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John A. McHugh, o.p. - Charles J. Callan, o.p.
THEOLOGIE MORALE un cours complet selon saint Thomas d'Aquin et les meilleurs auteurs modernes

Imprimatur Francis cardinal Spellman, Archbishop of New York, New York, May 24, 1958
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DEUXIÈME PARTIE
THÉOLOGIE MORALE SPÉCIALE

 743- Dans la première partie de ce travail, nous avons parlé d’une manière générale des moyens qui conduisent à la fin dernière de l’homme, des caractères qui sont communs à tous les actes bons : qu’ils soient humains, qu’ils aient une dimension morale, qu’ils soient accomplis en tenant compte de la loi et de la conscience.  Dans la partie présente, nous allons discuter d’une façon particulière des moyens pour parvenir à cette même fin.  Et nous considérerons à tour de rôle les sortes de devoirs que tous doivent accomplir, ainsi que celles qui sont propres aux  états de vie spéciaux.
 

QUESTION 1
LES DEVOIRS DE TOUTES LES CLASSES D’HOMME
 

 744- Les habitus bons, tous spécifiquement distincts, peuvent tous se réduire aux sept vertus les plus générales (Cf 150, 151).  En conséquence, en étudiant ces sept vertus, nous étudierons en même temps tous les devoirs qui sont communs à tous les hommes.

 745- Les propriétés des sept vertus infuses sont, en gros, au nombre de quatre.  En premier lieu, ces vertus peuvent croître. « Je prie pour que votre charité abonde toujours davantage. » (Phil. 1, 9).  L’accroissement a lieu par l’action elle-même des sacrements (ex opere operato), ou par des actes méritoires (ex opere operantis), c’est-à-dire à chaque fois que la grâce sanctifiante, leur racine, est accrue.   Une deuxième propriété des vertus infuses est qu’on peut les perdre.  « J’ai contre toi que tu as perdu ton premier amour. » (Ap. 11, 4) « Quelques-uns ont fait naufrage dans la foi.. » (1 Tim 1, 19)  La perte est causée par le contraire de la vertu : la foi est perdue par l’infidélité, l’espérance par le désespoir, la charité et les vertus morales sont perdues par le péché mortel, parce qu’elles sont construites sur la grâce sanctifiante, que le péché mortel détruit.

Une troisième propriété des vertus infuses est qu’elles ne peuvent pas être diminuées directement.   Si nous faisons abstraction des  contraires (qui, comme nous venons de le dire, enlèvent complètement ces vertus) il n’y a  rien d’autre qui puisse agir directement sur elles,  Le simple manque d’utilisation ne peut pas les diminuer, puisqu’elles sont causées par une infusion divine.  Le péché véniel ne peut pas les diminuer, parce qu’il ne diminue pas la grâce de laquelle elles dépendent.   Une quatrième propriété des vertus infuses est qu’elles sont diminuées indirectement.   Le fait de ne pas les exercer ou le péché véniel diminue l’aisance et la ferveur avec lesquelles on pratique ces vertus.   Ainsi, indirectement –en préparant le chemin pour des actes qui sont directement contraires—la négligence ou le péché véniel diminue les habitus eux-mêmes.
 

                   ARTICLE 2

                                       LA VERTU DE FOI
                     (somme théologique 11-11, l-9)
 

 746- L’ordre des vertus théologales que nous suivons ici est celui donné par saint Paul (1 Cor X111, 13) : la foi, l’espérance, la charité.    L’ordre de ces vertus est de deux sortes.  Selon la dignité, l’ordre est :  la charité, l’espérance, la foi.  Selon le temps, l’ordre est celui donné aux Corinthiens.  Les habitus de ces trois vertus sont infus en même temps (au moment où la grâce est communiquée), mais leurs actes ne sont pas simultanés, car quelqu’un doit d’abord croire avant d’espérer et d’aimer d’une façon surnaturelle.

  747- L’excellence de la vertu de foi.   La foi est le commencement de la vie surnaturelle, le fondement et la racine de la justification. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu, et de devenir son ami.   Elle est une anticipation de la fin surnaturelle, car par la foi, nous croyons ce que nous posséderons dans la vision béatifique. Tous ceux-là moururent dans  la foi, sans avoir reçu les promesses, mais en les contemplant de loin, en les saluant et en confessant qu’ils sont des pèlerins et des étrangers sur la terre. » (Hebr. X1, 1, 3)

 748- L’utilité de la foi pour l’individu.  Par la foi, l’intelligence reçoit une nouvelle lumière qui lui dévoile un monde plus élevé,  la sagesse de Dieu dans un mystère  (1 Cor 11, 7) , et qui éclaire même le monde d’en bas avec une lumière céleste, pour que l’homme puisse savoir plus rapidement et plus surement des vérités naturelles qui se rapportent à Dieu et au devoir.    La volonté est fortifiée et rendue capable d’accomplir ses devoirs avec vaillance par les mobiles et les exemples que la foi offre.  Les anciens patriarches ont, par la foi,  conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu les promesses, recouvré la force, de faibles qu’ils étaient. (Hébr. X1, 33)  Dans l’adversité, la foi offre une stabilité et une consolation.  Car tout ce qui a été écrit l’a été pour nous instruire, pour que, avec la patience et le réconfort que nous apporte l’Écriture, nous puissions avoir l’espérance. »

 749- L’utilité de la foi pour la société. Ce qui donne à la société civile la sécurité et le bonheur c’est la foi. C’est elle qui enseigne le caractère sacramentel du mariage, lequel offre aux familles chrétiennes le modèle de la sainte famille, qui  ne cesse jamais de déclarer au nom de Dieu les devoirs des époux et des épouses, des parents et des enfants.  Sans la foi et la religion, la société civile ne peut pas maintenir sa cohésion et sa prospérité.  C’est la foi en Dieu, bien plus que les lois et les armées, qui donne la sécurité à la vie, à la réputation et à la propriété, ainsi que la paix et l’ordre à la maison et à l’extérieur.

 750- La signification de la foi.  Dans la Sainte Écriture et dans les livres religieux, le mot foi a plusieurs sens.  Il signifie parfois  une promesse,  ou la fidélité à ses promesses.  Exemples.  Saint Paul condamne les veuves qui se remarient contrairement à leur engagement, parce qu’elles ont annulé leur première promesse. (1 Tim V, 12)   En parlant de l’incrédulité des Juifs, il dit :  Leur incroyance rendra-elle la foi (la fidélité à ses promesses) de Dieu sans effet ? Que Dieu ne le permette pas !  Mais Dieu est vrai. (Rom. 111, 3,4)  Parfois le mot foi a le sens de bonne réputation, ou de confiance en un autre.   Exemples.  Celui qui trahit les secrets d’un ami perd sa foi  (réputation), et ne trouvera jamais un ami véritable. (Eccl. XXV11, 17) Hommes de peu de foi (confiance), pourquoi avez-vous douté ? (Matt. X1V, 31)   La foi a parfois le sens de vérité ou de doctrines offertes à la foi de quelqu’un, pour que l’esprit donne son assentiment au jugement de la conscience, ou à la révélation de Dieu.   Exemples. Tu n’as pas renié ma foi, (les vérités révélées par moi), (Ap. 11, 13)  Tout ce qui ne vient pas de la foi (conviction ferme ou conscience) est un péché. (Rom X1V, 23)  Sans la foi (l’assentiment aveugle à la parole de Dieu) , il est impossible de plaire à Dieu, car celui qui vient vers Dieu doit croire. (Hebr, XV1, 6)  751- C’est seulement la foi au sens du dernier texte que l’on reconnait être la vertu théologique de la foi.  Et c’est d’elle dont nous nous occupons maintenant.

 Saint Paul décrit cette foi de la manière suivante.  La foi est la substance des choses que l’on espère, la preuve des choses qu’on ne voit pas. (Hebr. X1, 1) Ce verset a reçu des interprétations diverses.   D’après saint Jean Chrysostome, la signification est la suivante :  La foi est la subsistance ou l’existence  anticipée dans l’âme des bénédictions futures que nous espérons, par la ferme confiance qu’elle donne.  C’est la conviction de la réalité de ce qu’on ne voit pas.  Selon saint Thomas, la signification est la suivante. La foi est la substance ou la fondation sur laquelle est construite l’espérance de la béatitude, ou sur laquelle repose, comme sur son  fondement, toute l’œuvre de la justification. C’est un argument qui procure la certitude de ce qu’on ne voit pas.  Des éléments de l’interprétation de saint Thomas ont été incorporés dans la définition du concile de Vatican un.  La foi chrétienne professe que cette foi qui est le commencement du salut humain est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l’aide et l’inspiration de la grâce de Dieu, nous croyons que les choses qu’il a révélées sont vraies, non   parce que la vérité intrinsèque de ces choses a été perçue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l’autorité elle-même du Dieu révélant, qui ne peut ni tromper ni être trompé. » (Denzinger).

 752- La foi est donc un habitus intellectuel et un acte, mais elle diffère de tous les autres actes ou habitus intellectuels de la façon suivante.  Elle diffère de la science, de la vision, de la compréhension,  car son objet ce sont les choses qui n’apparaissent pas.  Elle diffère de l’opinion, du doute et de la suspicion, parce qu’elle est une substance ferme, une preuve certaine.   Elle diffère de la foi ou de la croyance humaine qui se fonde sur la parole ou la promesse d’un homme, car c’est la promesse, le commencement et la pierre angulaire de la béatitude promise par Dieu lui-même.

 753- On considérera maintenant la foi sous deux aspects.  Objectivement, du point de vue des choses que croit le croyant.  Subjectivement, de point de vue de l’habitus ou de l’acte du croyant qui le met en contact avec les vérités du monde invisible.

 754- L’objet de la foi.  Il y a un double objet de la foi, le matériel et le formel.  L’objet matériel de la foi que l’on croit inclut tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, qu’elle soit écrite ou transmise par la tradition.  L’objet matériel principal est Dieu lui-même, en tant que divinité et vérité suprême dans l’Être.  Le deuxième objet matériel embrasse toutes les vérités révélées.

 755- L’objet formel de la foi, ou le mobile qui pousse quelqu’un à donner son assentiment à l’objet matériel, est l’autorité de Dieu, qui est la Vérité suprême  s’exprimant pas la parole ou l’écriture, et qui, en conséquence, ne peut ni être induit en erreur, ni induire en erreur.   L’objet matériel de la foi inclut toutes les vérités révélées par Dieu, mais, comme il appartient à l’Église d’enseigner ces vérités, il faut distinguer parmi les vérités celles qui sont révélées par Dieu mais qui ne sont pas définies par l’Église, et les vérités révélées par Dieu et définies par l’Église comme étant révélées.  Ainsi, la foi divine est la croyance dans une vérité révélée qui n’a pas été définie par l’Église comme étant révélée.  La foi divine et catholique est la croyance dans une vérité révélée qui a été proposée comme telle par l’Église, par son magistère solennel ou ordinaire.   Exemple.  Les dogmes qui sont contenus dans les credo, dans les définitions des papes ou des conciles généraux.  Le concile du Vatican no1 a déterminé l’objet de cette foi.   Il faut croire de foi divine et catholique,  comme étant divinement révélé,  tout ce qui est contenu dans la parole écrite de Dieu et dans la tradition,  et qui est proposé par l’Église, soit dans une déclaration solennelle, ou soit par son magistère universel ordinaire (Denzinger).

 756- L’objet formel de la foi porte sur toutes les vérités qui ont été révélées, et sur celles-là seulement.  Les théologiens discutent sur le statut de certaines vérités en lien avec la révélation, qui bénéficient, elles aussi,  de son privilège d’infaillibilité.  Certaines difficultés surgissent par rapport aux faits dogmatiques, c’est-à-dire des définitions concertant certains faits particuliers étroitement unis aux dogmes (que les ordres anglicans sont invalides, que tel livre contient un sens contraire à la révélation, que ce pontife suprême, légitimement élu, est le successeur de saint Pierre dans sa primauté, et par conséquent infaillible.)  Par rapport également  aux conclusions théologiques, c’est-à-dire aux déductions tirées de la vérité révélée.   Plusieurs théologiens enseignent que les faits dogmatiques et les conclusions théologiques constituent, après avoir été définies par l’Église, un objet spécial de foi, distinct de la foi divine et catholique.  Ils l’appellent une foi ecclésiastique.   Pour ces théologiens, la foi ecclésiastique est un assentiment interne donné aux vérités en lien avec la révélation et définies par l’Église comme vraies.  Le motif de l’assentiment est l’infaillibilité du magistère de l’Église.

 D’autres n’admettent pas l’existence de ce type de foi.  Ils soutiennent que les faits dogmatiques sont contenus implicitement dans la doctrine révélée, comme les singuliers dans les universaux, et qu’en conséquence, on croit en eux implicitement par la foi divine avant qu’ils aient été définis, et de foi divine et catholique après leur définition.  Ils soutiennent aussi que les conclusions théologiques qui ont lieu avant la définition se font en vertu d’un assentiment théologique, et après, en vertu de la foi divine et catholique. (Pour un résumé des enseignements divergents sur cette question, voir Reginaldo Maria Schultes O.P. dans introduction à l’histoire des dogmes, pp. 46ff,   et Marin Sola O.P, l’évolution homogène du dogme catholique.)

 757- Les révélations privées, même approuvées par l’Église, ne sont pas un objet de la foi divine et catholique, car elles ne constituent pas une partie de la révélation donnée à l’ensemble de la race humaine,  qui s’est terminée à la mort du dernier apôtre, et qui a été remise à l’Église.  En conséquence, si elles sont approuvées négativement par l’Église, cette approbation signifie  que ces révélation ne contiennent rien de contraire à la foi et à la morale, et sont utiles et édifiantes.  Si elles sont approuvées positivement par l’Église (comme dans le cas des révélations de sainte Hildegarde, de sainte Brigitte, et de sainte Catherine de Sienne), cette approbation signifie qu’elles ont l’apparence de vraies révélations, et peuvent être prudemment acceptées comme telles.

 758- Voici donc quel est  l’assentiment à donner aux révélations privées. Ces révélations devraient  être crues de foi divine, s’il est certain qu’elles sont authentiques. Ceci s’applique à ceux par qui et pour qui elles ont été données, et probablement aux autres aussi.  Il arrive rarement, toutefois,  que l’authenticité d’une révélation privée soit établie rigoureusement.  Et l’Église n’exige pas que les révélations privées soient acceptées par tous les fidèles.  En conséquence, refuser de reconnaitre comme vraie une révélation privée n’est pas, en règle générale, une offense faite à la foi divine.  Les révélations privées ne peuvent pas recevoir l’assentiment de la foi catholique  puisque, même quand elles sont approuvées par l’Église, elles ne sont pas proposées comme une partie de la révélation commise à sa sollicitude.   Ne pas y croire n’est donc pas un péché contre la foi catholique, à moins qu’en les rejetant quelqu’un se trouverait à rejeter un dogme défini par l’Église. (Lourdes, et l’immaculée conception).   Les révélations privées ne demandent pas l’assentiment de la foi catholique, puisque, en les approuvant, l’Église ne les propose pas comme étant essentiellement liées à l’exercice de son magistère, ou de son infaillibilité. Ne pas y croire n’est donc pas un péché contre la foi ecclésiastique, à moins que d’autres erreurs ne soient présentes.

 Les révélations privées sont présentées à l’assentiment de la foi humaine, puisque l’Église les propose aux fidèles, après leur approbation, comme matières d’opinion pieuse, qui sont vraiment probables selon les règles de la prudence,  en faveur desquelles témoigne la tradition, et dont l’authenticité est démontrée par des témoignages  crédibles et des documents historiques valables. (Benoit X1V, de la canonisation des saints).  L’Église permet la foi dans ces révélations mais ne l’exige pas.   Mais ne serait pas sans péché celui qui les rejetterait par orgueil ou mépris, ou sans raison suffisante.   759- Semblablement, bien que l’Église ne présente qu’à la foi humaine certains faits particuliers de l’histoire, celui qui les rejette peut facilement pécher par mépris ou témérité.  Voici quels sont ces faits.  Les apparitions des êtres célestes dans les temps post bibliques, comme l’apparition de saint Michel Archange au mont Gargano en 525, et l’apparition de la bien heureuse vierge Marie à Lourdes en 1858, pour lesquelles l’Église a institué des fêtes.  Les actions rapportées dans les légendes des saints, comme la victoire de sainte Catherine d’Alexandrie sur les philosophes, et le transfert de son corps par les anges sur le mont Sinaï, toutes choses que l’Eglise présente dans les leçons du bréviaire.  L’authenticité des reliques.   En donnant des certificats d’authenticité, l’Église garantit seulement qu’il y a des preuves ou des probabilités historiques suffisantes  pour croire que tels os appartiennent à tels saints.

 760- Plusieurs choses auxquelles l’Église tient ne bénéficient pas de la prérogative de l’infaillibilité, comme par exemple, des décrets des papes qui ne sont pas donnés ex cathedra, les décisions des congrégations portant la signature du pape,  les enseignements des évêques à des membres particuliers de l’Église, les doctrines qui sont considérées généralement par les catholiques comme des vérités théologiques ou des conclusions certaines.   Ces décrets ou décisions ne reçoivent pas l’assentiment de la foi catholique, mais ce qu’on appelle un assentiment religieux qui inclut  l’assentiment externe et interne. On devrait donner à ces enseignements un assentiment externe, c’est-à-dire l’hommage d’un silence respectueux du à l’autorité publique.  Cela n’interdit pas la présentation de difficultés à l’autorité du magistère, ou l’examen scientifique d’objections qui semblent fondées.   On devrait donner aussi l’assentiment interne, c’est-à-dire la soumission du jugement individuel au jugement du magistère,  qui détient son autorité du Christ et qui a l’assistance du Saint Esprit.  L’assentiment interne diffère, cependant, de l’assentiment de la foi, dans la mesure où il exclut la crainte ou l’erreur, mais non la possibilité de l’erreur, car il pourrait être suspendu, mis en doute, ou révoqué.  Le pape Pie X dans son motu proprio : la grandeur de la sainte écriture (nov. 18, 1907), a indiqué la force contraignante des décrets de la commission pontificale biblique et de tous les décrets doctrinaux.   Tous sont tenus en conscience à se soumettre aux décisions  passées et futures de la commission biblique, et aux décrets doctrinaux de la sacrée congrégation approuvés par le Pape.  Ils ne pourront pas échapper au stigmate de la désobéissance et de la témérité, ni à une grave faute s’ils combattent ces décision par la parole ou par l’écrit, ni aux  scandales  qu’ils donnent aux fidèles, ni aux péchés dont ils peuvent être la cause devant Dieu , en faisant sur ces sujets des remarques qui sont souvent superficielles  et fausses. (la commission biblique a réaffirmé cela le 27 février, 1934).

 761- Les objets  donc qui appartiennent formellement à la vertu de foi sont les suivants.  La foi divine a pour objet toutes les vérités  révélées pas Dieu, et contenues dans les écritures canoniques approuvées par l’Église, et dans l’enseignement des apôtres qu’ils ont reçu du Christ ou du Saint Esprit, et qu’ils ont légué à l’Église en le lui transmettant.  Des révélations particulières, dans des cas exceptionnels,  peuvent être aussi de foi divine.   La foi catholique a pour objet toutes les vérités formellement révélées dans l’Écriture et la tradition,  et définies comme telles par l’Église.   Les définitions de l’Église sont soit solennelles (celles données dans les credo, les définitions ex cathedra des papes, les décisions des conciles œcuméniques), ou ordinaires (celles contenues dans la prédication universelle, dans la pratique ou la croyance de l’Église, dans les lettres encycliques (humani generis no 201).

Semblables aux définitions sont les condamnations des erreurs contraires aux vérités révélées.  Selon certains théologiens, la foi ecclésiastique a pour objet toutes les décisions infaillibles de l’Église au sujet des matières non révélées,  mais étroitement liées aux vérités révélées, ou qui sont nécessaires à l’accomplissement du devoir d’enseignement de l’Église.  En voici quelques unes.  Les définitions, c’est-à-dire les déclarations définitives de conclusions théologiques ou de faits dogmatiques, les lois disciplinaires faites pour toute l’église, les canonisations de saints, l’approbation solennelle des ordres religieux, la reconnaissance expresse ou spéciale des docteurs, la déclaration de la relation de la révélation privée avec la révélation publique;  et les censures, c’est-à-dire la condamnation d’enseignements pour raison de fausseté, comme étant hérétiques, proches de l’hérésie, sentant l’hérésie, erronés, osés etc ;  à cause de leur formulation, comme étant équivoques, ambigus, téméraires, captieux, suspects, mal sonnants, offensifs aux oreilles pieuses;  à cause de leur tendance, comme étant scandaleux, schismatiques, séditieux, tendancieux etc.  Exemples.  Les définitions concernant le sens du livre Augustinus, la convenance des termes consubstantiel, et transsubstantiation, la correspondance de la vulgate avec les écritures originales, la légalité de l’insertion de filioque  (et du Fils)  dans le credo.

L’assentiment religieux a pour objet toutes les déclarations doctrinales de l’Église qui ne sont pas infaillibles, mais qui sont quand même officielles, et qui font autorité.  Exemples.  Les instructions ordinaires ou les condamnations données par les congrégations pontificales et les commissions.  Le syllabus des erreurs modernes présenté par Pie 1X  n’était vraisemblablement pas infaillible ou un document définitif, bien que plusieurs des erreurs qu’il condamne sont contraires aux dogmes, et doivent donc, indépendamment du syllabus, être rejetées.  De plus, plusieurs de ses enseignements  ont été tirés de lettres encycliques, d’allocutions, d’interventions radiophoniques.  Et les parties doctrinales des constitutions apostoliques font partie, par elles-mêmes, de cette classe.

 On doit respecter le jugement de l’Église même dans les matières non doctrinales, même quand elle n’impose aucune obligation, à cause de ce qu’elle représente, et de l’examen  attentif donné à une question. Exemple.  Ce serait manquer de respect de rejeter une croyance pieuse que l’Église a autorisé après mure délibération.

 762- Bien que les vérités à croire soient nombreuses, l’obligation de croire n’impose pas un lourd fardeau au croyant.   Car, il n’est pas nécessaire de croire de façon explicite à toutes les vérités de la foi. Il n’est pas nécessaire que l’on distingue la sorte d’assentiment en cas d’incertitude. Il suffit de donner son assentiment selon l’esprit et l’intention de l’Église.  Exemple. Quand un ensemble de propositions est condamné sous peine de censures diverses, sans aucune indication de la censure propre à chacune en particulier, il suffit de tenir qu’elles sont toutes fausses, et qu’à chacune d’entre elles s’applique une ou plusieurs censures,

 763- On divise la foi en explicite et implicite selon que le sens de l’objet cru apparait ou n’apparait pas à l’esprit.  La foi porte explicitement sur une vérité quand l’assentiment est donné à la vérité en tant qu’elle est connue en elle-même,  et exprimée en des mots qui lui sont propres.  Exemple. Il a une foi explicite dans l’eucharistie celui qui a reçu un enseignement sur ce mystère, et qui lui donne son assentiment d’après la connaissance qu’il en a.  On parle de foi implicite quand une vérité n’est pas connue ou acceptée pour elle-même,  mais dans une autre vérité.   Exemple.  Il a une foi implicite dans l’eucharistie celui qui n’a pas reçu d’enseignement particulier sur ce mystère, mais qui accepte tous les enseignements de l’Église, y compris ceux qu’il ne connait pas.

 764- La foi est implicite de la façon suivante.  La foi est implicite improprement, si on ne donne pas son assentiment, mais si on est disposé à le donner en cas de nécessité, on si on le désire.  Ces pieuses dispositions ne sont pas l’acte de foi lui-même, mais elles en sont le commencement, ou une préparation qui y conduit.  Elles sont bonnes,  mais insuffisantes.   Exemple. Un païen qui dit qu’il accepterait le credo chrétien s’il pensait qu’il était vrai, ou  qui désire pouvoir y croire.  La foi est implicite proprement si quelqu’un donne son assentiment à une vérité en acceptant une autre vérité dans laquelle elle est contenue, comme le particulier est contenu dans l’universel (celui qui accepte toutes les vérités du christianisme accepte implicitement l’eucharistie, même lorsque, de bonne foi, il pense qu’elle n’a pas été révélée); ou comme un instrument est imbriqué dans la cause principale (celui qui croit explicitement dans la rédemption croit implicitement dans le baptême, lequel est l’instrument par lequel la rédemption est communiquée); ou comme des moyens sont contenus dans la fin (celui qui croit explicitement que la vie éternelle est une récompense croit implicitement que les bonnes œuvres doivent être accomplies comme des moyens pour atteindre cette fin); ou comme la réalité est exprimée dans une figure (les juifs de l’ancien testament qui croyaient explicitement dans l’agneau pascal croyaient implicitement dans le sacrifice du Christ, dont l’agneau pascal était une figure); ou comme l’assentiment du disciple est lié à l’assentiment du professeur (l’enfant qui accepte explicitement comme vraies les doctrines de foi enseignées par son curé croit implicitement  en tout ce qu’elles contiennent.)

 765- On peut réduire à quatre les points qui exigent une foi explicite (Cf le catéchisme du concile de trente).   Les voici.  Les choses qu’il faut croire. Prêchez l’évangile à toute créature. Celui qui croira sera sauvé  (Marc XV1, 15).  La doctrine de l’évangile est  résumée dans le symbole des apôtres.   Les choses qu’il faut faire.  Enseignez-leur d’observer toutes les choses que je vous ai commandées. (Matt. XXV111, 20).  Les dix commandements. (Cf le volume 11) sont un abrégé de toute la loi.  Les ordres qu’il faut accomplir. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (Matt. XXV111, 19)  Les sept sacrements sont les  instruments sacrés par lesquels les mérites de la passion du Christ sont appliqués à l’âme.  Les demandes à faire à Dieu.  Vous prierez ainsi : Notre père. (Matt. V1, 9).  La prière donnée par le Christ nous enseigne la manière de prier et les demandes à faire.

 766- La foi dans la révélation donnée par Dieu est nécessaire au salut (Hbr X1, 6). Mais, dans la providence habituelle de Dieu,  on ne peut avoir ou sauvegarder la foi sans la formulation de ses principales doctrines.  On ne peut recevoir la foi sans ces formules, parce que ses doctrines sont nombreuses et difficiles,  et l’étude de l’écriture et de la patristique est inaccessible à un grand nombre.  On a donc besoin d’une liste de propositions claires et courtes des vérités révélées, pour que la foi soit proposée et acceptée.  On ne peut conserver la foi sans ces formules, parce que,  étant inchangeable en elle-même, et valant pour tous les lieux et tous les temps, ses doctrines seraient facilement corrompues s’il n’y avait pas de formulations officielles qui permettent de reconnaitre aussi bien  les vérités que les erreurs. (1 Cor. 1, 10; 11 Tim 1, 13) 767-  Les formules de l’enseignement chrétien contenues dans le credo devaient être brèves et présentées par ordre.  Elles sont divisées en propositions courtes et agencées, qui portent le nom d’articles, mais qui ont les caractéristiques suivantes.

 Un article du credo porte sur un ou l’autre des deux objets principaux de la foi, à savoir la fin de l’homme, qui est la vie éternelle (Hebr. X1, 1) et le moyen pour y parvenir qui est Jésus-Christ. (Jn XV11, 3)  Il porte aussi sur  d’autres  choses qui sont proposées à notre foi, non à cause d’elles-mêmes, mais seulement à cause de leur relation à ces deux objets principaux ( la marche des israélites dans le désert, les détails des voyages de saint Paul etc.) et qui ne sont pas mentionnées dans le credo.   Un article du credo ne traite que de ces doctrines qui se rapportent à la vie éternelle et au Christ,  qui sont d’une manière toute spéciale invisibles  et difficiles, car la foi est l’évidence des choses qui n’apparaissent pas. (Hebr. X1, 1)  D’autres doctrines qui ne sont pas particulièrement difficiles sont considérées comme implicitement contenues dans celles qui expriment les mystères généraux.  Voilà pourquoi on n’en fait pas mention.  C’est pourquoi on donne des articles distincts aux personnes de la sainte trinité, parce qu’on ne peut pas réduire à un mystère plus général le mystère d’un Dieu trine.  On ne mentionne pas l’eucharistie, car il n’y a en elle aucun mystère qui n’est pas implicitement contenu dans les articles sur la toute puissance divine et sur la sanctification de l’homme par le Christ.

 768- Y a-t-il eu une augmentation des articles de foi ?  Si par augmentation ou accroissement on entend  l’ajout, par une nouvelle révélation, de nouvelles croyances non contenues dans la révélation primitive, il n’y a jamais eu d’augmentation des articles de foi.  Car Dieu, dès  le début, a fait connaître son être qui inclut les choses internes de Dieu et la fin ou la béatitude de l’homme, et sa providence;  qui inclut aussi la dispensation temporelle de Dieu, et les moyens pour procurer le salut de l’homme. (Hebr. X1, 6).  Si, par accroissement, on entend l’ajout de nouvelles révélations qui ont formulé plus clairement et plus définitivement les choses contenues dans la révélation première, il y a eu une augmentation dans les articles de foi du début de la révélation jusqu’à la fin de l’âge apostolique. Ainsi, la nature de Dieu et son dessein portant sur la rédemption de l’humanité ont été manifestés plus distinctement dans de nouvelles révélations de l’ancien testament,  et reçurent leur formulation complète et finale par les révélations du  Christ. (Hebr, 1, 1; Eph 111, 5; Hebr. X11, 27, 28; 11 Tim 1, 13)
Si par accroissement ou augmentation on entend une explication plus claire et plus complète de la révélation qui a été communiquée autrefois aux saints, il y a eu et il aura toujours une augmentation des articles de foi.  Ainsi, au concile de Constantinople, des  ajouts ont été faits au concile de Nicée; et de la même façon, le pape peut aujourd’hui et pourra demain ajouter au credo de nouvelles explications ou développements, si de nouvelles hérésies ou des nécessités requièrent que le vrai sens de la révélation déjà donné soit présenté plus clairement ou plus pleinement.

 769- L’Église utilise trois credo principaux.    Le credo des apôtres.  D’après une tradition qui remonte aux origines, il a été composé par les apôtres eux-mêmes avant qu’ils se séparent pour aller prêcher l’évangile. L’église de Rome s’en est servie dès les premiers siècles.  Elle exigeait que les catéchumènes l’apprennent et le récitent par cœur avant de recevoir le baptême. Il est divisé en douze articles.  Le concile de Nicée qui est employé à la messe.  Il  a été rédigé pendant le concile de Nicée pour réfuter le refus arien de la divinité du Christ.  Il a été complété par le concile de Constantinople pour réfuter les macédoniens qui refusaient de reconnaître la divinité du Saint Esprit.  Il y a aussi le credo de saint Athanase, qui est employé dans le bréviaire à prime.  Il est un résumé de l’enseignement de saint Athanase sur la trinité et l’incarnation.  Il a  été composé dans l’ouest quelque temps après le début du cinquième siècle.

 770- Résumé de l’enseignement du premier article du credo Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre.  Je crois.   Je donne sans hésitation mon assentiment au Dieu qui révèle ses mystérieuses vérités.  En Dieu.  L’être suprême, un dans sa  nature, trois dans les personnes. Le Père.  Notre créateur et notre pourvoyeur, de qui nous recevons aussi l’esprit d’adoption de fils.  Tout puissant. Et donc omniscient, et possédant toutes les perfections au plus haut degré. Créateur. Il a produit le monde librement à partir de rien, sans modèle externe,  et sans effort d’aucune sorte.  Il préserve, régit et dirige toutes les créatures. Du ciel et de la terre.  Du monde des purs esprits, de la matière, de l’homme, en somme, de toutes les choses finies, visibles et invisibles.

 771- Résumé du deuxième article.  Et en Jésus-Christ, son Fils, notre Seigneur.  Jésus. Un nom donné sur l’ordre de Dieu, et qui signifie sauveur.  Christ.  L’oint, parce qu’il était roi, prêtre et prophète.  Son fils unique.  Il est né du Père avant les âges, Dieu de Dieu, lumière de la  lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non fait, consubstantiel au Père, par lequel toutes choses ont été faites.  Notre Seigneur. En tant que Dieu, il participe à toutes les perfections de la nature divine,  En tant qu’homme, il nous a rachetés et a ainsi acquis avec justice le titre de Seigneur des humains.  En tant qu’homme Dieu, il est le Seigneur de toutes les choses créées.  Il faudrait aussi noter qu’il n’y a rien de charnel ou d’imparfait dans la génération du Fils, ou dans la procession du Saint Esprit.  Car Dieu est un pur esprit et la perfection suprême.

 772- Résumé du troisième article.  Qui a été conçu du Saint Esprit, né de la vierge Marie.  Qui a été conçu.  Le Fils unique, la deuxième personne de la trinité s’est incarné et s’est fait homme pour nous et pour notre salut.  Ainsi, la même Personne divine est à la fois dans la nature divine et dans la nature humaine; et l’union préserve les propriétés et les actions des deux natures.  Par le Saint Esprit.  Au moment où la Vierge Marie a consenti à l’annonce de saint Gabriel archange, le corps du Christ s’est formé dans le sein de la vierge,  de sa chair à elle.  L’âme a été infusée, et les deux natures humaine et divine furent unies dans la personne du Verbe.  Ainsi, Marie est vraiment mère de Dieu.  La conception a été miraculeuse, accomplie sans l’aide de l’homme, par la seule opération des trois personnes de la sainte trinité.  Étant une œuvre externe de Dieu qui nous manifeste de façon toute spéciale l’amour de Dieu, l’incarnation est attribuée au Saint Esprit, qui, dans la vie interne de la divinité, procède comme l’amour mutuel du Père et du saint Esprit. Né de la vierge Marie.  Vierge avant, durant et après l’enfantement, immaculée et sainte dans son âme, elle est la mère spirituelle, de qui le Christ est né dans la sainteté.

 773- Résumé du quatrième article. Il a souffert sous Ponce Pilate, a été  crucifié et a été enseveli.  L’effet de ce que contient cet article se trouve dans les mots du concile de Nicée.  Pour nous. La passion et la mort de Jésus ont été voulues par Lui, ont accompli notre salut,  comme une satisfaction, un sacrifice et une rédemption.  La façon dont cela s’est réalisé est déclarée dans les mots ci-haut cités.  Dans sa nature humaine, Jésus a souffert l’agonie et les peines du corps. Il a été condamné à mort par le procurateur romain, et crucifié.  Son âme et son corps se sont séparés à sa mort, bien que la divinité ne se soit jamais séparée de l’une ou de l’autre partie. Et son corps mort a été enseveli.

 774- Résumé du cinquième article.  Il est descendu aux enfers.  Le troisième jour, il est ressuscité des morts.  Il est descendu.  Après sa mort, l’âme du Christ se rendit dans la demeure des défunts, pour libérer ceux qui s’y trouvaient.  Dans l’enfer.  Le mot enfer est appliqué au sens large à toutes ces demeures secrètes où sont détenues les âmes de tous ceux qui n’ont pas obtenu le bonheur du ciel, c’est-à-dire l’enfer pour les damnés, dans lequel les impénitents subissent la perte éternelle du dam et du sens;  le purgatoire, dans lequel les âmes des justes sont purifiées par des punitions temporaires; les limbes, où les Pères de l’ancien testament attendaient, dans un repos paisible, la venue du Christ.   C’est dans cette demeure-là que l’âme du Christ est entrée.  Le troisième jour.  Le dimanche matin, le troisième jour après son ensevelissement.  Il est ressuscité.  Comme il avait déposé sa vie par son propre pouvoir, il la reprit également par son propre pouvoir.  Des morts.   Jésus n’est pas seulement retourné à la vie, il a aussi conquis la mort.  Il ressuscité pour ne plus jamais mourir.  Il devient ainsi le premier de la résurrection finale.  Selon l’écriture.  Ces mots sont ajoutés dans le crédo de Constantinople pour insister sur le fait que la résurrection est l’attestation de la vérité des témoignages et de la doctrine du Christ. (Cor, XV, 14, 17; Matt. X11, 39, 40).

 775- Résumé du sixième article.  Il est monté au ciel, est assis à la droite de Dieu, le Père tout puissant.  Il est monté.  Par le pouvoir propre qu’il possède en tant qu’homme et en tant que Dieu, il est monté au ciel.  Au ciel.  Il n’a jamais abandonné le ciel, la divinité étant omniprésente, mais il monta au ciel en tant qu’homme, en corps et en âme.  Il est monté dans la demeure de la gloire, quarante jours après sa résurrection.  Il est assis à la droite de Dieu, le Père tout puissant.  On dit que le Christ se tient à la droite du Père pour exprimer la possession permanente du pouvoir royal et suprême, et de la gloire. (Éph. 1, 20, 22; Hébr. 1, 13)

 776- Résumé du septième article. D’où il viendra juger les vivants et les morts.  Il y a un jugement particulier à la mort.  A la fin du monde, dont le monent est inconnu, il y aura un jugement général, des vivants et des morts.   Le Christ viendra une deuxième fois, et en tant que juge, il portera une sentence de perte éternelle ou de peine, ou de bonheur éternel.   777-  Résumé du huitième article. Je crois dans l’Esprit Saint.  La troisième personne de la trinité est égale au Père et au Fils.  Elle procède des deux, comme de leur amour mutuel.  Il est considéré, par appropriation, comme l’auteur des œuvres de grâce et de sanctification, dans lesquelles la charité de Dieu est particulièrement manifestée.  Le Saint Esprit, le Seigneur et le donneur de vie, qui procède du Père et du Fils, qui, avec le Père et le Fils, est adoré et glorifié, et qui a parlé par les prophètes,  (le concile de Constantinople). 778-  Résumé du neuvième article.  Je crois dans l’Église catholique, la communion des saints.  L’Église fait partie de l’objet matériel, non de l’objet formel, de la foi divine (Cf 754).  Voilà pourquoi il n’est pas dit : Je crois à l’Église catholique,  Ce que nous croyons au sujet de l’Église c’est qu’elle est une société visible constituée par les fidèles dispersés sur toute la terre.  Elle est appelée la maison de Dieu, (1 Tim 111, 15), le troupeau du Christ, l’épouse du Christ (11 Cor X1, 2), le corps du Christ (Éph 1, 23; Col. 1, 24).  En plus de l’église militante sur terre,  composée de bons et de mauvais,  en dehors de laquelle sont les incroyants et les excommuniés, il y a l’Église triomphante dans le ciel, et l’Église souffrante dans le purgatoire.  L’Église a quatre marques qui la font reconnaître.  Elle est une, sainte, catholique et apostolique.   Elle est divine dans son origine, et elle possède des pouvoirs qui lui ont été donnés par Dieu.  La communion des saints.   Les membres de l’Église ont différentes fonctions, mais il y a entre eux une communauté de biens spirituels.  Les sacrements concourent à l’union, et chacun profite, selon sa condition, des bonnes actions faites par les autres.  L’Église souffrante est aidée par nos souffrances; et nous sommes à notre tour, aidés par les intercessions de l’Église triomphante.

 779- Résumé du dixième article. Le pardon des péchés.  Dieu pardonne tous les péchés dont on se repent véritablement.  Par le baptême (pour les péchés commis avant le baptême), ou par l’exercice du pouvoir des clefs qui a été donné à l’Église (pour les péchés commis après le baptême).  Le repentir privé peut effacer les péchés véniels.    780- Résumé du onzième article.  La résurrection du corps.   L’âme est immortelle, le corps mortel.   Mais à la fin du monde, les corps de tous les morts, même de ceux qui sont corrompus, seront restaurés et réunis au principe de vie, l’âme à laquelle ils appartiennent.  Le corps ressuscité sera substantiellement semblable au corps mort.  Mais il aura de nouvelles qualités qui correspondront à son nouvel état. 781-   Résumé du douzième article. La vie éternelle.  Ceux qui meurent dans l’amitié de Dieu obtiendront un bonheur sans fin.  Ils seront à l’abri de tout mal,  et jouiront de la vision béatifique et d’autres dons divins.

 782- Les actes de foi.  Selon saint Paul, il y a deux actes de foi, l’un externe, l’autre interne. Avec le cœur nous croyons en la justice.  Avec la bouche, une confession est faite en vue de notre salut. (Rom X, 10)    L’acte interne de la foi est le jugement ferme et constant de l’intelligence qui donne son assentiment à la révélation divine  (11, Cor, X, 5), librement, et sur  l’ordre de la volonté, (Matt. XV1, 16), laquelle est mue par la grâce divine (Éph 11, 5).
 

 L’acte externe de foi est la profession devant le monde par signes, en paroles ou en actions, de l’assentiment interne donné à la révélation. 783-  L’acte interne de foi est unique, mais il entretient une triple relation.  Il croit ce qu’on dit  de Dieu,  si l’on considère l’assentiment que donne l’intelligence à l’objet matériel.  Il croit Dieu si l’on considère l’assentiment que donne l’intelligence à l’objet formel.  Il croit en Dieu, si nous portons notre attention sur la volonté qui incite  l’intelligence à consentir, et à tendre vers Dieu comme sa fin dernière.

 784- Les vérités auxquelles l’intelligence donne son assentiment sont surnaturelles ou naturelles.  Les vérités surnaturelles ou les mystères (la trinité des personnes en Dieu) sont révélées à la foi pour que l’homme connaisse, désire et mérite la destinée surnaturelle à laquelle il a été élevé.  Les vérités naturelles (l’existence d’un seul Dieu) sont présentées à la foi pour que l’humanité puisse obtenir plus rapidement, plus complètement et plus surement la connaissance des choses divines qui sont du ressort de la raison.  Il est impossible, toutefois, qu’un acte de foi et un acte de connaissance coexistent dans le même individu au sujet de la même vérité, car la foi porte sur les choses qui n’apparaissent pas.

 785- L’acte de foi est un pré requis nécessaire à tous les autres actes surnaturels, car nous ne pouvons tendre vers le surnaturel sans l’accepter d’abord par la foi.  Voilà pourquoi la foi est nécessaire.  Mais on peut faire aussi l’acte de foi après les autres actes surnaturels, comme ceux d’espérance et de charité. Et il peut ainsi devenir méritoire.   L’acte de foi est nécessaire comme moyen et comme précepte (Cf 360).  Nous allons traiter maintenant de la nécessité de moyen.  La nécessité de précepte sera traitée plus loin, quand nous parlerons du commandement de la foi (Cf 913 et suiv.)  L’acte de foi, avant la justification, est méritoire par convenance et au sens large.   Mais après la justification, il est méritoire de plein droit (Cf 110).  786- Pour tous les adultes, l’acte de foi est nécessaire au salut d’une nécessité de moyen (Cf 360). Car l’apôtre dit : Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. (Hebr. X1, 6)   Les choses que l’on doit croire de nécessité de moyen sont de deux sortes.   On doit croire avec une foi implicite à toutes les vérités révélées qu’on ne connait pas et qu’on n’est pas tenu de connaître.  Un acte de foi implicite est contenu dans la formule suivante :  O mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que l’Église catholique enseigne, parce que c’est toi qui les a révélées. Quelqu’un doit croire d’une foi explicite toutes les vérités qu’il est tenu de connaître.  Un acte de foi explicite dans toutes les vérités nécessaires de nécessité de moyen est contenu dans le symbole des apôtres.  On parlera plus loin des autres vérités qu’il faut connaître de nécessité de précepte (918, 920).

 787- Quelles sont précisément les vérités, dont nous venons de parler, que tous sont tenus de connaître comme des moyens nécessaires ?   Les théologiens s’accordent pour dire qu’il a toujours été nécessaire pour les adultes de connaître et d’accepter deux mystères fondamentaux : l’existence de Dieu, comme la fin surnaturelle ou la béatitude de l’homme, et sa providence en tant qu’elle fournit les moyens nécessaires au salut éternel (768).   Sans cette croyance, l’espérance surnaturelle et la charité, nécessaires en tout temps, sont impossibles.   Une majorité de théologiens soutient, et avec une bien grande probabilité, semble-t-il, que depuis la promulgation de l’évangile, il est nécessaire aux adultes de connaître et d’accepter les deux mystères de base du christianisme :  qu’en Dieu, qui est notre béatitude, il y a trois personnes, et que le chemin qui conduit à notre béatitude est le Christ, notre rédempteur (l’incarnation).  788- Même avant l’évangile, il a toujours été nécessaire, en tant que moyen,  que l’homme croie explicitement en Dieu comme sa béatitude surnaturelle, et son pourvoyeur des moyens nécessaires pour y parvenir.  Ainsi, l’apôtre dit en parlant des anciens patriarches : Celui qui vient à Dieu doit croire qu’il existe, et qu’il récompense ceux qui le cherchent (Hebr. X1, 6).  Celui qui vient à Dieu, (c’est-à-dire, qui est sauvé) doit croire en Dieu comme l’auteur de la gloire et de la grâce.

Il doit donc croire que Dieu existe, lui qui ne rougit pas de s’appeler notre Dieu, et qui nous prépare une demeure meilleure,  céleste (Hebr. X1, 6).  Que Dieu est un rémunérateur. On doit croire qu’il réalisera ses promesses, et qu’il nous accordera l’aide nécessaire pour parvenir à la récompense, et ce qu’exige la justice.  Dans cette foi, se trouve implicitement la foi dans le Christ.  On peut donc dire que dans l’ancien testament, une foi implicite dans le Messie à venir a toujours été nécessaire. L’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi dans le Christ Jésus. (Gal. 11, 16).  789- Depuis la promulgation de l’évangile (Cf 342, 354), il est nécessaire, comme moyen, que l’homme croie explicitement  dans les mystères de la trinité et de l’incarnation.  Car ceux qui ne les acceptent pas, n’acceptent pas l’Évangile. C’est Jésus qui le dit :  Allez dans le monde entier, et prêchez l’évangile à toute créature.  Celui qui ne croira pas sera condamné. (Marc XV, 16)

Théoriquement, cette opinion semble beaucoup plus probable que l’opinion contraire.  Mais à cause surtout  de la difficulté que posent les infidèles négatifs, laquelle est discutée dans les traités dogmatiques de la prédestination et de la grâce, plusieurs théologiens ou bien la rejettent  (ceux qui disent que la foi dans les deux grands mystères n’est nécessaire que de précepte, et que suffit la foi implicite) ou la modifient (ceux qui disent que la foi dans ces deux mystères n’est pas nécessaire comme moyen pour la justification, mais seulement pour la glorification; et ceux qui disent que, en règle générale, une telle foi est un moyen nécessaire, mais qu’une exception s’impose à cause de l’ignorance invincible ou d’une promulgation insuffisante de l’évangile dans certains pays.)  Dans la pratique, cette opinion est jugée plus sure.  C’est pourquoi tous les théologiens, même les probabilistes, soutiennent que quelqu’un doit agir comme si c’était vrai et certain, partout où il est possible de donner une instruction sur la trinité et l’incarnation.

790- La connaissance des mystères de la foi est ou bien substantielle (celle par laquelle quelqu’un connait ce qui est essentiel à un mystère) ou scientifique (par laquelle quelqu’un connait aussi les circonstances et les détails, et peut en donner une plus profonde explication).  Ceux qui sont tenus à enseigner la foi doivent posséder  la connaissance scientifique, à cause de  leur fonction, mais la connaissance substantielle suffit pour le salut.  En conséquence, pour qu’un adulte soit sauvé, il suffit qu’il ait la connaissance suivante des quatre grands mystères.   Il y a un Dieu qui nous a parlé, qui nous a promis librement qu’il nous amènerait à lui pour nous récompenser.  Il n’est pas nécessaire que l’on comprenne des concepts théologiques comme l’essence de la déité, la définition du surnaturel, les objets formels et matériels de la béatitude etc. Car beaucoup de personnes sont incapables de comprendre ces choses.  Ce Dieu qui est notre récompense est un, mais  il y a en lui trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint Esprit, distinctes et égales.   Il n’est pas nécessaire que quelqu’un comprenne la distinction entre nature et personne, ni les questions subtiles au sujet des processions et des propriétés.  Dieu pourvoit en nous donnant les aides dont nous avons besoin, et aussi, si nous le servons, la récompense promise.   Il n’est pas nécessaire que quelqu’un comprenne la théologie de la providence, de la grâce et du mérite.  Jésus Christ, qui est le Fils de Dieu, s’est  fait homme,  a souffert, est mort pour nous, nous sauvant ainsi du péché, et regagnant pour nous le droit au ciel.   Il n’est pas nécessaire que quelqu’un comprenne scientifiquement qu’en Dieu il y a deux natures, unies hypostatiquement dans la personne unique du Verbe.

791- Puisque le baptême est infructueux sans la foi qui est due à celui qui le reçoit, il n’est pas permis, en règle générale, de baptiser ceux chez qui fait défaut la connaissance substantielle des quatre mystères ci-haut mentionnés.  En dehors du danger de mort, il n’est jamais permis de baptiser un adulte qui a une ignorance substantielle de l’un ou l’autre des quatre mystères.  On doit d’abord catéchiser cette personne.  En danger de mort, quand on ne peut pas donner d’instruction, on peut baptiser conditionnellement un adulte qui ignore la trinité et l’incarnation, car il est probable qu’une connaissance explicite de ces deux mystères n’est pas une nécessité  de moyen (Cf 789, canon 752).

792- Puisque l’absolution est invalide si la personne à absoudre est incapable de recevoir la grâce, et puisque les actes de foi dans les quatre mystères principaux sont des moyens essentiels pour la justification chez les adultes, une absolution donnée à quelqu’un qui est dans une ignorance substantielle de l’un ou l’autre de ces mystères ci-haut mentionnés est certainement ou probablement invalide.  On n’a jamais le droit de donner une absolution qui est certainement invalide.  Mais une absolution probablement valide peut être considérée comme valide en certains cas avant l’administration, et valide après l’administration.  En conséquence, il faut distinguer les cas suivants.   En dehors du danger de mort, il n’est pas permis d’absoudre quelqu’un qui a une ignorance substantielle de l’un ou l’autre des quatre mystères.  On devrait envoyer cette personne se faire instruire, ou lui donner des explications de temps en temps, ici et là.  En danger de mort, quand on ne peut plus instruire quelqu’un, on peut absoudre sous condition un adulte qui est dans une ignorance substantielle des mystères de la trinité et de l’incarnation, pour la raison donnée dans le cas semblable du baptême.  Après le fait, doit être regardée comme valide l’absolution donnée à quelqu’un qui était dans une ignorance substantielle des mystères de la trinité et de l’incarnation, puisqu’est au moins probable l’opinion à l’effet que la connaissance explicite de ces mystères n’est pas un moyen nécessaire.  En conséquence, selon les principes du probabilisme, un pénitent qui a fait une confession en ignorant ces deux mystères n’est pas obligé de renouveler sa confession, puisqu’il a probablement satisfait à son obligation.

793- Dans les cas suivants (rares, semble-t-il), on ne peut pas administrer le baptême ou l’absolution à des personnes en danger de mort incapables de recevoir une instruction.  Quand il est certain que le moribond est substantiellement ignorant de l’existence de Dieu, de l’auteur de la grâce et de la gloire.   Quand il est certain  que c’est par sa faute que le moribond est substantiellement ignorant de la trinité ou de l’incarnation, et qu’il ne désire pas en entendre parler.

                      LA FOI

794- Voici quelles sont les règles pratiques pour donner les sacrements en cas de doute ou d’urgence, à ceux qui semblent indisposés à cause d’une ignorance substantielle.  En danger de mort, quand il n’est plus question d’instruction, au doit donner au moribond le bénéfice du doute, si le doute porte sur son ignorance.  En danger de mort, quand le mourant ne peut plus recevoir d’instruction,  on devrait lui accorder le bénéfice du doute, si le doute  porte sur la capacité mentale du moribond, et sur l’obligation qu’il a d’avoir la foi explicite.  En danger de mort, ou en cas de nécessité urgente, quand une instruction est nécessaire et possible, on devrait la donner brièvement comme suit.  Disons l’acte de foi.   Je crois en un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.qui a promis d’accueillir dans son ciel après cette vie tous ceux qui l’aiment, et qui punit les méchants. J’espère avoir le bonheur d’être reçu en sa compagnie, avec l’aide de Jésus-Christ, fils de Dieu, qui s’est incarné et qui est mort pour notre salut.  Cette instruction, ou une autre semblable, devrait être donnée par le prêtre ou un laïc présent, quand on baptise un adulte sur le point de mourir.  Quand il n’y a pas de danger immédiat de mort, on devrait avertir la personne baptisée ou absoute d’urgence après un enseignement sommaire, de l’obligation de poursuivre son éducation chrétienne.

795- La foi est le libre exercice du libre assentiment de l’intelligence à ce qu’on ne voit pas, une acceptation d’obligations et de tâches pénibles à la nature humaine.  C’est donc un acte d’hommage à l’autorité de Dieu, et il est méritoire.  C’est par la foi que les anciens patriarches ont obtenu les promesses,  (Hebr. 11, 33).  La liberté et la valeur méritoire de la foi sont-elles diminuées  si quelqu’un cherche d’autres raisons que l’autorité de Dieu pour donner son assentiment à la révélation ?  Le mérite de l’acte de foi n’est pas diminué quand quelqu’un cherche des raisons humaines pour l’assentiment de crédibilité, qui est antérieur à l’assentiment de foi.  Car ce n’est pas seulement la prudence qui demande que quelqu’un s’assure du fait qu’une révélation a eu lieu, avant de donner son assentiment par la foi aux vérités contenues dans cette révélation.  Les preuves de la réalité de la révélation sont des raisonnements humains qui montrent que la révélation est possible et souhaitable, qu’il y a des miracles, des prophéties et d’autres signes qui garantissent la divine mission de ceux qui ont communiqué la révélation.   Le mérite de l’acte de foi n’est pas diminué si quelqu’un cherche des preuves humaines comme préambule à la foi, au sujet de ces vérités divines qui peuvent être établies par la raison humaine (comme l’existence de Dieu, son omniscience, sa véracité).  La personne qui fait la démonstration de ces préalables par des preuves philosophiques a la connaissance de ces choses, mais non la foi en elles.  Mais le mérite de la foi n’est pas perdu si, tout en connaissant ces choses par sa raison, elle est toujours dans la disposition de les accepter sur l’autorité de la révélation.

Le mérite de la foi n’est pas diminué si quelqu’une cherche des raisons pour des mystères de la foi, c’est-à-dire  pour ces vérités de la foi qui transcendent la raison humaine (comme la trinité et l’incarnation), pourvu que ces arguments n’aient pas pour but de démontrer le dogme, mais de le confirmer ou le défendre.  Bien plus, une personne devrait, autant que possible, mettre sa raison au service de la foi.  Agir ainsi n’est pas le signe d’une foi faible, mais d’une foi forte.  Soyez toujours prêts de satisfaire quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. (1 Pier. 111, 15)  Et saint Anselme : C’est pour moi un signe d’incurie si, après avoir été confirmés dans la foi, nous ne nous efforçons pas de comprendre ce que nous croyons. Et saint Thomas : Quand quelqu’un veut croire, il aime la vérité, la médite, et prend à cœur de trouver des raisons qui la confirment. La raison humaine n’exclut pas le mérite de la foi; elle est plutôt le signe d’un plus grand mérite.  Le mérite de la foi est diminué si quelqu’un cherche des raisons comme objet formel, c’est-à-dire  comme le motif sur lequel la foi se fonde. Car alors, quelqu’un ne désire pas croire à cause de la seule parole de Dieu.  Il estime qu’il faut d’autres autorités pour la garantir.

796- En plus de l’acte interne de l’acceptation des vérités révélées, la foi a aussi des actes externes.   Elle commande les actes externes des autres vertus, c’est-à-dire des actes qui portent sur les fins spécifiques de ces vertus.  En conséquence, quelqu’un qui jeûne, exerce un acte externe de la vertu de tempérance, mais c’est la foi dans cette vertu qui commande le jeûne.  La foi élicite son acte externe de profession de foi comme étant  son acte extérieur propre, qui porte sur sa fin spécifique.  J’ai cru. Voilà pourquoi je parle. (Ps. CXV, 10,11; 11 Cor. 1V, 13).  La profession externe de la foi n’est donc pas un acte qui procède de la foi : c’est un acte de foi.   Nous considérerons la nécessité de cet acte plus haut quand nous traiterons des commandements de Dieu.

797- L’habitus de la foi.  La foi n’est pas seulement un acte passager;  elle est aussi une qualité permanente, ou un habitus conféré par Dieu, une des plus grandes et plus parfaites promesses dont l’homme doit faire usage (11 Pie. 11, 3), un charisme qui n’est pas donné pour un temps, mais pour toute la vie, comme l’espérance et la charité (1 Cor. X111, 13). Dieu, qui fait tout avec suavité (Sag. V111, 1), et qui a procuré à ses créatures naturelles des puissances internes par lesquelles elles se portent vers les fins de leurs activités, n’a pas été plus chiche pour ceux qu’il conduit à une fin surnaturelle.  En justifiant le pécheur, il infuse, en même temps que la grâce, les vertus surnaturelles de la foi, de l’espérance et de la charité (conc de trente, session V1, chap. 6)

798- Le concile du Vatican 1définit ainsi la vertu de foi : la foi est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l’aide de la grâce de Dieu, nous croyons les vérités révélées par lui, non à cause de l’évidence intrinsèque des vérités elles-mêmes perçues par la raison naturelle, mais à cause de l’autorité de Dieu révélant. 799-  La vertu de foi a donc les propriétés suivantes.   Elle est surnaturelle, non seulement parce que son objet et son motif sont surnaturels, mais parce qu’elle procède d’un principe surnaturel, la grâce. (Jn V1, 29; Eph. 2, 8)  Elle est obscure, parce que le croyant donne son assentiment de foi à ce qui n’a pour lui aucune évidence intrinsèque.  Il ne voit pas les vérités de foi comme les bienheureux voient Dieu. Nous voyons maintenant à travers un miroir, ou d’une manière obscure, mais alors face à face (1Cor, X111, 12).  Il ne connait pas les vérités de foi  comme il connait les propositions évidentes et naturellement démontrées, car la foi porte sur des vérités qui transcendent la raison humaine,  sur des choses qui n’apparaissent pas. Cela ne signifie pas, bien entendu, que la foi n’est pas correctement appelée une nouvelle lumière ajoutée à l’esprit, et que les motifs de foi ne sont pas crédibles.   Elle est libre, car bien que personne ne puisse refuser son assentiment à ce qui est évident intrinsèquement  (que deux et deux font quatre), il est possible de le faire pour ce qui est obscur. Elle n’est pas le déroulement d’un raisonnement, mais un simple acte d’assentiment dans lequel on accepte en même temps l’autorité de celui révèle et la vérité de sa révélation.  Jésus a dit à Marthe : Je suis la Résurrection et la Vie...Est-ce que tu crois ? Oui, je crois que tu es le Christ. (Jn X1, 25, 27).  Elle est ferme et inébranlable, à un degré très supérieur à l’assentiment donné à la connaissance et à la science, puisqu’elle repose sur l’autorité infaillible de Dieu (1 Thes. 11, 13).

800- Avant la justification, la foi n’existe que comme un acte accompli sous l’influence de la grâce actuelle ou transitoire.  Après l’infusion de la grâce habituelle, la foi est un habitus ou une vertu infuse. Mais il y a deux formes d’existence caractéristiques de ce seul habitus.  D’où la distinction entre la foi vivante et la foi morte. (Gal V, 6; Jacques 11,   26).  La foi vivante est celle qui est informée ou animée par la charité. Cette dernière vertu est appelés l’âme de toutes les autres vertus, dans la mesure où elle les dirige vers leur fin suprême, l’amitié divine, et donne une valeur méritoire à leurs œuvres.  Ont une foi vivante tous ceux qui joignent à leur croyance une vie conforme à  leur foi, c’est-à-dire l’état de grâce, l’amour de Dieu et des bonnes œuvres.   La foi morte est celle qui est séparée de la charité.  C’est une vraie vertu, parce qu’elle dirige l’assentiment de l’intelligence vers sa fin propre.  Mais c’est une vertu imparfaite, parce que ses actes ne sont pas dirigés vers la fin dernière, et ne sont pas méritoires pour la vie éternelle.   Ont une foi morte tous ceux qui croient, mais ne vivent pas en accord avec leur croyance, et qui négligent des devoirs sérieux envers Dieu et les autres.   Exemples. Ceux qui se disent catholiques, mais négligent l’assistance à la messe dominicale et la réception des sacrements.

801- Voici donc ceux qui ont ou qui ont eu la foi. Les anges dans leur état de probation, et nos premiers parents dans le paradis.  Car la foi est nécessaire comme un moyen dans toutes les conditions, sauf dans la vision béatifique, (Cf 785, 158).  Ceux dans cette vie qui sont dans l’amitié de Dieu, ainsi que les croyants qui ne sont pas dans l’amitié de Dieu. Les premiers ont une foi vivante, les autres, une foi morte (Cf 800). Les âmes du purgatoire, les anciens patriarches quand ils étaient dans les limbes.

802- Voici quels sont ceux qui n’ont pas la foi.  Ceux qui ont la vision des vérités de foi, les saints dans le ciel, et Jésus-Christ quand il était sur la terre (1 Cor X111, 10).  Ceux qui rejettent avec obstination une vérité de la foi.  Car si on fait passer le jugement individuel avant l’autorité de Dieu même sur un seul point, l’assentiment donné à la foi ne repose plus sur le motif, l’autorité de Dieu révélant.  Ceux qui sont perdus, qui ont coupé tout lien avec la grâce, ceux-là ne possèdent aucune vertu infusée par Dieu. Les démons croient et tremblent  (Jacques 11, 9)  Leur foi n’est ni surnaturelle, ni libre, mais naturelle et involontaire.
 

 803- Quelques-uns ont une plus grande foi que les autres;  d’autres une plus petite. C’est ainsi que le Seigneur a réprouvé Pierre pour sa petite foi (Matt. XV1, 31), et a loué la grande foi de la cananéenne (Matt. XV, 28).   Mais puisque tous sont tenus d’avoir une confiance totale en Dieu, et d’accepter tous ses enseignements, comment peut-on parler de degrés différents de foi ?  La foi doit être parfaite, selon l’estimation qu’on en fait, c’est-à-dire que tous doivent mettre l’objet formel de la foi au-dessus de tout autre motif d’assentiment.   Cat, quand la Vérité suprême parle, elle exige d’être écoutée cent fois plus que toute autre autorité.  A ce pont de vue, donc,  tout doute étant exclu, tous ont une foi égale.  Mais il n’est pas nécessaire que la foi soit parfaite sous l’aspect de l’intensité, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire que l’intelligence ressente l’assentiment de la foi aux vérités révélées avec plus d’intensité  que celui qu’elle apporte  à la vérité naturelle;  ou que la volonté éprouve la plus haute allégresse, la plus grande dévotion et la plus ferme confiance.  Car les vérités, qui sont plus proches de nous, nous  émeuvent plus intensément que ne font les vérités plus élevées et invisibles.   En conséquence, à ce point de vue, la foi de l’un peut être plus ferme ou plus fervente que la foi d’un autre, selon que l’un est plus confiant, plus aimant, plus ardent qu’un autre  dans son acceptation des paroles de Dieu.

 La foi doit être universelle, c’est-à-dire que nous devons accepter dans son entièreté l’objet matériel de la révélation.  Personne ne peut faire un tri, ou choisir selon ses goûts et ses lubies, car tout ce qui est révélé a Dieu pour auteur.   A ce point de vue, la foi de tous est égale.  Sont croyants ceux qui acceptent les douze articles du credo; sont incroyants ceux qui n’en acceptent que onze, ou un, ou neuf.  Mais il n’est pas nécessaire que la foi dans la totalité de la révélation soit explicite.  Ainsi, un croyant non instruit peut ne connaître que les douze articles du credo, tandis qu’un autre croyant mieux instruit pourra connaître les centaines d’autres vérités qui sont contenues dans les articles du credo.  De cette façon, la foi de l’un est plus grande que celle d’un autre, selon l’extension.

 804- La foi peut-elle augmenter et diminuer dans la même personne ?  S’il est question des actes de foi, les derniers actes peuvent être moins assurés et moins fervents que les précédents, selon les explications données au paragraphe précédent.  C’est de cette façon que nous pouvons comprendre la demande des apôtres au Seigneur d’augmenter leur foi, pour qu’ils puissent faire des miracles en son  nom, (Luc XV11, 5).   S’il est question de l’habitus de foi, il est augmenté à toute augmentation de la grâce sanctifiante (Cf 745).  Saint Paul écrit aux Corinthiens (11, Cor X, 15) qu’il a confiance que leur foi augmentera.   De plus,  des actes répétés de foi facilitent l’aisance  et la joie avec lesquelles l’habitus s’exerce, comme c’est le cas des habitus acquis (les habitudes).  Mais l’habitus de foi ne diminue pas directement, comme il a été expliqué au sujet des vertus infuses en général (Cf 745).

 805- Voici quels sont les moyens d’accroitre la foi. La prière au Père des lumières : Seigneur, augmente notre foi ! (Luc V11, 5).  La lecture des saintes Écritures, des vies de saints, et d’autres livres semblables, et la participation aux conférences spirituelles.  De fréquents actes de foi dans le monde que nous ne voyons pas, et les récompenses à venir. Des exercices de foi qui dirigent nos pensées, nos paroles et nos actions selon l’enseignement de la foi plutôt que selon les maximes du monde. Car le juste vit de la foi. (Hebr. X, 38).  Et la foi sans les œuvres est morte. (Jacques, 11, 20).

 806- La cause de la foi en Dieu.  C’est Dieu directement par révélation, ou indirectement, par le moyen de l’Église, des évangélistes, des prédicateurs etc. Il apporte le message devant l’homme (Rom. X, 15).  C’est Dieu qui cause l’assentiment de l’esprit de l’homme à son message. Quelle que soit la persuasion du prédicateur ou la bonne disposition ou les connaissances de l’auditeur, la foi ne viendra que si la lumière de la grâce précède (Eph. 11, 8).

 807- Les effets de la foi sont la crainte de Dieu, et la purification du cœur.  La foi morte porte quelqu’un à redouter les châtiments infligés par la justice divine, c’est-à-dire elle engendre une peur servile (Jacques, 11, 10).  La foi vivante engendre la crainte du péché, c’est-à-dire qu’elle cause une crainte filiale.   En élevant l’homme aux choses spirituelles, la foi purifie son âme de toute souillure provenant de l’attachement aux choses de la terre. (Actes XV, 9).  Si la foi est morte, elle purifie quand même l’intelligence de toute erreur; si elle est vivante, elle purifie la volonté du mal.

 808- Les dons de compréhension  et de connaissance. Comme il a été dit à 159, les dons du Saint Esprit sont voulus comme des moyens qui perfectionnent les vertus théologiques.   Il y a deux dons qui se mettent au service de la vertu de foi, la connaissance et la compréhension.  Comme la foi est un assentiment, elle doit avoir une idée juste de ce que l’on propose à son acceptation.  Mais comme elle est obscure (Cf 799), et comme il existe des choses étrangères à la foi qui peuvent en corrompre la notion, le don de compréhension est accordé, c’est-à-dire, une simple perception, une intuition divine qui procure une notion correcte des mystères de la foi. Comme la foi est le point de départ de toutes les activités surnaturelles,  elle doit être la norme avec laquelle nous jugeons ce que nous devons penser ou faire dans les choses de la vie.  Mais, comme elle est un simple acte d’assentiment (Cf 799), et comme les créatures du monde sont des tentations et des pièges (Sag. X1V, 2), on reçoit le don de la connaissance, qui nous donne un jugement sur,  sur les choses de ce monde.  Ces choses  prennent alors une nouvelle et plus grande signification, à la lumière des enseignements de la foi.

 809- Le don de compréhension n’a rien à voir avec la vision béatifique.  C’est la vision béatifique qui donne une compréhension parfaite des mystères, dans leur essence et dans leurs causes ( le comment et le pourquoi de la trinité).  Cette compréhension-là enlève toute obscurité, et dévoile le mystère.  Elle est donc incompatible avec la foi.   Le don de compréhension procure une pénétration imparfaite de l’enseignement de la foi qui n’enlève pas l’obscurité, qui ne dévoile pas le mystère.  Il peut donc cohabiter avec la foi.

 Voici quels sont les effets de ce don. Il marque la distinction entre les vérités de foi et les fausses doctrines.  Il apporte une vue claire de la crédibilité du mystère de la foi contre les difficultés et les objections.   Il donne une connaissance de la valeur surnaturelle des vérités secondaires de foi, c’est-à-dire des évènements et des faits qui ne sont pas en eux-mêmes surnaturels (Luc XX1V, 32).  Il donne une compréhension de l’aspect pratique d’un mystère.  Par exemple, que les relations entre les personnes divines sont un modèle pour la régulation de la vie chrétienne, en ce qui a trait à la connaissance et à l’amour des choses divines.

 810- Le don de connaissance.  Tous les justes le possèdent, mais on ne doit pas le confondre avec la connaissance sacrée ou la théologie, ni avec les dons extraordinaires ou infus de connaissance, ou le charisme de connaissance.   Le don de connaissance ressemble à la théologie en ce qu’il reproduit objectivement ce que la raison fait quand elle démontre l’existence d’un Créateur invisible  à partir du monde visible.   La théologie est le résultat d’une étude dans laquelle on passe successivement de la prémisse à la conclusion, tandis que  la connaissance est le résultat d’une lumière divine que peut posséder même un illettré.  Elle saisit d’un coup d’oeil tous les méandres d’une argumentation.  Ce don fait en sorte que les merveilles de la nature, les événements historiques,  les arguments des philosophes conduisent quelqu’un fermement et spontanément à la fin dernière, et aux réalités surnaturelles de foi.   La connaissance infuse peut avoir pour objet des choses purement naturelles (comme les vérités de la philosophie, et la capacité de parler des langues étrangères), tandis que le don de connaissance ne porte que sur la foi.  Il décide ce qu’un croyant  doit croire ou faire d’après sa foi.

 Le charisme de connaissance (1 Cor. X11, 8) est une grâce donnée à quelqu’un pour le bénéfice des autres.  Il rend quelqu’un capable de communiquer avec succès aux autres les enseignements de la foi.  Le don de connaissance, au contraire, procède de l’habitus de la grâce sanctifiante,  et n’est accordé que pour le bénéfice  du récipiendaire.

 811- A chacun des dons du Saint Esprit, correspondent des béatitudes et des fruits (Cf 159).  Au don de compréhension correspond la sixième béatitude :  Bénis soient les purs de cœur, car ils verront Dieu. Car la compréhension purifie l’âme des fausses idées relatives à la foi, et voit à ce que Dieu soit placé au-dessus de tout ce que l’intelligence peut comprendre.  Les deux fruits qui procèdent  de la compréhension sont la foi (une certitude inébranlable) et la joie dans l’union avec Dieu par la charité.   Au don de connaissance correspond la troisième béatitude : Bénis soient ceux qui  pleurent, car ils seront consolés.   Car la connaissance permet à quelqu’un de porter un jugement sur,  sur les choses créées, de déplorer le mauvais usage qu’on en fait,  et de se réjouir quand elles sont employées à leur juste fin.
 
 
 

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Traduction originale française par JesusMarie.com, 7 octobre 2016 : autorisation est donnée à tout catholique de reproduire sur tous supports cette traduction à condition de mentionner JesusMarie.com comme auteur de la traduction

Titre Original : Moral Theology A Complete Course Based on St. Thomas Aquinas and the Best Modern Authorities. Révision par le père Edward P. Farrel, o.p. New York City Joseph F. Wagner, Inc. London : B. Herder. All Rights Reserved by Joseph F. Wagner, Inc., New York, printed in the United States of America Note : Nous avons contacté le frère dominicain américain responsable des droits littéraires des frères de cette province de l'Ordre des Frères Prêcheurs, celui-ci affirme que cette THEOLOGIE MORALE, dans sa version originale anglaise, est maintenant dans le domaine public, c'est pourquoi nous la publions et la proposons en téléchargement. Si nos informations étaient fausses, merci de nous contacter par l'email figurant en première page du site pour que nous puissions immédiatement retirer tout ce qui serait litigieux. JesusMarie.com attache la plus grande importance au respect des droits des ayants droits et au respect des lois. Tout ce qui est publié, l'est avec autorisation, relève du domaine public ou est le fruit de notre propre esprit.

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