Islam
Père Zakaria Boutros

Porter sa Croix

Loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ
(Galates 6:14)
 

Introduction

J'ai écrit ces lignes pendant que j'étais en prison, entre 1981 et 1982, avec un certain nombre de membres du clergé copte ; sous les commandements du Président Anwar El-Sadate.
Durant mon incarcération, j'ai éprouvé le vrai sens de connaître et d'embrasser la croix. J'espère que cette expérience atteindra beaucoup de gens et sera une source de bénédiction pour tous.

L'Auteur.

La Douleur de la Pression :
A moins que nous ne passions par la contrainte et n'éprouvions de la douleur ; la croix ne  signifiera pour nous, tout simplement, pas plus qu'un vieux mythe. Comme une personne qui, en se noyant, s'agrippe à la bouée de sauvetage par peur de perdre sa chère vie. Ainsi, sont les croyants, ils s'accrochent en embrassant leur croix par moments de douleur.

Une Vue limitée :
La croix peut symboliser pour nous le mystère du sacrifice et du salut. Cette vue, un peu limitée, a fait de nous une génération de croyants devenus très à l'aise prenant plaisir à porter la croix comme un ornement autour de nos cous plutôt que comme une guillotine au-dessus de nos têtes. Nous sommes devenus égoïstes plutôt qu’altruistes. Nous, nous enfuyons de la douleur ou de la souffrance comme d'un serpent venimeux. Nous semblons avoir perdu le vrai sens d'être disciples du Seigneur comme Il nous l'a  dit : "Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple." (Luc 14:27)

Disciples pour la Croix :
L'histoire nous dit comment Pierre a fui Rome pour échapper à la mort. L'histoire raconte que pendant qu'il marchait, il a vu le Seigneur marcher de l'autre coté et s'est jeté à ses pieds en lui demandant : "Seigneur, où vas-tu ?'. Il a entendu une réponse lui  disant : "Je vais à Rome pour être crucifié de nouveau à ta place". Pierre est retourné et a insisté pour être crucifié lui-même. Pierre a prouvé qu'il était un vrai disciple de son maître.

Crucifier l'apitoiement sur soi-même :
La croix que nous sommes appelés à porter comme disciples et élèves de Jésus Christ, par nos âmes et non pas par nos corps, est une croix d'honnêteté et de sincérité complète. La première étape dans la vie d'un vrai disciple, c'est de laisser tomber tout sentiment d'apitoiement sur soi-même. Comme, Paul l'explique ici, lorsqu'il dit : "J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi" (Galates 2:20)

Crucifier les désirs personnels :
Comme croyants, nous sommes appelés à combattre une lutte contre nos propres souhaits et désirs. Le "moi" est cloué sur la croix d'honnêteté, et ses désirs et souhaits sont limités, et ses espoirs sont étouffés.

Crucifier la volonté personnelle :
Notre volonté personnelle est écrasée en faveur de la volonté de Dieu qui est, cependant, différente de la nôtre. Les deux poteaux de bois de la croix sont parfois comparés à la volonté de Dieu et à la nôtre. Le poteau vertical c'est la volonté de Dieu qui a sa base ferme sur terre alors qu'elle est dans le ciel. Le poteau horizontal c'est notre volonté qui n'a seulement que la volonté de Dieu pour la garder en place. "Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne" (Luc 22:42) devrait être, toujours, notre devise.
Dieu a dit au sujet de David que son cœur était selon le cœur du Seigneur, simplement, parce que David a rejeté ses souhaits personnels pour accomplir la volonté du Seigneur avec joie. Comme le psaume dit : "Je veux faire ta volonté, mon Dieu ! Et ta loi est au fond de mon cœur" (Psaume 40:8)
Et Paul ; il a été appelé, notamment, pour que la volonté de Dieu soit faite dans sa propre vie, comme il a été dit par Ananias : "Le Dieu de nos pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de sa bouche" (Actes 22:1)
Paul a, alors, trouvé son chemin à la croix de l'honnêteté et là il a cloué sa propre volonté ; il a enterré ses propres espoirs dans le tombeau de Rachel et est parti pour faire et Vivre selon la volonté de Dieu.
"Et il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux" (2 Corinthiens 5:15)
Comme nous disons, constamment, dans la Prière du Seigneur : "Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel" (Matthieu.6:10), nous sommes rappelés par la croix avec notre volonté, d'humain, clouée et la volonté de Dieu est faite.
Notre voie est, alors, la voie de la croix et non pas la voie facile, où notre volonté d'humain passe en priorité.

Porter la Croix :
Le point crucial de la question est tel que, si nous voulons vivre selon notre propre pensée, notre propre volonté et nos propres désirs, nous sommes malheureux quand les choses n'arrivent pas tout à fait comme nous les souhaitons. Nous sommes en colère si quelque chose se produit au-delà de notre vision limitée. Alors, si c'est le cas avec nous ainsi, nous n'avons pas porté notre croix encore. Nous ne sommes pas encore devenus les disciples qui se sacrifient, comme le Seigneur a voulu que nous soyons, tel qu'Il a dit : "Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive" (Luc 9:2). De cette manière, le sacrifice de soi est une forme 'd'honnêteté' envers nous-mêmes.

Souffrir sous la Croix :
Quand nous embrassons la croix comme de vrais disciples fidèles à notre Seigneur, Un des grands mystères d'embrasser la croix se révèle à nous dans les moments les plus dures. Derrière les barreaux de la prison on sent la douleur de la privation. Nous sommes privés de notre famille, de nos amis et de nos bien-aimés. On est privé du souffle frais de la vie, de l'air frais et de la lumière naturelle. Le spectre de la mort apparaît indistinctement autour de notre corps fragile, tremblant et constamment sous une atroce douleur. Quelquefois on a  l'impression qu'il n'y a aucune fin, la mort est longuement attendue, mais même la mort ne vient pas ; il y a, seulement, la douleur qui persiste ; une vie insupportable.

Le mystère de la Croix :
Quand nous embrassons la croix, nous sommes embrassés en retour par le crucifié. Par sa douleur et ses blessures nous sommes transportés à la profondeur de ses compassions. Bien que nous soyons dans tant de douleur et de souffrance, nous ressentons ce qu'il reçoit alors, de notre part. Sa tête est pliée par la lourdeur du poids qu'il porte pour nous, mais son coeur compatissant étreint nos âmes fragiles en nous protégeant et nous soulageant. Si bien qu'il nous semble qu'extérieurement c'est nous qui portons la croix, mais en réalité c'est la croix et le crucifié qui nous portent et nous étreignent durant nos moments de troubles.

Contemplation de la Croix :
Ô ! Mon âme, embrasse la croix dans ta douleur, là tu trouveras ta paix. Souviens-toi, mon âme, ce qui est dit : 'une âme sans croix est comme une jeune mariée sans fiancé'
Ô ! Mon âme, lève les yeux vers la croix et le crucifié ; là, tes épreuves se faneront pour devenir insignifiants. Tu seras remplie de joie de voir le bien-aimé.
Ô ! Mon âme, quand l'ombre de la croix tombe sur toi et te    couvre : Sois sûre que le crucifié est là et te porte.

La Gloire de la Croix :
Mon âme, fasse Dieu que tu puisses avoir la foi et la perspicacité pour voir le côté invisible des balances qui équilibrent le poids de la croix avec le poids égal de la gloire éternelle, tout comme Paul l'a vu et l'a exprimé : "Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles" (2 Cor.4: 17-18) et aussi : "J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous" (Romains 8: 18)

Une équation difficile :
Prendre le dessus, fortement, et ne jamais s'éloigner de la croix ; parce qu'elle tient la solution de l'équation compliquée avec tous ses éléments paradoxaux, de souffrance et de joie, de difficulté et de bonheur.
Fasse Dieu que l'ombre de la croix ne s'écarte jamais de notre conscience dans notre douleur et notre lutte. De cette façon, nous resterons patients malgré la difficulté.

Bienvenue à la Croix :
Ô ! Croix de douleur et de souffrance, je t'accueille. J'embrasses, en même temps, ta face terrestre de douleur visible et de confort invisible. J'embrasses ta face céleste, de gloire extérieure et intérieure, qui ne peut pas être décrite.
 

© jesusmarie.com pour la traduction

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