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Conférence prononcée par Mgr Fernando Arêas Rifan
Administrateur Apostolique de l’Administration
Apostolique Personnelle Saint Jean-Marie Vianney
à Londres en 2003

 DANGER DE SCHISME DANS CET ÉTAT DE SÉPARATION

       Les prêtres de l'Union Sacerdotale de Campos et Mgr
       Licínio, après avoir beaucoup réfléchi, ont écrit
       officiellement le 5 juin 2001 au supérieur de la Fraternité
       Sacerdotale Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, avec qui
       nous étions unis dans les conversations avec le Saint
       Siège; nous lui présentions 28 raisons graves en faveur
       de la nécessité d’une reconnaissance, l'alertant du
       danger de continuer dans cet état anormal de séparation:
       «En considérant... que la situation actuelle des
       catholiques de la Tradition, situation de séparation de la
       hiérarchie, provoquée par la crise de l'Église, outre son
       aspect anormal, se doit d’être occasionnelle et
       temporaire, et qu’elle exige donc de notre part un désir
       ardent de régulariser et de s’unir, et non de se satisfaire
       de la situation; en considérant que les effets négatifs de
       cette séparation anormale se font déjà sentir dans les
       milieux traditionalistes, provoquant un esprit de critique
       généralisée et systématique, un esprit d'indépendance,
       une autosatisfaction de l'anomalie de la situation et un
       sentiment de détenir personnellement l'exclusivité de la
       vérité; en considérant le danger que cette séparation, au
       fil du temps, bien qu’elle ne signifie l’adhésion à aucun
       schisme théorique, puisse prendre un esprit de schisme,
       étant donné l’absence d'unité dans le gouvernement...».
       (Malheureusement, cette lettre n'a pas obtenu de
       réponse).
       Les exemples que nous connaissons de cet esprit dans
       les milieux traditionalistes nous ont amenés à réfléchir
       sur le danger de cette séparation habituelle et
       systématique: les radicaux finissent par devenir
       sédévacantistes, schismatiques ou même apostats.
       Saint Thomas d'Aquin dit: «On appelle schismatiques
       ceux qui refusent de se soumettre au Souverain Pontife
       et ceux qui se refusent à vivre en communion avec les
       membres de l'Église qui lui sont soumis»(2a -2ae, q. 39,
       art. 1).
       Le célèbre théologien espagnol Francisco Suarez
       enseigne qu'il y a plusieurs manières de devenir
       schismatique: «sans nier que le Pape soit le chef de
       l'Église, ce qui serait déjà de l’hérésie, on agit comme s'il
       ne l'était pas: c'est la manière la plus fréquente...» (De
       Charitate, de disp. 12, sect. I, n.2, t. XII, p. 733, in
       Opera Omnia).

    OÙ ÉTAIT RÉELLEMENT l'IRRÉGULARITÉ de la SITUATION
 

       La principale irrégularité tenait au Sacre d'un Évêque, et
       dans le fait de le maintenir contre la volonté du Pape.
       Donc, à la première occasion, il fallait sortir de cette
       situation irrégulière, sans quoi il y avait un grave danger
       de passer d'un état de simple séparation à un schisme
       réel.
       Comme l’a dit le Pape Pie XII dans l'Encyclique «Ad
       Apostolorum Principis»: «Aucune autorité en dehors du
       Pasteur Suprême... aucune personne ni assemblée de
       prêtres ni de laïcs, ne peut s'arroger le droit de nommer
       des évêques. Personne ne peut conférer légitimement le
       sacre épiscopal sans être certain d’en avoir le mandat
       pontifical. Un sacre ainsi conféré contre le droit divin et
       humain, et qui est un très grave attentat à l'unité même
       de l'Église, est puni d'une excommunication..

       De plus, en laissant passer le temps, commencent à
       apparaître des cas dans lesquels on a besoin du «pouvoir
       des clés», qu'un évêque sans juridiction ne possède pas;
       par exemple, pour déclarer la nullité de mariages, pour
       séculariser des diacres, pour dispenser de vœux publics,
       etc. S'arroger de tels pouvoirs ce serait se substituer à la
       hiérarchie, former une église parallèle, ce qui réellement
       serait un schisme.
       Dans notre cas, même si Mgr Licínio Rangel avait été
       sacré évêque dans une situation extraordinaire pour
       prendre soin des fidèles liés à la Liturgie traditionnelle, il
       aspirait toujours à une normalisation de la situation
       irrégulière dans laquelle nous nous trouvions, et il avait
       donc conscience que ce qui est normal pour un catholique
       c’est d’être uni et soumis à la hiérarchie de l'Église. De la
       sorte, aussitôt que le Saint Siège a offert l'occasion de
       régulariser, Mgr Licínio a affirmé: «c’en est fini de l'état
       de nécessité!» Et il a tout fait pour que les conversations
       avec le Saint Siège arrivent à bon terme, malgré les
       pressions subies de la part de ceux qui voulaient
       continuer dans la marginalité.

      La LUTTE pour la MESSE TRADITIONNELLE

       Pendant de nombreuses années nous avons combattu et
       souffert pour maintenir la Messe Traditionnelle. Et
       maintenant, grâce à Dieu, comme une récompense pour
       cette lutte, le Saint Père nous a accordé le droit de
       conserver officiellement dans notre Administration
       Apostolique la Sainte Messe traditionnelle, codifiée par
       Saint Pie V, avec tous les sacrements, toute la Liturgie et
       la discipline traditionnelles.
       La création de l'Administration Apostolique venait
       démontrer au monde qu’il était possible de maintenir la
       Liturgie Traditionnelle, en parfaite communion avec le
       Saint Père le Pape, sans avoir besoin de rompre la
       communion avec lui. On avait enfin accédé à la requête
       de Mgr António de Castro Mayer quand il demandait au
       Pape la faculté de continuer avec la Messe traditionnelle.
       Ainsi nous conservons, avec les bénédictions du Saint
       Père le Pape, la Messe Tridentine parce que c'est une
       authentique richesse de la Sainte Eglise Catholique, une
       Liturgie qui a sanctifié beaucoup d'âmes, une Messe à
       laquelle les Saints ont assisté, une Messe qui, par sa
       façon claire et sans ambiguïté d’exprimer les dogmes
       eucharistiques, est devenue une authentique profession
       de Foi, un symbole de notre identité catholique, un vrai
       patrimoine théologique et spirituel de l'Église qu’il
       importe de maintenir.
       Comme l’a bien dit le Cardinal Darío Castrillón Hoyos,
       préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé: «Le rite
       antique de la Messe sert précisément à beaucoup de personnes pour
       maintenir vif ce sens du mystère… Le rite sacré, avec le sens du mystère,
       nous aide à pénétrer avec nos sens dans l’enceinte du mystère de Dieu. La
       noblesse d’un rite qui a accompagné l’Eglise pendant tant d’années vaut
       bien la peine de ce qu’un groupe choisi de fidèles maintienne
       l’appréciation de ce rite, et l’Eglise par la voix du Souverain Pontife l’a
       compris ainsi quand elle demande qu’il y ait des portes ouvertes pour la
       célébration... Nous célébrons ensemble un beau rite, rite
       qui fut celui de nombreux saints, une belle messe qui a
       rempli les voûtes de nombreuses cathédrales et qui fit
       résonner ses accents mystèriques dans les petites
       chapelles du monde entier...» (extraits de l'homélie
       pendant la Messe Saint Pie V qu’il a célébré à Chartres le
       4 juin 2001).
       Le Pape Jean-Paul II a dit la même chose, à propos de la
       Messe traditionnelle, quand il l’a proposée comme
       modèle de révérence et d’humilité pour tous les
       célébrants du monde: «Le Peuple de Dieu a besoin de
       voir dans les prêtres et dans les diacres un
       comportement plein de révérence et de dignité, capable
       de l'aider à pénétrer les choses invisibles, même avec
       peu de mots et d’explications. Dans le Missel Romain, dit
       de Saint Pie V... nous trouvons de splendides oraisons
       par lesquelles le prêtre exprime le plus grand sens
       d'humilité et de révérence face aux saints mystères: elles
       révèlent la substance même de toute la Liturgie»
       (Jean-Paul II, message à l'Assemblée Plénière de la S.
       Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des
       Sacrements, sur le thème «Approfondir la vie liturgique
       au sein du Peuple de Dieu», le 21/9/2001).
       Mais, aimer, défendre et conserver la Messe
       traditionnelle ne signifient pas considérer la Nouvelle
       Messe en elle même comme hérétique, sacrilège,
       peccamineuse ou illégitime. Cela irait contre le dogme de
       l’indéfectibilité de l'Église.
       Nous avons dit dans notre déclaration que nous
       reconnaissons la validité du Novus Ordo Missae,
       promulgué par le Pape Paul VI, chaque fois qu’il est
       célébré correctement et avec l'intention d'offrir le vrai
       Sacrifice de la Sainte Messe.
       D'ailleurs, c’était déjà l'enseignement de Mgr António de
       Castro Mayer et aussi de Mgr Marcel Lefebvre; dans la
       déclaration doctrinale de l'accord que ce dernier a révisé
       et signé, on lit ceci: «Nous déclarons en outre
       reconnaître la validité du Sacrifice de la Messe et des
       Sacrements célébrés avec l'intention de faire ce que fait
       l'Eglise et selon les rites indiqués dans les éditions
       typiques du Missel et des Rituels des Sacrements
       promulgués par les Papes Paul VI et Jean-Paul II».
       (Fideliter, le dossier complet).
       Pourquoi avons-nous fait cette exception «chaque fois
       qu’il est célébré correctement et avec l'intention d'offrir
       le vrai Sacrifice de la Sainte Messe» ?
       Parce que, si le prêtre célèbre la Messe avec l'intention
       de ne faire qu’un repas communautaire ou une simple
       réunion avec le récit de la Cène du Seigneur, sans
       l'intention d'offrir le vrai sacrifice de la Messe, il est clair
       que la validité de cette messe sera affectée.
       En outre, il faut déplorer des messes, même valides,
       dans lesquelles «la Liturgie a été violée», comme l’a dit
       le Pape Jean-Paul II (Allocution au Congrès des Missions,
       6/2/1981), ou dans lesquelles la «Liturgie dégénère en
       'show', où on essaye de rendre la religion intéressante à
       l’aide de folies à la mode... avec des succès momentanés
       de la part du groupe des fabricants liturgiques», comme
       critique le Cardinal Ratzinger (Introduction au livre La
       Réforme Liturgique, de Mgr. Klaus Gamber, pag. 6). Et
       encore, comme l’a dit le Cardinal Eduardo Gagnon, le
       président du Comité Pontifical pour les Congrès
       Eucharistiques Internationaux, «On ne peut ignorer
       cependant que la réforme (liturgique) a donné lieu à
       beaucoup d'abus et a conduit dans une certaine mesure à
       la disparition du respect dû au sacré. Ce fait doit
       malheureusement être reconnu et disculpe un bon
       nombre de ceux qui se sont éloignés de notre Église ou
       de leur ancienne communauté paroissiale» (...)
       (“Integrismo e conservatismo” – Interview du Cardinal
       Gagnon, "Offerten Zitung - Römisches", nov.déc. 1993,
       p.35)..
       Il est clair que l'Église vit une grande crise. C’est une des
       raisons pour lesquelles nous gardons la Messe
       Traditionnelle. Comme l’a bien dit le Cardinal Joseph
       Ratzinger, actuel préfet de la Congrégation pour la
       Doctrine de la Foi, «la crise ecclésiale, dans laquelle nous
       nous trouvons aujourd'hui, dépend en grande partie de
       l'effondrement de la Liturgie» (Card. Ratzinger - La mia
       vita, pag. 113). Donc, pour notre plus grande tranquillité
       et sécurité, nous conservons à notre Administration
       Apostolique, avec tout l'amour et la dévotion, en vertu de
       la faculté que nous a accordée le Saint Père le Pape, la
       Liturgie et la discipline liturgique traditionnelle comme
       notre rite propre, ce grand trésor de l'Église comme une
       authentique profession de foi catholique, en parfaite
       communion avec le Siège de Pierre. Et vous faîtes de
       même ici. Et j'aimerais faire l'éloge du CIEL-UK et de
       tous les catholiques qui aiment et s'efforcent de faire
       aimer la Liturgie Traditionnelle, et le Saint Père nous
       rassure en nous disant que notre attachement à la
       tradition liturgique du Rite Romain est légitime.
       Par conséquent, comme je l’ai écrit dans ma première
       Lettre Pastorale, nous conservons la Tradition et la
       Liturgie traditionnelle, en union avec la Hiérarchie et
       avec l'Enseignement vivant de l'Église, et non en nous y
       opposant. Et la création de notre Administration
       Apostolique démontre que cela est parfaitement possible.
       Il est possible d'être catholique et traditionnel, en
       parfaite communion avec le Saint-Siège.

                  EN CONCLUSION

       Nous aimons la Sainte Messe comme le centre de notre
       vie catholique, et comme la forme d'expression de notre
       foi et de notre adhésion à Notre Seigneur et à la Sainte
       Eglise.
       Nous aimons la Messe Traditionnelle, ce grand trésor de
       la Sainte Eglise, claire profession de notre Foi catholique,
       en union avec la Hiérarchie et l'Enseignement vivant de
       l'Église.
       Nous aimons le Saint Père le Pape et nous prions toujours
       pour lui.
       Nous prions pour que Dieu remporte la victoire sur les
       ennemis de son Église: "ut inimicos Sanctae Ecclesiae
       humiliare digneris, te rogamus, audi nos" (Litanies des
       Saints).
       Nous restons unis dans la prière.
       Que tout serve à la plus grande gloire de Dieu, au
       triomphe de la Sainte Eglise et au salut de nos âmes
       Que Notre Dame, Mère de l'Église, nous garde dans son
       coeur immaculé.
                                 Mgr Fernando Arêas Rifan
                Administrateur Apostolique de l’Administration
             Apostolique Personnelle Saint Jean-Marie Vianney

Début de la conférence:
       Mesdames et Messieurs les Directeurs du Centre
       International d'Études Liturgiques du Royaume-Uni -
       CIEL-UK – à l'invitation de qui je dois la grande joie
       d’être ici présent.
       Mes très Révérends Pères
       Mesdames et Messieurs les Membres du CIEL-UK.
       Très chers frères et amis de la Liturgie Traditionnelle.
       Mesdames et Messieurs.
       Il me faut tout d’abord remercier le CIEL-UK en la
       personne de sa présidente Mme Nicole Hall, pour son
       aimable invitation, pour l'occasion et la joie qu’elle me
       donne d'être ici, pour la Sainte Messe que nous célébrons
       et pour cette conférence.
       Je remercie surtout Son Eminence le Cardinal Cormac
       Murphy-o'Connor,
       Archevêque de Westminster, qui nous a donné très
       aimablement l’autorisation de cette Messe Pontificale.
       Je remercie le Père Ignatius Harrison, Supérieur de
       l'Oratoire de Londres, qui est venu à notre sacre et qui
       me loge très gentiment ici à Londres.
       Je vous remercie tous de votre présence et, d'avance, de
       votre attention et de votre patience.

                  INTRODUCTION

       Je vous ai déjà été présenté: je suis Mgr Fernando Arêas
       Rifan, Évêque titulaire de Cedamusa, Administrateur
       Apostolique de l'Administration Apostolique Personnelle
       Saint Jean-Marie Vianney de Campos, Rio de Janeiro au
       Brésil; j’ai été consacré évêque le 18 août 2002 par Son
       Eminence le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, préfet de la
       Congrégation pour le Clergé. Ayant été nommé par le
       Saint Père le Pape Jean-Paul II évêque coadjuteur de Son
       Excellence Mgr Licínio Rangel, lors du décès de ce dernier
       le 16 décembre, je suis devenu automatiquement, selon
       le Droit Canonique, son successeur, et donc
       l'Administrateur Apostolique.
       Notre Administration Apostolique Personnelle Saint
       Jean-Marie Vianney est une circonscription ecclésiastique
       officielle dans l'Église Catholique, érigée par le décret
       "Animarum bonum" de la Congrégation pour les Évêques
       le 18 janvier 2002; selon la volonté du Souverain Pontife
       dans la lettre autographe "Ecclesiae unitas" du 25
       décembre 2001, elle concerne les catholiques attachés
       aux formes liturgiques de la Liturgie Romaine antérieure
       à la dernière réforme liturgique de 1969.
       Pour que vous puissiez mieux comprendre comment tout
       cela s'est développé, j’aimerais vous raconter un peu de
       notre histoire.

    NOTRE PETITE HISTOIRE À L'INTÉRIEUR DE L'HISTOIRE DE
                     L'ÉGLISE

       L'Église Catholique ici sur terre est militante, parce
       qu'elle est toujours en combat contre les ennemis de
       Dieu et des âmes, de l’intérieur et de l’extérieur, contre
       les péchés et les hérésies.
       A peine sortie des persécutions romaines des trois
       premiers siècles, l'Église a eu à combattre les grandes
       hérésies trinitaires et christologiques qui sont apparues
       en son sein.
       Même à l'apogée de la chrétienté médiévale, une époque
       de grands Saints, les grandes hérésies n’ont pas manqué,
       qui requirent beaucoup de vigilance de la part de l'Église.
       La décadence des mœurs de la Renaissance, cette
       décadence morale qui a atteint tous les niveaux de
       l'univers chrétien, du petit peuple jusqu'à la plus haute
       hiérarchie, a produit comme fruit le protestantisme - la
       pseudo-réforme – qui a fait et qui fait encore de grands
       dommages parmi le peuple chrétien, surtout avec ses
       erreurs sur la prêtrise, sur l’Eucharistie et sur le sacrifice
       de la Messe. La vraie réforme a été opérée par l'Église à
       travers le Concile de Trente et le zèle des saints, tels
       saint Ignace et sa Compagnie de Jésus, saint Charles
       Borromée et la fondation des séminaires, saint Pie V et la
       codification de la Liturgie.
       À la fin du XVIIIe siècle, vint la Révolution Française avec
       sa proclamation des droits de l'homme indépendamment
       des droits de Dieu, avec le laïcisme des États et les
       libertés modernes, avec une violente persécution de
       l'Église.
       Ensuite, au XIXe siècle, c’est le libéralisme qui a
       prédominé, condamné par l'Enseignement de l'Église.
       Au début du XXe siècle, Saint Pie X a condamné le
       modernisme dans l'Église, ce résumé de toutes les
       hérésies. Dans le domaine social apparaissait le
       communisme, fruit de la philosophie marxiste,
       destructeur de la société chrétienne et grand persécuteur
       de l'Église.
       Deux guerres mondiales ont servi pour augmenter la
       laïcisation et la déchristianisation de la société.
       Et beaucoup d'erreurs, déjà condamnés par l'Église, ont
       commencé à se réintroduire dans les rangs catholiques.
       Le Saint-Père Pie XII a renouvelé la condamnation de ces
       erreurs dans plusieurs encycliques, surtout dans «Humani
       Generis» et, dans le domaine liturgique, dans «Mediator
       Dei» (1947).
       En 1948, Mgr António de Castro Mayer a été nommé
       évêque de Campos; c’était un professeur, docteur en
       Théologie, formé à l'Université Grégorienne de Rome,
       très fidèle à l'Enseignement de l'Église. Mgr António, à
       travers ses sermons, ses articles et, surtout, de brillantes
       Lettres Pastorales, alertait continuellement ses prêtres et
       ses diocésains contre les erreurs actuelles, déjà
       condamnées par l'Église, qui s'infiltraient de toute part.
       Et c’est dans cet esprit de fidélité à l'Église que Mgr
       António formait ses prêtres.
       Ayant participé au Concile Vatican II de 1962 à 1965, Mgr
       António a cherché à donner aux prêtres et aux fidèles la
       légitime interprétation de l'"aggiornamento" désiré par le
       Pape Jean XXIII, mettant en garde contre ceux qui,
       profitant du Concile, cherchaient à faire revivre dans
       l'Église le modernisme et son ensemble d'hérésies, en
       mettant en place ce que le Pape Paul VI dénoncera
       comme l’«autodémolition de l'Église».
       Après le Concile, une grande crise, sans précédents, s'est
       installée dans l'Église, avec des apostasies de prêtres et
       de religieux à grande échelle, une désacralisation de la
       liturgie, une laïcisation du clergé, une diminution des
       vocations, la sécularisation des séminaires, un
       œcuménisme irénique, un syncrétisme religieux, etc.
       Comme l’a dit le Pape Jean-Paul II: «On a répandu à
       pleines mains des idées contraires à la vérité révélée et
       enseignée depuis toujours ; de véritables hérésies ont
       été diffusées dans les domaines de la dogmatique et de
       la morale... même la Liturgie a été violée» (Allocution au
       Congrès des Missions, 6/2/1981).
       Au milieu de la crise générale, Mgr António a cherché à
       préserver son Diocèse dans la vraie doctrine catholique,
       en formant des prêtres et en guidant les fidèles.
       Après le Concile ont été introduites quelques
       modifications dans la Liturgie de la Messe, que Mgr
       António a accepté docilement et a adopté dans le
       Diocèse. Mais quelques symptômes selon lesquels la
       réforme liturgique ne marchait pas bien laissaient
       insatisfait. Le Cardinal Antonelli, membre de la
       Commission Pontificale pour la Réforme de la Liturgie,
       admet que la réforme était l’œuvre de «personnes...
       avancées dans les voies des nouveautés..., sans aucun
       amour et sans aucune vénération pour ce qui nous avait
       été transmis» (Il Card. Ferdinando Antonelli et gli sviluppi
       della riforma liturgica dal 1948 al 1970 - Studia
       Anselmiana - Rome).
       En 1969, arrivait le Novus Ordo Missae du Pape Paul VI,
       qui n'a pas manqué de laisser perplexes beaucoup de
       catholiques, même des personnalités importantes comme
       quelques cardinaux de la Curie Romaine.
       C’est avec de telles perplexités que Mgr António écrivit
       au Pape Paul VI pour exposer sa difficulté de conscience
       à accepter la nouvelle Messe. Voici un extrait de sa
       lettre: «En ayant examiné attentivement le 'Novus Ordo
       Missae '... après avoir beaucoup prié et réfléchi, j'ai jugé
       de mon devoir, comme prêtre et comme évêque, de
       présenter à Votre Sainteté mon angoisse de conscience,
       et de formuler, avec la piété et la confiance filiales que je
       dois au Vicaire de Jésus-Christ, une supplique...
       J'accomplis ainsi un impérieux devoir de conscience, en
       suppliant humblement et respectueusement Votre
       Sainteté de bien vouloir daigner... nous autoriser à
       garder l'usage de l''Ordo Missae' de Saint Pie V, dont
       Votre Sainteté rappelle avec tant d’onction l'efficacité
       pour propager la Sainte Eglise et pour augmenter la
       ferveur des prêtres et des fidèles» (Lettre du 12
       septembre 1969).
       De cette manière, bien que Mgr António n'ait obligé
       personne – et il y a eu des prêtres qui adoptèrent la
       messe nouvelle – dans la grande majorité des paroisses
       du diocèse de Campos, on a conservé officiellement la
       Messe traditionnelle, dite de Saint Pie V, et toute
       l'orientation traditionnelle de l'apostolat.
       En 1981, Mgr António a été remplacé sur le siège
       épiscopal de Campos. Les évêques qui l'ont suivi
       n'étaient pas de la même ligne. Ayant été retirés des
       paroisses, suivis par des milliers de fidèles qui désiraient
       la Messe et l'orientation traditionnelle de l'Église, les
       "prêtres de Campos" se virent dans la nécessité de
       s’occuper des fidèles qui s’adressaient à eux, et ils ont
       continué, dans de nouvelles églises et chapelles, à leur
       donner les sacrements. C’est ainsi que fut créée l'Union
       Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney. Et, sans aucune
       intention de faire le moindre schisme dans l'Église, ils ont
       demandé aux Évêques de la Fraternité Saint Pie X de
       consacrer l’un de leurs prêtres, Mgr Licínio Rangel, pour
       s’occuper des fidèles de la ligne traditionnelle. Évêque
       sans juridiction, avec seulement le pouvoir d'Ordre, sans
       intention de constituer un diocèse parallèle (1991). Il est
       clair que cette situation d'urgence n’aurait pas pu durer
       indéfiniment. Tous aspiraient à ce que tout revienne à la
       normale.
       Lors du Jubilé de l'an 2000, les «prêtres de Campos» ont
       fait le pèlerinage de l'Année Sainte à Rome en même
       temps que la Fraternité Saint Pie X.
       À cette date, le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, le préfet
       de la Congrégation pour le Clergé, avec l'approbation et
       la bénédiction du Saint Père le Pape Jean-Paul II, a
       commencé les conversations en vue d'une régularisation
       juridique de la situation de ceux que l’on appelle les
       prêtres et les fidèles de la Tradition.
       Les prêtres de l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie
       Vianney ayant écrit une lettre au Saint Père, demandant
       à être «acceptés et reconnus comme catholiques», le
       Pape leur a répondu en les accueillant avec bienveillance,
       en érigeant, le 18 janvier 2002, l'Administration
       Apostolique Personnelle Saint Jean-Marie Vianney, avec
       son Évêque propre et ses prêtres, avec une juridiction
       personnelle sur les fidèles, avec le droit d'avoir la Messe
       Traditionnelle comme rite propre (obtenant donc la
       réalisation officielle de ce que sollicitait Mgr António de
       Castro Mayer); il suspendait toutes les censures et les
       peines qu’ils avaient éventuellement encouru,
       régularisant de cette manière leur situation juridique à
       l'intérieur de l'Église Catholique, reconnaissant
       canoniquement leur appartenance à l’Eglise et respectant
       leur réalité ecclésiale et leurs caractéristiques
       particulières.

   MOTIF de ce que l’on appelle ACCORD AVEC le SAINT SIÈGE
 

       Comme nous l’avons déjà dit, par la lettre autographe
       «Ecclesiae unitas» du Saint Père le Pape Jean-Paul II, du
       25 décembre 2001, et par le décret «Animarum bonum»
       de la Sacrée Congrégation pour les Évêques du 18 janvier
       2002, le Saint-Siège a créé l'Administration Apostolique
       Personnelle Saint Jean-Marie Vianney, pour les
       catholiques du Rite Tridentin, avec Évêque propre,
       prêtres, paroisses personnelles et séminaire propre, pour
       prendre soin des fidèles liés à la Liturgie traditionnelle du
       rite latin.
       Ce fut un événement historique et de grande importance
       pour l'Église Catholique.
       Ce ne fut pas un accord à proprement parler, comme je
       vais vous l’expliquer.
       Si nous considérons l'aspect juridique, à propos de ce qui
       nous a été accordé, nous pouvons dire qu'il y a eu une
       concession juridique de la part du Saint-Siège.
       Mais si nous considérons les pourparlers et les
       conversations, ce ne fut pas proprement un accord, mais
       une compréhension.
       Bien que le mot «accord» ait été utilisé dans les
       pourparlers avec le Saint-Siège, nous considérons qu’il
       est moins approprié à la circonstance présente. D’abord,
       parce qu’on ne fait pas d’accord avec un supérieur, et
       encore moins avec le Pape: on lui doit respect et
       obéissance, selon les normes de l'Église. En second lieu,
       parce que «accord» suppose des concessions et des
       négociations, qui en réalité n’ont pas eu lieu.
       Le mot qui exprime le mieux ce qui s’est passé est
       «entente».
       En vérité, nous étions connus pour notre part négative et
       caricaturale: les «prêtres de Campos»,
       «traditionalistes», étaient ceux qui n'acceptaient
       absolument pas le Pape et qui ne reconnaissaient ni le
       Concile Vatican II ni la validité du Novus Ordo Missae, la
       Messe de Paul VI. Il a donc été nécessaire d'exposer
       notre position véritable qui, une fois «comprise»,
       «entendue» telle qu’elle est, a permis notre approbation
       et notre reconnaissance comme catholiques, en parfaite
       communion avec la Sainte Eglise. Il y a donc eu une
       «entente» et, avec elle, une régularisation juridique.

   POURQUOI CHERCHONS-NOUS CETTE UNION AVEC LE SAINT
                      SIÈGE

       Mgr Licínio Rangel a répondu de la manière suivante à la
       revue internationale «30 Jours»: «Ce fut notre amour de
       Rome et du Pape, notre sens catholique, fruit de la
       formation que nous avions reçu de Mgr António de Castro
       Mayer, qui nous ont portés à toujours désirer l'union avec
       la Hiérarchie de la Sainte Eglise. Nous avons toujours eu
       conscience de ce que notre position de résistance pour la
       Tradition – et la situation d'exception qui s’en suivait – se
       devait d’être circonstancielle, temporaire et limitée à des
       sujets précis, à l’origine des points aigus de la crise; une
       résistance justifiée par l'état de nécessité des âmes, sans
       aucune intention de schisme. La preuve en est qu’après
       le décès de Mgr António de Castro Mayer, quand j’ai reçu
       il y a dix ans un épiscopat d'urgence et de suppléance
       pour les fidèles de la ligne traditionnelle, j'ai déclaré que
       j’attendais un changement des circonstances pour
       remettre au Pape mon épiscopat, pour qu’il en dispose
       comme il le voudrait. Aucune rupture avec l'Église, donc.
       Ainsi nous avons toujours soupiré après une
       régularisation et une reconnaissance. L'occasion est
       apparue après notre pèlerinage à Rome pour le Jubilé de
       l'an 2000, quand le Saint Père a nommé le Cardinal Darío
       Castrillón Hóyos pour, en son nom, commencer des
       conversations en vue de notre régularisation. Les
       conversations se sont tenues toute l'année 2001 et, grâce
       à Dieu, elles sont arrivées à bon terme, avec notre
       complète reconnaissance canonique au sein de la Sainte
       Eglise».

       La NÉCESSITÉ d'une RECONNAISSANCE

       Tout catholique doit être uni à la hiérarchie de l'Église.
       D'ailleurs, c'est un dogme de la Foi catholique: «Nous
       déclarons, disons et définissons qu’il est absolument
       nécessaire au salut que tous les hommes se soumettent
       au Pontife Romain» (Boniface VIII, Bulle Unam Sanctam,
       Dz-Sh 875).
       Et le Magistère de l'Église (Léon XIII - encyclique Satis
       Cognitum) nous enseigne que l'unité du gouvernement
       est aussi nécessaire que l'unité de Foi.
       Donc, être séparé de la hiérarchie, même matériellement
       parlant, et même pour une question de nécessité, est
       quelque chose d’anormal, de temporaire, qui doit prendre
       fin.
       C'était bien la pensée de Mgr Marcel Lefebvre, quand,
       dans les conversations qu’il eût avec le Saint Siège en
       1988, il écrivait au Cardinal Ratzinger:
       «Ayant pu suivre les travaux de la Commission chargée
       de préparer une solution acceptable pour le problème qui
       nous préoccupe, il semble, qu’avec la grâce de Dieu,
       nous nous acheminons vers un accord, ce dont nous
       sommes très heureux» (lettre du 15/4/1988 - cf. Fideliter
       - le dossier complet).

source: http://site.voila.fr/btag/index.htm

Fraternité Saint Pie X
http://jesusmarie.free.fr/index.html