Résumé Cet article
traite de dérives du dialogue islamo-catholique actuel, qui se traduisent
par le silence sur les persécutions dont les chrétiens des
pays musulmans sont les victimes, et la proposition de prières dites
en commun pour les rencontres (alternance des 99 noms de Dieu de la Tradition
Musulmane, et psaumes) sur la base de "la prière commune entre
chrétiens et musulmans est partie intégrante d'une rencontre
spirituelle plus large". Cette volonté de prières communes
"partie intégrante d'une rencontre spirituelle plus large"
n'expliquerait-elle pas, en partie, la nécessité de taire
les persécutions antichrétiennes?
- 1 Constat d'un
silence
Le titre de cet article est lié à une douloureuse interrogation face au silence de certaines institutions, ou structures, religieuses devant les violences dont, de façon répétitive et croissante, les chrétiens, et plus particulièrement ceux des pays musulmans, sont les victimes. Parmi ces structures, le silence du Service des Relations avec l'Islam (SRI) de la Conférence des Evêques de France, voué au dialogue islamo-chrétien, est sans doute le plus inattendu. En effet, dans le cadre d'un dialogue sain et vrai, il serait naturel d'attendre des deux côtés une condamnation solennelle claire de ces violences qui, chaque mois, prennent plus d'ampleur, comme le montrent les sites consacrés à ce dramatique sujet, tels que http://www.compassdirect.org/ , http://www.christianpersecution.info/ et aussi l'article de "Notre-Dame de Kabylie" http://www.notredamedekabylie.net/Autresrubriques/ExpressionAwal/tabid/63/articleType/ArticleView/articleId/554/Martyrs-abandonnes-Le-silence-des-institutions-catholiques-sur-les-persecutions-des-chretiens.aspx Dans son discours au premier Séminaire Catholique-Musulman organisé par le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, le Saint Père déclarait: "La discrimination et la violence dont aujourd'hui encore les communautés religieuses font l'expérience à travers le monde, et les persécutions souvent violentes dont elles sont l'objet, représentent des actes inacceptables et injustifiables, et bien plus graves et déplorables quand ils sont perpétrés au nom de Dieu. Le nom de Dieu ne peut être qu'un nom de paix et de fraternité, de justice et d'amour". Le dimanche 10 janvier 2010, après la récitation de la prière de l'angélus, Benoît XVI s'est de nouveau exprimé sur ce sujet: "La violence envers les chrétiens dans certains pays a suscité une grande indignation, aussi parce qu'elle s'est déroulée au cours des jours les plus sacrés de la tradition chrétienne. Les institutions politiques et religieuses ne doivent pas renoncer, je le rappelle, à leurs responsabilités. Il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu, et on ne peut pas davantage prétendre l'honorer en offensant la dignité et la liberté de ses semblables". Ici "violence au nom de Dieu" cible de façon claire les pays à majorité musulmane. A ce sujet, l’Association protestante "Portes Ouvertes" a publié son Index 2010 des persécutions des chrétiens dans le monde http://www.portesouvertes.fr/informer/index_persecution.phpSur les 10 premiers pays de l’Index, 8 ont des régimes islamiques. Et sur les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés, 35 sont des pays où l’islam est majoritaire. Dans les pays qui ont un régime islamique, le degré de persécution contre les chrétiens a généralement augmenté ces dernières années, ceci d'autant plus que le christianisme se répand. Le Service des Relations avec l'Islam se définit ainsi: "l'un des organismes mis en place, dès 1974, par les évêques de l'Eglise Catholique de France. Il vise à maintenir des contacts réguliers avec des associations et des personnes appartenant à la religion musulmane, il conseille aussi les chrétiens (prêtres, religieux ou laïcs) que leur situation ou leur fonction amène à établir des liens plus suivis avec des croyants musulmans. … Les chrétiens que nous sommes ne peuvent rester insensibles à l'amour divin qui s'est révélé en Jésus: il n'a pas cherché son propre avantage, il n'est pas entré en compétition avec les "grands de ce monde": il s'est voulu serviteur de tous... jusqu'à la mort... et la mort sur une croix. Nous nous sentons appelés à nous laisser former et envoyer par le même Esprit de Dieu pour que de nouveaux liens s'établissent entre Chrétiens et Musulmans de France. L'Eglise catholique qui nous a désignés nous demande ainsi d'être des intermédiaires et des traits d'union entre les deux communautés. Apprendre aux uns comment connaître et aimer les autres". Est-ce que "des liens plus suivis avec des croyants musulmans", et le fait "d'être des intermédiaires et des traits d'union entre les deux communautés" impliquent d'exclure toute réflexion commune sur les persécutions antichrétiennes, réflexion qui alors seraient considérée comme un obstacle à l'objectif "d'apprendre aux uns comment connaître et aimer les autres?". Est-ce que, dans le cadre du dialogue,"les chrétiens que nous sommes" qui"ne peuvent rester insensibles à l'amour divin qui s'est révélé en Jésus" sont tenus faire silence sur les martyrs chrétiens contemporains, afin de ne pas compromettre ce dialogue? Ces persécutés sont-ils exclus de cet amour divin révélé en Jésus? N'est-ce pas le rôle, et surtout le devoir, du croyant chrétien de témoigner, de façon officielle, compassion et aide à ses frères souffrant pour leur foi, ce qui a toujours été le cas depuis les premiers siècles? Cette attitude du SRI est d'autant plus incompréhensible qu'un leader musulman, le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini dénonce le silence des responsables chrétiens, comme le relate le site http://www.christianweek.org/stories.php?id=661&cat=record: "Dr. Mohammed Al Hussaini dit que la persécution des chrétiens s'amplifie parce que la hiérarchie de l'Eglise ne s'en soucie pas. …. Nous ne pouvons compter sur la communauté musulmane, dit-il, en s'insurgeant contre les injustices des musulmans vis à vis des minorités chrétiennes. C'est pourquoi il exhorte les responsables chrétiens à agir auprès des dirigeants musulmans du monde entier". Le site http://www.ccfon.org/view.php?id=825 reproduit de plus larges extraits de ce qu'a dit Mohammed Al Hussaini, avec des commentaires. En effet, il n'est pas illogique de penser que l'absence de réaction des "institutions religieuses" ne peut qu'être interprétée comme un encouragement à la passivité des autorités politiques, et de la police, dans les pays où sévit la persécution. De même il est triste de constater que ce sont des athées militants qui dénoncent les persécutions des chrétiens, et le silence de l'Eglise, en manifestant une réelle compassion pour les victimes. Cet inattendu engagement d'athées est donné sur le site "Riposte laïque": http://www.ripostelaique.com/La-persecution-des-chretiens.html, où Lucette Jeanpierre, dans une recension du livre de Raphaël Delpard (lui-même athée) "La persécution des chrétiens aujourd'hui dans le monde" (Ed. Michel Lafon) dit: "Tous les moyens sont bons pour les faire abjurer leur foi, y compris le viol collectif, sorte de viol idéologique, dans les pays musulmans. …. On ne peut lire un tel ouvrage sans être profondément troublé par le silence qui accompagne ces violences inacceptables, ces meurtres, ces viols, ces actes de barbarie. Silence de l’Eglise catholique, silence des hommes politiques de droite comme de gauche. … On reste confondu, après avoir lu ce livre, par l’arrogance des musulmans, dans les pays européens, et en France, quand ils réclament des droits démocratiques pour leur religion, et qu’ils éradiquent, avec des moyens barbares, toute autre religion, et toute autre pensée, quand ils en ont les moyens". Dans ce livre Raphaël Delpard lance un cri douloureux: "Les chrétiens sont en danger. Cela n'a rien d'un effet d'annonce. En 2009, c'est une insupportable réalité". Pour lui ces drames, occultés "par le silence des nations", se déroulent très majoritairement dans des pays musulmans: "On ne peut pas faire comme si le problème n'existait pas et détourner les yeux". Dans la ligne de ce que dit ci-dessus le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini, est-ce que, dans le cadre du dialogue islamo-chrétien, les responsables chrétiens du SRI agissent auprès des musulmans en vue d'une déclaration condamnant clairement ces violences? Malheureusement la réponse à cette question semble négative si l'on se réfère à deux déclarations du Père Christophe Roucou responsable du SRI. La première est la lettre n° 98 du SRI (http://www.le-sri.com/srin_98.htm) "Le respect des droits de l’homme et des libertés : une exigence au cœur des relations entre croyants", qui traite du sort malheureux des habitants de Gaza. On y trouve cette affirmation surprenante: "Mais les droits de l’homme forment un tout et doivent pouvoir être partout respectés. Comment demander le respect des libertés de conscience et de religion, y compris le droit de choisir sa religion, quand les droits élémentaires de la personne humaine ou d’un peuple sont bafoués?", ce qui est le refus clair de dénoncer les persécutions antichrétiennes, tant qu'un problème, qui ne concerne pas les persécutés, n'est pas réglé. Problème qui, d'ailleurs, est régulièrement et très largement évoqué sur les sites et dans les publications catholiques consacrés au dialogue islamo-chrétien, mais sans réciprocité en ce qui concerne les persécutions antichrétiennes. Ceci alors que ce problème résulte d'actions de guerre (les habitants en étant les malheureuses victimes) menées par le Hamas, classé terroriste par de nombreux états, et dont le programme, exprimé dans sa charte, est la destruction de l'État d'Israël. Autant que l'on sache les chrétiens vivant en terre d'islam ne mènent pas d'actions militaires avec des objectifs de cette nature. La mise sur le même plan de ces deux situations est réellement incompréhensible. La seconde déclaration a été faite dans le cadre de la table ronde du Colloque "Vivre avec l'islam" consacré en partie aux persécutions contre les chrétiens, organisé par l'Aide à l'Eglise en Détresse (12-13/02/2010): "J'ai le sentiment à ce colloque d'être un peu au tribunal de l'Islam. On peut débattre intellectuellement sur l'Islam mais sans manquer de respect et d'estime pour les musulmans qui assistent à ce colloque". http://oralaboraetlege.blogspot.com/2010/02/i-pere-vandevelde-quel-dialogue-avec.html Ainsi, pour le père Christophe Roucou, la mise en cause de certains aspects de la doctrine de l'islam, l'évocation des persécutions antichrétiennes et du sort des apostats de l'islam, sont assimilées à un "manque de respect et d'estime pour les musulmans". Donc, dans un dialogue, la vérité serait un manque de respect vis-à-vis de l'un des interlocuteurs? Or ce colloque était un exposé de faits prouvés, sans mise en cause des musulmans en tant que personnes auxquelles sont dues le respect, et l'amour que tout chrétien doit porter à son prochain. Ces deux déclarations semblent donner quelques clés du silence du SRI. Très récemment, en utilisant un vocabulaire relativement flou (où les mots "persécutions" et "violences", pourtant utilisés par Benoît XVI, sont absents), la lettre n° 102 http://www.le-sri.com/Lettre102.pdf (mars 2010) fait une allusion aux chrétiens des pays musulmans dans ces termes: "les situations difficiles ne manquent pas et nous sommes loin du compte à propos de la liberté de conscience et de la liberté de culte dans beaucoup de pays à majorité musulmane". Des massacres sont présentés comme des "affrontements", plutôt liés à des questions sociales, économiques, tribales, culturelle. Il s'agit surtout de "résister à la pression de l’immédiat à laquelle la société nous contraint : les medias voudraient que nous réagissions immédiatement à chaque " événement "". Cette lettre veut justifier l'attitude du SRI ainsi:" Qu’il est difficile de raison garder et de prendre du recul pour comprendre les événements et les personnes dans le monde d’aujourd’hui!". La lettre n° 102 conclue en définissant implicitement les règles du dialogue: "Le rôle des croyants, chrétiens comme musulmans, est de conjuguer la raison et la foi qui sont des dons de Dieu, de les utiliser ensemble pour connaître leur propre tradition, découvrir celle de l’autre et finalement respecter l’autre dans sa différence et ainsi servir Dieu qui nous a tous créés à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26)". Cette phrase pose la question de savoir s'il y a vraiment respect de l'autre, si on le juge a priori incapable de faire face à la vérité, en le plaçant ainsi de fait dans une situation d'infériorité au plan de la raison. A côté de ce silence, des musulmans ouverts comme le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini, ainsi que d'autres responsables en Egypte et au Pakistan (à propos de la loi anti-blasphème: selon l'AED près de 1000 pakistanais condamnés pour leur foi http://www.aed-france.org/blaspheme/petition/, voir aussi les horribles violences subies via le lien donné par le premier commentaire http://www.nystagmus.over-blog.fr/categorie-11356712.html) s'honorent en dénonçant courageusement les persécutions antichrétiennes. Il est raisonnable de penser que les interlocuteurs du SRI sont prêts à agir dans le même sens, si la demande leur est faite, d'autant plus qu'ils ne courent pas les mêmes risques. On peut même penser qu'en "conjuguant la raison et la foi qui sont des dons de Dieu" ils seraient prêts à déclarer la liberté de changer de religion pour un musulman, puisqu'ils se réjouissent ouvertement des conversions dans l'autre sens. Un tel espoir d'ouverture est basé sur un fait montrant que des musulmans sont moins soucieux que leurs interlocuteurs du dialogue, en ce qui concerne l'interprétation du "respect et de l'estime" qui leur est dû. En effet le site "A Common Word" des 138 leaders musulmans de l'appel aux responsables chrétiens qui a abouti au Séminaire Catholique-Musulman de Rome (4-5/11/2008) a reproduit intégralement la version anglaise de "Appel pressant des chrétiens venus des pays musulmans ou y vivant" (dit Appel des 144,car signé par 144 catholiques et protestants) publié le 03/11/2008 par Notre-Dame de Kabylie : http://www.acommonword.com/en/a-common-word-in-the-news/14-general-news/71--muslim-converts-to-christianity-ask-religious-experts-at-vatican-meeting-for-religious-freedom.html A ce sujet il est intéressant de noter que l'original en français http://www.notredamedekabylie.net/Dialogueislamochr%C3%A9tien/Chroniquedes%C3%A9v%C3%A8nementsdudialogue/tabid/83/articleType/ArticleView/articleId/369/APPEL-des-CHRETIENS-du-monde-MUSULMAN.aspx , qui mentionnait les points "urgents, et préalables, à un dialogue de vérité", et concluait "L’actualité, hélas, ne cesse de le démontrer: les chrétiens en monde musulman sont en sursis et en péril", a été transmis à "La Croix" et à tous les grands médias catholiques français, ainsi qu'aux sites de la presse française: AFP, "Figaro", "Le Monde". Excepté Radio Notre-Dame, aucun de ces médias ne l'a publié, jugeant peut-être que ce texte risquait d'être interprété comme un manque de "respect et d'estime" vis-à-vis des musulmans (?). Ceci n'a pas été le cas du site catholique "AsiaNews.it", lié à l'Institut Pontifical des Missions Etrangères, qui l'a largement diffusé en italien et en anglais http://www.asianews.it/index.php?l=it&art=13673&theme=8&size=A, http://www.asianews.it/index.php?l=en&art=13673&theme=8&size= Ces deux textes ont amplifié la diffusion de l'Appel des 144, qui a pu être ainsi relayé par un très grand nombre d'autres sites et médias étrangers, dont en particulier le site "A Common Word" des 138 leaders musulmans. Ce comportement des médias français cités amène une question: ne traduirait-il pas un certain mépris (dissimulé) pour les musulmans considérés par ces médias comme incapables d'ouverture aux autres? - 2 Ce qui va bien au-delà d'un dialogue sain et vrai En plaçant en 2006 le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux sous la tutelle du Conseil Pontifical de la Culture, Benoît XVI a montré que sa référence est un "dialogue des cultures" orienté vers les répercussions culturelles, et éthiques, résultantes pour différentes religions. Pour le Pape, dans le dialogue avec l'islam, loin devant les questions théologiques, les aspects pratiques sont ainsi les plus importants, tels que: commandements de la loi naturelle, nécessité de ne pas se servir du nom de Dieu pour se livrer à la violence, reconnaissance de la parité entre homme et femme, égalités des droits pour les non musulmans vivant en terre d'islam, liberté religieuse, droit de changer de religion. Le dialogue interreligieux n'est pas désavoué, il est simplement replacé dans le cadre de ses aspects prioritaires, sur la base d'une approche réaliste et objective des questions que ce dialogue implique. Or le dialogue islamo-catholique actuel ne suit pas cette voie, comme l'ont montré deux articles publiés sur "Notre-Dame de Kabylie" - "Marie-Thérèse Urvoy. Le dialogue islamo-chrétien: du principe à la réalité". http://notredamedekabylie.net/Autresrubriques/ExpressionAwal/tabid/63/articleType/ArticleView/articleId/582/MarieTherese-UrvoyLe-dialogue-islamochretien-du-principe-a-la-realite.aspx - "Dialogue islamo-chrétien. Approche réaliste et objective. Approche idéaliste et subjective". http://www.notredamedekabylie.net/Autresrubriques/ExpressionAwal/tabid/63/articleType/ArticleView/articleId/541/Dialogue-islamochretien-Approche-realiste-et-objective-Approche-idealiste-et-subjective.aspx Ce dialogue apparaît ainsi comme une recherche d'une proximité théologique, et devient alors la source de dérives, liées à des affirmations surprenantes basées sur de vagues "ressemblances", des "points communs" entre les deux religions, à partir desquels pourrait se construire une "théologie islamo-chrétienne", issue de la "théologie chrétienne des religions" enseignée dans les Instituts de Science et Théologie des Religions, avec l'appui du Service des Relations avec l'islam (SRI). Cette approche théologique du dialogue, qui se traduit par un refus de l'évangélisation, est développée dans ces deux articles. On peut en extraire plus particulièrement des déclarations qui frôlent le syncrétisme dont celles: - du Père Gilles Couvreur, responsable du Secrétariat pour les Relations avec l'Islam jusqu'en 1997 qui, dans "Mission et dialogue interreligieux" (document de l'enseignement de missiologie, à la Faculté de théologie de l'Université Catholique de Lyon), écrit en collaboration avec Jean-Marie Aubert, dit (pages 25-26): "Il faudra reconnaître la parité des Révélations, la parole divine étant essentiellement une, elle revêt des formes différentes dans le Christianisme avec Jésus-Christ, Verbe divin, et dans l'Islam avec le Coran, Parole divine. … L'Islam est une Révélation originale, qui continue la Révélation primordiale de Dieu à l'humanité, sous une forme parfaitement adaptée aux conditions cycliques présentes…". - du Père Jacques Dupuis, jésuite belge, professeur à l'Université Grégorienne du Vatican, qui célèbre "l'autorévélation divine du prophète Mohammed", dans son livre, paru en 1997 aux Éditions du Cerf, sous le titre significatif: "Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux", condamné par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 19 janvier 2000. C'est sur la base d'une telle approche théologique que le SRI et le bulletin "Se comprendre" (dirigé par le père Jean-Marie Gaudeul, ancien responsable du SRI) proposent un "Manuel de Prières" pour les rencontres islamo-chrétiennes, cf. http://www.comprendre.org/Ensemble.htm et http://www.le-sri.com/Instrument.htm qui renvoie au premier lien. Il est ainsi présenté "Ce "Manuel de Prières" contient un choix de Psaumes et de prières, extraits de la Bible, alternant avec des litanies de louanges, construites à partir des 99 noms de Dieu de la Tradition Musulmane. Son but est de fournir des formules de prières tirées du patrimoine religieux respectif du chrétien et du musulman, leur permettant cependant de les réciter ensemble, dans le respect mutuel de la foi de chacun. Son intention est de réaliser l'esprit oecuménique voulu par le 2ème Concile du Vatican, demandant le respect des valeurs positives des autres religions, pour se rencontrer en un dialogue fraternel et priant entre tous les croyants". On remarque que les extraits de la Bible sont strictement limités à ceux de l'Ancien Testament. De son côté le site "Se comprendre" consacre un article "Prier avec les musulmans?" http://www.comprendre.org/99_09.htm, thème de réflexion de la Commission pour les Rapports Religieux avec les Musulmans (CRRM). On y trouve les affirmations suivantes: - "La question d'une prière commune possible avec les musulmans s'insère dans l'ensemble de l'effort vers un dialogue islamo-chrétien. … Plus précisément, la prière commune entre chrétiens et musulmans est partie intégrante d'une rencontre spirituelle plus large". - "On pourrait citer toute une liste des "Plus Beaux Noms de Dieu" qui sont l'héritage commun des musulmans et des chrétiens et qui semblent prouver à l'évidence la possibilité, voire la nécessité d'une démarche commune de prière". - "En premier lieu, il faut mettre la récitation du Coran et sa méditation dans le silence du cœur pour rendre la Parole de Dieu présente dans la vie. A partir d'elle, la piété musulmane a développé une des formes de prière les plus belles et des plus accessibles au non musulman: la méditation des plus Beaux Noms de Dieu, accomplie en privé à l'aide du chapelet de 99 grains ou en commun notamment dans les cercles confrériques" Or dans les litanies des 99 noms de Dieu, celui qui est essentiel pour les chrétiens "Amour" est absent, car cet attribut est ignoré par l'islam. Par contre y figurent: Djabbar, que les arabes traduisent par "Celui qui contraint par la violence", Mutakabir (altier, orgueilleux), Qahhar (Celui qui soumet, qui asservit), Fattah (soit Celui qui juge, soit Celui qui donne la victoire), contradictoires avec l'idée de Dieu chez les chrétiens. Quant aux qualificatifsAl Halim, Al Wadoud, Al Raoufqui, dans l'ordre, signifient "Le doué de mansuétude", "Le très aimant", "Le compatissant", ils sont destinés aux fidèles de la Oumma (communauté des musulmans indépendamment de leur appartenance à une nation),et ne peuvent aucunement concerner l'attitude d'Allah envers les non-musulmans. Ainsi dans le Coran Il demande aux croyants "l'affection à l'égard des proches" (Sourate 42 "La consultation", verset 23), mais "l'inimitié et la haine" envers les incroyants (Sourate 60 "L'éprouvée", verset 4), ce qu'Il résume en disant que "ceux qui sont avec lui [le Prophète] sont durs (le Coran traduit par Blachère dit même "violents") à l'égard des infidèles, miséricordieux entre eux" (Sourate 48 "La conquête", verset 29). Quand un chrétien dit "Dieu est Amour", le chrétien parle de l'Amour de Dieu pour tous les êtres humains, sans limitation aux chrétiens, cet Amour lui imposant d'aimer ennemis et persécuteurs. Une phrase telle que "il faut mettre la récitation du Coran et sa méditation dans le silence du cœur pour rendre la Parole de Dieu présente dans la vie" pose un problème que l'auteur veut esquiver pour défendre la prière commune. En effet le Coran, parole de Dieu dans sa matérialité, voit dans les chrétiens des "pervers" (fasiqoun), "injustes" (zalimoun), "imposteurs" (moukazziboun), "égarés" (daloun) "associateurs" (mouchrikoun) leur péché étant irrémissible (shirk), "corrupteurs" (moufsidoum), "hypocrites" (mounafiqoun), "insensés" (soufahaa) parmi les 24 qualificatifs peu sympathiques répertoriés pages 68-69 de "Vivre avec l'islam" (Editions Saint-Paul 1997). De même le verset 6 de la sourate 98 n'est pas tendre avec les associateurs (les chrétiens): "Les infidèles parmi les gens du Livre, ainsi que les associateurs iront au feu de l'Enfer, pour y demeurer éternellement. De toute la création, ce sont eux les pires". Le long document "Chrétiens et Musulmans: Prier ensemble ?" http://www.cec-kek.org/Francais/PrayingtogetherF.pdf va plus loin en proposant une véritable liturgie pour une rencontre islamo-chrétienne, en particulier avec en ouverture la lecture de la première sourate Al-Fâtiha qui, au verset 7, traite les chrétiens "d'égarés", et les juifs "objet du courroux divin". C'est ce que dit exactement la note 1 du livre "Le Coran" (Maisonneuve & Larose, 2005) traduit par Régis Blachère (islamologue connu pour avoir produit la meilleure traduction du Coran): "Une Tradition que l'on fait remonter jusqu'au Prophète dit que les "les égarés" désigne les chrétiens, et que ceux qui sont l'objet du courroux sont les juifs". Ici "Tradition" (avec T majuscule comme indiqué par Blachère) concerne ce qui est appelé "Tradition prophétique: hadiths", textes canoniques reconnu comme textes fondateurs avec le Coran. Cette volonté de prières communes "partie intégrante d'une rencontre spirituelle plus large" n'expliquerait-elle pas la nécessité de taire les persécutions antichrétiennes? Comme chaque année en juillet, le SRI a organisé en 2010 une session de formation d’une semaine à l’islam. Cf. http://www.la-croix.com/La-formation-a-l-islam-interesse-de-plus-en-plus-de-familles/article/2432360/4078, où une catholique, ayant épousé un musulman, dit chercher pour ses enfants musulmans une éducation basée sur des valeurs communes: "Tout ce que j’ai appris ici correspond tout à fait à ce que m’a toujours dit mon mari, …. je vais aussi pouvoir reprendre certaines choses avec mes filles, élevées dans la religion musulmane mais qui ont du mal avec la présentation qu’en fait leur père sous forme de permis/interdit". Cette formation du SRI va donc aider cette dame à faire de ses filles de bonnes musulmanes. Bien que "la rencontre de chrétiens vivant dans des pays à majorité musulmane (Algérie, Turquie, Tchad..)" figure au programme de cette année, il est probable que l'information a été faite dans l'esprit de la lettre n° 102 http://www.le-sri.com/Lettre102.pdf où la situation de ces chrétiens est présentée comme mentionnée dans le premier paragraphe. Il n'est probablement pas question aussi de la taqqiya (dissimulation légale dans les pays où l'islam est minoritaire), et de formation à un dialogue visant à sensibiliser les interlocuteurs musulmans au sort cruel des chrétiens vivant en terre d'islam, ou à celui des apostats. Au cours de cette session, les participants ont été reçus à la Mosquée Al Da'wa, à Paris, par le recteur Larbi Kechat "pour un repas et un échange fraternel". Il est probable que les participants à cette session ignorent que le mot da'wa (appel) désigne la technique de prosélytisme utilisée par les différents courants de l'islam, qui consiste à envoyer des missionnaires dans les populations à convaincre (alors que les partisans du dialogue au sens du SRI rejettent l'évangélisation des musulmans). Dans un article du "Dictionnaire du Coran" (Robert Laffont, Collection Bouquins, sept. 2007, publié sous la direction de Mohammad Ali Amir Moezzi, directeur adjoint du Centre d’Etudes des Religions du Livre et directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Etudes), Marie-Thérèse Urvoy fait une analyse historique de ce concept, et de ses implications. Il est dit en particulier: "Toute action, toute organisation qui a pour but de multiplier les adhérents à ce principe s’appelle aussi da’wa, comme l’ensemble du pouvoir donné à ces adhérents, et la propagande qui l’accompagne à des fins d’endoctrinement et de mission. A Paris, de nos jours, la mosquée al-Da’wa, dans le dix-neuvième arrondissement, s’est illustrée par son activisme et son militantisme. Elle pourvoit la ville en conférences, séminaires, réunions et manifestations dites " culturelles " très prisées par le public, en particulier par les professionnels des relations interreligieuses". L'accès à cet article est donné via le lien: Il est aussi probable que ces participants
ignorent le passé plutôt trouble du recteurLarbi Kechat, objet
d'un chapitre du livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois (Albin
Michel), intitulé "Les islamistes sont déjà là"
et qu’ils présentent comme "une enquête sur une guerre
secrète". Ce chapitre est en partie reproduit sur le site "Aujourd'hui
le Maroc" via le lien http://www.aujourdhui.ma/contributions-details28809.html
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Commentaires Par Muhend-Christophe Bibb
le dimanche 25 juillet 2010 15:49
Commentaire du Père J. M. Gaudeul: Merci de votre information. L'article que vous signalez est inexact sur de nombreux points. Pour ce qui concerne Se Comprendre,
manifestement, l'auteur n'a jamais lu l'index de nos numéros parus.
Il aurait remarqué, en particulier, les numéros N° 88/02
; 94/08-10 ; 96/01 ; 98/08 ; 98/10 ; 06/09 ; 08/01 ; 08/04 ; 10/05, etc.
Mais les interventions de l'Eglise dans ses instances les plus autorisées (SRI, Vatican...) veulent proclamer la vérité, mais défendre non pas les chrétiens contre les musulmans, ni les musulmans contre les chrétiens mais la personne humaine partout où elle souffre persécution quelle que soit sa foi. C'est ce que le Concile du Vatican nous a invité à faire. Cordialement,
Tout d'abord je remercie bien vivement le Père GAUDEUL pour son commentaire, et réponds aux différents points de son texte. - La rubrique "Documents" http://www.comprendre.org/Textes.htm du site "Se Comprendre" propose 18 articles accessibles via un lien hypertexte, certains édités en 1972 et 1979. Aucun des numéros cités par le Père GAUDEUL ne l'est sous cette forme - Toutes les parties de l'article sur le SRI, le concernant directement et concernant "Se Comprendre", ainsi que ce que disent le site "Riposte laïque" et le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini, et les sites consacrés aux chrétiens persécutés, sont immédiatement vérifiables via des liens hypertextes. Cependant, comme tout homme imparfait je ne suis pas à l'abri d'erreurs. Il est probable que le Père GAUDEUL les communiquera prochainement de façon précise, ce qui fera l'objet d'un autre commentaire. En ce qui concerne les persécutés et le "SRI qui n'est pas silencieux du tout", l'article donne deux liens hypertextes donnant accès à des textes sur ce sujet, montrant que cet organisme est plutôt réservé sur la question. Les recherches n'ont pas fait apparaître une volonté d'aboutir à une déclaration islamo-chrétienne condamnant les persécutions comme l'a fait par exemple le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini. - Pour ce qui est du dernier paragraphe je ne vois pas de cas de persécutions de musulmans par des chrétiens sur des bases religieuses, soit sous forme organisée comme les articles de constitutions de certains pays musulmans sur l'apostasie (par exemple cf. l'article 306 de la Constitution de Mauritanie), comme la loi sur le blasphème au Pakistan, et comme le statut de dhimmi, ou sous forme tolérée (passivité de la police). Les bases religieuses sont en particulier les versets (non abrogés) 5 et 29 de la sourate 9, qui peuvent légitimer les persécutions des infidèles. Respectueusement vôtre. Christian Mira
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