1. CYRILLE (SAINT), patriarche d’Alexandrie. – I. Biographie. II. Ecrits. III. Doctrine. IV. Influence et caractère général.
Saint Cyrille d'Alexandrie fut, au début du Vème siècle, le Docteur de l'Incarnation.
Le Logos de Dieu le Père
est né de la Vierge qui ne fut appelée qu'à jouer
le rôle de médiatrice et d'instrument pour enfanter selon
la chair celui qui était uni à la chair. l'Emmanuel est Dieu.
Celle qui a enfanté le Dieu qui est apparu pour nous doit être
nommée Mère de Dieu.
Homélie pascale 17, PG 77,
777 C
Il ne faut pas diviser l'unique
Seigneur Jésus-Christ en homme à part et en Dieu à
part, mais nous disons qu'il n'y a qu'un seul Jésus-Christ, tout
en sachant la différence des natures et en les maintenant l'une
et l'autre sans confusion.
Scholies sur l'Incarnation, PG 75,
13 85 C
Le Seigneur est une gerbe, il
nous lie tous à lui. Il nous rassemble tous, il est les prérnices
de l'humanité consommée dans la foi et destinée aux
célestes trésors... Aussi, quand le Seigneur est revenu à
la vie et que, d'un geste, il s'est offert à Dieu comme les prémices
de l'humanité, alors assurément, tous nous avons été
transformés à une nouvelle vie.
Glaphyres, PG 69,624
I. BIOGRAPHIE. – 1° Avant son épiscopat. – Sur la jeunesse
de Cyrille, nous ne savons presque rien. Il était neveu du patriarche
Théophile. Socrate, H. E., l. VII, c. VII, P. G., t. LXVII, col.
749. Sa famille était sans doute établie à Alexandrie
et y occupait une position très honorable. Mansi, Concil., t. VI,
col. 1005 sq. ; Hardouin, t. II, col. 332 sq. En 403, il assista au concile
du Chêne, où fut déposé saint Jean Chrysostome.
P. G., t. LXXVII, col. 159.
Il reçut évidemment une éducation très
soignée : ses œuvres attestent une connaissance étendue non
seulement de la Bible et des écrivains ecclésiastiques, mais
aussi des auteurs païens. Il ne faudrait donc pas prendre trop à
la lettre les passages où il déclare ne pas avoir été
exercé à l’élégance du discours attique. P.
G., t. LXXVII, col. 429, 748.
A-t-il vécu, comme plusieurs évêques ses contemporains,
parmi les cénobites du désert ? Est-ce en vertu de sa paternité
religieuse, que le célèbre solitaire Isidore de Péluse
se permettra dans la suite de lui écrire avec la plus grande liberté
? P. G., t. LXXVIII, col. 197, 361, 369, 565. Il est impossible de le dire
avec certitude. En tout cas, il est inutile de s’arrêter à
démontrer qu’il n’a jamais été carme. Cf. Tillemont,
t. XIV, p. 268.
2° Premières années d’épiscopat (412-428).
– Théophile mourut le 15 octobre 412. Malgré une assez vive
opposition, son neveu Cyrille fut intronisé à sa place trois
jours après (18 octobre). Socrate, H. E., l. VII, c. VII, P. G.,
t. LXVII, col. 749. Tous nos renseignements sur cette première période
nous viennent de l’historien Socrate : Le portrait qu’il nous présente
est-il parfaitement exact ? Il n’est sûrement pas flatté ;
le nouveau patriarche nous apparaît comme un homme autoritaire et
violent.
A peine installé, il s’en prend aux novatiens, qu’il dépouille
de leurs églises et de leurs biens. Nestorius devait en faire autant
à son arrivée à Constantinople en 428. Peu de temps
après, les Juifs furent l’objet des mêmes mesures de rigueur.
Socrate, H. E., l VII, c. XIII, P. G., t. LXVII, col. 760. Ils furent chassés
de la ville, et leurs synagogues furent transformées en églises.
Il est vrai, et c’est Socrate qui le reconnaît, leur conduite vis-à-vis
des chrétiens avait bien mérité ce châtiment.
Le préfet Oreste voulut cependant prendre leur défense auprès
de l’empereur Théodose II. Mais il ne semble pas avoir réussi.
Ce gouverneur civil et Cyrille avaient depuis le premier jour vécu
en mésintelligence ; le patriarche avait bien fait quelques avances,
mais elles avaient été dédaigneusement repoussées.
Cédant à un zèle mal éclairé ou à
leur naturel trop bouillant, des moines se mirent en tête de venger
cette humiliation de leur évêque. ; ils vinrent en troupe
jusqu’en ville et insultèrent le préfet. Un d’entre eux fut
tué dans la bagarre. Cyrille l’aurait d’abord fait honorer comme
martyr. Plus tard cependant, mieux informé sans doute des vraies
circonstances de sa mort, il laissa sa mémoire tomber peu à
peu dans l’oubli. Socrate, H. E., l. VII, c. XIV, P. G., t. LXVII, col.
765. La célèbre Hypatie, fille du philosophe Théon,
platonicienne elle-même très influente, passait pour dominer
l’esprit d’Oreste. Est-ce parce qu’on la soupçonnait d’empêcher
sa réconciliation avec le patriarche que des Parabolans la massacrèrent
? Peut-être ; mais rien ne permet en tout cas de faire retomber sur
Cyrille la responsabilité de cet odieux assassinat. Schäfer
dans The catholic university bulletin, octobre 1902, t. VIII, p. 441 sq.,
examine sérieusement ce point d’histoire.
Tous ces faits se sont passés entre 412 et 416. C’est probablement
l’année suivante (417) que Cyrille consentit à inscrire le
nom de saint Jean Chrysostome dans les diptyques de son église.
Jusqu’à cette époque, il s’y était toujours opposé,
malgré les instances d’Atticus de Constantinople. P. G., t. LXXVII,
col. 352 sq. Stilting, Acta sanctorum, t. IV septembris, p. 678 sq., ne
croit pas à l’authenticité de la correspondance entre Atticus
et Cyrille au sujet de Jean Chrysostome. Enfin, Cyrille se laissa fléchir,
si l’on en croit Nicéphore Calliste, par les prières d’Isidore
de Péluse. H. E., l. XIV, c. XXVIII, P. G., t. CXLVI, col. 1152.
En 452, le pape Zosime lui annonça par lettre spéciale
la condamnation des pélagiens. Jaffé, Regesta rom. pont.,
n. 343 ; P. G., t. XX, col. 693. Et en 419, les évêques d’Afrique,
réunis en concile, lui demandèrent une copie authentique
et exacte des décisions de Nicée. Mansi, t. II, col. 835
; Hardouin, t. I, col. 946.
Comme Athanase, comme Théophile, Cyrille composait chaque année
une homélie pascale pour rappeler le jeûne et fixer la solennité
pascale. Il en profitait pour donner de fortes leçons à ses
fidèles : il leur montre la grandeur et le but de leur vocation,
le chemin que leur a tracé le Christ Jésus ; il leur répète
la morale austère de l’évangile, la nécessité
de la mortification et de la victoire sur soi-même ; il ne leur ménage
pas les reproches, quand ils sont mérités. Voir par exemple
les homélies de 419 et de 420, P. G., t. LXXVII, col. 544, 561.
De cette première période datent les écrits sur
la Trinité : le Thesaurus et le De Trinitate ; Et aussi une grande
partie des œuvres exégétiques : le de adoratione, les Glaphyres,
les Commentaires sur Isaïe, sur Jérémie, sur les petits
prophètes, sur les Psaumes, et de plus, à mon avis, le Commentaire
sur saint Jean. Voir plus loin, col. 2487.
3° La lutte contre Nestorius (428-431). – Au mois d’avril 428,
Nestorius avait remplacé Sisinnius sur le trône patriarcal
de Constantinople. Presque aussitôt il avait manifesté des
opinions inquiétantes au sujet de l’incarnation ; il avait entendu
avec faveur son syncelle Anastase disputer à la sainte Vierge le
titre traditionnel de ???????? (mère de Dieu) ; lui-même avait
parlé publiquement et écrit contre la maternité divine
de Marie et l’unité du Verbe incarné. Cyrille, qui avait
à Constantinople des représentants dévoués,
ne tarda pas à être informé. Il avait déjà
autrefois (420) protesté contre « ceux qui divisent le Christ
en deux et veulent faire de lui un homme uni au Verbe par une simple union
morale. » Homil. pasc. , VIII, P. G., t. LXXVII, col. 568-576, surtout
col. 572. Il parlait alors comme avaient fait Athanase dans sa Lettre à
Epictète, P. G., t. XXVI, col. 1054, 1068 sq., le pape Damase, dans
sa Lettre à Paulin d’Antioche, Jaffé, n. 235, P. L., t. LVI,
col. 684, et Apollinaire dans plusieurs de ses écrits. Dräseke,
dans Texte und Unters, t. VII, p. 341 sq., 348 sq., 395 sq. Il visait d’une
façon générale l’enseignement dualiste de l’école
d’Antioche. Mais l’homélie pascale de 429, Homil., XVII, P. G.,
t. LXXVII, col. 773, 788, fut plus précise et plus détaillée
sur le dogme de l’incarnation : bien que le nom de Nestorius ne soit pas
prononcé, on sent très bien qu’il s’agit de ses erreurs.
« Ce n’est pas un homme ordinaire que Marie a enfanté, c’est
le fils de Dieu fait homme ; elle est donc bien mère du Seigneur
et mère de Dieu : ????? ?????? ??? ????. » Ibid., col. 776,
777. Le mot ???????? ne se trouve pas ici, mais on a l’équivalent.
A l’occasion des fêtes de Pâques, des moines étant
venus à Alexandrie selon la coutume, Cyrille fut averti par eux
que les écrits de Nestorius avaient pénétré
jusque dans leurs solitudes et y troublaient les esprits. Il s'empressa,
par une longue lettre dogmatique, Ad monachos Ægypti, P. G., t. LXXVII,
col. 9 sq., de les mettre en garde contre l’hérésie. «
Des étrangers, me dit-on, pénètrent jusqu’à
vous, cherchant à surprendre votre bonne foi et semant parmi vous
la discorde. Ils osent mettre en doute que Marie soit vraiment ????????.
Il eut été meilleur pour vous d’ignorer ces discussions subtiles
qui dépassent la portée des intelligences ordinaires, mais
maintenant il faut empêcher le venin de l’erreur de produire ses
pernicieux effets. » Ibid., col. 12. Alors, au moyen de l’Ecriture
et de la tradition, il prouve l’unité du Verbe incarné et
justifie le titre de ????????. « Faut-il appeler Marie ???????? ?
Sans aucun doute, puisqu’elle a conçu et enfanté le Dieu
Verbe fait homme. Ce mot est traditionnel : tous les Pères orthodoxes
d’Orient et d’Occident l’ont accepté ; s’il ne se lit pas dans l’Ecriture
ni dans le symbole de Nicée, on y trouve la doctrine correspondante,
puisque l’Ecriture et les Pères de Nicée affirment que celui-là
qui est né de la sainte Vierge est Dieu par nature. » Ibid.,
col. 16. Le terme ???????? va se rencontrer désormais dans tous
les ouvrages de Cyrille ; il est à ses yeux la meilleure marque
et le plus sûr garant de l’orthodoxie ; Il sera la tessère
de la foi christologique, comme le ????????? l’avait été
du dogme trinitaire.
Des exemplaires de cette Lettre aux moines furent portés à
Constantinople, et beaucoup de personnes en tirèrent profit pour
leur foi. Mais Nestorius, malgré le silence gardé sur son
nom, s’en montra très offensé. Et Cyrille, prévenu
par ses nonces, crut bon de lui en écrire directement. Tout en cherchant
à le calmer, il tâchait par de fraternels avertissements de
le ramener dans le droit chemin. « Les fidèles, lui dit-il,
l’évêque de Rome Célestin lui-même, sont fort
scandalisés… Consentez, je vous prie, à donner à Marie
le titre de ????????. Ce n’est pas une doctrine nouvelle qu’on vous demande
de professer, c’est la croyance de tous les Pères orthodoxes. »
P. G., t. LXXVII, col. 41. Nestorius répondit par quelques lignes
dédaigneuses, et continua ses prédications et sa propagande.
Pour discréditer son rival, il alla même jusqu’à payer
des gens tarés pour répandre sur « l’Egyptien »
toutes sortes de calomnies. Cyrille s’en plaint doucement au début
de sa Seconde lettre à Nestorius, P. G., t. LXVII, col. 44 sq. Cette
seconde lettre, qui sera bientôt approuvée à Ephèse,
mérite, par son exposé clair et concis de la doctrine christologique,
une attention toute spéciale. On y apprend ce que signifie «
le Verbe s’est fait chair » ;comment le Verbe éternel est
né dans le temps ; comment il est vrai que Dieu a souffert, est
mort, est ressuscité ; pourquoi il est impie de partager en deux
le Verbe incarné ; comment enfin la Vierge Marie est véritablement
????????. La réponse de Nestorius fut plus longue, mais aussi acerbe
et méprisante que la première ; elle cherchait à justifier
le dualisme par des textes scripturaires, que Cyrille était prié
de méditer avec soin. P. G., t. LXXVII, col. 49 sq.
Cyrille avait perdu tout espoir de gagner le novateur par ses conseils.
Il voulut au moins arrêter les effets de sa propagande. C’est dans
ce but qu’il écrivit au vieil Acace, évêque de Bérée
; ce vénérable centenaire, à cause de son grand âge
et de ses travaux, jouissait d’une grande autorité sur ses collègues.
C’est dans ce but également qu’il s’adressa à l’empereur
et lui envoya un long traité très précis Sur la vraie
foi, P. G., t. LXXVI, col. 1133-1200, pour le prémunir contre les
subtilités de son patriarche. Il fit aussi parvenir dans le même
temps à la cour deux autres traités semblables, le premier
pour les Princesses Vierges, Arcadie et Marine, sœurs de Théodose.
P. G., t. LXXVI, col. 1201-1335, et le second pour les Impératrices,
Pulchérie et Eudocie. Ibid., col. 1335-1420.
Le pape Célestine Ier avait demandé dès le milieu
de 429 au patriarche d’Alexandrie des renseignements sur la doctrine de
Nestorius. Pendant près d’un an, Cyrille avait hésité
à répondre, par désir sans doute de ne pas donner
à l’affaire de trop grandes proportions. Il se décida enfin
à rompre le silence au printemps de 430, d’autant que Nestorius
s’était lui-même adressé à Rome. Le diacre Posidonius
partit d’Alexandrie avec une lettre qui racontait toutes les péripéties
de la lutte depuis les débuts. P. G., t. LXXVII, col. 80 sq. Il
était en même temps chargé de remettre au pape un Commonitorium
résumant en quelques lignes les points fondamentaux de l’hérésie
nestorienne, et tous les écrits publiés par son maître
pendant la controverse, c’est-à-dire les lettres dont nous avons
parlé : aux moines et à Nestorius, puis les Scholia de incarnatione
Unigeniti, P. G., t. LXXV, col. 1369-1472, les trois traités De
recta fide, et probablement aussi les cinq livres Adversus Nestorium, P.
G., t. LXXVI, col. 9-248.
Le messager alexandrin arriva vraisemblablement à Rome au commencement
de l’été 430. Au mois d’août suivant, Célestin
réunit auprès de lui un synode d’évêques occidentaux
pour examiner les pièces qui venaient de lui être remises
et juger le cas de Nestorius. Sur ce concile romain, nous avons fort peu
de documents ; nous savons du moins que la doctrine de Cyrille y reçut
pleine approbation et que les opinions de Nestorius y furent condamnées.
P. L., t. L, col. 461.
Quand Posidonius se remit en route, il emportait pour Cyrille une lettre
du pape qui lui donnait commission de notifier à Nestorius les décisions
prises à Rome : Nestorius devait, sous peine d’excommunication et
de déposition, se rétracter dans l’espace de dix jours après
réception de la sentence. Ibid., col. 463.
Au mois d’octobre, Cyrille appela les évêques d’Egypte
au synode ; à la suite de leurs délibérations, une
Lettre synodale fut rédigée le 3 novembre, pour être
remise à Nestorius en même temps que la sentence papale :
c’était un exposé de toute la doctrine christologique ; elle
se terminait par douze anathématismes que Nestorius devait souscrire,
pour prouver son orthodoxie. Epist., XVII, P. G., t. LXXVII, col. 105-121.
Ce document, l’un des plus graves et le plus discuté de tous les
écrits de Cyrille, sera examiné plus loin, col. 2492.
Cependant la convocation d’un concile général avait été
décidée, et l’empereur avait expédié le 19
novembre à tous les métropolitains les lettres d’indiction
; la ville d’Ephèse était désignée comme lieu
de réunion et tous les évêques devaient y être
pour la Pentecôte. Une lettre spéciale était adressée
à Cyrille ; c’était moins une invitation à venir siéger
en juge de la foi, qu’une sommation à comparaître pour justifier
sa conduite. Nestorius avait donc, semble-t-il, réussi à
perdre son rival dans l’esprit de Théodose.
A la réception de cette lettre, Cyrille fut un peu inquiet de
la tournure que prenaient les choses ; il écrivit au pape pour savoir
s’il y avait lieu de revenir sur les décisions prises contre Nestorius
et qui lui avaient déjà été notifiées.
Célestin, avec indulgence, répondit qu’il fallait attendre,
accepter le concile et essayer d’amender le coupable ; s’il refusait de
se soumettre, les anciennes résolutions seraient reprises, et il
ne devrait alors imputer sa perte qu’à lui seul. P. L., t. L, col.
501 sq. Le pape désigna trois légats pour le représenter
à Ephèse.
Aussitôt après les fêtes de Pâques, Cyrille
se mit en route, afin d’arriver à destination avant la Pentecôte.
Il était à Ephèse dans les premiers jours de juin.
Nestorius l’y avait déjà devancé. A la date du 7 juin,
fixée pour l’ouverture du concile, on n’avait encore aucune nouvelle
du patriarche Jean d’Antioche et de ses suffragants. Les évêques
attendirent une quinzaine de jours ; à la fin, voyant que les retardataires
n’arrivaient pas, on décida de commencer les séances ; une
lettre de Jean d’Antioche semblait d’ailleurs autoriser les Pères
du concile à délibérer sans lui. Cf. P. G., t. LXXVI,
col. 472. La première réunion eut lieu le 22 juin, sous la
présidence de « Cyrille, évêque d’Alexandrie
et représentant de Célestin, évêque de Rome
». Mansi, t. IV, col. 1124. On y lut les lettres de saint Célestin
et celles de saint Cyrille à Nestorius ; on compara les écrits
du novateur avec des extraits empruntés aux Pères orthodoxes
; puis, en son absence, puisqu’il avait, au mépris des sommations
canoniques, refusé de comparaître, on prononça contre
lui une sentence de déposition et d’excommunication. Mansi, t. IV,
col. 1211. Les textes patristiques, présentés et lus par
le diacre Pierre d’Alexandrie, avaient sans doute été recueillis
par Cyrille, puisque tous se rencontrent dans ses autres ouvrages. Comparer
Mansi, t. IV, col. 1184 sq., avec P. G., t. LXXVI, col. 324 sq., 341sq.,
381 sq. Les Orientaux arrivèrent quatre ou cinq jours après
(26 ou 27 juin) ; en apprenant ce qui venait de se passer, ils refusèrent
de se joindre aux autres évêques et se formèrent en
conciliabule sous la protection des agents impériaux : ils reprochaient
à Cyrille et à ses partisans d’avoir condamné Nestorius
avec trop de précipitation et d’avoir, en approuvant les anathématismes,
proclamé une doctrine apollinariste. Mansi, t. IV, col. 1372 sq.
Ils lancèrent l’excommunication contre tous les membres du concile
et prononcèrent la déposition de Cyrille et de son ami Memnon
d’Ephèse. Par leurs faux rapports et par leurs intrigues auprès
de l’empereur, ils réussirent même, au commencement du mois
d’août, à faire emprisonner ces deux évêques.
A partir de ce moment, le concile cessa d’avoir ses réunions ; malgré
les persécutions de ses adversaires, il en avait tenu sept. Cyrille
resta étroitement gardé pendant près de trois mois,
jusqu’au milieu d’octobre. Il profita de ces loisirs forcés, pour
composer une Explication des anathématismes. P. G., t. LXXVI, col.
293-312. C’était la troisième fois qu’il justifiait cet écrit
; il l’avait défendu déjà contre André de Samosate
et les Orientaux, ibid., col. 315-388., et contre Théodoret de Cyr.
Ibid., col. 389-452. Enfin l’empereur résolut d’appeler auprès
de lui, à Chalcédoine, une députation des deux partis
; et les orthodoxes parvinrent à lui faire voir de quel côté
était le bon droit. La déposition de Nestorius dut officiellement
reconnue ; on lui donna pour successeur un prêtre de Constantinople,
nommé Maximien ; et la dissolution du concile fut prononcée.
Cyrille fut mis en liberté et put rentrer vers la fin d’octobre
à Alexandrie. C’est de là qu’il répondit aux lettres
de communion du nouveau patriarche de Constantinople, P. G., t. LXXVII,
col. 148 sq., et qu’il envoya à Théodose un Mémoire
justificatif pour expliquer sa conduite avant et pendant le concile. P.
G., t. LXXVI, col. 453-488.
4° Le différend avec les Orientaux et les dernières
années de Cyrille, 431-444. – Les Orientaux avaient eux aussi repris
le chemin de leur pays ; mais ils restaient opposés à toute
entente avec Cyrille ; dans deux conciliabules, tenus l’un à Tarse,
l’autre à Antioche, ils décidèrent de ne communiquer
avec lui qu’après la condamnation de ses anathématismes.
Cependant l’empereur, voyant les dommages causés à la foi
des fidèles par ces divisions des évêques, fit savoir
aux deux partis qu’il voulait sans retard la réconciliation. Les
Orientaux, par crainte de la disgrâce impériale, consentirent
à envoyer à Cyrille des propositions de paix. « Le
symbole de Nicée, écrivaient-ils, contient toute la doctrine
évangélique et apostolique et n’a besoin d’aucune addition.
La lettre d’Athanase à Epictète en donne une explication
claire et complète. Tout ce qui a été récemment
ajouté en fait de lettres ou de chapitres, doit être retranché
comme superflu… » Si le patriarche d’Alexandrie acceptait ces conditions,
toute cause de mésintelligence disparaissait. Mansi, t. V, col.
829 ; P. G., t. LXXVII, col. 157 sq., 161 sq. Mais Cyrille ne pouvait accepter
: au lieu d’approuver nettement, comme il eût fallu, la déposition
de Nestorius, on osait réclamer l’abandon des anathématismes
! Il répondit qu’il était prêt à pardonner toutes
les injures dont il avait été l’objet à Ephèse,
qu’il repoussait de toute l’énergie de son âme l’arianisme
et l’apollinarisme, qu’il reconnaissait la valeur du symbole de Nicée
et de la lettre à Epictète ; mais il ne pouvait pas sacrifier
ses anathématismes, car ce serait sacrifier la doctrine orthodoxe,
condamner le concile d’Ephèse et justifier Nestorius. Que les Orientaux
acceptent la déposition de l’hérétique, et toute la
dispute sera terminée ; les Eglises pourront retrouver la paix dans
le Christ. P. G., t. LXXVII, col. 157 sq.
A ce moment, la division se mit dans le camp des Orientaux. Les uns,
comme Alexandre d’Hiérapolis, Maxime d’Anazarbe, Helladius de Tarse,
se déclarèrent obstinément opposés à
toute relation avec « l’Egyptien » jusqu'à ce qu’il
eût condamné tout ce qu’il avait fait et écrit contre
Nestorius. D’autres, avec André de Samosate et Théodoret
de Cyr, commençaient à regarder la doctrine de Cyrille comme
orthodoxe (ils semblaient croire qu’il avait rétracté ses
anathématismes) ; mais ils refusaient de souscrire à la déposition
de Nestorius. Enfin la majorité, à la suite de Jean d’Antioche
et d’Acace de Bérée, formait le parti de la paix immédiate.
Ceux-ci, pour arriver plus vite à une entente, envoyèrent
à Alexandrie un des leurs, l’évêque Paul d’Emèse
; il devait remettre à Cyrille en leur nom une profession de foi
qui prouverait leur orthodoxie. Abstraction faite du début et de
la
phrase finale, cette profession de foi n’était autre que le symbole
présenté l’année précédente à
l’empereur par les députés orientaux à Chalcédoine.
P. G., t. LXXXIV, col. 609. Malgré certaines incorrections de terminologie,
P. G., t. LXXVII, col. 197, 225, ce symbole parut acceptable à Cyrille,
ibid., col. 172, 176 ; et la réconciliation allait être faite,
lorsque Paul présenta une lettre de Jean d’Antioche qui remit tout
en question. On y remerciait Cyrille d’avoir bien voulu par ses explications
améliorer les anathématismes ; on prenait acte de la promesse
faite par lui de les éclaircir encore davantage ; on était
heureux surtout qu’il se fût contenté du symbole de Nicée
et de la lettre d’Athanase à Epictète. Il n’y avait pas un
mot sur la condamnation de Nestorius. Or c’était la première
condition exigée par Cyrille. Paul d’Emèse s’offrit à
l’accepter et à la signer au nom de tous les orientaux. Mais par
prudence, le patriarche d’Alexandrie répondit qu’il lui fallait
la signature de Jean d’Antioche lui-même. En attendant, Paul rédigea
pour son propre compte un acte par lequel il reconnaissait Maximien comme
évêque de Constantinople à la place de l’hérétique
déposé ; et il fut admis aussitôt à la communion
(décembre 432). Puis il repartit pour Antioche avec le document,
préparé à l’avance par Cyrille, que le patriarche
Jean devait signer. Quelques mois plus tard (433), il était de nouveau
à Alexandrie ; cette fois la réponse de Jean était
satisfaisante : à part quelques modifications insignifiantes, dont
il s’excusait humblement, il souscrivait au formulaire de Cyrille. P. G.,
t. LXXVII, col. 165 sq., 173 ; cf. P. G., t. LXXXIV, col. 826. La paix
était rendue à l’Eglise : le schisme ne comptait plus qu’une
petite minorité, Cyrille laisse éclater son allégresse
dans sa réponse au patriarche d’Antioche : ?????????????? ?? ???????
??? ?????????? ? ?? (la lettre de Jean d’Antioche, P. G., t. LXVII, col.
172 sq., et la réponse de Cyrille, col. 176 sq., contiennent le
symbole d’union dont il a été question tout à l’heure
; nous l’étudierons , col. 2511 sq., au point de vue de la doctrine).
Et il s’empresse d’annoncer la bonne nouvelle au pape Sixte III, P. G.,
t. LXXVII, col. 278 sq., à Maximien de Constantinople, col. 254
sq., à Rufus de Thessalonique, col. 222 sq., à Donatus de
Nicopolis, col. 250 sq.
Cependant les préoccupations de Cyrille n’étaient pas
encore à leur terme. Ceux des Orientaux restés insoumis n’étaient
pas bien nombreux, mais ils étaient très remuants et ils
continuaient à accuser d’apollinarisme les anathématismes.
Les plus avancés du parti alexandrin, persuadés que leur
patriarche, en acceptant le symbole d’union, avait fait des concessions
défendues, l’accusaient d’avoir trahi la foi orthodoxe. Cf. S. Isidore
de Péluse, Epist., l. I, epist. CCCXXIV, P. G., t. LXXVII, col.
369. Sa correspondance, pendant les années qui vont suivre, n’a
plus qu’un but ; c’est de justifier la paix et de montrer l’orthodoxie
du symbole d’union. Telles sont les lettres à Acace de Mélitène,
P. G., t. LXXVII, col. 182, 202, à Succensus de Diocésarée,
col. 227, à Valérien d’Iconium, col. 255, au prêtre
Eubèse, col. 287 ; elles sont, on le comprend, de toute première
importance au point de vue dogmatique. A tous ces correspondants, il répète
qu’il n’a rien sacrifié de ses anathématismes, que les Orientaux,
malgré certaines expressions moins correctes, sont parfaitement
orthodoxes et qu’ils ont souscrit à la déposition de Nestorius.
C’est pendant cette période que, pour se défendre de favoriser
le dualisme antiochien et pour mieux affirmer sa doctrine de l’union physique
du Verbe avec l’humanité, il emploie à plusieurs reprises
la formule célèbre ??? ????? ??? ???? ????? ???????????.
De leur côté l’empereur et Jean d’Antioche travaillent
à la soumission des récalcitrants. Théodose avait
recours aux mesures de rigueur : il allait choisir entre la paix ou l’exil,
et personne ne pouvait plus parler des écrits de Nestorius qui étaient
condamnés au feu. Cf. code théodosien, XVI, V, 66, édit.
Haenel, p. 1572. Par crainte, un certain nombre firent semblant de céder,
tout en gardant au fond du cœur leurs sentiments hétérodoxes.
L’excessive condescendance de Jean d’Antioche était de nature, il
faut le dire, à augmenter le nombre de ces soumissions apparentes.
Par un désir exagéré de voir le schisme cesser à
tout prix, il se contentait de professions de foi très imprécises
et de promesses vagues. Cyrille dut s’en plaindre et lui rappeler que «
si la paix est désirable, elle ne doit pourtant pas se faire au
détriment de l’orthodoxie : tous doivent condamner Nestorius et
ses impiétés. » P. G., t. LXXVII, col. 325, 327.
Les Orientaux finirent en effet par abandonner Nestorius et ses écrits,
en apparence du moins ; c’est qu’ils avaient trouvé un moyen moins
dangereux de propage les mêmes doctrines. On se mit à traduire
et à répandre partout et jusque dans les provinces voisines
les livres de Diodore de Tarse et de Théodore de Mopsueste. Cyrille
en fut informé pendant un voyage à Jérusalem. Epist.,
LXX, P. G., t. LXXVII, col. 341. Ses amis lui demandaient de faire officiellement
condamner les écrits de Diodore et de Théodore, comme on
l’avait fait pour ceux de Nestorius. Avec beaucoup de calme, le patriarche
d’Alexandrie sut modérer la fougue excessive des siens : il n’y
avait pas lieu de condamner des évêques qui étaient
morts dans l’Eglise. Cependant il ne dissimulait pas les erreurs et les
dangers de leurs écrits ; et il s’indigne que Jean d’Antioche ait
songé à comparer ces hommes à des Pères comme
Athanase, Basile, Grégoire et Théophile. P. G., t. LXXVII,
col. 332, 336. Il approuve donc le Tome de Proclus aux Arméniens,
cf. P. G., t. LXV, col. 856 sq., et il écrit lui-même contre
Diodore et Théodore des traités dont malheureusement nous
n’avons que quelques extraits.
Jean d’Antioche était mort en 441 ; Domnus, qui lui succéda,
semble avoir entretenu avec son collègue d’Alexandrie les meilleures
relations. Cf. P. G., t. LXXVII, col. 359. Cyrille mourut lui-même
en 444.
Acta sanctorum, au 28 janvier, t. II, p. 843-854 ; reproduit dans P. G., t. P. G., t. LXVIII, col. 9-40 ; Amédée Thierry, Nestorius et Eutychès, 1879, p. 1-178 : A. Largent, Saint Cyrille d’Alexandrie et le concile d’Ephèse, dans les Etudes d’histoire ecclésiastique, Paris, 1892, extrait de la Revue des questions historiques, juillet 1872, t. XII, p. 5-70 : Schäfer, Cyril of Alexandria and the murder of Hypatia, dans The catholic university bulletin, Washington, 1902, t. VIII, p. 441-453.
II. ECRITS. – L’activité littéraire de saint Cyrille d’Alexandrie
fut considérable : ce qui nous reste de ses ouvrages remplit dix
volumes de la collection de Migne. Cette édition (1859), qui reproduit
celle du moine Aubert (1638) avec quelques additions empruntées
au cardinal Mai, est la seule édition complète que nous ayons.
Malgré ses défauts, c’est donc à elle que, jusqu’à
nouvel ordre, il faudra recourir. Je prendrai soin cependant d’indiquer
les références au travail plus scientifique de P. E. Pusey
pour les écrits qu’il a réédités.
Les œuvres de Cyrille sont : 1° des œuvres exégétiques
; 2° des traités dogmatiques et apologétiques ; 3°
des homélies ; 4° des lettres ; 5° nous ajouterons quelques
mots sur les ouvrages douteux ou apocryphes.
I. ŒUVRES EXEGETIQUES – 1° le ???? ??? ?? ???????? ??? ???????
????????????, ou De adoratione in spiritu et veritate, P. G., t. LXVIII,
col. 133-1125, est signalé par Cyrille lui-même, P. G., t.
LXIX, col. 16 ; t. LXXVII, col. 224, et par André de Samosate, cf.
Anastase le Sinaïte, Hodegos, P. G., t. LXXXIX, col. 293 ; sans parler
des attestations plus récentes. Photius, Bibliotheca, cod. 49, 229,
P. G., t. CIII, col. 850, 997. Il parut pour la première fois en
latin dans l’édition de Bâle en 1528, et en grec en 1638 dans
l’édition Aubert. C’est un dialogue entre Cyrille et son ami Palladius.
Le but du traité, indiqué dès les premières
lignes, col. 133, 136, est de chercher « ce qu’a voulu dire Notre-Seigneur
par cette parole : Je ne suis pas venu détruire la loi et les prophètes,
mais les perfectionner, et ce qu’il faut entendre par l’adoration en esprit
et vérité dont il entretint la Samaritaine. » Les deux
textes évangéliques, explique Cyrille, se complètent
et s’éclairent mutuellement : la loi et les prophètes ne
sont pas abolis, mais perfectionnés, précisément parce
que les rites pratiqués matériellement par les Juifs se continuent
dans l’adoration spirituelle due à Dieu par les chrétiens
: les observances judaïques étaient l’ombre et la figure du
culte nouveau. L’ouvrage se divise en 17 livres. Cyrille lui-même,
selon une habitude fréquente chez lui, cf. In Joa., præf.,
P. G., t. LXXIII, col. 160 ; Pusey, t. I, p. 7, nous donne en tête
la table des matières : l. I, du péché et de la pénitence
; comment l’esclavage du vice et la conversion à une vie meilleure
sont figurés dans l’Ancien Testament, col. 133-209 ; l. II et III,
la justification ne pouvait être opérée que par les
mérites de Jésus-Christ ; la loi ne faisait que la préparer
et la figurer, col. 212-301 ; l. IV et V, générosité
que les chrétiens rachetés et justifiés par Dieu doivent
montrer à son service, col. 301-408 ; l. VI, amour de Dieu ; la
loi ancienne commandait d’aimer Dieu seul ; à plus forte raison
la loi nouvelle qui est une loi d’amour, col. 408-477 ; l. VII et VIII,
charité fraternelle et dévouement au prochain, col. 480-588
; l. IX et X, le tabernacle de l’ancienne loi était le type de l’Eglise,
col. 588-725 ; l. XI-XIII, le sacerdoce légal était la figure
du sacerdoce chrétien, col. 725-885 ; l. XIV et XV, la pureté
; les adorateurs du Christ doivent être purs et exempts de toute
tache pour se présenter devant Dieu, col. 885-1009 ; l. XVI, des
offrandes spirituelles ; c’est nous-mêmes que nous devons offrir
par la mort au péché, col. 1009-1061 ; l. XVII, les fêtes
solennelles sont un avant-goût des réjouissances célestes,
col. 1061-1125.
2° Les ??????? ou Glaphyres, P. G., t. LXIX, col. 9-769. – Cyrille
en parle dans une lettre à Rufus de Thessalonique. P. G., t. LXXVII,
col. 224. Ils furent publiés pour la première fois en latin
dans l’édition de Paris 1605 (traduction du jésuite Schott)
; puis en 1618 en grec et latin à Anvers. Le but de cet écrit,
d’après le prologue, col. 13, est de prouver que « dans tous
les livres de Moïse le mystère du Christ se trouve figuré
». C’est un complément de l’ouvrage précédent
: on ne revient pas sur ce qui a été dit ; on ne prend d’ailleurs
dans l’œuvre mosaïque que les passages d’où la thèse
ressort plus directement. C’est là ce qu’indique le titre ???????
(explication de passages choisis) : ???????? ?????? ??? ??? ?? ???????
????????????? ???? ?? ?????? ?????? ?? ????? ?????? ???????? ??????, ??????????????
???? ?????? ??? ?? ?? ??? ?????? ?????? ?? ?????????? ??????? ?????, lisons-nous
dans la préface. P. G., t. LXIX, col. 16. Les sept premiers livres,
qui s’occupent de la Genèse, col. 13-385, expliquent comment tous
les patriarches, Adam, Abel, Noé et ses fils, Abraham et Melchisédech,
Isaac, Jacob et ses fils, sont des types de Notre-Seigneur. Dans les trois
livres consacrés à l’Exode, col. 385-537, l’histoire de Moïse
(buisson ardent, agneau pascal, manne, etc.), est interprétée
comme figure des mystères du Christ. Les prescriptions du Lévitique,
col. 540-589, figurent la passion du Christ et notre sanctification. Les
Nombres, col. 589-641, nous offrent comme figures du Christ les éclaireurs
envoyés pour explorer la terre promise, la vache rousse immolée
hors du camp, le serpent d’airain. Enfin le Deutéronome, col. 644-677,
fournit, lui aussi, ses sujets typiques : la génisse que l’on tue
dans la vallée ; la femme captive, à qui le vainqueur fait
couper la chevelure et les ongles ; les pierres enduites de chaux ; l’élection
de Josué. Voir la table des matières, P. G., t. LXIX, col.
9-12.
3° Les commentaires proprement dits sur l’Ancien et le Nouveau
Testament. – Ces commentaires se distinguent nettement des ouvrages précédents
par leur but et leur caractère général. Ils montrent
encore comment la loi ancienne préparait et figurait la loi nouvelle
; mais ils visent avant tout à faire comprendre le texte sacré.
L’allégorie subsiste, mais rejetée au second plan, après
l’explication littérale.
1. Commentaire sur Isaïe. ???????? ???????????? ??? ??? ????????
??????. P. G., t. LXX, col. 10-1449. – Cet ouvrage fut traduit en latin
par Laurent Humfred et publié en 1566 à Bâle ; la première
édition grecque est celle d’Aubert. C’est à tort et sans
raisons sérieuses que C. Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ
antiquis, t. I, col. 1023, refuse d’y voir une œuvre de Cyrille. Il comprend
cinq livres, subdivisés chacun en sections ou discours. Le l. I,
qui a 6 sections, commente Is., I, 1-X, 32, P. G., t. LXX, col. 13-304
; le l. II, avec 5 sections, est l’explication d’Is., X, 33-XXIV, 23, col.
304-556 ; le l. III, avec 5 sections aussi, commente Is., XXV, 1-LXII,
9, col. 556-857 ; le l. IV, avec 5 sections encore, après une courte
préface, explique Is., LXII, 10-LI, 23, col. 857-1141 ; enfin le
l. V, qui a 6 sections, explique les 15 derniers chapitres, LII-LVI, col.
1144-1449. Les passages qui méritent une spéciale attention
semblent être les suivants : P. G., t. LXX, col. 65 sq., sur le c.
II d’Isaïe : Eglise et conversion des peuples ; col. 192 sq., et surtout
204, sur le c. VII : la Vierge qui enfante ; col. 556 sq., sur c. XXV ;
faveurs dont Dieu comble les siens ; col. 797 sq., sur c. XL-XLI : grandeur
et puissance du Très-Haut ; confiance qu’il faut avoir en lui ;
col. 1168 sq., sur c. LIII : les souffrances du serviteur de Dieu, qui
est notre Sauveur Jésus-Christ.
2. Commentaires sur les douze petits prophètes. P. G., t. LXXI
; t. LXXII, col. 9-364. – La première édition (latin et grec)
fut publiée par le jésuite Pontanus à Ingolstadt en
1607. Après Aubert et Migne, Pusey en a donné une nouvelle
édition à Oxford en 1868, 2 in-8°. Ici, comme dans l’explication
d’Isaïe, les versets sont pris et interprétés les uns
à la suite des autres. Les commentaires sur Abdias, Jonas, Nahum
et Aggée n’ont d’autres points de repère que les chapitres
et versets du texte sacré ; les autres sont de plus, dans l’édition
Pusey, divisés en tomes : Osée, 7 ; Joël, 2 ; Amos,
4 ; Michée, 3 ; Habacuc, 2 ; Sophonie, 2 ; Zacharie, 6 ; Malachie,
2. Oudin, loc. cit., col. 1024, refuse encore à Cyrille la paternité
de ces commentaires ; mais sans plus de fondements que pour le commentaire
sur Isaïe.
3. Commentaire sur saint Jean. ???????? ? ???????? ??? ?? ???? ???????
??????????. P. G., t. LXXIII ; t. LXXIV, col. 9-756. – Ce commentaire parut
pour la première fois en 1508 à Paris dans une traduction
latine de Georges de Trébizonde ; les l. V-VIII manquaient. Mais
en 1524, Jodoce Clichtove, dans une nouvelle édition, combla cette
lacune au moyen d’emprunts à saint Jean Chrysostome et à
saint Augustin. Et malheureusement ce travail de Clichtove a été
parfois cité comme œuvre de Cyrille ! En 1638, Aubert supprima ces
additions fantaisistes et publia le véritable texte de des l. V
et VI avec des fragments des l. VII et VIII. Migne, ici comme pour le reste,
a reproduit Aubert. En 1872, Pusey a réédité le commentaire
sur saint Jean en 3 in-8° ; il n’a, lui non plus, pour les l. VII et
VIII, que des fragments ; mais il a pris soin de rejeter tout ce qui dans
Migne avait été accepté à tort comme faisant
partie du commentaire sur saint Jean. Des notes au bas des pages indiquent,
la plupart du temps, la provenance des textes supprimés ; beaucoup
sont empruntés au Thésaurus. Un certain nombre de fragments
nouveaux ont été ajoutés, soit en grec, soit en syriaque.
Ce n’est pas le lieu d’entrer dans le détail des modifications,
mais une remarque s’impose, c’est qu’on ne peut pour ces fragments se référer
à Migne qu’avec une extrême précaution.
Le commentaire sur saint Jean comprend douze livres. Son but est de
donner une explication dogmatique de l’Evangile pour réfuter les
fausses doctrines des hérétiques (Arius, Eunomius, Aétius
et leurs partisans). Voir préface, P. G., t. LXXIII, col. 16 ; Pusey,
t. I, p. 7. Le l. I, P. G., t. LXXIII, col. 17-188 ; Pusey, t. I, p. 9-165,
explique le prologue de saint Jean, I, 1-28, et démontre que le
Fils est éternel, consubstantiel au Père, Dieu par nature,
créateur, avec le Père, seul Fils par nature. Le l. II, P.
G., ibid., col. 189-397 ; Pusey, t. I, p. 167-362, à propos de Joa.,
I, 29-V, 34, enseigne que le Fils n’est en rien inférieur au Père,
qu’il ne reçoit pas le Saint-Esprit par simple participation, qu’il
n’est pas au nombre des créatures, mais qu’il est Dieu de Dieu,
image parfaite du Père. Le l. III, P. G., ibid., col. 400-528 ;
Pusey, t. I, p. 363-481, qui interprète Joa., V, 35-VI, 37, est
plus allégorique que les précédents. Après
avoir indiqué comment le Christ est une lumière ardente et
brillante, comment le Fils est l’image du Père et le « caractère
de sa substance », il expose que la venue du sauveur a été
prédite au Deutéronome, que les différentes sorties
du Seigneur hors de Jérusalem figurent l’abandon d’Israël et
le transfert de la grâce aux nations ; enfin que la manne est le
type des bienfaits de la rédemption. Le l. IV, P. G., ibid., col.
528-704 ; Pusey, t. I, p. 483-644, sur Joa., VI, 38-VII, 24, revient sur
cette idée que le Fils n’est pas inférieur au Père
; puis il explique que le corps du Christ est vivifiant, parce que le Fils
est vie par nature et pas seulement par participation : admirables développements
sur l’eucharistie, pain de vie. Et de nouveau ce sont des allégories
: le tabernacle de l’ancienne loi, figure du Christ ; la fête des
tabernacles, figure de la résurrection et du triomphe final, etc.
Le l. V, P. G., ibid., col. 704-892 ; Pusey, t. I, p. 645 ; t. II, p. 90,
sur Joa., VII, 25-VIII, 43, traite de la liberté humaine , de l’inhabitation
du Saint-Esprit dans les âmes ; le Christ est mort librement pour
nous sauver ; il est Fils par nature, la Sagesse du Père et son
égal. Le l. VI, P. G., ibid., col. 892-1056 ; Pusey, t. II, 91-241,
sur Joa., VIII, 44-X, 17, après avoir expliqué pourquoi Notre-Seigneur
dit que les Juifs sont fils du diable et méconnaissent Abraham et
le Dieu d’Israël, s’arrête sur Joa., X, 2, 3, pour montrer que
les maladies du corps ne sont pas les conséquences des péchés
passés et que personne, aux yeux de Dieu, n’est responsable que
de ses propres fautes. Les l. VII et VIII contenaient le commentaire de
Joa., X, 18-XII, 48. Les fragments se trouvent dans P. G., t. LXXIV, col.
9-104, et dans Pusey, t. II, p. 243-299 (l. VII, Joa., X, 18-XII, 2) et
p. 301-334 (l. VIII, Joa., XII, 3-48). Le l. IX, P. G., ibid., col. 104-288
; Pusey, t. II, p. 335-488, sur Joa., XII, 49-XIV, 20, commente le lavement
des pieds, la trahison de Judas, le discours de Notre-Seigneur à
la dernière cène, et enseigne que, par suite de l’identité
de nature, le Fils est dans le Père. Le l. X, P. G., ibid., col.
Col. 281-444 ; Pusey, t. II, p. 489-629, sur Joa., XIV, 21-XVI, 13, revient
encore une fois sur l’égalité du Fils avec le Père
; le Fils n’est pas d’une autre nature que le Père, il lui est consubstantiel
; il insiste en même temps sur l’importance, pour les disciples du
Christ, de l’observation des commandements, et en particulier sur la grandeur
du précepte de la charité fraternelle. Le l. XI, P. G., ibid.,
col. 445-608 ; Pusey, t. II, p. 631-737 ; t. III, p. 1-40 sur Joa., XVI,
14-XVIII, 23, est une démonstration de la divinité du Saint-Esprit
: il est consubstantiel au Père et au Fils ; il est dans le Père
et dans le Fils ; la gloire que le Fils est dit recevoir du Saint-Esprit
n’est pas différente de sa propre gloire : même en tant que
Verbe incarné, il ne fait qu’un avec l’Esprit sanctificateur. Le
l. XII, P. G., ibid., col. 608-756, commence par un exposé de la
passion de notre Sauveur, et quand il arrive à la résurrection,
il attire encore une fois l’attention sur la divinité du Fils :
« Le Fils est dieu par nature, bien qu’à cause de nous il
nomme le Père son Dieu. »
A quelle date convient-il de placer la composition de ce commentaire
sur saint Jean, après l’ouverture de la controverse nestorienne
ou avant, c’est-à-dire après ou avant 428 ? Suivant l’opinion
courante, ce serait après 428 : ainsi pensent Bardenhewer, Patrologie,
p. 339 ; Batiffol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 310 ;
A. Ehrhard, Theol. Quarlalschrift, 1888, p. 204, note 1.On appuie cette
façon de voir sur deux raisons principales : a) L’interprétation
allégorique, qui caractérise les œuvres de la première
période, a fait place aux explications littérales ; b) les
allusions au nestorianisme sont ici très évidentes. Malgré
l’autorité de ceux qui les proposent, ces raisons ne me paraissent
pas convaincantes. a) D’abord si l’allégorie est moins fréquente
que dans le De adoratione ou les Glaphyres, il n’y a rien là qui
puisse surprendre : le but même de l’auteur et la nature du sujet
le veulent ainsi. Il faudrait d’ailleurs bien se garder de croire que l’allégorie
fait complètement défaut dans notre commentaire : on peut
voir, par exemple, le l. III et la fin du l. IV. b) Ensuite les allusions
au nestorianisme ne sont pas plus évidentes que dans l’Homélie
VIII, qui est de 420. Ce qui au contraire me semble décisif en faveur
d’une date antérieure à 428, c’est la terminologie christologique,
dont l’imperfection ne s’expliquerait pas après les débuts
de la controverse. Et de fait, si on veut bien y prêter un peu d’attention,
on s’apercevra sans peine qu’ici, comme dans le Thesaurus et le De Trinitate,
voir plus loin, col. 2488-2489, les vrais adversaires sont les ariens de
toutes nuances ; la doctrine spécialement développée
et défendue est le dogme trinitaire. Voir J. Mahé, La date
du commentaire de saint Cyrille sur saint Jean, dans le Bulletin de littérature
ecclésiastique, février 1907, p. 41-45.
4. Fragments de commentaires perdus. – Quelques-uns sont très
courts, comme ceux sur les Livres des Rois, P. G., t. LXIX, col. 680-697
; sur les Livres sapientiaux, ibid., col. 1277-1293 ; sur Jérémie,
Baruch, et Daniel, t. XX, col. 1451-1461, et ne peuvent être utilisés
qu’avec la plus extrême réserve. D’autres sont plus considérables
: sur les Psaumes, P. G., t. LXIX, col. 699-1294 ; sur Saint Matthieu,
P. G., t. LXXII, col. 365-471 ; sur les Epîtres de S. Paul : aux
Romains, P. G., t. LXXIV, col. 773-856 ; Pusey, t. III (à la suite
du commentaire sur saint Jean), p. 173-248 ; aux Corinthiens, P. G., ibid.,
col. 856-952 ; Pusey, t. III, p. 249-361 ; aux Hébreux, P. G., ibid.,
col. 953-1005 ; Pusey, t. III, p. 362-440 (qui ajoute plusieurs fragments
syriaques). Les fragments grecs sur saint Luc, publiés par Migne,
P. G., t. LXXII, col. 475-950, doivent être contrôlés
sur les éditions syriaques de R. Payne Smith, Oxford, 1858-1859,
et de W. Wright, Londres, 1874. Pusey, t. III, p. 441-451, a montré
que presque tous les fragments cités dans P. G., t. LXXIV, col.
757-773 et 1008-1024, comme fragments de Commentaires sur les Actes des
apôtres et sur les Epîtres catholiques, appartiennent en réalité
à d’autres œuvres déjà connues de Cyrille.
Cyrille qui a commenté les Evangiles de saint Matthieu, de saint
Luc, de Saint Jean, a-t-il négligé celui de saint Marc ?
Ou bien faut-il admettre que la Catena in Evangelium S. Marci, publiée
par Cramer, Catenæ Græcorum Patrum, t. I, p. 259-447, soit
son œuvre ? Les manuscrits l’attribuent tantôt au prêtre Victor
d’Antioche, tantôt à saint Cyrille. Cramer, dans préface,
incline pour Cyrille ; mais il ne semble pas avoir été suivi
par les critiques plus récents. Quoi qu’il en soit, cette chaîne
renferme des passages publiés déjà comme œuvres authentiques
de Cyrille. Comparer Cramer, p 286, lig. 16sq., avec P. G., t. LXXII, col.
392 ; Cramer, p. 423, lig. 8 sq., avec P. G., ibid., col. 909.
II. ŒUVRES DOGMATIQUES ET APOLOGETIQUES. – Nous distinguerons celles
qui ont précédé et celles qui ont suivi l’ouverture
de la lutte contre Nestorius.
1° Avant la controverse nestorienne, ou avant 428. – Ce sont des
écrits sur la Trinité, contre l’arianisme et ses partisans
de toutes nuances : le Thesaurus, et le De consubstantiali Trinitate.
1. Le Thesaurus. ? ?????? ??? ???????? ???? ??? ????? ??? ?????????
???????. P. G., t. LXXV, col. 9-654. – Cyrille fait allusion à cet
ouvrage dans son Commentaire sur saint Jean, P. G., t. LXXIII, col. 93
; Pusey, t. I, p. 81, et dans la préface du De Trinitate, P. G.,
t. LXXV, col. 657. Photius en faisait un très grand cas. Bibliotheca,
cod. 136, P. G., t. CIII, col. 416. La première édition latine,
traduction de Georges de Trébizonde, parut en 1513 à Paris
; le texte grec ne fut pas publié avant Aubert (1638). D’après
la préface, ce traité a été écrit à
la demande d’un ami, du nom de Némésius, et lui est dédié.
C’est un recueil, un trésor, d’assertions généralement
assez brèves sur les points du dogme trinitaire attaqués
par les hérétiques. Sous une forme sévèrement
didactique et sobre, nous trouvons, dans cette série d’affirmations,
l’exposé des croyances traditionnelles et la réponse aux
objections ariennes. Cyrille ne semble pas y avoir mis rien de personnel
et de nouveau ; il dépend des Cappadociens, d’Epiphane, d’Athanase
surtout ; son mérite est d’avoir réuni ce qui était
épars chez ses prédécesseurs et de l’avoir souvent
présenté d’une façon plus vive et plus convaincante.
Il a divisé son œuvre en 35 chapitres ou ????? (voir la table des
matières, P. G., t. LXXV, col. 13-21) : trois (I-III) sur les termes
????????? et ????????, col. 9-36 ; un (IV) sur le fameux ?? ???? ??? ???
??, col. 36-57 ; trois (V-VII) sur la génération éternelle
et naturelle du Verbe, col. 57-101 ; sept (VIII-XIV) sur ?????????, pour
démontrer la consubstantialité parfaite du Fils et du Père,
col. 101-245 ; quatre (XV-XVIII) sont employés à démontrer
que le Fils n’est pas une créature, col. 245-313 ; quatorze (XIX-XXXII)
à démontrer que le Fils n’est inférieur en rien à
son Père, qu’il est Dieu par nature, col. 313-565. Deux chapitres
(XXXIII-XXXIV) sont spécialement consacrés au Saint-Esprit,
et prouvent qu’il est Dieu et de même nature que le Fils, col. 565-617.
Le dernier chapitre (XXXV) est un recueil de textes scripturaires sur la
génération éternelle du Fils, col. 617-656. D’ailleurs,
comme le remarquait Photius, cod. 136, l’argument scripturaire joue un
très grand rôle dans tout le traité. Dans son Opusculum
contra errores Græcorum, saint Thomas d’Aquin reproduit, d’après
l’ouvrage anonyme Libellus de processione Spiritus Sancti, un certain nombre
de citations en faveur de la primauté romaine, et les donne comme
empruntées au Thesaurus. Mais ces textes ne se trouvent pas chez
Cyrille, et il est évident à première vue qu’ils ne
peuvent être de lui. Cf. Reusch, Die Fälschungen in dem Traktat
des Thomas von Aquin gegen die Griechen, dans Abhandlungen der kgl. bayer.
Akademie der Wissenschaften zu München, 1889.
2. Le De consubstantiali Trinitate. ???? ????? ?? ??? ????????? ???????.
P. G., t. LXXV, col. 658-1124. Ce livre, comme le précédent,
est adressé à Némésius : il traite d’ailleurs
exactement le même sujet ; il traite d’ailleurs exactement le même
sujet ; mais cette fois, sous forme de dialogue et d’une façon moins
scolastique. On le cite souvent sous ce titre : De Trinitate ad Hermiam,
parce que l’interlocuteur de Cyrille est désigné par le nom
d’Hermias. la table, en tête de l’ouvrage, nous indique la division
en sept dialogues : a) le Fils est coéternel et consubstantiel au
Père, col. 660-712 ; b) il est engendré ???? ?????, col.
713-785 ; c) il est vrai Dieu comme le Père, col. 788-860 ; d) il
n’est pas une créature, col. 860-929 ; e) il a par nature tout ce
qu’a le Père, même gloire et même puissance, col. 929-1000
; f) tout ce qui est dit du Fils et ne convient pas à la divinité
doit être rapporté à son humanité ; et à
ce propos, d’excellentes indications sur la christologie ; le Saint-Esprit
est Dieu par nature. Ce De Trinitate a été composé
après le Thesaurus, dont il fait mention, P. G., t. LXXV, col. 657
; mais avant 426, du vivant d’Atticus de Constantinople ; car c’est bien
de ce traité que parle Cyrille dans sa Première lettre à
Nestorius, P. G., t. LXXVII, col. 41 : ??? ????????? ??? ??? ??? ????????
?????? ???????, ??????????? ??? ??????? ???? ??? ????? ??? ????????? ???????,
?? ? ??? ????? ???? ??? ?????????????. Cf. Ehrhard, Theol. Quarlalschrift,
1888, p. 185, note 2. C’est dans le dialogue VI qu’il est question de l’incarnation.
Par conséquent Lequien fait erreur, lorsqu’il place la composition
du Thesaurus et du De Trinitate, après 433. Dissert. Damasc., I,
P. G., t. XCIV, col. 199-200.
2° Après 428, une fois la controverse commencée avec
Nestorius, l’attention de Cyrille est tout entière absorbée
par la christologie. Voici, dans l’ordre chronologique, les principaux
écrits qui s’y rapportent : nous omettons ici les Lettres dont plusieurs
sont de vrais traités dogmatiques : 1. Les Scholia de incarnatione
Unigeniti ; 2. De recta fide ad Imperatorem ; 3. De recta fide ad Principissas
(ad Reginas I) ; 4. De recta fide ad Augustus (ad Reginas II) ; 5. Adversus
Nestorii blasphemias ; 6. Les 12 anathématismes ; 7. Apologeticus
pro 12 capitibus contra Orientales ; 8. Apologeticus contra 12 capitibus
contra Theodoretum ; 9. Explicatio 12 capitum ; 10. Apolgeticus ad Theodosium
; 11. Adversus notentes confiteri sanctam Virginem esse Deiparam ; 12.
Quod unus sit Christus ; 13. Cyrille avait encore composé d’autres
ouvrages sur la christologie ; mais ils ne nous sont pas parvenus en entier
: nous dirons un mot des fragments que nous possédons ; 14. Nous
terminerons par l’œuvre apologétique Adversus Julianum.
1. Les Scholia de incarnatione Unigeniti. ???? ??? ????????????? ???
??????????. P. G., t. LXXV, col. 1369-1472 ; Pusey, p. 498 sq. – On regarde
communément cet écrit comme l’un des premiers qui aient paru
après l’ouverture de la controverse. Cf. Garnier, dans P. G., t.
LXXV, 1363 sq. Il avait pour but, croit-on, d’éclairer les fidèles,
en leur expliquant les termes qu’il était le plus nécessaire
de bien comprendre. C’est peut-être lui que mentionne Cyrille beaucoup
plus tard, dans une lettre écrite après la paix de 433 :
???? ?? ??? ????? ?? ???? ??????? ??? ????????? ???????? ???? ??? ????
??????? ?????????? ?????? ???? ??? ???????? ?????????. P. G., t. LXXVII,
col. 228. C’est un des ouvrages de Cyrille les plus fréquemment
cités par les anciens. Théodoret lui-même en donne
des extraits dans son Eranistes. P. G., t. LXXXIII, col. 212 sq. Cf. L.
Saltet, Les sources de l’????????? de Théodoret, dans la Revue d’histoire
ecclésiastique, Louvain, avril 1905, p. 293. On s’est demandé
récemment si « cet ouvrage de saint Cyrille, antérieur
aux anathématismes, n’avait pas joué un rôle important
dans la concentration théologique qui a eu lieu à Chalcédoine
entre Romains, Antiochiens et Alexandrins. » Saltet, ibid., p. 301.
Photius, Bibliotheca, cod. 169, P. G., t. CIII, col. 496, en donne un résumé
qui correspond bien avec le texte que nous possédons : « Les
Scholies sur l’incarnation du Verbe traitent les questions suivantes :
Que signifie Christ (???????) ? Comment faut-il entendre Emmanuel ? Qu’est-ce
que Jésus-Christ ? Puis, pourquoi le Verbe de Dieu est-il appelé
Homme ? Pourquoi le Verbe de Dieu est-il dit s’être anéanti
(??????????, s’être vidé) ? Comment le Christ est-il un ?
Comment l’Emmanuel est-il un ? Comment expliquer l’union ? Ensuite, il
est question du charbon que vit Isaïe. Et il y a encore dix autres
chapitres semblables. » Parmi les matières traitées
dans ces dix autres chapitres, il convient de remarquer les suivantes :
« Que le Christ n’est pas un homme théophore ; que veut dire
: Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ; comment
la sainte Vierge est ???????? ; que toutes les paroles dites du Christ
se rapportent à un seul et non à deux. » On n’a guère
que la moitié du texte grec ; mais la traduction latine que nous
possédons est très ancienne : elle est citée par saint
Léon, P. L., t. LIV, col. 1186 ; Mansi, t. VI, col. 381 sq., et
par Facundus d’Hermiane. P. L., t. LXVII, col. 816 sq. Il est très
vraisemblable, comme le croit Garnier, qu’elle fut faite par Marius Mercator,
du vivant même de Cyrille.
2. De recta fide ad Theodosium Imperatorem. ???? ??? ???????????? ???????
????????? ??? ?????????? ???? ??? ????? ??????? ??? ??? ??? ?????? ????
?????? ???????. P. G., t. LXXVI, col. 1133-1200 ; Pusey, p. 1-10, 12-152.
– Ce traité fut composé dans le courant de 430, avant la
convocation du concile d’Ephèse : l’empereur en parle dans la lettre
d’indiction. Mansi, t. IV, col. 1109. Cyrille, lui aussi, y fait allusion
plus tard dans son Apologeticus ad Imperatorem. P. G., t. LXXVI, col. 456
; Pusey, p. 427. La première traduction latine est due à
J. Œcolampade (1528) ; mais c’est une autre version, publiée en
1608 dans les Acta concilii Ephesini, qui a passé dans Mansi, et
de là dans Migne. Le grec fut édité pour la première
fois pas Aubert. Cet ouvrage se trouve dans toutes les grandes collections
conciliaires ; Pusey en a donné une édition critique en 1877.
Le but de Cyrille – le titre et la préface de son traité
l’indiquent – a été d’exposer bien clairement « la
vraie foi sur l’incarnation du Seigneur », afin de mettre l’empereur
et la cour en garde contre les subtilités de Nestorius (I-IV). Il
commence par rappeler brièvement les différentes erreurs
christologiques ; gnostiques et manichéens, Marcel et Photin, qui
ne veulent accorder au Christ qu’un corps apparent et sans réalité
(V-IX) ; ceux qui disent que le Verbe a commencé d’exister par sa
génération dans le sein de Marie (XII) ; ceux qui refusent
au Verbe une existence réelle et personnelle (XIII-XV) ; les apollinaristes
qui privent le Christ d’âme raisonnable (XVI-XXIV). Enfin, sans nommer
Nestorius, il arrive à son hérésie : il est impie
de diviser le Christ (XXV), qui est un après comme avant l’incarnation
(XXVI), Dieu et homme tout ensemble (XXVII, XXVIII). C’est au seul et même
Christ tantôt considéré comme Dieu, tantôt considéré
comme homme, qu’il faut rapporter les paroles de l’Ecriture (XXIX) ; c’est
le même qui est à la fois Fils unique (?????????) et premier-né
(??????????) (XXX). L’Emmanuel est adorable comme Dieu-homme (XXXI-XXXIII).
L’union entre le Verbe et son humanité est intime et indissoluble
(XXXIV), comme le prouve l’Ecriture (XXXV-XLV) ; vrai Dieu et vrai homme,
Jésus-Christ est médiateur. Dans le cours de ce traité,
la sainte Vierge est très souvent désignée par le
titre de ????????.
Le dialogue publié dans P. G., t. LXXV, col. 1189-1253, et par
Pusey, p. 11-53 : ???? ??? ????????????? ??? ??????????, est, comme on
l’a déjà plusieurs fois remarqué, une reproduction
presque textuelle du De recta fide ad Imperatorem. Pusey croit que c’est
Cyrille lui-même qui aurait repris son premier travail : il lui aurait
donné la forme dialoguée pour le rendre plus populaire et
en faire une œuvre de propagande orthodoxe. Les différences entre
les deux rédactions sont indiquées dans la Préface
de Pusey, p. IX.
3. Le De recta fide ad Principissas (ad Reginas I). ????????????? ????
????????????? ???????????. P. G., t. LXXVI, col. 1201-1336 ; Pusey, p.
154-263. – Cette seconde apologie fut adressée aux princesses Arcadie
et Marine, sœurs de Théodose (???? ??? ????? ?????????, lit-on ailleurs,
P. G., t. LXXVI, col. 1341), vers le même temps où la précédente
était envoyée à l’empereur. Mansi, t. IV, col. 1109
; P. G., t. LXXVI, col. 464. Après un mot de félicitations
et de louanges à l’adresse des jeunes princesses (I), l’auteur annonce
qu’il va leur expliquer la vraie doctrine de l’incarnation et leur rappeler
comment l’Emmanuel est vraiment Dieu et la sainte Vierge vraiment ????????
(II). Le symbole de Nicée (III) enseigne que le Verbe s’est incarné
(IV, V), qu’il n’y a pas deux Fils (VI) ; donc l’Emmanuel est Dieu et homme
en même temps (VII) et la Vierge est bien ???????? (VIII, IX). Telle
est d’ailleurs la doctrine des Pères ; suivent des textes patristiques
(X) : Pseudo-Athanase (Apollinaire), Atticus de Constantinople, Antiochus
de Ptolémaïs, Amphilochius d’Iconium, Ammon d’Adrianopolis,
Jean Chrysostome, Sévérien de Gabala, Vital (évêque
apollinariste), Théophile d’Alexandrie. Tous les Pères orthodoxes
ont admis le ???????? et la divinité du Christ (XI). L’Ecriture
aussi enseigne la divinité du Christ (XII, XIII) ; suivent de nombreux
textes empruntés aux Evangiles (pas à saint Marc), à
saint Paul (écrits apostoliques), et aux épîtres catholiques
(Jac., I et II Pet., et I Joa. ; Jud.).
4. Le De recta fide ad Augustas (ad Reginas II). ????????????? ????
????????????? ????????? ???? ??? ????? ???????. P. G., t. LXXVI, col. 1366-1425
; Pusey ; p. 263-334. – Ce traité fut écrit vers le même
temps, mais après les deux autres, P. G., t. LXXVI, col. 1341 ;
il est adressé aux impératrices, Pulchérie, sœur aînée
de Théodose, et Eudocie, sa femme, col. 1337. L’auteur veut ici,
dit-il, pénétrer plus à fond dans l’étude du
mystère, puisque ses augustes lectrices sont capables de cet effort
(I-IV). Il examine en effet successivement toutes les questions délicates
soulevées par le dogme de l’incarnation ; et pour les expliquer
et les résoudre, il fait appel à l’Ecriture ; en somme, tout
le développement est un long commentaire dogmatique de textes scripturaires.
Voici les grandes divisions : a) Le Christ s’est anéanti (vidé)
par sa mort et sa passion : textes de saint Paul et des trois évangélistes
Matthieu, Luc et Jean (V-XXI). b) Le Christ a été obéissant
: textes de saint Paul et de saint Jean (XXII-XXVIII). c) Le Christ est
prêtre et sanctificateur : textes de saint Paul et des trois évangélistes
(XXIX-XLVI). d) En quel sens Jésus-Christ a-t-il été
glorifié par le Père ? Textes de saint Paul et de saint Jean
(XLVII-L). e) Il a été ressuscité par le Père
: textes de saint Paul et de saint Jean (LI-LVII). f) Il est Dieu, bien
que Fils de l’homme : textes de saint Luc et de saint Jean (LVIII, LIX).
5. Adversus Nestorii blasphemias. ???? ??? ????????? ????????? ???????????
?????????. P. G., t. LXXVI, col. 9-248 ; Pusey, p. 54-240. – Nestorius
parle de ce traité écrit contre lui et reproche à
son adversaire d’avoir faussé le sens de ses citations en les détachant
de leur contexte. Cf. P. G., t. LXXXIV, col. 588. Cyrille le signale lui-même
dans deux de ses lettres. Epist., XLIV, XLV, P. G., t. LXXVII, col. 228,
237. Il est difficile de préciser exactement la date de sa composition
; ce fut en 430 certainement, à une époque sans doute ou
déjà tout espoir était perdu de gagner Nestorius par
la persuasion, après les traités De recta fide, car, dans
ces traités, il s’abstient encore de nommer Nestorius, tandis qu’ici
il le nomme au moins deux fois : dans le titre, et dans la préface
du l. II. P. G., t. LXXVI, col. 9, 60. Cet ouvrage parut pour la première
fois en grec et latin (traduction d’Agellius) dans l’édition romaine
des conciles en 1608. Après Aubert et Migne, Pusey le réédita
en 1875. Dans cette réfutation, Cyrille procède, comme il
le fera plus tard contre les Orientaux, contre Théodoret, et contre
Julien l’Apostat : il cite d’abord textuellement le passage répréhensible
de son adversaire, puis il le critique. Nous devons à cette méthode
la plus précieuse partie des textes de Nestorius qui nous soient
parvenus. Comme l’indique le titre, l’ouvrage comprend cinq livres. L.
I : la sainte Vierge est vraiment ???????? ; c’est la réfutation
de onze passages de Nestorius. Photius, Bibliotheca, cod. 169, P. G., t.
CIII, col. 498, dit seulement dix. Cf. Loofs, Nestoriana, p. 23-25, n.
34-43, 77. L. II : le Christ n’est pas simplement un homme théophore
; treize textes réfutés (Photius dit quatorze). Cf. Loofs,
p. 25-26, n. 44-56. L. III : il y a entre le Verbe et son humanité
?????? ???? ????????? et pas seulement ???????? ??????? ; six textes réfutés.
Cf. Loofs, p. 27, n. 57-62. L. IV : la gloire dont le Fils est glorifié
ne lui est pas quelque chose de surajouté ; sa chair dans l’eucharistie
est vivante ; sept citations. Cf. Loofs, p. 26-28, n. 63-69. L. V : le
Verbe incarné a souffert, est mort, est ressuscité dans sa
chair ; sept citations. Cf. Loofs, p. 28-29, n. 70-76.
6. Les anathématismes. P. G., t. LXXVII, col. 120-121. – On
a indiqué déjà leur origine et leur but. Voir col.
2480. Ces chapitres, selon le mot communément employé au
temps de Cyrille (????????), sont au nombre de douze. Les trois premiers
posent les bases de la doctrine christologique. – I. L’Emmanuel est Dieu
et la sainte Vierge est ????????. – II. Il y a union hypostatique (??????
???? ?????????) entre le Verbe et sa chair. – III. Cette union est une
union physique (?????? ??????) et pas seulement une union morale (????????)
; le Christ est vraiment un et ne doit pas être divisé en
deux. – Les neuf autres anathématismes tirent les conséquences
plus ou moins directes de ces principe. – IV. Donc toutes les paroles dites
du Christ dans l’Ecriture doivent être appliquées à
une seule et même personne. – V. Donc le Christ n’est pas simplement
un homme théophore. – VI. Donc on ne doit pas dire du Verbe qu’il
est le Dieu ou le Seigneur du Christ. – VII. Donc on ne doit pas dire que
le Christ a reçu la gloire du Fils unique comme quelque chose de
surajouté et qui ne lui appartenait pas. – VIII. Donc l’Emmanuel,
Dieu et homme, a droit à une adoration unique, et il n’est pas permis
de dire que l’on coadore avec le Verbe l’homme qu’il s’est uni. – IX. Donc
la gloire, dont le Christ est glorifié par le Saint-Esprit, n’est
pas une gloire qui lui soit étrangère, car le Saint-Esprit
est son propre Esprit. – X. Donc le Verbe incarné est notre pontife,
et c’est lui qui s’est offert pour nous en odeur de suavité à
son Père. – XI. Donc encore la chair du Christ, qui est la propre
chair du Verbe vivificateur, est vivifiante. – XII. Donc enfin le Verbe
a souffert, a été crucifié, est mort dans sa chair.
7. Apologeticus contra Orientales. ???????????? ??? ?????? ?????????
???? ???? ??? ???????? ??????????. P. G., t. LXXVI, col. 316-386 ; Pusey,
p. 260-382. – André de Samosate avait, à la demande du patriarche
Jean d’Antioche, publié une critique des anathématismes ;
c’est pour y répondre que Cyrille composa cette Apologie, au commencement
de 431, avant la réunion du concile d’Ephèse. Chaque anathématisme
est d’abord textuellement reproduit, puis la réfutation qu’a prétendu
faire André, et alors vient la réponse de Cyrille. Nos éditions
actuelles? ne fournissent rien sur les anathématismes II, V, VI.
La défense de Cyrille consiste le plus souvent à montrer
comment on l’a compris de travers. André avait surtout cherché
à mettre les anathématismes en contradiction avec les autres
écrits de son adversaire. ; Cyrille n’a pas de peine à faire
voir que ces contradictions n’existent pas. Sa terminologie choquait les
Orientaux ; il s’applique à justifier les expressions les plus importantes
: ????????? ???????? (I) ; ?????? ?????? (III) ; ???? ??? ????? ???? (XI)
; ??? ????? ??????? ????? (XII). On lit dans le texte de Cyrille un certain
nombre de citations patristiques, empruntées à Pierre d’Alexandrie,
Athanase, Amphilochius d’Iconium (I), à Atticus de Constantinople,
pseudo-Jules (Apollinaire), pseudo-Félix (Apollinaire) (IV) ; pseudo-Athanase
(Apollinaire) (VIII), à Athanase (XI), à Grégoire
de Nysse, Basile, Athanase (XII). On y trouve quelques citations de Nestorius
; on en a compté neuf. P. G., t. LXXVI, col. 320, 328, 336, 345,
349, 365, 373. Cf. Loofs, Nestoriana, p. 30-31, n. 80-88, qui donne les
références à l’édition Pusey. Cyrille fait
mention de cet ouvrage ainsi que du suivant dans trois de ses lettres.
Epist., XLIII-XLV, P. G., t. LXXVII, col. 224, 228, 237. Voir J. Mahé,
Les anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie et les évêques
orientaux du patriarcat d’Antioche, dans la Revue d’histoire ecclésiastique,
Louvain, juillet 1906, p. 505-542.
8. Apologeticus contra Theodoretum. ???? ??? ???? ?????????? ???? ???
?????? ????????? ?????????. P. G., t. LXXVI, col. 385-452. Pusey, p. 382-498.
– Dans nos éditions, cet Apologeticus est précédé
de deux lettres : une de Théodoret à Jean d’Antioche, P.
G., t. LXXVI, col. 389-392, Pusey, p. 382-384, dans laquelle l’évêque
de Cyr annonce à son patriarche l’envoi de la réfutation
demandée ; et une de Cyrille à Evoptius, P. G., t. LXXVI,
col. 385-388 ; Pusey, p. 384-388, dans laquelle l’évêque d’Alexandrie
remercie son correspondant de lui avoir envoyé le factum de Théodoret
et lui fait savoir qu’il y répond. Dans cette réponse, la
méthode est la même que pour l’ Apologeticus contra Orientales
: d’abord le texte de l’anathématisme, puis la critique, et enfin
la justification. Théodoret avait multiplié contre Cyrille
les accusations d’apollinarisme ; il découvrait cette hérésie
sous les expressions : ????? ???????? ??? ???? ????? (I) ; ?????? ????
????????? (II) ; ?????? ?????? (III) ; ???? (XI) ; ?????? ????? (XII).
Il avait essayé de défendre la légitimité de
???????? (III) ; d’???????? ???????? (V). Cyrille s’applique à montrer
le bien fondé de sa terminologie ; les termes incriminés
ne sont pas apollinaristes, mais ils ont l’avantage de fortement exprimer
l’unité du Verbe incarné. Les expressions préconisées
par l’évêque de Cyr ont au contraire le grave inconvénient
de faire du Christ un homme semblable aux prophètes et de favoriser
l’hérésie nestorienne. Nestorius est cité trois fois,
P. G., t. LXXVI, col. 424, 433, 444. Cf. Loofs, p. 31, n. 89-91 (avec références
à Pusey). Il n’y a pas de citations patristiques ; Cyrille se contente
d’écrire en terminant : ??????? ?? ????? ?? ??? ??? ??? ????? ???????
?????????? ????????, col. 452.
9. Explicatio duodecim capitum. ???????? ??? ?????? ????????? ???????
?? ?????. P. G., t. LXXVI, col. 293-312 ; Pusey, p. 240-260. – Cette Explication
des anathématismes fut rédigée pendant la captivité
de Cyrille à Ephèse, Mansi, t. IV, col. 1419 ; elle est par
conséquent postérieure aux deux autres. Elle semble faite
pour éclairer des amis plutôt qur pour convaincre des adversaires
: le ton n’est pas celui de la polémique. « Il est possible,
dit l’auteur dans sa préface, que quelques personnes, trompées
par les hérétiques, ne comprennent pas comment et de quelle
façon les anathématismes ont été faits. Aussi
j’ai pensé qu’il était bon de les expliquer brièvement
et d’en montrer la vraie portée. » P. G., t. LXXVI, col. 296.
A propos de chaque anathématisme, il commence par exposer avec précision
et clarté le sens de sa formule ; et il achève en disant
quelle erreur, quelle parole de Nestorius l’a provoquée. «
Puisque Nestorius et ses partisans détruisent follement la vertu
de ce mystère, dit-il à propos du XIe chapitre, c’est avec
raison que cet anathématisme a été fait. » Une
conclusion semblable termine chacun de ses développements.
10. Apologeticus ad Theodosium. ????? ???????????? ???? ??? ????????????
??????? ?????????. P. G., t. LXXVI, col. 453-488 ; Pusey, p. 452-456. –
Cyrille écrivit cette Apologie quelques temps après son retour
en Egypte, à la fin de 431 ou au début de 432. Il voulait
apaiser Théodose et se justifier des accusations portées
contre lui, col. 456. En écrivant au début des controverses
à l’empereur et aux impératrices, explique-t-il, il obéissait
à son devoir d’évêque et ne songeait nullement à
semer la discorde à la cour, col. 456. S’il a dénoncé
et poursuivi Nestorius, c’est dans l’intérêt de l’Eglise et
pour défendre la foi ; d’ailleurs, il a conscience d’avoir agi sans
passion et avec autant de modération qu’il a pu, col. 460 sq., 477.
Puis, pour montrer qu’à Ephèse les torts n’étaient
pas de son côté, il raconte ce qui s’y est passé, col.
465 sq. :la condamnation de Nestorius, les agissements de Jean d’Antioche,
etc. Enfin il prie l’empereur de vouloir bien constater que sa doctrine
est orthodoxe, col. 481 ; et il le remercie de l’avoir laissé rentrer
à Alexandrie, col. 485.
11. Adversus nolentes confiteri sanctam Virginem esse Deiparam. ?????
???? ??? ?? ?????????? ????????? ???????? ??? ????? ????????. P. G., t.
LXXVI, col. 259-292. – Ce traité a été édité
pour la première fois par le cardinal Mai dans sa Biblioth. nova
Patrum, t. II, p. 75 sq., et dans sa Scriptorum veterum nova collectio,
t. VIII b, p. 108-131. Il est cité deux fois par Justinien dans
son Contra monophysitas, P. G., t. LXXXVI, col. 1132 (= P. G., t. LXXVI,
col. 269-272), et une fois par Eulogius d’Alexandrie, P. G., t. CIII, col.
1049 (=P. G., t. LXXVI, col. 272). Le but de Cyrille est de montrer qu’on
peut rejeter le ???????? sans aller contre l’Ecriture. Les écrits
évangéliques et apostoliques, par exemple Joa., I, 14 ; Heb.,
II, 14, ne connaissent qu’un seul Fils et pas deux ; celui que la sainte
Vierge a enfanté est vraiment Dieu, et pas seulement un homme uni
à Dieu à la façon des prophètes ; donc elle
est ????????. Les textes scripturaires dont abusaient les hérétiques
sont expliqués : I Tim., II, 5, col. 269 ; Joa., VIII, 40, col.
273 ; Act., II, 22, col. 277 ; Jésus-Christ est homme sans doute,
comme le disent ces textes, mais en même temps il est Dieu ; est
sa mère est ????????. Si l’Ecriture n’emploie pas expressément
ce mot, elle a l’équivalent : ????? ??? ??????. Luc, I, 43 ; II,
11, 12 ; Act., X, 36, col. 284 sq. Après cela, de nouveaux témoignages
scripturaires sont invoqués pour montrer que Dieu le Verbe s’est
vraiment fait homme et qu’il est né de Marie. Conclusion : donc
Marie est ????????, col. 285-288. Cyrille, dans une lettre qui nous est
parvenue en latin seulement, écrit : Librum brevem scripsi de inacrnatione
unigeniti, ut in tribus capitulis redigens omnem de fide sermonem. Et primum
guidem est, quod sancta Virgo sit Dei genitrix ; secundum, quia unus est
Christus et non duo ; tertium vero, quia manens impassibilis Dei Sermo
pertulit propria carne pro nubis. P. G., t. LXXVII, col. 330. Notre traité
Adversus nolentes confiteri… Deiparam est-il le premier chapitre de ce
travail sur l’incarnation ? Dans ce cas, il aurait été écrit
entre 435 et 440, au moment où les Orientaux récalcitrants
suscitaient toutes sortes de difficultés à ceux qui avaient
accepté la paix de 433. Mais Alb. Ehrhard pense que cet écrit
De incarnatione unigeniti avec ses trois chapitres n’est autre que le dialogue
??? ??? ? ???????, que nous allons examiner. Cf. Theol. Quartalschrift,
1888, p. 185, note 2.
12. Le dialogue ??? ??? ? ???????, P. G., t. LXXV, col. 1253-1362 ;
Pusey, p. 394-425. – A la suite du commentaire sur saint Jean, Pusey, p.
452-459, a édité des fragments d’une homélie Quod
unus est Christus, distincte du dialogue. Cet ouvrage est cité par
Eulogius d’Alexandrie, P. G., t. CIII, col. 1044 (= P. G., t. LXXV ; col.
735) et par Léonce de Byzance, Galland, Bibl. vet. Patr., t. XII,
p. 653, 673 (= P. G., t. LXXV, col. 760, 735). Aubert, par erreur, l’avait
publié à la suite du De Trinitate comme 9e dialogue avec
Hermias. La dernière édition, celle de Pusey, est de 1877.
Voici les idées principales du dialogue : on verra qu’elles répondent
assez bien à la description du De incarnatione, rapportée
tout à l’heure. Cf. P. G., t. LXXVII, col. 330. – a) L’Emmanuel
est Dieu avec nous ; il a fallu que le Verbe s’incarnât réellement,
se fit homme ; autrement la rédemption serait vaine, col. 1257-1268.
Le Verbe a une double génération, éternelle comme
Dieu, temporelle comme homme. La Vierge Marie, de qui il tient cette génération,
est donc bien Mère de Dieu, ????????, col. 1272-1273. Les hérétiques
montrent qu’ils n’ont pas compris la grandeur de ce mystère, quand
ils parlent d’une simple union morale entre le Verbe et son humanité,
col. 1277-1285. – b) Il ne faut pas diviser en deux l’Emmanuel, col. 1289.
Evidemment la divinité n’est pas l’humanité, et elles ne
sont pas fondues l’une avec l’autre, mais elles se sont unies indissolublement
dans le Christ un, de la même façon que le corps et l’âme
s’unissent pour former un homme, col. 1289-1292. Il n’y a qu’un seul Fils,
qui est Fils par nature, et non par grâce et par adoption, col. 1296,
et c’est à lui que s’appliquent toutes les paroles dites dans l’Ecriture
sur le Christ, col. 1316 sq. – c) C’est lui, ce Fils de Dieu, Verbe incarné,
qui a souffert dans sa chair, tout en demeurant impassible dans sa divinité
; c’est lui qui est mort en croix et est ressuscité, col. 1341-1350,
1356-1357. C’est dans sa mort que nous sommes baptisés, et c’est
par sa chair que nous sommes vivifiés, col. 1360.
13. Fragments d’ouvrages dogmatiques qui ne sont pas parvenus complets
jusqu’à nous. – a) Le Liber contra Synousiastas, ???? ????????????
?????, attesté par Ephrem d’Antioche, P. G., t. CIII, col. 981,
et par le moine Eustathius, P. G., t. LXXXIX, col. 940, et cité
par Justinien, P. G., t. LXXXVI, col. 1109, 1124 ; Pusey, p. 486, 479-480.
Les fragments que nous avons ont été découverts dans
une version syriaque par le cardinal Mai, qui les a traduits et publiés
dans sa Bibliotheca nova Patrum, t. II, p. 445-451. Migne a reproduit cette
traduction latine, P. G., t. LXXVI, col. 1427-1435. Pusey, à la
suite du Commentaire sur saint Jean, p. 476-491, a publié le texte
grec de ces mêmes fragments, quinze ; et en ajouté deux autres
en syriaque. Ce livre attaquait une secte d’apollinaristes exagérés
qui paraît avoir été assez florissante en Egypte.
b) Libri adversus Tarsenem et Theodorum Mopsuestenum. ????? ???? ????????
????????? ??????. ???? ?? ???????? ????? (2 ou 3 ?). – Ces écrits
sont attestés par Cyrille lui-même, Epist., LXIX, P. G., t.
LXXVII, col. 340, qui dit les avoir composés au moment où
les Orientaux se mirent à propager les ouvrages de Diodore et de
Théodore. Nous en avons quelques extraits latins dans P. G., t.
LXXVI, col. 1437-1452, d’après Mansi, t. IX, col. 230 sq. Pusey,
p. 492-538, an a donné un plus grand nombre, les uns en grec, d’autres
en syriaque et d’autres en latins. Il semble que dans ces traités,
comme dans ceux contre Nestorius, Cyrille commençait par citer textuellement
son adversaire avant de le réfuter.
c) Le Liber textuum, cité par Léonce de Byzance. P. G.,
t. LXXXVI, col. 1832. Il s’agit sans doute d’un recueil de textes patristiques,
comme celui dont parle Cyrille dans ses lettres. P. G., t. LXXVII, col.
85, 296. C’est là qu’il puisait les citations qui furent lues à
Ephèse et celles que l’on trouve dans ses propres œuvres. Outre
le passage indiqué par Léonce de Byzance, on a quelques fragments
insignifiants dans P. G., t. LXXVI, col. 145.
d) Le synagogæ defectu, signalé par Gennadius, P. L.,
t. LVIII, col. 1092, et dont Migne fournit un fragment, P. G., t. LXXVI,
col. 1421-1422, se confond probablement avec le De adoratione ou les Glaphyres.
e) Les écrits Contra pelagianos, dont parle Photius, Bibliotheca,
cod. 54, P. G., t. CIII, col. 93, ont complètement disparu.
14. Le Contra Julianum imperatorum. ???? ??? ??? ?????????? ???????
????????? ???? ?? ??? ?????? ?????????. P. G., t. LXXVI, col. 503-1064,
et Neumann-Nestle, p. 42-63, 64-87. Cf. Paul Allard, Julien l’Apostat,
t. III, p. 107-123. – L’empereur Julien avait écrit « trois
livres contre les Evangiles et les chrétiens » ; ils avaient
encore, paraît-il, de l’influence au Ve siècle ; et Cyrille
croit nécessaire de les réfuter. P. G., t. LXXVI, col. 508.
Malheureusement, son œuvre ne nous est parvenue qu’en partie : les dix
livres que nous possédons ne s’occupent que du Ier livre de Julien.
Cf. Neumann, p. 102 sq.
Selon son habitude, déjà plusieurs fois signalée,
Cyrille commence par donner textuellement le passage de son adversaire
(j’ai compté soixante-dix extraits), puis il le réfute longuement.
Par ses nombreuses citations d’auteurs païens, le Contra Julianum
prouve que son auteur était très au courant de l’antiquité
grecque : on rencontre à chaque instant les noms d’Aristote, Platon,
Alexandre d’Aphrodisias, Porphyre, Hermès Trismégiste, Plotin,
Pythagore, Xénophon, Plutarque, Homère, Hésiode, Pindare,
Sophocle, Euripide, Hérodote, etc. C’est après la paix de
433 que cet ouvrage fut composé, cf. Théodoret, Epist., LXXXIII,
P. G., t. LXXXIII, col. 1273 ; il fut dédié à l’empereur
Théodose. P. G., t. LXXVI, col. 504 sq. Notons les idées
principales. L. I. Moïse est plus ancien que tous les sages de la
Grèce ; ce que ceux-ci ont dit de bon sur Dieu et sur la création,
ils l’ont emprunté à Moïse ; par eux-mêmes, par
les seules forces de leur raison, ils n’auraient pu le découvrir.
– L. II. Pourquoi les chrétiens ont-ils préféré
la doctrine des Hébreux à celle des Grecs ? Les Hébreux
adoraient le vrai Dieu ; les Grecs n’ont su inventer que des fables monstrueuses.
– L. III. Histoire de la création ; la conversation d’Eve avec le
serpent, et la chute ; Dieu a permis cette faute pour exécuter l’incarnation.
– L. IV. Dieu tout seul, sans aucun aide, gouverne l’univers qu’il a créé.
L’homme n’est pas nécessité au bien ou au mal par sa nature
ou par Dieu. La trinité est indiquée dans la Genèse
: « Faisons l’homme à notre image ». – L. V. Le décalogue
: c’est à Moïse que les législateurs ont pris leurs
bonnes lois ; par elle-même, la nature de l’homme n’est pas capable
de connaître le bien. – L. VI. Les plus sages entre les païens
étaient adonnés au vice. Les miracles de Jésus prouvent
sa divinité ; l’efficacité du signe de croix. Nous adorons
le Verbe fait homme ; nous n’accordons pas le même culte aux martyrs.
Saint Jean n’est pas le seul ni le premier à parler de la divinité
du Christ. – L. VII. Les Hébreux ont des hommes célèbres
de toutes catégories, au moins comparables à ceux des Grecs.
Pourquoi les chrétiens ont-ils modifié la doctrine des Juifs
? Parce que la loi ancienne est imparfaite ; elle n’était qu’une
préparation de la loi nouvelle ; elle était un acheminement
vers un culte spirituel. Le baptême n’est pas institué pour
guérir les corps, mais les âmes. – L. VIII. Les chrétiens
justifiés par la foi au Christ sont les seuls vrais enfants d’Abraham.
La divinité du Verbe n’a pas souffert, n’a pas été
diminuée par son incarnation. – L. IX. Moïse, en plusieurs
endroits, annonce le Fils de Dieu : c’était la figure autrefois,
aujourd’hui les chrétiens ont la réalité. – L. X.
Saint Jean proclame la divinité du Christ, comme l’admet Julien,
mais il ne se contredit pas en l’appelant homme, puisque le Verbe Incarné
est à la fois Dieu et homme.
III. HOMELIES. – Elles sont de deux sortes : 1° les homélies
pascales ; 2° les homélies diverses.
1° Homélies pascales. ????? ??????????. P. G., t. LXXVII,
col. 391-981. Elles sont au nombre de vingt-neuf, une pour chacune des
années 414-442 ; on ne possède pas celles des deux dernières
années (443 et 444). Celle de 414 doit être la première
composée par Cyrille ; il y parle de son prédécesseur
et de son élection. On a cru, mais à tort, ne pas avoir la
troisième. C’est par cette erreur que s’explique la numérotation
actuelle où de l’homil. II, on passe à l’homil. IV. Cf. P.
G., t. LXXVII, col. 452. La date pascale, indiquée à la fin
d chaque lettre, permet d’en fixer l’année à coup sûr.
Ces homélies furent publiées en 1618 par Saumaise. Schott
en avait aussi préparé une traduction latine, qui est restée
en manuscrit. Cf. Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus,
t. VII, p. 894-895. Dans les grandes lignes, elles se ressemblent toutes
; le plan est toujours le même : a) Exorde où l’évêque
explique pourquoi il s’adresse à son peuple : c’est par devoir pastoral,
pour obéir aux usages de son Eglise. b) Exhortations à profiter
de ce temps sacré, pour se purifier et faire pénitence ;
il faut mortifier ses passions, jeûner, et pratiquer la vertu, afin
d’avoir part à la rédemption qui nous a été
préparée par le Christ Jésus. c) A cette occasion,
Cyrille fait un bref exposé du dogme de la rédemption et
de l’incarnation : c’est un commentaire du symbole, article par article.
d) Comme conclusion, il fixe le temps du jeûne, la fête de
Pâques et celle de la Pentecôte, par une formule stéréotypée,
où les dates seules varient.
Parmi ces homélies, les plus dignes d’attention sont la VIIe,
homil. VIII, pour 420, col. 568-576, à cause de ses développements
très caractéristiques sur l’incarnation ; on la dirait écrite
contre Nestorius ; la IXe, homil. X, pour 422, col. 605-653, qui renferme
quelques passages intéressants sur l’incarnation, col. 609, mais
surtout sur l’eucharistie, col. 617, et sur la sanctification, col. 621
sq. ; la XVIe, homil. XVII, pour 429, col. 768-800, la plus célèbre
de toutes : c’est le premier écrit contre Nestorius, avant la Lettre
aux moines ; la sainte Vierge y est appelée ????? ?????? ??? ????,
col. 776, mais pas ???????? ; ce mot se trouve dans la XVIIIe homélie,
Homil. XIX, pour 431, col. 829.
2° Homélies diverses. – Elles ont dû être très
nombreuses, si l’on en croit Gennadius. De viris ill., 58, P. L., t. LVIII,
col. 1092. Il nous en reste fort peu de chose ; et encore dans un état
de mutilation telle qu’il est bien difficile d’y reconnaître d’une
façon certaine la marque de Cyrille. Migne, P. G., t. LXXVII, col.
981-1116, donne 17 homélies diverses, plus cinq fragments ; Pusey,
à la suite du Commentaire sur saint Jean, t. III, p. 452-476, 538-545,
a publié lui aussi des Homiliarum fragmenta. Les fragments de Pusey
ont grande chance d’être authentiques ; mais pour les homélies
de Migne, il y aurait besoin de faire un triage très soigneux. Sont
probablement de Cyrille : l’homil. III prononcée devant Paul d’Emèse
à Alexandrie, col. 989 sq. ; ce n’est qu’un fragment ; l’homil.
XII, qui est faite de morceaux déjà imprimés comme
Commentaire sur saint Luc (comparer P. G., t. LXXVII, col. 1041-1044, avec
P. G., t. LXXII, col. 496-497 ; P. G., t. LXXVII, col. 1044-1045, avec
P. G., t. LXXII, col. 500-501 ; P. G., t. LXXVII, col. 1045-1048, avec
P. G., t. LXXII, col. 504 ; P. G., t. LXXVII, col. 1048-1049, avec P. G.,
t. LXXII, col. 505, etc.) ; l’homil. XX, contre l’expression ???????? ????????,
Pusey p. 459-460 ; l’homil. XXI, Ad Alexandrinos de fide. Pusey, p. 460,
sont certainement apocryphes ; l’homil. X, col. 1016-1029 : ??? ?? ????????
???????, écrite à une date bien postérieure, contre
les moines acémètes, col. 1028, au temps des discussions
sur ? ??? ??? ????? ???????, col. 1028, 1029 ; l’homil. XI, col. 1029-1040
: Encomium in sanctam Mariam Deiparam, cf. Erhard, dans Römische Quartalschrift,
1889, p. 97-113 ; l’homil.XIII, col. 1049-1072, qui se fait remarquer par
une christologie fortement antiochienne. Cf. col. 1060, 1061, 1064. Toutes
les autres, même celles indiquées comme ayant été
prononcées à Ephèse, même la IVe, sur la Vierge
????????, col. 992-996, seraient, à mon avis, à examiner
de près et à discuter.
IV. LETTRES. P. G., t. LXXVII, col. 9-390. – La correspondance de Cyrille,
telle qu’elle a été recueillie dans Migne, compte en tout
quatre-vingt-huit lettres. Mais il faut commencer par en retrancher deux,
qui sont évidemment apocryphes. La XXXe lettre à Optimus
est de saint Basile, cf. P. G., t. XXXII, col. 953 sq. ; et la LXXXVIIIe
lettre d’Hypatie à Cyrille est un faux. Sur les 86 qui restent,
69 sont de Cyrille ; les autres sont de ses correspondants : Nestorius
(Epist., III, V) ; saint Célestin (XII) ; Jean d’Antioche (XXII,
XXXV, XXXVI, XXXVIII, XLVII, LXVI) ; Alypius (XXIX) ; Maximien (XXX) ;
saint Xyste (LI, LII) ; Rabbulas (LXXIII) ; Atticus (LXXV). Quelques-unes
ne nous sont parvenues que dans une traduction latine : XXXII-XXXIV ; LIX-LXII
; LXIV, LXV, LXVIII, LXXI, LXXIV, LXXXVI, LXXXVII. Pusey a réédité
en 1872, puis en 1875, sous le titre Epistolæ tres œcumenicæ,
la IIe et la IIIe à Nestorius, Epist., IV et XVII, et la lettre
à Jean d’Antioche, Epist., XXXIX.
L’ordre chronologique des lettres est facile à déterminer
jusqu’au moment de la paix de 433 : 1° Avant 428 : Epist., LXXVI, LXXXV.
– 2° Entre 428 et 431 : Epist, I, II, IV, VI-XI, XIII, XIV, XVI, XVIII,
XIX, LXXXIV. – 3° Au temps du concile : Epist., XX, XXI, XXIII, XXVIII.
– 4° Après le retour à Alexandrie : Epist., XXXI-XXXII.
– 5° Pendant les pourparlers avec les Orientaux : Epist., XXXIII, XXXIV,
XXXIX. – Mais il est extrêmement difficile de classer celles de la
période suivante. Voici l’ordre préférable à
mon avis : 6° Aussitôt après la paix (433-435) : Epist.,
XLVIII-L, XL, XLIII-XLVI, LIV, LVII, LVIII. – 7° Pendant les discussions
sur Théodore de Mopsueste : Epist., LIX, LXIII-LXV, LXIV, LXVII,
LV, LXVIII-LXXII, LXXIV. – 8° Sur divers sujets, dates incertaines
: Epist., LXXVII (à Domnus après 441) ; LVI (avant la mort
de Proclus, 446), XLI, LXXVIII, LXXIX, LXXXI-LXXXIII, LXXXVI.
Les plus importantes du point de vue dogmatique sont : Epist., I, ad
monachos Ægypti, P. G., t. LXVVII, col. 9-40, qui explique comment
le Christ est Dieu et homme et comment la sainte Vierge est ???????? ;
Epist., IV, ou deuxième lettre à Nestorius, P. G., t. LXXVII,
col. 44-49 ; Pusey, p. 2-12, qui commente le symbole de Nicée pour
montrer que le Verbe s’est fait chair réellement, sans modification
de sa divinité, par union hypostatique avec l’humanité ;
elle fut lue et officiellement approuvée à Ephèse,
Mansi, t. IV, col. 1137-1169 ; la col. 45 dans P. G., t. LXXVII, est particulièrement
remarquable ; Epist., XVII, ou troisième lettre à Nestorius,
P. G., t. LXXVII, col. 105-120 ; Pusey, p. 12-40 ; c’est la lettre synodale
envoyée avec la sentence du pape ; elle était faite pour
préparer et donner à l’avance le vrai sens des anathématismes
qui la terminent ; à elle seule, elle suffit à donner une
idée complète de la christologie de Cyrille ; elle fut lue
à la première séance à Ephèse, Mansi,
t. IV, col. 1180, et, bien qu’on en ait pas l’attestation formelle, elle
dut y être approuvée : toute l’histoire de la dispute avec
les Orientaux le suppose ; Epist., XXXIX : c’est la Lettre à Jean
d’Antioche, où se trouve le symbole d’union, P. G., t. LXXVII, col.
173-181 ; Pusey, p. 40-54 ; la doctrine est exactement la même que
dans les autres lettres ; le symbole seul, par sa terminologie, trahit
une origine antiochienne ; mais entendu comme l’entend et l’expliquera
plus tard Cyrille, il est parfaitement orthodoxe ; Epist., XL : lettre
à Acace de Mélitène, P. G., t. LXXVII, col. 181-201
; la première partie, toute historique, raconte comment la paix
s’est faite ; la seconde partie, dogmatique, montre que l’orthodoxie n’a
en aucune façon été sacrifiée ; malgré
une certaine imperfection dans leur manière de s’exprimer, les Orientaux
admettent la vraie doctrine : le ??? ?????? du symbole n’est aucunement
en contradiction avec la ??? ????? ??? ???? ????? ???????????, col. 192-193
; on trouverait les mêmes idées dans les epist. XLIV et L,
P. G., t. LXXVII, col. 224-228, 256-277 ; Epist., XLV, t. LXXVII, col.
228-237 ; c’est une réponse à un mémoire envoyé
par l’évêque de Diocésarée ; Cyrille se justifie
des accusations que l’on colportait contre lui ; il repousse surtout avec
énergie l’apollinarisme, et il explique en quel sens l’expression
??? ?????? est légitime ; Epist., XLVI, deuxième lettre à
Succensus, P. G., t. LXXVII, col. 237-245 ; Cyrille répond à
quatre objections que ses adversaires prétendent tirer de la fameuse
expression ??? ????? ??? ???? ????? ??????????? ; c’est la lettre qu’il
faut consulter pour avoir la véritable pensée de Cyrille
sur cette formule qui lui a été si souvent reprochée.
Cf. J. Mahé, Les anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie,
dans la Revue d’histoire ecclésiastique, juillet 1906, p. 540-541.
V. OUVRAGES DOUTEUX OU APOCRYPHES. – 1° Douteux : le traité
Adversus anthropormophitas, P. G., t. LXXVI, col. 1065-1132. Il a été
réédité par Pusey (1872) d’après un manuscrit
de Florence, cod. Medic. Laur. Plut. VI, cod. 17, avec une autre disposition
des chapitres et avec d’autres titres, p. 545-602. Il est divisé
en deux parties : 1. De dogmatum solutione, qui correspond aux c. I, II,
V-IX, XVI, XIII de Migne ; 2. Responsiones ad Tiberium diaconum, qui reproduisent,
après un chapitre en syriaque, les c. XVIII, XIX, XIV, XX, XXI,
XV, X, XXII, III, XII, XI, XXIII, IV, XVII de Migne ; un tableau, Pusey,
p. 545, donne la correspondance des deux textes. La Lettre à Calosyrius,
mise par Migne en tête du traité, est considérée
par Pusey comme indépendante, p. 603-607. La critique hésite
à se prononcer nettement sur l’authenticité de cet écrit.
Bardenhewer, par exemple, après avoir dit dans la première
édition de sa patrologie, 1894, p. 338, qu’on n’avait aucune raison
d’en douter, écrit dans sa seconde édition, 1901, p. 320,
que le doute est très fondé. Il faut évidemment retrancher
du débat les cinq derniers chapitres imprimés dans Migne,
c. XXIV-XXIX, et qui se trouvent déjà parmi les Spuria de
saint Grégoire de Nysse. P. G., t. XLVI, col. 1129-1137. Pour le
reste, surtout si on tient compte de l’ordre établi dans l’édition
Pusey, je ne vois rien qui empêche d’y reconnaître une œuvre
de Cyrille et qui permette de contester l’attribution qui lui en est faite
par les manuscrits. Cf. Pusey, préf., p. VIII. Le c. XVI, P. G.,
t. LXXVI, col. 1104 sq., ou c. VIII, De dogmatum solutione, Pusey, p. 564,
se trouve aussi dans P. G., t. LXXII, col. 821.
La première partie, De dogmatum solutione, explique comment
il faut entendre les textes de l’Ecriture qui parlent des mains, des yeux,
etc., de Dieu, c. I ; quelle est la véritable interprétation
du verset de la Genèse, II, 7 : ??? ?????????? ??? ?? ???????? ?????
????? ???? ??? ??????? ? ???????? ??? ????? ?????, c.II ? Y a-t-il une
différence entre ?????????? et ???????????? dans Gen., I, 26, c.
III, IV ? L’âme progresse-t-elle dans la vie future ? Pourquoi souffrons-nous
de la faute d’Adam, c. VI ? Suivent quelques mots sur la résurrection
future, c. VII, sur la rétribution due à chacun, c. VIII,
et sur la toute-puissance divine, c. IX.
La deuxième partie, Responsiones ad Tiberium, traite d’abord
diverses questions se rapportant au Verbe incarné : en se faisant
homme et en venant sur la terre, il n’a pas quitté le ciel ni son
Père, c. II, III ; il n’a rien ignoré, c. IV ; il faisait
ses miracles avec le concours de sa chair, c. V, IX, il est monté
au ciel avec sa chair, c. VI ; grandeur du bienfait de l’incarnation, c.
VIII ; puis viennent des chapitres assez disparates sur la confection de
l’eucharistie, c. XI, sur le soin de diminuer nos passions, c. XII, sur
l’impeccabilité du Christ, c. XIII, sur les anges, c. XIV, sur les
fils de Dieu et les filles des hommes dont parle la Genèse, VI,
2, c. XVII.
2° Apocryphes. – Je ne m’occupe pas de ceux qui ont été
faussement attribués à Cyrille dans les anciennes éditions
; Je ne parle que de ceux conservés dans l’édition de Migne.
1. Le ???? ??? ??? ?????? ?????????????, De incarnatione Domini, P.
G., t. LXXV, col. 1419-1478, a été publié pour la
première fois par Mai sous le nom de saint Cyrille, sur la foi d’un
manuscrit de la Vaticane. Bibl. nova Pat., t. II, p. 32-74. Mais Alb. Erhard
a démontré que ce traité n’était pas de Cyrille,
que c’était une œuvre antiochienne, probablement de Théodoret
de Cyr. Cf. Theolog. Quartalschrift, 1888, p. 179-243, 406-450, 623-653.
De fait, une grande partie de ce ???? ???… ????????????? se trouvait déjà
imprimée parmi les œuvres de Théodoret sous le nom de Pentalogium.
On peut comparer, par exemple, P. G., t. LXXV, col. 1425, 1432-1433, 1437,
1437-1444, 1444, 1445-1448, 1460-1461, 1461, avec P. G., t. LXXXIV, col.
68, 77-85, 65-68, 72-73.
2. Le De Trinitate, ???? ??? ????? ??? ???????? ???????, P. G., t.
LXXV, col. 1148-1189, a été trouvé par Mai dans le
même manuscrit Vatican. 841, qui avait fourni le ???? ??? ??? ??????
????????????? ; et il semble former avec lui un exposé complet de
la doctrine chrétienne. P. G., t. LXXv, col. 420. La méthode
est la même dans les deux traités et l’un comme l’autre semble
plutôt destiné à l’instruction des fidèles qu’à
la polémique contre les hérétiques. C’est peut-être
de cet ouvrage que parle Théodoret dans une lettre à saint
Léon : ???? ??? ???… ?????????????… ????? ?? ???? ????????? ???
??? ????? ?????????????, Epist., CXIII, P. G., t. LXXXIII, col. 1317 ;
il aurait en ce cas été composé entre 430 et 437,
c’est-à-dire douze, quinze ou vingt ans avant la date de l’epist.
CXIII.
3. Le De sancta Trinitate, P. G., t. LXXVII, col. 1119-1174, inter
dubia. C’est le De fide orthodoxa de saint Jean Damascène, reproduit
textuellement, sauf quelques passages vers le milieu. Pour s’en rendre
compte, il n’y a qu’à comparer P. G., t. LXXVII, col. 1120-1145
(c. I-X), 1145 (c. XI-XII), 1164-1172 (c. XXIII-XXVI), 1172 (c. XXVII),
1173 (c. XXVIII), avec P. G., t. XCIV, col. 789-833, 836-841, 1181-1192,
997-1000,1108-1109. Les c. XIII-XXII de P. G., t. LXXVII, manquent dans
P. G., t. XCIV.
4. Les Collectanea, imprimés dans P. G., t. LXXVII, col. 1176-1289,
sont impossibles à utiliser comme œuvre de Cyrille, car on ne peut
distinguer à coup sûr ce qui est de lui, ce qui est de saint
Maxime ou d’autres interprètes.
5. Le De incarnatione Verbi Dei, P. G., t. LXXV, col. 1413-1420, et
le Dialogus cum Nestorio, P. G., t. LXXVI, col. 247-256, sont des écrits
insignifiants ; ce sont probablement des compilations de date postérieure
faites avec des phrases prises çà et là dans l’œuvre
authentique de Cyrille.
I. EDITIONS COMPLETES. – J. Aubert, 6 vol., Paris, 1638 ; Migne, Paris,
1859, reproduit l’édition d’Aubert, en y ajoutant les nouveaux écrits
publiés par la cardinal Mai sous le nom de Cyrille, 10 vol., P.
G., t. LXVIII-LXXVII.
II. EDITIONS PARTIELLES RECENTES. – Pusey avait commencé une
édition plus scientifique que les précédentes, mais
il n’a pas eu le temps de l’achever. Il a publié sept volumes à
Oxford : S. P. N. Cyrilli arch. Alexandrini in XII prpophetas, 2 vol.,
1868 ; S. P. N. Cyrilli arch. Alex. in D. Joannis Evangelium. Accedunt
fragmenta varia (in Rom., In I, II Cor., in Heb., Cont. synous., Cont.
Diodorum et Theodorum, necnon tractatus ad Tiberium diaconum duo), 3 vol.,
1872 ; S. P. N. Cyrilli arch. Alex. Epistolæ tres œcumenicæ
; libri V contra Nestorium ; XII capitum explanatio ; XII capitum defensio
utraque ; Scholia de incarnatione Unigeniti, 1875 ; S. P. N. Cyrilli arch.
Alex. de recta fide ad Imperatorem (De incarnatione Unigeniti dialogus)
; De recta fide ad Principissas ; De recta fide ad Augustas ; Quod unusChristus
dialogus ; Apologeticus ad Imperatorem, 1877. R. Payne Smith a publié
à Oxford en 1858 : S. Cyrilli Alex. archiepisc.commentarii in Lucæ
Evangelium quæ supersunt syriace. L’année suivante (1859),
il en donna une traduction anglaise en 2 vol. : A commentary upon Gospel
according to S. Luke by S. Cyril, patriarch of Alexandria, now first translated
into englis from an ancient syriac version. – W. Wright, en 1874, a édité
à Londres Fragments of the Homilies of Cyril of Alexandria on the
Gospel of saint Luke, edited from a nictrian manuscript. – Mgr Lamy a préparé
l’édition syriaque des homélies de saint Cyrille sur saint
Luc pour le Corpus scriptorum ecclesiasticorum orientatium de M. Chabot.
Sa mort en retarde la publication2.
Dans l’ouvrage de Neumann : Juliani Imperatoris librorum contra christianos
quæ supersunt, Leipzig, 1880, E. Nestle a édité : Cyrille
Alex. librorum contra Julianum fragmentæ syriaca, p. 42-63, et Neumann
lui-même a donné une traduction latine des fragments grecs
et syriaques des l. XI-XX, p. 64-87.
A signaler encore Pitra, Analecta sacra et classica, Paris, 1888, p.
36-36 : ce sont quelques extraits du Thesaurus ; J. H. Bernard, On some
fragments of anuncial rns. of saint Cyril of Alexandria, written on papyrus,
dans Transactions of the royal irish academy, part. XVIII, Dublin, 1892,
t. XXIX, p. 653-672 : ce sont des fragments des l. VII et VIII du De adoratione
; Mercati dans Studi e Testi, 1903, t. XI, Varia sacra, fasc. 1 ; Bouriant,
Fragments coptes sur le concile d’Ephèse, dans les Mémoires
publiés par les membres de la mission archéologique française
au Caire, Paris, 1892, t. VIII ; W. Kraatz, Koptische Akten zum Ephesinischen
Konzil von Jahre 431 ; trad. allemande dans Texte und Untersuschungen,
nouv. série, t. XI, fasc. 1er ; Fr. C. Conybeare, The armenian version
of revelation and Cyril of Alexandria’s scholia on the Incarnation and
Epistle on Easter edited from the oldest ms., and englished, Londres, 1907
; Mercati, Zur lateinischen Uebersetzung des Osterfest briefes XVII des
h. Cyrill von Alexandria, dans Theolog. Revue, Munster, 1907, t. XXVI,
p. 385.
Une grande partie des œuvres de Saint Cyrille se trouvent aussi dans
les collections conciliaires de Labbe, t. I ; de Mansi, t. IV ; et de Hardouin,
t. I.
Pour le détail des éditions anciennes, consulter Fabricius-Harles,
Bibliotheca græca, t. IX, p. 454-457.
III. TRAVAUX. – Photius, Bibliotheca, cod. 49, 54, 136, 169, 229, 230,
P. G., t. CIII, col. 85, 93, 416, 493, 969, 1024 ; A. Erhard, Die Cyril
von Alexandrien zugeschriebene Schrift ???? ??? ??? ?????? ?????????????,
ein Werk Theodorets von Cyrus, Tubingue, 1888, dans Theologische Quartalschrift,
p. 179-243, 406-450, 623-653 ; Id., Eine unechte Marienhomilie des hl.
Cyril von Alexandrien, il s’agit de l’Encomium in sanctam Mariam Deiparam
(P. G., t. LXXVII, col. 1029-1040), dans Römische Quartalschrift für
christl. Altertumskunde und für Kirchengesch., 1889, t. III, p. 97-113
; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1903, t. I, col. 350-360.
III. DOCTRINE. – Cyrille d’Alexandrie est avant tout, et presque uniquement,
un théologien : ses œuvres exégétiques elles-mêmes
ont des visées dogmatiques. Dans ses volumineux écrits, il
a eu occasion de toucher à toutes les grandes questions doctrinales
; cependant il n’a traité systématiquement et ex professo
que la trinité et l’incarnation. La trinité l’a occupé
pendant les quinze premières années de son épiscopat,
jusqu’au jour où Nestorius a commencé ses prédications
hétérodoxes. A partir de ce moment, il a tourné son
attention sur l’incarnation du Fils de Dieu. Les autres questions sont
abordées dans la mesure de leurs relations avec ces deux mystères
fondamentaux. Pour montrer, par exemple, le but et le résultat de
l’incarnation, il reviendra souvent sur l’état misérable
de l’homme depuis la chute, sur la rédemption par la croix, sur
la sanctification. Pour prouver la divinité du Saint-Esprit, il
expliquera son rôle dans la déification des âmes justes.
L’enchaînement de ses idées théologiques, tel qu’il
nous apparaît en particulier dans les Homélies pascales, est
très simple. Dieu à la fois un et trine, infiniment parfait
et puissant, a tout créé, les anges, le monde visible et
l’homme. L’homme, fait à l’image de Dieu et enrichi des dons les
plus précieux, naturels et surnaturels, a succombé à
la tentation et perdu la grâce et le bonheur. Mais Dieu, dans sa
miséricorde, lui a préparé un moyen de salut ; et,
dans les derniers temps, le Verbe s’est incarné dans le sein de
Marie ; il a sanctifié notre chair en s’unissant à elle ;
il nous a remis dans le chemin du ciel ;et il est mort pour nous tous.
Par son sang divin, l’homme a été racheté et la grâce
a été acquise pour purifier et sanctifier les âmes.
L’Eglise, fondée par le Sauveur, fournit aux fidèles les
moyens de s’approprier cette rédemption salutaire. Ces moyens sont
le baptême et l’eucharistie. Enfants de l’Eglise, sanctifiés
par le Saint-Esprit, nous sommes par le fait fils de Dieu et héritiers
du ciel. Si à la foi nous unissons les bonnes œuvres, nous recevrons
une récompense éternelle, pendant que les méchants
seront éternellement punis en enfer.
L’exposé, souvent didactique comme une thèse scolastique,
est toujours précis et clair. Au premier abord peut-être,
le style semble pénible ; le vocabulaire, peu assuré. Mais
cette impression passagère disparaîtra assez vite, si l’on
veut bien se donner la peine de surmonter les premières difficultés
; et l’on se trouvera amplement payé de ses efforts.
Rien de plus traditionnel que l’enseignement de Cyrille ; il ne veut
rien avancer que sur la foi de « l’Ecriture » ou des «
Pères orthodoxes ». Les textes scripturaires fourmillent dans
son œuvre. A chaque instant aussi, il en appelle à la croyance des
saints évêques qui ont défendu la foi avant lui ; il
a même constitué un dossier patristique, dont il sait faire
bon usage dans les circonstances importantes. Si par aventure des textes
apollinaristes (pseudo-Athanase, pseudo-Jules, pseudo-Félix) y ont
été admis, il faut reconnaître d’abord que leur sens
est pleinement orthodoxe et que d’ailleurs ils sont relativement peu nombreux.
I. DIEU UN ET TRINE. – La théodicée de Cyrille d’Alexandrie
se trouve dispersée dans presque tous ses ouvrages, mais c’est principalement
dans le Contra Julianum qu’il explique et justifie le monothéisme
juif et chrétien. L’ordre et la beauté de la création,
écrit-il après saint Paul, Rom, I, 20-21, prouvent l’existence
d’un Dieu créateur et maître de toutes choses. Contra Julianum,
l. II et III, P. G., t. LXXVI, col. 577, 625, 654. Au reste, notre âme
porte en quelque sorte en elle-même une connaissance innée
de Dieu (????? ? ?? ???? ??? ??????? ??????????) qui nous incline à
l’honorer et à le servir. Glaphyr. In Gen., l. I, P. G., t. LXIX,
col. 36 ; cf. Cont. Julian., l. IV, P. G., t. LXXVI, col. 688. Il nous
est difficile de Dieu comme il convient, car la nature divine est bien
au-dessus de nos conceptions. Cont. Julian., l. I, P. G., t. LXXVI, col.
548-552. Nous sommes obligés de nous servir de notre langage humain,
mais les mots que nous employons pour désigner Dieu « ne disent
pas ce qu’il est par essence ; ils indiquent plutôt ce qu’il n’est
pas ou le rapport qu’il a à un terme différent de lui ».
Thesaurus, ass. 31, P. G., t. LXXV, col. 452. Cf. Cont. Julian., l. V,
P. G., t. LXXVI, col. 764. Nous ne pouvons arriver à pénétrer
et à comprendre l’essence divine ; cependant il ne faudrait pas
en conclure que notre connaissance de Dieu est fausse ; elle est imparfaite,
c’est vrai, mais pas erronée. Thesaurus, ass. 31, P. G., t. LXXV,
col. 452. Et puisque notre raison est impuissante à nous fournir
tout ce que nous voudrions savoir de Dieu, recourons aux Ecritures ; elles
nous apprendront qu’il est puissant, bon, juste, éternel, immortel,
incorruptible. In Joa., VIII, 55, P. G., t. LXXIII, col. 228 ; Pusey, t.
II, p. 124 sq. Son domaine est universel. In Amos, V, P. G., t. LXXI, col.
493 ; Pusey, t. I, p. 458. Sa volonté règle toutes choses
; rien ne lui échappe, et rien ne peut lui résister. Sa providence
s’étend à tout et dirige tout, même les plus minimes
choses. Cont. Julian., l. III, P. G., t. LXXVI, col. 653, 764. Il sait
toutes choses ?? ????? ????? ?????? ; lui seul peut savoir ainsi. In Is.,
XLIII, P. G., t. LXX, col. 893. De toute éternité, il connaît
tout, les pensées les plus intimes et les événements
futurs. Thesaurus, ass. 15, P. G., t. LXXV, col. 292 ; cf. In Joa., VI,
72, P. G., t. LXXIII, col. 632 ; Pusey, t. I, p. 578, sans avoir besoin
de raisonnements ni de réflexions. Cont. Julian., l. I, P. G., t.
LXXVI, col. 536. Entre lui et la créature il y a une distance infinie
; pourtant il n’y a pas d’intermédiaires : tout ce qui n’est pas
Dieu est créature. In Joa., I, 3 ; III, 31, P. G., t. LXXIII, col.
80, 272 ; Pusey, t. I, p. 67, 244. Ses œuvres sont souvent mystérieuses
pour nous ; nous n’avons pas le droit de lui en demander raison. Pourquoi
a-t-il créé Adam qu’il savait devoir pécher ? Pourquoi
a-t-il choisi Judas qu’il savait devoir trahir ? Mystères de la
volonté divine que nous devons adorer en silence. In Joa., XIII,
18, P. G., t. LXXIV, col. 128 ; Pusey, t. II, p. 357 sq.
La doctrine trinitaire a déjà été précisée
dans tout ses détails ; Cyrille n’eut qu’à recueillir les
fruits des travaux antérieurs. Il dépens surtout de son prédécesseur
Athanase, pour lequel il montre en toute circonstance la plus grande vénération.
Il doit aussi beaucoup aux Cappadociens, spécialement pour le perfectionnement
de son vocabulaire ; par exemple, à la suite de saint Basile et
de saint Grégoire de Nysse, il distingue nettement ????? et ?????????,
qu’Athanase confondait encore. Cf. De Trint. dial., I, P. G., t. LXXV,
col. 697, 700. C’est dans le Thesaurus et dans le De Trinitate, qu’il faut
chercher l’exposé complet et méthodique de la pensée
cyrillienne sur la trinité.
Le dogme trinitaire est un mystère inaccessible à l’intelligence
humaine. De Trinit. dial., II, P. G., t. LXXV, col. 756. Il na saurait
donc être question d’en apporter des explications rationnelles convaincantes
; tout ce qu’on peut faire, c’est de croire fermement par la foi ce qui
a été révélé et d’essayer d’en prendre
quelque idée très imparfaite au moyen d’analogies à
notre portée. Thesaurus, ass. 6, P. G., t. LXXV, col. 80 sq.
Voici Comment Cyrille résume sous forme de symbole sa croyance
à la Trinité. De recta fide ad Reginas I, P. G., t. LXXVI,
col. 1204 ; Pusey, p. 156-157.
Nous croyons en un seul Dieu Père tout-puissant, créateur de toutes choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, son Fils, engendré de lui par nature, avant tous les siècles et tous les temps, car il est, comme son Père, sans commencement dans le temps et éternel ; assis sur le même trône et jouissant de la même gloire ; égal à lui en tout, car il est le caractère et le reflet de son hypostase ; nous croyons aussi semblablement au Saint-Esprit, ne le regardant pas lui-même comme étranger à la nature divine, car il procède naturellement du Père, répandu par le Fils sur la créature. Et ainsi nous reconnaissons comme une et substantielle et dans l’identité de gloire, la sainte et adorable Trinité.
Le père, le Fils, le Saint-Esprit sont Dieu, et c’est pour cela
que nous sommes baptisés au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit. De Trinit. dial., II, P. G., t. LXXV, col. 721 ; cf. P. G.,
t. LXXV, col. 1077. Cependant il n’y a pas trois dieux, il n’y a qu’une
seule divinité dans la Trinité, ?? ?? ??? ????? ??? ?????
??? ????? ? ??????, ??????? ???? ??????? ??? ?? ????? ???????????, De Trinit.
dial., III, P. G., t. LLX, col. 793 ; car il n’y a qu’une seule divinité
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ??? ??? ?????? ??? ???? ???
????? ????????? ? ??????, In Joa., , 34, P. G., t. LXXIV, col. 29 ; Pusey,
t. II, p. 260 ; il n’y a qu’une seule nature divine en trois hypostases,
??? ??? ? ???????? ????? ?? ?????? ??????????? ??????? ????????. Adv. Nestor.,
l. V, c. VI, P. G., t. LXXVI, col. 240. Dans cette Trinité adorable,
il n’y a d’autre distinction que celle des hypostases et des noms Père,
Fils et Saint-Esprit. De Trinit. dial., I, VII, P. G., t. LXXV, col. 712,
1092. Le Père est Père et non Fils ; de même le Fils
est Fils et non Père ; Et le Saint-Esprit est proprement Esprit.
In Joa., XIV, 11, P. G., t. LXXIV, col. 216 ; Pusey, t. II, p. 431-432.
Les noms sont relatifs, ?????… ??? ???? ?? ???? ?? ????? ????????? ?? ?????
??? ?? ????, De Trinit. dial., IV, P. G., t. LXXV, col. 869 ; cf. P. G.,
t. LXXV, col. 543, 732, et indiquent les caractères hypostatiques.
In Joa., XVII, , 6-8, P. G., t. LXXIV, col. 500 ; Pusey, t. II, p. 681
; cf. P. G., t. LXXV, col. 869. Par ailleurs tout est commun, même
volonté, même opération ; le Père opère
tout par le Fils dans le Saint-Esprit. De Trinit. dial., VI, P. G., t.
LXXV, col. 1053. Les trois hypostases sont consubstantielles. De Trinit.
dial., I, P. G., t. LXXV, col. 669.
Parfois cette consubstantialité est expliquée par analogie
avec la consubstantialité qui existe entre les hommes en vertu de
leur nature, mais il est évident pour c’est là pour Cyrille
une comparaison ; ailleurs l’identité, l’unité de nature
en Dieu, ???????? ?????? ??????, est expressément indiquée.
De Trinit. dial., VII, P. G., t. LXXV, col. 1092 ; cf. P. G., t. LXXVI,
col. 949 ; De Trint. dial., I, P. G., t. LXXV, col. 676.
Les hypostases sont distinctes, mais inséparables l’une de l’autre,
De Trinit. dial., I, P. G., t. LXXV, col. 597 ; In Joa., XIV, 11, 23, P.
G., t. LXXIV, col. 237, 289 sq. ; Pusey, t. II, p. 451, 496 sq. ; le Père
est dans le Fils, et le Fils est dans le Père. Thesaurus, ass. 12,
P. G., t. LXXV, col. 181. La Trinité était déjà
indiquée dans l’Ancien Testament, In Joa., XVII, 6, 8, P. G., t.
LXXIV, col. 500 ; Pusey, t. II, p. 682 (à propos du texte : «
Faisons l’homme à notre image ») ; cf. P. G., t. LXXVI, col.
532 (anges visitant Abraham) ; ibid., col. 533 (Moïse connaissait
la Trinité).
1° Le Père, ?????, ce nom est le meilleur, parce qu’il précise
le caractère hypostatique. Thesaurus, ass. 1, P. G., t. LXXV, col.
25 ; cf. col. 712 ; il est préférable à ????, In Joa.,
XVII, 6-8, P. G., t. LXXIV, col. 500 ; Pusey, t. II, p. 681 sq., à
?????????. Thesaurus, ass. 1, P. G., t. LXXV, col. 25. Le Père est
appelé ? ????, ????, ????, parce qu’il est le principe, la source,
la racine de la divinité. In Joa., I, 1, P. G., t. LXXIII, col.
25 ; Pusey, t. i, p. 18 sq. Cependant aucun de ces noms ne donne au Père
une gloire spéciale, supérieure à celle du Fils ou
du Saint-Esprit. In Joa., XIV, 28, P. G., t. LXXIV, col. 316-317 ; Pusey,
t. II, p. 518 sq. ; cf. P. G., t. LXXV, col. 98. Quand Notre-Seigneur dit
: « le Père est plus grand que moi », ou bien il faut
entendre : le Père est plus grand que le Verbe incarné considéré
comme homme ; ou bien il faut comprendre : le Père est le principe
du Fils qu’il engendre. Thesaurus, ass. 1, P. G., t. LXXV, col. 141. Contrairement
à ce que pense M. Turmel, Histoire de la théologie positive,
Paris, 1904, , p. 42-43, saint Cyrille a toujours admis simultanément
les deux interprétations comme possibles. Cf. In Joa., XIV, 28,
P. G., t. LXXIV, col. 316 sq. ; Pusey, t. II, p. 518 sq. ; In Heb., I,
4, P. G., t. LXXIV, col. 957 ; Pusey, t. III, p. 372. Si le Père
est nommé avant le Fils et le Saint-Esprit, ce n’est que pour indiquer
une priorité d’origine dans le temps. In Habac., III, 2, P. G.,
t. LXXI, col. 897 ; Pusey, t. II, p. 120. Le Père est Père
ab æterno ; il engendre son Fils ab æterno ; il est Père
en même temps que Dieu. De Trinit. dial., II, P. G., t. LXXV, col.
780. Il est père, non par une génération charnelle,
mais par une génération spirituelle d’un caractère
tout spécial et mystérieux. Thesaurus, ass. 5, P. G., t.
LXXV, col. 76 sq.
2° Le Fils, ????. – Le Fils est Dieu par nature, comme le père,
De Trinit. dial., III, P. G., t. LXXV, col. 788 sq. ; coéternel
et consubstantiel au Père. De Trinit. dial., I, P. G., t. LXXV,
col. 660 sq. ; Thesaurus, ass. 4, 5, 9-11, P. G., t. LXXV, col. 37 sq.,
109 sq. Entre lui et son Père, il y a égalité parfaite,
parfaite identité, sauf qu’il n’est pas Père et qu’il n’engendre
pas. Thesaurus, ass. 13, 14, P. G., t. LXXV, col. 205 sq. ; cf. P. G.,
t. LXXIII, col. 37, 840. Tous les textes qui parlent d’une infériorité
du Fils doivent être appliqués à l’incarnation. Thesaurus,
ass. 15, 20-30, P. G., t. LXV, col. 245 sq., 328 sqs. ; De Trinit. dial.,
VI, ibid., col. 1001 sq. ; De recta fide ad Reginas II, P. G., t. LXXVI,
col. 1341 sq. ; Pusey, p. 267 sq. Il est engendré de toute éternité
par une génération naturelle, et pas simplement volontaire.
Thesaurus, ass. 7, P. G., t. LXXv, col. 84 sq. ; De Trinit. dial, II, ibid.,
col. 713 sq. Il a son hypostase propre, In Joa., VI, 27, P. G., t. LXXIII,
col. 492 ; Pusey, t. I, p. 450 ; cf. P. G., t. LXXIII, col. 493 ; mais
sans être séparé du Père. Il est l’image (?????),
la puissance (???????), la sagesse du Père (?????), Thesaurus, ass.
4, 12, 32, 35, P. G., t. LXXV, col. 44, 185, 553, 637 ; il est le Verbe
(?????) du Père. De Trinit. dial., II, P. G., t. LXXV, col. 768
; cf. P. G., t. LXXIII, col. 324, 844.
Il semble bien que Cyrille met sur le même pied tous ces différents
noms, et qu’il ne voit pas dans le nom ????? un nom plus personnel que
dans ?????, ???????, ou ?????. Cf. de Régnon, Etudes sur la Trinité,
3e série, p. 400sq. Quand il explique la génération
du Fils par analogie avec la production de notre verbe humain, c’est au
verbe externe (????? ??????????) que toujours il pense ; et par suite il
ne s’agit plus que d’une imparfaite comparaison (?????????, ??????????),
et nous sommes loin de la théorie augustinienne. Les textes principaux,
sur lesquels on peut fonder son jugement à ce sujet, sont les suivants
: In Joa., I, 1, P. G., t. LXXIII, col. 25 ; Thesaurus, ass. 4, 6, 16,
19, 35, P. G., t. LXXV, col. 56, 80, 297, 300, 313, 325, 621 ; De Trinit.
dial., II, ibid., col. 768.
3° Le Saint-Esprit est Dieu par nature, lui aussi, Thesaurus, ass.
33, 34, P. G., t. LXXV, col. 565 ; De Trinit. dial., VII, ibid., col. 1076
sq. ; l’Ecriture le déclare formellement. P. G., t. LXXV,
col. 573, 1080. Il est consubstantiel et égal au Père et
au Fils. Epist., LV, P. G., t. LXXVII, col. 316 ; cf. P. G., t. LXXIV,
col. 261, 449. Il a son hypostase distincte, In Joa., XVI, 14, P. G., t.
LXXIV, col. 449 ; Pusey, t. II, p. 635 ; cf. P. G., t. LXXVII, col. 117
; mais il est dans le Père et dans le Fils par identité de
nature. In Joa., XIV, 11, P. G., t. LXXIV, col. 216 ; Pusey, t. II, p.
431 sq. Il est l’image, l’énergie, la puissance du Fils, et, si
l’on peut parler ainsi, sa qualité (???????). P. G., t. LXXV, col.
572, 588, 604 ; t. LXXIV, col. 292, 541. Il est le complément (??????????)
de la Trinité. P. G., t. LXXV, col. 608 ; le fruit de l’essence
divine. Ibid., col. 617. Il procède (?????????, ???????????…) substantiellement,
Epist., LV, P. G., t. LXXVII, col. 316 ; cf. P. G., t. LXXV, col. 585 ;
t. LXXIII, col. 244, de l’essence divine, P. G., t. LXXV, col 585, de l’essence
ou de la nature du Père, ou simplement du Père, ibid., col.
1117 ; de la nature du Fils ; il est le propre Esprit du Fils et procède
de lui. P. G., t. LXXIV, col. 301, 444, 608 ; t. LXXV, col. 600, 608, 1120,
1093 ; cf. t. LXXVI, col. 308. Il procède du Père par le
Fils. P. G., t. LXXI, col. 449, 709. Il procède de la même
façon du Père et du Fils. P. G., t. LXXI, col. 377 ; t. LXIII,
col. 173 ; t. LLXIV, col. 417 ; t. LXXV, col. 1009 ; t. LXXVII, col. 117.
Il procède du Père et du Fils, des deux. P. G., t. LXXV,
col. 585 ; t. LXXVI, col. 1408. Comme il procède du Père
et du Fils, il est envoyé par le Père et le Fils. P. G.,
t. LXXVI, col. 173. Il est envoyé par le Fils, parce qu’il procède
de lui. Ibid., col. 1188.
Pour la procession du Saint-Esprit, comme pour toute la théologie
trinitaire, Cyrille reste fidèle à la conception athanasienne
: il considère le Saint-Esprit comme le terme de la Trinité
et le Fils comme intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit.
P. G., t. LXXV, col. 576 sq. Il emploie quelquefois l’expression ?? ??????
??? ????, ibid., col. 585 ; t. LXXVI, col. 1408 ; mais sa formule préférée
est ?? ?????? ??? ????. Et quand il parle d’une façon spéciale
de la mission du Saint-Esprit aux créatures, c’est toujours de cette
dernière phrase qu’il se sert. P. G., t. LXXIV, col. 257, 540, 921
; t. LXXV, col. 576, 1017 ; t. LXXVII, col. 316. On a dit que Cyrille avait
modifié sa doctrine sur la procession du Saint-Esprit : après
avoir, dans son IXe anathématisme et ailleurs, écrit qu’il
procédait du Fils, il aurait cessé d’enseigner qu’il «
procédait du Fils ou par le Fils, pour l’appeler simplement le propre
esprit du Fils, comme lui étant consubstantiel ». C’est Théodoret
de Cyr qui, après avoir attaqué le IXe anathématisme,
P. G., t. LXXXIII, col. 1417 ; t. LXXVI, col. 432, se félicite d’avoir
obtenu ce changement. P. G., t. LXXXIII, col. 1484. Mais il calomnie en
cela son adversaire ; la doctrine de Cyrille n’a pas varié, comme
on peut facilement en juger par les diverses défenses qu’il a faites
des anathématismes, P. G., t. LXXVI, col. 357, 433, 308-309, et
par les écrits postérieurs à la paix de 433.
Le Saint-Esprit est Dieu puisqu’il nous déifie en nous sanctifiant,
P. G., t. LXXIV, col. 257, 292 ; et puisqu’il est saint par nature. P.
G., t. LXXV, col. 593. Sur l’action du Saint-Esprit dans les âmes,
voir plus bas au sujet de la sanctification, col. 2517.
II. CREATION, ANGES ET HOMME. – Cyrille parle de la création
d’une façon détaillée en deux endroits de son œuvre,
dans les Glaphyres, P. G., t. LXIX, col. 17sq., et dans le Contra Julianum.
P. G., t. LXXVI, col. 584 sq. Il définit la création : ?
?? ??? ?? ????? ??? ?? ????? ????????. P. G., t. LXIX, col. 1097. C’est
une opération que notre faible intelligence ne peut comprendre.
P. G., t. LXXVI, col. 584. Dieu seul la comprend, comme seul il peut l’accomplir.
P. G., t. LXIX, col. 17. Créer est une œuvre si proprement divine,
qu’il ne peut pas en communiquer la puissance à la créature.
P. G., t. LXXVI, col. 596 ; t. LXXV, col. 305. Pour la création,
il n’y a pas eu de matière éternelle préexistante,
P. G., t. LXXVI, col. 584. La seule volonté divine a donné
naissance aux êtres : ??? ????? ? ???????. P. G., t. LXIX, col. 20.
Tout ce qui est créé a nécessairement commencé
dans le temps. P. G., t. LXXV, col. 496. Tout ce qui est sorti du néant
peut retourner au néant. P. G., t. LXXVI, col. 304. Par nature la
créature est corruptible ; cependant Dieu avait tout créé
?? ???????? par un effet de sa bonté ; l’Esprit au commencement
avait donné à toutes choses la vie et l’incorruptibilité,
et si la mort et la corruption sont entrées dans le monde, c’est
par la malice du démon et par la faute du premier homme. In Joa.,
I, 9, P. G., t. LXXIII, col. 145 ; Pusey, t. I, p. 126 ; P. G., t. LXXVI,
col. 584. Le Verbe, après avoir donné l’existence à
la créature, la conserve et la soutient, en se mêlant pour
ainsi dire à elle ; selon la parole de l’évangéliste,
Joa., I, 10, il se fait vie pour les créatures, afin de les maintenir
chacune dans sa nature propre. P. G., t. LXXIII, col. 85 ; Pusey, t. I,
p. 74 sq.
Dieu a créé les anges en très grand nombre et
les a groupés en ordres distincts. Homil. pasc., XII, P. G., t.
LXXVII, col. 673 ; cf. P. G., t. LXIX, col. 21 Cyrille nomme ???????, ??????????,
??????, ????????, ????????, ?????, ???????, ???????. Les anges sont au
sommet de la création. P. G., t. LXXIII, col. 805. Ils sont incorporels
et n’ont pas besoin de nourriture matérielle. In Joa., VI, 48, P.
G., t. LXXIII, col. 561 ; Pusey, t. I, p .515. Plus exactement, ils n’ont
pas de chair comme nous, mais ils ont des corps ténus, spirituels,
que nous ne pouvons nous figurer : ??? ?????? ??????? ?? ??? ??????? ???
???? ???? ???? ??? ?????????? ????????? : ??????, Pusey, t. III, p. 283,
sur I Cor., XI, 4 sq. (ce texte ne se trouve pas dans Migne) : cf. P. G.,
t. LXXIV, col. 940 ; car de toutes les créatures, il est vrai de
dire qu’elles ont des corps. In Joa., XIV, 11, P. G., t. LXXIV, col. 221
; Pusey, t. II, p. 436. Les anges ont pour mission de louer et d’adorer
Dieu et d’exécuter ses ordres auprès des autres créatures.
Homil. pasc., XVII, P. G., t. LXXVII, col. 776 ; cf. t. LXXIII, col. 105
; t. LXXVI, col. 1345. Ils sont chargés du soin des différentes
parties de la terre, P. G., t. LXIX, col. 1077, des diverses Eglises, P.
G., t. LXXIII, col. 1021 ; t. LXXIV, col. 884 ; de chaque individu. P.
G., t. LXIX, col. 888, 1224. Les bons anges aiment le bien et leur volonté
est fixée dans la vertu ; ils connaissent aussi le mal, mais pas
par expérience et pour y avoir succombé. P. G., t. LXXVI,
col. 641. Le mystère de l’incarnation ne leur fut pas manifesté
à tous, mais à ceux-là seulement qui y furent employés,
comme Gabriel. P. G., t. LXIX, col. 845, 1169. Le Christ n’est pas mort
pour eux en victime expiatoire ; puisqu’ils n’avaient pas péché,
ils n’avaient pas besoin de victime expiatoire, P. G., t. LXXII, col. 805
; cependant c’est par le sang du Christ que les anges et les archanges
ont été sanctifiés. P. G., t. LXVIII, col. 625 ; t.
LXIX, col. 549. Les démons sont des nages rebelles qui se sont révoltés
par orgueil contre leur créateur ; Satan est à leur tête.
P. G., t. LXXVII, col. 676 ; t. LXXVI, col. 688 ; t. LXIX, col. 21. Ils
ont trompé les hommes et se sont fait adorer comme des dieux. P.
G., t. LXIX, col. 1077 ; t. LXXVI, col. 685. Ils ne cessent de nous tendre
des embuscades et de nous pousser au mal, P. G., t. LXIX, col. 784 ; leur
but est de multiplier le nombre des méchants qui sont leurs auxiliaires
sur la terre. P. G., t. LXXVI, col. 484. Mais les âmes pures sont
à l’abri de leurs assauts. Leur puissance a commencé de décroître
à l’arrivée du Sauveur. P. G., t. LXXIII, col. 893.
Après avoir préparé le domaine où il voulait
le placer, Dieu créa l’homme, le chef-d’œuvre de tout ce qui se
voit dans l’univers. P. G., t. LXIX, col. 20 ; t. LXXV, col. 281 ; t. LXVIII,
col. 148. Il lui donna un corps matériel et une âme spirituelle.
P. G., t. LXVIII, col. 768 ; t. LXXIII, col. 160, 744. Il le fit raisonnable,
pour qu’il fût capable de comprendre la beauté du monde et
de connaître son créateur. P. G., t. LXIX, col. 20 ; t. LXXVI,
col. 636. Il le fit libre et maître de sa volonté, afin qu’il
pût mériter et se rendre digne de récompense. P. G.,
t. LXIX, col. 24 ; t. LXVIII, col. 145. Il le créa parfait, heureux,
sans concupiscence, connaissant tout sans avoir besoin de l’apprendre peu
à peu. P. G., t. LXXVI, col. 636, 641. Il le créa à
son image et à sa ressemblance, intelligent, vertueux, maître
de l’univers ; et il le dota de privilèges surnaturels. P. G., t.
LXIX, col. 20 ; LXXVI, col. 1081 sq. ; t. LXXIII, col. 204. Par nature,
l’homme, comme toute créature, était corruptible, mais il
reçut l’Esprit divin qui le vivifia et lui donna l’incorruptibilité.
P. G., t. LXIX, col. 20 ; t. LXXVI, col. 637 ; t. LXXIII, col. 160. L’âme
est incomparablement supérieure au corps, P. G., t. LXXVII, col.
804 ; elle n’est pas le souffle divin qui fut insufflé à
l’homme au premier jour, lequel n’est autre que le Saint-Esprit lui-même,
P. G., t. LXVIII, col. 148 ; t. LXXIV, col. 277 ; elle n’est pas engendrée
comme le corps, mais unie par Dieu au corps que la mère a engendré,
P. G., t. LXXVII, col. 22 ; elle n’a pas préexisté dans le
ciel, comme le voulait Origène, P. G., t. LXXIII, col. 132-145 ;
t. LXXVII, col. 373 ; t. LXXIV, col. 796 ; elle n’a pas péché
avant d’être unie au corps. P. G., t. LXXIII, col. 956.
III. CHUTE DE L’HOMME ; PECHE ORIGINEL. – Cf. spécialement In
Joa., I, 32-33, P. G., t. LXXIII, col. 205 ; Pusey, t. I, p. 182 sq. ;
In Rom., V, 12 sq., P. G., t. LXXIV, col. 784 ; Pusey, t. III, p. 182 sq.
Pour bien montrer à l’homme qu’il n’était pas indépendant
et qu’il devait obéissance à son créateur, Dieu lui
avait imposé un commandement. P. G., t. LXIX, col. 20 ; t. LXVIII,
col. 148. Mais Adam, dont la nature n’était pas encore fixée
dans le bien, P. G., t. LXXV, col. 336, se laissa tromper par le tentateur,
abusa de sa liberté et transgressa l’ordre qu’il avait reçu.
P. G., t. LXXIV, col. 275, 908. Aussitôt le péché détruisit
en lui l’image de Dieu ; le Saint-Esprit s’en alla, et avec lui disparurent
les vertus et les privilèges gracieusement accordés par le
créateur. P. G., t. LXXIII, col 205 ; t. LXVIII, col. 129, 244.
La mort et la corruption firent leur entrée dans le monde. P. G.,
t. LXXIV, col. 813 ; t. LXXVII, col. 209. Le règne du démon
et du péché commença. P. G., t. LXXIV, col. 329 ;
t. LXXVII, col. 448, 888. Par suite de la faute du premier homme, tous
ses descendants furent pécheurs, P. G., t. LXXIV, col. 656, et dominés
par la concupiscence. Ibid., col. 789. Saint Cyrille distingue toujours
: ??? ?? ???? ????????? (péché originel) et ??? ???? ??????
???? ???????????? ???????? (la concupiscence qui en est la suite). P. G.,
t. LXVIII, col. 547, 672, 908, etc. Cependant notre nature n’a pas été
viciée dans ses parties essentielles. P. G., t. LXXV, col. 676.
La liberté particulièrement, malgré la force des passions,
n’a pas été supprimée. P. G., t. LXXIV, col. 808 ;
t. LXXIII, col. 632. Comment expliquer que nous soyons devenus pécheurs
par la faute d’Adam ? Il semble qu’on ne doive être responsable que
de ses propres péchés ? Cyrille répond : « Lorsqu’Adam
fut tombé sous l’empire du péché et eut été
soumis à la corruption, aussitôt les passions impures s’emparèrent
de la nature de la chair… Notre nature devint malade de la maladie du péché
par la désobéissance d’un seul, c’est-à-dire d’Adam.
Et ainsi plusieurs ont été constitués pécheurs,
non pas qu’ils aient péché avec Adam, puisqu’ils n’existaient
pas encore, mais parce qu’ils ont cette même nature qui est soumise
à la loi du péché. » P. G., t. LXXIV, col. 788.
Cf. Adversus antropomorph., t. LXXVI, col. 1092 ; Pusey, t. III, p. 560.
IV. L’INCARNATION. – Aussitôt après la chute du premier
homme, Dieu, dans sa miséricorde infinie, décida de restaurer
sa créature dans son état primitif, P. G., t. LXXIII, col.
205 ; t. LXXIV, col. 280 ; ou plutôt, Dieu, qui avait prévu
de toute éternité la faute d’Adam, avait de toute éternité
résolu de le sauver. P. G., t. LXXV, col. 292, 296 ; t. LXIX, col.
28. Ce plan de restauration, annoncé à l’avance par les prophètes,
P. G., t. LXX, col. 937, fut exécuté quand le monde sentit
bien sa misère et son impuissance. P. G., t. LXIX, col. 156 ; t.
LXXIV, col. 789, 817. C’était là de la part de Dieu une faveur
toute gratuite ; rien ne l’obligeait à le faire, sinon sa bonté
infinie. P. G., t. LXXVI, col. 925 sq. ; t. LXXII, col. 908. Pour restaurer
l’homme, pour le rétablir dans son état primitif (??????????
????? ??? ????????? ??? ???? ?? ?? ???? ?? ???? ???????? ??????????? ?????),
P. G., t. LXXIV, col. 273, pour expier le péché, P. G., t.
LXXVI, col. 21, 1292, et pour réconcilier le monde avec Dieu, P.
G., t. LXXIV, col. 925, il ne suffisait pas de la mort d’un homme ordinaire,
P. G., t. LXXVI, col. 1292, même de la mort des apôtres, P.
G., t. LXXIV, col. 585 ; t. LXXV, col. 1057 ; il fallait l’incarnation
et la mort du Fils de Dieu. P. G., t. LXXV, col. 1532 ; t. LXXVI, col.
1292. Par ce moyen, par ce moyen seul, la nature humaine pouvait retrouver
son état naturel primitif et la possession du Saint-Esprit. P. G.,
t. LXXIV, col. 273, 160. Sans le péché, il n’y aurait pas
eu d’incarnation :?? ?? ??? ?????????, ??? ?? ?????? ????????? ??? ?? ??
?????? ????????, ?????? ???????? ??? ???????. P. G., t. LXXV, col. 968
; cf. col. 289, 296.
Le symbole que nous avons cité plus haut, à propos de
la trinité, résume ainsi la doctrine de saint Cyrille sur
l’Incarnation. De recta fide ad reginas I, P. G., t. LXXVI, col. 1205 ;
Pusey, p. 157.
Et nous disons que c’est le Logos lui-même, le Fils unique engendré d’une façon ineffable de l’essence de Dieu le Père, l’auteur des siècles, celui par qui et en qui tout existe, la lumière véritable, la nature qui vivifie tout… Qui dans les derniers temps, par la bonne volonté du Père, pour sauver la race humaine tombée dans la malédiction et soumise à cause du péché à la mort et à la corruption, a pris la semence d’Abraham, selon les Ecritures, et a communiqué au sang et à la chair, c’est-à-dire est devenu homme. Ayant pris la chair et l’ayant faite sienne, il a été engendré selon la chair par la sainte et ???????? Marie. Mais bien qu’il fut devenu semblable à nous et qu’il eut économiquement revêtu la forme d’esclave, il demeura dans la divinité et la majesté qu’il avait par nature ; car il n’a pas cessé d’être Dieu en se faisant chair, c’est-à-dire homme semblable à nous. Immuable par nature en tant que Dieu, il est resté ce qu’il a toujours été, ce qu’il est, ce qu’il sera toujours, et en même temps il a été appelé Fils de l’homme.
Il est utile de distinguer ici trois questions : 1° la christologie
; 2° la sotériologie ; 3° la mariologie.
1° La christologie. – De toute la théologie cyrillienne,
c’est la question la plus délicate à exposer, sans tomber
dans aucun excès. Si, parmi les protestants et les rationalistes,
on a exagéré comme à plaisir la tendance monophysite
du patriarche d’Alexandrie, il faut avouer que beaucoup de catholiques
n’ont pas su voir et faire remarquer ses conceptions et sa terminologie
très spéciales. Evidemment les limites de cet article ne
permettent pas une étude complète, où rien ne soit
omis ; tout ce qu’on peut faire, c’est de dire l’essentiel et de le dire
avec méthode et précision.
1. Les textes. – Les ouvrages christologiques de Cyrille sont très
nombreux, comme nous l’avons vu ; et tous mériteraient d’être
examinés avec soin dans leurs plus minimes détails. S’il
fallait indiquer les préférences, les Scholia et le De recta
fide ad Theodosium semblent se signaler par la simplicité et la
clarté de l’exposition. Les anathématismes et le symbole
d’union de 433 sont les deux textes qui ont valu à leur auteur les
plus vives critiques de son vivant et jusqu’à nos jours ; et ils
ont l’avantage de caractériser très nettement les deux extrêmes
de la pensée cyrillienne : les anathématismes nous mènent
jusqu’aux confins du monophysisme ; le symbole d’union nous montre les
concessions permises faites au dualisme antiochien. Nous les reproduisons
ici, à cause de leur importance et pour la facilité de l’exposé
qui va suivre.
LES ANATHEMATISMES, P. G., t. LXXVII, col. 120-121.
1. Si quelqu’un ne confesse pas que l’Emmanuel est Dieu en toute vérité,
et que, par suite, la sainte Vierge est mère de Dieu, puisqu’elle
a enfanté selon la chair le Logos incarné de Dieu le Père,
qu’il soit anathème.
2. Si quelqu’un ne confesse pas que le Logos de Dieu le Père
est uni hypostatiquement à la chair et est un seul Christ avec sa
propre chair, le même, Dieu et homme tout ensemble, qu’il soit anathème.
3. Si quelqu’un, dans le Christ un, divise les hypostases après
l’union, les associant par une simple association de dignité, ou
d’autorité et de puissance, au lieu d’admettre entre elles une union
physique, qu’il soit anathème.
4. Si quelqu’un divise entre deux personnes ou hypostases les expressions
employées au sujet du Christ dans les écrits évangéliques
et apostoliques, par les saints ou par le Christ lui-même, et attribue
les unes à l’homme considéré à part du Logos
de Dieu le Père, et les autres au seul Logos de Dieu, qu’il soit
anathème.
5. Si quelqu’un ose dire que le Christ est un homme théophore
(qui porte Dieu), au lieu de reconnaître qu’il est Dieu en vérité,
qu’il est fils un et par nature, même en tant que Logos fait chair
et participant comme nous au sang et à la chair, qu’il soit anathème.
6. Si quelqu’un ose dire que le Logos de Dieu le Père est le
Dieu et le Seigneur du Christ, au lieu de reconnaître que le Christ
lui-même est dieu et homme tout ensemble, le Logos s’étant
fait chair, selon les Ecritures, qu’il soit anathème.
7. Si quelqu’un affirme que Jésus est mû comme un homme
(distinct) par le Dieu Logos et que la gloire du Fils unique l’a investi
comme une personne distincte du Fils unique, qu’il soit anathème.
8. Si quelqu’un ose dire que l’homme pris (par le Verbe) doit être
coadoré et conglorifié et connomé Dieu avec le Dieu
Logos, comme un autre avec un autre (la particule sun (???) suggère
en effet cette idée de dualité), au lieu d’honorer l’Emmanuel
d’une seule adoration et de lui accorder une seule glorification, en tant
que Logos fait chair, qu’il soit anathème.
9. Si quelqu’un dit que l’unique Seigneur Jésus-Christ est glorifié
par l’Esprit, qu’en se servant de la puissance du Saint-Esprit, il se sert
d’une puissance étrangère et qu’il a reçu du Saint-Esprit
le pouvoir contre les esprits impurs et la possibilité d’opérer
des miracles en faveur des hommes, au lieu de reconnaître que l’Esprit
par lequel il a fait ses miracles est son propre Esprit, qu’il soit anathème.
10. La sainte Ecriture dit que le Christ est devenu le pontife et l’apôtre
de notre confession, et qu’il s’est offert pour nous en odeur de suavité
à Dieu le Père. Si donc quelqu’un dit que notre pontife et
notre apôtre, ce n’est pas le Logos de Dieu lui-même, fait
chair, mais un autre distinct de lui, l’homme né de la femme ; ou
bien, si quelqu’un dit qu’il offre le sacrifice pour lui-même et
non pour nous seuls (celui-là n’a pas besoin d’offrir de sacrifice,
qui n’a pas connu le péché), qu’il soit anathème.
11. Si quelqu’un refuse de confesser que la chair du Seigneur est vivifiante
et est la propre chair du Logos de Dieu le Père, mais prétend
que c’est la chair de quelque autre distinct de lui et uni à lui
seulement par la dignité, la chair de quelqu’un en qui habiterait
simplement la divinité ; au lieu de reconnaître qu’elle est
vivifiante, comme nous avons dit, parce qu’elle est la propre chair du
Logos, lequel peut tout vivifier, qu’il soit anathème.
12. Si quelqu’un ne confesse pas que le Logos de Dieu a souffert dans
sa chair, a été crucifié dans sa chair, et est devenu
le premier-né d’entre les morts, lui qui est vie et vivifiant en
tant que Dieu, qu’il soit anathème.
LE SYMBOLE D’UNION DE 433, P. G., t. LXXVII, col. 176-177.
Nous confessons… Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme parfait composé d’une âme raisonnable et d’un corps, engendré avant les siècles par son Père selon la divinité, et dans les derniers jours, le même à cause de nous et pour notre salut, engendré de la Vierge Marie selon l’humanité ; le même, consubstantiel au Père par sa divinité et consubstantiel à nous par son humanité. Car l’union des deux natures a eu lieu ; et c’est pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul Seigneur. Dans cette même pensée de l’union sans mélange, nous confessons la sainte Vierge mère de Dieu, parce que le Dieu Logos s’est incarné, s’est fait homme, et s’est uni, dès le moment de la conception, le temple qu’il a pris dans son sein. Quant aux paroles évangéliques et apostoliques sur le Seigneur, nous savons que les théologiens appliquent les unes, sans faire de distinction, à la personne unique, et divisent au contraire les autres suivant les deux natures, entendant de la divinité du Christ celles qui conviennent à la divinité et de son humanité celles qui marquent l’abaissement.
2. Résumé de la doctrine. – Cyrille repousse de toutes
ses forces le dualisme nestorien et ses conséquences hétérodoxes,
cf. Epist., XVII, P. G., t. LXXVII, col. 109 ; il n’y a pas deux Fils,
deux Christs, deux Seigneurs ; il n’est pas permis d’appeler le Verbe incarné
homme théophore, ce n’est pas un homme que le Verbe a pris ; mais
c’est lui-même qui s’est fait homme ; il n’y a pas entre le Verbe
et son humanité une simple union de relation, de dignité,
de volonté (?????? ???????, ????????) ; ce n’est pas non plus une
pure inhabitation (?????????) de la divinité, comme chez les prophètes
et les saints. Cyrille repousse avec la même énergie l’apollinarisme
de toutes nuances, cf. Epist., XLIV, P. G., t. LXXVII, col. 225 ; la nature
humaine du Christ n’est pas une nature incomplète ; elle a une âme
raisonnable ; elle est en tout semblable à la notre ; pour sauver
notre nature, le Verbe l’a prise tout entière, In Joa., VII, 8,
P. G., t. LXXIV, col. 89 ; on ne peut admettre aucune fusion, aucun mélange,
aucune modification de la divinité et de l’humanité. Les
deux natures sont vraiment unies, mais ?????????, ????????, ???????????,
???????????. Cf. Harnack, Dogmengeschichte, 3e édit., t. II, p.
359, note. L’enseignement de Cyrille est que le Verbe s’est fait chair,
selon le texte évangélique : ??????? ????????, ??? ?????????
??????? ; cela veut dire qu’après l’incarnation, il est vraiment
Dieu et vraiment homme, Dieu parfait n’ayant rien perdu de ce qu’il était,
et homme parfait avec une âme raisonnable, en tout semblable à
nous, sauf le péché. Cette nature humaine que le Verbe a
prise, sans l’absorber, il l’a élevée à l’unité
de son être ; bien que le Christ possède tous les éléments
essentiels de la nature humaine, il n’y a pas dans le Christ un homme individuel
subsistant par lui-même ; en d’autres termes, la nature humaine du
Christ, tout en étant complète, n’a pas par elle-même
une existence autonome et indépendante, mais elle subsiste dans
le Dieu Logos. Cf. Harnack, loc. cit., p. 332, 333, et note. De la sorte
l’union entre le Verbe et l’humanité est devenue aussi intime que
possible ; Cyrille l’appelle ??????, ?????? ?????? ou ????????????, ??????
??? ??????, ?????? ?? ???? ??????????, ?????? ?????????????, ?????? ????
?????, ?????? ??????. Cf. Ehrhard, Theol. Quartalschrift, 1888, p. 208.
Pour la justification des dernières formules qui choquaient les
évêques du patriarcat d’Antioche, on peut consulter ce qu’en
dit Cyrille dans ses réponses à André de Samosate
et à Théodoret de Cyr, P. G., t. LXXV, col. 401, 332, 405
: ?????? ?????????????, ???? ????? ou ??????, c’est la même chose
que ?????? ??????, le contraire de ?????? ???????. Cf. J. Mahé,
Les anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie, juillet 1906,
p. 509-512, 538. Le résultat de cette union (??????) est une unité
parfaite, physique (?????? ??????) du Verbe avec son humanité. P.
G., t. LXXVII, col. 784. Le Verbe incarné est ???, ??? ???? ???
????? ??????, ??? ?? ??????, ??? ?? ????????? ??????, ??? ?? ??? ????????
?????????, ??? ?? ????? ????????, ??? ??? ??? ??? ??? ???? ??? ????????.
Il n’y a qu’une seule hypostase, une seule nature du Verbe incarné,
??? ????????? ??? ???? ????? ???????????, ??? ????? ???? ???????????? ??
??? ??????????????. A propos de cette dernière formule, il importe
de remarquer que le texte de Migne, P. G., t. LXXV, col. 1292, ajoute une
négation absolument injustifiable : ???? ??? ???? ???? ?????????
????? ???????????? ?? ??? ??????????????. Loofs, dans Texte und Untersuschungen,
t. III, Leontius von Byzanz, p. 46 ; Leitfaden zum Studium der Dogmengeschichte,
p. 294, s’est laissé induire en erreur par cette fausse lecture.
Il faut rétablir avec Pusey, p. 366 : ??????????? ? ????? ??????
???????? ??? ?????????, ?? ?? ??? ???? ???? ????????? ????? ???? ????????????
?? ??? ??????????????.
La formule ??? ????? ??? ???? ??????????? a été fréquemment
employée par Cyrille. Voici les passages principaux : Adv. Nestor.,
I, P. G., t. LXXVI, col. 60, 93 ; Ad reginas I, 9, ibid., col. 1212 ; Epist.,
XVII, P. G., t. LXXVII, col. 116 ; Adv. Orient., P. G., t. LXXVI, col.
340, 349 ; Epist. XI, ad Acacium Melitin, P. G., t. LXXVII, col. 192, 193
; XLIV-XLVI, col. 225, 232, 240 sq. ; Quod unus Christus, P. G., t. LXXV,
col. 1289, 1292. Il croyait l’emprunter à saint Athanase, P. G.,
t. LXXVI, col. 1212, 349 ; en réalité il répétait
une phrase apollinariste. Cf. Voisin, L’apollinarisme, p. 155, 182 sq.
; Dräseke, dans Texte und Untersuschungen, t. VII, fasc. 3 et 4, Apollinarios
von Laodicea, p. 341 ; mais il y mettait un sens très orthodoxe,
comme on s’en convaincra, si l’on veut bien lire l’explication qu’il en
donne dans sa Ire lettre à Succensus de Diocésarée.
Epist., XLVI, P. G., t. LXXVII, col. 240 sq. Pour lui ??? ????? ??? ????
????? ??????????? équivaut à ??? ? ????? ?????????, ??? ?
????? ???? ??? ????? ?????? ; le mot ??????????? indique l’humanité
que le Verbe s’est unie. Cf. Loofs, Texte, loc. cit., p. 41-42 ; J. Mahé,
dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1906, p. 540-541.
Saint Cyrille revient de temps en temps sur la ???????, dont saint
Paul avait parlé, Phil., II, 5-8 ; il y trouve une preuve irréfutable
de la réalité de l’incarnation. Si le Verbe au lieu de se
faire homme a pris un homme comme le veut Nestorius, pour l’élever
à la dignité de Fils de Dieu, où donc est la ???????
? ??? ?? ? ??????? ; Quod unus Christus, P. G., t. LXXV, col. 1308 ; Pusey,
p. 378 sq. En quoi consiste-t-elle au juste ? En ce que le Verbe s’est
approprié tout ce qui appartient à son humanité :
naissance, croissance, ignorance, faim et soif, fatigue, souffrances de
toutes sortes, mort, résurrection. Adv. Théodoret, P. G.,
t. LXXV, col. 440. Il est vrai de dire du Verbe incarné qu’il a
pris naissance dans le sein de Marie, qu’il a grandi en âge et en
sagesse, qu’il a eu faim et soif, qu’il est mort dans sa chair, qu’il est
ressuscité, tout comme il est vrai de dire du même Verbe incarné
qu’il est le créateur de toutes choses, qu’il fait des miracles.
P. G., t. LXXVI, col. 340, 380 ; LXXVII, col. 788. Cyrille reconnaît
la réalité de la croissance corporelle des fatigues, des
souffrances, etc. ; mais il ne veut admettre qu’une augmentation apparente
de science et de sagesse ; il a fait semblant d’ignorer en raison de son
humanité, ou bien il a proportionné à son âge
la manifestation de sa science. Cf. Bruce, The humiliation of Christ, p.
50sq. Les textes caractéristiques se trouvent recueillis en appendice
dans Bruce, p. 366-372. Ce sont : Adv. Anthropomorph., c. XIV, P. G., t.
LXXVI, col. 1100 ; Adv. Orient., ibid., col. 340 ; Quod unus Christus,
P. G., t. LXXV, col. 1332 ; Adv. Nestor., P. G., t. LXXVI, col. 153 ; Ad
Reg. II, 16, ibid., col. 1353 ; Thesaurus, P. G., t. LXXV, col. 421, 368-380
; Adv. Theodoret., P. G., t. LXXVI, col. 416. On peut y ajouter les suivants
P. G., t. LXVIII, col. 428 ; t. LXXII, col. 252 ; t. LXXIII, col. 165,
301, 337 sq. ; t. LXXV, col. 1072, 1073, 1388 ; t. LXXVII, col. 776, 780.
Saint Cyrille a-t-il à un moment donné modifié
sa doctrine christologique ? On sait qu’il a eu à s’en défendre
de son vivant. André de Samosate croyait voir des contradictions
entre les anathématismes et les ouvrages précédents
du patriarche d’Alexandrie. P. G., t. LXXVI, col. 325, 332. Après
la paix de 433 plusieurs de ses amis l’accusèrent d’avoir sacrifié
l’orthodoxie pour des concessions illégitimes. Epist., XL, P. G.,
t. LXXVII, col. 184 sq. Dans l’un et l’autre cas, il ne lui fut pas difficile
de se justifier. Plus tard, Justinien, dans son traité Contra monophysitas,
affirme avec raison que Cyrille a toujours enseigné la même
doctrine, avant et après la condamnation de Nestorius. P. G., t.
LXXXVI, col. 1136. Et en effet, si l’on compare entre eux les écrits
des diverses périodes de sa vie, on constatera que son enseignement
n’a subi aucune variation dogmatique. On peut lire, par exemple, dans ce
but, le l. VI du De Trinitate, l’Homélie pascale VIII, l’Homélie
pascale XVII, ou la Lettre aux moines, la Lettre XVII avec les anathématismes,
la Lettre XXXIX et le symbole d’union, les Lettres XLV et XLVI à
Succensus. Toujours, avant comme après l’ouverture de la controverse
nestorienne, Cyrille a professé que le Christ est Dieu parfait et
homme parfait ; toujours il a insisté sur l’union véritable,
intime, substantielle du Verbe et de son humanité ; toujours, pour
bien marquer que, dans le Christ, la nature humaine est subordonnée
à la nature divine et ne subsiste que dans le Verbe, il a employé
aux cas directs les termes qui désignent le Verbe, et aux cas obliques,
quand il n’en fait pas des adjectifs, ceux qui désignent la nature
humaine, par exemple, ? ????? ???? ??? ????? ??????, ? ????? ?? ?????,
? ????? ?????????, etc.
Pourtant il faut reconnaître qu’au moins à première
vue, il y a un point sur lequel Cyrille semble avoir changé ; la
dernière phrase du symbole d’union paraît contredire le 4e
anathématisme ; ici on refuse de « diviser » les aroles
appliquées par l’Ecriture à Notre-Seigneur ; là, on
distingue diverses sortes de paroles. Mais il faut y regarder de plus près
et écouter les explications fournies par notre auteur lui-même.
P. G., t. LXVVII, col. 193, 196. Ce qu’interdit l’anathématisme,
c’est de diviser les paroles, de façon à appliquer les unes
au Verbe, les autres à l’homme considéré comme distinct
du Verbe (?????? ????????) ; mais il ne nie pas les différences
entre la divinité et l’humanité, ni que, parmi les textes
sacrés, certains conviennent au Christ en raison de sa divinité,
et certains en raison de son humanité. Quant au symbole, il professe
que, parmi les paroles de l’Ecriture, quelques-unes conviennent à
la divinité, d’autres à l’humanité, et d’autres enfin
indiquent à la fois les deux natures. Il n’y a donc aucune contradiction
entre l’anathématisme et le symbole. Et par suite, il n’y a pas
eu, même sur cette question, de changement doctrinal chez Cyrille.
Mais il y a eu quelques changements dans le vocabulaire. Certaines
expressions, employées d’abord, ont été ensuite abandonnées
: par exemple ???? ????????, P. G., t. LXVIII, col. 293 ; ?? ????? ??????
????????????, ???? ?? ?? ?????????? ????, P. G., t. LXXIII, col. 484 ;
??????????? ????, ibid., col. 164 ; ??? ?? ??? ?????? ?????????, ibid.,
col. 188 ; ?? ??????????, ibid., col. 161 ; ?? ???? ??????? ???????????,
ibid., col. 548 ; d’autres ont été formellement rejetées
: ?????? et ses dérivés, P. G., t. LXXV ; col. 561 ; t. LXXVI,
col. 33, 401, 413 ; t. LXXVII, col. 232, 1112 ; ????? et ses dérivés,
P. G., t. LXXIV, col. 557 ; t. LXXV, col. 397 ; t. LXXVII, col. 1113 ;
????????? et ses dérivés, P. G., t. LXVIII, col. 597 ; t.
LXXIII, col. 565 ; t. LXXVI, col. 421 ; t. LXXVII, col. 24 ; des expressions
nouvelles ont été introduites au courant de la controverse,
pour mieux affirmer l’union hypostatique ; ce sont en particulier ??????
?????????????, ?????? ?????? ou ???? ?????, et ??? ????? ??? ???? ?????
???????????.
2° La sotériologie. – Comme l’a remarqué M. Rivière,
Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 189, la sotériologie
de saint Cyrille se base principalement sur deux textes de saint Paul :
Heb., II, 14, où il voit la guérison de notre corps mortel
; et Rom., VIII, 3, qui lui révèle la délivrance de
notre âme pécheresse. Un troisième texte est aussi
très souvent cité ; c’est II Cor., V, 15, d’où ressort
la surabondance des mérites de la croix et la nécessité
de nous les appliquer par notre vie. Le rédempteur, nous dit saint
Cyrille, avait pour mission de ramener toutes choses à l’état
primitif, où Dieu les avait créées ; et pour tout
restaurer ainsi, il devait condamner le péché dans sa chair,
détruire la mort par sa propre mort et nous faire enfants de Dieu.
In Joa., XIV, 20, P. G., t. LXXIV, col. 273 ; Pusey, t. II, p. 481 sq.
Il ne lui suffisait donc pas de s’incarner et de passer quelques années
sur la terre ; cela eût suffi, s’il n’avait dû être que
notre modèle et docteur. P. G., t. LXXIV, col. 273 ; cf. t. LXXVI,
col. 724 ; t. LXXII, col. 686. Mais puisqu’il devait expier le péché,
détruire la mort et nous réconcilier avec Dieu, il fallait
qu’il mourût. In joa., XII, 23 ; XV, 12, P. G., t. LXIV, col. 84,
384 ; Pusey, t. II, p. 311, 577. Par amour pour nous et selon la volonté
de son Père, mais librement, le Verbe incarné a accepté
les souffrances de la passion et la mort sur la croix. Quod unus Christus,
P. G., t. LXXV, col. 1352, Pusey, p. 415 ; P. G., t. LXXII, col. 921-924.
Il s’est offert en victime expiatoire pour notre rançon, P. G.,
t. LXXV, col. 1337 ; il a souffert à cause de nous et pour nous,
??????? ??? ???? ????. P. G., t. LXIX, col. 4524 ; t. LXXIII, col. 565.
Les mérites infinis du sang précieux de notre Sauveur ont
largement compensé nos fautes. P. G., t. LXXIV, col. 656. Lui seul
est mort pour nous tous, et sa mort a été une satisfaction
surabondante. P. G., t. LXIX, col. 548. Non seulement les hommes, mais
encore les anges, doivent leur sainteté aux mérites du Verbe
incarné. Ibid., col. 549 ; t. LXVIII, col. 625. Par son incarnation
et par sa mort surtout, le Christ est devenu le second Adam, la racine
et le principe de l’humanité régénérée,
P. G., t. LXVIII, col. 617, le médiateur entre Dieu et les hommes,
P. G., t. LXXIII, col. 1045, la source de toute sainteté et de toute
vie surnaturelle. Ibid., col. 773 sq., 1029sq. La résurrection nous
a mis le sceau à l’œuvre rédemptrice ; elle nous a prouvé
que le Sauveur est réellement Dieu et nous donne la ferme espérance
que nos corps ressusciteront aussi au dernier jour. P. G., t. LXXIV, col.
705, 769 sq.
Saint Cyrille ne s’est jamais représenté la rédemption
sous forme de rachat au diable ; les textes cités en ce sens par
M. Rivière, p. 426-429, sont empruntés au ???? ??? ?????????????,
qui n’est pas une œuvre authentique.
3° La mariologie. – Le sujet est traité très longuement
dans le Liber adversus nolentes confiteri sanctam Virginem esse Deiparam,
P. G., t. LXXVI, col. 256-292. La sainte Vierge est véritablement
mère de Dieu, ????????, Epist., I, ad monach., P. G., t. LXXVII,
col. 13 ; non qu’elle ait donné commencement à la divinité,
P. G., t. LXXVII, col. 21, mais parce qu’elle a engendré le corps
auquel le Verbe s’est uni substantiellement, P. G., t. LXXVII, col. 48
; t. LXXV, col. 1220. Telle est la doctrine traditionnelle, enseignée
par tous les Pères et évêques orthodoxes de L’orient
et de l’Occident. Epist., XI, ad Cælest., P. G., t. LXXII, col. 84.
Si le concile de Nicée n’a pas employé cette expression,
c’est qu’alors elle n’était pas nécessaire ; dans son symbole,
il a proclamé en termes équivalents la maternité divine
de Marie. P. G., t. LXXVII, col. 64. L’Ecriture ne dit pas non plus ????????,
mais elle dit ????? ??????, qui signifie la même chose. P. G., t.
LXXVI, col. 284. Refuser ce titre de ???????? à la sainte Vierge,
nier sa maternité divine, c’est détruire le mystère
de l’incarnation. Ibid., col. 24. Si Marie n’est pas ????????, elle n’est
pas non plus ??????????? ni ????????, comme le prétend Nestorius.
P. G., t. LXXVI, col. 265 ; t. LXXVII, col. 68. Il n’est pas utile de l’appeler
??????????? et ????????????, car ces titres ne lui sont pas spéciaux
; ils conviennent à d’autres mères. P. G., t. LXXVII, col.
20, 276. La vierge Marie est toute pure et toute sainte, P. G., t. LXXVI,
col. 17 ; le Christ est né d’une souche saine. P. G., t. LXIX, col.
353. Elle a conçu d’une façon virginale et par miracle sous
l’influence du Saint-Esprit, In Joa., VIII, 39, P. G., t. LXXIII, col.
876 ; Pusey, t. II, p. 77 ; Joseph ne fut que le père putatif et
le gardien de l’Enfant-Dieu. P. G., t. LXXVI, col. 900. Elle est restée
vierge après l’enfantement. Ibid., col. 260, 321. Elle n’avait pas
besoin de purification ; elle était dispensée de la loi.
P. G., t. LXVIII, col. 1005. Le miracle de Cana prouve la puissance de
Marie sur son Fils, puisqu’elle a obtenu par sa demande ce qu’il voulait
d’abord ne pas faire. In Joa., VII, 30, P. G., t. LXXIII, col. 225, 729
; Pusey, t. I, p. 202, 671. Au moment de mourir sur la croix, Jésus
a pris soin de confier sa mère à saint Jean, afin de montrer
par ce dernier acte le respect que l’on doit avoir pour les parents et
la sollicitude avec laquelle on doit pourvoir à leur avenir. Il
voulait en même temps donner à sa pauvre mère un protecteur
qui put la consoler et la soutenir dans ses angoisses et ses doutes, In
joa., XIX, 26-27, P. G., t. LXXIV, col. 664-665 ; Pusey, t. III, p. 91
sq., car sur le Calvaire, en voyant expirer son Fils, Marie eut le cœur
transpercé d’un glaive, comme l’avait prédit Siméon,
c’est-à-dire qu’elle douta de sa divinité. P. G., ibid.,
col. 661-665 ; Pusey, t. III, p. 89-93 ; P. G., t. LXXVII, col. 1049 ;
Smith, t. I, p. 27-28.
Cette opinion, que Cyrille émet en deux endroits très
authentiques de ses écrits, nous paraît aujourd’hui fort choquante
; mais il faut se rappeler qu’elle ne lui est pas particulière :
à la suite d’Origène, Homil., XVII, in Luc., P. G., t. XIII,
col. 1845, d’autres écrivains chrétiens avaient cru à
ces doutes de la sainte Vierge au pied de la croix, cf. Basile, Epist.,
l. II, epist. CCLX, P. G., t. XXXII, col. 965 ; Amphiloque d’Iconium, P.
G., t. XXXIX, col. 57 ; pseudo-Chrysostome, In Ps. XIII, P. G., t. LV,
col. 555 ; ils ne voyaient pas quelle autre interprétation satisfaisante
on eût pu donner de la parole du vieillard Siméon.
V. LA GRACE ET LA SANCTIFICATION. – La sanctification est appelée
par Cyrille d’Alexandrie une transformation de l’âme, P. G., t. LXX,
col. 965 ; t. LXXII, col. 205 ; un passage de l’état de mort et
de corruption à l’état de vie, P. G., t. LXVIII, col. 1073
; t. LXXVI, col. 1164, de la servitude à la liberté, P. G.,
t. LXXII, col. 676 ; Smith, t. I, p. 308 ; une purification de l’âme,
P. G., t. LXIX, col. 508 ; une réconciliation avec Dieu, In Joa.,
XVII, 18-19, P. G., t. LXXIV, col. 880 ; un retour à l’état
primitif où l’homme avait été créé,
et même à une élévation à un état
meilleur que l’état primitif. In Joa., I, 32-33, P. G., t. LXXIII,
col. 205 ; Pusey, t. I, p. 183 ; P. G., t. LXVIII, col. 1076. Bref, c’est
l’élévation à l’ordre surnaturel avec tous les privilèges
qui en découlent : l’adoption divine qui nous fait Fils de Dieu
et frères du Christ, P. G., t. LXIX, col. 48 ; t. LXXVII, col. 897
; fils par grâce sans doute, mais réellement semblables au
Fils par nature, P. G., t. LXXV, col. 749 ; une participation à
la nature divine, qui nous déifie au plus intime de notre être.
Ibid., col. 905. Comme nous l’avons vu en parlant de la rédemption,
c’est le Christ qui nous a valu par sa mort cette sanctification surnaturelle.
Il est donc notre justification et c’est de sa plénitude que tous
nous recevons. P. G., t. LXIX, col. 552 ; In Joa., I, 16, P. G., t. LXXIII,
col. 169 ; Pusey, t. I, p. 148. Le Saint-Esprit, vertu sanctificatrice
du Fils, opère la transformation des justes et fixe sa demeure dans
leurs âmes. P. G., t. LXV, col. 1088, 801. Cette inhabitation du
Saint-Esprit a, sous la nouvelle loi, un caractère tout spécial
: les prophètes de l’Ancien Testament, bien qu’ils fussent inspirés
par le Saint-Esprit, ne le possédaient pas comme nous le possédons
depuis la venue du Christ. In Joa., VII, 39, P. G., t. LXXIII, col. 749
; Pusey, t. I, p. 690 sq. ; cf. P. G., t. LXXIX, col. 233. Avec le Saint-Esprit,
toute la Trinité opère et habite dans les âmes justifiées,
mais le Saint-Esprit est par son caractère hypostatique le sanctificateur
par excellence. In Joa., XIV, 16-17, P. G., t. LXXIV, col. 257 ; Pusey,
t. II, p. 468 sq.
Cyrille parle souvent de la grâce (?????), qui embellit l’âme
sainte et lui rend ce qui lui avait été enlevé par
le péché. P. G., t. LXVIII, col. 268, 272, 273, 752 ; t.
LXXI, col. 65, 321 ; t. LXXII, col. 401, 445 ; t. LXXIII, col. 153, 205
; t. LXXIV, col. 264, 572 ; t. LXXV, col. 1088 ; t. LXXVI, col. 1384 ;
t. LXXVII, col. 617. En quoi consiste exactement cette grâce ? Est-elle
quelque chose de créé ? Quel est son rôle dans la sanctification
?Quelles sont ses relations avec le Saint-Esprit ? Ce sont là des
questions difficiles à trancher. Certains passages l’appellent une
qualité, ???????, P. G., t. LXXVII, col. 617 ; d’autres la décrivent
métaphoriquement, comme l’ornement, le vêtement, P. G., t.
LXXIII, col. 153, le sceau, P. G., t. LXXVI, col. 1384, la force, P. G.,
t. LXXII, col. 401, la richesse, P. G., t. LXVIII, col. 272, de l’âme.
Tout cela fait penser à une qualité créée,
déposée dans l’âme pour la transformer. Mais ailleurs,
P. G., t. LXXV, col. 1888, nous lisons : « Si ce n’est pas le Saint-Esprit
lui-même, mais sa grâce qui est imprimée dans nos âmes,
il faudrait appeler l’homme image de la grâce » ; et un peu
plus bas : « Si la grâce est quelque chose de distinct (séparé,
détaché = ??????????????) de l’essence du Saint-Esprit, pourquoi
le bienheureux Moïse n’a-t-il pas dit clairement qu’après avoir
fait l’homme, le créateur lui insuffla la grâce ? Et de même,
pourquoi le Christ n’a-t-il pas dit : Recevez la grâce que le Saint-Esprit
communique ? » Et encore, col. 1089 : « Le Saint-Esprit est
donc Dieu, lui qui transforme les âmes à l’image de Dieu,
non par une grâce qui lui serve d’instrument (??? ??????? ??????????),
mais en se donnant lui-même comme participation de la nature divine.
»
La sanctification produit des effets admirables dans l’homme justifié.
Elle atteint non seulement son âme, mais son corps, tout son être.
In Joa., XV, 1, P. G., t. LXXIV, col. 341 ; Pusey, t. II, p. 542 : P. G.,
t. LXXII, col. 452. Elle diminue la concupiscence et la force des passions,
In Rom., VIII, 3-5 P. G., t. LXXIV, col. 817 ; Pusey, t. III, p. 212 sq.
; elle fortifie contre les tentations et rend la pratique du bien plus
facile, P. G., t. LXVIII, col. 273 ; elle engendre les vertus, P. G., t.
LXXVI, col. 128 ; t. LXXVII, col. 621 ; et elle donne droit à l’héritage
éternel du ciel. P. G., t. LXVIII, col. 1076.
VI. L’EGLISE, LES SACREMENTS, LA VIE CHRETIENNE. – 1° L’Eglise,
la mère des croyants, la véritable épouse du Christ,
P. G., t. LXXI, col. 120 ; 92 sq., la nouvelle Jérusalem, le vrai
bercail du Christ, ibid., col. 389, 209 ; un navire qui vogue sur les flots
du monde et transporte les fidèles dans la patrie des saints, sans
rien avoir à redouter des tempêtes qui peuvent l’assaillir.
P. G., t. LXIX, col. 1264. Elle a été établie par
le Christ, qui en est la pierre angulaire. P. G., t. LXX, col. 968. Elle
est fondée sur la foi de Pierre, P. G., t. LXXV, col. 865, qui a
été constitué le pasteur des fidèles. P. G.,
t. LXXII, col. 424. Les apôtres sont les pierres fondamentales sur
lesquelles sont édifiés les croyants, P. G., t. LXX, col.
344, 940 ; c’est par leurs prédications qu’elle s’est répandue
dans le monde, ibid., col. 1368, parmi les Juifs d’abord et surtout parmi
les gentils plus dociles. P. G., t. LXIX, col. 208 ; t. LXXIII, col. 864.
Elle a commencé modestement, mais elle s’est développée
très vite. P. G., t. LXVIII, col. 293. Les persécutions ne
lui ont pas manqué de la part des hommes et de la part du démon,
P. G., t. LXXI, col. 760 ; mais loin de lui être fatales, elles ont
servi à son accroissement. P. G., t. LXX, col. 1372. Quels que soient
ses ennemis, elle triomphera toujours ; elle ne peut périr, car
le Christ lui a promis que les portes de l’enfer ne prévaudraient
pas contre elle. P. G., t. LXXI, col. 405 ; t. LXX, col. 569. L’Eglise
est une ; comme il n’y a qu’un seul Christ, il n’y a qu’une seule foi et
un seul baptême. Tous les fidèles doivent rester unis dans
cette foi ; c’est pour leur perte que les hérétiques s’en
séparent. P. G., t. LXIX, col. 552 ; Quod unus Christus, t. LXXV,
col. 1256 ; Pusey, p. 335. Elle est apostolique ; ses ministres sont les
successeurs des apôtres et ils prêchent la même doctrine
que les apôtres. P. G., t. LXVIII, col. 848 ; t. LXX, col. 805. Elle
est catholique : ses sanctuaires sont répandus par toute la terre,
P. G., t. col. 1193 ; tous les peuples sont appelés à y entrer
; personne cependant ne doit y être contraint par la force. Ibid.,
col. 1336 ; In II Cor., X, 1, P. G., t. LXXIV, col. 948 ; Pusey, t. III,
p. 357. Elle est sainte, P. G., t. LXX, col. 1369, 1373 ; elle est la source
de toutes les grâces, P. G., t. LXXI, col. 405, nécessaire
au salut. P. G., t. LXX, col. 1336. Il faut en référer à
l’évêque de Rome pour toutes les affaires importantes. P.
G., t. LXXVII, col. 80, 84. Toute la conduite de Cyrille dans la controverse
nestorienne est une preuve indiscutable de sa croyance à la primauté
du pape.
2° Les sacrements. – Evidemment il ne saurait être question
de trouver chez saint Cyrille une théorie des sacrements ; mais
il est intéressant de recueillir ce qu’il a écrit sur chacun
des rites désignés aujourd’hui sous ce nom. Il ne parle qu’en
passant de l’ordre, du mariage, de l’extrême-onction, de la confirmation
; au contraire, il s’étend longuement et à plusieurs reprises
sur le baptême, l’eucharistie et la pénitence.
1. L’ordre. – La hiérarchie ecclésiastique comprend les
évêques, les prêtres, les diacres. P. G., t. LXVIII,
col. 848. Ceux qui sont honorés du sacerdoce doivent veiller à
ce que le culte rendu à Dieu soit digne de lui. P. G., t. LXXII,
col. 272. Leur mission est de prêcher les mystères divins
à tous les fidèles, aux femmes aussi bien qu’aux hommes,
P. G., t. LXXIII, col. 317 ; rien ne doit les en détourner. P. G.,
t. LXX, col. 805. Le sacerdoce ne doit pas être conféré
aux néophytes. P. G., t. LXXIII, col. 240, 316. Avant d’imposer
les mains à quelqu’un, l’évêque doit faire une enquête
sérieuse et n’ordonner que des hommes vraiment dignes. P. G., t.
LXXVII, col. 365.
2. Le mariage. – Notre-Seigneur a honoré le mariage par sa présence
à Cana. In Joa., II, 1-4, P. G., t. LXXIII, col. 224 ; Pusey, t.
I, p. 201. Le mariage est bon, l’union de l’homme et de la femme est légitime,
si elle a pour but de procréer des enfants, P. G., t. LXIX, col.
1092 ; mais le célibat et la continence sont meilleurs. P. G., t.
LXVIII, col. 690. Ce qui fait le véritable mariage, c’est le consentement
légitime et l’union chaste. P. G., t. LXXIII, col. 301. Le mariage
est indissoluble du vivant des époux ; le divorce est interdit aux
chrétiens, bien qu’il fût toléré dans l’ancienne
loi. P. G., t. LXXIV, col. 876. Mais après la mort de l’un, l’autre
peut se remarier. Ibid., col. 800. Les chrétiens solides dans leur
foi ne redoutent pas les mariages avec les infidèles. Ibid., col.
876.
3. L’extrême-onction. – Un seul passage y fait une rapide allusion
en citant le texte de saint Jacques, V, 14,, P. G., t. LXVIII, col. 472.
4. La confirmation est indiquée deux fois très clairement
sous le nom de ?????? ??? ??????????, In Joa., XI, 26, P. G., t. LXXIV,
col.
49 ; Pusey, t. II, p. 276 ; In Joel., etc., P. G., t. LXXI, col. 373 ;
il y est fait allusion aussi P. G., t. LXIX, col. 1100 ; t. LXX, col. 561.
Elle apparaît comme le complément du baptême, et se
confond avec lui dans une seule cérémonie.
5. Le baptême est la porte d’entrée du royaume des cieux,
l’instrument de la sanctification ; il lave toutes les souillures de l’âme,
sans qu’il soit besoin de s’humilier par les exercices de la pénitence.
P. G., t. LXVIII, col. 504, 853. Il unit les néophytes avec Dieu
et tous les fidèles entre eux. P. G., t. LXXI, col. 145, 804. Il
donne au plus humble néophyte une dignité incomparable qui
le met au-dessus de Jean-Baptiste, le plus grand prophète pourtant
de l’ancienne loi. P. G., t. LXXIII, col. 757. Il n’est pas fait pour guérir
les maladies du corps, mais celles de l’âme. P. G., t. LXXVI, col.
877. Il ne peut être réitéré ; pour ceux qui
tombent après le baptême, il n’y a pas un second baptême.
P. G., t. LXVIII, col. 413. C’est de l’eau baptismale que vient la sanctification,
P. G., t. LXX, col. 96 ; sous l’influence du Saint-Esprit, elle a acquis
une vertu ineffable et divine. P. G., t. LXXIII, col. 245. Selon la recommandation
du Seigneur, c’est au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit
que le baptême est administré ; mais quand on parle du baptême
au nom du Christ, ce n’est pas d’un autre baptême que l’on parle.
In Rom., VI, 3, P. G., t. LXXIV, col. 792 ; Pusey, t. III, p. 188. Les
ministres du baptême sont les apôtres et leurs successeurs,
tous ceux qui ont reçu le Saint-Esprit avec le pouvoir de remettre
les péchés. In Joa., XX, 22-23, P. G., t. LXXIV, col. 721
; Pusey, t. III, p. 140 sq. Baptiser fait partie de la mission de saint
Paul, mais pour réserver plus de temps à la prédication,
il laissait ce soin aux évêques. In I Cor., I, 17, P. G.,
t. LXXIV, col. 860 ; Pusey, p. 252. Bien que l’institution du catéchuménat
fût encore en pleine vigueur, P. G., t. LXVIII, col. 836 ; t. LXXII,
col. 217, on conférait cependant le baptême aux nouveaux-nés.
In Joa., XI, 26, P. G., t. LXXIV, col. 49 ; Pusey, t. II, p. 276. Il arrivait
souvent qu’on devait aussi le donner aux moribonds, P. G., t. LXXIV, col.
49 ; mais Cyrille recommande avec insistance de ne pas différer
de recevoir l’initiation chrétienne. « Celui, disait-il, qui
reçoit le baptême au dernier moment est sanctifié assurément,
mais il n’obtient que la rémission de ses péchés ;
il remet au père de famille le talent qui lui a été
confié, sans y avoir ajouté aucun profit. » P. G.,
t. LXIX, col. 432. Le baptême était précédé
par une triple profession de foi que devait faire le catéchumène,
P. G., t. LXXIII, col. 1008 ; voilà pourquoi, chez Cyrille, le baptême
est souvent désigné par l’hendiadys ?????? ??? ????????.
P. G., t. LXX, col. 40, 573 ; t. LXXIV, col. 696.
6. La pénitence. – Ceux qui pèchent après avoir
été sanctifiés, perdent tout ce qu’ils avaient pu
acquérir jusque-là ; cependant ils ne doivent pas désespérer
: leurs souillures peuvent encore être lavées dans le Christ.
P. G., t. LXVIII, col. 1048. Dieu est bon et miséricordieux ; il
pardonne et oublie les fautes, si on les confesse avec humilité
et si on prend la résolution de les éviter à l’avenir.
P. G., t. LXX, col. 1268. ; t. LXXI, col. 669. Il n’y a pas de péché
que Dieu ne remette, si on en a le repentir sincère, même
le péché contre le Saint-Esprit. P. G., t. LXXII, col. 409.
Il ne faut donc pas cacher ses fautes au fond de sa conscience ; mais il
faut les révéler au médecin des âmes, bien qu’il
les connaisse déjà toutes. P. G., t. LXIX, col. 956. Dieu
seul peut remettre les péchés, puisque c’est lui qui a été
offensé ; mais il a donné ce pouvoir aux apôtres et
à leurs successeurs. In Joa., XX, 23, P. G., t. LXXIV, col. 720
; Pusey, t. III, p. 140. « Nous aussi, dit Cyrille ; nous avons le
pouvoir de remettre les péchés. » P. G., t. LXXII,
col. 569 ; Smith, t. I, p. 84. Le pardon que procure la pénitence
est-il de même nature que celui accordé par le baptême
? Les textes de saint Cyrille ne sont pas clairs à ce sujet. A certains
endroits, il semble distinguer et opposer l’?????? obtenue par le baptême
et l’?????????? ou ???????? obtenues par la pénitence. P. G., t.
LXIX, col. 865 ; t. LXX, col. 884. Ailleurs, tous ces mots ??????, ????????,
??????????, etc., semblent être employés comme équivalents.
De recta fide ad Theodosium, P. G., t. LXXVI, col. 1185, 1188 ; Pusey,
p. 116, 120 ; P. G., t.LXVIII ? col. 717. Enfin un passage, P. G., t. LXXIV,
col. 721, dit expressément que, par la pénitence, les péchés
sont remis (???????) et que les pécheurs sont purifiés et
lavés (????????????) dans le Christ.
7. L’eucharistie. – Saint Cyrille insiste beaucoup sur les effets de
l’ « eulogie mystique » dans ceux qui la reçoivent.
On peut consulter spécialement : In Matth., XXVI, 26-27 ; In Luc.,
XXII, 14 sq., P. G., t. LXXII, col. 452 sq., 905 sq. ; In Joa., VI, 48
sq., t. LXXIII, col. 560-585 ; Pusey, t. I, p. 514 sq. ; Adv. Nest., l.
IV, c. IV, P. G., t. LXXVI, col. 189-208 ; cf. Anath., XI, t. LXXVII, col.
121. Voir J. Mahé, L’eucharistie d’après saint Cyrille d’Alexandrie,
dans la Revue d’histoire ecclésiastique, octobre 1907, p. 677 sq.,
où tous les textes sont indiqués et étudiés.
La chair du Christ nous vivifie, nous sanctifie, corps et âmes. P.
G., t. LXXIII, col. 481 ; Pusey, t. I, p. 440. Elle nous rend forts contre
le démon et la corruption. P. G., t. LXVIII, col. 285 ; t. LXIX,
col. 428. Par la communion, bous sommes unis au Christ aussi intimement
que deux morceaux de cire fondus ensemble. P. G., t. LXXIII, col. 584 ;
Pusey, t. I, p. 535 ; P. G., t. LXXIV, col. 341. Nous sommes pénétrés
et transformés par le Christ, comme la pâte est pénétrée
et transformée par le levain. La plus petite parcelle d’eulogie
suffit pour opérer cette transformation. P. G., t. LXXIII, col.
584 ; c’est que Notre-Seigneur y est tout entier. Quand on partage l’eulogie
entre plusieurs, le Christ n’est pas divisé. P. G., t. LXXIV, col.
660 ; Pusey, t. III, p. 88 sq. Puisque les effets de l’eucharistie sont
si grands, il ne faut pas s’en éloigner par négligence ou
par piété mal entendue. Il faut être pur assurément
pour participer à l’eulogie sainte ; mais ce serait mal de s’en
laisser détourner par ses fautes et ses faiblesses ; on doit prendre
la résolution de bien vivre et participer à l’eucharistie.
P. G., t. LXXIII, col. 584. La communion, il est vrai, ne produira pas
sur les âmes malades les mêmes effets que sur une âme
sainte ; mais elle leur donnera la force de s’abstenir du péché,
de mortifier leurs passions et leur procurera la santé spirituelle.
P. G., t. LXVIII, col. 793.
L’eucharistie produit tous ces effets parce qu’elle est la chair du
Verbe incarné ; la chair d’un homme ordinaire en serait incapable.
P. G., t. LXXIII, col. 601 ; Pusey, t. I, p. 551 ; P. G., t. LXXIV, col.
528 ; Pusey, t. II, p. 707. Le corps et le sang du Christ sont réellement
présents sur les tables de nos églises. « Le Seigneur
a dit d’une façon démonstrative (?????????) : Ceci est mon
corps, et : Ceci est mon sang ; pour que nous ne considérions pas
ce qui paraît comme de simples figures, mais afin que nous sachions
bien que les oblats ont été en toute vérité
transformés au corps et au sang du Christ par la puissance ineffable
du Dieu qui peut tout. » P. G., t. LXXII, col. 452, 912. On peut
conserver l’eulogie ; elle garde toujours sa vertu sanctificatrice. P.
G., t. LXXVI, col. 1073 ; Pusey, p. 605.
L’eucharistie est un sacrifice, un sacrifice pur et non sanglant, où
le Christ est immolé. P. G., t. LXXII, col. 297, 905. Ce sacrifice
ne doit être offert que dans les églises orthodoxes ; les
hérétiques n’ont pas le droit de l’offrir. P. G., t. LXIX,
col. 552 ; t. LXXVI, col. 1097 ; Pusey, t. III, p. 595. On l’offre tous
les jours, et il ne cessera jamais d’être offert jusqu’à la
fin des temps. P. G., t. LXVIII, col. 708. Et tous les huit jours, au souvenir
de l’apparition de Notre-Seigneur aux apôtres le huitième
jour, tous les fidèles ont une réunion solennelle pour le
sacrifice, P. G., t. LXXIV, col. 752 ; Pusey, t. III, p. 6sq., et ils communient
en mangeant le corps du Christ qu’ils reçoivent dans leurs mains.
3° La vie chrétienne. – Cf. les Homélies pascales,
P. G., t. LXXVII, col. 401-981 ; et le De adoratione, t. LXVIII, col. 133-1125.
La perfection d la vie chrétienne est de joindre à une foi
droite et pure les mérites des bonnes œuvres. P. G., t. LXXVI, col.
1201 ; t. LXXII, col. 776. La foi dans les œuvres est morte et ne suffit
pas au salut. P. G., t. LXXIV, col. 125 ; Pusey, t. II, p. 355. Pour vivre
d’une manière digne du Christ, il faut servir Dieu avec énergie
et amour, mortifier ses passions, éviter le péché
ou s’en purifier dès qu’on l’a commis. P. G., t. LXXII, col. 801
sq. Dieu nous a fait libres, afin de nous permettre de mériter par
nos bonnes actions ; la vertu est au pouvoir de notre volonté. P.
G., t. LXXIV, col. 129 ; Pusey, t. II, p. 358 ; P. G., t. LXXVI, col. 744.
Nous devons toujours nous rappeler que pour bien vivre, nous avons besoin
de faire des efforts généreux, mais que, sans le secours
de la grâce divine, nous ne pouvons rien. P. G., t. LXXII, col. 776
; Smith, t. II, p. 462 ; P. G., t. LXXIV, col. 524 ; Pusey, t. II, p. 703
; P. G., t. LXX, col. 1040. A ceux qui ont été sanctifiés,
le Christ donne une grâce invincible de force spirituelle. P. G.,
t. LXX, col. 1216. Ce n’est pas seulement par des paroles et des inspirations
intérieures que Dieu nous pousse à éviter le péché,
il nous y aide par un secours efficace. P. G., t. LXVIII, col. 173.
VII. LE SALUT ETERNEL ; LA PREDESTINATION ET LA VIE FUTURE. – Dieu
veut sauver tous les hommes. P. G., t. LXXVI, col. 1345. Son appel s’adresse
à tout le monde sans exception : Dieu ne rejette et n’aveugle personne.
P. G., t. LXXII, col. 792 ; t. LXXIV, col. 973 ; Pusey, t. II, p. 328.
Cet appel est gratuit ; personne ne peut se flatter d’avoir rien fait pour
le mériter. P. G., t. LXXIII, col. 961 ; Pusey, t. II, p. 155 sq.
Il est pressant, mais il ne force personne. P. G., t. LXXII, col. 792 ;
t. LXXIII, col. 553 ; Pusey, t. I, p. 507. Dieu respecte la liberté
de ses créatures. P. G., t. LXXIV, col. 128 ; Pusey, t. II, p. 357.
Et voilà pourquoi tous ne répondent pas à l’appel.
P. G., t. LXXIV, col. 828 ; Pusey, t. III, p. 220. Dieu a prévu
de toute éternité l’usage que l’homme ferait de cette liberté
pour le bien et pour le mal. P. G., t. LXXIV, col. 128. C’est parce qu’il
a prévu que Jacob serait bon, qu’il l’a aimé et favorisé
; parce qu’il a prévu qu’Esaü serait méchant, qu’il
l’a haï. L’élection gratuite, ? ??????????? ?????, est toujours
accompagnée par la prescience (?????????). P. G., t. LXXIV, col.
883 ; Pusey, t. III, p. 227 ; P. G., t. LXXI, col. 281. Cette prescience
ne cause aucun dommage à notre liberté et nous laisse toute
notre responsabilité. P. G., t. LXXIV, col. 521 ; Pusey, t. II,
p. 701 sq. Bien que Dieu eût prévu la chute d’Adam, Adam est
coupable de la faute qu’il a commise librement. P. G., t. LXXIV, col. 128.
Bien que Jésus eût prédit la trahison de Judas et le
reniement de Pierre, Judas et Pierre sont coupables, parce qu’ils pouvaient
ne pas pécher. P. G., t. LXXIV, col. 521 ; t. LXXII, col. 928.
Nous sommes faits pour une autre vie ; sur cette terre nous sommes
des pèlerins et des voyageurs de passage. P. G., t. LXIX, col. 409.
La vie d’ici-bas est pour nous le temps de l’épreuve et des bonnes
œuvres ; après la mort, c’est le temps du repos ; on ne mérite
plus. P. G., t. LXXIII, col. 960 ; Pusey, t. II, p. 152 sq. Quand les âmes
des justes quittent leurs corps, elles ne restent pas à errer autour
des tombeaux, comme le prétend la superstition païenne ; elles
ne descendent plus aux enfers, comme autrefois ; mais elles sont reçues
par le Dieu de toute bonté et entrent dans les demeures célestes.
Les âmes des pécheurs sont précipitées dans
le lieu des supplices. P. G., t. LXXIV, col. 669 ; Pusey, t. III, p. 96
; P. G., t. LXXVII, col. 405. Il convient de prier pour les morts et d’offrir
pour eux le sacrifice mystique, afin de leur rendre Dieu propice. P. G.,
t. LXXVI, col. 1424 ; Pusey, t. III, p. 541 sq. Un jour, au second avènement
du Christ, nous ressusciterons tous dans la même chair dans laquelle
nous avons vécu. P. G., t. LXXIV, col. 904. Les corps des disciples
du Christ, sanctifiés par le Saint-Esprit et l’eucharistie, ressusciteront
les premiers. P. G., t. LXXIV, col. 901 ; t. LXXIII, col. 696. Mais les
infidèles ressusciteront aussi. P. G., t. LXXIII, col. 285. Pour
les bons, la résurrection sera glorieuse ; pour les méchants,
elle sera ignominieuse. P. G., t. LXXIV, col. 913 ; t. LXXIII, col. 1032.
Tous paraîtront devant le tribunal du souverain juge, P. G., t. LXXII,
col. 248 ; chacun sera jugé selon ses œuvres. Ibid., col. 729. Ceux
qui auront fait le mal seront punis pendant l’éternité dans
les flammes de l’enfer ; ceux qui auront pratiqué la vertu seront
heureux pour l’éternité dans le ciel. P. G., t. LXXIII, col.
285, 385.
Quelques auteurs ont affirmé que Cyrille retardait la récompense
des justes jusqu’après la résurrection générale.
Cf. Schwane, Dogmengeschichte, t. II, p. 586. Ils basent ce jugement sur
un texte du traité Adversus anthropomorphitas, P. G., t. LXXVI,
col. 1104 ; Pusey, t. III, p. 564, reproduit dans le commentaire sur saint
Luc. P. G., t. LXXII, col. 820. S’il fallait accepter cette interprétation,
Cyrille se serait mis en contradiction avec lui-même ; car il affirme
clairement ailleurs, nous venons de le voir, que les âmes justes
entrent dans la gloire céleste aussitôt après la mort.
Mais une autre explication semble plus vraie : dans le passage en question,
Cyrille veut dire que la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche
ne doit pas être prise à la lettre, puisqu’elle nous représente
Lazare heureux en corps et en âme dans le sein d’Abraham ; cette
récompense totale, du corps et de l’âme, ne sera accordée
qu’après la résurrection et le jugement général
qui n’ont pas encore eu lieu.
Sur la théologie de saint Cyrille en général :
Petau, Dogmata theologica, passim d’après les tables, Ve Cyrillus
Alexandrinus ; Thomassin, Dogmata theologica, passim d’après les
tables : Harnack, Dogmengeschichte, 3e édit., surtout t. II, p.
322-345 : Der nestorianische Streit ; Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte,
Leipzig, 1895, t. I, p. 205 sq., 212 sq., 221 sq. ; Loofs, Leitfaden zum
Studium der Dogmengeschichte, 4e édit., Halle, 1906, p. 289-299
; Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, t. I, surtout p. 506-530
; Turmel, Histoire de la théologie positive jusqu’au concile de
Trente, Paris, 1904, passim, surtout p. 57-60.
Sur Dieu un et trine : Allatius, Vindiciæ synodi ephesinæet
sancti Cyrilli Alexandrini, Rome, 1661 ; Lequien, Dissertationes Damascenicæ,
diss. I : De processione Spiritus Sancti, P. G., t. XCIV, col. 193 sq.
; Hergenrœther, Photius, t. I, p. 684 sq. ; de Régnon, Etudes de
théologie positive sur la sainte Trinité, spécialement
les deux volumes de la 3e série : Théories grecques des processions
divines ; Michaud, Saint Basile de Césarée et saint Cyrille
d’Alexandrie sur la question trinitaire, dans la Revue internationale de
théologie, 1898, p. 354-371.
Sur le péché originel : Turmel, Le dogme du péché
originel dans l’Eglise grecque après saint Augustin, dans la Revue
d’histoire et de littérature religieuses, mai-juin 1904, p. 283
sq.
Sur la christologie : Justinien, Adversus Origenem, P. G., t. LXXXVI,
col. 967 sq., 999 sq., 1007, 1029 sq. ; Adversus Theodorum Mopsuestenum,
ibid., col. 1037 sq., 1055 sq., 1067 sq., 1075 sq. ; Contra monophysitas,
ibid., col. 1108 sq., 1124 sq., 1132 sq. ; Epist. dogmat. ad Zoïlum,
col. 1148 ; Léonce de Byzance [ou * pseudo-Léonce], Contra
Nestorium et Eutychen, P. G., t. LXXXVI, col. 1356 sq. ; * De sectis, col.
1221sq., 1236 sq., 1252 sq., 1260 sq. ; * Contra monophysitas, col. 1809,
1813 sq., 1817, 1820 sq., 1824 sq., 1825 sq. ; * Adversus fraudes apollinaristum,
col. 1948-1976 ; Lequien, op. cit., diss. II, P. G., t. XCIV, col. 261.
Sq. ; Rehrmann, Die Christologie des hl. Cyrillus von Alexandrien, Hildesheim,
1902 ; Gengler, Ueber die Verdammung des Nestorius, dans Tub. Theologische
Quartalschrift, 1835, p. 213-299 ; Spörlein, Die Gegensätze der
Lehre des hl. Cyrillus und des Nestorius von der Menschwerdung Gottes,
Bamberg, progr., 1852-1853 ; [Brugnier ?], Disputato de supposito, in qua
plurima hactenus inaudita de Nestorio tanquam orthodoxo et de Cyrillo aliisque
in Ephesi synodum coactis tanquam hæreticis demonstrantur, Francfort,
1645 ; Loofs, Leonius von Byzanz, dans Texte und Untersuschungen, t. III,
fasc. 1 et 2, p. 40-60 ; Baur, Die christliche Lehre von der Dreicinigkeit
und Menschwerdung Gottes in ihrer geschichtlichen Entwickelung, 1re part.,
1841, p. 727 sq. ; Domer, Entwicklungsgeschichte der Lehre von der Person
Christi, t. II, p. 60-86 ; Bruce, The humiliation of Christ, Edimbourg,
1881, p. 46-58, 366-372, 425-426 ; Voisin, L’apollinarisme, Paris et Louvain,
1901 ; Gore, Dissertations on subjects connected with the incarnation,
Londres, 1896, p. 149-154 ; Schwalm, La science du Christ d’après
les Pères grecs, dans la Revue thomiste, 1904, p. 281-297 ; Tixeront,
Des concepts de nature et de personne dans les Pères et écrivains
ecclésiastiques des Ve et VIe siècles, dans la Revue d’histoire
et de littérature religieuses, 1903, p. 583 sq. ; Mahé, Les
anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie, dans la Revue d’histoire
ecclésiastique, Louvain, juillet 1906, p. 505-542.
Sur la mariologie : Rehrmann, op. cit., p. 383-390 ; Schweitzer, Alter
des Titels ????????, dans Katholik, février 1903, p. 97-103.
Sur la sotériologie : Rivière, Le dogme de la rédemption,
Paris, 1906, p. 187-201, 397 sq., 426-429 ; Weigl, Die Heilslehre des hl.
Cyrillue von Alexandrien, Mayence, 1905, p. 45-125 ; Rehrmann, op. cit.,
p. 390-399.
Sur la grâce et la sanctification : Weigl, op. cit., p. 125-325
; Kohlhofer, S. Cyrillus Alexandrinus de sanctificatione, Wurzbourg, 1866
; Oberdœrffer, De inhabitatione Spiritus Sancti in animabus justorum, Tournai,
1890, p. 21 sq., 67 sq., 94 sq. ; Isaac Habert, Theologiæ Græcorum
Patrum de gratia… libri tres, Paris, 1646.
Sur les sacrements : Bingham, Origines sive antiquitates ecclesiasticæ,
t. IV (baptême) ; t. VI (eucharistie) ; t. VIII (pénitence)
; Weigl, op. cit., p. 166 sq. (baptême), p. 203 sq. (eucharistie),
p. 171 sq. (pénitence) ; Kohlhofer, op. cit., p. 102 sq. (pénitence).
Spécialement sur l’eucharistie: Arnauld, Perpétuité
de la foi de l’Eglise catholique touchant l’eucharistie, Paris, 1672-1674,
t. II, p. 493-498, 515-540, 548-558, 649-650 ; t. III, p. 35-37, 444-445,
475 ; Michaud, saint Cyrille d’Alexandrie et l’eucharistie, dans la revue
internationale de théologie, t. X, p. 599-614, 675-692 ; Batiffol,
Etudes d’histoire et de théologie positive, 2e série : l’eucharistie,
la présence réelle et la transsubstantiation, Paris, 1905,
p. 278-285 ; Renz, Die Geschichte des Messopferbegriffs, Freising, 1901-1902,
t. I, p. 438-458 ; Steitz, Die Abendmahllehre der griechischen Kirche,
Dans Jahrbücher für deutsche Theologie, t. XII, p. 211-286 ;
Watterich, Der Konsekrationsmoment im heiligen Abendmahl und seine Geschichte,
Heidelberg, 1896, p. 65 sq., 248 sq. ; Mahé, L’eucharistie d’après
saint Cyrille d’Alexandrie, dans la Revue d’histoire ecclésiastique,
octobre 1907, p. 677-696.
Sur la prédestination et les fins dernières : Weigl,
op. cit., p. 302-310, 326-343.
IV. INFLUENCE ET CARACTERE GENERAL. – I. INFLUENCE. – 1° Les hérétiques.
– Les uns après les autres, les hérétiques ont essayé
de mettre leurs erreurs sous le patronage de saint Cyrille. Cf. Maxime
le Confesseur, P. G., t. XCI, col. 472.
1. Les monophysites. Cf. Rehrmann, op. cit., p. 343. – Eutychès,
interrogé sur sa foi au synode de Constantinople en 448, répond
: « J’ai lu les écrits du bienheureux Cyrille et des saints
Pères… Ils disent bien : de deux natures avant l’union : ?? ???
?????? ??? ??? ??????? ; après l’union, ils ne disent plus deux
natures, mais une seule. » Mansi, t. VI, col. 475. Dioscore d’Alexandrie,
le protecteur d’Eutychès et le plus violent promoteur du monophysisme,
prétend se justifier à Chalcédoine en faisant appel
à la doctrine de son prédécesseur : « J’ai de
nombreux textes des saints Pères, Athanase, Grégoire, Cyrille,
prouvant qu’après l’union il ne faut plus dire deux natures, mais
une seule nature du Verbe incarnée. » Mansi, t. VI, col. 684.
Plus tard (531) à la conférence de Constantinople sous Justinien,
les sévériens refusent d’adhérer aux décisions
de Chalcédoine et de professer deux natures, parce que « Cyrille
d’Alexandrie disait une seule nature du Dieu Verbe incarnée. »Mansi,
t. VIII, col. 825 sq. De nos jours encore, « Cyrille d’Alexandrie
est la grande autorité des monophysites. » Cf. Duchesne, Autonomies
ecclésiastiques, p. 34.
2. Au VIIe siècle, les monothélistes essayèrent
également de tourner à leur profit la terminologie de Cyrille.
Cf. Rehrmann, p. 296. Les monophysites abusaient de la formule ??? ?????
??? ???? ????? ??????????? ; les monothélistes voulurent à
leur tour utiliser une phrase du commentaire sur saint Jean : ???? ?? ???
??????? ????????? ????? ????? ??? ?????????. P. G., t. LXXIII, col. 577
; Pusey, t. I, p. 530. C’est, par exemple, Sergius de Constantinople, ,
le premier fondateur de la nouvelle , qui écrivait à Cyrus
de Phase : « Nous savons qu’entre autres Pères illustres,
le très saint Cyrille, archevêque d’Alexandrie, a parlé
dans quelques-uns de ses ouvrages d’une seule énergie vivifiante
du Christ, notre vrai Dieu. » Mansi, t. XI, col. 525. C’est Pyrrhus
de Constantinople qui répondait à saint Maxime : «
Comment donc Cyrille, cette lumière de l’Eglise, a-t-il pu enseigner
le contraire de ce que nous voyons maintenant être la vérité,
et dire, en parlant du Christ, qu’il a manifesté une seule et même
énergie par ses deux natures : ???? ??????? ????????? ??????????????
?????????. » P. G., t. XCI, col. 344 ; Mansi, t. X, col. 752. Un
peu plus tard, Théodose, évêque de Césarée
de Bithynie, discutant avec le même saint Maxime, se réclamera
du même texte de saint Cyrille. Cf. Combefis, Opera Maximi, t. I,
p. III. Le patriarche Paul de Constantinople, écrivant au pape Théodore,
s’était appuyé sur la justification opposée par Cyrille
à Théodoret à propos du IVe anathématisme :
il ne faut pas diviser entre deux personnes ou hypostases les expressions
employées au sujet du Christ par l’Ecriture. Mansi, t. X, col. 1025.
Au VIe concile œcuménique, Macaire d’Antioche prétend montrer,
par le début du De recta fide ad Theodosium, que Cyrille admet une
seule volonté. Mansi, t. XI, col. 216 sq., 384.
2° Les orthodoxes de leur côté ont toujours attaché
une très grande importance à la doctrine de saint Cyrille,
malgré l’abus qu’en faisaient leurs adversaires. Dès l’origine
du monophysisme, au moment où Eutychès se réclame
de Cyrille, Flavien de Constantinople dénonce à Rome le novateur,
parce qu’il « pervertit la vraie foi… que Cyrille a enseignée
dans ses lettres à Nestorius et aux Orientaux. » P. L., t.
LIV, col. 725. Dans sa réponse, Epist. dogmatica ad Flavianum, ibid.,
col. 755-781, le pape saint Léon ne nomme pas Cyrille ; mais deux
ans plus tard, en 450, il fait un recueil de textes patristiques et il
en emprunte trois aux Scholia de incarnatione. P. L., t. LIV, col. 1186.
Cf. Saltet, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, avril
1905, p. 293. Cette même année, envoyant aux évêques
de Gaule sa lettre à Flavien, il leur fait bien remarquer qu’elle
est en parfaite conformité de doctrine avec Cyrille d’Alexandrie.
P. L., t. LIV, col. 886. La même année toujours, il écrit
à l’empereur Théodose II à propos du nouvel évêque
de Constantinople, Anatolius : « Qu’il lise avec soin la lettre de
Cyrille d’Alexandrie à Nestorius, où se trouve une explication
claire du symbole de Nicée et il verra qu’elle s’accorde en tout
avec l’enseignement des anciens Pères, » ibid., col. 891 ;
et à Pulchérie, il ajoute : « Je demande une chose
très simple, mais je l’exige. C’est qu’Anatolius accepte la lettre
de Cyrille à Nestorius, dans laquelle se trouve l’explication du
symbole de Nicée, ou ma propre lettre à l’évêque
Flavien. » Ibid., col. 893. Si donc, en 451, dans une lettre à
Paschasimus de Lilybée, il repousse la formule : Unam Verbi naturam
incarnatam, ibid., col. 927, c’est au sens que lui donnaient les monophysites
; le contexte d’ailleurs ne permet pas d’y voir une condamnation de la
doctrine cyrillienne. En 452, après le concile de Chalcédoine,
saint Léon continuera encore à recommander les écrits
du patriarche d’Alexandrie. Ibid., col. 1079.
Comme l’avaient fait les évêques du synode de Constantinople
en 448, Mansi, t. VI, col. 652, 657, 660-673, les Pères de Chalcédoine
en appellent constamment à la foi de Cyrille, ibid., col. 953, 956,
957 ; ; on insère dans les actes des extraits de ses œuvres, ibid.,
col. 960, 971 ; cf. Mansi, t. VII, col. 472, en les approuvant ; on compare
sa doctrine avec celle de saint Léon et on les déclare conformes
entre elles et orthodoxes, col. 971. Enfin on approuve officiellement «
tout ce qui a été fait par Cyrille à Ephèse
», t. VII, col. 9.
Pendant les luttes qui suivirent, entre les partisans de Chalcédoine
et les monophysites opposants, les orthodoxes n’eurent jamais la tentation
de sacrifier les écrits de Cyrille, malgré les objections
qu’y puisaient leurs adversaires. Ainsi, à la conférence
de 531, Mansi, t. VII, col. 821, aux sévériens qui demandent
pourquoi le concile de Chalcédoine n’avait pas reçu les anathématismes,
qui avaient déjà été approuvés à
Ephèse, les catholiques répondent que « les Pères
de Chalcédoine ont accepté et confirmé tout ce qui
avait été réglé à Ephèse ; si
on n’a pas nommé expressément les anathématismes,
c’est une simple question d’opportunité. »
A la même époque, l’empereur Justinien citait et défendait
Cyrille dans ses ouvrages dogmatiques, P. G., t. LXXXVI, col. 967, 1007,
1037, 1067, 1108 sq., 1116, 1132 ; il justifiait en général
toute sa doctrine, col. 1045 sq., et en particulier les anathématismes
et le ??? ????? ??? ???? ????? ???????????, col. 1055, 1112. Léonce
de Byzance, lui aussi, se faisait le défenseur de la doctrine cyrillienne,
P. G., t. LXXXVI, col. 1252, 1848, 1849, 1852 ; il expliquait, lui aussi,
le ??? ????? ??? ???? ????? ???????????, ibid., col. 1253 sq., 1796, 1804,
1813 sq., et pour bien montrer l’estime qu’il avait des écrits de
l’évêque d’Alexandrie, il en citait de nombreux extraits.
Ibid., col. 1260, 1356 sq. Cf. Galland, t. XII, p. 673 sq., 684 sq., 699,
col. 1781, 1817, 1820, 1824, 1829, 1832, 1833, 1840, 1853, 1856, 1857,
1860, 1861, 1876.
Le Ve concile œcuménique (553) qui condamne les Trois-Chapitres,
devait, on le comprend facilement, s’appuyer sur saint Cyrille. Cf. Mansi,
t. IX, col. 231 sq., 244-246, 255, 259, 266, 268, 269, 290 sq., 308, 321.
En face des monothélistes, l’attitude des orthodoxes vis-à-vis
de Cyrille ne changea pas. Maxime le confesseur, l’un des plus illustres
champions du dyothélisme, rappelle le véritable sens des
formules ??? ?? ??? ???????? ????????? ????????????? ???????, P. G., t.
XCI, col. 84, 100-109, 253, 344-345, et ??? ????? ??? ???? ????? ???????????,
col. 477 sq., 481 sq., 501 sq., 524 sq., 588 ; il base son argumentation
sur saint Cyrille, ibid., col. 81, 176, 224, 273, 496, 565, et cite de
longs extraits de ses œuvres. Ibid., col. 121, 281, 284, 472. A leur tour
les Pères du VIe concile œcuménique (680-681) rectifient
le sens des citations invoquées par les hérétiques.
Mansi, t. XI, col. 216, 409, 412, 417, 428, 429, 432. Parmi les textes
patristiques auxquels on demande la doctrine traditionnelle, plusieurs
sont empruntés à Cyrille. Mansi, ibid., col. 260 sq., 265.
L’édit, promulgué aussitôt après le concile
par l’empereur Constantin Pogonat, se réfère également
à la doctrine de Cyrille sur les deux volontés et les deux
énergies, Mansi, ibid., col. 704, 708.
Anastase le Sinaïte, qui se signala vers cette époque (fin
du VIIe siècle) par son zèle infatigable en faveur de l’orthodoxie,
doit aussi être mentionné parmi les plus fermes partisans
de la doctrine cyrillienne. P. G., t. LXXXIX, col. 92, 112 sq., 136, 145,
149 sq., 173 sq., 189 sq., 193 sq., 292 sq.
On a écrit qu’en Occident la christologie de Cyrille n’avait
d’abord été accueillie qu’avec réserve, et même
avec défaveur. Les papes auraient à dessein évité
de mentionner ses ouvrages, en particulier sa Lettre synodale à
Nestorius et ses anathématismes. Et la défiance n’aurait
cessé qu’au bout d’un siècle, lorsque le pape Jean II (534)
eut cité le douzième anathématisme. Cf. Schäfer,
Die Christologie des hl. Cyrillus von Alexandrien in der römischen
Kirche, dans Theolog. Quartalschrift, 1895, p. 421 sq. ; Duchesne, Autonomies
ecclésiastiques, p. 44. Il y a dans ces affirmations, me semble-t-il,
quelque chose de trop systématique. D’abord, le silence n’est pas
aussi absolu qu’on le fait entendre. Le pape Hilaire (462) a approuvé
« tout ce qui a été fait à Ephèse. »
Le pape Gélase (492-496), à qui on reproche de ne pas avoir
cité saint Cyrille dans son mémoire De duabus naturis (M.
Saltet vient3 peut-être de donner le vrai motif de cette omission
: le récit patristique de Gélase serait la reproduction d’un
dossier antiochien rédigé contre Cyrille, cf. Revue d’histoire
ecclésiastique, 1905, Louvain, p. 513 sq.), indique les ouvrages
de l’évêque d’Alexandrie parmi ceux que l’église romaine
accepte. Thiel, Epistolæ Romanorum pontificum genuinæ, t. I,
p. 457. D’ailleurs, ce silence prouverait-il nécessairement que
la doctrine cyrillienne fût tenue en suspicion ? Depuis le pape Vigile
(553) jusqu’à Martin Ier (649), pendant près d’un siècle,
je ne trouve pas que les papes aient fait mention de Cyrille ; on n’en
conclura pas cependant qu’à cette date, sa foi fût suspecte.
La vérité est sans doute plus simple : Cyrille, comme les
autres Pères grecs, a été relativement peu connu et
peu utilisé chez les Latins ; à part les nécessités
de certains événements, on n’a pas été amené
à penser à lui et à le citer. Le pape Vigile a parlé
de Cyrille, Mansi, t. IX, col. 93, 99, 100 ; comment eût-il pu s’occuper
des Trois-Chapitres sans le nommer ? La même observation vaut pour
Vigile de Tapse, P. L., t. LXII, col. 104, 137, 148, 154, et pour Facundus
d’Hermiane. P. L., t. LXVII, col. 529, 530, 552-554, 600-608, 631-633,
816-820. Au concile de Latran, sous Martin Ier, on cite des extraits de
Cyrille, Mansi, t. XI, col. 1040 sq., 1076 sq., 1080 sq., 1093 sq., 1105sq.
; la question traitée y conviait, puisqu’on s’occupait du monothélisme.
Il était presque inévitable aussi que Cyrille fût appelé
à témoigner dans la controverse du Filioque ; il fut en effet
cité par Alcuin, dont la documentation patristique semble avoir
été très étendue ; il le fut encore plus par
Hugues Ethérien, qui avait vécu plusieurs années à
Constantinople. Enfin, saint Thomas, écrivant contre les erreurs
des Grecs, rapporte un grand nombre d’extraits de saint Cyrille ; mais
il cite de seconde main ; et parmi les textes allégués, plusieurs
ne sont pas authentiques. Cf. Reusch, op. cit. En somme, l’œuvre de Cyrille,
qui a eu une si grande influence en Orient, paraît avoir été
peu connue en Occident ; mais nulle part on ne trouve que sa doctrine y
ait été tenue en suspicion à un moment quelconque.
II. CARACTERE GENERAL DE SAINT CYRILLE ET CONCLUSION. – Saint Cyrille
d’Alexandrie est un des Pères de l’Eglise les plus importants, un
des plus ardents défenseurs de l’orthodoxie. A part Athanase en
Orient et Augustin en Occident, on trouverait difficilement son pareil.
Sa manière est fort bien caractérisée par Arnauld,
quand il dit, Perpétuité de la foi, l. V, c. XIV, 1672, t.
II, p. 493, que « Cyrille d’Alexandrie est le plus dogmatique et
pour ainsi dire le plus scolastique de tous les Pères. » Ajoutons
: « Et le plus traditionnel, » car nul plus que lui ne fait
appel aux arguments scripturaires et patristiques. Il lui était
réservé de clore les controverses trinitaires et de mettre
en ce point le sceau à la doctrine orthodoxe : Anastase le Sinaïte
nomme pour cela ??????? ??? ???????. Cependant son activité s’est
surtout exercée sur le dogme de l’incarnation contre Nestorius ;
quand on parle de Cyrille, c’est avant tout vers sa christologie que l’attention
se porte ; et c’est avec juste raison, car tout le reste de sa doctrine
rayonne autour de sa christologie et en dépend. Pourtant il ne faudrait
pas oublier qu’il a parlé magnifiquement de la rédemption,
de la sanctification, de l’action du Saint-Esprit dans les âmes,
du baptême, de l’eucharistie. On le célèbre comme docteur
de l’incarnation et comme défenseur de la maternité divine
de Marie ; on pourrait aussi lui donner le titre de docteur de la grâce
sanctifiante.
Nous avons déjà indiqué à la fin de chaque
paragraphe la bibliographie spéciale correspondante. Il ne reste
plus qu’à noter ici les ouvrages de caractère plus général.
I. AUTEURS CONTEMPORAINS les plus nécessaires à une étude
sur saint Cyrille d’Alexandrie : Marius Mercator, édit. Baluze,
Paris, 1684, ou édit. Garnier, Paris, 1673, ou P. L., t. XLVIII,
col. 699-1241, qui reproduit le latin de l’édition Garnier ; S.
Célestin Ier, P. L., t. L, col. 437-564 ; Nestorius, dans les Opera
de Marius Mercator, ou mieux Loofs, Nestoriana, Die Fragmente des Nestorius
gesammelt, untersucht und herausgegeben, Halle, 1905. Consulter encore
le Synodicon adversus tragœdiam Irenæi, dans Mansi, t. V, col. 731-1022,
ou parmi les œuvres de Théodoret, P. G., t. LXXXIV, col. 551-864.
II. TRAVAUX GENERAUX qui méritent d’être consultés
: Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique
des six premiers siècles, Paris, 1709, t. XLIV, p. 267-676, 747-795
; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés,
t. XIII, p. 241-407. ; O. Bardenhewer, Patrologie, Fribourg, 1894, p. 335-343
; Fessler-Jungmann, Institutiones patrologiæ, t. II, p. 13-87 ; Hefele,
Konziliengeschichte, 2e édit., Fribourg, 1875, t. II, p. 141-288
; trad. Leclercq, Paris, 1908, t. II, p. 219 sq. ; Alb. Ehrhard, Die altrchristliche
Litteratur und ihre Erforschung seit 1880 ; Allgemeine Uebersicht und erster
Literaturbericht, 1880-1884, dans Strassburger theologische Studien, t.
I, fasc. 4 et 5, p. 132-133.
Les dictionnaires encyclopédiques : Dictionary of christian
biography (W. Bright), p. 763-773 ; Realencyclopädie für prot.
Theologie und Kirche, t. IV, p. 377-381 (Krüger) ; à compléter
par l’article sur Nestorius, t. XIII, p. 736-749 (Loofs) ; Kirchenlexicon,
t. III, col. 1284-1290 (Scheeben).
III. MONOGRAPHIES SEPCIALES : J. Kopallik, Cyrillus von Alexandrien,
eine Biographie nach den Quellen bearbeitet, Mayence, 1881 ; ???????, ????????
? ???????????? ?????????????, Leipzig, 1884.
Voir enfin Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2e
édit., Paris, 1904, t. I, col. 1094-1095.
Article rédigé par J. MAHE.
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