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Boèce
(470/480-525)
Martyre

De la consolation de la Philosophie - lire - télécharger

La consolation de la philosophie (trad. Jean-Yves Guillaumin), Belles-Lettres, 2002.
Courts traités de théologie, Le Cerf, 1991.

Boèce (Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius, dit) philosophe latin, né vers 470 à Rome, mort en 525 à Pavie. Il fit ses études à Rome, puis à Athènes. A son retour, il fut élevé trois fois au consulat (en 487, 510 et 511) par Théodoric, roi des Wisigoths . Mais des ennemis trouvèrent le moyen  lui faire perdre la confiance de Théodoric. Des remontrances qu'il adressa à ce dernier, au sujet des exactions des receveurs des deniers publics, furent le prétexte de sa disgrâce. Un décret du sénat le déclara coupable de trahison; renfermé dans une prison, il fut mis à mort en 525. Ses biens, dont la confiscation avait été prononcée, furent rendus à sa veuve par la reine Amalasonte qui fit relever ses statues. Boèce fut l'écrivain et le philosophe le plus distingué de son temps. Il avait embrassé la doctrine d'Aristote, et commenté ses ouvrages; il avait aussi composé des traités de théologie et de mathématiques.
 

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Boèce

Consolation de Philosophie

Traduit du latin par  J-Y. Guillaumin

La Consolation est un texte unique dans l’antiquité, un mélange de 39 proses et 39 poésies, où une figure allégorique, Philosophia, s’adresse à son élève (Boèce) et lui apporte la consolation de son enseignement (évidemment une présentation du monde de type néo-platonicien). Ce dialogue est l’oeuvre d’un haut personnage romain chrétien, sénateur et patrice, emprisonné et accusé de haute trahison, alors qu’il attendait la mort, vers 524 après J.-C.. Cette situation « d’urgence » et d’imminence de la mort (pensons à celle de Socrate), démenti par la belle sobriété du texte, est devenu un modèle pour la philosophie, dernier rempart de la beauté et de la méditation, symbole de résistance à l’oppression et de méditation sur la condition humaine.

La Consolation de Philosophie devait devenir l’un des ouvrages fondamentaux du Moyen Age, à côté de ceux de St Augustin, de St Benoît et de Bède le vénérable. C’est évidemment aussi un lointain modèle de la Divine Comédie de Dante. Boèce est un parfait représentant de la haute culture italienne de l’époque, déchirée entre sa fidélité à une tradition classique tenace (les satires grecques ou latines, la philosophie grecque, les consolations de Cicéron, Ovide ou Sénèque) et les réalités politiques de son temps, celui de l’Empereur Justinien (occupation par les Goths, la persécution des chrétiens, attrait d’un Orient encore brillant de sa vie culturelle).

Boèce, après des études approfondies, qui l’avaient mis en contact avec les sources grecques néoplatoniciennes, avait conçu un vaste projet d’acclimatation de la culture grecque en Occident par le moyen de traductions latines des grands textes philosophiques et scientifiques de l’Antiquité : c’est pourquoi il est révéré par tout le Moyen Age, qui lui doit sa connaissance des textes aristotéliciens et de leurs commentaires néo-platoniciens.

La présente traduction, inédite, est due à un spécialiste de Boèce ; elle tient compte des très nombreux travaux modernes (édition du texte latin chez Loeb en 1973).
 

BOÈCE

 La Fortune est plus bénéfique aux êtres humains quand elle est mauvaise que quand elle est bonne. L'une, en effet, quand elle se montre séduisante, est toujours en train de mentir avec son apparence de bonheur ; l'autre, au contraire, est toujours sincère quand elle révèle, par ses volte-face, son instabilité. L'une trompe, l'autre instruit ; l'une en faisant croire à un faux bonheur, ligote l'âme de ceux qui y trouvent leur jouissance, l'autre la libère en lui faisant prendre conscience de la précarité de la chance... La bonne Fortune use de ses charmes pour égarer les gens loin du bien véritable, tandis que la mauvaise les accroche au passage pour les ramener vers les véritables valeurs.

N'espère rien, n'aie peur de rien
Et tu désarmeras ton adversaire.
Quand on est agité par la crainte ou l'espoir,
Faute d'être calme et de se contrôler
On lâche son bouclier, on abandonne son poste
Et on resserre le lien qui sert à nous traîner.

Qu'est-ce que la santé des âmes sinon la bonté ? Et leur maladie sinon la méchanceté ?
Les sages n'éprouvent pas la moindre tentation de haine. Car qui pourrait haïr les bons, sinon des imbéciles ? Quant à haïr les méchants, ce serait déraisonnable. Si en effet, de même que l'asthénie est une maladie du corps, la méchanceté est une sorte de maladie de l'âme, étant donné qu'à nos yeux, les gens malades dans leur corps ne méritent absolument pas d'être haïs mais plutôt d'être pris en pitié, raison de plus de prendre en pitié plutôt que de les harceler, ceux dont l'âme est accablée par un mal plus pitoyable que n'importe quelle forme d'asthénie : la méchanceté.

Veux-tu retourner à autrui ce qu'il mérite ?
Aime les bons et prends pitié des méchants.

Plus une chose s'éloigne de l'Intelligence suprême, plus les liens du destin l'enserrent, et une chose est d'autant moins dépendante du destin qu'elle se rapproche étroitement de ce pivot de l'univers. Si elle adhère fermement à l'Intelligence supérieure stable, elle échappe aussi à la nécessité du destin.
Si tu veux, sous une lumière limpide discerner le vrai,
Coupe au plus court : chasse les joies, chasse la peur,
Défie-toi de l'espoir, éloigne la douleur.
L'esprit est embrumé et bridé quand il est sous leur emprise
.
La sagesse consiste à évaluer la finalité de toutes choses et c'est précisément cette faculté de passer d'un extrême à l'autre qui ne rend pas redoutables les menaces de la Fortune, ni souhaitables, ses séductions.

Si on cherche profondément le vrai
Et qu'on désire ne pas se fourvoyer,
On doit réfléchir sur soi sa lumière intérieure,
Concentrer les amples mouvements de sa pensée
Et apprendre à son âme que ce qu'elle entreprend au-dehors,
Elle le possède déjà, déposé secrètement en elle.

Tout homme heureux est un dieu. Bien qu'il n'y ait évidemment qu'un seul Dieu par nature, par participation, rien n'empêche qu'il n'y en ait autant qu'on veut.

O bienheureux genre humain
Si votre cœur obéit à l'amour
Auquel obéit le ciel.

Vous cherchez, je crois, à bannir le besoin par l'abondance. Or cela vous mène au résultat inverse. En effet, on a besoin de nombreuses aides pour protéger son mobilier précieux, quand on en a beaucoup, et il vrai que les besoins sont multiples quand on possède beaucoup, alors qu'ils sont très réduits quand on mesure sa richesse à ce que nécessite la nature et non à une ambition démesurée.

Si le besoin, éternelle bouche béante sans cesse à l'affût, trouve sa satisfaction dans les richesses, il subsiste nécessairement un autre besoin à satisfaire. Sans compter qu'il suffit d'un rien pour satisfaire la nature tandis que rien ne suffit à satisfaire la convoitise. Dans ces conditions, si les richesses, loin d'écarter le besoin, créent elles-mêmes leurs propres besoins, comment peut-on croire qu'elles offrent une garantie d'indépendance ?

Mais non ! Plus dévastateur que l'Etna,
Brûle le dévorant désir de posséder !
Où se cache le bien qu'ils convoitent,
Peu leur importe de l'ignorer :
Au lieu de le chercher par-delà le ciel étoilé,
Ils le cherchent, englués dans la terre...
Comment les blâmer à la mesure de leur bêtise ?
Qu'ils sollicitent richesse et honneurs !
Quand ils auront peiné pour acquérir les faux biens,
Qu'ils apprennent alors à distinguer les vrais.

Accorde, Père, à mon esprit de rejoindre le lieu de ton règne,
Accorde-lui de visiter la source du bien, de trouver la lumière
Et de ne plus poser que sur Toi les regards de mon âme.
Disloque les nuages et pesanteurs de la masse terrestre
Et resplendis de tous tes feux ! Car Tu es la sérénité,
Tu es le repos et la paix des justes : Te voir est leur fin,
Toi l'origine, le conducteur, le guide, le chemin et l'arrivée tout à la fois.

Extraits de la Consolation de la Philosophie (Ed. Rivages - 1989).

BOÈCE (en latin, Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius)
Poète latin (Rome vers 480 - près de Pavie, 524)
C'est essentiellement au travers de ses traductions que le Moyen Âge connut les œuvres de Platon et d'Aristote . Il fut l'un des fondateurs de la scolastique médiévale.
Ministre de Théodoric, il tomba en disgrace, fut emprisonné, supplicié et exécuté.
Pendant sa captivité il composa vers 523 un dialogue philosophique, De Consolatione philosophae [De la consolation de la philosophie] qui exerça une profonde influence sur la pensée et la littérature médiévales et fut avec l'Histoire d'Alexandre et Navigatio Sancti Brendani un des trois textes importants circulant en Europe au Moyen Âge.
Les cinq livres de la Consolation sont un dialogue alternant vers et prose, entre une femme qui personnifie la philosophie et l'auteur qui attend la mort. Il s'agit d'une méditation sur le hasard et la nécessité de l'existence humaine, la providence divine et la confiance que l'homme vertueux doit placer en elle.
voir Bibliographie
- Courts traités de théologie , présentation par Hélène Merle, Cerf, 1991, [154 pages]
- Consolation de la Philosophie, Préface de Marc Fumaroli, Traduit du latin par Colette Lazam, Rivages, [220 pages]

Courts traités de théologie
Opuscula sacra
auteur(s):  Boèce

Textes traduits, présentés et annotés par Hélène Merle

Paru en : 1991
154 pages - Dimensions: 195 x 125 x 12 - Poids 165 grammes
19 Euros / 124,63 Francs -  disponible
ISBN : 2204042013 - SODIS : 8242479 - EAN : 9782204042017
collaboration(s) :  Hélène Merle

Néoplatonicien, Boèce (480 ? -525) a essayé de répondre aux difficiles questions que posaient à la doctrine chrétienne les philosophes « païens ». Ces "Courts traités" ("Opuscula sacra") traitent de la trinité, de l’essence de Dieu, de la nature humaine et de la nature divine du Fils, etc. L’argumentation de Boèce a servi de « bréviaire » à nombre de grands auteurs du Moyen Âge comme Jean Scot, Anselme, Thomas d’Aquin, Raymond Lulle.
langue originale : latin
 

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