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Saint Grégoire de Nazianze
docteur de l'église catholique
329 - 390

article du Dictionnaire de Théologie Catholique, version word

GREGOIRE DE NAZIANZE (Saint). I. Vie. II. Ouvrages. III. Doctrine.

I. VIE. Esprit de haute culture, brillant et gracieux ; âme douce et tendre, mal armée, faute peut-être de sens pratique, pour soutenir les luttes dans lesquelles le hasard de la vie la jettera ; théologien à la fois habile, orateur et poète, Grégoire naquit vers l’an 329 au bourg d’Arianze, près de Nazianze, petite ville du sud-ouest de la Cappadoce, et fut consacré à Dieu dès sa naissance par sa pieuse mère Nonna. Le jeune Grégoire reçut une éducation très
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soignée ; il fut envoyé d’abord aux écoles de Césarée en Cappadoce, puis dans Alexandrie, puis dans Athènes, où l’un de ses compagnons de Césarée, le futur saint Basile, ne tarda pas à le rejoindre, et où les deux jeunes gens se lièrent d’une étroite amitié. Il paraît que Grégoire prolongea plus que Basile son séjour dans Athènes et qu’il y donna des leçons d’éloquence. Mais, vers 357, il revint à la maison paternelle, reçut le baptême, et partagea depuis lors sa vie entre l’ascèse et l’étude. Ce fut probablement vers 362 que, sur les instances des fidèles, il fut ordonné prêtre, un peu malgré lui, des mains de son propre père, qui, de la secte des hypsistariens ou adorateurs de Zeus Hypsistos, avait passé, après sa conversion, sur le siège épiscopal de Nazianze. Froissé de la violence qu’il avait subie, et toujours épris de l’amour de la retraite, le nouveau prêtre s’enfuit auprès de son ami Basile dans le Pont. Toutefois il n’y resta pas longtemps, et rentra bientôt à Nazianze, pour y soulager son père dans le gouvernement de son Eglise. En 363 et 364, un schisme avait éclaté dans Nazianze : le vieil évêque ayant signé, par faiblesse ou par méprise, la formule semi-arienne de Rimini, une partie des fidèles s’était déchaînée contre lui. Grégoire sut décider son père à faire solennellement une profession de foi pleinement catholique, et, grâce à son heureuse intervention, le calme et la concorde refleurirent. Le père et le fils continuèrent quelques temps à prendre soin en commun de l’Eglise de Nazianze. Mais, quand saint Basile, à la suite de ses démêlés avec l’archevêque de Tyane, Anthime, eut l’idée de créer plusieurs évêchés dans les petites villes de la Cappadoce, il contraignit son ami d’être évêque de Sasima, station postale sur la route de Cilicie, triste localité qui faisait horreur à l’ancien et brûlant élève d’Athènes. Bien à contrecœur, Grégoire se fit sacrer dans Nazianze par saint Basile, peu après Pacques de l’an 372, selon toute apparence. Jamais Sasima ne le verra remplir les fonctions épiscopales, célébrer le service divin, ordonner aucun clerc ; une fois encore il s’enfuira dans la solitude. Seules les supplications de son père le rappelleront à Nazianze, pour l’aider dans son grand âge à porter le poids de sa charge. Lorsque le vieillard mourra en 374, suivi de près dans la tombe par la vénérable Nonna, Grégoire, le cœur brisé et la santé chancelante, dira en 375 adieu à Nazianze, et se réfugiera dans le monastère de Sainte-Thècle, à Séleucie d’Isaurie, afin de s’y vouer à la vie contemplative.
 Il ne devait cependant pas jouir du repos après lequel il soupirait. Au commencement de l’an 379, les catholiques de Constantinople, à qui l’empereur Valens avait enlevé successivement toutes leurs églises, mais qui saluaient dans l’avènement de Théodose l’aurore d’un meilleur avenir, implorèrent le secours de Grégoire, et celui-ci ne résista point à l’espoir de rétablir la vraie foi dans la capitale de l’Orient. Par son admirable éloquence et ses vertus, il lutta contre l’ascendant de l’arianisme, au péril de sa vie et non sans succès. L’Eglise opprimée respira et grandit. Théodose repoussa le philosophe Maxime, qui s’était fait passer pour un catholique persécuté et sacrer secrètement évêque de Constantinople, reprit aux ariens, le 26 novembre 380, les églises de la capitale et mena lui-même le lendemain Grégoire à l’église cathédrale, à Sainte-Sophie. De fait, Grégoire était l’évêque de Constantinople ; il attendit néanmoins, pour en prendre le titre, que le IIe concile œcuménique, ouvert à Constantinople, sur la convocation de Théodose, au mois de mai 381, eût reconnu et affermi ses droits. Ainsi fut fait de prime abord. Mais quand Grégoire vit ses efforts pour éteindre le schisme mélétien d’Antioche se briser contre l’opposi-
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tion des plus jeunes membres du concile, et qu’il vît en outre les évêques d’Egypte et de Macédoine, tardivement invités, contester sa nomination au siège de Constantinople, écœuré des ambitions et des intrigues de nombre d’évêques, il se démit de la charge qu’il venait à peine d’assumer, et quitta Constantinople, au mois de juin 381 probablement. Il retourna ensuite à Nazianze, qu’il administra pendant la vacance du siège et défendit des ravages de l’apollinarisme. Enfin, lorsque, vers 383, il put procurer à Nazianze en la personne de son cousin Eulalius le pasteur de ses vœux, il se retira près Arianze, sur le domaine de ses pères, où il était né. Il y mourut en 389 ou au plus tard en 390, adonné aux pratiques de l’ascétisme chrétien et à la culture des vers dont la passion avait enchanté sa jeunesse.
 II. OUVRAGES. Les œuvres de saint Grégoire se divisent en trois groupes : Discours, lettres et poésies.
 1° Discours. Des 45 discours qui ont survécu, P. G., t. XXXV-XXXVI, les premiers pour la célébrité comme pour l’importance, sont les discours XXVII-XXXI du recueil. Ces cinq discours sur la Trinité, intitulés par l’orateur lui-même Discours théologiques, ?? ??? ????????? ?????, ont ?té prononcés à Constantinople, en 380, contre les unomiens et les pneumatomaques, et par leur vigueur, ils ont mérité à saint Grégoire de Nazianze le titre de théologien ; ce sont les morceaux classiques de la théologie grecque. Deux autres discours, qui datent aussi du séjour de Constantinople, le XXe sur le sacre et l’intronisation des évêques, le XXXIIe sur la mesure à garder dans les discussions, abordent souvent les mêmes sujets que les discours théologiques et s’en rapprochent beaucoup. Deux discours passionnés contre l’empereur Julien, ????? ?????????????, IV et V, n’ont ?té composés qu’après la mort de ce prince, 26 juin 363, et selon toute apparence, n’ont pas été prononcés. Le discours II, dans lequel saint Grégoire explique et justifie sa fuite après son ordination sacerdotale, n’a sans doute jamais été porté dans la chaire sous sa forme actuelle ; il est fort à croire que la partie purement apologétique en fut seulement prononcée, l’an 362 ou 363, à Nazianze, et que l’orateur, remaniant plus tard son travail primitif, en fit l’ample traité qui nous est parvenu sur la sublimité de l’état ecclésiastique. Les sujets des autres discours sont très variés. le prédicateur s’inspire tantôt d’une fête de l’Eglise, tantôt d’un article du symbole ou d’une obligation de la vie chrétienne. Ailleurs, il célèbre la mémoire de quelques martyrs fameux, honore le souvenir de ses parents et de ses amis, Césaire, son jeune frère, VII, Gorgonie sa sœur, VIII, Grégoire, son père, XVIII, saint Basile, XLIII, raconte enfin dans un but d’apologie les faits saillants de sa propre carrière. Nulle part l’éloquence de saint Grégoire n’est exempte des recherches et des artifices de la rhétorique ; partout, même dans les oraisons funèbres, le sophiste perce à côté de l’orateur. En général, le faux et l’exagéré se mêlent avec le grand et le beau, une sensibilité délicate et profonde avec une froide et creuse redondance. Rufin d’Aquilée nous apprend P. L., t. XXI, col. 250, qu’il a traduit en latin huit discours de saint Grégoire ; mais on trouve dans P. G., t. XXXVI, col. 735-736, que la préface de cette version. Des éditions spéciales des discours de saint Grégoire de Nazianze ont été faites par Goldhorn, Leipzig, 1854, et par J. A. Mason, Cambridge, 1899.
 2° Lettres. Il nous est resté de saint Grégoire 244 lettres, P. G., t. XXXVII, qui datent pour la plupart de la retraite d’Arianze, 383-389. Mercati, Varia sacra, Rome, 1903, t. I, p. 53-56, a fait paraître une nouvelle et courte lettre de saint Grégoire à saint Basile, avec la réponse de ce dernier. La lettre CCXLIIIe au moine Evagre, P. G., t. XXXVII, col. 383 ; t. XLVI,
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col. 1101-1108, est apocryphe. Travaillées avec soin et comme en vue du public, ces lettres ont pour trait distinctif une énergique brièveté. Mais elles n’offrent point au fond d’intérêt historique ; elles nous initient qu’à des détails de la vie de l’auteur ou de ses mais et de ses parents. Il y est rarement question de théologie. Signalons pourtant sous cet aspect les deux lettres au prêtre Cledonius, CI et CII, composées probablement toutes les deux en 382 et dirigées contre l’apollinarisme.
 3° Poésies. Comme la plupart des lettres de saint Grégoire de Nazianze, la plupart de ses poésies s’échelonnent de l’an 383 à l’an 389, P. G., t. XXXVII-XXXVIII. Poésies théologiques, traitant tour à tour du dogme et la morale, et poésies historiques, celles-ci sur lui-même, celles-là sur les autres. Le poète s’y était donné la tâche de combattre avec leurs propres armes les apollinaristes ; qui se servaient du vers pour répandre leurs doctrines dans le peuple. On a critiqué la poésie didactique de saint Grégoire, pour n’être, a-t-on dit, que la prose versifiée, traînante et redondante. Les élégies, au contraire, où Grégoire a pleuré ses malheurs, reflètent une tristesse rêveuse, une mélancolie mystique d’un charme singulier et qui va au cœur. Les principaux mètres de la prosodie classique hexamètres, trochées, trimètres lambiques, etc. foisonnent dans l’œuvre de saint Grégoire. On y remarque toutefois dans quelques vers les premiers avant-coureurs de la poésie moderne. Un Hymne du soir et une Exhortation aux vierges, P. G., t. XXXVII, col. 511-514, 632-640, sont, dans la littérature grecque, le plus lointain exemple de cette poésie nouvelle, fondée sur l’accent tonique et non plus sur la quantité.
 III. DOCTRINE. Saint Grégoire de Nazianze, appuyé fermement sur la double autorité de l’Ecriture et de la tradition, est le champion et le représentant de la foi de l’Eglise grecque à la fin du IVe siècle. " C’est une preuve manifeste d’erreur dans la foi, écrira Rufin d’Aquilée, P. G., t. XXXVI, col. 736, que ne pas s’accorder avec la foi de Grégoire. " On a révéré de tous temps sa doctrine, et les conciles œcuméniques à maintes reprises l’ont expressément invoquée. Ainsi, au milieu des hérésies trinitaires et christologiques du IVe siècle, en face des semi-ariens, des macédoniens et des apollinaristes, l’orthodoxie de saint Grégoire est demeurée sans tache. Continuateur de saint Athanase, et partisan fidèle, quoi qu’on ait dit, du strict ????????? nic?en, il distingue avec une netteté particulière l’????? et l’?????????, permettant m?me sous une condition antisabelienne l’emploi du mot ????????, et il reconna?t en Dieu trois hypostases ou personnes, consubstantielles entre elles, toutes les trois égales et également adorables, ayant la même volonté, la même connaissance, la même action. " Il y a diversité quant au nombre, mais non partage de substance. " Orat., XXIX, 2 ; XXXI, 9, et passim. Voir t. V, col. 2455. Les propriétés caractéristiques de ces trois personnes divines, par où chacune s’oppose aux deux autres, sont selon saint Grégoire, Orat., XXV, 16 ; XXXI, 29, l’?????????, la ???????? ou ????????, l’?????????? ou ????????. En quoi pr?cisément la procession du Saint-Esprit diffère de la génération du Fils, notre saint avoue qu’il nous est impossible de le marquer. Orat., XXXIX, 12 ; XXIII, 11 ; XXXI, 8. Du Filioque, de la procession du Saint-Esprit par le Fils, il ne nous dit à peu près rien ; cependant, bien qu’il n’en parle pas presque pas, il la présuppose. Orat., XLII, 15. Voir t. V, col. 787-788. En revanche, saint Grégoire s’élève contre la mutilation que l’apollinarisme voulait infliger à la nature humaine de Jésus-Christ, et il maintient avec fermeté l’existence de l’âme raisonnable, ????, dans l’humanit? du Sauveur. Orat., II, 23 ; XXXVII, 2. Le principe sotério-
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logique sur lequel roule toute sa discussion est ainsi formulé : " Cela seul est guéri, qui est pris par le Verbe ; cela seul est sauvé, qui est uni à Dieu. " Epist., CI, col. 181. D’accord toutefois en ceci avec Apollinaire, notre saint repousse l’idée de dualité des personnes en Jésus-Christ. " Il y a en lui, écrit-il, deux natures ; il est Dieu et homme, puisqu’il est âme et corps ; mais il n’y a pas deux fils ni deux dieux. . . Autre et autre, ???? ??? ????, sont les ?léments dont est le Sauveur, lui, n’est pas un autre et un autre, ????? ??? ?????, loin de l? ! " Epist., CI, col. 180. De l’unité personnelle de Jésus-Christ dans la dualité des éléments qui le composent, l’un divin, l’autre divinisé, Orat., XXXVIII, 13, suit, avec la communication des idiomes, le dogme de la maternité divine de Marie. Les textes classiques se trouvent dans saint Grégoire de Nazianze. " Si quelqu’un n’accepte pas sainte Marie pour mère de Dieu, il est séparé de la divinité. " Epist., CI, col. 177. Marie est la Virgo deipara. Orat., XIX, 44.
 En dehors des questions trinitaires et christologiques, où la foi de saint Grégoire, nonobstant des imprécisions et des obscurités de langage, est restée toujours pure, notre saint regarde les anges comme des créatures immortelles, intelligentes et libres. Orat., XXIX, 13. Leur spiritualité est-elle absolue ? Il refuse de se prononcer. Orat., XXVIII, 31 ; XXXVIII, 9. Voir t. I, col. 1199, 1204. Sanctifiés après leur création, Orat., VI, 12, 13, les anges prévaricateurs ont perdu la grâce par l’effet de l’envie ou de l’orgueil, Orat., XXXVIII, 9 ; XLV, 5, et, précipités du ciel, mais non anéantis, ils font actuellement la guerre aux enfants de Dieu. Carm., l. I, sect. I, 7, P. G., t. XXXVII, col. 443 sq.
 Quant à la nature de l’homme et à son état présent, saint Grégoire sans entrer néanmoins dans toutes les précisions désirables et nécessaires, atteste et sa béatitude primitive et sa déchéance postérieure. Le péché d’Adam, qui est aussi le péché de tous les enfants d’Adam, Orat., XVI, 15 ; XXXVIII, 4, 17, a entraîné pour eux la mort, les misères de la vie terrestre, le dérèglement de la convoitise, la perte de la grâce surnaturelle et de l’union avec Dieu. L’image de Dieu n’est pourtant pas effacée totalement dans l’homme, ni sa puissance de coopérer avec la grâce n’est abolie. L’homme déchu peut s’élever du spectacle des choses créées à la connaissance de Dieu, et son libre arbitre lui a été conservé. Le libre arbitre peut donc et doit concourir avec la grâce dans l’œuvre du salut : sans ce concours, pas de salut possible. Saint Grégoire, en étudiant de moins près que saint Augustin le problème de grâce, ne laisse pas de maintenir l’homme dans la dépendance de l’action divine, et de faire très large la part de la grâce dans le bien que l’homme accomplit : la bonne volonté même de l’homme vient de Dieu, Orat., XXXVII, 13 sq.
 Cette grâce, qui nous est indispensable, est le fruit de l’incarnation et de la mort de Jésus-Christ ; mais comment avons-nous été rachetés et délivrés de la mort ? Saint Grégoire de Nazianze attache une grande importance à la doctrine de la rédemption, et il attribue une efficacité spéciale à la passion, qui est un sacrifice réel, dans lequel Jésus-Christ s’est substitué aux coupables. Il condamne absolument l’idée adoptée par saint Basile et par saint Grégoire de Nysse, que nous étions devenus la propriété de Satan et que la vie et le sang de Jésus-Christ sont la rançon payée pour nous au démon. Orat., XLV, 22. Jésus-Christ s’est substitué à nous et s’est fait, à notre place, la victime de la justice de Dieu. Orat., XXX, 5 ; XXXVIII, 1. Cf. L. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 103-104, 174-179, 387, 420-421.
 Pendant que notre saint rend hommage à la pri-
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mauté du siège de Rome, Carme de vita sua, P. G., t ; XXXVII, col. 1068, il proclame la nécessité du baptême sacramentel, pour nous ouvrir, à défaut du martyre, l’entrée de l’Eglise et nous mettre en possession du bonheur éternel. Orat., XL, 23. En ne requérant pas la sainteté dans le ministre du baptême et en prescrivant le baptême immédiat des enfants, s’ils sont en danger de mort, Orat., XI, 28, saint Grégoire montre qu’il accorde au rite lui-même une efficacité objective pour la production de la grâce. Mais, sans requérir la sainteté du ministre du baptême, il requiert que le ministre ait au moins la foi de l’Eglise. Orat., XL, 26. C’était reconnaître la nécessité de rebaptiser les hérétiques, conformément à la tradition de Firmilien de Césarée. La présence réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie et le caractère sacrificiel du mystère eucharistique sont aussi affirmés et mis en lumière. Orat., VIII, 18 ; II, 95 ; Epist., CLI. Voir t. V, col. 1148. Les secondes noces, et, plus encore, les troisièmes et quatrièmes noces sont mal vues ou même tout à fait réprouvées. Orat., XXXVIII, 8. Saint Grégoire n’admet aucune dilatation pour les justes de la béatitude éternelle, bien que la chair n’y doive prendre part qu’après la résurrection. Dans la question de la durée des peines de l’enfer, l’influence des idées d’Origène es sensible. Tantôt Grégoire enseigne l’éternité des peines, Orat., XVI, 7 ; tantôt il ne veut pas se prononcer, ou il insiste principalement sur le caractère moral de la peine des damnés. Orat, XL, 36 ; Carm., l. II, sect. I, 1, P. G., t. XXXVII, col. 1010. Voir t. V, col. 69-70.
 Vie de saint Grégoire de Nazianze en grec, P. G., t. XXXV, col. 241-305, avec les préfaces des anciens éditeurs ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, Paris, 1714, t. IX, p. 305-560 ; 692-731 ; Ch. Clémencet, Vita S. Gregorii theologi, P. G., t. XXXV, col. 147-242 ; Ullmann, Gregorius von Nazianz, der Theologe, Darmstadt, 1825 ; A. Benoît, S. Grégoire de Nazianze, Paris, 1885 ; Dubetout, De Gregorii Nazianzeni carminibus, Paris, 1901 ; Fessler-Jungmann, Institutiones patrologiæ, Inspruck, 1890, t. I, p. 532-564 ; P. Batiffol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 237-240 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, nouv. édit. franç., Paris, 1905, t. II, p. 89-103 ; Hurter, Nomenclator, 1903, t. I, col. 163-172 ; Hergenröther, Die Lehre von der gottlichen Dreieinigkeit nach dem hl. Gregor von Nazianz, Ratisbonne, 1850, Dräseke, Neuplatonisches in der Gregorios von Nazianz Trinitatslehre, dans Byzantinische Zeitschrift, 1906, t. XV, p. 141-190 ; Hümmer, Des hl Gregor von Nazianz des Theologe Lehre von der Gnade, Kempten, 1890 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. II (voir table analytique, p. 522) ; Marcel Guignet, Saint Grégoire de Nazianze, orateur et épistolier, Paris, 1912 ; R. Gottwald, De Gregorio Nazianzeno, platonico, Breslau, 1906.
P. GODET.
 


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5 Discours sur Dieu   (http://www.migne.fr/gregoire_de_nazianze_discours_27.htm)

aussi appelés 5 Discours Théologiques, nomenclature N°27 à 31
sujet: la foi catholique sur le Trinité face aux hérésies ariennes.
Discours prononcés à Constantinople en 380, ville depuis 40 ans aux mains des ariens. En 379, l'évêque est arien et préfère partir plutôt que de souscrire une profession de foi orthodoxe. Les catholiques ne sont qu'une poignée d'hommes persécutés, apeurés, divisés. Grégoire arriva à améliorer nettement la situation au bout d'un an.Le nouvel empereur oeuvrait pour rendre les églises aux catholiques fidèles à la foi du concile de Nicée.
 

Les Poèmes Saint Grégoire de Naziance

Saint Grégoire de Nazianze n'est certes pas le premier à avoir donné une forme poétique à des matériaux théologiques et à des thèmes chrétiens, mais saint Grégoire de Naziance est le premier à avoir conçu une oeuvre poétique importante et d'une composition accomplie : dix-sept mille vers qui n'ont pas leur pareil dans la patristique grecque.

Ses carmina, dont la plupart ont été composés après le retour de saint Grégoire de Naziance à Constantinople, lors de sa retraite à Arianze, où saint Grégoire de Naziance resta jusqu'à sa mort, comprennent des poèmes didactiques, des hymnes, des élégies et des épigrammes dans leurs mètres traditionnels, auxquels saint Grégoire de Naziance ne déroge pas pour l'essentiel : hexamètres, distiques et iambes.

Saint Grégoire de Naziance aborde des thèmes dogmatiques, moraux, autobiographiques et lyriques avec l'intention explicite (Carmen II, l, 39) de présenter le message chrétien sous une forme plus agréable et plus abordable, en choisissant le style poétique, et d'adjoindre à la poésie hellénistique une poésie chrétienne d'égale valeur. La qualité des poèmes de saint Grégoire de Naziance répond définitivement au reproche qui était jadis fait aux chrétiens, dans une visée polémique, de manquer de culture et d'une littérature digne de ce nom.

Quant au drame Christus patiens, attribué à saint Grégoire de Naziance, André Tuilier et Francesco Trisoglio ont à nouveau, récemment, plaidé pour son authenticité, mais leur argumentation n'est pas convaincante, comme l'a montré Bernhard Wyss (RAC 12, p. 812). Ce texte pourrait bien dater du XIIe siècle.

Les Discours de Saint Grégoire de Naziance

Le Corpus des Mauristes compte 45 discours et sermons de saint Grégoire de Naziance, mais le n° 35 n'est pas de lui. Leur chronologie s'étend de la consécration épiscopale de saint Grégoire de Naziance, en 362, à la retraite de saint Grégoire de Naziance à Arianze, en 383, et la moitié date d'après la nomination  de saint Grégoire de Naziance à Constantinople, en 379.

Il s'agit, pour une part, de discours donnés oralement, que saint Grégoire de Naziance a lui-même préparés pour la publication, tandis que d'autres sont des pièces écrites sous forme de discours. C'est certainement le cas des Orationes IV et V, qui sont des invectives contre l'empereur Julien l'Apostat, après sa mort.

Tous les Discours de saint Grégoire de Naziance se distinguent non seulement par sa maîtrise de la rhétorique, mais aussi par son habileté à présenter de façon convaincante et claire des solutions aux problèmes théologiques les plus ardus de son temps. C'est particulièrement vrai des Cinq Discours théologiques (XXVII-XXXI), que saint Grégoire de Naziance appelait déjà ainsi lui-même (Oratio XXVIII, 1) et qui ont le plus contribué à conférer à saint Grégoire de Naziance le titre de « Théologien ».

Saint Grégoire de Naziance les a donnés pendant qu'il était à Constantinople (379-381), probablement en 380, dans la maison privée où il avait élu domicile, qui deviendra plus tard l'église Anastasia, car la cathédrale, l'église des Apôtres, était encore aux mains de l'évêque arien.

« Théologique » et « Théologien » doivent se comprendre ici dans le sens strict du christianisme antique, comme « doctrine de Dieu » : il s'agit de la présentation de la doctrine orthodoxe de la Trinité, face aux néoariens (eunomiens) et aux macédoniens (pneumatomaques).

Outre la justification brillante de la doctrine traditionnelle de Dieu, celle de Nicée, saint Grégoire de Naziance trouve la formulation d'avenir de la « procession » de l'Esprit du Père, à la différence de la «génération » du Fils, et saint Grégoire de Naziance  est le premier à appliquer le concept de consubstantialité  au Saint-Esprit.
Ce faisant saint Grégoire de Naziance va plus loin que Basile et, grâce à cette terminologie plus précise, saint Grégoire de Naziance affine non seulement la compréhension du Saint-Esprit dans la Trinité, mais saint Grégoire de Naziance prépare aussi les compléments pneumatologiques apportés au Symbolum Nicaenum ( Symbole de Nicée) par le concile de Constantinople, qui se tient peu après (381).

Les Lettres de Saint Grégoire de Naziance

Saint Grégoire de Naziance - suivant en cela l'exemple des auteurs classiques - a publié lui-même un premier recueil de ses Lettres, et dans la Lettre 51, saint Grégoire de Naziance expose brièvement la théorie du genre littéraire épistolaire (cf. Excursus 2. 4), ce que saint Grégoire de Naziance est le seul auteur chrétien à faire.

Sur les 249 Lettres conservées, les numéros 246-248 se retrouvent aussi dans le corpus de Basile le Grand, sous les numéros 169-171 ; le n° 243 est considéré comme non authentique et le doute plane sur le n° 241. De bout en bout, il s'agit, formellement, de lettres travaillées avec art, mais leur contenu est celui de la correspondance ordinaire d'un homme cultivé et d'un évêque.

Les Trois Lettres théologiques (aux côtés des Cinq Discours théologiques) revêtent une importance théologique toute particulière : les numéros 101 et 102, de l'été 382, au presbytre Cledonius, qui dirigea le diocèse de Nazianze pendant la vacance du siège après la mort de Grégoire l'Ancien (374), et la Lettre 202 (vers 387) à Nectaire, successeur de saint Grégoire de Naziance et prédécesseur de Jean Chrysostome sur le siège patriarcal de Constantinople (381-397).
Nectaire n'était pas un théologien : au moment de son élection, il était sénateur et encore catéchumène. Aussi ne s'occupa-t-il guère des questions théologiques brûlantes de son temps, mais il réussit, contrairement à son prédécesseur et à son successeur, à éviter les démêlés avec le peuple de l'Église et avec la cour impériale. Saint Grégoire de Naziance lui adresse la Lettre 202 pour l'inciter à la prudence face aux intrigues incessantes des ariens, des macédoniens et des apollinaristes ; elle doit également lui servir de petit aide-mémoire de théologie.

Alors que les Cinq Discours théologiques avaient clarifié l'un des grands problèmes théologiques de l'époque, la doctrine trinitaire, face aux ariens et aux pneumatomaques, les Trois Lettres théologiques traitent surtout de l'autre question théologique, celle de la christologie, dans la discussion contre Apollinaire.

La Lettre 101 § 32 définit, sous une forme décisive et porteuse d'avenir, la plénitude des deux natures dans le Christ : « Ce qui n'est pas assumé reste non guéri ; mais ce qui est uni à Dieu, cela est aussi sauvé.»
La distinction des natures, comme "allo kaï allo" [phonétisation du grec], à la différence de celle des trois personnes dans la Trinité, comme "allos kaï allos" (101 § 20-21), complète la formulation.

Le concile d'Éphèse de 431 invoquera un long extrait de la Lettre 101 et le concile de Chalcédoine (451) la reprendra tout entière dans ses actes.

Les ouvrages et la théologie de saint Grégoire de Naziance ont connu une grande diffusion et exercé une grande influence, ainsi qu'en témoignent les manuscrits grecs de ses discours (plus de 1 200), les traductions en latin et dans les langues orientales, ainsi que les nombreuses scolies.
Après et aux côtés d'éditions partielles et d'editiones minores des écrits de saint Grégoire de Naziance, paraissent depuis 1977, sous le patronat de la Görres-Gesellschaft, les editiones majores des poèmes et des discours, sous la direction de Justin Mossay (Louvain) et de Martin Sicherl (Münster), avec la participation de nombreux collaborateurs internationaux.
 
 

Éditions des Oeuvres Complètes de Saint Grégoire de Naziance:

- Patrologie Grecque de l'abbé Migne PG 35-38.
- Corpus Nazianzenum = CChr.SG 20.27, 1988-1992.
 
 

Vie et Oeuvre de Saint Grégoire de Naziance

- BENOÎT (A.), Saint Grégoire de Nazianze, sa vie, ses oeuvres et son époque, Marseille-Paris, 1876

- FLEURY (E.), Grégoire de Nazianze et son temps, ETH, 1930

- GALLAY (P), La Vie de saint Grégoire de Nazianze, Lyon-Paris, 1943.

- COULIE (B.), Les Richesses dans l'oeuvre de saint Grégoire de Nazianze. Étude littéraire et historique = PIOL 32, 1985.

- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze. Le théologien et son temps (330-390) Paris, 1994.

- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze (Initiation aux Pères de lÉglise), Paris, 1995.
 

Les éditions des Poèmes Saint Grégoire de Naziance

Pas de traduction française à notre connaissance des Poèmes de saint Grégoire de Naziance.
Merci de pallier notre ignorance si nous faisons erreur.
 

Les éditions des Discours Saint Grégoire de Naziance

Traductions françaises

- Discours I-3, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N° 247, 1978.

- Discours 27-31, dans GALLAY (P) = Sources Chrétiennes N° 250, 1978.

- Discours 20-23, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 270, 1980.

- Discours 24-26, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 284, 1981.

- Discours 4-5, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 309, 1983.

- Discours 32-37, dans GALLAY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 318, 1985.

- Discours 38-41, dans GALI.AY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 358, 1990.

- Discours 42-43, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 384, 1992.

- Cinq discours sur Dieu, dans GALLAY, PF 6I, 1995.

Les éditions des Lettres Saint Grégoire de Nazianze

JOURJON (M.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N°208, 1974.
 

le 14ème discours  de Saint Grégoire est consacré aux devoirs de charité envers les malheureux
les Lettres 107 à 114 et 116 à 119 portent sur l'importance du silence.

Texte rédigé avec modifications d'après Hubertus R. Drobner Les Pères de l'Eglise, Paris, Desclée, avril 1999, ISBN 2-7189-0693-6

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