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Saint François de Sales
Sermon commentaire de Jean XX, 11-18
26 juillet 1618
« Noli me tangere »

VULGATE

Jean XX, 11-18,
 

20, 11 : Maria autem stabat ad monumentum foris plorans dum ergo fleret inclinavit se et prospexit in monumentum
            Cependant Marie se tenait près du tombeau, dehors, tout en pleurs. Or, comme elle pleurait, elle se pencha
            vers le tombeau ;

20, 12 : et vidit duos angelos in albis sedentes unum ad caput et unum ad pedes ubi positum fuerat corpus Iesu
            et elle voit deux anges en vêtements blancs, assis là où avait été placé le corps de Jésus

20, 13 : dicunt ei illi mulier quid ploras dicit eis quia tulerunt Dominum meum et nescio ubi posuerunt eum
            Elle leur dit : " C'est qu'on a enlevé mon Seigneur, et le ne sais où on l'a mis.

20, 14 : haec cum dixisset conversa est retrorsum et videt Iesum stantem et non sciebat quia Iesus est
            Ayant dit cela, elle se retourna en arrière , et elle voit Jésus qui se tenait là ; mais elle ne savait pas que
            c'était Jésus

20, 15 : dicit ei Iesus mulier quid ploras quem quaeris illa existimans quia hortulanus esset dicit ei domine si tu
            sustulisti  eum dicito mihi ubi posuisti eum et ego eum tollam
            Femme, lui dit Jésus, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? " Elle, pensant que c'était le jardinier, lui
            dit: " Seigneur, si c'est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi j'irai l'enlever.

20, 16 : dicit ei Iesus Maria conversa illa dicit ei rabboni quod dicitur magister
            Jésus lui dit : " Marie ! Se retournant, elle lui dit en hébreu : " Rabbouni ! " (ce qui veut dire : Maître !)

20, 17 : dicit ei Iesus noli me tangere nondum enim ascendi ad Patrem meum vade autem ad fratres meos et dic eis
            ascendo ad Patrem meum et Patrem vestrum et Deum meum et Deum vestrum
            Jésus lui dit : " Cesse de me toucher, car je ne suis pas encore monté vers le Père; mais va trouver mes frères
            et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

20, 18 : venit Maria Magdalene adnuntians discipulis quia vidi Dominum et haec dixit mihi.
            Marie la Magdaléenne va annoncer aux disciples : " J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit.

 

COMMENTAIRE

AVEC SAINT FRANÇOIS DE SALES

(Références dans l’édition d’Annecy).

IX, 171, 172 : Sermon pour la fête de sainte Anne, le 26 juillet 1618.

(..) «  Certes, non seulement les choses terrestres ne sont pas capables de satisfaire nos cœurs, mais non pas même les célestes ; et ceci nous le voyons très bien en la Magdeleine (Traité De l’Amour de Dieu, V,7). La, pauvre Sainte, toute éprise de l'amour de son Maître, retourna pour le chercher devant que nul autre, après qu'il fut mort et mis dans le sépulcre ; mais ne l'ayant trouvé, mais des Anges, elle ne se peut contenter, bien qu'ils fussent très beaux et habillés à l'angélique (Jn XX,1, 12). Les hommes, pour grands qu'ils soient et pour magnifiquement ornés qu'ils puissent être, ne sont rien auprès des Anges, leur lustre n'a point d'éclat et ne sont pas dignes de comparaître en leur présence ; aussi voit-on que jamais ils n'ont apparu aux hommes sans que ceux ci ne soient tombés dessus leur face, n'étant pas capables de supporter la splendeur et l'éclat de la beauté angélique. La très sainte Vierge, laquelle a des suréminences si grandes, et qui est si particulièrement gratifiée au-dessus de tous les Anges, s'étonne néanmoins à la vue de saint Gabriel qui l'était venu trouver pour parler avec elle du très sacré mystère de l'Incarnation.

Magdeleine ne s'amuse point autour de ces célestes Esprits, ni à la beauté de leur visage, ni à la blancheur de leurs vêtements, ni moins encore à leur maintien plus que royal. Elle va, elle tourne tout autour d'eux, et ils l'interrogent :

Femme, pourquoi pleures tu ? et que cherches tu? Ils m'ont pris mon Maître, répond elle, et je ne sais où ils l'ont mis.

Les Anges lui demandent: Pourquoi pleures tu? comme s'ils eussent voulu dire : N'as-tu pas bien sujet de te réjouir et d'essuyer tes larmes en nous voyant? Quoi, la splendeur et beauté de nos faces , l'éclat de nos vêtements, notre magnificence plus grande que celle de Salomon, n'est-elle pas capable de t'apaiser? O certes non, mon cœur ne se peut contenter à moins que de Dieu. Magdeleine aime mieux son Maître crucifié que les Anges glorifiés.

L'Épouse, au Cantique des Cantiques, dit que son Bien-Aimé ayant frappé à sa porte passa outre; et elle, ayant ouvert et ne le trouvant pas, s'en va après lui pour le chercher, puis rencontrant les gardes de la ville elle leur demande si elles ont point vu son Bien-Aimé : Hé, de grâce, si vous le rencontrez, annoncez-lui que je languis d'amour. Et après, elle ajoute que les gardes de la ville l’ont toute blessée. Tous ceux qui pratiquent l'amour sacré savent que ses blessures sont diverses et qu'il blesse les cœurs en plusieurs façons, dont l'une est d'être arrêté et empêché de demeurer en ce qu'il aime. L'amante sacrée dit que les gardes l’ont blessée parce qu'elles l'ont arrêtée, car rien ne blesse tant un cœur qui aime Dieu que de se voir retenu loin de Dieu. Tout ceci n'est que pour servir de préface à ce discours… »

X, 78, Sermon pour la fête de sainte Marie-Madeleine, 2 juillet 1621, début.

« Remarquez combien il l’aimait tendrement : il la voit pleurer au monument, (monumentum) il lui apparaît en forme d’un jardinier et l’interroge pourquoi elle pleure (Jn XX,14,15), comme ne pouvant souffrir de se voir plus longtemps chercher par cette sienne et toute pure amante. »

X, 78, Sermon pour la fête de sainte Marie-Madeleine, 2 juillet 1621, fin.

« (..) Elle pleura au monument pour l’absence de son bon Maître. Pourquoi pleurez-vous ? disent les anges. Hé, répond-elle, « je ne sais où ils l’ont mis » (Jn XX,11); je pleurerai et ne cesserai de pleurer jusqu’à ce que je l’aie rencontré.

Mais vous avez trouvé des anges.

Oh! cela ne me console point, car ce ne sont pas les anges que je cherche, mais mon Maître.

Voyez-vous comme elle nous apprend à ne chercher que Dieu, à ne pleurer sinon pour son absence causée par nos péchés, ou bien de quoi il est si peu connu et glorifié du prochain. Ces larmes sont bien pures, et toutes les autres sont vaines et inutiles. (..) »

« Voyez la Madeleine qui vous provoque par son exemple. Elle cherche son Sauveur dans le monument et le demande au jardinier : Hé, répond elle, Seigneur, si vous l’avez pris, dites-moi où vous l’avez mis et je l’emporterai. (..) »

« Je l’emporterai, dit-elle. Vous l’emporterez ? Mais il est parmi les juifs et soldats; vous n’êtes qu’une femme, comment ferez-vous ? O Dieu, répond-elle, ne craignez point cela, car j’irai prendre au milieu des juifs et je l’emporterai; je me sens assez de force pour le faire. Mais Celui que vous cherchez est mort; comme pourrez-vous porter un corps mort qui est très pesant ? Oh eut-elle dit, l’amour me donne assez de force pour l’aller prendre et pour m’en charger.

Ce que voyant ce jardinier, qui était Celui-là même qu’elle cherchait, ne pouvant davantage laisser navrée de son amour le cœur de cette amante, appela : Marie. Et elle, tout illuminée, s’écria : Rabonni, Maître, demeurant toute accoisée et réjouie… »

XIII, 75, à la baronne de Chantal, Annecy le 21 juillet 1605.

« (..)  mais à vous, je dis qu'un jour Madeleine parlait à Notre-Seigneur, et, s'estimant séparée de lui, elle pleurait et le demandait, et était tant empressée que, le voyant, elle ne le voyait point. Or sus, courage, ne nous empressons point ; nous avons notre doux Jésus avec nous, nous n'en sommes pas séparés, au moins je l'espère fermement. De quoi pleurez-vous, o femme ? Non, il ne faut plus être femme, il faut avoir un cœur d'homme ; et, pourvu que nous ayons l’âme ferme en la volonté de vivre et mourir au service de Dieu, ne nous étonnons ni des ténèbres, ni des impuissances, ni des barrières. »

« Madeleine voulait embrasser Notre-Seigneur, et ce doux Maître met une barrière : Non, dit-il, ne me touche point, car je ne suis pas encore monté à mon Père (Jn XX, 17). La-haut, il ni aura plus de barrière, ici il en faut souffrir. Nous suffise que Dieu est notre Dieu et que notre cœur est sa maison…. »
 

IX, 336, Sermon pour la fête de saint Augustin.

« J'ai ajouté qu'il y a un autre amour, qui est effectif. Oh! Celui-ci est bon par excellence, et notre glorieux Saint passa de l'amour affectif à l'effectif. Celui-ci travaille et n'est point oisif. Il souffre des travaux et des peines, il endure des injures et calomnies. C'est ce que je voulais déclarer par mon troisième point : Je boirai le calice de mon salutaire; mais il n'est pas moyen d'en parler, car le temps est déjà passé. Je dirais seulement que cet amour ne se lasse point de pâtir ; il fait agir en tout temps. Voyez-vous la Magdeleine ? Elle était touchée de l'amour affectif quand voyant son Maître et lui voulant baiser les pieds, elle s'écria Rabboni. Mais Notre-Seigneur la repoussa, lui disant Ne me touche pas, va-t-en à mes frères. Or, voila l'amour effectif, car elle sortit et alla promptement (Jn XX, 16-18)… »
 

XVII, 220, Lettre à la Mère de Chantal.

« Et prenez courage, car s’il vous a dénuée des consolations et sentiments de sa présence, c’est afin que sa présence même ne tienne plus votre cœur, mais lui et son plaisir ; comme il fit à celle qui le voulant embrasser et se tenir à ses pieds, fut renvoyée ailleurs : « Ne me touche pas, lui dit-il, mais dis-le à Simon et à mes frères. » (Jn XX,17)… »

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