Cet ouvrage contient comme un concile des pères de l’église, dans lequel il est établi, par une décision unanime : de que tous les fidèles adultes, le nombre de ceux qui sont condamnés aux supplices éternels, est plus grand (51% au moins), que le nombre de ceux qui parviennent au bonheur éternel (49% au maximum). Vérité effrayante mais qu’il importe de connaître pour ne pas s’égarer : qui peut même être très consolante pour ceux qui travaillent à se rendre les imitateurs du petit nombre. Car c’est une grande marque de prédestination, que de prendre pour modèle de conduite celle du petit nombre de gens de bien.
Préface
Tous les hommes naissent avec un désir ardent de savoir ce qui
leur arrivera après leur mort
Il n’est pas possible de trouver un père de l’église
qui ait écrit que le sens à donner aux paroles de Jésus
est que la majorité des catholiques adultes finit au paradis et
non en enfer.
Il faut croire et enseigner ce qui est vrai plutôt que ce qui
est le plus agréable.
L’ignorance produit la présomption et l’instruction
inspire la crainte.
On a recueilli les témoignages les plus clairs et les plus incontestables
de tous les anciens pères qui assurent tous qu’il y aura plus de
fidèles damnés (51%), qu’il n’y en aura de sauvés
(49%).
Cette méthode de faire parler les pères de l’église
terrasse l’opinion contraire.
La doctrine qui a été enseignée par tous les pères
de l’église et par tous les docteurs en tous temps et tous
lieux doit plutôt être appelée doctrine de l’Eglise
plutôt qu’opinion la plus commune.
Or c’est bien le cas de la doctrine suivant laquelle : la plus grande
partie des catholiques n’obtiennent pas le salut.
Auteurs du IIème siècle (101-200)
Saint Irénée de Lyon, évêque
de Lyon
père et de l'église, né vers 130 - mort martyre
vers 202,
Dans son livre intitulé Contre les Hérésies, au livre 4,
Contre les hérésies, livre 4, chapitre 15, numéro
2, col.245. édit. De Paris. 1710 :
"Si l’on voit dans le Nouveau Testament, que les apôtres ont
usé d’indulgence à l’égard de certains préceptes,
à cause de la faiblesse de quelques particuliers, de peur qu’entraînés
dans l’endurcissement par le désespoir, ils ne quittassent le service
de Dieu ; il ne doit pas paraître étonnant que ce même
Dieu ait accordé dans l’Ancien Testament quelquechose de semblable
pour l’utilité de son peuple. Il l’attirait à lui par les
pratiques dont j’ai parlé, afin de le porter à observer au
moins le décalogue [les dix commandements qu’il faut respecter pour
être sauvé], de l’empêcher de retourner à l’idolatrie
et de quitter Dieu, et afin qu’il apprit à aimer Dieu de tout son
cœur. Mais si quelques uns [notamment Valentin, hérétique
que saint Irénée combat par son écrit] appellent faible
et impuissant l’auteur de l’institution légale [le Dieu de l’Ancien
testament qui a donné la loi à respecter pour être
sauvé], à cause de l’incrédulité et de la désobéissance
des juifs, ils trouveront que dans le christianisme même, où
nous avons le bonheur d’être, il y a beaucoup d’appellés et
peu d’élus, et des loups cachés sous des peaux de brebis
; mais que Dieu a toujours conservé dans l’homme le libre arbitre
qu’il lui avait donné, et la faculté de faire ce qu’il voudrait,
et n’a cessé de l’instruire de ses devoirs : en sorte que les désobéissants
sont justement condamnés, parce qu’ils n’ont pas obéi ; et
ceux qui ont obéi et qui ont cru en Dieu, sont récompensés
d’une couronne incorruptible."
Contre les hérésies, livre 4, chapitre 27, numéro
4, col.265. :
« Puisque l’apôtre fait voir que c’est constamment le même
Dieu qui a jugé ce qui s’est passé sous la loi, et qui juge
ce qui se passe sous la nouvelle alliance et puisqu’il expose si clairement
la cause de la différence qui se trouve entre les deux testaments,
c’est ignorance, témérité et même extravagance
que de dire, à cause de la prévarication de ceux qui ont
été autrefois, et de l’obéissance de plusieurs, que
le Dieu des premiers est celui qui a créé le monde et dont
le crédit est tombé [ou qui est inférieur à
l’autre] ; mais que le Dieu des autres est le père donné
par Jésus-Christ et que c’est lui que chacun d’eux porte dans son
âme. Ces aveugles ne comprennent pas que, comme autrefois Dieu n’a
pas eu pour agréable le grand nombre qui a été prévaricateur,
il y a de même aujourd’hui beaucoup d’appelés et peu d’élus,
comme autrefois les injustes, les idolâtres et les fornicateurs ont
perdu la vie de l’âme ; le Seigneur déclare de même
aujourd’hui qu’il jettera ces pécheurs dans les flammes éternelles
et l’Apôtre nous dit : « ne vous y trompez pas, ni les fornicateurs,
ni les idolâtres, ni les adultères, ni les impudiques, ni
les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les
médisants, ni les ravisseurs du bien d’autrui, ne seront héritiers
du royaume de Dieu » ; Et comme ce n’est pas à ceux qui sont
hors de l’église qu’il adresse ces paroles mais à nous, de
peur que nous ne soyons exclus du royaume de Dieu, en commettant quelques-uns
de ces crimes, il ajoute (Première lettre aux Corinthiens,
chapitre 5, verset 9-11): « c’est ce que vous avez été
autrefois, mais vous avez été lavés, vous avez été
sanctifiés au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit
de notre Dieu. »
Contre les hérésies, livre 4, chapitre 36, numéro
6, col.279. :
"L'Apôtre nous apprend encore qu'outre la vocation à la
foi, nous devons de plus être ornés des œuvres de justice,
afin que l'Esprit de Dieu repose sur nous; car c'est là la robe
nuptiale dont parle l'Apôtre lorsqu'il dit : (2 Cor. 5,4) "nous ne
voulons pas être dépouillés mais revêtus par
dessus, en sorte que ce qu'il y a de mortel en nous soit absorbé
par la vie". Mais ceux qui ont été invités au festin
de Dieu et qui à cause de leur mauvaise vie, n'auront pas reçu
le Saint Esprit, seront jetés, dit le Sauveur, dans les ténèbres
extérieures. Par où il paraît évident que le
Roi, qui a invité de tous côtés les fidèles
aux noces de son fils et qui leur a préparé un banquet incorruptible,
est le même qui ordonne de jeter dans les ténèbres
extérieures celui qui n'a pas la robe nuptiale, c'est à dire,
celui qui méprise le festin. Car comme dans l'Ancien Testament,
beaucoup n'ont pas été agréable à Dieu, il
y a de même dans le Nouveau Testament beaucoup d'appelés et
peu d'élus. Ce n'est donc pas un autre Dieu qui condamne et un autre
qui appelle au Salut : ce n'est pas un autre qui donne la lumière
de la gloire et un autre qui fait jeter dans les ténèbres
extérieures ceux qui n'ont pas la robe nuptiale. C'est le même
Seigneur et le même Père de Notre Seigneur , par qui les prophètes
ont été envoyés, qui par sa miséricorde infinie,
appelle des indignes et qui examine si les convives sont revêtus
avec décence et d'une manière convenable aux noces de son
fils parce que rien de déréglé et de mauvais ne peut
lui plaire."
Tertullien
père de l'église, né vers 155 - mort vers
255
les dernières ligne de son écrit intitulé de la
fuite pendant la persécution :
« Ce langage, mon frère, te paraîtra dur, intolérable, peut-être. Mais souviens-toi qu'il est écrit: «Que celui qui entend, entende,» c'est-à-dire, que celui qui ne comprend pas, se retire. Celui qui craint de souffrir ne peut être le disciple de celui qui a souffert. Mais celui qui ne craint pas de souffrir, sera parfait dans l'amour de ce même Dieu. «Car l'amour parfait chasse la crainte.» Voilà pourquoi il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. On ne cherche pas «celui qui veut suivre la voie large, mais celui qui marche dans la voie étroite.» Voilà pourquoi encore il faut recevoir nécessairement le Paraclet, principe de toute vérité et de toute force. Quiconque l'a reçu ne songe ni à fuir la persécution, ni à s'en racheter à prix d'argent: il porte au dedans de soi-même celui qui nous soutiendra, «prêt à répondre pour nous,» comme aussi à nous fortifier dans les tourments.
http://www.jesusmarie.com/tertullien_de_la_fuite_pendant_la_persecution.html
Origène (+294)
Traduction par Lequeux :
« Si nous considérons soigneusement la foi et la vérité,
et non la multitude des hommes ; si nous considérons leur cœur plutôt
que leur société extérieure, nous connaîtrons
que dans un si grand nombre d’église, il est difficile d’y trouver
la foi. Les chrétiens étaient vraiment fidèles, dans
le temps qu’on égorgeait les martyrs comme des victimes ; quand
après avoir assisté à ces flagrantes funérailles,
ils revenaient à l’église accablés de tristesse, et
qu’ils étaient tous dans les larmes. Ils étaient tous dans
les larmes. Ils étaient vraiment fidèles, lorsqu’on voyait
des catéchumènes, en qui la foi ne faisait que de naître,
être conduits au martyr ; lorsqu’on voyait le sexe le plus faible,
des femmes délicates, attendre la mort avec intrépidité.
Ils se faisait alors des signes dans le ciel et des prodiges sur la terre.
Il y avait alors peu de fidèles, mais ils l’étaient réellement,
puisqu’ils marchaient dans le chemin étroit et resserré qui
conduit à la vie. Mais à présent que nous sommes si
nombreux, comme il est difficile que le plus grand nombre soit des bons,
selon la parole de Jésus-Christ, qui ne ment point, et qui nous
avertit qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ; à
présent, dis-je, entre une si grande multitude personnes qui font
profession de religion chrétienne, on en trouve peu qui aient une
foi sincère, et qui soient dignes du bonheur éternel. »
Homélie 4 sur Jérémie, Tome III. p.144. n. 3 édition
de Paris de 1740.
Autre traduction :
« En prenant le critère de la foi et de la vérité,
nous considérons, non la multitude mais la volonté des hommes.
Nous ne voyons pas l’assemblée elle-même mais nous découvrons
qu’il est difficile de trouver la véritable foi dans une telle masse
de gens dans les églises. Alors il y avait vraiment des fidèles
quand les martyrs étaient frappés à mort, qu’ils subissaient
une mort cruelle, les repentants revenaient à l’église ;
il y avait la multitude des gens qui se lamentaient quand les catéchumènes
qui venaient de recevoir la foi étaient conduits immédiatement
au martyre pour être frappés à mort : quand les femmelettes
et le sexe faible demeuraient intrépides jusqu’à la mort.
Alors en vérité se produisaient des signes dans les cieux,
et des prodiges sur la terre, alors les chrétiens étaient
peu nombreux mais ils étaient vraiment fidèles, lorsqu’ils
passaient par la porte étroite et resserrée qui conduit à
la vie. Maintenant que nous sommes devenus plus nombreux, comme il
est difficile que beaucoup soient vraiment bons et Jésus ne
ment pas en disant : Beaucoup sont appelés, peu sont élus.
De tant de personnes qui professent la foi chrétienne, on en trouve
peu qui aient la foi véritable, et qui soient dignes de la béatitude.
»
Homélie N°4 sur Jérémie
Autre passage de son commentaire sur l’évangile selon saint Matthieu :
Les invités aux noces : «parce que plusieurs [de nombreux]
sont invités, absolument aucun n’est trouvé digne (c’est
à dire au banquet céleste), il ajoute ceci à la parabole
: « beaucoup en effet sont appelés. » - et à
cause de ceux qui, entrés à la salle des noces, comme leur
nombre est petit ce sont allongés pour manger, il dit cela : «
peu en vérité sont élus. »
« Parce que si quelqu’un considère les assemblées
nombreuses dans les églises et combien mènent une vie et
droite et pieuse et se sont convertis à la nouvelle loi et à
l’inverse combien vivent mollement et vivent comme la plupart des gens
[se conforment à ce siècle] , alors seulement il verra l’utilité
de cette parole prononcée par le Sauveur : « Beaucoup en effet
sont appelés, mais peu sont élus.» « Ailleurs
il a été dit : « Beaucoup chercheront à entrer
et ne le pourront pas ; » et : « efforcez-vous de rentrer par
la porte étroite, parce qu’il y en a peu qui la trouveront. »
Saint Athanase
Lettre 1 à Castor :
« Lorsque vous entrerez au service de Dieu, dit la Sainte Ecriture,
préparez-vous, non à une vie molle et oisive, mais à
la tentation et aux souffrances »
(Ecclésiastique chap. 2, verset 1). Car « c’est par beaucoup
de peines et d’afflictions que nous devons entrer dans le royaume de Dieu
» (Acte des Apôtres chapitre 14, verset 22) et « la porte
de la vie est petite, la voie qui y mène est étroite et il
y en a peu qui la trouvent » (évangile selon saint Matthieu
chapitre 7, verset 14). Attachez-vous donc à ce petit nombre, réglez
votre vie sur leur exemple et ne faites aucune attention aux lâches
et aux prévaricateurs, quelques nombreux qu’ils soient. Car «
il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (évangile
selon saint Luc chap.12 verset 32) et le troupeau, à qui il a plu
au Père Céleste de donner son royaume, est petit. Ne regardez
donc pas comme un péché peu considérable, de promettre
d’avancer dans la perfection, et de n’imiter que les paresseux et négligents.
»
cf. Lettre 1 à Castor, n.13, Tom. 2 p.372. édition de
paris, 1698.
Dialog. II contre les Macédoniens, Tome II, page 561 :
Voulez-vous donc que dans les points de la doctrine céleste,
je m’écarte de celle qui a été enseignée dès
le commencement avec un parfait accord, et qui est appuyée sur l’autorité
de l’écriture, pour suivre des opinions qui n’ont aucun fondement
solide ? Le Seigneur ne nous a-t-il pas dit il y a beaucoup d’appelés
mais peu d’élus ? Et encore : la porte de la vie est petite, la
voie qui y mène est étroite et il y en a peu qui la trouvent
? Quel est donc l’homme sensé qui n’aimera pas mieux être
du petit nombre qui va à la vie par la porte étroite, que
de s’associer à la multitude qui court à sa perte par la
voie spacieuse ? »
Eusèbe de Pamphile
« Saint Paul, accablé d’ennui de la longueur de cette vie
mortelle, poussait de profonds gémissements et disait en versant
des larmes : Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de
ce corps mortel ? (lettre aux Romains, chapitre 7, verset 24) Son cœur
compatissant est pressé de douleur et tombe presque dans l’abattement,
à la vue de la multitude de ceux qui périssent, car la voie
de la perdition est large est spacieuse. C’est cette même tendresse
qui lui faisait pleurer plusieurs de ceux dont il disait : « je serai
obligé d’en pleurer plusieurs qui étant tombés dans
des impuretés, des fornications et des dérèglements
infâmes, n’en ont pas fait pénitence. Pénétré
de douleur et d’affliction sur le sort des autres, il s’écriait
: « qui est faible sans que je m’affaiblisse avec lui ? Qui est scandalisé
sans que je brûle ? les prophètes comme David, déploraient
de même le malheur de l’ancien peuple, […] »
(Sur les Psaumes, dans la collection des Pères de D. de Montfaucon,
Tome 1, page 286)
Saint Basile de Césarée
père et docteur de l'église :
« Range-toi du petit nombre. Le bien est rare : il y en a peu
qui entrent au royaume des cieux.
Prends garde de croire que tous ceux qui habitent une cellule [de moine,
Basile parle des moines] seront sauvés, quelle que soit leur vie,
bonne ou mauvaise. »
Serm. De Ren. Saeculi.
Saint Grégoire de Nazianze
Cinq Discours sur Dieu, premier discours, paragraphe 8:
"Mais quand tu entends dire qu'il n'y a qu'une seule voie et qu'elle
est étroite, que signifient ces mots, à ton avis ?
- Il n'y a qu'une voie, du point de vue de la vertu;
elle est unique, même si elle se divise en plusieurs branches
;
elle est étroite à cause des sueurs qu'elle fait répandre
et parce que peu de gens la suivent,
si on les compare avec la foule de ceux qui suivent la voie opposée,
celle du mal."
C'est aussi mon avis.
Saint Jean Chrysostome,
père et docteur de l'église,
HOMÉLIE 24 (XXIV) sur les actes des Apôtres, adressée
au peuple d’Antioche :
PIERRE PARLAIT ENCORE , LORSQUE LE SAINT-ESPRIT DESCENDIT SUR TOUS CEUX
QUI ÉCOUTAIENT SA PAROLE; E LES FIDÈLES CIRCONCIS, QUI ÉTAIENT
VENUS AVEC PIERRE, FURENT FRAPPÉS D'ÉTONNEMENT DE VOIR QUE
LA GRACE DU SAINT-ESPRIT SE RÉPANDAIT AUSSI SUR LES GENTILS. CAR
ILS LES ENTENDAIENT PARIER DIVERSES LANGUES, ET GLORIFIER DIEU.
« […] Ce que j'en dis, ce n'est pas par aversion contre vous, contre ce peuple innombrable, mais je voudrais vous voir tous hommes, d'une vertu éprouvée , et vous défiant du grand nombre. Bien plus nombreux sont ceux qui tombent dans la géhenne , mais plus grande est la royauté du ciel, quoiqu'elle ait peu d'élus. La multitude du peule juif était comme le sable de la mer. Il n'y eut qu'un seul homme, pour sauver tout ce peuple: Le seul Moïse était plus puissant que tous les Juifs; le seul Jésus était plus puissant que tant de milliers. Inquiétons-nous moins de rassembler des chrétiens nombreux, que des chrétiens véritables. Ayons de bons chrétiens et le grand nombre viendra aussi. Il n'est personne qui veuille tout de suite rendre sa demeure spacieuse; on la veut d'abord solide et bien éprouvée; ensuite on la rend spacieuse. Nul ne jette des fondations de manière à se rendre ridicule. Cherchons d'abord ce qui doit venir en premier lieu; le reste viendra plus tard. Si nous réussissons d'abord, nous réussirons aussi après ; si nous n'avons pas d'abord ce qu'il nous faut, ce qui vient ensuite est inutile. Que l'Eglise possède ceux qui peuvent être sa gloire; elle aura bien vite, en outre, la multitude. S'il lui manque des chrétiens dignes de la glorifier, jamais la multitude ne la glorifiera.
Combien y en a-t-il, suivant vous, dans notre ville qui obtiendront
leur salut? Les paroles que je vais faire entendre sont pénibles
, toutefois je les dirai : Parmi tant de milliers d'hommes, il n'y a pas
cent chrétiens qui obtiendront leur salut. Et ceux-là même
l'obtiendront-ils ? Je n'en sais rien. Quelle corruption, répondez-moi,
parmi les jeunes gens ! Quel relâchement parmi les vieillards ! Nul
ne s'inquiète d'élever son fils comme il devrait le faire;
nul, à la vue d'un vieillard, ne songe à l'imiter. Les modèles
ont disparu, et voilà pourquoi il n'y a plus de jeunes gens que
l'on puisse admirer. Ne me dites pas : nous formons une multitude; réflexion
d'hommes insensés. Et supposez que pour les hommes cette réflexion
eût quelque valeur; pour Dieu, qui n'a pas besoin de nous, elle n'en
a plus. Mais, tenez, écoutez donc ce (:lui prouve que cette réflexion
, même pour les hommes, est sans valeur: un homme a un grand nombre
de serviteurs; si ces serviteurs sont corrompus, que de maux ne souffrira-t-il
pas ! Celui qui n'a pas même un serviteur, se trouve à plaindre
de n'être pas servi; mais celui qui a des serviteurs pervers, se
précipite avec eux dans la perdition, et sa perte est plus déplorable.
S'il est triste de n'avoir personne à son service, ce qui est bien
plus triste, c'est d'avoir des ennemis , pour lutter contre eux , pour
leur faire la guerre. Ce que je dis, c'est afin de prévenir l'admiration
qui considère dans l'Eglise la multitude; je voudrais nous voir
tous jaloux de rendre cette multitude vertueuse, chacun de nous s'emparant
d'un autre membre, dont il ferait son affaire personnelle ; chacun de nous,
attirant au bien , non-seulement ses amis, non-seulement ses parents; ce
que je redis et redis sans cesse; non-seulement les voisins , mais encore
les étrangers. Par exemple : on fait la prière et tous sont
là pêle-mêle, jeunes gens, vieillards, qui n'ont rien
dans la tête; des balayures, et non des jeunes gens, riant, plaisantant,
conversant, (je dis ce que j'ai entendu), ils sont à genoux, se
renvoyant les uns aux autres des quolibets. Eh bien ! vous qui êtes
là, jeune homme ou vieillard, à ce spectacle, réprimandez,
et sévèrement, et, si l'on ne vous écoute pas, appelez
le diacre; menacez, faites ce qui dépend de vous. Et si l'on osait
vous répondre par des violences, certes vous trouveriez des soutiens
en foule. Qui donc aurait assez peu de raison pour ne pas partager votre
colère contre de pareils désordres, pour refuser de se mettre
de votre côté? Sachez vous ménager, au sortir l'église
le salaire de votre prière. Dans une maison de maître, les
meilleurs serviteurs sont ceux qui tiennent le mieux tout en ordre. »
http://www.jesusmarie.com/jean_chrysostome_homelies_sur_les_actes_des_apotres_2.html
HOMÉLIE CONTRE CEUX QUI N'ÉTAIENT POINT VENUS A LA RÉUNION
SUR CETTE PAROLE DE L'APOTRE : Si ton ennemi a faim, donne-lui à
manger (ROM. XII, 20.) ET SUR LA RANCUNE :
2. « Quelle douleur pensez-vous que soit la mienne, quand je me
souviens que, lors des solennités, la foule dont les réunions
se composent est comparable aux vastes flots de la mer, et que maintenant
je ne vois pas rassemblée en ce lieu même une minime partie
de cette foule ? Où sont maintenant ceux dont la multitude nous
encombre aux jours de fêtes? C'est eux que je réclame, c'est
pour eux que je m'afflige, en songeant combien il périt de ceux
qui travaillaient à leur salut, de combien de frères j’ai
à supporter la perte, de quel petit nombre le salut est le partage,
en songeant que la plus grande partie du corps de l’Eglise ressemble à
un corps sans mouvement et sans vie. Et en quoi cela dépend-il de
nous , direz-vous? C'est bien de vous surtout que cela dépend, de
vous qui n'avez pas soin de vos frères, qui ne les exhortez et ne
les conseillez point, de vous qui ne les contraignez pas, qui ne les entraînez
pas de force, qui ne les arrachez pas à leur extrême indolence.
Car il ne suffit pas d'être utile à soi-même, il faut
encore l'être à beaucoup de monde : Jésus-Christ nous
l'a montré, en nous qualifiant. de sel, de levain et de lumière,
toutes choses qui servent et profitent à d'autres qu'à elles-mêmes.
Car une lampe ne luit pas pour elle-même, mais pour ceux qui sont
dans l'obscurité. Et vous, vous êtes une lampe, non pas pour
jouir tout seul de la lumière, mais pour ramener dans son chemin
celui qui est égaré. A quoi sert une lampe, si elle n'éclaire
pas celui qui est dans lés ténèbres ? Et de même,
à quoi sert un chrétien, s'il ne gagne personne , s'il ne
ramène personne à la vertu? Le sel encore ne se préserve
pas lui seul de la corruption, mais il resserre aussi les corps qui se
corrompent, et empêche qu'ils ne périssent par décomposition.
Eh bien! donc, puisque Dieu a fait également de vous un sel spirituel,
faites reprendre, en les mordant, les chairs des membres corrompus, c'est-à-dire
les âmes de vos frères indolents et lâches ; délivrez-les
de cette langueur qui est une sorte de putréfaction, et rattachez-les
au reste du corps de l'Eglise. Voici maintenant pourquoi Jésus-Christ
vous a appelés un levain . le levain ne se fait pas fermenter lui-même,
mais quoiqu'en toute petite quantité , il fait lever tout le reste
de la pâte, dont la masse est énorme. »
Cf. http://www.jesusmarie.com/jean_chrysostome_homelies_diverses_4.html
Apologie de la Vie Monastique, livre 1 : contre les ennemis de la vie monastique :
Quoi donc, dira quelqu’un, tous les habitants des villes sont-ils perdus ou à la veille de faire naufrage? et faut-il que laissant leurs maisons et désertant les villes, ils se rendent au désert et habitent les sommets des montagnes? Est-ce là ce que vous nous ordonnez, ce que vous nous prescrivez? — Loin de là! Je désire même tout le contraire, comme je l’ai déjà dit. Ce que je souhaite par-dessus fout, ce que j’appelle de tous mes voeux, c’est que la vertu puisse établir son règne paisible dans les villes, sur les ruines de la tyrannique domination du mal; qu’il en soit ainsi, et alors non-seulement il ne sera plus nécessaire de quitter les villes pour se retirer dans les montagnes; mais les habitants du désert pourront rentrer dans les cités, comme des exilés longtemps privés du séjour de la patrie. Mais dans l’état où je vois le monde, puis-je y rappeler ceux qui l’ont quitté? Je craindrais trop, en voulant les rendre à leur patrie, de les jeter dans les griffes de ces bêtes infernales, et, en désirant les affranchir de la solitude et de l’exil, de leur faire perdre leur tranquillité en même temps que leur vertu.
Vous allez peut-être m’objecter l’immense multitude qui peuple les villes, et tenter de m’intimider , de m’effrayer par là, dans la pensée que je n’aurai pas le courage de condamner toute la terre. Usez de ce moyen, et à mon tour, armé de la sentence de Jésus-Christ, j’oserai me dresser en face de votre objection. Car vous ne ferez pas une action si téméraire que de résister en face à celui qui doit un jour nous juger. Que dit Notre-Seigneur? Ecoutez : Elle est étroite la porte, elle est resserrée la voie qui conduit à la vie, et peu la trouvent. (Matth. VII, 14.) S’il y en a peu qui la trouvent, il y en a encore moins qui y marchent jusqu’à la fin du voyage; tous ceux qui l’ont prise dans le principe n’ont pas la force d’en atteindre le terme; les uns échouent dès les commencements, d’autres au milieu, un grand nombre à l’entrée même du port. Le divin Sauveur dit encore qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. (Matth. XX, 16.) Puis donc que Jésus-Christ nous enseigne que le grand nombre se perd et que le salut est le lot du petit nombre, pourquoi me contredisez-vous? Vous faites absolument comme si, rappelant la catastrophe dont Noé fut témoin, vous vous étonniez que tout le genre humain y ait péri à l’exception de deux ou trois hommes qui échappèrent au châtiment, et que vous eussiez la prétention de nie fermer ainsi la bouche, dans la crainte où je serais de condamner tous les hommes. Je n’en suis pas là, je tiendrai toujours pour la vérité même contre (9) le grand nombre. Ce qui se commet maintenant de crimes ne le cède pas en gravité à ce qui se faisait alors; j’oserai même dire que la malice de notre siècle est pire que celle des contemporains de Noé; ceux-ci ne bravaient que le déluge; nous c’est l’enfer qui nous attend, et cette menace n’arrête nullement parmi nous les progrès du mal.
Dites-moi, qui est-ce qui ne traite pas son frère de fou? Or,
cela rend passible du feu de l’enfer. Qui est-ce qui n’a pas jeté
sur une femme des regards impudiques? Or, c’est là un adultère
consommé; et le feu éternel est le lot inévitable
de l’adultère. Qui est-ce qui n’a pas juré?Or, jurer vient
du mauvais, et ce qui vient du mauvais s’en va droit au châtiment.
Qui est-ce qui n’a pas porté envie à son ami? Or, cela rend
un homme pire que les païens et les publicains; et ceux qui en sont
là, il est de toute évidence qu’ils ne peuvent échapper
au supplice. Qui est-ce qui a banni de son coeur tout ressentiment, et
a pardonné les torts de tous ceux qui l’avaient offensé?
Or, celui qui ne pardonne pas, il faut qu’il soit livré aux bourreaux:
nul de ceux qui ont ouï la parole de Jésus-Christ ne niera
cela. Qui est-ce qui n’a pas servi Mammon? Or, celui qui sert Mammon, a
nécessairement renié le service du Christ, et en le reniant,
renoncé à son propre salut. Qui est-ce qui n’a pas secrètement
calomnié? Or, l’ancienne loi ordonne de tuer et d’étrangler
ces coupables.
http://www.jesusmarie.com/jean_chrysostome_apologie_de_la_vie_monastique.html
Homélie N°3 sur les Actes des Apôtres, peu d’évêques se sauvent :
Qui pourrait encore se représenter les soucis d'un évêque
par rapport à la prédication, au maintien de la doctrine,
et aux nombreuses
difficultés des ordinations ? Peut-être suis-je moi-même
un évêque faible, misérable et de nulle valeur; mais
il me semble que les choses
sont bien telles que je les dépeins. Aussi, un pasteur est-il
véritablement comme une nacelle qui est battue des vagues. Car de
tous côtés,
il est assailli par ses amis et ses ennemis, par ses proches et par
les étrangers. Eh quoi ! un seul empereur gouverne l'univers, et
un
évêque ne l'est que d'une seule ville. Je l'avoue, et
néanmoins les sollicitudes de l'évêque sont d'autant
plus grandes que la mer est plus
houleuse et les vagues plus furieuses. Comment ? C'est que le prince
fait agir ses nombreux ministres, et que ses lois et ses volontés
sont
parfaitement exécutées. Mais ici il n'en est pas de même.
L'évêque ne saurait commander avec une souveraine autorité;
s'il est sévère, on
l'appelle rigide, et s'il est bon et facile, on l'accuse d'être
lâche et indifférent. Il faut donc qu'il unisse en lui comme
deux éléments
contraires, et qu'il ne s'attire ni le mépris, ni la haine.
Que dirai-je de la préoccupation des affaires ? Combien d'hommes
il doit nécessairement offenser, même sans le vouloir ! et
combien
d'autres il est obligé de traiter avec sévérité
! Je parle ici dans toute la sincérité de mon âme,
et je dis que peu de pasteurs se sauvent, et
que le plus grand nombre se damnent, parce que la charge pastorale
exige une vertu héroïque. Et en effet il faut que sans cesse
l'évêque
fasse violence à son caractère, et qu'il exerce sur lui-même
la plus active vigilance. Eh! ne voyez-vous pas quelles qualités
doit posséder
un évêque ? Il doit être puissant en doctrine, patient,
et capable d'instruire fidèlement. Mais que de difficultés
dans ce ministère de la
parole ! Bien plus, l'évêque est responsable du salut
de ses frères ; et, pour ne citer qu'un seul exemple, si par sa
faute un catéchumène
meurt sans baptême, son salut n'est-il pas bien hasardé?
car la perte d'une âme est un malheur qu'on ne peut assez déplorer.
Le salut d'une âme est d'un si haut prix que, pour l'assurer,
le Fils de Dieu s'est fait homme, et qu'il est mort sur la croix: de quels
supplices la perte de cette âme ne sera-t-elle donc pas punie
? La justice des hommes condamne l'homicide au dernier supplice ; eh !
que
ne fera pas la justice divine ! Ne me dites point qu'ici le prêtre
ou le diacre sont seuls responsables, car leur péché rejaillit
sur l'évêque qui
leur a imposé les mains. Nouvelle difficulté : un indigne
a reçu l’ordination. Que conseillera la prudence pour réparer
des fautes
accomplies? L'évêque marche alors entre deux précipices,
car il ne doit, ni tolérer l'homme en question, ni scandaliser les
fidèles. Faut-il
donc retrancher tout d'abord ? mais l'occasion ne se présente
pas. Faut-il tolérer ? ce serait le mieux, direz-vous, car les fautes
de ce clerc
retombent sur celui qui lui a imposé les mains. Eh quoi ! faut-il
ne plus lui imposer les mains et ne pas l'admettre à un degré
plus élevé ?
mais ce sera rendre son indignité publique. Nouvel écueil,
nouveau scandale. L'admettra-t-on à un degré plus élevé
? on ne fera
qu'aggraver le mal.
http://www.jesusmarie.com/jean_chrysostome_homelies_sur_les_actes_des_apotres_1.html
Saint Épihane
Sur ces paroles du cantique des cantiques : je me lèverai, je
ferai le tour de la ville, etc…
« L’épouse dit n’avoir point trouvé son bien-aimé,
quoiqu’elle se soit levée et qu’elle l’ait cherché partout
; elle fait voir ce qui cause qu’elle ne l’a point trouvé. Car en
disant : Je me lèverai et je ferai le tour de la ville, je le chercherai
dans les rues et dans les places publiques, elle fait entendre qu’on ne
le trouve pas lorsqu’on le cherche dans les places publiques, où
se traitent les affaires de ce monde ; ni dans les rues, parce qu’une rue,
dont la dénomination latine signifie un chemin spacieux, est la
voie qui mène à la perdition, au lieu que le chemin de la
vie est étroit et difficile. » (page 43 de l’édition
de Rome de 1750)
Auteur Anonyme du IVème siècle
Beaucoup de gens périssent, à cause de la douceur et de la largeur du chemin où ils entrent : mais peu parviennent au royaume du ciel, parce qu’il y en a peu qui supportent avec courage les peines et les rigueurs d’une vie réglée par les lois de la vertu. Le péché engage et attire par les charmes de la volupté ; la vertu au contraire, par ses travaux et par son austérité rend pénible la vie de ceux qui la suivent. » (Commentaire sur Isaïe, chapitre 8 numéro 213, parmi les œuvres de saint Basile, Tome 1 de l’édition de Paris de 1722, col. 538)
Sur ces paroles d’Isaïe : quand le peuple d’Israël serait aussi nombreux que les grains de sable de la mer, un petit reste seulement sera sauvé.
« Que personne ne soit surpris que le peuple d’Israël si
nombreux soit réduit à un petit reste. Ne considérez
pas la multitude de ceux qui passent pour adorateurs de Dieu ; car il y
en a beaucoup qui sont honorés du nom de chrétien ; mais
il en est peu en qui les œuvres rendent témoignage à la vérité
de ce nom. Quand le peuple d’Israël
Auteurs du VIème siècle (501-600)
Saint Hormisdas
Persévérez mes très chers frères, conservez constamment une foi inébranlable ; et ayez confiance que vous obtiendrez la gloire de la persévérance, qui renferme le salut et la récompense de tous les autres dons
Saint Laurent Justinien
« Les désirs des parfaits brillent aux yeux de Dieu, quoiqu’ils
soient inconnus des hommes. Il y a bien peu de personnes qui s’adonnent
aux exercices spirituels et intérieurs, parce qu’ils sont contraires
aux œuvres de la chair et à la dissipation des sens. Car la voie
de l’esprit, qui conduit à la perfection et à la possession
de Jésus-Christ, est une voie étroite et difficile ; mais
celle qui flatte les désirs de la chair, est large et un nombre
innombrable de personnes la fréquente. On y voit entre autres une
foule de chrétiens qui paraissent avoir renoncé au siècle
et servir Jésus-Christ. L’église renferme de tels hommes
dans son sein et les nourrit des aliments spirituels. Elle ne les chasse
pas de son sein quoiqu’ils soient tièdes ; mais elle ménage
leur faiblesse et les supporte, dans l’espérance qu’ils se déplairont
à eux-mêmes et qu’ils passeront à une nouvelle vie.
Suivant l’avis de Jésus-Christ son époux, elle conserve ensemble
le froment et l’ivraie jusqu’au temps de la moisson. Ce sera alors qu’après
avoir brulé l’ivraie, elle rassemblera l’ivraie bien nettoyé
dans les greniers du ciel. Elle laisse à présent l’un et
l’autre croître ensemble, de crainte d’arracher le froment avec l’ivraie.
Elle gémit, dis-je, de la tiédeur des chrétiens d’aujourd’hui
et du dérèglement de ses membres. Cette église qui
avait coutume d’offrir à Dieu un grand nombre d’âmes, en qui
Jésus-Christ reposait avec complaisance, trouve à peine aujourd’hui
quelques âmes qu’elle puisse lui présenter. Elle est maintenant
dans un état qui lui ferait perdre toute confiance, si Jésus-Christ
ne l’en avait averti auparavant, en disant : « parce que l’iniquité
sera accrue, l’amour [la charité] de plusieurs de refroidira ».
Elle est en effet bien refroidie et presque entièrement perdue ;
car tous se sont détournés de la voie droite, ils sont tous
devenus inutiles. C’est pourquoi on ne peut trop craindre que le Père
de famille mettant la cognée à la racine de l’arbre, ne fasse
enfin couper et jetter au feu les arbres infructueux et stériles
».
(De la Componction et des Gémissements des Chrétiens
parfaits, page 395, édition de Cologne, 1675)
Addition et Conclusion p.203
Si j’avais voulu joindre au sentiment des Pères sur le petit
nombre des fidèles qui seront sauvés, celui des théologiens
qui en ont jugé de même depuis saint Thomas d’Aquin jusqu’à
présent [= 1752] j’aurais fait un volume immense. Car cette même
vérité est enseignée par :
Albert le Grand
Guillaume de Paris
Guillaume de Lyra
Gerson
Tostat
Denis le Chartreux
Cajetan
Estius
Canisius
Louis de Grenade
Bellarmin
Corneille de la Pierre
Drexellius
Bona
Michel Elizade
Didace Ruiz de Montoja
Récupit
Paul Segneri l’ancien
Contenson
Juënin
Augustin Berti
Daniel Concina et une infinité d’autres.
Je ne dois pas oublié l’illustrissime archevêque de la ville de Fermo, Alexandre Borgia ; car, quoi- [p.205] que ce prélat, dans quelques-unes de ses trente-deux homélies qu’il a publiées en 1749, enseigne une opinion contraire, il est revenu sur ses pas et s’est rétracté dans une homélie prêchée à ce dessein devant son peuple le jour de la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul et qu’il a aussitôt rendue publique et répandue de tout côté.
De plus, il y a eu des théologiens qui ont donné non seulement des traités particuliers, mais encore des ouvrages entiers sur ce seul point, qui y est appuyé de toutes sortes de preuves. Il y a entre autres un que je ne dois pas oublié intitulé : La Voie étroite du Ciel, où l’on montre, contre le Docteur Steyaert, qu’il y aura beaucoup plus d’adultes de damnés que de sauvés et où l’on expose les signes de prédestination et les moyens d’obtenir le salut ; par F. Verschure, Docteur en Théologie. […]
J’ajouterai encore ici, qu’entre les manuscrits de la bibliothèque
du Cardinal Casanate, il y a un in-folio N° E.II.25 qui renferme le
traité le plus complet qu’on ait vu sur la thèse dont il
est question.
On trouvera aussi, N°E.II.26. deux additions à ce traité
dont l’une n’a pour objet que de réfuter une leçon de théologie
du Père Calino, que le Père Daniel Concina a aussi attaquée
depuis très vivement. L’auteur de ce traité et des deux additions
est Jean B. de Frescobaldi, Patrice de Florence, connu par plusieurs autres
ouvrages.
Cette bibliothèque du cardinal Casanate est redevable de ces
manuscrits et de huit autres ouvrage du même Frescolbadi sur l’office
divin. […]
Il est encore important de remarquer que parmi les (à suivre
page 207)
[p.214] lâches et des voluptueux. Peu marchent dans la voie étroite et difficile et peu règnent dans la patrie éternelle. Beaucoup au contraire entrent dans la voie large et spacieuse et se précipitent au fond des enfers ».
profitons encore des avis que le pape Adrien IV donne à sainte Hildegarde, abbesse du Monastère de Saint Robert. « Faites attention, ma chère fille, lui écrit-il, que le serpent qui a fait perdre au premier homme l’heureux séjour du paradis terrestre, cherche à faire périr ceux qui sont les plus élevés, comme il chercha à faire périr Job et comme après avoir dévoré Judas, il demanda à cribler les apôtres. Puisque nous savez qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, réunissez-vous à ce petit nombre ; persévérez dans une vie sainte jusqu’à la fin, formez aux œuvres du salut les sœurs confiées à vos soins, de façon qu’avec le secours du Seigneur vous puissiez parvenir à cette joie que l’œil n’a point vu, que l’oreille n’a point entendu, etc … ».
Enfin Pierre de Blois [sermon LXII = 62, édition de Paris 1667, page 377] adresse cette instruction à des personnes cloîtrées : « C’est ici véritablement le camp du Seigneur, qui n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel. Mais tous ne comprennent pas la gloire et la douceur qu’on trouve en cette maison. C’est l’arbre de vie pour ceux qui s’y attachent. Car il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Vous avez multiplié le peuple, dit le prophète, et nous n’avez pas augmenté la joie. Tous ne trouvent pas le joug du Seigneur supportable ; son fardeau n’est pas léger pour tous. Le Jébuséen qui ne peut être entièrement exterminé, habite encore au milieu de vous . Le Lys est encore au milieu des épines et l’ivraie mêlée au milieu du bon grain. Le sapin croit encore dans le jardin du père de famille avec le saule, le myrte avec l’ortie. Il y a toujours dans la bergerie de Jacob des animaux blancs et noirs, des agneaux et des boucs. Le filet de Pierre renferme de bons et de mauvais poissons. Satan dans le temple de Salomon, est à la droite du grand prêtre Jésus, pour s’opposer à lui. Dans l’arche de Noé, il se trouve des animaux purs et impurs et dans les selliers du Seigneur, du vin et de la lie, de l’huile et du marc ».
Malheur à ceux qui ne frémissent pas de crainte, après
avoir vu l’enseignement si constant de tous les Pères sur le petit
nombre des élus parmi les fidèles adultes en comparaison
des réprouvés !
Malheur à ceux qui ne font point effort pour entrer dans la
voie étroite, qui mène à la Vie !
Malheur à ceux qui disent la paix, la paix lorsqu’il n’y a point
de paix et qui font consister la légèreté et la douceur
du joug de l’évangile à accommoder cette loi sainte aux désirs
déréglés des hommes, et non pas dans la charité,
qui supporte tout et qui rend toutes choses douces et légères
! (Rom 8, verset 13)
« Mes frères, si vous vivez selon la chair vous mourrez
;
Mais si vous faites mourir par l’esprit les œuvres de la chair, vous
vivrez ».
(p.216 = dernière page du texte du livre de Foggini, suit la
table alphabétique des pères, deux permissions d’imprimer,
une approbation et le privilège du roi, fin p.224)
Saint Clément de Rome
Homélie N°7:
« Il existe deux voies.
Celle de ceux qui périssent est large et plane, on s'y perd
sans fatigue ;
celle des sauvés est étroite et âpre, elle mène
au salut avec beaucoup de labeur. »
Saint Clément d’Alexandrie
au sujet de la parabole des deux voies
Stromate. Livre 5, chapitre 5. :
« L'une est étroite parce qu'elle est resserrée
par des commandements et des prohibitions ;
l'autre est large et spacieuse parce qu'on y donne libre carrière
aux voluptés et à la colère.
Pythagore [philosophe grec] à ce sujet nous défend de
suivre la sentence de la multitude, qui, dit-il, le plus souvent est téméraire
et absurde. »
En 1732, Pierre-François Foggini publia un livre intitulé:
Accord
admirable des Pères de
l¹Église sur le petit nombre des adultes qui doivent
être sauvés.
L'ouvrage est en latin.
L'abbé Claude Lequeux en a donné une édition en
latin à Paris en 1759, et une traduction française
l'année suivante: 1760.
Voici à quelle occasion Foggini publia cet écrit. Alexandre
Borgia, archevêque de Fermo
(mort en 1764) avait osé avancer en public, dans une homélie,
que la sentence redoutable de
JÉSUS-CHRIST sur le petit nombre des élus, ne doit point
s¹entendre des chrétiens, mais
seulement de la généralité des hommes: ce qui
surprit étrangement son auditoire. Craignant
que l¹autorité d¹un évêque ne séduisit
le peuple ignorant et facile à tromper, M. Foggini crut
devoir supprimer la nouveauté dès sa naissance en y opposant
un recueil des passages des
Pères. Benoît XIV estimait Foggini, et voulut l¹attacher
invariablement à sa cour, en
l¹associant, en qualité de coadjuteur, à Bottari,
sous-bibliothécaire du Vatican, Clément
XIV le fit son camérier d¹honneur, et Pie VI ne voulut
pas laisser sans récompense son
mérite et sa vertu. Il l'éleva à la dignité
de son camérier secret, et le nomma premier
bibliothécaire du Vatican. (Voir Feller.)