Une cérémonie officielle
a en effet eu lieu, vendredi 18 janvier, en la cathédrale de São
Salvador de Campos, au Brésil,
avec la lecture du document d'accueil de Jean-Paul II et la récitation
du Credo. Le pape avait envoyé le
cardinal Dario Castrillon Hoyos
comme son représentant dans cette région du Brésil
où se
trouvent la majeure partie des disciples
de Mgr Lefebvre, soit quelque 28.000 personnes.
RV. - Père Cottier, quelle
est la portée de cette "réunification"?
P. Cottier - Le cas Lefebvre a représenté
une séparation douloureuse, une rupture. Par
conséquent, lorsque l'unité
est rétablie, il s'agit d'une chose très positive. En outre,
ce qui
vient de se passer est un élément
qui peut faire réfléchir d'autres encore. Je suis très
content
de ce qui s'est passé et
j'en rends grâces à Dieu.
RV. - Vous avez pu constater personnellement
la réaction de Jean-Paul II à cette nouvelle?
P. Cottier - Non, mais je sais que
le Saint-Père a fait tout son possible pour permettre le
retour à la pleine communion
avec nos frères.
RV. - On est frappé par la
possibilité accordée par le pape aux membres de l'Union
sacerdotale "Saint Jean-Marie Vianney"
de pouvoir célébrer l'Eucharistie et la Liturgie des
heures selon le rite pré-conciliaire.
Dans l'optique du concile, comment interpréter
correctement cette concession?
P. Cottier - Cette concession a
toujours été donnée. Lorsque Paul VI a instauré
le rite
romain latin réformé,
il avait permis aux prêtres âgés ou ceux qui avaient
un motif fondé de
continuer à célébrer
selon le rite dit de Pie V.
Même lorsqu'il y a eu le cas
de certains prêtres retournés à la communion avec Rome,
l'indult permettant de célébrer
la messe selon cette liturgie a été accordé. Il y
a par exemple
certains groupes religieux des abbayes
auxquelles a été concédé cet indult, il me
semble que
la même chose a eu lieu pour
la Fraternité Pie X.
Ce n'est donc pas une chose totalement
neuve: je pense qu'avec le cas du Brésil, il y a eu un
élargissement de l'indult.
Cela veut dire qu'un certain pluralisme est pensable dans le sens
du rite latin. Du reste, l'Eglise
catholique a aussi en son sein des membres d'autres rites,
comme les rites orientaux. On comprend
comment, par respect pour une certaine sensibilité
religieuse, il soit possible d'accorder
cette autorisation.
RV. - Des difficultés persistent
pourtant, des résistances, avec la Fraternité Pie X an France,
avec Mgr Fellay. Vous pouvez préciser
les questions faisant difficulté?
P. Cottier - Les difficultés
consistent dans le refus du texte conciliaire sur l'œcuménisme,
ainsi que la critique face à
l'attitude adoptée par le Saint-Père sur les thèmes
de
l'œcuménisme ou du dialogue
interreligieux. A côté de cela, se pose aussi la question
du
refus du document conciliaire sur
la liberté religieuse et de la réforme liturgique. Cette
dernière question est celle
qui a le plus frappé. Il faut dire que lorsque l'on a introduit
la
réforme de Paul VI tout ne
s'est pas bien passé. Il y a eu trop d'initiatives personnelles
des
prêtres, des curés,
qui ont déterminé une période pour ainsi dire "d'anarchie".
Si bien que
certains fidèles, n'ayant
pas été préparés, ont été très
troublés. Cela explique le pourquoi
d'un certain succès - en
réalité très limité - de Mgr Lefebvre dans
certains milieux. Mais cela
ne devrait plus se passer avec les
nouvelles générations.
RV. - Selon vous, le pas qui a été
fait le 15 août par la communauté lefebvriste du Brésil
peut-il être interprété
comme le début d'un dialogue positif avec le reste des
"schismatiques" à l'échelle
mondiale?
P. Cottier - Cela dépendra
de la confrontation que nous aurons avec eux et de la condition
fondamentale qui concerne l'acceptation
de Vatican II. Si de leur côté il y a cette
disponibilité, nous devrons
être ouverts et prêts à les accueillir. Parce qu'il
s'agit bien
d'œcuménisme et dans ce cas,
ce serait un acte immédiat d'œcuménisme à mettre en
pratique.