Publication: Pacelli, ces documents qui démontent la légende
noire
Protestations et consignes dès l’introduction des lois raciales
VATICAN, Mercredi 7 juillet 2004 – "Le pape qui sauvait des Juifs",
c’est le titre d’un livre récent public en italien par l’historien
Andrea
Tornielli et Matteo Napoletano, présenté aujourd’hui
par Radio Vatican. Il est avéré que Mgr Pacelli a protesté
et donné des consignes contraires aux évêques dès
l’introduction des lois raciales. De nouveaux documents démontent
la "légende noire".
Dès la fin de la seconde guerre mondiale, et pendant plusieurs
décennies, et encore au moment de sa mort (le 9 septembre 1958),
le pape Pie XII a été remercié, en
particulier par les communautés juives, pour la générosité
avec laquelle il a sauvé et fait sauver de nombreuses vies juives
de la persécution nazie, rappelle Radio
Vatican, témoin privilégié des interventions du
pape pendant la guerre.
Ce n’est que dans les années soixante que s’est construite peu
à peu la "légende noire" selon laquelle Pacelli aurait été
le spectateur indifférent et cynique du
génocide hitlérien.
Le livre de Tornielli et Napolitano prend acte de ce paradoxe. Puis
il met en lumière comment la légende a été
forgée : utilisation tronquée des sources, citations
manipulées, négligence des documents. Autrement dit,
le livre "démonte" la légende en repartant aux sources.
Les historiens ont montré, souligne le sénateur Giulio
Andreotti, qui participait à la présentation du livre à
Rome, que la création de la légende noire a constitué
une
réplique de la propagande soviétique à l’opposition
efficace du pape à l’expansion du communisme à l’ouest :
il s’agissait de le discréditer en prétendant qu’il n’avait
pas montré la même vigueur contre le nazisme.
Le livre se fonde en particulier sur les documents des archives secrètes
du Vatican concernant les relations entre le Saint-Siège et l’Allemagne
dans les années
1922-1939.
Andrea Tornelli explique lui-même la nouveauté des documents
mis en lumière : "Il me semble, dit-il, qu’il est désormais
clair que la majeur partie des accusations
lancées contre Pie XII sont partiales et qu’elles pèchent
par anachronisme. Il émerge au contraire des documents des archives
secrètes du Vatican une réalité
beaucoup plus complexe par exemple – c’est une nouveauté du
livre – comment Pacelli, avant même de devenir pape, alors qu’il
était secrétaire d’Etat, a bougé dès
le début, dès le moment où Hitler a introduit
les lois raciales, en demandant au nonce apostolique et aux évêques
d’Allemagne d’intervenir, de parler en faveur des
juifs et contre ces lois. Ce sont des documents qui sont publiés
maintenant et qui nous font constater comment l’idée d’un Pacelli
complice, silencieux, philo-nazi est
dépourvue de tout fondement. Le fait que le pape ait parlé
contre Hitler est démontré par les rapports de protestations
envoyés par le Vatican au Troisième Reich et
par la hargne croissante manifestée par le Troisième
Reich contre Pacelli. C’est également prouvé par le fait
que le pape a été personnellement informé par les
conspirateurs eux-mêmes de toutes les tentatives de complots
pour renverser Hitler".
Mais l’opposition de Pie XII au communisme a-t-elle pu déterminer
la formation de cette "légende noire"? Le sénateur Giulio
Andreotti répond: "L’attitude de Pie
XII contre le communisme a été considérée
comme déterminante pour empêcher l’expansion du communisme,
au-delà de ce qu’il avait déjà gagné. Il est
donc clair
que la réaction ne s’est pas produite de façon frontale,
mais de façon sournoise, en le présentant comme un pape qui
n’avait pas exercé la même opposition
rigoureuse face au nazisme. Mais rien de tout cela n’est vrai, historiquement".
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