APPROBATION DES
DOCTEURS
Approbation du R.P.
Frère PIERRE DAMIEN
de Saint Thomas
d'Aquin, Carme Déchaussé,
autrefois
Définiteur général, et maintenant
Visiteur
Général et lecteur en Théologie
Le Traitéde la Communion Quotidienne, composé en Espagnol par Michel de Molinos, Prêtre & Docteur en Théologie , & traduit en Italien par une personne pieuse , persuade aux fidèles de suivre la coutume ancienne & Apostolique, que l'Eglise Romaine observait , de communier tous les jours : ce qui étant louable en soi, selon Saint Thomas, si quis se quotidie paratum inveniat laudabile est , quod quotidie sumat, ne doit être défendu à personne, lorsqu'il a les dispositions nécessaires & le consentement de son Directeur. Cet Ouvrage a aussi pour but de rallumer, dans ce temps où la charité est si fort refroidie , la ferveur & la dévotion des premiers Catholiques. Ainsi n'ayant rien trouvé dans ce Livre de contraire à la foi ni aux bonnes mœurs, je le juge digne d'être imprimé.
Fr. Pierre Damien.
J'ai
lu le Traité de la Communion Quotidienne, composé par Michel de Molinos,
Prêtre
& Docteur en Théologie qui me parait trés digne d'être imprimé.
La Doctrine qu'il contient est très Sainte , ayan pour fondement l'amour
de Jésus-Christ , les Canons des Conciles, la tradition des S. S. P.P.,
l'autorité des Théologiens & la lumière naturelle conduite par la
révélation. On n'a donc qu'à rendre public par l'impression ce trésor
caché, afin que tous les Fidèles ressentent, dans la pratique, l'utilité
des conseils qu'on leur donne dans cet Ouvrage.
Approbation du R. P. Fr. Dominique del a Sainte Trinité, Qualificateur du S. Office de Rome , autrefois Général des Carmes Déchaussés, & présentement Definiteur Général & Relieur du Seminaire de la Mission dans le Couvent de Saint Pancrace.
J'ai avec beaucoup d'attention lu le Traité de la Communion Quotidienne, composé en Espagnol par Don Michel de Molinos, Prêtre et docteur en Théologie, où je n'ai rien trouvé de contraire à la foi et aux bonnes moeurs, ni d'opposé au respect que l'on doit au Très Saint Sacrement de l'Autel. L'auteur y prouve que tous les fidèles, qui sont sans péché mortel, peuvent le recevoir fort souvent et même tous les jours ; faisant voir que cette disposition, qui est absolument nécessaire suffit pour communier avec fruit. Mais en sorte qu'il laisse à la prudence d'un Directeur spirituel le soin de juger, dans une chose de si grande importance, ce qui est propre à chacun, selon l'état où il se trouve, et quel degré de dévotion il faut, quelle ferveur de charité, pour tirer du fruit des Communions fréquentes. C'est pourquoi je le crois digne d'être imprimé, tant pour animer ceux qui s'abstiennent de participer aux Mystères par un excès d'humilité, que pour exciter ceux qui les fréquentent par amour à s'en rendre toujours plus dignes par la sainteté et la pureté de leur vie.
De
notre couvent de Saint Pancrace, le 16 de Mai 1675. FR DOMINIQUE de
la Très Sainte Trinité.
AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR
Je
n'ai pas entrepris cet ouvrage par des considérations humaines, ou par
passion, ni pour défendre des Controverses difficiles, ou pour avancer
des opinions particulières ; ne l'ayant écrit que comme par force,
& par les prenantes sollicitations de quelques personnes zelées, &
n'ayant eu pour but que la gloire de Dieu, & le progrès spirituel
des âmes. Ainsi je n'ai pas dessein de porter les fidèles à la fréquente
Communion, sans les Sages conseils d'un Directeur éclairé : croyant qu'il
vaut mieux lui obéir, lorsqu'il nous commande de nous abstenir du S. Sacrement,
que de communier tous les jours en ne prenant que notre propre jugement
pour règle. Je n'ai donc fait ici un abrégé des raisons & des
autorités des Conciles, des Saints Pères & des Docteurs de l'Eglise
, qui conseillent la fréquente Communion , que pour faire sentir aux
Confesseurs, qu'ils n'ont aucun droit de l'interdire aux personnes, qui
sont sous leur direction , qui la souhaitent & qui sont du nombre des
avancés.
TRAITE DE LA COMMUNION
QUOTIDIENNE
CHAPITRE I
"Qu'on ne doit point refuser la communion à un fidèle qui la demande,
et qui ne se sent point souillé de péché mortel."
Le Concile de Trente parle en ces termes de la préparation, que les Prêtres et les Laïques doivent apporter à la Sainte Eucharistie.La Tradition de l'église apprend que l'examen nécessaire pour se préparer à la Communion et de ne pas s'en approcher tant qu'on est en état de péché mortel,encore qu'on en ait de la contrition, (si ce n'est qu'on se soit auparavant confessé : ce qui regarde tous les Chrétiens & même les Prêtres qui doivent célébrer les Saints Mystères). Il s'ensuit clairement de là que, selon le Concile, les séculiers nont besoin d'aucune autre disposition pour communier, ni les Prêtres pour dire la Messe, que de n'être point en péché mortel. De quel droit est-ce donc que les MinistresAutels en éloignent ceux qui sont en cet état ?
Ces
Ecclésiatiques diront-ils qu'ils ont plus d'autorité que ce Concile,
ou qu'ils sont plus savants que les Pères, qui se trouvèrent dans cette
célèbre Assemblée ; ou que Dieu leur a communiqué des lumières plus
grandes que celles qu'il répandit alors sur son Eglise ? Qu'ils n'exigent
donc plus des communiants d'autre disposition que d'être sans péché
mortel, puisque le Concile ne demande que cela.
Ou
les Prêtres, qui disent tous les jours la Messe, sont dans ce degré de
sainteté & de perfection, qu'ils exigent des séculiers qui veulent
communier tous les jours ou ils n'y sont pas. Ils ne diront pas qu'ils
y ont atteint, ce serait un trop grand orgueuil à eux ; mais si ces restes
d'imperfection ne les empêchent pas de célébrer chaque jour les Mystères,
pourquoi veut-on qu'ils empêchent les Laïques d'y participer aussi souvent.
On fait fort bien de leur conseiller cette perfection ; mais il ne s'ensuit
pas qu'il soit juste de priver d'une si grande grâce ceux qui ne l'ont
pas ; de peur que Jesus-Christ ne fasse aux Ministres, qui en usent de
la sorte, 1e même reproche qu'aux Pharisiens ; en les accusant de "mettre
sur les épaules des hommes, des fardeaux si pesants qu'ils n'auraient
pas voulu les toucher du bout du doigt." Si
pour consacrer tous les jours, pour offrir le plus auguste de tous les
Sacrifices, & faire les fonctions du plus sublime de tous les Ministères,
le Concile juge qu'il suffit de n'être pas en péché mortel, à combien
plus forte raison cette disposition est-elle suffisante pour communier
seulement ?
Si
les Conciles, l'Eglise, les Papes, les Saints & les Docteurs ne demandent
pas de plus grande disposition pour recevoir du fruit de ce Sacrement que
de n'être pas en état de péché mortel, pourquoi est-ce que ces Ecclésiastiques
en exigent davantage ?
Voici
comme s'en expliquent les Peres de Trente. Optaret
quidem Sancta Synodus ut in fsngulis Miffis Fideles adstantes, non solùm
spirituali affectu ; sed Sacramentali etiam Eucharistie perceptione communicarent,
quo ad eos hujus sacrificii fruttus uberior perveniret. Le
Saint Concile souhaiterait bien que les fidèles communient à toutes les
Messes auxquelles ils assistent, non seulement d'esprit & de pensée,
mais aussi par la perception Sacramentelle de l'Eucharistie, afin qu'ils
retirassent de plus grands fruits de ce Sacrifice. Ainsi le Concile ne
demande autre chose des fidèles, qui veulent communier tous les jours
en entendant la Messe, que de de n'être point en péché mortel, conformément
à ce qui a été cité de la Session 13. Cependant on trouve des Curés
qui soutiennent que cela n'est pas bien, et qui s'opposent ainsi obliquement
aux décrets de l'Eglise.
La
Congrégation du Concile déclara erronnée la limitation de quelques Evêques,
qui voulaient exclure de la fréquente communion les marchands & les
mariés. Cela fut rapporté dans la Rote,
à l'année 1587, où aprés avoir décerné que tous les séculiers, &
même les marchands & les mariés peuvent communier tous les jours,
la Congrégation ajoute : Quapropter
exhortandi funt fideles,ut
ficut quotidie peccant, itaquotidie Medicinam accipiant (Barbos ou
Bardos, in concile de Trente sup. c.22): C'est
pourquoi il faut exhorter les fidèles que comme ils péchent tous les
jours, ils
s'appliquent tous les jours le remède dans le Sacrement de l'Eucharistie.
Le même Concile dit en paraphrasant ces paroles du Sauveur : Qui
manducat me ipse vivet propter me: celui
qui me mange vivra à cause de moi ; &
tanquam antidotum,quo
liberemur à culpis quotidianis, & à peccatis mortalilus prefer vemus
: La
Communion étant un antidote, qui nous delivre des fautes ordinaires, &
qui nous préserve des péchés mortels. Le Concile ne parle pas ici
des Antoines & des Basiles, des Catherines ni des Claires, dont on
voudrait que ceux qui s'approchent des Mystères égalassent la Sainteté
: il parle de ceux qui tombent tous les jours, & à qui on ne doit
pas refuser le remède contre le péché.
Le
Concile de Milan & celui de Cavaillon sont du même avis. Le Pape Pie
V dit que tous les Curés sont obligés de faire souvent cette exhortation
aux fidéles, que comme ils croient qu'il faut donner tous les jours à
manger au corps, ils doivent être persuadés, qu'il n'est pas moins nécessaire
de nourrir l'âme de ce Sacrement ; puisque les Israélites dans le désert
mangaient tous les jours de la manne , qui en était la figure. C'est une
sentence qui est dans la bouche de tous les Saints Docteurs, que celle
où Saint Augustin dit, puisque vous péchez tous les jours, communiez
tous les jours. Saint Ignace Evêque & Martyr écrivait aux Ephésiens,
qu'ils s'accoûtumassent à recevoir souvent l'Eucharistie, parce que,
la fréquente Communion ôte les forces à Satan. Le Concile d'Alexandrie
assure que dans une fréquente participation à ce Sacrement, on ne saurait
conserver que difficilement la grâce.
Saint
Chrysostome enseigne que ce n'est point témérité à un Chrétien de
s'approcher souvent de ce Sacrement, & que celui qui ne se sent pas
coupable de péchés énormes peut s'en approcher tous les jours. Théophilacte
dit que c'est à nous-mêmes de juger si nous sommes en état de communier,
& qu'aprés nous être examinés, si nous ne nous sentons pas coupables
de graves fautes, nous pouvons le faire, sans attendre un jour de fête.
Saint
Cyprien s'exprime encore plus fortement sur ce sujet. Demandons, dit-il,
ce Pain quotidien, & lorsque nous n'aurons point commis de grands crimes,
recevons tous les jours celui qui donne la vie
éternelle. Prions Dieu qu'il nous donne tous les jours notre pain qui
est Jesus-Christ, pour nous conserver dans la grâce. Ce
n'est pas une petite perte que de manquer à communier chaque jour.
Saint-Hilaire
dit : Si vos péchés ne sont ni mortels ni assez grands, pour vous avoir
fait encourir l'excommunication, & quand même vous auriez péché
mortellement, ajoute Suarez en interprétant les parolesde ce Père, aprés
vous être confessé, ne vous éloignez pas de la Médecine ordinaire ,
qui est le corps & le sang
du Seigneur.
Recevez
tous lesjours, dit Saint-Ambroise, celui qui peut vous secourir tous les
jours.Celui qui ne mérite pas de le recevoir chaque jour, ne méritera
pas de le recevoir d'an en an. Les péchés sont fréquents, et ce pain
céleste est un préfervatif ordinaire.
Vous péchez tous les jours, lavez-vous donc tous les jours dans la fontaine
de la Pénitence, & approchez-vous tous les jours
de ce Sacrement, où vous trouverez une Médecine salutaire, au lieu d'une
sentence de mort.
Saint
Jerôme assure qu'à Rome & en Espagne, la coutume de communier tous
les jours était encore en usage de son temps, c'est-à-dire,environ l'an
470. C'est pourquoi il conseille de recevoir l'Eucharistie toutes les
fois qu'on n'est pas en péché mortel. Si
vous êtes sans péché énorme, vous pouvez vous approcher en sûreté
de ce Sacrement, dit Saint Augustin, puisque c'est du pain et non pas du
poison. Il vaut mieux communier par dévotion, dit ce Saint Docteur, que
de s'en abstenir par respect. Ce pain, dit-il ailleurs, est une nourriture
ordinaire, mangez-en donc chaque jour, il vous donnera de nouvelles forces,
et que vous pouvez le recevoir chaque jour.
On
attribue encore à Saint Augustin cette sentence, qu'un Evêque objecta
à Sainte Catherine de Sienne, pour la dissuader de ses fréquentes communions. Quotidie
Eucharistie communionem percipere nec laudo nec reprehendo. Je
ne blâme ni ne loue ceux qui communient tous les jours. Pourquoi
donc, répondit
la Sainte, me reprenez-vous
d'une chose que Saint Augustin n'a osé blâmer.Bellarmin
assure que cette sentence n'est point de Saint Augustin, et plusieurs autres
auteurs sont de cet avis.
Le
Seigneur, dit Saint Grégoire, nous donne ce Sacrement salutaire, pour
nous pardonner nos péchés fréquents, recevons-le donc tous les jours.
Celui
qui est blessé, dit Saint Bernard, cherche d'abord le remède. Le péché
nous a percé de plaies, le remède est ce Sacrement divin ; recevons-le
donc tous les jours, puisque nous avons tous les jours besoin d'être guéris.
Saint
Apollonius conseillait à ses Moines de
communier tous les jours, pour se conserver en état de grâce :
« Quoi que vous vous sentiez tiède, dit Saint Bonaventure, & avec
peu de ferveur, vous pouvez néanmoins en vous confiant sur la miséricorde
de Dieu, vous approcher de la communion. Ne cessez pas d'y venir, bien
que vous vous en croyez indigne, pourvu que vous ne vous souveniez point
d'avoir commis aucun péché mortel ; parce que plus on en est malade,
plus on a besoin de Médecins. Vous ne recevez pas Jesus-Christ pour le
sanctifier, mais afin qu'il vous sanctifie".
Le
Concile d'Alexandrie enseigne que dans la fréquente Communion, on ne peut
que difficilement conserver la grâce. Selon Saint Antoine de Florence,
on doit conseiller à ceux qui vivent bien de recevoir souvent le trés-Sàint
Sacrement [de l'Autel ] parce que, comme l'abstinence des viandes corporelles
affaiblit le corps, lorsqu'elle est longue , & le met en danger de
mort : de même l'abstinence trop longue de cette viande Spirituelle diminue
les forces de l'âme , consume la ferveur & la met sur le bord
du précipice, qui est le péché mortel. Aprés qu'on se soit préparé,
autant que la fragilité humaine le permet, il est plus sûr, selon le
Pape Adrien, de recevoir le trés Saint que de s'en abstenir.
Saint
Thomas d'Aquin, étant interrogé s'il est permis de communier tous les
jours, répondit avec Saint Augustin , que l'Eucharistie était le pain
ordinaire, & qu'il fallait le manger tous les jours, afin d'en tirer
tous les jours de nouveaux avantages.
Saint
Isidore assure que ceux qui enseignent qu'on doit communier tous les jours,
pourvut qu'on ne soit pas en état de péché & qu'on le fasse avec
vénération & humilité, font fort bien. Dans les Décrétales attribuées
aux premiers Papes, on fait dire à Saint Anaclète que l'usage de la communion
fréquente s'étant presque aboli par la tiédeur des Chrétiens, il le
renouvelle, en ordonnant que tous ceux qui se trouveront presents à la
célébration des Mystères, depuis la consécration, communieront. Cette
coutume ayant été établie par les Apôtres & observée dans l'Eglise
de Rome, que ceux qui ne communiaient pas, étaient chassés hors du Temple.
Celui-là peut communier, dit le Pape Innocent III,. qui a la conscience
nette de péché mortel, & qui se repent des véniels.
Aprés
que vous aurez examiné votre conscience, dit Saint Athanase, venez à
la communion, sans attendre un jour de fête. Henriquez soutient que Saint
Ambroise, Saint Jerôme & Saint Augustin, louent ceux qui communient
tous les jours n'étant pas en état de péché. On peut conseiller, poursuit-il,
de communier à ceux à qui le Confesseur a donné l'absolution, quoi qu'ils
craignent de retomber facilement. Il n'est pas nécessaire d'avoir senti
par expérience les progrès particuliers de la fréquente Communion, parce
qu'on s'aperçoit beaucoup moins des progrés Spirituels, qui sont insensibles,
que des corporels.
"Si
lors même que je communie", dit 'Thomas à Kempis, "je ne cesse pas de
me trouver si négligent & si tiède, que deviendrais-je si je
ne prenais pas un tel remède. J'ajouterais à cela si avec toutes mes
fréquentes communions je suis encore méchant, il est indubitable que
je ferais un sujet de scandale & de chute à tout le monde , &
que je me précipiterais dans l'enfer, si je ne communiais pas aussi fréquemment."
Il
y a encore plusieurs raisons convaincantes pour la communion quotidienne,
que je ne rapporterai pas tout au long, parce que j'ai dessein d'être
fort court. Je me contenterai de marquer ici les Auteurs où l'on les trouve
& auxquels le Lecteur pourra recourir :
Innocent
III, St Athanase, Henriquez et Thomas à Kempis, Alexandre d'Ales, Gerfon,
le Patriarche de Jerusalem et Jean Celaya, Reigner de Pise, Martin de Ledesma,
Nider, Astensis, Salmeron, François Suarez, Durand, Victoria, Jean de
Fribourg, Jean Altestaing, Gabriel Major, Raimond, Pierre de Soto, Louis
Blofius, Etienne Bolufer, Rofela, le Père Christophe de Madrid, Reginald,
François de Lavata, Denis le Chartreux, Jean Mayor, Venantius Fortunatus,
Le Cardinal Hofius, L'Evêque Perez, Vivaldo, Christophe Moreno, Jacobus
Baius, Alfonse Rodriguez, Antoine Molina, Louis Fundone, Le Père Joseph
de Sainte Marie, Raimond Sebunde, Mauro Antonio, Pierre Marsiglia, Antoine
de Alvarado, Alfonse de Chintilla, le Père Louis de Grenade, Villalobos,
Almai, Jean Sanchez, Palao, Bafilio, Veracrux, Errico Enriquez, Ferrer,
Escobar, Mendoza, Cassien, Medina, Jerôme Perez, Adrien.
On
peut ajouter à tous ces auteurs l'illuminé Taulere, qui dit, "qu'on recueille
plus de fruits de participer au Saint Sacrement, sans péché mortel, que
d'ouïr cent messes ou cent sermons". Et plusieurs Docteurs soutiennent,
au rapport de Jerôme Perez, "que celui qui communie une seule fois reçoit
plus de grâces par cette seule action, que s'il allait trois fois en pélerinage
au Saint Sepulcre de Jerusalem : qu'on ne communie jamais sans obtenir
une grâce particulière et un degré singulier de charité, qu'on n'avait
pas auparavant, pour tiède et sec qu'on se trouve."
Un
savant religieux va encore plus loin lorsqu'il fait cette réflexion :
"Quand on joindra ensemble toute la charité de tous les hommes, qui ont
été, qui sont ou qui seront, tous leurs mérites et toutes les louanges
qui leur ont été ou qui leur seront données ;
toutes les bonnes
œuvres qui ont été faites ou qui se feront ;
tous les tourments
des Martyrs, les Jeûnes, les Disciplines & les cilices des Confesseurs,
des Patriarches, des Vierges & des Prophètes, avec tout le bien qui
se fera jusqu'à la fin du monde ; tout cela , dis -je, ne saurait
autant plaire àDieu que la participation à ce divin Sacrement. Il y en
a même qui ajoutent, dit cet Auteur, conformément à mes hypothèses,
que quand tous les Chœurs des Anges & des Saints Bienheureux s'uniront
avec la trés-Sainte Vierge, qui est leur Maître(ce & incomparablement
plus élevé qu'eux), ils ne sauraient offrir à Dieu de Sacrifice
qui lui fut plus agréable, que de dire la Messe , ou de presenter
à Sa Majesté divine ce Saint Sacrement aprés avoir communié.
Saint
Cyrille assure que le seul retardement de la communion ne procure pas une
disposition meilleure & qu'il arrive ordinairement, que plus
on tarde à communier moins on s'y trouve disposé. Les 7
raisons
suivantes persuadent cette verité. Communier dignement, & sans péché
mortel est bon en soi-même, & il nel 'est pasde s'en abstenir. S'en
approcher souvent est un effet de zèle & d'amour, & differer fa
communion est une marque de négligence & de crainte : or les œuvres
de l'amour sont meilleures que celles de la crainte. Celui qui communie
surpasse celui qui ne le fait pas, par les fruits, qu'il reçoit de ce
Sacrement , ex opere operato, & il l'égale, facilement , quant
au reste, puisque le desir de communier dignement n'est pas moins bon que
le respect par lequel on s'en abstient. S'il fallait s'en abstenir, ce
serait seulement pour obtenir ou pour conserver la révérence & la
dévotion qu'on doit à ce Sacrement. Mais la fréquente communion n'est
pas d'une moindre utilité pour cet effet, puisqu'elle purifie l'âme de
ses mauvaises habitudes, de ses affections & de ses imperfections naturelles.
Que
si l'Ecriture Sainte, les Apôtres, les Conciles, les Pontifes, & tous
les Saints Docteurs conseillent la Communion quotidienne, sans exception
& sans réserve, quelle loi divine ou humaine, pourrait l'étendre
à ceux qui n'ont point commis de péché mortel ? Et de quel droit les
Ministres des. Autels entreprennent-ils de mettre des bornes , où Jefus
Chrift & fon Eglife n'en mettent point ? Il est de la prudence Chrétienne
de ne pas s'opposer au sentiment de tant de Docteurs, de Saints, de Pontifes,
& de Conciles, de peur d'encourir les censures qui ont été faites
à plusieurs de ces Ecclesiastiques indiscrets. Le Père Bernardin de Villegas,
qui a écrit la vie de Sainte Lutgarde dit que son Abbaye était
du nombre de ceux qui n'approuvaient pas les fréquentes communions, &
que cette Supérieure poussée dun zèle indiscret ordonna à Lutgarde
de ne pas communier si souvent. Cette humble Religieuse répondit qu'elle
était prête à lui obéir, avec un esprit calme ; mais qu'elle était
persuadée que cette défense n'agrérait pas à Jesus-Christ, & qu'elle
reconnaitrait par quelque châtiment [du Ciel] le mal qu'elle faisait,
en lui interdisant la communion. La Sainte obéit donc & pour la récompenser
de son obéissance, le Seigneur accomplit la prophétie , en visitant l'Abbaye
d'une maladie dangereuse, accompagnée de douleurs insupportables, &
qui s'augmentaient à tout moment jusqu'à ce qu'enfin reconnaissant la
faute, & que la manière indiscrète, dont elle avait traité Lutgarde
lui avait attiré cette punition, elle l'a fit appeller, & lui permit
de continuer ses dévotions envers le S. Sacrement. Aussitôt que l'Abbaye
eut donné cette marque de son repentir, elle se sentit soulagée d'un
mal, qui l'avait déja réduite à de grandes extrémités. D'autres Religieuses,
qui
avaient aussi blâmé les fréquentes communions de Lutgarde, vinrent lui
en demander pardon, & celles qui persévèrerent dans leur opiniâtreté
furent punies de mort subite.
On
lit dans le Livre III de la vie de Sainte Gertrude c. 23., qu'un Prédicateur,
ou un Confesseur, s'était mis en colére contre des Religieuses, qui croyaient
qu'on doit communier souvent ; Sainte Gertrude demanda au Seigneur quelle
était sa volonté, sur quoi le Seigneur lui répondit :" Puisque je prends
mes délices avec les enfants des hommes, & que par un effet de mon
amour infini, je leur ai laissé ce Sacrement, afin qu'ils
le reçussent souvent, qu'ils célébrassent fréquemment ma mémoire,
& que je demeurasse en eux jusqu'à la fin du monde, il s'ensuit que
ceux qui par paroles, ou autrement détournent ceux qui ne sont pas
en péché mortel de la communion, s'opposent à moi en quelque manière,
& me privent de la joie & du plaisir que je prenais dans ces âmes
dévotes". Quelques Ecclésiastiques ont voulu, mal à propos, resserrer
ce Sacrement en des bornes si étroites, qu'à les entendre parler on dirait
qu'il n'a pas été institué pour les Laïques, & qu'ils n'ont pas
droit de demander la communion, toutes les fois qu'ils sont disposés à
la recevoir. Comme si Jesus-Christ en l'instituant y avait mis des limites
& des réserves, & qu'il n'eut permis d'y participer qu'à un certain
nombre de gens & en certain temps.
Les
Directeurs experts s'étonnent de voir les scrupules & les précautions
dont parlent certains Confesseurs, qui semblent croire que la communion
eut quelque chose de fort dangereux pour les âmes, & que la fréquente
participation à ce Sacrement en diminue la vertu, & obscurcit
la gloire de Dieu : au lieu qu'il n'est rien qui la rende plus
éclatante, qui soit plus salutaire aux âmes, ni à quoi ceux qui aiment
son honneur doivent plus travailler. Que les Curés qui ne sont pas
satisfaits de ces raisons, fassent réflexion sur ce canon de l'Eglise.
Non prohibeat dilpenfator manducare pingues terrae in menfa Domini.
Que le Dispensateur [des biens célestes] n'empêche point les âmes
qui se nourrissent de la graine de Canaan de manger à la Table du Seigneur.
Si les Maîtres d'hôtel spirituels n'ont pas le droit de les éloigner
de cette table, qui est-ce qui pourrait l'avoir ? Que si tout ce qu'on
a dit jusqu'ici n'est pas capable de les faire changer de sentiment, qu'ils
craignent les jugements que Dieu a souvent déployé sur ceux qui faisaient
ces défenses.
J'avoue
cependant qu'on ne doit recevoir la communion que de l'ordre de son Père
spirituel, qui ne doit ni la défendre ni la différer à une âme qui
la souhaite, & qui peut en tirer du fruit, étant dans la disposition
que le Concile demande. Que si un autre Confesseur lui ordonne le contraire,
qu'elle suive l'avis de son Directeur, qui connait mieux l'état de sa
conscience qu'aucun autre, sur tout, puis qu'en suivant ses conseils elle
soit en sureté, & ne saurait se tromper.
Réponse aux raisons
de ceux qui veulent empêcher les fidèles de communier £ les Prêtres
de célébrer, encore que leur conscience soit nette de péché mortel. On
ne peut refuser la communion à ceux qui la demandent, étant hors d'état
de péché mortel, que par une de
ces quatre raisons: I. ou parce qu'ils n'en sont pas dignes , II. ou par
un motif de respect envers Jesus-Christ, III. ou parce qu'une trop grande
familiarité fait tomber dans le mépris, IV. ou enfin par mortification
& par pénitence. La premiére raison n'est pas suffisante; parce que
s'il fallait s'abstenir de la communion, jusqu'à ce qu'on en fût digne,
il y faudrait renoncer entièrement, personne ne pouvant devenir digne
de recevoir celui que le Ciel même ne saurait contenir. C'est ce qui a
fait dire à plusieurs Saints que la communion d'aujourdhui est une préparation
à celle de demain. Ajoutez à cela que les Conciles, les Saints &
les Docteurs assurent que [toute] la digriité & la disposition nécessaire
consiste à n'être point en péché mortel. On ne se présente pas à
cette Table mystique, parce qu'on est digne d'y participer, mais parce
qu'on est affamé. On ne va pas à la communion pour sanctifier Jesus-Christ,
mais afin qu'il nous guérisse & qu'il nous sanctifie. Comme
je péche continuellement, dit
S. Ambroise, j'ai continuellement
besoin de prendre ce Sacrement, parce qu'il est une Médecine, qui me préserve
des infirmités mortelles du péché.
La seconde raison, qui est prise du profond respect qu'on doit avoir pour les mystères, & qui en doit rendre à ce qu'on prétend, l'accès plus réservé, est contraire à la doctrine de S. Augustin qui dit qu'ilvaut mieux communier par dévotion que de s'en abstenir par respect. Denis le Chartreux soutient aussi qu'il vaut mieux communier par amour que de s'en abstenir par respect & par crainte. On n'en a pas plus de dévotion, d'amour Serein, ou de respect pour Dieu parce que l'on communie moins souvent ; mais celui-là l'aime& l'honore davantage, qui se trouvant sans péché mortel, & souhaitant de faire des progrés spirituels y participe tous les jours ; le retardement étant plûtôt une tentation évidente qu'une préparation solide. On voit ordinairement que ceux, qui s'imaginent de réveiller leur ferveur et leur dévotion assoupie, par ce retardement demeurent néanmoins secs, tièdes & engourdis. Ceux qui ne veulent pas communier jusqu'à ce qu'ils se sentent enflammés d'une dévotion sensible ressemblent à des gens qui mourraient de froid, & qui ne voudraient pas s'approcher du feu, jusqu'à ce qu'ils eussent chaud, ou à des malades, qui ne souffriraient pas qu'on appellât le Médecin, qu'ils n'eussent recouvré la santé. Le corps de Jesus-Christ est un feu spirituel, approchons-nous en pour nous réchauffer. Sa chair est un charbon ardent dit S. Jean Damascène, dont le propre est d'embraser tout ce qu'il touche.
La troisième raison qu'on allègue, pour interdire aux fidèles la fréquente communion, consiste à soutenir que leurs desirs ne sont fondés que sur un pur caprice, mais qui est dangereux, par ce qu'on vient bientôt à mépriser un objet avec lequel on se familiarise trop. Quelle doctrine bon Dieu ! Quelle erreur pernicieuse quoi que l'intention de ceux qui l'enseignent puisse être bonne. Comment est-il possible que tant de Saints & de Docteurs Catholiques, qui ont fait des Traités exprès sur cette matière, & qu'on a cité dans le Ier Chapitre, ne se soient jamais avisés de cet inconvénient, s'il est d'aussi grande conséquence qu'on se le figure ?
Il est vrai qu'une trop longue familiarité produit souvent le mépris ; mais c'est à l'égard des choses viles & contemptibles en elles-mêmes, & qui n'ont de beau que l'apparence : puisqu'on n'en estime pas moins ce qui est bon ; excellent & véritablement aimable, après qu'on en a joui longtemps & qu'on s'y est souvent appliqué. Un commerce trop familier entre les hommes est ordinairement cause qu'ils font moins de cas l'un de l'autre, parce qu'ils découvrent leurs défauts réciproques. Mais il n'en est pas de même de la fréquentation de Dieu, parce que plus la créature le connaît, plus elle conçoit de respect pour lui, plus elle s'enflamme d'amour pour ses perfections infinies.
Si en communiant tous les jours on découvrait quelque défaut en Jesus-Christ, il est indubitable qu'on viendrait à le mépriser ; mais plus on pénètre dans cet Océan de bonté , plus on en admire la profondeur. Que si la fréquentation produisait nécessairement le mépris, il faudrait que Dieu, qui le communique si familièrement aux Anges & aux Saints glorifiés, prit garde à lui, de peur de tomber dans ce précipice. Qui est plus familier avec Dieu que les Anges, & laissent-ils pour cela de l'aimer & de l'honorer?
Mais on dit qu'il ne faut pas abuser de la bonté de Dieu. Et que veut-on dire par là ? Prétend-on qu'il ne faut pas s'unir à Dieu aussi étroitement que l'on peut, ou qu'on ne doit le servir que de loin & non pas de près, de langue & non pas d'effet ? De semblables discours procèdent plutôt du peu d'inclination qu'on a à recevoir le Seigneur, que de la crainte de lui déplaire. Si ceux qui les tiennent avaient une vraie charité, ils aimeraient Jesus-Christ du fond du cœur. Ils se mettraient au dessus de ces terreurs vaines, & au lieu de communier rarement, ils souhaiteraient de recevoir tous les jours le S. Sacrement, afin de s'unir d'autant plus fortement avec Dieu.
Ils savent bien que Jesus-Christ désire de s'unir à nous, pourquoi donc ne veulent-ils pas que nous nous unifions à lui & quel sujet ont-ils de craindre ? Un Dieu infini souhaite notre amitié & notre compagnie, qu'est-ce qui nous en empêche de la lui donner ? Craignons-nous de nous ennuyer dans la fréquentation de celui sans lequel tout n'est qu'ennui? Appréhendons-nous de mourir de chagrin avec celui qui donne la vie, ou de nous dégoûter de celui qui est la source de tous les biens, & la bonté même, ou de concevoir du dédain de celui qui est la douceur & la délectation de tous les Saints, de tout leCiel, de toutes les créatures, & qui rassasie sans ennuyer.
On ne doit pas non plus refuser la Communion par mortification, comme on allègue en quatrième lieu ; parce qu'en mortifiant un pécheur par cette privation, ou ne lui fait exercer qu'une vertu, au lieu que dans la Communion, on les pratique toutes. Est-il de la prudence Chrétienne de se priver de toutes les vertus, pour en obtenir une seule, & de renoncer aux grands biens que la Communion apporte, pour une Ample mortification ? Ainsi, tout bien consideré, cette privation ne mérite pas le nom de mortification, mais celui de perte de bonheur.
Ajoutez à cela qu'il ne sert de rien pour dire la Messe, & pour communier parfaitement de s'abstenir [quelque temps] de l'un & de l'autre, qu'il vaut beaucoup mieux communier & célébrer les Mystères avec quelque imperfection. Pour apprendre à prier parfaitement, on ne discontinue pas ses priéres, &quand on veut acquérir une vertu, on n'en abandonne pasl'exercice. Qui oserait dire que pour former une oraison parfaite, il faut cesser quelques jours de prier, & que pour s'accoutumer à la patience il n'en faut faire aucun acte. Le plus sur moyen pour acquérir la patience & la perfection de la prière, c'est de les pratiquer tous les jours, quoi qu'avec quelque imperfection.
La Majesté divine daigne demeurer avec les pécheurs, loger dans leurs maisons, manger à une même Table, & bien loin de s'en faire honte, elle veut qu'on publie partout que le Seigneur reçoit les pécheurs à bras ouverts, & les fait asseoir à sa Table. D'où vient donc que.fes Ministres ne veulent pas admettre les Chrétiens, qui sont changés & renouvelés par la pénitence ? Esl-il juste que des ser-viteurs prescrivent des lois à leur Maître dans la distribution de Ces grâces ?
Le Seigneur nous invite & nous appelle, & ses serviteurs veulent chasser les Convives qui obéissent à sa voix. «Laissez-les entrer, pourvu qu'aucune souillure mortelle ne les rende impurs, & qu'ils s'en soient purifiés dans la fontaine de la pénitence. La fréquente participation au S. Sacrement vous parait peu respectueuse ; mais cependant Dieu l'a commandée, & c'est lui que cela regarde, ne vous en mettez pas en peine. Que si ce divin Maître voulait vous rendre raisonde sa conduite, il pourrait vous dire que l'on connaît bien à vos discours que le pécheur ne vous coûte rien, & que vous ne lui refusez la communion que par un effet de votre chagrin, & du refermement de votre coeur. Mais moi, poursuivai-il, qui suis descendu du Ciel, qui me suis fait homme , & qui ai souffert la mort pour l'amour de lui, après trente-trois ans & demi de tourments incroyables, je,pardonne à tous ceux qui se repentent, & l'étendue infinie de mon amour leur fait trouver place dans mon cœur , quelques méchants qu'ils aient été, pourvu qu'ils s'en soient corrigés par la pénitence.
Le Seigneur Jesus envoie des Anges aux hommes , pour les exhorter à la communion , & le Prince des ténèbres inspire à d'autres hommes le dessein de les en détourner. L'Ange dit à Elie , lève-toi & mange, parce qu'il te faut faire un long voyage. Il réveilla par deux fois le Prophète, qui s'était endormi , pour lui faire manger ce pain, la figure de l'Eucharistie. C'est le propre des anges d'inciter à la fréquente communion.Celui qui vous persuade de communier, dit Saint Jerôme , est un Ange à votre égard, & celui qui vous en détourne un Démon.
Il n'y a point de Sacrement, contre lequel le Démon s'oppose plus fortement en formant des scrupules & des difficultés, pour en empêcher l'usage, & se servantdu zèle inconsidéré des Prédicateurs & des Confesseurs pour en éloigner les fidèles. Mais les vrais Ministres de Jesus-Christ doivent penser qu'il est de leur devoir de contrecarrer les desseins du malin esprit, en conseillant et procurant la fréquente communion.
Le Frère Joseph de Sainte Marie, après avoir rapporté le Canon du Concile de Trente, qui ordonne qu'on laisse communier tous les jours ceux qui le souhaitent, ajoute ces paroles : "Est-il possible, mes Pères et Frères en Jésus-Christ, que l'Eglise ait des enfants qui lui contredisent si ouvertement, et que lorsque notre Mère qu'il en est bon que les fidèles communient tous les jours, ils trouvent que cela est mauvais ? Certes, il me semble que ce conseil est une tentation du Démon, qui s'oppose au progrès des âmes, et quoi que ceux qui le donnent soient animés d'un bon zèle, et qu'ils soient jaloux de la gloire de Dieu et de l'honneur de l'Eglise, ils ne font pas mieux pour tout cela que ces savants et ces théologiens, qui ont si bonne opinion d'eux-mêmes, pensent sérieusement s'il est juste de s'opposer à l'autorité d'un grand Tribunal, aux coutumes et aux décrets de l'Eglise, à l'usage et à la Doctrine Apostolique, et aux décisions de tant de Saints Docteurs."
"Que celui qui refuse la communion aux fidèles", dit Louis Fundone, "prenne garde que Dieu ne lui ferme le Ciel, puis qu'en condamnant cette Doctrine, il condamne les plus grands serviteurs de Dieu, les louables coutumes et l'ancien usage de l'Eglise."
Le Frère Pierre de Marseille, Religieux Bénédictin, parle ainsi : " Toutes les fois que l'on communie, sans avoir la conscience chargée de péché mortel, soit qu'on n'en ait point commis , ou qu'on en ait reçu l'absolution, on en retire du fruit. Cette disposition n'est pas si peu considérable que l'on pense, puisque le Saint Concile de Trente la regarde comme un profond respect & une grande sainteté. Ceux-là sont dignes de louange, qui font tous leurs efforts pour persuader aux fidèles de communier tous les jours, & par conséquent ceux qui les en détournent sont dans une erreur dangereuse".Il n'y a que le péché mortel, selon Saint Thomas, qui ait le pouvoir de priver de la communion ceux qui le commettent, sur quel fondement est-ce donc que les ministres des Autels en éloignent ceux qui en sont exempts ?
On ne saurait trop penser que Jesus-Christ est présent dans ce Sacrement, pour nous servir de Médecine dans les blessures, de soulagement dans les travaux, de compagnie dans la solitude, de force dans l'adversité, de gage & de seau de son amour envers nous. C'est pourquoi il nous crie, "qui veut venir à moi s'approche". Les ames fidèles répondent qu'elles y veulent aller & conjurent les Ministres de l'Eglise de leur donner le Seigneur, et de leur distribuer le pain de chaque jour. Mais ces dispensateurs des biens célestes sont les sourds, et refusent de correspondre à la libéralité de leur divin Maître et aux besoins de ses sujets.
On devrait pleurer cette avarice spirituelle avec des larmes de sang. Qui ne serait touché de voir que lorsque Dieu ouvre sa main, ses Ministres resserrent la leur ? Qu'au lieu que le Seigneur est libéral d'un bien, pour lequel il a répandu son Sang, les serviteurs sont riches d'un trésor qui ne leur coûte rien ? Que ce Sacrement, qui est la fontaine de David, ouverte à tous les vrais Israélites, et où ils ont droit de venir se désaltérer sans argent, soit tombée sous la puissance de distributeurs si avares, qu'ils la font acheter aux fidèles, comme si c'était un bien qui ne leur appartient pas, et la vendent quelquefois si chèrement, qu'il leur en coûte des larmes de sang.
Le Père Jean d'Avila, célèbre par sa piété, par ses Lettres et par ses Sermons, étant interrogé si un Supérieur, ou autre ayant charge d'âmes, pouvait refuser la communion fréquente à ceux qui la demandaient, répondit qu'il lui semblait que tout Curé, ou autre tenant sa place, est obligé de donner le Sacrement toutes les fois qu'on le lui demande, et qu'il n'y a point d'empêchement légitime. Celui qui refuse la communion est inculte, parce qu'il prive un autre de ce qui lui appartient ; "Tout Chrétien", selon Saint Thomas, "ayant droit de la demander, et aucun Prélat n'ayant celui de la refuser, si ce n'est en cas de crime public. Quand même un Curé saurait que celui qui se présente publiquement à l'Autel pour recevoir l'Eucharistie a commis un péché secret, il ne peut pas la lui refuser devant le monde. A bien plus forte raison est-il injuste & criminel de ne pas donner le Saint Sacrement aux personnes dévotes qui le demandent, & d'ôter le pain spirituel aux enfants de la Maison de Dieu.
Mais, dira-t-on, si la fréquente communion est si bonne & si sainte, pourquoi l'Eglise ne la commande-t-elle pas expressément? Pourquoi les fondateurs des Ordres Religieux, qui ont été si éclairés n'en on-tils pas fait une règle, ou pourquoi les Saints ne l'ont-ils pas pratiquée ? Saint Marc l'Evangeliste [ à ce qu'on dit ] se coupa le pouce, afin de ne pouvoir pas consacrer, Saint François d'Assise ne voulut jamais être Prêtre, & Saint Benoît passa plusieurs années sans communier. Avant de répondre, je voudrais demander à ceux qui font cette objection, s'il est bon que les personnes saines mangent tous les jours quelque chose, puisqu'il n'y a aucune loi qui le commande, & qu'il s'est trouvé des Saints, qui ont passé des jours entiers, sans prendre de nourriture ? Si le Célibat est saint & s'il est utile de ne pas se marier, comme dit Saint Paul, puisqu'il n'y a point de loi qui l'ordonne, & que plusieurs Saints ont épousé une femme ? Si c'est une action bonne &sainte d'ouïr Messe tous les jours, puisque l'Eglise ne l'exige pas, & que plusieurs Saints se font retirés dans le déserrt, où ils ne pouvaient pas y assister ? Il s'ensuit de là qu'il y a des exemples des Saints, qui sont plûtôt à admirer qu'à imiter, & qui ne sont point de règle générale. Ajoutez à cela qu'il n'y a que peu de Saints, qui aient communié rarement, & que le nombre de ceux qui ont pratiqué lacommunion fréquente esl infini. Or il vaut mieux suivre, en semblables choses, le grand nombre que le petit.
Pour répondre présentement à la difficulé proposée, je dis que l'on doit commander les choses nécessaires, défendre les mauvaises, & conseiller les utiles. L'Eglise, qui se gouverne par cette régie, ne commande pas la communion fréquente, parce qu encore qu'elle soit bonne et sainte, elle n'est pas néanmoins absolument nécessaire. Les préceptes de l'Eglise regardent toujours l'utilité générale : or les Chrétiens modernes sont si fragiles & la tiédeur du siècle si grande, que si elle ordonnait la communion quotidienne indifféremment à toutes sortes de personnes, elle causerait la perte de la plupart. C'est pourquoi elle n'impose la nécessité de communier à tous les Chrétiens qu'une fois l'an, quoi qu'elle souhaitât de bon cœur que leur dévotion les portât à recevoir tous les jours leur divin Maître.
Il y en a plusieurs qui se défendent d'aller à ce divin banquet , sur ce que cela fait mal parler d'eux, & les Curés se faisant de cette raison les laissent faire & se taisent. O silence pernicieux ! Est-ce ainsi que pour plaire au monde, on prive les fidèles d'un si grand bien , & qu'on les laisse vivre séparés de Dieu, & loin de sa douce & amoureuse présence, parce que le monde le trouve mauvais! Faire cas du qu'en dira-t-on , c'est se jouer à perdre l'esprit et le jugement, aussi bien que le salut, & la viede l'âme. Qui ne sait que le monde dit toujours du mal des gens de bien, & qu'il ne cesse point de poursuivre ceux qui ne sont pas de son parti.
Tous
ceux qui servent les Grands font parade de leurs Livrées, de leurs charges
& du rang qu'ils tiennent dans leur Maison : & les Chrétiens se
feront une honte de communier, & d'être vus au service de leur Maître
? Si c'état un crime de communier tous les jours, on aurait sujet de craindre
d'être une occasion de chute aux faibles: mais puisque c'est la meilleure
action qu'on puisse faire, c'est en vain qu'on se trouble par la frayeur
du scandale. Les Juifs se scandalisaient des bonnes œuvres de Jésus-Christ,
mais cela ne lui en fit pas abandonner l'exercice. Celui qui fait mal,
& qui prend en mauvaise part le bien que font les autres, est l'auteur
du scandale, que les bonnes œuvres ne sauraient causer, & principalement
celles qui sont aussi excellentes que la fréquente communion. Si quelqu'un
s'allait scandaliser de ce que l'on mange, faudrait-il le laisser mourir
de faim pour l' empêcher de périr ? Il faut se donner garde de
n'être pas un sujet de chute à son prochain, en suivant les vanités
du monde, & se conformant au goût du siècle : mais il n'y a rien
de semblable à craindre, pour ceux qui communient tous les jours, puisque
leur action est édifiante, bien loin d'être scandaleuse , & que leur
exemple peut porter les autres à la fréquente participation aux Sacrements.
Que de gens sont retenus par ces considérations humaines ! Malheureux
Esclaves, qui n'ont pas honte d'être méchants, & qui rougissent d'être
gens de biens, & de passer pour tels parmi leurs semblables.
Des grands fruits, dont on prive les fidèles, en les privant de la communion, lorsqu'ils y sont préparés suffisamment.
Afin que les curés comprennent de quelle conséquence il est d'interdire la communion aux fidèles qui la demandent, & qui n'ont la conscience chargée d'aucun péché mortel, il faut leur représenter quelques-uns des grands fruits,u'ils ravissent aux âmes, en leur faisant perdre une seule communion. Ils verront par là que pour une simple mortification qu'ils leur donnent, ils leur ôtent une infinité de biens.
Premièrement ils les privent de l'augmentation de grâce & de gloire, qu'on reçoit infailliblement dans la communion ex opere operato, quoi qu'on ait encore des péches véniels.
2. Ils les privent de la mortification, que les sens extérieurs & intérieurs souffrent dans la participation à l'Eucharistie, puisque pendant que la vu, l'odorat, le goût, l'attouchement, l'imagination, l'esprit en un mot, toutes les perceptions & les connaissances naturelles assurent que l'Hostie est du pain : malgré tout cela l'âme s'humilie, se mortifie, se soumet [& se résout] à croire que ce qu'elle sent & qu'elle goûte n'est pas [vrai] & que son Dieu & son Seigneur se trouvent là-dedans.
3. En leur ôtant la communion ils les privent d'une purification de leurs péchés &de leurs mauvaises habitudes, d'un préservatif contre les tentations, d'une assistance pour faire le bien & fuir le mal : or on sait que le salut & la damnation éternelle dépendent quelquefois d'un seul secours.
4. Ils les privent d'un degré de diminution des souffrances du Purgatoire , qu'on obtient en chaque communion.
5. IIs les privent des actes de foi, d'espérance & de charité, qu'on fait en croyant de recevoir Dieu, quoi qu'on ne le voie, ni le sente, en espérant au Seigneur, quoi qu'on ne l'ait jamais vu, & s'unissant à lui par des liens d'amour.
Dieu, qui est la bonté même veut se communiquer à nous par ce pain céleste. Quel comble d'honneur & de félicité ? Et comment se trouve-t-il des Curés, qui ne tâchent pas de procurer ce bonheur aux fidèles ? Dans ce Sacrement merveilleux, Jesus-Christ s'unit à l'âme & devient une même chose avec elle Inme manet & ego in illo. Cet excès d'amour est le plus grand, le plus admirable, & le plus digne de réflexion & de reconnaissance qui se puise concevoir, puisqu'après cela Dieu n'a plus rien à donner ni nous à recevoir. Cependant des Ecclésiastiques entreprennent de priver l'âme de cette infinité de grâces ; Cette viande divine est le centre de tous les biens, le comble de tous les désirs, l'instrument de l'union amoureuse & sacramentale, de la paix, de la conformité, de la transformation de l'âme en. Dieu & de Dieu en l'âme, puisque recevant Jésus on reçoit aussi le Père Eternel & le Saint-Esprit. Enfin c'est là qu'on trouve toutes les vertus, la charité, l'espérance, la pureté, la patience & l'humilité, Jesus-Christ les produisant dans l'âme par le moyen de cette nourriture céleste. Quel cœur ont les Curés qui envient aux âmes une si grande félicité ! Si un seul degré de grâce est d'un prix inestimable, & vaut plus que mille mondes, étant [ pour ainsi dire ] une parcelle de Dieu même, une habitation ineffable de la trés sainte Trinité, & une participation formelle de la Nature Divine, que Dieu fait à ses enfants, à ses amis, aux héritiers de son Royaume. Pour petite que soit une grâce, elle vaut plus que toutes les vertus, les aumônes, les pénitences, & le pouvoir de transporter les montagnes ; tout cela n'étant rien sans elle. Où est-ce qu'un Curé prendra de quoi récompenser une âme de la perte qu'il lui fait faire, en la privant de l'augmentation de grâce qu'elle aurait pu obtenir par une seule communion ?
Qu'y a- t-il de comparable à la grâce habituelle que la fréquente communion procure? L'humilité, le respect & la mortification, qu'on prend pour prétexte de s'en abstenir, valent-elles bien ce que l'on perd ? Selon tous les Casuistes, la restitution doit être proportionnée au bien qu'on a pris ; mais que donnera-t-on à celui à qui on ôte Dieu en échange de ce qu'on ravit?
Ne serait-ce pas une cruelle injustice de priver quelqu'un d'une montagne d'or, & de ne lui en donner qu'un petit grain ? Cependant, pour un grain de mortification, si c'en est même un, les Curés ravissent aux Chrétiens les trésors immenses dont l'Eucharistie est le centre. Quand il n'y aurait point d'autre moyen d'éprouver & de mortifier les âmes, il ne faudrait pourtant pas se servir de celui-là, puisqu'il est si préjudiciable : mais il y a une infinité d'autres sujets d'épreuve & de mortification que l'on peut donner à l'âme, sans lui faire du tort. Ce n'est pas encore la fin des biens, que le Sacrement apporte, parce qu'outre qu'il augmente la grâce, il soutient l'âme, & lui donne de nouvelles forces, pour résister aux tentations, satisfait ses désirs, lui ôte la faim des choses temporelles, l'unit avec Jésus-Christ, & avec les justes qui sont ses membres , terrasse Satan sous ses pieds, la rend constante, jusqu'à souffrir le martyre ; lui pardonne ses péchés véniels, auxquels elle n'a point d'attache, & la préserve des mortels, par l'assistance dont il l'accompagne.
Le Corps de Jésus-Christ, dit S-Bernard, est le remède des malades, le viatique des Pélerins, le soulagement des faibles, la vigueur des forts, la guérison des blessés, le salut du corps & de l'âme. Toutes les fois que l'on communie dignement, on en devient plus humble, mieux disposé à recevoir les mépris, plus patient à souffrir les corrections, plus fort etplus propre à supporter le travail, & plus prompt à obéir & à rendre grâces à Dieu.
Jésus-Christ, dit Saint-Leon, vient honorer le Communiant de sa présence, l'oindre l'huile de sa grâce, le guérir par le baume de sa miséricorde, le purifier par son sang, le ressusciter par sa mort, l'éclairer par sa lumière, l'enflammer par son amour, le consoler par sa douceur infinie, épouser son âme, s'unir intimement avec elle, & la rendre participante de son Esprit de tous les biens qu'il nous a aquis sur la croix.
Si vous cherchez Dieu, dit Saint-Bonaventure, vous le trouverez dans ce Sacrement, qui étant reçu d'une manière convenable, efface les péchés, adoucit les passions, éclaire l'entendement , rassasie le cœur, ranime la foi, soutient l'espérance, enflamme la charité, augmente la dévotion, remplit de grâce & donne des assurances de la gloire.
Ce
Sacrement, dit Saint Thomas, chasse les Démons, garantit de la concupiscence,
lave les tâches du cœur, apaise la colère de Dieu, illumine l'entendement
pour le connaître, embrase la volonté pour l'aimer, délecte la mémoire,
confirme dans le bien, préserve des tourments de l'enfer, multiplie les
mérites de cette vie & conduit à l'éternelle. Le corps du
Seigneur, poursuit ce Saint Docteur, produit trois effets principaux, 1.
il détruit le péché, 2. il augmente les biens spirituels, 3. il fortifie
l'âme. Et un peu plus bas. I1 remplit l'âme de force pour faire le bien,
il encourage le cœur à fuir le mal, & conserve la vie pour la consacrer
aux louanges du Seigneur.
En
qualité de Sacrifice , il remet les péchés
Je n'aurais jamais fait, si je voulais rapporter tous les biens, que les Saints assurent qu'on retire de ce Sacrement, pourvu qu'on le reçoive sans péché mortel, un Curé prive de tous ces biens un fidèle en lui retranchant une seule communion.
Ajoutez à cela qu'on prive aussi, par ce retranchement, les Anges & les Saints bienheureux, la trés-Sainte Vierge & Jésus-Christ lui-même de la gloire accidentelle, qui leur revient de chaque communion faite en état de Grace. Car si les Saints retirent une gloire accidentelle de toutes les bonnes œuvres & même des plus petites, selon le sentiment de plusieurs Auteurs Catholiques, il leur en reviendra une très grande d'une œuvre aussi excellente que la Communion, où sont renfermées les merveilles immenses de la Divinité Memoriam fecit Mirabilium suorum. Que si l'on recueuille tant de fruits d'une communion, que ne produira pas le sacrifice de la Messe, l'ouvrage le plus auguste & le plus sur sublime qui soit dans le Ciel & sur la terre ? On a de la peine à comprendre que des Curés sous prétexte de pénitence, de mortification, ou d'ancien usage, interdisent aux Prêtres la célébration de ce grand & fécond Sacrifice.
On attribue à Saint Jerôme, dans l'office pour les trépassés de Pavie, qu'au moins l'âme du défunt qui est dans le Purgatoire ne souffre pas,pendant qu'on dit la Messe pour elle.Saint Augustin, au rapport de Ballester dans son Livre du Crucifix de Saint Sauveur, dit qu'on ne célèbre jamais le sacrifice qu'il n'arrive l'une de ces deux choses, ou la conversion d'un pécheur, ou la délivrance d'une âme de Purgatoire. Guillaume Altidor ne se contente pas d'une seule, il veut qu'à toutes les Messes plusieurs âmes en soient delivrées. Sulpice Sévère dans la vie de Saint Martin dit que ce Saint Evêque delivrait autant d'âmes par ses Messes, qu'il y avait d'assistants.
Selon le vénérable Bede, le Prêtre, qui n'ayant point d'empêchement légitime néglige de célébrer, prive la trés-SainteTrinité de louange & de gloire, les Anges de joie & d'allégresse, les pécheurs de pardon & de grâce, les justes de secours & de consolation, les âmes du Purgatoire de rafraîchissement, l'Eglise des bienfaits de Jésus-Christ, & soi-même d'aliment & de remède.
Chaque Messe étant d'une si grande utilité, celui qui empêche par un faux zèle un Prêtre de célébrer, fait tort à la Trinité, aux Anges, à la Vierge, à l'Eglise, aux justes, aux pécheurs , aux âmes du Purgatoire, & au Prêtre même qui voudrait faire le service divin ; Il y a sans doute beaucoup d'indiscrétion dans ce zèle rigoureux, & on fera bien d'en peser mûrement les conséquences, avant que d'en suivre les maximes.