Des écrivains modernes affirment l’historicité du personnage Waraqa de la communauté des nazaréens. Ce dernier aurait été le guide, de conseiller spirituel des visions de Muhammad. Waraqa serait de noble lignée, retiré dans une grotte, près de la Mekke, ayant après la mort des parents de Muhammad, devenu plus ou moins le tuteur de ce dernier ?
A la Mekke même, il est parfois question d’esclaves chrétiens, de marchands chrétiens et même de moines de passage qui viennent prêcher dans les foires. Dans l’entourage de Muhammad, les textes musulmans signalent des chrétiens. L’un d’eux qui savait lire l’hébreu ( et probablement l’araméen ) et qui connaissait les Ecritures, est dit avoir été le cousin germain de la femme de Muhammad, Khadîja et plusieurs parents de cet homme appelé Waraqua ben Nawfal étaient aussi chrétiens. Les textes connaissent également un cousin germain de Muhammad qui, converti d’abord à l’Islam, devint ensuite chrétien lors de l’émigration d’un bon nombre de musulmans en Ethiopie. Bien des récits bibliques ou rabbiniques que rapporte le Coran étaient connus à la Mekke et les opposants disaient à Muhammad, à leur propos : " Ce sont des histoires des anciens. " Ils en parlaient comme de choses courantes.
Généalogie familiale : Waraqa – Muhammad …
Qussay
Abd Manâf Abd al-Izza
Hâchim Assad
Abd al-Muttalib Nawfal Khuwaylid
Abdallah Waraqa Khadîja
Muhammad (épouse du Prophète)
(le Prophète)
Il y a pas de tradition chrétienne sur
laquelle il serait possible d’entrevoir, même une ombre, de ce personnage.
Sachons que la tradition islamique n’est pas une source historique fiable,
elle est une histoire sainte reconstruite. Il faut donc considérer
avec beaucoup de précaution les récits qui se veulent être
historiques. Tout au moins, en l’occurrence, ils témoignent de la
présence de chrétiens en Arabie ayant très bien pu
inspirer Muhammad dans ses proclamations. Les références
à des écrits, à des personnages chrétiens,
ont une visée théologique de faire cautionner par des chrétiens,
comme Waraqa, (Bahîrâ) l’authenticité de la
prophétie de Muhammad. Nous n’avons pas de source externe à la Tradition islamique mentionnant l’existence d’un tel personnage. Voici comment s’exprime C.F. Robinson, l’auteur de l’article " Waraqa ben Nawfal " de l’Encyclopédie de l’Islam (Tome IX, p. 156 – 157) qui a fait le tour de toutes les sources islamiques concernant Waraqa :
Au début de son article, Robinson s’exprime ainsi :
" Les détail biographiques concernant Waraqa sont peu nombreux et ils ont un caractère légendaire, puisque d’une façon ou d’une autre, ils sont liés à sa fonction kérygmatique dans le récit de la première révélation de Muhammad ". (…)
Et à la fin :
" Inutile de dire, après cela, que l’on est vraiment perplexe quand on veut exprimer l’importance de Waraqa dans la naissance de l’Islam. Il est particulièrement difficile de dire quelle sorte d’influence (s’il y en eut) il exerça sur la pensée de Muhammad ; le fait qu’il l’en ait eu une a été discuté tant par les chercheurs européens que par ceux du Moyen Orient (ainsi Abû Mûsâ al-Harîrî, Kass wa nabî, 1985.
Certains auteurs (entre autres Joseph Azzi – Le prêtre et le Prophète) disent qu’il devait être certainement un prêtre important de sa communauté chrétienne nazaréenne -- Jacques Jomier – Pour connaître l’Islamè - page 130: […] Il est possible que la communauté chrétienne dont Waraqa ben Nawfal était un des notables ait représenté aux yeux des musulmans le type du véritable christianisme.
Il est évident qu’actuellement les musulmans sont convaincu d’être les seuls vrais disciples de Jésus fidèles à sa doctrine. Ils pensent que le Coran seul apporte tout ce qu’il est indispensable de savoir sur Jésus. Comme les unitariens, pour qui Jésus n’est qu’un homme
Rattacher Waraqa à la doctrine des Nazaréens avec force descriptions laisse sceptique ! Car en effet il ne reste que peu de choses des écrits Nazaréens, à travers des citations patristiques. Tous les rapprochements entre les deux religions relèvent d’une mauvaise apologétique.
Sur cette question fort compliquée du judéo-christianisme,
se reporter aux Ecrits apocryphes chrétiens paru dans la collection
de la Pléiade en 1997. Il est constatable que les fragments
conservés de l’évangile des nazaréens reconstitué
à partir des citations patristiques sont contenus dans 8 petites
pages, ceux de l’évangile des Ebionites dans 4 petites autres pages
faites de citation d’Epiphane et ceux de l’évangile des Hébreux
en 4 pages également. Bien peu de chose.