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, 3 qu'ils ont tous mangé le même aliment spirituel, 4 et qu'ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les accompagnait et ce rocher était le Christ. 5 Cependant ce n'est pas dans la plupart d'entre eux que Dieu trouva son plaisir, puisque leurs corps jonchèrent le désert. 6 Or ces choses ont été des figures de ce qui nous concerne, afin que nous n'ayons pas de désirs coupables, comme ils en ont eu 7 et que vous ne deveniez pas idolâtres, comme quelques-uns d'entre eux, selon qu'il est écrit : "Le peuple s'assit pour manger et pour boire, puis il se leva pour se divertir." 8 Ne nous livrons pas à l'impudicité, comme quelques-uns d'entre eux s'y livrèrent et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. 9 Ne tentons pas le Christ, comme le tentèrent quelques-uns d'entre eux, qui périrent par les serpents. 10 Ne murmurez pas comme murmurèrent quelques-uns d'entre eux, qui périrent sous les coups de l'Exterminateur. 11 Toutes ces choses leur sont arrivées en figure et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des temps. 12 Ainsi donc que celui qui croit être debout prenne garde de tomber. 13 Aucune tentation ne vous est survenue, qui n'ait été humaine et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces, mais, avec la tentation, il ménagera aussi une heureuse issue en vous donnant le pouvoir de la supporter. 14 C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. 15 Je vous parle comme à des hommes intelligents, jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16 Le calice de bénédiction, que nous bénissons, n'est-il pas une communion au sang du Christ ? Et le pain, que nous rompons, N'est-il pas une communion au corps du Christ ? 17 Puisqu'il y a un seul pain, nous formons un seul corps, tout en étant plusieurs, car nous participons tous à un même pain. 18 Voyez Israël selon la chair : ceux qui mangent les victimes ne participent-ils pas à l'autel ? 19 Qu'est-ce à dire ? Que la viande sacrifiée aux idoles soit quelque chose, ou qu'une idole soit quelque chose ? 20 Nullement, je dis que ce que les païens offrent en sacrifice, ils l'immolent à des démons et non à Dieu, or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. 21 Vous ne pouvez boire à la fois au calice du Seigneur et au calice des démons, vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et à la table des démons. 22 Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ? 23 Tout est permis, mais tout n'est pas profitable, tout est permis, mais tout n'édifie pas. 24 Que personne ne cherche son propre avantage, mais celui d'autrui. 25 Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans faire aucune question par motif de conscience, 26 car "la terre est au Seigneur et tout ce qu'elle renferme." 27 Si un infidèle vous invite et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce qu'on vous présentera, sans faire aucune question par motif de conscience. 28 Mais si quelqu'un vous dit : Ceci a été offert en sacrifice, n'en mangez pas, à cause de celui qui vous a donné ce renseignement et à cause de la conscience. 29 Je dis la conscience, non pas la vôtre, mais celle d'autrui. Pourquoi en effet ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? 30 Si je mange avec action de grâces, pourquoi serais-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ? 31 Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. 32 Ne soyez en scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'Église de Dieu. 33 C'est ainsi que moi-même je m'efforce en toutes choses de plaire à tous, ne cherchant pas mon propre avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés.


1 Corinthiens 11. 1 Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. 2 Je vous loue, de ce que vous vous souvenez de moi à tous égards et de ce que vous retenez mes instructions telles que je vous les ai données. 3 Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme c'est le Christ, que le chef de la femme, c'est l'homme et que le chef du Christ, c'est Dieu. 4 Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore sa tête. 5 Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête : elle est comme celle qui est rasée. 6 Si une femme ne se voile pas la tête, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux à une femme d'avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu'elle se voile. 7 L'homme ne doit pas se couvrir la tête, parce qu'il est l'image de la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme. 8 En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme de l'homme 9 et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. 10 C'est pourquoi la femme doit, à cause des anges, avoir sur la tête un signe de sujétion. 11 Toutefois, ni la femme n'est sans l'homme, ni l'homme sans la femme, dans le Seigneur. 12 Car, si la femme a été tirée de l'homme, l'homme aussi naît de la femme et tout vient de Dieu. 13 Jugez-en vous-mêmes : est-il bienséant qu'une femme prie Dieu sans être voilée ? 14 La nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas que c'est une honte à un homme de porter de longs cheveux, 15 tandis que c'est une gloire pour la femme qu'une longue chevelure, parce que la chevelure lui a été donnée en guise de voile ? 16 Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette habitude, non plus que les Églises de Dieu. 17 Mais en vous recommandant ce point, je n'ai garde de vous louer de ce que vous vous assemblez, non pour votre avantage, mais pour votre préjudice. 18 Et d'abord j'apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a des scissions parmi vous et je le crois en partie, 19 car il faut qu'il y ait parmi vous même des sectes, afin que les frères d'une vertu éprouvée soient manifestés parmi vous, 20 lors donc que vous vous réunissez ce n'est plus le repas du Seigneur que vous célébrez, 21 car, à table, chacun commence par prendre son propre repas, en sorte que tels ont faim, tandis que d'autres se gorgent. 22 N'avez-vous pas des maisons pour y manger et boire ? Ou méprisez-vous l'Église de Dieu et voulez-vous faire un affront à ceux qui n'ont rien ? Que vous dirai-je ? Que je vous loue ? Non, je ne vous loue pas en cela. 23 Car, pour moi, j'ai reçu du Seigneur, ce que je vous ai aussi transmis, savoir, que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, 24 et après avoir rendu grâces, le rompit et dit : "[Prenez et mangez], ceci est mon corps, [qui sera livré] pour vous, faites ceci en mémoire de moi." 25 De même, après avoir soupé, il prit le calice et dit : "Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi." 26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. 27 C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28 Que chacun donc s'éprouve soi-même et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice, 29 car celui qui mange et boit [indignement], sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit son propre jugement. 30 C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades et qu'un grand nombre sont morts. 31 Si nous nous examinions nous-mêmes nous ne serions pas jugés. 32 Mais le Seigneur nous juge et nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde. 33 Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. 34 Si quelqu'un a faim qu'il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour votre condamnation. Je réglerai les autres choses quand je serai arrivé chez vous.


1 Corinthiens 12. 1 Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l'ignorance. 2 Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez entraîner vers les idoles muettes, selon que vous y étiez conduits. 3 Je vous déclare donc que personne, s'il parle par l'Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème et personne ne peut dire : "Jésus est le Seigneur" si ce n'est par l'Esprit-Saint. 4 Il y a pourtant diversité de dons, mais c'est le même Esprit. 5 Diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur. 6 Diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. 7 A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. 8 En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse, à l'autre une parole de connaissance, selon le même Esprit, 9 à un autre, la foi, par le même Esprit, à un autre, le don des guérisons, par ce seul et même Esprit, 10 à un autre, la puissance d'opérer des miracles, à un autre la prophétie, à un autre, le discernement des esprits, à un autre la diversité des langues, à un autre le don de les interpréter. 11 Mais c'est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît. 12 Car, comme le corps est un et a plusieurs membres et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. 13 Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. 14 Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs. 15 Si le pied disait : "Puisque je ne suis pas main, je ne suis pas du corps," en serait-il moins du corps pour cela ? 16 Et si l'oreille disait : "Puisque je ne suis pas œil, je ne suis pas du corps," en serait-elle moins du corps pour cela ? 17 Si tout le corps était œil, où serait l'ouïe ? S'il était tout entier ouïe, où serait l'odorat ? 18 Mais Dieu a placé chacun des membres dans le corps, comme il l'a voulu. 19 Si tous étaient un seul et même membre, où serait le corps ? 20 Il y a donc plusieurs membres et un seul corps. 21 L'œil ne peut pas dire à la main : "Je n'ai pas besoin de toi," ni la tête dire aux pieds : "Je n'ai pas besoin de vous." 22 Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires, 23 et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, 24 tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne, 25 afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. 26 Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui, si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. 27 Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. 28 Dieu a établi dans l'Église premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont les dons de faire des miracles, de guérir, d'assister, de gouverner, de parler diverses langues. 29 Tous sont-ils apôtres ? Tous prophètes ? Tous docteurs ? 30 Tous thaumaturges ? Tous ont-ils les grâces de guérison ? Tous parlent-ils des langues ? Tous interprètent-ils ? 31 Aspirez aux charismes les plus élevés. Aussi bien je vais vous montrer une voie excellente entre toutes.


1 Corinthiens 13. 1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. 2 Quand j'aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères et que je posséderais toute science, quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. 3 Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien. 4 La charité est patiente, elle est bonne, la charité n'est pas envieuse, la charité n'est pas inconsidérée, elle ne s'enfle pas d'orgueil, 5 elle ne fait rien d'inconvenant, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s'irrite pas, elle ne tient pas compte du mal, 6 elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité, 7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. 8 La charité ne passera jamais. S'agit-il des prophéties, elles prendront fin, des langues, elles cesseront, de la science, elle aura son terme. 9 Car nous ne connaissons qu'en partie et nous ne prophétisons qu'en partie, 10 or, quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel prendra fin. 11 Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant, lorsque je suis devenu homme, j'ai laissé là ce qui était de l'enfant. 12 Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face, aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. 13 Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance, la charité, mais la plus grande des trois c'est la charité.


1 Corinthiens 14. 1 Recherchez la charité. Aspirez néanmoins aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie. 2 En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend et c'est en esprit qu'il dit des mystères. 3 Celui qui prophétise au contraire, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console. 4 Celui qui parle en langue s'édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l'Église [de Dieu]. 5 Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous prophétisiez, car celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n'interprète ce qu'il dit, pour que l'Église en reçoive de l'édification. 6 Voyons, frères, de quelle utilité vous serais-je, si je venais à vous parlant en langues et si je ne vous parle pas par révélation, ou par science, ou par prophétie, ou par doctrine ? 7 Si les objets inanimés qui rendent un son, comme une flûte ou une harpe, ne rendent pas des sons distincts, comment connaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ? 8 Et si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat ? 9 De même vous, si vous ne faites pas entendre avec la langue une parole distincte, comment saura-t-on ce que vous dites ? Vous parlerez en l'air. 10 Quelque nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n'en est aucune qui consiste en sons inintelligibles. 11 Si donc j'ignore la valeur du son, je serai un barbare pour celui qui parle et celui qui parle sera un barbare pour moi. 12 De même vous aussi, puisque vous aspirez aux dons spirituels, que ce soit pour l'édification de l'Église que vous cherchiez à en avoir abondamment. 13 C'est pourquoi, que celui qui parle en langue prie pour obtenir le don d'interpréter. 14 Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence demeure sans fruit. 15 Que faire donc ? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence, je chanterai avec l'esprit, mais je chanterai aussi avec l'intelligence. 16 Autrement, si tu rends grâces avec l'esprit, comment celui qui est dans les rangs de l'homme du peuple répondra-t-il "Amen" à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ? 17 Ton hymne d'action de grâces est sans doute fort beau, mais lui n'en est pas édifié. 18 Je rends grâces à [mon] Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous, 19 mais, dans l'Église, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, afin d'instruire aussi les autres, que dix mille paroles en langue. 20 Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement, mais faites-vous enfants sous le rapport de la malice et, pour le jugement, soyez des hommes faits. 21 Il est écrit dans la Loi : "C'est par des hommes d'une autre langue et par des lèvres étrangères que je parlerai à ce peuple et même ainsi ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur." 22 C'est donc que les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les infidèles, la prophétie, au contraire, est un signe, non pour les infidèles, mais pour les croyants. 23 Si donc, l'Église entière se trouvant réunie en assemblée, tous parlent en langues et qu'il survienne des hommes non initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes des fous ? 24 Mais si tous prophétisent et qu'il survienne un infidèle ou un homme non initié, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, 25 les secrets de son cœur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant face contre terre, il adorera Dieu et publiera que Dieu est vraiment au milieu de vous. 26 Que faire donc, mes frères ? Lorsque vous vous assemblez, tel d'entre vous a un cantique, tel une instruction, tel une révélation, tel un discours en langue, tel une interprétation, que tout se passe de manière à édifier. 27 Si l'on parle en langue, que ce soient chaque fois deux ou trois au plus, chacun à son tour et qu'il y ait un interprète, 28 s'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'assemblée et qu'on se parle à soi-même et à Dieu. 29 Pour les prophètes, qu'il y en ait deux ou trois à parler et que les autres jugent, 30 et si un autre, qui est assis, a une révélation, que le premier se taise. 31 Car vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés. 32 Or les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes 33 car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix. 34 Comme cela a eu lieu dans toutes les Églises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées car elles n'ont pas mission de parler, mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. 35 Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leurs maris à la maison, car il n’est pas convenable pour une femme de parler dans une assemblée. 36 Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à vous seuls qu'elle est parvenue ? 37 Si quelqu'un croit être prophète ou riche en dons spirituels, qu'il reconnaisse que ces choses que je vous ai écrites sont des commandements du Seigneur. 38 Et s'il veut l'ignorer, qu'il l'ignore. 39 Ainsi donc, mes frères, aspirez au don de prophétie et n'empêchez pas de parler en langue. 40 Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre.




1 Corinthiens 15. 1 Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré 2 et par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé, à moins que vous n'ayez cru en vain. 3 Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'ai appris moi-même, que le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures, 4 qu'il a été enseveli et qu'il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures, 5 et qu'il est apparu à Céphas, puis aux Douze. 6 Après cela, il est apparu en une seule fois à plus de cinq cents frères, dont la plupart sont encore vivants et quelques-uns se sont endormis. 7 Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. 8 Après eux tous, il m'est aussi apparu à moi, comme à l'avorton. 9 Car je suis le moindre des Apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu. 10 C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis et sa grâce envers moi n'a pas été vaine, loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. 11 Ainsi donc, soit moi, soit eux, voilà ce que nous prêchons et voilà ce que vous avez cru. 12 Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? 13 S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 14 Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, vaine aussi est votre foi. 15 Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l'égard de Dieu puisque nous avons témoigné contre lui qu'il a ressuscité le Christ tandis qu'il ne l'aurait pas ressuscité s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. 16 Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 17 Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et par conséquent aussi, 18 ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. 19 Si nous n'avons d'espérance dans le Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. 20 Mais maintenant le Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui se sont endormis. 21 Car, puisque par un homme est venue la mort, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. 22 Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés dans le Christ, 23 mais chacun en son rang, comme prémices le Christ, ensuite ceux qui appartiennent au Christ, lors de son avènement. 24 Puis ce sera la fin, quand il remettra le royaume à Dieu et au Père, après avoir anéanti toute principauté, toute puissance et toute force. 25 Car il faut qu'il règne "jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds." 26 Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. 27 Car Dieu "a tout mis sous ses pieds." Mais lorsque l'Écriture dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui-là est excepté, qui lui a soumis toutes choses. 28 Et lorsque tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même fera hommage à celui qui lui aura soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. 29 Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent en aucune manière, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? 30 Et nous-mêmes, pourquoi sommes-nous à toute heure en péril ? 31 Chaque jour je suis exposé à la mort, aussi vrai, mes frères, que vous êtes ma gloire en Jésus-Christ notre Seigneur. 32 Si c'est avec des vues humaines que j'ai combattu contre les bêtes à Éphèse, quel avantage m'en revient-il ? Si les morts ne ressuscitent pas "mangeons et buvons car demain nous mourrons." 33 Ne vous laissez pas séduire "les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs." 34 Revenez à vous-mêmes, sérieusement et ne péchez pas, car il y en a qui sont dans l'ignorance de Dieu, je le dis à votre honte. 35 Mais, dira quelqu'un : Comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? 36 Insensé, ce que tu sèmes ne reprend pas vie, s'il ne meurt auparavant. 37 Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui sera un jour, c'est un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre semence, 38 mais Dieu lui donne un corps comme il l'a voulu et à chaque semence il donne le corps qui lui est propre. 39 Toute chair n'est pas la même chair, autre est la chair des hommes, autre celle des quadrupèdes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. 40 Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres, mais l'éclat des corps célestes est d'une autre nature que celui des corps terrestres : 41 autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune et autre l'éclat des étoiles, même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. 42 Ainsi en est-il pour la résurrection des morts. Semé dans la corruption, le corps ressuscite, incorruptible, 43 semé dans l'ignominie, il ressuscite glorieux, semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force, 44 semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y aussi un corps spirituel. 45 C'est en ce sens qu'il est écrit : "Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante", le dernier Adam a été fait esprit vivifiant. 46 Mais ce n'est pas ce qui est spirituel qui a été fait d'abord, c'est ce qui est animal, ce qui est spirituel vient ensuite. 47 Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre, le second vient du ciel. 48 Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. 49 Et de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste. 50 Ce que j'affirme, frères, c'est que ni la chair ni le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu et que la corruption n'héritera pas l'incorruptibilité. 51 Voici un mystère que je vous révèle : Nous ne nous endormirons pas tous, mais tous nous serons changés, 52 en un instant, en un clin d'œil, au son de la dernière trompette, car la trompette retentira et les morts ressusciteront incorruptibles et nous, nous serons changés. 53 Car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête l'immortalité. 54 Lors que ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite : "La mort a été engloutie pour la victoire." 55 "O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ?" 56 Or l'aiguillon de la mort, c'est le péché et la puissance du péché, c'est la loi. 57 Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ. 58 Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de plus en plus à l'œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur.


1 Corinthiens 16. 1 Quant à la collecte en faveur des saints, suivez, vous aussi, les prescriptions que j'ai données aux Églises de la Galatie. 2 Le premier jour de la semaine, que chacun de vous mette à part chez lui et amasse ce qu'il peut épargner, afin qu'on n'attende pas mon arrivée pour faire les collectes. 3 Et quand je serai arrivé, j'enverrai avec des lettres ceux que vous aurez désignés, porter vos dons à Jérusalem. 4 S'il convient que j'y aille aussi moi-même, ils feront le voyage avec moi. 5 J'irai chez vous quand j'aurai passé par la Macédoine, car je la traverserai seulement, 6 mais peut-être séjournerai-je auprès de vous, ou même y passerai-je l'hiver, afin que ce soit vous qui m'accompagniez là où je dois aller. 7 Je ne veux pas cette fois vous voir seulement en passant, mais j'espère demeurer quelque temps auprès de vous, si le Seigneur le permet. 8 Je resterai cependant à Éphèse jusqu'à la Pentecôte, 9 car une porte m'est ouverte, grande et efficace et les adversaires sont nombreux. 10 Si Timothée vient chez vous, faites-en sorte qu'il soit sans crainte parmi vous, car il travaille comme moi à l'œuvre du Seigneur. 11 Que personne donc ne le méprise. Reconduisez-le en paix, afin qu'il vienne me trouver, car je l'attends avec les frères. 12 Pour ce qui est de notre frère Apollos, je l'ai fortement engagé à se rendre chez vous avec les frères, mais il n'a absolument pas voulu le faire maintenant, il ira quand il en trouvera l'occasion. 13 Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous. 14 Que tout se fasse chez vous dans la charité. 15 Je vous adresse encore cette recommandation, frères. Vous savez que la famille de Stéphanas est les prémices de l'Achaïe et qu'elle s'est dévouée aux services des saints : 16 ayez à votre tour de la déférence pour des hommes de ce mérite et pour quiconque coopère et travaille à la même œuvre. 17 Je suis heureux de la présence de Stéphanas, de Fortunat et d'Achaïque, ils ont suppléé à votre absence, 18 car ils ont tranquillisé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier de tels hommes. 19 Les Églises d'Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l'Église qui est dans leur maison, vous saluent beaucoup dans le Seigneur. 20 Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. 21 La salutation est de ma propre main, à moi Paul. 22 Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème Maran atha. 23 Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous. Mon amour est avec vous tous en Jésus-Christ [Amen].


Notes sur la 1ère lettre aux Corinthiens


1.1 Sosthène. Voir Actes des Apôtres, 18, 17.

1.5-7 Les éloges que saint Paul donne ici aux Corinthiens, et les faveurs dont il parle, s’adressent au corps de l’Église de Corinthe, et non pas à chacun des membres en particulier. Les éloges sont pour les parfaits, les leçons et les reproches pour les imparfaits. Cette observation suffit pour justifier l’Apôtre de la contradiction que plusieurs lui ont reproché sur ce point.

1.6 Le témoignage du Christ ; c’est-à-dire le témoignage qui a été rendu au Christ par la prédication de l’Évangile.

1.9 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 24.

1.11 Chloé ne nous est connue que par ce passage. Mes frères : Paul emploie souvent cette formule pour faire accepter quelque reproche sévère. ― Les gens, les esclaves ou les enfants (voir Romains, 16, 11) de Chloé, quelque habitant d’Éphèse qui, après un voyage à Corinthe, aura instruit saint Paul de la situation de cette Église.

1.12 Voir Actes des Apôtres, 18, 24. ― Apollos, Céphas. Plusieurs pensent que ce sont là des noms fictifs, mis en avant par l’Apôtre pour éviter aux véritables chefs de parti la confusion de se voir désigner publiquement. Mais ce sentiment s’accorde mal avec ce qu’on lit dans la première lettre de saint Clément. Saint Paul a bien pu omettre certains noms ; mais ceux qu’il cite ne paraissent pas imaginaires. On sait par saint Luc qu’Apollos avait séjourné à Corinthe, qu’il avait succédé à saint Paul pour la prédication, et qu’on avait applaudi son éloquence. Quant à saint Pierre, saint Denys, évêque de Corinthe vers le milieu du second siècle, nous apprend que son Église le tenait pour son fondateur aussi bien que saint Paul. Il est probable que le chef des Apôtres avait passé par cette ville en se rendant à Rome, ou qu’il s’y était retiré avec Prisque et Aquila au moment où un décret de Claude obligea tous les Juifs à s’éloigner de la capitale de l’empire. ― Quoi qu’il en soit, le reproche que saint Paul fait ici aux Corinthiens ne saurait fournir aucun appui à la fable du pétrinisme et du paulinisme, imaginée par Baur et son école. Les partis dont parle saint Paul sont de simples coteries qui n’accusent aucun dissentiment en manière de croyance, et qui n’ont pu avoir de durée ni s’étendre au-delà de Corinthe. Les Apôtres y restent complètement étrangers.

1.14 Voir Actes des Apôtres, 18, 8. ― Crispus était le chef de la synagogue de Corinthe. Voir Actes des Apôtres, note 18.8. ― Gaïus donnait l’hospitalité à saint Paul à Corinthe (voir Romains, 16, 23). Origène dit qu’il devint évêque de Thessalonique.

1.16 Stéphanas est mentionné de nouveau plus loin, voir 1 Corinthiens, 16, 16-17, comme l’un des premiers convertis de l’Achaïe. Il était avec saint Paul à Éphèse, quand l’Apôtre écrivit cette première Lettre aux Corinthiens. D’après saint Jean Chrysostome, Stéphanas s’était rendu à Éphèse pour consulter saint Paul sur des questions de discipline. D’autres croient que le motif du voyage avait été un but charitable. Peut-être les assemblées des fidèles avaient-elles lieu dans sa maison à Corinthe.

1.17 Voir 2 Pierre, 1, 16 ; 1 Corinthiens, 2, 1. Ces paroles ne signifient pas que le baptême n’est pas fonction et l’objet principal de la mission des apôtres, mais que la prédication était l’œuvre principale de la mission de saint Paul.

1.18 Voir Romains, 1, 16.

1.19 Voir Isaïe, 29, 14.

1.20 Voir Isaïe, 33, 18.

1.22 Les Juifs ne demandaient pas de simples miracles, car Jésus-Christ et les Apôtres en opéraient un grand nombre qu’ils reconnaissaient et qu’ils proclamaient eux-mêmes, puisqu’ils les attribuaient au démon, mais ils demandaient, sans aucun droit, des prodiges d’un certain genre, des prodiges qui vinssent immédiatement du ciel.

1.25 Ce qui, dans les voies de Dieu, paraît folie au monde, est certainement très sage, et ce qui paraît faiblesse est au-dessus de toute force humaine.

1.29 Nulle chair, aucun homme. Voir Matthieu, 24, 22.

1.30 Voir Jérémie, 23, 5.

1.31 Voir Jérémie, 9, 23-24 ; 2 Corinthiens, 10, 17.

2.1 Voir 1 Corinthiens, 1, 17. ― Le témoignage du Christ. Cf. 1 Corinthiens, 1, 6.

2.3 Voir Actes des Apôtres, 18, 1.

2.4 Voir 2 Pierre, 1, 16.

2.6 Les princes de ce monde sont les sages, les savants, les philosophes, ou les démons dont l’empire se détruit de plus en plus par l’établissement du règne de Jésus-Christ.

2.9 Voir Isaïe, 64, 4.

2.13 Voir 1 Corinthiens, 1, 17 ; 2, vv. 1, 4 ; 2 Pierre, 1, 16.

2.14-15 L’homme naturel est celui qui s’adonne aux plaisirs des sens, à ses affections charnelles et mondaines, ou celui qui ne juge des choses célestes que par la raison naturelle, les sens et la sagesse humaine. L’homme spirituel est celui qui ne se laisse emporter ni par les plaisirs des sens ni par ses affections charnelles, etc., et qui, dans ce qui regarde la religion, ne prend pas la raison humaine pour guide, mais la grâce divine, la foi de l’Église et l’Esprit de Dieu.

2.15 Juge de tout, etc. Il est faux de dire, avec les ennemis de nos Livres saints, que ces paroles consacrent le fanatisme ou la révolte. L’Apôtre dit seulement que ceux qui ont reçu le don de discerner les esprits ont seuls le droit de décider si celui qui prétend être inspiré est fanatique ou prophète.

2.16 Voir Sagesse, 9, 13 ; Isaïe, 40, 13 ; Romains, 11, 34.

3.1 Moi-même, je n’ai pas pu vous prêcher cette sagesse supérieure, voir 1 Corinthiens, 2, 6. ― Des hommes spirituels. Voir 1 Corinthiens, 2, 14. ― Charnels, si peu changés par l’influence de l’Esprit-Saint, que la chair, foyer du péché et de la concupiscence, domine encore en eux.

3.4 A Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.

3.8 Voir Psaume, 61, 13 ; Matthieu, 16, 27 ; Romains, 2, 6 ; Galates, 6, 5.

3.11-15 Le fondement de l’Église de Dieu est Jésus-Christ et sa doctrine, ou la vraie foi en lui agissant par la charité. L’édifice d’or, d’argent, de pierres précieuses, bâti sur ce fondement, c’est la plus parfaite prédication et la pratique de l’Évangile. L’édifice auquel on a mêlé le bois, le foin, la paille, signifie la prédication des docteurs Corinthiens, qui, à la vérité, n’erraient pas dans la foi, mais ajoutaient à leurs discours une vaine boursouflure de paroles et de questions inutiles. Le jugement de Dieu, soit particulier, soit général, manifestera de quelle sorte aura été l’œuvre de chaque homme, œuvre dont il est difficile de porter un jugement en cette vie. Toute doctrine qui pourra résister à l’épreuve du feu de ce jugement attirera au prédicateur la récompense éternelle de son travail. Toute doctrine contraire sera consumée et anéantie. A la vérité, le prédicateur, s’il est d’ailleurs irréprochable, ne périra pas avec son ouvrage ; il sera sauvé parce qu’il aura bâti sur le vrai fondement. Mais il ne sera que comme un homme qui se sauve à travers un incendie, en conservant sa vie, et en perdant tout le reste. Ainsi, il souffrira la perte de son travail, en ne recevant pas la récompense du prédicateur évangélique, il n’entrera même dans le ciel qu’après avoir expié par le feu du purgatoire les fautes qu’il a commises dans l’exercice du ministère évangélique.

3.17 Voir 1 Corinthiens, 6, 19 ; 2 Corinthiens, 6, 16.

3.19 Voir Job, 5, 13.

3.20 Voir Psaume, 93, 11.

3.22 Apollos, Céphas. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.

4.1 Voir 2 Corinthiens, 6, 4.

4.11 Voir Matthieu, 21, 35.

4.12 Voir Actes des Apôtres, 20, 34 ; 1 Thessaloniciens, 2, 9 ; 2 Thessaloniciens, 3, 8.

4.17 Timothée. Voir l’introduction aux Lettres pastorales.

4.20 Le royaume de Dieu ; c’est-à-dire la vertu, la perfection chrétienne. Ne consiste pas : n’a pas pour condition d’existence des paroles, plus ou moins éloquentes, mais la foi et la sainteté, qui sont des œuvres de force et de puissance. Cf. Matthieu, 7, 21.

5.1 Voir Lévitique, 18, 7-8 ; 20, 11.

5.3 Voir Colossiens, 2, 5.

5.5 Livré à Satan ; c’est-à-dire retranché de la société des fidèles, excommunié pour un temps.

5.6 Voir Galates, 5, 9.

5.7 Voir Matthieu, 26, 2.

5.9 Dans ma lettre ; c’est-à-dire dans cette lettre. Comparer aux versets 2 et 6.

5.12 Ceux du dehors de l’Église, les païens, par opposition à ceux qui sont dedans ; c’est-à-dire aux chrétiens, parmi lesquels on doit compter les hérétiques et les schismatiques qui, conservant le caractère indélébile du baptême, demeurent par là même soumis à la juridiction de l’Église.

6.1 Les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

6.7 Voir Matthieu, 5, 39 ; Luc, 6, 29 ; Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 4, 6. ― On peut appliquer ici l’observation de saint Thomas, qu’il faut distinguer ce qui est interdit aux parfaits et ce qui l’est à tout le monde. D’un autre côté, on voit rarement des procès dans lesquels l’une des parties au moins se conserve exempte de la faute.

6.16 Voir Genèse, 2, 24 ; Matthieu, 19, 5 ; Marc, 10, 8 ; Éphésiens, 5, 31.

6.18 Hors du corps : aucun autre péché n’a, dans la même mesure que l’impudicité, le corps pour but et pour objet. Tout autre acte criminel, lors même qu’il se rapporte principalement au corps, l’intempérance, par exemple, exerce son influence sur lui du dehors, et par conséquent il est vis-à-vis de lui dans une situation extérieure.

6.19 Voir 1 Corinthiens, 3, 17 ; 2 Corinthiens, 6, 16.

6.20 Voir 1 Corinthiens, 7, 23 ; 1 Pierre, 1, 18.

7.1 il est bon pour l'homme, etc. Saint Paul n’improuve nullement ici le mariage, et par conséquent il n’est pas en contradiction avec cette parole de Dieu dans la Genèse, 2, 18 : Il n’est pas bon que l’homme soit seul, etc. L’Apôtre, en effet, ne considérant ici le mariage que par rapport à l’individu , abstraction faite de l’espèce, veut dire seulement que le mariage apporte des gênes et des dangers aux individus qui le contractent ; inconvénients qu’il évite, si Dieu lui accorde la grâce de conserver la chasteté dans la continence. De plus, saint Paul n’envisage ici que le bien spirituel, tandis que dans le paradis terrestre, quand Dieu dit : Il n’est pas bon, etc., il avait surtout en vue le bien temporel de l’homme.

7.2 Que chacun ait sa femme, etc. ; c’est-à-dire vive avec sa femme. Saint Paul n’exhorte pas ici les célibataires à se marier, puisqu’aux versets 7 et 8 il les engage à demeurer dans leur état.

7.3 Voir 1 Pierre, 3, 7.

7.9 L’Apôtre parle ici des personnes qui sont libres ; car celles qui, par vœu, se sont données à Dieu, ne doivent chercher le remède à leurs passions que dans la prière et la pénitence.

7.10 Voir Matthieu, 5, 32 ; 19, 9 ; Marc, 10, 9 ; Luc, 16, 18.

7.14 Car le mari infidèle, etc. Cela ne veut pas dire que la foi du mari ou de la femme soit suffisante pour faire passer le conjoint infidèle à l’état de grâce ou de salut ; mais c’est souvent une occasion de leur sanctification et de leur retour à la vraie foi.

7.20 Voir Éphésiens, 4, 1. Comparer au v. 24.

7.21 mets plutôt ton appel à profit ; mets plutôt à profit cette circonstance d’avoir été appelé étant esclave, et reste volontiers dans cette condition, qui est une école d’humilité et de patience (saint Jean Chrysostome, saint Thomas). D’autres : et profites de l’occasion qui s’offre à toi d’être libre.

7.23 Voir 1 Corinthiens, 6, 20 ; 1 Pierre, 1, 18.

7.26 La nécessité pressante : « A cause des difficultés présentes, les temps qui doivent précéder le second avènement de Jésus-Christ (voir Matthieu, 24, 8-34). Les premiers chrétiens regardaient cet avènement comme prochain (voir note sur Matthieu, 16, 28).  ― D’être ainsi ; c’est-à-dire de ne pas se marier.

7.28 je suis touché de compassion des maux auxquels vous vous exposez en entrant dans l’état du mariage.

7.35 jeter sur vous le filet : « image empruntée à la chasse. Sens : pour vous priver de votre liberté chrétienne, ou vous faire tomber, comme dans un filet, dans des tentations qui seraient pires que toutes les tribulations du mariage. ― Sans empêchement : sans les tiraillements qui naissent du souci des choses du monde.

7.40 Comme elle est, c’est-à-dire dans son état de veuve.

8.1 Nous savons, etc., que ce qu’on immole aux idoles ne contracte par cette immolation aucune souillure qui en interdise l’usage.

8.7 Mais tous n'ont pas cette connaissance. Au verset 1, saint Paul parle des chrétiens qui savaient tous que les viandes n’étaient souillées d’aucune impureté, mais qui abusaient de cette connaissance ; mais ici il a en vue des chrétiens faibles qui ne croyaient pas qu’il fût permis de manger des viandes immolées, mais qui, séduits par l’exemple des autres, en mangeaient comme eux.

8.11 Voir Romains, 14, 15.

8.13 Voir Romains, 14, 21.

9.5 Une sœur ; une femme chrétienne ; comme un frère signifie un chrétien. Or, selon l’usage de la nation juive, des femmes pieuses suivaient les prédicateurs de l’Évangile, et subvenaient à leurs besoins matériels. ― Et les frères du Seigneur. Voir Matthieu, 12, 46. ― Céphas, saint Pierre.

9.6 Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36.

9.8 ; 9.9 Dans la Palestine, on foulait les blés sous les pieds des animaux, et surtout des bœufs.

9.9 Voir Deutéronome, 25, 4 ; 1 Timothée, 5, 18.

9.11 Voir Romains, 15, 27.

9.13 Voir Deutéronome, 18, 1.

9.20 Comme Juif, me conformant, dans mes relations avec eux, aux observances légales (voir Actes des Apôtres, 16, 3 ; 21, 26), sans les regarder comme obligatoires.

9.22 Les faibles, les hommes ignorants ou à préjugés, soit Juifs, soit païens.

9.24 Le stade était l’enceinte où l’on disputait le prix de la course dans les jeux publics. Le premier qui atteignait le but marqué recevait la récompense. Toutes les villes grecques importantes avaient un stade.

9.25 s'abstient de tout. « Les athlètes se soumettent à un dur régime afin d’accroître leur force. Ils gardent la continence, sont sobres dans le manger et le boire ; ils se soumettent à toute espèce de privations et de fatigues. » (TERTULLIEN.)

9.26 je frappe. Le verbe employé dans le texte original signifie lutter au pugilat, c’est-à-dire combattre à coups de poings, les mains armées de cestes, espèces de gantelets en cuir de bœuf.

10.1 Voir Exode, 13, 21 ; 14, 22 ; Nombres, 9, 21. ― Sous la nuée qui, dans la péninsule du Sinaï, protégeait les Israélites contre l’ardeur du soleil. ― La mer : la mer Rouge.

10.3 Voir Exode, 16, 15. ― le même aliment spirituel, la manne, appelée spirituelle dans le sens de surnaturelle, miraculeuse, produite par le Saint-Esprit.

10.4 Voir Exode, 17, 6 ; Nombres, 20, 11. ― Le même breuvage spirituel, l’eau miraculeuse que Moïse fit jaillir du rocher.

10.5 Voir Nombres, 26, 64-65.

10.6 Voir Psaume, 105, 14.

10.7 Voir Exode, 32, 6. ― Allusion à l’adoration du veau d’or et aux fêtes idolâtriques par lesquelles on l’honora.

10.8 Voir Nombres, 25, 1. ― Allusion à l’initiation au culte impur de Béelphégor.

10.9 Voir Nombres, 21, 5-6.

10.9 ; 10.10 Dieu punit ceux qui murmuraient contre Moïse en envoyant contre eux des serpents venimeux, par le feu et par la peste.

10.10 Voir Nombres, 11, 1 ; 14, 1.

10.11 la fin des temps. La période messianique, qui sera la dernière grande époque du monde : le point du temps où elle devait commencer dépendait uniquement de la volonté miséricordieuse de Dieu.  Voir Matthieu, note sur 16, 28 et Jean, note 21, 22.

10.18 Ne participent-ils pas à l’autel ? Ceux qui offraient des sacrifices, autres que l’holocauste, recevaient pour la manger une partie de la victime qui avait été offerte sur l’autel.

10.22 Voir 1 Corinthiens, 6, 12.

10.26 Voir Psaume, 23, 1 ; Ecclésiastique, 17, 31

10.27 Ce que dit ici saint Paul n’est pas en opposition avec ce qu’avaient décidé les Apôtres, qu’il fallait s’abstenir de manger ce qui avait été offert aux idoles (voir Actes des Apôtres, 15, 29) ; parce qu’ils n’en avaient fait la défense qu’aux fidèles d’Antioche et à leurs voisins (voir Actes des Apôtres, 15, 25) ; et cela dans la vue de conserver la paix et la concorde entre les païens et les Juifs qui se trouvaient en grand nombre à Antioche, et qui avaient une invincible horreur pour les idoles et tout ce qui leur était consacré. Si plus tard, dans les pays même les plus éloignés d’Antioche, on se conforma à cette décision des Apôtres, ce ne fut pas en vertu d’une obligation quelconque, mais spontanément et par respect pour eux.

10.31 Voir Colossiens, 3, 17.

11.3 Voir Éphésiens, 5, 23.

11.6 qu’elle soit ou qu’elle consente à passer pour une femme dévergondée.

11.7 Voir Genèse, 1, 29.

11.8 Adam a été créé directement par Dieu ; Eve a été formée d’une côte d’Adam.

11.9 Voir Genèse, 2, 23.

11.10 une marque, un symbole de la puissance, que l’homme a sur elle ; c’est-à-dire un voile, par respect pour les saints anges qui sont présents, et seraient blessés par la tenue peu modeste des femmes.

11.13 ; 11.14 Saint Paul parle ici dans le sens de la discipline reçue de son temps ; ainsi son raisonnement n’a rien d’absolu, et le mot nature qu’il emploie doit s’entendre d’une coutume presque universelle, parmi les peuples les mieux connus, et qui par là même forme une espèce de droit naturel. Même à cette époque, il n’était honteux à un homme de laisser croître ses cheveux lorsqu’il le faisait par religion, comme par exemples les Nazaréens. Sur le Saint Suaire, on voit que Jésus avait les cheveux longs tenus par une tresse au milieu.

11.18 Il y a des scissions. Ceux du même parti se réunissaient ensemble et tandis que les uns faisaient bonne chère, les autres avaient à peine de quoi manger.

11.19 C’est l’orgueil et la perversité du cœur de l’homme qui rendent les hérésies nécessaires ; mais Dieu, qui sait toujours tirer du bien du mal, montre en cette circonstance qui sont les bons chrétiens, en rendant leur foi et leur fermeté plus remarquables.

11.20 La cène du Seigneur ; le repas de charité ou agape, qui se faisait en commun après qu’on avait participé au corps et au sang du Seigneur.

11.23 Car : je ne vous loue pas, car votre manière de célébrer les agapes est tout-à-fait en opposition avec la nature de la sainte Eucharistie, telle qu’elle résulte de son institution.

11.24 Voir Matthieu, 26, 26 ; Marc, 14, 22 ; Luc, 22, 17.

11.27 Voir Jean, 6, 59. ― Ce passage démontre la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ, même pour ceux qui communient indignement ; autrement ils ne sauraient être coupables du corps et du sang de Jésus-Christ, ni condamnés justement pour n’avoir pas discerné le corps du Seigneur.

11.28 Voir 2 Corinthiens, 13, 5.

11.30 Cf. 1 Corinthiens, 7, 39.

12.3 Voir Marc, 9, 38. ― anathème : que personne ne profère des blasphèmes.

12.11 Romains, 12, vv. 3, 6 ; Éphésiens, 4, 7.

12.13 Abreuvés d’un seul Esprit comprend les dons ordinaires et extraordinaires communiqués aux premiers fidèles dans le baptême et la confirmation.

12.23 les moins honorables du corps : ceux auxquels, depuis la chute, s’attache un sentiment de pudeur.

12.27 vous êtes ses membres ; c’est-à-dire vous êtes les membres les uns des autres.

12.28 Voir Éphésiens, 4, 11.

12.31 Aux charismes les plus élevés, les plus utiles à la communauté. ― Une voie plus excellente, celle de la charité, supérieure aux dons mêmes les meilleurs.

13.1 Les langues… des anges, le langage incompréhensible aux hommes par lesquels les purs esprits se communiquent leurs pensées. ― Un airain qui résonne. Quand on frappe sur l’airain, il produit un grand bruit, mais ce bruit n’a aucune signification. ― Une cymbale. On appelle cymbales un instrument de musique en métal, consistant ordinairement en deux disques concaves au milieu, et qu’on frappe l’un contre l’autre.

13.7 Elle croit tout ; c’est-à-dire que simple et droite, la charité n’a pas de défiance, et croit facilement ce qu’on lui dit, sans soupçonner qu’on veuille la tromper, toutes les fois qu’elle peut, sans risque de péché, livrer sa confiance ; ce qui n’a rien de commun avec cette crédulité précipitée que l’auteur de l’Ecclésiastique improuve, 19, 4.

13.8 Les trois charismes ou dons de prophétie, de langue, de science plus profonde de la religion ne dureront que jusqu’au second évènement de Jésus-Christ.

13.12 A travers un miroir. Par miroir, il faut entendre ici une de ces pierres que les anciens employaient au lieu de vitres, et qui, quoique transparentes, ne laissaient apercevoir les objets extérieurs que d’une manière confuse et avec une certaine obscurité.

14.1 Le mot prophétiser, outre le sens de prédire l’avenir, a celui de plus étendu d’être divinement inspiré et de parler de la part de Dieu. Dans ce chapitre, il signifie plus particulièrement, découvrir des choses secrètes et inconnues, comme expliquer les mystères, et interpréter les Ecritures.

14.2 Dans tout ce chapitre, le mot langue veut dire langue étrangère, inconnue, que l’on ne comprend pas.

14.7-8 La flûte et la harpe étaient les instruments de musique les plus communs chez les anciens, avec la trompette.

14.13 Dans ce verset et les suivants, il s’agit évidemment non d’une prière publique, telle qu’elle se pratique dans l’Église, mais des prières composées par les particuliers et récitées par eux publiquement pour l’édification de l’assemblée. Il fallait donc nécessairement que ces prières fussent comprises, pour que les fidèles qui les entendaient pussent répondre en toute sûreté Amen. Ainsi saint Paul ne condamne pas l’usage de l’Église latine, qui prie dans une langue que le peuple n’entend pas, ni d’une prière publique consacrée par la liturgie reçue et admise. D’ailleurs comment l’aurait-il fait ? Il savait parfaitement que de son temps les psaumes et les cantiques se chantaient en hébreu dans le temple, quoique pourtant cette langue ne fût plus familière aux Juifs d’alors. Sans cela, il aurait condamné ce que Jésus-Christ avait lui-même respecté et consacré par son assiduité aux fêtes judaïques.

14.14 Mon esprit, ce principe de vie plus intime (verset 2) appelé quelquefois le cœur, qui, excité par l’Esprit de Dieu, sans le travail de la réflexion et du raisonnement (ce qui est propre à l’activité intellectuelle, du noûs, mens), sent et voit le divin. Pendant l’extase de celui qui parle en langue, l’intelligence reste inactive ; elle est sans fruit, pour elle-même et pour les autres.

14.21 Voir Isaïe, 28, 11. ― On comprenait sous le nom de loi tous les livres sacrés.

14.34 Des saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

14.35 Voir Genèse, 3, 16. 1 Timothée, 4, 3.

14.37 Spirituel ; c’est-à-dire inspiré, éclairé par l’Esprit-Saint.

15.1 Voir Galates, 1, 11.

15.3 Voir Isaïe, 53, 5.

15.4 Voir Jonas, 2, 1.

15.5 Voir Jean, 20, 19. ― Céphas, etc. ; c’est-à-dire de Pierre et des onze apôtres. Saint Paul considère ici le nombre ancien et ordinaire des apôtres avant l’apostasie de Judas.

15.6 Se sont endormis ; sont morts. Cf. 1 Corinthiens, 7, 39. ― Cette apparition n’est pas racontée dans les Évangiles.

15.7 De Jacques le Mineur, cousin de Notre Seigneur, premier évêque de Jérusalem.

15.8 Voir Actes des Apôtres, 9, 3.

15.9 Voir Éphésiens, 3, 8.

15.20 Voir Colossiens, 1, 18 ; Apocalypse, 1, 5.

15.22 En Adam, par suite de la punition infligée à Adam, à cause de son péché.

15.23 Voir 1 Thessaloniciens, 4, 15.

15.25 Voir Psaume, 109, 1 ; Hébreux, 1, 13 ; 10, 13.

15.26 Voir Psaume, 8, 8 ; Hébreux, 2, 8.

15.27 tout mis sous ses pieds. C’est la répétition, mais en d’autres termes, de la citation de Psaumes, 109, 1 faite au verset 25.

15.29 Du temps de saint Paul, il y avait des hérétiques et peut-être même des fidèles peu instruits qui se faisaient baptiser pour les morts qui n’avaient pas reçu le baptême pendant leur vie. Sans approuver cette pratique, l’Apôtre en tire une preuve contre eux, en montrant qu’elle suppose nécessairement l’immortalité de l’âme, et par conséquent la résurrection des corps, parce que ces deux dogmes sont inséparables.

15.32 Voir Sagesse, 2, 6 ; Isaïe, 22, 13 et 56, 12. ― A Éphèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19. Saint Paul écrivit d’Éphèse la présente Lettre. ― Contre les bêtes, expression métaphorique pour désigner des hommes aussi cruels que des animaux féroces.

15.38 Comme il l’a voulu, au jour de la création, lorsque sa volonté toute puissante imposa à la nature ses lois. Paul montre ensuite, par la diversité des organismes qui existent dans la nature, qu’il peut y avoir une grande différence entre le corps dans son existence terrestre et le corps ressuscité.

15.45 Voir Genèse, 2, 7. ― Fait âme vivante ; littéralement, en âme vivante ; hébraïsme. Cf. 1 Corinthiens, 4, 22. ― Le dernier Adam, Jésus-Christ.

15.50 ni la chair ni le sang signifient l’homme animal, l’homme de péché.

15.51 Tous nous ne serons changés. Mais très différent sera le changement pour les sauvés et pour des damnés car les corps des réprouvés, loin de recevoir la transformation qui fera la gloire des saints, resteront, comme ils étaient, un objet d’horreur et de dégoût, en même temps qu’un sujet de toutes sortes de douleurs pour les âmes auxquelles ils seront attachés.

15.54 Voir Osée, 13, 14. ― la parole qui est écrite ; cette parole qui fait partie de l’Ecriture sainte, cette parole de l’Ecriture. Ce passage est d’Isaïe, 25, 8. pour la victoire : en mourant pour nous Jésus-Christ a vaincu la mort et l’a détruite pour toujours.

15.57 Voir Jean, 5, 5.

16.1 Galatie. Voir Actes des Apôtres, 18, 23.

16.2 Ce premier jour de la semaine est le dimanche.

16.5 La Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.

16.8 A Éphèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19.

16.15-17 Stéphanas, voir 1 Corinthiens, 1, 16. ― Fortunat et Achaïque faisaient probablement partie de la maison de Stéphanas. Il est question de Fortunat dans la lettre de saint Clément, pape, aux Corinthiens, I, 59. ― L’Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 18, 12.

16.16 s'est dévouée aux services des saints, à l’œuvre du Seigneur.

16.19 Les Églises d’Asie, de la province romaine de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― Aquilas et Priscille. Voir Actes des Apôtres, 18, 2.

16.22 Maran Atha sont des mots syriaques qui signifient : Notre Seigneur vient. Il paraît que c’était le plus grand des anathèmes par lequel on dévouait un homme au dernier malheur en le menaçant de la venue et du jugement du Seigneur.


















































































































2ème Lettre aux Corinthiens



Introduction


Pour l'authenticité, voyez l'Introd. Gén., p. 8-9. C'est sans raison qu’au XIXème siècle, quelques faux critiques ont contesté l'unité de cette lettre, et prétendu qu’elle a été formée au moyen de deux ou trois lettres de saint Paul, combinées après coup en une seule. Leur motif est que le ton n'est pas le même partout ; mais cette raison n’a aucune valeur, puisque la variété du ton tient à la diversité des sujets traités.

L'occasion et le but. — Selon 2 Corinthiens 2, 13 (cf. 12, 18), quelque temps après avoir adressé aux Corinthiens sa première lettre, saint Paul avait envoyé d’Éphèse auprès d’eux son disciple Tite, pour se rendre compte de l'effet produit par ses graves remontrances. Tite devait le rejoindre à Troas et lui apporter les nouvelles, ardemment désirées, de ce qui se passait à Corinthe. L’apôtre se dirigea donc vers Troas. Mais comme Tite tardait à venir, il ne put résister, ainsi qu'il le dit lui-même, à l’anxiété qui le pressait ; car il craignait soit d’avoir blessé ses chers néophytes, soit d'apprendre que le désordre avait empiré. Il s’embarqua alors pour la Macédoine.

Son disciple le rejoignit enfin, et le consola par les nouvelles, excellentes sur bien des points, qu’il lui apportait de Corinthe. Tite avait été accueilli avec beaucoup d'affection ; la lecture de la lettre avait produit sur la plupart des membres de la communauté des impressions profondes de regret et de tristesse ; on désirait revoir au plus tôt l'apôtre bien-aimé et obtenir son pardon (cf. 2 Corinthiens 7, 7 et ss.). L'incestueux, qu’on avait traité avec la sévérité exigée par saint Paul, était revenu à résipiscence et avait manifesté une grande douleur de sa conduite passée (cf. 2, 6 et ss.). Néanmoins, tout n’était pas encore parfait dans l'Église de Corinthe. Paul apprit de son disciple que ses ennemis acharnés, les judaïsants, étaient demeurés inflexibles. Exaspérés par l'énergie de l'apôtre, ils critiquaient de plus en plus sa manière de faire, et osaient même contester et attaquer son autorité apostolique ; ils lui reprochaient sa prétendue versatilité (cf. 2 Corinthiens 1, 17 et ss.), sa dureté, son orgueil. De plus, la collecte pour les pauvres de Jérusalem (cf. 1 Corinthiens 16, 1 et ss.) n'avait pas encore été suffisamment organisée (voyez 2 Corinthiens 8, 1 et ss.). Les détails qui concernaient la perversité des judaïsants allèrent droit au cœur de Paul, car ils lui firent craindre que l’on ne réussit à lui enlever la confiance des chrétiens de Corinthe, pour leur plus grand malheur.

Ces nouvelles, bonnes et fâcheuses, furent l’occasion de la seconde lettre aux Corinthiens. Écrite sous le coup de vives émotions, soit tristes, soit joyeuses, il n’est pas étonnant qu’elle les reflète tout du long : on y sent vibrer plus qu’ailleurs l’âme ardente de l'apôtre.

Le but de la lettre ressort directement des circonstances de son origine. Il semblerait que l'écrivain sacré a voulu le marquer lui-même, 13, 10, lorsqu’il dit : « J’écris ces choses étant absent, afin que, présent, je n’aie pas à user de rigueur, selon l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour l'édification et non pour la destruction. » Par cette autre lettre, il voulait donc impressionner de telle sorte les fidèles de Corinthe, rétablir si complètement avec eux l'intimité des relations premières, que, toute froideur et toute gêne ayant disparu, il pût travailler efficacement à leur bien durant la visite qu’il se préparait à leur faire. Pour cela, il cherche aimablement, délicatement, à atténuer certains passages de sa précédente lettre, en mettant à découvert, devant ses amis qu’il croyait avoir froissés, la tendresse de son affection paternelle. Mais, d’un autre côté, comme il comprenait que les judaïsants étaient des adversaires acharnés et sans conscience, dont les menées audacieuses finiraient par ruiner sa réputation et son autorité d’apôtre, il les démasque ouvertement et fait une apologie en règle de sa conduite, un vrai plaidoyer de sa propre cause, dans l'intérêt non seulement de sa dignité, mais aussi du christianisme, qui aurait péri à tout jamais, si l’erreur des judaïsants eût prévalu (voyez Actes des Apôtres 15, 1 et le commentaire).

Le sujet et la division. — De ce qui a été dit plus haut, il résulte que le thème traité dans la seconde lettre aux Corinthiens est en grande partie personnel : Paul y fait son apologie comme prédicateur de l'évangile ; il y justifie ses droits à l'apostolat. Ce qui ne se rapporte pas directement à ce sujet est accessoire, ou introduit par manière de digression. C'est le cas pour les chapitres 8 et 9, qui parlent assez longuement de la quête déjà mentionnée dans la première lettre (cf. 1 Corinthiens 16, 1-4).

Nous n’aurons donc pas ici des pages dogmatiques, comme dans les lettres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, etc., ni des pages morales et pratiques, comme dans la première aux Corinthiens. En échange, nous trouverons dans cet écrit, comme on l’a très bien dit, le cœur de Saint Paul tout entier, en même temps que nous y lirons de très intéressants détails sur sa vie extérieure ou spirituelle (voyez 11, 22-23 ; 12, 1-10).

Quoique saint Paul eût reçu d'excellentes nouvelles de Corinthe lorsqu’il la composa, il était tellement sous l’impression des fâcheux messages qu’on lui avait communiqués au sujet des judaïsants et de leurs indignes manœuvres, que la tristesse enveloppe la lettre presque tout entière. « Si l'espérance est la note dominante des lettres aux Thessaloniciens, la joie la note dominante de la lettre aux Philippiens, la foi celle de la lettre aux Romains, les choses célestes celle de la lettre aux Éphésiens, l'affliction est le sentiment qui prédomine dans la seconde lettre aux Corinthiens. Les mots θλίψις, « tribulatio », et θλίϐομαι, « tribulor », y reviennent souvent.

L’analyse détaillée de cette lettre est assez difficile, tant le va-et-vient des idées est fréquent et rapide ; mais la division générale est fort claire. Après l'introduction épistolaire habituelle, 1, 1-11, nous trouvons trois parties bien tranchées. 1° Saint Paul présente d’abord un exposé apologétique de son caractère et de sa conduite comme apôtre (1, 12-7, 16) ; cet exposé est accompagné de cordiales exhortations et de notes se rapportant à l'impression produite par la première lettre dans l’Église de Corinthe. 2° La seconde partie renferme ce qu’on appellerait au XIXème siècle un sermon de charité (8, 1-9, 15) ; elle presse les Corinthiens de mettre à part de riches aumônes pour les chrétiens pauvres de Jérusalem et leur décrit les avantages d’une telle générosité. 3° La troisième partie (10, 1-12, 18) est personnelle comme la première, mais avec cette différence qu’elle est surtout polémique. Paul y maintient énergiquement ses droits apostoliques en face de ses adversaires déloyaux. De brefs avertissements et les salutations ordinaires servent de conclusion (12, 19 - 13, 13).

Le lieu et l'époque de la composition sont aisés à déterminer. Quand l’apôtre écrivit cette lettre, il n’était plus à Éphèse comme au temps de sa première lettre aux Corinthiens, mais il avait déjà gagné la Macédoine, après un séjour d’une durée incertaine à Troas (cf. 2 Corinthiens 2, 12-13 ). C’est pendant qu’il résidait en Macédoine qu’il la composa ; peut-être à Philippes, comme le disent d'anciens manuscrits. La date est à peu près la même que pour la lettre précédente. Celle-ci datait très probablement du printemps de l'année 57 ; la nôtre fut écrite quelques mois plus tard, vers le commencement ou le milieu de l’été. On obtient ce résultat par un calcul très simple : Paul envoie Tite d’Éphèse à Corinthe pour avoir des nouvelles, et va lui-même l'attendre à Troas ; or Tite mit certainement plus de deux mois pour aller à Corinthe, en revenir et aller rejoindre ensuite son maître, qui était parti pendant ce temps pour la Macédoine.



2ème Lettre aux Corinthiens



2 Corinthiens 1. 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu et Timothée son frère, à l'Église de Dieu qui est à Corinthe et à tous les saints qui sont dans toute l'Achaïe : 2 grâce et paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, 4 qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de lui, nous puissions consoler les autres dans toutes leurs afflictions 5 car de même que les souffrances du Christ abondent en nous, de même aussi par le Christ abonde notre consolation. 6 Si nous sommes affligés, c'est pour votre consolation et pour votre salut, si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation, qui vous fait supporter avec patience les mêmes souffrances que nous endurons aussi. 7 Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, comme vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation. 8 Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été accablés au-delà de toute mesure, au-delà de nos forces, à tel point que nous désespérions même de la vie, 9 mais nous avions en nous-mêmes l'arrêt de notre mort, afin de ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais de la mettre en Dieu, qui ressuscite les morts. 10 C'est lui qui nous a délivrés de cette mort si imminente, qui nous en délivre, et qui, nous l'espérons, nous délivrera dans la suite, 11 surtout si vous-mêmes vous nous assistez aussi de vos prières, afin que ce bienfait, nous étant accordé en considération de beaucoup de personnes, soit aussi pour un grand nombre l'occasion de rendre grâces à notre sujet. 12 Car ce qui fait notre gloire, c'est ce témoignage de notre conscience que nous nous sommes conduits dans le monde et particulièrement envers vous, avec simplicité et sincérité devant Dieu, non avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu. 13 Nous ne vous écrivons pas autre chose que ce que vous lisez et ce que vous connaissez bien et ce que, je l'espère, vous reconnaîtrez jusqu'à la fin, 14 comme une partie d'entre vous nous connaissent, que nous sommes votre gloire, de même que vous serez aussi la nôtre au jour du Seigneur Jésus. 15 Dans cette persuasion, je m'étais proposé d'aller d'abord chez vous, afin que vous eussiez une double grâce : 16 je voulais passer par chez vous pour aller en Macédoine, puis revenir de la Macédoine chez vous et vous m'auriez fait accompagner en Judée. 17 Est-ce donc qu'en formant ce dessein j'aurais agi avec légèreté ? Ou bien est-ce que les projets que je fais, je les fais selon la chair, de sorte qu'il y ait en moi le oui et le non ? 18 Aussi vrai que Dieu est fidèle, la parole que nous vous avons adressée n'est pas oui et non. 19 Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous avons prêché au milieu de vous, Silvain, Timothée et moi, n'a pas été oui et non, il n'y eu que oui en lui. 20 Car, pour autant qu'il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en Jésus, c'est pourquoi aussi, grâce à lui, l'amen est prononcé, à la gloire de Dieu, par notre ministère. 21 Et celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a oints, c'est Dieu, 22 lequel nous a aussi marqués d'un sceau et nous a donné à titre d'arrhes, le Saint-Esprit dans nos cœurs. 23 Pour moi, je prends Dieu à témoin sur mon âme que c'est pour vous épargner que je ne suis pas allé de nouveau à Corinthe, 24 non que nous prétendions dominer sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, car dans la foi vous êtes fermes.


2 Corinthiens 2. 1 Je me suis donc promis à moi-même de ne pas retourner chez vous dans la tristesse. 2 Car si moi-même je vous attriste, de qui puis-je attendre de la joie ? N'est-ce pas de celui même que j'aurais affligé ? 3 Je vous ai écrit comme je l'ai fait, pour ne pas éprouver, à mon arrivée, de la tristesse de la part de ceux qui devaient me donner de la joie, ayant en vous tous cette confiance, que vous faites tous votre joie de la mienne. 4 Car c'est dans une grande affliction, dans l'angoisse de mon cœur et avec beaucoup de larmes, que je vous ai écrit, non dans le dessein de vous attrister, mais pour vous faire connaître l'amour que j'ai pour vous. 5 Si quelqu'un a été une cause de tristesse, ce n'est pas moi qu'il a attristé, mais c'est vous tous en quelque sorte, pour ne pas trop le charger. 6 C'est assez pour cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, 7 en sorte que vous devez bien plutôt lui faire grâce et le consoler, de peur qu'il ne soit absorbé par une tristesse excessive. 8 Je vous invite donc à prendre envers lui une décision charitable. 9 Car, en vous écrivant, mon but était aussi de connaître, à l'épreuve, si vous m'obéiriez en toutes choses. 10 A qui vous pardonnez, je pardonne également, car, pour moi si j'ai pardonné, si tant est que je pardonne quelque chose, c'est à cause de vous et à la face du Christ, 11 afin de ne pas laisser à Satan l'avantage sur nous, car nous n'ignorons pas ses desseins. 12 Lorsque je fus arrivé à Troas pour l'Évangile du Christ, quoiqu'une porte m'y fût ouverte dans le Seigneur, 13 je n'eus pas l'esprit en repos, parce que je n'y trouvais pas Tite, mon frère, c'est pourquoi, ayant pris congé des frères, je partis pour la Macédoine. 14 Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous fait triompher en tout temps dans le Christ et par nous répand en tout lieu le parfum de sa connaissance. 15 En effet, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent : 16 aux uns, une odeur de mort, qui donne la mort, aux autres, une odeur de vie, qui donne la vie. Et qui donc est capable d'un tel ministère ? 17 Car nous ne sommes pas comme la plupart, nous ne frelatons pas la parole de Dieu, mais c'est dans sa pureté, telle qu'elle vient de Dieu, que nous la prêchons devant Dieu en Jésus-Christ.


2 Corinthiens 3. 1 Recommençons-nous à nous recommander nous-mêmes ? Ou bien avons-nous besoin, comme certains, de lettres de recommandation auprès de vous ou de votre part ? 2 C'est vous-mêmes qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. 3 Oui, manifestement, vous êtes une lettre du Christ, écrite par notre ministère, non avec de l'encre, mais par l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. 4 Cette assurance, nous l'avons par le Christ en vue de Dieu. 5 Ce n'est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes, mais notre aptitude vient de Dieu. 6 C'est lui également qui nous a rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit, car la lettre tue, mais l'esprit vivifie. 7 Or, si le ministère de la mort, gravé en lettres sur des pierres, a été entouré de gloire au point que les fils d'Israël ne pouvaient fixer leurs regards sur la face de Moïse à cause de l'éclat de son visage, tout passager qu'il fût, 8 combien plus le ministère de l'esprit ne sera-t-il pas entouré de gloire ? 9 C'est qu'en effet, si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère qui confère la justice le surpasse de beaucoup. 10 Et même, sous ce rapport, ce qui a été glorifié autrefois ne l'a pas été, en comparaison de cette gloire infiniment supérieure. 11 Car, si ce qui était passager a été donné dans la gloire, à plus forte raison ce qui est permanent sera-t-il glorieux. 12 Ayant donc une telle espérance, nous usons d'une grande liberté, 13 et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage pour que les fils d'Israël ne vissent pas la fin de ce qui était passager. 14 Mais leurs esprits se sont aveuglés. Car jusqu'à ce jour quand ils font la lecture de l'Ancien Testament, le même voile demeure sans être ôté, parce que c'est dans le Christ qu'il est levé. 15 Aujourd'hui encore, quand on lit Moïse, un voile est étendu sur leurs cœurs, 16 mais dès que leurs cœurs se seront tournés vers le Seigneur, le voile sera ôté. 17 Or le Seigneur, c'est l'esprit et là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté. 18 Pour nous tous, le visage découvert, réfléchissant comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de plus en plus resplendissante, comme par le Seigneur, qui est esprit.


2 Corinthiens 4. 1 C'est pourquoi, revêtus de ce ministère selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage. 2 Nous rejetons loin de nous les choses honteuses qui se font en secret, ne nous conduisant pas avec astuce et ne faussant pas la parole de Dieu, mais, en manifestant franchement la vérité, nous nous recommandons à la conscience de tous les hommes devant Dieu. 3 Si notre Évangile est encore voilé, c'est pour ceux qui se perdent qu'il reste voilé, 4 pour ces incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l'intelligence, afin qu'ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile, où reluit la gloire du Christ, qui est l'image de Dieu. 5 Car ce n'est pas nous-mêmes que nous prêchons, c'est le Christ Jésus, comme Seigneur. Pour nous, nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. 6 Car Dieu, qui a dit : Que la lumière brille du sein des ténèbres, c'est lui qui a fait luire sa clarté dans nos cœurs, pour que nous fassions briller la connaissance de la gloire de Dieu, laquelle resplendit sur la face du Christ. 7 Mais nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin qu'il paraisse que cette souveraine puissance de l'Évangile vient de Dieu et non pas de nous. 8 Nous sommes opprimés de toute manière, mais non écrasés, dans la détresse, mais non dans le désespoir, 9 persécutés, mais non délaissés, abattus, mais non perdus, 10 portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. 11 Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. 12 Ainsi la mort agit en nous et la vie en vous. 13 Animés du même Esprit de foi, selon ce qui est écrit : "J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé," nous aussi nous croyons et c'est pourquoi nous parlons, 14 sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous présentera à lui avec vous. 15 Car tout cela se fait à cause de vous, afin que la grâce, en se répandant avec abondance, fasse abonder l'action de grâces d'un plus grand nombre, à la gloire de Dieu. 16 C'est pourquoi nous ne perdons pas courage, au contraire, alors même que notre homme extérieur dépérit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 17 Car notre légère affliction du moment présent produit pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, 18 nos regards ne s'attachant pas aux choses visibles, mais aux invisibles, car les choses visibles ne sont que pour un temps, les invisibles sont éternelles.


2 Corinthiens 5. 1 Nous savons, en effet, que, si cette tente, notre demeure terrestre, vient à être détruite, nous avons une maison qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'est pas faite de main d'homme, dans le ciel. 2 Aussi gémissons-nous, dans cette tente, dans l'ardent désir que nous avons d'être revêtus de notre demeure céleste, 3 si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus. 4 Car tant que nous sommes dans cette tente, nous gémissons accablés, parce que nous voulons, non pas ôter notre vêtement, mais revêtir l'autre par-dessus, afin que ce qu'il y a de mortel soit englouti par la vie. 5 Et celui qui nous a formés pour cela, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit. 6 Étant donc toujours pleins d'assurance et sachant que, aussi longtemps que nous habitons dans ce corps, nous sommes loin du Seigneur, 7 car nous marchons par la foi et non par la vue, 8 dans cette assurance, nous aimons mieux déloger de ce corps et habiter auprès du Seigneur. 9 C'est pour cela aussi que nous nous efforçons d'être agréable à Dieu, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. 10 Car nous tous, il nous faut comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qu'il a mérité étant dans son corps, selon ses œuvres, soit bien, soit mal. 11 Étant donc pénétrés de la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes, quant à Dieu, il nous connaît intimement et j'espère que dans vos consciences vous nous connaissez aussi. 12 Car nous ne venons pas nous recommander encore nous-mêmes auprès de vous, mais vous fournir l'occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous puissiez répondre à ceux qui tirent gloire de l'apparence et non de ce qui est dans le cœur. 13 En effet, si nous sommes hors de sens, c'est pour Dieu, si nous sommes raisonnables, c'est pour vous. 14 Car l'amour du Christ nous presse, persuadés, comme nous le sommes, que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts, 15 et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. 16 Aussi, désormais, nous ne connaissons plus personne selon la chair et si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent nous ne le connaissons plus de cette manière. 17 Aussi bien, quiconque est en Jésus-Christ est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, voyez, tout est devenu nouveau. 18 Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ et qui nous a confié le ministère de la réconciliation. 19 Car Dieu réconciliait le monde avec lui-même dans le Christ, n'imputant pas aux hommes leurs offenses et mettant sur nos lèvres la parole de la réconciliation. 20 C'est donc pour le Christ que nous faisons les fonctions d'ambassadeurs, Dieu lui-même exhortant par nous : nous vous en conjurons pour le Christ, réconciliez-vous avec Dieu. 21 Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu.


2 Corinthiens 6. 1 Or donc, étant ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. 2 Car il dit : "Au temps favorable, je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai porté secours." Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. 3 Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit pas un objet de blâme. 4 Mais nous nous rendons recommandables de toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande constance, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, 5 sous les coups, dans les prisons, au travers des émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes, 6 par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bonté, par l'Esprit-Saint, par une charité sincère, 7 par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice, 8 parmi l'honneur et l'ignominie, parmi la mauvaise et la bonne réputation, traités d'imposteurs et pourtant véridiques, d'inconnus et pourtant bien connus, 9 regardés comme mourants et voici que nous vivons, comme châtiés et nous ne sommes pas mis à mort, 10 comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux, comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre, comme n'ayant rien, nous qui possédons tout. 11 Notre bouche s'est ouverte pour vous, ô Corinthiens, notre cœur s'est élargi. 12 Vous n'êtes pas à l'étroit dans nos entrailles, mais les vôtres se sont rétrécies. 13 Rendez-nous la pareille, je vous parle comme à mes enfants, vous aussi, élargissez vos cœurs. 14 Ne vous attachez pas à un même joug, avec les infidèles. Car quelle société y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou qu'a de commun la lumière avec les ténèbres ? 15 Quel accord y a-t-il entre le Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? 16 Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et des idoles ? Car nous sommes, nous, le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu lui-même a dit : "J'habiterai au milieu d'eux et j'y marcherai, je serai leur Dieu et eux seront mon peuple." 17 "C'est pourquoi sortez du milieu d'eux et séparez-vous, dit le Seigneur, ne touchez pas à ce qui est impur et moi je vous accueillerai. 18 Je serai pour vous un père et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant."


2 Corinthiens 7. 1 Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit et achevons l'œuvre de notre sainteté dans la crainte de Dieu. 2 Recevez-nous. Nous n'avons fait de tort à personne, nous n'avons ruiné personne, nous n'avons exploité personne. 3 Ce n'est pas pour vous condamner que je dis cela, car je viens de le dire : vous êtes dans nos cœurs à la mort et à la vie. 4 Je vous parle en toute franchise, j'ai grand sujet de me glorifier de vous, je suis rempli de consolation, je surabonde de joie au milieu de toutes nos tribulations. 5 Car, depuis notre arrivée en Macédoine, notre chair n'eut aucun repos, nous étions affligés de toute manière : au dehors des combats, au dedans des craintes. 6 Mais celui qui console les humbles, Dieu, nous a consolés par l'arrivée de Tite, 7 non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation que Tite lui-même avait éprouvée à votre sujet : il nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre amour jaloux pour moi, de sorte que ma joie en a été plus grande. 8 Ainsi, quoique je vous aie attristés par ma lettre, je ne le regrette plus, bien que je l'aie d'abord regretté, car je vois que cette lettre vous a attristés, ne fût-ce que pour un moment, 9 je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la pénitence, car vous avez été attristés selon Dieu, de manière à n'éprouver aucun préjudice de notre part. 10 En effet, la tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire, qu'on ne regrette jamais, au lieu que la tristesse du monde produit la mort. 11 Et quel empressement n'a-t-elle pas produit en vous, cette tristesse selon Dieu. Que dis-je ? Quelle justification, quelle indignation, quelle crainte, quel désir ardent, quel zèle, quelle sévérité. Vous avez montré à tous égards que vous étiez innocents dans cette affaire. 12 Aussi bien, si je vous ai écrit, ce n'est ni à cause de celui qui a fait l'injure, ni à cause de celui qui l'a reçue, mais pour que votre dévouement pour nous éclatât parmi vous devant Dieu. 13 Voilà ce qui nous a consolés. Mais à cette consolation, s'est ajoutée une joie beaucoup plus vive, celle que nous a fait éprouver la joie de Tite, dont vous avez tranquillisé l'esprit. 14 Et si devant lui je me suis un peu glorifié à votre sujet, je n'en ai pas eu de confusion, mais de même que nous vous avons toujours parlé selon la vérité, de même l'éloge que j'ai fait de vous à Tite s'est trouvé être la vérité. 15 Son cœur ressent pour vous un redoublement d'affection, au souvenir de votre obéissance à tous, de la crainte, du tremblement avec lequel vous l'avez accueilli. 16 Je suis heureux de pouvoir en toutes choses compter sur vous.


2 Corinthiens 8. 1 Nous vous faisons connaître, frères, la grâce que Dieu a faite aux fidèles des Églises de Macédoine. 2 Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvés, leur joie a été pleine et leur profonde pauvreté a produit les abondantes largesses de leur simplicité. 3 Je l'atteste, ils ont donné volontairement selon leurs moyens et même au-delà de leurs moyens, 4 nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à ce ministère en faveur des saints. 5 Et non seulement ils ont rempli notre espérance, mais ils se sont donnés eux-mêmes, d'abord au Seigneur, puis à nous, sous l'impulsion de Dieu. 6 Nous avons donc prié Tite d'aller aussi chez vous achever cette œuvre de charité, comme il l'avait commencée. 7 De même que vous excellez en toutes choses, en foi, en parole, en connaissance, en zèle à tous égards et en affection pour nous, faites-en sorte d'exceller aussi dans cette œuvre de bienfaisance. 8 Je ne dis pas cela pour donner un ordre, mais je profite du zèle des autres pour mettre aussi à l'épreuve la sincérité de votre propre charité. 9 Car vous savez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous faire riches par sa pauvreté. 10 C'est un avis que je donne ici, car vous n'avez pas besoin d'autre chose, vous qui, les premiers, avez commencé dès l'an passé non seulement à exécuter, mais aussi à former le dessein. 11 Maintenant donc achevez aussi l'œuvre elle-même, afin que l'exécution selon vos moyens réponde chez vous à l'empressement de la volonté. 12 Quand la bonne volonté existe, elle est agréable, à raison de ce que l'on a et non de ce que l'on n'a pas. 13 Car il ne faut pas qu'il y ait soulagement pour les autres et détresse pour vous, mais égalité : 14 dans la circonstance présente, votre superflu supplée à ce qui leur manque, afin que pareillement leur superflu pourvoie à vos besoins, en sorte qu'il y ait égalité, 15 selon qu'il est écrit : "Celui qui avait recueilli beaucoup n'avait rien de trop et celui qui avait peu recueilli ne manquait de rien." 16 Grâces soient rendues à Dieu de ce qu'il a mis le même zèle pour vous dans le cœur de Tite, 17 non seulement il a bien accueilli notre prière, mais il se montre actuellement plus empressé et c'est de son plein gré qu'il part pour aller chez vous. 18 Nous envoyons avec lui le frère dont toutes les Églises font l'éloge pour sa prédication de l'Évangile, 19 et qui, de plus, a été désigné par le suffrage des Églises pour être notre compagnon de voyage, dans cette œuvre de charité que nous accomplissons à la gloire du Seigneur même et en preuve de notre bonne volonté. 20 Nous prenons cette mesure, afin que personne ne puisse nous blâmer au sujet de cette abondante collecte à laquelle nous donnons nos soins, 21 car nous nous préoccupons de ce qui est bien, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes. 22 Avec eux nous envoyons [aussi] notre frère, dont vous avons souvent éprouvé le zèle en mainte occasion et qui en montre encore plus cette fois à cause de sa grande confiance en vous. 23 Ainsi, pour Tite, il est mon compagnon et mon collaborateur auprès de vous et quant à nos frères, ils sont les envoyés des Églises, la gloire du Christ. 24 Donnez-leur donc, à la face des Églises, des preuves de votre charité et ne démentez pas le juste orgueil que nous leur avons témoigné à votre sujet.


2 Corinthiens 9. 1 Pour ce qui est de l'assistance destinée aux saints, il est superflu de vous en écrire, 2 car je connais votre bonne volonté et je m'en fais gloire pour vous auprès des Macédoniens, leur disant que, dès l'année passée, l'Achaïe est prête. Ce zèle dont vous donnez l'exemple en a stimulé un grand nombre. 3 Toutefois, je vous ai envoyé les frères, afin que l'éloge que j'ai fait de vous ne soit pas démenti sur ce point et que vous soyez prêts, comme j'ai affirmé que le seriez. 4 Prenez-y garde : si des Macédoniens venaient avec moi et ne vous trouvaient pas prêts, quelle confusion pour moi, pour ne pas dire pour vous, dans une telle assurance. 5 J'ai donc jugé nécessaire de prier nos frères de nous devancer chez vous et d'organiser à temps votre don déjà promis, afin qu'il soit prêt, mais comme un acte de générosité et non comme une mesquinerie. 6 Je vous le dis, celui qui sème peu moissonnera peu et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. 7 Que chacun donne, comme il l'a résolu en son cœur, non avec regret ni par contrainte, car "Dieu aime celui qui donne avec joie." 8 Il est puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, ayant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, il vous en reste encore abondamment pour toute espèce de bonnes œuvres, 9 selon qu'il est écrit : "Avec largesse, il a donné aux pauvres, sa justice subsiste à jamais." 10 Celui qui fournit la semence au semeur et du pain pour sa nourriture, vous fournira la semence à vous aussi et la multipliera et il fera croître les fruits de votre justice, 11 et vous serez ainsi enrichis à tous égards, pour donner d'un cœur simple ce qui, recueilli par nous, fera offrir à Dieu des actions de grâces. 12 Car la dispensation de cette libéralité ne pourvoit pas seulement en abondance aux besoins des saints, mais elle est encore une riche source de nombreuses actions de grâces envers Dieu. 13 A cause de la vertu éprouvée que cette offrande montre en vous, ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l'Évangile du Christ et de la simplicité avec laquelle vous faites part de vos dons à eux et à tous. 14 Ils prient aussi pour vous, vous aimant d'un tendre amour, à cause de la grâce éminente que Dieu a mise en vous. 15 Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable.


2 Corinthiens 10. 1 Moi, Paul, je vous invite par la douceur et la bonté du Christ, moi "qui ai l'air humble quand je suis au milieu de vous, mais qui suis hardi avec vous quand je suis absent." 2 je vous en prie, que je n'aie pas, quand je serai présent, à user de cette hardiesse, avec l'assurance que je me propose de montrer contre certaines gens qui se figurent que nous marchons selon la chair. 3 Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. 4 Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements 5 et tout ce qui de manière hautaine s'élève contre la science de Dieu et nous assujettissons tout pensée à l'obéissance du Christ. 6 Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque, de votre côté, votre obéissance sera complète. 7 Vous regardez les choses selon leur apparence. Eh bien, si quelqu'un se persuade qu'il est au Christ, qu'il se dise de lui-même, à son tour, que, s'il appartient au Christ, nous aussi nous lui appartenons. 8 Si même je me glorifiais encore un peu plus de l'autorité que le Seigneur m'a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je n'en aurais pas de confusion, 9 afin de ne pas paraître vouloir vous intimider par mes lettres. 10 Car "ses lettres, dit-on, sont sévères et fortes, mais, quand il est présent, c'est un homme faible et sa parole est méprisable." 11 Que celui qui parle de la sorte se dise bien que tels nous sommes de loin en paroles dans nos lettres, tels nous sommes en effet devant vous. 12 Nous n'avons pas la hardiesse de nous égaler ou de nous comparer à certaines gens qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant eux-mêmes à eux-mêmes, ils manquent d'intelligence. 13 Pour nous, nous ne nous glorifions pas hors de mesure, mais selon la mesure du champ d'action que Dieu nous a assigné, pour nous faire arriver jusqu'à vous : 14 car nous ne dépassons pas nos limites, comme si nous n'étions pas parvenus jusqu'à vous et nous sommes réellement venus jusqu'à vous avec l'Évangile du Christ. 15 Ce n'est pas outre mesure, pour les travaux d'autrui que nous nous glorifions et nous avons l'espérance que, lorsque votre foi aura fait des progrès, nous grandirons de plus en plus parmi vous, en suivant les limites qui nous sont assignées, 16 de manière à prêcher l'Évangile dans les pays qui sont au-delà du vôtre, sans entrer dans le partage d'autrui, pour nous glorifier des travaux faits par d'autres. 17 Toutefois "que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur" 18 car ce n'est pas celui qui se recommande lui-même qui est un homme éprouvé, c'est celui que le Seigneur recommande.


2 Corinthiens 11. 1 Oh si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie. Mais oui, vous me supportez. 2 J'ai conçu pour vous une jalousie de Dieu, car je vous ai fiancés à un époux unique, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure. 3 Mais je crains bien que, comme Eve fut séduite par l'astuce du serpent, ainsi vos pensées ne se corrompent et ne perdent leur simplicité à l'égard du Christ. 4 Car si quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. 5 Certes, j'estime que je ne suis inférieur en rien à ces apôtres par excellence. 6 Si je suis étranger à l'art de la parole, je ne le suis pas à la science, à tous égards et en tout, nous l'avons fait voir parmi vous. 7 Ou bien ai-je commis une faute, parce qu'en m'abaissant moi-même pour vous élever, je vous ai annoncé gratuitement l'Évangile de Dieu ? 8 J'ai dépouillé d'autres Églises, en recevant d'elles un salaire, pour pouvoir vous servir. 9 Me trouvant au milieu de vous et dans le besoin, je n'ai été à charge à personne : des frères venus de Macédoine ont pourvu à ce qui me manquait. Je me suis gardé de vous être à charge en quoi que ce soit et je m'en garderai. 10 Aussi vrai que la vérité du Christ est en moi, je proteste que cette gloire-là ne me sera pas enlevée dans les contrées de l'Achaïe. 11 Pourquoi ? Parce que je ne vous aime pas ? Ah Dieu le sait. 12 Mais ce que je fais, je le ferai encore, pour ôter ce prétexte à ceux qui en cherchent un, afin d'être reconnus semblables à nous dans la conduite dont ils se vantent. 13 Ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers astucieux, qui se déguisent en apôtres du Christ. 14 Et ne vous en étonnez pas, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. 15 Il n'est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. 16 Je le répète, que personne ne me regarde comme un insensé, si non, acceptez-moi comme tel, afin que moi aussi je me glorifie un peu. 17 Ce que je vais dire, avec cette assurance d'avoir sujet de me glorifier, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme si j'étais en état de folie. 18 Puisque tant de gens se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi. 19 Et vous qui êtes sensés, vous supportez volontiers les insensés. 20 Vous supportez bien qu'on vous asservisse, qu'on vous dévore, qu'on vous pille, qu'on vous traite avec arrogance, qu'on vous frappe au visage. 21 Je le dis à ma honte, nous avons été bien faibles. Cependant, de quoi que ce soit qu'on ose se vanter, je parle en insensé, moi aussi je l'ose. 22 Sont-ils Hébreux ? Moi aussi, je le suis. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d'Abraham ? Moi aussi. 23 Sont-ils ministres du Christ ? Ah, je vais parler en homme hors de sens : je le suis plus qu'eux : bien plus qu'eux par les travaux, bien plus par les coups, infiniment plus par les emprisonnements, souvent j'ai vu de près la mort, 24 cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un, 25 trois fois, j'ai subi la bastonnade, une fois j'ai été lapidé, trois fois j'ai fait naufrage, j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. 26 Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des païens, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, 27 les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité. 28 Et sans parler de tant d'autres choses, rappellerai-je mes soucis de chaque jour, la sollicitude de toutes les Églises ? 29 Qui est faible que je ne sois faible aussi ? Qui vient à tomber sans qu'un feu me dévore ? 30 S'il faut se glorifier, c'est de ma faiblesse que je me glorifierai. 31 Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et qui est béni éternellement, sait que je ne mens pas. 32 A Damas, l'ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour se saisir de moi, 33 mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille et j'échappai ainsi de ses mains.


2 Corinthiens 12. 1 Faut-il se glorifier ? Cela n'est pas utile, j'en viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. 2 Je connais un homme dans le Christ qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu'au troisième ciel, si ce fut dans son corps, je ne sais, si ce fut hors de son corps, je ne sais, Dieu le sait. 3 Et je sais que cet homme, si ce fut dans son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait, 4 fut enlevé dans le paradis et qu'il a entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de révéler. 5 C'est pour cet homme-là que je me glorifierai, mais pour ce qui est de ma personne, je ne me ferai gloire que de mes faiblesses. 6 Certes, si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité, mais je m'en abstiens afin que personne ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu'il voit en moi ou à ce qu'il entend de moi. 7 Et de crainte que l'excellence de ces révélations ne vînt à m'enfler d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me frapper, afin que je m'enorgueillisse pas. 8 A son sujet, trois fois j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi, 9 et il m'a dit : "Ma grâce te suffit, car ma puissance se déploie dans la faiblesse." Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. 10 C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ, car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. 11 Je viens de faire l'insensé, vous m'y avez contraint. C'était à vous de me recommander, car je n'ai été inférieur en rien à ceux qui sont les Apôtres, quoique je ne sois rien. 12 Les preuves de mon apostolat ont paru au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. 13 Qu'avez-vous à envier aux autres Églises, si ce n'est que je ne vous ai pas été à charge ? Pardonnez-moi ce tort. 14 Voici que pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous et je ne vous serai pas à charge, car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c'est vous-mêmes. Ce n'est pas, en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. 15 Pour moi, bien volontiers je dépenserai et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes, dussé-je, en vous aimant davantage, être moins aimé de vous. 16 Soit je ne vous ai pas été à charge, mais, en homme astucieux, j'ai usé d'artifice pour vous surprendre. 17 Ai-je donc, par quelqu'un de ceux que je vous ai envoyés, tiré de vous du profit ? 18 J'ai engagé Tite à aller chez vous et avec lui j'ai envoyé le frère que vous savez : Tite vous a-t-il exploités ? N'avons-nous pas marché dans le même esprit, suivi les mêmes traces ? 19 Vous croyez toujours que nous nous justifions auprès de vous. C'est devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons et tout cela, bien-aimés, nous le disons pour votre édification. 20 Ma crainte, c'est qu'à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais et que par suite vous ne me trouviez tel que vous ne voudriez pas. Je crains de trouver parmi vous des querelles, des rivalités, des animosités, des contestations, des médisances, des faux rapports, de l'enflure, des troubles. 21 Je crains que, lorsque je serai de retour chez vous, mon Dieu ne m'humilie de nouveau à votre sujet et que je n'aie à pleurer sur plusieurs pécheurs qui n'auront pas fait pénitence de l'impureté, des fornications et des débauches auxquelles ils se sont livrés.


2 Corinthiens 13. 1 C'est maintenant pour la troisième fois que je vais chez vous. "Toute affaire se décidera sur la déclaration de deux ou trois témoins." 2 Je l'ai déjà dit et je le répète à l'avance, aujourd'hui que je suis absent comme lorsque j'étais présent pour la seconde fois, je déclare à ceux qui ont déjà péché et à tous les autres que, si je retourne chez vous, je n'userai d'aucun ménagement, 3 puisque vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi, lui qui n'est pas faible à votre égard, mais reste puissant parmi vous. 4 Car, s'il a été crucifié en raison de sa faiblesse, il vit par la puissance de Dieu, or nous aussi, nous sommes faibles en lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu, pour sévir parmi vous. 5 Examinez-vous vous-mêmes, voyez si vous êtes dans la foi, éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? A moins peut-être que vous ne soyez pas des chrétiens éprouvés. 6 Mais j'espère que vous reconnaîtrez que nous, nous sommes éprouvés. 7 Cependant nous prions Dieu que vous ne fassiez rien de mal, non pour paraître nous-mêmes éprouvés, mais afin que vous pratiquiez ce qui est bien, dussions-nous passer pour non éprouvés. 8 Car nous n'avons pas de puissance contre la vérité, nous n'en avons que pour la vérité. 9 C'est un bonheur pour nous lorsque nous sommes faibles et que vous êtes forts et même c'est là ce que nous demandons dans nos prières que vous soyez consommés en perfection. 10 C'est pourquoi je vous écris ces choses pendant que je suis loin de vous, afin de n'avoir pas, arrivé chez vous, à user de sévérité, selon le pouvoir que le Seigneur m'a donné pour édifier et non pour détruire. 11 Du reste mes frères, soyez dans la joie, rendez-vous parfaits, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous. 12 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent. 13 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous.


Notes sur la 2ème Lettre aux Corinthiens


1.1 A tous les saints ; c’est-à-dire à tous les chrétiens. Cf. Actes des Apôtres, 9, 13. Dans toute l’Achaïe. Du temps de saint Paul, l’Achaïe était le nom de la province romaine qui comprenait toute la Grèce, à l’exception de la Thessalie.

1.3 Voir Éphésiens, 1, 3 ; 1 Pierre, 1, 3.

1.8 En Asie, dans l’Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.

1.16 En Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9. En Judée. La Judée désigne proprement la Palestine du sud, dont Jérusalem était la ville principale, à l’exclusion de la Samarie et de la Galilée.

1.17 Ai-je formé ce dessein à la légère ? Suis-je inconstant ? ― Selon la chair, selon les inspirations, non de l’Esprit-Saint, mais de l’homme charnel (voir Galates, 5, verset 16 et suivants).

1.19 Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.

1.20 Puisqu’il n’y a en Jésus-Christ que vérité pure, et qu’accomplissement parfait des promesses de Dieu, nous devons dire hautement à Dieu Amen, c’est-à-dire, cela est vrai ; vos promesses ont été parfaitement accomplies ; ce qui pour nous un sujet de gloire, parce que c’est en vertu de cet accomplissement que nous avons été rachetés.

2.5 Si quelqu'un a été une cause de tristesse, l’incestueux (voir 1 Corinthiens, 5, 1-2). ce n'est pas moi qu'il a attristé, parce que j’étais consolé d’ailleurs par la considération que le plus grand nombre d’entre vous était demeuré ferme dans la foi et dans la vertu. ― C’est comme si l’Apôtre disait : Je me garderais bien de vous charger tous du crime d’un seul.

2.10 L’Apôtre accorde ici un pardon au nom et par l’autorité de Jésus-Christ à l’incestueux de Corinthe, qu’il avait soumis à la pénitence. Ce pardon consistait dans la remise d’une partie de la punition temporelle due à son péché.

2.12 Troas. Voir Actes des Apôtres, 16, 8.

2.13 Tite, Païen converti, à qui est adressée la lettre qui porte son nom, avait peut-être porté à Corinthe avec un autre disciple la première lettre de saint Paul adressée à cette Église. Il est certain dans tous les cas que saint Paul envoya Tite à Corinthe à la fin de son séjour à Éphèse, pour y recueillir des aumônes en faveur des fidèles de Jérusalem et juger de l’effet qu’avait produit sa première lettre. Nous apprenons ici que saint Paul n’ayant pas trouvé Tite à Troas, s’est rendu en Macédoine. Là il le rencontra, fut réjoui des nouvelles que Tite lui donna des Corinthiens et le renvoya dans cette ville avec sa seconde lettre pour y recueillir encore des aumônes, comme nous le lisons plus loin, voir 2 Corinthiens, 7, vv. 6-7, 13 ; 8, vv. 6, 16-18, 23-24.

3.3 Non sur des tables de pierre. Le Décalogue avait été gravé sur des tables de pierre, au Sinaï.

3.4 nous l'avons par le Christ en vue de Dieu, en tenant compte de Dieu, source de tout bien, qu’il nous donne par Jésus-Christ. Cette assurance, exprimée aux 2 versets précédents, Paul ne la puise pas en lui-même. Ce n’est pas à ses propres forces qu’il attribue le succès de ses travaux apostoliques, c’est à Dieu seul, qui l’a rendu capable d’être ministre d'une nouvelle alliance (verset 6), si supérieure à l’ancienne.

3.6 La lettre mal entendue et prise sans l’esprit. ― Outre la peine de mort que la loi inflige, elle tue encore, en ce qu’elle fait connaître le péché, sans donner la force de l’éviter.

3.13 Voir Exode, 34, 33.

3.16 Israël est expressément nommé au v. 13.

3.17 Voir Jean, 4, 24. ― « Où est l’Esprit du Seigneur, là est aussi la liberté. L’amour de la liberté, dit Fénelon, est une des plus dangereuses passions du cœur humain ; et il arrive de cette passion comme de toutes les autres, elle trompe ceux qui la suivent, et au lieu de la liberté véritable, elle leur fait trouver le plus dur et le plus honteux esclavage. On croit être libre, quand on ne dépend plus que de soi-même. Folle erreur ! Y a-t-il un état où l’on ne dépende pas d’autant de maîtres qu’il y a des personnes à qui l’on a relation ? Y en a-t-il un où l’on ne dépende pas encore davantage des fantaisies d’autrui que des siennes propres ? Tout le commerce de la vie n’est que gêne, par la captivité des bienséances et par la nécessité de plaire aux autres. D’ailleurs nos passions sont pires que les plus cruels tyrans. O mon Dieu, préservez-moi de ce funeste esclavage, que l’insolence humaine n’a pas honte de nommer une liberté. C’est en vous seul qu’on est libre. »

4.2 Saint Paul fait connaître et relève le ministère qu’il a reçu de Dieu, afin de combattre avec plus de succès les faux apôtres qui cherchaient à détruire son autorité et les fruits de sa prédication.

4.6 De la gloire de Dieu, empreinte, resplendissante, sur la face du Christ Jésus.

4.7 Afin que la grandeur et la gloire de notre ministère soient attribuées à Dieu, et nullement à nous.

4.10 La mort de Jésus (cf. Romains, 4, 19), même sens que les souffrances du Christ (voir 2 Corinthiens, 1, 5) : exposé, en prêchant l’Évangile, à la même mort que Jésus a soufferte. afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps : afin que notre délivrance et notre conservation soient comme la manifestation de la vie de Jésus ressuscité. D’autres : De même que nos souffrances nous font entrer en quelque sorte dans la mort de Jésus, ainsi que notre victoire nous fait participer à sa résurrection et à sa vie glorieuse.

4.13 Voir Psaume, 115, 1.

5.3 Voir Apocalypse, 16, 15.

5.4 Parce que nous ne désirons pas précisément nous voir dépouillés de notre corps par la mort, mais parce que nous souhaitons de revêtir par-dessus ce corps une gloire telle, que tout ce qu’il y a de mortel en nous soit absorbé par l’immortalité.

5.10 Voir Romains, 14, 10. C’est-à-dire ce qui lui est dû pour le bien ou le mal qu’il a fait pendant qu’il était dans son corps.

5.12 Ceux qui tirent gloire, etc. ; c’est-a-dire au dehors, vis-à-vis des autres, mais non pas dans leur intérieur, en eux-mêmes. Ou bien, en supposant un genre d’ellipse commun aux écrivains sacrés : Ils mettent leur gloire dans ce qui paraît à l’extérieur, et non dans ce qui est dans le cœur.

5.14-15 L’amour que Jésus-Christ nous a témoigné en mourant à notre place, nous presse de n’avoir en vue de toutes choses que Dieu et vous. Tous doivent se regarder comme morts en lui, et réaliser en eux-mêmes cette mort du Christ, en s’unissant à lui par la foi et l’amour. ― Qui vivent de la vie de la grâce. Pour la pensée, cf. Romains, 14, verset 7 et suivants.

5.17 Voir Isaïe, 43, 19 ; Apocalypse, 21, 5.

5.21 Il l’a fait péché pour nous ; c’est-à-dire il l’a traité comme s’il eût été le péché même. La bonté même de Dieu doit nous porter à nous réconcilier avec lui. Jésus-Christ qui était sans péché, Dieu l’a fait le péché personnifié, l’a traité comme l’unique pécheur, afin de détruire le péché par sa mort. ― Justice de Dieu ; c’est-à-dire justes de Dieu, reconnus justes par Dieu. Comparer, pour l’expression grammaticale, à 2 Corinthiens, 3, 9 ; et, pour le sens de la pensée de l’Apôtre, à Romains, 3, verset 21 et suivants ; 4, verset 6 et suivants.

6.2 Voir Isaïe, 49, 8.

6.3 Voir 1 Corinthiens, 10, 32. Ce verset se lie évidemment au premier, dont il continue le sens. Ainsi le deuxième doit être considéré comme une parenthèse.

6.4 Voir 1 Corinthiens, 4, 1.

6.9 Châtié, par Dieu, disaient ses adversaires ; Paul, par humilité, ne nie pas absolument, il répond seulement, mais non mis à mort.

6.10 enrichissons un grand nombre de biens spirituels. ― nous qui possédons tout : toutes choses en Jésus-Christ.

6.14 Le même joug, allusion à la défense faite par Moïse d’accoupler ensemble, pour le labourage, des animaux de différentes espèces, par exemple, le bœuf avec l’âne (voir Lévitique, 19, 19).

6.15 Bélial ; c’est-à-dire le démon qui est devenu le prince de tous les méchants, que l’Écriture appelle pour cette raison fils de Bélial, parce qu’ils sont regardés comme ayant le diable pour père. Voir Jean, 8, 44. Selon l’étymologie, Bélial signifie sans utilité, vaurien.

6.16 Voir 1 Corinthiens, 3, 16-17 ; 6, 19 ; Lévitique, 26, 12.

6.17 Voir Isaïe, 52, 11.

6.18 Voir Jérémie, 31, 9.

7.2 Donnez place dans vos esprits à nos avertissements. Cf. Matthieu 19, 11.

7.5 En Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9. Notre chair, l’homme inférieur, naturel, par opposition à l’esprit, l’homme supérieur, surnaturel. ― Combats, contre les ennemis de l’Évangile. ― des craintes : appréhensions, soucis pour les Églises, spécialement pour celle de Corinthe.

7.6 Par l’arrivée de Tite. Voir 2 Corinthiens, 2, 13.

7.10 Voir 1 Pierre, 2, 19. La tristesse selon Dieu, causée par l’amour de Dieu et de la Justice ; la tristesse du monde, causée par l’amour du monde et par des motifs humains. ― un repentir salutaire, qu’on ne regrette pas : qui procure un éternel contentement.

8.4 ce ministère en faveur des saints, il s’agit de l’envoi des aumônes à Jérusalem, pour les chrétiens pauvres de Jérusalem (voir Romains, 15, 26 ; 1 Corinthiens, 16, 1).

8.6 Il s’agit toujours d’aumônes. Cf. 1 Corinthiens, 16, 1.

8.8 Des autres, des chrétiens de Macédoine (versets 1-4).

8.15 Voir Exode, 16, 18. Celui qui avait recueillit, etc. Il s’agit de la manne que les Israélites recueillirent dans le désert.

8.18 Beaucoup croient que celui dont parle ici saint Paul est Silas. Voir Actes Apôtres, 15, 22.

8.21 Voir Romains, 12, 17.

8.22 notre frère. On ignore qui c’était.

9.1 les aumônes et leur distribution.

9.2 Les Macédoniens. Au premier siècle de notre ère, la province romaine de Macédoine comprenait l’ancienne Macédoine, la Thessalie, l’Épire et une partie de l’Illyrie. ― L’Achaïe comprenait le reste de l’ancienne Grèce.

9.7 Voir Ecclésiastique, 35, 11.

9.9 Voir Psaume, 111, 9. Justice. Ce mot signifie ici, comme dans Psaumes, 111, 9, d’où cette citation est tirée, et dans plusieurs autres endroits de l’Écriture, bienfaisance, libéralité, aumône.

9.12 Mais la dispensation. Voir Actes des Apôtres, 8, 4. ― De cette libéralité. Il s’agit des aumônes qui devaient être recueillies à Corinthe et portées à Jérusalem. ― Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

9.14 Sens : les judéo-chrétiens de Jérusalem, secourus par vous, prieront pour vous, et dans leur prières leur reconnaissance leur inspirera pour vous une tendre amitié ; ils comprendront que les Juifs et les païens sont vraiment frères en Jésus-Christ : et cela à cause de la grâce, etc., de la foi, source de la charité, qu’ils verront briller en vous (verset 13).

10.2 Que nous marchons ; c’est-à-dire que nous conduisons, nous vivons.

10.4 Les armes de la milice des Apôtres étaient la connaissance que Dieu leur donnait des vérités de l’Évangile, l’autorité spirituelle dont il les avait revêtus, et le don des miracles.

10.13 Voir Éphésiens, 4, 7. Saint Paul veut dire qu’il ne se vantera pas d’avoir parcouru le monde entier pour y prêcher l’Évangile, d’avoir converti des millions d’hommes, etc., mais qu’il se glorifie de sa mission, qui s’est étendue seulement jusqu’à Corinthe.

10.17 Voir Jérémie, 9, 23 ; 1 Corinthiens, 1, 31.

11.2 D’une jalousie de Dieu ; c’est-à-dire de la jalousie la plus forte, la plus véhémente. On sait que les Hébreux employaient le nom de Dieu pour exprimer le superlatif à son plus haut degré. D’autres traduisent : Par zèle pour Dieu ; c’est-à-dire que la jalousie que je vous porte est uniquement pour Dieu.

11.3 Voir Genèse, 3, 4. ― Le serpent. Le démon sous la forme du serpent.

11.4 vous le supportez fort bien ; S. Thomas : « Vous supporteriez très bien, dit l’Apôtre, d’être séduits par eux si leur prédication était meilleure que la nôtre, mais Cela n’est pas. Car « j’estime n’avoir rien fait de moins que les grands Apôtres », c’est-à-dire que Pierre et Jean, qu’ils considéraient comme grands. Et il se compare aux grands Apôtres, d’abord parce que Paul avait moins de réputation qu’eux auprès des Corinthiens, ces Apôtres ayant été avec Jésus, ce qui n’était pas le cas de Paul. Et aussi parce que les faux apôtres se disaient envoyés par eux ; aussi en se montrent pareil aux grands Apôtres, il détruit l’erreur des Corinthiens et confond les faux apôtres. Et non seulement il n’a rien fait de moins que ceux-ci, mais il a fait bien plus : « 1Corinthiens 15, 10 : J’ai travaillé plus qu’eux tous. » »

11.9 De Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.

11.10 Est en moi ; c’est-à-dire m’est témoin. ― Dans les contrées de l’Achaïe, de l’ancienne Grèce, sauf la Thessalie.

11.12 ce que je fais, je vous prêche gratuitement. Voir le verset 10.

11.18 Tant de gens : mes adversaires. Selon la chair, les penchants naturels de l’homme. ― Je me glorifierai aussi de la même manière, dans le sens du verset 17. Saint Jean Chrysostome entend ici selon la chair des avantages extérieurs, noblesse d’origine, richesses, éloquence, etc.

11.19 Reproche mêlé d’ironie : si les Corinthiens étaient vraiment sages et sensés, est-ce qu’ils auraient si volontiers prêté l’oreille aux vantardises des faux docteurs ?

11.21 L’Apôtre ne regarde pas précisément comme une honte pour lui de n’avoir pas maltraité les Corinthiens, comme l’avaient fait les faux apôtres, mais, par une piquante ironie, il montre qu’il n’est inférieur à ces faux apôtres qu’en une seule chose, dans le mal qu’ils sont opéré.

11.24 Voir Deutéronome, 25, 3. ― Comme la loi défendait de passer le nombre de quarante coups, les Juifs, pour ne pas se méprendre, l’avaient fixé à trente-neuf.

11.25 Voir Actes des Apôtres, 14, 18 ; 16, 22 ; 27, 41.

11.29 Il s’intéresse même à chaque fidèle en particulier. L’un deux est-il faible dans la foi ou dans la vertu, Paul s’abaisse jusqu’à sa faiblesse pour l’encourager et le raffermir. ― sans qu'un feu me dévore, une douleur qui le consume.

11.30 Ma faiblesse ; c’est-à-dire ce qui paraît faible, bas, méprisable en moi. Cf. 2 Corinthiens, 12, vv. 5, 9-10.

11.32 Voir Actes des Apôtres, 9, 24. ― A Damas. Voir Actes des Apôtres, 9, 2.Arétas. Ce nom a été porté par plusieurs rois de l’Arabie Pétrée. Celui dont il est question ici est vraisemblablement Arétas Ænéas, qui monta sur le trône l’an 7 avant notre ère. Il donna sa fille en mariage à Hérode Antipas, le meurtrier de saint Jean Baptiste. Antipas ayant répudié cette princesse pour complaire à Hérodiade (voir Matthieu 14, 3), Arétas lui fit la guerre et lui infligea une défaite sanglante. Lorsque saint Paul se convertit à Damas, Arétas était maître de cette ville et la faisait administrer par un gouverneur. On ne sait si elle était tombée en son pouvoir lorsqu’il avait fait la guerre à Hérode ou si elle lui avait été donnée par les Romains.

12.2 Voir Actes des Apôtres, 9, 3. ― Quoique l’âme exerce ordinairement ses opérations par le moyen du corps, il est hors de doute cependant que Dieu puisse faire que l’âme restant unie au corps ait néanmoins un exercice indépendant de lui. ― Le troisième ciel est apparemment ce que l’Apôtre désigne au verset 4 par le mot paradis, ou le séjour des bienheureux. Quant à la dénomination de troisième ciel, ce n’est pas une rêverie des rabbins comme on l’a prétendu ; elle trouve sa justification dans ces paroles du Sauveur : Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Le bonheur dans le ciel est proportionné aux mérites des saints. Dieu a donc pu faire connaître à l’Apôtre celui qu’il réserve au plus grand mérite.

12.07 une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me frapper. Etant donné que S. Paul avait de nombreux ennemis et qu’il savait que ses lettres étaient aussi lues par ses ennemis, il est peu probable que cette écharde dans la chair soit une faiblesse ou un péché que saint Paul n’arriverait pas à vaincre. Toutes sortes d’hypothèses furent faites pour expliquer quelle serait cette « écharde ». A la lumière des cas de grands mystiques catholiques, tel le saint Padre Pio, qui fut physiquement frappé par le démon, nous pensons qu’il convient de comprendre au sens littéral la phrase « un ange de Satan pour me frapper ». Une telle épreuve est bien de nature a aider saint Paul à rester humble, sans pour autant impliquer qu’il commette le moindre péché. Nous rappelons qu’à la suite du miracle de la Pentecôte, les apôtres furent confirmés en graces et ne tombèrent plus jamais dans le péché mortel. Saint Pierre renia Jésus mais ce fut avant la Pentecôte ; jour de la fondation de l’Église catholique romaine.

12.19 devant Dieu, dans le Christ : sans jalousie comme sans vanité, comme il convient à un chrétien qui vit de la vie du Christ.

13.1 Voir Deutéronome, 19, 15 ; Matthieu 18, 16 ; Jean, 8, 17 ; Hébreux, 10, 28.

13.4 en raison de sa faiblesse : celle de la chair dont il était revêtu comme homme, et surtout comme victime volontaire pour les péchés du monde. ― par la puissance de Dieu qui l’a ressuscité et glorifié ; qui se manifestera parmi vous ou contre vous : Paul, dans son union au Christ, est, comme lui, tout à la fois faible et fort.






Lettre aux Galates



Introduction


Les destinataires. Étymologiquement, « Galates » (Γαλάται) est le même mot que « Celtes » (Κέλται ou Κέλτοι). La Galatie est donc sous ce rapport la Gaule de l’est ; aussi certains écrivains romains appellent-ils ses habitants Galli, de même que plusieurs écrivains grecs nommaient Γαλάται les habitants de l’ancienne France (Voyez Ammien Marcellin, 15, 9, 3; Polybe, Hist., 1, 6; Denys d'Halicarnasse, 9, 35). A bon droit, car, d'après l'histoire, les Galates étaient un rameau de la puissante race celtique, qui, après avoir commencé à quitter, dès le 6ème et le 4ème siècle avant Jésus-Christ, les régions lointaines de l’Oxus et du Turkestan où elle était domiciliée, occupa peu à peu une partie considérable du centre et de l’ouest de l'Europe.

Le rameau dont nous avons à nous occuper plus spécialement venait des Gaules et avait tenté d’envahir la Grèce de 281-275 avant J.-C. ; mais, battues à Delphes, les bandes qui le formaient étaient revenues sur leurs pas, avaient franchi l’Hellespont et envahi l’Asie Mineure, en partie sur l'invitation de Nicomède 1er, roi de Bithynie, alors engagé dans une guerre contre son frère. En récompense de leurs services, ce prince donna à ses alliés, sans parler d'un riche butin, un territoire agricole très fertile, situé à peu près au centre de l'Asie Mineure sur des plateaux montagneux, qu’ils se mirent à agrandir les armes à la main, jusqu’à ce qu’Attale 1er, roi de Pergame, les eût contraints de se fixer dans la région limitée par le Pont, la Cappadoce, la Bithynie, la Paphlagonie, la Lycaonie et la Phrygie.

Telle fut l'origine de la Galatie, qu’on appela aussi plus tard la Gallogrèce, à cause du mélange qui s’opéra, par la force même des choses, entre les nouveaux venus et l'ancienne population grecque. L’an 189 avant notre ère, les Galates, impliqués dans la lutte de Rome avec Antiochus le Grand, au service duquel ils s’étaient engagés comme mercenaires, furent défaits par le consul E. Manlius et soumis à la domination romaine. Toutefois, ils purent conserver leur religion (l'ancien druidisme, qui s'amalgama peu à peu avec les cultes grecs et phrygiens), leur organisation politique et leurs lois nationales, ainsi que leurs tétrarques (Ils étaient divisés en trois tribus : les Trocmi, les Tolistobogii et les Tectosages, dont les villes capitales étaient Tavium, Pessinus et Ancyra, aujourd'hui Angora). L’un de ces derniers, Déjotare, qui avait soutenu Pompée contre Mithridate, reçut même de Rome le titre de roi, avec une augmentation de territoire. Son successeur, Amyntas, vit encore sa domination s’étendre sur la Pisidie, l’Isaurie et les districts de la Pamphilie, de la Lycaonie et de la Phrygie. Mais, à la mort d’Amyntas l'an 25 av. J.-C., sous Auguste, le royaume entier, ainsi développé, devint province romaine sous le nom général de Galatie (voyez Tite-Live, 38, 16-17; Strabon, 12, 5).

De ces détails historiques, il résulte que cette appellation avait été employée dans le cours des temps pour désigner deux régions très différentes sous le rapport de l'étendue: l’une plus petite, qui correspondait à l'ancien royaume des Galates ; l’autre, beaucoup plus vaste, qui embrassait non seulement la Galatie primitive, mais tout le territoire qui y avait été successivement ajouté, et qui forma en fin de compte une province romaine très importante dans l’Asie Mineure. Une question se pose donc tout naturellement : quels sont les Galates auxquels saint Paul a adressé sa lettre ? Pour lui, cette dénomination est-elle un terme géographique, qui ne convient qu’aux habitants de la Galatie ancienne et restreinte, ou bien la traite-t-il comme l'équivalent d’une division simplement politique et administrative ?

Cette seconde opinion, quoiqu’elle ne remonte guère au delà du milieu du XVIIIème siècle, a un assez grand nombre de partisans. Mais la grande majorité des exégètes s’en tient, et très justement, croyons-nous, au premier sentiment. Saint Luc, Actes des Apôtres 16, 6 et 18, 23, parlant de la Galatie, sépare nettement cette contrée de la Phrygie et des autres districts où étaient situées les villes de Lystres et de Derbé (comp. Actes des Apôtres 13, 14, où la ville d'Antioche est formellement rattachée à la province de Pisidie). On voit, par les inscriptions antiques, que ces territoires ne furent jamais rattachés à la Galatie dans le langage officiel et administratif ; aussi ne comprendrait-on guère que saint Paul ait interpellé solennellement par le nom de Galates (cf. Galates 3, 1) des hommes qui étaient en réalité des Lycaoniens et des Pisidiens. Qui penserait à affirmer que Timothée, originaire de Lystres, ait pu prétendre au titre de Galate ? En outre, Paul rappelle à ses lecteurs (cf. Galates 4, 13) que «la raison qui décida de la fondation de leurs Églises fut accidentelle : une maladie qui força l’apôtre à s'arrêter dans leur pays. Comment pourrait-il s’exprimer ainsi en parlant de la fondation des Églises de Lycaonie et de Pisidie ? Cette fondation était le but exprès de ses voyages », d’après Actes des Apôtres 13 et 14. C'est donc bien à la Galatie du nord, à la Galatie proprement dite, que s’adresse saint Paul dans cet écrit, et non pas à la Galatie dans le sens large (comp. Galates 1, 21, où saint Paul appelle Syrie, non pas la province romaine de ce nom, mais le territoire dont Antioche avait été la capitale, par opposition à la Judée).

La lettre est adressée ecclesiis Galatiæ (ταῖς ἐϰϰλησίαις τῆς Γαλατίας, 1, 2), ce qui lui donne le caractère d’une lettre circulaire, que les diverses Églises de Galatie devaient se communiquer. C'est là un fait unique dans la littérature paulinienne ; car toutes les autres lettres de l’apôtre des païens furent composées pour des Églises particulières ou des individus isolés ( la lettre aux Hébreux, qui fait exception d’une certaine manière, n'est pas adressée à un groupe d’Églises, mais à l'ensemble des chrétiens d'origine juive qui résidaient à Jérusalem et en Palestine).

Ces Églises avaient été fondées par saint Paul lui-même, ainsi qu’il ressort très clairement de notre lettre (Cf. Galates 1, 6-9 ; 3, 2-3 ; 4, 13 et ss.). Le missionnaire avait été accueilli « comme un ange de Dieu », et sa prédication avait produit de prompts et d’heureux résultats. C'était, d’après les Actes des Apôtres (16, 6) durant son second voyage apostolique. Environ trois ans plus tard, pendant son troisième voyage, il avait visité de nouveau ses chers néophytes, pour les fortifier dans la foi (cf. Actes des Apôtres 18, 23). Ceux-ci étaient, pour la plupart, des païens convertis (cf. Galates 4, 8 ; 5, 2-3 ; 6, 12-13, etc.), puisque les habitants de la Galatie appartenaient en masse au paganisme. Nous savons toutefois que les Juifs avaient fondé des colonies commerciales jusque dans cette lointaine province (voyez Josèphe, Ant., 16, 6, 2. Le célèbre « monument d'Ancyre », érigé dans le temple d'Auguste, mentionne de nombreux privilèges accordés aux Juifs de Galatie par ce prince), et il est probable qu’un certain nombre d’entre eux avaient aussi adopté la foi chrétienne ; mais ils ne formaient qu’une faible minorité.

L'occasion et le but de la lettre aux Galates. — La situation d’abord très florissante des Églises de Galatie avait promptement fait place au trouble, à la défaillance et partiellement à l’erreur (cf. 1, 6 ; 4, 9 et ss.). Après le départ de Paul, des hommes qui ne sont pas nommés directement dans la lettre, mais qu’il est facile, au portrait qu’elle en trace, de reconnaître pour des docteurs judaïsants (voyez Actes des Apôtres 15, 1 et le commentaire), s’étaient introduits parmi ces jeunes chrétientés, venant sans doute de Palestine, et y avaient créé une agitation religieuse des plus vives, en prêchant une doctrine entièrement contraire à celle de l'apôtre des païens sur un point essentiel. A la justification gratuite par la foi, ils opposaient la nécessité de certaines pratiques mosaïques, en particulier de la circoncision (cf. 2, 15-16, 20; 3, 2 et ss., etc.). Pour mieux réussir à inculquer leur enseignement faux et subversif, ils avaient essayé d’amoindrir aux yeux des Galates l'autorité de Paul (cf. 1, 9 ; 2, 1 et ss.), affirmant qu’il ne possédait pas en plein la dignité apostolique, mettant en contraste avec lui les grands apôtres Pierre, Jacques et Jean, dont la doctrine, prétendaient-ils, contredisait la sienne sur le point débattu. Ils ne réussirent que trop bien à gagner à leur cause un certain nombre de Galates ; saint Paul ne tarda pas à en être informé, et il prit aussitôt la plume pour lutter de son mieux contre ces hommes pervers.

Son but est visible « à chaque phrase ». Il se propose de réduire à néant l’influence pernicieuse que les meneurs judaïsants avaient conquise auprès des chrétiens de Galatie, et de rétablir sur des bases inébranlables la vérité dogmatique menacée. Pour cela, il avait d’abord à défendre son autorité apostolique, si indignement attaquée ; puis il lui fallait démontrer, par des arguments irrésistibles, la théorie de la justification par la seule foi en Jésus-Christ, indépendamment des pratiques juives, et la liberté intégrale des fidèles par rapport à la loi de Moïse.

La langue et le lieu de la composition. — La date de la lettre aux Galates a toujours été l’objet de vives contestations, à tel point qu’on l’a placée tantôt au début, tantôt au milieu, tantôt sur la fin du ministère de saint Paul. D’après quelques critiques, cette lettre serait la toute première des écrits de l'apôtre, qui l'aurait composée vers l’an 49, avant le concile de Jérusalem (c'est l'opinion de MM. Belser, Weber, etc.). D’un autre côté, plusieurs auteurs anciens (entre autres Théodoret et saint Jérôme), suivis par quelques commentateurs modernes (Baronius, Estius, etc.), reculent la composition jusqu’à l’époque de la première captivité de saint Paul à Rome. Il y a exagération des deux parts. Comme il a été dit plus haut, l'auteur de la lettre avait visité deux fois les Galates lorsqu’il leur écrivit (comp. Galates 4, 13, où il l'affirme lui-même en propres termes), et sa seconde visite avait eu lieu pendant son troisième voyage de mission, entre 55 et 59. La lettre n’est donc pas antérieure à l’an 55. De plus, elle ne doit pas être placée beaucoup plus bas que cette date, car, d’après 1, 6, c’est peu de temps après le second séjour de saint Paul en Galatie que se passèrent les événements douloureux qui occasionnèrent sa lettre. Celle-ci paraît donc avoir été composée en 55 ou en 56, comme on l’admet assez généralement. Paul se trouvait alors à Éphèse. Les mots ἐγράφη ἀπὸ Ρώμης (« elle a été écrite de Rome »), qu’on lit à la fin de la lettre dans un certain nombre de manuscrits, sont sans autorité. Dans quelques manuscrits anciens, le mot Ῥώμης était remplacé par Ἐφέσου.

Le sujet et la division. — « La loi juive et la loi chrétienne s’excluent mutuellement. A la loi est rattachée la malédiction, de même que la bénédiction divine a été promise à la foi en Jésus-Christ. Choisissez entre la circoncision et la croix de Jésus ! » Tel est le thème principal traité dans cette lettre (cf. 3, 10 et ss. ; 5, 3-14, etc.).

On la divise communément en trois parties, dont la première est personnelle ; la seconde dogmatique, la troisième pratique. et morale. Après un préambule (1, 1-10) qui renferme la salutation d’usage et une entrée en matière abrupte, l’auteur démontre dans la première partie (1, 11-2, 21) qu’il est vraiment l'apôtre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ayant été élu directement par Dieu pour ce rôle glorieux, et ses pleins pouvoirs ayant été reconnus sans conteste par les autres apôtres. La seconde partie (3, 1-4, 31 ), mettant en parallèle la loi et l'évangile, prouve d’une manière irréfutable la théorie de la justification par la foi et, par suite, l'indépendance des chrétiens en ce qui concerne les observances légales. Dans la troisième partie (5, 1-6, 10), l'apôtre exhorte les Galates à pratiquer cette sainte liberté, dont il indique les avantages et le mode ; puis il leur trace quelques règles de conduite. Dans un épilogue éloquent (6, 11-18), il récapitule les arguments de la partie dogmatique, et il termine par la bénédiction habituelle.

Il est aisé de voir par ce résumé qu’il existe une affinité très réelle entre cette lettre et la lettre aux Romains. Le sujet dogmatique traité dans les deux écrits est le même, puisque, de part et d’autre, saint Paul étudie, et d’une manière à peu près semblable, le problème capital de la justification chrétienne par opposition au judaïsme. Voyez en particulier Romains 4, 3 et Galates 3, 6, où le même passage de l’Ancien Testament est pris pour base d'une argumentation identique. Les coïncidences verbales sont assez nombreuses entre les deux lettres. Comp. Romains 6, 6-8 et Galates 2, 20 ; Romains 8, 14-17 et Galates 4, 5-7 ; Romains 13, 9 et Galates 5, 14 ; Romains 15, 15 et Galates 2, 7, etc. La différence ne consiste guère que dans la forme, qui, plus objective, plus calme et plus développée dans la lettre aux Romains, est ici personnelle, polémique et en même temps plus condensée (cette brièveté plus grande de la lettre aux Galates crée ça et là quelques difficultés au commentateur). D’autre part, la section apologétique et personnelle rappelle certains passages de la deuxième lettre aux Corinthiens ; c’est, des deux côtés, la même véhémence et la même indignation contre les détracteurs de Paul, la même tendresse pour les fidèles, la même abondance de détails biographiques, etc.

Il n’est pas besoin d’insister sur l'importance spéciale de la lettre aux Galates, car elle ressort suffisamment de l’indication du sujet traité. On a très justement appelé cette lettre la grande charte des libertés chrétiennes. Sous ce rapport, elle marque comme une époque dans l'histoire de l'homme, c’est le document extraordinairement précieux de son émancipation spirituelle.

Pour la question d'authenticité, voyez l'Introd. Gén.. Ce n'est qu’en 1850 qu’on a prétendu pour la première fois que la lettre aux Galates n’est pas authentique ; mais les témoignages extrinsèques sont si nombreux, si anciens, et cette lettre porte d’une manière si évidente, par les pensées, par les sentiments et par le style, le sceau et la signature de saint Paul, que quiconque en nie l'authenticité prononce contre lui-même la sentence qu’il est incapable de distinguer le vrai du faux.

Les commentateurs catholiques. — Outre ceux qui ont commenté toutes les lettres de saint Paul, nous avons à signaler les auteurs suivants : saint Jérôme, Commentariorum in lettre ad Galat. libri tres, et saint Augustin, Epistolæ ad Gal. expositionis liber unus.
























Lettre aux Galates



Galates 1. 1 Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père, qui l'a ressuscité d'entre les morts, 2 ainsi que tous les frères qui sont avec moi, aux Églises de Galatie, 3 à tous grâce et paix de la part de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ, 4 qui s'est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher à la corruption du monde présent, selon la volonté de notre Dieu et Père, 5 à qui soit la gloire aux siècles des siècles. Amen. 6 Je m'étonne que si vite vous vous laissiez détourner de celui qui vous a appelés en la grâce de Jésus-Christ, pour passer à un autre Évangile. 7 Non certes qu'il y en ait un autre, seulement il y a des gens qui vous troublent et qui veulent changer l'Évangile du Christ. 8 Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème. 9 Nous l'avons dit précédemment et je le répète à cette heure, si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème. 10 En ce moment, est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je recherche ? Mon but est-il de plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ. 11 Je vous le déclare, en effet, frères, l'Évangile que j'ai prêché n'est pas de l'homme 12 car ce n'est pas d'un homme que je l'ai reçu ni appris, mais par une révélation de Jésus-Christ. 13 Vous avez, en effet, entendu parler de ma conduite, quand j'étais dans le judaïsme, comment je persécutais à outrance et ravageais l'Église de Dieu 14 et comment je surpassais dans le judaïsme beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant à l'excès partisan jaloux des traditions de mes pères. 15 Mais, lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère et qui m'a appelé par sa grâce, 16 de révéler en moi son Fils, afin que je l'annonce parmi les païens, sur-le-champ, sans consulter ni la chair ni le sang, 17 sans monter à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, je partis pour l'Arabie, puis je revins encore à Damas. 18 Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas et je demeurai quinze jours auprès de lui. 19 Mais je ne vis aucun des autres Apôtres, si ce n'est Jacques, le frère du Seigneur. 20 En tout ce que je vous écris là, je l'atteste devant Dieu, je ne mens pas. 21 J'allai ensuite dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie. 22 Or, j'étais inconnu de visage aux Églises de Judée qui sont dans le Christ, 23 seulement elles avaient entendu dire que celui qui les persécutait autrefois annonçait maintenant la foi qu'il s'efforçait alors de détruire 24 et elles glorifiaient Dieu à mon sujet.


Galates 2. 1 Ensuite, quatorze ans plus tard, je montai à nouveau à Jérusalem avec Barnabé ayant aussi pris Tite avec moi. 2 Ce fut d'après une révélation que j'y montai et je leur exposai l'Évangile que je prêche parmi les païens, je l'exposai en particulier à ceux qui étaient les plus considérés, de peur de courir ou d'avoir couru en vain. 3 Or on n'obligea même pas Tite qui m'accompagnait et qui était Grec, à se faire circoncire. 4 Et cela, à cause des faux frères intrus, qui s'étaient glissés parmi nous pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude. 5 Nous n'avons pas consenti, même pour un instant, à nous soumettre à eux, afin que la vérité de l'Évangile fût maintenue parmi vous. 6 Quant à ceux qu'on tient en si haute estime, ce qu'ils ont été autrefois ne m'importe pas : Dieu ne fait pas de favoritisme entre les personnes, ces hommes si considérés ne m'imposèrent rien de plus. 7 Au contraire, voyant que l'Évangile m'avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, 8 car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens, 9 et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi, en signe de communion, pour aller, nous aux païens, eux aux circoncis. 10 Seulement nous devions nous souvenir des pauvres, ce que j'ai eu bien soin de faire. 11 Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était digne de blâme. 12 En effet, avant l'arrivée de certaines gens de l'entourage de Jacques, il mangeait avec les païens mais après leur arrivée, il s'esquiva et se tint à l'écart, par crainte des partisans de la circoncision. 13 Avec lui, les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabé lui-même s'y laissa entraîner. 14 Pour moi, voyant qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Évangile, je dis à Céphas en présence de tous : "Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, comment peux-tu forcer les païens à judaïser ?" 15 Pour nous, nous sommes Juifs de naissance et non de ces pécheurs de païens. 16 Cependant sachant que l'homme est justifié, non par les œuvres de la Loi, mais par la foi dans le Christ Jésus, nous aussi nous avons cru au Christ Jésus, afin d'être justifiés par la foi en lui et non par les œuvres de la Loi car nul homme ne sera justifié par les œuvres de la Loi. 17 Or si, tandis que nous cherchons à être justifiés par le Christ, nous étions nous-mêmes trouvés pécheurs, le Christ serait-il donc un ministre du péché ? Loin de là 18 car si ce que j'ai détruit, je le rebâtis, je me constitue moi-même prévaricateur, 19 puisque c'est par la Loi que je suis mort à la Loi, afin de vivre pour Dieu. J'ai été crucifié avec le Christ 20 et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. 21 Je ne rejette pas la grâce de Dieu car si la justice s'obtient par la Loi, le Christ est donc mort pour rien.


Galates 3. 1 Ô Galates insensés qui vous a fascinés, vous aux yeux de qui a été tracée l'image de Jésus-Christ crucifié. 2 Voici seulement ce que je voudrais savoir de vous : Est-ce par les œuvres de la Loi que vous avez reçu l'Esprit ou par la soumission de la foi ? 3 Avez-vous si peu de sens, qu'après avoir commencé par l'esprit, vous finissiez par la chair ? 4 Avez-vous fait une telle expérience en vain ? Si toutefois c'est en vain. 5 Celui qui vous confère l'Esprit et qui opère parmi vous des miracles, le fait-il donc par les œuvres de la Loi, ou par la soumission de la foi ? 6 comme il est écrit : "Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice." 7 Reconnaissez donc que ceux-là sont fils d'Abraham, qui sont de la foi. 8 Aussi l'Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi, annonça d'avance à Abraham cette bonne nouvelle : "Toutes les nations seront bénies en toi." 9 De sorte que ceux qui sont de la foi sont bénis avec le fidèle Abraham. 10 En effet tous ceux qui s'appuient sur les œuvres de la Loi sont sous la malédiction car il est écrit : "Maudit quiconque n'est pas constant à observer tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi." 11 Or que par la Loi nul ne soit justifié devant Dieu, cela est manifeste, puisque le "juste vivra par la foi." 12 Or la Loi ne procède pas de la foi mais elle dit : "Celui qui accomplira ces commandements vivra en eux." 13 Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en se faisant malédiction pour nous car il est écrit : "Maudit quiconque est pendu au bois" 14 afin que la bénédiction promise à Abraham s'étendît aux nations dans le Christ Jésus, afin que nous pussions recevoir par la foi l'Esprit promis. 15 Frères, je parle selon les usages des hommes, un contrat en bonne forme, bien que l'engagement soit pris par un homme, n'est annulé par personne et personne n'y ajoute. 16 Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa descendance. On ne dit pas: "Et à ses descendants" comme s'il s'agissait de plusieurs mais il dit : "A ta descendance" comme ne parlant que d'un seul, savoir le Christ. 17 Voici ce que je veux dire : Dieu ayant conclu une alliance en bonne forme, la loi qui est venue quatre cent trente ans après ne la rend pas nulle, de manière à rendre vaine la promesse. 18 Car si l'héritage s'obtenait par la Loi, il ne viendrait plus d'une promesse or, c'est par une promesse que Dieu a fait à Abraham ce don de sa grâce. 19 Pourquoi donc la Loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu'à ce que vint "la descendance" à qui la promesse avait été faite, elle a été promulguée par les anges, par l'entremise d'un médiateur. 20 Or le médiateur n'est pas médiateur d'un seul et Dieu est un. 21 La Loi va-t-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là. S'il eût été donné une loi capable de procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. 22 Mais l'Écriture a tout enfermé sous le péché, afin que, par la foi en Jésus-Christ, ce qui avait été promis fût donné à ceux qui croient. 23 Avant que vînt la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, en vue de la foi qui devait être révélée. 24 Ainsi la Loi a été notre pédagogue pour nous conduire au Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. 25 Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. 26 Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus. 27 Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. 28 Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme : car vous n'êtes tous qu'une personne dans le Christ Jésus. 29 Et si vous êtes au Christ, vous êtes donc "descendance" d'Abraham, héritiers selon la promesse.


Galates 4. 1 Or je dis ceci : Aussi longtemps que l'héritier est enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, quoiqu'il soit le maître de tout 2 mais il est soumis à des tuteurs et à des curateurs jusqu'au temps marqué par le père. 3 De même, nous aussi, quand nous étions enfants, nous étions sous l'esclavage des forces qui régissent le monde. 4 Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, né sous la Loi, 5 pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. 6 Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba. Père. 7 Ainsi tu n'es plus esclave, tu es fils et si tu es fils, tu es aussi héritier, grâce à Dieu. 8 Autrefois, il est vrai, ne connaissant pas Dieu, vous serviez ceux qui par leur nature ne sont pas dieux 9 mais à présent que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous à ces pauvres et faibles forces, auxquelles de nouveau vous voulez vous asservir encore ? 10 Vous observez les jours, les mois, les temps et les années. 11 J'ai peur pour vous d'avoir travaillé en vain parmi vous. 12 Devenez comme moi, puisque moi-même je suis comme vous, frères, je vous en supplie. Vous ne m'avez blessé en rien. 13 Quand je vous ai pour la première fois annoncé l'Évangile, vous savez quelle était l'infirmité de ma chair et cependant ce qui dans ma chair était une épreuve pour vous, 14 vous ne l'avez ni méprisé ni repoussé mais vous m'avez reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. 15 Que sont devenus ces heureux sentiments ? Car je vous rends ce témoignage que, s'il eût été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. 16 Je serais donc devenu votre ennemi, parce que je vous ai dit la vérité ? 17 L'affection dont ces gens font étalage pour vous, n'est pas bonne, ils veulent vous détacher de nous, afin que vous vous attachiez à eux. 18 Il est beau d'être l'objet d'une vive affection, quand c'est dans le bien, toujours et non pas seulement quand je suis présent parmi vous. 19 Mes petits-enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous, 20 combien je voudrais être auprès de vous à cette heure et changer de langage, car je suis dans une grande perplexité à votre sujet. 21 Dites-moi, vous qui voulez être sous la Loi, n'entendez-vous pas la Loi ? 22 Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, l'un de la servante, l'autre de la femme libre. 23 Mais le fils de la servante naquit selon la chair et celui de la femme libre en vertu de la promesse. 24 Ces choses ont un sens allégorique car ces femmes sont deux alliances. L'une, du mont Sinaï, enfantant pour la servitude : c'est Agar, 25 car Sinaï est une montagne en Arabie. Elle correspond à la Jérusalem actuelle, laquelle est esclave, elle et ses enfants. 26 Mais la Jérusalem d'en haut est libre : c'est elle qui est notre mère 27 car il est écrit : "Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantais pas. Éclate en cris de joie et d'allégresse, toi qui ne connaissais pas les douleurs de l'enfantement. Car les enfants de la délaissée seront plus nombreux que les enfants de celle qui avait l'époux." 28 Pour vous, frères, vous êtes, à la manière d'Isaac, enfants de la promesse. 29 Mais de même qu'alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'Esprit, ainsi en est-il encore maintenant. 30 Mais que dit l'Écriture ? "Chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave ne saurait hériter avec le fils de la femme libre." 31 C'est pourquoi, frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre.


Galates 5. 1 Dans la liberté par laquelle le Christ nous a affranchis, tenez ferme et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. 2 C'est moi, Paul, qui vous le dis : Si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien. 3 Au contraire, je déclare encore une fois à tout homme qui se fait circoncire, qu'il est tenu d'accomplir la Loi tout entière. 4 Vous n'avez plus rien de commun avec le Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la Loi, vous êtes déchus de la grâce. 5 Nous, c'est de la foi, par l'Esprit, que nous attendons l'espérance de la justice. 6 Car dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision n'ont de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité. 7 Vous couriez si bien : qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d'obéir à la vérité ? 8 Cette persuasion ne vient pas de celui qui vous appelle. 9 Un peu de levain fait fermenter toute la pâte. 10 J'ai cette confiance en vous dans le Seigneur, que vous ne penserez pas autrement mais celui qui met le trouble parmi vous, en portera la peine, quel qu'il soit. 11 Pour moi, mes frères, s'il est vrai que je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? Le scandale de la croix a donc été levé. 12 Ah, qu'ils se fassent plutôt mutiler complètement ceux qui vous troublent. 13 Pour vous, mes frères, vous avez été appelés à la liberté seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon la chair mais, rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. 14 Car toute la Loi est contenue dans un seul mot : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." 15 Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. 16 Je dis donc : "Marchez selon l'esprit et vous n'accomplirez pas les convoitises de la chair 17 car la chair a des désirs contraires à ceux de l'esprit et l'esprit en a de contraires à ceux de la chair. Ils sont opposés l'un à l'autre, de telle sorte que vous ne faites pas ce que vous voulez. 18 Mais si vous êtes conduits par l'esprit, vous n'êtes plus sous la Loi. 19 Or les œuvres de la chair sont manifestes : ce sont l'impudicité, l'impureté, la débauche, 20 l'idolâtrie, les maléfices, les inimitiés, les contentions, les jalousies, les emportements, les disputes, les dissensions, les sectes, 21 l'envie, l'ivrognerie, les excès de table et autres choses semblables. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent de telles choses n'hériteront pas du royaume de Dieu. 22 Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, 23 la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de loi. 24 Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. 25 Si nous vivons par l'esprit, marchons aussi par l'esprit. 26 Ne cherchons pas une vaine gloire en nous provoquant les uns les autres, en nous portant mutuellement envie.


Galates 6. 1 Frères, lors même qu'un homme se serait laissé surprendre à quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur, prenant garde à vous-mêmes, de peur que vous ne tombiez aussi en tentation. 2 Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la parole du Christ 3 car si quelqu'un croit être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il s'abuse lui-même. 4 Que chacun examine ses propres œuvres et alors il aura sujet de se glorifier pour lui seul et non en se comparant à autrui 5 car chacun aura son propre fardeau à porter. 6 Que celui à qui on enseigne la parole fasse part de tous ses biens à celui qui l'enseigne. 7 Ne vous y trompez pas, on ne se rit pas de Dieu. Ce qu'on aura semé, on le moissonnera. 8 Celui qui sème dans sa chair moissonnera, de la chair, la corruption, celui qui sème dans l'esprit moissonnera, de l'esprit, la vie éternelle. 9 Ne nous lassons pas de faire le bien car nous moissonnerons en son temps, si nous ne nous relâchons pas. 10 Ainsi donc, pendant que nous en avons le temps, faisons le bien envers tous et surtout envers les frères dans la foi. 11 Voyez quelles lettres j'ai tracées pour vous de ma propre main. 12 Tous ceux qui veulent gagner les bonnes grâces des hommes, ce sont ceux-là qui vous contraignent à vous faire circoncire, à l'unique fin de n'être pas persécutés pour la croix du Christ. 13 Car ces circoncis, n'observent pas eux-mêmes la Loi mais ils veulent que vous receviez la circoncision, afin de se glorifier en votre chair. 14 Pour moi, Dieu me garde de me glorifier, si ce n'est dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde 15 car la circoncision n'est rien, l'incirconcision n'est rien, ce qui est, tout, c'est d'être une nouvelle créature. 16 Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle et sur l'Israël de Dieu. 17 Au reste, que personne désormais ne me suscite plus d'embarras car je porte sur mon corps les stigmates de Jésus. 18 Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. Amen.


Notes sur la Lettre aux Galates


1.6 ; 1.7 Un autre Évangile. Saint Paul a ici en vue l’Évangile que prêchaient les faux docteurs. C’était au fond celui de Jésus-Christ, auquel ils joignaient la pratique de la loi de Moïse, mais cette addition suffisait, comme le dit l’Apôtre, pour renverser l’Évangile du Christ.

1.11 Voir 1 Corinthiens, 15, 1.

1.12 Voir Éphésiens, 3, 3.

1.14 Des traditions de mes pères. Voir Matthieu 15, 2.

1.17 En Arabie. Peut-être le désert d’Arabie, dans les environs de Damas. Le nom d’Arabie désigne la contrée qui s’étend entre l’Égypte, la Palestine, la Syrie, la Mésopotamie, la Babylonie, le golfe Persique et la mer Rouge. ― A Damas. Voir Actes des Apôtres, 9, 2.

1.18 Trois ans après sa conversion.

1.19 Le frère ; c’est-à-dire le cousin. Le mot cousin n’existant pas en araméen, pour dire « cousin », on dit « frère ». Voir Matth. 12, 46.

1.20 je l'atteste devant Dieu ; c’est-à-dire prenant Dieu à témoin.

1.21 Syrie. Voir Matthieu 4, 24. ― Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 5, 9 et 15, 41.

1.22 Qui sont dans le Christ ; c’est-à-dire qui croyaient en Jésus-Christ, qui s’étaient convertis au christianisme. ― De Judée, non compris Jérusalem, capitale de la Judée.

2.1 Avec Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36. ― Ayant pris Tite. Voir 2 Corinthiens, 2, 13. ― Quatorze ans depuis mon 1er voyage à Jérusalem, lequel eut lieu trois ans après ma conversion. ― Je montai de nouveau pour assister au concile de Jérusalem (voir Actes des Apôtres, 15). C’était le 3e voyage de Paul à Jérusalem : le second, mentionné dans Actes des Apôtres, 11, 30, est passé ici sous silence parce qu’il n’avait été qu’un voyage d’affaires, et qu’à cette époque (Pâque de l’an 44), saint Jacques le Majeur avait déjà souffert le martyre, saint Pierre était en prison et les autres Apôtres dispersés.

2.2 ceux qui étaient les plus considérés. Cf. Actes des Apôtres, 5, 36.

2.6 Voir Deutéronome, 10, 17 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains, 2, 11 ; Éphésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17. ne m'imposèrent rien de plus, rien qui fût en opposition avec ce que je leur avais exposé.

2.7 Comme à la naissance de l’Église chrétienne, les Juifs conservaient encore une sorte d’horreur pour les païens, saint Pierre et saint Paul se partagèrent le ministère évangélique, de manière que le premier fut chargé de prêcher les Juifs, et le second les païens ; mais cela n’empêchait pas chacun d’eux d’annoncer indistinctement l’Évangile aux Juifs et aux païens, toutes les fois que l’occasion s’en présentait.

2.9 Céphas est le même que saint Pierre. Voir Jean, 1, 42. ― Quelques auteurs ont prétendu que Céphas, avec lequel saint Paul eut un différend à Antioche, n’était pas saint Pierre ; d’autres que ce dissentiment était purement fictif ; mais ces sentiments sont inadmissibles. Le premier d’abord. ― 1° Il a la tradition contre lui. A la vérité, quelques docteurs ont émis un doute sur l’identité de saint Pierre et de Céphas ; mais, comme le remarque saint Jérôme, ce n’était de leur part qu’une conjecture, et ils ne la faisaient que pour montrer la faiblesse des objections qu’on prétendait tirer du conflit d’Antioche. ― 2° Céphas est bien le même nom que Pierre : il a en syriaque la même signification que Petros en grec. Saint Pierre le portait en Judée, et c’est le premier que le Sauveur lui ait donné. Saint Paul le lui donne indubitablement ailleurs. ― 3° Il est évident que le personnage dont il s’agit est un personnage éminent, égal, sinon supérieur à saint Paul, par conséquent apôtre comme lui. Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d’entraîner toute l’Église d’Antioche. Saint Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D’ailleurs, quel moyen de le distinguer du Céphas nommé plus haut, entre saint Jacques et saint Jean, comme étant, aussi bien qu’eux, une colonne de l’Église ? Le second sentiment n’est ni plus suivi ni plus solide. Saint Jérôme, qui l’avait d’abord proposé, d’après Origène et saint Chrysostome, fut obligé d’y renoncer. Il est bien vrai que les mots grecs, rendus dans la Vulgate par in facie, pris isolément, pourraient se traduire par : en apparence. Il est vrai aussi qu’il est parlé de dissimulation ou de défaut de franchise. Cela ne suffit pas néanmoins pour justifier l’hypothèse d’une scène concertée entre les deux apôtres, ou d’une discussion feinte pour l’instruction de leurs disciples. Ni cette interprétation ni cette hypothèse ne sont naturelles. On n’y a recouru que dans une intention apologétique, afin de couper court aux objections et de mettre ne même temps à couvert la conduite de saint Pierre et de saint Paul. Mais on a pris le change, et on a substitué un tort véritable, un défaut de droiture dans l’un et l’autre apôtre, à une pure inadvertance ou à une erreur de procédé de la part de saint Pierre ; car le mot de saint Paul, que Pierre était répréhensible, n’entraîne pas d’autre conséquence et n’a pas plus de portée. Il signifie seulement que la conduite suivie par saint Pierre donnait lieu à des interprétations fâcheuses, que ses égards pour les préjugés de ses compatriotes étaient, contre son gré, de nature à confirmer les Juifs dans leurs prétentions, ainsi qu’à inquiéter et à rebuter les païens. Rien n’indique qu’il eût en cela blessé sa conscience le moins du monde. Dieu voulut qu’en cette occasion il fût averti de ce qu’il avait à faire, non par une vision comme à Joppé, mais par un collègue et un subordonné, afin que son humilité pût servir à l’édification de tous.

2.11 Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s’être retiré de la table des païens, dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis ; ce qui pouvait faire croire aux païens qu’ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juifs, et par là même gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n’attaque nullement la suprématie du prince des Apôtres ; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et quelquefois doit avertir avec respect son supérieur ; et, comme le remarque saint Augustin, saint Pierre le souffrît avec une douceur, une humilité, une patience dignes de celui à qui le Sauveur avait dit : Tu es Pierre, et sur toi je bâtirai mon Église.

2.16 Voir Romains, 3, 20.

2.17 Sens : non, Jésus-Christ n’est pas ministre du péché ; car ce n’est pas quand nous cherchons à être justifiés par la foi en lui, sans les œuvres de la Loi, que nous sommes trouvés pécheurs, mais c’est quand, faisant tout le contraire, nous voulons rétablir la Loi dont nous avions reconnu l’impuissance et abandonné la pratique.

3.4 Si toutefois c'est en vain. Cest-a-dire je veux espérer que ce ne sera pas en vain.

3.6 Voir Genèse, 15, 6 ; Romains, 4, 3 ; Jacques, 2, 23.

3.7 Qui sont de la foi. L’Apôtre veut dire que c’est la foi qui fait les véritables enfants d’Abraham.

3.8 Voir Genèse, 12, 3 ; Ecclésiastique, 44, 20.

3.10 Voir Deutéronome, 27, 26.

3.11 Voir Habacuc, 2, 4 ; Romains, 1, 17.

3.12 Voir Lévitique, 18, 5.

3.13 Voir Deutéronome, 21, 23.

3.14 l'Esprit promis ; c’est-à-dire l’Esprit qui avait été promis implicitement, voir Genèse, 22, 17-18 ; mais explicitement, voir Isaïe, 44, 3 ; Ézéchiel, 39, 29 ; Joël, 2, 28.

3.15 Voir Hébreux, 9, 17.

3.16 Il dit ; c’est-à-dire Dieu.

3.22 Le mot tout est pour tous les hommes. Nous avons déjà fait observer que cette énallage de genre avait pour but d’exprimer la généralité la plus complète. L’Apôtre ne fait que répéter ici ce qu’il a dit précédemment, voir Romains, 3, 9, savoir que les Juifs et les Grecs (c’est-à-dire tous les païens) étaient tous sous le péché.

3.24 Notre pédagogue, chez les Grec et les Romains, étaient ordinairement des esclaves qui accompagnaient partout les enfants confiés à leurs soins, veillaient sur eux et leur apprenaient les premiers éléments des connaissances, jusqu’à ce que l’enfant pût entendre plus tard les leçons de quelque maître renommé. Tel fut exactement le rôle de la Loi auprès du peuple Juif.

3.25 Nous ne sommes plus sous un pédagogue : nous sommes des fils sortis de tutelle, libres.

3.27 Voir Romains, 6, 3.

3.28 Grec ; c’est-à-dire Païen en général.

4.3 Sous l'esclavage des forces qui régissent le monde, c’est-à-dire des cérémonies de la loi en usage parmi les Juifs charnels, et qui étaient des instructions grossières et figuratives que Dieu donnait au monde.

4.4 La plénitude des temps ; c’est-à-dire le temps de la majorité.

4.6 Abba, Père. Voir Marc, 14, 36.

4.10 L’Apôtre parle ici soit de l’observation des jours heureux ou malheureux, soit des fêtes juives, à l’observance desquelles les docteurs juifs cherchaient à amener les Galates.

4.13 l'infirmité de ma chair ; c’est-à-dire au milieu des tribulations que j’éprouvais. Lorsque Paul traversa pour la première fois le pays des Galates (voir Actes des Apôtres, 16, 6), il fut, paraît-il, retenu au milieu d’eux par un état de maladie ; et il profita de ce séjour forcé pour leur annoncer l’Évangile. une épreuve : sa maladie, que Paul appelle la faiblesse de la chair, aurait pu nuire au succès de sa prédication, en attirant sur lui le mépris des Galates ; mais il n’en fut rien.

4.22 Voir Genèse, 16, 15 ; 21, 2. ― Deux fils, Ismaël et Isaac, le premier de la servante égyptienne, Agar, le second, de la femme libre, Sara.

4.24 Le mont Sinaï où la loi fut donnée au peuple d’Israël, dans la péninsule du Sinaï.

4.26 La Jérusalem d’en haut, le ciel.

4.27 Voir Isaïe, 54, 1.

4.28 Voir Romains, 9, 8.

4.30 Voir Genèse, 21, 10.

5.2 Voir Actes des Apôtres, 15, 1.

5.9 Voir 1 Corinthiens, 5, 6.

5.12 qu'ils se fassent plutôt mutiler complètement. Puisqu’ils tiennent tant à se faire circoncire, qu’ils se fassent aussi entièrement amputer. C’est ainsi qu’ont traduit saint Augustin, saint Jérôme, saint Chrysostome, Théophylacte, Théodoret, et la plupart des anciens.

5.13 Vivre selon la chair, cherchant à satisfaire vos passions aux dépens même de vos frères.

5.14 Voir Lévitique, 19, 18 ; Matthieu 22, 39 ; Romains, 13, 8.

5.16 Voir 1 Pierre, 2, 11.

6.1 Vous qui êtes spirituels. Voir 1 Corinthiens, 2, 14.

6.5 Voir 1 Corinthiens, 3, 8. ― Chacun aura son propre fardeau à porter. Cette maxime n’est nullement en opposition avec celle du verset 1, qui a rapport au monde présent dans lequel les hommes doivent, en bons frères, s’aider mutuellement de leurs conseils, supporter leurs faiblesses et leurs imperfections mutuelles ; elle se rapporte évidemment au jugement de Dieu, où chacun recevra le prix de ses propres œuvres, bonnes ou mauvaises, et rendra compte non de ce que son frère aurait fait, mais de ce qu’il aura fait lui-même, sans que les fautes d’autrui puissent justifier les siennes.

6.9 Voir 2 Thessaloniciens, 3, 13.

6.10 Faisons le bien, etc. L’Apôtre n’exempte personne de faire du bien au prochain. Ainsi la différence de religion ne saurait être un titre qui nous exempte de faire du bien à ceux qui n’appartiennent pas à notre communion, quoique dans la distribution de nos charités et de nos aumônes nous devions, comme le dit saint Ambroise, commencer par ceux qui nous sont unis par les liens d’une même loi.

6.11 Voyez quelles lettres, etc. ; c’est-à-dire, selon le Grec, quelle longue lettre. Saint Paul dictait et souscrivait ordinairement ses lettres. C’est pourquoi il fait remarquer aux Galates que celle qu’il leur adresse, est écrite de sa propre main ; par où ils peuvent voir l’amour tout particulier qu’il leur porte.

6.12 Gagner les bonnes grâces des hommes , c’est-à-dire gagner, par des moyens flatteurs, des paroles hypocrites, l’approbation des hommes. ― Persécutés pour la croix du Christ, comme ils le seraient certainement s’ils prêchaient que la croix est l’unique source de notre salut.

6.13 Ce n’est pas l’amour de la Loi, mais l’hypocrisie et l’orgueil qui les inspirent. ― Se glorifier auprès des Juifs de vous avoir fait circoncire.

6.14 Dans la croix, comme unique fondement du salut. ― Par qui tout lien entre le monde et moi est brisé ; le monde étant mort pour moi, je n’ai plus ni à le craindre ni à rechercher sa faveur.

6.16 L’Israël de Dieu ; le véritable Israël, c’est-à-dire tous ceux qui sont les vrais Israélites par l’esprit de foi.

6.17 Je porte, etc. Anciennement on imprimait sur le corps des soldats et des serviteurs certains caractères pour les distinguer. ― Les stigmates, les marques que porte saint Paul, serviteur de Jésus-Christ, ce sont les cicatrices des plaies, des blessures, des souffrances qu’il a endurées pour son maître. Voir 2 Corinthiens, 11, 23-27.











Lettre aux Éphésiens



Introduction


1° Éphèse et son Église. — Éphèse était, à l’époque de saint Paul, la ville la plus importante et la capitale de la province romaine nommée Asie proconsulaire. C'est en 133 avant Jésus-Christ qu'elle était tombée au pouvoir des Romains, avec le royaume de Pergame, dont elle faisait alors partie. Quoiqu’elle fût située à 5 km de la mer, elle possédait en réalité un port considérable, grâce au fleuve Caystros, sur les bords duquel elle était bâtie, et qui était alors navigable dans la dernière partie de son cours ; aussi était-elle le centre d’un commerce très florissant. Il est question au livre des Actes, 19, 23 et ss., de son magnifique temple de Diane et de son vaste théâtre. Sa population était en partie d’origine grecque, en partie formée d’éléments asiatiques.

Saint Paul y vint pour la première fois vers la fin de son second voyage apostolique, vers l’an 54, lorsqu’il allait de Grèce en Syrie (Actes des Apôtres 18, 18-21) ; ses amis Aquila et Priscille l'accompagnaient. Il les y laissa, lorsqu’il dut repartir après un séjour très rapide, pendant lequel il s’était contenté d’annoncer l'évangile aux seuls Juifs, dans leur synagogue (Actes des Apôtres 18, 19 ). Les deux saints époux continuèrent probablement son œuvre, car ils manifestaient un grand zèle pour la cause du Christ. La seconde visite que l’apôtre fit aux Éphésiens eut lieu à l'occasion de son troisième voyage, et elle se prolongea durant trois années entières, de 55-57 (Actes des Apôtres 19, 1 et ss.). Il obtint des résultats merveilleux, dignes de son activité infatigable ; à tel point que le christianisme fit des conquêtes nombreuses, non seulement dans la métropole, mais dans tous les districts d’alentour (Actes des Apôtres 19, 10 ). La violente émeute suscitée par l'orfèvre Démétrius l'obligea de partir brusquement (Actes des Apôtres 19, 23-40 ; 20, 1). Il ne revit Éphèse qu’assez longtemps après, entre sa première et sa seconde captivité à Rome (cf. 1 Timothée, 1, 3 ).

On voit par ces détails que la chrétienté d’Éphèse était unie à saint Paul par des liens très intimes ; il en était vraiment le fondateur et le père. Ses membres étaient issus soit du judaïsme, soit du paganisme (comp. 1, 13 ; 2, 2-3, 11-22 ; 3, 13 ; 4, 17- 19, etc.) ; les païens convertis formaient la grande majorité.

Le groupe des lettres composées pendant le premier emprisonnement de saint Paul à Rome.— Elles sont au nombre de quatre : à savoir, les lettres aux Éphésiens, aux Colossiens, à Philémon et aux Philippiens. On peut leur rattacher la lettre aux Hébreux, écrite durant la dernière période de ce même emprisonnement, ou aussitôt après la mise en liberté de l'apôtre. Voyez l'Introduction spéciale à cette lettre. Il est aisé de démontrer qu’elles furent toutes composées à Rome, tandis que l'apôtre des païens y était captif pour la première fois.

L’auteur y fait mention de ses chaînes à plusieurs reprises (Éphésiens 3, 1 ; 4, 1; 6, 1 ; Philippiens 1, 7, 13, 17 ; Colossiens 4, 3, 18 ; Philémon 1, 9, 10, 13). En même temps, il manifeste l'espoir d‘être bientôt remis en liberté, de sorte qu’il pourra visiter sans délai ceux auxquels il écrit (cf. Philippiens 1, 26 et 2, 24 ; Philémon 22 ). Or, il ne saurait être question, dans ces passages, ni de la captivité de saint Paul à Césarée, antérieurement à son départ pour Rome (Actes des Apôtres 23, 23 et ss.), ni de son second emprisonnement dans la capitale de l’empire, immédiatement avant sa mort. En effet, à Césarée, il ne pouvait pas espérer une prompte délivrance, puisqu’il était nécessaire qu’il allât comparaître au tribunal de l’empereur. Pour le même motif, il n’avait pas à redouter la mort lorsqu’il était enfermé dans le palais d’Hérode (Actes des Apôtres 23, 25) ; et pourtant, dans la lettre aux Philippiens, 1, 27 et 2, 17, il envisage sa condamnation au moins comme possible. De plus, lorsque l'auteur de cette lettre parle du prétoire dans lequel ses chaînes ont fait du bien (Philippiens 1, 12-13), et des gens de la maison de César qui saluent les Philippiens (Philippiens 4, 22), il montre clairement qu’il est à Rome. La tradition fixe d’ailleurs nettement la composition de nos quatre lettres dans cette ville. Les Pères et les inscriptions des manuscrits sont d'accord sur ce point.

Durant sa seconde captivité romaine, Paul n’avait pas lieu d’espérer et n'espérait pas sa délivrance; tout au contraire, comme on le voit par 2 Timothée 4, 6. Ce n'est donc pas de cette époque tardive que datent ces quatre lettres, mais de la période indiquée ci-dessus, c'est-à-dire des années 62-63, plus probablement de l’an 63, puisque la fin de la captivité approchait.

Il existe un lien tout spécial entre les lettres aux Éphésiens, aux Colossiens et à Philémon, car les deux premières furent portées simultanément par le même disciple, Tychique, et celui-ci, accompagné d'Onésime, remit aussi à Philémon celle qui lui était destinée. La lettre aux Philippiens fut écrite un peu plus tôt suivant les uns, un peu plus tard suivant les autres ; il n'est pas possible de trancher le fait d’une manière certaine.

3° Il existe quelques difficultés au sujet des destinataires de la lettre aux Éphésiens, qui auraient été, d’après un assez grand nombre d’exégètes (dont des catholiques), non pas les seuls chrétiens d’Éphèse, mais aussi les membres de plusieurs autres Églises d’Asie. Voici les raisons sur lesquelles s'appuient ces savants, pour faire de notre lettre une sorte de circulaire destinée à diverses chrétientés asiatiques. 1° Dans l’adresse même de la lettre, 1, 1, les mots ἐν Έφέσῳ sont omis par quelques manuscrits très anciens, et saint Basile nous apprend (C. Eunom., 11,19 ) que tel était déjà le cas de son temps. 2° Marcion, ainsi que nous le savons par Tertullien (Adv. Marc. 5, 11, 17), regardait cette lettre comme adressée aux Laodiciens ; d'où il ressort qu’il n’avait pas lu les mots ἐν Έφέσῳ.

3° On ne trouve dans le corps de la lettre aucune allusion aux relations intimes qui existaient entre saint Paul et les Éphésiens, et pas une seule salutation particulière (voyez 6, 23) ; le sujet choisi par l’auteur est traité d’une manière toute générale. L’apôtre semble lui-même supposer, dit-on, que ceux auxquels il écrit n’étaient pas connus de lui personnellement, et qu’ils ne le connaissaient aussi que par ouï-dire (cf. 1, 15 et 3, 2 ).

Ces raisons ne sont pas absolument sans valeur. Néanmoins, leur force n’est pas telle, qu’elle puisse nous décider à adopter ce sentiment, car la tradition a toujours cru que notre lettre était destinée aux seuls Éphésiens. Les témoignages sont aussi nets que multiples. Voyez le canon de Muratori, saint Irénée, Contre les Hérésies, 1, 3, 1 et 5, 2, 36 ; Tertullien, adv. Marc., 5, 17; Clément d’Alex., Stromates, 4, 65; Origène, Contre Celse, 3. 20, etc. Cette preuve de tradition est extrêmement forte ; comment n'aurait-on pas su dès les temps anciens que la lettre aux Éphésiens était une lettre encyclique ?

D’ailleurs, tous les manuscrits grecs, à part trois, et toutes les versions ont les mots ἐν Έφέσῳ, dont l'authenticité ne saurait être douteuse. Assurément, le fait signalé en troisième lieu, c’est-à-dire, le manque d’allusions et de salutations personnelles, a quelque chose de surprenant ; mais les données historiques nous font défaut pour l’expliquer d’une manière entièrement satisfaisante. Au reste, l’auteur dit expressément que Tychique, chargé de porter la lettre à sa destination (cf. 6, 21-22. Pour les passages 1, 15 et 3, 2, voyez les notes), devait suppléer à ce qu’il ne faisait pas lui-même sous ce rapport.

En ce qui concerne l'authenticité, voyez l'Introd. gén.. Elle a été attaquée assez violemment au XIXème siècle par les rationalisme. En réalité, la lettre aux Éphésiens est « celle qui possède le plus de garanties dans la tradition ecclésiastique » comme le reconnaissent de nombreux critiques. Nous reviendrons plus loin sur la ressemblance frappante qui existe entre notre lettre et celle aux Colossiens, sous le rapport du sujet traité de part et d’autre. Les particularités du style s'expliquent par celles des circonstances. Il n’y a pas une seule lettre de saint Paul qui n'emploie des expressions qu'on ne retrouve pas dans les autres, car l'apôtre avait un génie assez souple pour adapter sa manière d'écrire à des genres de composition fort différents.

L'occasion et le but de la lettre. — L’absence d’allusions personnelles qui a été signalée plus haut est cause qu’on ne peut rien dire de bien certain sur ces deux points. Voici du moins des hypothèses très plausibles.

Il résulte du passage 1, 15 et ss. que l'apôtre avait reçu naguère, peut-être par Épaphras (cf. Colossiens 4, 12), des nouvelles de sa chère chrétienté d’Éphèse. Quoique bonnes en général, elles suscitèrent cependant de l'anxiété dans l’âme de saint Paul, à plusieurs points de vue. Quelques années plus tôt, en faisant ses adieux au clergé d’Éphèse réuni à Milet, il avait prédit que le christianisme serait exposé, dans l’Asie proconsulaire, à un danger plus terrible que la persécution extérieure, au danger qui provient des fausses doctrines (cf. Actes des Apôtres 20, 29-30 ). Ce péril avait réellement éclaté depuis son départ. Pour l'Église d’Éphèse comme pour les chrétientés voisines, les erreurs en question pouvaient surgir de deux côtés distincts : du côté des judaïsants, qui profitaient de toutes les occasions pour maintenir l’autorité de la loi mosaïque (Actes des Apôtres 15, 1 et ss.), et du côté des théosophes grecs et orientaux, précurseurs des gnostiques, dont les spéculations subtiles trouvaient aisément des admirateurs. Ces divers systèmes ne pouvaient pas manquer d’exercer une influence pernicieuse sur les mœurs. C’est pour prévenir ces dangers de différente nature que l'apôtre, profitant du départ de Tychique, dut écrire sa lettre aux Éphésiens. Il n’y attaque pas directement les erreurs, parce qu’elles n’avaient pas encore fait de victimes ; mais il les écarte pour ainsi dire d’avance, en montrant à ses lecteurs l’immense avantage qu’ils avaient, d’une part, à être devenus membres de l’Église du Christ, de l’autre, à posséder la morale chrétienne, dont il expose la nature idéale. Par cette lettre, il se proposait donc tout ensemble d’augmenter leurs connaissances dogmatiques et leurs vertus pratiques.

Elle semble avoir été composée très rapidement, car le style est encore moins soigné qu’ailleurs. Les constructions brisées, les longues phrases compliquées et embarrassées, y sont fréquentes, surtout dans la première partie. Déjà les anciens commentateurs signalaient la difficulté spéciale que présente son interprétation (voyez saint Jean Chrysostome, in Eph., Argum.; saint Jérôme, in Eph. Prol., etc.). Partout le ton demeure calme ; il n’y a de polémique nulle part, mais une simple exposition pleine de solennité et d’autorité.

Le sujet et le plan de la lettre. — Le sujet peut se résumer dans ces quelques mots : « L’apôtre est préoccupé de deux pensées, qu'il désire faire pénétrer dans l'âme de ses lecteurs : la grandeur de la grâce dont ils ont été l'objet, et la hauteur de sainteté à laquelle ils doivent s’élever pour répondre dignement à la vocation divine. » De là, outre un préambule fort court (1, 1-2) et une conclusion presque aussi brève (2, 21-24), deux parties à peu près égales, séparées par une doxologie (3, 20-21).

La première partie est doctrinale ; la seconde, morale et pratique. Celle-là, 1, 3-3, 21, contient une courte exposition des principales vérités du christianisme et du grand bienfait de notre rédemption par Notre-Seigneur Jésus-Christ ; mais ce qu’elle développe principalement, c’est l'idée de l'Église chrétienne, considérée dans son origine, dans sa diffusion, dans son union avec son divin Chef. Cette sainte institution, telle que Paul la décrit en un magnifique langage, a sa racine au sein même de l’éternité, dans le cœur de Dieu, qui voulait sauver le monde ; elle a aussi son sommet dans l'éternité, près du trône divin ; sur la terre, elle étend ses branches dans toutes les directions : tout cela en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Trois subdivisions dans cette première partie : 1° Une action de grâces et une prière pour la chrétienté d’Éphèse, 1, 3-23 ; 2° Manière dont Dieu a formé l’Église, 2, 1-22 ; 3° Rôle personnel de saint Paul par rapport à l’Église, 3, 1-21.

La deuxième partie, 4, 1-6, 20, exhorte les chrétiens d’Éphèse à mener une vie digne de leur vocation à la foi, et digne de l’Église dont ils ont l’honneur de faire partie. Quatre subdivisions : 1° Nécessité de l'union parfaite entre ceux qui appartiennent à l’Église du Christ, 4, 1-16 ; 2° La sainteté chrétienne, opposée aux vices des païens , 4, 17-5, 21 ; 3° Devoirs qui incombent aux chrétiens dans le cercle de la famille, 5, 22-6, 9 ; 4° Comment un chrétien doit combattre pour sa foi, 6, 10-20.

En tout cela, on le voit, règne une parfaite unité.

































































Lettre aux Éphésiens



Éphésiens 1. 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux saints qui sont à Éphèse et aux fidèles en Jésus-Christ : 2 grâce et paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux. 4 C'est en lui qu'il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, 5 nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ, selon sa libre volonté, 6 en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables à ses yeux dans le Bien-Aimé. 7 C'est en lui que nous avons la rédemption acquise par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, 8 que Dieu a répandue abondamment sur nous en toute sagesse et intelligence, 9 en nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le libre dessein que s'était proposé sa bonté, 10 pour le réaliser lorsque la plénitude des temps serait accomplie, à savoir, de réunir toutes choses en Jésus-Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. 11 C'est aussi en lui que nous avons été élus, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté, 12 pour que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d'avance avons espéré dans le Christ. 13 C'est en lui que vous-mêmes, après avoir entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut, c'est en lui, que vous avez cru et que vous avez été marqués du sceau du Saint-Esprit, qui avait été promis, 14 et qui est un premier acompte sur notre héritage, en attendant la pleine rédemption de ceux que Dieu s'est acquis, à la louange de sa gloire. 15 C'est pourquoi, ayant entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus et de votre charité pour tous les saints, 16 je ne cesse, moi aussi, de rendre grâces pour vous et de faire mémoire de vous dans mes prières, 17 afin que le Dieu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Père de la gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous révèle sa connaissance, 18 et qu'il éclaire les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle est l'espérance à laquelle il vous a appelés, quelles sont les richesses de la gloire de son héritage réservé aux saints, 19 et quelle est, envers nous qui croyons, la suréminente grandeur de sa puissance, attestée par l'efficacité de sa force victorieuse. 20 Cette force, il l'a déployée dans le Christ, lorsqu'il l'a ressuscité des morts et l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux, 21 au-dessus de toute principauté, de toute autorité, de toute puissance, de toute domination et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir. 22 Il a tout mis sous ses pieds et il l'a donné pour chef suprême à l’église, 23 qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.



Éphésiens 2. 1 Et vous, vous étiez morts par vos offenses et vos péchés, 2 dans lesquels vous marchiez autrefois selon les forces mauvaises de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la désobéissance. 3 Nous tous aussi, nous vivions autrefois comme eux selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées et nous étions par nature enfants de colère, comme les autres. 4 Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, 5 et alors que nous étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec le Christ, c'est par grâce que vous êtes sauvés, 6 il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les cieux en Jésus-Christ, 7 afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. 8 Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu, 9 ce n'est pas par les œuvres, afin que nul ne se glorifie. 10 Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour faire de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions. 11 C'est pourquoi souvenez-vous qu'autrefois, vous païens dans la chair, traités d'incirconcis par ceux qu'on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l'homme, 12 souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, en dehors de la société d'Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. 13 Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous êtes rapprochés par le sang du Christ. 14 Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un : il a renversé le mur de séparation, l'inimitié, 15 ayant abrogé par l'immolation de sa chair la loi des ordonnances avec ses rigoureuses prescriptions, afin de fondre en lui-même les deux dans un seul homme nouveau, en faisant la paix, 16 et de les réconcilier, l'un et l'autre unis en un seul corps avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l'inimitié. 17 Et il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches 18 car par lui nous avons accès les uns et les autres auprès du Père, dans un seul et même Esprit. 19 Ainsi donc vous n'êtes plus des étrangers, ni des hôtes de passage, mais vous êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu, 20 édifiés que vous êtes sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus-Christ lui-même est la pierre angulaire. 21 C'est en lui que tout l'édifice bien ordonné s'élève, pour former un temple saint dans le Seigneur, 22 c'est en lui que, vous aussi, vous êtes édifiés, pour être par l'Esprit-Saint, une demeure où Dieu habite.



Éphésiens 3. 1 A cause de cela, moi Paul, le prisonnier du Christ pour vous, païens 2 puisque vous avez appris la dispensation de la grâce de Dieu qui m'a été donnée pour vous, 3 comment c'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère que je viens d'exposer en peu de mots. 4 Vous pouvez, en les lisant, reconnaître l'intelligence que j'ai du mystère du Christ. 5 Il n'a pas été manifesté aux hommes dans les âges antérieurs, comme il a été révélé de nos jours par l'Esprit aux saints apôtres et prophètes de Jésus-Christ. 6 Ce mystère, c'est que les païens sont héritiers avec les Juifs et membres du même corps et qu'ils participent à la promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’évangile, 7 dont je suis devenu ministre selon le don de la grâce de Dieu qui m'a été accordée par son opération toute-puissante. 8 C'est à moi, le moindre de tous les saints, qu'a été accordée cette grâce d'annoncer parmi les païens la richesse incompréhensible du Christ, 9 et de mettre en lumière, aux yeux de tous, l'économie du mystère qui avait été caché depuis le commencement en Dieu, le Créateur de toutes choses, 10 afin que les principautés et les puissances dans les cieux connaissent aujourd'hui, à la vue de L’église, la sagesse infiniment variée de Dieu, 11 selon le dessein éternel qu'il a réalisé par Jésus-Christ Notre-Seigneur, 12 en qui nous avons, par la foi en lui, la hardiesse de nous approcher de Dieu avec confiance. 13 C'est pourquoi je vous prie de ne pas vous laisser décourager à cause des afflictions que j'endure pour vous : elles sont votre gloire. 14 A cause de cela, je fléchis le genou devant le Père, 15 de qui tire son nom toute famille dans les cieux et sur le terre, 16 afin qu'il vous donne, selon les trésors de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit en vue de l'homme intérieur, 17 et que le Christ habite dans vos cœurs par la foi, de sorte que, étant enracinés et fondés dans la charité, 18 vous deveniez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur, 19 même de connaître l'amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. 20 A celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de ce que nous demandons et concevons, 21 à Lui soit la gloire dans L’Église et en Jésus-Christ, dans tous les âges, aux siècles des siècles.    Amen.



Éphésiens 4. 1 Je vous prie donc instamment, moi qui suis prisonnier dans le Seigneur, d'avoir une conduite digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés, 2 en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant mutuellement avec charité, 3 vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix. 4 Il n'y a qu'un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés par votre vocation à une même espérance. 5 Il n'y a qu'un Seigneur, une foi, un baptême, 6 un Dieu, Père de tous, qui est au-dessus de tous, qui agit par tous, qui est en tous. 7 Mais à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ. 8 C'est pourquoi il est dit : "Il est monté dans les hauteurs, il a emmené des captifs et il a fait des dons aux hommes." 9 Or que signifie : "Il est monté," sinon qu'il était descendu d'abord dans les régions inférieures de la terre ? 10 Celui qui est descendu est celui-là même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de tout remplir. 11 C'est lui aussi qui a fait les uns apôtres, d'autres prophètes, d'autres évangélistes, d'autres pasteurs et docteurs, 12 en vue du perfectionnement des saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édification du corps du Christ, 13 jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme accompli, à la mesure de la stature parfaite du Christ, 14 afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce pour induire en erreur, 15 mais que, confessant la vérité, nous continuions à croître à tous égards dans la charité en union avec celui qui est le chef, le Christ. 16 C'est de lui que tout le corps, coordonné et uni par les liens des membres qui se prêtent un mutuel secours et dont chacun opère selon sa mesure d'activité, grandit et se perfectionne dans la charité. 17 Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur, c'est que vous ne vous conduisiez plus comme les païens, qui suivent la vanité de leurs pensées. 18 Ils ont l'intelligence obscurcie et sont éloignés de la vie de Dieu, par l'ignorance et l'aveuglement de leur cœur. 19 Ayant perdu tout sens, ils se sont livrés aux désordres, à toute espèce d'impureté, avec une ardeur insatiable. 20 Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris à connaître le Christ, 21 si cependant vous l'avez bien compris et que vous ayez été instruits, suivant la vérité qui est en Jésus, 22 à vous dépouiller, en ce qui concerne votre vie passée, du vieil homme corrompu par les convoitises trompeuses, 23 à vous renouveler dans votre esprit et dans vos pensées, 24 et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables. 25 C'est pourquoi, renonçant au mensonge, parlez selon la vérité, chacun dans ses rapports avec son prochain, car nous sommes membres les uns des autres. 26 "Êtes-vous en colère, ne péchez pas, "que le soleil ne se couche pas sur votre irritation. 27 Ne donnez pas non plus accès au diable. 28 Que celui qui volait ne vole plus, mais plutôt qu'il s'occupe en travaillant de ses mains à quelque chose d’honnête, afin d'avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. 29 Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais quelque bon discours propre à édifier, selon le besoin, afin qu'il fasse du bien à ceux qui l'entendent. 30 N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été marqués d'un sceau pour le jour de la rédemption. 31 Que toute aigreur, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute médisance soient bannies du milieu de vous, ainsi que toute méchanceté. 32 Soyez bons les uns envers les autres, miséricordieux, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.



Éphésiens 5. 1 Soyez donc des imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés, 2 et marchez dans la charité, à l'exemple du Christ, qui nous aimés et s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et un sacrifice d'agréable odeur. 3 Qu'on n'entende même pas dire qu'il y ait parmi vous de fornication, d'impureté de quelque sorte, de convoitise, ainsi qu'il convient à des saints. 4 Pas de paroles déshonnêtes, ni de bouffonneries, ni de plaisanteries grossières, toutes choses qui sont malséantes, mais plutôt des actions de grâces 5 Car, sachez-le bien, aucun impudique, aucun impur, aucun homme cupide, lequel est un idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. 6 Que personne ne vous abuse par de vains discours, car c'est à cause de ces vices que la colère de Dieu vient sur les fils de l'incrédulité. 7 N'ayez donc aucune part avec eux. 8 Autrefois vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur, marchez comme des enfants de lumière. 9 Car le fruit de la lumière consiste en tout ce qui est bon, juste et vrai. 10 Examinez ce qui est agréable au Seigneur, 11 et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. 12 Car, ce qu'ils font en secret, on a honte même de le dire, 13 mais toutes ces abominations, une fois condamnées, sont rendues manifestes par la lumière, car tout ce qui est mis au jour, est lumière. 14 C'est pourquoi il est dit : "Éveille-toi, toi qui dors, lève-toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera." 15 Ayez donc soin, de vous conduire avec prudence, non en insensés, 16 mais comme des hommes sages, rachetez le temps, car les jours sont mauvais. 17 C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. 18 Ne vous enivrez pas de vin : c'est la source de la débauche, mais remplissez-vous de l'Esprit-Saint. 19 Entretenez-vous les uns les autres de psaumes, d'hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond du cœur en l'honneur du Seigneur. 20 Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 21 Soyez soumis les uns aux autres dans le crainte du Christ. 22 Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur, 23 car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’église, son corps, dont il est le Sauveur. 24 Or, de même que l’église est soumise au Christ, les femmes doivent être soumises à leurs maris en toutes choses. 25 Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’église et s'est livré lui-même pour elle, 26 afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée dans l'eau baptismale, avec la parole, 27 pour la faire paraître, devant lui, cette Église, glorieuse, sans tache, sans ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée. 28 C'est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. 29 Car jamais personne n'a haï sa propre chair, mais il la nourrit et l'entoure de soins, comme fait le Christ pour l’Église, 30 parce que nous sommes membres de son corps. 31 "C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme et de deux ils deviendront une seule chair." 32 Ce mystère est grand, je veux dire, par rapport au Christ et à l’Église. 33 Au reste, que chacun de vous, de la même manière, aime sa femme comme soi-même et que la femme respecte son mari.



Éphésiens 6. 1 Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur car cela est juste. 2 "Honore ton père et ta mère c'est le premier commandement, accompagné d'une promesse. 3 afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre." 4 Et vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur. 5 Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair avec respect et crainte et dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ, 6 ne faisant pas seulement le service sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais en serviteurs du Christ, qui font de bon cœur la volonté de Dieu. 7 Servez-les avec affection, comme servant le Seigneur et non des hommes, 8 assurés que chacun, soit esclave, soit libre, sera récompensé par le Seigneur de ce qu'il aura fait de bien. 9 Et vous, maîtres, agissez de même à leur égard et laissez là les menaces, sachant que leur Seigneur et le vôtre est dans les cieux et qu'il est impartial entre les personnes. 10 Au reste, frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa vertu toute-puissante. 11 Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. 12 Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l'air. 13 C'est pourquoi prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais et après avoir tout surmonté, rester debout. 14 Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de justice 15 et les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’évangile de paix. 16 Et surtout, prenez le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Malin. 17 Prenez aussi le casque du salut et le glaive de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. 18 Faites en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications et pour cela, veillez avec une persévérance continuelle et priez pour tous les saints, 19 et pour moi, afin qu'il me soit donné d'ouvrir les lèvres et de prêcher avec liberté le mystère de l’évangile, 20 à l'égard duquel je fais fonction d'ambassadeur dans les chaînes et afin que j'en parle avec assurance comme il convient. 21 Quant à savoir ce qui me concerne et ce que je fais, Tychique, le bien-aimé frère et fidèle ministre dans le Seigneur, vous fera tout connaître. 22 Je vous l'envoie tout exprès, pour que vous connaissiez notre situation et pour qu'il console vos cœurs. 23 Paix aux frères, charité et foi, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ. 24 Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment Notre-Seigneur Jésus-Christ d'un amour incorruptible.


Notes sur la Lettre aux Éphésiens


1.1 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.3 Voir 2 Corinthiens, 1, 3 ; 1 Pierre, 1, 3.

1.8 En toute sagesse, etc. ; c’est-à-dire en nous remplissant de toute sagesse, etc.

1.10 La plénitude, etc. : lorsque l’humanité aurait vécu l’espace de temps que Dieu avait marqué d’avance comme période préparatoire à la venue du Messie.

1.14 La pleine rédemption de ceux que Dieu s'est acquis, veut dire la délivrance parfaite du peuple que Jésus-Christ s’est acquis. à la louange de sa gloire. Comparer aux versets 6 et 12.

1.15 Pour tous les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.16 de faire mémoire de vous. Voir, sur cette locution, Romains, 1, 9.

1.18 Les yeux de votre cœur : la connaissance n’est parfaite, vivante en nous, que lorsque, de l’intelligence, elle a pénétré dans le cœur, au plus intime de l’âme. ― L’espérance, les biens que la vocation au christianisme donne droit d’espérer.

1.19 Voir Éphésiens, 3, 7. ― Verset qui exprime le degré suprême de la puissance divine.

1.22 Voir Psaume, 8, 8.

2.1 Voir Colossiens, 2, 13. ― Il vous a vivifiés. Ces mots, exprimés au verset 5, sont évidemment sous-entendus dans celui-ci.

2.2 Vous marchiez autrefois. Comme nous l’avons déjà remarqué, les Hébreux se servaient du verbe aller, marcher, pour exprimer l’idée de vivre, se conduire.Fils de la désobéissance ; c’est-à-dire de l’incrédulité ; hébraïsme, pour défiants, incrédules. Cf. Colossiens, 3, 6.

2.12 Sans Christ ; puisque les idoles que vous adoriez n’étaient réellement pas Dieu.

2.14 Des deux peuples, juif et Païen.

2.18 Voir Romains, 5, 2.

2.22 Par l’Esprit ; c’est-à-dire par l’Esprit-Saint qui vous a été donné pour vous rendre dignes de cet honneur.

3.1Prisonnier. Saint Paul écrit cette lettre de Rome, où il est prisonnier pour la cause de Jésus-Christ.

3.6 à la promesse ; c’est-à-dire de la promesse de Dieu nommé au verset 2. On peut remarquer d’ailleurs que tout ce qui est dit ici dépend du même verset 2, et explique la grâce divine dont il est question.

3.7 Voir Éphésiens, 1, 19.

3.8 Voir 1 Corinthiens, 15, 9.

3.14 A cause de cela. La longue parenthèse qui commence au verset 3 étant terminée avec le treizième, saint Paul reprend ici son discours.

3.15 Dieu est le principe et le chef de toute la grande famille qui est dans le ciel et sur la terre.

3.18 La largeur, etc. ; en un mot l’immensité du mystère de l’Incarnation.

4.1 Voir 1 Corinthiens, 7, 20.

4.3 Voir Philippiens, 1, 27.

4.6 Voir Malachie, 2, 10.

4.7 Voir Romains, 12, 3 ; 1 Corinthiens, 12, 11 ; 2 Corinthiens, 10, 13.

4.8 Voir Psaume, 67, 19.

4.11 Voir 1 Corinthiens, 12, 28.

4.13 A la mesure, etc. ; c’est-à-dire à l’âge viril du Christ. Jésus-Christ se forme en nous par degrés ; il est enfant, il est faible, il grandit, il devient parfait, à proportion du progrès que nous faisons dans la perfection.

4.17 Voir Romains, 1, 21.

4.22 Voir Colossiens, 3, 8.

4.23 Voir Romains, 6, 4.

4.24 Voir Colossiens, 3, 12. ― une justice et une sainteté véritables, cf. Éphésiens, 3, 12.

4.25 Voir 1 Pierre, 2, 1 ; Zacharie, 8, 16.

4.26 Si vous éprouvez un mouvement d’irritation mauvaise, ou même de juste indignation, réprimez ou réglez-le, pour ne pas pécher. Le texte hébreu de Psaumes, 4, 5, cité par l’Apôtre, signifie à la lettre : 5 Tremblez et ne péchez plus. Parlez-vous à vous-mêmes sur votre lit et cessez.

4.27 Voir Jacques, 4, 7.

4.30 N'attristez pas, etc. par de mauvaises paroles ou des actions coupables : expression anthropopathique [expression où l’on prête à Dieu des comportements que seuls l’homme éprouve], qui insinue en même temps l’amour de Dieu pour les hommes. ― marqués d'un sceau : Voir Éphésiens, 1, 13-14. ― pour le jour de la rédemption, le jour de la Parousie.

4.32 Voir Colossiens, 3, 13.

5.2 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12 ; 1 Jean, 4, 21.

5.3 Voir Colossiens, 3, 5.

5.6 Voir Matthieu 24, 4 ; Marc, 13, 5 ; Luc, 21, 8 ; 2 Thessaloniciens, 2, 3. ― Les fils de l’incrédulité. Voir sur cet hébraïsme, Éphésiens, 2, 2.

5.14 L’Écriture dit. Trois passages différents d’Isaïe ont beaucoup de rapport avec la citation que fait ici l’Apôtre ; ce sont Isaïe, 9, 2 ; 26, 19 ; 60, 1-2. Mais il faut se rappeler que saint Paul cite rarement les textes de l’Écriture dans leurs propres termes.

5.15 Voir Colossiens, 4, 5.

5.16 Rachetez le temps ; c’est-à-dire le faisant tourner à notre profit ; métaphore tirée de ce qui se pratique dans le commerce. On est attentif à toutes les occasions qui se présentent de faire une bonne affaire, et d’acheter quelque chose qui vaille la peine. On ne néglige rien pour acheter ou vendre à profit. ― Les jours sont mauvais ; c’est-à-dire pleins de tentations et de périls, qui nous exposent à toute heure au danger de nous perdre.

5.17 Voir Romains, 12, 2 ; 1 Thessaloniciens, 4, 3.

5.20 Pour toutes choses, joies et peines. ― Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, puisque c’est en vue de ses mérites que Dieu nous accorde ses grâces.

5.22 Voir Genèse, 3, 16 ; Colossiens, 3, 18 ; 1 Pierre, 3, 1.

5.23 Voir 1 Corinthiens, 11, 3.

5.24 L’Église, selon saint Paul, obéit toujours à Jésus-Christ ; par conséquent elle ne se séparera jamais de lui, et ne deviendra jamais adultère.

5.25 Voir Colossiens, 3, 19.

5.26 purifiée dans l'eau baptismale, avec la parole, les paroles que l’on prononce en baptisant, et qui constituent la forme du baptême.

5.27 Non seulement l’Église triomphante, mais l’Église militante elle-même réunit les qualités décrites ici par l’Apôtre, si on la considère par rapport à son chef, Jésus-Christ, à sa doctrine, à ses sacrements, à ses lois, à ses membres même, tels que les âmes justes et fidèles qui, malgré quelques imperfections légères, sont cependant ornées de la grâce sanctifiante.

5.28 C'est ainsi : l’amour des époux a pour but final leur sanctification mutuelle.

5.31 Voir Genèse, 2, 24 ; Matthieu 19, 5 ; Marc, 10, 7 ; 1 Corinthiens, 6, 16.

5.32 Ce sacrement est grand. Dans les paroles d’Adam (voir verset 31), outre le sens littéral, Paul découvre une signification plus profonde, mystérieuse, dans son application aux rapports du Christ et de son Église : le Christ, l’homme par excellence a, dans son Incarnation, quitté son Père céleste et sa mère la synagogue, pour s’unir à l’humanité rachetée, l’Église sortie de son côté, c’est-à-dire de sa nature humaine glorifiée, et tous deux ne forment plus qu’un seul corps. Ce sens, Paul se contente de l’affirmer, et, sans plus de développement, il résume dans le verset suivant les devoirs de l’homme et de la femme. Ce verset dit, le Concile de Trente, insinue le caractère sacramentel du mariage chrétien.

6.2 Voir Exode, 20, 12 ; Deutéronome, 5, 16 ; Ecclésiastique, 3, 9 ; Matthieu 15, 4 ; Marc, 7, 10 ; Colossiens, 3, 20.

6.4 c’est-à-dire en les instruisant et en les corrigeant selon les règles que le Seigneur prescrit dans l’Évangile.

6.5 Voir Colossiens, 3, 22 ; Tite, 2, 9 ; 1 Pierre, 2, 18.

6.9 Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Chroniques, 19, 7 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains, 2, 11 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17.

6.12 Contre les esprits, etc. Cf. Éphésiens, 2, 2.

6.13 Au jour mauvais ; au jour de la tentation et du péril. Cf. Éphésiens, 5, 16. ― rester debout, c’est-à-dire complètement vainqueurs, sans avoir rien perdu dans le combat.

6.16 Du malin esprit, du démon.

6.17 Voir Isaïe, 59, 17 ; 1 Thessaloniciens, 5, 8.

6.18 Voir Colossiens, 4, 2.

6.19 Voir Colossiens, 4, 3 ; 2 Thessaloniciens, 3, 1.

6.21 Tychique. Voir Actes des Apôtres, 20, 4.

6.24 D’un amour incorruptible cf. Jacques, 4, 4.



















































































































Lettre aux Philippiens



Introduction


La ville et l'Église de Philippes. — L’une et l’autre nous ont été déjà présentées dans le livre des Actes, 16, 12 et ss. Rien de plus touchant que la fondation de la communauté chrétienne de Philippes, dont l'origine remonte directement à saint Paul. Elle eut lieu vers l’an 52, pendant son second voyage apostolique. Ce fut le premier acte de son ministère sur le territoire européen, acte d'autant plus béni de Dieu, qu’il fut accompagné de rudes épreuves (cf. Actes des Apôtres 16, 19 et ss.; Philippiens 1, 30 ; 1 Thessaloniciens 2, 2). Saint Luc, qu’il laissa à Philippes lorsqu’il fut obligé lui-même d’en partir après un séjour de courte durée (voyez Actes des Apôtres 16, 17 et le commentaire), continua avec zèle l’œuvre commencée, de sorte qu’il y eut bientôt dans la ville et aux alentours une chrétienté florissante, composée en grande partie de païens convertis.

Dans son troisième voyage de missions, vers l’an 58, l’apôtre revint en Macédoine, après l'émeute qui le chassa d’Éphèse (cf. Actes des Apôtres 20, 1 ; 2 Corinthiens 2, 12-13), pour quêter en faveur des chrétiens pauvres de Jérusalem, et nous savons par 2 Corinthiens 8, 1-5, que les Églises de cette province, et sans doute celle de Philippes à leur tête, firent preuve d’une admirable générosité. Au printemps de l'année suivante, en allant à Jérusalem, Paul passa la semaine de Pâque auprès de ses chers Philippiens (Actes des Apôtres 20, 5-6), et on voit par le langage dont se sert l’auteur du livre des Actes que la séparation n’eut pas lieu sans souffrances. C’est que saint Paul aimait singulièrement les chrétiens de Philippes, et qu’il en était très aimé en retour. « Ils avaient à cœur de le soulager dans sa vie laborieuse ; ils le soutenaient de temps en temps par des envois d’argent, et Paul, qui connaissait leurs sentiments élevés, ne craignait pas d’accepter d’eux un service qu’il aurait refusé de la part d’autres Églises (cf. Philippiens 4, 15-16 ; voyez aussi 2 Corinthiens 11, 9).

L'occasion et le but de la lettre aux Philippiens. —Tout récemment (Philippiens 4, 18) les Philippiens avaient délégué auprès de leur père bien-aimé, qu’ils savaient prisonnier à Rome, un de leurs pasteurs les plus zélés, Épaphrodite, avec un nouveau secours pécuniaire, gage de leur filial dévouement. Leur messager avait donné à Paul des nouvelles de leur état spirituel. Cet état était en général excellent, car, ainsi que le faisait déjà remarquer saint Jean Chrysostome (In Philipp., Præf.), il n’y a pas l’ombre d’un reproche dans la lettre que l’apôtre leur adressa pour les remercier de leur souvenir affectueux et délicat. Néanmoins, comme on l’a dit fort justement, « la communauté chrétienne qui marche le mieux a toujours besoin de trois avertissements : Jouissez avec reconnaissance de l’amour divin dont vous êtes l'objet ; Restez unis, en ne permettant pas à des questions d’amour-propre et d’intérêt de semer la division entre vos cœurs ; Ne vous arrêtez pas sur le chemin de la sanctification, mais aspirez constamment à une plus haute spiritualité. » Toujours et partout apôtre, saint Paul voulut donc associer ces exhortations diverses à ses sentiments de gratitude personnelle, et aux quelques nouvelles qu’il tenait à communiquer lui-même aux Philippiens. Quelques auteurs pensent que saint Paul aurait adressé à l'Église de Philippes, antérieurement à cette lettre, une première lettre qui se serait perdue. Ils le concluent de Philippiens 3, 1 (voyez les notes), et aussi d'un mot de saint Polycarpe, ad Philipp., 3 : Paul vous a écrit des lettres (ἐπιστολάς). Mais le fait en question est loin d'être démontré par ce second texte, car les Grecs employaient parfois le substantif ἐπιστολή, au pluriel, dans le sens du singulier. On croit assez généralement qu’Épaphrodite fut chargé de porter cette lettre, lorsqu’il repartit pour Philippes.

Le contenu et la division de la lettre. — On chercherait en vain dans cette lettre un sujet bien déterminé, surtout un sujet dogmatique suivi de développements moraux, comme dans les lettres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, aux Colossiens et aux Hébreux. Son objet proprement dit est un remerciement, auquel l’apôtre joint, comme le ferait un père qui écrirait à sa famille pour la remercier d’une marque d’affection, des nouvelles et des exhortations. Ces deux derniers éléments alternent dans le cours de la lettre ; le remerciement la termine. L’allure des pensées, comme celle du style, a donc quelque chose de libre, de familier, de paternel, plus encore que dans les lettres aux Thessaloniciens ; car notre lettre est par excellence une lettre du cœur, celle aussi, parmi les écrits de saint Paul, qui présente davantage le caractère épistolaire. Malgré la situation critique de l’auteur, tout respire une joie sainte et communicative. Le verbe χαίρω est souvent employé dans la lettre, soit pour décrire la joie de Paul, soit pour inviter les Philippiens à se réjouir eux-mêmes dans le Seigneur. (Cf. 1, 3, 18, 19 ; 2, 17, 18, 20 ; 3, 1 ; 4, 4, 10).

Par conséquent, pas d’ordre logique rigoureux dans l'exposition des principales idées, qui sont simplement rangées les unes à la suite des autres, saint Paul parlant tantôt de lui-même et de ses propres affaires, tantôt des Philippiens, tantôt de tels de ses collaborateurs qu’il leur recommande. On peut cependant adopter la division suivante. Après un prologue assez développé, 1, 1-11, nous avons le corps de la lettre, 1, 12-4, 9, qui se décompose ainsi : 1° Nouvelles qui concernent l’apôtre lui-même : sa captivité a servi au progrès de l’évangile (1, 12-26) ; 2° Exhortation à la persévérance, à l'union mutuelle, à l'humilité et au soin que chacun doit prendre de son salut (1, 27-2, 18) ; 3° Éloge de deux disciples que Paul se propose d’envoyer bientôt à Philippes (2, 19-30) ; 4° L’apôtre met les Philippiens en garde contre les séducteurs judaïsants et les presse de tendre à la perfection (3, 1-21) ; 5° Il leur adresse quelques recommandations particulières (4, 1-9). La conclusion, 4, 10-23, exprime des sentiments de vive reconnaissance et contient les salutations finales.

L'authenticité n’a été attaquée qu’au XIXème siècle, par l'école de Tubinguen, pour des raisons auxquelles d'autres critiques, également rationalistes, ont refusé toute force probante. — Sur le lieu et la date de la composition. On ne saurait dire d‘une manière certaine si la lettre aux Philippiens fut écrite avant les lettres aux Éphésiens, aux Colossiens et à Philémon, ou seulement après elles.


























Lettre aux Philippiens



Philippiens 1. 1 Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints à Philippes, aux évêques et aux diacres : 2 grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 3 Je rends grâces à mon Dieu toutes les fois que je me souviens de vous et dans toutes mes prières pour vous tous, 4 c'est avec joie que je lui adresse ma prière, 5 à cause de votre concours unanime pour le progrès de l'Évangile, depuis le premier jour jusqu'à présent, 6 et j'ai confiance que celui qui a commencé en vous une œuvre excellente, en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour du Christ. 7 C'est une justice que je vous dois, de penser ainsi de vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, vous tous qui, soit dans mes liens, soit dans la défense et l'affermissement de l'Évangile, avez part à la même grâce que moi. 8 Car Dieu m’est témoin avec quelle tendresse je vous aime tous dans les entrailles de Jésus-Christ. 9 Et ce que je lui demande, c'est que votre charité abonde de plus en plus en connaissance et en toute intelligence, 10 pour discerner ce qui vaut le mieux, afin que vous soyez purs et irréprochables jusqu'au jour du Christ, 11 remplis des fruits de justice, par Jésus-Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. 12 Frères, je désire que vous sachiez que ce qui m'est arrivé a plutôt tourné au progrès de l'Évangile. 13 En effet, pour ceux du prétoire et pour tous les autres, il est devenu notoire que c'est pour le Christ que je suis dans les chaînes 14 et la plupart des frères dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont redoublé de hardiesse pour annoncer sans crainte la parole de Dieu. 15 Quelques-uns, il est vrai, prêchent aussi Jésus-Christ par envie et par esprit d'opposition, mais d'autres le font avec des dispositions bienveillantes. 16 Ceux-ci agissent par charité, sachant que je suis établi pour la défense de l'Évangile, 17 tandis que les autres, animés d'un esprit de dispute, annoncent le Christ par des motifs qui ne sont pas purs, avec la pensée de me causer un surcroît d'affliction dans mes chaines. 18 Mais quoi ? De quelque manière qu'on le fasse, que ce soit avec des arrière-pensées ou sincèrement, le Christ est annoncé : je m'en réjouis et je m'en réjouirai encore. 19 Car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à vos prières et à l'assistance de l'Esprit de Jésus-Christ : 20 selon l'attente où je suis et l'espérance que j'ai que je n’aurai à rougir de rien mais que, maintenant comme toujours, avec la plus entière assurance, le Christ sera glorifié dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort, 21 car le Christ est ma vie et la mort m'est un gain. 22 Cependant si en vivant plus longtemps dans la chair je dois tirer du fruit, je ne sais que choisir. 23 Je suis pressé des deux côtés : j'ai le désir de partir et d'être avec le Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur 24 mais il est plus nécessaire que je demeure dans la chair à cause de vous. 25 Et je le sais, j'en ai l'assurance, je demeurerai et je resterai avec vous tous, pour l'avancement et pour la joie de votre foi, 26 afin que, par mon retour auprès de vous, vous ayez en moi un abondant sujet de vous glorifier en Jésus-Christ. 27 Seulement, conduisez-vous d'une manière digne de l'Évangile du Christ, afin que, soit que je vienne et que je vous voie, soit que je demeure absent, j'entende dire de vous que vous tenez ferme dans un seul et même esprit, combattant d'un même cœur pour la foi de l'Évangile, 28 sans vous laisser aucunement intimider par les adversaires : c'est là pour eux un signe de ruine, mais pour vous, de salut et par la volonté de Dieu, 29 car c'est une grâce qu'il vous a faite, à vous, à l'égard du Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui, 30 en soutenant le même combat que vous m'avez vu soutenir, et que, vous le savez, je soutiens encore aujourd'hui.



Philippiens 2. 1 Si donc il est quelque encouragement dans le Christ, s'il est quelque consolation de charité, s'il est quelque communauté d'esprit, s'il est quelque tendresse et quelque compassion, 2 rendez ma joie parfaite : ayez une même pensée, un même amour, une même âme, un même sentiment. 3 Ne faites rien par esprit de rivalité ou par vaine gloire mais que chacun, en toute humilité, regarde les autres comme au-dessus de soi. 4 Chacun ayant égard, non à ses propres intérêts, mais à ceux des autres. 5 Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus : 6 bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, 7 mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui, 8 il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. 9 C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 10 afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, 11 et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur. 12 Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours été obéissants, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, 13 car c'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. 14 Agissez en tout sans murmures ni hésitations, 15 afin que vous soyez sans reproche, simples, enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu de ce peuple pervers et corrompu, dans le sein duquel vous brillez comme des flambeaux dans le monde, 16 étant en possession de la parole de vie, et ainsi je pourrai me glorifier, au jour du Christ, de n'avoir pas couru en vain, ni travaillé en vain. 17 Et même, dût mon sang servir de libation dans le sacrifice et dans le service de votre foi, je m'en réjouis et vous en félicite. 18 Vous aussi réjouissez-vous-en et partagez ma joie. 19 J'espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin de me sentir moi-même plein de courage en apprenant de vos nouvelles, 20 car je n'ai personne qui me soit tant uni de sentiments, pour prendre sincèrement à cœur ce qui vous concerne. 21 Tous, en effet, ont en vue leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ. 22 Vous savez qu'il est d'une vertu éprouvée, qu'il s'est dévoué avec moi, comme un enfant avec son père, au service de l'Évangile. 23 J'espère donc vous l'envoyer dès que j'apercevrai l'issue de ma situation 24 et j'espère également du Seigneur que moi-même aussi je pourrai venir bientôt. 25 En attendant j'ai cru nécessaire de vous envoyer Épaphrodite mon frère, le compagnon de mes travaux et de mes combats, qui était venu de votre part pour subvenir à mes besoins 26 car il désirait vous revoir tous et il était fort en peine de ce que vous aviez appris sa maladie. 27 Il a été, en effet, malade à mourir, mais Dieu a eu pitié de lui et non pas seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n'eusse pas tristesse sur tristesse. 28 J'ai donc mis plus d'empressement à vous l'envoyer, afin que la joie vous revînt en le voyant et que moi-même je fusse moins triste. 29 Recevez-le donc dans le Seigneur, avec une joie entière et honorez de tels hommes 30 car c'est pour l'œuvre du Christ qu'il a été près de la mort, ayant mis sa vie en jeu, afin de vous suppléer dans le service que vous ne pouviez me rendre.



Philippiens 3. 1 Du reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur. Vous écrire les mêmes choses ne me coûte pas et à vous cela est salutaire. 2 Prenez garde à ces chiens, prenez garde à ces mauvais ouvriers, prenez garde à ces faux circoncis. 3 Car c'est nous qui sommes les vrais circoncis, nous qui par l'esprit de Dieu lui rendons un culte, qui mettons notre gloire dans le Christ Jésus et ne nous confions pas dans la chair. 4 Et pourtant quant à moi, j'aurais sujet de mettre aussi ma confiance dans la chair. Si quelqu'un d’autre croit pouvoir le faire, je le puis bien davantage, moi, 5 un circoncis du huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin ; Hébreu, fils d'Hébreux ; pharisien, pour ce qui est de la Loi ; 6 persécuteur de l'Église, pour ce qui est du zèle et quant à la justice de la Loi : irréprochable. 7 Mais ces titres qui étaient pour moi de précieux avantages, je les ai considérés comme une perte à cause du Christ. 8 Oui certes, et même je tiens encore tout cela comme une perte, eu égard au prix éminent de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. Pour son amour j'ai voulu tout perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner le Christ 9 et d'être trouvé en lui, non avec ma propre justice, c'est celle qui vient de la Loi, mais avec celle qui naît de la foi dans le Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, 10 afin de le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, d'être admis à la communion de ses souffrances, en lui devenant conforme dans sa mort, 11 pour parvenir, si je le puis, à la résurrection des morts. 12 Ce n'est pas que j'aie déjà saisi le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, puisque j'ai été saisi moi-même par le Christ. 13 Pour moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une chose : oubliant ce qui est derrière moi et me portant de tout moi-même vers ce qui est en avant, 14 je cours droit au but, pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ. 15 Que ce soient là nos sentiments, à nous tous qui sommes arrivés à l'âge d'homme et si, sur quelque point, vous avez des pensées différentes, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. 16 Seulement, du point où nous sommes arrivés, marchons comme nous l'avons déjà fait jusqu'ici. 17 Vous aussi, frères, soyez mes imitateurs et ayez les yeux sur ceux qui marchent suivant le modèle que vous avez en nous. 18 Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix du Christ. Je vous en ai souvent parlé et j'en parle maintenant encore avec larmes : 19 leur fin, c'est la perdition, eux qui font de leur ventre leur dieu et qui mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, n'ayant de goût que pour les choses de la terre. 20 Pour nous, notre cité est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, 21 qui transformera notre corps si misérable, en le rendant semblable à son corps glorieux, par sa vertu puissante qui lui assujettit toutes choses.



Philippiens 4. 1 C'est pourquoi, mes chers et bien-aimés frères, ma joie et ma couronne, tenez ainsi ferme dans le Seigneur, mes bien-aimés. 2 J'exhorte Évodie et j'invite Syntychè à être en bonne intelligence dans le Seigneur. 3 Et toi aussi, mon fidèle compagnon, je te prie de leur venir en aide, elles qui ont combattu pour l'Évangile avec moi, avec Clément, et mes autres collaborateurs dont les noms sont dans le livre de vie. 4 Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. 5 Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. 6 Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute circonstance faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. 7 Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. 8 Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui est de bonne renommée, s'il est quelque vertu et s'il est quelque louange, que ce soit là l'objet de vos pensées. 9 Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous m'avez entendu dire et vu faire à moi-même, pratiquez-le et le Dieu de paix sera avec vous. 10 Je me suis vivement réjoui dans le Seigneur, de ce que j'ai vu refleurir enfin vos sentiments d'autrefois à mon égard, vous les aviez bien, mais l'occasion vous avait manqué. 11 Ce n'est pas à cause de mes besoins que je parle ainsi, car j'ai appris à me suffire avec ce que j'ai. 12 Je sais vivre dans le dénuement et je sais vivre dans l'abondance. En tout et par tout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la détresse. 13 Je puis tout en celui qui me fortifie. 14 Cependant vous avez bien fait de prendre part à ma détresse. 15 Vous savez aussi, vous, Philippiens, que dans les débuts de ma prédication de l'Évangile, lorsque je quittai la Macédoine, aucune Église ne m'ouvrit un compte de salaire et de dépenses, excepté vous seuls. 16 Car vous m'avez envoyé à Thessalonique, une première fois, puis une seconde, de quoi subvenir à mes besoins. 17 Ce n'est pas que je recherche les dons, ce que je recherche c'est le fruit qui va s'augmentant à votre compte. 18 Maintenant j'ai abondamment de tout et je suis dans l'abondance, je suis comblé, ayant reçu d'Épaphrodite ce qui vient de vous, comme un parfum de bonne odeur, une hostie que Dieu accepte et qui lui est agréable. 19 Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins, selon sa richesse, avec gloire, dans le Christ Jésus. 20 A notre Dieu et Père, soit la gloire aux siècles des siècles, amen. 21 Saluez en Jésus-Christ tous les saints. Les frères qui sont avec moi vous saluent. 22 Tous les saints vous saluent et principalement ceux de la maison de César. 23 Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit.












Notes sur la Lettre aux Philippiens


1.1 A tous les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.6 une œuvre excellente , l’œuvre de votre conversion et de votre sanctification. ― en poursuivra l'achèvement : vous donnera par sa grâce d’y persévérer jusqu’à la fin de votre vie, ou jusqu’au retour glorieux du Christ, que l’on croyait plus ou moins prochain. 

1.13 Les Pères grecs et la plupart des commentateurs entendent ici par prétoire, le palais de l’empereur, qui était alors Néron. Il est certain qu’on donnait ce nom à l’hôtel des gouverneurs des provinces, où l’empereur lui-même logeait dans ses voyages. On a donc pu le donner aussi au palais où il demeurait étant à Rome.

1.22 L’Apôtre veut dire que bien que mourir pour Jésus-Christ soit un gain pour lui, en le mettant tout de suite en possession du ciel, il doute néanmoins de ce qu’il choisirait, parce qu’en demeurant plus longtemps dans la chair, c’est-à-dire dans son corps, il pourrait encore être utile au salut de ses frères.

1.27 Voir Éphésiens, 4, 1 ; Colossiens, 1, 10 ; 1 Thessaloniciens, 2, 12. ― Pour la foi de l’Évangile, pour qu’il se propage parmi ceux qui lui sont étrangers.

2.6 dans la condition de Dieu, l’être, la nature de Dieu.

2.8 Voir Hébreux, 2, 9.

2.10 Voir Isaïe, 45, 24 ; Romains, 14, 11.

2.12 travaillez à votre salut, etc. ; c’est-à-dire défiez-vous de vous-mêmes, et attendez tout secours du ciel, de la protection divine.

2.14 Voir 1 Pierre, 4, 9.

2.14-15 sans murmures ni hésitations contre Dieu, à cause de la sévérité de ses commandements, des épreuves auxquelles il laissait en butte les premiers chrétiens, etc.

2.19 Voir Actes des Apôtres, 16, 1.

2.21 Voir 1 Corinthiens, 13, 5.

2.25 Épaphrodite était un Philippien que ses compatriotes avaient envoyé à Rome pour y porter des aumônes à saint Paul prisonnier. Là il avait été très malade. Après sa guérison, il fut chargé par l’Apôtre de porter à Philippes la présente lettre.

3.2 Ces chiens. Jésus-Christ traitait les païens de chiens, à cause de la corruption de leurs mœurs (voir Matthieu 10, 26) ; saint Paul appelle ainsi les faux apôtres, soit à cause de l’impudence et de l’acharnement avec lequel ils déchiraient par leurs médisances les vrais apôtres de Jésus-Christ, soit parce qu’après avoir quitté le judaïsme pour devenir chrétiens, ils y revenaient, en quelque sorte, en voulant conserver la circoncision et les autres pratiques de la loi, imitant en cela les chiens, qui reviennent à ce qu’ils ont vomi, comme il est dit dans Proverbes, 26, 11.

3.5 Voir Actes des Apôtres, 23, 6. ― Hébreu, fils d'Hébreux ; c’est-à-dire de pères non hellénistes, ou qui ne s’étaient pas mêlés avec les Grecs, avaient conservé la langue même de leurs pères. Cf. Actes des Apôtres, 6, 1.

3.10 La vertu, la puissance de sa Résurrection par rapport aux fidèles : elle leur donne la certitude de leur réconciliation avec Dieu, et le gage de leur propre résurrection. ― La communion, etc. Souffrir pour Jésus-Christ, c’est boire à son calice, participer à ses souffrances, et mériter d’avoir part à sa résurrection glorieuse.

3.12 j'ai été saisi moi-même par le Christ. L’Apôtre fait allusion à ce qui lui est arrivé sur le chemin de Damas. Voir Actes des Apôtres, 9, verset 2 et suivants.

3.18 Voir Romains, 16, 17. ― Il y en a beaucoup, etc., non plus les docteurs judaïsants du verset 2, mais des chrétiens qui menaient une vie molle et remplie de faiblesses morales.

3.20 Notre cité est dans les cieux ; nous vivons déjà dans les cieux en esprit, par nos sentiments et notre espérance.

3.21 Comparer avec Romains, 8, 19-23.

4.2 Évodie et Syntychè. C’étaient ou deux diaconesses ou deux femmes de haut rang que saint Paul exhorte à la concorde. On ignore en quoi consistaient leurs divisions.

4.3 Mon fidèle compagnon. Compagnon et en grec syzyge, qu’il faudrait prendre d’après plusieurs pour un nom propre. En tout cas, on ignore qui il est. ― Avec Clément. Origène et saint Jérôme nous apprennent que ce Clément est celui qui devint le pape saint Clément. On croit qu’il naquit à Rome, vers l’an 30 de notre ère, et qu’il fut le second successeur, d’autres disent le successeur immédiat de saint Pierre sur le siège de Rome. Pendant son pontificat, il écrivit une lettre célèbre aux Corinthiens. Il souffrit le martyre sous l’empereur Trajan.

4.4 Réjouissez-vous, était la formule ordinaire de salut chez les Grecs.

4.10 l'occasion vous avait manqué, vous étiez tenus occupés au point de ne pouvoir me donner des preuves de ces sentiments ; c’est-à-dire vous en étiez empêchés.

4.15 un compte de salaire et de dépenses, aucune Église, la vôtre exceptée, ne m’a donné de ses biens temporels pour les biens spirituels qu’elle avait reçus de moi. ― De la Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.

4.16 A Thessalonique. Voir Actes des Apôtres, 17, 1.

4.18 Voir Romains, 12, 1. ― Épaphrodite. Voir Philippiens, 2, 25.

4.21-22 Tous les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

4.22 De César ; c’est-à-dire de Néron, dans la cour duquel l’Apôtre avait fait des conversions. ― De la maison de César. Il s’agit de chrétiens au service de l’empereur, mais on ignore qui ils étaient.









































































































Lettre aux Colossiens



Introduction


La ville et la chrétienté de Colosses. — Colosses était une ville très ancienne de la province de Phrygie, dans la partie sud-ouest de l’Asie-Mineure. Elle était bâtie sur les bords du Lycus, non loin de Laodicée et de Hiérapolis (comp. Colossiens 2, 1 et 4, 12-13, où nous apprenons qu' Épaphras exerçait le saint ministère dans cette triple région). Hérodote la mentionnait déjà (7, 30. Comp. Xénophon, Anab. 1, 2, 6) comme une cité importante et prospère, et Pline l'Ancien (Hist. Nat. 5, 32, 41) la compte parmi les « villes les plus célèbres ». Elle souffrit beaucoup d'un tremblement de terre qui eut lieu l’an 60 de notre ère (Tacite, Ann. 14, 27). Elle fut détruite par les musulmans durant le cours du 7ème et du 8ème siècle ; plus tard, une forteresse appelée « Chonæ », qui subsiste encore sous la dénomination de Chonas (du grec χώναι, entonnoirs, à cause des ouvertures souterraines dans lesquelles le Lycus se perd par instants), fut construite à quelque distance des ruines de l'antique cité.

A deux reprises, au commencement de son second et de son troisième voyage apostolique, saint Paul avait parcouru et évangélisé divers districts de la Phrygie (cf. Actes des Apôtres 16, 6, et 18, 23). Toutefois, plusieurs passages de notre lettre supposent qu’il n’était jamais allé à Colosses, et qu’il n’avait pris aucune part directe à la fondation de la communauté chrétienne qui s’y était formée (voyez Colossiens 1, 3 et 2, 1). On regarde généralement comme l'auteur principal de cette fondation Épaphras, dont il est parlé au début et à la fin de la lettre (Colossiens 1, 7 et 4, 12-13). Comme celle d’Éphèse, l'église de Colosses se composait en majeure partie de convertis issus du paganisme (cf. Colossiens 1, 21, 27 ; 2, 13 ; 3, 6-7). L'élément juif n’y était représenté que dans une petite proportion (Colossiens 2, 11, 14, 16).

L'occasion et le but de la lettre aux Colossiens (pour l'authenticité, voyez l'Introd. gén. Elle a été niée au XIXème siècle par quelques rationalistes. Le lieu et la date de la composition sont clairement déterminés par l'auteur lui-même. Son ami Épaphras, dont le nom vient d’être prononcé, l’avait rejoint à Rome et lui avait rendu compte de l'état de la chrétienté de Colosses. Des docteurs fallacieux s'étaient introduits parmi les fidèles, et répandaient des erreurs très dangereuses. D’une part, ils affirmaient, comme les anciens judaïsants (Colossiens 2, 2, 16-17, 20 et ss., etc.), la nécessité d’observer encore la loi mosaïque ; de l’autre, préludant aux doctrines perverses qui, un siècle plus tard, s’étalèrent au grand jour sous le nom prétentieux de Gnose (Γνώσις, la science par excellence. Cf. Colossiens 2, 8), ils enseignaient l'existence d’anges incréés, par l'intermédiaire desquels l’homme doit s’approcher de Dieu, plus encore que par Jésus-Christ (Cf. Colossiens 2, 18). Ces hommes étaient chrétiens et très probablement convertis du judaïsme. Il n’est pas possible, d’après les détails incomplets que nous fournit cette lettre à leur sujet, de reconstituer exactement leur système ; ceux qui ont tenté de faire cette reconstitution s'écartent les uns des autres dans les sens les plus divers  ; mais il est certain que l’on doit voir en eux les précurseurs des futurs Gnostiques ; ce qui caractérise les séducteurs contre lesquels va lutter l'apôtre caractérise également les premiers Gnostiques : spéculations théosophiques, culte excessif des anges et des esprits, fausse humilité, maintien de plusieurs pratiques juives, jeûnes et autres austérités rigoureuses, etc. Leurs théories étaient empruntées en partie au judaïsme, en partie aux cultes païens de la Grèce et de l'Orient.

La nouvelle du péril qui menaçait les Colossiens excita le zèle de Paul, qui leur écrivit aussitôt cette lettre, en se proposant d'abord, d’une manière générale, de les confirmer dans la foi et dans la pratique des vertus chrétiennes, puis, d’une façon toute spéciale, de les prémunir contre les erreurs dans lesquelles on essayait de les entraîner. Dans ces conditions, on comprend que ces pages soient en partie polémiques.

La lettre fut confiée à Tychique, qui était aussi chargé de porter celles que l’apôtre avait adressées aux Éphésiens et à Philémon (cf. Colossiens 4. 7-9 ; Éphésiens 6, 21-22 ).

Le sujet traité et la division. — L’idée mère de notre lettre est contenue dans cette simple proposition : Le Christ est à la tête de toutes choses. Non seulement saint Paul met ici en parfaite lumière la divinité de Jésus-Christ, mais il rend pour ainsi dire sa vraie place à l’unique Rédempteur auquel les hérétiques de Colosses osaient adjoindre d’autres sauveurs et médiateurs multiples. C'est par Jésus-Christ que tout a été créé, par lui seul que les hommes sont régénérés et réconciliés avec Dieu. Son rôle est véritablement unique, et le Christ est incomparablement supérieur aux membres les plus relevés de la hiérarchie angélique. C'est lui qui unit tous les êtres créés, tous les esprits célestes, tous les hommes, tous les chrétiens, dans un ensemble des plus harmonieux. C’est donc à lui qu’il faut adhérer inébranlablement par la foi, et c’est de sa vie que Paul croyait déjà vivre. On voit, par cet aperçu sommaire, à quel point la lettre aux Colossiens est riche sous le rapport christologique.

Après la salutation habituelle, 1, 1-3a, nous avons le corps de la lettre, 1, 3b-4, 1, qui se divise en deux parties, dont la première, 1, 3b-2, 23, est à la fois doctrinale et polémique, tandis que la seconde, 3, 1-4, 1 , est morale et pratique. Vient ensuite la conclusion, 4, 2-18. La première partie comprend deux sections : l’une didactique, 1, 3b-29, où il est question de la personne et de l’œuvre du Christ ; l'autre polémique, 2, 1-23, qui réfute les enseignements erronés des faux docteurs. Deux sections pareillement dans la seconde partie : 1° Exhortations d’un caractère général, 3, 1 -17 ; 2° Exhortations relatives à la vie de famille, 3, 18-4, 1.

Rapports de la lettre aux Colossiens avec la lettre aux Éphésiens. — La ressemblance qui existe entre ces deux écrits est très frappante. Elle se manifeste soit dans le sujet traité, soit dans l'ordonnance générale des pensées, soit dans un certain nombre de détails et même d’expressions identiques. En ce qui concerne ce dernier point, il suffira de comparer les passages suivants, pour se faire une idée de l'affinité qui existe entre ces deux lettres : Éph. 1, 4 = Col. 1, 22

= Éph. 4, 29 = Col. 3, 8 ; 4, 6

Éph. 1, 7 = Col. 1, 14 = Éph. 4, 31 = Col. 3, 8 Éph. 1, 10 = Col. 1, 20 = Éph. 5, 5 = Col. 3, 5 Éph. 1, 15-17 = Col. 1, 3-4 = Éph. 5, 6 =Col. 3, 6

Éph. 1, 21-23 = Col. 1, 16, 18-19 = Éph. 5, 19-20 = Col. 3, 16-17

Éph. 2, 1, 12 = Col. 1, 21 =Éph. 5, 25=Col. 3, 19

Éph. 2, 5 = Col. 2, 13 = Éph. 6, 1 = Col. 3, 20 Éph. 2, 16 = Col. 1, 20-22 =Éph. 6, 4 =Col. 3, 21

Éph. 3,2=Col. 1,25=Éph. 6,5 et ss.=Col. 3, 22 s.

Éph. 3, 8-9 = Col. 1, 27 = Éph. 6, 9 = Col. 4, 1 Éph.4, 2=Col. 3, 12=Éph. 6, 18 et ss=Col. 4, 2 s.

Éph. 4,16=Col. 2, 19=Éph. 6, 21-22 =Col. 4, 7-8

Éph. 4, 22-24 = Col. 3, 9-10.

Que conclure de cette liste, que nous aurions pu allonger notablement ? Dirons-nous, avec les critiques rationalistes (tels d'entre eux prétendent que la lettre aux Colossiens est l'original primitif, dû à la plume de saint Paul, et que l'auteur (inconnu) de la lettre aux Éphésiens l’a simplifiée. D’autres soutiennent au contraire que la lettre aux Éphésiens est authentique, et qu'elle a été abrégée par l'auteur de la lettre aux Colossiens. C’est ainsi qu'ils se contredisent habituellement ; fait nécessaire, du reste, quand on ne s'appuie guère que sur des raisons subjectives, la plupart du temps arbitraires), que l'une des deux lettres est l’œuvre d’un faussaire ? Assurément non. Une circonstance très simple et très naturelle explique tout. Saint Paul composa ses deux lettres à la même époque, puisqu’il les confia au même messager ; de plus, les chrétientés auxquelles il les adressa étaient dans la même région et se trouvaient à peu près dans les mêmes conditions ; il traita par conséquent des sujets connexes. On conçoit donc aisément la dépendance mutuelle des deux écrits.

Mais, d’un autre côté, malgré ces coïncidences remarquables, chacune des lettres a son originalité particulière, dans l'ensemble comme dans les détails. Ainsi, pour ne signaler que quelques traits, le ton ne devient jamais polémique dans la lettre destinée aux Éphésiens, tandis qu’il l’est très fortement au chapitre 2 de la lettre aux Colossiens. Éphésiens 1, 3-14, l’action de grâces est générale et porte sur les bienfaits apportés au monde par le christianisme ; Colossiens 1, 3-8, elle est particulière et roule sur les excellentes dispositions dans lesquelles se trouvaient les chrétiens de Colosses. Rien ou à peu près rien de personnel dans la lettre aux Éphésiens, ce qui n’est pas le cas pour l'autre lettre. Surtout, le sujet n’est pas le même au fond, puisque, dans la lettre aux Éphésiens, il s’agit de l’Église et de sa splendeur, tandis que la lettre aux Colossiens parle plutôt de la personne et de l'œuvre du Christ.















Lettre aux Colossiens



Paul, apôtre de Jésus-Christ

1 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu et son frère Timothée, 2 aux saints qui sont à Colosses, nos fidèles frères dans le Christ : que la grâce et la paix soient sur vous de la part de Dieu notre Père.



La foi et la charité des chrétiens de Colosses

3 Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, dans nos prières pour vous, 4 depuis que nous avons entendu parler de votre foi en Jésus-Christ et de votre charité envers tous les saints, 5 en vue de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux et dont vous avez eu connaissance par la prédication de la vérité évangélique. 6 Elle est parvenue à vous, ainsi qu'au monde entier, elle porte des fruits et gagne du terrain, comme cela a eu lieu parmi vous, depuis le jour où vous l'avez entendue et où vous avez connu la grâce de Dieu dans la vérité, 7 d'après les instructions que vous avez reçues d'Épaphras, notre bien-aimé compagnon au service de Dieu et près de vous, le fidèle ministre du Christ. 8 C'est lui qui nous a appris votre charité toute spirituelle.



La Rédemption par le Sang de Jésus

9 C'est pourquoi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous et de demander que vous ayez la pleine connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle, 10 pour vous conduire d'une manière digne du Seigneur et lui plaire en toutes choses, produisant du fruit en toutes sortes de bonnes œuvres et faisant des progrès dans la connaissance de Dieu, 11 fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, pour tout supporter avec patience et avec joie, 12 rendant grâces au Père, qui nous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière, 13 en nous délivrant de la puissance des ténèbres, pour nous transporter dans le royaume de son Fils bien-aimé, 14 par le sang duquel nous avons la rédemption, la rémission des péchés.



Jésus Vrai Dieu et Vrai Homme

15 Il est l'image du Dieu invisible, né avant toute créature 16 car c'est en lui que toutes choses ont été créées, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances, tout a été créé par lui et pour lui. 17 Il est, lui, avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui. 18 Il est la tête du corps de l'Église, lui qui est le principe, le premier-né d'entre les morts, afin qu'en toutes choses, il tienne, lui, la première place 19 car Dieu a voulu que toute la plénitude habitât en lui 20 et il a voulu réconcilier par lui toutes choses avec lui-même, celles qui sont sur la terre et celles qui sont dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.



Dieu vous a réconcilié par la mort de son Fils

21 Vous aussi, qui étiez autrefois loin de lui et ennemis par vos pensées et par vos œuvres mauvaises, 22 il vous a maintenant réconciliés par la mort de son Fils en son corps charnel, pour vous faire paraître devant lui saints, sans tâche et sans reproche, 23 si du moins vous demeurez fondés et affermis dans la foi et inébranlables dans l'espérance donnée par l'Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel et dont moi, Paul, j'ai été fait ministre.





L’Église est le corps du Christ

24 Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous et ce qui manque aux souffrances du Christ en ma propre chair, je l'achève pour son corps qui est l'Église. 25 J'en ai été fait ministre, en vue de la charge que Dieu m'a donnée auprès de vous afin d'annoncer pleinement la parole de Dieu, 26 le mystère caché aux siècles et aux générations passées, mais manifesté maintenant à ses saints, 27 à qui Dieu a voulu faire connaître combien est grande pour les païens la gloire de ce mystère qui est le Christ, en qui vous avez l'espérance de la gloire. 28 C'est lui que nous annonçons, avertissant tous les hommes, les instruisant en toute sagesse, afin que nous rendions tout homme parfait dans le Christ Jésus. 29 C'est pour cela que je travaille et que je lutte selon la force qu'il me donne et qui agit en moi avec puissance.



En Jésus la Plénitude de la Divinité

2 1 Je veux, en effet, que vous sachiez quels combats je soutiens pour vous et pour ceux de Laodicée et pour tous ceux qui ne m'ont pas vu de leurs yeux afin que leurs cœurs soient réconfortés 2 et qu'étant étroitement unis dans la charité, ils soient enrichis d'une pleine conviction de l'intelligence et connaissent le mystère de Dieu, du Christ, 3 en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. 4 Je dis cela, afin que personne ne vous trompe par des discours subtils 5 car, si je suis absent de corps, je suis avec vous en esprit, heureux de voir le bon ordre qui règne parmi vous et la solidité de votre foi dans le Christ. 6 Ainsi donc, comme vous avec reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui, 7 enracinés et édifiés en lui, affermis par la foi, telle qu'on vous l'a enseignée et y faisant des progrès, avec actions de grâces. 8 Prenez garde que personne ne vous surprenne par la philosophie et par des enseignements trompeurs, selon une tradition toute humaine et les rudiments du monde et non selon le Christ 9 car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, 10 en lui vous avez tout pleinement, lui qui est le chef de toute principauté et de toute puissance,



Ressuscité avec Lui par le Baptême

11 en lui vous avez été circoncis d'une circoncision non faite de main d'homme, de la circoncision du Christ, par le dépouillement de ce corps de chair. 12 Ensevelis avec lui dans le baptême, vous avez été dans le même baptême ressuscités avec lui par votre foi à l'action de Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts. 13 Vous, qui étiez morts par vos péchés et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, après nous avoir pardonné toutes nos offenses. 14 Il a détruit l'acte qui était écrit contre nous et nous était contraire avec ses ordonnances et il l'a fait disparaître en le clouant à la croix.



Jésus a vaincu les démons par sa Croix

15 Il a dépouillé les principautés et les puissances et les a livrées hardiment en spectacle en triomphant d'elles par la croix. 16 Que personne donc ne vous condamne sur le manger et le boire ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune ou d'un sabbat, 17 ce n'est là que l'ombre des choses à venir mais la réalité se trouve dans le Christ. 18 Qu'aucun homme ne vous fasse perdre la palme du combat par affectation d'humilité et de culte des anges, tandis qu'il s'égare en des choses qu'il n'a pas vues et qu'il s'enfle d'un vain orgueil par les pensées de la chair, 19 sans s'attacher au chef, duquel tout le corps, à l'aide des liens et des jointures, s'entretient et grandit par l'accroissement que Dieu lui donne. 20 Si vous êtes morts avec le Christ aux rudiments du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous soumettez-vous à ces prescriptions : 21 Ne prends pas. Ne goûte pas. Ne touche pas. 22 Toutes ces choses vont à la corruption par l'usage même qu'on en fait. Ces défenses ne sont que des préceptes et des enseignements humains. 23 Elles ont quelque apparence de sagesse avec leur culte volontaire, leur humilité et leur mépris pour le corps mais elles sont sans valeur réelle et ne servent qu'à la satisfaction de la chair.



Faites mourir la Luxure et la Cupidité

3 1 Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, où le Christ demeure assis à la droite de Dieu. 2 Affectionnez-vous aux choses d'en haut et non à celles de la terre 3 car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. 4 Quand le Christ, votre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez, vous aussi, avec lui dans la gloire. 5 Faites donc mourir vos membres, les membres de l'homme terrestre, la fornication, l'impureté, la luxure, toute mauvaise convoitise et la cupidité qui est une idolâtrie, 6 toutes choses qui attirent la colère de Dieu sur les fils de l'incrédulité, 7 parmi lesquels vous aussi, vous marchiez autrefois, lorsque vous viviez dans ces désordres.



Devenir un Nouvel Homme

8 Mais maintenant, vous aussi, rejetez toutes ces choses, la colère, l'animosité, la méchanceté. Que les injures et les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche. 9 N'usez pas de mensonge les uns envers les autres, puisque vous avez dépouillé le vieil homme avec ses œuvres 10 et revêtu l'homme nouveau qui se renouvelle sans cesse selon la science parfaite à l'image de celui qui l'a créé. 11 Dans ce renouvellement il n'y a plus ni Grec ou Juif, ni circoncis ou incirconcis, ni barbare ou Scythe, ni esclave ou homme libre mais le Christ est tout en tous. 12 Ainsi donc, comme élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience, 13 vous supportant les uns les autres et vous pardonnant réciproquement, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre. Comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. 14 Mais surtout revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection 15 et que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés de manière à former un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants, 16 que la parole du Christ demeure en vous avec abondance, de telle sorte que vous vous instruisiez et vous avertissiez les uns les autres en toute sagesse : sous l'inspiration de la grâce que vos cœurs s'épanchent vers Dieu en chants, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels.



Tout faire au nom de Jésus

17 Et quoi que ce soit que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père. 18 Vous, femmes, soyez soumises à vos maris comme il convient dans le Seigneur. 19 Vous, maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles. 20 Vous enfants, obéissez en toutes choses à vos parents car cela est agréable dans le Seigneur.



Chacun Recevra selon ses Actes

21 Vous, pères, n'irritez pas vos enfants de peur qu'ils ne se découragent. 22 Vous, serviteurs, obéissez-en tout à vos maîtres selon la chair, non pas à l'œil et pour plaire aux hommes mais avec simplicité de cœur, dans la crainte du Seigneur. 23 Quoi que vous fassiez, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, 24 sachant que vous recevrez du Seigneur pour récompense l'héritage céleste. Servez le Seigneur Jésus-Christ 25 car celui qui commet l'injustice recevra selon son injustice et il n'y a pas d'acception de personnes.



Persévérez dans la Prière

4 1 Vous maîtres, rendez à vos esclaves ce que la justice et l'équité demandent, sachant que vous aussi vous avez un maître dans le ciel. 2 Persévérez dans la prière, apportez-y de la vigilance avec des actions de grâces. 3 Priez en même temps pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la parole et qu'ainsi je puisse annoncer le mystère du Christ pour lequel je suis aussi dans les chaînes 4 et le faire connaître comme je dois en parler. 5 Conduisez-vous avec prudence envers ceux qui sont hors de l'Église, sachant profiter des circonstances. 6 Que votre parole soit toujours aimable, assaisonnée de sel en sorte que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.



Tychique, Onésime, Aristarque, Marc

7 Quant à ce qui me concerne, Tychique, le bien-aimé frère et le fidèle ministre, mon compagnon au service du Seigneur, vous fera tout connaître. 8 Je vous l'envoie tout exprès pour vous faire connaître notre situation et pour qu'il console vos cœurs. 9 Il est accompagné d'Onésime, le fidèle et bien-aimé frère qui est des vôtres. Ils vous feront savoir tout ce qui se passe ici. 10 Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des ordres. S'il vient chez vous, accueillez-le.



Épaphras Combat pour vous dans ses Prières

11 Jésus aussi, appelé Justus, vous salue. Ce sont des circoncis et les seuls, parmi ceux de la circoncision, qui travaillent avec moi pour le royaume de Dieu, ils ont été pour moi une consolation. 12 Épaphras, qui est des vôtres, vous salue, serviteur du Christ, il ne cesse de combattre pour vous dans ses prières afin que vous persévériez à accomplir exactement et avec pleine conviction tout ce que Dieu veut 13 car je lui rends le témoignage qu'il se donne bien de la peine pour vous et pour ceux de Laodicée et d'Hiérapolis. 14 Luc, le médecin bien-aimé, vous salue, ainsi que Démas. 15 Saluez les frères qui sont à Laodicée, ainsi que Nymphas et l'Église qui se réunit dans sa maison. 16 Lorsque cette lettre aura été lue chez vous, faites qu'on la lise aussi dans l'Église de Laodicée et que vous lisiez à votre tour celle qui vous arrivera de Laodicée. 17 Dites à Archippe : "Considère le ministère que tu as reçu dans le Seigneur afin de bien le remplir." 18 La salutation est de ma propre main, moi, Paul. Souvenez-vous de mes liens. Que la grâce soit avec vous.


Notes sur la Lettre aux Colossiens


1.1 Timothée se trouvait alors auprès de Paul à Rome. Peut-être est-ce lui qui écrivit la lettre sous la dictée de l’Apôtre (voir Colossiens, 4, 18).

1.2 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.6 Dans la vérité se rapporte à connu : d’après des renseignements vrais (verset 7), par opposition aux erreurs des faux docteurs.

1.7 Dans le service de Dieu. Cf. Colossiens, 4, 7. ― Épaphras était de Colosses et l’un des premiers qui avaient prêché l’Évangile dans cette ville. Il fut prisonnier avec saint Paul à Rome.

1.8 Toute spirituelle ; c’est-à-dire produite uniquement par l’inspiration du Saint-Esprit.

1.9 En toute sagesse, etc., ou avec toute sagesse ; en vous donnant toute sagesse, etc.

1.11 Par la puissance de sa gloire, pour sa puissance glorieuse. Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux, aussi bien que les Grecs et les Latins, employaient fréquemment le substantif au lieu de l’adjectif, pour donner plus de force à l’expression.

1.13 La puissance des ténèbres, de Satan. ― Le royaume du Fils de son amour, de son Fils bien-aimé, par opposition au royaume détesté de Satan.

1.16 Voir Jean, 1, 3.

1.18 Voir 1 Corinthiens, 15, 20 ; Apocalypse, 1, 5.

1.19 Au Père. Le contexte prouve que ces mots sous-entendus. Voir le verset 12.

1.24 La passion de Jésus-Christ, considérée en elle-même, n’a rien d’imparfait, rien qui demande qu’on y supplée. Le Sauveur a parfaitement accompli l’œuvre de la réconciliation, et il n’a rendu l’esprit sur la croix qu’après avoir dit que tout était consommé. Mais si l’on l’envisage par rapport à l’homme, il en est autrement. Jésus-Christ en souffrant pour nous n’a pas prétendu nous dispenser de souffrir, de porter notre croix, d’expier nos fautes par la pénitence ; puisque, au contraire, il nous en a fait un commandement. Aussi saint Pierre nous a-t-il avertis que le Sauveur a souffert pour nous donner l’exemple, afin que nous suivions ses traces (voir 1 Pierre, 2, 21). On peut donc dire en ce sens, qu’il reste encore à Jésus-Christ quelque chose à souffrir, non dans sa personne, mais dans ses membres.

1.26 Le mystère, le dessein de racheter l’humanité déchue par Jésus-Christ.

1.27 Quelles sont les richesses de la gloire messianique, du règne glorieux, de l’éternelle béatitude, de ce mystère, contenue dans ce mystère (comparer à l’espérance de l’Évangile, verset 23), fruit de l’incarnation et de la mort du Fils de Dieu, que les fidèles ont dès maintenant en espérance, et qu’ils posséderont en réalité après le second avènement de Jésus-Christ.

2.1 Qui n’ont pas vu ma face dans la chair ; c’est-à-dire qui ne me connaissent pas de visage, qui ne m’ont jamais vu. ― Laodicée, ainsi nommée de Laodice, femme d’Antiochus II, roi de Syrie, était une ville d’Asie Mineure, en Phrygie, sur le Lycus, à l’ouest de Colosses et au sud d’Hiérapolis. Elle était très commerçante. Vers l’époque où saint Paul écrivit aux Colossiens, Laodicée avait eu beaucoup à souffrir d’un tremblement de terre.

2.5 Voir 1 Corinthiens, 5, 3.

2.8 Les éléments du monde. Voir Galates, 4, 3. ― Selon la tradition des hommes. Voir Matthieu 15, 2. ― La philosophie dont il est ici question est vraisemblablement la théosophie d’origine juive, mêlée de toute espèce de superstitions orientales, qui était surtout répandue en Phrygie et que le peuple appelait philosophie.

2.10 Remplis en lui. Cf. Éphésiens, 3, 19.

2.11 Saint Paul ne dit pas que Jésus-Christ n’ait pas reçu la circoncision de la chair ; il dit seulement que la circoncision que ce divin Sauveur exige de nous est une circoncision spirituelle, qui consiste dans le retranchement de nos affections déréglées, de nos inclinations criminelles et de nos mauvaises habitudes, comme tout le contexte le prouve.

2.12 Dans le baptême, dans lequel, etc. Selon d’autre : Et dans lequel (Jésus-Christ), etc. ; mais cette construction semble moins naturelle.

2.13 Voir Éphésiens, 2, 1.

2.16 L’Apôtre veut dire que personne ne doit donner du scrupule aux Colossiens, sur certaines observances de la loi mosaïque, en prétendant qu’elles sont obligatoires pour les chrétiens.

2.18 Voir Matthieu 24, 4. ― Le culte des anges. Depuis le retour de la captivité, certains Juifs, curieux de bien connaître les anges, de les distinguer par leurs noms et par leurs fonctions, en vinrent jusqu’à leur rendre un culte superstitieux. ― Des pensées de sa chair ; c’est-à-dire des pensées charnelles.

2.19 De l’accroissement de Dieu ; c’est-à-dire de l’accroissement que Dieu leur donne.

2.20 Aux éléments de ce monde. Voir Galates, 4, 3.

2.22 Qui périssent, ou bien qui donnent la mort ; ce qui paraît moins conforme au contexte.

3.5 Voir Éphésiens, 5, 3.

3.6 Les fils de l’incrédulité ; hébraïsme, pour les incrédules.

3.7 Parmi eux ; c’est-à-dire parmi les fils de l’incrédulité ; ou, selon d’autres : Dans ces choses, ces désordres ; ce qui forme une tautologie par trop choquante.

3.8 Voir Romains, 6, 4 ; Hébreux, 12, 1 ; 1 Pierre, 2, 1 ; 4, 2.

3.9 Le vieil homme, l’homme naturel, tel qu’il descend d’Adam, avec le péché originel, et incliné au mal (voir Romains, 6, 6 ; Éphésiens, 4, 22).

3.10 Voir Genèse, 1, 26. ― Qui se renouvelle, etc. ; c’est-à-dire qui va se renouvelant et se perfectionnant chaque jour dans la connaissance de Dieu et de sa volonté pour l’accomplir. ― Selon l’image, etc. Par ce renouvellement continuel, le chrétien devient semblable à son parfait et divin modèle, Jésus-Christ, à l’image duquel il a été nouvellement créé.

3.11 Pour les Juifs, le monde se divisait en Juifs et en Hellènes ou païens ; pour les Hellènes ou Grecs, le monde se divisait en Grecs et barbares, les barbares désignant ceux ne parlaient pas Grec. ― Le Scythe est nommé comme occupant le plus bas degré parmi les barbares.

3.15 En un seul corps ; comme ne formant tous qu’un seul corps, ou selon d’autres, mais d’une manière moins autorisée par les termes du Grec et de la Vulgate : Pour former un seul corps.

3.16 Chantant en actions de grâces. Cf. Éphésiens, 5, 19-20.

3.17 Voir 1 Corinthiens, 10, 31.

3.18 Voir Éphésiens, 5, 22 ; 1 Pierre, 3, 1.

3.20 Voir Éphésiens, 6, 1.

3.21 Voir Éphésiens, 6, 4.

3.22 Voir Tite, 2, 9 ; 1 Pierre, 2, 18.

3.25 Voir Romains, 2, 6.

4.2 Voir Luc, 18, 1 ; 1 Thessaloniciens, 5, 17.

4.3 Voir Éphésiens, 6, 19 ; 2 Thessaloniciens, 3, 1.

4.5 Voir Éphésiens, 5, 15. ― Ceux qui sont dehors. Voir 1 Corinthiens, 5, 12.

4.7 Tychique. Voir Actes des Apôtres, 20, 4.

4.9 Onésime est l’esclave de Philémon, dont il est question dans la lettre de saint Paul adressée à ce dernier.

4.10 Des ordres ; c’est-à-dire des recommandations, des lettres de recommandation. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29. ― Marc. Voir Actes des Apôtres, 12, 12.

4.11 Jésus qui est appelé Juste, différent de Juste de Corinthe (voir Actes des Apôtres, 18, 7) ; il devint plus tard évêque d’Eleuthéropolis.

4.12 Pleins de toutes les volontés de Dieu ; c’est-à-dire pleins de la connaissance de toutes, etc. Cf. Colossiens, 1, 8. ― Épaphras. Voir Colossiens, 1, 7.

4.13 Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1. ― Hiérapolis, ville importante de Phrygie, au nord-ouest de Colosses, célèbre par ses eaux minérales et par une caverne méphitique appelée Plutonium.

4.14 Voir 2 Timothée, 4, 11. ― Luc l’évangéliste. ― Démas, un des collaborateurs de saint Paul, fut avec lui à Rome pendant sa captivité, mais l’abandonna plus tard, voir 2 Timothée, 4, 10.

4.15 Nymphas était probablement de Laodicée et une personne d’importance, puisque les fidèles se rassemblaient dans sa maison.

4.17 Dans le Seigneur. Cette expression est rendue par les uns : Par le Seigneur, par le moyen du Seigneur, du Seigneur ; par d’autres : Devant le Seigneur, dans l’Église du Seigneur ; et par d’autres : Pour le Seigneur. La première interprétation nous semble la plus probable. ― Archippe était diacre à Colosses et faisait sans doute partie de la maison de Philémon. Il souffrit plus tard le martyre à Chones et l’Église grecque fait sa fête le 23 novembre.





1ère Lettre aux Thessaloniciens



Introduction


La ville et l'Église de Thessalonique. — La ville, appelée primitivement Thermé, avait été agrandie par le roi Cassandre, qui lui avait donné le nom de sa femme Thessaloniké, sœur d’Alexandre le Grand. Elle était, à l'époque de saint Paul, la capitale d'un des quatre districts dont la réunion formait la province romaine de Macédoine. Elle devait son importance et sa richesse à la situation très favorable qu’elle occupait, d’une part, sur le golfe Thermaïque, de l’autre, sur la célèbre « Via Egnatia », qui reliait l’Orient à l’Occident, comme aussi aux autres routes nombreuses qui mettaient la cité en communication avec les districts voisins. Sa population considérable (peu d'années avant notre ère, Strabon disait que Thessalonique était la ville la plus peuplée de Macédoine. On croit qu'elle contenait au moins 100000 habitants) était grecque en majorité ; mais un certain nombre de colons romains s’étaient installés dans ses murs. Les Juifs abondaient à Thessalonique, comme dans toutes les villes commerciales de ces régions ; ils y possédaient, non pas une simple «proseuque» (oratoire en plein air), comme à Philippes (cf. Actes des Apôtres 16, 14), mais une synagogue proprement dite (Actes des Apôtres 17, 1).

Paul vint pour la première fois à Thessalonique durant son second voyage de missions, accompagné de ses disciples Silas et Timothée, probablement en l’année 52 (voyez l'Introd. gén.). Il y avait peu de temps qu’il s’était mis, sous l'inspiration directe de l'Esprit-Saint, à prêcher l'évangile en Europe (cf. Actes des Apôtres 16, 8 et ss.), et Philippes avait été sa première conquête (Actes des Apôtres 16, 11 et ss.) ; Thessalonique fut la seconde. La fondation de cette nouvelle chrétienté européenne, non moins florissante que la première, est brièvement racontée au livre des Actes, 17, 1-10, et le récit de saint Luc est complété par l’apôtre des païens lui-même dans sa première lettre aux Thessaloniciens. Paul selon sa coutume d’alors (cf. Actes des Apôtres 13, 14 ; 14, 1, etc.) se mit d’abord à démontrer la foi chrétienne aux Juifs dans leur synagogue. Avec eux il eut peu de succès ; mais de nombreux prosélytes, puis des païens et des femmes appartenant aux classes supérieures de la société grecque, crurent au message évangélique et formèrent le noyau d’une fervente et généreuse communauté (voyez Actes des Apôtres 17, 2-4. Nous apprenons aussi par 1 Thessaloniciens 1, 9 et 2, 14, que la plupart des nouveaux convertis étaient d'origine païenne). Une terrible émeute ne tarda pas à éclater, suscitée par la jalousie des Juifs demeurés incrédules, et Paul dut quitter la ville en toute hâte (cf. Actes des Apôtres 17, 5-10), après un séjour qui avait duré quelques semaines seulement (Actes des Apôtres 17, 7, il est parlé de trois sabbats pour la première partie du séjour de l'apôtre, alors qu’il prêchait dans la synagogue ; on ignore quelle fut la durée de la seconde ).

L'occasion et le but de la première lettre aux Thessaloniciens. — La persécution qui avait rendu nécessaire le départ de l'apôtre atteignit bientôt aussi les néophytes avec une grande violence (cf. 1 Thessaloniciens 1, 6 ; 3, 3). De là, dans l'âme de Paul, un très vif désir de revenir auprès d’eux, pour les consoler et les encourager dans leurs peines. Mais il fut empêché par deux fois de réaliser ce dessein (1 Thessaloniciens 2, 17-18 ). C’est pourquoi il envoya d’Athènes son bien-aimé disciple Timothée à Thessalonique, le chargeant de réconforter en son nom la jeune Église (cf. 1 Thessaloniciens 2, 14 et ss. ; 3, 1-2 ). Le retour de ce fidèle messager et les nouvelles qu’il rapporta à son maître furent l’occasion de cette lettre.

Ces nouvelles étaient de nature à réjouir le cœur de Paul, car les chrétiens de Thessalonique étaient demeurés fermes dans le Seigneur, malgré les attaques auxquelles ils étaient en butte. Ils brillaient par leur foi généreuse, par leur charité mutuelle (1 Thessaloniciens 1, 9-10 ; 2, 14) et par les dons merveilleux que leur avait départis l’Esprit-Saint (1 Thessaloniciens 5, 19-20) ; ils donnaient de magnifiques exemples aux autres églises de Macédoine et d’Achaïe (1 Thessaloniciens 1, 7-8) ; ils conservaient pour leur père dans la foi l'affection la plus tendre (1 Thessaloniciens 3, 6 ).

Le premier but que se proposa l’apôtre en leur écrivant cette première lettre fut donc de les féliciter et de les encourager affectueusement. Cependant, l’ivraie que l’ennemi sème partout à profusion avait germé çà et là au milieu du bon grain. Les Thessaloniciens n’avaient pas réussi à se mettre complètement à l’abri des deux vices principaux du paganisme, la luxure et l’attache aux biens de ce monde (cf. 1 Thessaloniciens 4, 3 et ss.). Ils n’honoraient pas non plus toujours assez les prêtres placés à leur tête (1 Thessaloniciens 5, 11). En outre, des idées incomplètes et inexactes sur le second avènement de Jésus-Christ et sur l’autre vie avaient jeté le trouble parmi eux, de sorte qu’ils négligeaient leurs occupations ordinaires et s'abandonnaient à l’oisiveté (1 Thessaloniciens 4, 11 et ss.. De là deux autres buts qui incitèrent Paul à leur écrire : il voulait les exhorter à se corriger de leurs défauts, puis les instruire et les rassurer par rapport aux événements de la fin de ce monde.

Sur l'authenticité de cette lettre, voyez l’introduction aux Lettres de S. Paul. L’authenticiité était admise même par l'école rationaliste, d’une manière assez générale, fin XIXème siècle.

Le sujet et le plan de la lettre. — La première lettre aux Thessaloniciens est plutôt pratique que doctrinale. Elle a été suggérée beaucoup plus par un sentiment personnel que par quelque urgente nécessité extérieure, qui aurait pu former un centre d’unité et grouper davantage les divers détails. Elle présente cependant un plan assez distinct.

Après le préambule habituel, 1, 1-10, nous trouvons deux parties, dont la première, 2, 1-3, 13, peut être appelée historique ou personnelle, tandis que la seconde, 4, 1 -5, 22, est tout à la fois pratique et doctrinale. Une conclusion très courte, 4, 23-28, correspond au préambule.

Deux subdivisions dans la première partie: 1° Description du ministère de saint Paul à Thessalonique, 2, 1-16 ; 2° Description de ce qui s’était passé depuis que l’apôtre avait dû quitter la chrétienté nouvellement fondée, 2, 17-3, 13. Trois subdivisions dans la seconde partie : 1° Quelques exhortations morales relatives à des vertus à pratiquer et à des vices à éviter, 4, 1-14 ; 2° Instruction concernant le second avènement du Christ, 4, 12-5, 11 ; 3° Quelques autres recommandations morales, 5, 12-22.

L'époque et le lieu où fut composée la lettre sont faciles à déterminer. C’est en 52 que l’apôtre des païens était venu prêcher l'évangile aux Thessaloniciens. Or, lorsqu’il leur écrivait pour la première fois, il ne les avait quittés que depuis peu de temps, depuis quelques mois au plus. En effet, il est encore visiblement sous l’impression du séjour qu’il avait fait parmi eux ; les plus petits détails sont présents à son esprit, et il les mentionne avec la fraîcheur et la vie que laissent en nous les choses récentes. Les chap. 1-3 sont remplis de détails de ce genre. La seconde partie de la lettre prouve aussi qu'au moment où elle fut composée, les fidèles de Thessalonique, malgré leurs grandes qualités, n’étaient encore que des néophytes : leur instruction chrétienne est encore incomplète (1 Thessaloniciens 3, 10) ; ils se troublent facilement (1 Thessaloniciens 4, 12 et ss.; 5, 14), etc. C'est donc vers la fin de l’année 52, ou au commencement de 53, que fut écrite cette lettre, qui est ainsi, d'après l’opinion la plus probable et la plus commune, la première de toutes les lettres de saint Paul qui sont parvenues jusqu’à nous. Sur le sentiment d'après lequel ce titre devrait être réservé à la lettre aux Galates, voyez l’introduction à celle-ci. Quant au lieu de la composition, ce ne fut pas Athènes, comme l’ont pensé quelques exégètes anciens et modernes (plusieurs manuscrits grecs ajoutent à la fin de la lettre : ἔγράφη ἀπὸ Άθήνων, elle a été écrite d'Athènes), mais Corinthe, durant le long séjour qu’y fit l'apôtre des païens. Sans doute, l’auteur mentionne Athènes (3, 1), mais seulement pour dire qu’il envoya de là Timothée à Thessalonique. Quelques lignes plus bas, 3, 6, il affirme avoir composé sa lettre lorsqu’il eut été rejoint par son disciple ; or, il résulte du récit des Actes, 18, 5, que Timothée et Silas retrouvèrent leur maître à Corinthe 7.





















































































































1ère Lettre aux Thessaloniciens



1 Thessaloniciens 1. 1 Paul, Sylvain et Timothée à l’Église des Thessaloniciens, réunie en Dieu le Père et en Jésus-Christ le Seigneur : à vous, grâce et paix. 2 Nous rendons à Dieu pour vous tous, de continuelles actions de grâces, en faisant mémoire de vous dans nos prières, 3 en rappelant sans cesse devant notre Dieu et Père, les œuvres de votre foi, les sacrifices de votre charité et la constance de votre espérance en Jésus-Christ, 4 sachant, frères bien-aimés de Dieu, comment vous avez été élus 5 car notre prédication de l’évangile ne vous a pas été faite en parole seulement, mais elle a été accompagnée de miracles, de l'effusion de l'Esprit-Saint et d'une pleine persuasion, vous savez aussi comment nous nous sommes comportés parmi vous pour votre salut 6 et vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations avec la joie de l'Esprit-Saint, 7 au point de devenir un modèle pour tous ceux qui croient, dans la Macédoine et dans l'Achaïe. 8 En effet, de chez vous, la parole du Seigneur a retenti non seulement dans la Macédoine et dans l'Achaïe, mais partout votre foi en Dieu s'est fait si bien connaître que nous n'avons pas besoin d'en rien dire. 9 Car tous en parlant de nous racontent quel accès nous avons eu auprès de vous et comment vous vous êtes convertis des idoles au Dieu vivant et vrai, pour le servir, 10 et pour attendre des cieux son Fils, qu'il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous sauve de la colère à venir.



1 Thessaloniciens 2. 1 Vous savez vous-mêmes, frères, que notre venue parmi vous n'a pas été sans fruits. 2 Mais après avoir souffert et subi des outrages à Philippes, comme vous le savez, Dieu nous a donné le courage de vous prêcher son Évangile, au milieu de bien des luttes, 3 car notre prédication n'a pas procédé de l'erreur, ni d'une intention vicieuse, ni d’aucune fraude 4 mais, selon que Dieu nous a jugés dignes de nous confier l’Évangile, ainsi enseignons-nous, non comme pour plaire à des hommes, mais à Dieu, qui sonde nos cœurs. 5 Jamais, en effet, nos discours n'ont été inspirés par la flatterie, comme vous le savez, ni par un motif de cupidité, Dieu en est témoin. 6 La gloire humaine, nous ne l'avons recherchée ni de vous ni de personne 7 alors que nous aurions pu, comme apôtres du Christ, prétendre à quelque autorité, nous avons été au contraire plein de condescendance au milieu de vous. Comme une nourrice entoure de tendres soins ses enfants, 8 ainsi, dans notre affection pour vous, nous aurions voulu vous donner, non seulement l’Évangile de Dieu, mais notre vie même, tant vous nous étiez devenus chers. 9 Vous vous rappelez, frères, notre labeur et nos fatigues : c'est en travaillant nuit et jour, pour n'être à charge à personne d'entre vous, que nous vous avons prêché l’évangile de Dieu. 10 Vous êtes témoins et Dieu aussi, combien sainte, juste et irrépréhensible a été notre conduite envers vous qui croyez. 11 Comment, ainsi que vous le savez, nous avons été pour chacun de vous ce qu'un père est pour ses enfants, 12 vous priant, vous exhortant, vous conjurant de marcher d'une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire. 13 C'est pourquoi nous aussi, nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, de ce qu'ayant reçu la divine parole que nous avons fait entendre, vous l'avez reçue, non comme parole d’hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme une parole de Dieu. C'est elle qui déploie sa puissance en vous qui croyez. 14 Car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises de Dieu qui se réunissent en Jésus-Christ dans la Judée, puisque vous avez souffert vous aussi de la part de vos compatriotes, ce qu'elles ont eu à souffrir de la part des Juifs, 15 de ces Juifs qui ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, nous ont persécutés, ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis du genre humain, 16 nous empêchant de prêcher aux nations pour leur salut : de sorte qu'ils comblent sans cesse la mesure de leurs péchés. Mais la colère de Dieu est tombée sur eux pour y demeurer jusqu'à la fin. 17 Pour nous, frères, un instant tristement séparés de vous, de corps, non de cœur, nous avions grande hâte et un vif désir de vous revoir. 18 Aussi voulions-nous aller chez vous, en particulier, moi, Paul, une première et une seconde fois mais Satan nous en a empêchés. 19 Quelle est, en effet, notre espérance, notre joie, notre couronne de gloire ? N'est-ce pas vous qui l'êtes, devant notre Seigneur Jésus, pour le jour de son avènement ? 20 Oui, c'est vous qui êtes notre gloire et notre joie.



1 Thessaloniciens 3. 1 Aussi, n'y tenant plus, nous avons préféré rester seul à Athènes, 2 et nous vous avons envoyé Timothée, notre frère et ministre de Dieu dans la prédication de l’Évangile du Christ, pour vous affermir et vous encourager dans votre foi, 3 afin que personne ne fût fragilisé au milieu de ces épreuves qui, vous le savez vous-mêmes, sont notre partage. 4 Déjà, lorsque nous étions auprès de vous, nous vous prédisions que nous serions en butte aux épreuves, ce qui est arrivé comme vous le savez. 5 C'est pour cela que, moi aussi, n'y tenant plus, j'envoyai m'informer de votre foi, dans la crainte que le tentateur vous eût tentés et que notre travail ne devînt inutile. 6 Mais maintenant que Timothée, venant d'arriver ici de chez vous, nous a dit votre foi et votre charité et le bon souvenir que vous gardez toujours de nous et qui vous porte à désirer nous revoir, comme nous aussi nous le désirons à votre égard, 7 alors, frères, au milieu de toutes nos angoisses et de nos tribulations, nous avons été consolés en vous, à cause de votre foi, 8 car maintenant nous vivons puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur. 9 Aussi, quelles actions de grâces pouvons-nous rendre à Dieu pour vous, dans la joie parfaite que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu. 10 Nuit et jour nous le prions avec une ardeur extrême de nous donner de vous voir et de compléter ce qui manque encore à votre foi. 11 Puisse Dieu lui-même, notre Père et notre Seigneur Jésus Christ aplanir notre route vers vous. 12 Et vous, puisse le Seigneur faire croître et abonder votre charité les uns envers les autres et envers tous les hommes, telle qu'est la nôtre envers vous. 13 Qu'il affermisse vos cœurs, qu'il les rende irréprochables en sainteté devant notre Dieu et Père, au jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous ses saints, amen.



1 Thessaloniciens 4. 1 Au reste, frères, nous vous en prions et supplions par le Seigneur Jésus, vous avez appris de nous comment il faut se conduire pour plaire à Dieu et ainsi vous le faites, marchez donc de progrès en progrès. 2 Vous connaissez en effet les préceptes que nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus, 3 car ce que Dieu veut, c'est votre sanctification : c'est que vous évitiez l'impudicité, 4 et que chacun de vous sache garder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, 5 sans l'abandonner aux emportements de la passion, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu, 6 c'est que personne en cette matière n'use de violence ou de fraude à l'égard de son frère, parce que le Seigneur fait justice de tous ces désordres, comme nous vous l'avons déjà dit et attesté. 7 Car Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté, mais à la sainteté. 8 Celui donc qui méprise ces préceptes, ce n'est pas un homme qu'il méprise, mais Dieu, qui a aussi donné son Esprit-Saint pour habiter en vous. 9 Pour ce qui est de la charité fraternelle, il n'est pas besoin de vous en écrire car vous-mêmes avez appris de Dieu à vous aimer les uns les autres. 10 Aussi bien le pratiquez-vous envers tous les frères par toute la Macédoine. Mais nous vous exhortons, frères, à le pratiquer toujours mieux. 11 Appliquez-vous à vivre en paix, à vous occuper de vos propres affaires et à travailler de vos mains, comme nous vous l'avons recommandé, 12 de telle sorte que vous teniez une conduite honnête aux yeux de ceux du dehors, sans avoir besoin de personne. 13 Mais nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis, afin que vous ne vous affligiez pas, comme les autres hommes qui n'ont pas d'espérance. 14 Car si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis en lui. 15 Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d'après la parole du Seigneur : Nous, les vivants, laissés pour l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis, 16 car, au signal donné, à la voix de l'archange, au son de la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d'abord. 17 Puis nous, qui vivons, qui sommes restés, nous serons emportés avec eux sur les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs et ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur. 18 Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles.



1 Thessaloniciens 5. 1 Quant aux temps et aux moments il n'est pas besoin, frères, de vous en écrire. 2 Car vous savez très bien vous-mêmes que le jour du Seigneur vient comme un voleur pendant la nuit. 3 Quand les hommes diront : "Paix et sûreté" c'est alors qu'une ruine soudaine fondra sur eux comme la douleur sur la femme qui doit enfanter et ils n'y échapperont pas. 4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. 5 Oui, vous êtes tous enfants de lumière et enfants du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, ni des ténèbres. 6 Ne dormons donc pas comme le reste des hommes mais veillons et soyons sobres. 7 Car ceux qui dorment, dorment la nuit et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit. 8 Pour nous qui sommes du jour, soyons sobres, prenant pour cuirasse la foi et la charité et pour casque l'espérance du salut. 9 Dieu en effet ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ, 10 qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions avec lui. 11 C'est pourquoi consolez-vous mutuellement et édifiez-vous les uns les autres, comme déjà vous le faites. 12 Nous vous prions aussi, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous gouvernent dans le Seigneur et qui vous donnent des avis. 13 Ayez pour eux une charité plus abondante, à cause de leur œuvre. Vivez en paix entre vous. 14 Nous vous en prions, frères, reprenez ceux qui troublent l'ordre, consolez ceux qui sont abattus, soutenez les faibles, usez de patience envers tous. 15 Prenez garde à ce que nul ne rende à un autre le mal pour le mal mais toujours cherchez ce qui est bien, les uns pour les autres et pour tous. 16 Soyez toujours joyeux. 17 Priez sans cesse. 18 En toutes choses rendez grâces car c'est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à l'égard de vous tous. 19 N'éteignez pas l'Esprit. 20 Ne méprisez pas les prophéties 21 mais éprouvez tout et retenez ce qui est bon. 22 abstenez-vous de toute apparence de mal. 23 Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie tout entiers et que tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps, se conserve sans reproche jusqu'au jour de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. 24 Celui qui vous appelle est fidèle et c'est lui qui fera encore cela. 25 Frères, priez pour nous. 26 Saluez tous les frères par un saint baiser. 27 Je vous en conjure par le Seigneur, que cette lettre soit lue à tous les frères. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous.


Notes sur la 1ère Lettre aux Thessaloniciens


1.1 Silvain. Voir Actes des Apôtres, 15, 22. Paul : il n’ajoute pas apôtre, comme dans les lettres précédentes ; à cette époque, ce titre ne lui avait pas encore été contesté par les chrétiens judaïsants. Silvain et Timothée se trouvaient alors avec Paul à Corinthe, et avaient été ses auxiliaires à Thessalonique.

1.2 Faisant mémoire de vous dans nos prières. Voir Romains, 1, 9.

1.5 Accompagnée de miracles, les miracles sont une preuve donnée par Dieu de la vérité de la prédication cf. S. Thomas, Somme Théologique, 2a2ae, question 178 : Le don des Miracles.

1.7 Dans la Macédoine et dans l’Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 16, 9 et 18, 12.

2.2 Voir Actes des Apôtres, 16, 19-40. Dans Philippes. Voir Actes des Apôtres, 16, 12.

2.9 Voir Actes des Apôtres, 20, 34 ; 1 Corinthiens, 4, 12 ; 2 Thessaloniciens, 3, 8.

3.1 A Athènes. Voir Actes des Apôtres, 17, 15.

3.2 Voir Actes des Apôtres, 16, 1.

3.12 en augmentant votre nombre par la conversion des infidèles.

3.13 fortifier en sainteté vos cœurs qui sont déjà irréprochables.

4.3 Voir Romains, 12, 2 ; Éphésiens, 5, 17.

4.4 garder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, cf. 2 Corinthiens, 4, 7. Romains, 12, 1 ; 1 Corinthiens, 6, 19. Selon certains, garder son corps sa femme, désignerait le corps de l’époux ou de l’épouse, parce que les écrivains juifs donnent cette signification au mot hébreu keli. Cf. 1 Pierre, 3, 7.

4.6 En cette matière, c’est-à-dire l’adultère, ou d’autres genres d’impudicité plus horribles encore.

4.9 Voir Jean, 13, 34 ; 15, vv. 12, 17 ; 1 Jean, 2, 10 ; 4, 12.

4.10 toute la Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.

4.12 Ceux du dehors. Voir 1 Corinthiens, 5, 12.

4.13 Ceux qui se sont endormis, qui sont morts. Voir 1 Corinthiens, 7, 39.

4.15 L’Apôtre se propose ici comme exemple de ce qui arrivera à ceux qui existeront lors du jugement général. C’est donc comme s’il disait aux Thessaloniciens : Supposons que le jugement arrive de notre temps, ni vous ni moi ne précéderons ceux qui sont morts depuis longtemps ; tous les hommes ressusciteront ensemble, et nous qui vivons et que nous supposons être restés en état de grâce jusqu’à ce jour, nous serons changés dans un moment, et nous deviendrons comme ceux qui sont morts depuis plusieurs siècles (voir 1 Corinthiens, 15, 12 suiv.).

4.17 Nous, qui vivons, saint Paul ne parle pas de la mort, mais cependant, ceux mêmes qui seront vivants au moment où Jésus-Christ viendra faire le jugement général mourront pour ressusciter aussitôt après.

5.2 Voir 2 Pierre, 3, 10 ; Apocalypse, 3, 3 ; 16, 15.

5.4 Les ténèbres désignent l’état malheureux de l’humanité coupable, en dehors de la grâce et de la vérité évangélique.

5.5 Nous, chrétiens, nous n’appartenons pas à la nuit, etc.

5.8 Voir Isaïe, 59, 17 ; Éphésiens, 6, vv. 14, 17.

5.15 Voir Proverbes, 17, 13 ; 20, 22 ; Romains, 12, 17 ; 1 Pierre, 3, 9.

5.17 Voir Ecclésiastique, 18, 22 ; Luc, 18, 1 ; Colossiens, 4, 2.

5.19 N’éteignez pas l’Esprit, en mettant obstacle à son opération en vous, et en empêchant ceux qu’il a enrichis de ses dons de s’en servir pour l’utilité de l’Église.

5.20-21 Le prophète reçoit de Dieu la connaissance de l’avenir et aussi parfois la connaissance de l’état des âmes, il peut lire dans le coeur humain comme dans un livre. Il ne faut pas refuser par principe les apparitions et les révélations particulières. Deux excès sont à éviter : croire à toutes les apparitions sans prudence et sans vérifications ou toutes les rejeter de manière systématique comme impossibles ou fausses ou mensongères.

5.22 Abstenez-vous, rejetez tout ce qui est mauvais. De toute apparence de mal : de l’apparence même du mal, de peur de scandaliser les faibles.

5.23 l'esprit, l'âme et le corps, lesprit et l’âme, dans saint Paul, ne désignent pas deux substances distinctes. L’esprit, c’est la partie supérieure de l’âme, siège de la raison, de la liberté, et de la vie divine de la grâce. L’esprit est la partie de l’âme qui possède une puissance intellective immatérielle. Lâme donne la vie au corps, les animaux aussi ont une âme. L’humain est composé d’une âme et d’un corps et non de trois éléments : âme, esprit et corps. L’âme n’est pas en l’homme comme la main dans un gant, nous sommes un corps unifié par une âme immortelle. Une fois l’âme partie, le corps se décompose.

5.24 Voir 1 Corinthiens, 1, 9. ― c'est lui qui fera que vous soyez conservés irrépréhensibles.

























2ème Lettre aux Thessaloniciens



Introduction


L'occasion et le but de la lettre. — Quelque temps après l’envoi de sa première lettre, saint Paul reçut, soit par écrit, soit oralement, des nouvelles de l’Église de Thessalonique. L’état général des néophytes était à peu près le même qu’à l'époque où il leur avait écrit précédemment. La persécution continuait de sévir contre eux avec un redoublement de violence ; mais ils la supportaient toujours avec courage (cf. 2 Thessaloniciens 1, 3-4). Aussi avaient-ils fait des progrès réels dans les vertus chrétiennes. Néanmoins, cette fois encore, et à peu près pour les mêmes motifs, certains points laissaient à désirer. La question du second avènement de Notre-Seigneur n’avait pas cessé de jeter du trouble dans les esprits (2 Thessaloniciens 2, 1 et ss.). Sans doute, les explications antérieures de l'apôtre avaient paru pleinement satisfaisantes ; mais, comme elles n’avaient pas déterminé l'époque du retour de Jésus-Christ, on continuait de s’inquiéter sur ce fait spécial. De nombreux chrétiens l’attendaient dans un avenir très prochain, et plusieurs ayant confirmé cette croyance à l’aide de fausses prophéties, et même d’une prétendue lettre de l’apôtre, forgée pour la circonstance (cf. 2 Thessaloniciens 2, 2), l'agitation fut bientôt à son comble ; aussi l'abus signalé déjà dans la première lettre, à savoir, l'abandon du travail et le désœuvrement, s’était-il tristement accru (cf. 2 Thessaloniciens 3, 6 et ss.). La réception de ces nouvelles, bonnes ou fâcheuses, fut l'occasion de la seconde lettre aux Thessaloniciens.

Le but de l’auteur est tout indiqué par là même. Il consiste : 1° à louer encore les fidèles de leur courage et de leurs progrès ; 2° à réfuter, en rétablissant la vérité des faits, les illusions qui régnaient toujours à Thessalonique sur la fin du monde, et c’était là le point principal ; 3° à attaquer de nouveau, avec plus de vigueur et de sévérité, la vie oisive de certains chrétiens.

La date et le lieu de la composition. — Les commentateurs sont d’accord pour dire que cette lettre dut suivre d’assez près, de quelques semaines ou tout au plus de quelques mois, celle que nous venons d’étudier : telle était déjà l'opinion de Théodoret. Les deux lettres traitent, en effet, un sujet à peu près identique, et supposent la même situation extérieure et intérieure, par conséquent la même époque. La mention simultanée de Silas et de Timothée dans la salutation ( 2 Thessaloniciens 1, 1) conduit à un résultat analogue, puisque ces deux disciples ne demeurèrent que peu de temps ensemble auprès de Paul. Cette mention prouve que la deuxième lettre fut pareillement écrite de Corinthe, et non d’Athènes, comme on l’a prétendu parfois (de nouveau on lit à la fin de la lettre dans quelques manuscrits grecs : Elle a été écrite d'Athènes. Ces sortes de notes, ajoutées après coup, ont une valeur très relative). La date vraisemblable est donc la fin de l’année 53 ou le commencement de 54.

Il est étrange de voir que quelques exégètes ou critiques ont renversé l’ordre des deux lettres aux Thessaloniciens, attribuant le premier rang à celle que nous nommons la seconde, et vice versa. L’apôtre lui-même les a réfutés d'avance, en mentionnant sa première lettre dans la deuxième (cf. 2 Thessaloniciens 2, 14 ). D’ailleurs, quand on les lit avec attention, il est évident qu’elles occupent vraiment leur place naturelle, car la seconde complète visiblement l'enseignement de la première. Celle-ci possède une autre marque infaillible d’antériorité dans sa partie personnelle et historique : la fraîcheur des impressions prouve que saint Paul a quitté récemment ses lecteurs, tandis qu’ici il est plus calme dans ses témoignages d’affection.

Le sujet et le plan de la lettre. — Pour l'authenticité, voyez l’Introd. gén. Elle a été attaquée assez vivement au XIXème siècle par les rationalistes, au moyen de leurs arguments intrinsèques habituels, que la critique sérieuse déclare non fondés. Notre lettre serait, d’après eux, l'œuvre d'un faussaire, qui aurait repris pour son propre compte le thème du second avènement de Jésus-Christ, afin de le pousser plus avant.

Le contenu est au fond le même que celui de la première lettre, et il en devait être ainsi, puisque les deux écrits ont été composés en des circonstances presque identiques, à des époques très rapprochées.

Après un préambule relativement long, 1, 1-12, dans lequel l'apôtre insère la salutation, l'action de grâces et la prière habituelles, nous trouvons deux parties, l’une dogmatique, 2, 1-16, l'autre morale, 3, 1-15, et une conclusion très brève, 3, 16-18. La partie doctrinale insiste sur ce fait, que le second avènement du Christ ne saurait avoir lieu immédiatement, attendu qu’il doit être précédé de l’apparition de l’Antéchrist et d’un déploiement extraordinaire du mal sous toutes ses formes. La partie morale contient plusieurs recommandations pressantes.

Nous avons signalé plus haut, dans l’Introduction aux Lettres de Saint Paul, les meilleurs commentaires catholiques.













2ème Lettre aux Thessaloniciens



2 Thessaloniciens 1. 1 Paul, Sylvain et Timothée, à l’église des Thessaloniciens réunie en Dieu notre Père et en Jésus-Christ le Seigneur, 2 à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 3 Nous devons rendre à Dieu de continuelles actions de grâces pour vous, frères, ainsi qu'il est juste, parce que votre foi fait de grands progrès et que votre charité les uns pour les autres s'accroît de plus en plus. 4 Aussi nous-mêmes dans les Églises de Dieu tirons-nous gloire de vous à cause de votre constance et de votre fidélité au milieu de toutes les persécutions et de toutes les tribulations que vous avez à supporter. 5 Elles sont une preuve du juste jugement de Dieu, que vous serez jugés dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez. 6 N'est-il pas juste en effet devant Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent 7 et de vous donner à vous qui êtes affligés le repos avec nous au jour où le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, 8 au milieu d'une flamme de feu, pour faire justice de ceux qui ne connaissent pas Dieu et de ceux qui n'obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus. 9 Ils subiront la peine d'une perdition éternelle, loin de la face du Seigneur et de l'éclat de sa puissance, 10 au jour où il viendra pour être glorifié dans ses saints et reconnu admirable en tous ceux qui auront cru. Pour vous, vous avez cru au témoignage que nous avons rendu devant vous. 11 Dans cette attente, nous prions constamment pour vous afin que Dieu vous rende dignes de sa vocation et qu'il réalise efficacement toute bonne volonté de faire le bien et l'exercice de votre foi, 12 en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus soit glorifié en vous et vous en lui par la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ.



2 Thessaloniciens 2. 1 En ce qui concerne l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, 2 de ne pas vous laisser ébranler facilement dans vos sentiments, ni alarmer, soit par quelque esprit, soit par quelque parole ou lettre supposées venir de nous, comme si le jour du Seigneur était imminent. 3 Que personne ne vous égare d'aucune manière car auparavant viendra l'apostasie et se manifestera l'homme de péché, le fils de la perdition, 4 l'adversaire qui s'élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d'un culte, jusqu'à s'asseoir dans le sanctuaire de Dieu et à se présenter comme s'il était Dieu. 5 Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses lorsque j'étais encore chez vous ? 6 Et maintenant vous savez ce qui le retient pour qu'il se manifeste en son temps. 7 Car le mystère d'iniquité s'opère déjà, mais seulement jusqu'à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour. 8 Et alors se découvrira l'impie, que le Seigneur Jésus exterminera par le souffle de sa bouche et anéantira par l'éclat de son avènement. 9 Dans son apparition cet impie sera, par la puissance de Satan, accompagné de toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, 10 avec toutes les séductions de l'iniquité, pour ceux qui se perdent, parce qu'ils n'ont pas ouvert leur cœur à l'amour de la vérité qui les eût sauvés. 11 C'est pourquoi Dieu leur envoie des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, 12 en sorte qu'ils tombent sous son jugement tous ceux qui ont refusé leur foi à la vérité et ont au contraire pris plaisir à l'injustice. 13 Pour nous, nous devons rendre à Dieu de continuelles actions de grâces pour vous, frères bien-aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour vous sauver par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité. 14 C'est à quoi il vous a appelés par notre prédication de l’évangile, pour vous faire acquérir la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. 15 Ainsi donc, frères, demeurez fermes et gardez les enseignements que vous avez reçus, soit de vive voix, soit par notre lettre. 16 Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, que Dieu notre Père, qui nous a aimés et nous a donné par sa grâce une consolation éternelle et une bonne espérance, 17 console vos cœurs et vous affermisse en toute bonne œuvre et bonne parole.



2 Thessaloniciens 3. 1 Au reste, frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course et soit en honneur, comme elle l'est chez vous 2 et afin que nous soyons délivrés des hommes fâcheux et pervers car la foi n'est pas le partage de tous. 3 Mais le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du mal. 4 Nous avons en vous cette confiance dans le Seigneur que vous faites et que vous ferez ce que nous vous prescrivons. 5 Que le Seigneur dirige vos cœurs dans l'amour de Dieu et la patience du Christ. 6 Nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous séparer de tout frère qui vit d'une façon déréglée et non selon les instructions reçues de nous. 7 Vous savez vous-mêmes ce que vous devez faire pour nous imiter car nous n'avons rien eu de déréglé parmi vous. 8 Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne mais nous avons été nuit et jour à l'œuvre, dans la fatigue et la peine, pour n'être à charge à aucun de vous. 9 Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit, mais nous voulions vous donner en nous-mêmes un exemple à imiter. 10 Aussi bien, lorsque nous étions chez vous, nous vous déclarions que si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. 11 Cependant nous apprenons qu'il y a parmi vous des gens déréglés, qui ne travaillent pas mais qui ne s'occupent que de choses vaines. 12 Nous les invitons et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, de travailler paisiblement pour manger un pain qui leur appartienne. 13 Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. 14 Et si quelqu'un n'obéit pas à l'ordre donnée par cette lettre, notez-le, et, pour le confondre, ne le fréquentez plus. 15 Ne le considérez pourtant pas comme un ennemi mais avertissez-le comme un frère. 16 Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps de toute manière. Que le Seigneur soit avec tous. 17 La salutation est de ma propre main, à moi Paul, c'est là ma signature dans toutes les lettres, c'est ainsi que j'écris. 18 Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous.


Notes sur la 2ème Lettre aux Thessaloniciens


1.1 Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.

1.5 une preuve du juste jugement de Dieu (…) jugés dignes du royaume. Thomas d’Aquin. Car ainsi qu’il est dit en S. Matthieu (11, 12) : le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s'en emparent et (Romains 8, 17): "Pourvu toutefois que nous souffrions avec lui, afin que nous soyons glorifiés avec lui." C’est pourquoi S. Paul dit pour lequel vous souffrez, car la tribulation que l’on souffre pour Dieu, rend digne du royaume de Dieu (Matthieu 5, 10) : "Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume du ciel est à eux".

1.9 Ils subiront la peine d'une perdition éternelle, Thomas d’Aquin, ils souffriront la peine d’une éternelle damnation. 1) en tant qu’il y a un double châtiment : la peine du sens et celle du dam. De la peine du sens on peut expliquer le texte ainsi : Ils souffriront, c’est-à-dire ils souffriront des peines éternelles, qui n’auront jamais de fin, et ce châtiment aura lieu à la mort, car ils mourront toujours. Il en est, en effet, autrement de ces peines et de celles de la vie. Ici-bas, plus les peines sont cruelles, plus elles sont limitées dans le temps, parce qu’elles s’épuisent, mais les peines de l’autre vie sont très lourdes, parce que ce sont les peines de la mort, et qu’elles n’ont pas de fin. C’est de là qu’il est dit qu’ils seront à jamais comme dans la mort ; (Ps. 46, 15) : "la mort les dévorera" ; (Isaïe, 66, 24) : "Leur ver ne mourra pas." La peine du dam est de deux sortes : D’abord la privation de la vision de Dieu. C’est pourquoi l’Apôtre dit : loin de la face du Seigneur, c’est-à-dire éloignés de lui ; (Job, 13, 16) : "Aucun hypocrite n’osera paraître devant ses yeux." Ensuite la privation de la vision glorieuse dont jouissent les saints ; (Isaïe, 66, 20) : "Que l’impie soit enlevé de ma présence et qu’il ne voie pas la gloire des saints, etc."

2.2 par quelque esprit, soit par quelque parole ou lettre supposées venir de nous« Le jour du Seigneur signifie souvent dans l’Écriture la fin du monde, le jugement universel, où le Seigneur se montrera avec sa grandeur, sa puissance et sa justice souveraines ; mais les auteurs sacrés désignent aussi quelquefois par ce terme les grands événements dans lesquels la majesté divine se manifeste d’une manière frappante, et qui sont comme des images de la catastrophe finale. Saint Paul avertit les fidèles de Thessalonique de ne pas se laisser troubler par ceux qui annoncent que ce jour est proche, en alléguant à cet égard certaines révélations qu’ils prétendent tenir directement du ciel ou qu’ils attribuent à l’Apôtre, sinon au Sauveur lui-même. Loin de confirmer ces prédictions, saint Paul enseigne qu’on ne doit pas s’attendre à voir sitôt l’accomplissement des prophéties divines. Il assure qu’il doit se produire auparavant l’apostasie des peuples chrétiens qui se sépareront de l’Église, et l’apparition du « fils de la perdition », de l’homme de péché, de cet ennemi du vrai Dieu, qui se fera rendre à lui-même les honneurs divins. Ce qui portait l’Apôtre à donner cet avis à ses disciples, ce n’était pas seulement le désir de leur épargner une inquiétude sans fondement, c’était surtout la prévision du péril auquel leur foi serait exposée par les déceptions qui résulteraient de semblables illusions. C’est la même raison qui a porté l’Église à défendre sous peine d’excommunication d’annoncer pour une époque déterminée la venue de l’Antéchrist ou le jour du jugement.

2.3 Voir Éphésiens, 5, 6. ― Cette apostasie est la révolte de toutes les nations contre l’Église catholique, révolte qui a commencé, et qui deviendra plus générale dans les jours de l’Antéchrist, à la fin des temps.

2.4 Dans le temple de Jérusalem que quelques-uns croient qu’il rebâtira, ou dans les Églises chrétiennes qu’il consacrera à son culte, comme Mahomet a fait des églises d’Orient.

2.7 celui qui le retient, Dieu retient l’Antéchrist par la sainte Messe. L’abolition de la Messe permettra à l’Antéchrist de se faire connaître au monde. Certains exégètes pensent que la fin du monde ne peut pas arriver tant que l’Evangile n’a pas été annoncé au monde entier ou tant que les juifs ne sont pas devenus chrétiens.

2.8 Voir Isaïe, 11, 4.

2.10 les séductions de l'iniquité. Dieu permettra qu’ils soient réduits et trompés par des prodiges mensongers, en punition de ce qu’ils n’ont pas ouvert leur cœur à l'amour de la vérité. La conscience fait le choix de fermer les yeux à la vérité, ensuite, elle se prend le mur en pleine figure. Le mur n’est pas coupable.

2.14 L’Apôtre donne ici la même autorité à ce qu’il a enseigné, soit de vive voix, soit par écrit. C’est pour cela que l’Église reçoit avec le même respect les vérités renfermées dans les Écritures, et celles qui sont venue des Apôtres jusqu’à nous par le canal de la tradition. La Parole de Dieu est transmise par écrit, c’est la Bible ; et par oral, c’est la Tradition.

3.1 Voir Éphésiens, 6, 19 ; Colossiens, 4, 3.

3.2 la foi n'est pas le partage de tous, bien que Dieu accorde à tous les moyens de croire, tous n’en profitent pas.

3.3 vous préservera du mal, nous avons trois ennemis : notre chair incliné au mal depuis le péché originel, le monde et Satan.

3.8 Voir Actes des Apôtres, 20, 34 ; 1 Corinthiens, 4, 12 ; 1 Thessaloniciens, 2, 9. ― Saint Paul gagnait sa vie en fabriquant des tentes. Voir Actes des Apôtres, 18, 3.

3.13 Voir Galates, 6, 9.





















































































Introduction aux Lettres Pastorales



Origine de ce nom. — Il n’est guère employé d’une manière générale que depuis le XVIIIème siècle ; mais il convient fort bien pour désigner le petit groupe d’écrits formé par les deux lettres à Timothée et la lettre à Tite, lesquelles datent de la même période de la vie de saint Paul, sont adressées à deux de ses disciples les plus intimes, et ont beaucoup d’affinité entre elles sous le double rapport des pensées et du style. Cette dénomination est empruntée tout ensemble au sujet traité dans les trois lettres et au but que l’auteur se proposait en les écrivant. Composées pour deux évêques, pour deux « pasteurs » spirituels (sous l'ancienne alliance les princes et les prêtres d'Israël étaient déjà désignés par cette appellation métaphorique, cf. Isaïe 44, 28; Jérémie 2, 8 ; Ezéchiel 34, 2, etc. ; Notre-Seigneur Jésus-Christ se donne lui-même comme le bon Pasteur, cf. Jean 10, 2 et ss., et ses ministres sont honorés d'un nom identique, cf. Éphésiens 4, 11, qui devint habituel dès le début de l'Église pour représenter les chefs des chrétientés particulières), elles leur fournissent de précieuses instructions sur la manière de remplir fidèlement leurs fonctions délicates. Le choix et l’institution des évêques, des prêtres, des diacres et des veuves, quelques règles relatives au service divin, les devoirs des différentes catégories de fidèles, l'organisation de la vie des Églises particulières : voilà ce qu’on y trouve, avec quelques détails personnels qui concernent l’auteur et le destinataires. Ce trait commun leur donne une physionomie particulière, que ne possède aucune autre partie du Nouveau Testament. Le nom de « lettre pastorale » sert à désigner les instructions adressées par les évêques à leurs prêtres et à leurs diocésains.

Sans doute, nous ne devons pas chercher au grand complet dans ces lettres ce qu’on nomme aujourd’hui une Théologie pastorale. Elles ne contiennent, en effet, qu’un certain nombre d’avis pratiques, choisis parmi ceux que les circonstances de temps et de lieu rendaient plus pressants. Néanmoins, l’essentiel s’y trouve ; aussi ont-elles toujours été la source à laquelle sont venus puiser tous les bons prêtres, comme les y invite l’Église durant la cérémonie de leur ordination (« Instruits des disciplines que Paul avait exposées à Tite et à Timothée, pour… qu'ils croient ce qu'ils lisent, qu'ils enseignent ce qu'ils croient, qu'ils imitent ce qu'ils auront enseigné, et gardent pur et immaculé le don de leur ministère. » Pontifical Romain pour l’ordination des prêtres, Voyez saint Augustin, de La Doctrine Chrétienne, 4, 16, 3, et surtout l'excellent commentaire pratique de Mgr. Ginoulhiac, les lettres pastorales, ou Réflexions dogmatiques et morales sur les lettres de saint Paul à Timothée et à Tite, Paris, 1870).

Bien qu’elles soient directement adressées à Timothée et à Tite, l'individualité de ces saints personnages disparaît en grande partie ; leurs fonctions supérieures sont presque seules en vue. De là vient que nos trois lettres ont un caractère général, tout en étant destinées à de simples particuliers.

L'authenticité des lettres pastorales n’est pas attestée avec moins de force que celle des autres écrits de saint Paul (voyez l’Introd. gén.) ; mais, comme elle a été très violemment attaquée au XIXème siècle par les rationalistes (en 1807 pour la première fois. D'après Baur et son école, les lettres à Timothée et à Tite n'auraient été composées qu‘au milieu du second siècle. Quelques critiques admettent toutefois qu'elles auraient réellement pour base des lettres de saint Paul, remaniées considérablement, il sera bon de la traiter brièvement à part.

On ne trouve dans toute l’antiquité chrétienne aucun auteur orthodoxe qui ait exprimé le moindre doute sur ce point, tandis qu’on peut citer une longue série de témoignages favorables. 1° Le témoignage des Pères apostoliques, qui consiste en des citations, en des réminiscences et en des allusions plus ou moins caractéristiques, qui montrent que les écrivains ecclésiastiques de la fin du premier siècle et des premières années du second (Saint Clément pape, dans son Ep. ad Corinth., l'auteur de l’Ep. de Barnabé, saint Polycarpe, saint Ignace, l'auteur de l'Ep. à Diognète, etc.) connaissaient nos trois lettres, telles que nous les possédons aujourd’hui. 2° Le témoignage des anciens apologistes grecs, notamment de saint Justin (Dialogue avec Tryphon, 7 et 35 ; cf. Tite 3, 4) et de saint Théophile, évêque d’Antioche (Ad Autol. 3, 14 ; cf. 1 Timothée 2, 2, etc.), vers le milieu du second siècle. 3° Le témoignage des anciennes versions, notamment de la Peschito syriaque et de l’Itala. 4° Le témoignage des premiers hérétiques, dont les uns, comme Marcion, rejettent les lettres pastorales parce qu’elles condamnaient d’avance leurs doctrines perverses, tandis que les autres, comme Héracléon, Théodote, etc., en citent des passages : dans les deux cas c'était attester leur existence. 5° Le témoignage des Églises particulières, et par là même celui de l'Église universelle. L’Église des Gaules est représentée soit par la lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie, qui mentionne 1 Timothée 3, 15 et 4, 3-4 (cf. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 2-3 ; 5, 1, 17), soit par saint Irénée (son livre Contre les Hérésies s'ouvre par la citation de 1 Timothée 1, 4, avec cette formule : « Comme dit l'apôtre »). L’Église d’Alexandrie a pour témoins Clément d’Alexandrie et Origène ; l’Église d’Afrique, Tertullien ; l’Église romaine, le canon de Muratori, qui signale nommément les lettres pastorales comme des écrits authentiques de saint Paul (Manuel Biblique, t. 1, n. 41 ). 6° Le témoignage des manuscrits grecs les plus anciens, entre autres du « Vaticanus », de l’ « Alexandrinus », du « Sinaiticus ». 7° Le témoignage des premiers conciles, spécialement du troisième concile de Carthage, en 397.

Qui ne voit le caractère scientifique inébranlable d’un tel argument ? Mais rien ne trouve grâce devant la critique rationaliste, qui lui a opposé, selon sa coutume, des preuves intrinsèques, que nous devons examiner rapidement.

Le style, dit-on d'abord, diffère trop de celui de saint Paul pour que ces lettres puissent provenir de lui. Elles contiennent environ 150 expressions qui ne sont pas employées ailleurs dans le Nouveau Testament. Sur ce nombre, 74 appartiennent à 1 Timothée, 28 à 2 Timothée, 46 à la lettre à Tite. Notons entre autres les mots σωφρονίζειν, σωφρονισμός, ϰαλοδιδάσϰαλος, ἑτεροδιδασϰαλεῖν, de nombreux composés de φίλος, des formules nouvelles, telles que πιστὸς ὁ λόγος (1 Timothée 1, 15 ; 3, 4, etc.), λόγος ὑγιής (Tite 2, 8), εὐσεϐος ζῆν (2 Timothée 3, 12), etc. D’autre part, on y remarque l’absence de divers termes familiers à l'apôtre des païens (on signale ἐνεργεῖν, ϰαυχᾶσθαι, περισσός, σῶμα, etc.). Et non seulement le vocabulaire ne serait pas le même, mais la construction grammaticale offrirait aussi des différences notables (peu de constructions brisées, peu d'obscurité provenant de la richesse des preuves, etc.), sans parler du genre peu didactique, des pensées moins abondantes, des formules impératives, fréquentes ici (cf. 1 Timothée 5, 7-8, 22-25 ; 2 Timothée 3, 1, 5, 12, etc.) et rares ailleurs. — Sans nier l'existence de ces divergences, nous répondrons qu’elles ont été singulièrement exagérées et que, si on les prenait pour règle d’une manière absolue, on devrait contester l'authenticité de tous les écrits de saint Paul. En effet, « le même phénomène se présente dans toutes les lettres ; il n’y en a pas une seule qui ne renferme des mots qui ne reparaissent pas ailleurs. Par exemple, on en compte 94 dans la lettre aux Romains, 96 dans la seconde aux Corinthiens, 50 dans celle aux Galates. Quand on songe combien peu de pages nous avons de l’apôtre Paul, sur combien d’années elles se répartissent, combien de sujets différents il y traite (c'est particulièrement le cas dans les lettres pastorales), et combien il fait preuve de liberté, d’adresse, même de génie, dans le maniement d’une langue très riche par elle-même, et qu’il s'agissait maintenant de façonner pour le service d’un cercle d’idées toutes nouvelles, on serait en droit de s’étonner s’il y avait là une monotone uniformité, si son vocabulaire était moins riche. » (cette excellente réponse à l'objection est de M. Reuss, un des coryphées de la critique rationaliste). Au lieu d’innover sous le rapport du style, un faussaire se serait appliqué à n’employer que le vocabulaire le plus ordinaire de l'apôtre. D'ailleurs, comme on l’a dit très justement aussi, « les particularités du style sont contrebalancées par des ressemblances encore plus frappantes, et par des preuves (presque) infaillibles de la composition (de ces lettres) par saint Paul. »

On a objecté aussi les difficultés chronologiques et biographiques. Il serait impossible, prétendent divers critiques, de faire rentrer dans le cadre de la vie de saint Paul les détails personnels assez nombreux qui sont insérés çà et là dans les lettres pastorales, et plus spécialement dans la seconde lettre à Timothée. — Oui, sans doute, si l'on veut s’obstiner, comme on l’a fait souvent, à vouloir placer ces détails, et surtout les voyages de l’auteur, dans le cadre historique des Actes des Apôtres. Toute tentative de ce genre échoue forcément. Mais les difficultés s’aplanissent si l’on suppose, d’après Philippiens 2, 24, Philémon 22, Hebreux 13, 23-24, et suivant une tradition aussi claire qu’ancienne (voyez l'Introd. Gén., et le commentaire des lettres aux Philippiens et à Philémon) que saint Paul retrouva sa liberté à Rome, qu’il voyagea soit en Espagne, comme il le désirait depuis longtemps (cf. Romains 15, 28), soit dans les différentes régions de l’Orient que mentionnent les lettres à Timothée et à Tite (cf. 1 Timothée 1, 3 ; 4, 13 ; 2 Timothée 1, 18 ; 4, 13, 20 ; Tite 1, 5 ; 3, 12), soit qu’il subit une seconde captivité qui se termina pour lui par le martyre. Entre les années 63 et 67, il eut largement le temps d’exécuter les divers itinéraires marqués ici. Peu importe qu’il ne soit pas possible de déterminer avec certitude l’ordre de ces voyages, faute de renseignements suffisants : on a proposé plusieurs combinaisons qui sont parfaitement acceptables, et l’on n’a pas le droit d’exiger davantage. Voyez C. Fouard, Saint Paul, ses dernières années, Paris, 1897, p. 111 et ss. Plusieurs écrivains rationalistes admettent aussi le fait d'une double captivité de saint Paul à Rome.

On a objecté encore la différence qui existerait sous le rapport doctrinal entre les lettres pastorales et celles que les critiques consentent à attribuer à saint Paul. Mais cette différence n’existe pas en réalité. Citons de nouveau M. Reuss : « A l'égard de l'enseignement théologique, on ne trouve absolument rien dans ces trois lettres qui soit en contradiction avec la doctrine bien connue de saint Paul, ou seulement étranger à celle-ci. Tout au contraire, ses idées fondamentales s’y laissent facilement découvrir, bien que l'auteur ne soit nulle part amené à les exposer théoriquement et dans leur ensemble. En effet, cela aurait été superflu vis-à-vis des personnes auxquelles il s’adresse, et dans un moment où il se préoccupait d'intérêts exclusivement pratiques. » En ce qui concerne Dieu le Père, Notre-Seigneur Jésus-Christ, le salut, la foi, le rôle de la loi mosaïque, etc., nous trouvons ici les principes et les théories qui caractérisent l'apôtre des païens. Si la forme de nos trois lettres est moins dogmatique, cela tient au but tout pratique et moral que leur auteur avait en vue. Il est vrai qu’il insiste sur la nécessité des bonnes œuvres ; mais dans ses autres écrits pareillement, toutes les fois que l’occasion s’en présente, il demande comme une chose nécessaire que la foi porte des fruits (cf. Romains 2, 7 et 13, 3 ; 1 Corinthiens 13, 3 ; 2 Corinthiens 5, 10 ; Galates 5, 6 ; 1 Thessaloniciens 5, 8, etc.).

On exagère singulièrement aussi, lorsqu’on affirme que l'organisation des Églises, telle que la supposent nos trois lettres, « offrirait un état de choses tel qu’il ne s’est produit que plus tard », au milieu du second siècle. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les institutions ecclésiastiques durant la période qui les précéda, pour se convaincre que rien d’essentiel n’avait été introduit ou modifié, et en particulier, que nous ne trouvons pas ici «un système hiérarchique plus développé». Les Actes des apôtres et les lettres antérieures de Paul nous mettent sous les yeux une organisation aussi complète que celle des lettres pastorales : les apôtres, les prêtres-évêques (cf. Actes des Apôtres 11, 30 ; 14, 23 ; 15, 2 et ss. ; 20, 28, etc.; Romains 12, 7 et ss.; 1 Corinthiens 12, 28 ; Éphésiens 4, 11 ; Philippiens 1, 1, etc.), les diacres (Actes des Apôtres 6, 2 et ss. ; Philippiens 1, 1, etc. ), les diaconesses (Romains 16, 1 ; 1 Corinthiens 16, 15), des personnes chargées du ministère des pauvres (1 Corinthiens 16, 2 ; 2 Corinthiens 8-9), etc., et comme points plus minutieux encore, l’imposition des mains pour conférer leurs pouvoirs aux ministres sacrés (Actes des Apôtres 13, 1-4, etc.), l'interdiction faite aux femmes de parler dans les assemblées religieuses (1 Corinthiens 11, 5, etc.), etc. Toutes ces instructions détaillées sont d’ailleurs en parfaite harmonie avec l'esprit admirablement pratique dont saint Paul donne de nombreuses preuves dans ses lettres, et surtout dans la première aux Corinthiens.

Une dernière objection est tirée des éléments polémiques des lettres pastorales. Les faux docteurs qu’elles attaquent à plusieurs reprises et avec une grande vigueur ne seraient autres, prétend-on, que les gnostiques du second siècle ; ce qui résoudrait la question d'authenticité dans un sens absolument contraire à saint Paul. Mais cette assertion n’est pas plus fondée que les précédentes. La preuve en est d’abord dans l'impossibilité où sont les critiques de s’entendre au sujet du système gnostique représenté dans nos trois lettres (on a mentionné tour à tour les théories de Marcion, celles de Valentin, des Ophites, prédécesseurs de Valentin, un gnosticisme mitigé, etc.), et pourtant rien n'est plus connu que ce système. De plus, il est certain que les hérétiques auxquels l'apôtre fait ici la guerre, étaient avant tout des chrétiens judaïsants, quoiqu’ils fussent un peu plus avancés, sur certains points, que les judaïsants des Actes (Actes des Apôtres 15, 1 et ss. etc.) et des précédentes lettres de saint Paul (surtout la seconde aux Corinthiens et la lettre aux Galates), et qu’on ait pu les regarder comme les précurseurs très lointains du gnosticisme (ces détails seront développés dans le commentaire). Concluons en disant avec un auteur protestant que « tous les arguments apportés contre l'authenticité des lettres pastorales parlent en leur faveur, lorsqu’on les examine de plus près ». Un autre dit, avec non moins de justesse: « Si l'on compare nos trois lettres aux lettres qui ont été forgées au second siècle ou plus tard, et attribuées soit à saint Paul, soit à d'autres apôtres, on reconnaît que les premières sont manifestement authentiques. »












1ère Lettre à Timothée



Introduction


1° La personne de Timothée. - Son nom n'était pas rare chez les Grecs (cf. 1 Maccabées 5, 6 ; 2 Maccabées 8, 30, etc.). Il signifie : celui qui honore Dieu. Timothée était originaire de Lystres, en Lycaonie (cf. Actes des Apôtres 16, 1-2). II était issu d'un mariage mixte, son père étant Grec et sa mère Juive (cf. 10 Actes des Apôtres 16, 1 ; 2 Timothée 1, 5). Celle-ci l'éleva pieusement dans sa religion (cf. 2 Timothée 3, 15) ; mais il n'était pas circoncis, peut-être parce que le père ne le permit pas (cf. Actes des Apôtres 16, 3). C'est probablement lorsque saint Paul vint à Lystres durant son premier voyage apostolique (cf. Actes des Apôtres 16, 6), vers l'an 47, qu'il convertit et baptisa Timothée. A l'époque de son second voyage, sachant que le jeune néophyte était très estimé des chrétiens de Lystres et d'Iconium,et appréciant lui-même ses excellentes qualités, il se l'attacha comme auxiliaire (cf. Actes des Apôtres 16, 1 et s.). II est vraisemblable que les passages 1 Timothée 1, 18 et 4, 14, et 2 Timothée 1, 6, font allusion à des lumières surnaturelles que saint Paul aurait reçues au sujet de ce choix. Quoi qu'il en soit, il lui imposa les mains avec les prêtres de Lystres. Avant de l'emmener avec lui, il crut devoir le circoncire, de crainte qu'autrement son ministère ne fut rendu impossible chez les Juifs, qui, d'après leurs principes, le regardaient comme l'un des leurs, dès là que sa mère était Israélite (cf. Actes des Apôtres 16, 3).

Timothée fut pour saint Paul un compagnon fidèle, l'aidant avec un zèle tout filial (cf. Philippiens2, 22) en Macédoine et en Grèce (cf. Actes des Apôtres 16 et 17), pendant tout ce second voyage de l'apôtre.

Durant le troisième voyage, nous le trouvons à Éphèse auprès de son maître (cf. Actes des Apôtres 19, 22), qui lui confia alors des missions importantes et délicates (cf. 1 Corinthiens 4, 17 ; 16, 10-12) puis nous les voyons ensemble en Macédoine (cf. 2 Corinthiens 1, 1), à Corinthe (cf. Romains 16, 21) et à Troas (cf. Actes des Apôtres 20, 4-5), en route cette fois pour Jérusalem. Le disciple rejoignit plus tard saint Paul à Rome durant sa première captivité, car son nom est associé à celui de l'apôtre dans plusieurs des lettres écrites alors par ce dernier (cf. Philippiens 1, 1 ; Colossiens 1, 1 ; Philémon 1 ; Hébreux 13, 23 ; Philippiens 2, 19 et s.). D'après les deux lettres à Timothée, Paul, lorsqu'il retrouva sa liberté, rejoignit son disciple dans l'est et le laissa à la tête de l’Église d’Éphèse (cf. 1 Timothée 1, 3), avec des pouvoirs presque illimités.

La suite de l'histoire de Timothée ne nous est que très imparfaitement connue. D'après les Constitutions Apostoliques, 7, 46 (comp. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique 3, 46), il serait demeuré à Éphèse jusqu'à son martyre, qui aurait eu lieu sous Domitien, alors que le saint évêque essayait de détourner le peuple de prendre part à une fête licencieuse, célébrée en l'honneur de Diane (cf. Nicéphore, Histoire Ecclésiastique 3, 11 et les Acta Sanct. t.3, 176 et ss.)

Divers détails des lettres de saint Paul nous apprennent que Timothée avait une nature affectueuse (2 Timothée 1, 4), qu'il était souvent malade (1 Timothée 5, 23) et d'un caractère timide (1 Corinthiens 16, 10 ; 1 Timothée 4, 12). L'apôtre l'aimait comme Jésus avait aimé saint Jean : c'était son vrai fils (1 Timothée 1, 2), son enfant bien-aimé et fidèle (1 Corinthiens 4, 17 ; 2 Timothée 1, 2), avec lequel il n'avait qu'une seule âme (Philippiens 2, 20), parce qu'il cherchait toujours avec zèle les intérêts de Jésus-Christ (Philippiens 2, 21).

2° L'occasion de la première lettre à Timothée est assez bien déterminée par le contenu même de la lettre. Peu de temps avant de l'écrire, saint Paul s'était trouvé à Éphèse avec Timothée. Pendant le séjour assez court qu'il avait fait parmi les chrétiens de cette ville, l'apôtre avait remarqué que plusieurs détails administratifs, liturgiques, moraux, etc., avaient besoin d'être réglés ou améliorés. N'ayant pas le temps de s'en occuper alors, il dut partir, en priant son disciple de rester à Éphèse, et d'y lutter contre les fausses doctrines qui menaçaient d'envahir la communauté chrétienne de la cité (1 Timothée 1, 3). Il ne semble pas lui avoir donné tout d'abord d'autres instructions, parce qu'il espérait pouvoir revenir bientôt (1 Timothée 3, 14 et 4, 13) ; mais, se sentant retenu pour quelque temps encore, et ne sachant pas à quelle époque il lui serait permis de se mettre en route (1 Timothée 3, 14-15), il se décida à écrire à Timothée, soit pour lui réitérer ses recommandations orales contre les docteurs hérétiques, soit pour lui recommander de se choisir de bons et saints auxiliaires, soit enfin pour lui donner des instructions relatives à sa conduite comme pasteur des âmes.

Le but principal que se proposait l'apôtre est bien marqué par les mots « afin que, si je tarde, tu saches comment il faut te conduire dans la maison de Dieu » 1 Timothée 3, 15.

3° Le plan de la lettre. - Les lignes qui précèdent ont indiqué en gros le thème de la lettre : il est plus difficile de déterminer la division et l'analyse, car les sujets traités sont assez variés et se succèdent rapidement. La suite des idée n'est pas organisée et développée d'une manière systématique, comme, par exemple, dans les lettres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens.

Avec plusieurs commentateurs, nous diviserons la lettre en deux parties, dont la première correspond aux chap. 1-3, et la seconde aux chap. 4-6. La première partie a dans son ensemble un caractère plus général ; on peut l'intituler : ce que demande le bien de l'Église. La seconde est plus personnelle ; nous lui donnerons ce titre : ce que doit faire un ministre fidèle de l’Église.

Voici quelques détails. Dans la première partie, après la salutation initiale, 1, 1-2, nous trouvons un premier paragraphe, 1, 3-20, qui a un peu le caractère d’une introduction, et qui parle du bon combat que le pasteur des âmes doit soutenir pour le Christ et pour l’Église. Un second paragraphe, 2, 1-15, trace quelques règles à suivre pour que le culte public soit convenablement célébré ; le troisième, 3, 1-16, contient des instructions importantes relatives au choix des ministres sacrés. La deuxième partie renferme aussi trois paragraphes. Le premier, 4, 1-16, concerne les obligations de Timothée comme ministre de l’Église, surtout au sujet de sa prédication et de sa conduite. Le second, 5, 1 - 6, 2, lui indique ses devoirs particuliers envers les différentes catégories de personnes dont se composait son Église. Le troisième, 6, 3-21, est une instruction finale, qui contient encore plusieurs avis spéciaux du maître à son disciple.

4° La date et le lieu de la composition. - La première lettre à Timothée fut composée entre les années 64 et 66, c’est- à-dire entre les deux captivités de saint Paul à Rome. Il n'est pas possible de déterminer la date d'une manière plus précise. Le lieu de la composition est inconnu. Quelques anciens manuscrits mentionnent dans leurs inscriptions finales les noms de Laodicée, d'Athènes, de Nicopolis et de Rome ; mais ce sont là des conjectures sans fondements.











1ère Lettre à Timothée



1 Timothée 1. 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, selon l'ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance, 2 à Timothée, mon véritable fils en la foi : grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur. 3 Je te rappelle l'exhortation que je te fis en partant pour la Macédoine, de rester à Éphèse, afin d'enjoindre à certaines gens de ne pas enseigner d'autres doctrines 4 et de ne pas s'attacher à des fables et à des généalogies sans fin, plus propres à exciter des disputes qu'à avancer l'œuvre de Dieu qui repose sur la foi. 5 Le but de cette recommandation, c'est une charité venant d'un cœur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sincère. 6 Quelques-uns, ayant perdu de vue ces choses, se sont égarés dans un vain bavardage 7 ils ont la prétention d'être des docteurs de la Loi et ils ne comprennent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirment. 8 Nous savons que la Loi est bonne, pourvu qu'on en fasse un usage légitime 9 et qu'on retienne bien qu'elle n'est pas faite pour le juste mais pour les méchants et les rebelles, pour les impies et les pécheurs, pour les irréligieux et les profanes, pour ceux qui maltraitent leur père et leur mère, pour les meurtriers, 10 les débauchés, les hommes qui couchent avec d’autres hommes, les trafiquants d’esclaves, les menteurs, les parjures et pour quiconque commet tout autre crime contraire à la saine doctrine. 11 Ainsi l'enseigne l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, Évangile qui m'a été confié. 12 Je rends grâces à celui qui m'a fortifié : au Christ Jésus notre Seigneur, de ce qu'il m'a jugé digne de sa confiance en m'établissant dans le ministère, 13 moi qui fus autrefois un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur, mais j'ai obtenu miséricorde parce que j'agissais par ignorance n'ayant pas encore la foi. 14 Et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus. 15 C'est une parole digne de foi et qui mérite d’être crue par tous, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. 16 Mais j'ai obtenu miséricorde, précisément afin que le Christ Jésus fît voir, en moi le premier, toute sa patience, pour que je servisse d'exemple à ceux qui, à l'avenir, croiront en lui pour la vie éternelle 17 au Roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, honneur et gloire dans les siècles des siècles, amen. 18 Voilà la recommandation que je t'adresse, Timothée, mon enfant, suivant les prophéties faites précédemment à ton sujet, afin que d'après elles, tu combattes le bon combat, 19 en gardant la foi et une bonne conscience. Quelques-uns pour y avoir renoncé, ont fait naufrage dans la foi. 20 De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j'ai livrés à Satan, afin de leur apprendre à ne pas blasphémer.

1 Timothée 2. 1 Avant tout, j'exhorte donc à faire des prières, des supplications, des intercessions, des actions de grâces pour tous les hommes, 2 pour les rois et pour ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous passions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. 3 Cela est bon et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, 4 qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. 5 Car il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus fait homme, 6 qui s'est donné lui-même en rançon pour tous : c'est là un fait attesté en son temps, 7 et c'est pour en témoigner, que j'ai été établi prédicateur et apôtre, je dis la vérité je ne mens pas, docteur des nations dans la foi et la vérité. 8 Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, levant au ciel des mains pures, sans colère ni agitation de pensées. 9 De même que les femmes soient en vêtements décents, se parant avec pudeur et simplicité, sans tresses, or, perles où habits somptueux mais de bonnes œuvres, 10 comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu. 11 Que la femme reçoive l'instruction en silence, avec une entière soumission. 12 Je ne permets pas à la femme d'enseigner, ni de prendre autorité sur l'homme mais elle doit se tenir dans le silence. 13 Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite 14 et ce n'est pas Adam qui a été séduit, c'est la femme qui, séduite, est tombée dans la transgression. 15 Néanmoins, elle sera sauvée en devenant mère, pourvu qu'elle persévère dans la foi, dans la charité et dans la sainteté, unies à la modestie.



1 Timothée 3. 1 Cette parole est certaine : si quelqu'un aspire à la charge d’évêque, il désire une fonction excellente. 2 Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, qu'il n'ait eu qu'une seule femme, qu'il soit sobre, prudent, de bonne tenue, accueillant, capable d'enseigner, 3 qu'il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais doux, pacifique, désintéressé, 4 qu'il gouverne bien sa propre maison et qu'il maintienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite honnêteté. 5 Car si quelqu'un ne sait pas gouverner sa propre maison, comment aurait-il soin de l’Église de Dieu ? 6 Que ce ne soit pas un nouveau converti, de peur que, venant à s'enfler d'orgueil, il ne tombe dans la même condamnation que le diable. 7 Il faut encore qu'il jouisse de la considération de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans l'opprobre et dans les pièges du diable. 8 Que les diacres pareillement soient des hommes dignes, qu'ils ne soient pas doubles dans leurs paroles, ni adonnés au vin, ni avides d'un gain sordide 9 mais qu'ils conservent le mystère de la foi dans une conscience pure. 10 Qu'ils soient éprouvés d'abord et qu'ils exercent ensuite leur ministère, s'ils sont trouvés sans reproche. 11 Les femmes, de même, doivent être honorables, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. 12 Que les diacres soient maris d'une seule femme, qu'ils gouvernent bien leurs enfants et leur propre maison. 13 Car ceux qui remplissent bien leur ministère s'acquièrent un rang honorable et une grande assurance dans la foi en Jésus-Christ. 14 Je t'écris ces choses, quoique j'espère aller bientôt vers toi, 15 afin que, si je tarde, tu saches comment il faut te conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et la base de la vérité. 16 Et incontestablement, c'est un grand mystère de la piété, celui qui a été manifesté en chair, justifié en Esprit, contemplé par les anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde, exalté dans la gloire.



1 Timothée 4. 1 Mais l'Esprit dit clairement que dans les temps à venir, certains abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines diaboliques, 2 enseignées par des imposteurs hypocrites qui ont la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, 3 qui proscrivent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a créés afin que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité en usent avec actions de grâces. 4 Car tout ce que Dieu a créé est bon et l'on ne doit rien rejeter de ce qui se prend avec action de grâces, 5 parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. 6 En proposant aux frères ces enseignements, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des leçons de la foi et de la bonne doctrine que tu as fidèlement suivie. 7 Quant à ces fables profanes, ces contes de vieille femme, rejette-les et exerce-toi à la piété. 8 Car l'exercice corporel est un peu utile mais la piété est utile en tout, elle a des promesses pour la vie présente et pour la vie à venir. 9 C'est là une parole certaine et digne d'être reçue 10 car nous ne prenons tant de peine et nous n'endurons les outrages que parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des fidèles. 11 Voilà ce que tu dois prescrire et enseigner. 12 Que personne ne te méprise à cause de ta jeunesse, mais sois l'exemple des fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en chasteté. 13 En attendant que je vienne, applique-toi à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement. 14 Ne néglige pas la grâce qui est en toi et qui t'a été conférée par action prophétique, lorsque l'assemblée des anciens t'a imposé les mains. 15 Médite ces choses et sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents pour tous. 16 Veille sur toi-même et sur ton enseignement, mets-y une constante application car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même et tu sauveras ceux qui t'écoutent.



1 Timothée 5. 1 Ne reprends pas avec rudesse un vieillard, mais avertis-le comme un père, les jeunes gens, comme des frères, 2 les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, avec entière pureté. 3 Honore les veuves qui sont véritablement veuves. 4 Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu'ils apprennent avant tout à exercer la piété envers leur propre famille et à rendre à leurs parents ce qu'ils ont reçu d'eux. 5 Quant à celle qui est véritablement veuve, qui est seule dans le monde, celle-là a mis son espérance en Dieu et elle persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. 6 Pour celle qui vit dans les plaisirs, elle est morte, quoiqu'elle paraisse vivante. 7 Fais-leur ces recommandations, afin qu'elles soient sans reproche. 8 Or, si quelqu'un n'a pas soin des siens, surtout de ceux de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu'un infidèle. 9 Qu'une veuve, pour être inscrite sur la liste, n'ait pas moins de soixante ans, qu'elle ait été femme d'un seul mari, 10 qu'elle ait réputation pour ses bonnes œuvres d'avoir : élevé ses enfants, exercé l'hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les malheureux, entrepris toute sorte de bonnes œuvres. 11 Quant aux jeunes veuves, écarte-les, car, lorsque l'attrait des voluptés les détourne du Christ, elles veulent se remarier 12 et se rendent coupables, en manquant à leur premier engagement. 13 De plus, dans l'oisiveté, elles s'accoutument à aller de maison en maison et non seulement elles sont oisives, mais encore bavardes, curieuses, parlant de choses dont on ne doit pas parler. 14 Je désire donc que les jeunes veuves se marient, qu'elles aient des enfants, qu'elles gouvernent leur maison, qu'elles ne donnent à l'adversaire aucune occasion de médire, 15 car il en est déjà qui se sont égarées pour suivre Satan. 16 Si quelque fidèle, homme ou femme, a des veuves dans sa famille, qu'il pourvoie à leurs besoins et que l’Église n'en soit pas surchargée, pour pouvoir assister celles qui sont véritablement veuves. 17 Les anciens qui gouvernent bien sont dignes d'être doublement honorés, principalement ceux qui travaillent à la prédication et à l'enseignement, 18 car l’Écriture dit : "Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le blé." Et : "L'ouvrier mérite son salaire." 19 N'accueille pas d'accusation contre un ancien, si ce n'est sur la déposition de deux ou trois témoins. 20 Ceux qui manquent à leurs devoirs, reprends-les devant tous, afin d'inspirer aux autres de la crainte. 21 Je te conjure devant Dieu, devant le Christ Jésus et devant les anges élus, d'observer ces choses avec impartialité et de ne rien faire par favoritisme. 22 N'impose trop vite les mains à personne et n'aie pas de part aux péchés d'autrui, toi-même garde-toi pur. 23 Ne continue pas à ne boire que de l'eau mais prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions. 24 Il y a des personnes dont les péchés sont manifestes, même avant qu'on les juge, mais d'autres ne se découvrent qu'après. 25 De même les bonnes œuvres sont manifestes et celles qui ne le sont pas d'abord ne sauraient rester cachées.



1 Timothée 6. 1 Que tous ceux qui sont sous le joug comme esclaves, estiment leurs maîtres dignes de tout honneur afin que le nom de Dieu et sa doctrine ne soient pas blasphémés. 2 Et que ceux qui ont pour maîtres des fidèles ne les méprisent pas parce qu'ils sont leurs frères, mais qu'ils les servent d'autant mieux, puisque ceux qui reçoivent leurs services sont des frères et des amis. C'est ce qu'il faut enseigner et recommander. 3 Si quelqu'un donne un autre enseignement et n'adhère pas aux salutaires paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est conforme à la piété, 4 c'est un orgueilleux, un ignorant, un esprit malade qui s'occupe de questions et de disputes de mots, d'où naissent l'envie, les querelles, les propos injurieux, les mauvais soupçons, 5 les discussions sans fin d'hommes qui ont l'esprit perverti, qui privés de la vérité, ne voient dans la piété qu'un moyen de s’enrichir. 6 C'est, en effet, une grande richesse que la piété contente du nécessaire, 7 car nous n'avons rien apporté dans le monde et sans aucun doute nous n'en pouvons rien emporter. 8 Si donc nous avons de quoi nous nourrir et nous couvrir, nous serons satisfaits. 9 Ceux qui veulent être riches tombent dans la tentation, dans le piège et dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. 10 Car l'amour de l'argent est la racine de tous les maux et certains, pour s'y être livrés, se sont égarés loin de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de tourments. 11 Pour toi, homme de Dieu, fuis ces désirs, recherche au contraire la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur. 12 Combats le bon combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et pour laquelle tu as fait cette belle confession de foi devant un grand nombre de témoins. 13 Je te recommande devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant le Christ Jésus qui a rendu un si beau témoignage sous Ponce-Pilate, 14 de garder le commandement sans tache et sans reproche jusqu'à la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ, 15 que fera paraître en son temps le bienheureux et seul Souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, 16 qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l'honneur et la puissance éternelle, amen. 17 Recommande à ceux qui sont riches dans le monde présent de n'être pas hautains, de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais en Dieu, qui nous donne avec abondance tout ce qui est nécessaire à la vie, 18 de faire du bien, de devenir riches en bonnes œuvres, d'être prompts à donner de ce qu'ils ont, généreusement, 19 s'amassant ainsi pour l'avenir un solide trésor qui leur permette d'acquérir la vie véritable. 20 O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes et tout ce qu'oppose une science qui n'en mérite pas le nom, 21 quelques-uns, pour en avoir fait profession, ont erré dans la foi. Que la grâce soit avec vous, amen.


Notes sur la 1ère Lettre à Timothée


1.1 Voir Actes des Apôtres, 16, 1.

1.3 D’autres doctrines : doctrines différentes de la nôtre. Pour la Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9. ― A Éphèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19.

1.4 Voir 1 Timothée, 4, 7 ; 2 Timothée, 2, 23 ; Tite, 3, 9. Fables consistant en des généalogies d’êtres intermédiaires imaginés entre Dieu et le monde, déjà connus de Philon sous le nom de puissances divines, et appelés Éons par les gnostiques du IIe siècle.

1.8 Voir Romains, 7, 12.

1.9 La loi, en tant qu’elle menace, intimide et punit, n’est pas établie pour le juste ; c’est-à-dire qu’elle ne le regarde pas, mais qu’elle regarde seulement le pécheur ; parce que le juste, lui obéissant sans violence, sans contrainte, et l’accomplissant même avec plaisir et avec amour, n’est nullement sujet aux peines dont elle menace ceux qui la violent.

1.10 Les trafiquants d’esclaves ; ceux qui enlevaient les hommes et les vendaient comme esclaves, crime que la loi mosaïque punissait de mort. Voir Exode, 21, 16.

1.15 Voir Matthieu 9, 13 ; Marc, 2, 17.

1.20 Hyménée et Alexandre avaient été excommuniés par saint Paul. Il est de nouveau question d’Hyménée, voir 2 Timothée, 2, 17. Quant à Alexandre, il doit être différent de celui qui est mentionné à 2 Timothée, 4, 14, car ce dernier est qualifié d’ouvrier en airain.

2.5 Bien que Jésus-Christ soit l’unique médiateur de la rédemption, on peut recourir aux prières et à l’intercession des fidèles sur la terre, et des anges et des saints dans le ciel, pour obtenir miséricorde, grâce et salut par Jésus-Christ, comme saint Paul lui-même demande le secours des prières des fidèles, sans faire aucune injure à la médiation de Jésus-Christ.

2.6 un fait attesté en son temps, un témoignage qu’il s’est lui-même rendu, par sa mort, dans le temps marqué par son Père.

2.9 Voir 1 Pierre, 3, 3.

2.12 Voir 1 Corinthiens, 14, 34.

2.13 Voir Genèse, 1, 27.

2.14 Voir Genèse, 3, 6. ― Paul raisonne d’après Genèse, 3, 11-13, où il est dit expressément d’Eve, non d’Adam, qu’elle a été séduite (littéralement trompée) par le serpent. Satan savait qu’Adam avait un tel amour pour Eve, qu’une fois Eve séduite, Adam se laisserait facilement entraîner dans ce péché d’orgueil et de désobéissance. Dieu leur avait dit qu’ils mourraient, ils furent surpris de voir qu’Eve ne mourait pas immédiatement cf. St Robert Bellarmin, Controverses.

3.2 Voir Tite, 1, 7. ― Ceux qui prétendent que l’Apôtre défend seulement à un évêque d’avoir plusieurs femmes ne pensent pas que cette défense serait sans objet, puisque, de son temps, la polygamie était interdite même aux simples fidèles. D’ailleurs, si cette prétention était fondée, il faudrait dire aussi que saint Paul a permis aux veuves qui n’étaient pas au service de l’Église d’avoir plusieurs maris (voir 1 Timothée, 5, 9) ; assertion aussi fausse que révoltante. Une veuve, pour être établie diaconesse, doit avoir été « l’épouse d’un seul homme.

3.6 un nouveau converti  ; c’est-à-dire nouvellement baptisé.

3.7 Ceux du dehors. Voir 1 Corinthiens, 5, 12.

3.11 Les femmes, les diaconesses (voir Romains, 16, 1).

3.12 maris d'une seule femme. Voir le verset 2.

4.1 Voir 2 Timothée, 3, 1-2 ; 2 Pierre, 3, 3 ; Jude, 1, 18.

4.3 Saint Paul parle ici de certains anciens hérétiques tels que les encratites, les ébionites, les manichéens, etc., qui soutenaient que le mariage était interdit comme chose impure, tandis qu’ils se permettaient eux-mêmes la communauté des femmes et toutes les horreurs qu’elle entraîne à sa suite ; et qui de plus défendaient l’usage de la viande, prétendait qu’elle venait du principe du mal.

4.7 Voir 1 Timothée, 1, 4 ; 2 Timothée, 2, 23 ; Tite, 3, 9.

4.13 Applique-toi à la lecture : des Saintes Écritures.

4.14 par action prophétique ; c’est-à-dire à la suite d’une révélation prophétique. ― l'assemblée des anciens, l’assemblée des évêques et des prêtres, qui concourent à l’ordination dont saint Paul fut lui-même le principal ministre (voir 2 Timothée, 1, 6 ; Actes des Apôtres 6, 6 ; 13, 3)

5.9 femme d'un seul mari, cf. 1 Timothée, 3, 2.

5.10 lavé les pieds, etc. Le lavement des pieds a toujours été considéré dans l’antiquité comme faisant partie de l’hospitalité.

5.12 Leur premièr engagement ; le vœu par lequel elles s’étaient engagées en Jésus-Christ.

5.14 l’adversaire. C’est le démon, comme semble l’indiquer le verset suivant. Cf. 1 Pierre, 5, 8.

5.18 Voir Deutéronome, 25, 4 ; 1 Corinthiens, 9, 9 ; Matthieu 10, 10 ; Luc, 10, 7.

5.24 L’Apôtre veut dire qu’il est certains hommes dont les péchés sont déjà connus, avant l’examen qu’on pourrait en faire et le jugement qu’on pourrait en porter, tandis qu’il y en a d’autres dont les fautes ne se découvrent que par suite de cet examen.

6.7 Voir Job, 1, 21 ; Ecclésiaste, 5, 14.

6.8 Voir Proverbes, 27, 26.

6.12 Combats le bon combat ; c’est-à-dire soutiens vaillamment le bon combat ; genre de répétition qui a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours.

6.13 le Christ Jésus qui a rendu un si beau témoignage, c’est-à-dire qui a confirmé sa prédication par son témoignage. Cf. Matthieu 27, 2 ; Jean, 18, vv. 33, 37.

6.15 Voir Apocalypse, 17, 14 ; 19, 16.

6.16 Voir Jean, 1, 18 ; 1 Jean, 4, 12.

6.17 Voir Luc, 12, 15.









































































2ème Lettre à Timothée


Introduction


L'occasion et le but ; le temps et le lieu de la composition. — La situation n’est plus la même que pour 1 Timothée et pour la lettre à Tite. Saint Paul a cessé d’être libre. Il est de nouveau prisonnier à Rome (cf. 1, 8, 16 et 17 ; 4, 6 et ss., 21), dans une situation douloureuse et critique, presque seul, car quelques-uns de ses disciples avaient été envoyés au loin par lui pour fonder de nouvelles Églises, et d’autres l'avaient quitté d'eux-mêmes. Il a déjà comparu une première fois devant ses juges (voyez 4, 16-17), et sa cause a été ajournée. Il s’attend à être ramené bientôt devant le tribunal, et une issue fatale de son procès lui semble non moins certaine que prochaine (4, 8-9 ).

Dans sa tristesse, il s’adresse à son bien-aimé fils Timothée, qui était alors sans doute à Éphèse, comme à l'époque de la première lettre (il occupe toujours une haute position dans l'Église, et il est chargé d'enseigner, de diriger), et il le presse de venir le rejoindre promptement avec Marc. En même temps, comme il était possible que Timothée arrivât trop tard, il lui fait ses dernières recommandations, l'exhortant à la vaillance, malgré les difficultés de l’heure présente, l’engageant à se choisir des auxiliaires vraiment capables d’enseigner la vérité, le prémunissant contre les dangers spéciaux qui pouvaient créer des obstacles à son ministère.

La conviction où était l'apôtre que l’heure de sa propre mort approchait fut donc l'occasion directe de cette lettre. Le but est double : d’un côté, demander Timothée à Rome ; de l'autre, fortifier sa foi et son zèle, et lui adresser des recommandations suprêmes. La lettre fut composée à Rome, dans la prison où souffrait saint Paul, peu de temps avant son martyre, par conséquent vers la fin de l’an 66, ou au commencement de l’an 67.

Le sujet et la division. — La plus grande partie de la lettre renferme des avis donnés à Timothée au sujet de son enseignement et de sa conduite comme évêque. Le maître mentionne tout ce qui était capable d'encourager, de toucher, d’instruire son disciple, de manière à le renouveler dans l'exercice fidèle de ses fonctions, spécialement en ce qui concernait la préservation du dépôt sacré de la foi.

La lettre, très mouvementée, se prête assez difficilement à une division logique, car il n’y règne pas un ordre aussi suivi que dans la précédente. Il nous semble qu’on peut la scinder en deux parties. Dans la première, 1, 1-2, 13, Paul recommande à Timothée de combattre sans crainte et fidèlement pour l'évangile. Dans la seconde, 2, 14-4, 8a, il l’exhorte à lutter sans faiblir contre les faux docteurs et contre le danger d’apostasie. La première partie est plus personnelle ; la seconde parle très fréquemment des docteurs de mensonge et des dangers qu’ils faisaient courir aux vrais croyants. Vient ensuite une conclusion, 4, 8b-22, qui contient des recommandations de différente nature, des nouvelles et la salutation finale.

Caractère spécial de cette lettre. — Elle est d’abord très intime, très personnelle. Presque tout est individuel et privé, dans l'ensemble comme dans les moindres détails. On sent vraiment battre le cœur aimant de Paul. En outre, cette lettre tient moins de l’instruction que de l’exhortation ; mais il serait difficile d'imaginer une exhortation plus solide, plus tendre et plus vivante. Le ton y change à plusieurs reprises, selon que Paul se laisse dominer par la certitude de sa mort prochaine, ou qu’il songe seulement à instruire Timothée des devoirs à remplir durant la crise pénible que traversait alors l’Église. C'est le testament du maître (pensée qu’on a souvent répétée à la suite de saint Jean Chrysostome), adressé au disciple favori. Dans son triste isolement, Paul pense moins à lui-même qu’à son œuvre et à celui auquel il pouvait en léguer l'héritage avec une entière confiance.

La lettre n’est pas moins remarquable par son accent de majestueuse solennité que par celui de la tendresse pathétique. Ce qui est particulièrement touchant, ce sont avec les grandes pensées dogmatiques que Paul ne néglige jamais, ces ouvertures de cœur sur sa propre vie, ces tableaux de ce qu’il a fait et de ce qu’il fait encore, de ce qu’il a souffert et de ce qu’il souffre pour la bonne cause, enfin cette assurance ferme de la récompense qui lui est réservée, ainsi qu’à tous ceux qui, comme lui, auront combattu jusqu’à la fin le bon combat de la foi et de la justice.











































































2ème Lettre à Timothée



2 Timothée 1. 1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, pour annoncer la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus 2 à Timothée, mon enfant bien-aimé : grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ notre Seigneur. 3 Je rends grâces à Dieu, que je sers ainsi que mes pères avec une conscience pure, comme aussi je fais continuellement mention de toi dans mes prières, nuit et jour. 4 Je me rappelle tes larmes et je désire te voir, afin d'être rempli de joie. 5 Je me souviens aussi de la foi qui est en toi si sincère et qui a été constante d'abord dans ton aïeule Loïs et dans ta mère Eunice et, j'en suis sûr, elle est de même en toi. 6 C'est pourquoi je t'avertis de ranimer la grâce de Dieu que tu as reçue par l'imposition de mes mains. 7 Car ce n'est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de modération. 8 Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi, son prisonnier mais souffre avec moi pour l’évangile, appuyé sur la force de Dieu, 9 qui nous a sauvés et nous a appelés par une vocation sainte, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre décret et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant le commencement des siècles, 10 et qui a été manifestée à présent par l'apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en lumière la vie et l'immortalité par l’évangile. 11 C'est pour cela que j'ai été établi prédicateur, apôtre et docteur, 12 c'est aussi pour cette raison que j'endure les souffrances présentes. Mais je n'en ai pas honte, car je sais en qui j'ai mis ma confiance et j'ai la conviction qu'il a le pouvoir de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là. 13 Conserve le souvenir fidèle des saines instructions que tu as reçues de moi sur la foi et la charité qui est en Jésus-Christ. 14 Garde le bon dépôt par le Saint-Esprit qui habite en nous. 15 Tu sais que tous ceux qui sont en Asie m'ont abandonné, entre autres Phygelle et Hermogène. 16 Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d'Onésiphore car souvent il m'a réconforté et il n'a pas rougi de mes fers. 17 Au contraire, dès son arrivée à Rome, il m'a cherché avec un grand empressement et m'a trouvé. 18 Que le Seigneur lui donne d'obtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là. Tu sais mieux que personne tous les services qu'il m'a rendus à Éphèse.



2 Timothée 2. 1 Pour toi donc, mon enfant, affermis-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus 2 et les enseignements que tu as reçus de moi en présence de nombreux témoins, confie-les à des hommes sûrs, qui soient capables d'en instruire d'autres. 3 Prends ta part de la peine comme un brave soldat du Christ Jésus. 4 Dans le métier des armes, nul ne s'embarrasse des affaires de la vie, s'il veut plaire à celui qui l'a enrôlé 5 et l'athlète n'obtient la couronne que s'il a lutté selon les règles. 6 Il faut que le laboureur travaille d'abord avant de recueillir les fruits. 7 Réfléchis à ce que je te dis car le Seigneur te donnera l'intelligence en toutes choses. 8 Souviens-toi que Jésus-Christ, issu de la race de David, est ressuscité d'entre les morts, d'après l’évangile que je prêche 9 et pour lequel je souffre jusqu'à être enchaîné comme un malfaiteur, mais la parole de Dieu n'est pas enchaînée. 10 C'est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. 11 C'est là une parole certaine : si nous mourrons avec lui, nous vivrons aussi avec lui, 12 si nous persévérons dans l'épreuve, nous régnerons avec lui, si nous le renions, lui aussi nous reniera. 13 Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle car il ne peut se démentir. 14 Voilà ce que tu dois rappeler, en prenant le Seigneur à témoin d'éviter ces disputes de mots qui ne servent à rien, si ce n'est à la ruine de ceux qui les entendent. 15 Efforce-toi de te montrer dans le service de Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n'a pas à rougir, dispensant avec droiture la parole de la vérité. 16 Fuis les discours profanes et vains car leurs auteurs iront toujours plus avant dans l'impiété 17 et leur parole fera des ravages comme la gangrène. De ce nombre sont Hyménée et Philète, 18 qui se sont éloignés de la vérité, en disant que la résurrection a déjà eu lieu et qui renversent la foi de plusieurs. 19 Mais le solide fondement de Dieu demeure ferme avec ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui et : Qu'il s'éloigne de l'iniquité celui qui prononce le nom du Seigneur. 20 Dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent, mais il y en a aussi de bois et de terre, les uns pour des usages honorables, les autres pour des usages vils. 21 Si donc quelqu'un s'est gardé pur de ces choses-là, il sera un vase d'honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre. 22 Fuis les passions de la jeunesse et recherche la justice, la foi, la charité et la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur. 23 Rejette les questions folles et inutiles, tu sais qu'elles engendrent des disputes. 24 Or il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur conteste, il doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous, savoir instruire et supporter, 25 redressant avec douceur les opposants, dans l'espoir que Dieu leur donnera de se convertir à la connaissance de la vérité, 26 et que, revenus au bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui les tient captifs et les asservit à ses volontés.



2 Timothée 3. 1 Sache que, dans les derniers jours, il viendra des temps difficiles 2 car les hommes seront égoïstes, cupides, fanfarons, superbes, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, impies, 3 sans affection, sans loyauté, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, 4 traîtres, insolents, enflés d'orgueil, amis des voluptés plus que de Dieu, 5 ayant les dehors de la piété sans en avoir la réalité : éloigne-toi de cette sorte de gens. 6 Tels sont ceux qui s'insinuent dans les familles pour captiver des femmelettes chargées de péchés, travaillées de passions de toute espèce 7 qui toujours apprennent sans pouvoir jamais parvenir à la connaissance de la vérité. 8 Pareils à Jannès et à Jambrès qui s'opposèrent à Moïse, de même ces hommes, viciés d'esprit et pervertis dans la foi, s'opposent à la vérité. 9 Mais ils ne feront plus de progrès car leur folie éclatera aux yeux de tous, comme celle de ces deux hommes-là. 10 Pour toi, tu m'as suivi dans ma doctrine, dans ma conduite, dans mes projets, dans ma foi, dans ma longanimité, dans ma charité, dans ma constance, 11 dans mes persécutions, dans mes souffrances, telles qu'il m'en est survenu à Antioche, à Iconium, à Lystres. Elles sont sans nombre, les persécutions que j'ai endurées et chaque fois le Seigneur m'en a délivré. 12 Aussi bien, tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus auront à souffrir persécution. 13 Quant aux méchants et aux imposteurs, ils iront toujours plus avant dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes. 14 Pour toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et dont tu as la certitude, sachant de qui tu le tiens, 15 et que, dès ton enfance, tu as connu les Saintes Lettres, qui peuvent te donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. 16 Toute Écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour former à la justice, 17 afin que l'homme de Dieu soit parfait, apte à toute bonne œuvre.



2 Timothée 4. 1 Je t'adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts et par son apparition et son règne : 2 prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant, 3 car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine mais ils se donneront une foule de maîtres, suivant leurs convoitises et avides de ce qui peut chatouiller leurs oreilles. 4 Ils les fermeront à la vérité pour les ouvrir à des fables. 5 Mais toi, sois circonspect en toutes choses, endure la souffrance, fais l'œuvre d'un prédicateur de l’Évangile, sois tout entier à ton ministère. 6 Car pour moi, je sers déjà de libation et le moment de mon départ est proche. 7 J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi, 8 il ne me reste plus qu'à recevoir la couronne de justice, que me donnera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé son avènement. 9 Tâche de me rejoindre au plus tôt 10 car Démas, m'a quitté par amour pour le monde présent et il est parti pour Thessalonique, Crescent est allé en Galatie, Tite en Dalmatie. 11 Luc seul est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi car il m'est d'un grand secours pour le ministère. 12 J'ai envoyé Tychique à Éphèse. 13 En venant, apporte le manteau que j'ai laissé à Troas chez Carpus, ainsi que les livres, surtout les parchemins. 14 Alexandre, le fondeur, m'a fait beaucoup de mal : le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. 15 Toi aussi, tiens-toi en garde contre lui car il a fait une forte opposition à notre prédication. 16 Personne ne m'a assisté dans ma première défense, tous m'ont abandonné : que cela ne leur soit pas imputé. 17 Cependant, le Seigneur m'a assisté et m'a fortifié afin que la parole fût pleinement annoncée par moi et entendue de toutes les nations et j'ai été délivré de la gueule du lion. 18 Le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise et il me sauvera en me faisant entrer dans son royaume céleste. A lui soit la gloire aux siècles des siècles, amen. 19 Salue Prisca et Aquila et la famille d'Onésiphore. 20 Éraste est resté à Corinthe et j'ai laissé Trophime malade à Milet. 21 Hâte-toi de venir avant l'hiver. Eubule te salue, ainsi que Pudens, Linus, Claudia et tous les frères. 22 Que le Seigneur Jésus-Christ soit avec ton esprit. Que la grâce soit avec vous, amen.



Notes sur la 2ème Lettre à Timothée


1.1 la promesse de vie ; c’est-à-dire pour annoncer la vie éternelle qui s’obtient par Jésus-Christ.

1.3 Avec une conscience pure. Lorsque saint Paul persécutait l’Église avant sa conversion, il ne le faisait que par ignorance et par un zèle mal entendu pour la vérité et la justice. Voir 1 Timothée, 1, 13.

1.5 Loïs était peut-être la mère d’Eunice. Nous savons par Actes des Apôtres, 16, 1, qu’Eunice était une Juive fidèle.

1.7 Voir Romains, 8, 15.

1.8 Du témoignage à rendre à Notre Seigneur ; c’est-à-dire qui doit être rendu à Notre-Seigneur, en le confessant publiquement, en prêchant hardiment l’Évangile. ― Moi son prisonnier. Saint Paul écrit étant prisonnier à Rome et c’est Jésus-Christ, c’est sa cause, qui l’a mis et le tient dans les chaînes.

1.9 Voir Tite, 3, 5.

1.10 La mort, du corps et de l’âme, fruit du péché.

1.11 Voir 1 Timothée, 2, 7.

1.12 Ce jour-là. Saint Paul désigne ainsi le jugement, où chacun recevra selon ses œuvres.

1.15 Ceux qui sont en Asie. Dans l’Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6. Phygelle et Hermogène. On ne sait sur eux que ce qui est dit ici.

1.16 Voir 2 Timothée, 4, 19. ― Onésiphore était un bon chrétien d’Éphèse. Le langage de saint Paul semble supposer qu’Onésiphore était déjà mort.

1.18 En ce jour-là. Voir le verset 12. ― A Éphèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19.

2.12 Voir Matthieu 10, 33 ; Marc, 8, 38.

2.13 Voir Romains, 3, 3. Il nous reniera si nous sommes infidèles envers lui, non par l’effet d’une infidélité de sa part, mais parce qu’il demeure lui-même fidèle à ses menaces et à ses châtiments.

2.17 leur parole fera des ravages, le discours de ceux dont les entretiens sont profanes et vains. ― De ce nombre sont, etc. Cf. 1 Timothée, 1, 20. ― Philète n’est pas nommé dans la première lettre à Timothée. C’était probablement un Juif comme Hyménée.

2.18 Les gnostiques n’admettaient pas d’autre résurrection que la résurrection spirituelle de l’âme quand elle passe de l’erreur à la vérité.

2.23 Voir 1 Timothée, 1, 4 ; 4, 7 ; Tite, 3, 9.

3.1 Voir 1 Timothée, 4, 1 ; 2 Pierre, 3, 3 ; Jude, 1, 18.

3.7 qui toujours apprennent : ironie ; ces femmes s’attachaient aux faux docteurs sous prétexte d’apprendre la religion.

3.8 Jannès et Jambrès. Ces noms ne se trouvent pas dans l’Écriture ; ils ont été conservés par la tradition. D’après une tradition juive, ce sont les deux adeptes de la magie qui appuyèrent de leurs prestiges la résistance du Pharaon à Moïse (voir Exode, chapitre 7).

3.11 A Antioche de Pisidie. Voir Actes des Apôtres, 13, 14. ― A Icone. Voir Actes des Apôtres, 13, 51. ― A Lystre. Voir Actes des Apôtres, 14, 6.

3.16 Voir 2 Pierre, 1, 20.

4.6 je sers déjà de libation. Chez les païens, les libations sur la victime se faisaient avant l’immolation. Or saint Paul devant mourir de la main des païens, a pu faire allusion à cet usage. Mais comme chez les Hébreux les libations ne se pratiquaient que sur la victime déjà immolée, les Pères grecs et la plupart des commentateurs expliquent ainsi ce passage : J’ai été immolé, on a déjà fait les libations sur moi ; il ne me reste que d’être consumé par le feu.

4.7 J’ai combattu, etc. Voir 1 Timothée, 6, 12.

4.8 ce jour-là ; c’est-à-dire au grand jour du jugement, comme le contexte le montre assez clairement. Cf. 1 Timothée, 1, vv. 12, 18.

4.10 Démas, voir Colossiens, 4, 14. A Thessalonique. Voir Actes des Apôtres, 17, 1. Crescent, personnage inconnu. En Galatie. Voir Actes des Apôtres, 18, 23. ― Tite. Voir 2 Corinthiens, 2, 13. ― En Dalmatie, partie de l’Illyrie, sur la côte orientale de l’Adriatique.

4.11 Voir Colossiens, 4, 14. ― Luc l’évangéliste. ― Marc, voir Actes des Apôtres, 12, 12.

4.12 Tychique. Voir Actes des Apôtres, 20, 4. ― A Éphèse, voir Actes des Apôtres, 18, 19.

4.13 Les livres dont parle ici saint Paul sont probablement les saintes Écritures traduites en grec, et les parchemins, les rouleaux qui contenaient le texte hébreu écrit sur du parchemin, comme on peut en voir encore aujourd’hui chez les Juifs. Troas. Voir Actes des Apôtres, 16, 8. ― Carpus n’est mentionné que dans ce passage. ― Le manteau, était une sorte de manteau long, sans manches, avec une simple ouverture pour la tête.

4.14 Alexandre. Voir 1 Timothée, 1, 20.

4.19 Prisca et Aquila. Voir Actes des Apôtres, 18, 2. ― La famille d’Onésiphore. Voir 2 Timothée, 1, 16.

4.20 Eraste. Voir Actes des Apôtres, 19, 22. ― Trophime. Voir Actes des Apôtres, 20, 4. ― A Corinthe. Voir Actes des Apôtres, 18, 1. ― A Milet. Voir Actes des Apôtres, 20, 15.

4.21 Eubule, Pudens, Claudie. On ne connaît sur eux rien de certain. On suppose que Claudia était la femme de Pudens et Pudens, d’après plusieurs savants, était un sénateur romain, le père de sainte Praxède et de sainte Pudentienne, vierges et martyres. ― Linus devint pape et fut le successeur de saint Pierre sur le siège de Rome.







Lettre à Tite



Introduction


Le destinataire. — Quoique Tite fût un des disciples et des compagnons privilégiés de saint Paul, son nom est rarement cité dans les écrits du grand apôtre et jamais dans le livre des Actes. Les tentatives qu’on a faites pour l'identifier avec Titus (ou Titius) Justus, Actes des Apôtres 18, 7, sont sans valeur. Ce nom est latin, mais ne dit rien par lui-même sur la patrie de Tite, que l’on ne saurait déterminer avec certitude. On l'a placée tour à tour en Crête, à Corinthe, ou ailleurs. Il était païen de naissance (Galates 2, 3), et il fut probablement converti par saint Paul lui-même. C'est sans doute pour ce motif que l'apôtre le nomme son « fils bien-aimé » (cf. Tite 1, 4). Il se trouvait à Antioche de Syrie quatorze ans après la conversion de l'apôtre des païens, au moment des troubles occasionnés par les judaïsants. Son maître l'emmena avec lui à Jérusalem, à l'époque du célèbre concile, vers l'an 51 (cf. Galates 2, 1), et comme il n’était pas circoncis, plusieurs exigèrent qu'il subit ce rite, dont les faux docteurs proclamaient la nécessité ; mais Paul s’y refusa énergiquement (Galates 2, 3 et ss.).

Nous retrouvons Tite à l’époque où furent composées les deux lettres aux Corinthiens, c'est-à-dire, vers l’année 54. Saint Paul l’envoya alors trois fois de suite à Corinthe : tout d’abord pour y organiser la collecte destinée aux pauvres de Jérusalem (cf. 2 Corinthiens 8, 6 ; 12, 18) ; puis pour se rendre compte de l’effet produit par sa première lettre, à la suite des incidents pénibles dont l'Église de Corinthe avait été le théâtre (2 Corinthiens 2, 12-13 ; 7, 6-7, 13-15) ; enfin, avec deux autres disciples, pour achever la quête commencée (cf. 2 Corinthiens 8, 16-23). Les autres détails scripturaires relatifs à Tite sont contenus dans la lettre qui porte son nom. Elle suppose, en effet, que saint Paul, lorsque son premier emprisonnement à Rome eut pris fin, vint avec ce disciple dans l’île de Crète, où il le laissa, de même que Timothée à Éphèse, avec de pleins pouvoirs pour compléter l'organisation des Églises de la contrée (voyez Tite 1, 5). A la fin de la lettre (3, 12), son maître lui dit qu’il le fera venir auprès de lui à Nicopolis, en Épire. C’est peut-être dans cette ville que Paul lui confia une mission spéciale pour la Dalmatie (2 Timothée 4, 10). D’après les anciens écrivains ecclésiastiques (voyez les Constitions Apostoliques, 7, 46 ; Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 4, 6), il vécut dans l’île de Crète jusqu’à un âge très avancé, en continuant d’exercer ses fonctions d’évêque.

L'occasion et le but. — Il ne semble pas que Paul et Tite aient été les premiers à prêcher l'évangile dans l'île de Crète. Les passages Tite 1, 6-11 et 2, 1-10, prouvent qu’à l’époque où la lettre fut composée, il y avait là des chrétientés nombreuses, formées de fidèles qui appartenaient à toutes les catégories de la société, et déjà organisées en partie ; or, il semble difficile que les deux missionnaires aient eu le temps, durant le rapide séjour que saint Paul fit dans l’île, de produire des résultats si considérables. Du moins, ils complétèrent l’œuvre que d’autres avaient commencée, parcourant les villes et confirmant les chrétiens dans la foi (cf. 1, 12). Obligé de repartir bientôt, pour aller visiter les Églises qu’il avait fondées dans l’Asie Mineure, la Macédoine et la Grèce, Paul laissa son disciple en Crète pour achever l'organisation des jeunes chrétientés et pour corriger les abus naissants. Assurément il avait donné à Tite de vive voix, avant de le quitter, les avis qu’il croyait nécessaires ; mais il jugea bon, quelque temps après, de les lui renouveler par écrit, à cause des difficultés particulières que présentait l'administration des Églises crétoises. Ces difficultés provenaient soit du caractère vicieux des habitants (cf. 1, 12), soit des Juifs domiciliés en grand nombre dans l’île (voyez 1, 10 et Josèphe, Guerre des Juifs, 2, 7, 1), soit des faux docteurs qui, là comme en d'autres régions, répandaient leur enseignement pernicieux.

Rien ne démontre que cette lettre soit une réponse à une communication que Tite aurait faite à son maître au sujet de son ministère dans l’île. Il est plus probable que l'apôtre profita, pour l'écrire, d’un voyage entrepris alors par ses deux disciples Zénas et Apollos, voyage qui devait les conduire tout d’abord en Crête (voyez 3, 13).

La ressemblance de la lettre à Tite avec la première à Timothée est très frappante. Elle n’a pas lieu de nous surprendre, puisque les deux lettres furent écrites vers la même époque, en des occasions et dans un but presque identiques. L'organisme général des deux compositions est à peu près le même. En effet les avertissements contre les docteurs hérétiques forment comme une charpente, dans laquelle sont introduites les règles qui se rapportent aux ministres sacrés et aux devoirs spéciaux des différentes classes de fidèles. De part et d’autre aussi, dans chacune des subdivisions relatives à la morale, nous trouvons une assertion dogmatique qui y met pour ainsi dire le sceau (voyez Tite 1, 15 ; 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; et comp 1 Timothée 2, 4-6 ; 3, 16 ; 4, 10 ; 6, 13-16).

Mais il y a plus que cela, puisqu’il existe entre les deux écrits un certain nombre de ressemblances littérales. En voici quelques exemples :

Tite 1, 1-4 = 1 Timothée 1, 1-2.

Tite 1, 5-9 = 1 Timothée 3, 1-7

Tite 1, 11 = 1 Timothée 3, 9 (cf. 2 Tim. 3, 6)

Tite 2, 1-6 = 1 Timothée 5, 1-2

Tite 2, 7 = 1 Timothée 4, 12

Tite 2, 9-10 = 1 Timothée 6, 1

Tite 2, 14 = 1 Timothée 2, 6

Tite 2, 15 = 1 Timothée 4, 12 ; 5, 20 ; 6, 2

Tite 3, 9 = 1 Timothée 4, 7, 6, 11.

Partout, cependant, il y a des nuances originales. Dans l'ensemble, la lettre à Tite est plus condensée ; elle est aussi moins intime et moins confidentielle. La personnalité soit de l'auteur, soit du destinataire, est moins à l'avant-scène.

Le sujet et la division. — Ainsi qu’il a été dit plus haut, la lettre à Tite se compose tout entière d'importantes instructions, adressées par saint Paul à Tite pour lui tracer la marche qu’il devait suivre en sa qualité de délégué apostolique dans l’île de Crète. Après un préambule, 1, 1-4, qui contient la salutation habituelle, on trouve le corps de la lettre, 1, 5-3, 11 , composé de deux parties. 1° Paul rappelle à Tite qu’il doit tout d'abord établir en Crète d’excellents ouvriers évangéliques, 1, 5-16. 2° Il lui trace des règles très sages, qui devront le diriger dans sa prédication et dans sa manière d’agir avec les diverses catégories de chrétiens, 2, 1-3, 11. Le tout se termine par une conclusion très brève, 2, 12-15, qui correspond au préambule.


























Lettre à Tite



Tite 1. 1 Paul, serviteur de Dieu et apôtre de Jésus-Christ pour prêcher la foi aux élus de Dieu et faire connaître la vérité qui conduit à la piété 2 et donne l'espérance de la vie éternelle promise dès les plus anciens temps par le Dieu qui ne ment pas 3 et qui a manifesté sa parole en son temps par la prédication qui m'a été confiée d'après l'ordre de Dieu notre Sauveur, 4 à Tite, mon véritable enfant en la foi qui nous est commune, grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Sauveur. 5 Je t'ai laissé en Crète afin que tu achèves de tout organiser et que selon les instructions que je t'ai données, tu établisses des Anciens dans chaque ville. 6 Que le sujet soit d'une réputation intacte, mari d'une seule femme, dont les enfants soient fidèles et ne passent pas pour être débauchés ou insoumis 7 car il faut que l'évêque soit irréprochable, en qualité d'administrateur de la maison de Dieu, qu'il ne soit ni arrogant, ni coléreux, ni adonné au vin, ni enclin à frapper, ni porté à un gain sordide, 8 mais qu'il soit hospitalier, zélé pour le bien, circonspect, juste, saint, maître de ses passions, 9 fermement attaché à la doctrine qui lui a été enseignée afin d'être en état d'exhorter selon la saine doctrine et de réfuter ceux qui la contredisent. 10 Car il y a, surtout parmi les circoncis, bien des gens insubordonnés, vains discoureurs et séducteurs des âmes. 11 Il faut fermer la bouche à ces gens-là qui bouleversent des familles entières et qui enseignent pour un vil intérêt ce qu'on ne doit pas enseigner. 12 Un de leurs compatriotes, un prophète à eux, a dit : "Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux." 13 Ce témoignage est vrai. C'est pourquoi reprends-les sévèrement, afin qu'ils aient une foi saine 14 et qu'ils ne prêtent pas l'oreille à des fables judaïques et aux prescriptions de gens qui se détournent de la vérité. 15 Tout est pur pour ceux qui sont purs mais pour ceux qui sont souillés et incrédules rien n'est pur, au contraire, leur esprit est souillé, ainsi que leur conscience. 16 Ils font profession de connaître Dieu et ils le renient par leurs actes, abominables qu'ils sont, rebelles et incapables de toute bonne œuvre.



Tite 2. 1 Pour toi, tiens un langage conforme à la saine doctrine. 2 Dis aux vieillards d'être sobres, graves, circonspects, sains dans la foi, dans la charité, dans la patience. 3 Pareillement aux femmes âgées de faire paraître une sainte modestie dans leur tenue, de n'être ni médisantes, ni sujettes aux excès du vin mais sages conseillères, 4 capables d'apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, 5 à être retenues, chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises chacune à son mari afin que la parole de Dieu ne soit exposée à aucun blâme. 6 Exhorte de même les jeunes gens à être sages, 7 te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, mettant dans ton enseignement de la pureté, de la gravité, 8 une parole saine et irréprochable, afin de confondre nos adversaires qui n'auront aucun mal à dire de nous. 9 Aux esclaves, recommande d'être soumis à leurs maîtres, de leur complaire en toutes choses, de ne pas les contredire, 10 de ne rien détourner, mais de montrer toujours une fidélité parfaite, afin de faire honneur en toutes choses à la doctrine de Dieu, notre Sauveur. 11 Car elle s'est manifestée la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, 12 elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines et à vivre dans le temps présent avec tempérance, justice et piété, 13 en attendant la bienheureuse espérance et l'apparition glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur 14 Jésus-Christ qui s'est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire, en nous purifiant, un peuple qui lui appartienne et qui soit zélé pour les bonnes œuvres. 15 Voilà ce que tu dois prêcher, recommander et revendiquer avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise.



Tite 3. 1 Rappelle aux fidèles le devoir d'être soumis aux magistrats et aux autorités, de leur obéir, d'être prêts à toute bonne œuvre, 2 de ne dire du mal de personne, d'éviter les contestations, mais d'être bienveillants et de témoigner la plus grande douceur à l'égard de tous les hommes. 3 Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, indociles, égarés, esclaves de toutes sortes de convoitises et de jouissances, vivant dans la méchanceté et l'envie, dignes de haine et nous haïssant les uns les autres. 4 Mais lorsque Dieu notre Sauveur a fait paraître sa bonté et son amour pour les hommes, 5 il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisions, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit 6 qu'il a répandu sur nous largement par Jésus-Christ notre Sauveur 7 afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers de la vie éternelle selon notre espérance. 8 C'est là une parole certaine et je désire que tu affirmes ces choses afin que ceux qui croient en Dieu s'appliquent à être les premiers dans la pratique des bonnes œuvres. C'est ce qui est bon et utile aux hommes. 9 Quant aux questions folles, aux généalogies, aux querelles, aux disputes relatives à la Loi, évite-les car elles sont inutiles et vaines. 10 Pour celui qui fomente des divisions, après un premier et un second avertissement, éloigne-le de toi, 11 sachant qu'un tel homme est entièrement perverti et qu'il est un pécheur condamné de son propre jugement. 12 Lorsque je t'aurai envoyé Artémas ou Tychique, hâte-toi de venir me rejoindre à Nicopolis, car j'ai résolu d'y passer l'hiver. 13 Pourvois avec soin au voyage de Zénas, le docteur de la loi et d'Apollos, en sorte que rien ne leur manque. 14 De plus que les nôtres aussi apprennent à se porter aux bonnes œuvres, de manière à subvenir aux besoins urgents, afin qu'ils ne soient pas sans fruits. 15 Tous ceux qui sont avec moi te saluent, salue ceux qui nous aiment dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous. Amen.



Notes sur la lettre à Tite


1.5 En Crète. Voir Actes des Apôtres, 27, 7.

1.6 Voir 1 Timothée, 3, 2.

1.9 A la doctrine véritable qu’on lui a enseignée.

1.10 Parmi les circoncis : les juifs devenus chrétiens.

1.12 Les païens donnaient le titre de prophète à leurs poètes. Saint Paul parle ici d’Épiménide. Épiménide était né en Crète, à Cnossos ou Gortyne (6ème siècle avant Jésus). Platon l’appelle un homme divin. On dit qu’il fut prêtre, poète et devin, qu’il visita Athènes vers 596 avant notre ère et qu’il mourut bientôt après, âgé de plus de 150 ans. Callimaque répéta le vers d’Épiménide dans son hymne à Jupiter et les anciens assurent que les Crétois ne méritaient que trop le reproche leur avait fait leur compatriote Épiménide. De même que vivre comme à Corinthe signifiait avoir une vie sexuellement dissolue, se comporter en Crétois, signifiait mentir et tromper : Pierre Dornier, p.s.s. 

1.15 Voir Romains, 14, 20. ― Saint Paul ne veut pas dire que toutes les œuvres des chrétiens sont pures ou bonnes, et toutes celles des infidèles, impures ou mauvaises ; mais il condamne la doctrine de plusieurs judaïsants, qui prétendaient, les uns, que certains aliments étaient impurs de leur nature ; les autres, qu’il y avait des viandes que les chrétiens ne devaient pas manger, non pas qu’elles fussent impures en elles-mêmes, mais parce qu’elles l’étaient devenues depuis la loi mosaïque, qui les défendait.

2.8 Nos adversaires. Cf. 1 Timothée, 5, 14.

2.9 Voir Éphésiens, 6, 5 ; Colossiens, 3, 22 ; 1 Pierre, 2, 18.

2.11 Voir Tite, 3, 4.

3.4 Voir Tite, 2, 11.

3.5 Voir 2 Timothée, 1, 9.

3.9 Voir 1 Timothée, 1, 4 ; 4, 7 ; 2 Timothée, 2, 23.

3.12 Artémas est inconnu. ― Tychique. Voir Actes des Apôtres, 20, 4. ― A Nicopolis. Il y avait trois Nicopolis, une première en Cilicie, une seconde en Thrace, sur le Nestus et une troisième en Épire ; il est difficile de décider quelle est celle dont il est question ici, mais les probabilités sont en faveur de la dernière, qui était la plus importante des trois. Elle avait été bâtie par Auguste, après la bataille d’Actium.

3.13 Zénas, Juif converti. ― Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.










































































































































































Lettre à Philémon



Introduction


Époque de la composition. — Cette petite lettre est une de celles que saint Paul écrivit à Rome durant sa première captivité, comme nous l’avons brièvement démontré dans l'introduction à la lettre aux Éphésiens. Il est certain qu’elle date de la même époque que la lettre aux Colossiens, puisqu’elle fut confiée aux mêmes porteurs (cf. Colossiens 4, 7-9). Elle fut donc aussi composée en 62.

2° Nous avons toutes les garanties possibles en faveur de son authenticité et de sa canonicité. Et d’abord, les garanties extrinsèques, c'est-à-dire, les témoignages des anciens auteurs. Sans doute, cette lettre est moins souvent citée que les autres par les premiers Pères, à cause de sa brièveté et de son caractère tout à fait privé ; mais elle fait partie de toutes les versions, elle est mentionnée dans toutes les listes officielles des écrits du Nouveau Testament, et Tertullien (Adv. Marc., 5, 21), Origène (Hom. 19 in Jerem., 2), Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 3, 3), saint Jérôme (In Philem, Prol.), etc., la rangent parmi les livres universellement admis dans le canon sacré. Marcion lui-même la regardait comme canonique (voyez Tertullien, l. c.). Quelques doutes furent soulevés au 4ème et au 5ème siècle contre son authenticité, sous le très faible prétexte que le sujet traité dans cette petite lettre était trop ordinaire, trop profane, pour que saint Paul s'en soit occupé, ou pour qu’il ait été inspiré en cela ; mais saint Jean Chrysostome (In Philémon, Argum.) et saint Jérôme (L. c.) protestaient avec énergie contre cette prétendue preuve.

Les arguments intrinsèques sont si frappants, que de nombreux écrivains rationalistes les regardent comme suffisants. «Peu de pages, disent-ils, ont un accent de sincérité aussi prononcé ; Paul seul, autant qu’il semble, a pu écrire ce petit chef-d'œuvre.» Partout, en effet, dans cette page si intéressante, nous trouvons « la manière de Paul », sa finesse et sa délicatesse. Les pensées, les sentiments, les expressions elles-mêmes, c'est-à-dire, tout ce qui fait reconnaître un auteur, parlent en faveur de l’apôtre.

3° Le fond même de la lettre nous en fait connaître clairement l'occasion et l'objet. Onésime, esclave d’un chrétien nommé Philémon, qui était domicilié à Colosses, ayant offensé un jour gravement son maître, prit la fuite pour échapper au châtiment qu’il avait mérité. Afin de se dérober aux poursuites, le fugitif ne crut pouvoir mieux faire que d’aller se perdre à Rome, dans le vaste réceptacle de toutes les infamies du monde et de toutes ses misères. La Providence voulut qu’il y rencontrât, on ne sait comment, saint Paul. L’apôtre ouvrit ses bras avec un miséricordieux empressement au malheureux que sa condition d’esclave et sa faute rejetaient hors de la société. Il l'instruisit, le baptisa, et lui reconnaissant des qualités qui le rendaient propre au service de l'Église, résolut de se l'attacher. Il ne voulut toutefois le faire qu’avec le consentement de Philémon, et c’est pour l’obtenir qu’il lui écrivît. Tychique allait précisément partir pour Colosses (cf. Éphésiens 6, 21-22 ; Colossiens 4,7-9) ; Paul lui adjoignit Onésime, pour qu’ils fissent ensemble ce long voyage.

Trois parties : 1° l'introduction habituelle, vers. 1-7, qui se compose d’une salutation (vers. 1-3) et d’une action de grâces à Dieu (vers. 4-7) ; 2° le corps de la lettre, vers. 8-21, où l’apôtre intercède en faveur d’Onésime (vers. 8-16, l’exposé des faits ; vers. 17-21, la demande proprement dite) ; 3° la conclusion, vers. 22-25, qui consiste en salutations diverses et en une bénédiction apostolique.

4° Ce petit écrit a son importance spéciale. On peut le désigner comme le premier manifeste qui ait paru en faveur de l'abolition de l'esclavage. La lettre à Philémon est comme un prélude de ce système plein de sagesse par lequel l'Église chrétienne a opéré et opère encore aujourd’hui, sans révolution, une immense transformation dans le monde.

D’autre part, elle est au-dessus de tout éloge au point de vue de la beauté littéraire, de la délicatesse, de l'habileté, de l'urbanité attique. De l’aveu unanime, Paul s’est acquitté de sa tâche avec une finesse et un tact qu’on ne saurait surpasser : Comparez, parmi les lettres de Pline le Jeune (Ep. 9, 21), celle dans laquelle l'illustre écrivain implore la clémence d'un ami pour un affranchi rebelle ; elle est fort belle aussi, mais certainement inférieure à celle de saint Paul.












































































Lettre à Philémon



1 Paul, prisonnier du Christ Jésus et Timothée, notre frère 2 à Philémon notre très cher ami et collaborateur, à Appia notre sœur, à Archippe notre compagnon d'armes et à l’église qui est dans ta maison : 3 à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. 4 Me souvenant sans cesse de toi dans mes prières, je rends grâces à mon Dieu 5 car j'apprends quelles sont ta charité et ta foi à l'égard du Seigneur Jésus et envers tous les saints. 6 Puisse la générosité inspirée par ta foi devenir efficace et se faire connaître par tout le bien accompli parmi nous en vue du Christ. 7 En effet, ta charité m'a comblé de joie et de consolation parce que les cœurs des saints ont été ranimés par toi, frère. 8 Voilà pourquoi, bien que j'ai dans le Christ toute liberté de te prescrire ce qu'il convient de faire, 9 j'aime mieux, au nom de cette charité, t'en supplier. Tel que je suis, moi, Paul, vieux et de plus actuellement prisonnier pour Jésus-Christ, 10 je te supplie donc pour mon fils, que j'ai engendré dans les fers, pour Onésime, 11 qui autrefois ne t'a guère été utile mais qui maintenant l'est vraiment et à toi et à moi. 12 Je te le renvoie, lui, mon propre cœur. 13 Je l'aurais volontiers retenu près de moi, afin qu'il me servît à ta place dans les chaînes que je porte pour l’évangile. 14 Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, pour que ton bienfait ne paraisse pas forcé mais qu'il vienne de ton plein gré. 15 Peut-être aussi Onésime n'a-t-il été séparé de toi pour un temps, qu'afin que tu le retrouves pour toujours, 16 non plus comme un esclave, mais bien mieux qu'un esclave : comme un frère bien-aimé, tout particulièrement aimé de moi et combien plus de toi, aussi bien selon la chair que selon le Seigneur. 17 Si donc tu me tiens pour étroitement uni à toi, accueille-le comme moi-même. 18 Et s'il t'a fait du tort, s'il te doit quelque chose, passe-le à mon compte. 19 C'est moi Paul, qui écris ceci de ma propre main. Moi je te le rendrai, pour ne pas te dire que tu es mon débiteur et même de ta propre personne. 20 Oui, frère, que j'obtienne de toi cette satisfaction dans le Seigneur : réjouis mes entrailles dans le Christ. 21 Je t'écris ceci plein de confiance en ta docilité, sachant que tu feras même au-delà de ce que je demande. 22 En même temps, prépare aussi pour moi l'hospitalité car j'espère vous être rendu, grâce à vos prières. 23 Épaphras, mon compagnon de captivité en Jésus-Christ, te salue, 24 ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs. 25 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, soit avec votre esprit.


Notes sur la lettre à Philémon


1.1 Philémon était le maître d’un esclave nommé Onésime, lequel, s’étant enfui de sa maison, se réfugia près de saint Paul. L’Apôtre le convertit, le réconcilia avec Philémon, et en un fit un apôtre.

1.2 Appia était très probablement, comme l’a supposé saint Jean Chrysostome, la femme de Philémon. Archippe devait être leur fils. ― A l’Église qui est dans ta maison. La maison de Philémon servait d’église ou de lieu de réunion pour les fidèles.

1.4 Me souvenant sans cesse de toi . Voir, pour le vrai sens de cette expression, Romains, 1, 9.

1.5 Envers tous les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.6 Cf. Philippiens, 1, 5.

1.13 Les chaînes que je porte pour l’évangile ; c’est-à-dire les liens dont je suis chargé pour avoir annoncé l’Évangile.

1.16 Selon la chair, sous le rapport social, étant ton esclave ; selon le Seigneur, en sa qualité de chrétien.

1.18 Rien que par sa fuite, Onésime avait causé un grave préjudice à son maître ; peut-être avait-il aussi commis quelque vol.

1.23 Épaphras. Voir Colossiens, 1, 7.

1.24 Marc, voir Actes des Apôtres, 12, 12. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29. ― Démas. Voir Colossiens, 4, 14. ― Luc l’évangéliste.















































































Lettre aux Hébreux



Introduction


Le titre primitif parait avoir été simplement, d'après les manuscrits les plus anciens, πρὸς Ἑϐραίους, « ad Hebræos ». C'est à tort qu’on a contesté parfois au XIXème siècle le caractère épistolaire de cet écrit. Il est vrai qu‘on ne trouve pas, au début (non plus que dans la première lettre de saint Jean), la salutation habituelle ; mais les derniers versets, 13, 22-25, et la teneur générale prouvent jusqu'à l'évidence que l'auteur a vraiment voulu écrire une lettre proprement dite, et non pas un traité dogmatique.

Le sujet traité, la division. — Cette lettre, dont on a dit à bon droit qu’ elle n’a pas sa pareille parmi les lettres du Nouveau Testament, démontre d’une manière systématique, et avec une rare élévation de langage, que la religion fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ l’emporte de beaucoup sur l'ancienne religion judaïque, que la nouvelle alliance est incomparablement supérieure à l’ancienne.

Procédant avec une méthode rigoureuse et une grande clarté, l’auteur établit d’abord un parallèle entre les agents révélateurs des deux alliances, qui étaient d’une part, pour la théocratie juive, les anges et Moïse, de l'autre, pour la religion chrétienne, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Jésus est infiniment au-dessus des anges et de Moïse : tel est le résultat de cette comparaison. Vient ensuite un autre contraste, sur lequel il est insisté davantage et qui forme vraiment la partie centrale de la lettre. Il porte sur les sacerdoces des deux religions, avec les développements que voici. 1° La personne même des prêtres : Jésus-Christ, pontife selon l’ordre de Melchisédech, est bien supérieur à Aaron et à ses successeurs ; tandis que ceux-ci étaient mortels et pécheurs, Jésus est notre pontife éternel, unique, parfaitement saint. 2° Le local du culte : autrefois un simple tabernacle, une tente, tandis que le Christ exerce ses fonctions sacerdotales dans le ciel même. 3° Les sacrifices offerts : sous l’ancien Testament, des victimes immolées par milliers et sans relâche, parce qu’elles étaient incapables par elles-mêmes d’effacer les péchés ; sous le nouveau Testament, une seule victime, Jésus-Christ, victime idéale, immolée une seule fois, parce que sa vertu est toute-puissante.

A plusieurs reprises (cf. 2, 1-4 ; 3, 7-4, 13 ; 5, 11-6, 20), l’auteur interrompt sa démonstration, pour adresser à ses lecteurs des exhortations, des avertissements, des reproches. Et même, à partir de 10, 19, jusqu’à la fin de la lettre, c'est l'exhortation qui a la part prépondérante, car elle n’est guère interrompue qu'au chapitre 11, par la magnifique description des « héros de la foi » sous l’ancienne alliance.

On le voit par ce court exposé, la marche des pensées est des plus simples. Deux parties, dont la première est surtout dogmatique, et la seconde surtout morale. Cette division est très communément adoptée, et elle a réellement sa raison d'être, quoiqu'il règne une grande unité dans tout l'écrit, qui est, dans toute son étendue, comme le dit l'auteur lui-même, un λόγος παραϰλήσεως, une parole d'exhortation, cf. 13, 22.

La première partie, 1, 1-10, 18, démontre la thèse qui a été résumée plus haut. Elle se subdivise en deux sections : Jésus, en tant que fondateur du christianisme, est supérieur aux anges et à Moïse, qui avaient servi d’intermédiaires entre le Seigneur et les Hébreux pour l’institution de l’ancienne théocratie (1, 1-4, 13). 2° Notre-Seigneur, en tant que souverain prêtre de la nouvelle alliance, l’emporte de toutes manières sur Aaron et les autres pontifes de l’Ancien Testament (4, 14-10, 18). Dans la deuxième partie, 10, 19-13, 17, nous trouvons une longue série d'exhortations, d’un caractère d’abord plus général et se rattachant plus étroitement à la thèse dogmatique (c’est la première section, 10, 19-12, 29), puis d’une nature plus spéciale (c’est la deuxième section, 13, 1-17). Un court épilogue, 13, 18-25, sert de conclusion à la lettre.

Le but et l'occasion de la lettre. — Le but est au fond le même que dans les lettres aux Romains et aux Galates. Ces trois lettres, en effet, tendent à démontrer que le salut messianique n’est pas procuré par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ ; ici, cependant, la méthode, l'argumentation, les moyens dialectiques diffèrent notablement.

L'auteur, nous l'avons vu, présente lui-même sa lettre comme « une parole d’exhortation », d’encouragement ; la Vulgate et les anciennes versions disent avec une nuance, mais moins exactement : parole de consolation. Elle est, en réalité, constamment cela. L’objet de cette exhortation est de maintenir dans la fidélité à Jésus-Christ et au christianisme ceux auxquels elle s’adresse. Aussi les met-elle en garde à tout instant, soit par les avertissements de longue haleine dont il était question plus haut, soit par des appels vibrants, directs ou indirects, qui retentissent à travers tout l’écrit (voyez, sous le rapport négatif, 2, 3 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 6, 6 ; 7, 19 ; 10, 26, 29, 35 ; 12, 15, etc. ; sous le rapport positif, 4, 11, 14, 16 ; 6, 11 ; 10, 19, 22 ; 12, 28, etc.), contre tout ce qui pourrait les conduire à l'apostasie. Telle est bien la préoccupation capitale de l'auteur. Mais il se sert d’un exposé théorique pour atteindre ce but moral et pratique. De là sa grandiose démonstration dogmatique, destinée à fortifier les lecteurs dans la foi chrétienne, et, par conséquent, à les mieux encourager à une persévérance inébranlable.

Ils se trouvaient, en effet, dans une situation à la fois pénible et dangereuse (cf. 2, 1-4 ; 3, 7 et ss.; 4, 1-13 ; 10, 26 et ss. ; 12, 25 et ss.). Sans être persécutés jusqu’au sang, ils enduraient, de la part de leurs concitoyens demeurés infidèles, toutes sortes de vexations douloureuses (cf. 12, 1 et ss.), qui créaient un péril pour leur foi, d’autant plus qu’ils s’étaient un peu relâchés de leur ferveur première (cf. 5, 11-14 ; 6, 1-3, 9-12 ; 10, 25 et ss., 32-39). L'auteur, redoutant de les voir succomber, s’empresse de remonter leur courage par ses exhortations éloquentes.

3° Les destinataires sont très exactement désignés par le titre aux Hébreux, qui existe « d’antiquité immémoriale » dans tous les manuscrits grecs comme dans toutes les versions, qui exprime le sentiment unanime des commentateurs des dix-huit premiers siècles, et qui s’harmonise fort bien avec le contenu de la lettre.

Ce nom d’Hébreux n’est employé qu’en trois autres endroits du Nouveau Testament (cf. Actes des Apôtres 6, 1 ; 2 Corinthiens 11, 22 ; Philippiens 3, 5. Dans le premier de ces passages, cette appellation représente les Israélites qui parlaient la langue hébraïque, par opposition à ceux de leurs coreligionnaires qu’on surnommait « Hellénistes », parce que, dispersés à travers l'empire, ils avaient adopté la langue grecque. Dans les deux autres, elle désigne les Juifs en général, par opposition aux païens. C'est la première de ces deux significations qui lui convient davantage ici, comme il sera dit plus bas). C’est la dénomination nationale des descendants d’Abraham, en tant qu’ils étaient venus, en la personne de leur illustre aïeul, d’ « au delà » de l’Euphrate (Eber, au delà ; Ibri, Hébreu), de la lointaine Chaldée. Dans toute cette lettre, il s’agit évidemment de Juifs convertis au christianisme.

La tradition est très ancienne et très nette sur ce point . Elle était déjà formulée par saint Clément pape et par Tertullien, de Pudic., 20. Elle le fut plus tard par Origène, Clément d'Alexandrie, Eusèbe, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, Théodoret. Il est à noter en outre que les deux grands docteurs alexandrins, Clément et Origène, disent tenir cette opinion des anciens auteurs, voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 25, 11-14.

Indépendamment de la tradition, ce sentiment est démontré jusqu’à l’évidence par la lettre même. 1° Le sujet, tel qu’il est présenté dans le détail par l’auteur, convient admirablement à des Juifs convertis, nullement à des chrétiens issus du paganisme. 2° Le but de la lettre nous conduit à la même conclusion, car, le commentaire le montrera clairement, l’apostasie de laquelle l’écrivain sacré travaille à détourner ses lecteurs consistait à retomber, non dans le paganisme, comme l'ont prétendu quelques exégètes du XIXème siècle, mais dans le judaïsme. 3° Tout du long, l’auteur appuie son argumentation sur des textes bibliques : il suppose donc que ses lecteurs connaissaient à fond les écrits de l'Ancien Testament ; or, tel n'était pas alors le cas pour des païens d’origine. 4° Même remarque à faire à propos des réflexions empruntées très fréquemment par l’auteur à l'histoire, aux institutions et aux coutumes juives (voyez en particulier 4, 15 et ss.; 6, 2 ; 9, 10, 13 ; 10, 22, 23, 26 ; 11, 1 et ss. ; 13, 9, etc.). Seuls, des lecteurs ayant appartenu au judaïsme pouvaient être familiarisés avec ces détails multiples, comprendre ces allusions réitérées. Un tel genre d'argumentation eût été à peine accessible à des païens. D’ailleurs, il est dit explicitement, 1, 1-2, que les destinataires avaient des Israélites pour ancêtres ; 2, 16, ils sont nommés postérité d’Abraham ; 12, 1 , ils sont mis en relations intimes et directes avec une « nuée de témoins », c'est-à-dire, avec les héros de la foi sous l’Ancien Testament énumérés au chapitre 11. Bref, tout suppose que le milieu auquel s’adresse la lettre était « d’éducation juive ». Voyez encore les passages suivants : 2, 1-2 ; 3, 2 ; 6, 6 ; 10, 28-29 ; 12, 18-22, 24 ; 13, 14, etc.

Mais nous pouvons mieux déterminer encore quels étaient les « Hébreux » pour lesquels fut écrite cette admirable lettre. Toujours d'après le sentiment traditionnel, très conforme au contenu de la lettre, c'est en Palestine, surtout à Jérusalem et dans ses alentours, que nous devons les chercher.

1° Dans ces pages, on ne trouve pas la moindre trace de païens convertis, coexistant à côté de chrétiens issus du judaïsme ; la chrétienté à laquelle s'adresse l’auteur ne paraît avoir été composée que de Juifs ; or, ce fait ne se rencontrait pas en dehors de la Palestine. Eusèbe, l. c., 4, 5, affirme savoir de source certaine que, jusqu'à l'époque de la révolte des Juifs sous Adrien, au second siècle, la chrétienté de Jérusalem était entièrement composée d’« Hébreux ». Voyez aussi les Homélies Clémentines, 11, 35.

2° C’est là seulement aussi, et spécialement à Jérusalem, que la théocratie, si bien décrite dans la lettre, vivait encore presque dans toute sa force et sa splendeur.

3° La lettre nous montre les destinataires en rapports intimes, incessants, personnels, avec les cérémonies du culte juif, les sacrifices, les purifications, etc.

4° L’oppression et les vexations auxquelles ils étaient en butte (cf. 10, 32-34 ; 12, 4 et ss. ; 13, 3) n’ont rien de commun avec celles qui éclatèrent plus tard contre les chrétiens, soit à Rome, soit dans tout le reste de l’empire, et qui furent autrement terribles ; ce sont celles que les Juifs convertis enduraient de la part de leurs compatriotes demeurés non-croyants.

5° Ce qui est dit de leurs chefs morts antérieurement pour la foi (13, 7), de leur conversion qui remontait déjà à un certain temps (5, 12 et ss. ; 10, 32), de leur brillant passé (6, 19 et ss. ; 10, 32-34), nous conduit au même résultat. C'est donc sans motif suffisant qu’on a supposé, au XIXème siècle, que la lettre a été écrite pour des judéo-chrétiens de Rome ou d'Alexandrie.

Notons aussi que la lettre aux Hébreux suppose une chrétienté très distincte, très concrète, qui a ses chefs, ses lieux de réunion (cf. 10, 25 ; 13, 7, 17, 24). L’auteur, qui a déjà vécu au milieu d’elle, se propose de la visiter bientôt (cf. 13, 19, 23). Il suit de là qu’on a eu tort parfois de prétendre que la lettre était destinée aux « communautés dispersées de la Judée », ou même, d'une manière encore plus générale, à « un groupe d’Églises d’origine juive ». A plus forte raison doit-on rejeter le sentiment de quelques exégètes du XIXème siècle, au dire desquels les destinataires de la lettre auraient été d’origine païenne, nullement d’origine juive. Ce n’est là qu’un paradoxe sans fondement. La lettre entière, aussi bien que la tradition, protestent contre cette audacieuse assertion. D’ailleurs, ses fauteurs peu nombreux ne peuvent se mettre d’accord pour désigner la chrétienté spéciale à laquelle la lettre aurait été destinée.

La langue originale. — D’après Clément d’Alexandrie (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14), c’est en hébreu (ἑϐραΐϰῇ φωνῇ), c'est-à-dire, dans l’idiome araméen que l’on parlait encore à Jérusalem et en Palestine au premier siècle de notre ère, qu’aurait été composée la lettre aux Hébreux. Cette opinion fut presque unanimement admise dans l’antiquité, et l’autorité d’Eusèbe (Histoire Ecclésiastique 3, 38), de saint Jérôme (« Hébreux qui écrivait en hébreux à des Hébreux, il maîtrisait sa langue maternelle à la perfection. Mais ce qui avait été écrit avec éloquence en hébreux a été rendu en grec avec encore plus d’éloquence. »), etc., ne contribua pas peu à la généraliser durant de longs siècles. Cependant, l'illustre élève de Clément d’Alexandrie, Origène, abandonna sur ce point le sentiment de son maître, une étude attentive de la lettre l'ayant convaincu qu’on n’y trouve pas les particularités (τὸ ἰδιώτιϰον) du style de saint Paul ; d’où il concluait qu’un autre, sans doute un disciple du grand apôtre, avait donné aux pensées de Paul leur vêtement extérieur. D’après lui, la langue originale aurait donc été le grec, et non l'hébreu. Au XIXème siècle, laccord tendait à se faire dans ce même sens, et la plupart des exégètes, sans distinction de parti (parmi les catholiques, citons MM. Kaulen, van Steenkiste, Fouard, B. Schæfer, le P. Cornely, etc.), admettaient que la lettre aux Hébreux fut écrite en grec, comme tous les autres livres du Nouveau Testament, à part le premier évangile.

Telle est, en effet, l’hypothèse la plus vraisemblable. Le texte grec est vraiment de telle nature (voyez ce qui sera dit plus bas du style), qu’il semble exclure toute supposition d’un écrit original en langue hébraïque. Rien n’y manifeste le traducteur ; tout au contraire, «il porte visiblement un cachet primesautier.» On y rencontre fort peu d'hébraïsmes (par exemple, 1, 3 ; 5, 7 ; 9, 5, etc.) ; on sent que l’écrivain pensait en grec et non en hébreu. En outre, les citations de l’Ancien Testament sont toujours faites d’après les Septante : ce qui favorise encore l’hypothèse d'un original grec. Certaines allitérations ou paronomases (par exemple : 5, 8 : ἔμαθεν ἀφʹ ᾧν ἔπαθεν ; 10, 38-39, ὑποστείληται, ὑποστολῆς ; 13, 14, μένουσαν, μέλλουσαν. Voyez aussi 1, 1 ; 2, 10 ; 7, 23-24 ; 9, 28, etc.) que l’on rencontre çà et là s’expliquent moins facilement si le texte grec actuel n’est qu’une traduction.

Voici encore quelques autres particularités que l’on regarde comme concluantes et décisives. 9, 5 et 16, l'auteur donne successivement au mot διαθήϰη deux significations distinctes (alliance et testament). Mais le mot hébreu correspondant, berit, n’a que la première : d’où il suit que le texte primitif de ce passage n’a guère pu être l’hébreu. Même conclusion à tirer de l'argumentation faite, 10, 5 et ss., sur le Psaume 39, 7-8 : elle s’harmonise avec la version des Septante. Voyez encore les passages suivants : 1, 6-7 ; 2, 5-8 ; 6, 1 ; 9, 2 et ss. ; 10, 37 ; 12, 5 et ss., 26 et 2.

Quoique les destinataires fussent des «Hébreux» de Jérusalem et de Palestine, dont l’idiome maternel était l’araméen, ils comprenaient certainement le grec, et aucune objection sérieuse ne peut être faite de ce côté. C'est également en grec que saint Jacques écrivit sa lettre adressée « aux douze tribus ». Cf. Jac. 1, 1.

5° Comme nous l’avons insinué, le style est vraiment remarquable à tous les points de vue, et d’une telle pureté, qu’aucune autre partie du Nouveau Testament ne peut être comparée à notre lettre sous ce rapport. Elle nous est parvenue dans un excellent état de conservation. Sans doute, ce n’est pas le grec classique qu’elle emploie, mais l’idiome judéo-hellénique des Septante et du Nouveau Testament ; toutefois, cette réserve faite, le style de la lettre aux Hébreux est d’une étonnante richesse et d’une rare élégance.

En ce qui concerne le vocabulaire, c'est-à-dire les matériaux du langage, la quantité des mots employés est extraordinaire. La lettre contient de nombreuses expressions qui n’apparaissent pas ailleurs dans le Nouveau Testament (on en a compté jusqu'à cent quarante), ni dans les Septante, ni même dans la littérature grecque, de sorte qu’elle a réellement un domaine philologique qui lui est propre. Ce fait suppose que l’auteur maniait le grec avec aisance. Il use plus fréquemment des verbes composés qu’aucun autre écrivain du Nouveau Testament ; il aime les verbes en ιζειν (environ quatorze ; par exemple, ἀναϰαινίζειν, πρίζειν, etc.), les substantifs en σις (entre autres, ἀθέτησις, αἴνεσις, ὑπόστασις : quinze environ) ; ὅθεν est sa conjonction préférée.

Mais son habile agencement des mots attire encore davantage l’attention. Il n’y a qu’une voix parmi les littérateurs, comme parmi les exégètes, pour vanter ses belles périodes arrondies (notez en particulier les passages 1, 1-3 ; 2, 2-4 ; 5, 1-6 ; 6, 16-20 ; 7, 26-28 ; 10, 19-25 ; 12, 1-2, 18-24, etc.), l’art exquis avec lequel il donne à chaque mot sa véritable place, ses épithètes toujours bien choisies, le rythme parfait des propositions, l’emploi d'expressions euphoniques, ses amplifications calmes et majestueuses. Tout est soigné et pondéré dans son style, sans que rien soit jamais gâté par une tendance trop visible à produire de l'effet. On sent partout l’écrivain exercé, qui savait d’avance ce qu'il voulait dire, et qui réussit toujours à bien l’exprimer. Ses images sont nombreuses et dramatiques, voyez en particulier 2, 1 ; 4, 12 ; 6, 7-8, 19 ; 10, 20 ; 11, 13 ; 12, 1.

6° La question relative à l'auteur a été de tout temps fort débattue. Nous interrogerons successivement à son sujet la tradition ecclésiastique et la lettre elle-même.

1. Les plus anciens témoignages sont ceux de saint Panthène et de Clément d’Alexandrie (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14. Clément d'Alexandrie, Stromates, cite Hebreux 5, 12, avec cette formule d'introduction : « Paul écrivait aux Hébreux. »), qui la regardaient comme l'œuvre immédiate de saint Paul. Origène affirme (dans Eusèbe, l. c., 6, 25. Lui aussi, il introduit plusieurs fois des passages de la lettre aux Hébreux par des formules qui attribuent ouvertement la composition à saint Paul) que « ce n’est pas en vain que les anciens (οἱ ἀρχαῖοι ἄνδρες, expression qui désigne évidemment les premières générations chrétiennes) l’ont transmise comme étant de Paul. » Et cette attestation d’Origène est d’autant plus précieuse, qu’il est fidèle à mentionner ailleurs les doutes qui existaient çà et là sur l'origine paulinienne de la lettre. Les célèbres évêques d’Alexandrie, Denys, Pierre, Alexandre, saint Athanase et saint Cyrille (Ep. fest. : « De l'apôtre Paul il existe quatorze lettres : ... les deux aux Thessaloniciens et celle aux Hébreux. »), le concile tenu en 264 contre Paul de Samosate, l’historien Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 2, 17, etc.), Théophile d’Antioche, saint Cyrille de Jérusalem, Jacques de Nisibe, saint Éphrem, saint Épiphane, saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome et d’autres encore n’hésitent pas à regarder saint Paul comme l'auteur de notre lettre. On le voit, tous ces grands noms résument la tradition des différentes Églises d’Orient : tradition très ancienne, très ferme et très explicite.

En Occident, l’opinion ne fut pas tout d’abord unanime sur le point en question. C’est ainsi que, d’après Eusèbe (Loc. cit. ), le prêtre romain Caius n’aurait pas compté la lettre aux Hébreux parmi les écrits de saint Paul. Tertullien (De Pudicit., 20) va plus loin, et l’attribue directement à saint Barnabé. Saint Cyprien ( Adv. Jud., 1, 20) ne mentionne que sept Églises auxquelles l’apôtre des païens aurait écrit, et parmi elles il ne signale pas celle des « Hébreux ». Peu à peu cependant, surtout à la suite de l'arianisme, on se mit, dans l’Église d’Occident comme dans l’Église d’Orient, à regarder saint Paul comme l’auteur de la lettre aux Hébreux. Saint Hilaire de Poitiers (De Trinit., 4, 10, etc.), Lucifer de Cagliari, saint Ambroise, Rufin, saint Jérôme et saint Augustin (ces deux savants docteurs signalent fréquemment, eux aussi, les doutes qui existaient dans l'Église latine ; mais ils préférèrent suivre, comme ils disent, « lautorité des anciens auteurs.» Voyez saint Jérôme, ad Dardan., ep. 129, 3 ; de Vir. ill., 5, etc.; saint Augustin, de Civit. Dei, 16, 22 ; Enchir., 8, etc. ; Rufin, Symb. Apost., 37), les conciles d’Hippone (« L’apôtre Paul a écrit treize lettres. Et, du même, une aux Hébreux.») (en 393), de Carthage (397 et 419), de Rome (en 494), attestent la croyance, comme aussi, le cas échéant, les hésitations de leurs contemporains sur ce point.

De tout cela, se dégage clairement ce fait que, dans l’ancienne Église, saint Paul a été regardé d'abord généralement, puis à l'unanimité, comme étant, au moins dans le sens large de l'expression, l’auteur de la lettre aux Hébreux. Nous reviendrons plus bas sur les nuances avec lesquelles cette croyance s'est produite, et sur les conclusions qu'il faut en tirer. C'est là en réalité le sentiment catholique, dont il serait téméraire de s’écarter : Dans le sens large dont nous parlons, le mot d’Estius, Prolog. in Ep. ad Hebreux, « Je suis de l’avis de la faculté de Paris… il serait téméraire de nier que la lettre aux Hébreux ait écrite par saint Paul, » n’a rien perdu de sa valeur. De fait, on n’a commencé à l'abandonner, et tout d’abord d’une manière assez lente, qu’à la suite de Luther et de Calvin. Au XIXème siècle, plusieurs exégètes protestants affirmaient néanmoins l'origine paulinienne de la lettre même dans le sens strict.

2. Si nous consultons la lettre elle-même sur ce point, elle nous donne trois sortes de réponses, qui consistent soit dans quelques allusions biographiques, soit dans la doctrine enseignée, soit dans la forme extérieure. Sous ces trois aspects, elle confirme entièrement l'antique tradition.

a) Si la lettre aux Hébreux est anonyme pour nous, elle ne l’était pas pour ses destinataires qui, d'après divers passages (cf. 13, 19, 25, etc.), connaissaient fort bien l'auteur. Elle nous le révèle d’ailleurs assez nettement : d'après sa manière de parler en divers endroits (1, 2, «il nous a parlé» ; 12, 1, etc.), et d’après sa connaissance remarquable des livres de l'Ancien Testament, de l’histoire et des choses juives, il appartenait lui-même par sa naissance à la nation théocratique. On le voit, ces deux détails conviennent à saint Paul. Le passage 13, 19, où l’auteur demande des prières à ses correspondants pour qu’il leur soit promptement rendu, nous font également penser au grand apôtre, qui aimait à intéresser à sa personne et à ses œuvres les Églises avec lesquelles il était en relations. Même conséquence à tirer de 13, 23, où l’auteur mentionne Timothée comme son compagnon de voyage (comp. Actes des Apôtres 16, 1 et ss.; Philippiens 2, 23, etc.). La doxologie, 13, 20-21, et la salutation finale, 13, 23-25, rappellent aussi très vivement saint Paul. Le passage 2, 3 a été souvent allégué comme supposant que l’auteur faisait partie de la seconde génération chrétienne, et ne pouvait pas être saint Paul : mais, dans ce texte, le pronom « nous » se rapporte surtout aux lecteurs, parmi lesquels l'écrivain sacré se place comme ne formant qu’une seule personne morale avec eux.

b) En ce qui concerne la doctrine contenue dans la lettre, rien n’est plus exact que la réflexion faite par Origène à son sujet (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 25, 13. Voyez aussi 6, 25, 12) : Τὰ μὲν νοήματα τοῦ ἀποστόλου ἐστίν, « Les pensées sont celles de l’apôtre ». Comme l'écrivait naguère un exégète protestant, « une comparaison établie entre la substance de la lettre et les idées émises dans les écrits reconnus (de tous) comme étant de saint Paul montre avec certitude que la doctrine de la lettre aux Hébreux est tout à fait paulinienne ». Cela est parfaitement vrai, soit pour l'ensemble, soit pour les détails.

Pour l’ensemble, nous avons déjà fait remarquer que le thème traité ici est au fond le même que celui des lettres aux Romains et aux Galates. Dans la lettre aux Hébreux comme dans toute la prédication orale ou écrite de saint Paul (cf. 1 Corinthiens 1, 23 ; 2 Corinthiens 1, 19, etc.), c'est autour de Notre-Seigneur Jésus-Christ que tout converge, à sa divine personne que tout est rattaché comme à un centre. Dans les lettres proprement dites de l'apôtre des païens comme dans celle-ci, l’Ancien Testament tout entier est un type de Jésus et de son Église (voyez Romains 5, 14 ; 10, 6-7 ; 1 Corinthiens 5, 7 ; 9, 9 et ss.; 10, 1 et ss ; 2 Corinthiens 3, 13-18 ; Galates 3, 18-24 ; 4, 21-31).

Pour les détails aussi, la doctrine est certainement la même. De part et d’autre, la parole de Dieu est un glaive acéré (Hebreux 4, 12 ; cf. Éphésiens 6, 17) ; il y a, sous le rapport religieux, les commençants, que l’on nourrit avec du lait, et les hommes mûrs, qui ont besoin d’une nourriture plus substantielle (Hebreux 5, 13-14 ; cf. 1 Corinthiens 3, 1-2 ; 14, 20, etc.) ; le monde présent est mis en opposition avec le monde futur (Hebreux 6, 5 et 9, 9 ; cf. Éphésiens 1, 21), ce qui est terrestre avec ce qui est céleste (Hebreux 6, 4 ; 9, 1, etc. ; cf. Éphésiens 1, 10), l’ombre avec la réalité (Hebreux 8, 5 et 10, 1, cf. 1 Corinthiens 2, 17), etc. On remarque surtout une identité frappante entre les données christologiques. Les relations du Christ avec Dieu et avec le monde (Hebreux 1,2 et ss. ; cf. Romains 11, 36 ; 1 Corinthiens 8, 6 ; Colossiens 1, 16), l’humiliation volontaire du Fils de Dieu par l’incarnation (Hebreux 2, 9 et ss. ; 5, 7-9 ; cf. Philippiens 2, 7-8 ; Galates 4, 4, etc.), son élévation en tant qu’homme au-dessus des anges (Hebreux 2, 7 et ss. ; 10, 12 ; cf. Éphésiens 1, 20-21 ; Philippiens 2, 9), son triomphe sur la mort et sur le démon (Hebreux 2, 14 ; cf. Colossiens 2, 15 ; 1 Corinthiens 15, 54 et ss. ; 2 Timothée 1, 10), le salut mérité par lui pour tous les hommes (Hebreux 9, 15 ; 5, 9, etc.), son état de victime et implicitement son sacerdoce (cf. Éphésiens 5, 2 ; Galates 2, 20, etc.), la continuation de son activité dans le ciel (Hebreux 8, 1-3 ; 9, 24 ; cf. Romains 8, 34 ; 1 Corinthiens 12, 9-10, etc.), l’identité de son enseignement avec celui des apôtres (Hebreux 2, 3 ; cf. Éphésiens 2, 20) : ces points dogmatiques et beaucoup d’autres encore sont présentés des deux parts de la même manière. L’harmonie est donc très réelle sous le rapport doctrinal. On a vainement allégué en sens contraire l’absence, dans la lettre aux Hébreux, de certaines théories regardées comme « spécifiquement pauliniennes » par exemple, la justification par la foi seule et non par les œuvres de la loi ; la vocation des païens eux-mêmes au christianisme, la résurrection du Sauveur. En effet, outre que la lettre touche au premier et au troisième de ces points (voyez 5, 9 ; 10, 38, etc.), faut-il donc qu’un auteur, pour que l’on puisse croire à l’authenticité de ses écrits, soit obligé d'y reproduire toujours toutes ses pensées dominantes ? On ne peut pas demander cela raisonnablement. En réalité, l’on ne trouve dans la lettre aux Hébreux rien, absolument rien, qui soit en opposition avec l'enseignement de saint Paul.

c) Sous le rapport de la forme, il n’en est pas de même, comme le reconnaissaient déjà Clément d’Alexandrie, Origène et saint Jérôme (Saint Jérôme signale, de Vir. Ill., 5, « La dissonance du style et du discours. »). Le style surtout diffère : plus abondant (ici), plus soutenu (et aussi plus correct) que celui de l'apôtre ; il n’a en revanche ni le même élan, ni la marche libre, inégale, suspendue ou précipitée au souffle du moment. On a remarqué aussi que, d’ordinaire, saint Paul ne développe pas ses comparaisons et ses rapprochements jusque dans le détail (voyez en particulier Galates 4, 1 et ss.) ; au contraire, dans la lettre aux Hébreux, le parallèle établi entre le sacerdoce lévitique et le sacerdoce du Christ (8, 1 et ss.) est complet, minutieux. La longue énumération des héros de la foi (11, 1 et ss.) n'a rien non plus qui lui corresponde dans les autres écrits de l’apôtre des païens. On a noté aussi les nuances qui existent de part et d’autre dans l’emploi du nom sacré de Jésus : saint Paul y ajoute presque toujours les titres de Christ ou de Seigneur ; le rédacteur de la lettre aux Hébreux l’écrit souvent seul, sans aucune épithète (cf. Hebreux 2, 9 ; 3, 1 ; 6, 20 ; 7, 21, 22 ; 10, 19 ; 12, 2, 24, etc.). L’absence de l’introduction épistolaire habituelle, le mélange presque perpétuel de l’exposition dogmatique et de l'exhortation morale doivent aussi attirer notre attention, comme étant opposés au genre habituel de saint Paul. Il en est de même des citations de l’Ancien Testament, faites invariablement ici d'après les Septante, tandis qu’elles ont lieu dans les autres lettres de l'apôtre tantôt selon cette même version, tantôt suivant l’hébreu. Les formules qui les introduisent différent fréquemment aussi.

On a donc pu dire à bon droit que le caractère tout spécial de la lettre sous le rapport du style (et de la forme extérieure) oblige d’abandonner l'opinion d’après laquelle Paul l’aurait composée d’une manière immédiate. Ce n’est pas qu’à côté des différences que nous venons de signaler, sous le rapport de la forme, entre les deux catégories d’écrits il n’existe aussi des ressemblances considérables ; on a composé de longues listes avec les expressions ou les constructions identiques que l'on rencontre de part et d'autres, et il est certain que ces coïncidences ne peuvent guère être attribuées au hasard. Mais celles-là sont beaucoup plus frappantes, et suffisent pour motiver l’opinion d’Origène, de saint Jérôme et des nombreux auteurs catholiques qui ont suivi ces deux savants exégètes. Nous admettons comme tout à fait vraisemblable que si saint Paul doit être regardé réellement comme l’auteur de la lettre aux Hébreux, ce n’est pas de la même manière que pour ses autres écrits. Il en a conçu le projet et le plan ; puis il a chargé un de ses amis de la rédiger, d’après les idées qu’il avait lui-même fournies. C'est bien là ce que disait saint Jérôme, l. c. : « Il a mis en ordre et embelli les sentences de saint Paul avec ses phrases à lui. ». Il a ensuite adopté la rédaction comme sienne, de sorte qu’on peut dire qu’elle lui appartient véritablement. On comprend, de la sorte, pourquoi cette lettre présente tout à la fois tant de ressemblances et tant de différences avec ses autres lettres.

Lequel des amis ou des disciples de l’apôtre aura été chargé de ce travail de rédaction ? Sur ce point, le mot célèbre d’Origène demeure toujours vrai : Dieu seul connaît la vérité sur ce point (L. c. : Τίς δὲ ὁ γράψας τὴν ἐπίστολην, τὸ μὲν ἀληθὲς θεὸς οἴδεν ). Tout ce qu’on peut dire de plus ne saurait dépasser les limites de l'hypothèse. Les anciens mentionnaient saint Luc (Clément d'Alexandrie, dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14), saint Barnabé (Tertullien, de Pudic., 20), surtout le pape saint Clément (voyez Origène, dans Eusèbe, l. c., 6, 25 ; saint Jérôme, de Vir. ill., 5 et 15 ; Philastrius, Lib. de Haer., c. 89), auxquels on a ajouté, dans les temps modernes, saint Marc, Silas (cf. Actes des Apôtres 15, 22, etc.), et tout particulièrement Apollos (cf. Actes des Apôtres 18, 24 et ss.). Les commentateurs et les critiques contemporains adoptent l'un ou l'autre de ces divers noms, avec cette divergence très importante, que la plupart des auteurs protestants et tous les exégètes rationalistes voient l'auteur proprement dit là où les catholiques parlent d'un simple rédacteur. Les plus grandes probabilités nous paraissent être en faveur de saint Clément ; mais ce n’est là qu’une vraisemblance, et nous devons laisser la question ouverte en ce qui regarde le rédacteur.

La date et le lieu de la composition peuvent être déterminés avec assez de vraisemblance, d’après ce qui précède. En ce qui concerne le premier point, la lettre aux Hébreux a dû être composée avant la destruction de Jérusalem et du temple juif par les Romains (70 ap. J.-C.). En effet, l'auteur se propose d’écarter de ses lecteurs le grave péril qu’ils couraient de retomber dans le judaïsme. Or, après la ruine de l'État juif, ce péril eût été à peu près nul pour les chrétiens de Jérusalem et de la Palestine, qui auraient vu au contraire, dans cet événement terrible prédit par Notre-Seigneur Jésus-Christ (voyez Matth. 24, 1 et ss., etc.), une frappante confirmation de leur foi. Comme on l’a dit avec beaucoup de justesse, si la lettre n’a été écrite qu’après la destruction de Jérusalem, l’auteur avait, dans cette catastrophe même, pour démontrer sa thèse, un argument beaucoup plus décisif que tous les autres. Pourquoi ne l’a-t-il pas employé ? Par exemple, lorsqu’il affirme, 7, 12 et ss., que l'abrogation du sacerdoce lévitique entraînait forcément celle de la loi mosaïque tout entière, il avait un développement éloquent de sa proposition dans le fait en question. Voyez d’ailleurs 8, 13 et 10, 25, où il annonce précisément la fin prochaine de l'ancienne alliance ; il aurait tenu un langage plus énergique, si elle avait eu lieu depuis quelque temps.

En outre, la lettre suppose que le judaïsme existait encore, avec son culte, ses sacrifices et tous ses dehors brillants, qui exerçaient une influence séductrice sur les Juifs devenus chrétiens (voyez en particulier 7, 5 ; 8, 3-4 ; 9, 6-7, 9, 25 ; 10, 1-2, 11 ; 13, 10, etc.). Elle suppose également que ceux-ci avaient à souffrir de la part de leurs anciens coreligionnaires. Or, ces deux faits sont incompatibles avec une date postérieure à l’an 70. Aussi la plupart des exégètes, sans distinction d’écoles, admettent-ils que la lettre fut composée entre les années 63 et 67. C'est probablement vers la fin de 63, ou au commencement de 64, vers les derniers temps de sa première captivité à Rome, ou au moment où il revenait de retrouver sa liberté, que Paul écrivit aux Hébreux. Timothée était précisément alors auprès de lui, comme le suppose la fin de la lettre (13, 23. Cf. Philippiens 1, 1 ; Colossiens 1, 1 ; Philémon 1).

D’aprés 13, 24 (voyez le commentaire), le lieu de la composition fut d’une manière générale l'Italie. Les mots « Elle fut écrite à Rome », qui terminent la lettre dans le célèbre manuscrit d’Alexandrie, et la conclusion analogue de la Peschito syriaque (« Fin de la lettre aux Hébreux, écrite d'Italie, de Rome. ») nous fournissent un précieux et très ancien renseignement, qui, joint au témoignage de plusieurs Pères grecs (notamment de saint Jean Chrysostome, Proœm. in ep. ad Hebreux), présente toutes les garanties d’une tradition sérieuse et authentique.

La canonicité est, comme l’on sait, tout à fait indépendante de la question relative à l’auteur, de sorte que si, par impossible, on arrivait à démontrer que la lettre aux Hébreux n’est de saint Paul en aucun sens, mais qu’elle a pour auteur un chrétien de la seconde moitié du premier siècle, cela ne prouverait nullement qu’elle ne fait pas partie des saintes Écritures. Comme l'écrivait naguère un savant exégète protestant, en rangeant officiellement notre lettre parmi les livres inspirés, le concile de Trente (et après lui, le concile Vatican I) « s’est borné à confirmer ce qui était depuis longtemps un fait établi par l’Église. »

Les documents que l’antiquité nous a transmis prouvent que l'opinion a été unanime sur ce point dans les différentes Églises orientales depuis la fin du second siècle, et aussi, à partir de la fin du quatrième siècle, dans l'Église occidentale. Celle-ci, il est vrai, a manifesté, jusqu’à l'époque de saint Jérôme et de saint Augustin, des hésitations notables, mais purement négatives : on ne rejetait pas, on ne condamnait pas la lettre, on se contentait de ne pas la recevoir dans le canon sacré. L'influence des deux grands docteurs dont nous venons de citer les noms ne contribua pas peu à faire cesser les doutes : Le langage de saint Jérôme est intéressant à étudier sur ce point. Son opinion personnelle est très claire ; il admet sans hésiter la canonicité de la lettre :

« Nous recevons cette lettre en suivant l’autorité des anciens auteurs. » (Ep. 129 ad Dardan). Lorsqu'il parle de ses compatriotes, il fait des restrictions : « Parmi les latins, beaucoup doutent qu’elle soit vraiment de saint Paul » (in. Matth. 26) ; « Chez les auteurs latins, la coutume est de ne pas la recevoir parmi les écritures canoniques » (Ep. 129 ). Cependant « Quelques-uns parmi les latins » la reçoivent, avec « tous les Grecs », etc. Puis tout à coup il écrit, in Tite, 2 : « Elle est déjà reçue parmi les écrits ecclésiastiques. » Saint Augustin, de Civ. Dei, 16, 22, signale les contradictions auxquelles la lettre était en butte de la tradition des Églises orientales : « Je suis plus impressionné par l’autorité des églises orientales, qui reçoivent cette épitre même parmi les écritures canoniques (De Peccator. Meritis, 1, 27, 50). » De sorte que les conciles de Carthage et de Rome, comme il a été dit plus haut, purent trancher définitivement la question. De là le témoignage significatif d’Eusèbe, que nous avons cité dans notre Introduction générale aux lettres de saint Paul.

Mais il est certain qu’à Rome même, et de très bonne heure, la lettre aux Hébreux fut traitée comme canonique et jouit d’une grande autorité. Dans sa lettre aux Corinthiens, le pape saint Clément la cite très souvent, et de la même manière que les autres écrits inspirés (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 38, et saint Jérôme, de Vir. illustr., signalent ce fait). L'auteur du Pasteur d’Hermas, qui écrivait pareillement à Rome, y fait de même allusion plusieurs fois. Saint Justin la cite aussi dans sa première apologie, composée également à Rome (Apol., 1, 63). Au dire d’Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 5, 26, saint Irénée de Lyon la citait comme un livre canonique dans ceux de ses écrits qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Tertullien nous apprend, de Pudic., 20, qu’au nord de l'Afrique elle était admise de son temps dans le canon sacré par un certain nombre de chrétiens. Ces divers faits sont éloquents. Si peu à peu la lettre aux Hébreux perdit de son autorité en Occident, ce fut, comme l’insinue saint Philastrius (Haer., 89. Fin du quatrième siècle), pour une raison toute secondaire : «à cause des Novatiens». Ces hérétiques prétendaient, comme les Montanistes, que certains péchés graves ne pouvaient pas être pardonnés ; or, comme quelques passages de notre lettre, entre autres, 6, 4 et ss., semblaient favoriser leur enseignement erroné, on cessa de la lire dans les assemblées publiques, et peu à peu le silence se fit autour d’elle, jusqu’au changement d’opinion dont nous avons parlé. Mais saint Philastrius a soin d’ajouter que « actuellement, elle est lue dans les églises latines.» Même en Occident, elle a donc toujours eu un nombre plus ou moins considérable de partisans.

Concluons de tout cela que la canonicité et l’inspiration de la lettre aux Hébreux sont absolument indiscutables.

Commentaires catholiques. — A la liste des auteurs qui ont expliqué toutes les lettres de saint Paul, il faut ajouter: F. Ribera, Commentarii in lettre ad Hebreux, Salamanque, 1598 ; L. de Tena, Comm. et disputationes in lettre ad Hebreux, Tolède, 1611.









Lettre aux Hébreux



Hébreux 1. 1 Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, 2 dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde. 3 Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire, l'empreinte de sa substance et qui soutient toutes choses par sa puissante parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, s'est assis à la droite de la majesté divine au plus haut des cieux, 4 d'autant plus grand que les anges, que le nom qu'il possède est plus excellent que le leur. 5 Auquel des anges en effet Dieu a-t-il jamais dit : "Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré" ? Et encore "Je serai pour lui un père et il sera pour moi un Fils" ? 6 Et lorsqu'il introduit de nouveau dans le monde le Premier-né, il dit : "Que tous les anges de Dieu l'adorent." 7 De plus, tandis qu'il est dit des anges : "Celui qui fait de ses anges des vents et de ses serviteurs une flamme de feu," 8 il dit au Fils : "Ton trône, ô Dieu, est éternel, le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture. 9 Tu as aimé la justice et haï l'iniquité, c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse au-dessus de tous tes compagnons." 10 Et encore : "C'est toi, Seigneur, qui as au commencement fondé la terre et les cieux sont l'ouvrage de tes mains, 11 ils périront, mais tu demeures, ils vieilliront tous comme un vêtement, 12 comme un manteau tu les rouleras et ils seront changés, mais toi, tu restes le même et tes années ne s'épuiseront pas." 13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds"? 14 Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés comme serviteurs pour le bien de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut ?



Hébreux 2. 1 C'est pourquoi nous devons nous attacher avec plus de soin aux choses que nous avons entendues de peur que nous ne venions à être entraînés. 2 Car, si déjà la parole promulguée par des anges a eu son effet et si toute transgression et toute désobéissance a reçu en retour un juste châtiment, 3 comment pourrons-nous échapper, si nous venions à négliger un message si salutaire, qui, annoncé d'abord par le Seigneur, nous a été sûrement transmis par ceux qui l'ont entendu de lui, 4 Dieu confirmant leur témoignage par des signes, des prodiges et toutes sortes de miracles, ainsi que par les dons du Saint-Esprit, répartis selon sa volonté ? 5 En effet, ce n'est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons. 6 Aussi quelqu'un a-t-il écrit quelque part ce témoignage : "Qu'est-ce que l'homme, pour que vous vous souveniez de lui, ou le fils de l'homme pour que vous en preniez soin ? 7 Vous l'avez abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, vous l'avez couronné de gloire et d'honneur, [vous l'avez établi sur les ouvrages de vos mains], 8 vous avez mis toutes choses sous ses pieds." En effet, en lui soumettant toutes choses, Dieu n'a rien laissé qui ne lui soit soumis. Or à présent nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient soumises. 9 Mais celui qui "a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges," Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tous. 10 En effet, il était bien digne de celui pour qui et par qui sont toutes choses, qu'ayant à conduire à la gloire un grand nombre de fils, il élevât par les souffrances au plus haut degré de perfection le chef qui les a guidés vers le salut. 11 Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, tous sont d'un seul. C'est pourquoi Jésus-Christ ne rougit pas de les appeler frères, 12 lorsqu'il dit : "J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l'assemblée." 13 Et encore : "Je mettrai ma confiance en lui." Et encore : "Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés." 14 Puisque les enfants ont eu en partage le sang et la chair, lui aussi y a participé également, afin de briser par sa mort la puissance de celui qui a l'empire de la mort, c'est-à-dire du diable, 15 et de délivrer ceux que la crainte de la mort retenait toute leur vie assujettis à la servitude. 16 Car certes ce n'est pas à des anges qu'il vient en aide, mais c'est à la postérité d'Abraham. 17 De là vient qu'il a dû être fait semblable en tout à ses frères, afin d'être un Pontife miséricordieux et qui s'acquittât fidèlement de ce qu'il faut auprès de Dieu, pour expier les péchés du peuple, 18 car, c'est parce qu'il a souffert et a été lui-même éprouvé, qu'il peut secourir ceux qui sont éprouvés.



Hébreux 3. 1 C'est pourquoi, frères saints, vous qui entrez en partage de la vocation céleste, considérez l'apôtre et le grand prêtre de la foi que nous professons, Jésus, 2 qui est fidèle à celui qui l'a établi, comme Moïse a été "fidèle dans toute sa maison." 3 Car il surpasse Moïse en dignité, d'autant que celui qui a construit une maison a plus d'honneur que la maison même. 4 Car toute maison est construite par quelqu'un et celui qui a construit toutes choses c'est Dieu. 5 Tandis que Moïse a été "fidèle dans toute la maison de Dieu," en qualité de serviteur, pour rendre témoignage de ce qu'il avait à dire, 6 le Christ a été fidèle comme fils, à la tête de sa propre maison et sa maison c'est nous, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin la profession ouverte de notre foi et l'espérance qui fait notre gloire. 7 C'est pourquoi, comme le dit le Saint-Esprit : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, 8 n'endurcissez pas vos cœurs, comme il arriva au lieu nommé la Contradiction, au jour de la tentation au désert, 9 où vos pères me provoquèrent pour m'éprouver, cependant, ils avaient vu mes œuvres pendant quarante ans. 10 Aussi je fus irrité contre cette génération et je dis : Sans cesse leur cœur s'égare, ils n'ont pas connu mes voies. 11 Je jurai donc dans ma colère : Ils n'entreront pas dans mon repos." 12 Prenez garde, mes frères, que personne parmi vous n'ait un cœur mauvais et infidèle, qui lui fasse abandonner le Dieu vivant. 13 Au contraire exhortez-vous les uns les autres, chaque jour, tant que dure ce temps appelé : "Aujourd'hui" afin que personne d'entre vous "ne s'endurcisse" séduit par le péché. 14 Car nous sommes entrés en participation du Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin le commencement de notre être en lui, 15 pendant qu'il nous est dit encore : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme au lieu appelé la Contradiction." 16 Qui sont, en effet, ceux qui, après "avoir entendu la voix de Dieu", se révoltèrent ? Mais ne sont-ce pas tous ceux qui étaient sortis de l'Égypte sous la conduite de Moïse ? 17 Et contre qui Dieu fut-il "irrité pendant quarante ans." N'est-ce pas contre ceux qui avaient péché et dont les cadavres jonchèrent le désert ? 18 "Et à qui jura-t-il qu'ils n'entreraient pas dans son repos", sinon à ceux qui avaient désobéi ? 19 En effet nous voyons qu'ils ne purent y entrer à cause de leur désobéissance.



Hébreux 4. 1 Craignons donc, tandis que la promesse "d'entrer dans son repos" est encore en vigueur, qu'aucun de vous en vienne à être frustré. 2 Car le joyeux message nous a été adressé aussi bien qu'à eux, mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit à rien, n'étant pas alliée à la foi chez ceux qui l'entendirent. 3 Au contraire nous entrerons dans le repos, nous les croyants, selon ce qu'il a dit : "J'ai juré dans ma colère : Ils n'entreront pas dans mon repos." Il parle ainsi, quoique ses œuvres eussent été achevées, depuis le commencement du monde. 4 Car il est dit quelque part au sujet du septième jour : "Et Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième jour" 5 et ici de nouveau : "Ils n'entreront pas dans mon repos" 6 Puisque quelques-uns doivent y entrer et que ceux qui reçurent d'abord la promesse n'y sont pas entrés à cause de leur désobéissance, 7 Dieu fixe de nouveau un jour qu'il appelle "aujourd'hui", en disant dans David si longtemps après, comme on l'a vu plus haut : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs." 8 Car si Josué les eût introduits dans "le repos", David ne parlerait pas après cela d'un autre jour. 9 Il reste donc un jour de repos réservé au peuple de Dieu. 10 En effet celui qui entre "dans le repos de Dieu" se repose aussi de ses œuvres, comme Dieu s'est reposé des siennes. 11 Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin qu'aucun ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. 12 Car elle est vivante la parole de Dieu, elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants, si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles, elle démêle les sentiments et les pensées du cœur. 13 Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. 14 Ainsi, puisque nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand prêtre excellent qui a pénétré les cieux, demeurons fermes dans la profession de notre foi. 15 Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos infirmités, pour nous ressembler, il les a toutes éprouvées hormis le péché. 16 Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus en temps opportun.



Hébreux 5. 1 En effet, tout grand prêtre, pris d'entre les hommes, est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin d'offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés. 2 Il est capable d'user d'indulgence envers ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisqu'il est lui-même entouré de faiblesse. 3 Et c'est à cause de cette faiblesse qu'il doit offrir pour lui-même, comme pour le peuple, des sacrifices pour les péchés. 4 Et nul ne s'arroge cette dignité, il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron. 5 Ainsi le Christ ne s'est pas élevé de lui-même à la gloire du souverain pontificat, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit : "Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui", 6 comme il dit encore dans un autre endroit : "Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech." 7 C'est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et avec larmes offert des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort et ayant été exaucé pour sa piété, 8 a appris, tout Fils qu'il est, par ses propres souffrances, ce que c'est qu'obéir, 9 et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent. 10 Dieu l'ayant déclaré "grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech." 11 Sur ce sujet, nous aurions beaucoup de choses à dire et des choses difficiles à vous expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. 12 Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers éléments des oracles de Dieu et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, plutôt que d'une nourriture solide. 13 Quiconque en est encore au lait, n'est pas capable de la parole de perfection car c'est un enfant. 14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le sens est exercé par habitude à discerner le bien et le mal.



Hébreux 6. 1 C'est pourquoi, laissant de côté l'enseignement élémentaire sur le Christ, élevons-nous à l'enseignement parfait, sans poser de nouveau les principes fondamentaux du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, 2 de la doctrine des ablutions, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. 3 C'est ce que nous allons faire, si Dieu le permet. 4 Car il est impossible, pour ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, 5 qui ont goûté la douceur de la parole de Dieu et les merveilles du monde à venir, 6 et qui pourtant sont tombés, de les renouveler une seconde fois en les amenant à la pénitence, eux qui pour leur part crucifient de nouveau le Fils de Dieu et le livrent à l'ignominie. 7 Lorsqu'une terre, abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui on la cultive, elle a part à la bénédiction de Dieu 8 mais si elle ne produit que des épines et des chardons, elle est jugée de mauvaise qualité, près d'être maudite et l'on finit par y mettre le feu. 9 Cependant, bien-aimés, quoique nous parlions ainsi, nous avons de vous une opinion meilleure et plus favorable à votre salut. 10 Car Dieu n'est pas injuste pour oublier vos œuvres et la charité que vous avez montrée pour son nom, vous qui avez rendu service aux saints et leur en rendez encore. 11 Nous désirons que chacun de vous déploie le même zèle jusqu'à la fin, afin que vos espérances soient accomplies, 12 en sorte que vous ne vous relâchiez pas, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, entrent dans l'héritage promis. 13 Dans la promesse qu'il fit à Abraham, Dieu ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même, 14 et dit : "Oui, je te bénirai et je te multiplierai." 15 Et ce fut ainsi que ce patriarche, ayant patiemment attendu entra en possession de la promesse. 16 En effet, les hommes jurent par celui qui est plus grand qu'eux et le serment, servant de garantie, termine tous leurs différends. 17 C'est pourquoi Dieu, voulant monter avec plus d'évidence aux héritiers de la promesse l'immuable stabilité de son dessein, fit intervenir le serment, 18 afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu nous trompe, nous soyons, nous qui avons cherché en lui un refuge, puissamment encouragés à tenir ferme l'espérance qui nous est proposée. 19 Nous la gardons comme une ancre de l'âme, sûre et ferme, cette espérance qui pénètre jusqu'au-delà du voile, 20 dans le sanctuaire où Jésus est entré pour nous comme précurseur, en qualité de "grand prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech."


Hébreux 7. 1 Ce Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Dieu très-haut. qui vint au-devant d'Abraham à son retour de la défaite des rois, le bénit, 2 et à qui Abraham donna la dîme de tout le butin, qui est d'abord, selon la signification de son nom, roi de justice, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire, roi de paix, 3 qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours, ni fin de vie et qui est ainsi devenu semblable au Fils de Dieu : ce Melchisédech demeure prêtre pour toujours. 4 Considérez combien est grand celui à qui Abraham, le patriarche donna une dîme sur ce qu'il y avait de meilleur. 5 Ceux des fils de Lévi qui obtiennent le sacerdoce ont, d'après la Loi, l'ordre de lever la dîme sur le peuple, c'est-à-dire sur leurs frères, qui cependant sont sortis eux aussi du sang d'Abraham, 6 et lui, qui n'était pas issu de leur race, a levé la dîme sur Abraham et il a béni celui qui avait les promesses. 7 Or, sans contredit, c'est l'inférieur qui est béni par le supérieur. 8 En outre, ici, ceux qui perçoivent les dîmes sont des hommes qui meurent, mais là, c'est un homme dont il est attesté qu'il est vivant. 9 Et Lévi même, qui perçoit la dîme, l'a payée, pour ainsi dire, en la personne d'Abraham, 10 car il était encore dans son aïeul, lorsque Melchisédech alla à sa rencontre. 11 Si donc la perfection avait pu être réalisée par le sacerdoce lévitique, car c'est sous lui que le peuple reçut la loi, quelle nécessité y avait-il qu'il surgît un autre prêtre "selon l'ordre de Melchisédech" et non selon l'ordre d'Aaron ? 12 Car, le sacerdoce étant changé, il est nécessaire que la Loi le soit aussi. 13 En effet, celui de qui ces paroles sont dites appartient à une autre tribu, dont aucun membre n'a servi à l'autel : 14 il est notoire en effet que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu à laquelle Moïse n'a jamais attribué le sacerdoce. 15 Cela devient plus évident encore, s'il surgit un autre prêtre à la ressemblance de Melchisédech, 16 institué, non d'après les prescriptions d'une loi charnelle, mais selon la puissance d'une vie qui ne finit pas, 17 selon ce témoignage : "Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech." 18 Ainsi, a été abrogée la première ordonnance, à cause de son impuissance et de son inutilité, 19 car la Loi n'a rien amené à la perfection, mais elle a été l'introduction à une meilleure espérance, par laquelle nous avons accès auprès de Dieu. 20 Et comme cela ne s'est pas fait sans serment, car, tandis que les autres ont été établis prêtres sans serment, 21 celui-ci l'a été avec serment par celui qui lui a dit : "Le Seigneur l'a juré et il ne s'en repentira pas : Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech", 22 Jésus est par cela même le garant d'une alliance supérieure. 23 De plus, ils forment, eux, une longue série de prêtres, parce que la mort les empêchait de l'être toujours, 24 mais lui, parce qu'il demeure éternellement, il possède un sacerdoce qui ne se transmet pas. 25 De là vient aussi qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, puisqu'il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur. 26 Tel est, en effet, le grand prêtre qu'il nous fallait, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des cieux, 27 qui n'a pas besoin, comme les grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 28 La Loi, en effet, institue grands prêtres des hommes sujets à la faiblesse, mais la parole du serment, intervenue après la Loi, institue le Fils qui est arrivé à la perfection pour l'éternité.


Hébreux 8. 1 Cela étant dit, l'essentiel est que nous avons ainsi un grand prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 2 comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme. 3 Car tout grand prêtre est établi pour offrir des oblations et des sacrifices, d'où il est nécessaire que lui aussi ait quelque chose à offrir. 4 S'il était sur la terre, il ne serait pas même prêtre, puisqu'il s'y trouve des prêtres chargés d'offrir les oblations selon la Loi, 5 lesquels célèbrent un culte qui n'est qu'une image et une ombre des choses célestes, comme Moïse en fut divinement averti lorsqu'il dut construire le tabernacle : "Regarde, dit le Seigneur, tu feras tout d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne." 6 Mais notre grand prêtre a reçu un ministère d'autant plus élevé, qu'il est médiateur d'une alliance supérieure et fondée sur de meilleures promesses. 7 En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n'y aurait pas eu lieu de lui en substituer une seconde. 8 Car c'est bien un blâme que Dieu exprime, quand il leur dit : "Voici, dit le Seigneur, que les jours viennent où je contracterai une alliance nouvelle avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda, 9 non pas une alliance comme celle que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir de la terre d’Égypte. Puisqu'ils n'ont pas persévéré dans mon alliance, moi aussi je les ai délaissés, dit le Seigneur. 10 Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : Je mettrai mes lois dans leur esprit et je les écrirai dans leur cœur et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. 11 Aucun d'eux n'enseignera plus son concitoyen, aucun n'enseignera plus son frère, disant : Connais le Seigneur car tous me connaîtront, depuis le plus petit d'entre eux jusqu'au plus grand. 12 Je pardonnerai leurs iniquités et je ne me souviendrai plus de leurs péchés." 13 En disant : "Une alliance nouvelle", Dieu a déclaré la première vieillie, or, ce qui est devenu ancien, ce qui est vieilli, est près de disparaître.



Hébreux 9. 1 La première alliance avait aussi ses règlements relatifs au culte et un sanctuaire terrestre. 2 En effet, on a construit un tabernacle, avec une partie antérieure, appelée le lieu saint, où étaient le chandelier, la table et les pains de proposition. 3 Derrière le second voile, se trouvait la partie du tabernacle appelée le Saint des saints, ayant un autel d'or pour les parfums et l'arche de l'alliance toute recouverte d'or. 4 Dans l'arche se trouvait une urne d'or renfermant la manne, le bâton d'Aaron qui avait fleuri et les tables de l'alliance. 5 Au-dessus étaient des chérubins de la gloire, couvrant de leur ombre le propitiatoire. Mais ce n'est pas ici le lieu de parler sur ce sujet en détail. 6 Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entrent en tout temps dans la partie antérieure du tabernacle, lorsqu'ils font le service du culte, 7 le grand prêtre seul, une seule fois l'année, entre dans la seconde partie, mais avec du sang qu'il offre pour lui-même et pour les péchés du peuple. 8 L'Esprit-Saint montre par-là que le chemin du Saint des Saints n'a pas encore été ouvert, tant que subsiste le premier tabernacle. 9 C'est une figure qui a rapport au temps présent, elle signifie que les oblations et les sacrifices offerts ne peuvent amener à la perfection, au point de vue de la conscience, celui qui rend ce culte. 10 Car avec les prescriptions relatives aux aliments, aux boissons et aux diverses ablutions, ce ne sont que des ordonnances charnelles, imposées seulement jusqu'à une époque de réformation. 11 Mais le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c'est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à-dire, qui n'appartient pas à cette création-ci 12 et ce n'est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu'il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. 13 Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d'une vache, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, 14 combien plus le sang du Christ qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? 15 Et c'est pour cela qu'il est médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis. 16 Car, là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne, 17 parce qu'un testament n'a son effet qu'en cas de mort, étant sans force lorsque le testateur est en vie. 18 Voilà pourquoi même la première alliance n'a pas été inaugurée sans effusion de sang. 19 Moïse, après avoir proclamé devant tout le peuple tous les commandements selon la teneur de la Loi, prit le sang des taureaux et des boucs, avec de l'eau, de la laine écarlate et de l'hysope et il fit l'aspersion sur le Livre lui-même et sur tout le peuple, en disant : 20 "Voici le sang de l'alliance que Dieu a contractée avec vous. 21 "Il aspergea de même avec le sang le tabernacle et tous les ustensiles du culte. 22 Et d'après la Loi, presque tout se purifie avec du sang et sans effusion de sang il n'y a pas de rémission. 23 Puisque les images des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées de cette manière, il était donc nécessaire que les choses célestes elles-mêmes fussent inaugurées par des sacrifices supérieurs à ceux-là. 24 Car ce n'est pas dans un sanctuaire fait de main d'homme, image du véritable, que le Christ est entré, mais il est entré dans le ciel même, afin de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu. 25 Et ce n'est pas pour s'offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n'est pas le sien : 26 autrement il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde, mais il s'est montré une seule fois, dans les derniers âges, pour abolir le péché par son sacrifice. 27 Et comme il est arrêté que les hommes meurent une seule fois, après quoi vient le jugement, 28 ainsi le Christ, après s'être offert une seule fois pour ôter les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, sans péché, pour donner le salut à ceux qui l'attendent.



Hébreux 10. 1 La Loi, en effet, n'ayant qu'une ombre des biens à venir et non l'image même des choses, ne peut jamais, par ces mêmes sacrifices que l'on offre sans interruption chaque année, sanctifier parfaitement ceux qui s'en approchent. 2 Autrement n'aurait-on pas cessé de les offrir, car ceux qui rendent ce culte, une fois purifiés, n'auraient plus eu aucune conscience de leurs péchés. 3 Tandis que, par ces sacrifices, on rappelle chaque année le souvenir des péchés, 4 parce qu'il est impossible que le sang des taureaux et des boucs enlève les péchés. 5 C'est pourquoi le Christ dit en entrant dans le monde : "Vous n'avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m'avez formé un corps, 6 vous n'avez agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. 7 Alors j'ai dit : Me voici, car il est question de moi dans le rouleau du livre, je viens ô Dieu, pour faire votre volonté." 8 Après avoir commencé par dire : "Vous n'avez voulu et vous n'avez agréé ni ablations, ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché", toutes choses qu'on offre selon la Loi, 9 il ajoute ensuite : "Voici que je viens pour faire votre volonté." Il abolit ainsi le premier point, pour établir le second. 10 C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'oblation que Jésus-Christ a faite, une fois pour toutes, de son propre corps. 11 Et tandis que tout prêtre se présente chaque jour pour accomplir son ministère et offre plusieurs fois les mêmes victimes, qui ne peuvent jamais enlever les péchés, 12 lui au contraire, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, "s'est assis" Pour toujours "à la droite de Dieu" 13 attendant désormais "que ses ennemis deviennent l'escabeau de ses pieds" 14 car, par une oblation unique, il a procuré la perfection pour toujours à ceux qui sont sanctifiés. 15 C'est ce que l'Esprit-Saint nous atteste aussi, car, après avoir dit : 16 "Voici l'alliance que je ferai avec eux après ces jours-là", le Seigneur ajoute : Je mettrai mes lois dans leurs cœurs et je les écrirai dans leur esprit 17 et je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités." 18 Or, là où les péchés sont remis, il n'est plus question d'oblation pour le péché. 19 Ainsi donc, frères, puisque nous avons, par le sang de Jésus un libre accès dans le sanctuaire, 20 par la voie nouvelle et vivante, qu'Il a inaugurée, pour nous à travers le voile, c'est-à-dire à travers sa chair 21 et puisque nous avons un grand prêtre établi sur la maison de Dieu, 22 approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, le cœur purifié des souillures d'une mauvaise conscience et le corps lavé dans une eau pure. 23 Restons inébranlablement attachés à la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle. 24 Ayons l’œil ouvert les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres. 25 Ne désertons pas notre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais exhortons-nous les uns les autres et cela d'autant plus que vous voyez s'approcher le jour. 26 Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, 27 il n'y a plus qu'à attendre un jugement terrible et le feu jaloux qui dévorera les rebelles. 28 Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou, trois témoins, 29 de quel châtiment plus sévère pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il avait été sanctifié et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? 30 Car nous le connaissons, celui qui a dit : "A moi la vengeance, c'est moi qui paierai de retour" Et encore : Le "Seigneur jugera son peuple." 31 Il est effroyable de tomber entre les mains du Dieu vivant. 32 Rappelez-vous ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances, tantôt exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, 33 tantôt prenant part aux maux de ceux qui étaient ainsi traités. 34 En effet, vous avez compati aux prisonniers et vous avez accepté avec joie le pillage de vos biens, sachant que vous avez une richesse meilleure et qui durera toujours. 35 N'abandonnez donc pas votre assurance, une grande récompense y est attachée. 36 Car la persévérance vous est nécessaire afin que, après avoir fait la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. 37 Encore un peu, bien peu de temps et "celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas. 38 Et mon juste vivra par la foi, mais, s'il se retire, mon âme ne mettra pas sa complaisance en lui." 39 Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, mais de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme.



Hébreux 11. 1 Or la foi est la substance des choses qu'on espère, une conviction de celles qu'on ne voit pas. 2 C'est pour l'avoir possédée que les anciens ont obtenu un bon témoignage. 3 C'est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que les choses que l'on voit n'ont pas été faites de choses visibles. 4 C'est par la foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn, c'est par elle qu'il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes et c'est par elle que, mort, il parle toujours. 5 C'est par la foi qu'Enoch fut enlevé sans qu'il eût subi la mort : "on ne le trouva plus, parce que Dieu l'avait enlevé" car avant cet enlèvement, il avait reçu ce témoignage qu'il avait plu à Dieu. 6 Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu, car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie qu'il existe et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. 7 C'est par la foi que Noé, divinement averti des événements qu'on ne voyait pas encore, construisit, avec une pieuse crainte, une arche pour sauver sa famille, c'est par elle qu'il condamna le monde et devint héritier de la justice qui s'obtient par la foi. 8 C'est par la foi qu'Abraham, obéissant à l'appel de Dieu, partit pour un pays qu'il devait recevoir en héritage et se mit en chemin sans savoir où il allait. 9 C'est par la foi qu'il séjourna dans la terre promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers comme lui de la même promesse. 10 Car il attendait la cité aux solides fondements, dont Dieu est l'architecte et le constructeur. 11 C'est par la foi que Sara, elle aussi, qui n'était plus dans l'âge de concevoir, en reçut la vertu, parce qu'elle crut à la fidélité de Celui qui en avait fait la promesse. 12 C'est pourquoi, d'un seul homme, déjà comme mort, sortit une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable innombrables qui sont sur le bord de la mer. 13 C'est dans la foi que ces patriarches sont tous morts, sans avoir reçu l'effet des promesses, mais ils l'ont vu et salué de loin, confessant "qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre." 14 Ceux qui parlent ainsi montrent bien qu'ils cherchent une patrie. 15 Et certes, s'ils avaient entendu par-là celle d'où ils étaient sortis, ils auraient eu le moyen d'y retourner. 16 Mais c'est à une patrie meilleure, à la patrie du ciel, que tendent leurs aspirations. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte de s'appeler "leur Dieu", car il leur a préparé une cité. 17 C'est par la foi qu'Abraham mis à l'épreuve, offrit Isaac en sacrifice. 18 Ainsi celui qui avait reçu les promesses et à qui il avait été dit : "C'est d'Isaac que naîtra ta postérité", offrit ce fils unique, 19 estimant que Dieu est assez puissant pour ressusciter même les morts, aussi le retrouva-t-il comme en figure. 20 C'est par la foi qu'Isaac bénit Jacob et Ésaü, en vue des choses à venir. 21 C'est par la foi que Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et qu'il se prosterna appuyé sur le sommet de son sceptre". 22 C'est par la foi que Joseph, près de sa fin, fit mention de la sortie des fils d'Israël et qu'il donna des ordres au sujet de ses restes. 23 C'est par la foi que Moïse à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu'ils virent que l'enfant était beau et qu'ils ne craignirent pas l'édit du roi. 24 C'est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille de Pharaon, 25 aimant mieux d'être maltraité avec le peuple de Dieu, que de jouir du plaisir si court qui se trouve dans le péché, 26 il considéra l'opprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte, car il avait les yeux fixés sur la récompense. 27 C'est par la foi qu'il quitta l'Égypte, sans redouter la colère du roi, car il tint ferme, comme s'il voyait celui qui est invisible. 28 C'est par la foi qu'il célébra la Pâque et fit l'aspersion du sang, afin que l'exterminateur des premiers-nés ne touchât pas à ceux des Israélites. 29 C'est par la foi qu'ils passèrent la mer Rouge comme une terre ferme, tandis que les Égyptiens qui tentèrent le passage furent engloutis. 30 C'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu'on en eût fait le tour pendant sept jours. 31 C'est par la foi que Rahab la courtisane ne périt pas avec les rebelles, pour avoir donné aux espions une sûre hospitalité. 32 Et que dirai-je encore ? Le temps me manquerait si je voulais parler aussi de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et des prophètes. 33 Par la foi, ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l'effet des promesses, fermé la gueule des lions, 34 éteint la violence du feu, échappé au tranchant de l'épée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis, 35 par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin d'obtenir une meilleure résurrection, 36 d'autres ont souffert les moqueries et les bâtons, de plus, les chaînes et les cachots, 37 ils ont été lapidés, sciés, éprouvés, ils sont morts par le tranchant de l'épée, ils ont erré çà et là, couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, 38 eux dont le monde n'était pas digne. Ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. 39 Cependant eux tous que leur foi a rendus recommandables, n'ont pas obtenu l'objet de la promesse 40 parce que Dieu nous a fait une condition meilleure pour qu'ils n'obtinssent pas sans nous la perfection du bonheur.



Hébreux 12. 1 Donc, nous aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous enveloppe et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, 2 les yeux fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, lui qui, au lieu de la joie qu'il avait devant lui, méprisant l'ignominie, a souffert la croix et "s'est assis à la droite du trône de Dieu". 3 Considérez celui qui a supporté contre sa personne une si grande contradiction de la part des pécheurs, afin de ne pas vous laisser abattre par le découragement. 4 Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché. 5 Et vous avez oublié l'exhortation de Dieu qui vous dit comme à des fils : "Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend, 6 car le Seigneur châtie celui qu'il aime et il frappe du bâton tout fils qu'il reconnaît pour sien." 7 C'est pour votre instruction que vous êtes éprouvés : Dieu vous traite comme des fils, car quel est le fils que son père ne châtie pas ? 8 Si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes et non de vrais fils. 9 D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés et que nous les avons respectés, combien plus nous devons nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie ? 10 Quant à ceux-là, c'était pour peu de temps qu'ils nous châtiaient au gré de leur volonté, mais Dieu le fait autant qu'il est utile pour nous rendre capables de participer à sa sainteté. 11 Toute correction, il est vrai, paraît sur l'heure un sujet de tristesse et non de joie, mais elle produit plus tard, pour ceux qui ont été ainsi exercés, un fruit de paix et de justice. 12 "Relevez donc vos mains languissantes et vos genoux défaillants, 13 dirigez vos pas dans la voie droite", afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse. 14 Recherchez la paix avec tous et la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. 15 Veillez à ce que personne ne manque à la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine d'amertume, venant à pousser des rejetons, ne cause du trouble et que la masse n'en soit infectée. 16 Qu'il n'y ait parmi vous ni impudique, ni profanateur comme Ésaü, qui pour un seul plat vendit son droit d'aînesse. 17 Vous savez que, plus tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut repoussé, quoiqu'il la sollicitât avec larmes, car il ne put amener son père à changer de sentiments. 18 Vous ne vous êtes pas approchés d'une montagne que la main puisse toucher, ni d'un feu ardent, ni de la nuée, ni des ténèbres, ni de la tempête, 19 ni de l'éclat de la trompette, ni d'une voix si retentissante, que ceux qui l'entendirent supplièrent qu'on ne leur parlât pas davantage, 20 car ils ne pouvaient supporter cette défense: "Si même une bête touche la montagne, elle sera lapidée." 21 Et ce spectacle était si terrible que Moïse dit: "Je suis terrifié et tout tremblant." 22 Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant qui est la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, 23 de l'assemblée des premiers nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, 24 de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance et du sang de l'aspersion qui parle plus éloquemment que celui d'Abel. 25 Prenez garde de résister à celui qui parle, car si ceux-là n'ont pas échappé au châtiment, qui ont refusé d'écouter celui qui publiait ses oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous le repoussons, quand il nous parle du haut des cieux : 26 lui, dont la voix ébranla alors la terre, mais qui maintenant a fait cette promesse : "Une fois encore j'ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel." 27 Ces mots : "Une fois encore", indiquent le changement des choses qui vont être ébranlées comme ayant eu leur accomplissement, afin que celles qui ne doivent pas être ébranlées subsistent à jamais. 28 Ainsi, puisque nous rentrons en possession d'un royaume qui ne sera pas ébranlé, retenons fermement la grâce, par elle rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte. 29 Car notre Dieu est aussi un feu dévorant.



Hébreux 13. 1 Persévérez dans l'amour fraternel. 2 N'oubliez pas l'hospitalité, quelques-uns en la pratiquant ont, à leur insu, logé des anges. 3 Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous aussi dans un corps. 4 Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu condamnera les impudiques et les adultères. 5 Que votre conduite soit exempte d'avarice, vous contentant de ce que vous avez, car Dieu lui-même a dit : "Je ne te délaisserai pas et ne t'abandonnerai pas", de sorte que nous pouvons dire en toute assurance : 6 "Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai rien, que pourraient me faire les hommes ?" 7 Souvenez-vous de ceux qui vous conduisent, qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et considérant quelle a été l'issue de leur vie, imitez, leur foi. 8 Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera éternellement. 9 Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères, car il vaut mieux affermir son cœur par la grâce, que par des aliments, qui n'ont servi de rien à ceux qui s'y attachent. 10 Nous avons un autel dont ceux-là n'ont pas le droit de manger qui restent au service du tabernacle. 11 Car pour les animaux dont le sang, expiation du péché, est porté dans le sanctuaire par le grand prêtre, leurs corps sont brûlés hors du camp. 12 C'est pour cela que Jésus aussi, devant sanctifier le peuple par son sang, a souffert hors de la porte. 13 Donc, pour aller à lui, sortons hors du camp, en portant son opprobre. 14 Car nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. 15 Que ce soit donc par lui que nous offrions sans cesse à Dieu "un sacrifice de louange", c'est-à-dire "le fruit de lèvres" qui célèbrent son nom. 16 Et n'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car Dieu se plaît à de tels sacrifices. 17 Obéissez à ceux qui vous conduisent et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte, afin qu'ils le fassent avec joie et non en gémissant, ce qui ne vous serait pas avantageux. 18 Priez pour nous, car nous sommes assurés d'avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses bien nous conduire. 19 C'est avec instance que je vous conjure de le faire, afin que je vous sois plus tôt rendu. 20 Que le Dieu de la paix, qui a ramené d'entre les morts celui qui, par le sang d'une alliance éternelle, est devenu le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, 21 vous rende capables de toute bonne œuvre pour l'accomplissement de sa volonté, en opérant en vous ce qui est agréable à ses yeux, par Jésus-Christ, auquel soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen. 22 Je vous prie, frères, d'agréer cette parole d'exhortation car je vous ai écrit brièvement. 23 Apprenez que notre frère Timothée est relâché, s'il vient assez tôt, j'irai vous voir avec lui. 24 Saluez tous ceux qui vous conduisent et tous les saints. Les frères d'Italie vous saluent. Que la grâce soit avec vous tous. Amen.



Notes sur la lettre aux Hébreux


1.3 Voir Sagesse, 7, 26.

1.5 Voir Psaume, 2, 7 ; 1 Samuel, 7, 14.

1.6 Voir Psaume, 96, 7.

1.7 Celui qui fait, etc., citation de Psaumes, 103, 4 d’après les Septante. Sens : Les anges sont de condition si inférieure, que Dieu les fait servir au fonctionnement du monde physique ; ce sont eux qui mettent en mouvement les forces naturelles (cf. Jean, 5, 4) ; ils agissent comme le feraient des vents, une flamme, etc.

1.8 Voir Psaume, 44, 7.

1.9 tous tes compagnons, les saints et les prophètes.

1.10 Voir Psaume, 101, 26.

1.13 Voir Psaume, 109, 1 ; 1 Corinthiens, 15, 25. L’escabeau de tes pieds. Voir Matthieu 22, 44.

2.4 Voir Marc, 16, 20.

2.5 Le monde, etc. Cf. Hébreux, 1, 11-12.

2.6 Voir Psaume, 8, 5. ― Ou le fils de l’homme. Jésus-Christ se donnait lui-même (voir Matthieu 8, 20) ce nom, c’est-à-dire Fils par excellence de l’homme.

2.8 Voir Matthieu 28, 18 ; 1 Corinthiens, 15, 26.

2.9 Voir Philippiens, 2, 8.

2.10 Dieu, créateur de toutes choses, et à qui toutes choses doivent se rapporter, a voulu, par un effet de sa sagesse et de sa justice, que son Fils unique, qu’il avait destiné pour être notre Sauveur, consommât son sacrifice par ses souffrances, et méritât ainsi le salut des élus, en méritant pour lui-même la gloire infinie dont il est revêtu.

2.11 D’un seul, principe c’est-à-dire Dieu.

2.12 Voir Psaume, 21, 23.

2.13 Voir Psaume, 17, 3 ; Isaïe, 8, 18.

2.14 Voir Osée, 13, 14 ; 1 Corinthiens, 15, 54. Le sang et la chair, la nature humaine. Le diable a l’empire de la mort, parce qu’il est le premier auteur du péché. ― Jésus-Christ a anéanti le diable en tant qu’ayant la puissance de la mort, c’est-à-dire qu’il a anéanti la mort (voir 2 Timothée, 1, 10), la mort spirituelle et la mort corporelle, en communiquant à l’humanité, dans le baptême et l’eucharistie, un principe de vie spirituelle et divine, qui conserve le corps lui-même pour la vie éternelle. 

3.1 De la foi que nous professons ; c’est-à-dire, de la religion que nous professons.

3.2 Voir Nombres, 12, 7.

3.8 Voir Psaume, 94, 8 ; Hébreux, 4, 7. au jour de la tentation au désert, ce lieu est Raphidim, où les Israélites murmurèrent, parce qu’ils manquaient d’eau (voir Exode, 17, verset 1 et suivants) ; ou, selon d’autres, l’endroit du désert de Pharan, où ils se révoltèrent, quand on leur annonça ce qu’étaient les Cananéens et le pays de Canaan (voir Nombres, 14, verset 2 et suivants) ; ou bien encore, Cadès, où le manque d’eau excita une nouvelle sédition parmi eux (voir Nombres, 21, verset 4 et suivants).

3.11 Ils n’entreront pas. Voir Psaume, 94, 11.

3.14 le commencement de notre être en lui, c’est-à-dire le commencement de l’être nouveau qu’il a mis en nous, la foi, selon saint Chrysostome, Théodoret, Théophylacte, etc.

3.15 Comme au lieu appelé la Contradiction, lieu dont il est parlé aux versets 8 et 9.

3.17 Voir Nombres, 14, 37.

4.1 La promesse d’entrer ; c’est-à-dire la promesse qui nous est faite d’entrer.

4.3 Voir Psaume, 94, 11. ― Ils n’entreront pas. Cf. Hébreux, 3, 11.

4.4 Voir Genèse, 2, 2.

4.7 Voir Hébreux, 3, 7-8.

4.8 Voir Actes des Apôtres, 7, 45.

4.12 Vivante, un germe vivant qui, reçu avec foi dans l’âme, porte des fruits : voir la parabole du Sauveur à Matthieu 13, verset 3 et suivants. ― Efficace, ayant son accomplissement (voir Isaïe, 55, 10-11).

4.13 Voir Psaume, 33, 16 ; Ecclésiastique, 15, 20.

5.4 Voir Exode, 28, 1 ; 2 Chroniques, 26, 18.

5.5 Voir Psaume, 2, 7.

5.6 Voir Psaume, 109, 4.

5.7 De sa chair, de sa vie passible et mortelle. Des supplications, etc. : allusion à la prière et à l’agonie de Jésus-Christ dans le jardin de Gethsémani. Comparer aussi à Psaumes, 21, 25. Les évangélistes ne disent pas que Jésus-Christ ait pleuré au jardin des Oliviers, ou sur la croix : mais l’Apôtre a pu apprendre cette particularité de la tradition ou par révélation. Remarquons qu’il n’y a pas de contradiction entre ce qui est dit ici, que Jésus-Christ fut exaucé, et ce cri qu’il poussa sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? Parce que quoiqu’il eût été exaucé dans sa demande à son Père d’accomplir sa volonté, par rapport à sa passion ; c’est-à-dire de mériter par sa passion et sa mort de ressusciter et d’obtenir pour nous-mêmes notre salut éternel, il a été réellement abandonné de son Père sur la croix, en ce sens que son Père l’a livré, lui, Fils unique, aux douleurs, aux tourments et à la mort même.

5.13 parole de perfection, c’est-à-dire de l’enseignement, des leçons de la perfection chrétienne.

6.4 Il s’agit de l’apostasie : rejetant le Christ c’est comme s’il rejeté son médecin, son mal ne pourra plus être soigné. Voir Matthieu 12, 45 ; Hébreux, 10, 26 ; 2 Pierre, 2, 20. ― éclairés ; c’est-à-dire baptisés. Le baptême s’appelait autrefois l’illumination.

6.5 La douceur de la parole de Dieu, l’Évangile avec ses promesses et ses consolations (cf. Zacharie, 1, 13). Les merveilles du monde à venir, les dons extraordinaires du Saint-Esprit.

6.6 Thomas d’Aquin. Saint Paul fait sentir la difficulté de se relever, difficulté qui a sa cause dans la chute. En disant qu’il est « impossible » il veut faire comprendre la très grande difficulté de se relever, d’abord, à cause du péché, et ensuite à cause de l’orgueil, comme on le voit dans les démons. C’est de cette parole de S. Paul que Novat, prêtre de l’Église romaine, prit occasion d’erreur. Il prétendit que personne ne pouvait après le baptême se relever par la pénitence Mais c’est une fausse supposition, comme l’a expliqué saint Athanase (dans sa lettre à Sérapion), puisque S. Paul lui-même reçut à la pénitence l’incestueux de Corinthe, comme on le voit dans la 2ème lettre aux Corinthiens, 2, 8, et dans le chapitre 4 de la lettre aux Galates (verset 19), puisque S. Paul y dit: "Mes petits enfants, pour qui je souffre de nouveau les douleurs de l’enfantement, etc." Il faut donc entendre, comme dit S. Augustin, que l’Apôtre ne dit pas qu’il est impossible de se repentir, mais qu’il l’est de se renouveler une seconde fois par le baptême (Tite 3, 5): "Par l’eau de la renaissance et par le renouvellement du Saint Esprit " car jamais le pécheur ne pourrait faire une pénitence assez grande pour mériter d’être de nouveau baptisé. L’Apôtre s’exprime ainsi, parce que, d’après la loi, les Juifs reçoivent plusieurs baptêmes, comme on le voit en S. Marc, 7, 4. C’est donc pour renverser cette erreur, que S. Paul parle de cette manière.

6.10 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

6.14 Voir Genèse, 22, 17.

6.18 deux choses, la promesse et le serment.

6.19 Et qui pénètre jusqu'au-delà du voile. Notre espérance dans les promesses de Dieu pénètre au-delà du voile tendu dans le temple devant le Saint des Saints, c’est-à-dire jusqu’au ciel, représenté par le Saint des Saints.

7.1 Voir Genèse, 14, 18. ― Salem signifie paix. D’après le plus grand nombre des exégètes, c’est la ville de Jérusalem.

7.3 Qui est sans père ; c’est-à-dire qui est présenté dans l’Écriture sans père, etc. Remarquons aussi que les anciens disaient souvent de quelqu’un qu’il était sans père et sans mère, quand ses parents étaient inconnus. Sénèque, Tite Live et Horace nous en fournissent des exemples.

7.5 Voir Deutéronome, 18, 3 ; Josué, 14, 4.

7.7 Cf. Romains, 11, 32.

7.8 Ici ; c’est-à-dire dans ce qui est plus rapproché de nous, sous la loi mosaïque, dans le sacerdoce lévitique. ― Mais là ; dans un temps plus éloigné, à l’époque d’Abraham et de Melchisédech.

7.15-16 Que les paroles du Psalmiste annoncent un nouveau sacerdoce et une loi nouvelle, cela devient plus évident encore, si nous voyons que le nouveau prêtre selon l’ordre de Melchisédech est institué pour toujours, qu’il ne doit ni mourir ni avoir de successeur.

7.17 Voir Psaume, 109, 4.

7.20 Cela ne s'est pas fait sans serment. Pour avoir la liaison des idées, il faut rapprocher ces mots du verset 17.

7.21 Voir Psaume, 109, 4.

7.25 pour intercéder en leur faveur. Jésus-Christ, comme homme, intercède continuellement pour nous, en représentant sa passion à son Père.

7.27 Voir Lévitique 16, 6.

8.5 Voir Actes des Apôtres, 7, 44. Des choses célestes, ce que fait Jésus, le grand prêtre, dans le tabernacle du ciel. ― regarde, tiré d’Exode, 25, vv. 8, 40. Ces mots font entendre que le tabernacle devait avoir une signification symbolique, qu’il n’était que l’image d’un type céleste. Voir chapitre 9. .

8.8 Voir Jérémie, 31, 31.

9.2 Voir Exode, 26, 1 ; 36, 8. ― Les pains de proposition, c’est-à-dire les pains exposés, les rangées de pains.

9.3 Le second voile. Voir Matthieu 27, 51.

9.4 Un encensoir d’or. L’autel des parfums. voir note Exode 30, 6 ; 1 Rois, 8, 9 ; 2 Chroniques, 5, 10. Des chérubins … qui couvraient voir note Exode 25, 20.

9.7 Voir Exode, 30, 10 ; Lévitique, 16, 2.

9.11 Qui n'appartient pas à cette création-ci, qui ne fait pas partie des œuvres de ce monde.

9.12 Par le seul sacrifice de son sang offert une fois sur la croix, Jésus-Christ nous a acquis une rédemption dont l’effet est permanent et éternel ; au lieu que l’effet des sacrifices de la loi n’était que passager, ce qui obligeait de les réitérer. Aussi, lorsque l’Église offre à Dieu Jésus-Christ présent sur l’autel, elle ne croit pas pour cela qu’il manque quelque chose au sacrifice de la croix ; elle le croit au contraire si parfait et si suffisant, qu’elle n’offre celui de la messe que pour en célébrer la mémoire, et pour nous en appliquer la vertu.

9.13 Voir Lévitique, 16, 15.

9.14 Voir 1 Pierre, 1, 19 ; 1 Jean, 1, 7 ; Apocalypse, 1, 5. ― Par l’Esprit éternel. Jésus-Christ s’offre par l’Esprit éternel, c’est-à-dire, animé, porté, consacré, pour cet acte par l’Esprit de Dieu qui est en lui sans mesure, dans une harmonie ineffable avec Dieu qui s’associe à son œuvre par son Esprit. Ici, comme à Romains, 1, 4 et 1 Timothée, 3, 16, ces mots expriment la nature divine du Christ, d’où son sacrifice tira une valeur infinie. ― Éternel rappelle et explique la rédemption éternelle du verset 12 : c’est l’œuvre de Dieu accomplie pour l’éternité. ― Œuvres mortes, les péchés (voir Hébreux, 6, 1).

9.15 Voir Galates, 3, 15.

9.20 Voir Exode, 24, 8.

9.26 Dans les derniers âges  ; c’est-à-dire lorsque la plénitude du temps marquée pour la venue du Sauveur a été accomplie. Cf. 1 Corinthiens, 10, 11 ; Galates, 4, 4.

9.28 Voir Romains, 5, 9 ; 1 Pierre, 3, 18. De la multitude. Voir, pour le vrai sens de cette expression, Matthieu 20, 28. ― Sans péché ; c’est-à-dire sans avoir encore à expier le péché.

10.5 Voir Psaume, 39, 7.

10.7 Voir Psaume, 39, 8.

10.13 Voir Psaume, 109, 1 ; 1 Corinthiens, 15, 25. l'escabeau de ses pieds. Voir Matthieu 22, 44.

10.16 Voir Jérémie, 31, 33 ; Hébreux, 8, 8.

10.18 Là où il a rémission entière des péchés, comme dans le baptême, il n’y a aucun besoin d’offrir un sacrifice pour de pareils péchés déjà remis ; et quant aux péchés commis après, ils ne peuvent être remis que par la vertu de l’oblation et de la mort de Jésus-Christ.

10.26 Voir Hébreux, 6, 4. ― L’Apôtre veut dire que, puisque les hosties de la loi ne peuvent, comme il l’a parfaitement prouvé, effacer les péchés, et qu’il n’y a que le sang de Jésus-Christ qui ait cette vertu, il suit nécessairement que ceux qui y renoncent n’ont pas de salut à espérer.

10.28 Voir Deutéronome, 17, 6 ; Matthieu 18, 16 ; Jean, 8, 17 ; 2 Corinthiens, 13, 1.

10.30 Voir Deutéronome, 32, 35 ; Romains, 12, 19.

10.38 Voir Habacuc, 2, 4 ; Romains, 1, 17 ; Galates, 3, 11.

10.39 Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, nous ne sommes nullement disposés à nous retirer, à abandonner par une lâche apostasie le parti de la vérité. Cf. Luc, 16, 8.

11.3 Voir Genèse, 1, 3.

11.4 Voir Genèse, 4, 4 ; Matthieu 23, 35. Il parle toujours : « allusion aux paroles de Dieu à Caïn : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie vers moi. » Voir Genèse, 4, 10. Cf. Hébreux, 12, 24. Mais est-ce là le langage de sa foi ? D’autres : il parle encore par son exemple, consigné dans les premières pages de l’Écriture. 

11.5 Voir Genèse, 5, 24 ; Ecclésiastique, 44, 16.

11.7 Voir Genèse, 6, 14 ; 8, 5 ; Ecclésiastique, 44, 17.

11.8 Voir Genèse, 12, 1 ; 17, 5.

11.11 Voir Genèse, 17, 19.

11.15 c’est-à-dire s’ils s’étaient regardés comme citoyens d’Ur ou de Haran, ils y seraient aisément retournés.

11.17 Voir Genèse, 22, 1 ; Ecclésiastique, 44, 21.

11.18 Voir Genèse, 21, 12 ; Romains, 9, 7.

11.19 Comme en figure de la mort et de la résurrection du Sauveur.

11.20 Voir Genèse, 27, vv. 27, 39.

11.21 Voir Genèse, 48, 15 ; 47, 31. ― il se prosterna, etc. ; envisageant par la foi dans le sceptre de son fils la puissance souveraine du Messie, dont Joseph était la figure.

11.22 Voir Genèse, 50, 23. ― de la sortie d’Égypte. Joseph demanda que ses restes fussent transportés en Palestine quand Israël quitterait l’Égypte, ce qui fut fidèlement exécuté.

11.23 Voir Exode, 2, 2 ; 1, 17.

11.24 Voir Exode, 2, 11.

11.25 Aimant mieux, etc. Il préféra la vie pénible des Hébreux aux délices de la cour, qu’il ne pouvait goûter sans péché ; il aurait cru pécher s’il s’était livré aux plaisirs, sans se mettre en peine de ses frères.

11.28 Voir Exode, 12, 21. ― Il célébra la Pâque. Voir Matthieu 26, 2.

11.29 Voir Exode, 14, 22.

11.30 Voir Josué, 6, 20.

11.31 Voir Josué, 2, 3. ― une sûre hospitalité, sans les découvrir, sans les dénoncer, ou avec bienveillance, sans leur faire aucun mal, les conservant sains et saufs.

11.33 Ont conquis des royaumes, comme Gédéon, Barac, David. ― Fermé la gueule des lions, comme Daniel qui, jeté dans la fosse aux lions, n’en reçut aucun mal.

11.34 éteint la violence du feu. Les trois compagnons de Daniel jetés dans la fournaise ne furent pas brûlés. ― Échappé au tranchant de l’épée, comme Élie et Élisée, échappant à leurs ennemis. ― triomphé de la maladie, comme le saint roi Ézéchias. ― déployé leur vaillance à la guerre, comme les Machabées.

11.35 Des femmes ont recouvré leurs morts, leurs enfants, ressuscités par Élie et Élisée. ― Les uns ont péri dans les tortures, le saint vieillard Eléazar et les sept frères Machabées.

11.37 Ont été lapidés. Zacharie, fils du grand-prêtre Joïada, fut lapidé. Jérémie le fut aussi, selon une ancienne tradition. ― Sciés. D’après la tradition juive, Isaïe fut scié en deux.

11.40 c’est-à-dire Dieu ayant voulu, par une faveur singulière qu’il nous a faite, que leur félicité complète fut différée jusqu’à ce que nous jouissions nous-mêmes de la nôtre. Mais ce retard de leur béatitude ne l’a pas diminuée ; au contraire, en les animant à une plus grande patience et à une espérance plus vive, il a augmenté le mérite de leur foi.

12.1 Voir Romains, 6, 4 ; Éphésiens, 4, 22 ; Colossiens, 3, 8 ; 1 Pierre, 2, 1 ; 4, 2.

12.4 Le péché, personnifié et présenté sous la figure d’un adversaire, d’un lutteur, dont il faut repousser les coups.

12.5 Voir Proverbes, 3, 11 ; Apocalypse, 3, 19.

12.6 Tout fils qu’il reconnaît pour sien.

12.14 Voir Romains, 12, 18.

12.16 Voir Genèse, 25, 34. ― Pour un seul plat de lentilles.

12.17 Voir Genèse, 27, 38. ― Il ne put amener son père à changer de sentiments, sa pénitence, quoique accompagnée de larmes, ne fut pas reçue de Dieu, parce qu’elle manquait d’autres conditions nécessaires. C’est le sens donné à ce passage par saint Jean Chrysostome, par plusieurs auteurs anciens et des exégètes.

12.18 Voir Exode, 19, 12 ; 20, 21.

12.20 Voir Exode, 19, 13.

12.22 La montagne de Sion, la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, l’Église.

12.23 Parvenus à la perfection, à qui rien ne manque plus, puisqu’ils sont arrivés au ciel où est la perfection de la sainteté et de la gloire.

12.26 Voir Aggée, 2, 7.

12.29 Voir Deutéronome, 4, 24.

13.2 Voir Genèse, 18, 3 ; 19, 2 ; Romains, 12, 13 ; 1 Pierre, 4, 9.

13.5 Voir Josué, 1, 5.

13.6 Voir Psaume, 117, 6.

13.7 ceux qui vous conduisent, c’est-à-dire les évêques et les prêtres, comme l’indiquent assez clairement les mots qui suivent.

13.10 Saint Paul veut dire ici que les Juifs convertis au christianisme, qui rendent encore un culte au tabernacle, c’est-à-dire qui continuent à observer les pratiques du judaïsme, perdent par là même le droit de participer à la divine Eucharistie.

13.11 Voir Lévitique, 16, 27.

13.12 Hors de la porte de Jérusalem. Du temps de Notre-Seigneur, le Calvaire était en dehors de la ville de Jérusalem.

13.14 Voir Michée, 2, 10.

13.17 ceux qui vous conduisent. Voir au v. 7.

13.19 Afin que je vous sois plus tôt rendu : plusieurs pensent que l’Apôtre était alors prisonnier à Rome.

13.20-21 Le Grand Pasteur : cf. 1 Pierre, 5, 4 ; Jean, 10, vv. 11, 16. Par le sang, peut se joindre à Pasteur, Jésus nous ayant rendus à la vie, réconfortés et nourris par son sang ; Dieu a retiré Jésus-Christ d’entre les morts et l’a fait monter au Ciel par ou avec son sang, que, grand prêtre éternel, il offre sans cesse pour nous (saint Thomas). Ce sens convient mieux à tout l’ensemble de la lettre. ― D'une alliance éternelle, la nouvelle alliance, qui ne sera jamais remplacée par une autre. ― en opérant en vous par sa grâce, à laquelle l’homme doit coopérer.

13.23 « Il semble résulter de ce passage : 1. Que Timothée avait été aussi prisonnier à Rome ; 2. que, après avoir été mis en liberté, il avait reçu de Paul quelque mission ; 3. enfin que ce dernier espérait être prochainement relâché. 

13.24 ceux qui vous conduisent . Voir au v. 7. ― Les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.







































































Introduction aux Lettres Catholiques



Leur nom et leur nombre. — On appelle ainsi (Έπιστολαὶ ϰαθολιϰαί) les sept lettres du Nouveau Testament qui n’ont pas été composées par saint Paul : à savoir, la lettre de saint Jacques, les deux lettres de saint Pierre, les trois de saint Jean et celle de saint Jude. Origène (In Matth., t. 17, n. 9 ; in Jean, t. 1, n. 23. Voyez aussi Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 25) employait déjà cette expression pour désigner la première lettre de saint Pierre, la première de saint Jean et la lettre de saint Jude. Elle ne tarda pas à passer aussi aux quatre autres, et à devenir d’un usage général (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 23, parle expressément des « sept lettres catholiques ». Voyez aussi saint Jérome, de Vir. ill., 2, 4 ).

Il est assez difficile d’en préciser la signification d’une manière certaine. D’après quelques auteurs, dans ce nom, l'épithète «catholiques» serait synonyme de «canoniques». Mais on ne saurait admettre leur interprétation. Il est vrai que, parfois, nos sept lettres furent nommées lettres canoniques dans l'antiquité (notamment par Cassiodore, Instit. div. litt., 8, par Bède le Vénérable, etc.) ; mais non pas à l'origine, et déjà on les appelait catholiques à une époque où l’accord était loin de s’être fait au sujet de leur canonicité (voyez Origène, Contre Celse, 1, 63 ; Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14).

Clément d’Alexandrie (Stromates, 4, 15) nous met sur la voie d’une explication beaucoup plus vraisemblable, lorsqu’il dit que le décret du concile de Jérusalem (Actes des Apôtres 15, 23-29) était une lettre catholique. Œcumenius, dans ses Prolegomena in lettre Jacobi emploie l'adjectif ϰαθολιϰός dans le sens d'encyclique, parce que nos sept lettres n'étaient pas destinées, comme celles de saint Paul, à des Églises ou à des personnes particulières, mais à des groupes d’églises et à une grande partie de la chrétienté. Il est vrai que cette explication ne saurait convenir aux deux dernières lettres de saint Jean ; mais, ici comme en beaucoup d’autres circonstances, on doit avoir égard au principe « Le nom fut donné après coup ». En fait, les lettres de saint Pierre, de saint Jacques, de saint Jude et la première de saint Jean s’adressent à un très grand nombre de lecteurs chrétiens.

En toute hypothèse, les lettres dites catholiques forment très réellement, comme les lettres pastorales, un groupe à part, malgré les différences d’auteurs, de sujets, de style, etc.

La place qu'elles ont reçue dans le Nouveau Testament n'a pas toujours été la même dans les diverses Églises. En Orient, elles occupaient le rang qui leur a été assigné dans la Vulgate depuis l'époque de saint Jérôme. Ailleurs, on les plaçait entre les Actes des Apôtres et les lettres de saint Paul. Dans plusieurs anciennes listes latines, comme dans celle du concile de Trente, les lettres de saint Pierre et de saint Jean sont citées avant les autres, à cause de la dignité plus grande de leurs auteurs.















































































































Lettre de saint Jacques



Introduction


La personne de l’auteur. Le nom de Ίάϰωϐος, en latin « Jacobus », ne diffère pas de celui du célèbre patriarche Jacob. Deux apôtres l’ont porté (Cf. Matth. 16, 3 ; Marc 3, 17-18 ; Luc 6, 14-15 ; Actes des Apôtres 1, 13) : Saint Jacques dit le Majeur, fils de Zébédée et frère de saint Jean l’évangéliste ; Saint Jacques surnommé le Mineur (on lit dans le texte de S. Marc, 15, 40 : ὁ μιϰρός, le petit), par contraste avec le premier. Il n’est pas question ici du frère de saint Jean, auquel notre lettre ne saurait être attribuée, puisqu’il subit le martyre vers l’an 42 (cf. Actes des Apôtres 12, 2), longtemps avant qu’elle fût composée.

Saint Jacques le Mineur était fils d’Alphée, ou Cléophas (Clopas d’après le grec). Sa mère, Marie, était parente de la sainte Vierge (cf. Jean, 19, 25 ; dans saint Marc 15, 40 et 16, 1, et dans saint Luc 24, 10, elle est appelée Marie, mère de Jacques). C’est pour cela qu’il est appelé frère, c’est-à-dire cousin, de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans sa lettre aux Galates, 1, 19, saint Paul affirme que l’« apôtre » saint Jacques était « frère du Seigneur ». Tel était le sentiment de Papias, d’Origène (In ep. ad Rom., 4, 8), de Clément d’Alexandrie (voy. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 1, 6), de Saint Athanase (C. Arian., 3), de Saint Jérôme (Adv. Helv., 19), de saint Jean Chrysostome (In Gal., 1, 19) et de presque tous les anciens écrivains ecclésiastiques.

Saint Jacques le Mineur fut le premier évêque de Jérusalem (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 1 ; 3, 5 ; 4, 5 ; saint Épiphane, Hær., 29, 3, etc.). Saint Paul, Galates, 2, 9, et saint Luc dans les Actes des Apôtres, 15, 13 et ss., 21, 18 signalent l’influence considérable qu’il exerçait dans l’Église primitive. Ses grandes vertus, qui le firent surnommer le Juste (Eusèbe, l. c., 2, 1 ; 4, 22), lui attirèrent l’estime des Juifs eux-mêmes, comme le raconte aussi l’historien F. Josèphe (Ant., 20, 9, 1). D’après saint Jérôme (De vir. ill., 2 ; Histoire Ecclésiastique, 2, 23), il gouverna la chrétienté de Jérusalem pendant trente ans, et acheva sa vie par un douloureux et courageux martyre, en 62.

L’authenticité de la lettre. La lettre elle-même se donne (1, 1) comme l’œuvre de « Jacques, serviteur de Dieu et de Jésus-Christ ». L’auteur ne prend pas d’autre titre, sachant que cette désignation était suffisante pour ses lecteurs. La tradition affirme clairement qu’il ne diffère pas de l’apôtre saint Jacques le Mineur, dont il a été question à la page précédente.

Sans doute, les anciens écrivains ecclésiastiques ne font que des citations relativement rares de cette lettre, parce qu’elle leur en fournissait peu l’occasion ; mais leur témoignage suffit amplement pour nous convaincre (si les rationalistes nient généralement son authenticité, de nombreux critiques protestants n’hésitent pas à l’admettre, abandonnant ainsi l’opinion de Luther, qui la rejetait, parce qu’elle était gênante pour sa théorie de la foi sans les œuvres). Saint Clément pape et le Pasteur d’Hermas la connaissent. Saint Irénée (Hær., 4, 16, 2) et Tertullien (Contr. Jud., 2) lui empruntent le titre « ami de Dieu » (cf. Jac., 2, 23) pour le donner à Abraham. Origène la cite nommément à maintes reprises (Hom. in Gen., 13, 2 ; in Exod., 3, 3 ; in Jean, 19, 6 ; in lettre ad Rom., 4, 1). Au témoignage d’Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 6, 14, 1), Clément d’Alexandrie l’a commentée. Si Eusèbe lui-même (l. c., 3, 26, 3) la range néanmoins parmi les ἀντιλεγομένα, c’est-à-dire parmi ceux des saints Livres qui rencontrèrent quelque opposition, c’est parce qu’en réalité elle ne fut pas d’abord regardée dans toute l’Église comme canonique. De fait, elle n’est pas signalée dans le canon de Muratori, qui représente la pensée de l’Église romaine au second siècle, au point de vue biblique. Mais sa présence dans l’ancienne version syriaque montre qu’elle était admise en Syrie tout aussi bien qu’à Alexandrie, en Afrique et dans les Gaules. Bientôt tout doute cessa, et nous voyons Saint Cyrille de Jérusalem (Catech., 4, 33), saint Éphrem (Opera græca, t. 3, p. 51), saint Jérôme (De Vir. ill., 2) et tous les autres écrivains postérieurs la citer comme un écrit authentique de saint Jacques le Mineur.

Les arguments intrinsèques confirment entièrement cette donnée de la tradition. L’auteur de la lettre se présente à nous comme un homme qui est tout à fait chez lui dans l’Ancien Testament, qui y vit, lui emprunte des exemples et des pensées (cf. 2, 20-25 ; 5, 10, 17, 18 etc.) ; comme un homme qui possède, en face de ses lecteurs, ainsi que le montre l’accent plein d’autorité de son exposition, des pouvoirs, une charge et une dignité plus qu’ordinaires. Cette connaissance intime de l’Ancien Testament et cette situation officielle s’expliquent fort bien si saint Jacques le Mineur a composé la lettre (on a trouvé d’intéressantes coïncidences d’expressions entre notre lettre et le discours prononcé par saint Jacques au concile de Jérusalem, cf. Actes des Apôtres 15, 13-21).

Les destinataires de la lettre sont, d’après 1, 1, les douze tribus de la dispersion, c’est-à-dire les membres de la nation théocratique dispersés à travers le monde (cf. Jean 7, 35 et les notes). Elle s’adresse donc directement à des Juifs, l’expression « douze tribus » ne laisse aucun doute à ce sujet (comp. 2, 8-13 où l’auteur parle en termes si honorables de la « loi royale ») ; non toutefois à ceux d’entre eux qui étaient demeurés incrédules, car elle ne prêche pas la foi chrétienne d’une manière directe, et ne cherche pas à faire passer les lecteurs du judaïsme au christianisme. Les Juifs qu’exhorte l’apôtre appartiennent certainement à la religion chrétienne (voy. 1, 1 où l’auteur écrit en tant que « serviteur du Christ » ; 1, 18 où il s’adresse à ceux que « Dieu a engendrés par la parole de la vérité », c’est-à-dire par l’évangile ; 2, 18 où il suppose que ses lecteurs ont la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ ; 5, 14 où il leur recommande d’appeler dans tel cas spécial les prêtres de l’Église ; 2, 11, 22 et 5, 4 etc., où il leur parle comme à des hommes qui sont bien au courant des idées et des institutions judaïques, et qui connaissent les livres sacrés de l’Ancien Testament. Sur ce dernier point, voyez 2, 8, 11, 23 ; 3, 9 ; 4, 6 ; etc.). On comprend que le saint évêque de Jérusalem ait voulu étendre son ministère à tous les Juifs devenus chrétiens, qui vivaient dans les différentes régions de l’empire romain autres que la Palestine. Beaucoup d’entre eux continuaient à venir à Jérusalem pour y célébrer les grandes solennités juives (cf. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2, 23), et ils vénéraient naturellement saint Jacques comme un chef spirituel dont l’autorité remplaçait pour eux celle de l’ancien grand prêtre. Toutefois, on voit par 2, 1 et ss., que l’auteur a directement en vue, non pas des chrétiens isolés, mais des communautés de fidèles des Églises. La lettre est en ce sens une sorte d’encyclique.

L’idiome grec, assez correct, dans lequel elle a été écrite ne va nullement contre la thèse que nous venons de démontrer ; car, si de nombreux membres de l’Église primitive de Jérusalem parlaient cette langue, comme nous le savons de source certaine (cf. Actes des Apôtres, 6, 1 et ss.), c’était à plus forte raison le cas pour les Juifs, chrétiens ou non, qui vivaient en dehors de la Palestine.

L’occasion et le but ressortent pareillement des idées principales de la lettre. Celle-ci manifeste la présence, chez ceux pour lesquels elle fut composée, d’épreuves extérieures qui menaçaient de les décourager (cf. 1, 3, etc.), une religion qui tendait à devenir purement théorique et à négliger les bonnes œuvres (cf. 1, 22 et ss. ; 2, 14 et ss.), le manque de charité fraternelle en maintes circonstances et le mépris des pauvres (cf. 2, 1 et ss. ; 5, 1 et ss.), l’amour immodéré de l’argent (cf. 4, 13 et ss. ; 5, 4), des tendances à une vie luxueuse et immorale (cf. 5, 5, etc.), et par-dessus tout l’antinomisme, c’est-à-dire l’erreur qui prétendait que les bonnes œuvres étaient désormais inutiles et que la foi suffisait pour le salut (cf. 2, 14 et ss.).

C’est pour offrir une consolation parmi ces épreuves, pour blâmer et corriger ces abus, en un mot, pour élever les lecteurs à un niveau supérieur de la vie chrétienne que la lettre fut composée. Son but principal est de mettre en garde contre une conception superficielle du christianisme, conception qui mettait en péril la mise en œuvre de l’esprit chrétien.

Le genre de l’auteur est proverbial ; ce qui donne à son écrit, comme on l’a souvent répété, une ressemblance réelle avec les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique. Mais il est plus exact de le comparer, sous le rapport de la forme, avec le discours de Jésus sur la montagne, d’autant mieux que les sujets traités de part et d’autre ne sont pas sans affinité. Il prend parfois aussi l’accent terrible et menaçant des prophètes ; çà et là il rappelle le ton des paraboles évangéliques.

Le sujet traité et la division. Il n’est pas surprenant, d’après ce qui vient d’être dit, que le thème de la lettre soit essentiellement pratique. Le chrétien doit vivre d’une manière conforme à sa foi : tel est le résumé de tout. Quoique le dogme fasse çà et là son apparition, comme base des recommandations morales (cf. 1, 2-4, 5b, 13-14, 18 ; 2, 1 et ss. ; 3, 9b ; 4, 4b ; 5, 2-3, 11, 15, 19-20, etc.), l’auteur ne développe en réalité d’autre point doctrinal que celui qui concerne la nécessité d’unir les œuvres à la foi (cf. 2, 14 et ss.). Les exhortations, les reproches, les avertissements variés qui forment le fond de l’écrit ne sont pas arrangés eux-mêmes d’après un ordre rigoureusement logique et systématique. En outre, l’écrivain sacré passe souvent d’une manière abrupte d’un sujet à l’autre, de sorte que sa composition est assez morcelée ; on n’y rencontre pas d’idée dominante formant l’unité.

Après une salutation d’une brièveté extraordinaire, l’apôtre exhorte tout d’abord les fidèles à être patients, courageux, parmi les différentes épreuves et tentations de la vie, dont il leur explique le but et l’origine (1, 1-18). Il montre ensuite (1, 19-27) comment le chrétien doit non seulement écouter, mais encore pratiquer la parole de Dieu, comment aussi il doit accomplir la grande obligation de la charité fraternelle (2, 1-13). C'est alors qu'il traite de la nécessité d'unir les œuvres à la foi (2, 14-26), puis du désir immodéré qu'éprouvaient quelques chrétiens de remplir le rôle de docteurs (3, 1-12). Après avoir établi la différence qui existe entre la vraie et la fausse sagesse (3, 13-18), il s'élève avec véhémence contre les passions et les vices (4, 1-17), et termine par des exhortations et des avertissements variés (5, 1-20). Il n'y a pas de salutation finale.

On peut grouper le tout sous cinq chefs différents : 1° exhortation à la patience parmi les épreuves et les tentations, 1, 1-18 ; 2° nécessité d'une foi vivante et agissante, 1, 19-2, 26 ; 3° du désir immodéré d'enseigner les autres, et règles concernant la sagesse, 3, 1-18 ; 4° contre les passions et les vices, 4, 1-17 ; 5° exhortations et avertissements de nature diverse, 5, 1- 20.

Lieu et date de la composition. -, La lettre fut écrite à Jérusalem, ville dont saint Jacques ne s'éloignait jamais. En quelle année ? Les écrivains anciens demeurent muets sur ce point. Évidemment avant 62, puisque c'est alors que l'apôtre fut martyrisé. Après 58, si, comme tout porte à le croire, saint Jacques a directement en vue, 2, 14 et ss., la doctrine développée par saint Paul dans la lettre aux Romains (qui parut vers l’an 58), touchant la justification par la foi seule, sans les œuvres. Or, comme il fallait un certain temps pour que la lettre aux Romains se répandît dans les Église, on fixe assez communément l'année 61 comme celle où fut composé l'écrit de saint Jacques.

L'opinion de quelques exégètes, d'après laquelle cet écrit serait antérieur au concile de Jérusalem (il eut lieu en 50), et aurait vu le jour entre les années 40 et 50, ne repose sur aucun fondement solide. Nous ne mentionnons que pour mémoire l’opinion rationaliste suivant laquelle notre lettre n’aurait été composée qu’après l’an 150. Il est vrai, d'après 1, 18, que les destinataires de la lettre de saint Jacques appartenaient à la première génération chrétienne ; toutefois, les abus qu'elle signale prouvent que leur ferveur primitive avait diminué, qu'ils avaient plus ou moins dégénéré : ce qui exigeait un certain laps de temps ; les auteurs qui attribuent à la lettre une date si ancienne n’admettent naturellement aucune relation entre elle et la lettre aux Romains.

Relations entre la lettre de saint Jacques et celle de saint Paul aux Romains. - On ne saurait douter que la première de ces lettres ne fasse plusieurs fois allusion à la seconde : d'abord en plusieurs passages isolés (comp. Jac. 4, 1 et Romains 7, 23 ; Jac. 4, 4 et Romains 8, 7 ; Jac. 4, 12 et Romains 14, 4 etc. C’est surtout dans le texte grec qu’il faut faire les comparaisons), puis en particulier au chap. 2, vers. 14 et ss., dont le lecteur rapprochera Romains 3, 28 et ss., 4, 1 et ss. Voyez surtout Jac. 2, 14, 20 et ss., où le frère du Seigneur emploie les mêmes arguments et presque les mêmes paroles que l'apôtre des païens pour démontrer que la foi seule ne suffit pas, mais qu'on doit lui associer les œuvres. La ressemblance est telle entre les deux écrits, qu'elle ne saurait être attribuée au hasard. L'un des deux écrivains se sera donc proposé de corriger l'interprétation fausse qu'on donnait des paroles de l'autre (c’était déjà l’opinion de S. Augustin et de Bède le Vénérable. Elle a été adoptée depuis longtemps d’une manière générale par les exégètes catholiques). Or, on est à peu près unanime à reconnaître que c'est saint Jacques qui est venu en dernier lieu, et qui a eu cette intention spéciale.

De nombreux rationalistes vont jusqu'à prétendre que la lettre de saint Jacques serait «dirigée en partie contre saint Paul et en contradiction avec la doctrine du grand apôtre». Mais en réalité, « l'antagonisme et la contradiction qu'on suppose entre les deux écrivains sacrés sont imaginaires. Saint Paul, dans la lettre aux Romains, insiste beaucoup sur cette vérité que la foi sauve, non les œuvres. Saint Jacques, au contraire, dit que la foi seule ne sauve pas sans les œuvres. L'un et l'autre ont raison, et ne se contredisent nullement. Les œuvres dont parle saint Jacques ne sont pas, en effet, celles dont parle saint Paul. Celui-ci parle des œuvres de la loi, des pratiques légales des Juifs, et il dit très justement que l'observance des prescriptions judaïques ne justifie pas sans la foi. Saint Jacques ne s'occupe pas des œuvres légales, mais des œuvres chrétiennes, ce qui est tout différent. La véritable religion, dit-il, ne consiste pas seulement à croire, mais à conformer sa conduite à sa foi, non en observant la loi de Moïse, mais la loi de Dieu et de Jésus-Christ. Cette doctrine est identique avec celle de saint Paul » (F. Vigouroux, Les livres saints et la critique rationaliste, 5è éd., t. 5, p. 561).

8° Voici quelques-uns des meilleurs commentaires composés sur notre lettre par des auteurs catholiques : dans l'antiquité, ceux de Bède le Vénérable (Exposit. super cath. Epistolas), et des deux excellents exégètes grecs Œcumenius et Théophylacte (dans leurs explications de tout le Nouveau Testament) ; dans les temps modernes, ceux de Catharinus (In omnes divi Pauli apost. et in septem. cath. lettre commentarius, Paris, 1566), d'Estius (In omnes S. Pauli et septem cath. apostolorum epistolas commentarius, Douai, 1601), de Lorin (In cathol. Beat. Jacobi et Judæ apostolorum epistolas commentarii, Lyon 1619), de B. Justiniani (Explanationes in omnes epistolas cath., Lyon, 1621) ; Paul Drach (Les Sept Lettres Catholiques, Paris, 1873).



Lettre de saint Jacques



Jacques 1. 1 Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut. 2 Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous 3 sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. 4 Mais que la patience soit accompagnée d’œuvres parfaites, afin que vous soyez parfaits et accomplis, ne laissant à désirer en rien. 5 Si la sagesse fait défaut à quelqu'un d'entre vous, qu'il la demande à Dieu, lequel donne à tous simplement, sans rien reprocher et elle lui sera donnée. 6 Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, agité et ballotté par le vent. 7 Que cet homme-là ne pense donc pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur : 8 homme à deux âmes, inconstant dans toutes ses voies. 9 Que le frère pauvre se glorifie de son élévation 10 et que le riche mette sa gloire dans son abaissement car il passera comme l'herbe fleurie, 11 le soleil s'est levé brûlant et il a desséché l'herbe et sa fleur est tombée et toute sa beauté a disparu, de même aussi le riche se flétrira avec ses entreprises. 12 Heureux l'homme qui supportera l'épreuve. Devenu un homme éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. 13 Que nul, lorsqu'il est tenté, ne dise : "C'est Dieu qui me tente" car Dieu ne saurait être tenté de mal et lui-même ne tente personne. 14 Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’attire et le séduit. 15 Ensuite la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché et le péché, lorsqu'il est consommé, engendre la mort. 16 Ne vous abusez pas, mes frères bien-aimés. 17 Tout don excellent, toute grâce parfaite, descend d'en haut, du Père des lumières, en qui n'existe aucun changement, ni ombre de variation. 18 De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. 19 Mes frères bien-aimés, vous le savez, que l'homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère. 20 Car la colère de l'homme n'opère pas la justice de Dieu. 21 C'est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes. 22 Mais efforcez-vous de la mettre en pratique et ne vous contentez pas de l'écouter, en vous abusant vous-mêmes par de faux raisonnements. 23 Car, si quelqu'un écoute la parole et ne l'observe pas, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir le visage qu'il tient de la nature : 24 à peine s'est-il considéré, qu'il s'en est allé, oubliant aussitôt quel il était. 25 Celui, au contraire, qui fixe son regard sur la loi parfaite, la loi de liberté et qui l'y tient attaché, n'écoutant pas pour oublier aussitôt, mais pratiquant ce qu'il a entendu, celui-là trouvera son bonheur en l'accomplissant. 26 Si quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue, il s'abuse lui-même et sa religion est vaine. 27 La religion pure et sans tache devant notre Dieu et Père, n'est pas autre qu'avoir soin des orphelins et des veuves dans leur détresse et se préserver pur des souillures de ce monde.



Jacques 2. 1 Mes frères, ne mélangez pas le favoritisme envers certaines personnes avec la foi en Jésus-Christ notre Seigneur de gloire. 2 Si, par exemple, il entre dans votre assemblée un homme qui ait un anneau d'or et un vêtement magnifique et qu'il y entre aussi un pauvre avec un habit crasseux 3 et que tournant vos regards vers celui qui est magnifiquement vêtu, vous lui disiez : "Vous, asseyez-vous ici, à cette place d'honneur" et que vous disiez au pauvre: "Toi, tiens-toi là debout, ou assieds-toi ici, au bas de mon marchepied." 4 N'est-ce pas faire entre vous des distinctions et vous établir juges aux pensées perverses ? 5 Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n'a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde, pour être riches dans la foi et héritiers du royaume qu'Il a promis à ceux qui l'aiment ? 6 Et vous, vous faites affront au pauvre. Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment et qui vous traînent devant les tribunaux ? 7 Ne sont-ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez ? 8 Que si vous accomplissez la loi royale, selon ce passage de l'Écriture : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même," vous faites bien 9 mais si vous faites du favoritisme entre les personnes, vous commettez un péché et la loi elle-même vous condamne comme transgresseurs, 10 car quiconque aura observé toute la loi, s'il vient à faillir en un seul point, est coupable de tous. 11 En effet, celui qui a dit : "Tu ne commettras pas d'adultère" a dit aussi "Tu ne tueras pas." Si donc tu tues, quoique tu ne commettes pas d'adultère, tu es transgresseur de la loi. 12 Parlez et agissez comme devant être jugés par la loi de liberté 13 car le jugement sera sans miséricorde pour celui qui n'aura pas fait miséricorde, la miséricorde triomphe du jugement. 14 Que sert-il, mes frères, à un homme de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres ? Est-ce que cette foi pourra le sauver ? 15 Si un frère ou une sœur sont dans la nudité et n'ont pas ce qui leur est nécessaire chaque jour de nourriture et que l'un de vous leur dise 16 "Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous" sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? 17 Il en est de même de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. 18 Mais on pourrait même dire : "Tu as la foi et moi j'ai les œuvres. » "Montre-moi ta foi sans les œuvres et moi je te montrerai ma foi par mes œuvres. » 19 Tu crois qu'Il y a un seul Dieu, tu fais bien, les démons le croient aussi et ils tremblent. 20 Mais veux-tu te convaincre, ô homme insensé, que la foi sans les ouvres est sans vertu ? 21 Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres lorsqu'il offrit son fils Isaac sur l'autel ? 22 Tu vois que la foi coopérait à ses œuvres et que par les œuvres sa foi fut rendue parfaite. 23 Et la parole de l'Écriture s'accomplit "Abraham crut à Dieu et cela lui valut d’être considéré comme un juste" et il fut appelé ami de Dieu. 24 Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement. 25 De même Rahab, la courtisane, ne fut-elle pas justifiée par les œuvres, quand elle reçut les envoyés de Josué et les fit partir par un autre chemin ? 26 De même que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte.



Jacques 3. 1 Mes frères, qu'il n'y en ait pas tant parmi vous qui s'érigent en docteurs, sachant que nous serons jugés plus sévèrement 2 car nous péchons tous en beaucoup de choses. Si quelqu'un ne pèche pas en parole, c'est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride. 3 Si nous mettons aux chevaux un mors dans la bouche pour nous en faire obéir, nous gouvernons aussi leur corps tout entier. 4 Voyez encore les bateaux tout grands qu'ils sont et quoique poussés par des vents impétueux, ils sont conduits par un très petit gouvernail au gré du pilote qui les dirige. 5 Ainsi la langue est un tout petit membre mais de quelles grandes choses elle peut se vanter. Voyez, une étincelle peut embraser une grande forêt. 6 La langue aussi est un feu, un monde d'iniquité. N'étant qu'un de nos membres, la langue est capable d'infecter tout le corps, elle enflamme le cours de notre vie, enflammée qu'elle est elle-même du feu de l'enfer. 7 Toutes les espèces de quadrupèdes, d'oiseaux, de reptiles et d'animaux marins peuvent se dompter et ont été domptés par l'homme, 8 mais la langue, aucun homme ne peut la dompter. C'est un fléau qu'on ne peut arrêter, elle est remplie d'un venin mortel. 9 Par elle nous bénissons le Seigneur et notre Père et par elle nous maudissons les hommes qui ont été faits à l'image de Dieu. 10 De la même bouche sortent la malédiction et la bénédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi. 11 Est-ce que de la même ouverture, la source fait jaillir le doux et l'amer ? 12 Est-ce qu'un figuier, mes frères, peut produire des olives, ou la vigne des figues ? Ainsi une source salée ne peut donner de l'eau douce. 13 Qui parmi vous est sage et intelligent ? Qu'il fasse voir à l’œuvre dans la suite d'une bonne vie, sa modération et sa sagesse. 14 Mais si vous avez dans vos cœurs un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. 15 Une pareille sagesse ne descend pas d'en haut, elle est terrestre, charnelle, diabolique. 16 Car là où il y a jalousie et esprit de rivalité, là est le trouble et toute action mauvaise. 17 Mais la sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, condescendante, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. 18 Le fruit de justice se sème dans la paix par ceux qui pratiquent la paix.



Jacques 4. 1 D'où viennent les guerres et les luttes parmi vous ? N'est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? 2 Vous convoitez et vous n'avez pas, vous êtes meurtriers, vous êtes jaloux et vous n'arrivez pas à obtenir, vous êtes dans un état de lutte et de guerre et vous n'obtenez pas, parce que vous ne demandez pas. 3 Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, avec l'intention de satisfaire vos passions. 4 Adultères, ne savez-vous pas que l'amitié du monde c'est l'inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. 5 Ou bien pensez-vous que l'Écriture dise en vain "C'est jusqu'à la jalousie que vous aime l'Esprit qu'il a mis en vous ?" 6 Mais il donne une grâce d'autant plus grande, selon ce que dit l’Écriture : "Dieu résiste aux orgueilleux et il accorde sa grâce aux humbles." 7 Soumettez-vous donc à Dieu, résistez au diable et il s'enfuira de vous. 8 Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs, purifiez vos cœurs, hommes à l'âme double. 9 Sentez votre misère, prenez le deuil et pleurez, que votre rire se change en pleurs et votre joie en tristesse. 10 Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. Frères, ne dites pas de mal les uns des autres. 11 Celui qui parle mal de son frère ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n'es plus un observateur de la loi, mais tu t'en fais juge. 12 Il n'y a qu'un seul législateur et qu'un seul juge, celui qui a la puissance de sauver et de perdre. Mais qui es-tu, toi qui juges le prochain ? 13 Eh bien donc vous qui dites : "Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y séjournerons une année, nous ferons du commerce et nous gagnerons de l’argent", 14 vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain car qu'est-ce que votre vie ? 15 Vous êtes une vapeur qui paraît un instant et s'évanouit ensuite, au lieu de dire : "Si le Seigneur le veut" ou "Si nous sommes en vie, nous ferons ceci ou cela," 16 mais maintenant vous vous vantez dans votre présomption. Toute fanfaronnade de cette sorte est mauvaise. 17 Celui donc qui sait faire ce qui est bien et qui ne le fait pas, commet un péché.



Jacques 5. 1 A vous maintenant, riches. Pleurez, éclatez en sanglots à la vue des misères qui vont fondre sur vous. 2 Vos richesses sont pourries et vos vêtements sont mangés des vers. 3 Votre or et votre argent se sont rouillés et leur rouille rendra témoignage contre vous et comme un feu dévorera vos chairs. Vous avez accumulé des richesses dans les derniers jours. 4 Voici qu'il crie contre vous, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs et les cris des moissonneurs sont parvenus aux oreilles du Seigneur des Armées. 5 Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les festins, vous avez été comme la victime qui se gave le jour où on doit l'égorger. 6 Vous avez condamné, vous avez tué le juste, il ne vous résiste pas. 7 Prenez donc patience, mes frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voyez le laboureur, dans l'espérance du précieux fruit de la terre, attend patiemment jusqu'à ce qu'il reçoive la pluie de l'automne et celle du printemps. 8 Vous aussi, soyez patients et affermissez vos cœurs car l'avènement du Seigneur est proche. 9 Frères, ne vous répandez pas en plaintes les uns contre les autres, de peur que vous ne soyez jugés : voici que le juge est à la porte. 10 Comme modèle de générosité dans l'épreuve et de patience, prenez, frères, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. 11 Voyez, nous proclamons bienheureux ceux qui ont souffert. Vous avez entendu parler de la patience de Job et vous avez vu quelle fin le Seigneur lui a ménagée car le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde. 12 Surtout, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par quelque autre serment mais que votre oui soit oui et que votre non soit non afin que vous ne tombiez pas sous le coup du jugement. 13 Quelqu'un parmi vous est-il dans l'affliction ? Qu'il prie. Est-il dans la joie ? Qu'il chante des cantiques. 14 Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les prêtres de l'Église et que ceux-ci prient sur lui, en lui faisant des onctions d'huile au nom du Seigneur 15 et la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le rétablira et s'il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. 16 Confessez donc vos fautes les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris car la prière fervente du juste a beaucoup de puissance. 17 Élie était un homme soumis aux mêmes misères que nous : Il pria instamment qu'il ne tombât pas de pluie et la pluie ne tomba pas sur la terre pendant trois ans et six mois, 18 il pria de nouveau et le ciel donna de la pluie et la terre produisit ses fruits. 19 Mes frères, si quelqu'un d'entre vous s'est laissé entraîner loin de la vérité et qu'un autre l'y ramène, 20 sachez que celui qui ramène un pécheur de la voie où il s'égare, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés.


Notes sur la lettre de saint Jacques


1.1 Qui sont dans la dispersion ; c’est-à-dire qui sont dispersés. Le mot dispersion se trouve quelquefois dans l’Écriture pour désigner les Juifs dispersés par suite de la captivité. Voir Jean, 7, 35.

1.3 L’épreuve produit la patience ; saint Paul dit au contraire que c’est la patience qui produit l’épreuve (voir Romains, 5, 3). Mais outre que deux choses peuvent être mutuellement cause l’une de l’autre, le mot épreuve n’est pas pris dans le même sens dans les deux passages. La patience, c’est-à-dire la souffrance des afflictions, produit l’épreuve, et nous rend éprouvés et agréables à Dieu. Et l’épreuve, c’est-à-dire les maux et les tribulations par lesquels Dieu nous éprouve, produit la patience, et nous rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C’est par l’exercice des souffrances que nous acquérons la patience.

1.5 La sagesse pratique, qui envisage au point de vue chrétien les adversités et les fait servir au salut.

1.6 Voir Matthieu 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Luc, 11, 9 ; Jean, 14, 13 ; 16, 23-24.

1.8 homme à deux âmes, L’homme double d’esprit ; c’est-à-dire que son esprit est partagé entre la foi et l’incrédulité, entre Dieu et le monde. C’est un homme animé de sentiments contraires.

1.10 Voir Ecclésiastique, 14, 18 ; Isaïe, 40, 6 ; 1 Pierre, 1, 24.

1.12 Voir Job, 5, 17.

1.13 Quoique Dieu ait tenté autrefois Abraham, quoique Moïse ait dit aux anciens Hébreux : Le Seigneur votre Dieu vous tente (voir Deutéronome, 13, 4 : le Seigneur, votre Dieu, vous éprouve pour savoir si vous aimez le Seigneur, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme), l’apôtre saint Jacques a pu dire avec vérité que Dieu ne tente personne, parce que le mot tenter a deux sens bien différents : dans l’un, il signifie séduire pour porter au mal ; et dans l’autre, éprouver, pour porter au bien, pour affermir dans la vertu et pour procurer des occasions de mériter. Or c’est dans le premier sens que Dieu ne tente personne, et c’est dans le second qu’il a pu tenter Abraham et les anciens Hébreux, et qu’il peut tenter tous les hommes.

1.16 Ne vous abusez pas, en vous imaginant que Dieu est l’auteur du mal ; il est, au contraire, la source suprême de tout bien. 

1.19 Voir Proverbes, 17, 27.

1.22 Voir Matthieu 7, vv. 21, 24 ; Romains, 2, 13.

1.23 Dans un miroir. Les miroirs étaient communs chez les anciens. Ils étaient en métal poli.

1.25 C’est la loi évangélique que l’apôtre appelle la loi de liberté, parce qu’elle nous affranchit de la servitude des rituels matériels, en opposition avec la loi de l’Ancien Testament, dont saint Paul dit qu’elle n’était propre qu’à former des esclaves (voir Galates, 4, 24).

2.1 Voir Lévitique, 19, 15 ; Deutéronome, 1, 17 ; 16, 19 ; Proverbes, 24, 23 ; Ecclésiastique, 42, 1.

2.2 Un anneau d’or. Les bagues en or ou autres métaux précieux étaient communes chez les anciens.

2.8 Voir Lévitique, 19, 18 ; Matthieu 22, 39 ; Marc, 12, 31 ; Romains, 13, 9 ; Galates, 5, 14. ― La loi royale ; c’est-à-dire qui domine toutes les autres, la loi suprême. « Sens : si pourtant vous agissez ainsi, non par mépris du pauvre, mais pour quelque motif honnête, et sans violer la première de toutes les lois, la charité, je ne vous condamne pas absolument. Mais si vous faites des différences entre les personnes selon leur richesse ou leur statut social, c’est-à-dire si vous humiliez le pauvre parce qu’il est pauvre, vous êtes coupable ; car (voir verset 10) quiconque transgresse un seul point de la loi, etc. 

2.9 Voir Lévitique, 19, 15 ; Jacques, 2, 1.

2.10 Voir Matthieu 5, 19. ― Lorsque cette lettre fut écrite, il y avait des Juifs qui croyaient que violer la loi sur un point ou sur un petit nombre de points et la pratiquer sur tous les autres, n’était pas un péché grave qui pût attirer la colère de Dieu, qu’il y avait même un certain mérite en cela. Saint Augustin dit que c’était aussi l’erreur de quelques chrétiens de son temps. C’est donc contre cette erreur que saint Jacques s’élève ; et quand il dit toute, c’est qu’il considère la loi comme un tout pris dans son ensemble. Ainsi, qu’on viole tel ou tel précepte en particulier, c’est toujours la loi elle-même qui est violée.

2.14 et suivants. L’apôtre n’est nullement en contradiction ici avec ce que dit saint Paul aux Romains (voir Romains, 1, 17 ; 3, verset 20 et suivants) ; car saint Paul s’attache à montrer que les œuvres prescrites par les lois cérémonielles de Moïse ne servaient par elles-mêmes de rien pour le salut depuis la prédication de l’Évangile, à moins qu’elles ne fussent animées de la foi et de la charité, tandis que la foi animée elle-même de la charité, pouvait, sans les œuvres cérémonielles de la loi, nous rendre justes et nous mériter le salut. Saint Jacques, au contraire, parle de la pratique des œuvres morales, telles que la justice, la miséricorde, et toutes les autres vertus. Or comment saint Paul aurait-il voulu exclure ces sortes d’œuvres, lui qui remplit toutes ses lettres d’exhortations à bien vivre et à mettre en action les vérités que Jésus-Christ nous a enseignées ?

2.15 Voir 1 Jean, 3, 17.

2.21 Voir Genèse, 22, 9.

2.23 Voir Genèse, 15, 6 ; Romains, 4, 3 ; Galates, 3, 6.

2.24 Pour saint Jacques, Abraham est le représentant et le type de tous les vrais croyants : la conclusion est donc légitime. Sa doctrine est d’ailleurs conforme à celle de saint Paul, qui n’accorde de valeur qu’à « la foi agissante par les œuvres » (voir Galates, 5, 6). 

2.25 Voir Josué, 2, 4 ; Hébreux, 11, 31. ― Rahab… recevant à Jéricho les espions de Josué.

3.1 Voir Matthieu 23, 8.

3.2 tout le corps en bride, avec les convoitises et les passions dont le corps est comme le foyer. Suivent deux comparaisons, qui expliquent cette dernière pensée. 

3.6 du feu de l’enfer. Voir Matthieu 5, 22. ― Enflamme le cours de notre vie : elle nous fait pêcher durant tout le cours de notre vie, elle-même étant excitée par l’esprit de mensonge, le démon.

4.2 Vive peinture de l’agitation d’une âme qui ne sait pas mettre un frein à ses désirs : elle convoite mille choses, et ne les obtenant pas, elle devient meurtrière (dans son cœur, voir 1 Jean, 3, 15), c’est-à-dire, elle hait à mort ceux qui lui sont un obstacle, et envie, etc.

4.4 Adultères. L’Écriture appelle souvent ainsi non seulement les idolâtres et les impies déclarés, mais encore tous les hommes qui sont attachés aux biens terrestres et aux plaisirs illicites, parce qu’ils brisent ainsi l’union qui doit toujours exister entre eux et Dieu leur créateur et bienfaiteur.

4.5 L’Écriture, etc. Ce passage ne se trouve pas en terme exprès dans la Bible ; mais l’Apôtre fait allusion aux divers endroits où elle parle du péché originel, ou de la concupiscence et du penchant qui nous porte constamment au mal. L’esprit qui habite en vous : lesprit (de Dieu) qui habite en vous, vous aime d’un amour jaloux.

4.6 Voir Proverbes, 3, 34 ; 1 Pierre, 5, 5. ― Mais il donne ; c’est-à-dire Dieu.

4.8 Double d’esprit. Cf. Jacques, 1, 8. La main figure les œuvres extérieures ; le cœur, les passions. 

4.10 Voir 1 Pierre, 5, 6.

4.13 Voir Romains, 14, 4.

5.4 Sabaoth. Voir, sur la vertu de ce mot, Romains, 9, 29.

5.5 Comme la victime qui se gave, comme les animaux qu’on engraisse pour le sacrifice, comme les animaux qui mangent et boivent à l’ordinaire le jour même où ils sont offerts en sacrifice.

5.11 quelle fin le Seigneur lui a ménagée, la fin heureuse que le Seigneur accorda à Job.

5.12 Voir Matthieu 5, 34.

5.14 que ceux-ci prient sur lui. L’apôtre emploie cette expression, parce que pendant la prière, le prêtre tenait la main étendue sur le malade. (Cf. Matthieu 19, 13 ; Actes des Apôtres, 6, 6) ; ou bien, parce qu’en priant, il faisait les onctions sur lui. Ce passage exprime une promulgation claire du sacrement de l’Extrême-Onction institué par Jésus-Christ.

5.16 Les uns aux autres, que le malade fasse devant ses frères l’humble aveux de ses péchés et de ses torts, cf. Matthieu 5, 23-24.

5.17 Voir 1 Samuel, 17, 1 ; Luc, 4, 25.

5.20 Sauvera une âme de la mort ; celle du pécheur. ― Couvrira, etc. Il effacera les péchés de celui qu’il convertit en l’amenant à faire pénitence et à se confesser ; et les siens propres, parce qu’en exerçant ainsi la charité, il se rend digne de recevoir la grâce de la rémission de ses fautes.



1ère lettre de saint Pierre



Introduction


L'apôtre saint Pierre. - Les évangiles nous fournissent des renseignements assez nombreux sur sa vie jusqu'à l'ascension du Sauveur. Nommé Simon lorsqu'il fut circoncis, en l'honneur de l'un des douze patriarches issus de Jacob, il reçut de Jésus le surnom de Céphas, qui signifie : pierre, rocher (voyez Matth. 16, 18 et les notes ; Jean 1, 33). Il était originaire de Bethsaïda, sur les bords du lac de Génézareth (Jean 1, 41). Nous connaissons son père, qui s'appelait Jonas d'après saint Matthieu (Matth. 16, 17), Joanès d'après le grec du quatrième évangile ( Ίωάνης. Cf. Jean 1, 42 ; 21,15-17): peut-être était-ce un double nom, Jonas-Jean ; ou bien, Jonas est une contraction de Joanès. Nous connaissons son frère, André (cf. Matth. 4, 18 ; Jean 1, 40-41, etc.). Nous savons qu'il était marié : les synoptiques racontent la guérison de sa belle-mère par le Sauveur (cf. Matth. 8, 14-15 ; Marc. 1, 29-31, etc. D'après une tradition que citent Clément d'Alexandrie, Stromates, 7, 11, et Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 30, sa femme aurait subi le martyre, et il l'aurait encouragée tandis qu'on la conduisait au supplice). Il était pêcheur de son métier, comme André, comme Jacques et Jean (cf. Matth. 4, 18; Luc. 5, 3, etc.). Son éducation avait été très modeste ; aussi les membres du sanhédrin juif le traitèrent-ils dédaigneusement comme un illettré (Actes des Apôtres 4, 13 ).

Sa première rencontre avec Jésus et son appel préliminaire sont admirablement racontés par saint Jean (Jean 1, 35-42 ). Mais sa vocation définitive comme disciple du Christ n'eut lieu qu'un peu plus tard, dans les circonstances indiquées par les trois premiers évangiles (cf. Matth. 4, 14-22 ; Marc. 1, 16-17 ; Luc. 5, 1-11). Enfin il fut choisi, le premier de tous (Matth. 11, 1. Cf. Marc. 2, 13 et ss. ; Luc. 6, 12 et ss.), pour faire partie du collège apostolique. Il demeura donc pendant près de trois ans auprès de Notre-Seigneur Jésus-Christ, recevant ses enseignements divins, jouissant de faveurs exceptionnelles (cf. Marc. 5, 37; 9, 1 et ss.; 13, 3, etc.), jouant un rôle prédominant parmi les Douze, confessant avec foi le caractère messianique et la divinité de son Maître (cf. Jean 6, 68 et ss. ; Matth. 16, 13-16), nommé en récompense vicaire du Christ (Matth. 16, 17-19). Durant la passion de Jésus, il fut tour à tour vaillant et faible (Jean 18, 10,15 et ss.). Après la résurrection il fut favorisé, parmi les premiers, de l'apparition du Sauveur (Luc. 24, 34) ; puis, sur les rives du lac de Tibériade, témoin de son appel, il reçut la confirmation solennelle de son titre de prince des apôtres (Jean 21, 15 et ss.).

La première partie du livre des Actes expose en détail les faits principaux de l'histoire de saint Pierre durant les premières années qui suivirent l'ascension. A Jérusalem, il parle et agit vraiment comme chef de l'Église, et personne ne lui conteste ce rôle (Actes des Apôtres 1, 1-8). Lorsque le christianisme, sortant des murs de la capitale juive qui avait été son premier berceau, fit des conquêtes d'abord en Samarie, puis parmi les païens, Pierre joua encore un rôle caractéristique et prépondérant (Actes des Apôtres 8, 14 et ss. ; 9, 32 et ss. ; 10, 1-11, 18 ). Emprisonné par Hérode Agrippa 1er et sur le point d'être décapité, il fut délivré miraculeusement (Actes des Apôtres 12, 1 et ss.). C'est alors sans doute, comme nous l'avons dit en expliquant Actes des Apôtres 12, 17b, qu'il se rendit à Rome pour la première fois, après avoir passé par Antioche de Syrie. Plus tard, le concile de Jérusalem fut réuni sous sa présidence (Actes des Apôtres 15, 1 et ss.).

Une tradition très affirmative nous apprend qu'il passa à Rome les dernières années de sa vie, et qu'il y subit le martyre avec saint Paul, l'an 67. La réalité du séjour de saint Pierre à Rome, très contestée autrefois par les protestants, a été démontrée par des arguments si solides, que d'assez nombreux rationalistes s'associent aujourd'hui aux historiens catholiques pour en attester « le caractère indiscutable ».

La question d'authenticité est aisée à traiter, car les témoignages des écrivains ecclésiastiques abondent depuis les temps les plus reculés. Si l'on se place au quatrième siècle et que l'on remonte en arrière, on est tout d'abord frappé de ce fait que, dans toutes les listes qui énumèrent les livres canoniques du Nouveau Testament (seul le canon de Muratori fait exception ; on ignore pour quel motif. Ce qu'il dit des écrits de saint Pierre est d'ailleurs très obscur), notre lettre est citée et attribuée à saint Pierre. Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 3, 25, 2) la mentionne expressément parmi les livres admis d'une manière incontestable, et il affirme (Ibid., 3, 3, 1) que « les anciens prêtres l'ont citée dans leurs écrits comme étant très certainement authentique ».

Au commencement du troisième siècle et à la fin du deuxième, nous pouvons constater cet état de choses : nous avons, pour l'Église d'Alexandrie, le témoignage de l'illustre et docte Clément (Stromates, 3, 18; Paedag.. 1, 1. Comp. 1 Pierre 1, 6-9; 2, 2-3. Les Hypotyposeis contenaient de courtes explications de cette lettre, aussi bien que des autres lettres catholiques) ; pour les Églises d' Afrique, celui de Tertullien (Comp. de Orat., 20 et 1 Pierre 3, 3 ; Scorpion., 14 et 1 Pierre 2, 17, etc.) ; pour les Églises de Syrie, celui de la Peschita ; pour les Églises des Gaules, celui de saint Irénée (Comp. adv. Haer., 4, 9, 2, et 1 Pierre 1, 8, etc.) ; pour l'Église de Rome, ceux de l'Itala, de saint Hippolyte (In Dan. 4, 69), etc. La première lettre de saint Pierre est aussi très fréquemment citée durant le cours du deuxième siècle et à l'époque des Pères apostoliques ; qu'il suffise de renvoyer brièvement le lecteur aux Actes des martyrs (voyez la lettre des églises de Lyon et de Vienne, dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 5, 1, et comp. 1 Pierre 5, 6 et 8), aux grands apologistes (entre autres Théophile, ad. Autolyc., 2, 34 (cf. 1 Pierre 1, 18 ; 2, 11; 4, 3) et saint Justin, Dialogue, 103 , cf. 1 Pierre 5, 8), aux docteurs hérétiques eux-mêmes (notre lettre était très connue des gnostiques d'alors, en particulier des Valentiniens et de Basilides), à Hermas (Vision 4, 3, 4; comp. 1 Pierre 1, 7, etc.), à Papias (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 39), au pape saint Clément (1 Corinthiens 36, 2; cf. 1 Pierre 2, 9, etc.), etc. Tout cela est si frappant, qu'un critique protestant écrivait naguère : « La première lettre de saint Pierre est peut-être, de tous les écrits du Nouveau Testament, celui qui réunit les témoignages les meilleurs et les plus précis. »

Les arguments intrinsèques confirment encore la preuve fournie par la tradition. La lettre se donne elle-même, 1, 1, comme étant l'œuvre du prince des apôtres ; or, de nombreux détails qu'elle contient s'accordent fort bien avec cette donnée : notamment, la mention de Silvain (5, 12), personnage important qui avait eu des relations très intimes avec l'Église de Jérusalem (cf. 15, 22 e­t ss.), et celle de saint Marc (5, 13), dont saint Pierre connaissait depuis longtemps la mère (Actes des Apôtres 12, 12 et ss.) et qu'il avait alors à Rome auprès de lui (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 39, 14); d'assez fréquentes allusions aux paroles de Jésus-Christ (comp. 3, 14 et 4, 14 avec Matth. 5, 11-12; 2, 12 avec Matth. 5, 16 : 2, 6-8 avec Matth. 21, 42 (cf. Actes des Apôtres 4, 11), etc.) et à divers événements de sa vie (cf. 1,19-20; 2, 21-25 ; 3, 18-19 ; 4, l, etc.), ainsi qu'aux relations personnelles que l'auteur avait eues avec lui (voyez surtout 5, 1 : « un témoin de la Passion du Christ.»); enfin la ressemblance très réelle qui existe, soit pour le fond, soit pour la forme, entre cet écrit et les discours de saint Pierre qui nous ont été conservés dans le livre des Actes : De part et d'autre, peu de pensées abstraites et spéculatives, mais les faits de la vie du Sauveur, surtout ceux de sa passion, de sa résurrection et de son ascension, présentés d'une manière concrète comme la base de notre salut. De part et d'autre aussi, l'auteur aime à rattacher sa doctrine aux prophéties de l'Ancien Testament. Pour ce qui est du style proprement dit, les discours et la lettre contiennent un nombre relativement considérable d'expressions identiques.

Le sujet et le plan. - Aucune pensée dogmatique ou polémique ne domine la lettre et ne lui donne une forme spéciale, comme cela a lieu pour la plupart des lettres de saint Paul. Le ton est presque toujours celui de l'exhortation paternelle ; aussi l'enseignement doctrinal direct est-il relativement peu considérable (il est loin cependant de faire défaut complètement. Le lecteur trouvera dans la lettre de beaux passages sur la sainte Trinité, sur chacune des personnes divines, sur le mystère de la rédemption, sur l'Église, etc.), et cela se conçoit, puisqu'il n'entrait pas dans le cadre de l'auteur.

« Il n'y a pas de plan précis, tant la pensée est spontanée et pour ainsi dire sans préméditation. » Néanmoins, on est à peu près généralement d'accord pour adopter la division suivante. Entre un court préambule, 1, 1-2, et une conclusion très brève aussi, 5, 12-14, on trouve trois séries d'exhortations, qui forment autant de sections distinctes. La première, 1, 3-2, 10, peut s'intituler : Privilèges qui appartiennent à la famille rachetée par Jésus-Christ, c'est-à-dire aux chrétiens, et sainteté qu'ils exigent. Elle s'ouvre par une action de grâces à Dieu pour ses bienfaits multiples, qui se résument dans le salut opéré par le Christ (1, 3-12) ; puis elle indique aux lecteurs ce à quoi ils sont obligés en tant qu'élus de Dieu, et ce qu'ils ont droit d'attendre eux-mêmes de cette élection (1, 13-2, 10). La seconde, 2, 11-4, 6, développe cette idée : les chrétiens au milieu du monde, et leurs obligations soit particulières, soit générales. C'est un petit traité de morale pratique, dont les points principaux sont les suivants : devoirs du citoyen, de l'esclave, des époux, des chrétiens en face les uns des autres et par rapport au monde, l'exemple du Sauveur et la fuite du péché. La troisième, 4, 7-5, 11, renferme des exhortations qui concernent la vie parfaite des communautés chrétiennes envisagées en elles-mêmes. Elle entre dans d'assez nombreux détails pratiques, que l'on peut grouper sous ces divers chefs : être fidèles dans l'usage des dons spirituels, 4, 7 -11 ; être fidèles dans les épreuves et avoir confiance en Dieu, 4, 12-19 ; obligations mutuelles des pasteurs et de leurs ouailles, 5, 1-5a ; quelques recommandations finales, 5, 5b-11.

La langue et le style. - La lettre a été composée en grec ; il n'y a pas le moindre doute à ce sujet. Saint Jérôme a été seul à supposer que l'idiome primitif était l'araméen (Ep. ad Hedib.). Saint Pierre, originaire des bords du lac de Tibériade, avait appris de bonne heure à parler le grec, qui était d'un usage fréquent dans ces parages, et il se développa dans la connaissance de cette langue durant ses missions apostoliques (Saint Jacques et saint Jude étaient, comme lui, Juifs d'origine, et pourtant il est hors de conteste qu'ils ont écrit en grec), à travers des contrées habitées par des populations helléniques. Ses hébraïsmes ne sont ni fréquents, ni choquants. Les principaux sont : fils d'obéissance, 1, 14 ; l'acception des personnes, 1, 17 ; la parole du Seigneur, 1, 25 ; un peuple d'acquisition, 2, 9 ; le mot « vase » pour désigner le corps humain, 3, 7, etc. Le vocabulaire de la lettre renferme un nombre assez considérable de mots qui ne sont employés dans aucun autre livre du Nouveau Testament ; on en a compté jusqu'à soixante-deux, dont la plupart se rencontrent dans la traduction des Septante.

Les destinataires de la lettre sont désignés de la façon la plus nette dès le premier verset : « aux élus, étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie.» Les cinq provinces mentionnées faisaient partie de l'Asie Mineure, dont elles occupaient le nord (le Pont et la Bithynie), l'ouest (l'Asie, c'est-à-dire l'Asie dite proconsulaire), la partie centrale et occidentale (la Galatie et la Cappadoce).

L'évangile avait été prêché dans ces différentes régions par saint Paul et par ses disciples, soit directement, comme en Galatie (voyez Actes des Apôtres 16, 6 ; Galates 4, 13 et ss., etc. ) et en Asie (cf. Actes des Apôtres 19, 1 et ss.), soit indirectement : Des chrétiens de la province d'Asie avaient pu porter la bonne nouvelle en Bithynie et en Cappadoce, comme cela avait eu lieu pour la Phrygie (cf. Colossiens 2, 1). Mais il est fort possible que saint Pierre lui-même ait exercé son ministère apostolique dans l'une ou l'autre de ces provinces, entre les années 51 et 54. C'était l'opinion d'Origène (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 12), de saint Épiphane (Haer., 27, 2), d'Eusèbe (L. c., 3, 4, 2), de saint Jérôme (De vir. ill., 1), etc. L'apôtre n'y fait aucune allusion dans cet écrit, non plus que dans sa seconde lettre, et l'hypothèse n'est pas regardée comme certaine. Origène et Eusèbe appuient précisément leur opinion sur le passage 1 Pierre 1, 1, ce qui diminue la valeur de leur témoignage.

Les membres des chrétientés ainsi fondées avaient appartenu en grande majorité au paganisme : Voyez saint Jérôme, adv. Jovin., l, 39, et saint Augustin, c. Faust., 29, 89, etc. Ce sentiment est admis aujourd'hui d'une manière presque unanime. Il est tout à fait certain, d'après 1,14 ; 2, 9-10 ; 4, 2-4. Origène (ap. Euseb., Histoire Ecclésiastique, 3, 1), Didyme (ibid., 3, 4,2) et d'autres anciens auteurs grecs croyaient au contraire que la lettre avait été surtout composée pour des chrétiens d'origine juive. Leur raison principale consistait dans une interprétation inexacte du mot διασπορᾶς , « dispersionis », qu'on lit à la première ligne.

Néanmoins, on voit par le livre des Actes qu'il y avait des éléments juifs considérables dans plusieurs églises des contrées qui ont été énumérées ci-dessus (cf. Actes des Apôtres 18, 24 et ss. ; 19, 8-10, etc.) : il est donc vraisemblable qu'un certain nombre des destinataires de cette lettre étaient Israélites par leur origine. Dans leur ensemble, les lecteurs avaient été convertis depuis assez longtemps, puisqu'ils avaient leurs prêtres et leur organisation ecclésiastique régulière (voyez 5, 1-5). Ils formaient un corps parfaitement constitué parmi leurs voisins demeurés païens.

L'occasion et le but ressortent assez bien du fond même de la lettre. Les chrétiens d'Asie Mineure, sans être sous le coup d'une persécution violente et pour ainsi dire officielle (aucun des passages de la lettre où les épreuves des lecteurs sont mentionnées - 1, 6-7 ; 2, 12 et ss. ; 3, 9, 13-14, 17, 19 ; 4, 12 et ss.- n'indique une persécution de ce genre, accompagnée du martyre, de la confiscation des biens, etc.), avaient alors beaucoup à souffrir. Les païens et les Juifs parmi lesquels ils vivaient leur infligeaient toutes sortes de vexations pénibles. Le fait n'a rien d'étonnant, quand on se place dans la situation des chrétientés d'alors : les nouveaux convertis abandonnaient non seulement leur religion antérieure, mais en grande partie aussi leur genre de vie, et leurs anciens coreligionnaires ne leur pardonnaient pas ce qu'ils regardaient comme une apostasie. On leur reprochait même leur vie sainte. D'après 4, 12, un mouvement particulier de haine et d'hostilité venait d'éclater contre les Églises d'Asie. Les fidèles n'y étaient pas encore habitués ; de là, pour eux, le trouble et le danger de découragement. Le prince des apôtres leur écrivit donc afin de les consoler et de les affermir au milieu de leurs épreuves. Pour cela, il leur montre que la souffrance est la vocation du chrétien, et qu'elle leur procurera plus tard une grande gloire, de même qu'elle est dès ici-bas une grande grâce. Il les engage en même temps à bien remplir malgré tout leurs devoirs envers la société et envers eux-mêmes.

Comme on le voit, le but est tout pratique, tout moral. L'auteur l'expose lui-même à la fin de la lettre, 5, 12b, par les mots exhortant et rendant témoignage. Il exhorte ses lecteurs, en pensant à la situation douloureuse où ils se trouvaient, et il atteste, il témoigne qu'en dépit des adversités qu'il occasionne, le christianisme est la grâce des grâces, et la religion véritable (comme exemples de ces « attestations » qui donnent plus de poids à l'exhortation, voyez 1, 3-12, 18-21, 23, 25 ; 2, 3-10, 19 et ss. ; 3, 14 et ss. ; 4, 12-14; 5, 7, 10, 12).

Le lieu et l'époque de la composition. - L'auteur dit lui-même, 5, 13, qu'il écrivit cette lettre à Babylone, et un certain nombre d'auteurs protestants affectent de prendre ce trait à la lettre. Mais on ne sait absolument rien d'un séjour de saint Pierre dans l'antique capitale de la Chaldée. Le nom de Babylone est donc symbolique en cet endroit pour désigner Rome, qui avait succédé à la cité chaldéenne comme métropole du monde païen. Longtemps avant cette époque, les Juifs l'employaient de la même manière dans leur littérature apocalyptique (voyez aussi Apoc. 14, 8 et 18, 2, 10). Personne n'a douté de cette signification métaphorique durant les seize premiers siècles de l’histoire de l’Église ; déjà nous la trouvons dans les écrits de Papias et de Clément d'Alexandrie (Ap. Euseb., Histoire Ecclésiastique, 2, 15. Comp. saint Jérôme, de Vir. ill., 8, etc.). En outre, la tradition d'après laquelle saint Pierre acheva sa vie à Rome est tellement forte, qu'un assez grand nombre de critiques hétérodoxes ou même rationalistes l'admettent comme nous.

Suivant l'opinion la plus vraisemblable, cette lettre fut composée vers l'an 63 ou 64 de notre ère. Saint Paul venait d'être délivré de sa prison, et était parti pour l'Espagne ou pour l'Orient (de là probablement le silence de la lettre à son sujet). La persécution de Néron n'avait pas encore éclaté (elle ne commença que vers la fin de 64), quoiqu'on en vît déjà les signes précurseurs. Saint Marc, mentionné à la fin de la lettre (5, 13b), était toujours à Rome, où l'apôtre des païens l'avait appelé naguère (cf Colossiens 4, 10).

Commentaires catholiques. Dans l'antiquité, ceux de Bède le Vénérable (Exposit. super cath. Epistolas), et des deux excellents exégètes grecs Œcumenius et Théophylacte (dans leurs explications de tout le Nouveau Testament) ; dans les temps modernes, ceux de Catharinus (In omnes divi Pauli apost. et in septem. cath. lettre commentarius, Paris, 1566), d'Estius (In omnes S. Pauli et septem cath. apostolorum epistolas commentarius, Douai, 1601), de Lorin (In cathol. Beat. Jacobi et Judæ apostolorum epistolas commentarii, Lyon 1619), de B. Justiniani (Explanationes in omnes epistolas cath., Lyon, 1621) ; au XIXème siècle, Paul Drach (les sept lettres catholiques, Paris, 1873).























































1ère lettre de saint Pierre



1 Pierre 1. 1 Pierre apôtre de Jésus-Christ, aux élus, étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie, 2 choisis selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l'Esprit, pour obéir à la foi et pour avoir part à l'aspersion du sang de Jésus-Christ, à vous grâce et paix de plus en plus. 3 Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui selon sa grande miséricorde nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts pour une vivante espérance, 4 pour un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, qui vous est réservé dans les cieux, 5 à vous que la puissance de Dieu garde par la foi pour le salut, qui est prêt à se manifester au dernier moment. 6 Dans cette pensée, vous tressaillez de joie, bien qu'il vous faille encore pour un peu de temps être affligés par diverses épreuves, 7 afin que l'épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l'or périssable qui est pourtant lui-même mis à l’épreuve par le feu, vous soit un sujet de louange, de gloire et d'honneur lorsque se manifestera Jésus-Christ. 8 Vous l'aimez sans l'avoir jamais vu, vous croyez en lui, bien que maintenant encore vous ne le voyiez pas et vous tressaillez d'une joie ineffable et pleine de gloire, 9 sûrs que vous êtes de remporter le prix de votre foi, le salut de vos âmes. 10 Ce salut a été l'objet des recherches et des méditations de ceux d'entre les prophètes dont les prédictions annoncent la grâce qui vous était destinée, 11 ils cherchaient à découvrir quel temps et quelles circonstances indiquait l'Esprit du Christ qui était en eux, et qui attestait d'avance les souffrances réservées au Christ et la gloire dont elles devaient être suivies. 12 Il leur a été révélé que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils avaient charge de dispenser les choses que vous ont aujourd'hui annoncées ceux qui, par le Saint-Esprit envoyé du ciel, vous ont prêché l'Évangile : mystère profond, où les anges désirent plonger leurs regards. 13 C'est pourquoi, ayant ceint les reins de votre esprit, soyez sobres, et tournez toute votre espérance vers cette grâce qui vous sera apportée le jour où Jésus-Christ paraîtra. 14 Comme des enfants obéissants, ne vous conformez plus aux convoitises que vous suiviez autrefois, au temps de votre ignorance, 15 mais à l'imitation du Saint qui vous a appelés, vous-mêmes aussi soyez saints dans toute votre conduite, 16 car il est écrit : "Soyez saints, parce que je suis saint." 17 Et si vous donnez le nom de Père à celui qui, avec impartialité, juge chacun selon ses œuvres, 18 vivez dans la crainte pendant le temps de votre séjour comme étrangers ici-bas : sachant que vous avez été affranchis de la vaine manière de vivre que vous teniez de vos pères, non par des choses périssables, de l'argent ou de l'or, 19 mais par un sang précieux, celui de l'agneau sans défaut et sans tache, le sang du Christ, 20 qui a été désigné dès avant la création du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous. 21 C'est par lui que vous avez la foi en Dieu qui l'a ressuscité des morts et qui lui a donné la gloire, en sorte que votre foi est en même temps votre espérance en Dieu. 22 Puisque vous avez, en obéissant à la vérité, purifié vos âmes et que par là vous vous êtes engagés à un sincère amour fraternel, 23 aimez-vous ardemment les uns les autres, du fond du cœur, régénérés que vous êtes non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu vivante et éternelle. 24 Car toute chair est comme l'herbe et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe. L'herbe sèche et sa fleur tombe, 25 mais la parole du Seigneur demeure éternellement. C'est cette parole dont la bonne nouvelle vous a été apportée.



1 Pierre 2. 1 Ayant donc dépouillé toute malice et toute fausseté, la dissimulation, l'envie et toute sorte de médisance, 2 comme des enfants nouvellement nés, désirez ardemment le pur lait spirituel, afin qu'il vous fasse grandir pour le salut, 3 si "vous avez goûté que le Seigneur est bon." 4 Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée des hommes, il est vrai, mais choisie et précieuse devant Dieu, 5 et, vous-mêmes comme des pierres vivantes, entrez dans la structure de l'édifice, pour former un temple spirituel, un sacerdoce saint, afin d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ. 6 Car il est dit dans l’Écriture : "Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui met en elle sa confiance ne sera pas confondu." 7 A vous donc l'honneur, vous qui croyez, mais pour les incrédules, "la pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient, c'est elle qui est devenue une pierre d'angle, 8 une pierre d'achoppement et un rocher de scandale," eux qui vont se heurter contre la parole parce qu'ils n'ont pas obéi, aussi bien, c'est à cela qu'ils sont destinés. 9 Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis afin que vous annonciez les perfections de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, 10 "vous qui autrefois n'étiez pas son peuple et qui êtes maintenant le peuple de Dieu, vous qui n'aviez pas obtenu miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde." 11 Bien-aimés, je vous exhorte, comme des étrangers et des voyageurs, à vous garder des convoitises de la chair qui font la guerre à l'âme. 12 Ayez une conduite honnête au milieu des païens, afin que, sur le point même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils arrivent, en y regardant bien, à glorifier Dieu pour vos bonnes œuvres au jour de sa visite. 13 Soyez donc soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit au roi, comme souverain, 14 soit aux gouverneurs, comme délégués par lui pour faire justice des malfaiteurs et approuver les gens de bien. 15 Car c'est la volonté de Dieu que, par votre bonne conduite, vous fermiez la bouche aux insensés qui vous méconnaissent. 16 Comportez-vous comme des hommes libres, non pas comme des hommes qui se font de la liberté un manteau pour couvrir leur malice, mais comme des serviteurs de Dieu. 17 Rendez honneur à tous, aimez tous les frères, craignez Dieu, honorez le roi. 18 Vous, serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec toutes sortes de respects, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais encore à ceux qui sont difficiles. 19 Car c'est une chose agréable à Dieu que ce soit en vue de lui que l'on endure des peines infligées injustement. 20 En effet, quel mérite y a-t-il si, après avoir fait une faute, vous supportez patiemment les coups ? Mais si, après voir fait le bien, vous avez à souffrir et que vous le supportiez avec patience, voilà ce qui est agréable à Dieu. 21 C'est à quoi, en effet, vous avez été appelés, puisque le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces : 22 lui qui "n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s'est pas trouvé de fausseté" 23 lui qui, outragé, ne rendait pas l'outrage, qui, maltraité, ne faisait pas de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge avec justice, 24 qui a lui-même porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts au péché, nous vivions pour la justice, c'est "par ses meurtrissures que vous avez été guéris." 25 Car "vous étiez comme des brebis errantes", mais maintenant vous êtes revenus à celui qui est le pasteur et l'évêque de vos âmes.



1 Pierre 3. 1 Vous de même, femmes, soyez soumises à vos maris, afin que, s'il en est qui n'obéissent pas à la prédication, ils soient gagnés sans la prédication, par la conduite de leurs femmes, 2 rien qu'en voyant votre vie chaste et pleine de respect. 3 Que votre parure ne soit pas celle du dehors : les cheveux tressés avec art, les ornements d'or ou l'ajustement des habits, 4 mais, ornez l'homme invisible caché dans le cœur, par la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible : telle est la vraie richesse devant Dieu. 5 C'est ainsi qu'autrefois se paraient les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs maris. 6 Ainsi Sara obéissait à Abraham, le traitant de Seigneur, et vous êtes devenues ses filles, si vous faites le bien sans craindre aucune menace. 7 Vous de votre côté, maris, conduisez-vous avec sagesse à l'égard de vos femmes, comme avec des êtres plus faibles, les traitant avec honneur, puisqu'elles sont avec vous héritières de la grâce qui donne la vie, afin que rien n'arrête vos prières. 8 Enfin qu'il y ait entre vous union de sentiments, bonté compatissante, charité fraternelle, affection miséricordieuse, humilité. 9 Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l'injure pour l'injure, bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin de devenir héritiers de la bénédiction. 10 "Celui qui veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il garde sa langue du mal, et ses lèvres des paroles trompeuses, 11 qu'il se détourne du mal, et fasse le bien, qu'il cherche la paix et la poursuive. 12 Car le Seigneur a les yeux sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières, mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal." 13 Et qui pourra vous faire du mal, si vous êtes appliqués à faire le bien ? 14 Que si pourtant vous souffrez pour la justice, heureux êtes-vous." Ne craignez pas leurs menaces et ne vous laissez pas troubler, 15 mais sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur, le Christ, étant toujours prêts à répondre mais avec douceur et respect, à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous, 16 ayant une bonne conscience, afin que, sur le point même où l'on vous calomnie, vous couvriez de confusion ceux qui diffament votre bonne conduite dans le Christ. 17 En effet, il vaut mieux souffrir, si Dieu le veut ainsi, en faisant le bien, qu'en faisant le mal. 18 Aussi le Christ a souffert une fois la mort pour nos péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous ramener à Dieu, ayant été mis à mort selon la chair, mais rendu à la vie selon l'esprit. 19 C'est aussi dans cet esprit qu'Il est allé prêcher aux esprits en prison, rebelles autrefois, 20 lorsqu'aux jours de Noé la patience de Dieu se prolongeait, pendant que se construisait l'arche, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l'eau. 21 C'est elle qui aujourd'hui vous sauve, vous aussi, par sa préfiguration : le baptême, non pas cette ablution qui ôte les souillures du corps, mais celle qui est la demande faite à Dieu d'une bonne conscience, par la résurrection de Jésus-Christ. 22 Après être monté au ciel, il est maintenant à la droite de Dieu, à lui sont soumis les anges, les principautés et les puissances.



1 Pierre 4. 1 Puisque le Christ a donc souffert en la chair, armez-vous, vous aussi, de la même pensée, savoir, que celui qui a souffert dans la chair a rompu avec le péché, 2 pour vivre, pendant le temps qu'il lui reste à passer dans la chair, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu. 3 C'est bien assez d'avoir fait autrefois la volonté des païens, en vivant dans le désordre, les convoitises, l'ivrognerie, les orgies, les excès de boisson et le culte criminel des idoles. 4 Ils s'étonnent maintenant que vous ne couriez pas avec eux dans le même débordement de débauches et ils se répandent en injures. 5 Mais ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. 6 C'est pour cela que l'Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, condamnés, il est vrai, selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l'esprit. 7 Or la fin de toutes choses est proche. Soyez donc prudents et sobres pour vaquer à la prière. 8 Mais surtout ayez un ardent amour les uns pour les autres car l'amour couvre une multitude de péchés. 9 Exercez entre vous l'hospitalité sans murmurer. 10 Que chacun mette au service des autres le don qu'il a reçu comme de bons dispensateurs de la grâce de Dieu, laquelle est variée. Si quelqu'un parle, que ce soit selon les oracles de Dieu, 11 si quelqu'un exerce un ministère, qu'il le fasse comme par la vertu que Dieu donne, afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance aux siècles des siècles, amen. 12 Bien-aimés, ne soyez pas surpris de l'incendie qui s'est allumé au milieu de vous pour vous éprouver, comme s'il vous arrivait quelque chose d'extraordinaire. 13 Mais, dans la mesure où vous avez part aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lorsque sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l'allégresse. 14 Si vous êtes outragés pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu repose sur vous. 15 Que nul d'entre vous ne souffre comme meurtrier, comme voleur ou malfaiteur, ou comme avide du bien d'autrui. 16 Mais s'il souffre comme chrétien, qu'il n'en ait pas honte, plutôt, qu'il glorifie Dieu pour ce même nom. 17 Car voici le temps où le jugement va commencer par la maison de Dieu et s'il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l’évangile de Dieu ? 18 Et "si le juste est sauvé avec peine, que deviendra l'impie et le pécheur ?" 19 Que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu, lui confient leurs âmes comme au Créateur fidèle, en pratiquant le bien.



1 Pierre 5. 1 J'exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui prendrai part avec eux à la gloire qui doit être manifestée : 2 faites paître le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, non dans un intérêt sordide, mais par dévouement, 3 non en dominateurs des Églises, mais en devenant les modèles du troupeau. 4 Et quand le Prince des pasteurs paraîtra, vous recevrez la couronne de gloire, qui ne se flétrit jamais. 5 De même, vous qui êtes plus jeunes, soyez soumis aux anciens, tous, les uns à l'égard des autres, revêtez-vous d'humilité, car "Dieu, résiste aux orgueilleux et donne sa grâce aux humbles." 6 Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps marqué, 7 déchargez-vous sur lui de toutes vos sollicitudes, car lui-même prend soin de vous. 8 Soyez sobres, veillez, votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rode autour de vous, cherchant qui dévorer. 9 Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que vos frères dispersés dans le monde, endurent les mêmes souffrances que vous. 10 Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ, après quelques souffrances, achèvera lui-même son œuvre, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. 11 A lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles, amen. 12 C'est par Sylvain, un frère dont la fidélité m'est connue, que je vous écris ce peu de mots, pour vous exhorter et vous assurer que c'est bien dans la vraie grâce de Dieu que vous êtes établis. 13 L’église de Babylone, élue avec vous et Marc, mon fils, vous saluent. 14 Saluez-vous les uns les autres par un baiser fraternel. La paix soit avec vous tous qui êtes dans le Christ. Amen.



Notes sur la 1ère lettre de saint Pierre


1.1 Dispersés . Voir à Jacques, 1, 1, la note relative à ce mot. Le Pont. Voir Actes des Apôtres, 2, 9 ― La Galatie, province de l’Asie Mineure bornée au nord par la Paphlagonie et la Bythinie, à l’ouest par la Phrygie, au sud par la Lycaonie et la Cappadoce, à l’est par le Pont. ― La Cappadoce. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― L’Asie, la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― La Bythinie. Voir Actes des Apôtres, 16, 7.

1.1-2 aux élus (…) choisis selon la prescience de Dieu. Les chrétiens sont élus et choisis par un décret éternel ; ils sont comme des étrangers sur la terre, regardant le ciel comme leur véritable patrie. (…) L’élection que Dieu fait de saint Jean et non de Judas, par exemple, a sa raison dernière dans la prescience éternelle de Dieu, c’est-à-dire sa volonté déterminée et son amour ; cette élection divine s’exécute dans le temps par l’action du Saint-Esprit, qui nous justifie intérieurement et crée en nous l’homme nouveau ; sa fin prochaine est de nous amener à la foi et de nous faire entrer, par les mérites du sang de Jésus-Christ, dans la nouvelle alliance, qui est l’Église catholique, comme les Israélites avait été reçus dans l’ancienne alliance par l’aspersion du sang des victimes (voir Exode, 24, 8). 

1.3 Voir 2 Corinthiens, 1, 3 ; Éphésiens, 1, 3.

1.7 lorsque se manifestera Jésus-Christ ; c’est-à-dire à l’avènement au jour du jugement.

1.13 Qui vous sera apportée, etc. ; qui vous sera donnée à l’avènement de Jésus-Christ.

1.14 Aux convoitises que vous suiviez autrefois ; aux passions auxquelles vous vous abandonniez autrefois, quand vous viviez dans l’ignorance.

1.16 Voir Lévitique, 11, 44 ; 19, 2 ; 20, 7.

1.17 Voir Deutéronome, 10, 17 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6.

1.19 Voir 1 Corinthiens, 6, 20 ; 7, 23 ; Hébreux, 9, 14 ; 1 Jean, 1, 7 ; Apocalypse, 1, 5.

1.24 Voir Ecclésiastique, 14, 18 ; Isaïe, 40, 6 ; Jacques, 1, 10.

2.1 Voir Romains, 6, 4 ; Éphésiens, 4, 22 ; Colossiens, 3, 8 ; Hébreux, 12, 1.

2.2 Le lait, « la parole de Dieu, ainsi appelée pour continuer la métaphore. ― Spirituel, nourriture des âmes. ― Pur, sans mélange d’erreur.

2.6 Voir Isaïe, 28, 16 ; Romains, 9, 33.

2.7 Voir Psaume, 117, 22 ; Isaïe, 8, 14 ; Matthieu 21, 42 ; Actes des Apôtres, 4, 11.

2.10 Voir Osée, 2, 24 ; Romains, 9, 25.

2.11 Voir Romains, 13, 14 ; Galates, 5, 16.

2.12 Au jour de sa visite ; lorsque Dieu, dans sa miséricorde, leur ouvrira les yeux et leur donnera une grâce lumineuse qui les attirera à la foi.

2.13 Voir Romains, 13, 1.

2.17 Voir Romains, 12, 10.

2.18 Voir Éphésiens, 6, 5 ; Colossiens, 3, 22 ; Tite, 2, 9.

2.22 Voir Isaïe, 53, 9.

2.24 Voir Isaïe, 53, 5 ; 1 Jean, 3, 5.

3.1 Voir Éphésiens, 5, 22 ; Colossiens, 3, 18.

3.3 Voir 1 Timothée, 2, 9.

3.4 L’homme caché ; c’est-à-dire l’homme intérieur. Voir Romains, 7, 22.

3.6 Voir Genèse, 18, 12.

3.7 Voir 1 Corinthiens, 7, 3.

3.9 Voir Proverbes, 17, 13 ; Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 5, 15.

3.10 Voir Psaume, 33, 13.

3.11 Voir Isaïe, 1, 16.

3.12 La face du Seigneur veut dire ici, comme en plusieurs autres endroits, sa colère, son courroux.

3.14 Voir Matthieu 5, 10.

3.16 Voir 1 Pierre, 2, 12.

3.18 Voir Romains, 5, 6 ; Hébreux, 9, 28.

3.19 En prison ; c’est-à-dire dans les limbes.

3.20 Voir Genèse, 7, 7 ; Matthieu 24, 37 ; Luc, 17, 26. ― Par l’eau. Les eaux du déluge sauvèrent en effet la famille de Noé en soulevant l’arche, et en l’empêchant ainsi d’être submergée.

3.21 Le baptême est semblable au déluge sous le rapport de l’eau employée pour figurer la grâce qui purifie l’âme, et qui, en la purifiant, lui procure le salut. ― La demande faite à Dieu, saint Pierre fait allusion, soit aux questions que l’on adresse à ceux qui se présentent pour recevoir le baptême, s’ils sont bien résolus à renoncer au démon et à embrasser la foi chrétienne, soit aux promesses solennelles que ceux-ci font en réponse à ces questions.

4.2 Voir Éphésiens, 4, 23.

4.6 Aux morts ; c’est-à-dire à ceux qui étaient retenus dans les limbes, et qui avaient été incrédules au temps de Noé (voir 1 Pierre, 3, 19-20) ; ou bien aux païens, qui étaient regardés comme des morts ensevelis dans les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance.

4.8 Une multitude de péchés. Dans les Proverbes (voir Proverbes, 10, 12), auxquels saint Pierre emprunte cette sentence, il s’agit des péchés du prochain : la charité les couvre de son manteau, et ainsi la paix et l’union se conservent dans la communauté.

4.9 Voir Romains, 12, 13 ; Hébreux, 13, 2 ; Philippiens, 2, 14.

4.10 Voir Romains, 12, 6 ; 1 Corinthiens, 4, 2.

4.18 Voir Proverbes, 11, 31.

5.5 Voir Colossiens, 3, 12 ; Jacques, 4, 6.

5.6 Voir Jacques, 4, 10.

5.7 Voir Psaume, 54, 23 ; Matthieu 6, 25 ; Luc, 12, 22.

5.12 La vraie grâce de Dieu, etc. La vraie religion, la vraie voie du salut, celle que nous vous avons annoncée, et dans laquelle vous persévérez, malgré les persécutions qui vous ont été suscitées. La grâce et la vérité que Dieu a données au monde en Jésus-Christ. Les destinataires de cette lettre avaient été évangélisés par saint Paul : ce verset renferme donc une confirmation indirecte de la prédication de ce dernier. Peut-être le choix de Silvain répond-il à la même pensée : un compagnon de Paul porteur d’une lettre de Pierre adressée à des chrétiens convertis par Paul, quelle preuve éclatante de la conformité de doctrine entre les deux apôtres ! ― Par Silvain. C’est probablement le Silvain ou Silas, compagnon de saint Paul. Voir Actes des Apôtres, 15, 22-27 ; 2 Corinthiens, 1, 19.

5.13 Babylone, tous les anciens, suivis de la plupart des exégètes catholiques, et même de quelques protestants très célèbres, tels que Grotius, Cave, Lardner, etc., ont entendu la ville de Rome, où l’apôtre a écrit cette lettre. ― Marc est saint Marc, l’Évangéliste, que saint Pierre appelle son fils, parce qu’il l’avait engendré à Jésus-Christ, en le convertissant, qu’il l’avait instruit et qu’il le regardait comme un de ses principaux disciples.





2ème lettre de saint Pierre


Introduction


Les destinataires. - la lettre est adressée « à ceux qui ont eu part à une foi semblable » à celle des apôtres, c'est-à-dire aux chrétiens. De ces expressions, qui ont en apparence un caractère général, on a parfois conclu que la lettre a été composée pour toute la chrétienté. Mais le passage 3, 1, dans lequel l'auteur, Simon Pierre, dit à ses lecteurs que cette lettre est la deuxième qu'il leur envoie, suffit pour renverser ce sentiment ; il démontre, en effet, de la façon la plus claire, que les destinataires ne diffèrent pas de ceux de la première lettre. Il s'agit donc des chrétiens qui vivaient dans les cinq provinces d'Asie Mineure énumérées 1 Pierre 1, 1. Rien, dans le corps de la lettre, ne montre que les destinataires ne sont pas les mêmes que ceux de la 1ère lettre de Pierre.

L'authenticité et la canonicité. - la lettre se donne dès le début comme l'œuvre de « Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ » (1, 1), et plusieurs passages confirment cette assertion de la manière la plus satisfaisante. L'auteur raconte, 1, 14, que Jésus-Christ lui avait prédit sa mort prochaine, ce qui coïncide très probablement avec Jean 21, 18-19 ; 1, 16 et ss., il se range parmi les témoins oculaires de la transfiguration, et le récit vivant qu'il fait de ce prodige garantit par lui-même la vérité de son assertion ; 3, 15, il nomme saint Paul son « frère bien-aimé », c'est-à-dire son collègue dans l'apostolat (comparez aussi 2, 20 et Matth. 12, 45 ; 2, 14 et Matth. 5, 27, etc.). Cette lettre contient des pensées identiques à celles de la première, de sorte que l'on peut parler à bon droit de «l'harmonie du sujet» : notez en particulier l'importance attachée à l'avènement de Jésus-Christ (cf. 1 Pierre 1, 7, 13, etc. et 2 Pierre 1, 16 ; 3, 10 et ss.), et la façon dont la religion chrétienne est présentée comme la réalisation des anciennes prophéties (comp. 1 Pierre 1, 10-12 et 2 Pierre 1, 19-20 ; 3, 2). Elle suppose aussi une connaissance parfaite de l'Ancien Testament, qui y est fréquemment cité (comp. 1, 19 et ss. ; 2, 5-7, 8, 15-16, 22 ; 3, 5-6, 8, 13 ). Elle rappelle partout le caractère ardent, l'autorité et le zèle apostolique, la vigueur et l'originalité du prince des apôtres, de sorte qu'elle respire constamment, elle aussi, «l'esprit de saint Pierre».

Si nous interrogeons la tradition, nous n'aurons pas à signaler la même unanimité de témoignages que pour la lettre précédente, et cependant nous trouvons des preuves pleinement satisfaisantes. Notre lettre a été connue de très bonne heure dans l'Église comme une composition canonique. Saint Clément pape y fait des allusions assez fréquentes (comp. surtout 1 Corinthiens 9, 4 et 11, 1 avec 2 Pierre 2, 5 et ss.). Le Pasteur d'Hermas (Similitude 6 ; cf. 2 Pierre 2, 1 et ss.), la Didaché (3, 6-8 et 4, 1; comp. 2 Pierre 2, 10), saint Théophile d'Antioche ( Ad Autol., 9; cf. 2 Pierre 1, 2) et saint Justin (Dialogue, 81 et 82 ; cf. 2 Pierre 1, 21 et 3, 8) en ont des réminiscences évidentes. Au troisième siècle, Firmilien de Césarée (Ep. ad Cypr., 6) parle d'avertissements donnés par saint Pierre et saint Paul aux fidèles contre les docteurs hérétiques ; or, cette réflexion ne peut pas s'appliquer à la 1ère lettre de saint Pierre, où il n'est pas question de faux docteurs. Saint Irénée de Lyon cite également plusieurs passages de notre lettre, et, au dire d'Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 6, 14), Clément d'Alexandrie l'avait expliquée tout entière. Origène la cite à plusieurs reprises (voyez surtout Hom. 4 in Levitique et Comm. in lettre ad Rom., 1, 8) comme l'œuvre de saint Pierre ; néanmoins, il mentionne des doutes qui existaient çà et là au sujet de son authenticité (Ap. Euseb., l.c., 6, 25, 8 ). De son côté, le savant Eusèbe, tout en disant que les sept lettres catholiques forment un tout, très distinct des écrits apocryphes (Histoire Ecclésiastique, 2, 23), range la 2ème lettre de saint Pierre parmi les ἀντιλεγόμενα, c'est-à-dire parmi les livres qui n'étaient pas universellement admis comme canoniques (Ibid., 3, 25 et 6, 25 ). Saint Jérôme fait une observation semblable (De Vir. Ill., 1 ; lettre 120 ad Hedib.); mais il se donne personnellement comme un partisan très décidé de l'authenticité («Pierre a écrit deux lettres que l'on nomme catholiques» (Catalog. Scriptor. ecclesiast)). Les doutes en question sont sans doute la cause du silence gardé, relativement à cette lettre, par le Canon de Muratori, par saint Cyprien et par Tertullien. Ils apparaissent également dans l'omission de la 2ème lettre de saint Pierre par la version syriaque primitive. Mais peu à peu ils disparurent, comme pour les autres parties deutérocanoniques du Nouveau Testament ; aussi les conciles de Rome (en 374), d'Hippone (393) et de Carthage (397) comptent-ils officiellement cet écrit parmi les livres inspirés.

L'occasion de la lettre et son but. - Dans l'intervalle qui s'était écoulé depuis l'envoi de la première lettre, un fait très grave s'était produit dans les chrétientés d'Asie Mineure : des hérétiques, dont la conduite n'était pas moins perverse que la doctrine, y avaient pénétré et menaçaient de les corrompre entièrement. Ces hommes, païens d'origine et convertis à la religion du Christ, avaient repris les mœurs du paganisme, se livrant sans pudeur aux vices les plus honteux. Ils s'efforçaient de séduire leurs frères chrétiens, au moyen de discours flatteurs, dans lesquels ils vantaient la liberté apportée par Jésus-Christ, comme si elle eût autorisé toute sorte d'excès (cf. 1, 18 et 19 ). Ils avaient cessé de croire que le monde fût dirigé par une intelligence supérieure, et qu'il dût y avoir un second avènement du Christ (voyez 3, 4), suivi du châtiment éternel des impies (cf. 3, 9). Peut-être allaient-ils même jusqu'à nier la divinité de Notre-Seigneur (voyez 2, 1 et Judae, 4).

Le but que se proposait saint Pierre en écrivant cette seconde lettre est tout indiqué par là même, il est énoncé tout au long dans les dernières lignes de la lettre, 3, 17 et 18, en termes soit négatifs, soit positifs. Le prince des apôtres voulait prémunir ses lecteurs contre ce nouveau péril qui les menaçait, péril de beaucoup plus grand que celui qui avait occasionné la première lettre.

Le sujet traité et la division. - Dans les circonstances qui viennent d'être marquées, il fallait rappeler aux chrétiens d'Asie la nécessité de mener une vie très sainte, puis les mettre en garde directement contre les séductions auxquelles ils pouvaient être en butte de la part des faux docteurs. C'est ce que fait précisément l'auteur de la lettre.

Après une salutation très brève (1, 1-2), il exhorte ses lecteurs à croître sans cesse dans les vertus chrétiennes : les bienfaits et les promesses de Dieu les y obligent (1, 3-11). Il se sent personnellement pressé de leur adresser cette recommandation, car il sait que sa fin approche (1, 12-15). Il leur suggère, comme motif de devenir des saints, la certitude de la doctrine qui leur a été prêchée, et il démontre tour à tour cette certitude par l'enseignement des apôtres et par celui des anciens prophètes (1, 16-21). Il donne ensuite une description vivante, réaliste et détaillée de la conduite infâme des docteurs hérétiques (2, 1-22). Enfin, il réfute sur plusieurs points les erreurs de ces hommes criminels (3, 1-10), et conclut en disant qu'un chrétien doit se tenir toujours préparé au jugement divin, qui éclatera à l'improviste (3, 11-18).

De là trois parties : 1° Nécessité et raisons de croître dans la pratique de la vertu, 1, 1-21 ; 2° Description des mœurs et des maximes des hérétiques, 2, 1- 22 ; 3° Réalité du second avènement de Jésus-Christ et quelques détails relatifs à la fin du monde, 3, 1-18.

Le style de la lettre. - Saint Jérôme écrivait (Ep. 120 ad Hedib., c. 11) : « les deux lettres qui sont  attribuées à Pierre diffèrent par le style, le caractère et la structure des mots. » Et il expliquait cette différence en ajoutant : « ce qui nous fait comprendre  que, à cause de la diversité des choses, il s'est servi d'interprètes différents ». Le fait signalé en premier lieu par l'illustre docteur est notablement exagéré ; aussi Clément d'Alexandrie, Origène et Eusèbe ne font-ils aucune observation dans ce même sens. Pour ce qui est du vocabulaire, on compte dans cette seconde lettre cinquante-quatre expressions qui n'apparaissent pas ailleurs dans le Nouveau Testament. En comparant entre eux les deux écrits, on voit que le premier contient environ trois cent soixante mots qui ne sont pas employés dans le second; d'un autre côté, celui-ci en a environ deux cent trente que le premier n'a pas utilisés. Néanmoins, les deux lettres manifestent des ressemblances réelles sous le rapport des expressions, et l'on a composé des listes assez longues de mots caractéristiques qu'elles emploient de concert. De part et d'autre les noms abstraits sont mis parfois au pluriel ; ce qui est une particularité assez remarquable. On ne peut donc tirer du style aucune conclusion sérieuse sous le rapport de l'authenticité. Des différences analogues existent aussi entre les différentes lettres de saint Paul.

Dans la seconde lettre, le langage du premier chapitre est généralement clair et facile ; il est parfois obscur et embarrassé dans les deux autres.

L'époque et le lieu de la composition. - Aucun de ces deux points n'est indiqué directement dans la lettre ; mais on peut les déduire de la remarque faite par l'auteur, 1, 14, au sujet de la révélation qu'il avait reçue de Jésus-Christ relativement à sa fin prochaine. Saint Pierre sent que sa mort est imminente ; or, comme il est démontré de la manière la plus sûre qu'il fut martyrisé à Rome en 67, nous pouvons conclure qu'il a écrit cette lettre dans la capitale de l'empire, durant la première partie de l'année 67, ou à la fin de 66. Il résulte de 2 Pierre 3, 1, qu'il n'y eut pas un intervalle très considérable entre notre lettre et la première.

La seconde lettre de saint Pierre dans ses relations avec celle de saint Jude. - Il est certain qu'il existe une affinité extraordinaire entre ces deux écrits apostoliques ; nos exégètes catholiques modernes et contemporains n'hésitent pas à le reconnaître, sans tomber toutefois dans les exagérations de quelques auteurs protestants et de la plupart des critiques rationalistes, d'après lesquels 2ème de S. Pierre ne serait qu'une copie développée de la lettre de saint Jude. Les ressemblances sont, il est vrai, rares et presque insignifiantes en ce qui concerne le premier chapitre de la 2ème de S. Pierre (comp. 2 Pierre 1, 2 et Jude, 1-2 ; 2 Pierre 2 1, 5 et Jude, 3) ; mais elles deviennent considérables au second chapitre et dans les trois premiers versets du troisième.

Voici la liste des principales ressemblances :

2 Pierre 2, 1-3 = Jude, 4

2 Pierre 2, 4 = Jude, 6

2 Pierre 2, 6 = Jude, 7

2 Pierre 2, 10 - 12 = Jude, 8 - 10

2 Pierre 2,13 = Jude, 12

2 Pierre 2, 15 = Jude, 11

2 Pierre 2, 17 = Jude, 13

2 Pierre 2, 18 = Jude, 16

2 Pierre 3, 1-3 = Jude, 17-18.

Comparez encore 2 Pierre 3, 14 et Jude, 24 ; 2 Pierre 3, 18 et Jude, 25.

L'un des deux écrivains sacrés a donc fait des emprunts à l'autre ; cela n'est pas douteux. Mais on argumente depuis plusieurs siècles, sans pouvoir se mettre d'accord, pour déterminer celui qui a le premier composé son œuvre. Il est néanmoins plus probable que la priorité revient à saint Jude. Cette opinion s'appuie sur le caractère que présente la description des faux docteurs dans les deux compositions. Cette description est notablement plus courte dans la lettre de saint Jude, parce qu'elle expose les erreurs hérétiques telles qu'elles étaient à leur début ; saint Pierre fournit plus de détails, parce qu'elles s'étaient ensuite développées notablement. On ne comprendrait pas que saint Jude eût purement et simplement abrégé la lettre de saint Pierre, tandis que l'on conçoit fort bien que le prince des apôtres, écrivant plus tard, ait ajouté de nouveaux éléments et de nouveaux arguments (cf. 2 Pierre 2, 5 ; 3, 5 et ss.,etc.). En outre, saint Pierre explique certaines expressions obscures de saint Jude, les remplaçant par de plus claires, ou les complétant, les généralisant, etc. : Comp. 2 Pierre 2, 1 et Jude, 4 ; le premier ajoute le trait ἀγοράσαντα, « qui émit », qui précise l'idée. Voyez aussi 2 Pierre 2, 13, où le mot obscur σπίλαδες, de Jude, 12, est devenu σπῖλοι ϰαὶ μῶμοι ; 2 Pierre 2, 15 et ce que dit saint Jude, 11, de la « récompense » de Balaam. Comp. aussi 2 Pierre 2, 17 et Jude, 12-13 ; 2 Pierre 2, 4-9 et Jude, 5-7 ; 2 Pierre 2, 12 et Jude, 10.

Saint Pierre aura donc lu la lettre de saint Jude, et, comme il avait à écrire contre les mêmes erreurs, il en aura utilisé certains passages. Il n'y a rien que de très naturel à cela, surtout lorsqu'on voit à quel point il a su demeurer personnel et original dans ses emprunts.






























































2ème lettre de saint Pierre




2 Pierre 1. 1 Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui avec nous ont reçu le précieux don de la foi dans la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus-Christ, 2 que la grâce et la paix croissent en vous de plus en plus par la connaissance de Dieu et de Jésus-Christ Notre Seigneur, 3 puisque sa divine puissance nous a accordé tous les dons qui regardent la vie et la piété, en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, 4 et qui par elles nous a mis en possession de si grandes et si précieuses promesses, afin de vous rendre ainsi participants de la nature divine, en vous soustrayant à la corruption de la convoitise qui règne dans le monde. 5 A cause de cela même, apportez de votre côté tous vos soins pour unir à votre foi la vertu, à la vertu le discernement 6 au discernement la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, 7 à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. 8 Si ces vertus sont en vous et y abondent, elles ne vous laisseront ni oisifs ni stériles pour la connaissance de Notre Seigneur Jésus-Christ 9 car celui à qui elles font défaut est un homme qui a la vue courte, un aveugle. Il a oublié la façon dont il a été purifié de ses anciens péchés. 10 C'est pourquoi, mes frères, appliquez-vous d'autant plus à assurer par vos bonnes œuvres votre vocation et votre élection car, en agissant ainsi, vous ne ferez jamais de faux pas. 11 Et ainsi vous sera largement donnée l'entrée dans le royaume de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. 12 Voilà pourquoi j'aurai à cœur de vous rappeler constamment ces choses, bien que vous les connaissiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente. 13 Je crois de mon devoir, aussi longtemps que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par mes avertissements 14 car je sais que je la quitterai bientôt, ainsi que Notre Seigneur Jésus-Christ me l'a fait connaître. 15 Je veux aussi faire en sorte que vous puissiez toujours, après mon départ, vous remettre ces choses en mémoire. 16 Ce n'est pas, en effet, sur la foi de fables ingénieusement imaginées que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais en témoins oculaires de sa majesté. 17 En effet, il reçut honneur et gloire de Dieu le Père, lorsque de la gloire magnifique une voix se fit entendre qui disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection. 18 Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte. 19 Et ainsi a été confirmée pour nous l’Écriture prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à poindre et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs. 20 Mais sachez avant tout qu'aucune prophétie de l’Écriture n’est à interpréter de manière personnelle 21 car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par l'Esprit-Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé.



2 Pierre 2. 1 Or, comme parmi le peuple il y eut aussi de faux prophètes, de même il y aura parmi vous de faux docteurs, qui introduiront sournoisement des sectes pernicieuses, et qui, reniant le Seigneur qui les a rachetés, attireront sur eux une prompte ruine. 2 Plusieurs les suivront dans leurs désordres, et ils exposeront la doctrine de la vérité à être calomniée. 3 Par cupidité, ils vous exploiteront par des paroles trompeuses, mais leur condamnation depuis longtemps ne se repose pas et leur ruine ne s'endort pas. 4 Si Dieu, en effet, n'a pas épargné les anges qui avaient péché, mais les a précipités dans l'enfer et les a livrés aux abîmes des ténèbres, où il les garde pour le jugement, 5 s'il n'a pas épargné l'ancien monde, mais en préservant huit personnes dont Noé, qui proclamait la justice, lorsqu'il fit venir le déluge sur un monde d'impies, 6 s'il a condamné à une totale destruction et réduit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, pour servir d'exemple aux impies à venir 7 et s'il a délivré le juste Lot, affligé de la conduite de ces criminels débauchés 8 car, à cause de ce qu'il voyait et de ce qu'il entendait, ce juste, continuant à habiter au milieu d'eux, avait chaque jour son âme vertueuse tourmentée de leurs œuvres iniques. 9 C'est que le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux et réserver les méchants pour être punis au jour du jugement, 10 mais surtout ceux qui s'abandonnent aux impures convoitises de la chair, et méprisent la souveraineté. Audacieux et arrogants, ils ne craignent pas de blasphémer les gloires, 11 quand des anges, supérieurs en force et en puissance, ne portent pas devant le Seigneur de jugement injurieux contre elles. 12 Mais eux, semblables à des animaux stupides, destinés par leur nature à être pris et à périr, ils se répandent en injures contre ce qu'ils ignorent et ils périront aussi par leur propre corruption, 13 ce sera le salaire de leur iniquité. Leur félicité est de passer chaque jour dans les délices, ils ne sont que souillure et ordure, ils se font un plaisir de vous tromper, en faisant bonne chère avec vous. 14 Ils ont les yeux pleins d'adultère, insatiables de péché, ils prennent au piège les âmes inconstantes, ils ont le cœur exercé à la cupidité, ce sont des enfants de malédiction. 15 Ils ont quitté le droit chemin et se sont égarés en suivant la voie de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire de l'iniquité, 16 mais qui fut repris de sa désobéissance : une bête de somme, muette, faisant entendre une voix humaine, réprima la folie du prophète. 17 Ce sont des fontaines sans eau, des nuées agitées par un tourbillon : la profondeur des ténèbres leur est réservée. 18 Avec leurs théories pompeuses et vides, ils attirent dans les convoitises de la chair, dans le libertinage, ceux qui s'étaient à peine retirés des hommes nourris dans l'erreur. 19 Ils leur promettent la liberté, quand eux-mêmes sont esclaves de la corruption, car on est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre. 20 Car si ceux qui, par la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, s'étaient retirés de la corruption du monde, se laissent vaincre en s'y engageant de nouveau, leur dernier état devient pire que le premier. 21 En effet mieux valait pour eux n'avoir pas connu la voie de la justice, que de retourner en arrière, après l'avoir connue, en abandonnant la loi sainte qui leur avait été enseignée. 22 Il leur est arrivé ce que dit un proverbe avec beaucoup de vérité : "Le chien est retourné à son propre vomissement" et "la truie lavée s'est vautrée dans le bourbier."



2 Pierre 3. 1 Mes bien-aimés, voici déjà la seconde lettre que je vous écris : dans l'une et dans l'autre, je m'adresse à vos souvenirs, pour exciter votre saine intelligence 2 à se rappeler les choses annoncées d'avance par les saints prophètes et le commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres. 3 Sachez avant tout que, dans les derniers temps, il viendra des moqueurs pleins de raillerie, vivant au gré de leurs convoitises, 4 et disant : "Où est la promesse de son avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, tout continue à subsister comme depuis le commencement de la création". 5 Ils veulent ignorer que, dès l'origine, des cieux existaient, ainsi qu'une terre que la parole de Dieu avait fait surgir du sein de l'eau, au moyen de l'eau 6 et que par là même le monde d'alors périt submergé. 7 Quant aux cieux et à la terre d'à présent, la même parole de Dieu les tient en réserve et les garde pour le feu, au jour du jugement et de la ruine des hommes impies. 8 Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c'est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. 9 Non, le Seigneur ne retarde pas l'accomplissement de sa promesse, comme quelques-uns se l'imaginent mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la pénitence. 10 Cependant le jour du Seigneur viendra comme un voleur. En ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre sera consumée avec les ouvrages qu'elle renferme. 11 Puisque toutes ces choses sont destinées à se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, 12 attendant et hâtant l'avènement du jour de Dieu, auquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront. 13 Mais nous attendons, selon sa promesse "de nouveaux cieux et une nouvelle terre" où la justice habite. 14 Dans cette attente, bien-aimés, faites tous vos efforts afin d'être trouvés par lui sans tache et irréprochables dans la paix. 15 Croyez que la longue patience de Notre Seigneur est pour votre salut, ainsi que Paul, notre bien-aimé frère, vous l'a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. 16 C'est ce qu'il fait dans toutes les lettres où il aborde ces sujets. Il s'y rencontre des passages difficiles à entendre et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles le font pour les autres Écritures, pour leur perdition. 17 Vous donc, bien-aimés, qui êtes prévenus, tenez-vous sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'égarement de ces impies, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté. 18 Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. A lui soit la gloire, maintenant et jusqu'au jour de l'éternité. Amen.


Notes sur la 2ème lettre de saint Pierre


1.10 Ainsi notre vocation et notre élection sont liées l’une à l’autre et dépendent de nos bonnes œuvres. Dieu, en nous prédestinant à la béatitude éternelle, ne nous y a prédestinés qu’autant qu’il a prévu que nous coopérerions à sa grâce par nos bonnes œuvres.

1.14 Voir Jean, 21, 19. Jésus-Christ avait prédit à saint Pierre qu’il mourrait d’une mort violente ; mais outre cette révélation générale, saint Pierre eut d’autres révélations particulières, selon plusieurs Pères.

1.16 Voir 1 Corinthiens, 1, 17.

1.17 Voir Matthieu 17, 5. ― De la gloire magnifique ; c’est-à-dire de la nuée où la gloire de Dieu parut avec un grand éclat.

1.19 La certitude des anciennes prophéties était plus affermie dans l’esprit des Juifs, qui avaient toujours cru au témoignage des prophètes, mais qui avaient peine à croire au témoignage des Apôtres, et à qui les Apôtres étaient obligés de dire pour les convaincre : Ce ne sont pas des fables que nous vous prêchons, mais ce que nous vous disons, nous l’avons vu de nos yeux, et c’est ce que les prophètes mêmes vous ont annoncé.

1.20 Voir 2 Timothée, 3, 16.

2.4 Voir Job, 4, 18 ; Jude, 1, 6. ― Dans dans l'enfer, littéralement, dans le tartare, mot que saint Pierre a pu employer pour exprimer l’enfer, puisqu’il rend parfaitement l’idée que la religion nous donne de l’enfer. Il l’a pris sans doute des Juifs hellénistes devenus chrétiens.

2.5 Voir Genèse, 7, 1.

2.6 Voir Genèse, 19, 25.

2.13 Le salaire : la damnation éternelle. ― Avec vous : reproche indirect à l’adresse de quelques chrétiens.

2.14 Des enfants de malédiction ; hébraïsme, pour : Voués à la malédiction.

2.15 Voir Jude, 1, 11. ― Balaam, fils de Bosor ou Béor. (Gagné par les présents du roi de Moab, Balaam s’avançait pour maudire Israël, lorsque l’ânesse qu’il montait lui adressa la parole et l’arrêta.)

2.16 Voir Nombres, 22, 28. ― Une bête de somme muette, l’ânesse de Balaam.

2.17 Voir Jude, 1, 12.

2.19 Voir Jean, 8, 34 ; Romains, 6, vv. 16, 20.

2.20 Voir Hébreux, 6, 4 ; Matthieu 12, 45.

2.21 La loi sainte ; c’est-à-dire la loi évangélique. Le sens du verset est : Ils auraient été moins criminels s’ils n’avaient jamais connu la vérité ; car ils n’auraient pas eu au moins à se reprocher l’infidélité, l’ingratitude et l’apostasie.

2.22 Voir Proverbes 26, 11.

3.3 Voir 1 Timothée, 4, 1 ; 2 Timothée, 3, 1 ; Jude, 1, 18.

3.4 Voir Ézéchiel, 12, 27. ― La plupart des hérétiques qui parurent du temps de saint Pierre et après sa mort, niaient l’avènement futur du Sauveur. ― Les pères de la génération à laquelle appartiennent les railleurs. Ces pères, contemporains du Sauveur, et qui avaient vécu dans une si vive attente de son glorieux retour (voir Actes des Apôtres, 1, 6), étaient morts pour la plupart, sans avoir vu cet avènement. L’apôtre va répondre à ces deux assertions des impies : le monde a déjà subi un grand changement par le fait du déluge, versets 5 à 7 ; Jésus-Christ n’a retardé jusqu’ici son avènement que dans l’intérêt des pécheurs, mais son retour est certain. . Sur ce retard, voir Jean, note 21.22 et Matthieu note 16.28.

3.6 Par là même, c’est-à-dire par les cieux et la terre qui fournirent les eaux du déluge.

3.10 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; Apocalypse, 3, 3 ; 16, 15. ― avec les ouvrages qu'elle renferme, c’est-à-dire toutes les productions de la nature et des arts.

3.13 Voir Isaïe, 66, 22. ― Sa promesse : voir Isaïe, 65, 17-25 ; Apocalypse, 21, 1-5. ― Nouveaux cieux et nouvelle terre : le monde ne sera pas anéanti, mais purifié par le feu et renouvelé (voir 1 Corinthiens, 7, 31. Cf. Romains, 8, verset 19 et suivants.) ― La justice ; les justes. Le monde actuel est « le monde des impies » (voir 2 Pierre, 2, 5) ; « le monde de l’injustice » (voir Jacques, 3, 6). 

3.15 Voir Romains, 2, 4.





















1ère lettre de saint Jean



Introduction


1° On démontre son authenticité par des preuves « particulièrement fortes ». Il y a d'abord la preuve historique, qui consiste dans les témoignages des anciens auteurs. La lettre à Diognète (10, 2 ; comp. 1 Jean 4, 9) et la Didaché (comp. 10, 5 et 1 Jean 4, 18 ; 10, 6 et 1 Jean 2, 17 ; 11, 11 et 1 Jean 4, 1) paraissent vraiment contenir plusieurs citations indirectes de notre lettre. Le doute n'est pas possible avec saint Polycarpe, disciple de saint Jean, qui cite à peu près littéralement 1 Jean 4, 3 (Ad Phil., 7), non plus qu'avec Papias, cet autre disciple célèbre de l'apôtre, dont Eusèbe affirme (Histoire Ecclésiastique, 3, 39) qu'il « s'est servi de témoignages empruntés à la première lettre de Jean ». Saint Irénée, qui avait été lui-même disciple de saint Polycarpe, cite plusieurs fois cet écrit (notamment les passages 1 Jean 2, 18 et ss., et 4, 1-3), qu'il attribue en propres termes à « Jean, disciple du Seigneur, qui a aussi composé l'évangile » (Adv. Haer., 3, 16, 3; comp. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 5, 8 ). L'ancienne version syriaque et l'Itala, qui datent l'une et l'autre du second siècle, le renferment tel que nous le possédons aujourd'hui. Vers la même date, la canon de Muratori le mentionne comme l'œuvre de saint Jean l'évangéliste. Clément d'Alexandrie (Stromates, 2, 15 et 3, 4-5; Paedag., 3, 11), Origène (In Jean 13, 21, etc.) et son disciple Denys (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25), Tertullien (Scorp., 12; adv. Marc., 5, 16. Il cite la lettre près de cinquante fois), saint Cyprien (Ep. 23, 2), etc., lui font des emprunts et l'attribuent formellement à l'apôtre bien-aimé. La tradition ne pouvait pas être plus explicite, ni plus unanime (« cela est prouvé par tous les savants ecclésiastiques », dit saint Jérôme, de Vir. ill., 9). La preuve intrinsèque, tirée de l'écrit lui-même, n'est pas moins frappante. Elle consiste surtout dans la parenté qui existe entre notre lettre et le quatrième évangile, sous le rapport du fond et de la forme ; parenté si extraordinaire, qu'on est moralement obligé d'en conclure, après l'avoir constatée, que les deux compositions proviennent d'un seul et même auteur. Le tableau suivant, qu'il serait facile de développer : pour exposer les rapports intimes de ressemblance qui existent entre 1 Jean et le quatrième évangile, on pourrait presque placer, à côté de chacune des propositions de la lettre, deux ou trois propositions parallèles, extraites de l'évangile, prouvera d'abord le fait d'une manière générale. La comparaison s’établit entre les deux textes grecs :

[1 Jean 1, 1 = Jean 1, 1

= 1 Jean 3, 11, 16 = Jean 15, 12-13]

[1 Jean 1, 2 = Jean 3, 11

= 1 Jean 3, 13 = Jean 15, 18]

[1 Jean 1, 3 = Jean 17, 21

= 1 Jean 3, 14 = Jean 5, 24]

[1 Jean 1, 4 = Jean 16, 24

= 1 Jean 3, 16 = Jean 10, 15]

[1 Jean 1, 5 = Jean 1, 5

= 1 Jean 3, 22 = Jean 8, 29]

[1 Jean 1, 6 = Jean 8, 12

= 1 Jean 3, 23 = Jean 13, 44]

[1 Jean 2, 1 = Jean 14, 16

= 1 Jean 4, 6 = Jean 8, 47]

[1 Jean 2, 2 = Jean 11, 51-52

= 1 Jean 4, 14 = Jean 4, 22]

[1 Jean 2, 3 = Jean 14, 15

= 1 Jean 4, 16 = Jean 6, 69 et 15, 10]

[1 Jean 2, 5 = Jean 14, 21]

[1 Jean 2, 8 = Jean 13, 34

= 1 Jean 5, 4 = Jean 16, 33]

[1 Jean 2, 10-11 = Jean 12, 35

= 1 Jean 5, 6 = Jean 19, 34-35]

[1 Jean 2, 14 = Jean 5, 38

= 1 Jean 5, 9 = Jean 5, 32, 34, 36]

[1 Jean 2, 17 = Jean 8, 35]

[1 Jean 2, 20 = Jean 6, 69

= 1 Jean 5, 12 = Jean 3, 36]

[1 Jean 2, 23 = Jean 15, 23-24

= 1 Jean 5, 13 = Jean 20, 31]

[1 Jean 2, 27 = Jean 14, 16 ; 16, 13

= 1 Jean 5, 14 = Jean 14, 13-14 ; 16, 23]

[1 Jean 3, 8, 15 = Jean 8, 44

= 1 Jean 5, 20 = Jean 17, 3.]

Ces rapprochements produisent à coup sûr un effet saisissant. Le résultat est le même, si nous comparons entre elles les pensées dominantes et caractéristiques de la lettre et de l'évangile. C'est le même monde d'idées que nous rencontrons dans les deux écrits. Dieu envoie son Fils dans le monde pour sauver le monde et lui procurer la vraie vie ; c'est parce qu'il aime les hommes qu'il envoie ainsi son Fils unique ; la charité fraternelle est la marque distinctive des disciples de Jésus-Christ ; le monde est rempli de haine contre les chrétiens, etc. De part et d'autre, nous trouvons aussi à chaque instant les antithèses de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, de Dieu et du démon, de l'amour et de la haine, de la vérité et du mensonge, etc.

Même observation à faire au point de vue du style. Le vocabulaire de la lettre est en grande partie celui de l'évangile. Parmi les expressions favorites de saint Jean, mentionnons les mots «vérité, véritable, lumière, ténèbres, témoigner, témoignage, contempler, le monde, vaincre, demeurer ». Nous les rencontrons souvent dans 1 Jean. Il en est de même des formules « l'Esprit de vérité, le Fils unique de Dieu, la vie éternelle, connaître le vrai Dieu, être de la vérité, être de Dieu, être né de Dieu, faire la vérité, faire le péché, avoir le péché, demeurer dans l'amour, une joie pleine, » etc. Des deux parts aussi, on remarque, au lieu des périodes si chères aux Grecs, des phrases assez courtes, simplement juxtaposées, ou rattachées les unes aux autres par la conjonction « et ». L'absence des particules n'étonne pas moins le lecteur. Elles sont encore plus rares dans la lettre : οὖν n'y apparaît pas une seule fois d'après le texte le mieux garanti ; γάρ ne s'y lit que trois fois ; δέ, neuf fois. Pour développer sa pensée, l'auteur de la lettre, comme celui de l'évangile, insiste volontiers sur une expression, qu'il répète et explique sous divers aspects (voyez 1, 1b et 2a: « De la parole de vie et de la vie… et nous annonçons la vie » ; 1, 3 : « Comme vous aussi,  société.  Et la société » ; 1, 7: « Si dans la lumière, comme lui aussi est dans la lumière... », etc.) ; il aime le parallélisme des membres (cf. 2,12-14, 17 ; 3, 22, 23 ; 4, 6,16 ; 5, 4, 9, etc.), la formule elliptique ἀλλʹ ἵνα, etc. Voyez, sur les particularités du style de saint Jean, le commentaire verset par verset du quatrième évangile dans la présente Bible de Rome, au tome consacré à l’Évangile selon saint Jean. Mais, en réalité, il n'y a rien de surprenant dans ces divers phénomènes, puisque les deux petits livres ont été l'un et l'autre composés par l'apôtre saint Jean. De nombreux exégètes ou critiques, appartenant aux écoles les plus opposées, sont d'accord pour admettre l'identité d'auteur pour ces deux écrits, en s'appuyant uniquement sur cette preuve interne.

L'intégrité. - Cette question ne concerne que le célèbre «Comma Johannique», c'est-à-dire, le passage relatif aux trois témoins célestes, 5, 7-8. On lit dans la Vulgate: « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit saint, et ces trois sont une seule et même chose. Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre : l'Esprit, l'eau et le sang. Et ces trois sont une seule et même chose ». On lit dans le texte grec dit « receptus », ou communément reçu : 7 ὅτι τρεῖς εἰσὶν μαρτυροῦντες [ἐν τῷ οὐρανῷ, ὁ πατὴρ, ὁ λόγος, ϰαὶ τὸ ἅγιον πνεῦμα, ϰαὶ οὗτοι οἱ τρεῖς ἕνεἰσι. 8 ϰαὶ τρεῖς εἰσιν οἱ μαρτυροῦντες ἐν τῇ γῇ], τὸ πνεῦμα, ϰαὶ τὸ ὕδωρ, ϰαὶ τὸ αἷμα, ϰαὶ οἱ τρεῖς εἰς τὸ ἕν εἰσιν. Nous avons mis entre crochets le passage discuté. Mais les mots que nous avons cités en lettres italiques manquent : 1° dans tous les manuscrits grecs connus au XIXème siècle, onciaux ou cursifs, sauf dans quatre cursifs, qui sont de date récente (du 15ème ou du 16ème siècle. Le manuscrit qui porte le n°83 est du 11ème siècle, il est vrai ; mais les mots qui forment l'objet du litige ne sont écrits qu'en marge, et l'écriture révèle le 16ème ou le 17ème siècle. C'est seulement en 1514, dans l'édition de Complute, qu'ils furent imprimés pour la première fois. Érasme leur donna droit de cité dans sa troisième édition du Nouveau Testament, en 1522 ; Robert Estienne et Théodore de Bèze firent de même. Ils sont demeurés jusqu'à notre époque dans les différentes éditions du Nouveau Testament grec, et dans toutes les traductions en langues étrangères) ; 2° dans tous les épistolaires et tous les lectionnaires grecs ; 3° dans toutes les anciennes versions, excepté la Vulgate (les manuscrits de la Peschita ne contiennent pas les mots en question. Si on les lit dans quelques éditions imprimées, c'est parce qu'ils ont été traduits et ajoutés d'après la Vulgate. La traduction de Philoxène ne les a pas non plus. Aucun manuscrit des versions copte et éthiopienne ne les possède, ni aucun des manuscrits arméniens antérieurs au douzième siècle. Ils n'ont été introduits dans la version slave qu'en 1063) ; 4° en de nombreux manuscrits latins (on en compte plus de cinquante qui demeurent ainsi muets, et plusieurs d'entre eux, comme le Cod. Fuldensis et le Cod. Amiatinus, ont une importance spéciale à cause de leur antiquité (sixième siècle). Dans un certain nombre de manuscrits latins qui le contiennent, notre passage apparaît avec des transpositions et des variantes considérables, qui montrent qu'on hésitait à son sujet. Ce n'est qu'à partir du douzième siècle qu'on le trouve dans la plupart des codices latins. Et, fait important, un Prologue aux sept lettres catholiques, faussement attribué à saint Jérôme, mais remontant au moins au sixième siècle, puisqu'il est reproduit dans le Cod. Fuldensis, constate que les mots incriminés manquaient en général dans les manuscrits latins de l'époque, car il accuse amèrement les traducteurs d'avoir supprimé, au grand détriment de la foi catholique, un texte si favorable au dogme de la Trinité. Voyez la Patrologie latine de Migne, t. 29, col. 828-831); 5° dans les écrits de tous les Pères et écrivains grecs antérieurs au douzième siècle, de tous les anciens écrivains syriens et arméniens, et en outre de tous les anciens représentants de l'Église orientale ; 6° de même dans les écrits de nombreux Pères latins, tels que Lucifer de Cagliari, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Léon, saint Grégoire le Grand, Bède le vénérable (ce saint docteur, il ne faut pas l'oublier, a commenté notre lettre mot par mot), etc. Et remarquons à propos de ce silence, soit en Orient, soit en Occident, qu'il est d'autant plus remarquable, que le passage mis en discussion pouvait fournir un argument d'une force extraordinaire dans la lutte contre les Ariens. Comment se fait-il qu'on ne l'ait pas allégué ? Il semblerait pourtant que saint Cyprien le cite dans son traité de Eccl. unit., 6, où nous lisons : « Le Seigneur dit (cf. Jean 10, 30) : Moi et le Père nous sommes un,  et au sujet  du Père, du Fils et du Saint-Esprit, il est écrit aussi: et ces trois sont un.» Mais un écrivain du sixième siècle, Facundus d'Hermiane (Pro defens. trium cap., 1, 3), qui connaissait ces paroles de saint Cyprien, les regarde comme une application allégorique que le savant évêque avait faite de l'Esprit, de l'eau et du sang à la sainte Trinité, application qu'on rencontre également dans les écrits de saint Augustin (C. Maxim., c. 22, etc.). Le témoignage de ces deux illustres docteurs d'Afrique est donc douteux en ce qui concerne l'authenticité du « Comma Johannique ». Il en est de même de quelques allusions assez vagues de Tertullien (voyez en particulier adv. Praxeam, 25, 1). Du moins, la partie contestée de notre texte fut entièrement admise comme authentique par plusieurs personnages importants de l'Église d'Afrique : en particulier, par Victor de Vite (de Persec. Vandal., III, 11), par Virgile de Thapsus (de Trinit., 1) (ces deux écrivains appartiennent à la seconde moitié du cinquième siècle. En 484, saint Eugène de Carthage réunit environ quatre cents évêques d'Afrique, et remit au roi arien Hunnéric, en leur nom commun, une profession de foi dans laquelle notre texte est cité tel que le traduit la Vulgate, et donné comme une preuve du dogme de la sainte Trinité), par l'auteur du traité pro Fide catholica, attribué faussement à saint Fulgence, mais datant réellement de son époque (le milieu du 6ème siècle), etc. Dans les autres parties de l'Église latine, nous avons aussi le témoignage favorable de saint Eucher (5ème siècle), de Cassiodore (6ème siècle), de saint Isidore de Séville (7ème siècle). Le texte fut ensuite admis généralement dans toute l'Église occidentale.

De cet aperçu historique, il résulte que les arguments extrinsèques défavorables à l'authenticité l'emportent de beaucoup sur les autres. Quant aux arguments intrinsèques, ils n'ont pas une très grande portée dans le cas présent. Quelques critiques, protestants ou rationalistes pour la plupart, prétendent à tort que les mots discutés ne sont pas conformes au style et à la doctrine de saint Jean. Toutes les expressions et toutes les idées sont au contraire vraiment celles du reste de la lettre et des autres écrits de Jean : par exemple, μαρτυρεῖν, témoigner, Λόγος, le Verbe divin, Πνεῦμα, l'Esprit saint, etc. D'autres allèguent, à tort aussi, mais en un sens opposé (car ce sont des partisans de l'authenticité), que les vers. 7 et 8 sont exigés par le contexte, tels que la Vulgate nous les présente. Nous croyons plus exact de dire que la suppression du passage contesté ne rend pas la pensée moins claire, et qu'elle paraît même alors plus logique, plus serrée. La réflexion suivante n'est pas dénuée de valeur. Au vers. 7b, nous lisons, après la mention des trois personnes divines : « Et hi tres unum sunt »; et pourtant, il ne s'agit pas de prouver que les trois témoins célestes ne sont qu'un, n'ont qu'une seule et même nature, mais qu'ils sont d'accord. Voilà pourquoi La formule « ils sont un » est imparfaite. Il serait préférable de dire : « ils sont en un », comme porte le grec au vers. 8b.

Il faut donc revenir aux preuves critiques proprement dites. S'appuyant sur elles, les auteurs modernes et ceux de la fin du XIXème siècle «se sont divisés en deux camps opposés. Les uns, frappés surtout de l'absence du vers. 7 dans les documents les plus anciens..., et aussi des variantes nombreuses qu'il présente aux premiers moments où l'on constate son existence, le tiennent pour une interpolation qui s'est glissée au 5ème siècle de notre ère dans la Bible latine, en Afrique ou en Espagne. Il serait une formule théologique, énonçant clairement l'unité substantielle des trois personnes divines, qui, de la marge du manuscrit, se serait introduite dans le texte et y aurait obtenu peu à peu droit de présence. Les autres, considérant surtout les témoignages des écrivains catholiques latins, concluent qu'il a toujours existé dans la version latine dont l'Église romaine s'est servie et que le concile de Trente a déclarée authentique, et que, par conséquent, il est original et primitif » (E. Mangenot, dans le Dict. de la Bible de M. Vigouroux, t. 3, col. 1196). Mais, ajoute fort bien l’auteur des lignes que nous venons de citer, on ne peut pas « affirmer avec une certitude absolue que le concile de Trente, en déclarant la Vulgate authentique, ait englobé dans cette authenticité extrinsèque un verset dont il n'a pas été une seule fois question dans les décrets préliminaires, ni que les papes Sixte V et Clément VIII, en présentant à l'Église l'édition officielle de cette Vulgate latine, en aient rendu obligatoire tout le contenu, même dans les passages dogmatiques, puisqu'ils ont reconnu que cette édition n'était pas absolument parfaite. »

Sauf de très rares expressions, les exégètes protestants rejettent l'authenticité du vers. 7, et tous ceux d'entre eux qui ont publié fin XIXème siècle des éditions critiques du Nouveau Testament grec le suppriment. Parmi les catholiques de la fin du XIXème siècle, il y a une tendance à regarder ce passage comme une simple glose. Voyez, sur cette controverse, outre le Dict. de la Bible, l. c., parmi les commentateurs, A. Calmet, Commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament : les lettres cath. et l'Apocalypse, Paris, 1765, p. 49-70 ; Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. 3, p. 1-89; J. P. Martin, Introd. à la critiq. textuelle du Nouveau Testament, Partie pratiq., t. 5 (autographié), Paris, 1866. Mais, comme on l'a dit très justement : 1° le dogme de la Trinité ne dépend pas de ce passage, puisque tout à côté, et ailleurs encore dans la lettre (sans parler des autres textes fort clairs du Nouveau Testament), il est parlé des trois personne divines (comp. Les vers. 5 et 6 ; 2, 20, 22, 23 et 27 ; 3, 23 et 24; 4, 2 et 3, 13 et 14) ; cette preuve même demeure, à titre d'argument de tradition.

Concluons en disant qu'au point de vue de la critique textuelle, l'authenticité du «Comma johannique » ne peut pas être établie ; sous le rapport dogmatique, ce passage contient une vérité très importante, qui est certaine par ailleurs.

Le caractère spécial de la lettre. En vérité, c'est bien une lettre que nous avons ici en face de nous, malgré l'absence d'une adresse au début, des salutations finales habituelles, et en général de tout ce qui caractérise la composition épistolaire. La lettre aux Hébreux ne contient pas non plus d'adresse ni de salutation initiale ; mais elle se termine comme les autres lettres de saint Paul. Tel a été à bon droit le sentiment de tous les commentateurs anciens et de la plupart des commentateurs de la fin du XIXème siècle, puisque l'auteur de l'écrit emploie à diverses reprises la formule « je vous écris », (cf. 1, 4 ; 2, 1, 7, 8, 12, 13) et qu'il a en vue tout du long des lecteurs bien déterminés. Les apostrophes τεϰνία, παιδία (fils, enfants) et ἀγαπητόι (carissimi), fréquemment répétées, en sont une preuve. C'est donc à tort qu'on a regardé parfois cette composition comme une sorte d'homélie, comme une allocution pleine de cœur.

Si le ton demeure général, c'est parce que saint Jean ne s'adresse pas à une chrétienté particulière, mais à un groupe assez considérable d'Églises ; ce fait explique d'une manière suffisante l'absence des éléments personnels et locaux qu'on trouve habituellement dans une lettre. Cet écrit est donc réellement une lettre catholique, une encyclique du disciple bien-aimé.

Comme le quatrième évangile, il se fait admirer tout ensemble par la majesté extraordinaire des concepts et par la simplicité du langage. De plus, saint Jean y parle sans cesse avec une autorité indiscutable : seul un apôtre, et un apôtre avancé en âge, pouvait, en outre, prendre cet accent, qui est en même temps calme et noble, puissant et solennel. L'auteur n'essaie pas d'argumenter, de convaincre ; il se contente d'exposer, et chacune de ses propositions paraît dire : Telle est la vérité, et celui qui vous l'annonce sait que « son témoignage est vrai » (Jean 21, 24).

L'occasion et le but. - Saint Jean a très probablement écrit sa première lettre pour qu'elle accompagnât son évangile en guise de préface et d'introduction. Cette opinion, qui paraît avoir été déjà celle de l'auteur du Canon de Muratori (dans son énumération des livres du Nouveau Testament, après avoir nommé l'évangile selon saint Jean, il mentionne immédiatement la première lettre du même apôtre, bien qu'il ne donne la liste des lettres qu'un peu plus bas. Il montre ainsi que, dans sa pensée, il y a une union étroite entre les deux écrits) et de Clément d'Alexandrie (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25), a réuni dans les temps modernes et fin XIXème un très grand nombre de suffrages. La lettre même semble en attester la vérité. Au chap. 2, 12-14 : « 12 Je vous écris, petits-enfants, parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom. 13 Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin. (Ἔγραψα, à l'aoriste, au lieu du temps présent, γράφω qu'on lit au verset 13) 14 Je vous ai écrit, petits-enfants, parce que vous avez connu le Père. Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le malin.» La triple répétition du verbe Ἔγραψα, « j’ai écrit », venant immédiatement après la répétition semblable de γράφω, «j’écris », ne peut guère se rapporter qu'à l'évangile. L'apôtre veut dire : Petits enfants, pères, jeunes gens, je m'adresse à vous dans cette lettre, comme je l'ai fait dans mon écrit historique. De plus, saint Jean affirme solennellement, dès les premières lignes de la lettre, 1, 1-3, qu'il veut annoncer à ses lecteurs tout ce qu'il a vu et entendu, tout ce qu'il connaît au sujet du Verbe incarné, et pourtant, à partir du verset 5, il demeure muet sur la plupart des détails de la vie de Jésus-Christ. Dans les versets 1-3, il fait donc allusion à son évangile, qu'accompagnait la lettre, et dans lequel il s'est longuement étendu sur la biographie du Sauveur.

L'auteur indique lui-même par deux fois le but direct qu'il se proposait: « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous ; et votre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ ; et nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit parfaite » (1, 3-4). « Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (5, 13).

C'est en réalité un but identique à celui que saint Jean avait en vue en composant son évangile (cf. Jean 20, 31). Le disciple bien-aimé voulait révéler de plus en plus Jésus-Christ à ses lecteurs, afin de leur procurer ainsi la vraie vie, la vie éternelle.

Il avait en même temps un but secondaire, polémique, comme on le voit en plusieurs passages (cf. 2, 18-19, 22 ; 4, 3 ; 5, 10.), dans lesquels il attaque les erreurs des premiers Docètes et de Cérinthe.

Les destinataires, le temps et le lieu de la composition. - La tradition ne nous fournit aucun renseignement certain sur ces trois points ; mais elle nous apprend que saint Jean passa les dernières années de sa vie à Éphèse, où il composa son évangile à la demande des chrétientés d'Asie, vers la fin du premier siècle (voyez notre commentaire du quatrième évangile). D'après l'hypothèse que nous venons d'exposer en parlant de l'occasion de la lettre, c'est à la même date, également à Éphèse et pour les chrétiens de l'Asie proconsulaire, que la lettre fut écrite. Ceux qui n'admettent pas cette hypothèse n'hésitent pas à reconnaître que tels furent vraiment les destinataires de la lettre, le lieu et l'époque de la composition. L'auteur s'exprime à la manière d'un vieillard et c'est à Éphèse qu'il acheva son existence, en relations intimes avec les Églises d'Asie.

Saint Augustin, il est vrai, a créé une difficulté spéciale au sujet des destinataires, en disant que notre lettre fut composée pour les Parthes, c'est-à-dire pour les chrétiens parthes : « lettre aux Parthes » (Quest. evang., 2, 39). Mais ce renseignement, qu'on ne trouve nulle part ailleurs, sinon dans quelques écrivains anciens qui s'appuient sur saint Augustin, comme Bède le Vénérable, etc., provient d'une erreur évidente. Le mot «Parthos» est probablement une corruption du substantif grec παρθέους, vierges, dans un sens large, pour désigner les chrétiens. En effet, la seconde lettre de saint Jean paraît avoir été regardée quelquefois dans l'antiquité comme destinée aux vierges (πρὸς παρθένους). Peut-être ce titre aura-t-il passé aussi à la première lettre ; de là, par suite d'une abréviation, seront venus les mots πρὸς παρθους, dont on aurait fait en latin «aux Parthes». On trouve ces indications dans quelques manuscrits très rares, comme aussi la variante «aux Spartes », qui serait une faute de copiste pour « ad sparsos », aux chrétiens dispersés à travers le monde. Voyez 1 Pierre 1,1, et le commentaire. Quoi qu'il en soit, il est absolument invraisemblable que saint Jean ait eu des rapports avec les Parthes.

Le sujet traité et le plan de la lettre. - Le sujet est très simple en lui-même, puisque la lettre porte autour de quelques idées grandes et larges, qui peuvent se ramener à la foi au Fils de Dieu fait homme, en tant que cette foi est la source du salut, et à la nécessité de la charité fraternelle.

Relativement à l'organisme de la lettre, on a exagéré en deux sens contraires ; les uns, en prétendant qu'on ne saurait trouver dans ces pages la moindre trace d'un plan réel, attendu qu'elles ne contiendraient pas autre chose qu'un certain nombre de réflexions et de conseils, juxtaposés sans aucun ordre continu ; les autres, en les regardant comme une composition très systématique, dans laquelle les pensées seraient arrangées d'après une méthode parfaite. Les nombreuses tentatives qu'on a faites et particulièrement dans le monde exégétique protestant, pour démontrer l'existence de ce plan parfait, sont demeurées sans résultat sérieux ; leur variété est prodigieuse.

La vérité sur ce point consiste à dire qu'il règne un certain ordre dans la lettre, mais que cet ordre n'est pas très rigoureux, la suite des pensées étant loin d'être toujours strictement logique ; il est donc assez difficile de donner une analyse et d'indiquer un plan qui soient bien satisfaisants. L'auteur énonce une grande pensée, qu'il se met à développer, plutôt sous la forme d'une méditation que d'une façon dialectique ; mais bientôt, par, des transitions souvent assez vagues pour le lecteur, il passe à une autre idée, qu'il développe de la même manière ; puis il revient à sa première pensée, pour l'envisager sous un autre aspect. Tantôt il procède par aphorismes, tantôt il s'abandonne à des épanchements paternels. Du moins, l'accord s'est à peu près établi touchant les principaux groupes de pensées.

Nous pouvons adopter la division suivante, qui rendra le commentaire plus facile. La lettre s'ouvre par un petit prélude, 1, 1-4, et se termine par un épilogue de peu d'étendue, 5, 13-21. Le corps de la lettre, 1, 5-5, 12, peut se partager en deux sections, que nous intitulerons, d'après leur idée dominante: Dieu est lumière, 1, 5-2, 29 ; Dieu est amour, 3, 1-5, 12. Deux subdivisions dans la première section : 1° Puisque Dieu est lumière, le chrétien doit vivre lui-même en pleine lumière morale, 1, 5-2, 11 ; 2° Il faut adhérer intimement à Jésus-Christ, et se séparer de tout ce qui peut diminuer la possession de la lumière, 2, 12-29. Trois subdivisions dans la deuxième section : 1° Les enfants de Dieu et leur marque distinctive, 3, 1-25 ; 2° Les faux docteurs ; l'amour de Dieu et du prochain, 4, 1-21 ; 3° La foi en Jésus-Christ et ses heureux résultats, 5, 1-12.







1ère lettre de saint Jean



1 Jean 1. 1 Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, 2 car la Vie a été manifestée, et nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage et nous vous annonçons la Vie éternelle, qui était dans le sein du Père et qui nous a été manifestée 3 ce que nous avons vu et entendu, nous nous l'annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. 4 Et nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit complète. 5 Le message qu'il nous a fait entendre et que nous vous annonçons à notre tour, c'est que Dieu est lumière et qu'il n'y a pas en lui de ténèbres. 6 Si nous disons que nous sommes en communion avec lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité. 7 Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus[-Christ], son Fils, nous purifie de tout péché. 8 Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. 9 Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. 10 Si nous disons que nous sommes sans péché, nous le faisons menteur et sa parole n'est pas en nous.


1 Jean 2. 1 Mes petits-enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez pas. Et si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. 2 Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier. 3 Et voici par quoi nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. 4 Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements, est un menteur et la vérité n'est pas en lui. 5 Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui véritablement que l'amour de Dieu est parfait, par là nous connaissons que nous sommes en lui. 6 Celui qui dit demeurer en lui doit lui aussi marcher comme il a marché lui-même. 7 Mes bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, c'est un commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement, ce commandement ancien, c'est la parole que vous avez entendue. 8 D'un autre côté, c'est un commandement nouveau que je vous écris, lequel s'est vérifié en Jésus-Christ et en vous, car les ténèbres se dissipent et déjà brille la véritable lumière. 9 Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres. 10 Celui qui aime son frère, demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucun sujet de chute. 11 Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres. Il marche dans les ténèbres, sans savoir où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. 12 Je vous écris, petits-enfants, parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom. 13 Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin. 14 Je vous ai écrit, petits-enfants, parce que vous avez connu le Père. Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le malin. 15 N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui. 16 Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l'orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde. 17 Le monde passe et sa concupiscence aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. 18 Mes petits-enfants, c'est la dernière heure. Comme vous avez appris que l'antéchrist doit venir, aussi y a-t-il maintenant plusieurs antéchrists : par là nous connaissons que c'est la dernière heure. 19 Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres, car s'ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais ils en sont sortis, afin qu'il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres. 20 Pour vous, c'est du Saint que vous avez reçu l'onction et vous connaissez tout. 21 Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et que vous savez qu'aucun mensonge ne vient de la vérité. 22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ. Celui-là est l'antéchrist, qui nie le Père et le Fils. 23 Quiconque nie le Fils, n'a pas non plus le Père, celui qui confesse le Fils, a aussi le Père. 24 Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurez aussi dans le Fils et dans le Père. 25 Et la promesse que lui-même nous a faite, c'est la vie éternelle. 26 Voilà ce que j'avais à vous écrire sur ceux qui vous séduisent. 27 Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous et vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne, mais comme son onction vous enseigne sur toute chose, cet enseignement est véritable et n'est pas un mensonge, et selon qu'elle vous a enseignés, demeurez en lui. 28 Et maintenant, mes petits-enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas, à son avènement, rejetés loin de lui avec confusion. 29 Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui.



1 Jean 3. 1 Voyez quel amour le Père nous a témoigné, que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu. 2 Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons un jour n'a pas encore été manifesté, mais nous savons qu'au temps de cette manifestation, nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu'il est. 3 Quiconque a cette espérance en lui, se rend pur, comme lui-même est pur. 4 Quiconque commet le péché transgresse la loi et le péché est la transgression de la loi. 5 Or vous savez que Jésus a paru pour ôter les péchés et que le péché n'est pas en lui. 6 Quiconque demeure en lui ne pèche pas, quiconque pèche, ne l'a pas vu et ne l'a pas connu. 7 Petits enfants, que personne ne vous séduise. Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste. 8 Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement. C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu a paru. 9 Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui et il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu. 10 C'est à cela que l'on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants du diable. Quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, non plus que celui qui n'aime pas son frère. 11 Car le message que vous avez entendu dès le commencement, c'est que nous nous aimions les uns les autres, 12 non pas comme Caïn, qui était du malin et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes. 13 Ne vous étonnez pas, mes frères, si le monde vous hait. 14 Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. 15 Quiconque hait son frère est un meurtrier et vous savez qu'aucun meurtrier n'a la vie éternelle demeurant en lui. 16 A ceci nous avons connu l'amour, c'est que Lui a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. 17 Si quelqu'un possède les biens de ce monde et que, voyant son frère dans la nécessité, il leur ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ? 18 Mes petits-enfants, n'aimons pas de parole et de langue mais en action et en vérité. 19 Par là nous connaissons que nous sommes de la vérité, et nous pouvons rassurer nos cœurs devant Dieu, 20 Car si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses. 21 Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous pouvons nous adresser à Dieu avec assurance. 22 Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. 23 Et son commandement est que nous croyions au nom de son Fils, Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous en a donné le commandement. 24 Celui qui garde ses commandements, demeure en Dieu et Dieu en lui et nous connaissons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il nous a donné.



1 Jean 4. 1 Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais voyez par l'épreuve si les esprits sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. 2 Vous reconnaîtrez à ceci l'esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu, 3 et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n'est pas de Dieu : c'est celui de l'antéchrist, dont on vous a annoncé la venue et qui maintenant est déjà dans le monde. 4 Vous, mes petits-enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. 5 Eux, ils sont du monde, c'est pourquoi ils parlent le langage du monde et le monde les écoute. 6 Mais nous, nous sommes de Dieu, celui qui connaît Dieu nous écoute, celui qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas : c'est par là que nous connaissons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur. 7 Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. 8 Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. 9 Il a manifesté son amour pour nous en envoyant son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. 10 Et cet amour consiste en ce que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés. 11 Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. 12 Personne n'a jamais vu Dieu mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. 13 Nous connaissons que nous demeurons en lui et qu'il demeure en nous, en ce qu'il nous donne de son Esprit. 14 Et nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père nous a envoyé le Fils comme Sauveur du monde. 15 Celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. 16 Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. 17 La perfection de l'amour en nous, c'est que nous ayons une confiance assurée au jour du jugement, car tel est Jésus-Christ, tels nous sommes aussi dans ce monde. 18 Il n'y a pas de crainte dans l'amour mais l'amour parfait bannit la crainte, car la crainte suppose un châtiment, celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour. 19 Nous donc, aimons Dieu puisque Dieu nous a aimés le premier. 20 Si quelqu'un dit : "J'aime Dieu" et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur, comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ? 21 Et nous avons reçu de lui ce commandement : "Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère."



1 Jean 5. 1 Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu et quiconque aime celui qui l'a engendré, aime aussi celui qui est né de lui. 2 A cette marque nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, si nous aimons Dieu et si nous observons ses commandements. 3 Car c'est aimer Dieu que de garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles 4 parce que tout ce qui est né de Dieu remporte la victoire sur le monde et la victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi. 5 Qui est celui qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? 6 C'est ce même Jésus-Christ qui est venu par l'eau et par le sang, non avec l'eau seulement, mais avec l'eau et avec le sang. Et c'est l'Esprit qui rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité. 7 Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit et ces trois sont un. 8 Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l'Esprit, l'eau et le sang et ces trois sont d'accord. 9 Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand et c'est bien là le témoignage de Dieu, qui a rendu témoignage à son Fils. 10 Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage (de Dieu) en lui-même, celui qui ne croit pas Dieu, le fait menteur, puisqu'il n'a pas cru au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. 11 Et voici ce témoignage, c'est que, Dieu nous a donne la vie éternelle et que cette vie est dans son Fils. 12 Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. 13 Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. 14 Et nous avons auprès de Dieu cette pleine confiance, que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. 15 Et si nous savons qu'il nous écoute, quoique nous lui demandions, nous savons que nous obtenons ce que nous avons demandé. 16 Si quelqu'un voit son frère commettre un péché qui ne va pas à la mort, qu'il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère, [à tous ceux dont le péché ne va pas à la mort]. Il y a tel péché qui va à la mort, ce n'est pas pour ce péché-là que je dis de prier. 17 Toute iniquité est un péché et il y a tel péché qui ne va pas à la mort. 18 Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même et le malin ne le touche pas. 19 Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier est plongé dans le mal. 20 Mais nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné l'intelligence pour connaître le vrai Dieu et nous sommes en ce vrai Dieu, étant en son Fils Jésus-Christ. C'est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle. 21 Mes petits-enfants, gardez-vous des idoles.





Notes sur la 1ère lettre de saint Jean


1.5 Voir Jean, 8, 12.

1.7 Voir Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 1, 19 ; Apocalypse, 1, 5.

1.8 Voir 1 Rois, 8, 46 ; 2 Chroniques, 6, 36 ; Proverbes, 20, 9 ; Ecclésiaste, 7, 21.

1.10 Nous le faisons menteur ; puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Écriture nous enseigne, savoir que nul n’est sans péché. Voir, en effet, Psaumes, 115, 11 ; Job, 14, 4 ; Proverbes, 24, 16 ; Ecclésiaste, 7, 21.

2.1 Le Juste. Le titre de Juste par excellence est donné à Jésus-Christ dans plusieurs passages de l’Écriture.

2.7-8 Le commandement d’aimer le prochain est aussi ancien que le monde, c’est une loi de la nature même ; mais il est devenu un commandement nouveau par la perfection que Jésus-Christ y a attachée.

2.8 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

2.10 Voir 1 Jean, 3, 14.

2.13 Le malin, le démon.

2.18 Il y a maintenant plusieurs Antéchrists, c’est-à-dire de pécheurs et d’hérétiques. Les hérétiques sont appelés antéchrists parce qu’ils sont les précurseurs de l’Antéchrist (voir 2 Thessaloniciens, 2, 4).

2.19 Ils n’étaient pas des nôtres, parce qu’ils n’étaient pas sincèrement chrétiens. Chrétiens seulement par le baptême, infidèles par la perversité de leur doctrine et de leur conduite.

2.20 Du Saint. Les prophètes ont appelé Jésus-Christ le Saint par excellence ; plusieurs écrivains sacrés lui ont donné le nom de Juste, notamment saint Jean dans cette même lettre (voir verset 1). Saint Pierre réunit ces deux titres dans un de ses discours (voir Actes des Apôtres, 3, 14). ― Les vrais enfants de l’Église, participant à l’onction de l’Esprit-Saint, y trouvent toutes les connaissances, toute l’instruction nécessaire, sans avoir besoin de les chercher ailleurs.

3.5 Voir Isaïe, 53, 9 ; 1 Pierre, 2, 22.

3.6 Ne pèche pas ; c’est-à-dire qu’il ne tombe pas dans des péchés graves, qu’il ne se laisse pas aller au crime ; s’il commet quelque faute par fragilité, il a soin de les expier par la pénitence.

3.8 Voir Jean, 8, 44. a paru dans le monde, est venu dans le monde.

3.11 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

3.12 Voir Genèse, 4, 8. ― Du malin, du démon. ― Caïn… tua son frère Abel.

3.14 Voir Lévitique, 19,17 ; 1 Jean, 2, 10.

3.16 Voir Jean, 15, 13.

3.17 Voir Luc, 3, 11 ; Jacques, 2, 15.

3.22 Voir Matthieu 21, 22.

3.23 Voir Jean, 6, 29 ; 13, 34 ; 15, 12 ; 17, 3.

4.1 voyez par l'épreuve si les esprits sont de Dieu, par exemple, examinez si leur doctrine est conforme à la foi catholique, à l’enseignement de l’Église.

4.2 Tout esprit, etc. Ce n’est pas dire que la confession de ce point de foi seul soit dans tous les temps et dans tous les cas suffisante ; mais cela se rapporte à ce temps-là et à cette partie de la doctrine chrétienne qu’on devait particulièrement alors confesser, enseigner et maintenir contre les hérétiques qui avaient paru ; c’était la meilleure marque à laquelle on pût distinguer les vrais des faux docteurs.

4.3 Qui ne confesse pas ce Jésus, soit en niant sa nature humaine, ou sa divinité, soit en niant qu’il soit le Messie promis et envoyé de Dieu.

4.5 Voir Jean, 8, 47.

4.9 Voir Jean, 3, 16.

4.12 Voir Jean, 1, 18 ; 1 Timothée, 6, 16.

4.17 car tel est Jésus-Christ. Jésus-Christ étant saint et sans tache, nous devons, nous aussi, nous maintenir dans ce monde purs de toute tache du péché.

4.18 La charité parfaite, ou l’amour, chasse la crainte des hommes, comme aussi toute inquiétude qui nous porte à douter de la miséricorde de Dieu, et cette crainte servile qui nous fait appréhender la punition du péché plutôt que de l’offense de Dieu. Mais elle n’exclut pas la crainte salutaire des jugements de Dieu, si souvent recommandée dans les Livres bibliques, pas plus que cette crainte et ce tremblement avec lesquels saint Paul (voir Philippiens, 2, 12) nous recommande d’opérer notre salut. La crainte servile, qui se résoud dans l’égoïsme ou l’amour de soi, n’a rien de commun avec la charité ; à mesure que l’une s’accroît, dit saint Augustin, l’autre diminue, et quand l’amour est arrivé à sa perfection, il n’y a plus, dans l’âme où il règne, de place pour la crainte servile. Cette crainte, loin d’échapper au châtiment qu’elle redoute, l’a déjà, elle le porte en quelque sorte en elle-même. Ajoutons que saint Jean décrit ici un état idéal, que les âmes les plus saintes peuvent bien entrevoir, auquel elles peuvent même toucher un moment, mais où elles ne sauraient, dans ce monde de péché, s’établir d’une manière définitive. En plaçant sous nos yeux ce but magnifique, il ne veut qu’une chose, nous animer à servir Dieu par le motif le plus élevé et le plus doux. Seule la crainte servilement servile est mauvaise, la crainte servile est le commencement de la Sagesse, cf. Dictionnaire de Théologie Catholique et Dictionnaire de Spiritualité, à l’article « Crainte ».

4.21 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12 ; Éphésiens, 5, 2.

5.4 Tout ce qui est né de Dieu, Romains 11, 32.

5.5 Voir 1 Corinthiens, 15, 57.

5.10 Voir Jean, 3, 36.

5.16 Qui ne va pas à la mort, qui ne conduit pas à l’impénitence finale, laquelle cause à l’âme la mort éternelle. Ce n’est pas, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour ceux qui commettent un tel péché ; car il n’y a pas de péché absolument irrémissible, mais il n’ose donner aux fidèles la confiance d’être exaucés pour celui-ci, confiance qu’il leur a inspirée à l’égard de tous les autres. ― Le péché qui va à la mort, qui entraîne la mort spirituelle, qui rompt toute communion de vie avec le Fils de Dieu, c’est l’apostasie ou l’endurcissement. ― Ce n’est pas pour ce péché-là, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour les apostats ; il ne dit pas non plus que ces prières ne seraient jamais exaucées. Mais il fait observer que la recommandation qui précède concerne d’autres pécheurs, et il insinue que la prière pour les apostats obtiendrait plus difficilement son effet, sans doute à cause de l’endurcissement de ceux pour qui elle serait faite.

5.20 Voir Luc, 24, 45.




























2ème Lettre de saint Jean



Introduction


La question de l'authenticité ne peut évidemment pas être tranchée d'une manière aussi simple et aussi aisée que pour la première lettre, car ces deux écrits sont tellement courts et si peu dogmatiques, qu'on ne saurait s'attendre à les voir souvent cités par les anciens auteurs. Ils ont même été, d'assez bonne heure et pendant deux ou trois siècles, l'objet de doutes réitérés, plusieurs refusant de les regarder comme l'œuvre de l'apôtre saint Jean et de leur attribuer une valeur canonique, ainsi que nous l'apprenons par Origène (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25, 10), par Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 3, 25, 2), qui la range parmi les ἀντιλεγόμενα, et par saint Jérôme (De Viris ill., 9, 18). Ces deux derniers auteurs ajoutent que le doute ou l'hésitation provenait souvent de la distinction qu'on établissait, dès cette époque reculée, entre l'apôtre Jean et le prêtre Jean : les deux lettres n'auraient pas été composées par l'apôtre, mais par le prêtre, son homonyme. Distinction sans base sérieuse, comme on le reconnaît aujourd'hui de plus en plus, non moins parmi les critiques protestants que parmi les catholiques. Mais, dans les temps anciens, l'authenticité de 2 Jean et de 3 Jean a trouvé beaucoup plus de partisans que d'adversaires. Papias, dans le passage même où il semble favoriser l'existence du prêtre Jean (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 39, 3. Comp. 3 Jean 12), saint Polycarpe (Ad Phil., 7, 1 ; comp. 2 Jean 7) et saint Ignace (Ad Smyrn., 4, 1 ; cf. 2 Jean 10) leur font des emprunts. Si la première version syriaque n'a pas accueilli ces deux lettres (ce qui n'a pas empêché saint Ephrem de croire à leur authenticité), l'Itala les contient l'une et l'autre. D'après le sentiment le plus probable, le Canon de Muratori leur rend témoignage : en effet, après avoir signalé la première lettre de saint Jean aussitôt après le quatrième évangile, il ajoute, quelques lignes plus bas : «les deux lettres qui ont saint Jean pour auteur sont considérées comme catholiques») ; or, d'après le contexte, ces deux lettres ne peuvent être que la seconde et la troisième. Saint Irénée (Adv. hær., l, 16, 3 et 3, 16, 8) cite le vers. 11 et les vers. 7-8 de la seconde lettre, qu'il dit en propres termes avoir été composée par l'apôtre saint Jean. Clément d'Alexandrie (Stromates, 2, 15, 66 et 6, 14, 1. Voyez aussi Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14,1) et Denys d'Alexandrie (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25, 11) sont aussi très expressément favorables à l'authenticité. Saint Cyprien, dans son récit de ce qui s'était passé au concile de Carthage, en 256, mentionne qu'un évêque nommé Aurélien cita 2 Jean 10 et 11, avec cette formule d'introduction : «Jean l'apôtre a dit dans sa lettre.» Enfin, si Eusèbe et saint Jérôme paraissent, à première vue, avoir partagé quelque peu les doutes qu'ils signalent, on voit, par d'autres passages de leurs écrits, qu'ils regardaient en réalité ces deux petites lettres comme authentiques (voyez Eusèbe, Demonstration Evangélique, 3, 5, et saint Jérôme, Ep. 146, ad Evagr.).

Ici encore, la preuve intrinsèque confirme singulièrement celle des témoignages transmis par l'antiquité, tant la ressemblance des pensées et du style est grande entre 2 et 3 Jean d'une part, le quatrième évangile et 1 Jean d'autre part. La seconde et la troisième lettre ont en commun, avec ces deux autres compositions plus considérables de saint Jean, de nombreux concepts et de nombreuses expressions (comp. 2 Jean 5, avec Jean 13, 34 et 1 Jean 2, 7 ; 2 Jean 7, avec 1 Jean 4, 1-3 ; 2 Jean 9, avec 1 Jean 2, 23 ; 2 Jean 12b, avec 1 Jean 1, 4 ; 3 Jean 11, avec 1 Jean 3, 6 ; 3 Jean 12, avec Jean 21, 24, etc.) ; notamment les formules « être de Dieu, avoir Dieu le Père, vrai Dieu, avoir le Fils, connaître la vérité, marcher dans la vérité, marcher dans l'amour, une joie complète, » etc., les mots διαθήϰη (commandement), ἀληθεία (vérité), μαρτυρεῖν (témoigner), μένειν (demeurer), etc. Les versets 10 et11 de 2 Jean rappellent bien le « fils du tonnerre » ; de même 3 Jean 9-10. Ce qui n'empêche pas les deux petites lettres d'avoir leurs particularités de diction (par exemple les verbes ὑπολαμϐάνειν, φιλοπρωτεύειν, φλυαρεῖν, etc.), comme toutes les autres parties du Nouveau Testament.

On a objecté parfois contre l'authenticité le titre πρεσϐύτερος (en phonétique : presbutéros), que prend l'auteur au début des deux lettres ; mais « ce titre garantit plutôt une origine apostolique », car il marque, à lui seul, une autorité très grande et très paternelle, telle qu'était celle de saint Jean. On en conçoit aisément l'origine. Les disciples de l'apôtre en Asie se mirent à l'appeler familièrement et respectueusement « l'ancien » par excellence, à cause de son grand âge et du caractère patriarcal de son gouvernement ; et ce nom devint peu à peu d'un usage si fréquent, que saint Jean l'employait lui-même pour se désigner, de même qu'il prend dans son évangile le titre de disciple bien-aimé, sous lequel il est aisé de le reconnaître. En tout cas, un faussaire n'aurait jamais songé à se nommer ainsi.

Les destinataires et le but des deux lettres. - La seconde lettre de Jean est adressée « à la dame élue, et à ses fils » (dans le grec : Ἐϰλεϰτῇ ϰυρίᾳ ϰαὶ τοῖς τέϰνοις αὐτῆς). On discute depuis de longs siècles pour savoir si les mots « dame élue » représentent au propre une chrétienne isolée, mère de famille, ou bien, au figuré, une Église particulière. Il n'est pas possible de donner une solution certaine de ce problème exégétique ; néanmoins, la première opinion (c'était celle d'Estius, de Cornelius a Lapide, etc. Elle est adoptée par les exégètes catholiques A. Maier, F. Kaulen, H. Poggel, etc.) trouve actuellement beaucoup moins de partisans que la seconde. A bon droit, ce semble. En effet, il est moralement certain qu'il ne faut regarder ni « élue » ni « dame » comme un nom propre (voyez le commentaire) ; l'adjectif ἐϰλεϰτὴ est synonyme de chrétienne, comme dans 1 Pierre 1, 1 et ailleurs, et le substantif ϰύρια est une expression honorifique, qui équivaut à notre titre de dame. Si donc l'apôtre a réellement écrit à une femme chrétienne, pourquoi l'a-t-il désignée par une formule générale, et pas par son nom personnel ? De plus, la composition, par son caractère plutôt général qu'individuel (notez en particulier l'usage alternatif du singulier et du pluriel, spécialement du pluriel. Le trait « je trouve au sujet de tes fils » , au verset 4, est difficile aussi à expliquer d'après la première hypothèse ; car comment supposer que la dame en question aura eu des fils tout à la fois dans la vérité et dans l'erreur ?), paraît moins convenir à une veuve chrétienne et à sa famille qu'à toute une Église locale. Si « élue » est un nom propre, il faudrait, d'après le vers. 14, en conclure que, dans une même famille, deux sœurs auraient reçu simultanément cette dénomination très rare.

Il est donc mieux de penser que la seconde lettre fut composée pour une chrétienté de l'Asie proconsulaire, que saint Jean nomme métaphoriquement «la dame élue », parce qu'elle avait été élue par le Seigneur (ϰύριος, « Seigneur »), pour être son épouse mystique (cf. Apoc. 21, 9, où l'Église entière reçoit le nom analogue de νύμφη, épouse) ; les enfants de cette mère ne sont autres que les divers membres de l'Église en question. Le passage 1 Pierre 5, 13 (voyez le commentaire) nous présente un cas analogue : le prince des apôtres y envoie à ceux qu'il a nommés précédemment (1, 1) les élus, les salutations de celle qui a été « co-élue » à Babylone, c'est-à-dire à Rome. De même qu'il s'agit d'une Église dans la lettre de saint Pierre, de même dans la seconde lettre de saint Jean ; de part et d'autre les destinataires reçoivent des salutations affectueuses d'une autre Église avec laquelle ils étaient en rapports intimes. Telle était déjà l'opinion de saint Jérôme (lettre 82, ad Ager., 12).

Dans sa seconde lettre, l'apôtre a pour but de recommander la pratique de la charité fraternelle (voyez le verset 5) et la persévérance dans la vraie foi (verset 6), particulièrement en ce qui concerne l'incarnation du Christ (versets 7-9). Comme divers hérétiques, surtout les Docètes et les Cérinthiens, niaient la réalité de ce dogme capital, saint Jean invite les fidèles à rompre toute relation particulière avec eux, afin de n'avoir part en aucune manière à leur culpabilité (verset 10).

Le temps et le lieu de la composition ne peuvent être déterminés que d'une manière approximative, les renseignements soit extrinsèques, soit intrinsèques, nous faisant défaut. Tout porte à croire, cependant, que saint Jean composa ces deux lettres à Éphèse, et durant la dernière période de sa vie, c'est-à-dire, vers la fin du 1er siècle de notre ère. C'est l'opinion assez générale des commentateurs qu'elles forment la partie la plus récente de tout le Nouveau Testament.

4° Le plan est facile à déterminer. Dans la seconde lettre, après l'adresse et la salutation initiale, versets 1-3, nous trouvons le corps de l'écrit, versets 4-11, qui contient, après un aimable compliment (verset 4), une exhortation à la charité fraternelle et à l'obéissance (versets 5-6), quelques graves avertissements contre les hérétiques (versets 7 - 9) et un ordre relatif à la conduite qu'on devait tenir à leur égard (versets 10-11). Vient ensuite l'épilogue ordinaire, versets 14-15.

















































2ème Lettre de saint Jean


2 Jean. 1 Moi l'Ancien à l'élue Kyria et à ses enfants que j'aime dans la vérité, non pas moi seulement, mais aussi tous ceux qui ont connu la vérité 2 en considération de la vérité qui demeure en nous et qui sera éternellement avec nous. 3 La grâce, la miséricorde et la paix soient avec vous de la part de Dieu le Père et de la part de Jésus-Christ, le Fils du Père, dans la vérité et la charité. 4 J'ai eu bien de la joie de rencontrer de tes enfants qui marchent dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père. 5 Et maintenant je te le demande, Kyria, non comme si je te prescrivais un commandement nouveau, car c'est celui que nous avons reçu dès le commencement, aimons-nous les uns les autres. 6 L'amour consiste à marcher selon ses commandements et, c'est là son commandement, comme vous l'avez appris dès le commencement, de marcher dans la charité. 7 Car plusieurs séducteurs ont paru dans le monde, ils ne confessent pas Jésus comme Christ venu en chair : c'est là le séducteur et l'antéchrist. 8 Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. 9 Quiconque va au-delà et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, ne possède pas Dieu. Celui qui demeure dans cette doctrine possède le Père et le Fils. 10 Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas 11 car celui qui le salue, participe à ses œuvres mauvaises. 12 Quoique j'eusse beaucoup de choses à vous écrire, je n'ai pas voulu le faire avec le papier et l'encre, mais j'espère aller chez vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit parfaite. 13 Les enfants de ta sœur l'élue te saluent.


Notes sur la 2ème Lettre de saint Jean


1.1 A la dame Electe. L'Ancien , saint Jean qui était avancé en âge. Le mot grec presbyteros, employé ici par saint Jean, indique d’ailleurs tout à fait la fois sa dignité épiscopale et son âge, le titre d’Ancien était réservé aux chefs de communauté : les évêques, successeurs des douze apôtres.

1.4 qui marchent dans la vérité, qui observent les dix commandements, cf. 1 Jean, 1, 6-7 ; Ephésiens, 5, 2.

1.5 Voir Jean, 13, 34 ; 15, 12.

1.9 Quiconque va au-delà, en tombant dans le jeux des pures spéculations, cf. Tite, 3, 9 ; 2 Timothée, 2, 16.





























3ème Lettre de saint Jean



Introduction


La question de l'authenticité ne peut évidemment pas être tranchée d'une manière aussi simple et aussi aisée que pour la première lettre de saint Jean, car ces deux écrits de saint Jean sont tellement courts et si peu dogmatiques, qu'on ne saurait s'attendre à les voir souvent cités par les anciens auteurs. Ils ont même été, d'assez bonne heure et pendant deux ou trois siècles, l'objet de doutes réitérés, plusieurs refusant de les regarder comme l'œuvre de l'apôtre saint Jean et de leur attribuer une valeur canonique, ainsi que nous l'apprenons par Origène (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25, 10), par Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 3, 25, 2), qui la range parmi les ἀντιλεγόμενα, et par saint Jérôme (De Viris ill., 9, 18). Ces deux derniers auteurs ajoutent que le doute ou l'hésitation provenait souvent de la distinction qu'on établissait, dès cette époque reculée, entre l'apôtre Jean et le prêtre Jean : les deux lettres n'auraient pas été composées par l'apôtre, mais par le prêtre, son homonyme. Distinction sans base sérieuse, comme on le reconnaît aujourd'hui de plus en plus, non moins parmi les critiques protestants que parmi les catholiques. Mais, dans les temps anciens, l'authenticité de 2 Jean et de 3 Jean a trouvé beaucoup plus de partisans que d'adversaires. Papias, dans le passage même où il semble favoriser l'existence du prêtre Jean (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 39, 3. Comp. 3 Jean 12), saint Polycarpe (Ad Phil., 7, 1 ; comp. 2 Jean 7) et saint Ignace (Ad Smyrn., 4, 1 ; cf. 2 Jean 10) leur font des emprunts. Si la première version syriaque n'a pas accueilli ces deux lettres (ce qui n'a pas empêché saint Ephrem de croire à leur authenticité), l'Itala les contient l'une et l'autre. D'après le sentiment le plus probable, le Canon de Muratori leur rend témoignage : en effet, après avoir signalé la première lettre de saint Jean aussitôt après le quatrième évangile, il ajoute, quelques lignes plus bas : «les deux lettres qui ont saint Jean pour auteur sont considérées comme catholiques») ; or, d'après le contexte, ces deux lettres ne peuvent être que la seconde et la troisième. Saint Irénée (Adv. hær., l, 16, 3 et 3, 16, 8) cite le vers. 11 et les vers. 7-8 de la seconde lettre, qu'il dit en propres termes avoir été composée par l'apôtre saint Jean. Clément d'Alexandrie (Stromates, 2, 15, 66 et 6, 14, 1. Voyez aussi Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14,1) et Denys d'Alexandrie (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 7, 25, 11) sont aussi très expressément favorables à l'authenticité. Saint Cyprien, dans son récit de ce qui s'était passé au concile de Carthage, en 256, mentionne qu'un évêque nommé Aurélien cita 2 Jean 10 et 11, avec cette formule d'introduction : «Jean l'apôtre a dit dans sa lettre.» Enfin, si Eusèbe et saint Jérôme paraissent, à première vue, avoir partagé quelque peu les doutes qu'ils signalent, on voit, par d'autres passages de leurs écrits, qu'ils regardaient en réalité ces deux petites lettres comme authentiques (voyez Eusèbe, Demonstration Evangélique, 3, 5, et saint Jérôme, Ep. 146, ad Evagr.).

Ici encore, la preuve intrinsèque confirme singulièrement celle des témoignages transmis par l'antiquité, tant la ressemblance des pensées et du style est grande entre 2 et 3 Jean d'une part, le quatrième évangile et 1 Jean d'autre part. La seconde et la troisième lettre ont en commun, avec ces deux autres compositions plus considérables de saint Jean, de nombreux concepts et de nombreuses expressions (comp. 2 Jean 5, avec Jean 13, 34 et 1 Jean 2, 7 ; 2 Jean 7, avec 1 Jean 4, 1-3 ; 2 Jean 9, avec 1 Jean 2, 23 ; 2 Jean 12b, avec 1 Jean 1, 4 ; 3 Jean 11, avec 1 Jean 3, 6 ; 3 Jean 12, avec Jean 21, 24, etc.) ; notamment les formules « être de Dieu, avoir Dieu le Père, vrai Dieu, avoir le Fils, connaître la vérité, marcher dans la vérité, marcher dans l'amour, une joie complète, » etc., les mots διαθήϰη (commandement), ἀληθεία (vérité), μαρτυρεῖν (témoigner), μένειν (demeurer), etc. Les versets 10 et11 de 2 Jean rappellent bien le « fils du tonnerre » ; de même 3 Jean 9-10. Ce qui n'empêche pas les deux petites lettres d'avoir leurs particularités de diction (par exemple les verbes ὑπολαμϐάνειν, φιλοπρωτεύειν, φλυαρεῖν, etc.), comme toutes les autres parties du Nouveau Testament.

On a objecté parfois contre l'authenticité le titre πρεσϐύτερος (en phonétique : presbutéros), que prend l'auteur au début des deux lettres ; mais « ce titre garantit plutôt une origine apostolique », car il marque, à lui seul, une autorité très grande et très paternelle, telle qu'était celle de saint Jean. On en conçoit aisément l'origine. Les disciples de l'apôtre en Asie se mirent à l'appeler familièrement et respectueusement « l'ancien » par excellence, à cause de son grand âge et du caractère patriarcal de son gouvernement ; et ce nom devint peu à peu d'un usage si fréquent, que saint Jean l'employait lui-même pour se désigner, de même qu'il prend dans son évangile le titre de disciple bien-aimé, sous lequel il est aisé de le reconnaître. En tout cas, un faussaire n'aurait jamais songé à se nommer ainsi.

Les destinataires et le but de la lettre. -

La Troisième Lettre est adressée à un fervent chrétien nommé Gaïus (voyez le verset 1 et les notes), membre d'une chrétienté assez éloignée de la ville où saint Jean était alors domicilié. Naguère, cet homme généreux avait accordé l'hospitalité à plusieurs missionnaires qui traversaient le lieu de sa résidence (versets 3, 5), et ceux-ci, revenus auprès de l'apôtre, avaient fait solennellement l'éloge de leur hôte devant toute l'Église (verset 6). Comme ils allaient partir pour prêcher de nouveau l'évangile et qu'ils devaient revoir Gaïus (versets 6b-7), saint Jean les chargea de lui porter cette lettre. En la composant, l'apôtre se proposait donc tout d'abord de remercier Gaïus et de l'encourager à bien accueillir toujours les missionnaires du Christ. Mais en outre, comme Diotréphès, l'évêque de l'Église à laquelle appartenait Gaïus, ne reconnaissait pas l'autorité suprême de Jean, et refusait de recevoir ceux qui étaient en communion avec lui, l'auteur avait pour but de blâmer avec force cet évêque arrogant et intolérant, et de le menacer d'une dénonciation prochaine de sa conduite devant son propre troupeau (voyez les versets 9-10).

Le temps et le lieu de la composition ne peuvent être déterminés que d'une manière approximative, les renseignements soit extrinsèques, soit intrinsèques, nous faisant défaut. Tout porte à croire, cependant, que saint Jean composa ces deux lettres à Éphèse, et durant la dernière période de sa vie, c'est-à-dire, vers la fin du 1er siècle de notre ère. C'est l'opinion assez générale des commentateurs qu'elles forment la partie la plus récente de tout le Nouveau Testament.

4° Le plan est facile à déterminer.

La Troisième Lettre se divise ainsi : l'adresse et la salutation habituelles, versets 1-2 ; le corps de l'écrit, versets 3-12 ; l'épilogue, versets 13-14. Trois pensées principales dans le corps de la lettre : éloge de la conduite chrétienne et de l'hospitalité de Gaïus (versets 3-8) ; reproches sévères pour Diotréphès (versets 9-11) ; félicitations pour un chrétien ou un prêtre zélé, nommé Démétrius (verset 12).




3ème Lettre de saint Jean



3 Jean. 1 Moi l'Ancien, à Gaïus, le bien-aimé que j'aime dans la vérité. 2 Bien-aimé, je prie pour qu’en toutes choses tu ailles bien et que tu sois en bonne santé, comme c’est déjà le cas pour ton âme. 3 J'ai eu bien de la joie lorsque des frères sont arrivés et ont rendu témoignage de ta vérité, je veux dire de la manière dont tu marches dans la vérité. 4 Je n'ai pas de plus grande joie que d'apprendre que mes enfants marchent dans la vérité. 5 Bien-aimé, tu agis fidèlement dans tout ce que tu fais pour les frères et particulièrement pour des frères étrangers. 6 Aussi ont-ils rendu témoignage de ta charité en présence de l’église. Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d'une manière digne de Dieu 7 car c'est pour son nom qu'ils sont partis sans rien recevoir des païens. 8 Nous devons soutenir de tels hommes afin de travailler avec eux pour la vérité. 9 J'ai écrit à l’église mais Diotréphès, qui aime à y tenir le premier rang, ne nous reçoit pas. 10 C'est pourquoi quand je viendrai je lui mettrai devant les yeux les actes qu'il fait et les propos malveillants qu'il tient contre nous. Et non content de cela, il refuse lui-même d'accueillir les frères et il empêche ceux qui voudraient les recevoir et les chasse de l'église. 11 Bien-aimé, n'imite pas le mal mais imite le bien. Celui qui fait le bien est de Dieu. Celui qui fait le mal n'a pas vu Dieu. 12 Tout le monde et la vérité elle-même, rendent un bon témoignage à Démétrius. Nous le lui rendons aussi et tu sais que notre témoignage est vrai. 13 J'aurais beaucoup de choses à t'écrire mais je ne veux pas le faire avec l'encre et la plume. 14 J'espère te voir bientôt et nous nous entretiendrons de vive voix. La paix soit avec toi. Nos amis te saluent. Salue nos amis chacun en particulie


Notes sur la 3ème Lettre de saint Jean


1.1 Voir 2 Jean, 1, 1.

1.6 Cf. Actes des Apôtres, 15, 3 ; Romains, 15, 24. Digne de Dieu ; comme si tu le faisais pour Dieu lui-même, ce qui semble être une allusion à ce qu’enseigne Jésus-Christ dans l’Évangile (voir Matthieu 25, 35), qu’il faut le recevoir et le servir dans la personne des étrangers. Selon d’autres : Comme si Dieu, proportion gardée, la faisait lui-même ; c’est-à-dire le mieux possible.

1.9 Diotréphès, d’après qui est dit dans ce passage, était un homme influent, mais d’ailleurs inconnu, dans la partie de l’Asie Mineure où se trouvait Gaïus.

1.12 Démétrius, dont on ne sait que ce qui est dit ici de lui, fut probablement chargé de porter cette lettre de saint Jean à Gaïus.

























Lettre de saint Jude



Introduction


1° La personne de l'auteur. - La lettre se donne, dès la première ligne (1,1), comme l'œuvre de « Jude, serviteur de Jésus-Christ, frère de Jacques » (Ἰούδας en grec, « Judas » en latin. C'est le même nom que celui du célèbre patriarche, fils de Jacob. Mais c'est aussi le nom du traître Judas, et on a voulu sans doute, dans notre langue, distinguer saint Jude du traître, en modifiant légèrement la terminaison de son nom). Nous justifierons plus loin cette assertion ; ici, elle nous suffit pour identifier ce personnage à l'apôtre saint Jude. En effet, ce Jacques dont l'auteur de la lettre se dit le frère (non sans une certaine emphase, comme on le voit par l'insertion de la particule δέ, « autem»), devait être très connu dans la primitive Église, puisqu'il est simplement désigné par son nom. Il n'est autre en réalité, comme l'affirment Origène (In Ep. ad Rom.. 5, 1; de Princ., 3, 2, 1), Tertullien (De cultu fem., l, 4), saint Épiphane (Hær., 25, 11), saint Jérôme (In Matth. 12, 47, etc.), etc., que l'apôtre saint Jacques le Mineur, cousin de Notre-Seigneur Jésus-Christ (voyez l'Introd. à sa lettre). Or, parmi les membres du collège apostolique, nous trouvons un « Judas », frère de Jacques (le Mineur, cf Luc 6, 18 et Actes des Apôtres 1 , 13. Comme le disent les anciens auteurs, la locution Ἰούδας Ἰαϰώϐου (« Judas Jacobi ») signifie : Judas, frère de Jacques, et non pas: fils de Jacques, ainsi qu'on l'a prétendu quelquefois), qui ne diffère pas de celui-ci, quoi qu'aient dit en sens contraire quelques critiques contemporains : Ils assurent qu'il aurait pris ses titres d'apôtre et de frère de Jésus, s'il les avait réellement portés. Mais saint Paul non plus ne se présente pas toujours comme apôtre au début de ses lettres. Cf. Philippiens 1, 1 ; 1 et 2 Thessaloniciens 1, 1, etc. Il en est de même de saint Jacques, 1, 1. Il était également connu sous le surnom de Thaddée : Voyez Matth. 10, 3b et le commentaire ; Marc. 3, 18b. Dans la liste des apôtres d'après saint Matth., quelques manuscrits ont Λεϐϐαῖος, au lieu de Θαδδαῖος. Peut-être était-ce un second surnom. Il avait, lui aussi, le grand honneur de compter parmi les « frères », c'est-à-dire les proches du Sauveur (cf. Matth. 13, 55 et Marc. 5, 3; Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 18-20; 11, 14, 11).

Une parole de lui est citée dans le quatrième évangile (cf. Jean 14, 22), à l'occasion de la dernière cène. On ne connaît rien de bien certain sur ses travaux apostoliques. Suivant la tradition occidentale, il aurait surtout évangélisé la Perse, et c'est dans cette contrée qu'il aurait subi le martyre. Au contraire, suivant Nicéphore (Histoire Ecclésiastique, 2, 40), il aurait prêché en Palestine, en Syrie et en Arabie, et serait mort tranquillement à Édesse.

La question de l'authenticité ne présente aucune difficulté sérieuse. Notons d'abord que cette lettre est très courte et qu'elle traite un sujet très spécial, puisqu'elle est surtout dirigée contre les faux docteurs (voyez plus bas, au 3°) : on avait donc beaucoup moins l'occasion de la citer. Aussi ne trouve-t-on rien (ou du moins, rien de bien certain) qui la rappelle dans les écrits des Pères apostoliques. On sait qu'elle manquait au début dans la traduction syriaque. Tout en se déclarant lui-même partisan de l'authenticité, Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 2, 23) la range parmi les ἀντιλεγόμενα, parce que quelques doutes avaient été soulevés sur ce point. Saint Jérôme, qui reconnaît aussi très franchement la lettre comme l'œuvre de saint Jude, signale également des doutes, mais dont la source était purement interne, sans qu'ils vinssent s'appuyer sur les données traditionnelles : on affirmait que la lettre cite des livres apocryphes (notamment le livre d'Hénoch et l'Assomption de Moïse), et on ne croyait pas pouvoir concilier ce fait avec la composition de l'écrit par un apôtre (Saint Jérôme, de Vir. ill., 4. Voyez aussi saint Augustin, de Civ. Dei, 15, 23, et les commentaires des versets 9 et 14). Mais le canon de Muratori la contient (à la ligne 68 : «la lettre de Jude est considérée avec raison comme catholique »); ce qui prouve qu'elle était reçue comme authentique et canonique dans l'Église romaine : circonstance très naturelle si saint Pierre a fait usage de la lettre, comme nous l'avons dit ailleurs. L'Itala la renfermait aussi. Nous savons encore, par le témoignage de Tertullien (De cultu fem., 1, 4), que les Églises d'Afrique l'attribuaient également à saint Jude. Clément d'Alexandrie (Le Pédagogue 3, 2 ; Stromates, 3. 2. Il a même expliqué la lettre brièvement (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14, 1), et nous possédons encore la traduction latine de son commentaire) et Origène (De Princ., 3, 2. 1, etc.) attestent le même fait en ce qui concerne l'Église d'Alexandrie. Ainsi donc, vers l'an 200, notre lettre était admise dans la plupart des grandes Églises particulières. Tout doute disparut au 4ème siècle, et on ne cessa plus dès lors de croire à l'authenticité de la lettre, jusqu'à ce que Luther se fût mis à la nier, suivi par un certain nombre de ses adeptes (ce qui n'empêche pas de nombreux auteurs protestants d'admettre l'authenticité).

Les destinataires ne sont désignés dans la lettre que par la formule très générale « À ceux qui sont aimés par Dieu le Père, conservés et appelés par le Christ Jésus » (verset 1), qui convient à tous les chrétiens. On ne saurait donc déterminer d'une manière précise et certaine en quel endroit vivaient les fidèles pour lesquels la lettre fut directement composée, car personne ne doute que saint Jude n'ait eu en vue un cercle très concret de chrétiens.

Cependant, deux circonstances principales peuvent nous aider à trancher cette difficulté. La première, c'est que l'auteur, pour se faire reconnaître de ses lecteurs, se présente à eux comme le frère de l'apôtre saint Jacques le Mineur. La seconde consiste dans le caractère des hérétiques contre lesquels est dirigée sa lettre. Ceux-ci ne sont nullement, comme on le prétend dans le camp rationaliste pour reculer le plus tard possible la date de l'écrit, les gnostiques du 2ème siècle, mais, comme dans les lettres de saint Paul aux Philippiens (cf. 3, 1, 18 et ss.), à Timothée (Timothée 4, 1 et ss. ; 2 Timothée 3,1 et ss.), et à Tite (1, 10 et ss.), et dans la seconde lettre de saint Pierre (2, 1 et ss.), les précurseurs de ces gnostiques. Parmi les commentateurs, les uns s'appuient sur le premier de ces deux faits, et ils en concluent que saint Jude a écrit pour les chrétiens de Jérusalem et de la Palestine, parmi lesquels saint Jacques jouissait d'une grande autorité. Ils trouvent une confirmation de leur opinion dans les allusions nombreuses que l'auteur fait à l'histoire de l'Ancien Testament (voyez les versets 5, 7, 11, etc.). Les autres prennent au contraire le second fait pour base, et supposent que saint Jude a écrit, comme le prince des apôtres, pour les chrétientés d'Asie Mineure (voyez 1 Pierre, 1, 1). Nous préférons ce second sentiment (c'est le plus communément admis), car rien dans la lettre ne semble indiquer que les destinataires aient été pour la plupart originaires du judaïsme.

L'occasion et le but ressortent clairement du fond même de la lettre. Les hérétiques que saint Jude stigmatise en termes si énergiques étaient une cause de grand péril pour les fidèles ; l'auteur, en décrivant les erreurs et les mœurs de ces hommes pervers, voulait donc mettre ses lecteurs en garde contre les unes et contre les autres. C'est ce qu'il dit très nettement dans les versets 3- 4 et 20-24.

Le sujet et la division. - Trois parties bien tranchées : le préambule, versets 1-4 ; le corps de la lettre, versets 5-23 ; la conclusion, versets 24-25. Le corps de la lettre a deux subdivisions principales ; dans la première, versets 5-16, saint Jude prédit la condamnation exemplaire des hérétiques contre lesquels il écrit, et il trace leur triste portrait ; dans la seconde, versets 17-23, il exhorte les fidèles à ne pas se laisser corrompre par ces séducteurs, mais à demeurer fermes dans la foi. La conclusion consiste en une belle doxologie. Pour une analyse plus détaillée, voyez le commentaire.

Le caractère et le style de la lettre. - On connaît le jugement très exact d'Origène (De princ., 3, 2, 1) : « Jude a écrit une lettre qui a peu de lignes, mais qui est remplie de choses vigoureuses. » Cette lettre a été justement comparée à l'écrit d'un prophète. Le style est serré, vif, imagé, généralement clair (beaucoup plus clair que celui de la 2ème Pierre, dans les passages que Saint Pierre a empruntés à saint Jude). Les pensées sont parfaitement enchaînées et la manière de les présenter est souvent pleine de force. Saint Jude aime parfois à les répéter sous une triple forme. Dans son vocabulaire, comme dans celui des écrivains sacrés du Nouveau Testament, il y a un certain nombre d'expressions qu'il est seul à employer. On a remarqué qu'il se sert volontiers de mots sonores et poétiques.

La date et le lieu de la composition ne sauraient être fixés d'une manière précise, les documents certains faisant défaut. Pour la date, nous sommes guidés par le fait, signalé plus haut, de la ressemblance extraordinaire qui existe entre notre lettre et la deuxième de saint Pierre. Si, comme on le reconnaît assez généralement, le prince des apôtres a connu l'écrit de saint Jude et en a fait un usage considérable en composant sa seconde lettre, ledit écrit sera nécessairement antérieur à la fin de l'année 66 ou au commencement de 67 (c'est alors en effet que saint Pierre écrivit sa seconde lettre). En toute hypothèse, les circonstances qui occasionnèrent les deux lettres présentent tant d'analogies, qu'il ne dut pas s'écouler entre elles un long intervalle de temps. On ne peut guère remonter pour la date au delà de l'an 60, à cause du développement qu'avaient déjà pris les erreurs décrites par saint Jude. De nombreux auteurs pensent que la lettre ne fut pas publiée avant la mort de saint Jacques le Mineur, en 62. L'année 65 conviendrait fort bien comme date moyenne. Quant au lieu où la lettre fut composée, le mieux est de dire qu'on est dans l'ignorance sur ce point. On a mentionné, il est vrai, mais sans fondement sérieux, l'Égypte et la Palestine, et plus spécialement les villes d'Alexandrie et de Jérusalem.

La lettre de saint Jude et les livres apocryphes. - Dès les temps anciens, on émit l'hypothèse que la petite lettre qui porte le nom de saint Jude renferme une ou plusieurs citations extraites de livres apocryphes. L'épisode que raconte le verset 9 au sujet du corps de Moïse aurait pareillement été consigné, d'après Clément d'Alexandrie (Adumbr. in ep. Judæ), Origène (de Princip., 3, 2, 1) et Didyme (Enarrat. in ep. Judæ), dans l'écrit intitulé « Ascension de Moïse ». Les versets 14-15 seraient un emprunt fait directement au livre d'Hénoch. Quant au récit du verset 6, relatif aux anges, nous avons dit, en expliquant 2 Pierre 2, 4, qu'il n'a pas le moindre rapport avec Genèse 6, 1 ; il n'est donc pas permis de dire qu'il est extrait, lui aussi, de livres apocryphes : il s'agit d'un fait réel, qui appartient à la révélation. D'où l'on concluait parfois qu'elle n'était ni authentique ni canonique. Que devons-nous penser de ce problème ? Les écrivains ecclésiastiques ne s'en effrayaient pas tous. Tertullien (De cultu fem., 1, 3), par exemple, en concluait que saint Jude donnait ainsi son approbation à la prophétie d'Hénoch, et saint Augustin (De civ. Dei, 15, 23), que le patriarche Hénoch a écrit «certaines choses divines».

De plus, il est certain que, dans la littérature apocryphe très abondante qui existait chez les Juifs à l'époque de la naissance de Jésus-Christ, on trouvait, à côté de légendes et de fictions nombreuses, des traditions antiques très sérieuses, semblables à celles que saint Étienne (Actes des Apôtres 7, 22, 23, 30), saint Paul à plusieurs reprises (cf. Galates 3, 19 ; 2 Timothée 3, 8 ; Hebreux 2, 2 et 11, 24, 37. Comp. ce mot de saint Jérôme, in Éphésiens 1, 21 : « apostolum de traditionibus Hebræorum ea quæ secreta sunt in medium protulisse », « l'apôtre a mis au jour certaines traditions secrètes des Hébreux») et saint Jacques (5, 17) ont alléguées. Rien n'empêche que saint Jude ait agi de même ; les deux faits qu'il cite dans les versets 9 et 14 de sa lettre en valaient la peine, à cause de leur importance théologique. D'habiles critiques, catholiques ou protestants, soutiennent précisément que c'est d'après ces vieilles traditions que notre auteur s'est laissé guider (les auteurs du livre d'Hénoch et de l'Assomption de Moïse auraient puisé à la même source). Remarquons bien que saint Jude ne cite directement aucun livre ; il signale des événements, sans dire d'où il les a tirés. Rien ne nous oblige donc de croire qu'il les a pris dans les livres apocryphes. Mais nous pouvons aller plus loin. Quand même nous admettrions, ce qui n'est nullement le cas pour nous personnellement, avec divers exégètes contemporains, ce que plusieurs Pères semblent avoir admis les premiers, à savoir, que saint Jude cite réellement l'Assomption de Moïse et le livre d'Hénoch, quelle conséquence en résulterait-il ? Nous répondons avec saint Jérôme (in Tite 1, 12) et avec Bède le Vénérable (dans son commentaire sur la lettre de saint Jude) que, même dans ce cas, l'origine divine de la lettre ne serait pas en cause, puisque, en approuvant un passage d'un livre apocryphe, saint Jude n'aurait nullement donné son approbation au livre entier.

Ainsi donc, quelque opinion que l'on admette, l'autorité divine de son écrit n'est atteinte en aucune manière. (L'écrit Intitulé Assomption de Moïse ne nous est connu que par quelques fragments latins. Le livre d'Hénoch est souvent cité par les Pères des quatre premiers siècles. Nous ne le connaissons que depuis 1860, grâce à la découverte d'une traduction éthiopienne ; mais on en possède aussi le texte grec, du moins, en partie considérable (A. Lods, le Livre d'Hénoch, fragments grecs.. traduits et annotés, Paris, 1892). On croit que c'est un agglomérat de plusieurs écrits, composés d'abord en hébreu par des auteurs juifs, et traduits ensuite en grec. Il renferme toutes sortes de prétendues révélations faites par des anges, touchant des secrets relatifs au monde angélique, à l'histoire de l'humanité et à celle de la nature, dans un ordre très confus).
























Lettre de saint Jude



Jude 1 Jude serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques aux élus qui ont été aimés en Dieu le Père et gardés pour Jésus-Christ 2 la miséricorde, la paix et l'amour vous soient donnés pleinement. 3 Bien-aimés, comme je mettais tout mon zèle à vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis vu dans la nécessité de vous adresser cette lettre pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes 4 car il s'est glissé parmi vous certains hommes dont il a été écrit depuis longtemps qu'ils encouraient cette condamnation. Hommes impies, qui changent la grâce de notre Dieu en prétexte pour la débauche et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ. 5 Je veux vous rappeler ce que vous avez autrefois appris, que Jésus, après avoir sauvé son peuple de la terre d'Égypte, fit périr ensuite ceux qui furent incrédules 6 et qu'il retint pour le jugement du grand jour, liés de chaînes éternelles, au sein des ténèbres, les anges qui n'ont pas conservé leur principauté, mais qui ont abandonné leur propre demeure. 7 De même Sodome et Gomorrhe et les villes voisines qui se livrèrent à la même sorte d'impudicité et abusèrent d'une chair étrangère, gisent là en exemple, subissant la peine d'un feu éternel. 8 Cependant, ces hommes eux aussi, dans leur délire, souillent pareillement leur chair, méprisent la souveraineté et injurient les gloires. 9 L'archange Michel lui-même, lorsqu'il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui une sentence d'exécration, mais il se contenta de dire : "Que le Seigneur te punisse" 10 Mais ceux-ci, ils blasphèment tout ce qu'ils ignorent et quant à ce qu'ils connaissent naturellement, comme les bêtes sans raison, ils s'y corrompent. 11 Malheur à eux car ils sont entrés dans la voie de Caïn, ils se sont jetés pour un salaire dans l'égarement de Balaam, ils se sont perdus par la révolte de Coré. 12 Ils sont des écueils dans vos agapes, où ils font impudemment bonne chère, ne songeant qu'à se repaître eux-mêmes, nuées sans eau, emportées au hasard par les vents, arbres d'automne sans fruits, deux fois morts, déracinés, 13 vagues furieuses de la mer, jetant l'écume de leurs hontes, astres errants, auxquels d'épaisses ténèbres sont réservées pour l'éternité. 14 C'est d'eux aussi qu'Énoch, le septième patriarche depuis Adam, a prophétisé en ces termes : "Voici que le Seigneur est venu avec la multitude innombrable de ses saints 15 pour exécuter son jugement sur tous et convaincre tous les impies de toutes les œuvres d'impiété qu'ils ont commises et de toutes les paroles criminelles qu'eux pécheurs impies ont proférées contre lui." 16 Ce sont des gens qui murmurent et se plaignent sans cesse de leur sort, qui vivent au gré de leurs convoitises, ont la bouche remplie de paroles pompeuses et qui par intérêt se font admirateurs d'autrui. 17 Pour vous, bien-aimés, souvenez-vous de ce qui vous a été annoncé d'avance par les apôtres de Notre Seigneur Jésus-Christ. 18 Ils vous disaient qu'au dernier temps il y aurait des hommes moqueurs, vivant au gré de leurs convoitises impies, 19 gens qui provoquent des divisions, hommes sensuels qui n'ont pas l'esprit. 20 Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-même sur le fondement de votre très sainte foi et priant dans le Saint Esprit, 21 conservez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. 22 Il en est qu'il faut confondre comme déjà séparés de vous. 23 D'autres, sauvez-les en les arrachant au feu. Pour les autres, ayez-en pitié, mais avec crainte, haïssant jusqu'à la tunique souillée par la chair. 24 A celui qui a le pouvoir de vous préserver de toute chute et de vous faire paraître irrépréhensibles et pleins d'allégresse devant le trône de sa gloire, au seul Dieu, notre Sauveur, par Jésus-Christ, notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et empire dès avant tous les temps et maintenant et dans tous les siècles. Amen.



Notes sur la lettre de saint Jude


1.3 Aux élus. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.

1.5 Voir Nombres, 14, 37.

1.6 Voir 2 Pierre, 2, 4. Les démons ne peuvent sortir de l’enfer que par la permission de Dieu, et pour tenter les hommes que Dieu veut bien qu’ils tentent. Leur supplice dure depuis le moment de leur révolte ; ils sont déjà jugés, mais leur sentence sera alors prononcé et confirmée pour toute l’éternité.

1.7 Voir Genèse, 19, 24.

1.8 Ces hommes eux aussi  ; c’est-à-dire les faux docteurs contre lesquels l’apôtre cherche à prémunir les fidèles auxquels il écrit.

1.9 Voir Zacharie, 3, 2. ― Que le Seigneur te punisse fortement, qu’il te réprimande avec menaces. C’est le vrai sens du texte. Cf. Matthieu 8, 26 ; Marc, 4, 39 ; Luc, 8, 24. Ceci n’est pas rapporté dans l’Écriture ; saint Jude le savait par la tradition.

1.11 Voir Genèse, 4, 8 ; Nombres, 22, 23 ; 16, 32.

1.12 Voir 2 Pierre, 2, 17.

1.14 Voir Apocalypse, 1, 7. ― A prophétisé. La prophétie qui est rapportée ici ne se trouve pas dans l’Écriture ; l’apôtre l’a connue par la tradition ou par une révélation particulière de Dieu.

1.16 Voir Psaume, 16, 10.

1.17 Voir 1 Timothée, 4, 1 ; 2 Timothée, 3, 1 ; 2 Pierre, 3, 3.

1.19 L’Esprit ; c’est-à-dire l’Esprit de Dieu.

1.23 haïssant jusqu'à, etc. ; c’est-à-dire ayant même horreur. L’apôtre semble faire allusion à ce qui est dit dans la loi mosaïque des vêtements souillées par la lèpre ou d’autres impuretés légales, dont on ne pouvait se purifier qu’en lavant non seulement le corps, mais encore le vêtement. Voir Lévitique, 13, verset 47 et suivants. Il veut donc dire par cette comparaison : Fuyez avec le plus grand soin même les apparences de tout ce qui pourrait souiller vos âmes.



Apocalypse



Introduction


Le titre du livre. - Le mot grec ἀποϰάλυψις, dont nous avons fait « apocalypse », signifie à la lettre : action de dévoiler. Il est très exactement traduit par révélation. Le substantif latin revelatio représente un voile ramené en arrière. Les écrivains sacrés du Nouveau Testament l'emploient jusqu'à dix-huit fois (cf. Luc. 2, 32 ; Romains 2, 5 ; 8, 19 et 16, 25 ; 1 Corinthiens 1, 7 ; 2 Corinthiens 12, 1 ; Galates 1, 12, etc.). De très bonne heure, comme on le voit par les manuscrits les plus anciens, il servit à désigner le livre dont nous parlons et qui s'ouvre précisément par lui (cf. Apoc. 1, 1. A l'origine, le titre était fort court : Apocalypse de Jean. On l'agrandit ensuite peu à peu : Apocalypse de Jean le théologien ; Apocalypse de Jean apôtre et évangéliste, etc.). Mais, bien que l'Apocalypse soit une révélation divine, cela ne veut pas dire qu'elle nous manifeste les secrets du ciel en termes toujours clairs et sans ambiguïté. Les renseignements fournis sur les desseins de Dieu demeurent caché sous des images, des allégories et des symboles dont il n'est pas toujours aisé de déterminer la signification. De là l'ancien dicton : « Style d'Apocalypse, style obscur. » Toutefois, sous ce rapport, combien d'oracles de l'Ancien Testament ont gardé une certaine obscurité, malgré leur réalisation par Jésus-Christ.

L'auteur de l'Apocalypse.

Plusieurs fois, dans son écrit, l'auteur dit se nommer Jean (Apoc. 1, 1, 4, 9 ; 22, 8), et quoique nulle part il ne se présente formellement comme apôtre (Apoc. 1, 1b, il prend le titre de δοῦλος c.-à-d. d'esclave de Jésus, que saint Paul, saint Jacques et saint Jude joignent aussi parfois à leur nom. Cf. Romains 1, 1 ; Philippiens 1, 1 ; Tite 1, 1 ; Jacques 1, 1 ; Jude 1). Cette question n’a pas été tranchée par le magistère de l’Église. Certains pensent que l’auteur de l’Apocalypse est l’apôtre saint Jean mais les spécialistes sont divisés.

Les partisans de l’attribution de l’Apocalypse à l’apôtre saint Jean avancent les arguments suivants :

en Apoc. 1, 9, nous lisons : « Moi Jean, votre frère, j'ai été dans l'île qui est appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. » Or, les écrivains les plus anciens répètent à l'envi que l'apôtre saint Jean fut exilé à Patmos par Domitien (voyez Clément d'Alex., Quis dives..., c. 42 ; Origène, In Matth., t. 16, 6 ; Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 18 ; Tertullien, De Præscript., 36 ; saint Jérôme, De Vir. ill., 9, etc.).

Nous savons aussi que saint Jean passa les dernières années de sa vie à Éphèse, d'où son autorité apostolique s'exerçait sur toutes les chrétientés de l'Asie proconsulaire. Ce fait s'harmonise avec les sept lettres adressées, dans les chap. 2 et 3, aux évêques de sept Églises importantes de cette contrée, car l'auteur de l'Apocalypse connaît à fond l'état de ces Églises, et il leur parle comme leur pasteur suprême. Il n'y avait alors en Asie qu'un seul « Jean » qui pût tenir un tel langage à des évêques.

On peut encore remarquer l'appel réitéré que l'auteur fait à son propre témoignage (Apoc. 1, 2 ; 22, 18, 20, etc.) ; or, c'est là précisément une coutume caractéristique de l'évangéliste saint Jean (cf. Jean, 19, 35 ; 21, 24 ; 3 Jean 12).

La menace lancée, Apoc. 22, 18 et 19, contre ceux qui oseraient falsifier le livre suppose aussi une haute dignité.

Si l'on compare l’Apocalypse au quatrième évangile, on aperçoit une correspondance frappante dans la marche des deux récits : des deux côtés, une lutte de plus en plus intense, aboutissant à la défaite extérieure de la cause de Dieu, et, par cette défaite même, à son complet triomphe. Il y a aussi une même prépondérance de la loi des contrastes dans les deux écrits ; continuelle alternance de tableaux sombres et lumineux, des scènes de foi et d'incrédulité.

Le témoignage que l'Apocalypse rend elle-même à son auteur est confirmé par celui de la tradition la plus ancienne. Papias, disciple direct ou indirect de saint Jean, regardait ce livre comme jouissant d'une autorité divine. Le martyr saint Justin (vers 140) atteste nettement que l'Apocalypse a été composée par l'apôtre saint Jean (Dialogue avec Tryphon, 81, 4 ; comp. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique 4, 18, 8). D'après saint Irénée (Contre les Hérésies, 4, 20, 11 ; comp. 5, 35, 2), « Jean, disciple du Seigneur, a contemplé dans l'Apocalypse l'arrivée sacerdotale et glorieuse du règne du Christ ». Théophile d'Antioche (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 4, 24), Méliton de Sardes et Apollonius d'Éphèse (Eusèbe, l. c. 5, 18 ; comp. saint Jérôme, de Hom. ill., 9), Polycrate d'Éphèse (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 31 et 5, 24), témoignent aussi, dans la deuxième moitié du second siècle, en faveur de l'origine apostolique de l'Apocalypse. Même croyance à Rome, où saint Hippolyte écrivait, entre 190 et 225, un livre contre le prêtre Caïus, qui niait l'authenticité, et où le canon de Muratori range clairement l'Apocalypse parmi les écrits de saint Jean. Tertullien (Contre Marcion. 3, 14, 25 ; de Præscr., 33, etc.), Denys de Corinthe (Eusèbe, l. c., 4, 23, 12), Clément d'Alexandrie (Stromates, 6, 13 ; Pedag., 2, 10, 12), Origène (In Matth., t. 16 ; in Jean., t. 1) et saint Cyprien (Ep. 63 ad Cæcil., 12 ; de Exhort. Mart., 2, etc.) pensaient de même. Ces attestations, si anciennes et si nombreuses, dont beaucoup partent de la région pour laquelle l'Apocalypse avait été directement composée (cf. Apoc. 1, 4, 11), constituent une preuve malgré l'absence de notre livre dans la Peschita syriaque et son rejet formel par Marcion, Caïus et la secte infime des Alogi.

Il est vrai qu'au milieu du 3ème siècle (201-300 après Jésus), il y eut sous ce rapport un revirement momentané de l'opinion dans l'Église grecque, grâce à l'influence de l'évêque Denys d'Alexandrie (vers 255). Pour écraser plus facilement le millénarisme grossier qu'un certain nombre de docteurs téméraires prétendaient appuyer sur divers passages de l'Apocalypse (Apoc. 20, 4 et ss., etc.), Denys ne trouva rien de mieux que d'ébranler l'autorité apostolique du livre lui-même, qu'il affirma n'avoir pas eu le disciple bien-aimé pour auteur, mais soit Jean-Marc l'évangéliste, soit un prêtre nommé Jean, etc. Ses arguments, sont internes au texte de l’Apocalypse et se ramènent à trois principaux (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique 7, 25, 1, et ss.).

1° L'apôtre Jean ne se nomme jamais dans ses écrits (le quatrième évangile et les trois lettres), celui qui a composé l'Apocalypse mentionne son nom à plusieurs reprises.

Réponse : l'Apocalypse est une prophétie, et tous les prophètes hébreux se nomment, parce que leur nom est la seule garantie de la révélation qu'ils s'attribuent.

2° « L'Apocalypse n'a pas même une syllabe » qu'on puisse retrouver dans l'évangile et les lettres de saint Jean.

3° Le style de l'Apocalypse diffère notablement de celui de l'apôtre

Réponse aux arguments 2° et 3° : Il faut tenir compte de la dissemblance nécessaire qui doit exister entre des œuvres littéraires si disparates que le quatrième évangile, la première lettre de saint Jean et l'Apocalypse. Ce sont bien, dans ces divers écrits, les mêmes idées dogmatiques, et l'on y découvre des coïncidences frappantes dans la manière d'envisager les choses religieuses. Qu'il suffise de noter ici le nom de Logos, qui n'est pas employé dans le Nouveau Testament en dehors du quatrième évangile, de 1 Jean 1, 1 et de l'Apocalypse, 19, 13 ; le nom caractéristique d'agneau, pour désigner Jésus-Christ : Vingt-neuf fois dans l'Apoc., deux fois dans l'évangile selon saint Jean (1, 29 et 36), seulement une fois ailleurs (1 Pierre 1, 19) ; les eaux vives, présentées comme le symbole de la grâce divine (Jean. 4, 10-14 et 7, 37-39 ; Apoc. 7, 17 ; 21, 6 ; 22, 1, 12) ; la manne, promise par le divin Maître (Jean. 6, 32 ; Apoc. 2, 19) ; la mention du côté percé de Jésus, accompagnée d'une citation identique, empruntée au prophète Zacharie, 12, 10 (cf. Jean. 19, 14 et Apoc. 1, 7) ; les idées de témoignage, de vrai (ἀληθής), de véritable (ἀληθινός), etc.

Denys d'Alexandrie n'était pas opposé d'une manière absolue à l'Apocalypse considérée en elle-même : « En ce qui me concerne personnellement, dit-il (Eusèbe., l. c., 5, 25, 1), je n'oserais pas rejeter complètement le livre, parce que beaucoup de fidèles lui attachent une grande importance ; mon opinion à son sujet, c'est qu'il dépasse mon intelligence et que les faits qu'il contient renferment un sens caché et merveilleux... J'accorde que c'est l'œuvre d'un homme saint et inspiré de Dieu.»).

Les critiques de Denys d'Alexandrie contre l'authenticité de l'Apocalypse n'eurent pas un succès de longue durée, car si elles réussirent à troubler pour un temps, en Orient, la croyance antique celle-ci ne tarda pas à redevenir florissante et presque unanime jusqu'à l'époque d’Érasme et de Luther. Les Églises d'Occident demeurèrent toujours fermes sur ce sujet et ne connurent pas les doutes des Églises d’Orient. Eusèbe, tout en émettant des doutes personnels, reconnaît que le livre était généralement reçu dans l'Église (Histoire Ecclésiastique, 3, 18, 2 ; 29, 1). Si saint Cyrille de Jérusalem et saint Jean Chrysostome ne mentionnent nulle part l'Apocalypse, Saint Éphrem de Nisibe, Lactance, saint Épiphane, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Hilaire de Poitiers, etc., la regardaient comme l'œuvre de l'apôtre saint Jean.

La date et le lieu de la composition. Saint Irénée de Lyon date vers les années 93-96 de notre ère, puisque Domitien régna de 81 à 96 : « La vision (de l'Apocalypse), dit-il (Cont. Her., 5, 30, 3 - comp. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 5, 10, 6), ne remonte pas à un temps considérable, mais elle a été vue presque à notre époque, vers la fin du règne de Domitien. » Il est implicitement confirmé par saint Jérôme (Des Hommes Illustres 9), qui mentionne la quatorzième année de Domitien, c'est-à-dire l'an 95, comme celle du bannissement de saint Jean à Patmos. En sens inverse, saint Épiphane, Hær., 51, 12, 33, date la composition de l'Apocalypse sous le règne de Claude en 41-54 av. J.-C..

Ceux qui sont en faveur d’une composition située avant la fin du 1er siècle de notre ère soulignent que plusieurs des églises auxquelles sont destinées les lettres des chap. 2 et 3 ont perdu de leur première ferveur ; or, il y aurait une impossibilité morale à ce que ce fait ait été produit rapidement, peu d'années après la prédication de l'évangile par saint Paul en Asie Mineure. L'état avancé des hérésies mentionnées dans les mêmes lettres (voyez 2, 9 et ss., etc.) suppose aussi un progrès notable depuis l'époque de saint Paul, qui en avait déjà signalé les premiers germes dans ses lettres aux Philippiens et à Timothée ; cela aussi demande un intervalle de temps assez considérable.

Le livre de l'Apocalypse a-t-il été composé à Patmos même, où saint Jean fut témoin des visions célestes (cf. 1, 9 et ss.), ou seulement à Éphèse, lorsque son exil eut pris fin ? La première hypothèse semble à certains plus vraisemblable, car il était dans l'ordre que l'auteur racontât immédiatement ce qu'il avait contemplé dans son extase, Jésus lui ayant communiqué ses révélations pour qu'il les mît aussitôt par écrit, et qu'il les transmit sans retard aux Églises (cf. 1, 1,19, etc.).

Le style de l'Apocalypse diffère nettement de celui du quatrième évangile et des lettres de saint Jean. Deux faits sont certains : 1° que plusieurs expressions fréquemment employées dans l'évangile et dans les lettres de saint Jean n'apparaissent nulle part dans l'Apocalypse : Entre autres, ἀληθεία, ζωή, ϰρίσις, φῶς, χάρις, etc. ; 2° que le style du quatrième évangile est correct au point de vue grammatical (sans être le moins du monde élégant, malgré l'assertion contraire de Denys d'Alexandrie), tandis que l'Apocalypse abonde en constructions irrégulières et en solécismes proprement dits (dès les premières lignes, on trouve cette expression étrange: χάρις ὑμῖν... ἀπὸ τὸ ὤν, ϰαὶ ὁ ᾖν, ϰαὶ ὁ ἐρχόμενος, 1, 4b. Mais on l’explique par le désir qu'avait l'auteur de conserver à ce nom divin toute sa solennité ; il l'a donc traité comme s'il était indéclinable. En outre, n'ayant pas de participe passé à sa disposition, il l'a remplacé par la formule ὁ ᾖν). En voici plusieurs exemples, qui consistent surtout en des cas employés à faux, en de fausses appositions, et en des expressions très dures : l, 5, ἀπὸ Ίησοῦ..., ὁ μαρτύς ; 3, 12, τῆς ϰαινῆς Ίερουσαλὴμ, ἡ ϰαταϐαίνουσα... ; 14, 12, ὑπομονὴ τῶν ἁγίων,... οἱ τηροῦντες... ; 20, 2, τὸν δράϰοντα, ὁ ὄφις ὁ ἀρχαῖος ; 4, 1, ἡ φωνὴ... λέγων ; 9, 14, 13, φωνὴν...λέγοντα ; 17, 4, γέμον βδελυγμάτων ϰαὶ τὰ ἀϰάθαρτα ; 21, 14, τὸ τεῖχος τῆς πόλεως ἔχων ; 3, 8, ἣν οὐδεὶς δύναται ϰλεῖσαι αὐτήν etc., etc. Toutefois, s'il est vrai que l'auteur de l'Apocalypse commet des fautes nombreuses contre la grammaire et la pureté du langage, il n'est pas moins certain qu'il connaissait le grec et ses règles, puisqu'il l'écrit habituellement d'une manière correcte, même en des circonstances où la construction était plus difficile.

Malgré tout certains estiment que le style de l'Apocalypse présente aussi des affinités avec celui du quatrième évangile et des trois lettres de l'apôtre Jean, de sorte que plusieurs ont reconnu qu'on ne peut tirer, de ce côté, aucun argument défavorable à l'authenticité. Parmi les cas de ressemblance, les plus frappants sont l'usage très fréquent de la conjonction ϰαί pour rattacher les propositions les unes aux autres, la variété des particules, l'emploi de diverses expressions (notamment : ἔχειν μέρος, ἕϐραΐστι, ὅψις, σϰηνοῦν, σφάττειν, τηρεῖν, τὸν λόγον), qui, dans le Nouveau Testament, n'apparaissent pas en dehors des écrits de saint Jean.

Le caractère prophétique et le thème principal de l'Apocalypse. Notre livre se présente lui-même comme une prophétie (cf. 1, 3 ; 10, 11 ; 22, 7, 10, 18, 19), et l'auteur se donne ouvertement pour un prophète qui a reçu des révélations divines relativement à l'histoire de l'Église (voyez 1, 1 ; 22, 9, etc.). Mais, tandis que l'Ancien Testament abonde en écrits prophétiques, l'Apocalypse est le seul livre de ce genre dans le Nouveau Testament. Cela tient à ce que, sous l'ancienne alliance, tout dépendait de l'avenir, de l'avènement du Messie, de sorte que les principales révélations divines avaient pour but d'annoncer l'apparition plus ou moins prochaine du Libérateur promis, tandis que, sous la nouvelle alliance, le Christ ayant opéré notre rédemption, l'avenir n'a plus la même importance pour nous. Une seule chose peut intéresser l'Église sous ce rapport : c'est la consommation finale, accompagnée du retour de Jésus-Christ. Aussi est-ce vers ce fait capital que convergent, d'une manière plus ou moins directe, les principales prophéties du Sauveur et de ses apôtres (voyez, indépendamment de l’Apocalypse, Matth. 24, 2 et ss. ; Marc. 13, 1 et ss. ; Luc. 17, 20 et ss. ; 19, 41-44 ; 21, 5-36; 2 Thessaloniciens 2, 1-12 ; 2 Timothée 3, 1-9 ; 2 Pierre 3, 1 et ss., etc.).

La première partie de l'Apocalypse, 1, 1- 3, 22, possède un peu moins ce caractère prophétique, qui éclate souvent à partir de 4, 1. Les oracles transmis ne sont pas exposés dans le langage ordinaire, comme cela a lieu le plus ordinairement dans les livres d'Isaïe, de Jérémie, etc., mais sous la forme de visions et de symboles, ainsi qu'il arrive fréquemment dans les écrits d’Ézéchiel, de Daniel, de Zacharie, etc. Le symbolisme de l'Apocalypse est extraordinairement varié : il y a les symboles des nombres (les chiffres 3, 3½, 7, 12 et ss.), des couleurs (cf. 1, 13-14 ; 6, 2 et ss. ; 9, 17 ; 12, 1, 3 ; 17, 4, etc.), des formes géométriques, des éléments, des pierres précieuses, des animaux, etc. ; les symboles divins, les symboles humains, les symboles sidéraux, etc.

La forme extérieure du livre est celle d'une lettre, écrite par Jean aux Églises d'Asie Mineure (cf. 1, 4 ; 22, 16 et ss.). Il l'a sans doute choisie parce qu'il envoya de Patmos, où il était banni, le récit de ses visions aux chrétientés qu'il dirigeait. Il s'adresse donc d'abord directement à elles ; mais il cesse de les interpeller à partir de 1, 10.

L'idée fondamentale de l'Apocalypse est le second avènement de Jésus-Christ à la fin des temps. Elle apparaît dès les premières lignes (cf. 1, 7-8) ; elle retentit ensuite tout le long de l'écrit (2, 16 ; 3, 4, 11, 20 ; 6, 2 ; 19, 11, etc.); nous la retrouvons dans l'épilogue, où Jésus redit jusqu'à trois fois: « Voici, je viens bientôt » (22, 7, 12, 20), tandis que l'Église répond (22, 17, 20b): « Amen, viens, Seigneur Jésus. » Ce second avènement du Christ est donc le sujet proprement dit de notre livre, de même que son premier avènement a été l'objet des prophéties de l'Ancien Testament. En effet, l'histoire du monde dans son essence se résume dans ces trois mots : Il vient (période qui va de la chute d'Adam à Noël) ; Il est venu (la période évangélique) ; Il revient (depuis l'ascension jusqu'à la fin des temps). Il revient : c'est l'histoire de la catastrophe finale, et des événements terribles qui doivent la précéder de plus ou moins près.

Le plan du livre. Il y a d'abord un court prologue, 1, 1-8. D'après 1, 19, saint Jean contempla tour à tour dans sa vision les choses du passé et celles de l’avenir : de là deux parties très distinctes, dont la première va de 1, 10 à 3, 22 ; la seconde, de 4, 1 à 22, 5. L'écrit se termine par un épilogue, 22, 6-4, qui correspond au prologue.

La première partie peut s'intituler « Les lettres aux Églises », car elle renferme sept lettres, que Jésus dicta à son disciple pour sept chrétientés spéciales d'Asie Mineure (celles d'Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée). L'état spirituel de ces Églises est décrit en termes dramatiques, avec des paroles de louange ou de blâme, d'encouragement ou d'avertissement, de promesse ou de menace. Jésus-Christ nous est présenté dans cette première partie comme le Fils de l'homme transfiguré (cf. 1, 13 et ss.), qui enseigne l'Église et lui donne ses ordres. Plus loin, de 4, 1 à 19, 10, il apparaît sous le symbole de l'agneau immolé et glorifié ; de 19, 11 à 20, 6, nous le voyons sous les traits d'un vainqueur irrésistible.

La deuxième partie peut s'appeler « Le livre des visions », car c'est sous la forme de sept visions successives que Jésus fit contempler à saint Jean ce qui devait s'accomplir dans la suite des temps. La première est celle du livre aux sept sceaux, 4, 1- 8, 1, momentanément interrompue (7, 1-8 et 9-17) par deux épisodes qui constituent ensemble une vision particulière. La troisième vision, celle des sept trompettes, va de 8, 2 à 11, 19. Elle est interrompue, comme la première, par deux épisodes rapides (10, 1-11 et 11, 1-14). La quatrième, 12, 1- 14, 20, décrit la lutte que Dieu soutiendra en faveur de son Église contre les puissances de ce monde. La cinquième, 15, 1- 16, 21, est celle des sept anges qui répandent sur le globe les coupes remplies de la colère divine. La sixième, 17, 1- 19, 10, raconte la ruine de la grande cité mondaine qui figure les ennemis de Dieu et de l'Église. Dans la septième, 19, 11- 22, 5, nous voyons Jésus-Christ s'élancer lui-même au combat, pour dompter tout ce qui est hostile à son peuple. La vision finale a lieu, complète et glorieuse, et le royaume de Dieu entre à jamais sa consommation.

On peut grouper ces différentes visions sous trois chefs distincts, en trois sections. La première section (4, 1- 11, 14) correspond aux trois premières visions : tout s'y rattache au livre muni de sept sceaux, lesquels sont rompus l'un après l'autre. La seconde section (11, 15- 16, 21) renferme la quatrième et la cinquième vision : elle nous fait assister à la lutte de l'Église du Christ contre la synagogue de Satan. La troisième section (17, 1- 22, 5), qui comprend la sixième et la septième vision, expose le jugement de Dieu contre les ennemis de royaume, le triomphe du Christ et le début de l'éternité bienheureuse.

L'idée qui domine le tout est la lutte de Jésus glorifié contre le monde. Cette lutte se déroule en un certain nombre de phases, qui se succèdent dans une progression jusqu'au dénouement.

Le but général de l'Apocalypse et son utilité. - Le but est moins celui de saint Jean que celui de Dieu même, puisque cet écrit fut composé dans des conditions particulières, sur un ordre spécial du Seigneur (cf. 1, 11, 19 ; 22, 10, etc.). L'intention divine est claire en ce qui concerne la première partie, c'est-à-dire les lettres aux sept Églises (chap. 2 et 3). Elle se ramène à ces deux points : fortifier les chrétiens tout à la fois contre les hérésies et les persécutions d'alors, et les encourager par la perspective de la récompense éternelle. Or, on retrouve ces deux pensées dans le livre entier, quelque opinion que l'on embrasse d'ailleurs au sujet de son interprétation : partout les fidèles sont engagés à maintenir énergiquement leur foi contre l'erreur et la violence, ces deux puissances perpétuellement hostiles à l'Église, et, pour mieux les motiver à la lutte et à la patience, on leur rappelle la certitude de la vision finale, la glorieuse couronne qui leur est réservée dans le ciel.

A ce point de vue, l'utilité de notre livre est incontestable, et elle ne cessera d'exister qu'à la fin des temps. « N'est-ce pas une assez grande consolation aux fidèles persécutés, que de sentir même en général dans l'Apocalypse la force qui devait être inspirée aux saints martyrs, et de découvrir avec tant de magnificence, non seulement leur gloire future dans le ciel, mais encore le triomphe qui leur était préparé sur la terre ? Quel mépris devaient concevoir les chrétiens de la puissance tyrannique qui les opprimait, lorsqu'ils en voyaient la gloire effacée et la chute si bien marquée dans les oracles divins ?» (Bossuet, Œuvres complètes, édit. Vivès, t. 2, p. 33). Sous le rapport dogmatique l'Apocalypse est très utile aussi, surtout en ce qui regarde la divinité de Jésus-Christ, la vie sans fin de l'Église, l'existence des anges bons et mauvais, l'éternité du ciel et de l'enfer, etc.

Les divers systèmes d'interprétation. - Le livre de l'Apocalypse est peut-être la partie de la Bible qui présente le plus de difficultés au commentateur. Néanmoins, ses obscurités d'ensemble et de détail, loin de décourager les exégètes, les ont plutôt attirés davantage. Malheureusement, les difficultés demeurent nombreuses. C'est que, pour beaucoup d'exégètes, l'Apocalypse a servi de prétexte pour émettre toutes sortes d'idées fausses ou arbitraires, toutes sortes de fantaisies plus ou moins bizarres, en ce qui concerne l'histoire de l'Église et spécialement la fin des temps. En laissant de côté tout ce qui ne mérite pas d'être mentionné, il reste encore un certain nombre de systèmes, que nous ramènerons à quatre principaux, sans entrer toutefois dans les variations multiples de chacun d'eux.

1. Pure imagination. Les rationalistes traitent l'Apocalypse comme une œuvre de pure imagination : ce livre n'est qu'un poème religieux, entièrement humain dans son origine et dans sa fin, destiné à consoler et à encourager les fidèles accablés sous le poids des persécutions. Le peu qu'il se hasarde de prédire par rapport aux choses futures, il le tire soit de conjectures probables sur la marche des événements dans l'empire romain, soit du ferme espoir qu'il partageait avec tous les disciples du Christ touchant le retour prochain et glorieux du Sauveur. Persuadé qu'alors le Christ réduirait à néant tous ses ennemis, l'écrivain apocalyptique, donnant libre cours à ses fictions poétiques, écrit en images brûlantes et variées la vengeance que le Messie exercera contre les persécuteurs de ses fidèles. Ces visions, du reste, ne sont guère autre chose que celle de Daniel et d’Ézéchiel, légèrement modifiées et adaptées aux idées chrétiennes.

2. Prédiction de l’histoire de l'Église. Certains voient dans l'Apocalypse une photographie détaillée de l'histoire de l'Église, depuis le moment où saint Jean eut sa vision, jusqu'au retour de Jésus-Christ à la fin des temps. Les uns pensent que tout a été prédit, même les événements isolés, tandis que les autres se contentent d'affirmer que les grandes lignes seules (les périodes avec leur caractère essentiel) ont été dessinées d'avance. Au nombre des représentants les plus célèbres de ce sentiment, qu'on peut appeler le système historique, il faut mentionner le saint et savant prêtre allemand Barthélemy Holzhauser, mort en 1658, d'après lequel l'Apocalypse prophétise ce qui doit se passer durant les sept âges de l'Église, représentés déjà par les sept lettres des chap. 2 et 3. Il distingue l'âge apostolique ; l'âge des martyrs ; l'âge des docteurs, depuis Constantin jusqu'à Charlemagne ; l'âge du règne social du Christ, depuis Charlemagne jusqu'à Charles V ; l'âge des épreuves salutaires, commençant à Charles V et durant encore, jusqu'à l'avènement d'un saint pontife et d'un grand empereur ; l'âge préparant les fidèles aux tribulations des derniers temps ; l'âge de l'Antéchrist. Cet âge se terminera par le dernier jugement.

D'autres, à la suite de Nicolas de Lyre, se contentent de six périodes. La première, figurée par les sept sceaux, va jusqu'à Julien l'Apostat (mort en 363) ; c'est celle des apôtres, des martyrs et des docteurs. La seconde correspond aux sept trompettes ; elle va de Julien l'Apostat à l'empereur d'Orient, Maurice, dont le règne commença en 582. La troisième est représentée par la lutte du dragon contre la femme ; elle s'étend jusqu'à Charlemagne (800). La cinquième période va de Charlemagne à Henri IV (mort en 1106) ; c'est un temps de troubles et de schismes, désigné par les sept coupes. La sixième va jusqu’à l'avènement de l'Antéchrist et commence au chap. 17. Comme Nicolas de Lyre disait de lui-même qu’il n’avait pas le don de prophétie, il n'expliqua pas la suite du livre.

Cette théorie a plus d'un point faible, comme le montre le grand désaccord qui règne entre ceux qui l'ont admise. D'abord, en voulant fixer d'une certaine manière la date de la fin du monde, elle semble contredite par la parole du Sauveur, « Personne ne connaît ce jour » (Marc 13, 32-33). Comment, après avoir tenu un langage aussi net, Jésus-Christ aurait-il précisément donné l'Apocalypse aux hommes pour les aider à faire un pareil calcul ?

Le désaccord que nous venons de signaler n'a rien de surprenant, si l'on remarque que tous ceux qui ont adopté ce mode d'interprétation parlent comme s'ils se trouvaient au dernier âge du monde, de sorte que, si l'on suit ces auteurs chronologiquement, le dernier âge recule constamment de siècle en siècle. Tel a été le cas pour Joachim de Flore au 13ème siècle, pour Nicolas de Lyre au 14ème, pour Holzhauser au 17ème ; il en est de même des auteurs récents qui marchent sur leurs traces. La même série de versets ou de chapitres correspondrait ainsi à des faits très divers, et, si le monde doit durer encore des milliers d'années, il n'y aura presque rien dans l'Apocalypse pour représenter ces siècles futurs. Ajoutons que, si cette théorie était vraie, les figures et les symboles du livre seraient éclairés par les faits destinés à leur servir de réalisation, comme cela a eu lieu pour les prophéties de l'Ancien Testament. Mais on ne saurait dire qu'il en est ainsi, puisqu'il y a tant de variété dans les explications données par les divers partisans du système historique.

3. Prédiction des premiers siècles de l'Église. L'Apocalypse prédirait, non l’avenir lointain, mais les événements des premiers siècles de l'Église, en particulier à la victoire que le christianisme devait remporter tour à tour sur le judaïsme et sur le paganisme. C'est la théorie que l'on nomme celle des prétéristes, parce que, d'après elle, un grand nombre des oracles du livre sont déjà accomplis.

Le savant jésuite Salmeron en jeta les bases (In Apoc. Prælect., Madrid, 1598) ; un autre jésuite, Alcazar, le développa (1614). Bossuet l'adopta à son tour, en la transformant (L'Apoc. avec une explication, Paris, 1689), et il réussit à lui procurer de nombreux et illustres adhérents (entre autres, Dupin, Analyse de l'Apoc., Paris, 1712 ; plus tard, Calmet, Commentaire littéral. Il partage l'Apocalypse en trois parties : les avertissements, 1, 1-3, 2 ; les prédictions, 4, 1-20, 15 ; les promesses, 21, 1 et ss. Les prédictions se divisent à leur tour en trois sections. 1° Vengeance de Dieu, exercée sur ceux des Juifs qui combattent Jésus-Christ, 4, 1-8, 12. [« Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus » voir le Catéchisme de l’Église Catholique aux N°595-597] Préparation de cette vengeance dans la vision des sept sceaux. Vengeance exercée sous Trajan et Hadrien, symbolisée par les deux premières trompettes. Motifs des malheurs d'Israël, manifestés par la troisième et la quatrième trompette. 2° Les hérésies judaïsantes : ce sont les sauterelles annoncées par la cinquième trompette, 9, 1-12. 3° Ruine de l'empire romain, 9, 13-20, 15. La grande défaite de l'empereur Valérien, proclamée par la sixième trompette. L'apôtre déclare, dans la vision de la septième trompette, quelle est la cause de la ruine de l’empire : ce sont les persécutions exercées contre les chrétiens. La plus terrible est celle que suscita Dioclétien ; cet empereur est la bête de l'Apocalypse. Les sept coupes symbolisent la désolation de l'empire romain à partir de Valérien. Puis on parle des sept rois persécuteurs de l'Église, et des dix rois barbares, instruments de la colère de Dieu, qui viennent tour à tour fondre sur les Romains ; enfin la ruine de Rome et de sa puissance est consommée sous Alaric. Bossuet n'ose pas entreprendre de percer le voile qui couvre la prophétie du chap. 20, dont les événements doivent s'accomplir dans le temps futur. Un autre auteur explique cette prophétie de la paix dont jouit l'Église après la ruine de l’idolâtrie ; cette paix est représentée par le règne millénaire du Christ avec ses saints. Ce règne doit prendre fin par la venue de l'Antéchrist. Celui-ci renouvellera les persécutions contre l’Église ; mais il sera vaincu et exterminé. Après cela auront lieu la résurrection et le jugement universel, et le monde sera renouvelé (20, 7-22, 5).

On reproche à bon droit à ce système de transformer en un simple exposé du passé une partie considérable d'un livre qui se donne lui-même comme prophétique dans son ensemble (cf. 1, 1, 3, 19 ; 22, 7, 10, 18). En outre, pourquoi, parmi tant de visions analogues dans leur énoncé, les unes concerneraient-elles le passé, tandis que les autres se rapporteraient à l'avenir ? Et puis, faudrait-il dire que, jusqu'à la fin du 17ème siècle, l'Apocalypse aurait été pour l'Église un livre entièrement scellé. Enfin, ici encore (et il ne pouvait pas en être autrement), les applications des commentateurs qui acceptent cette théorie diffèrent entièrement les unes des autres : or, si les oracles en question s'étaient réellement accomplis, comme on l'affirme, il semble qu'il devrait être moins difficile de tomber d'accord à leur sujet.

Prédiction sur les derniers temps de l’Église. Le dernier système consiste à dire que, si les chap. 2 et 3 (les lettres aux sept Églises) concernent le temps même où l'Apocalypse fut écrite, la plus grande partie du livre (chap. 4-22) traite de la dernière période de l'histoire ecclésiastique, dont elle prédit les épreuves et les tribulations, suivies de la magnifique victoire finale que le Christ et son Église remporteront sur les puissances ennemies. Ces oracles forment comme un grandiose et terrible drame, dont les scènes isolées se réaliseront successivement, à la manière indiquée par les symboles mystérieux qui les annoncent. Tout demeure donc dans l'avenir à partir du chap. 4, et voilà précisément pourquoi l'obscurité règne encore sur tant de points des descriptions prophétiques de saint Jean.

Cette opinion a été au fond celle d'un grand nombre de Pères et d'anciens écrivains ecclésiastiques, comme on le voit, soit par les citations de saint Irénée (Cont. Her., 5, 26 et ss.), de saint Hippolyte (De Christo et Antichr., 36 et ss.), de saint Augustin (De Civ. Dei, 20, 7 et ss.), soit par les commentaires de saint Victorin de Pettau, de Primasius, du Vén. Bède, d'Alcuin, de Rupert de Deutz. Cette opinion a notre préférence car elle nous paraît la plus naturelle et la plus simple de toutes.

9° Envisagée comme le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse met le sceau de la manière la plus parfaite à toute la littérature sacrée ; elle en est la digne conclusion et le glorieux couronnement. Quoique unique en son genre, ce livre a des points de contact avec tous les autres écrits inspirés, car il est tour à tour historique, doctrinal, moral, tout en demeurant essentiellement prophétique. En nous transportant à la fin des temps, il nous rappelle spécialement la Genèse, qui s'occupe des origines du monde. De même, en effet, que le premier des livres sacrés raconte les débuts de l'activité divine, de même l'Apocalypse en décrit la fin, qui consistera à tout renouveler (Apoc. 21, 1 et 5), à faire cesser toutes les souffrances occasionnées par le péché du premier homme (Apoc. 21, 4), et à procurer aux élus des délices éternelles dans le ciel (Apoc. 21, 3-4).

10° Auteurs catholiques à consulter. - Les meilleurs sont les suivants : à l'époque des Pères de l’église, chez les Grecs, André, archevêque de Césarée, et son successeur immédiat, Arétas ; chez les Latins, saint Victorin de Pettau (ville de Styrie), Primasius d'Adrumette (fin du 6ème siècle) et Bède le Vénérable (8ème siècle). Au 20ème siècle : E.-B. Allo (Saint Jean l’Apocalypse, Paris, Gabalda, 1921). [Dom de Monléon, Le Sens Mystique de l’Apocalypse, Paris, Nouvelles éditions Latines.]







































Apocalypse



Apocalypse 1. 1 Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt et qu'il a fait connaître, en l'envoyant par son ange, à Jean, son serviteur, 2 qui a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ en tout ce qu'il a vu. 3 Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de cette prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche. 4 Jean aux sept Églises qui sont en Asie : grâce et paix vous soient données de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, et de la part des sept esprits qui sont devant son trône 5 et de la part de Jésus-Christ. C'est le Témoin fidèle, le Premier-né d'entre les morts et le Prince des rois de la terre. A celui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés par son sang 6 et qui nous a faits rois et prêtres de Dieu, son Père, à lui la gloire et la puissance des siècles des siècles, amen. 7 Le voici qui vient sur les nuées. Tout œil le verra et même ceux qui l'ont transpercé, et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine en le voyant. Oui, amen. 8 "Je suis l'alpha et l'oméga", dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. 9 Moi Jean, votre frère, qui participe avec vous, à l'affliction, à la royauté et à la patience en Jésus [-Christ], j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. 10 Je fus ravi en esprit le jour du Seigneur et j'entendis derrière moi une voix forte, comme une trompette, qui disait : 11 "Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée." 12 Alors je me retournais pour voir quelle était la voix qui me parlait et quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d'or, 13 et, au milieu des chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, il était vêtu d'une longue robe, portait à la hauteur de la poitrine une ceinture d'or, 14 sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige et ses yeux étaient comme une flamme de feu, 15 ses pieds étaient semblables à de l'airain qu'on aurait embrasé dans une fournaise et sa voix était comme la voix des grandes eaux. 16 Il tenait dans sa main droite sept étoiles, de sa bouche sortait un glaive acéré, à deux tranchants et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans toute sa force. 17 Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort, et il posa sur moi sa main droite, en disant : "Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier 18 et le Vivant, j'ai été mort et voici que je suis vivant aux siècles des siècles, je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts. 19 Écris donc les choses que tu as vues et celles qui sont et celles qui doivent arriver ensuite, 20 le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite et les sept chandeliers d'or. Les sept étoiles sont les anges des sept Églises et les sept chandeliers sont sept Églises."



Apocalypse 2. 1 Écris à l'ange de l'Église d'Éphèse. Voici ce que dit Celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, Celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or. 2 Je connais tes œuvres, ton labeur et ta patience, je sais que tu ne peux supporter les méchants, que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas et que tu les as trouvés menteurs, 3 que tu as de la patience, que tu as eu à supporter pour mon nom et que tu ne t'es pas lassé. 4 Mais j'ai contre toi que tu t'es relâché de ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi et reviens à tes premières œuvres sinon, je viendrai à toi et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6 Pourtant tu as en ta faveur que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, œuvres que moi aussi je hais. 7 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises. A celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu. 8 Écris encore à l'ange de l'Église de Smyrne. Voici ce que dit le Premier et le Dernier, Celui qui était mort et qui a repris vie. 9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté, mais tu es riche et les insultes de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas, mais bien une synagogue de Satan. Ne crains rien de ce que tu auras à souffrir. 10 Voici que le diable va jeter quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez mis à l'épreuve et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de la vie. 11 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises. Celui qui vaincra ne recevra aucun dommage de la seconde mort. 12 Écris encore à l'ange de l'Église de Pergame : Voici ce que dit Celui qui a le glaive aigu à deux tranchants : 13 Je sais où tu habites : là où se trouve le trône de Satan, mais tu es fermement attaché à mon nom et tu n'as pas renié ma foi, même en ces jours où Antipas, mon témoin fidèle, a été mis à mort chez vous, où Satan habite. 14 Mais j'ai contre toi quelques griefs, c'est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui conseillait à Balac de mettre devant les fils d'Israël une pierre d'achoppement, pour les amener à manger des viandes immolées aux idoles et à se livrer à l'impudicité. 15 De même toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi sinon, je viendrai à toi promptement et je leur ferai la guerre avec le glaive de ma bouche. 17 Que celui qui a des oreilles entende ce que dit l'Esprit aux Églises. A celui qui vaincra, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai une pierre blanche et sur cette pierre est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. 18 Écris encore à l'ange de l'Église de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, Celui qui a les yeux comme une flamme de feu et dont les pieds sont semblables à du bronze précieux : 19 Je connais tes œuvres, ton amour, ta foi, ta bienfaisance, ta patience et tes dernières œuvres plus nombreuses que les premières. 20 Mais j'ai contre toi quelques griefs : c'est que tu laisses la femme Jézabel, se disant prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et mangent des viandes immolées aux idoles. 21 Je lui ai donné du temps pour faire pénitence et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. 22 Voici que je vais la jeter sur un lit et plonger dans une grande tristesse ses compagnons d'adultère, s'ils ne se repentent pas des œuvres qu'elle leur à enseignées. 23 Je frapperai de mort ses enfants et toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs et je rendrai à chacun de vous selon vos œuvres. 24 Mais à vous, aux autres fidèles de Thyatire, qui ne reçoivent pas cette doctrine, qui n'ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, je vous dis : Je ne vous imposerai pas d'autre fardeau, 25 seulement, tenez ferme ce que vous avez, jusqu'à ce que je vienne. 26 Et à celui qui vaincra et qui gardera jusqu'à la fin mes œuvres, je lui donnerai pouvoir sur les nations, 27 il les gouvernera avec un sceptre de fer, ainsi que l'on brise les vases d'argile, 28 comme moi-même j'en ai reçu le pouvoir de mon Père et je lui donnerai l'étoile du matin. 29 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises.



Apocalypse 3. 1 Écris encore à l'ange de l'Église de Sardes : Voici ce que dit Celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles. Je connais tes œuvres : tu as la réputation d'être vivant, mais tu es mort. 2 Sois vigilant et affermis le reste qui allait mourir, car je n'ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. 3 Souviens-toi donc de l'enseignement que tu as reçu et entendu, garde-le et repens-toi. Si donc tu ne veilles pas, je viendrai à toi comme un voleur, sans que tu aies su à quelle heure je viendrai à toi. 4 Pourtant tu as à Sardes quelques personnes qui n'ont pas souillé leurs vêtements, ceux-là marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes. 5 Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements blancs, je n'effacerai pas son nom du livre de la vie et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. 6 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises. 7 Écris encore à l'ange de l'Église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, Celui qui a la clef de David, Celui qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n'ouvre : 8 Je connais tes œuvres. Voici que j'ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, parce que tu as peu de puissance, que tu as gardé ma parole et que tu n'as pas renié mon nom. 9 Voici que je te donne quelques-uns de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais ils mentent, voici, je les ferai venir se prosterner à tes pieds et ils connaîtront que je t'ai aimé. 10 Parce que tu as gardé ma parole sur la patience, moi aussi je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. 11 Voici que je viens bientôt : tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne ravisse ta couronne. 12 Celui qui vaincra, j'en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu et il n'en sortira plus et j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu et mon nom nouveau. 13 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises. 14 Écris encore à l'ange de l'Église de Laodicée : Voici ce que dit l'Amen, le Témoin fidèle et véritable, le Principe de la création de Dieu : 15 Je connais tes œuvres : tu n'es ni froid ni chaud. Plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud. 16 Aussi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni chaud je vais te vomir de ma bouche. 17 Tu dis : Je suis riche, j'ai acquis de grands biens, je n'ai besoin de rien et tu ne sais pas que tu es un malheureux, un misérable, pauvre, aveugle et nu, 18 je te conseille de m'acheter de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, des vêtements blancs pour te vêtir et ne pas laisser paraître la honte de ta nudité et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. 19 Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime, aie donc du zèle et repens-toi. 20 Voici que je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez toi, je souperai avec lui et lui avec moi. 21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône comme moi aussi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. 22 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises.



Apocalypse 4. 1 Après cela, je vis et voici qu'une porte était ouverte dans le ciel et la première voix que j'avais entendue, comme le son d'une trompette qui me parlait, dit : "Monte ici et je te montrerai ce qui doit arriver dans la suite." 2 Aussitôt je fus ravi en esprit et voici qu'un trône était dressé dans le ciel et sur ce trône quelqu'un était assis. 3 Celui qui était assis avait un aspect semblable à la pierre de jaspe et de sardoine et le trône était entouré d'un arc-en-ciel, d'une apparence semblable à l'émeraude. 4 Autour du trône étaient vingt-quatre trônes et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, avec des couronnes d'or sur leurs têtes. 5 Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres et sept lampes ardentes brûlent devant le trône : ce sont les sept Esprits de Dieu. 6 En face du trône, il y a comme une mer de verre semblable à du cristal et devant le trône et autour du trône, quatre animaux remplis d'yeux devant et derrière. 7 Le premier animal ressemble à un lion, le second à un jeune taureau, le troisième a comme la face d'un homme et le quatrième ressemble à un aigle qui vole. 8 Ces quatre animaux ont chacun six ailes, ils sont couverts d'yeux tout à l'entour et au dedans et ils ne cessent jour et nuit de dire : "Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient." 9 Quand les animaux rendent gloire, honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, à Celui qui vit aux siècles des siècles, 10 les vingt-quatre vieillards se prosternent devant Celui qui est assis sur le trône et adorent Celui qui vit aux siècles des siècles et ils jettent leurs couronnes devant le trône, en disant : 11 "Vous êtes digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance, car c'est vous qui avez créé toutes choses et c'est à cause de votre volonté qu'elles ont eu l'existence et qu'elles ont été créées."



Apocalypse 5. 1 Puis je vis dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors et scellé de sept sceaux. 2 Et je vis un ange puissant qui criait d'une voix forte : "Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux ?" 3 Et personne ni dans le ciel, ni sur la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. 4 Et moi je pleurais beaucoup de ce qu'il ne se trouvait personne qui fût digne d'ouvrir le livre, ni de le regarder. 5 Alors un des vieillards me dit : "Ne pleure pas, voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu, de manière à pouvoir ouvrir le livre et ses sept sceaux." 6 Et je vis et voici qu'au milieu du trône et des quatre animaux et au milieu des vieillards, 7 un Agneau était debout : il semblait avoir été immolé, il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint et reçut le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône. 8 Quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. 9 Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : "Vous êtes digne de recevoir le livre et d'en ouvrir les sceaux car vous avez été immolé et vous avez racheté pour Dieu, par votre sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, 10 et vous les avez faits rois et prêtres et ils régneront sur la terre." 11 Puis je vis et j'entendis autour du trône, autour des animaux et des vieillards, la voix d'une multitude d'anges et leur nombre était des myriades et des milliers de milliers. 12 Ils disaient d'une voix forte : "L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la bénédiction." 13 Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer et toutes les choses qui s'y trouvent, je les entendis qui disaient : "A Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles." 14 Et les quatre animaux disaient : "Amen". Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent.



Apocalypse 6. 1 Et je vis l'Agneau qui ouvrit le premier des sept sceaux et j'entendis l'un des quatre animaux qui disait comme d'une voix de tonnerre : 2 "Viens" et je vis paraître un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc, on lui donna une couronne et il partit en vainqueur et pour vaincre. 3 Et quand il eut ouvert le deuxième sceau, j'entendis le second animal qui disait : "Viens" 4 et Il sortit un autre cheval qui était roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'ôter la paix de la terre afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres et on lui donna une grande épée. 5 Et quand il eut ouvert le troisième sceau, j'entendis le troisième animal qui disait : "Viens" et je vis paraître un cheval noir. Celui qui le montait tenait à la main une balance, 6 et j'entendis au milieu des quatre animaux comme une voix qui disait : "Une mesure de blé pour un denier, trois mesures d'orge pour un denier" et : "Ne gâte pas l'huile et le vin" 7 Et quand il eut ouvert le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième animal qui disait : "Viens" 8 et je vis paraître un cheval de couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la Mort et le séjour des morts le suivait. On leur donna pouvoir sur la quatrième partie de la terre, pour faire tuer par l'épée, par la famine, par la mortalité et par les bêtes féroces de la terre. 9 Et quand il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient eu à rendre. 10 Et ils crièrent d'une voix forte, en disant : "jusques à quand, ô Maître Saint et Véritable, ne ferez-vous pas justice et ne redemanderez-vous pas notre sang à ceux qui habitent sur la terre ?" 11 Alors on leur donna à chacun une robe blanche et on leur dit de se tenir en repos encore un peu de temps, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux. 12 Et je vis, quand il eut ouvert le sixième sceau, qu'il se fit un grand tremblement de terre et le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière parut comme du sang, 13 et les étoiles du ciel tombèrent vers la terre, comme les figues vertes tombent d'un figuier secoué par un gros vent. 14 Et le ciel se retira comme un livre qu'on roule et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place. 15 Et les rois de la terre et les grands et les généraux et les riches et les puissants et tout esclave ou homme libre se cachèrent dans les cavernes et les rochers des montagnes, 16 et ils disaient aux montagnes et aux rochers : "Tombez sur nous et dérobez-nous à la face de Celui qui est assis sur le trône et à la colère de l'Agneau, 17 car il est venu le grand jour de sa colère et qui peut subsister ?"



Apocalypse 7. 1 Après cela, je vis quatre anges qui étaient debout aux quatre coins de la terre, ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu'aucun vent ne soufflât, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 2 Et je vis un autre ange qui montait du côté où le soleil se lève, tenant le sceau du Dieu vivant et il cria d'une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de nuire à la terre et à la mer, en ces termes : 3 "Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau, sur le front, les serviteurs de notre Dieu." 4 Et j'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d'Israël : 5 de la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau, de la tribu de Ruben, douze mille, de la tribu de Gad, douze mille, 6 de la tribu d'Aser, douze mille, de la tribu de Nephthali, douze mille, 7 de la tribu de Manassé, douze mille, de la tribu de Siméon, douze mille, de la tribu de Lévi, douze mille, 8 de la tribu d'Issachar, douze mille, de la tribu de Zabulon, douze mille, de la tribu de Joseph, douze mille, de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau. 9 Après cela, je vis une foule immense que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils étaient debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches et tenant des palmes à la main. 10 Et ils criaient d'une voix forte, disant : "Le salut vient de notre Dieu qui est assis sur le trône et à l'Agneau" 11 et tous les anges se tenaient autour du trône, autour des vieillards et des quatre animaux et ils se prosternèrent le visage contre terre devant le trône, en disant : 12 "Amen. La louange, la gloire, la sagesse, l'action de grâces, l'honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu, pour les siècles des siècles." 13 Alors un des vieillards, prenant la parole me dit: "Ceux que tu vois revêtus de ces robes blanches qui sont-ils et d'où sont-ils venus ?" 14 Je lui dis : "Mon Seigneur, vous le savez." Et il me dit: "Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau. 15 C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son sanctuaire. Et Celui qui est assis sur le trône les abritera sous sa tente, ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, 16 l'ardeur du soleil ne les accablera plus, ni aucune chaleur brûlante, 17 car l'Agneau qui est au milieu du trône sera le pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux."



Apocalypse 8. 1 Et quand l'Agneau eut ouvert le septième sceau, il se fit dans le ciel un silence d'environ une demi-heure. 2 Puis je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu et on leur donna sept trompettes. 3 Puis il vint un autre ange et il se tint près de l'autel, un encensoir d'or à la main, on lui donna beaucoup de parfums pour qu'il fit une offrande des prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône, 4 et la fumée des parfums, formés des prières des saints, monta de la main de l'ange devant Dieu. 5 Puis l'ange prit l'encensoir, le remplit du feu de l'autel et le jeta sur la terre, et il y eut des voix, des tonnerres, des éclairs et la terre trembla. 6 Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner. 7 Et le premier sonna de la trompette et il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui tombèrent sur la terre, et le tiers de la terre fût brûlé et le tiers des arbres fût brûlé et toute l'herbe verte fut brûlée. 8 Et le deuxième ange sonna de la trompette et une sorte de grande montagne tout en feu fût jetée dans la mer, et le tiers de la mer devint du sang, 9 et le tiers des créatures marines qui ont vie périt et le tiers des navires fut détruit. 10 Et le troisième ange sonna de la trompette, et il tomba du ciel une grande étoile, ardente comme une torche et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. 11 Le nom de cette étoile est Absinthe et le tiers des eaux fût changé en absinthe et beaucoup d'hommes moururent de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. 12 Et le quatrième ange sonna de la trompette et le tiers du soleil fut frappé, ainsi que le tiers de la lune et le tiers des étoiles, afin que le tiers de ces astres fût obscurci et que le jour perdit un tiers de sa clarté et la nuit de même. 13 Puis je vis et j'entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant d'une voix forte : "Malheur, malheur, malheur à ceux qui habitent sur la terre, à cause du son des trois autres trompettes dont les trois anges vont sonner."



Apocalypse 9. 1 Et le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre et on lui donna la clef du puits de l'abîme. 2 Elle ouvrit le puits de l'abîme et il s'éleva du puits une fumée comme celle d'une grande fournaise, et le soleil et l'air furent obscurcie par la fumée du puits. 3 De cette fumée s'échappèrent sur la terre des sauterelles, et il leur fût donné un pouvoir semblable à celui que possèdent les scorpions de la terre, 4 et on leur ordonna de ne pas nuire à l'herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu sur leur front. 5 Il leur fût donné, non de les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois, et le tourment qu'elles causent est semblable à celui d'un homme piqué par le scorpion. 6 En ces jours-là, les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront pas, Ils souhaiteront la mort et la mort fuira loin d'eux. 7 Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux préparés pour le combat, elles avaient sur la tête comme des couronnes d'or, leurs visages étaient comme des visages d'hommes, 8 leurs cheveux comme des cheveux de femmes et leurs dents comme des dents de lions. 9 Elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer et le bruit de leurs ailes était comme un bruit de chars à plusieurs chevaux qui courent au combat. 10 Elles ont des queues semblables à des scorpions et des aiguillons et c'est dans leurs queues qu'est le pouvoir de faire du mal aux hommes durant cinq mois. 11 Elles ont à leur tête, comme roi, l'ange de l'abîme qui se nomme en hébreu Abaddon, en grec Apollyon. 12 Le premier "malheur" est passé, voici qu'il en vient encore deux autres dans la suite. 13 Et le sixième ange sonna de la trompette, et j'entendis une voix sortir des quatre cornes de l'autel d'or qui est devant Dieu, elle disait au sixième ange qui avait la trompette: 14 "Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve de l'Euphrate." 15 Alors furent déliés les quatre anges, qui se tenaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année, afin de tuer la troisième partie des hommes. 16 Et le nombre des troupes de cavalerie était de deux myriades de myriades, j'en entendis le nombre. 17 Et voici comment les chevaux me parurent dans la vision, ainsi que ceux qui les montaient : ils avaient des cuirasses couleur de feu, d'hyacinthe et de soufre, les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions et leur bouche jetait du feu, de la fumée et du soufre. 18 La troisième partie des hommes fût tuée par ces trois fléaux, par le feu, par la fumée et par le soufre qui sortaient de leur bouche. 19 Car le pouvoir de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues : car leurs queues, semblables à des serpents, ont des têtes et c'est avec elles qu'ils blessent. 20 Les autres hommes, qui ne furent pas tués par ces fléaux, ne se repentirent pas non plus des œuvres de leurs mains, pour ne plus adorer les démons et les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher, 21 et ils ne se repentirent ni de leurs meurtres, ni de leurs enchantements, ni de leur débauche, ni de leurs vols.



Apocalypse 10. 1 Puis je vis un autre ange puissant qui descendait du ciel, enveloppé d'un nuage et l'arc-en-ciel au-dessus de la tête, son visage était comme le soleil et ses pieds comme des colonnes de feu. 2 Il tenait à la main un petit livre ouvert, et ayant posé le pied droit sur la mer et le pied gauche sur la terre, 3 il cria d'une voix forte, comme rugit un lion, et quand il eut poussé ce cri, les sept tonnerres firent entendre leurs voix. 4 Après que les sept tonnerres eurent parlé, je me disposais à écrire, mais j'entendis du ciel une voix qui disait : "Scelle ce qu'ont dit les sept tonnerres, ne l'écris pas." 5 Alors l'ange que j'avais vu debout sur la mer et sur la terre, leva sa main droite vers le ciel, 6 et jura par Celui qui vit aux siècles des siècles, qui a créé le ciel et les choses qui y sont, la terre et les choses qui y sont, la mer et les choses qui y sont, qu'il n'y aurait plus de temps, 7 mais qu'aux jours où le septième ange ferait entendre sa voix en sonnant de la trompette, le mystère de Dieu serait consommé, comme il l'a annoncé à ses serviteurs, les prophètes. 8 Et la voix que j'avais entendue du ciel, me parla de nouveau et dit: "Va, prends le petit livre ouvert dans la main de l'ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre." 9 Et j'allai vers l'ange et je lui dis de me donner le petit livre. Il me dit : "Prends et dévore-le, il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel." 10 Je pris alors le petit livre de la main de l'ange et je le dévorai, et il était dans ma bouche doux comme du miel, mais quand je l'eus dévoré, il me causa de l'amertume dans les entrailles. 11 Puis on me dit : "Il faut encore que tu prophétises sur beaucoup de peuples, de nations, de langues et de rois."



Apocalypse 11. 1 Puis on me donna un roseau semblable à un bâton, en disant : "Lève-toi et mesure le temple de Dieu, l'autel et ceux qui y adorent. 2 Mais le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors et ne le mesure pas, car il a été abandonné aux Nations et elles fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois. 3 Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser, revêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours. 4 Ceux-ci sont les deux oliviers et les deux candélabres qui sont dressés en présence du Seigneur de la terre. 5 Si quelqu'un veut leur nuire, un feu sort de leur bouche qui dévore leurs ennemis : c'est ainsi que doit périr quiconque voudra leur nuire. 6 Ils ont la puissance de fermer le ciel pour empêcher la pluie de tomber durant les jours de leur prédication, et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, autant de fois qu'ils le voudront. 7 Et quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera, 8 et leurs cadavres resteront gisants sur la place de la grande ville, qui est appelée en langage figuré Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié. 9 Des hommes des divers peuples, tribus, langues et nations verront leurs cadavres étendus trois jours et demi, sans permettre qu'on leur donne la sépulture. 10 Et les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet, ils se livreront à l'allégresse et s'enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont fait le tourment des habitants de la terre. 11 Mais après trois jours et demi, un esprit de vie venant de Dieu pénétra dans ces cadavres, ils se dressèrent sur leurs pieds et une grande crainte s'empara de ceux qui les regardaient. 12 Et l'on entendit une grande voix venant du ciel, qui leur disait : "Montez ici." Et ils montèrent au ciel dans une nuée, à la vue de leurs ennemis. 13 A cette même heure, il se fit un grand tremblement de terre, la dixième partie de la ville s'écroula et sept mille hommes périrent dans ce tremblement de terre, les autres, saisis d'effroi, rendirent gloire au Dieu du ciel. 14 Le second "malheur" est passé, voici que le troisième "malheur" vient bientôt. 15 Et le septième ange sonna de la trompette et l'on entendit dans le ciel des voix fortes qui disaient : "L'empire du monde a passé à notre Seigneur et à son Christ et il régnera aux siècles des siècles." 16 Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, en disant : 17 "Nous vous rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes et qui étiez, de ce que vous vous êtes revêtu de votre grande puissance et que vous régnez. 18 Les nations se sont irritées et votre colère est venue, ainsi que le moment de juger les morts, de donner la récompense à vos serviteurs, aux prophètes et aux saints et à ceux qui craignent votre nom, petits et grands et de détruire ceux qui détruisent la terre." 19 Et le sanctuaire de Dieu dans le ciel fut ouvert et l'arche de son alliance apparut dans son sanctuaire. Et il y eut des éclairs, des bruits, des tonnerres, un tremblement de terre et une grosse grêle.



Apocalypse 12. 1 Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur sa tête. 2 Elle était enceinte et elle criait, dans le travail et les douleurs de l'enfantement. 3 Un autre signe parut encore dans le ciel : tout à coup on vit un grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes et sur ses têtes, sept diadèmes, 4 de sa queue, il entraînait le tiers des étoiles du ciel et il les jeta sur la terre. Puis le dragon se dressa devant la femme qui allait enfanter afin de dévorer son enfant, dès qu'elle l'aurait mis au monde. 5 Or, elle donna le jour à un enfant mâle, qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer, et son enfant fût enlevé auprès de Dieu et auprès de son trône, 6 et la femme s'enfuit au désert, où Dieu lui avait préparé une retraite, afin qu'elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours. 7 Et il y eut un combat dans le ciel, Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon et ses anges combattaient, 8 mais ils ne purent vaincre et leur place même ne se trouva plus dans le ciel. 9 Et il fût précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fût précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui. 10 Et j'entendis dans le ciel une voix forte qui disait : "Maintenant le salut, la puissance et l'empire sont à notre Dieu et l'autorité à son Christ, car il a été précipité, l'accusateur de nos frères, celui qui les accuse jour et nuit devant notre Dieu. 11 Eux aussi l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole à laquelle ils ont rendu témoignage et ils ont méprisé leur vie jusqu'à mourir. 12 C'est pourquoi, réjouissez-vous, cieux et vous qui y demeurez. Malheur à la terre et à la mer car le diable est descendu vers vous, avec une grande fureur, sachant qu'il ne lui reste que peu de temps." 13 Quand le dragon se vit précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l'enfant mâle. 14 Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme pour s'envoler au désert, en sa retraite, où elle est nourrie un temps, des temps et la moitié d'un temps, hors de la présence du serpent. 15 Alors le serpent lança de sa gueule, après la femme, de l'eau comme un fleuve, afin de la faire entraîner par le fleuve. 16 Mais la terre vint au secours de la femme, elle ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait jeté de sa gueule. 17 Et le dragon fût rempli de fureur contre la femme et il alla faire la guerre au reste de ses enfants, à ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus. 18 Et il s'arrêta sur le sable de la mer.



Apocalypse 13. 1 Puis je vis monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes et sur ses cornes dix diadèmes et sur ses têtes des noms de blasphème. 2 La bête que je vis ressemblait à un léopard, ses pieds étaient comme ceux d'un ours et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité. 3 Une de ses têtes paraissait blessée à mort, mais sa plaie mortelle fût guérie et toute la terre, saisie d'admiration, suivit la bête, 4 et l'on adora le dragon, parce qu'il avait donné l'autorité à la bête et l'on adora la bête, en disant : "Qui est semblable à la bête et qui peut combattre contre elle ?" 5 Et il lui fut donné une bouche proférant des paroles arrogantes et blasphématoires et il lui fût donné pouvoir d'agir pendant quarante-deux mois. 6 Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle et ceux qui habitent dans le ciel. 7 Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre, et il lui fût donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation. 8 Et tous les habitants de la terre l'adoreront, ceux dont le nom n'a pas été écrit dans le livre de vie de l'Agneau immolé, dès la fondation du monde. 9 Que celui qui a des oreilles entende. 10 Si quelqu’un met les autres en prison, il ira en prison, si quelqu'un tue par l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée. C'est ici la patience et la foi des saints. 11 Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau et qui parlait comme un dragon. 12 Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence et elle amenait la terre et ses habitants à adorer la première bête, dont la plaie mortelle avait été guérie. 13 Elle opérait aussi de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes, 14 et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer en présence de la bête, persuadant les habitants de la terre de dresser une image à la bête qui porte la blessure de l'épée et qui a repris vie. 15 Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête, de façon à la faire parler et à faire tuer tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la bête. 16 Elle fit qu'à tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, on mit une marque sur la main droite ou sur le front, 17 et que nul ne pût acheter ou vendre, s'il n'avait pas la marque du nom de la bête ou le nombre de son nom. 18 C'est ici la sagesse, que celui qui a de l'intelligence compte le nombre de la bête car c'est un nombre d'homme et ce nombre est six cent soixante-six.



Apocalypse 14. 1 Je regardai encore et voici que l'Agneau se tenait sur la montagne de Sion et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur le front. 2 Et j'entendis un son qui venait du ciel, pareil au bruit de grandes eaux et à la voix d'un puissant tonnerre et le son que j'entendis ressemblait à un concert de harpistes jouant de leurs instruments. 3 Et ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre animaux et les vieillards, et nul ne pouvait apprendre ce cantique, si ce n'est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. 4 Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui accompagnent l'Agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d'entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l'Agneau, 5 et il ne s'est pas trouvé de mensonge dans leur bouche car ils sont irréprochables. 6 Puis je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, tenant l’Évangile éternel, pour l'annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple. 7 Il disait d'une voix forte : "Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l'heure de son jugement est venue, adorez Celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux." 8 Et un autre ange suivit, en disant : "Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande, qui a abreuvé toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité." 9 Et un troisième ange les suivit, en disant d'une voix forte : "Si quelqu'un adore la bête et son image et en prend la marque sur son front ou sur sa main, 10 il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, du vin pur versé dans la coupe de sa colère et il sera tourmenté dans le feu et dans le souffre, sous les yeux des saints anges et de l'Agneau, 11 et la fumée de leur supplice s'élèvera aux siècles des siècles et il n'y aura de repos, ni jour ni nuit, pour ceux qui adorent la bête et son image, ni pour quiconque aura reçu la marque de son nom." 12 C'est ici que doit se montrer la patience des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. 13 Et j'entendis une voix venant du ciel, qui disait : "Écris : Heureux dès maintenant les morts qui meurent dans le Seigneur." "Oui, dit l'Esprit, qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent." 14 Puis je regardai et voici que parut une nuée blanche et sur la nuée quelqu'un était assis qui ressemblait à un fils de l'homme ayant sur sa tête une couronne d'or et dans sa main une faucille tranchante. 15 Et un autre ange sortit du sanctuaire, criant d'une voix forte à celui qui était assis sur la nuée : "Lance ta faucille et moissonne, car le moment de moissonner est venu parce que la moisson de la terre est mûre." 16 Alors Celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre et la terre fut moissonnée. 17 Un autre ange sortit du sanctuaire qui est dans le ciel, portant, lui aussi, une faucille tranchante. 18 Et un autre ange, celui qui a pouvoir sur le feu, sortit de l'autel et s'adressa d'une voix forte à celui qui avait la faucille tranchante, disant : "Lance ta faucille tranchante et coupe les grappes de la vigne de la terre, car les raisins en sont murs." 19 Et l'ange jeta sa faucille sur la terre et vendangea la vigne de la terre et il en jeta les grappes dans la grande cuve de la colère de Dieu. 20 La cuve fut foulée hors de la ville et il en sortit du sang jusqu'à la hauteur du mors des chevaux, sur un espace de mille six cents stades.



Apocalypse 15. 1 Puis je vis dans le ciel un autre signe, grand et étonnant : sept anges qui tenaient en main sept plaies, les dernières, car c'est par elles que doit se consommer la colère de Dieu. 2 Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu et au bord de cette mer étaient debout les vainqueurs de la bête, de son image et du nombre de son nom, tenant les harpes sacrées. 3 Ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu et le cantique de l'Agneau disant : "Grandes et admirables sont vos œuvres Seigneur, Dieu tout-puissant. Justes et véritables, sont vos voies, ô Roi des siècles. 4 Qui ne craindrait, Seigneur et ne glorifierait votre nom ? Car vous seul êtes saint et toutes les nations viendront se prosterner devant vous parce que vos jugements ont été manifestés." 5 Après cela, je vis s'ouvrir dans le ciel le sanctuaire du tabernacle du témoignage 6 et les sept anges qui ont en main les sept plaies sortirent du sanctuaire, ils étaient vêtus d'un lin pur et éclatant et portaient des ceintures d'or autour de la poitrine. 7 Alors l'un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d'or, pleines de la colère du Dieu qui vit aux siècles des siècles. 8 Et le sanctuaire fut rempli de fumée par la gloire de Dieu et par sa puissance et personne ne pouvait entrer dans le sanctuaire jusqu'à ce que fussent consommées les sept plaies des sept anges.



Apocalypse 16. 1 Et j'entendis une grande voix qui sortait du sanctuaire et qui disait aux sept anges : "Allez et versez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu." 2 Et le premier partit et répandit sa coupe sur la terre, et un ulcère malin et douloureux frappa les hommes qui avaient la marque de la bête et ceux qui adoraient son image. 3 Puis le second répandit sa coupe dans la mer, et elle devint comme le sang d'un mort et tout être vivant qui était dans la mer mourut. 4 Puis le troisième répandit sa coupe dans les fleuves et les sources d'eau et les eaux devinrent du sang. 5 Et j'entendis l'ange des eaux qui disait : "Vous êtes juste, vous qui êtes et qui étiez, vous le Saint, d'avoir exercé ce jugement 6 car ils ont versé le sang des justes et des prophètes et vous leur avez donné du sang à boire, ils en sont dignes." 7 Et j'entendis l'autel qui disait : "Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, vos jugements sont vrais et justes." 8 Puis le quatrième répandit sa coupe sur le soleil et il lui fut donné de brûler les hommes par le feu 9 et les hommes furent brûlés d'une chaleur extrême et ils blasphémèrent le nom de Dieu qui est le maître de ces plaies et ils ne se repentirent pas pour lui rendre gloire. 10 Puis le Cinquième répandit sa coupe sur le trône de la bête et son royaume fut plongé dans les ténèbres, les hommes se mordaient la langue de douleur 11 et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères et ils ne se repentirent pas de leurs œuvres. 12 Puis le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve de l'Euphrate et les eaux en furent desséchées, afin de livrer passage aux rois venant de l'Orient. 13 Et je vis sortir de la bouche du dragon et de la bouche de la bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles 14 car ce sont des esprits de démons qui font des prodiges et ils vont vers les rois de toute la terre afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. 15 Voici que je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille et qui garde ses vêtements pour ne pas aller nu et ne pas laisser voir sa honte. 16 Et ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Armaguédon. 17 Puis le septième répandit sa coupe dans l'air et il sortit du sanctuaire une grande voix venant du trône, qui disait : "C'en est fait." 18 Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres et un grand tremblement, tel que jamais, depuis que l'homme est sur la terre, il n'y eut tremblement de terre aussi grand. 19 La grande cité fut divisée en trois parties et les villes des nations s'écroulèrent et Dieu se souvint de Babylone la grande pour lui faire boire la coupe du vin de son ardente colère. 20 Toutes les îles s'enfuirent et l'on ne retrouva plus de montagnes. 21 Et des grêlons énormes, pouvant peser un talent, tombèrent du ciel sur les hommes et les hommes blasphémèrent Dieu à cause du fléau de la grêle, parce que ce fléau était très grand.



Apocalypse 17. 1 Puis l'un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : "Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux, 2 avec laquelle les rois de la terre se sont souillés et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité." 3 Et il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème et ayant sept têtes et dix cornes. 4 Cette femme était vêtue de pourpre et d'écarlate et richement parée d'or, de pierres précieuses et de perles, elle tenait à la main une coupe d'or, remplie d'abominations et des souillures de sa prostitution. 5 Sur son front était un nom, nom mystérieux : "Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre." 6 Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus, et, en la voyant, je fus saisi d'un grand étonnement. 7 Et l'ange me dit : "Pourquoi t'étonner ? Moi je vais te dire le mystère de la femme et de la bête qui la porte et qui a les sept têtes et les dix cornes. 8 La bête que tu as vue était et n'est plus, elle doit remonter de l'abîme, puis s'en aller à la perdition. Et les habitants de la terre, dont le nom n'est pas écrit dès la fondation du monde dans le livre de la vie, seront étonnés en voyant la bête, parce qu'elle était, qu'elle n'est plus et qu'elle reparaîtra. 9 C'est ici qu'il faut un esprit doué de sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois, 10 les cinq premiers sont tombés, l'un subsiste, l'autre n'est pas encore venu et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. 11 Et la bête qui était et qui n'est plus, en est elle même un huitième et elle est des sept, 12 et elle s'en va à la perdition. Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n'ont pas encore reçu la royauté, mais qui recevront un pouvoir de roi pour une heure avec la bête. 13 Ceux-ci ont un seul et même dessein et ils mettent au service de la bête leur puissance et leur autorité. 14 Ils feront la guerre à l'Agneau, mais l'Agneau les vaincra, parce qu'il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois et ceux qui l'accompagnent sont les appelés, les élus et les fidèles." 15 Et il me dit : "Les eaux que tu as vues, au lieu où la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. 16 Et les dix cornes que tu as vues sur la bête haïront elles-mêmes la prostituée, elles la rendront désolée et nue, elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu. 17 Car Dieu leur a mis au cœur d'exécuter son dessein et de donner leur royauté à la bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. 18 Et la femme que tu as vue, c'est la grande cité qui a la royauté sur les rois de la terre.



Apocalypse 18. 1 Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande puissance, et la terre fut illuminée de sa gloire. Il cria d'une voix forte, disant : 2 "Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande. Elle est devenue une habitation de démons, un séjour de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau immonde et odieux, 3 parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, que les rois de la terre se sont souillés avec elle et que les marchands de la terre se sont enrichis par l'excès de son luxe." 4 Et j'entendis du ciel une autre voix qui disait : "Sortez du milieu d'elle, ô mon peuple, afin de ne pas participer à ses péchés et de n'avoir pas part à ses calamités, 5 car ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel et Dieu s'est souvenu de ses iniquités. 6 Payez-la comme elle-même a payé et rendez-lui au double selon ses œuvres, dans la coupe où elle a versé à boire, versez-lui le double, 7 autant elle s'est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu'elle dit en son cœur : Je trône en reine, je ne suis pas veuve et ne connaîtrai pas le deuil. 8 A cause de cela, en un même jour, les calamités fondront sur elle, la mort, le deuil et la famine et elle sera consumée par le feu, car il est puissant le Dieu qui l'a jugée." 9 Les rois de la terre qui se sont livrés avec elle à l'impudicité et au luxe, pleureront et se lamenteront sur son sort, quand ils verront la fumée de son embrasement. 10 Se tenant à distance, par crainte de ses tourments, ils diront : "Malheur ! Malheur ! O grande ville, Babylone, ô puissante cité, en une heure est venu ton jugement." 11 Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à son sujet, parce que personne n'achète plus leur cargaison : 12 cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, de perles, de lin fin, de pourpre, de soie et d'écarlate et le bois de senteur de toute espèce et toute sorte d'objets d'ivoire et toute sorte d'objets de bois très précieux, d'airain, de fer et de marbre, 13 et la cannelle, les parfums, la myrrhe, l'encens, le vin, l'huile, la fleur de farine, le blé, les bestiaux, les brebis et des chevaux et des chars et des corps et des âmes d'hommes. 14 Les fruits dont tu faisais tes délices s'en sont allés loin de toi, toutes les choses délicates et magnifiques sont perdues pour toi et tu ne les retrouveras plus. 15 Les marchands de ces produits, qui se sont enrichis avec elle, se tiendront à distance par crainte de ses tourments, ils pleureront et se désoleront, disant : 16 "Malheur ! Malheur ! O grande ville, qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d'écarlate et qui était richement parée d'or, de pierres précieuses et de perles, en une heure ont été dévastées tant de richesses." 17 Et tous les capitaines et tous ceux qui naviguent vers la ville, les matelots et tous ceux qui exploitent la mer, se tenaient à distance, 18 et ils s'écriaient en voyant la fumée de son embrasement : "Que pouvait-on comparer à cette grande ville ?" 19 Et ils jetaient de la poussière sur leur tête et ils criaient en pleurant et en se désolant : "Malheur ! Malheur ! La grande ville dont l'opulence a enrichi tous ceux qui avaient des bateaux sur la mer, en une heure, elle a été réduite en désert." 20 Réjouis-toi sur elle, ô ciel et vous aussi, les saints, les apôtres et les prophètes, car, en la jugeant, Dieu vous a fait justice. 21 Alors un ange puissant prit une pierre semblable à une grande meule et la lança dans la mer, en disant : "Ainsi sera soudain précipitée Babylone, la grande ville et on ne la retrouvera plus. 22 En toi on n'entendra plus les sons des joueurs de harpe, des musiciens, des joueurs de flûte et de trompette, en toi on ne trouvera plus d'artisan d'aucun métier et le bruit de la meule ne s'y fera plus entendre, 23 on n'y verra plus briller la lumière de la lampe, on n'y entendra plus la voix de l'époux et de l'épouse parce que tes marchands étaient les grands de la terre, parce que toutes les nations ont été égarées par tes enchantements. 24 Et c'est dans cette ville qu'on a trouvé le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre."



Apocalypse 19. 1 Après cela, j'entendis dans le ciel comme une grande voix d'une foule immense qui disait : "Alléluia, le salut, la gloire et la puissance appartiennent à notre Dieu, 2 parce que ses jugements sont vrais et justes. Il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par son impudicité, il a vengé le sang de ses serviteurs répandu par ses mains." 3 Et ils dirent une seconde fois : "Alléluia et la fumée de son embrasement monte aux siècles des siècles" 4 et les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux se prosternèrent et adorèrent Dieu assis sur le trône, en disant : "Amen. Alléluia." 5 Et il sortit du trône une voix qui disait : "Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs et vous qui le craignez, petits et grands." 6 Et j'entendis comme la voix d'une foule immense, comme le bruit des grandes eaux, comme le fracas de puissants tonnerres, disant : "Alléluia car il règne, le Seigneur notre Dieu, le Tout-Puissant. 7 Réjouissons-nous, tressaillons d'allégresse et rendons-lui gloire car les noces de l'Agneau sont venues et son épouse s'est préparée 8 et il lui a été donné de se vêtir de lin fin, éclatant et pur." Ce lin fin, ce sont les vertus des saints. 9 Et l'ange me dit : "Écris : Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l'Agneau." Et il ajouta : "Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu." 10 Je tombai alors à ses pieds pour l'adorer, mais il me dit : "Garde-toi de le faire, je suis ton compagnon de service et celui de tes frères qui gardent le témoignage de Jésus, adore Dieu" car le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie. 11 Puis je vis le ciel ouvert et il parut un cheval blanc, celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, il juge et combat avec justice. 12 Ses yeux étaient comme une flamme ardente, Il avait sur la tête plusieurs diadèmes et portait un nom écrit que nul ne connaît que lui-même, 13 il était revêtu d'un vêtement teint de sang, son nom est le Verbe de Dieu. 14 Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur. 15 De sa bouche sortait un glaive affilé, pour en frapper les nations, c'est lui qui les gouvernera avec un sceptre de fer et c'est lui qui foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. 16 Sur son vêtement et sur sa cuisse, il portait écrit ce nom : Roi des rois et Seigneur des seigneurs. 17 Et je vis un ange debout dans le soleil et il cria d'une voix forte à tous les oiseaux qui volaient par le milieu du ciel : "Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu, 18 pour manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des soldats vaillants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous les hommes, libres et esclaves, petits et grands." 19 Et je vis la bête et les rois de la terre avec leurs armées, rassemblés pour faire la guerre à Celui qui était monté sur le cheval et à son armée. 20 Et la bête fut prise et avec elle le faux-prophète qui, par les prodiges faits devant elle, avait séduit ceux qui avaient la marque de la bête et ceux qui adoraient son image. Tous les deux furent jetés vivants dans l'étang de feu où brûle le soufre, 21 le reste fut tué par le glaive qui sortait de la bouche de Celui qui était monté sur le cheval et tous les oiseaux se rassasièrent de leurs chairs.



Apocalypse 20. 1 Et je vis descendre du ciel un ange qui tenait dans sa main la clef de l'abîme et une grande chaîne, 2 il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan et il l'enchaîna pour mille ans. 3 Et il le jeta dans l'abîme, qu'il ferma à clef et scella sur lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. Après cela, il doit être délié pour un peu de temps. 4 Puis je vis, des trônes, où s'assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu et ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image et qui n'avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. 5 Mais les autres morts n'eurent pas la vie, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. C'est la première résurrection. 6 Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection. La seconde mort n'a pas de pouvoir sur eux, ils seront prêtres de Dieu et du Christ et ils régneront avec lui pendant mille ans. 7 Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison et il en sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre extrémités de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour le combat. Leur nombre est comme le sable de la mer. 8 Elles montèrent sur la surface de la terre et elles cernèrent le camp des saints et la ville bien-aimée, 9 mais Dieu fit tomber un feu du ciel qui les dévora. Et le diable, leur séducteur, fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète, 10 et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles. 11 Puis je vis un grand trône éclatant de lumière et Celui qui était assis dessus. Devant sa face la terre et le ciel s'enfuirent et il ne fut plus trouvé de place pour eux. 12 Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts, on ouvrit encore un autre livre, qui est le livre de la vie, et les morts furent jugés, d'après ce qui était écrit dans ces livres, selon leurs œuvres. 13 La mer rendit ses morts, la Mort et le séjour des morts rendirent les leurs, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. 14 Puis la Mort et le séjour des morts furent jetés dans l'étang de feu : c'est la seconde mort, l'étang de feu. 15 Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l'étang de feu.



Apocalypse 21. 1 Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu 2 et il n'y avait plus de mer. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, une Jérusalem nouvelle, vêtue comme une jeune mariée parée pour son époux. 3 Et j'entendis une voix forte qui disait : "Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, il habitera avec eux et ils seront son peuple et lui-même il sera le Dieu avec eux, il sera leur Dieu. 4 Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux et la mort ne sera plus et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu." 5 Et Celui qui était assis sur le trône, dit : "Voici que je fais toutes choses nouvelles." Et il ajouta : "Écris, car ces paroles sont sûres et véritables." 6 Puis il me dit : "C'est fait. Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai gratuitement de la source de l'eau de la vie. 7 Celui qui vaincra possédera ces choses, je serai son Dieu et il sera mon fils. 8 Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part est dans l'étang ardent de feu et de soufre : c'est la seconde mort." 9 Alors l'un des sept anges qui tenaient les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint me parler et me dit: "Viens, je te montrerai la nouvelle mariée, l’Épouse de l'Agneau." 10 Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, 11 brillante de la gloire de Dieu et l'astre qui l'éclaire est semblable à une pierre très précieuse, à une pierre de jaspe transparente comme le cristal. 12 Elle a une grande et haute muraille, avec douze portes, à ces portes sont douze anges et des noms inscrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël. 13 Il y a trois portes à l'orient, trois portes au nord, trois portes au midi et trois portes à l'occident. 14 La muraille de la ville a douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau. 15 Et celui qui me parlait tenait une mesure, un roseau d'or, pour mesurer la ville, ses portes et sa muraille. 16 La ville est quadrangulaire et sa longueur est égale à sa largeur. Il mesura la ville avec son roseau, jusqu'à douze mille stades, la longueur, la largeur et la hauteur en sont égales. 17 Il en mesura aussi la muraille, de cent quarante-quatre coudées, mesure d'homme, qui est aussi mesure d'ange. 18 La muraille de la ville est construite en jaspe et la ville est d'un or pur, semblable à un pur cristal. 19 Les pierres fondamentales du mur de la ville sont ornées de toutes sortes de pierres précieuses, la première base est du jaspe, la deuxième, du saphir, la troisième, de la calcédoine, la quatrième, de l'émeraude, 20 la cinquième, du sardonyx, la sixième, de la sardoine, la septième, de la chrysolithe, la huitième, du béryl, la neuvième, de la topaze, la dixième, de la chrysoprase, la onzième, de l'hyacinthe, 21 la douzième, de l'améthyste. Les douze portes sont douze perles, chaque porte est d'une seule perle, la rue de la ville est d'un or pur, comme du verre transparent. 22 Je n'y vis pas de temple, car le Seigneur Dieu tout-puissant en est le temple, ainsi que l'Agneau. 23 La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau est son flambeau. 24 Les nations marcheront à sa lumière et les rois de la terre y apporteront leur gloire. 25 Ses portes ne seront pas fermées chaque jour, car il n'y aura pas de nuit. 26 On y apportera ce que les nations ont de plus magnifique et de plus précieux, 27 et Il n'y entrera rien de souillé, aucun artisan d'abomination et de mensonge, mais ceux-là seulement qui sont inscrits dans le livre de vie de l'Agneau.



Apocalypse 22. 1 Puis il me montra un fleuve d'eau de la vie, clair comme du cristal, jaillissant du trône de Dieu et de l'Agneau, 2 au milieu de la rue de la ville, et de part et d'autre du fleuve, des arbres de vie qui donnent douze fois leurs fruits, les rendant une fois par mois et dont les feuilles servent à la guérison des nations. 3 Il n'y aura plus aucun anathème, le trône de Dieu et de l'Agneau sera dans la ville, ses serviteurs le serviront, 4 et ils verront sa face et son nom sera sur leurs fronts. 5 Il n'y aura plus de nuit et ils n'auront besoin ni de la lumière de la lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera, et ils régneront aux siècles des siècles. 6 Et l'ange me dit : "Ces paroles sont certaines et véritables, et le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt. 7 Voici que je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre." 8 C'est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et vues, je tombai aux pieds de l'ange qui me les montrait pour l'adorer. 9 Mais il me dit : "Garde-toi de le faire. Je suis serviteur au même titre que toi, que tes frères les prophètes et que ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu." 10 Et il me dit : "Ne scelle pas les paroles de la prophétie de ce livre car le moment est proche. 11 Que celui qui est injuste fasse encore le mal, que l'impur se souille encore, que le juste pratique encore la justice et que le saint se sanctifie encore. 12 Et voici que je viens bientôt et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre. 13 Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. 14 Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de la vie et afin d'entrer dans la ville par les portes. 15 Dehors les chiens, les magiciens, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime le mensonge et s'y adonne. 16 C'est moi, Jésus, qui ai envoyé mon ange vous attester ces choses, pour les Églises. C'est moi qui suis le rejeton et le fils de David, l'étoile brillante du matin." 17 Et l'Esprit et l’Épouse disent : "Venez." Que celui qui entend dise aussi : Venez. Que celui qui a soif, vienne. Que celui qui le désire, prenne de l'eau de la vie gratuitement. 18 Je déclare aussi à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre que, si quelqu'un y ajoute, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre, 19 et que, si quelqu'un retranche des paroles de ce livre prophétique, Dieu lui retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la cité sainte, qui sont décrits dans ce livre. 20 Celui qui atteste ces choses, dit : "Oui, je viens bientôt." Amen. Venez, Seigneur Jésus. 21 Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous.


Notes sur l’Apocalypse


1.1 Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. Bientôt : « la réalisation des événements annoncés commencera dès la fin du siècle apostolique, pour se continuer dans la suite des âges, jusqu’à ce que le royaume de Dieu ait atteint sa perfection, obtenu son dernier triomphe, au second avènement de Jésus-Christ.  A Jean, son serviteur. Saint Jean qui ne s’était nommé ni dans son Évangile ni dans ses lettres, se nomma dans l’Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le prophète doit attester la réalité et l’authenticité de ses révélations en les signant, pour ainsi dire, de son nom.

1.2 Le témoignage de Jésus-Christ, etc. ; c’est-à-dire qui a rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ.

1.4 Voir Exode, 3, 14. Aux sept Églises. Ces Églises sont nommées au verset 11.

1.5 Voir 1 Corinthiens, 15, 20 ; Colossiens, 1, 18 ; Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 1, 19 ; 1 Jean, 1, 7.

1.7 Voir Isaïe, 3, 13 ; Matthieu 24, 30 ; Jude, 1, 14.

1.8 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 13. ― L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.

1.9 Du témoignage de Jésus ; c’est-à-dire pour avoir rendu témoignage à Jésus, pour avoir prêché le nom de Jésus. ― Dans l’île de Patmos. Petite île de la mer Égée, l’une des Sporades, à l’est de la Carie, au sud de Samos. Ce n’était qu’un rocher, presque partout aride, de 12 km de long et 5 km de large. On montre dans l’île une grotte où l’on croit que saint Jean a écrit l’Apocalypse.

1.10 Le Jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine.

1.11 En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une partie de l’Asie Mineure. ― A Éphèse. Voir Actes Apôtres, 18, 19. ― A Smyrne. Voir plus loin, Apocalypse, 2, 8. ― A Pergame. Voir plus loin, Apocalypse, 2, 12. ― A Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14. ― A Sardes. Voir plus bas, Apocalypse, 3, 1. ― A Philadelphie. Voir plus bas, Apocalypse, 3, 7. ― A Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.

1.12 Sept chandeliers, « symboles des sept Églises (voir verset 20) : toute Église, comme tout chrétien, doit être « la lumière du monde » (voir Matthieu 5, 14-15). 

1.17 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 22, 13. ― Je suis le premier et le dernier. Voir le verset 8.

1.20 Les sept anges, etc. ; c’est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges visibles de Dieu, ou ses envoyés. Cf. Malachie, 2, 7.

2.6 Nicolaïtes ; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l’un des sept diacres de Jérusalem, qui fut l’auteur, ou plutôt l’occasion de cette secte.

2.7 Cet arbre de vie au milieu du paradis, c’est Jésus-Christ présent dans le ciel ; le fruit de cet arbre, c’est la possession de Dieu. L’arbre de vie, planté au milieu du paradis terrestre, et dont les fruits devaient communiquer l’immortalité à nos premiers parents, était le symbole de la communion intime de l’homme avec Dieu, source de la vie véritable : la même image symbolise ici la communication incessamment renouvelée de la vie divine accordée aux élus, l’aliment toujours nouveau de leur éternel amour.

2.8 Smyrne, ville ionienne, port de la mer Égée, dans l’Asie Mineure, située au nord d’Éphèse, célèbre par son commerce.

2.9 Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l’étaient pas, parce que le vrai Juif n’est pas celui qui le paraît au dehors, mais celui qui l’est intérieurement. Voir Romains, 2, 28-29.

2.11 La seconde mort est la damnation éternelle, comme la première est la mort du corps.

2.12 Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caïque et du Cétius, renommée pour son temple d’Esculape et pour sa riche bibliothèque, ainsi que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n’est qu’une altération du nom de Pergame.

2.13 Antipas, d’après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant celui à qui s’adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu’il consomma son martyre dans les flancs d’un taureau d’airain brûlant.

2.14 Voir Nombres, 24, 3 ; 25, 2.

2.18 Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14.

2.19 Ta bienfaisance, la distribution des aumônes. Cf. 2 Corinthiens, 8, 4 ; 9, vv. 1, 12-13.

2.20 Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu’on avait entraînée dans le parti de l’erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n’être pas véritable, mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d’Achab, roi d’Israël. Elle désignerait soit une secte personnifiée (celles des Nicolaïtes ?), soit un personnage réel, dont le nom est emprunté à la fameuse reine d’Israël, si ardente à propager l’idolâtrie et à persécuter les serviteurs de Dieu (voir 1 Rois, chapitre 19 et suivants).

2.23 Voir 1 Samuel, 16, 7 ; Psaumes, 7, 10 ; Jérémie, 11, 20 ; 17, 10 ; 20, 12.

2.26 On voit ici que les saints après leurs morts vivent avec Dieu, et ont puissance sur les nations.

2.27 Voir Psaume, 2, 9.

2.28 C’est Jésus-Christ lui-même qui est l’étoile du matin (voir Apocalypse, 22, 16), qui se lèvera dans nos cœurs (voir 2 Pierre, 1, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous, en nous communiquant l’éclat de sa gloire.

3.1 Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, tout adonnée aux plaisirs, sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait beaucoup de Juifs.

3.3 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; 2 Pierre, 3, 10 ; Apocalypse, 16, 15.

3.7 Voir Isaïe, 22, 22 ; Job, 12, 14. ― Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le Caïstre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. Depuis l’an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.

3.14 Voir Jean, 14, 6. Colossiens, 2, 1.

3.18 Cet or éprouvé par le feu est le symbole de la charité ; ces habits blancs, celui de l’innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (voir Apocalypse, 19, 8), et ce collyre, celui de l’humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaître nos défauts.

3.19 Voir Proverbes, 3, 12 ; Hébreux, 12, 6.

3.20 Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu’il nous donne ; il entre en nous par la charité qu’il répand dans nos cœurs ; il soupe avec nous par les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le grand jour de l’éternité.

4.1 Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, chapitres 4 et 5. Le chapitre quatrième contient la description du ciel, siège de la grandeur, de la puissance et de la justice divines. C’est là que sont portés tous les arrêts qui s’exécutent sur la terre. On y voit Dieu assis sur son trône, comme sur un tribunal ; au-dessous est une mer de cristal, calme, immense, transparente, comme le firmament. A l’entour sont vingt-quatre vieillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont le titre de prêtres, parce qu’ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacerdoce, qui est d’adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis sur des trônes, parce qu’ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l’essence même de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu’ils sont associés à sa puissance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l’Agneau divin, debout et vivant, mais comme égorgé, portant les marques d’une double immolation, celle qu’il a subie en sa personne et celle qu’il souffre dans son corps mystique. C’est sa mission et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C’est donc lui qui reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins ; qui révèle à saint Jean les événements que celui-ci prédit. Il est, comme le Père, l’objet des adorations de toute créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu’est celle du chapitre premier par rapport aux révélations faites aux évêques des sept Églises. C’est le prélude des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre.

4.4 Les vingt-quatre vieillards. Les meilleurs exégètes pensent que ces vingt-quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures, représentent la totalité des élus, en tant qu’appliqués aux louanges de Dieu. Comme ils remplissent l’office principal des prêtres, ils en portent le nom. Ils sont au nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l’ancien peuple. Suivant Bossuet, douze représentent les saints de l’Ancien Testament, issus des patriarches, et douze les saints du Nouveau, dont les Apôtres sont comme les pères. Ils n’ont qu’une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l’Agneau.

4.6 Les quatre animaux symboliques. « La plupart voient en eux une personnification des quatre Évangiles, en tant qu’animant et inspirant les prédicateurs de la foi chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute leur activité, tout leur zèle sont employés à faire connaître les perfections et les desseins de Dieu ; ils sont les dépositaires de tous ses décrets ; ils reflètent toute ses pensées sur l’avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi bien que l’activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation. Ils remplissent le monde des louanges de la majesté divine. ― Pour se former une idée de la cour céleste, telle qu’elle fut montrée à saint Jean, il faut joindre à ce tableau celui de la multitude des élus, tracé au chapitre 7. Rien de plus solennel, de plus animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l’auteur du Te Deum ses plus magnifiques versets. ― Il est impossible de n’être pas frappé du rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, chapitres 4 et 5, et le culte que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l’origine du christianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée céleste dont saint Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres sacrés, de prêtres, vêtus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au milieu, un autel ; sous cet autel, des reliques ; sur l’autel, l’Agneau immolé qui fait office de Médiateur et qui reçoit des adorations ; devant l’autel, des parfums, des prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu’il n’est pas donné à tous de lire et de comprendre. ― Soit que l’Esprit Saint nous donne à entendre par cette vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous les voiles dans nos sanctuaires, soit que l’Église de la terre ait pris dans cette vue du ciel, comme Moïse autrefois, l’idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en conclure que nos principales cérémonies remontent à l’origine du christianisme, et qu’elles ont leur sanction dans l’autorité de Dieu.

4.8 Voir Isaïe, 6, 3. ― Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant trois fois l’adjectif positif.

4.11 Dans ce chapitre, les chantres célestes louent Dieu à cause de la création, qui a été la première manifestation des perfections divines et le principe de toutes ses grâces. Dans le chapitre suivant, ils loueront Dieu et le Sauveur à cause de la rédemption.

5.1 On voit apparaître successivement trois groupes de symboles : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes. S’il est manifeste que tous ces symboles ont rapport au même objet, la destruction du monde idolâtre, il ne l’est pas moins que leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe ajoute à la signification du précédent. La levée des sceaux montre que l’arrêt de la Justice est porté, sans être encore promulgué ; le son des trompettes est la promulgation de l’arrêt ; l’effusion des coupes sera comme l’application de la peine au coupable. A la dernière, on entendra éclater dans le ciel cette parole : « C’est fait », voir Apocalypse, 16, 17, auquel fait écho le cri de l’Apostat expirant : « Tu as vaincu Galiléen. » ― Il est clair qu’il s’agit de fléaux ou de châtiments divins. Ces fléaux tombent sur l’empire idolâtre comme les plaies d’Égypte sur le royaume de Pharaon. Reste la difficulté d’assigner à chaque signe un sens particulier, ou d’indiquer avec précision à quelle date il s’accomplit, à quel événement il se rapporte. Il nous semble qu’il y a une mesure à garder dans cette détermination, qu’il ne faut pas vouloir tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour objet des faits d’une même époque et parfois les mêmes faits considérés sous divers aspects. Évidemment, c’est moins pour s’accorder avec les faits de l’histoire que pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent d’une manière régulière, en nombre septénaire. « Le nombre sept, dit saint Augustin, est celui de la totalité. » Plusieurs exégètes n’ont pas assez tenu compte de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles une signification particulière, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de la précision leur a fait perdre jusqu'à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles, moins précis que frappants. “Prise dans son ensemble, dit P. Lacordaire, la prophétie de saint Jean est d’une extrême clarté ; mais elle échappe aux efforts de ceux qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scènes aux événements accomplis.”

5.2 D’en rompre les sceaux. Anciennement on scellait les livres, les tablettes, en les enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appliquant le sceau par-dessus. Voir Isaïe, 8, 16.

5.8 Qui sont les prières des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre.

5.11 Voir Daniel, 7, 10.

5.13-14 Le cantique en l’honneur de la rédemption est chanté d’abord par les rachetés eux-mêmes, les 24 vieillards (voir versets 8-10) ; ensuite par le chœur innombrable des anges ; puis, plus loin encore, dans les sphères qui embrassent l’univers entier, toutes les créatures le font entendre ; enfin l’harmonie céleste revient au centre par l’amen des quatre animaux, et l’adoration silencieuse des 24 vieillards termine le premier acte de la vision.

6.2-8 Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre le monde à son Évangile ; les quatre chevaux, les jugements et les châtiments qui devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Église ; le cheval roux signifie les guerres ; le noir, la famine et le pâle monté par la Mort, les plaies et la peste.

6.9 Sous l’autel. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est cet autel sous lequel les âmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos autels.

6.10 saint et véritable. Cf. Apocalypse, 3, 7. ― Ne ferez-vous pas, etc. Les saints ne demandent pas cela par haine de leurs ennemis, mais par zèle pour la gloire de Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la béatitude complète de ses élus.

6.11 Une robe blanche, stolê. Voir Luc, 15, 22.

6.12 Noir comme un sac de crin. Les sacs de deuil dont se servaient ordinairement les prophètes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chèvre, soit de chameau.

6.13 Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un grand vent les fait tomber en abondance.

6.14 Comme un livre roulé. Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier ou de vélin.

6.16 Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.

7.3 Sur le front : « la marque du sceau sera une sauvegarde et contre les tribulations des derniers jours, et contre toute espèce de chute ou de défaillance morale. 

7.9 ; 7.13 De robes blanches, stolai. Voir Luc, 15, 22.

7.9 foule immense : il s’agit ici, non plus des élus de Dieu encore sur la terre au sein des épreuves (Versets 1, 8 ), mais des bienheureux sans nombre, de tous les lieux et de tous les temps, en possession de la gloire du ciel. 

7.16 Voir Isaïe, 49, 10.

7.17 Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 21, 4.

8.5 Des voix, des tonnerres, des éclairs et la terre trembla : signes avant-coureurs des jugements de Dieu. Ainsi la même cause qui vient de faire monter vers Dieu les prières des saints, demandant justice contre les persécuteurs (voir Apocalypse, 6, 9-11), devient le signe des châtiments divins. 

8.7 Toute herbe verte ; c’est-à-dire toute sorte d’herbe indistinctement, mais non pas généralement toute l’herbe. ― Cf. la plaie d’Égypte décrite à Exode, 9, 18-25.

8.8-9 Cf. Exode, 7, 17.

9.1 Une étoile ; c’est-à-dire un grand hérétique. ― Lui fut donnée ; c’est-à-dire fut donnée à l’étoile qui s’en servit pour ouvrir le puits de l’abîme, et non à l’ange. C’est le sens indiqué par la construction même de la phrase. Ajoutons que les quatre anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu’ils laissent agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. ― Au son de la cinquième trompette, saint Jean voit d’abord un être sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir l’abîme, demeure des démons et des exécuteurs de la justice divine. La fumée qui s’en échappe donne l’idée d’une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement après, apparaît une multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavaleries armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture rappelle celle de Joël, chapitres 1 et 2, et doit avoir une signification analogue.

9.6 Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.

9.7 Voir Sagesse, 16, 9.

9.7 et suivants La description qui suit emprunte ses traits aux sauterelles naturelles, mais en les transformant et les agrandissant d’une façon merveilleuse. La tête de ces animaux, semble sortir du thorax, comme celle du cheval sort du plastron qui recouvre son poitrail (voir Job, 39, 20 ; Joël, 2, 4) ; c’est-à-dire chevaux du foin. Elles ont à la tête une protubérance ou crête à reflet d’un jaune vert : c’est le diadème d’or. Cette tête offre, en outre, une vague ressemblance avec le profil du visage humain. Leurs longues antennes rappellent des cheveux de femmes, leur voracité les dents du lion (voir Joël, 1, 6), leur dur thorax une cuirasse de fer. Pour le bruit de leurs ailes, cf. Joël, 2, 5. 

9.13 Aux quatre coins de l’autel étaient placées quatre cornes, emblèmes de la puissance de la prière et du sacrifice (voir Exode, 30, 3). L’autel d’où part la voix est celui-là même où les prières des saints montaient devant Dieu (voir Apocalypse, 8, verset 3 et suivants) : elles ont été exaucées et ont obtenu de Dieu la plaie qui va être décrite.

9.14 Les quatre anges, « probablement de bons anges, quoiqu’ils soient présentés comme liés ; ce qui lie les anges, dit Bossuet, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. ― L’Euphrate est mis ici par figure : c’est de là que, dans l’Ancien Testament (voir Isaïe, 7, 20 ; 8, 7 ; Jérémie, 46, 10) partaient les armées ennemies pour ravager les Juifs infidèles.  ― Le grand fleuve d’Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Mésopotamie et la Babylonie et après s’être mêlé au Tigre, se jette dans le golfe Persique.

10.5 Voir Daniel, 12, 7.

10.9 Voir Ézéchiel 3, 1.

11.1-2 Le temple qui est montré à saint Jean n’est certainement pas celui de Jérusalem, détruit depuis longtemps ; c’est l’image de l’Église, la cité céleste, le sanctuaire par excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que saint Jean le voit. Il en prend la mesure sur la parole de l’Ange, comme Ézéchiel avait pris la mesure du temple de Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son intégrité, qu’il n’y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des douze tribus. Quant au parvis extérieur, c’est-à-dire ce qui appartient à l’Église sans être l’Église elle-même, saint Jean n’a pas à le mesurer, parce qu’il est abandonné aux fureurs des païens, pour être dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l’essentiel, l’intérieur, la foi, le culte, les choses saintes : rien ne pourra les détruire ni les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversés.

11.2 le parvis extérieur du temple, en grec naos. Voir Matthieu 21, 12. ― « La cité sainte, livrée aux païens et saccagée par les infidèles, c’est l’Église considérée dans sa plus grande extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu’aux demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem ; mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, saint Jean n’aurait pas donné le titre de cité sainte à la ville du déicide, si durement châtiée par Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d’un culte devenu caduque et réprouvé. D’ailleurs, l’affliction de cette cité doit cesser après trois ans et demi, quarante-deux mois, mille deux cent soixante et des jours, l’espace de temps que dura en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Élie.

11.3 Mes deux témoins. Les Pères et les exégètes ont entendu communément par ces deux témoins Hénoch (voir Genèse, 5, 22 ; Ecclésiastique, 44, 16 ; Hébreux, 11, 5) et Élie, « qui doivent revenir à la fin des temps prêcher aux hommes la pénitence.

11.4 « Allusion à Zacharie, 4, verset 2 et suivants, où deux oliviers figurent à droite et à gauche d’un chandelier, symbolisant Zorobabel et le grand prêtre Jésus (Josué), les défenseurs du peuple de Dieu. Mais ce n’est qu’un simple rapprochement entre deux visions essentiellement différentes. Les témoins du Christ doivent, comme l’olivier, porter l’huile du Saint-Esprit et de sa divine lumière.

11.6 « La première partie de ce verset rappelle clairement Élie (voir 1 Rois, 17, 1 ; cf. Jacques, 5, 17), la seconde Moïse (voir Exode, 7, 19), celui-ci représentant la Loi, celui-là la prophétie, et par suite l’Évangile. Saint Jean les avait vus tous deux sur le Thabor, témoins de la glorification de Jésus et s’entretenant avec lui de ses souffrances (voir Luc, 9, 30). 

11.7 Dans ces paroles et celles qui suivent, saint Jean décrit la guerre, la mort et la victoire corporelle dans lesquelles Dieu accordera à l’Antéchrist le triomphe sur ces deux prophètes, après leur guerre et leur victoire spirituelle contre lui. L’Antéchrist est ici appelé la bête qui s’élève de l’abîme. Par La bête, saint Jean désigne donc l’Antéchrist, ou le fils de perdition qui apparaîtra dans le monde vers la fin des temps. 1° Il est appelé la bête, à cause de sa vie abominable qu’il passera dans la luxure et la concupiscence des femmes. 2° A cause de sa cruauté sans exemple avec laquelle, comme le farouche léopard, il sévira contre les chrétiens. 3° Une bête féroce dévore et déchire tout ce qu’elle rencontre ; et c’est ainsi que l’Antéchrist dévorera et mutilera toutes choses saintes et sacrées ; il abolira le sacrifice continuel, il foulera aux pieds le Saint des Saints, il ne craindra pas le Dieu de ses pères, et ne s’inquiétera d’aucun dieu (voir Daniel, 11, 37). 4° Comme le destin final de la bête est de naître et de vivre pour être tuée ou périr ; ainsi l’Antéchrist naîtra et sera désigné et choisi pour ne faire que le mal, et pour courir à sa perte ; c’est pour cela qu’il est appelé le fils de perdition. Il est dit que la bête s’élèvera de l’abîme, parce que l’Antéchrist parviendra à [la puissance] par les fraudes les plus sourdes et les plus cachées et par les artifices les plus coupables ; et c’est à l’aide de la puissance des ténèbres, qu’il entrera dans le royaume et s’élèvera par-dessus tout, et ensuite parce qu’il possédera les trésors d’or, d’argent et de pierreries les plus précieuses qui soient cachées dans les abîmes de la terre et la mer ; et ces trésors lui seront révélés et livrés par le démon Maozim qu’il adorera (voir Daniel, 11, 38). On doit aussi remarquer ici que le verbe monter est mis au présent, tandis que les verbes, faire, vaincre et tuer sont au futur ; c’est pour nous apprendre que ce n’est pas dès l’instant de son élévation au trône, qu’il sera permis à l’Antéchrist de sévir contre les deux prophètes, mais seulement après qu’ils auront rendu et terminé leur témoignage de Jésus-Christ.

11.8 Grand ville, etc. Ces détails conviennent à Jérusalem (voir Isaïe, 1, 10 ; 3, 9 ; Ézéchiel, 16, 49) ; mais tout, dans ce tableau, étant symbolique, Jérusalem doit l’être aussi : comparer aux versets 9 et 10. Ce nom signifie donc toute ville, toute contrée de la terre corrompue comme Sodome, rebelle aux ordres de Dieu comme l’Égypte, crucifiant de nouveau Jésus-Christ dans ses membres comme Jérusalem. . On peut donc penser à la Jérusalem du Temps des Nations : Rome, devenue apostate à la fin des temps.

11.11 Mais après trois jours et demi : allusion à la résurrection du Sauveur. ― Un esprit de vie : cf. Ézéchiel, 37, 10.

12.1 La femme revêtue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de l’enfantement, c’est l’Église. Le soleil dont elle parée, c’est Notre-Seigneur, dont elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a lune sous ses pieds, pour montrer qu’elle domine toutes les agitations et les vicissitudes de ce monde. Sur sa tête est une couronne de douze étoiles, parce que sa gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l’enfantement parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu’elle donne naissance à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infidèles. Ce n’est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulèvements de l’enfer qu’elle le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan ; et sa prudence n’empêchera pas le démon d’entraîner dans le même abîme que lui un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison d’appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Étant la reine de l’Église, Marie doit en posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l’idée de l’une et de l’autre se présente ici à la fois.

12.3-4 Un grand dragon, « Satan, représenté dans le ciel, parce qu’il y est remonté, en quelque sorte, en se faisant adorer par toute la terre ; roux ou rouge, par allusion soit au feu de l’enfer, soit au sang des martyrs. ― Sept têtes, etc. ; ce sont à peu près les insignes de la bête (voir Apocalypse, 13, 1 et chapitre 17), qui tient sa puissance du dragon. ― Des étoiles du ciel, des anges qu’il a entraînés dans sa révolte ; selon d’autres, des fidèles de toute condition, entraînés à leur perte par Satan. 

12.7 Michel. A cet archange était confiée la conduite du peuple juif ; voir Daniel, 10, 21.

12.9 Diable veut dire calomniateur, et Satan, adversaire.

12.11 par la parole à laquelle ils ont rendu témoignage ; c’est-à-dire par la confession qu’ils ont faite de leur foi.

12.14 en tout 42 mois (voir Apocalypse, 11, 2), ou 1260 jours (voir Apocalypse, 11, 3).

12.17 Qui gardent le témoignage de Jésus ; ce que l’on explique généralement par : Ceux qui ont conservé fidèlement le témoignage qu’ils ont rendu à Jésus-Christ, qui sont demeurés fermes dans la confession qu’ils ont faite de Jésus-Christ. Comparer au verset 11.

13.1 Une bête : une puissance de ce monde, un empire dominateur, opposé à Dieu et à son Christ ; l’image est empruntée à l’empire romain. D’autres : l’Antéchrist. Les sept têtes sont des rois ou royaumes (voir Apocalypse, note, 17.10-13). 

13.2 Voir Apocalypse, note 11.7.

13.3 Une de ses têtes, etc. La signification de ce trait est obscure ; quelque événement de l’avenir en donnera sans doute l’explication. Il s’agit peut-être de l’Antéchrist qui fera croire qu’il a été tué puis fera croire à sa fausse résurrection pour mieux se faire passer pour le Christ.

13.4 l'on adora le dragon ; c’est-à-dire les habitants de la terre adoreront. Comparer au verset 8.

13.8 ceux dont le nom n'a pas été écrit dans le livre de vie de l'Agneau immolé, dès la fondation du monde ; voir Apocalypse, 17, 8 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde.

13.10 Voir Genèse, 9, 6 ; Matthieu 26, 52.

13.11 Cornelius a Lapide (1565-1637) écrit ceci : « Saint Ambroise, Tertullien et d’autres… entendent par cette Bête un insigne imposteur qui sera comme un précurseur et un héraut de l’Antéchrist, comme saint Jean-Baptiste le fut du Christ… Joseph Acosta (De temp. Noviss. II, 17) dit : Ces deux cornes sont celles de la dignité épiscopale, celle de la mitre (qui est en effet bicorne). Il semblerait donc que ce pseudo-prophète sera un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, traître à l’état ecclésiastique, qui propagera dans le peuple par ses discours le venin du dragon. » (Corn. In Apoc., XIII, 11). Saint Thomas d’Aquin (opuscule 68) précise : « Cela revient à dire : Sa doctrine avait la ressemblance de celle de l’Agneau, à savoir le Christ… mais en réalité il s’agissait des cornes du diable, c’est-à-dire de sa doctrine fétide… » ― « qui parlait comme un dragon ». Celle qui, chrétienne seulement par le nom, présente l’agneau pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Église hérétique ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de l’agneau si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien, afin de tromper plus sûrement les imprudents ; c’est pour cela que le Seigneur a dit : “Méfiez-vous des faux prophètes(voir Matthieu 7, 15). » (Saint Césaire d’Arles) ― « Ses cornes sont semblables à celles d’un agneau ; elle n’a pas recours à la force matérielle ; mais son langage est celui d’un serpent : ses armes sont la ruse et la séduction.  ― Hildegarde de Bingen : « Cette bête qui s’élèvera de terre est un faux prophète (voir Apocalypse, 16, 13 ; 19, 20 ; 20, 10) qui annoncera le fils de perdition comme étant le Christ, et il en sera le bras à l’aide duquel l’Antéchrist opérera des choses surprenantes tant par des signes que par la puissance de ses armes. (…) Il est dit que cette bête aura deux cornes semblables à celles de l’Agneau, parce qu’elle sera un chrétien apostat et qu’elle s’élèvera secrètement et frauduleusement. Elle (…) occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint Pierre (…). Alors l’Église sera dispersée dans les solitudes et les lieux déserts, (…) parce que le pasteur aura été frappé, et que les brebis seront dispersées. Car il en sera de même qu’au temps de la Passion de Notre-Seigneur. L’Église latine sera déchirée, et à l’exception des élus, il y aura défection totale de la foi. (…) »

13.16 Les païens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.

13.18 Son nombre est 666. « Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était d’autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérique. De là ces mots : « Son chiffre est 666, » c’est-à-dire on trouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce nom ? Évidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu’on rapprochait de Titus, Ουλπιανος, Ulpianus, prénom de Trajan, Λντιμος, Honori contrarius, Λαμπετις, Splendidus, ο Νιχητης, Victor, Αμνος αδιχος, Agnus nocens, Καχος οδηγος, malus dux, Γενσηριχος, Genséric, Gentium seductor, Αποστατης, Apostata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus, en hébreu et en grec : Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diocles Augustus, en latin ; etc. ― Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique ; que le nombre 6, symbole du jour de l’homme, indique l’imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du jour de Dieu, indique la perfection de l’éternité. D’où ils déduisent que 666, nombre de l’Antéchrist, signifie l’imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, signifie la perfection à la plus haute puissance.

14.3 Qui ont été rachetés de la terre ; c’est-à-dire qui, au prix du sang de l’Agneau, ont été rachetés, de manière qu’en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume.

14.7 Voir Psaume, 145, 6 ; Actes des Apôtres, 14, 14.

14.8 Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8. ― Cette grande Babylone, Babylone, l’ancienne ennemie des Israélites, est mise pour Rome, Rome pour l’empire romain, l’empire romain pour le paganisme.

14.15 Voir Joël, 3, 13 ; Matthieu 13, 39. ― Lance ta faucille, pour faucher la moisson.

15.2 Les harpes ; c’est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans le temple pour le service divin ; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de Dieu ; ce qui serait un superlatif hébreu.

15.4 Voir Jérémie, 10, 7.

16.12 L’Euphrate. Voir Apocalypse, 9, 14.

16.15 Voir Matthieu 24, 43 ; Luc, 12, 39 ; Apocalypse, 3, 3. ― Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs.

16.16 C’est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les rois. ― Armagédon ; c’est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Mageddo, ville située au pied du mont Carmel, célèbre par de sanglants combats (voir Juges, 1, 27 ; 5, 19 ; 2 Rois, 9, 27 ; 23, 29). Mais ce mot a tant de variantes, qu’il est impossible d’en connaître la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification.

16.17 C'en est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs de son Église est accompli. Cf. Apocalypse, 21, 6.

16.21 pouvant peser un talent ; pour dire d’une grosseur extraordinaire, prodigieuse ; le talent étant le poids le plus fort.

17.1-5 La grande Babylone. Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c’est bien la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant l’empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et à cet empire que la plupart des exégètes appliquent ce chapitre. Ceux qui reportent à la fin des temps les événements annoncés par les visions de l’Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, saint Jean n’emprunte que ses couleurs et ses détails à la Rome des Césars, et ce n’est pas elle qu’il a réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui sera, dans les derniers jours du monde, la capitale du dernier empire antichrétien. Cf. Apocalypse, 14, 8. ― Assise sur les grandes eaux : trait emprunté à la Babylone historique située sur l’Euphrate, (voir Jérémie, 51, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (voir verset 15), sur lesquels règne la prostituée. Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu’elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête étant préfigurée par l’empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de l’idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l’on peut dire que tout le monde aujourd’hui la reconnaît (…). ― Que cette femme représente une ville, saint Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu’elle a sept montagnes et sept rois, qu’elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome n’était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n’a été désignée ainsi. ― Cette grande ville est représentée comme le principal soutien de l’idolâtrie, comme une source d’erreurs et de dépravation pour l’univers entier. Elle est pleine d’abominations et d’impuretés, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens. Elle est couverte d’inscriptions sacrilèges et blasphématoires. C’est une nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour l’orgueil, la puissance et l’impiété. Elle persécute le christianisme ; elle s’enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est répandu par elle. ― Qui pourrait méconnaître à ces détails la Rome des empereurs, telle qu’était sous Domitien, au moment du martyre de saint Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l’appelait aussi Sodome ou l’Égypte. Non contente de professer l’idolâtrie, elle s’attribuait à elle-même la divinité. ― Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien que dans les provinces. ― Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irrécusable. ― Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l’ancienne, pour ne jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu’elle opprimait, à passer par le fer et par le feu, comme un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l’effroi, la stupeur, la désolation, mais en même temps être le signal du triomphe de l’Église dans le monde entier. Les chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la corruption. ― Il suffit d’avoir lu l’histoire du cinquième et du sixième siècles pour reconnaître dans la ruine de Rome la parfaite préfiguration de ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l’empire finit par disparaître sous ses débris avec ses dieux et ses temples. L’empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu’un petit nombre de chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place des ruines de l’ancienne.

17.10-13 Bisping et les partisans de l’interprétation eschatologique disent ceci : les sept têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l’histoire, ont fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains, États modernes sortis de la Révolution ou imbus de ses principes. Quand l’élément antichrétien aura atteint son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas l’un d’eux, comme on traduit souvent), c’est-à-dire une puissance mondaine, qui résumera en elle et portera au suprême degré l’impiété des sept premières. Les dix cornes désignent les divers États de la fin des temps, États non indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l’Antéchrist (la bête. Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô). Voilà pourquoi elles ne portent pas de couronnes (cf. Apocalypse, 13, 1). Leur pouvoir durera une heure, c’est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l’Agneau (voir verset 14 : cette victoire de l’Agneau est décrite au chapitre 19).

17.14 Voir 1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 19, 16.

17.15 Des peuples, des foules, des nations et des langues : ces expressions ont pour but de montrer Rome comme le centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de la terre. 

17.18 La grande cité, Rome. La Rome des Césars préfigurant une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome des Césars était une autre Babylone. 

18.2 Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8 ; Apocalypse, 14, 8.

18.6 Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité.

18.7 Voir Isaïe, 47, 8.

18.12 Le bois de senteur de toute espèce . Ce peut être notammen le cèdre blanc désigné sous le nom de cupressus thyoides.

18.13 L’expression des corps et des âmes d'hommes se prend dans l’Écriture tantôt pour esclaves, tantôt pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes les hommes libres ; car on vend tout, esclaves et libres, dans une ville d’un si grand abord. »

18.14 Tout les choses délicates et magnifiques, non seulement les meilleures productions de la terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu’offrent une table bien servie et un festin splendide.

18.20 Dieu vous a fait justice, Dieu vous a vengés de tout le mal qu’elle vous a fait.

18.21 Comme une grande meule : le châtiment prononcé par le Sauveur contre ceux qui ont donné du scandale. Voir Matthieu 18, 6.

19.3 Et sa fumée ; c’est-à-dire la fumée de son embrasement.

19.8 Les vertus des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes deviennent justes et saints.

19.9 Voir Matthieu 22, 2 ; Luc, 14, 16.

19.13 Voir Isaïe, 63, 1.

19.15 Voir Psaume, 2, 9.

19.16 Voir 1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 17, 14.

19.19-21 La bête « qui était montée de l’abîme (voir Apocalypse 17, 3-8), l’Antéchrist, avec les dix rois (voir Apocalypse, 17, verset 12 et suivants) et leurs armées. ― Le faux prophète, la bête à deux cornes d’Apocalypse, 13, verset 11 et suivants. Cf. Apocalypse, 16, 13.  La guerre signifie la conspiration des puissances humaines contre l’Église. L’ultime bataille générale, inspirée par Satan et conduite par l’Antéchrist, signifie la dernière coalition ennemie qui se terminera, par la victoire du Christ, dans le jugement universel.

20.1-6 Mille ans. D’après ce qui précède, nous pouvons nous figurer ce règne de mille ans, prélude à la gloire définitive, comme une réalisation plus complète de la phrase de la prière du Notre Père : que ton règne vienne. L’Église a remporté une grande victoire sur Satan (voir verset 2) et sur le monde, dont le prince des ténèbres ne peut plus faire l’instrument de ses séductions. Sans doute, la lutte entre l’esprit et la chair n’a pas cessé ; les enfants de Dieu marchent encore dans la foi, non dans la claire vision : ils sont encore des pèlerins ici-bas ; la mort exige encore sa solde. Mais une effusion plus abondante des dons de l’Esprit-Saint est répandue dans les âmes ; les combats de la vertu sont moins rudes, plus souvent victorieux. Durant cette ère de paix, le christianisme étend partout son action ; il pénètre de son esprit les arts, les sciences, toutes les relations sociales. Plusieurs appliquent à cette période de bénédiction les joyeux tableaux d’Isaïe (voir Isaïe, 11, 6-9 ; 30, 6 ; 65, 20) et de Daniel (voir Daniel, 2, 35-44 ; 7, verset 13 et suivants). Pendant les premiers siècles de l’Église, le millénarisme fut conçu comme le retour glorieux de Jésus-Christ venant régner sur la terre avec ses saints pendant mille ans avant le jugement général. Cette attente était commune, nous pourrions dire populaire parmi les premiers fidèles (Papias, saint Justin, saint Irénée, Tertullien, etc.) ; elle les soutient et les console sous le feu de la persécution. Hélas des hérétiques y mêlèrent des idées grossières qui la firent bien vite rejeter. Dès le temps de saint Jérôme, on pensa autrement : c’est du haut du ciel avec ses Saints, et non pas visiblement présent sur la terre, que Jésus-Christ, d’après saint Jean, doit régner pendant mille ans, et ce règne doit précéder le second avènement, sans se confondre avec lui. Saint Augustin, après quelques hésitations, finit par voir dans le règne de mille ans toute la durée de l’existence terrestre de l’Église (La Cité de Dieu, 20, 7, 13). Bossuet le fait commencer avec Jésus-Christ et finir en l’an mille. D’autres le placent entre Charlemagne et la Révolution française. Nous pensons, avec Bisping, que le millénium n’a pas encore fait son apparition.

20.2 Qui est le diable et Satan. Voir Apocalypse, 12, 9.

20.4 A cause du témoignage, etc. ; c’est-à-dire parce qu’ils ont rendu témoignage à Jésus-Christ, qu’ils ont prêché son nom et la parole de Dieu. Cf. Apocalypse, 1, 9.

20.7 Voir Ézéchiel, 39, 2. ― Sous le nom de Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d’Ézéchiel, saint Jean désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Église.

21.1 Voir Isaïe, 65, 17 ; 66, 22 ; 2 Pierre, 3, 13.

21.4 Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 7, 17.

21.5 Voir Isaïe, 43, 19 ; 2 Corinthiens, 5, 17.

21.6 C’est fait ; c’est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rapport au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Cf. Apocalypse, 16, 17. ― L’Alpha et l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.

21.16 Douze mille stades : le stade mesure 185 mètres.

21.17 Qui est aussi mesure d'ange ; qui est celle dont se servait l’ange pour mesurer. Saint Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici question ne diffèrent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons ordinairement. ― La coudée équivaut à 52 centimètres.

21.23 Voir Isaïe, 60, 19.

21.25 Voir Isaïe, 60, 11.

22.5 Voir Isaïe, 60, 20. ― Que peut-on conclure de l’Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses circonstances, à sa date ? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu’à fortifier notre foi et à susciter notre vigilance. Il nous apprend peu de choses relativement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l’Apocalypse, qu’il y aura une résurrection générale et un jugement universel, que les méchants seront la proie de l’enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l’abîme, qu’il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l’Église sera environnée d’ennemis et en butte à toutes sortes d’attaques, et que ses ennemis seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit des dernières persécutions de l’empire romain, et des séductions causées par la fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvellera alors avec un scandale encore plus grand. Mais c’est à peu près tout ce qu’on peut conclure. Le reste n’est que conjecture ou imagination. ― Sur la date de la fin du monde, en particulier, l’Apocalypse ne fournit qu’une seule donnée, et il en résulte qu’elle doit avoir lieu bien longtemps après la fin des persécutions et la chute de Rome. Entre l’enchaînement de Satan, qui suit la ruine de l’empire, et le jugement dernier, saint Jean place une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son empire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d’années, c’est-à-dire un espace de temps très long, incomparablement plus long que les persécutions, quoique le nombre rond d’un millier ne doive pas s’entendre d’une manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de séduction et d’impiété, qu’on croit devoir être celle de l’Antéchrist, il n’est pas dit que le jugement universel doive la suivre immédiatement.

22.11 Que celui qui est injuste fasse encore le mal, que l'impur se souille encore, etc. Ce n’est pas une permission ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le vrai sens est donc : Si l’homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à en subir la peine ; de même que si celui qui est juste le devient encore davantage, il en recevra bientôt la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce genre de construction.

22.13 Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 1, vv. 8, 17 ; 21, 6.

22.14 Lavent leurs robes, emprunté à Apocalypse, 7, 14 : sanctifient leur vie. ― Par les portes : cf. Genèse, 3, 24. 

22.15 Dehors les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde ; on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur pour quelqu’un que de l’appeler chien. Voir Philippiens, 3, 2 ; Matthieu 7, 6. ― Le mensonge : cf. Apocalypse, 21, 8.

22.16 Je suis le rejeton : la racine ; en tant que créateur et source de la vie. ― La race ; c’est-à-dire le descendant.

22.17 Voir Isaïe, 55, 1. ― L’Esprit de Dieu dans le cœur des fidèles (voir Romains, 8, vv. 15-16, 26) et l’Épouse, c’est-à-dire l’Église du Sauveur (voir Apocalypse, 21, vv. 2, 9) lui répondent en soupirant après son glorieux retour : Venez. Eau de la vie : cf. Apocalypse, 21, 6 ; 22, 1 ; Jean, 4, 14 ; 7, 37.

22.19 Si quelqu'un retranche des paroles de ce livre prophétique  ; c’est-à-dire des promesses qui sont contenues dans ce livre.

22.20 Celui : Jésus-Christ, avant de prendre congé du Voyant, confirme l’espérance de l’Église par ces mots : oui, je viens bientôt ; à quoi Jean répond au nom de l’Église : Venez, etc.


Tables des Matières

Préface de l’éditeur p. 3

Actes des Apôtres : introduction p.7, texte sacré p.11, notes p.44.

Introduction aux lettres de Saint Paul p.69

Lettre aux Romains : introduction p.77, texte sacré p.81, notes p.95.

1ère lettre aux Corinthiens : introduction p.103, texte sacré p.107, notes p.120.

2ème lettre aux Corinthiens : introduction p.129, texte sacré p.131, notes p.140.

Lettre aux Galates : introduction p.145, texte sacré p.149, notes p.153.

Lettres aux Éphésiens : introduction p.157, texte sacré p.161, notes p.165.

Lettres aux Philippiens : introduction p.169, texte sacré p.171, notes p.174.

Lettre aux Colossiens : introduction p.177, texte sacré p.179, notes p.183.

1ère lettre aux Thessaloniciens : introduction p.185, texte sacré p.189, notes p.192.

2ème lettre aux Thessaloniciens : introduction p.193, texte sacré p.195, notes p.196.

Introduction aux lettres pastorales p.199.

1ère lettre à Timothée : introduction p.203, texte sacré p.205, notes p.208.

2ème lettre à Timothée : introduction p.211, texte sacré p.213, notes p.215.

Lettre à Tite : introduction p.217, texte sacré p.219, notes p.220.

Lettre à Philémon : introduction p.223, texte sacré p.225, notes p.225.

Lettre aux Hébreux : introduction p.227, texte sacré p.237, notes p.247.

Introduction aux lettres catholiques p.253.

Lettre de S. Jacques : introduction p.255, texte sacré p.259, notes p.262.

1ère lettre de S. Pierre : introduction p.265, texte sacré p.271, notes p.275.

2ème lettre de S. Pierre : introduction p.277, texte sacré p.281, notes p.285.

1ère lettre de S. Jean : introduction p.287, texte sacré p.295, notes p.299.

2ème lettre de S. Jean : introduction p.301, texte sacré p.305, notes p.305.

3ème lettre de S. Jean : introduction p.307, texte sacré p.309, notes p.309.

Lettre de S. Jude : introduction p.311, texte sacré p.315, notes p.316.

Livre de l’Apocalypse : introduction p.317, texte sacré p.327, notes p.343.


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Téléphone : 06-12-39-56-62 sitejesusmarie@gmail.com biblederome@free.fr

ISBN 978-2-493832-37-5 EAN 9782493832375