Pour Dieu, il est plus glorieux d'être
choisi par une créature qui doit surmonter un océan d'épreuves
plutôt que simplement se laisser glisser comme sur un tobogan vers
l'amour de Dieu.
l'amour et la pureté conquise
de haute lutte par sainte Marie Madeleine glorifie plus Dieu que la pureté
du petit enfant qui est pur sans concours de sa volonté.
Dieu pouvait faire de rien
un univers composé
de créatures spirituelles comme les anges
de créatures corporelles comme le monde
de créatures mixtes comme l’homme
et le revêtir de sa grâce
pour en faire une habitation de surcroît
où il serait éternellement connu et aimé.
Dieu pouvait obtenir cela en créant
le monde dans l’état de terme.
Pourquoi l’a-t-il créé
dans l’état de voie ?
L’état de voie rend possible l’amour de préférence de la créature pour Dieu.
L’état de voie rend possible
un choix, et donc un amour de préférence de la créature
pour Dieu.
Toute la Bible raconte l’histoire
d’un Dieu qui s’offre à sa créature et qui n’a qu’un désir
être préféré par elle aux autres réalités
crées.
Dans l’état de terme, les
créatures sont fixées immuablement dans l’amour de l’Absolu,
ils le voient à découvert
L’amour béatifique n’est
pas libre au sens de pouvoir agir ou ne pas agir, au sens de choisir ceci
ou cela
Pourtant cet amour béatifique
n’est pas contraint
Il est souverainement volontaire
Il est libre éminemment
Il est super libre
L’acte libre
formellement est celui que la volonté produit dans l’indifférence
(dominatrice), d’une manière contingente, sans aucune nécessité,
en sorte qu’elle pourrait ne pas le produire : voilà ce que
nous entendons communément par acte libre.
L’acte libre éminemment
est celui de la volonté produit par une nécessité,
venant non pas de quelque contrainte ou de quelque limitation de sa puissance,
mais de l’infinité d’un bien qui remplit l’ampleur universelle de
son désir.
Jean de saint Thomas, in Primam
Secundae, qu.6. ; disp. 3, a. 2., N°13 ; Vivès, t .V, p. 370.
Dans l’état de voie, les anges
et les hommes connaissent l’Absolu, non pas dans la clarté de la
vision, mais seulement dans la nuit de la foi.
Il faut choisir pour ou contre lui.
Avant le temps de la vision,
« ce n’est pas par nécessité
que la volonté adhère à Dieu et aux choses de Dieu
;
Tandis qu’au contraire, c’est par
nécessité que celui qui voit Dieu par essence adhère
à lui. », saint Thomas d’Aquin S.T. I. qu.82.a.2.
Choisir ici-bas pour l’absolu c’est
renoncer immédiatement à certains biens particuliers :
« nul ne peut servir deux
maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » Mt 6,24
« Si quelqu’un veut venir
après loi, qu’il se renonce lui-même… » Mt 16,24
Le Bien dont nous savons qu’il est
l’Absolu, ne se présente à nous provisoirement, dans l’état
de voie, que comme un bien relatif,
Qu’on ne peut choisir sans renoncer
à d’autres biens relatifs.
Le Bien Absolu se dissimule sous
les apparences d’un bien limité,
Comme le Christ sous les espèces
eucharistiques.
Dieu semble agir avec nous comme
un roi qui, pour savoir s’il est aimé pour lui-même ou pour
ses richesses se cache sous des habits de mendiant.
On retrouve le thème du Christ
pèlerin, thème qui a tant ému le Moyen-Age.
« j’ai eu faim et vous m’avez
donné à manger,
j’ai eu soif et vous m’avez donné
à boire
j’étais nu et vous m’avez
vêtu… » Mt 25, 35.
Le mystère de l’état de voie est le mystère d’un état où Dieu va mendier de ses créatures un amour de préférence.
L’état de voie permet la révolte de la créature.
Dieu supplie qu’on le préfère
mais il permet qu’on l’offense.
Dieu peut être définitivement
préféré c’est l’histoire du Bon larron, qui entre
au dernier moment dans le paradis Luc 23,43.
Dieu peut être définitivement
offensé c’est l’histoire de l’homme pour qui il eût mieux
valu ne pas être né Mt 26, 24.
Pour le premier, l’état de
terme est éternellement une victoire de l’amour.
Pour le deuxième cas, l’état
de terme sera éternellement un refus de l’amour.
Le respect de Dieu pour la liberté
de sa créature nous apparaît ainsi comme infini :
c’est le respect de l’Etre infini
pour la personne créée.
Un monde avec le mal peut être meilleur au total qu’un monde sans le mal.
Dieu pouvait créer un monde
où le mal n’aurait pas eu de prises
Il pouvait créer une sphère
de cristal,
Il pouvait créer d’emblée
le monde des anges et des hommes dans la lumière béatifique.
Mais Dieu ne pouvait pas demander
de ses créatures
un amour de préférence,
une fidélité dans le temps des plus grandes épreuves
et
des pires triomphes du mal,
sans souffrir que se produisent
les plus grandes épreuves
et les pires triomphes du
mal.
Dieu ne pouvait-il pas attirer les
anges et les hommes dans l’état de voie par une motion irrésistible
de la grâce qui inclue la force d’accomplir l’acte (la grâce
opérante) où l’on n’a pas à délibérer
mais seulement à consentir ?
Ou ne pourrait-il pas convertir
les hommes au dernier moment comme il a terrassé Saint Paul sur
le chemin de Damas ?
Dieu peut transférer les créatures
dans la béatitude par une motion spéciale de sa grâce
opérante, alors pourquoi permet-il l’impénitence finale ?
Quelque innombrables que soient
ces interventions, elles sont l’exception et leur mode est extraordinaire.
La loi normale de la grâce
est d’être donné aux créatures en tenant compte du
régime exigé par leur nature d’êtres libres, en laissant
non seulement la liberté de consentir au bien, mais encore celle
de choisir entre le bien et le mal, de préférer le bien au
mal.
Dieu attendra d’être librement
préféré par sa créature ange ou homme.
Mais alors il faut qu’il accepte d’être librement rejeté par
sa créature ange ou homme.
Il tient tant à ce libre
amour de préférence qu’il passe dessus le risque d’être
refusé .
Un monde ou le refus des uns est compensé par la libre préférence des autres est mystérieux, mais il est bon.
Un monde avec le mal peut
être meilleur au total qu’un monde sans le mal, parce qu’
il peut susciter des fidélités,
des repentirs, des amours qu’ignorerait éternellement un monde qui
ne serait pas balayé par les grandes tempêtes.
Ce n’est pas seulement la pureté de saint Jean, ce sont aussi les larmes de sainte Marie-Madeleine qui sont meilleures que l’innocence des petits enfants.
Saint François de Sales dira
:
« la Rédemption de Notre Seigneur, touchant nos misères,
les rend plus utiles et aimables que n’eut jamais été l’innocence
originelle »
Traité
de l’amour de Dieu, Livre II, chap. V
Dieu a choisi de créer un
monde doté de la liberté de le rejeter
parce que cette liberté implique
également la possibilité donnée à une créature
le pouvoir de se déclarer librement pour lui, de l'aimer par préférence
à d'autres biens apparents.
Les hommes désirent également
être aimé par amour et non pas intérêt (argent,
pouvoir, sexe).
Un mode peuplé d'automates
programmés pour aimer Dieu est il meilleur qu'un monde d'hommes
dotés de la liberté de choisir ?
Préférons - nous un
droïde disant je t'aime ou une femme libre prenant la décision
libre de nous aimer ?
Dieu se présente à
nous comme un homme puissant et riche qui veut être aimé pour
lui même,
pour ses qualités et non
pour son pouvoir ou son argent,
Dieu se cache sous l'apparence de
notre prochain,
de ceux avec lesquels nous vivons tous les jours
et il voit comment
nous nous comportons avec eux.
Si nous aimons et sommes bons avec
notre prochain, nous aimons Jésus.
Si nous nous comportons avec amour,
nous serons revétus de la jouissance éternelle de la vision
béatifique pour l'éternité,
mais si nous choisissons le mal
nous recevrons ce que nous avons semé, nous recevrons la haine éternelle
et le mal éternel.
Dieu est Esprit, Dieu est amour,
L'enfer et le paradis n'existent
que du point de vue de l'homme,
ils n'existent pas du côté
de Dieu, Lequel est parfait et n'implique donc que du bonheur et de la
jouissance, rien de mauvais, d 'imparfait, de douloureux ne peut
exister en Dieu car ce serait un défaut pour lui.
De même le soleil ne contient
pas de ténèbres, mais illumine tout,
un obstacle cause l'ombre, ce
n'est pas le soleil qui cause l'ombre.
Dieu n'est qu'amour et fait
tout par amour,
Nous avons la possibilité
de rejeter Dieu
ce rejet est respecté et
permis par Lui
ce rejet constitue le mal et la
souffrance éternelle
Après la mort nous sommes
plongés en Dieu, et nous sortons de la création matérielle
pour être plongé dans
le monde purement spirituel,
Dieu est alors accueilli par notre
sensibilité,
par notre personnalité,
par notre être
selon la disposition
de notre volonté;
ceux qui ont une volonté attachée
au Bien jouissent
ceux qui ont une volonté
attachée au Mal souffrent
ceux qui ont une volonté attachée au Bien mais qui ont encore des tâches, de la rouille ou des cicatrices du péché, souffrent de manière temporaire pour se purifier, non pas de leur volonté mauvaise [car la volonté ne peut changer que pendant la vie sur terre] mais pour se purifier des tâches causées par les actes commis lors des moments où ils s'étaient attachés au mal.
Cela les a éclaboussé, et ils n'ont pas sur profiter des souffrances et du temps de la vie sur terre pour nettoyer parfaitement leur robe.
P.S.: ces notes sont un mélange
de citations de Charles Journet et de notes personnelles datant de plusieurs
années. Elle ne contient pas que des citations strictement littérales
de l'oeuvre citée en titre.
17 août 2009.