01. PRECIS Dl$ LA DOCTRINE CURETIENNE PAR LE R. P. PIERRE CANISIUS, 1)IK LA Cl~!4PACNlE DE S~SUS: PARIS. DOCTRINE CHRETIE~ . DEUXI~MEPARTIE. PRINCIPES DE LA JUSTICE CHR~TIENNE. SECTION 1. Question a. Quels sont les péchà appelé spécialemen p6ché d'autrui? On appelle particulièremen de ce nom les péchà qui, quoique commis par d'autres que nous, nous sont cependant imputé i~ Çust titre, et nous feraient encourir notre condamnation au tri- bunal de Dieu. C'est pourquoi on peut entendre de cette sorte de péclià cet avisde l'Apôtr :Ne vous rendez point complice des péchd d'autrui; aussi bien que cette parole du Roi-prophbte : Purifiez- moi de mes pdché cachés et pardonnez d votre serviteur les pdclds d'autrui. Saint Basile-le-Grand applique encore ti cette espèc de péchÃce que saint Paul écri aux Ephésien : Ne prenez point de part aux Õuvre infructueuses des ténèbre mais au contraire condamnez-les; et ces autres paroles du mêm Api3tre :Nous vous ordonnons de vous sépare de tous ceux d'entre vos frère qui se con- duisent d'we manièr dérégld et non selon la tradition et la forme de vie qu'ils ont repe de nous (1). 1. 1 tur, nostrasque conscientias damnationia coram De0 ce& constituunt. Quamobremde ,lçc ulicfiÈ bis accipi potest, quod Scriptura imperat : Ea, qua licet aliorum manibus operaque Ne cornmunicaveris peccatis alienis. Et perficiantur, nobis lamen meritb imputan-quod orat propheta regiusiab occullis Mi IV. 1 1Tim., V, 22 ; Psaume XVIII, 13 ; Ephdsiew, V. 44 , et II Thessalon., III, 6. Voir pour tous ces textes le corps de la rbponse. TÉMOJGNAGE"ffi LA TRADITION. 4. S. BASILE-LE-GRAND, Lib. de vcrd virginitate :à De même que Paul, cet admirable apbtrc ,a kt(: dè son vivant précé en partie par ses ccuvres, c'est-A-dirc par ceux qui, sanctifié par ses leçon et ses cxen~plcs, sont entré avant lui dans la vie éternelleet lui ont prépar auprè du juste juge la récompens des sueurs qu'il avait essuyée pour leur salut; et qu'en partie aussi il a ét suivi par ses Å“uvre depuis mhmc qu'il a termin6 sa vie mortcllc et qu'il est avec Jésus-Christ ceux qu'il n'a cessà jusqu'h ce jour d'instruire par la doctrine contenue dans ses 6phs appelant sur lui de siècl en si&cle leslouanges et les bénà dictions du divin mait,re :ainsi par la raison contraire il y a des péchÃqui précklen ccux qui en portent la responsabilité savoir, ceux par lesquels ils ont eau& la perte de quelques-uns morts avant eux, et dont A lcur tour ils auront A subir le chfitiment dans l'enfer; d'autres aussi qui les suivent, savoir, les péchk dont ils sont la cause mêm depuis lcur mort par la perversità qu'ils ont scmk do leur vivant dans le monde. Ainsi jusqu'i nos jours le saint roi David ne cesse dc porter les hommes A la con- naissance et au service de Dieu, et ceux qui profitent des in- structions contenues dans ses psaumes sont par la saintetà de leur vie un élog pcrmii~\c~\t qui s'alluchc il sa mhoirc; tandisi que dans le sens oppose Marcion et les autres licr~siarqiics ne ' cessent de faire du mal par leurs erreurs, et par un juste retour doivent subir dans l'cnl'er des ch~~iimcnts i'~ plus rigoureux, proportion des maux dont, quoique morts depuis longtemps, ils continuent h êtr la cause. Car si celui qui, pour me servir des paroles de I'Evanpilc (MATTH., XVIII, G), scandalise un seul pet.it enfant, mcrite dks-lors le feu de l'enfer, celui qui scandalise des milliers de personnes, soit par le dbr6glomcnt do ses mmurs, nni~ulame. Domine, et ab a/ic~cis parce 'illud cjitsdern Apostoli :Sulitraitads vos scrro IWO. F.oilcm rcfcrt Uasilius Magnus, ab 011tni fratrc ambulante inordinatè et quod Eplicsiis scriptum est & I'aulo :Nolile non scc~ouli'iiii iriulilionem, quam acce- comicarc operihis itifrwtuosis tene- pcruiit aiwtfis. brarum , magis autem redarquite. Tum soit par la perversità de sa doctrine, devient justement respon- sable, non-seulement de la mort qu'il se cause h lui-m4me, mais encore de la perte bternelle de tous ceux qu'il aura entraînà dans sa ruine, de sorte que, autant il y aura d'Ames qu'il aura perdues, autant de fois il mériter d'êtr condamnà A la mort éternell dans le siecle A venir. Si donc il y a des actions qui nous précèden et d'autres qui nous suivent; et si, de mdme que les péchà dont un premier a étla cause doivent ajouter au ch& liment, de mêm les vertus que l'exemple ou l'instruction fait éclor doivent ajouter ii la récompense une vierge, soit ver- t,ueuse soit vicieuse, peut avoir aussi quelques-unes de ses euvres qui la précèden et d'autres qui la suivent ;et autant sera malheu- reuse dans l'éternit celle qui, outre le chtitiment que lui auront méritses propres fautes, aura encore & subir celui que mériten les fautes qu'elle aura fait commettre it d'autres par l'exemple de ses désordres autant sera bienheureuse au contraire la vierge qui, outre la couronne que lui auront méritk ses propres vertus, aura de plus tt en recevoir autant d'autres dans le ciel, qu'elle aura engagà de ses compagnes & marcher A sa suite (1). à 2. EL'THYME, :à in Ps. XVIII Pardonnez-moi les péchà d'autrui, puisqu'il est, hélas trop certain que les rois, les pon- tifes, les plxes de famille, les maîtres tous les supérieur enfin, sont responsables des péchà de leurs sujets ou de leurs peuples, de leurs enfants ou de leurs serviteurs, toutes les fois que ces péch6sont l'effet de leur propre négligence à 3. S. ALGUSTIN, 10 :N Il y a Lib. III de libero arbitrio, c. deux principes de tous les péchà :nous les commettons, ou par un dessein volontaire et libre, ou tt la persuasion d'autrui. C'est cela, je pense, que se rapporte ce qu'a dit le Prophete :Sei- gneur, purifiez-moi de mes péchd cachds, et pardonnez à votre serd vileiir ceux des autres. L'un et l'autre A la vérit est volontaire : car, comme en péchan par sa propre détermination on ne pèch point malgrà soi, ainsi quand nous consentons au mal qu'un autre nous sugghre, c'est toujours volontairement que nous y consentons. Il y a néanmoin plus d'énormit A péche non-seulement sans que personne nous y porte, mais en persua- dant encore par envie et par artifice & d'autres de le faire, quede n'6tre portà à p6clier que par la suggestion d'autrui (2). n (1) Cf. S. Basifi opera omnia, t. III, p. 619-620, Paris, 1730. (2) Cf. Les livres de saint Augustin sur le libre arbitre, p. 228. DES I~ÉCULD'AL'TRU~. 4.S.BASILE, a Instruits mainte- Lib. Il de Baptisme, c. 9 : nant de ce qui ferait que nos awvres seraient infructueuses, gardons-nous bien de rien omettre de ce que Dieu demande de nous dans le combat engagà h son service, mais faisons au con- traire tous nos efforts pour nous montrer en tout ses dignes mi- lustres. Et non contents de nous conserver nous-même purs, prenons garde aussi de participer A l'impuretb d'autrui, et conformons-nous h cd avis que nous donne I'Apbtre, de nous abstenir de tonte participation aux mvres infructueuses de ce siècl tdttébreu (Ephes., V, 44). En ajoutant ensuite, condamnez-les à plu16tJ nims AL'TEM REDARGUITE, à lYApbtre nous fait voir jus- qu'oà nous devons porter notre attention & ne pas nous rendre complices ou responsables de ces sortes d'Å“uvres à Mais qu'est-ce que participer aux auvres de ténèbre et de combien de manieres peut-on y participer? C'est ce qu'il nous reste ~ dire maintenant. Mc remettant donc la pensé ces pa- roles des Proverbes (1, 11) ; Venez avec nous, faites-vons com- plice de la mort de notre ennemi; ces autres paroles de I'Apdtre (Pldip., 1,7) : Vous &tes tous associt% aux grdces que j'ai recues de Dieu; ces autres encore (Philip., IV, 44):Participant à mes tribulations; ces autres aussi (Gd., VI, G) :Que celui qui recoit Z'instruction fasse part de ses biens 4 celui qui la lui donne; ces autres du Psalmiste (Ps. XLIX, 18) ;Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui, et tu te faisais complice des udullères ces autres du Lévitiqu (XIX, 17) : Vous rej~rendrez votre frèr quand vous le verrez pécher pour ne pas vous faire complice de sa faute; ces autres enfin du Psalmisic (XLlX, 21 ) : Voila ce que tu as fuit, et je me suis tu; tu as pe)zsb que je te re.s.semblerais; je te citerai à mon tribunal, et je te mettrai en face de toi-mêm :en me rappe- lant ces passages et d'autres semblables, je dis qu'il y a pwtici- pation dans les auvres, quand on agit de concert pour atteindre un mèm but, et participation dans la vo~onth, quand celui mêm qui n'agit pas consent cl applaudit h celui qui agit. Il est une autre sorte de participation, qui ne semble pas participation i~ plusieurs, mais A laquelle I'Ecriture sainte bien comprisedonne ce caractèr : c'est celle qui a lieu lorsque, sans coopéra tion effective ni mtme consentement positif de la volonté on se tait sur le mal qu'on voit faire, au lieu de le condamner ouver- tement; c'est ce que font bien voir plusieurs des passages que je viens de citer, et de plus cc que I'Apbtre disait aux Corinthiens (I Cor., Y, 6): VOUS n'avez pas demfindd avec "armes qu'on Mt DES P~CHÉD'AUTRUI. ?.i du milieu de vous celui qui a fait cette action; et ces autres paroles ajoutéeA ces dernière : Un peu de levain suffit pour aigrir toute une masse de pdte. Soyons donc saisis de crainte, et obéisson tL celui qui a dit : Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une @te toute nouvelle (ibid., 7). Mais si quelqu'un coopkre & une action bonne en elle-mhe, et qu'il ignore l'intention mau- vaise de celui qui fait cette action, il ne sera pas coupable de participation au mal, mais il recevra sa récompens pour ce qu'il aura fait, parce que, sans partager en rien la mauvaise disposition de l'autre, il se sera conservà lui-mkme dans l'amour de Dieu, comme Notre-Seigneur J6sus-Christ nous le déclar de ceux qui seront sauvhs, quoique travaillant au mêm moulin ou couchant dans le mtme lit avec ceux qui ptriront. Or, la distinc- tion à faire entre ceux qui sont confié à ma charge et ceux qui ne me sont pas eonfiis, consiste dans les soins que je dois donner aux premiers, mais non dans la participation que je pourrais apporter aux péclits soit des uns, soit des autres. Car je ne dois un soin particulier qu'A ceux dont je me trouve spécialemen chargéau lieu qu'il m'est défend indistinctement l'égar de tous de participer aux auvres infructueuses des ténèbre à 5. S. AIGUSTIN,Serin. XVIII de verbis Domini : Soyez à toujours separi% de cceur des méchants quand mèm vous pour- riez, en usant de précaution vous mêle de corps momentané ment avec eux; toutefois ne soyez pas négligent à reprendre ceux qui sont soumis à votre conduite, et n'épargne tL leur 6gard ni les avis, ni les conseils, ni les exhortations, ni les me- naces. Usez de tous vos moyens pour cela, et que les exemples que vous pouvez trouver dans l'Ecriture et dans l'histoire des saints qui ont vbcu , soit avant, soit depuis Notre-Seigneur, et qui semblent prouver que les bons peuvent vivre au milieu des méchant sans en contracter de contagion, ne vous rendent pas négligentà reprendre les méchants Pour n'êtr pas souillà par le contact de ces derniers, il faut deux choses : ne pas con- sentir au mal qu'ils font, et de plus les en reprendre, c'est-b- dire en deux mots, n'y apporter ni participation ni consentement. Il y a participation, lorsque la volontà est complice et qu'elle approuve le mal; et c'est contre ce vice que nous prémuni I'Apdtre lorsqu'il dit : Ne participez point aux Õuvre infructueuses des ténèbre mais plutô condannez-les (Ephés. V, 11 ). Comme ce ne serait pas assez de ne pas consentir, si l'on négligeai la correction, c'est pour cela que lYAp6tre ajoute : Mais plut& con- domne2-les. Voyez comme il joint ensemble ces deux devoirs : Ne participez point, mais plut& condamnez. Que veulent dire ces mots :Ne participez point ? Cela veut dire :Ne consentez pas, ne louez pas, n'approuvez pas. Que veulent dire ces autres paroles: Mais plutô condamnez? Elles signifient :Reprenez, corrigez, r6- primez. Vous ne devez donc ni conscniir an mal en l'approuvant, ni néglige de reprendre ceux qui s'y livrent, ni cependant exercer cette correction avec orgueil, ou d'une manikre insul- tante pour ceux qui la subissent. à Question II. Combien compte-t-on de ces pkh& dits d'autrui? On en compte neuf, comme il y a ii peu prhs le mbme nombre de maniCres de commettre ces p6chb.s eux-memes, savoir :* par conseil, par injonction, par consentement ,par provocation, par adulation ou flatterie, par rdticence ,par connivence ou indul- gence, par participation au crime, et enfin par protection donné au mal (II). Question III. Quand est-ce qu'on participe par conseil aux poché d'autrui ? C'est lorsqu'on se fait l'auteur ou l'instrument d'un mauvais conseil que d'autres ensuite mettent ou pourraient mettre & exé cution. Nous en trouvons un exemple dans Caïph (JoAN., XI, 47-53), qui, par le conseil qu'il dunna aux shateurs juifs, les détermin it voter la mort, de .K'sus-Cbrist. L'exemple oppos6 nous est fourni par Joseph d'Arimathie, que l'Ecriture appelle hou et juslc, pour n'avoir pas consenti 5 ce conseil et aux actes des princes des pr6tres et des pharisiens, quand ceux-ci conspi- rCrcnt la mort, de JCsus-Christ. Tel fui aussi le pdchà de ce Dé~ndtriuqui, mà par un vil inolif d'inlk-61, et de concert avec les autres ouvriers, souleva presque toute la ville d'Epli&c contre saint Paul et contre la doctrine que prhhait cet aphtre. Tel fut encore le crime de l'infitme IIérodiade avec laquelle le roi Hérod vivait dans l'adull6rc. Car cc fut par son conseil el II. tnntur, ulpot~ consilio, jussione, consensu, wtnumermmfj,lsm ,41icna irriiaiinne, liwlatinne scu adulatione, peccatn ? retiwnlia culpz aliena~, conniventia vel indnlgrnlia , parlicipalinne criminis , ac Novem, sicnt novem fert modis commit- prava defensione. DES PÉCHÃD'AUTRUI. sa persuasion que sa fille la danseuse demanda et obtint la t4te de saint Jean-Baptiste (III). 1. EcclésiastiqueXXVII, 28-50 : à Si un homme jette une pierre en haut, elle retombera sur sa têt ; et la blessure que fait le traitre, rouvrira les siennes propres. -Celui qui creuse une fosse y tombera; celui qui met une pierre dans le chemin pour y faire heurter son prochain s'y heurtera, et celui qui tend un filet & un autre s'y prendra lui-m&me. -L'entreprise con- certéavec malice retombera sur celui qui l'aura formbe, sans qu'il sache d'oà ce malheur lui sera venu. à 2. Ibidem, VI, 6-40 : à Ayez beaucoup d'amis qui vivent en paix avec vous, mais choisissez pour conseiller un homme entre mille. -Si vous chercl~ez un ami, ne le prenez qu'aprè l'avoir kprouvé et ne vous fiez pas sit6t à lui. -Car tel ami ne l'est que tant qu'il y trouve son avantage, et il cessera de 'Ctrc au jour de la tribulation. -Il y a tel ami qui se change en ennemi, et tel autre qui tout-&-coup manifeste sa haine, et se rcpand en injures et en outrages. -Tel est ami, qui ne l'est qnc pour la table, et qui ne le sera plus au jour de l'affliction. à 5. Ibidem, VIII, 20-22 : à Ne ablibére point au sujet de vos iill't~irc~ avec des fous; car ils ne peuvent aimer que ce qui leur niait. -Ne traitez rien de secret devant un étranger car vous ne savez ce qu'il enfantera un jour. -Ne dkouvrez point votre caur 5 toulcs sortes de personnes, de peur q'ue celui à qui vous rous fiez ne soit un faux ami , et qu'il ne médis ensuite de vous. 1) 4. Ibidcw , XXXVII, 7-47 ; à Ne prenez point conseil de celui qui vous tend un piégc et cachez vos desseins à ceux qui vous portent envie. -Tout homme que l'on consulte donne son conseil; mais il y en a qui ne regardent qu'eux-memes dans ce III. pontificum scilicel et phariszorum in Christi necem impie COnSpirantium. Ejus- deni classis fuit Demetrius ille, qui cum aliis opificibus , ut su0 studcrct quaistui, Cuni niali scilicct consilii , quod alii SC-totam pcnb nrbeni Ephesiorum "idversi~s quunlur vcl squi passent , ipsi sumus Paulum Paulique doctrinam ingenti sedi- auclorcs cl administri. Exemplo sit Caiphas, lione complevit. Impegit hic etiam infamis qni coir-ilio suo smiatum judaicum in nior-Herodias, qua rex IIerodes per adulterium lm Chrisli rouritwit atquc permovit. l'Å“d abutebatur. Nam illins consilio et Contra verb lauhtur Joseph ab Arimailiaea, suasu insiructa saltalrix Elia, quod crude- rt vir bonus justusquc dicitur, çpi non liler appelivit sanctissimi Joannis obtrun- couseuserat consilio et actibu? roriiin , catum caput, nefarie impetravit. 8 DES PÉCHED'AUTRUI. qu'ils conseillent. -En demandant conseil à un homme, veillez h la garde de votre &me. Sachez auparavant quels sont ses intdr6ts; car il vous donnera conseil selon ce qui lui sera le plus utile. -Craignez qu'il ne plante un pieu dans votre chemin, et qu'il ne vous dise :Votre voie est bonne, pendant qu'il se tiendra & l'écar pour voir ce qui vous arrivera. Allez, consultez un homme sans religion sur les choses saintes, un homme injuste sur la justice, une femme sur une autre dont elle est jalouse, un poltron sur la guerre, un marchand sur le trafic de vos marchandises, un acheteur sur ce qui est ti vendre, un envieux sur les bienfaits que vous avez reçus un impie sur la piétb un homme sans honneur sur l'honn6tet6, celui qui travaille aux champs sur tout autre travail, -un ouvrier h l'annbc sur ce qu'il doit faire pendant un an, et un serviteur paresseux sur l'assiduità au travail : vous ne devez point attendre de bons conseils de ces personnes sur toutes ces choses. Mais tcnez-vous sans cesse auprCs d'un homme saint, lorsque vous en aurez connu quelqu'un qui craigne véritablemen Dieu, -dont l'&me ait du rapport avec la vbtre, et qui, lorsque vous aurez fait un faux dans les téncbres en gémiss avec vous.- Affermissez votre caur dans la droiture d'une bonne conscience; car vous n'aurez point de plus fidele conseiller. à S. JOB,V, 13:à (Dieu) qui surprend les sages dans leur propre finesse, et qui renverse les desseins des hommes injustes. à 6. Ibid., XVIII, 8, 7-10 ; à La lumihe de l'impie ne s'éteindra-t-cll pas, etc.? -Avec toute sa force il ne marchera qu'h l'ktroit, et ses conseils le fcroni tomber dans le précipice -Car il a engagà ses pieds dans les rets, et il marche au milieu des picges. -Son pied sera pris dans ce filet, et la soif le dévorera -Le pi633 qu'on lui a préparest cachà sous terre, et on lui tend un app&t le Iongdu sentier. à 7. Ibid., XII, 46-17 :à Prks de lui (Dieu) sont la force et la çagesse il connaît et celui qui trompe, et celui qui est trompé -Il fait tomber ceux qui donnent conseil en des pensée extra- vagantes, dont la fin est malheureuse, et il frappe d'étourdisse ' ment les juges. à , 8. ISA~E,XIX, 11-14 : Les princes de Tanis ont perdu le sens; ces sages conseillers de Pharaon ont donn6 un conseil plein de folie. Comment osez-vous dire il Pharaon :Nous sommes les fils des sages, les descendants des anciens rois? -Oà sont mainte- nant ces sages, 4 Pharaon? Qu'ils vous apprennent les desseins DES PÉCHÃD'AUTRUI. du Dieu des anndes sur l'Egypte. -es princes de Tanis sont dans le ddire; les princes de Memphis, dans l'abattement; ils ont sédui l9Egypte, et perdu la force de ses peuples. -Dieu a rhpandu sur elle un esprit de vertige, et ses chefs ont laissà les peuples errer dans leurs Å“uvres comme un homme ivre qui ne va qu'en chancelant, et qui rejetle cc qu'il a pris. à 9. Psaume VU, 13-14 : Il a ouvert une fosse, et l'a, à creusée mais il tombera lui-mêm dans son propre piége - Ses noirs projets se tourneront contre lui, et son iniquità retom- bera sur sa tête à 40. Ps. IX, 14-45 : à Les nations sont tombée dans la fosse qu'elles avaient creusée -leurs pieds se sont engagé dans les lacs qu'elles avaient tendus. ): 41. Proverbes, XXVI, 27 : à Celui qui creuse une fosse y tombera, et la pierre retournera contre celui qui l'aura roulée à 42. Ecclisiaste, X, 8-9 : à Celui qui creuse une fosse y tom- bera, et celui qui renverse un mur en ruine sera mordu par les serpents. -Celui qui roule des pierres en sera meurtri, et celui qui fend le bois en sera blessé à 15. JEAN, XI, 47, 49, 50, 53 : a Les princes des prêtre et les pharisiens tinrent donc conseil, ct ils disaient : Que faisons- nous? Cet homme opkrc beaucoup de miracles. -Mais l'un d'eux, nommà Caïphe qui étai grand-prêtr cette année-là leur dit : Vous n'y entendez rien, -et vous ne considére pas qu'il est de votre intérà qu'un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périss point, etc. -Ils ne pensèren donc plus depuis ce jour-là qu'à le faire mourir. à 14. Luc, XXIII , 30, 51-52 : (t Cependant, voici qu'un séna teur, appel6 Joseph, homme vertueux et juste, -qui n'avait point consenti au dessein des autres, ni à ce qu'ils avaient fait, qui &ait d'Arimathie, ville de Judée et attendait aussi le royaume de Dieu, vint trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus à 15. Psaume 1, 1 : Heureux l'homme qui ne suit pas les à conseils de l'impie, etc. à 16. Genèse XLIX, 8-6 : à Siméo et Lévi tous les deux frères la fraude les a faits des instruments de violence. -Mon Ame n'est point entré dans leurs conseils, mon cÅ“u ne s'est point uni leur troupe, quand dans leur fureur ils ont tu6 des hommes, quand dans leur vengeance ils ont renverse "no ville. à 10 DES PÉCH~D'A UTRUI. 17. JOB, XXI, 46 :à N'onbils pas les biens en leur puissance? Ndanmoins, que le conseil de ces pervers soit loin de moi. à 48. JEAN, XI, 33 : à Ils ne penshrent plus depuis ce jour-lit qu'A le faire mourir. 1) 19. MATTHIEU, En ce mêm temps, les princes XXVI, 3-4 :à des pr&rcs et les anciens du peuple s'assemblèren dans la salle du grand-pretre, appel6 Caïphe -et tinrent conseil ensemble pour se saisir de Jksus par ruse et le faire mourir. à 20. Actes, XIX, 24, 26, 28, 29 : K Un orfèvre nomme Démetrius qui faisait en argent de petits templcs de Diane, donnait par-l& beaucoup A gagner aux ouvriers de sa profession. -Les ayant donc assembl6s avec d'aulrcs qui travaillaient aux mêmesouvrages il lcur dit : Mes amis, vous savez (1110 c'est de ce genre d'ouvrages que vient noire gain; -cependant vous voyez vous-mhmes, etc. -Ayant entendu ces choses, ils furent transport& de colhrc, et s'écrihm : La grande Diane des Ephésicns-Et toute la ville fut aussith1 rcmplie dc confusion; et ces gcns-1h coururent en foule au tli~i'ilrc, etc. à 21. II Rois, X, 2, 5, 4, G, 7, 18, 19 : Alors David dit : à Je veux témoigne ma bienveillance il IIanon, fils de IIaas, comme son pèr m'a témoign la sienne. Il lui envoya donc des ambassadeurs, pour le consoler de la mort de son père Mais lorsqu'ils furent arrivds sur les terres des enfants d'Ammon, -les plus puissants du pays dircnl A Hanon, leur maîtr : Croyez-vous que cc soit pour honorer votre pkre et pour vous consoler, que David vous a envoy6 ici des ainbassadeurs, et ne voyez-vous pas qu'il l'a fait pour reconnaîtr l'ctat de la ville, (it pour la détruire -C'est pourquoi IIanon fit saisir les ser- viteurs de David, leur rasa la moilih de la barbe, et coupa la rnoitib de leurs vêtement jusqu'au haut des cuisses, et puis les renvoya. Or les Ammonites, voyant qu'ils avaient offensà David, envoyhrent une députatio aux Syriens de Rohob et de Soba, et IevCrcnt chez ces peuples, {i leurs propres dépens vingt mille hommcs de pied; ils prirent aussi mille hommcs du roi do Maaclia et douze milles d'Istob. -David en ayant &tà averti, envoya Joab avec toutes ses troupes.. .. . -IsraCl les mit en fuitc, et David leur enleva sept cents chariots et leur tua qua- rante mille cavaliers, et il fit & Sobacli , ghkral de l'armé ennemie, une telle blessure, que celui-ci en mourut sur-lc-champ. -Tous les rois qui hient venus au secours d'Adarezer, se voyant vainciis par les lisi'iiclit(:~,furent saisis de lriiyciir et s'enfuirent, DES P~CH~S 44 D'AUTRUI. devant eux avec cinquante-huit mille hommes. Ils firent ensuite la paix avec les Israélites et leur restkrent soumis; et depuis ce temps-là ,les Syriens n'osèren plus donner des secours aux enfants d'Ammon. à 22.ZZ Rois, XVZ, 20-23: à Ahsalom dit alors à Achitopliel : Délibérsur cc que nous avons A faire. -Achitophel dit i Absalom :-Entrez chez les femmes de votre père qu'il a laissée pour garder son palais, afin que, lorsque tout Israë saura que vous aurez déshonor votre pere ,il s'attache plus forte- ment & vous. -On dressa donc une tente pour Absalom sur la terrasse du palais, et il abusa dcs femmes de son pkre devant tout Israël -Or, les conseils que donnait Achitophel &aient reparties en ces jours-Ih comme les conseils de Dieu; on les c.cixidér toujours ainsi, et du temps qu'il étai avec David, et quand il fut avec Absalom. à 23. ZZ Rois, XXVZZ, 1-8, 14-23 : à Achitophel dit donc & Absalom :Si vous l'avez pour agréable je m'en vais prendre avec moi douze mille hommes d'élite et me mettre à la pour- suite de David dè cette nuit; -el fondant sur lui et sur ses gens qui sont tout harassé et hors de défense je les battrai satu peine, tout le monde fuira, et le roi se trouvant seul, jc m'en abferai ;-et je ramknerai tout lc peuple comme si ce n'étai qu'un seul homme, car vous n'en voulez qu'il un seul, et aprh cela, tout sera en paix. -Cet avis plut à Absalom et i tous les anciens d'Israël -Absalom dit n&mmoins : Faites venir Ch~isai d'Arach, afin que nous sachions aussi son avis. - Chusaà étan venu devant Absalom ,Absalom lui dit :Voici le conseil qu'Achitophe1 vient de nous donner; devons-nous le ,suivre? Que nous conseillez-vous? Chusaà r6pondit à Absalom : -Cette fois, le conseil qu'a donnà Achitophel n'est pas bon. - Vous n'ignorez pas, ajouta-t-il, quelle est la valeur de votre père..-Alors Absalom et tous les principaux d'Israë dirent : L'avis de Chusaà d'Arach est meilleur que celui d'Achitopliel. Or, ce fut par la volontà du Seigneur, que le conseil d'Achi- tophel, qui étai utile, fut ainsi rejeté afin que le Seigneur fit peser la ruine sur Absalom. -Alors Chusaà dit aux grands- prêtre Sadoc et Abiathar :Voici l'avis qu'Achitoplie1 a donnà A Absalom et aux enfants d'Israël et voici celui que je lui ai donné -Envoyez donc en diligence quelque expris & David pour lui eu donner nouvelle, et faitcs-lui dire qu'il ne demeure point cette nui1 dans les plaines du dkrt, initia qu'il passi-iiu plus t6t le DES PÉCHÃD'AUTRUI. Jourdain, de peur qu'il ne périsse lui et tous ses gens. -Jona- thas et Achimaas élaien prè de la fontaine de Rogel, n'osant se montrer ni entrer dans la ville; mais une servante vint les trouver, et les avcriir de tout cela. Ils partirent en mihe temps, pour porter ce message au roi David. -11 arriva ntanmoins qu'un enfant les vit, et en donna avis & Absalom. Mais hAtant le pas, ils cntrkrcnt chez un homme de Bahurim , qui avait un puits A l'cntr6c de sa maison, et ils y descendirent. -Et la <";nune de cet homme étendi une couverture sur la bouche du puils, comme pour faire s6cher de l'orge mondé Ainsi la chose demeura cachkc. -Et quand les gens dYAbsalom furent venus dans celte maison, ils dirent h la femme :Oà sont Achimaas et Jonatl~as? Elle leur r6pondil ;Ils ont pris un peu d'eau, et s'en sont all6s. Ainsi ceus qui les cherchaient ne les ayant point trouvés s'en revinrent h J6rusalem. -Aprks qu'ils s'en furent rctournds, Acliimuas et Jonathas sortirent du puits, continuèren leur chemin, et vinrent dire h David : Dtcarnpez et passez le lleuve au plus tct, parce qu'Ac11ilopl1cl a donnà tel conseil contre vous. -David se mit donc aussitbt cn marche avec toute sa troupe, et ils passn'cnt le Jourdiiin avant la pointe du jour, en sorte qu'il n'en resia pas un seul en-de@ du fleuve.-Achitophel, voyant que son conseil n'avait point Ct6 suivi, fit seller son Ane, s'en alla it la maison qu'il avait en sa ville, et aprks avoir mis ordre A toutes ses affaires, il se pendit. 1) 24. III Rois, XII, 12-19 : Jéroboa vint donc avec tout à le peuple trouver Roboam le troisibme jour, -de m8me que Roboam leur avait dit :Revenez me Irouvcr dans trois jours.-El le roi rhpondit durement au peuple, el abandonnant le conseil que les vieillards lui avaient donne, -il leur parla selon que les jeunes gens lui avaient conseille! de le faire, et leur dit :Mon pèr vous a impose un joug pcsanl, mais moi je le rendrai encore plus pesant; mon pkre vous a chAti6s avcc des verges, mais moi je vous c11Alierai avec des verges de fer. -Et le roi ne se rendit point it la volon16 du peuple, parce que le Seigneur s'&tait détourn de lui dans sa colbrc, pour mcitrc h ckt la parole qu'il avait dite A Jdroboam, fils de Nabath, par Allias Silonite. -Lu peuple voyant donc que le roi n'avait point voulu los bcouter, commcnp h dire :Qu'avons-nous de commun avec David? Quo1 héritagavons-nous il partagcr avcc le fils tl'Isaï Israijl, retire- toi dans tes icntcs; et toi, David, pourvois maintenant & ta maison. Et IsraCl se retira dans ses tentes. -Cependant Rohoatn 7 -- continua de r6gner sur tous les enfants d'Israë qui demeuraient dans les villes de Juda.-Le roi Roboam envoya ensuite Aduram, qui avait la surintendance des tributs; mais tout le peuple le lapida, et il mourut. Le roi Roboam monta aussitbt sur son char, et s'enfuit b Jérusalen~ Israë se sbpara de la maison de -Et David, et il en est restà sépar jusqu'h ce jour. 23. Rois, XXI, 25-26 :à Achab n'eut donc point son semblable en méchancetà vendu qu'il étai pour faire le mal aux yeux du Seigneur :car il y étai encore excità par Jézabe sa femme. - Et il devint tellement abominable, qu'il adorait les idoles des Amorrhéens que le Seigneur avait exterminé h l'entré des enfants d'Israi3. à 26. II Paralipomènes XXII, 2-5 : à Il (Ochosias) avait quarante-deux ans quand il commenç h régner et il ne régn qu'un an h Jérusalem-Sa m&re se nommait Athalie, petite- fille d'Amri. -Ce prince suivit aussi les voies de la maison d'Achab :car sa mèr le porta h l'impiétÃ-Il fit donc le mal en présenc du Seigneur, comme la maison d'Achab oà il choisit ses conseillers aprè la mort de son phre, et ce fut 15 la cause de sa perte. -Il se conduisit selon leurs conseils, et il alla h Ramoth de Galaad avec Joram fils d'Achab, roi d'Israël faire la guerre A Hazaël roi de Syrie. à 27. Il Paralipomènes XXV, 44-48'19-24 :a Et Amasias , aprè avoir frappà du glaive les Iduméens et avoir emportà les dieux des enfants de Scïr en fit ses propres dieux, les adora et leur offrit de l'encens. -Cette action irrita le Seigneur contre Amasias, et il lui envoya un prophèt lui dire :Pourquoi avez- vous adorà des dieux qui n'ont pu dklivrer leur peuple de vos mains ? -Le proph6te ayant ainsi parlé Amasias répondi : Est-ce h vous ii donner conseil au roi? Taisez-vous, de peur qu'il ne vous en coût la vie. Alors le prophèt se retira en lui disant : Je sais que Dieu a résol de vous perdre, parce que vous avez commis un si grand crime, et que, de plus, vous n'avez pas voulu vous rendre à mes avis. -Amasias, roi de Juda, prit donc une funeste résolution et envoya des ambassadeurs à Joas fils de Joachas, fils de Jélui roi d'Israël et lui fit dire :Venez, et voyons-nous l'un l'autre. Sur quoi Joas lui fit cette répons par ses ambassadeurs :Le chardon qui est sur le mont Liban, envoya vers le cèdr du Liban, et lui dit :Donnez votre fille en mariage h mon fils. Et voilh que les animaux de la for& du Liban passèrent et foulèren an\ pieds le c'bni^on. -Vous 44 D'AUTRUI. DES P~É dit :J'ai dkfait Edom; et votre mur s'est enfl6 d'orgueil de ce succès-Demeurez en paix chez vous :pourquoi cherchez-vous votre malheur pour périr vous et tout Juda avec vous?-Amasias ne voulut point l'écouter parce que la volont6 du Seigneur étai de le livrer entre les mains de ses ennemis, it cause des dieux d'Edam.-Joas, roi d'Israi4, s'avanç donc, et lcs deux armée se mirent en prcsence. Amasias, roi de Juda, btait campà 5 BethsamCs, en Juda.-Et Juda plia devant Isracl, et s'enfuit dans ses tentes. -Or Joas, roi d'Israël prit Amasias, roi de Juda, fils de Joas, fils de Joachas, 5 Bethsamks , et l'emmena A Jéru salem; et il fit abattre quatre cents coudée des murailles de cette ville , depuis la porte d'Ephraï jusqu'h la porte de l'Angle. -II emporta mêm A Samarie tout l'or et l'argent, cl tous les vases qu'il trouva dans la maison de Dieu, chez les descendants d70bédédo et dans les trcsors du palais royal. -Il emmena aussi Samarie les (ils de ceux qui étaien en otage. à 28. I Esdras, IV, 4-5 : (: Ainsi tout le peuple du pays arrêtai autant qu'il le pouvait les travaux du peuple de Juda, el l'inquiétai pendant qu'il b5tissait. -Ils gagnèren aussi par argent des ministres du roi, pour renverser le dessein du petq~k de Juda pendant tout le règn de Cyrus, roi des Perses, et jusqu'au règn de Darius, roi des Perses. n 29. Esther, V, 40-14 : à Et dissimulant sa colère il retourna chez lui et fit assembler ses amis, avec sa femme Zarès -Et aprè leur avoir représent quelle étai la grandeur dc ses richesses, le grand nombre de ses enfants, et cette haute gloire oà le roi l'avait blevà au-dessus de tous les grands de sa cour et de tous ses officiers, -il ajouta : La reine Estlier n'en a point aussi invità d'autres que moi pour Ctre du festin qu'elle a fait au roi, et jc dois encore demain dlner clicz cllc avec le roi.-Mais, malgrà lout cela, je croirai ne rien avoir, tant que je verrai le juif Mardoch6e assis devant la porte du palais du roi. -Zarè sa femme et tous ses amis lui répondiren : Commandez qu'on dresse une potence fort 6levée qui ait cinquante coudée de haut, et dites au roi qu'il y fasse pendre Mardocli6e, et vous irez ainsi plein de joie au festin avec lc roi. -Cc conseil lui plut, et il commanda qu'on pr6parAt ccttc liautc potence. à 30. Esther, VII, 9-10 : à Alors Harbona, l'un des eunuques qui servaient d'ordinaire le roi, lui dit ;II y a une potence de cinquante coudks de haut dans la maison d'Aman, prépari par .-,. . .. DF.S P~CH~S 48 D'AI~TR~. ses ordres pour Mardochée celui-Id m6me qui a donnà un avis t&-salutaire au roi. Le roi dit : Qu'Aman y soit attachb. - Aman fut donc pendu ii la potence qu'il avait préparà pour Mardochéeet la colèr du roi s'apaisa. à 31. DANIEL,VI, 5, 12, 16, 23, 24 : à Ils dirent donc entre eux : Nous ne trouverons point d'occasion d'accuser Daniel, si nous ne la faisons naîtr de la loi de son Dieu. -Alors les princes et les satrapes surprirent le roi en cette manière et lui dirent :0 roi ! vivez éternellement -Tous les princes de votre royaume, les principaux officiers, les sénateurs les juges, son! d'avis qu'il soit portà par votre autorità souveraine un &lit qui ordonne que tout homme qui, d'ici à trente jours, demandera quoi que ce soit, ii quelque dieu ou ti quelque homme que ce puisse &re, sinon à vous seul, Ãroi, sera jetà dans la fosse aux lions. -Confirmez donc maintenant, à roi ,cet avis, et faites publier le dbcret, afin qu'il demeure stable, comme ayant ét établpar les Mède et par les Perses, sans qu'il soit permis ii personne de lc violer. -Le roi Darius fit donc publier cet édi et cette défense -Lorsque Daniel eut appris que cette loi avail 6th portée il entra dans sa maison, et ouvrant les fenêtre de sa chambre du cdtà de Jérusalem ilflechissait les genoux chaque jour ii trois heures différentes adorait son Dieu et lui rendait ses actions de grAces. -Ces hommes donc, qui épiaien soigneuse- ment sa conduite, le trouvèren qui priait et adorait son Dieu. -Et ils vinrent aussitô trouver le roi pour lui rcprcsenter son éditct lui dirent ;0roi, n'avez-vous pas ordonne, etc.-Alors Daniel fat emmenà par le commandement du roi, et ils le jetèren dans la fosse aux lions.. ... Alors le roi fut transportà de joie, et il commanda qu'on fit sortir Daniel de la fosse aux lions, et quand il en eut 6tà tiré on ne trouva sur son corps aucune bles- sure, parce qu'il s'étai confià en son Dieu. -En mêm temps, le roi commanda qu'on fî venir ceux qui avaient accusà Daniel, et ils furent jeté dans la fosse aux lions avec leurs femmes et leurs enfants, et ils n'étaien pas encore au bas de la fosse, que les lions les saisirent et brisèren leurs os. à 3.1 Machabées 1, 12-16 : à En ce temps-lh, il sortit d'lsrakl des enfants d'iniquité qui donnèren cc conseil h plu- sieurs :Allons, et faisons alliance avec les nations qui nous environnent, parce que, depuis que nous nous sommes sépard d'elles, une multitude de maux sont tombé sur nous. -Et ce conseil parut hon i~ leurs yeux. -Quelques-uns d'cntre le 46 DES D'AUTRUI. P~CH~S peuple furent donc choisis pour aller trouver le roi, et Antiochus leur accorda l'autorisation de vivre selon les coutumes des gentils. -Et ils btîtiren dans Jérusale un gymnase & la manihre des nations. Ils caclièren dans leurs personnes les marques de la circoncision ;ils SC séparcrcnde l'alliance sainte, et ils s'unirent aux nations, et SC vendirent pour faire le mal. à 33. II Machabi'es, 1, 11-17 : Nous que Dieu a délivrÃde à trks-grands périls nous lui rendons aussi de très-grande actions de grAces, pour la force qu'il nous a donné de combattre contre un tel roi. -Car c'est lui qui a fait sortir de Perse cette multi- tude qui combattit contre nous et contre la ville sainte. -Mais ce chef de nos ennemis, étan lui-meme en Perse avec une armé innombrable, est pér dans le temple de Nanée trompà par le conseil perfide des prhtrcs de cette idole. -Car Antiochus 6tant venu avec ses amis au temple de cette déess pour l'épouser et pour y recevoir de grandes sommes d'argent A titre de dot, - les prêtre de Nané lui montrkrent tout cet argent, et aprhs qu'Antioclius fut enlrb dans lc temple avec une faible escorte, ils le refermèren sur lui; -et ouvrant une porte secrèt qui donnait dans le temple, ils l'assommèren t~coups de pierres, lui et ceux qui l'accompagnaient, et mettant leurs corps en pièces ils leur coupkrent la l&e, et les jcthrent dehors. -Que Dieu soit bdni cn toulcs choses, lui qui a livrà ainsi les impies. à 54. Ibidem, IV, 52-30 : Ménélaà à croyant que cette ocea- sion lui étai favorable, dérob du temple quelques vases d'or, et en donna une partie h Andronique, aprè avoir vendu les autres dans Tyr et dans les villes voisines. -Onias l'ayant su, adressa des reproches it MénblaÃd'Antioche, O 23. Ibid., XVI, 29-50 : u L'homme injuste attire son ami par ses flatteries, et le conduit par une voie qui n'est pas bonne. -Le voilit fermant à moitià les yeux pour médite des bouieversemcnts, et se mordant les Ifivros pour consommer l'iniquité à 24. Proverbes, XVII, 15 : à Celui qui ,justifie le méchant et celui qui condamne lo juste, sont tous deux abominables devant Dieu. à 23. Ilid., XXIX, 5-6 : à L'homme qui tient à son ami un langage flatteur, tend un filet h ses pieds ;-le filet enveloppera le michant qui pèche et le juste louera Dieu et se rhjouira. à 26. Ecclésiaste VU, 6 : K II vaut mieux êtr repris par un liomnae sage, que d'etre sédui par les flatteries des insensés à 27. JÉRÉMI Ils ont prbparà leur langue comme IX, 3-9 ;K un arc de mensonge, et non de vérità ils se sont fortifié sur la terre, parce qu'ils ne font que passer d'un crime A un autre, et qu'ils ne me connaissent pas, dit le Seigneur. -Que chacun se garde de son prochain, et que nul ne se fie son fr&re, parce que le frèr ne pense qu'à perdre son frère et que l'ami use de tromperie contre son ami. -Chacun so rit (le son prochain, et; ils ne disent point entre eux la vérità car ils ont instruit leurs' langues A débitele mensonge, et ils SC sont 6tudié it commettre l'injustice. -Votre demeure est au milieu d'un peuple tout rempli de fourberie ;ce sont des trompeurs, et ils ont refus6 de me connaître dit le Seigneur. -Voici donc ce que dit 10 Seigneur des armée :Je vais les faire passer par le feu, et les éprouverCar puis-je faire autre chose it l'égar de la fille de mon peuple ? -Leur langue est comme une lleche qui perce ; clic n'articule des mots que pour tromper; ils ont la paix sur les lcvrcs en parlant ii leurs amis, et en secret ils leur tendent des pikges. -Ne punirai-je point ces ex&, dit le Seigneur, et ne me vengerai-je point d'une nation si criminelle ? à T~~~OIGNAGES LA TRADITION. DE 1. S. CIIHSSOST~MK,Ho~uilie II sur David et Sliiil ((1) ; à Ce n'est pas seulement la pratique de la vertu, mais ce sont aussi les éloge et les l~ommagcs ddfkrds & la vertu qui mériten récompensecomme ce n'est pas seulement le parti qu'on pren- drait d'embrasser le vice, mais cncore les louanges qu'on donne- rait aux gens vicieux qui feraient encourir une punition sévèr et je dirai même quelque singulier que cela puisse pardtre, plus sdvèr que si l'on vivait soi-meme dans le dbsordre. C'est une vérit qui nous est confirmé par saint Paul. Cet apdtre, aprè avoir énumé tous les genres de malice, et s'ètr élev avec force contre les hommes qui foulent aux pieds les lois divines, ajoute en parlant de leurs approbateurs (Rom.,1,32 ; Il, 4) :Quoiqu'ds sachent fort bien que, d'aj~rè les règle de la justice de Dieu, ceux qui font ces actions sont dignes de mort (2), non-seulement ils se portent à faire ces même actions^ mais encore ils applaudissent à ceux qui les commettent. C'est pour cela, 6 homme, que vous &es sans excuse. Vous voyez que saint Paul parle de manièr A faire entendre que le désordr ou l'on tombe en approuvant le mal est plus grave que ne l'est ce mal lui-même Oui, approuver le crime est plus punissable que de le commettre; et cela est d'autant plus vrai, que cette approbation donné au crime est la marque d'une &me perverse et incorrigible. Celui qui lait le mal, mais le condamne en mèm temps, peut changer un jour et se corriger; au lieu que celui qui approuve le vice se prive lui-m6me du remkde qu'offre le repentir. Je conclus que c'est avec beaucoup de raison que saint Paul dkclare qu'approuver le mal est quelque chose de pire que de le commettre. Comme donc celui qui loue les méchant mdrite une punition égale ou mêm plus rigoureuse, ainsi celui qui admire les bons participe aux cou- ronnes qui leur sont réservée C'est ce qu'on peut voir cncore dans les saintes Ecritures. Dieu, parlant 5 Abraham, lui dit : Je bénira ceux qui vous bhiront, et je matdirai ceux qui vous maudiront ( Gen., XII, 3). à (1) Cf. Opera S. Joann. Chn/sost., tome IV, pag. 759-760, 6dit. du Montfaucon; pag. 879, hdit. de Giiunic; Ilo~~i~lies, etc., de suint Jean Chrysostb~ue,lrad. par l'abb6 Auger, lunie 11, pag. 215-21ft. (2) C'est le sens du texte grec. DES P~CFI~S 45 D'AUTRUI. 2. S. CYPRIEN,Sem. de Zapsis :à Puisqu'il est écri :0 non peuple, ceux qui t'appellent heureux te trompent; ils ddrobent d tes yeux le sentier od tu dois marcher; caresser et endormir le p6- cheur par de trompeuses complaisances, c'est fomenter sa malice, et nourrir son mal au lieu de le guérir tandis qu'en reprenant et en instruisant son frèr par des conseils généreu on le relèv et on le conduit au salut. Je reprends et je cl&dtie ceux que faime, dit le Seigneur. Ainsi le prbtre du Seigneur ne doit point tromper le pécheu par des ménagement perfides, mais il doit recourir pour le guéri aux remkdes qui sauvent. C'est un médeci mal- habile, que celui qui se borne a palper d'une main légèred plaiesenveniméeset qui, au lieu d'extirper l'humeur maligne infiltré dans les entrailles du malade, en accroî l'intensità par de vains palliatifs. Imprudent! ouvrez la plaie, enfoncez le fer, et guirissez le mal par un remèd énergique en retranchant les parties viciées Le malade frémi et se déba sous la douleur; qu'im- porte? Dans quelques jours, lorsque la santà lui sera rendue, aux plaintes succéderon les actions de grAces. à 3. S. BASILE-LE-GRAKD, Ils bd- Homdlie sur le psaume LX1 :à nissaient de bouche, et maudissaient de cÅ“ur Beaucoup en effet s'attachent à faire l'apologie du mal, appellent facétieu le bouffon, de bonne compagnie celui qui tient des discours orduriers, veulent qu'on n'ait que de l'estime pour l'homme emporth et colere, vantent l'esprit d'économi de l'homme parcimonieux et avare, la libéralit au contraire de l'homme prodigue, les mceurs fa- ciles de l'impudique et de l'adultère en un mot, ils pallient tous les vices sous le couvert des vertus qui les avoisinent. Les gens de ce caractèr bénissen de bouche, et maudissent de cÅ“ur Car leurs paroles laudatives sont au fond la condamnation de ceux qu'ils louent, et l'approbation qu'ils leur donnent ne fait autre chose que sceller leur condamnation aux supplices éternels à 4. S. AUGUSTIN, Dans tout ce in Ps. LXXXlV, Enamt. I :à que vous louez, vous ne louez les choses que parce qu'elles sont bonnes. Il faudrait avoir perdu l'esprit pour louer ce qui n'est pas bon. Si vous vouliez louer un homme injuste de son injustice m(!me, ne seriez-vous pas injuste? Si vous vouliez louer un voleur en cela mêm qu'il est voleur, ne seriez-vous pas par cela seul coupable du mêm vice? Si au contraire vous louez un fuste parce qu'il est juste, en louant sa justice n'avez-vous pas vous-mêm part h sa justice? Vous ne loueriez pas un juste, si vous ne sentiez que vous l'aimez ; vous ne l'aimeriez 46 DES PÉC~ D'AUTRUI. pas, s'il ne se trouvait d6jh en vous quelque sentiment de justice (4). à S. S. JÉR~ME Si un serviteur Lib. l adversb Pelagianos :à de Dieu doit ne laisser sortir de sa bouche aucune parole amère et n'avoir rien que de doux et d'attrayant dans son langage, ou les pr6tres et les docteurs ne sont pas des serviteurs de Dieu, eux qui doivent reprendre hardiment les p6cheurs, et adresser lcurs rbprimandes indistinctement it tous, sans flatter personne, ou, s'ils sont non-seulement dos serviteurs de Dieu, mais mêm au premier rang dc ses serviteurs, c'est sans raison que vous avez donnà aux serviteurs de Dieu pour partage les paroles dou- cereuses et miellées tandis que c'est au contraire le propre des hérétique et de ceux qui s'dtudicnt A sbduire lcurs audi- 1 teurs, selon ce que dit saint Paul : Ces lto~imesne servent pointJéstu-Chris Notre-Seiqn.eur, niais leur ventre, et par des paroles flallezws ils sdhisent les hes simples. L'adulation est toujours insidieuse, adroite, caressante. Et c'est avec esprit que les phi- losoplics ont dblini le flatteur un ennemi qui cherche & enjder. La vdritb au contraire est amtre, a l'air triste, porte un front ridé et déplaà h ceux qu'elle rcprend. C'est ce qui a fait dire & 1'Apbtre: Vous suis-je devenu odieux^ pour vous avoir dit la vé ritéLe Poèt comiquc a dit de son c6lb : La complaisance nous fait des amis, et la franchise nous fait des ennemis. C'est pour- quoi Dieu ordonnait de manger l'agneau pascal avec des laitues amCres, et le vase d'électio nous exhorte ii eélh la pique dans la v6rità et la sincbrit6. Que la vhrità et la sincérit soient en nous, et l'amcrtu~ne ne tardera pas i~ se faire sentir. à 6. Le m&nic, Lib. II adversks Jovi~tianwit, c. 49 (al. 6) : à II nous reste maintenant & aborder notre Epicure, qui s'em- brase du feu de la voluptk dans ses jardins, parmi des jeunes gens et des fcmn~eleltcs. -Des hommes bien repus, bien pro- prds et bien blancs se déclaren pour toi. Ajoute, si tu veux, une raillerie socratique ;tous les porcs, tous les chiens en font autant; et, comme tu aimes la viande, ajoute aussi les vautours, les aigles, les épcrvicr et les hibous. Lii multiludc qui environne Aristippe ne nous cll•'aic jamais. Tous ceux que je verrai beaux, que je verrai fris& et bouclés leurs clicvcux artistement rangés leurs lèvre colorkes, tous ceux -lh soni de ton troupeau, ils grogncnt parmi les tiens. Ceux de noire !~i.l[ldC sont tristes, pAles, (1) Cf. Sermons de saint Augustin, etc., t. VII, pag. 68. DES ~icnÉD'AUTRUI. incultes, comme btrangcrs dans ce siècle et, bien qu'ils se taisent de bouche, ils disent nbanmoins d'allure et de geste (PLCm5): 1nfortt~n.Ãque je suis! mon exil n'a point de terme. Je suis reldgu6 parmi les tentes de Cddar, c'est-à-dir dans les tdnèbresd ce monde (1); car la lumièr luit dans les té~~èbre et les ténèbr ne Vont point comprise (JoAN.,1, 5). Ne te glorifie pas de ce que tu as de nombreux disciples ;le Fils de Dieu enseigna dans la Judée et il n'étai suivi que de douze apbtres. rai foulà seul le pressoir, dit4 (1s.' LXIII, 3), et aucun d'entre les 21e!bpks n'est venu se joindre d moi. Il resta seul dans sa passion, et la constance de Pierre à le suivre se laissa effrayer, tandis que le peuple entier applau- dissait la doctrine des pharisiens, et disait : Crucifies, crucifiez cet homme :nous n'avons d'autre roi que Césa (JoAN.,XIX, I S), c'est-A-dire, nous suivons les vices, et non les vertus; Epicure, et non pas le Christ; Jovinien, et non l'apôtr Paul. Si plusieurs iicquiescent A ton sentiment, ce n'est en eux qu'un indice de voluptécar ils approuvent ton langage bien moins encore qu'ils ne plaident en cela la cause de leurs vices. Dans les places pu- bliques , chaque jour un devin mensonger frappe au nez les sots (qui s'arrêten le regarder), et en tordant son bâton leur en fracasse les dents, aprè le leur avoir présent & mordre; et maigre cola, il ne manque pas de gens qu'il réussi A amorcer. Et toi, tu te targues d'une grande sagesse, parce que tu vois courir aprks toi de nombreux pourceaux, que tu nourris pour qu'ils servent de ph- turc A l'enfer? Aprks ta prédication et ces bains ou SC lavent Vous ne prenez pas garde qu'autrefois l'Eglise étai comme une plante qui ne fait encore que de sortir de terre, et qu'on ne voyait pas en elle jusque-lA l'accomplissement de cette proph& : Tous les rois de la terre l'adoreront. et toutes les nations le serviront. C'est ce qui s'accomplit de jour en jour h vos yeux, et h mesure que l'Eglisc va croissant, elle agit toujours avec plus d'autorité elle ne se contente pas de convier h bien faire, elle y force. Voilit ce que Jésus-Chris a voulu nous faire entendre dans un temps ou, sans que sa puissance lui fit défaut il a voulu d'abord signaler son humilité Et c'est cc qu'il nous fait voir clairement dans cette parabole (Luc, XIV) du festin, où aprè que les convié curent refus6 de venir, le maîtr dit h un de ses serviteurs :Allez dans les rues et dans les places de la, ville, et faites entrer ici les pauvres, les estropié et les aveugles; aprè quoi celui qui avait reç cet ordre du maître &nt revenu lui dire que tout étai exécutÃet qu'il y avait encore des places vides, le maîtr lui dit :Allez le long des haies et des grands chmins, et forcez Sentrer tous ceux que vous rencontrerez, afin que ma maison se remplisse. Remarquez donc que, quand il n'est question que des premiers, Jésus-Chrisne dit pas, forcez-les d'entrer, mais, faites-les entrer; parce que ceux-lh marquent les comn~encements de l'Eglise ,qui devait s'&lever peu & peu, jusqu'h ce qu'elle en vint au point de pouvoir user de ftonlriiinte. Et c'est parce qu'aprè qu'elle se serait iillcriuic, dcnduc et forlilik, il serail tcuips de mettre la force mbme en usage pour faire entrer les hommes au festin de l'hternitb, que i'Evangile dit que le pkre de famille, averti que ce qu'il avait commandà &ait fait, et qu'il y avait encore de la plac,e de reste, ordonna qu'on allAt le long des haies et des grands chemins, et qu'on forçh d'entrer tous ceux qu'on ren- contremit. à Comme donc vous ête tout hérissà d'épines pour ainsi dire, par les cruauté et les violences que vous exercez contre les nbtres, vous ête de ceux que l'on trouve dans les haies, et qu'on force d'entrer (1).Â¥ 44. Le mbme , Tract. XI th Evangeliwn Joannis :à Quand il plaî A Dieu d'exciter le zèl des puissances contre les hérà tiques et les schismatiques qui déchiren l'Eglise, qui blas- phhment contre le baptêm de Jésus-Chris et l'anéantissen en le rcitérantcette conduite ne doit surprendre personne :c'est Agar que Dieu livra A Sara pour en ktre chbtié (Gen., XVI, 8-9). Qu'Agar rentre donc en elle-même et que, suivant le conseil que l'ange lui donna lorsqu'elle se plaignit & lui dans le désert elle s'humilie et retourne ii sa maîtresse car Dieu ne lui fait infliger des chtitiments que pour la faire revenir. Et plaise A Dieu qu'elle prenne ce parti! Car si elle le prend, ses enfants seront dans le cas de ceux que Jacob eut de ses servantes, et ils partageront l'héri tage de leur pèr avec leurs autres freres, comme firent les en- fants de Jacob. à Y a-t-il de quoi s'étonne que les puissances temporelles qui font profession de reconnaîtr Jésus-Christ s'élève contre ces brouillons détestables qui voudraient détruir 1'Eglise aprks s'en êtr séparé N'y aurait-il pas au contraire sujet de craindre A ceux qui sont dépositaire ici-bas du pouvoir de Dieu, pour le jour oà ils auront ii lui en rendre compte, s'ils n'en faisaient pas un semblable usage, puisque le devoir des princes chrétien est de s'appliquer à maintenir en paix pendant leur règn l'Eglise leur mkre, qui les a engendré selon l'esprit? Nous lisons dans les prophétie de Daniel (III, 91), que Nabuchodonosor ayant vu les trois jeunes hébreu dans la fournaise chanter les louanges de Dieu du milieu des flammes, sans qu'elles leur fissent de mal, s'en étonn d'abord; et que bientbt ,frappà de la grandeur de ce prodige, et y découvran la majestà de Dieu qui les protégeait il dit en lui-m4me :Je ferai un édit par lequel je défendra ii (1) Cf. Les Lettres de saint Augustin, t. V, p. 8-18, DES PECHES D'AUTRU~." toutes les nations assujetties mon empire de blasphéme contre le Dieu de Sidrach , de Misach et #Abdenago, sous peine pour ceux qui y contreviendront de la perte de leur vie, et de la des- truction entikre de leurs maisons (DAN.,III, 9). Que si ce roi, qui n'&tait ni juif, ni circoncis, et qui &ait assez impie pour se Mre adorer, a fait une loi si sévèpour empêche qu'on ne ilasph6mAt contre le Dieu d'Israël parce qu'il avait ét assez puissant pour prot6ger ces trois jeunes hébreu dans la fournaise, peut-on trouver mauvais que des rois chrétien fassent des lois :&&es pour emptcher qu'on n'ankantissc le bapthme de Jésus Christ, qui non-seulement a garanti les trois jeunes hébreu du feu de la fournaise, mais les a d6livré des flammes éternelle aussi bien que les rois et les peuples qu'il a rachetés Car c'est par lui, mes frkres, que ces trois jeunes hébreu ont ét délivr (lu feu de la fournaise. D'oà vient donc qu'il a laissà p6rir les enfants Macldh? Est-ce qu'il n'&ait pas leur Dieu et lcur pro- tecteur, aussi bien que celui de ces trois jeunes hommes? Il l'&ait sans doute; aussiles a-t-ild6livr6sparune protection moins visible, mais non moins puissante, en leur donnant la force de se laisser brbler, plut& que de rien faire contre les prescriptions de la loi judaïque Et s'il a délivr les trois jeunes hommes par un miracle hident, il a couronnb invisiblcment les Machabdes. Autre mi- racle qui marque d'autant mieux la puissance de celui qui l'oph, -p.~ele bonheur d'êtr soustrait aux flammes éternelle l'emporte w celui d'dchapper aux bûcher qu'allument des tyrans. Si donc, parce que Dieu avait délivr des flammes ces trois jeunes hbbreux, le roi Nabucl~odonosor s'est cru obligà de lui rendre gloire, en publiant un dit dans son empire, qui condamnait mort tous ceux qui oseraient blasph~mer contre le Dieu de Sidrach, de Misach et d'Abdenago, et A la destruction leurs maisons entières comment des rois chrktiens, qui, sans avoir besoin d'exemples ètranger ,reconnaissent avoir ét eux-m6mes lélivrÃpar Jésus-Chris des flammes 6ternellcs, bien plus ti redouter que celles qui épargnhren les trois hhbreux , verraicnt- ils sans s'émouvoirl'outrag que font ti leur Dieu ces rcbaptisants, !orsque le chassant, pour ainsi dire, des cÅ“ur dont il est le iiiaître ils contraignent des chrétien A dire qu'ils ne sont pas chrbtiens? Il lcur plaî de persécute leurs frhres, cl ils trouvent mauvais qu'on leur fasse essuyer le m&me traitement. Et cepen- dant, notez la diffbrence du mal qu'ils font aux catholiques, d'avec celui qu'on leur fait si justement souffrir. Ils tuent les DES P~CH~S D'ACTWI. 98 &mes, et la peine qu'on leur inflige n'affecte que leurs corps; ils donnent la mort éternellA ceux qu'ils séduisent et ils n'ont il se plaindre eux-mhmes que de supplices temporels dont on les menace (1). à 42. S. BERNARD, Serm. LXVI super Cantica canticorm :à II vaut assurémen beaucoup mieux que les hérétiqu soient ré primépar le glaive, je veux dire par celui qui a droit de le porter, plut& que de leur laisser répandr au loin leur erreur. Car le prince est le ministre de Dieu pour executer ses vengeances, en punissant celui qui fait de mauvaises actions (Rom, Xll, 4). Quelques-uns s'étonnaien de voir (les hérétiqu condamnbs) marcher ti la mort, non-seulement sans rbsistance , mais mêm avec joie; ceux qui s'en étonnen ne consid6rent pas assez quelle est la puissance du démon non-seulement sur les corps, mais mèm sur les Ames dont il s'est une fois emparé Ne faut-il pas plus de résolutio pour se donner la mort à soi-même que pour la recevoir d'un autre sans murmure ? Or, une expérienc assez fréquent nous fait voir que le démo a pu inspirer cette réso lution 6 plusieurs, qui ont mis fin it leurs jours, ou en se jetant A l'eau, ou en s'étranglan eux-mdmes. Enfin, qui ne sait que Judas s'est pendu, sans doute parce que le dkmon lui avait inspirà de le faire? Je regarde ccpcndant comme un acte plus forcenà et plus étonnan celui qu'il lui avait inspirà de livrer son divin maître que celui dont il s'agit ici de s'êtr pendu lui-mtme. Il n'y a donc point it établide similitude entre la constance des martyrs et l'obstination de ces hérétique parce que le mépri de la mort étai l'eîî de la piét dans les premiers, et de l'endurcissement dans les seconds. à 43. S. JERÔME MI caput V EpistolÃad Galatas :u Une étin celle est quelque chose de bien faible et de presque impercep- tible; mais quelque faible qu'elle soit, si elle trouve un foyer et tant soit peu d'aliment, elle pourra incendier des villes et des forèt entihres. Le levain aussi, dont l'Evangile s'est servi dans un autre sens comme d'un sujet de parabole, parait une chose de rien; et cependant mblez-le avec de la farine, il coni- muniquera sa vertu ti la masse entihre. Ainsi encore les mau- vaises doctrines commencent par un seul, puis infectent deux ou trois premiers, puis insensiblement la gangrèn se rkpand dans (1) Cf. Les Traitéde saint Augustin sur l'Evangile de saint Jean, tome Iw, p. 586-390. tout le corps de la soci6t6, et comme dit le proverbe, une seule brebis galeuse suffit pour ghter tout le troupeau. C'est pourquoi il faut éteindr l'étincell dks qu'elle commence ii paraître kcarter sur-le-champ le levain du reste de la phte, retrancher les chairs putréfiée séquestre du reste du troupeau la brebis galeuse, si l'on veut préveni soit l'incendie d'une maison, soit la fermentation d'une masse de pAte, soit la gangrèn pour le corps entier, soit la corruption et la perte de tout un troupeau. Arius n'étai A Alexandrie qu'une étincelle mais cette étincelle pour n'avoir pas ét tout de suite étouffbe embrasa l'univers entier de sa flamme. à 4.4.S. GRÉGOIRE-LE-GRAND Lib. XII, Epist. XXXI,ad Felicem episcopum Sicili~ :à II vaut mieux en condamner un seul pour mettre tous les autres en sûretà que d'exposer par ménagemen pour un seul le salut de tous. On ne s'étonner pas que cette rkgle soit obscrv6c parmi les liommes ,lorsqu'on réflkhir qu'on la pra- tique mêm ii l'égar des animaux, parmi lesquels on a soin de mettre ceux qui sont atteints de quelque maladie A part de ceux qui sont sains, de crainte que la maladie des premiers ne soit contractbc par les seconds. à 48. S. AUGUSTIN, in Ps. L; voir plus haut, témoignag 4, p. 84 et 88. 16. S. GRÉGOIRE-LE-GRANDLih. IV Dialoprwn, c. 18 : à Quoique nous devions croire que tous les enfants baptisé entrent dans le royaume du ciel s'ils viennent A mourir A cet iîg de premicre enfance, nous ne devons pas croire pour cela que tous ceux d'entre eux qui peuvent déji parler entrent dans le royaume c~leste, parce qu'il y a de ces enfants it qui l'entrée de cc royaume est fermé par leurs parents, ou par la mauvaise éducatio qu'ils en reçoivent Citons pour exemple un petit en. fant dc cette ville, Ag!, je crois, pour l'époqu dont je parlerai tout-A-l'l~curc, d'environ cinq ans : son père fort connu ici, avait pour lui une affection trop tendre qui l'cmpècliai de le re- prendre quand il faisait mal; de sorte que cet entant, d6s qu'il se trouvait contrarià en quelque chose, avait pris l'habitude de blasphémele saint nom de Dieu. Cet enfant donc fut atteint, ilya trois ans, d'une maladie mortelle, et bientdt il loucha sa fin. Et comme son phre le tenait dans ses bras, l'enfant voyant venir A lui les esprits malins, comme me l'ont altestà ceux qui étaien prbsents, se mit t~s'bcrier en jetant des regards d'effroi :Mon phe ,dbfendez-moi;mon père défendez-moi Aprhs avoir crià de DES P$CRES D'AUTRUI. mime, 11 ddtourna le visage, pour se soustraire, s'il l'eû pu, aux esprils malins en se réfugian enire les bras de son père Son p6re lui demandant alors ce qu'il voyait qui lui causait tant de frayeur, l'enfant ajouta :Ce sont des Mores qui sont venus, et qui veulent m'enlever. Puis aussit6t il blasphém le saint nom de Dieu, et ensuite rendit l'&me.Dieu en effet, voulant faire voir pour quel crime, dont son pèr avait néglig de le corriger pen- dant sa vie, il le livrait A de tels bourreaux, permit que cet enfant retombht dans ce mêm crime au moment oà il allait mourir, et qu'aprè avoir exercà la patience divine par ses blasphkmes proférà dans l'éta de santé il servî désormai d'exemple de la justice divine par la mort qui lui arriva, le dernier blasphkme qu'il profér dans ce moment indiquant suffisamment 5 son pèr la faute que ce dernier avait commise en ncgiigcant le soin de l'hme de son enfant, pour le livrer, devenu déj grand pécheu malgrà la faiblesse de son Age, aux feux de l'enfer. à 17. S. CHRYSOST~ME, Hom. IX in I Epistolam ad Timotlieum : u Ce n'est pas une Å“uvr d'un lége mérit ,que de consacrer ti Dieu les enfants qu'on a reçu de Dieu. Car une grande récom pense est réservà aux parents assez heureux pour fonder l'édu cation de leurs enfants sur des bases solides, comme ils doivent s'attendre A un chiitimcnt sévèr s'ils nbgligent ce devoir. Nous voyons en effet que le grand-prbtre Hdi n'a dî (l~'i\ ses enfants le malheur dont il fut frappé Il devait les reprendre, et il les reprit en effet, mais sans employer la skvérit nbcessaire; et pour avoir craint de leur faire de la peine, il les perdit et se perdit avec eux. Faites attention ceci, père qui ête ici pour m'en- tendre :devez vos enfants avec beaucoup de soin dans l'obser- valion des prtceptes et des enseignements du Seigneur. Un jeune homme est comme un animal indomptà : il a besoin d'èlr entourà de précepteurs d'instituteurs, de maîtres et de gouverneurs sans nombre. Et Dieu veuille qu'au moyen de toutes ces précaution vous réussissie à le contenir! Car il est comme un coursier qui ne connaî pas le frein, ou pluldt comme un animal sauvage. Si donc nous lui traçon dè le premier hge les limites qu'il ne devra jamais dépasser nous n'aurons pas besoin aprè cela de beaucoup de peine pour l'en- gager & s'y tenir; car l'habitude toute seule lui tiendra d&- lors lieu de loi. Ne permettons A ceu\ de cet Age aucun plaisir qui puisse leur 6tre funeste; n'ayons point pour eux IV* 7 de molle indulgence; mais attachons-nous surtout à les con- server dans la modestie :car rien ne nuit & cet ADne comme le défau contraire.. . Nc leur epargnons ni les exhortations, ni les avertissements, ni les rbprimandes, ni les menaces, et quand un de ces moyens se Ironvcra use, pilssons A un autre. Considbrons la jeunesse comme un dbpdt de prix qui nous est confié Qu'elle soit donc l'objet de notre sollicitude, et faisons tous nos efforts pour qu'elle ne nous soit pas enlevé par l'cn- ncmi des hommes. Mais, lidas, notre conduite A cet 6gard est précisbmenle contre-pied de ce qu'elle devrait être Pour rendre un champ fertile, nous nous rksignons i tous les sacrifices :nous avons soin de le mettre entre les mains d'un homme fidèle nous usons de disccrncment pour faire choix d'un bon muletier, d'un sage économe d'un homme d'affaires qui soit entendu; et ce que nous avons de plus precieux, un fils, nous ne nous occupons pas de lui trouver un maiire qui saclie le conserver dans l'innocence. Et pourtant ce fils est ce que nous pouvons poss6der de plus pr6- cieux, et tous nos autres biens n'ont de prix pour nous que par rapport A celui-lh. C'est pour nos fils que nous amassons du bien; quant A nos fils eux-mhes, nous mettons en eux. en quelque sorte notre fin ilcrnikrc. Ne soyez donc plus si inconsiquent : formez avant tout l'esprit et le caur de votre fils, et ne songez qu'aprè ccla A lui procurer le reste. Car si son ime est esclave du vice, i~ quoi lui serviront toutes ses richesses? Qu'elle soit au contraire doué de vertu, elle n'aura rien A redouter mêm de la pauvret6. Voulez-vous le laisser riche apr6s votre mort? Apprcncz-lui i êlr homme de bien. Car il pourra de cette ma- nièr amasser des richesses; ou s'il n'y rbussit pas, il ne sera pas plus A plaindre pour cela que cens qui en auront amassé Si au coniraire il se conduit mal, vous auriez beau lui laisser des millions en 116rilage, vous ne lui lilisscricz pas pour ccla un gardien qui le pr&servorait de ses esci%, mais vous auriez rendu sa condition pire que celle de ceux qu'on voit rkduits ii la plus extreme indigence. Car lii pauvrelà est plus avantageuse que les richesses pour tous les enfants dont l'éducatio est vicieuse. En effet, elle les relient mime malgrà eux dans le senlier de la vertu; au lieu que les richcsscs ne laissent pas &me A ceux qui le voudraient la facul16 de rester vertueux, mais elles les sé duisent, les aveuglent, leur causent des bgaremcnts et des maux sans nombre. Mère qui m'écoutez prenez un soin particulier de vos filles :cctte occupation sera pour vous un travail facile. DES PMS D'AUTRUI. 99 Veillez attentivement ta ce qu'elles gardent la maison. Avant tout, formez-les & la piétÃla modestie, au mépri des richesses et des pompes frivoles. Alors vous pourrez songer àleur procurer d'honnête mariages. Car en leur donnant cette éducatio ver- tueuse, vous ne les sauverez pas seulement elles-mbmes , mais vous sauverez aussi les hommes assez heureux pour les épouser et non-seulement leurs époux mais aussi leurs enfants; et non- seulement leurs enfants, mais encore leurs petits- enfants. Car la racine étan bonne, tous les rejetons en seront prosp&res, et vous recevrez la récompens de tout ce bien A la fois. En faisant l'kducation d'une seule &me, persuadons-nous donc que nous travaillons en mêm temps pour plusieurs. Car une vierge qui quitte la maison paternelle pour prendre le lit nuptial, est comme un athlèt qui sort de l'enceinte oà il s'est exercà pour descendre dans l'arène elle doit posskder d'avance l'art de gou- verner une maison, pour devenir comme un bon levain qui com- muniquera sa vertu à toute la masse. Que les jeunes hommes aussi se fassent remarquer par leur pudeur, leur modestie et leur cliastetéafin de mérite les louanges et de Dieu et des hommes. Qu'ils apprennent A rbprimer leurs convoitises, à pratiquer la frugalitéà 6tre économes officieux et soumis. Ainsi seront-ils pour leurs parents une source d'avantages sans nombre; ainsi [out se rapportera-t-il à la gloire de Dieu et ti notre salut (1). à Question X. Qu'est-ce que se rendre complice par participation du phhi5 d'autrui ? On se rend complice par participation du péch d'autrui, lorsqu'on consent à partager le profit avec des voleurs ou des ravisseurs; lorsque, de complicità avec d'autres, on revendique ou on retient une part dans un bien qu'on sait êtr injustement acquis ou du moins ne pas nous appartenir; enfin, lorsqu'on ne craint pas de s'enrichir des dépouille d'autrui. Ce pécht est aussi celui qui semble Ctre désign par ces expressions du Psalmiste, courir avec les volews, prendre part aux crimes des adullères C'est encore ce pkhà qu'Isaï reprochait au peuple juif en ces termes :Vos princes sont des infidèles ils sont les compagnons des (1) Cf. Opera S. Journi. Chrysost., tome XI, pag. 897-898, &dit.de Montfaucon. voleurs; tous aiment les présents ils ne cherchent que le gain et Z'i~térJtC'est le mêm péch6bien que plus criminel en- core, que commettent ceux qui font commerce de l'infamie d'autrui, tels que les maître de maisons de prostitution, ou qui osent donner asile àdes voleurs, ou d'autres gens mal noté ou dangereux, pour mettre en sûret leurs personnes ou leur butin (X). 4. Tobie, II, 49-24 : K Pour ce qui est d'Anne, sa femme (de Tobie), elle allait tous les jours faire de la toile, et apportait pour vivre ce qu'elle pouvait gagner du travail de ses mains. -II arriva donc qu'ayant reç un jour un chevreau, elle l'apporta il la maison. -Et son mari l'ayant entendu crier, dit : Prenez garde que cc chevreau n'ait étdérobÃrendez-le àceux ti quiil est, parce qu'il ne nous est pas permis de manger ni mêm de toucher rien qui ait étdérobà à 2. Proverbes, 1, 10-44, '13-15 :à Mon fils, si les pécheur cherchent & vous scduire, ne vous laissez point prendre h leurs caresses. -S'ils vous disent :Venez avec nous, dressons des cmbùche pour rcpandre lc sang, etc.; -nous trouverons toutes sortes de biens et de clioses précieuse ; nous remplirons nos mai- sons de riches dépouilles -entrez en sociét avec nous; n'ayons tous qu'une mêm bourse :-Mon fils, n'allez point avec eux, détourne vos pas de leurs sentiers. à 3. Ibid., XXIX, 24 : (iCelui qui s'associe avec un voleur est ennemi de sa propre vie; il entend qu'on le prend ti serment, et il ne le déckl point. i) 4. Nombres, XVI, 25-50 : à Moïs se leva donc et se dirigea vers Dathan et Abiron, et les anciens d'IsraGl le suivirent; -et il dit au peuple : Retirez-vous des tentes de ces hommes impies, et ne touchez rien qui soit ti eux, de peur que vous ne soyez X. 1 videtiir, quod Psalmographus dixit, ciin furihis ipsis currcre, et cuin adultcris por- @uidestparticipationsnlicnum peccatum tionem habcre. Sic et Esaias objicit populo contraliew ? judaico :Principes lui /tzfidc/es,socii fii- mm ,onmes (liligtuit nninera. scquimtur Id maximb fit, quando in parteni lucri rctributioncs. Gravius adlmc dclinquiint, cum furilius, sive raplorihus VCII~I~IIS: qui lucriim sibi ex aliqua turpittidine apf'rt' chm ilidein lionii injusLi: porta, vol quovis parant., lit Icnoncs; qiliqiic latronilçis modo alicna nol~is un& cum aliis scinilcr et nota! turpit~idinis vol faclionis ho~niiii- vcndicamus au1 retinemus :chm insuper bus pra'bere audei11 liospitium et locum, ipoliii aiienis ditescimus. Que pertinere qua se illi ,aut sua recipiant. . . DES PÉCHÃD'AUTRUI. 101 enveloppé dans la peine de leurs péché -Lorsque tous se furent retiré des environs de leurs tentes, Dathan et Abiron en sortirent aussi, et se tinrent i~ l'entré de leurs pavillons, avec leurs femmes, leurs enfants et toute leur troupe. -Alors Moïs dit : Vous reconnaître it ceci que c'est le Seigneur qui m'a envoyà pour faire tout ce que vous voyez, et que ce n'est point moi qui l'ai imaginà de mon propre chef. -Si ces gens-ci meurent d'une mort ordinaire aux hommes, et qu'ils soient visité comme les autres ont coutume de l'être ce n'est point, j'y con- sens, le Seigneur qui m'a envoyé-mais si le Seigneur fait par un prodige nouveau que la terre, ouvrant ses abîmes les cngloutisse, etc. à S. Ecclésiastique V, 4 : K Ne vous appuyez pas sur des richesses iniques, et ne dites point :J'ai tout ce qu'il me faut pour vivre; car tout cela ne vous servira de rien au temps de la vengeance et des profondes ténkbres 1) 6. II Paralipowènes XX, 55-37 :(c Aprè cela, Josaphat, roi de Juda, fit alliance avec Ocliosias, roi d'Israël dont les Å“uvre étaientrbs-impies. -Et ils convinrent ensemble d'envoyer une flotte à Tharsis, et ils firent construire des vaisseaux h Asion- gaber. -Et Eliézer fils de Dodaà de Marka, prophétis à Josaphat, et lui dit : Parce que vous avez fait alliance avec Ochosias, Dieu a renversà vos desseins, et vos vaisseaux ont ét brises, de sorte qu'ils n'ont pu aller h Tharsis. 11 7. JOSUÉ et lui VII, 20-26 :(c Et Achan répondi & Josué dit :II est vrai que j'ai péch contre le Seigneur Dieu d'Israël et voici ce que j'ai fait : -J'ai vu parmi les dépouille un man- teau d'écarlat de bonne qualité et deux cents sicles d'argent, avec une règl d'or de cinquante sicles, et je me suis passionnà pour ces objets, et je les ai pris, et les voilà caché en terre au milieu de ma tente, comme aussi l'argent dans une fosse que j'y ai faite. -Et Josuk envoya des exprks qui coururent à la tente d'Ac11an, et voilà qu'ils trouvèren tout cc qui y étai cack , avec l'argent au mêm lieu qu'il avait dit. -Et ayant tirà toutes ces choses hors de sa tente, ils les portkrent A Josu6, et A tous les enfants d'Isra61, et les jetèren devant le Seigneur. -Or, Josuc et tout Israë qui étai avec lui ayant pris Achan, fils dc Zarb, et l'argent, et le manteau et la règl d'or, avec ses fils et ses filles, ses b~ufs, ses Anes, ses brebis, sa tente mêm et tout ce qui étai à lui, les conduisirent en la vallé d'Achor. -Et Josuà lui dit : Parce que tu nous a jetk dans le trouble, que le Seigneur te jette aussi dans le trouble en ce jour-ci. Et tout Israë le lapida; et tout ce qui avait 6th ii lui fut consumb par le feu. -Et ils amassèren sur lui un grand monceau de pierres, qui se voit encore aujourd'hui. Ainsi la fureur du Seigneur se calma; et ce lieu fut appelà et s'appelle encore aujourd'hui la vallé d'Achar. v 8.DANIEL,V, 4-7, 47, 20-28, 30-31 :à Le roi Balthasar donna un grand festin A mille de ses grands, et chacun y buvait selon sa force. -Le roi étan donc dkjh plein de vin, commanda qu'on apport& les vases d'or et d'argent que Nabuchodonosor, son pkre, avait cnlevds du temple de J6rusalem, pour boire dedans, lui et ses femmes et ses concubines, et les grands de sa cour. -On apporta donc aussitdt les vases d'or et d'argent qui avaient 6tà cnlevks du temple de Jerusalem, et le roi but dedans avec ses femmes et ses concubines et les grands de sa cour. - 11s btaicnt tout occupk ii Loire et A chanter les louanges de leurs dieux d'or cl d'argent, d'airain et de fer, de bois et de pierre. - En ce moment m~mc on vit paraîtr des doigts, et comme la main d'un homme qui dcrivait vis-&-vis du cand&labre, sur la muraille de la salle du roi :et le roi voyait le mouvement des doigts de la main qui kcrivait. -Et le visage du roi fut tout changéet son esprit fut saisi d'un trouble violent; ses reins per- dirent toute leur force, ses genoux s'cntre-choquaient. -Le roi poussa donc un grand cri, pour qu'on fit venir les mages ..... -Danicl, rcpondant, dit au roi :Que vos dons soient pour vous, et que d'aulrcs reçoiven de vos mains les prbscnts de votre maison :je ne laisserai pas de vous lire cette écriture et de vous dire ce qu'elle signifie.. . -Quand le cmr de Nabuchodonosor, votre pkrc, se fut enflé ct que son esprit se fut endurci dans son orgueil, il fut cxpulsb du trbne, ct destitue de sa royauté et sa gloire lui fut 6th. -II fui mis ii part des enfants des hommes; son cceur devint semblable ii celui des bêtes sa demcurc fut avec les 5nes des forcis; et il inangca l'lierbc des champs comme les boeufs, et son corps fut trempà de la rosbc du ciel, jusqu'h ce qu'il reconnî~ que le Trhs-Haut a un souverain pouvoir sur les royaumes des hommes, ct qu'il les donne it qui il lui plaît - Et vous, Balthasar, qui &tes son fils, vous-nl&me n'avez point humilià votre ccur, quoique vous sussiez toutes ces choses; - mais vous vous ête klev6 contre le maîtr du ciel; vous avez fait apporter devant vous les vases d'or de sa maison sainte, et vous avez bu dedans, vous, vos fcmmcs et vos concubines, avec les grands do voire cour; vous avez en mCme temps décern vos louanges & vos dieux d'argent, d'or, d'airain ,de fer, de bois et de pierre, qui ne voient point, qui n'entendent et ne sentent point; et vous n'avez point rendu gloire au Dieu qui tient en sa niain le souffle de votre vie et toutes vos voies. C'est pourquoi Dieu a cnvoy6 de son trhne le doigt de la main qui a gravà ces caracthrcs. -Or, voici ce qui est écri : Mad, TliécelPhmis; -en voici l'explication :MméDieu a comptà votre règne et il en a marquà la fin. -Tliécelvous avez étpesà dans la biiliincc, et on vous a trouve trop ltger. -Pliwi;s, votre royaume a Ctt diviséet donne aux Aldes et aux Perses. -La mêm nuit Balthasar, roi des Chiildkns, fut tuà : -et Darius, qui étaiMkdc ,lui succhda dans la royautà h l'A3 (le soixante-deux. ans. )i 9. IIMacliaZhs, III, 5-15, 23-51, 55-40 :K Simon, qui avait l'intendance du temple, voyant qu'il ne pouvait vaincre Onias, alla trouver Apollonius, fils de Tliarsée qui commandait en ce temps-lA dans la Célkyri et clans la Phénicie -Il lui rapporta que les richesses du temple de Jérusale étaien immenses et ranlasséedans un tréso ; que cet argent étai destinà pour les besoins de l'Etat, et no11 pour la dépens des sacrifices, et qu'il hit facile de le faire passer entre les mains du roi. -Apollo- nius ayant donnà en conskquence avis au roi des grandes sommes d'argent dhposks dans le temple, le monarque fit venir Hdio- dore, qui étai son premier ministre, et l'envoya avec ordre de faire enlever tout cet argnt. -Hkliodore partit aussitdt, en apparence pour visiter les villes de Célésyr mais et de Phénicie dans la réalit pour exkcuter le projet du roi. -Et lorsqu'il fut arrivà à Jérusalem aprè avoir ét reç dans la ville par le grand-prêtr avec toutes sortes d'égards il lui déclar l'avis qu'on avait donnà au roi au sujet de cet argent, et le véritabl objet de son voyage, et il demanda si ce qu'on lui avait dit étai vtritable. -Alors le grand-prêtr lui rcprhscnta que cet argent &ait dépos dans le temple pour la subsistance des veuves et des orphelins; -qu'une partie mhe de cet arpent, dont l'impie Simon lui avait parlé appartenait à Ilircan-Tobie , homme qui jouissait d'une très-grand consid6ration ; et que toute cette somme consistait en quatre cents talents d'argent et en deux cents talents d'or; -qu'au reste il étai absolument impossible de tromper ceux qui avaient cru ne pouvoir mieux assurer leur iii'gciit qu'en le mettant en dépOdans un temple vknér de toute 404 DES PÉCHÃD'AUTRUI. la terre pour sa sainteté -Mais Héliodore insistant sur les ordres qu'il avait reçu du roi, &pondit qu'il fallait, ii quelqueprix que ce fùt que cet argent fû port6 au roi. -Il entra donc dans le temple au jour marquà pour metire son dessein ii exécu tion, et toute la ville étai remplie d'une vive crainte. -Les pr&tres, avec leurs robes sacerdotales, se prostcrnaicnt au piedde l'autel, et, les yeux élcv6 vers le ciel, ils invoquaient celui ' qui a fait une loi de garder fidèlemen les dépdt confiés etc. - H6liodorc poursuivait son dessein, debout avec ses gardes à la porte du trbsor. -Mais l'csprit du Dieu tout-puissant se mani- festa alors d'une maniere &latante, en sorte que tous ceux quiavaient osà obéi A IIéliodore renversé par une vertu divine, furent tout d'un coup saisis d'une frayeur qui les mit tout hors d'eux-m6mes. -Car ils virent paraîtr un cheval, sur lequel étaimonte un homme terrible, habillà magnifiquement, et quifondant avec impCtuosit6 sur Héliodore le frappa de plusieurs coups avec ses deux pieds de devant; et celui qui étai mont6 dessus semblait avoir des armes d'or. -Deux autres jeunes hommes parurent en mhe temps, pleins de force et de beautb, brillants de gloire et richement vctus, ct se tenant aux deux cdté d71161iodorc, ils lc fouctlaicnt chacun de son chté et le frappaient sans rclhhc. -Hkliodore tomba donc tout d'un coup par terre, cnvclopp6 d'obscurità et de ténèbre alors on le mit dans une IitiCre et on l'emporta hors du temple. -Ainsi cet homme qui 6tait cntr6 dans le tcmple, préckd d'un grandnombre d'archers et de gardes, étai emportà sans que personne pû le secourir, tant la vertu de Dicu s'étai fait connaîtr mani- festcment.-Cetle vertu divine le rkduisit demeurer couchà par terre, sans voix et sans aucune espéranc de vie. -Les Juifs au contraire bhissaient le Seigneur de ce qu'il relevait la gloire de sa maison; et le tcmple qui ne présentai auparavant quefrayeur et tumulte, retentit alors de chants d'allégress et de cris de joie, en rcconnaissancc de cette manifestation de la toute- puissance divine. -Bicntbt quelques-uns des amis d'H6liodore se mirent it supplier Onias de vouloir bien invoquer le Très-Haut pour qu'il donniî la vie A cet homme qui allait rendre le dernier soupir.. ..-H6liodore ayant offert tl Dieu un sacrifice, et fait des vÅ“u ct de grandes promesses h celui qui lui avait accord6 la vie, rendit grilces h Onias, alla rejoindre ses troupes, et retourna vers le roi. -Et il rendait témoignagii tout le inonde de ces auvres du graiid Dieu, qu'il avait vues de ses DES P~É 405 D'AUTRUI. yeux. -Et comme le roi lui demanda qui il croyait qu'il lui convînd'envoyer encore & Jérusalem il lui répondi :Si vous avez quelque ennemi, ou quelqu'un qui ait form6 des desseins sur votre royaume, envoyez-le en ce lieu , et vous le verrez revenir dbchirà de coups, si toutefois il en Gchappe; car il y a vraiment dans ce temple une vertu divine. -Celui qui habile dans le ciel y est lui-mèm présent il en est le protecteur, et il frappe et perd ceux qui s'y introduisent pour faire du mal. - Veil$ le traitement que subit Héliodore et la manièr dont le trésofut conservé à 10.Il Machabbes, V, 13-21 : à Antioclius osa mêm entrer dans le temple, ce lieu le plus saint de toute la terre, ayant pour guide Ménélau prenant l'ennemi des lois et de sa patrie. -Et dans ses mains criminelles les vases sacrés que les autres rois et les villes avaient placé en ce licu saint pour en êtr l'ornc- ment et la gloire, il les maniait indignement et les profanait. - Ainsi Antioclius s'égarait-i dans ses vaines pensées et il ne considhit pas que si Dieu faisait éclate pour un peu de temps sa colore contre les habitants de cette ville, c'étai à cause de leurs p&chéset que c'étai pour cela qu'un lieu si saint avait ét expos6 h cette profanation. -Car autrement, s'ils n'avaient 6tà coupables de plusieurs crimes, ce prince, ii l'exemple d'Hélio dore qui avait kt6 envoyà par le roi Stileucus pour piller le lrkor, aurait étfouettà comme lui au moment de son arriv6e. et puni efficacement de son audace. -Alais Dieu n'a pas choisi le peuple h cause du temple ;il a choisi au contraire le temple à cause du peuple. -Voila pourquoi ce licu a ét associà au peuple dans ses maux, comme il lui sera aussi associà dans ses succhs; et aprbs avoir ét quelque temps abandonnà ii cause de la colhre du Dieu tout-puissant, il sera de nouveau &levà à la plus haute gloire, lorsque le Dieu souverain se r6conciliera avec son peuple. -Antiochus ayant donc emportà du temple dix-huit cents ta- lents, s'en retourna promptement à Antioche. )) II. Ibid., lx, 4-16 : çAntioclius, transportà de colère s'imaginait qu'il pourrait se venger sur les Juifs de l'outrage que lui avaient fait ceux qui l'avaient mis en fuite. -C'est pourquoi il commanda celui qui conduisait son char de presser ses chc- vaux, et de hàte son voyage, poursuivi qu'il étai lui-mèm par la vengeance du ciel pour cet,tc parole insolente qu'il avait dite, qu'arrivà à Jérusalem il ferait de cette ville le tombeau commun de tous les Juifs. -Mais le Seigneur, le Dieu d'Israë 106 DES PÉCHED'AUTRUI. qui voit tout, frappa ce princc d'une plaie incurable et invisible : car il n'eut pas plus tbt profér cette parole, qu'une douleur cruelle et d'affreux tourmcnis tléeliir~rftn ses entrailles. -Et ce fut avec justice , puisqu'il avait lui-in~he dkhirà les entrailles des autres par un grand nombre de toiirincnls nouveaux, bien que cela m6me ne le fit pas encore renoncer il sa malice. - Plein d'orgueil , et ne respirant que feu cl flammes contre les Juifs, il commanda qu'on prccipitâ son voyage; mais dans l'im- pbtuositb de sa course, il tomba de son char, et tout son corps fui froissé et ses membres meurtris. -Ainsi, celui qui tout-h- 1'Iieure croyait, dans son orgueil sataii'ijuc , pouvoir commander mêm aux flots de la mer, et peser dans sa Lalance les mon- tagnes les plus liaulcs, se trouva h l'inslant humilie jusquYA terre, portà mourant dans une lilicrc , cl manifeslant il tous dans sa personne la toute-puissance de Dicu par ce spectacle intme.- Car on voyait des vers sortir du corps de cet impie, comme d'une source; et tout en conservant lit vie au milieu de tant de douleurs, ses cliairs lui tombaient par picces en répandan dans toute 'arn16e une infection que personne ne pouvait supporter. -Et celui qui naguere s'imaginait qu'il pourrait atteindre jusqu'aux &toiles du ciel ne pouvait plus Irouvcr de serviteurs il cause de I'o(1eur insupporial~lc qui s'cs1i;ilait de son corps. -II commenç donc alors A rabattre de cet orgueil dont il &tait possédà et A reconnaîtrle peu qu'il &tait, ses douleurs redoublant h chaque moment sous le fouet inexorable de la vengeance divine. Ainsi ne pouvant plus lui-mêm souîfri la puanteur de ses plains, il (lit : Il es1 juste que l'l~omme soit soumis il Dicu, et que celui qui est mortel ne s'&gale pas au Dieu souverain. -Mais en par- lant ainsi, c'blait en vain qu'il priait le Seigneur, de qui il ne devait point obtenir miskricorde. -Et celui qui se hhtait aupa- ravant d'aller A Jbrusalem pour la raser jusqu'au niveau du sol, et pour n'en faire qu'un vaste cliarnier de corps morts entassé les uns sur lcs autres, promettait maititcniint de la rendre libre, -et d76galer aux Athénien ces mème Juifs qu'il avait jugbs indignes de la sépulture et de qui il avait dit qu'il donnerait leurs corps en proie aux oiseaux du ciel et aux bktes farouches, et qu'il exterminerait jusqu'h leurs plus petits enfants. -II s'engageait aussi ii orner de dons précieu le saint temple qu'il avait pi116 depuis peu, ii y augmenter le nombre des vases sacrk, etc. à 42.1 Mucldies, VI, 10-13 : à II app;l;i donc Ions ses mis DES PÉCH~ 407 D'AUTRUI. et leur dit :Le sommeil s'est éloign de mes yeux, mon cÅ“u est tout abattu, et je me sens défailli par le chagrin quej'éprouve-Et j'ai dit dans mon cÅ“u : A quelle affliction suis-je maintenant réduit et en quel abîm de t,ristesse me vois-jeplongémoi qui étai auparavant si heureux et si aimà au milieu de la puissance qui m'environnait! -Je me souviens à présen des maux que j'ai faits dans Jérusalem d'ou j'ai emportb tous les vases d'or et d'argent qui s'y trouvaient, et fait enlever sous des prttextes frivoles ceux qui habitaient la Judde. -Je recon- nais donc que c'est pour cela que tous ces maux. sont tombé sur moi; et voilà qu'affligà d'un horrible mal, je meurs misérable ment dans une terre étrangkre à 43. Psaume XLlX, 16-48 :à Mais Dieu a dit au pécheuretc. -Si tu voyais un voleur, tu courais t'associer avec lui, et tu prenais part aux crimes des adultères N 44.ISA~E, 1, 23-25 :a Vos princes sont des infidèles et les compagnons des brigands. Ils aiment les prkents, tous tant qu'ils sont, et ils ne cherchent que le gain et l'intérkt Ils ne font point justice à l'orphelin, et la cause de la veuve n'a point d'accè au- prk d'eux. -C'est pourquoi le Seigneur, le Dieu des armées le fort d'Israël a dit :Hélas je dkchargerai ma colèr sur ces rebelles, et je me vengerai de mes ennemis. -Et j'étendra ma main sur toi, Jérusalem etc. à 45. Deuthome, XXJJI, 18 :à Vous n'offrirez point dans la maison du Seigneur votre Dieu la récompens de la prostiiuée ni le prix du chien, quelque v~u que vous ayez fait, parce que l'un et l'autre est abominable devant le Seigneur votre Dieu. à 1. GR~GOIRE TOURS,Lib. de glurid cu~~~essorurn, 63 : DE c. à La fille de Léon empereur des Romains, étan tourmenté de l'esprit impur et conduite pour cela dans les lieux saints, laissait échappecontinuellement ce cri que lui inspirait l'esprit mauvais qui la possédai:Je ne sortirai de ce corps, qu'A la présenc de l'archidiacre de Lyon; il n'y aura que lui qui puisse m'expulser de ce lieu. L'empereur ayant entendu ces mots, dépêc sans tarder des exprè vers les Gaules. Ceux-ci ayant trouvà l'archi- diacre, se mirent h le supplier de se rendre avec eux à Rome pour visiter la fille du prince. L'archidiacre s'y refusa d'abord, en se déclaran indigne d'êtr l'instruincnt de Dieu pour les mer- veilles qu'il lui plairait d'opkrer ;iiuk enlin ,cédanaux exhor- 408 DES PÉCHED'AUTRUI. talions de son évbqu ,il se mit en route avec les envoyés Arrivh auprè de l'empereur, il en fut reç avec des honneurs extraor- dinaires. Une fois instruit de ce que souffrait la jeune princesse, il se dirigea vers la basilique de l'apdtre saint Pierre, et lh, apres avoir observà un jeûn de trois jours de suite accompagn6 de vcilles et de prikres , il cliassa l'cspri t impur du corps de la jeune fille, en invoquant sur elle le nom de Jbus-Christ et en la marquant du signe de la croix. Pour le récompense d'avoir opbr6 cette guérison l'empereur lui offrit trois cents pièce d'or; mais cette grande &me, regardant comme rien les biens péris sables de la terre, répondi au prince :a Sivous desirez m'enrichir de vos présents accordez-m'en un qui profite i tout le pays; faites remise de l'impdt au peuple jusqu'A trois milles au-del& de l'enceinte des murs : ce lk~~l'i~it sera avantageux A tout le monde h la fois. Mais pour voire or, il ne me servirait de rien; distri- buez-le aux pauvres pour votre bonheur et celui de votre fa- mille. à Le prince accbdant A cette proposition, fit aux pauvres la distribution dc l'or, et accorda au peuple la remise de tribut qui lui &ait demandée De la est venue la coutume qui dure en- core dans cc pays de ne payer d'iinpdts qu'A trois milles en dehors de la ville. Aprh que le saint archidiacre se fut retiré l'empe- reur dit A sa suite :à Si ce ministre aime Dieu plus que l'argent, l'églis du moins :t laquelle il est attachà mérit d'ktre honoré par nos prbsents. Alors il fait faire un coffret pour renfermer à le livre des saints Evangiles, avec une pathe et un calice d'or pur ornà de pierres pr6cieuscs. Il cliargc un de ses confidents de porter h l'+$se de Lyon cet ouvrage admirablement travaillé mais le con~missionnaire, arrivà aux Alpes, s'arrêt dans la maison d'un orfhvre. Celui-ci l'ayant questionnà sur le sujet de son voyage, il lc lui fit connaîtr avec confiance et simplicité sur quoi l'orfhvrc lui dit :à Si vous voulez suivre mon conseil, cette affaire va nous enrichir tous les deux. à Séduisans doute par le malin esprit, ct comme on dit parmi lc peuple que, quand on a l'appéti de l'or, et qu'on cherche ti tromper quelqu'un, les esprits n'ont pas de peine h s'unir, l'envoyà consentit sur-le- champ ti tout ce que voulut l'or&vre. Alors notre faussaire se mit A fondre des ouvrages d'argent tout semblables, et qu'on au- rait pris pour les modhles fabriqué en or, et il fixa artistement avec des clous les picccs qui avaient auparavant pour agrafes des pierreries ou des filets d'or. Il ne toucha pas cependant au calice, uaiisic de la solidità ilvcc laquelle les pikces y avaient 6th incrustées Apr& cet échang frauduleux, le porteur poursuivit sa route et arriva Lyon. Il fait son offrande l'év6quc qui le gratifie & son tour; puis étan allà rejoindre l'auteur de l'imposture, il lui demande sa part dans l'or qui avait étsoustrait de l'offrande; l'orfèvr lui répon que tout n'est pas encore prêt mais il lui promet de le satisfaire quand la nuit sera venue. Aprè donc qu'ils eurent soupé comme ils étaien ensemble dans la chambre oà se fabriquaient les pièces voilh que tout-à-cou il se fait un tremblement de terre, et que la chambre secoué violemment tombe sur eux et les écrase En mhe temps la terre s'entr'ouvre sous leurs pieds, et les en- gloutit avec leur argent, en sorte quYapr&s avoir poussà un cri lugubre ils descendirent tout vivants dans les enfers. Ainsi Dieu s'emprcssa-t-il de venger l'injure faite à son Eglise. l'ai vu moi- mtme bien des fois ces ouvrages dans l'églis de Lyon. Que les peuples apprennent par cet exemple & ne pas envier h l'Eglise ses richesses, pas plus quY& user de fraude dans les offrandes qu'on lui fait. Autrement, le coupable ne tarderait pas t'i voir éclatesur lui la justice de Dieu. à 2. Ibidem, c. 71 : (1 II fut donnà ii la ville d'Aix un excellent athlèt dans la personne de Metrias, homme d'une saintetà émi nente, si l'on en croit l'histoire. Quoique de condition servile, il se montra noble par l'élévati de ses sentiments :au rapport de ceux qui ont lu le réci de son combat, quand il eut achevà ici- bas le cours de ses bonnes Å“uvres il se retira victorieux de l'arkne, l'écla de ses vertus ne laissant aucun doute sur la gloire d le bonheur dont il jouit dans le ciel. Du temps donc que Francon &ait évêq de cette églis (1), Childéri(2),qui étai alors le premier en crédi auprè du roi Sigebert, voulut avoir sa ferme, disant qu'elle étai injustement retenue par l'églis d'Aix , et l'bvêqu fut aussitdt appelà A comparaîtreIl vint en la pr& sence du roi aprè avoir donnà des cautions, et conjura le roi de ne pas l'obliger ii se trouver A celte audience, de peur qu'il ne subit lui-mèmla rigueur du jugement divin. à Car je sais, dit-il, quelle est la vertu de saint Métrias qui tire promptement ven- geance de quiconque entreprend d'usurper ce qui lui appartient. à (1) Francon est comptà pour le huitikme évhqu de la ville d'Aix, et n'est connu que par ce passage de saint Grégoire 11 vivait l'an 561, sous le rkgne de Sigebert. (Â¥2II ne faut pas confondre ce Cliildéri avec le roi Childéric frèr du roi Sigebert. 440 DES P~CH% D'AUTRUI. Enfin les avocats plaident de part et d'autre la cause des partia. Cliildéri se lhve lui-m&me, et reproche à l'évêqdéjfatigub (le ses incriminations de retenir injustement les redevances alta- rhée aux domaines du roi ;puis il le fait enlever par force du milieu de l'audience, oblige les juges resté présent A rendre ventre lui une sentence qui l'exproprie de sa ferme, et le fait vondamner en outre (1 payer une amende de trois cents écu d'or, fout le monde s'btait mis pour lui, et personne n'osait rien dire contre sa volontb, ni rksister h la puissance de son crédit Enfin '6vêqu condamnà et dépouill revint & sa ville, et prosternà en oraison devant le tombeau du saint, il dit aprè avoir récit le cilpi~ul~ On n'allumera point ici de lumières et du psaume :à on ne cliantera plus de psaumes, que vous n'ayez, 6 glorieuxSaint, venge vos serviteurs des injures qu'ils ont reçue de leurs rnnemis, et quc vous n'ayez fait rendre & la sainte églis les choses qui lui ont 6th 6t6es par violence. à Cela dit, il jeta en fondant, en larmes des ronces et des épine aigui% sur le tombeau, Et quand il fut sorti de ce lieu-lh, il en ferma la porte, et sema d'autres 6pincs A l'entrée Tout-&-coup le ravisseur est envahi par une fievre violente; il se met an lit, ne veut plus prendre ni nourriture ni boisson, et sa respiration devient de plus en plus agit&. Si l'ardeur de la fièvr lui faisait sentir la soif, il ne buvait que de l'eau, et rien davantage. Que dirai-je de plus? 11 passa une annie entièr dans cet éta d'agitation fi6vreuse; mais sa m& chante Arne ne se convertit pas pour cela. Cependant il perdait de jour en jour ses cheveux et les poils de sa barbe, et bientdt il devint tout chauve, en sorte qu'on eh1 cru voir un cadavre exhum6 du tombeau oà ses poils auraient ét consumés Abattu tous ces maux et par d'autres encore de ce genre, ce misé- rable se rappelle trop tard, lihlas, le mal qu'il a fait, et se dit i lui-incine : u J'ai péchben dCpouillant I'Eglise de Dieu et en faisant outrage b un saint bvCque. Allez donc, dit-il h ses gens, allez maintenant le plus vite que vous pourrez ;et aprè que vous aurez restituà le domaine, reincllez ces six cents écu d'or sur le tombeau du saint : car j'ai une ferme esphnce que, celte resti- tution une fois faite, la sanlb me sera rcnduc. à Ccux i qui il donnait cet ordre n'eurent pas plus t6t l'argent entre les mains, qu'ils se IlAtèren d7ex6cuter la commission. Ils restituèren le domaine, et ddposhent l'argent sur le tombeau du serviteur de Dieu; mais ils n'eurent pas plus tô accompli ce devoir, que le malade expira h la place ou il &tait, et ne gagna que la perle de DES P~C~S 111 D'AUTRUI. Ãvie h se faire le suppbt d'une acquisition injuste. L'4v6que au rnntraire se trouva vengà de l'ennemi de lYEglise, comme il s'étai tenu assur6 de l'êtr par la vertu de l'athlèt de Dieu (1). à 5. Le mCme, Lib. 1de glorid marlyrum, c. 58 : à Comme le mur humain ne cesse de battre pour des jouissances dont on doit rougir, un sous-diacre ayant aperç à travers la fenètr les vases d'iigent (renfermks dans les tombeaux des martyrs Chry- sanllie et Darie), songea en lui-mêm comment il pourrait accom- plir ce que son avarice lui suggérait La nuit 6tant donc venue el déj avancée il se leva de son lit, entra dans l'&lise drs saints, et dc l'@lise passa par la fenêtr dans le caveau, oh en IAtant des mains au milieu de l'obscurité il prit quelques aiguière d'argent, puis voulut se retirer avec son butin ;mais il ne fit que tourner toute la nuit, et ne put jamais retrouver l'entré par oii il avait pcnétrà Enfin le jour étan venu, comme la conscience qu'il avait de son crime le portait h faire tous ses efforts pour se cacher, suivant cette parole de Noire-Seigneur : Quiconque fait le mal hait la lumiire, et ne paraî point h la ltmière de peur qw ses marcs ne soient manifestée (JoAN.,III, 20), il se cacha tout le jour dans un coin du caveau, de peur d'êtr aperçu La nuit sui- vante, il chercha encore l'issue pour sortir, mais jamais il ne put la trouver, et il fit de mêm trois nuits de suite. Enfin, le troi- siime jour, comme il étai tourmentà de la faim, il se présent h la fenêtr devant tout le peuple, et laissant l'argenterie qu'il avait enlevéeil confessa son crime, et sortit couvert de confu- sion, l'action qu'il avait faite ne pouvant plus kchapper aux regards de toutes les personnes prése tes (2). 1) h. Ibidem, c. 72 : à Saint Denis, évhqu de Paris, a honorà sa ville de son martyre. A l'époqu oà le roi Sigebert vint sous les murs de cette ville avec son armée et mit en cendres la plus grande partie de ses faubourgs, un de ses principaux officiers accourut i la basilique (3) de ce saint martyr, non pour y prier divotement, mais uniquement pour y commettre quelque larcin. (1) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grkgoire, 6vCque de Tours, de la [rad. de M.de Marolles; Paris, 1668, t. 11, p. 512-5111. (2) Cf. Ibidem, p. 60-6 1. (3) L'@$se actuelle de saint Denis n'a 6t6 bâti que plus tard, et sous leribgne de Dagobert. La basilique dont il s'agit ne pouvait donc klre qu'iimh chapelle bilie sur le ineiiie emplacement, ou quelque autre &lise lit Paris Mie sous le vocable du saint, telle que l'églis de Saint-Denis- du-Pas, ou celle de Saiiit-Denis-de-la-Cliarte, etc. Comme il trouva les portes tout ouvertes, et le temple laissi sans gardiens, il prit audacieusement le poêl de soie enrichi d'or et de pierreries qui couvrait le tombeau du saint, et l'emporta avec lui. De retour au camp, il se trouva forcà de s'embarquer. Le valet qu'il avait louà i~ son service s'étan embarquà avec lui, en portant deux cents écu d'or suspendus h son cou, tomba tout-h- coup hors du navire sans que personne l'eû seulement touché se noya bientGt, et ne put plus ètr retrouvà depuis. L'officier voyant la justice de Dieu s'exercer ainsi h son égar par la perte qu'il venait de faire de son valet et de son or, demanda sans tarder qu'on le remî h terrc h l'endroit mèm d'oà il s'étai embarquéet sans perdre de temps, courut restituer le pokle qu'ilavait dbrobé Mais quoiqu'il eû fait cette réparation il ne put pas voir l'anniversaire du jour ou il avait commis le vol (1).à S. Ibidem, c. 79 :cc L'églis d'Agde, qui se glorifie de posséde des reliques de l'apdtre saint André a étplus d'une fois illustré par d'éclatant miracles, qui sont venus confondre les usurpa- teurs de ses biens. En dernier lieu le comte Gomachaire envahit une terre de la dépendanc de cette église L'évèq Léo (2), contristà de cet attentat, vint trouver le comte et lui dit : t< Laissez, mon fils, laissez le bien des pauvres, que le Seigneur a commis ti mes soins, de peur qu'il ne vous porte malheur, et que les larmes des indigents, qui ont v6cu jusqu'ici de son pro- duit, n'obtiennent votre mort de la justice divine. )) Mais le comte, qui étai hérétiqu ne tenant nul compte de cet avcrtissc- ment de l'évèqu retint en sa possession ce bien sacrilégernen enlevé Cependant, il vint quelque temps aprè ti ètr atteint de la fièvr ;et comme il ne se sent,& pas seulement tourmentà par le malaise physique, mais aussi' par les remords dont il étai bourrelé il dhputa de ses gens auprks de l'évèq pour lui faire cette prièr :à Daigne le pontife adresser pour moi des prière au Seigneur, et je lui rendrai la terrc qui lui appartient. à L'év6qu aussitat pria, et le malade recouvra la sanlà ;et une fois gubri ,il dit b ses gens :à Que pensez-vous que disent mainte- nant ces romains (%)?Ils s'imagineront sans doute que je n'aurai (1) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grkgoire, Wue de Tours, de la trad. de M. do Marolles; Paris, 1668, t. Il,p. 112-H5. (2) L6on fut le quatrikme des 6vCques d'Agde :il vivait vers l'an 540, et n'est connu que par ce passage de saint Grégoire Baronius n'a pas oublie d'en faire mention dans ses Annules. (3) Expression remarquable dans la bouche d'un hérétiqu qui s'en sert ici pour désigne les catholiques. DES PÉCH~D'AUTRUI. il5 feu la fihvre, que parce queje leur avais enlevd leur domaine. Ce mal ne m'est pourtant arrivà que par une suite ordinaire de la condition humaine. Mais, quoi qu'ils fassent, ils n'auront point ce domaine de mon vivant. à En mêm temps il envoie un de ses officiers pour reprendre le bien qu'il avait rendu. L'évêq en ayant ét informé vint le trouver sur-le-champ et lui dit : à Est-ce que vous vous repentez du bien que vous avez fait, pour vouloir maintenant revenir lk- dessus? Ne faites point cela, je vous prie, de peur d'encourir la vengeance divine. D Lu comte répondi à l'évêq: à Taisez- vous, taisez-vous, bon homme; je vous ferai mettre à cru sur un Ane, et traverser la ville dans cet équipage pour apprbter it rire A tous ceux qui vous verront dans cet état à L'évêqusans faire de réplique recourt à ses moyens accoutumé de défense Il va se prosterner en oraison, passe la nuit sans se coucher, et s'occupe uniquement de gémi ou de chanter des psaumes. Le jour venu, il va aux lampes de l'églis suspendues h la voûte et s'armant du bAton qu'il tenait b lamain, il les met toutes en pikces en disant ces paroles :a On n'allumera point ici de cierges ni de lampes, jusqu'h ce que Dieu soit vengà de ses ennemis, et que les biens de sa maison lui aient ét rendus. Il n'eut pas plus t6t achevà ces mots, que l'hérétiq ressentit de nouveau ses acchs de fikvre. Et comme il se voyait à l'extrémitÃil envoya dire h l'évêq: Daigne le pontife supplier pour moi le Seigneur, et rendu h la sant6 je restituerai la terre usurpée et j'en donnerai encore une autre de meme valeur. à L'évêq répliqu :à J'ai prià le Seigneur, et il m'a exaucé 11 Le comte lui envoie une seconde députation puis une troisikme ,pour le prier de se sou- venir de lui dans ses prières mais l'évêq persiste dans sa réponse,-erefuse de consentir a prier Dieu pour lui. L'hérétiq voyant cela, se fait mettre sur un brancard, et porter vers l'évh que, pour le prier en sa propre personne et lui dire : Je vous rends votre domaine que je vous ai injustement ravi, et je vous en offre de plus une fois autant, ne demandant autre chose h votre saintetésinon qu'elle prie pour moi. à Comme !'év&qu ne vou- lait pas encore lui accorder ce qu'il lui demandait, il le con- traignit de vive force d'entrer dans l'église oà il n'eut pas plus tdt mis le pied, que le comte expira, et l'églis recouvra le domaine qui lui avait ét ravi (i).1) (1) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grbgoire, kvèqude Tours, de la trad. de M. de ëIarolle;Paris, 4668,1. 11, p. 123-128. ÈT 8 6. Le m6me, Lib. II de glo~idmartynim, c. 43 :à Comme le roi Théodori entrait dans l'Auvergne, comme un torrent impé tueux, pour ravager tout le pays, une partie de son armée s'étan séparà du reste, se jeta du &tà de Brioude, en ajoutant foi au bruit qui courait que les habitants s'étaien réfugi dans l'église oà ils avaient ramassà tout ce qu'ils possédaien de plus precieux. Arrives & l'endroit, ils trouvèren en effet qu'une mul- titude de personnes des deux sexes s'étaien renfermée dans l'@lise avec leur mobilier. Et comme on leur en refusait l'en- tréeun des soldais rompit les vitres d'une fenhtre du cdtà de l'autel, et pénbtr par cette ouverture comme un voleur; car celui qui n'entre pas par la porte est un voleur et un larron, dit l'Evangile (JoAN., X, 1).Ensuite il ouvrit les portes du temple, et donna passage h l'année Alors faisant main basse sur tout le bien des pauvres, sur les minist,res de l'églis eux-même et sur tout le peuple rcnferm6 dans le temple, les soldats mirent tout dehors, et se partagèren entre eux tout ce butin quelques pasde la ville même Tout cela ayant ét rapportà au roi, ce prince lit saisir quelques-uns des coupables, qu'il condamna à divers genres de supplices. Celui qui avait &tà le premier auteur de tous ces forfaits en forçan comme il l'avait fait l'entré du temple, voulut prendre la fuite; mais le feu du ciel tomba sur lui et le frappa de mort. On voulut l'ensevelir sous un tas de pierres; mais le tonnerre et l'orage remit son cadavre il découvert de sorte qu'il resta sans sépulture Quant aux autres complices de l'attentat qui réussiren il échappeii la vengeance du roi, quand ils furent rentres dans leur pays, ils furent livrds au démon et pkrirent plus misérablemen les uns que les autres. Frappà de ce chhtiment exemplaire, le roi fit rendre tous les objets qui avaient 6th enleves de ce lieu :car il avait d6fcndu d'exercer aucune violence dans l'espace de sept milles tout autour de l'églis (1). à 7. Ibidem, c. 14 : à Siginald, qui &tait fort puissant auprè du roi, s'en alla en Auvergne, par ordre du prince, avec toute sa famille. Comme il ne craignait pas de faire de tous cdté des acquêt injustes, il envahit, sous prétext d'&change, une ferme que Tétrad (2),évêq de Bourges, d'heureuse mémoire avait (4) Cf. La seconde partie des llistoires de saint Grhgoire, évoqude Tours, de la trad. de M. de Marolles; Paris, 1608, t. II, p. 490-191. (2) Tktrade est marque le quinzièm dans le catalogue des évêqu de Bourges. 11 assista en 806 au concile d'Agde, et en 511 a celui d'Orléans oà il prit la qualitb de m&Lropolitain. DES PECHES D'AUTRUI. 445 We t~la basilique de Saint-Julien; mais trois mois aprks cet attentat, la fièvr le prit, et perdant connaissance, il pencha la Ilte sur son lit. Sa femme étan inqui6te de le voir en cet état fut avertie par un prêtr de le faire transporter hors de la ferme, si elle voulait sa gukrison. Elle fit donc apprête un équipage et son ipoux ayant ét plac6 sur un brancard, ils n'eurent pas plus franchi la limite de la ferme, qu'ils sentirent tous les deux les effets de la grhce de Dieu : l'un par la santà qu'il recouvra, l'autre par la joie qu'elle eut de le voir guér (1).à 8. Ibidem, c. 15 : à Un certain Pastor Ingenuus, nommà ainsi non pas pour sa vertu, mais parce que c'étai son nom appellatif, entre autres injustes usurpations qu'il commit A l'égar de la basilique du saint martyr Julien, en vint A ce point de témtkit que lui inspirait sans doute l'ennemi du salut des hommes, de vouloir s'approprier et d'envahir effectivement quelques mé iairies de cette kglise, voisines de ses propres terres. Le prêtr du lieu ayant déput vers lui quelques-uns de ses clercs pour l'exhorler A entendre raison, et A se desister de sa prétentioinjuste, cet homme violent, comme s'il eû eu des ennemis armé combattre, se saisit aussitô de son carquois, et ayant mis les clercs en fuite coups de flèches il retint en sa possession les domaines du saint. Or, il se trouva que bientô aprks devait se célébr la fêt du glorieux martyr :l'usurpateur, ne se souvenant plus des envahissements qu'il avait commis, non plus que de l'ou- trage qu'il avait fait aux clercs, se rendit au bourg de Brioude cinq jours avant la fbte pour la célbbre avec les autres. Comme il itait itable d'amis tout entier livrà Ãla joie, tout-&coup on vit des éclair qui furent suivis d'un tonnerre épouvantable et les éclairayant redoublé un dard de feu s'échappan du ciel vint le frapper A mort, sans qu'aucun autre que lui fGt atteint. Puis, pour servir d'cxemple à tout le monde, on le vit brûle vivant comme un bùche allumé Le peuple réun pour la solennità fut frapp6 d'admiration A la vue de ce prodige et saisi de crainte, et il n'en fallut pas davantage pour l'empêche de toucher désormai h rien de ce qui appartenait à l'églisdu saint. Et pour qu'on ne croie pas que ce chbtiment ait étl'effet du hasard, qu'on veuille bien remarquer qu'entre toutes les personnes présente il n'y eut de frappts que le sacrilég (2). à (1) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grkgoire ,kv4que de Tours, de la trad. de M. de Marolles ;Paris, 1668, t. Il, p. 191. (3) Cf.Ibidem, 192493. 416 . DES P~CTIKS D'AUTRUI. 9. Ibidem, c. 46 : à Je diraiaussi de quelle maniere le bien- heureux martyr confondit l'orgueil du comte Beccon. Comme a Seigneur commettait des exactions publiques, ct que, tout fier de sa puissance, il opprimait une foule d'innocents, il lui arriva, un jour qu'il étai A la cliasse, de perdre un épervie à qui il avail donnà l'essor. Dans le m6me temps un des serviteurs de la basi- lique de saint Julien, se trouvant en route, fit la rencontre d'un autre épervie qui semblait égarà cet homme étai au reste le sommelier de la maison. Beccon ayant appris qu'il avait trouvi un épcrvier se mit A l'accuser en disant : à Cet épervie étai moi, et il me l'a dérobà Puis, la cupidità succédan au dépit à il fit lier et jeter cet homme en prison, avec le dessein de le faire pendre dhs le lendemain. Alors le prhtre désol se rendit en toute hhte au tombeau du saint, et lui ayant déclar les causes de son affliction, il y prit dix écu d'or, qu'il envoya h Beccon par des amis affidts. Mais le comte, peu content de cette offre, fil serment de ne rendre au serviteur sa liberté qu'h condition qu'on lui remî trente 6cus d'or entre les mains. Le prêtr prit encore cette somme au tombeau du saint, et la fit passer & Beccon, qui voyant sa cupidità satisl'ilite, rendit enfin le serviteur. Mais le Dieu infiniment puissant, qui 6tait avant le soleil, humilia l'op- presseur de l'innocence selon les richesses de sa bonté Car, au bout de l'annk, &nt venu A la SCte du saint, il entra dans le saint lieu, avec la troupe de ses gardes. Mais A peine le lecteur, qui s'étai avancà pour lire l'histoire du saint martyr, cut-il ouvert le livre et prononcà dè les prcrnih-es lignes le nom de saint Julien, que Beccon tomba ii terre en poussant un cri effroyable, et d'une bouche écmnant de sang lbcha encore plusieurs cris entrecoupés Ses gens le prenant dans leurs bras, l'enlevkrent de la basilique et le rapporteront dans sa maison. Et ils ne doutaient pas que ce ne fù lk la juste peine du traitement qu'il avait fait au serviteur de cette &lise. Le comte fit don au saint de tout ce qu'il avait sur lui de prbcieux, tait en or qu'en vêtements el lui envoya encore beaucoup d'autres offrandes; mais il n'en resta pas moins frapph dc paralysie jusqu'au jour de sa mort (1).w 40. Ibidem, c. 47 : a Il y eut aussi un certain diacre, quiayant quittà le service de l'Eglise, se jeta dans les finances; et se prbvalant du pouvoir que lui donnaient ses protecteurs, il (1) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grhgoire, évhqude Tours, de la trad. de M. de Marolles; Paris, 1668, t. II, p. 193-194. DES PÉCHÃDAUTRUI. 447 (ommeltait tant de crimes, qu'à peine pouvait-il ètr supportà par ses voisins. Il arriva un jour, que se promenant autour des bois qui sont sur les montagnes, ou les moutons &taient menCs paiire par les grandes chaleurs de l'kt&, il songeait A recon- naîtrles pacages qui appartenaient au domaine public, pour en tirer les tribuls accoutumk Comme il avait dé#j commis plu- sieurs spoliations A l'égar des particuliers, il dkouvrit tout-à coup de loin des troupeaux, qui se gardaient en ce lieu-là sous te nom du martyr ;aussitbt il prkipite sa marche, et comme un u ravissant, disperse le troupeau. Les bergers eîîray et consternis avaient beau lui dire : (( Ne toucliez pcis, s'il vous plait, A ces moutons, qui sont du domaine du saint martyr, Julien; à il leur rkpliquait avec moquerie : à Pensez-vous donc que Julien s'occupe à manger des béliers à Puis les ayant mal- traité de coups, il emporta ce qu'il voulut, ne sachant pas apparemment, le misérabl qu'il était que quiconque enlkve quoi que ce soit du domaine des saints, fait injure aux saints, ainsi que Notre-Seigneur l'a dit lui-mhe : Qui vous wépris me roipise, et qui recoit le juste recevra la récompens du juste (Lx,X, 15; MATTH.,X ,40). Il arriva qu'A quelque temps de li,étan allà h Brioude non par dévotion mais par cas fortuit, il fut renversÃà terre devant le tombeau, et bientô saisi de la fibre, il se sentit oppressà d'une telle chaleur, qu'il ne pouvait niselever, ni appeler un valet pour le soutenir. Ses gens, voyant qu'il étai plus longtemps à revenir que de coutume, s'appro- Akrent de lui et lui dirent : Comment ètes-vou si longtemps à couchÃici par terre? Vous n'avez pas coutume d'&ire si long & vos prikres, et votre dévotio étai un peu plus courte. à Car on a dit de lui que, toutes les fois qu'il entrait dans une église il s'y contentait de murmurer quelques paroles du bout des lèvres puis en sortait sans mêm incliner la tète Ses gens donc n'ayant pu tirer de lui aucune parole, on l'enleva A force de bras du lieu ou il btait, et on le mit au lit dans une clianlbre voisine. Mais comme sa fikvre augmentait toujours, il se mit se dksespkrer et b crier qu'il étai brûl par le martyr. Alors, Mairà sur son dat A la lumièr des jugements de Dieu, il en vint à confesser ks crimes que jusque-là il avait' pris soin de cacher, et il priait en grilce qu'on jetkt de l'eau sur lui. On lui apporta donc de l'eau dans une aiguièr et on en jeta sur lui A plusieurs reprises; à que fois une fumé épaiss s'élev de son corps comme d'une tmrnaisc. Son mishble corps devint noir comme du charbon, et il s'en exhalait une telle puanteur, qu'A peine pouvait-on11 supporter. Bientdt, faisant signe de la main, il donna h connalire qu'il etait all6gk (1);puis, comme on se retirait, il rendit l'esprit, et nous pouvons dire sans crainte quel lieu occupe maintenant un homme qui est sorli de cc monde sous le poids d'un jugementsi sévè(2). à 44.Ibidem., c. 20 : à C'étai la f&te de saint Julien, et voilà qu'un homme du peuple voyant l'églis du saint paré de ses plus beaux ornements, conçu le dési coupable d'en en- lever ce qu'ensuite il ne lui serait pas possible de tenir ciiché Sur la fin donc de la journée comme le peuple se retirait de I'dglise aprè les vêpres il se blottit dans un coin, et la nuit venue, comme tout le monde étaicouchà et que tout étaienve- loppe dans les tbnkbres, il sortit de sa retraite, et sans rien craindre, ayant le demon pour satellite et pour instigateur de son action abominable, il se jeta d'un bond sur les balustrades du sépulcr du saint, et ayant arrachà du haut une des pierres prdcieuses qui brillait d'un vif celai, il fit tomber la croix p~ terre, puis fit un paquet des tavayoles et des petits tapis qui pendaient tout autour de l'kglisc contre les murailles, et le methnt sur ses epaulcs avec la croix qu'il tenait sa main, il se retira au m4me lieu d'o* il étai sorti :lil, il dépos le paquet qu'il mit sous sa t&e , et assoupi par son péch même il s'endormit. Mais sur le minuit ceux qui avaient les clefs de l'@lise &tant venus faire leur ronde, virent scintiller dans un coin, comme une étoile une des pierres précieuse qui ornaient la croix. Saisis d'étonn ment, ils s'approchbrcnt avec défiance et ayant allumà un cierue B ' ils trouvèren le voleur &tendu avec les objets qu'il avait pris, mais qu'il n'avait pu emporter. Toute la nuit ils le tinrent sous bonne garde, et (juand le matin fut venu, il leur confessa tout ce qu'il avait fait, en leur assurant qu'il s'étai endormi de lassitude, parce qu'aprks avoir longtemps tourn6 dans i'églis avec son fardeau, il n'avait jamais pu en trouver la porte pour en sortir (.ï) à 12. TII~ODORET,Ecclcsiast. Histor., Lib. III, c. fl (al. 8): N Les impies idolAtres, quoique certainement instruits de ce? (1) Indicat se esse Imiorew. Cela veut-il dire qu'il étaiallhgéet non pas plutbt qu'il avait 136trouvk trop lhger dans la balance? (2) Cf. La seconde partie des Histoires de saint Grkgoire, evèqu &8 Tours, de la trad. de M. de Marolles; Paris, 1668,t. 11, p. 193-196. (3) Cf. Ibidem, p. 198-109. DES PÉCHÃD'AUTRUI. 119 laits, levèren l'étendar de la guerre contre le souverain maîtr de l'univers. Le tyran (Julien) de son cbtà fit jeter dans son tréso les vases sacrés et condamner en mêm temps les portes de i'iglise qn'avait élevà Constantin, afin que tout accè en fû fermÃil ceux qui ont coutume de s'y assembler. Cette églis étai occupé alors par les ariens. On vit en mhe temps entrer dans ce saint temple, pour en enlever les vases sacres, et Julien préfe de i'orient, et Fdix questeur du trcsor royal, et Elpide inten- dant de la fortune privee de l'empereur, ou son cornes privatus, comme disent les Romains. On dit que Féliet Elpide, qui &aient chrétiens avaient apostasie pour complaire au prince impie. Quand Julien lut dans le temple, on dit qu'il répandi de son urine contre la table sainte, et qu'il souffleta Euzoïu qui voulait l'en empêcher en lui répliquan que la Divinit6 ne pre- nait aucun souci des affaires des chrétiens Félix frapp6 de la magnificence des vases sacrés que l'églis devait h la libéralit deConstantin et de Constance : Voilh, s'écria-t-il avec quels vases somptueux se fait le service du fils de Marie. à 43. Ibidem, c. 12 (8 et 9) :à Mais ces monstres ne tardèren pas h porter la peine de leurs attentats aussi insenses que cri- minels. Car Julien ayant ét subitement atteint d'une maladie mortelle, qui lui rongeait et faisait pourrir les entrailles, péri misérablement aprè avoir rendu ses excréments non par les conduits naturels, mais par sa bouclie mêm qui avait ét l'instrument de ses blasphèmes On rapporte que son épouse querecommandait la puretà de sa foi, lui dit :Cher époux vous devez bien des actions de grAces h Jésus-Chris notre Sauveur, de ce qu'il vous a montrà sa puissance par ce chatiment si visible. Car vous seriez resth sans reconnaîtr celui h qui vous aviez la téméri de vous attaquer, si, usant de sa patience accoutumde , il ne vous avait fraplH- de ces maux. à Ces paroles, jointes ii l'excè de son mal, lui faisant comprendre la cause de sa ma- ladie, il supplia l'empcrcur de restiluer ii l'&lise les vases et les ornements qui lui avaient 1516 enlev&s; mais il mourut sans avoir pu l'obtenir. Féli à son tour, atteint tout-à-cou d'un mal mi- raculeux, mourut aprè avoir rendu tout son sang par la bouche pendant plusieurs jours et plusieurs nuits de suite, et passa ainsi d'une mort affreuse à la mort éternelle plus affreuse encore. Voilii comment ces hommes portèren la peine de leur impiét6 à 44. VICTOR,évêq de Vite ou d'Utique, Lib. Ipersect~tionis WmMic~:à Genseric , irrità c,onirc l'Eglise de Dieu, envoie 420 DES PÉCHÃD'AUTRUI. un certain Proculus dans la province Zeugitane, pour forcer tous les prêtre du Seigneur il lui livrer les livres et le reste qui ser- vait au service divin, afin de les dkpouiller ainsi habilement de leurs armes, et une fois dbsarmés de se les assujettir avcc moins de peine. Et comme ilsdbclarèrcn ne pouvoir faire cette tradition, il se mit & enlever tous ces objets il force ouverte, et pour comble de sacrilég ,il se faisait des chemises et des caleçon des linges dont il avait dépouill les autels. Proculus exécuteu de ces ordres impies ne tarda pas ià porter la peine de ses attentats : il mourut bicntdt de la manièr la plus misbrablc, en se mangeant la langue qu'il se coupait par morceaux avcc ics dents. . à 18. S. AUGUSTIN,In Ps. CXXIX :(c Lorsque vous supportez les péchk de votre frère ils ne sont point un fardeau qui vous accable. Mais si vous leur donniez voire consent,ement, ce ne seraient plus les p6cliks des autres qui vous écraseraien de leur poids; ce seraient vos pkchks A vous-mhe. Car tout homme qui consent aux d6sirs d'un pbcheur, n'est plus sous le fardeau des p6clié d'autrui, mais sous le poids de ses propres péch Le consentement que vous donnez au pkchb de voire frèr devient le vdtre & vous-incine. Et alors ne vous plaignez pas des autres comme si leurs pbchbs vous accablaient; car on vous rbpondrait que cc ne sont pas les pkch6s des autres qui vous accablent, mais les vbtres. à Vous avez vu un voleur, dit I'Ecriture, et vous avez couru avec lui (Ps.XLIX, 18).Cela veut-il dire que vous ayez couru effectivement avcc cc voleur? Nullement. Mais cela fait entendre que vous vous ête uni de cmur et d'affection avec lui. Ce qui n'étai que son crime est devenu aussi le vdtre ,parce qu'il vous a plu et que vous y avez trouvb du plaisir (1).à Question XI. Commcnt se rcnd-on coupable du pkhb d'autrui en prenant sa défens? C'est lorsqu'on prend des malfaiteurs sous sa protection, ou qu'on ne craint pas de soutenir et de répandr une doctrine per- verse ou impie dont un autre est l'auteur, ou qu'on emploie ses moyens ou son industrie h procurer lc succè d'une entreprise injusic. C'est conlrc ces sorles do crimes que s'élhvl'Esprit- (1) Cl'. Serinons 11v suini /hKJi&lin, etc., 1. VI, p. 605-604. DES PÉCHÃD'ACTRUI. 424 Saint par ces paroles foudroyantes :Malheur d vous, qui dites que /p mal est bien, et qw le bien est mal; qui donnez aux ténèbr le non de lmière et d la lumièr le nom de ténèbre qui faites passer pour doux ce qui est amer, et pour amer ce qui est doux, et quand Dieu dit encore : Vous ne vous laisserez point aller au tor- rent de hi multitude pour faire le mal, et dans le jugement vous ne vous rendrez point ii l'avis du plus grand nombre pour vous dé tourner de la v&itd. En voilh assez sur les péchk appelé péchà d'autrui dont on peut se rendre soi-mèm coupable, péchà aujourd'hui très-répand , et commis sans scrupule par une foule de personnes, surtout parmi les grands. Et telle est la licence avec laquelle on se porte h les commettre, que la plupart de ceux qui s'y livrent ne les regardent piis m&me comme des péchà et n'en conçoiven aucun remords, quoiqu'ils se rendent par-lh dignes devant Dieu de chatimentséter nels, et non-seulement eux-mèmes mais aussi les autres qu'ils entraînenavec eux dans une perte commune. Or, toutes ces espbxs de péchà peuvent ètr réduites comme le montre saint Basile-le-Grand , h trois principales, qui les comprennent som- mairement. Car nous pouvons nous rendre complices del'erreur ou du péchd'autrui, soit par la complicità mêm de nos Å“uvres soit seulement par la disposition de notre volonté soit enfin par une négligenc coupable, si nous manquons au devoir qui peut nous êtr imposà d'avertir et de corriger notre prochain. Mais de tous les péché le plus affreux sans contredit est celui qui se commet contre l'Esprit-Saint (XI) . XI. qua nunc pruîccllongb lateque patent, Quomodo alienum peccaltim nostra et summa quotidic licentità h magnatibus defensione committimvs ? przsertim perpetrantur. Adeoque vnlgb ea non caventur, ut plerique peccata non esse Cnm aut malefactoribus patrocinamur , putent ac floccipendant, etiamsi suas et aut doclrinam alterius quamvis perversam aliorum saepe conscientias his criminum PI impiam tuemur, vel spargimus, cù sordibus conspurcent, a6 perpetuis pÅ“ni nostri itidem cura vel opcrtî qnod contra obligent. Possuut autem dictae species ras et aequum instituitur, promovere atque omnes in tria fer& genera conjici, hrevi- propugnare contendimus. Advcrsus 110s terque, ut rnagnus Basilius oslendit, com- divinum intonat oraculum :Va qui dicilis prehendi. Quod enim in alicni crroris vcl nidnni Iwnum, et bonwn malvnt :ponrn-peccati socielatem incidimin, id fit aut 1-0 tes tenebras Iwem ,et liice~n tenebras : et opere, aut volunlale corlovc animi pro- pm1enles amarum in ilnice, et (luire in posito tant'um, a111 supini'i nrgligcntiiî si iimmm; ac rursus :Non sequeris turbam quand0 admouendi cl emciiila~~diolllcio ail faciendum malum :nec judicio pluri-nostro alii defraudanlur. momm acquiesces sentenliw ,ut a vero Sed longà omnium deterrimuni peccandi hies. genus est, quo delinquitur in SpiritnmHmsalis de pcccatis, ut vocant, alienis, Sanctum. 4. ISA~E,V, 20 : à Malheur it vous qui dites, etc. (commedans le corps de la réponse) à 2. Id., X, 1-2 : i( Malheur & ceux qui établissen des lois d'iniquitk, et qui font des ordonnances injusles, -pour ne point faire justice ;iux failles, pour opprintw clans les jugements les pauvres de iiton peuple, pour dévore les veuves comme leur proie, et pour pspiller lc bien des orphelins. )) 3. Exode, XXIII, 2 : Vous ne vous laisserez point entraîne à h la suite de la niullitiidc pour faire le mal, etc. (comme dans le corps de la réponse) à S. BASILE,Lib. Il de Biqiltsmo, q. 9 : Voir plus haut, question 1, des p6clié d'autrui, tbmoignage 4, page 4. ARTICLE IV. -DES P~~CIIIISCONTRE LE SAINT-ESPRIT. Question I. Qu'est-ce qu'un p6ch6 contre le Saint-Esprit? Péche contre le Saint-Esprit, c'est rejeter avec mépri et par malice les dons et les grhccs que Dieu nous offre, et qu'on a coutume d'attribuer particulièremen au Saint-Esprit, comme ii la source des biens. Cc péch est si grand et de telle nature, qu'il est inexpiable, en sorte que, selon la parole de Jésus Christ, on n'en obtient la rémissio ni dans le siècl present, ni dans le sikclc ii venir. Telle est en effet la loi de la conduite de Dicu envers nous, qu'il n'accorde sa grfice ici-bas, et sa gloire dans le ciel, qu'h ceux qui détesten le pkch6 une fois connu pour tel, et qui de plus se proposent le bien et font choix d'un 6tat de vie honndte et selon Dicu. Or, dans ces sortes de ptehé on ne sait ni ce que c'est que déteste le péchà ni ce que c'est que s'allachcr au bien auquel on est obligé en mêm temps qu'on rejette les grilces, ou les secours au moyen desquels i'Ksprit-Saint a coutume de ramener les hommes la vertu. De lii vient quc ceux qui sont dans de telles habitudes, ou ne rtpondcnt jaimis aux grAces de Dicu, ou n'y rkpondcnt DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 123 que rarement et avec bien de la peine. Car on p&he alors non par une suite de la faiblesse ou de la fragilità humaine, ce quis'appellerait péche contre le Pèr et la puissance du Phre, comme fit l'apdtre saint Pierre lorsqu'il renia Notre-Seigneur, ni par ignorance, ce qui s'appelle phcher contre le Fils et la sagesse du Fils, comme faisait Saul dans le temps oà il persé cutait I'Eglise ;mais par pure méchancet et de dessein prém6 ditéce qui est bien plus criminel, comme nous en trouvons un triste exemple dans la perversità et l'obstination des pharisiens (1). Combien y a-t-il de péchà contre le Saint-Esprit ? On en compte six, dont voici les noms, comme on a coutume de les désigne :la présomptio de la miséricord de Dieu ou de l'impunità du péch commis, le désespoir l'entêtemen ii combattre la vérit connue, l'envie qui a pour objet les avan- tagcs spirituels du prochain, l'obstination et l'impénitence Ce qui se comprendra encore mieux, si on l'exprime de la manièr sui- vante : 1. Abuser par trop de confiance de la miséricord de Dieu ; 2. Désespérentihrement de la grlice de Dieu ou de son propre salut ; 3. Combattre la v6rità de la religion malgrà les lumière de sa propre conscience ; 4. Garder du dépi de voir ses frère faire leur salut ou avan- cer dans les vertus chrktienncs; tesiatio, tum boni. .nuod sectandam erat. + Ouid est pemitvm in 1. Spirilum ? eleclio, et " prztere3 id, quo Spiritus Sanc,tns pro sua gratia hominem ti peccando Est oblalain Dei munificentiam et gra- solet revocare. ~incfit, ut ejusmodi pec- tiam. ~uaeSniritni Sancto, ceu fonti bono- catis imnlicati, Dei eratiam aut nunnuain. .. . , rimi, Irihni lirculiariter i~let, ex n~alitia aut rari et z& admodum consequiintiir. conieniptini al~jicere. Alque hoc est peccare Pcccatur enim non ex humana inibecillitati: inexpiabilitcr, ut juxta Christi verhuin ,vel fragilitate :qnod vocant pcccare in nw in hoc ipso, neque in futuro saeculo Palrem Patrisque polentiam ,ut in Petro talis (antique peccati remissio impetretnr. apostolo Cliristum ipsurn negante cerni- llac enim lege nobiscum agit Deus, ut nec mus :neque rursus ex ignoranlia, quod est g~liam in terris, neque gloriam in cmlis peccarc, nt appcllant, in Filiuni Filiique lril~nat aliis ,quini qui peccatum detestan- sapicnliam, sicnt Saulo accidit Ecclesiam tnr ngnilum, et pripter id bonum sihi pro- perseyienli :scd quod longfe gravius est, poinint, rectumque eligunt vitae institutum. ex n~alignitatc et pervicacia mentis pecca- Calerinn in hisce pcccatis, fmnt in (ur :nt cxeniplum przhent perversissinii Spiritum Sanctum ,abest tum peccati de-et obsLiniiliisinii illi pinrisa" 424 DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. S. Persister sciemment et obstinémen dans le crime ; 6. Persévér dans le désordr sans songer seulement h en faire pénitenc (II ). 1. MATTHIEU, C'est pourquoi je vous dis : Tout XII, 31-32 : à péch et tout blasphhe sera remis iiux hommes; mais le Mas- plièm contre le Saint-Esprit ne leur sera point remis. -Et quiconque aura par16 contre le fils de l'hommc, son péch lui sera remis; mais si quelqu'un parle contre le Saint-Esprit, son, pdcld ne lui sera remis ni dans le sihcle prbsent ni dans le siècl ii venir. à 2. MAHC, III, 28-30 : (( Je vous dis en vérit que tous les péchÃque les enfants des hommes auront commis, et tous les blasphème qu'ils auront prof6r&, leur seront remis; -mais si quelqu'un blasphkmc contre le Saint-Esprit, il n'en recevra jamais le pardon, et il sera coupable d'un p6ck éternel -II leur dit cela, sur cc qu'ils l'accusaient d'êtr poss6d6 de l'esprit impur. à 3. Luc, XII, 10 : à Si quelqu'un parle contre le fils de l'homme, son péch lui sera remis; mais si quelqu'un blasphèm contre le Saint-Esprit, cet aulre11éch ne lui sera point remis. à 4. MATTHIEU, Peu après ceux qui étaien XXVI , 73-74 : à l& s'avancèren et dirent A Pierre : Assurémen vous ête aussi de ces gens-15, car votre langage mêm vous décèl -Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer qu'il ne connaissait point cet homme. à S. Z Tirnothce, Z, 13 : à Moi qui étai auparavant un blas- phémateur un pers6cutcur et un outrageux ennemi de Jésus Christ; mais j'ai obtenu miséricord de Dicu, parce que j'ai fait tous ces maux par ignorance, n'ayant point encore la foi. à 1. Divin3 miscricordi& confuleiiler abuti; II. De graliii Dei vel salute su3 prorsi~s dcsperare ; 111. Veritatem religionis adversils suam Ejusmodi sex recensentiir, ut vulgb qui- ipsius conscicntiam liosliliter oppiparc; dem recepta sont eorurn liaec nomina : IV. Pcrtinaci invidentii concitari gravitrr Przsumptio de miscricordia Dei, vcl de oh alicnai salutis et virtutum fraternaruiii impunitate peccati , (lesperalio , agnila; succcssunl ; veriiatis impugnatio , frati-ruai clmitalis V. Obtu'mato animo in crimine scienter pcr- invidentia , ohsliunlin et imp~nitentia. sistere ; Significantius autcm mil, si quis ith nu-VI. Alisquc p~niteiitia; proposito perversaa meret : vil= IiiiC~n l',i~cre: liii~~ill~i DES P~CH~~S 125 CONTRE LE SAINT-ESPRIT. 6. Actes, IX, 1-2 ;à Saul ne respirant encore que menaces et qu'exécution sanguinaires contre les disciples du Seigneur, vint trouver le grand-prêtre -et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il trouvait quelques per- sonnes de cette religion, hommes ou femmes, il les amenAt pri- sonniers & Jérusalem)\ 1. S. THOMAS ; d'Aquin, Summ. theol., 2a 22, q. 14, art. 4 à A l'égar du péch ou blasphèm contre l'Esprit-Saint, il y a trois sentiments. En effet, plusieurs anciens docteurs, savoir, saint Athanase, saint Hilaire, saint Ambroise , saint Jérô et saint Chrysostdme (1), disent qu'on pèch contre l'Esprit-Saint quand on prononce un blasphhme dans lequel l'Esprit-Saint est nommésoit qu'on entende par l'Esprit-Saint Dieu lui-mbme pris dans son essence, ou la Trinità entièr dont chaque personne est esprit et sainteté soit qu'on prenne ce rnhe nom pour le nom propre de l'une des trois personnes. Et de cette manièr s'ex- plique la distinction établi dans saint Matthieu (XII, 32) entre le blasph4me contre l'Esprit-Saint et le blasphhme contre le fils de l'homme. Car parmi les actions de Jésus-Christ il y en avait de naturelles A l'homme, telles que celles de manger, de boire, et autres semblables, et d'autres qui requdraient la puissanced'unDieu, comme de chasser les démons de ressusciter les morts, et de faire d'autres prodiges, qu'il opérai par la vertu de sa di- vinità et par l'opératio de l'Esprit-Saint, dont il étai rempli quant A son humanité Or, les Juifs avaient premièremen blas- phémcontre le fils de l'homme, en rappelant un mangeur et ç buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie (MATTH., XI, 19). Mais ensuite ils en vinrent & blasphémecontre le Saint-Esprit, en attribuant au prince des démon les prodiges que Jdsus-Christ opérai par la vertu de sa propre divinità et par l'opératio de l'Esprit-Saint. Et c'est pour ce dernier fait qu'ils sont trouvé coupables d'avoir blasphém contre le Saint-Esprit. Autre est l'interpr6tation de saint Augustin, qui dit dans son livre de uerbis Dom., Serm. XI, c. 44,15 et 21, que le blasphèm ou (1) S. Athanase, Tract, partie. super illudMatth., XII,Qui dixerit verbum contra Filium ho~ninis;S. Hilaire, cçn 12 in lllatth.; S. Ambroise, in Lueam, super illud cap. XII: Qui verbum in Spiritum Sanctuni dixerit; S. ChrysostônieHom. XLll in Matth.; S. Jkrbme, in Ifattli. XII. 4 26 -DES P~ASCONTRE LE SAIN'T-ESPRIT. péch contre l'Esprit-Saiiil cal l'ili~p~iiikllc'?finale, ce qui a lieu quand on persévè jusqu'h la mort dans le pécli mortel. Or, cette sorte de blasphkme ne se commet pas seulement par les paroles que proftre la bouche, mais aussi par celles, ou que le cÅ“u se dit A lui-mcme, ou quc l'action fait entendre ;et elle se commet !ion par un simple acte, mais par des actes multipliés Entendue de xtte manicre, la parole contre le Saint-Esprit est appelé de ce nom, parce qu'elle s'inscrit en faux contre la rémissio des péchà qui s'effectue par l'Esprit-Saint, qui est l'amour du Pèr ct du Fils. En cet autre sens, Notre-Seigneur ne faisait pas aux Juifs le re- proche de péche eux-mbes contre l'Esprit-Saint ;car ils n'étaien pas encore réduit à l'htat d'imphitcnce finale ;mais il les aver- tissait de prendre garde qu'en parlant comme ils le faisaient, ils n'en vinssent h pbchcr contre l'Esprit-Saint. Et c'est ainsi qu'il faut entendre ce qui est dit dans saint Marc (III, 29 et 30), of1 aprè avoir rapport6 ces paroles :Quiconque aura blasplihd contre l'Esprit-Saint n'en recevra jamais le pardon, etc., 1'Evangélist ajoute :Il parlait ainsi, parce qu'ils disaient :II est posséd de l'es- prit impur. D'autres enfin (1) entendent encore différemmen la chose, et disent qu'on pèch ou qu'on blasphhme contre l'Esprit- Saint, quand on phche contre cc qui lui est approprié or, ce qui est approprih A l'Esprit-Saint, c'est la bonté comme la puis- sance est approprié au Pkrc ,et la sagesse au Fils. Ils prétenden en conséqucnc que péchc par faiblesse, c'est péche contre le Père que phcher par ignorance, c'est péche contre le Fils; enfin, que pbcher par malice, en faisant le mal par choix, de la manikre que nous avons expliqué (43 28,q. 78, art. 1 et 3), c'est p6chcr contre lc Saint-Esprit,. Et c'est ce qui a lieu de deux façon différente :l0quand on chde au penchant de l'habitude vicieuse appelke malice; et en ce premier sens, péclie par ma- lice cc n'est pas la mêm cliosc que péche contrc l'Esprit-Saint; 2' quand on repousse et qu'on 6carte par mhpris cc qui aurait pu empkher la volontà de faire choix, du mal, comme quand on repousse l'espéranc par le désespoir la crainte par la pré somption, et ainsi du reste, comme nous le dirons plus bas (art. suiv., ct q. XX et XXI). Or les choses, quelles qu'elles soient, qui nous empCchent de faire choix du péchà sont encore des effets de l'Esprit-Saint ; et par conskquent péche de la sorte par malice, c'est péche contre le Saint-Esprit. à (1) Ce sentiment etait celui -de Pierre Lombard. - 2, Le mbme, ibidem, art. 2 :à Suivant la troisièm acception donné tout-&-l'heure au péch contre l'Esprit-Saint, il convient de distinguer six péchà de cette espèce savoir : le dbsespoir, la présomption l'impénitence l'obstination, la rksistance à la v6- riià connuc, et l'envie des grAces que Dieu accorde à nos frkrcs : péchÃqu'on distingue entre eux d'aprè le mode de répulsio ou (le m6pris qu'ils supposent des choses qui peuvent empêche l'homme de faire choix du péchà Et les choses de cette nature se rapportent ,soit au jugement de Dieu ,soit Ãses dons, soit au @ci16 lui-mème Car l'homme est détourn de faire choix du p4ch6 par la considératio du jugement de Dieu, qui réuni la justice A la miséricorde et par l'esp6rance, qui résult de la considératio de la miséricorde dont l'office est de remettre les p6chéet de r6compenser les vertus. Or, l'espéranc est détruit par le désespoi(1). L'homme est encore détourn du péch par la crainte qui naî de la considkration de la justice divine, dont l'officeÃson tour est de punir les péchà ;or, la crainte est détruit par la présomption quand on présume par exemple, qu'on peut obtenir la gloire sans les mérites ou le pardon sans le repentir. Maintenant, les dons de Dieu qui nous retirent du péch sont au nombre de deux :l'un est l'adhésio Ãla vérit connue, et cette adhbsion a pour contraire la résistanca la véritconnue, comme quand quelqu'un combat contre la vérit de la foi connue de lui comme telle, afin de péclie plus librement; l'autre est le secours de la griîc intérieure qui a pour contraire l'envie porlé aux grûceque reçoiven les autres; comme quand on porte envie non- seulement A la personne de son prochain, mais encore au progrè que la griîcde Dieu fait dans le monde. Relativement au péchconsidéren lui-même il y a deux choses qui peuvent en retirer celui qui l'a commis :l'une est le désordr et la turpitude de l'acte dont il s'est rendu coupable, considératio qui d'ordinaire nous porte 6 nous repentir de nos péché contraire Et elle a pourI';tnpénitcncenon pas celle qui consiste à rester dans le péch jusqu'à la mort, comme on l'expliquait plus haut (2); car prise dans ce sens, ce ne serait pas un péch spécial mais une cir- constance du péch en quelque sorte; ce qu'on entend ici parimpénitencec'est la résolutio oà quelqu'un serait de ne pas se (1) Le désespoinous persuade qu'il nous est impossible d'obtenir le pardon de nos pcchés (2) D'aprhs le sentiment de saint Augustin, dont on a parlà dans l'ar- ticle précedenipages 123 et 126. 4 28 DES P$CH& CONTRE LE SAINT-ESPRIT. repentir. L'autre chose qui s? trouve dans le péch et qui peut servir h en détourner c'est le peu de valeur comme le peu de duré du bien qu'on y cherche, ainsi que le témoignen ces paroles de l'Ap6trc (Rom., VI, 21),2 Quel fruit avez-vous retid alors des choses dont vous rotyissez maintenant? Celte dernibre considératio a pour effet ordinaire de nous engager à ne pas persister dans le péchà niais cet effet mêm est détruipar i'obstination, qui existe dcs-fors qu'on s'aff'ermit dans la résolu tion de persévfirc dans le mal. Le Prophèt (JER., VIII, 6) parle de l'une et de l'autre de ces deux dispositions perverses, lorsqu'il dit :II n'y a personne qui fasse phitence de son péch en disant: Qu'ai-je fait? voilh pour la première et lorsqu'il ajoute :h courent tous O&leur passion les c~nporte, comme un cheval qui court avec impétuosil an combat :voilh pour la seconde. à 3. Ibidem, art. 3 à Suivant les diverses acceptions qu'on donne au p6chà contre l'Esprit-Saint, les manière d'expliquer comment il est irrémissibl sont diffhntes. En effet, si l'on entend par ce p6chà contre l'Esprit-Saint l'impénitenc finale, on dit alors qu'il est irrémissible parce que Dicu ne lc remet en aucune manihre. Car le p6chà mortel dans leqncl l'homme persévè jusqu'ii la mort n'étan pas remis en cette vie par la pénitence ne le sera pas non plus dans l'autre. -Dans les deux autres acceptions, on le dit irrémissible non parce qu'il ne peut êtr remis d'aucune manièr (1), mais parce qu'en tant qu'on le considèr en lui- même il ne mtri te aucunement d';ire remis. Et cela sous deux rapports : 1' sous le rapport de la peine; car celui qui pèch parignorance ou par faiblesse mérit un chAtiment moindre b pro- portion, i1u lieu que celui qui pèch par une malice réfléch n'a pasd'cxcuse qui puisse engager sonluge li diminuer son chhtiment.' De meme, celui qui blasphémai contre le fils de l'homme dans un temps oà sa divinil6 n'avait pas encore kt6 révél ,pouvait avoir une sorte d'cxcuse il cause de l'intirmità de la chair qu'il voyait en lui, et mkritait par-lii mhe une peine moins sévèr Mais celui qui blasphhait la Divinitk elle-même en altribuant au démo les euvrcs de l'Esprit-Saint, n'avait pas d'excuse qui pù lui mérite quelque indulgence. C'est pourquoi, d'apres l'cxpli- cation qu'en donne saint Jean Chrysoslbnle (Zfom. XLU M (1) On ne pourrait avancer, sans cire hérhtique qu'il y a des fauleiabsolument irrèmissibles Ce serait l'erreur des novaliens, qui preten- daient que I'Eglise n'avait pas le pouvoir de remettre par l'absolution certains crimes. DES P~CH~SCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 129 Natth.), ce pkchà n'a étremis aux Juifs ni en cette vie ni en l'autre; car ils ont souffert pour l'expier les chktiments que les Romains leur ont infligé ici-bas, et les peines de l'enfer dans l'autre vie. Saint Athanase (Tract. super illud Matth. XII, Qui- c~mquedixerit cerbum) cite aussi pour exemple leurs ancêtres qui d'abord s'élevère contre Moïs & cause de la disette d'eau et de pain qu'ils éprouvaient premiers murmures que Dieu supporta paliemment, parce qu'ils avaient pour excuse l'infirmitb de la chair; mais qui ensuite péchère plus grièvemen en blasphé mant contre l'Esprit-Saint, lorsqu'ils attribuèren à une idole les bienfaits de Dieu qui les avait tiré de I'Egypte, et qu'ils dirent : Voila, Israël vos dieux qui vous ont tirà de la terre d'Egypte. C'est pourquoi non-seulement le Seigneur les fil punir temporellement, en permettant que vingt-trois mille d'entre eux périssen dans ce mhc jour; mais encore il les menaç des chiîtiment & venir par ces paroles :Au jour de la vengeance je visiterai ce péchqu'ils ont commis (Exod., XXXII). -On peut entendre que ce péch 2O est irrbmissible quant & la faute, comme on dit d'une maladie qu'elle est incurable en elle-meme, lorsqu'elle neutralise ce qui pourrait la guéri ;par exemple, si le mal Ole h la nature toute saforce, ou s'il produit le dégoà de toute espèc d'aliments et de remtdcs ,quoique Dieu aprè tout puisse toujours guéri celui qui en est atteint. De même on dit que le péch contre l'Esprit- Saint est irrémissibl de sa nature, en tant qu'il repousse les moyens par lesquels s'obtient la rémissio des péclié quoiqu'il ne soit pas un obstacle invincible la toute-puissance et & la miséricord de Dieu, qui guéri quelquefois en quelque sorte miraculeusement ceux qui se trouvent atteints de cette maladie spirituelle. à 4. S. GR~GOIRE-LE-GRAND, ' Moralh in Job Lib. XXV, c. i6: K Le ptcliÃse commet en trois manieres, savoir par ignorance, ou par faiblesse, ou de propos délibér Le péch commis par fi~iiblesse est plus grand que celui qui se commet par ignorance; mais celui qui se fait de propos délibé est encore bien plus cri- minel. Saint Paul avait pécli par ignorance quand il disait :Moi, qui étai auparavant un blasphémateur un persécuteur et un ovi- frageux ennemi de son Eglise; mais j'ai trowd miséricorde parce que j'ai fait tous ces maux dans l'ignorance, n'ayant point la foi (1Tim., 1,13). n Saint Pierre péch par faiblesse, lorsque la voix d'une simple fille &branla toute la vigueur de cette foi, qu'il avait si' IV* 9 4 30 DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. hautement confessé devant le Seigneur, et qu'il renia de bouche son Dieu, qu'il reconnaissait dans le fond de son coeur. Mais comme ces pklié d'ignorance et de faiblesse sont d'autant plus faciles & clïacer que ce n'est pas d'une volontb pleine et en- tihc qu'on les commet, saint Paul corrigea facilement par les lu- micros que la foi lui donna, le mal que son ignorance lui avait fait faire; et saint Pierre ratlermit bientô par la vertu de ses larmes la racine de sa foi, devenue chancelante et connue toute desséchÃpar son p6clié à Mais ceux-lh pbchkrcnt de propos délibér dont le Seigneur dit dans l'Evangile : Si je n'étai pas venu, et que je ne leur euw pas parld, ils n'auraient point de péchÃmais miWnnnt ils n'ont point d'excuse de leur péch(JoAN., XV, 22). Et un peu aprè : Mais maintenant ils les ont vues mes ~uvres,et ils ont haÃet mi et mon pèr (JoAN., XV, 24). Or, il y a bien de la différenc entre ne pas faire le bien, ct haï le docteur mêm qui l'enseigne; comme il y en a aussi entre les pkhé qui se font par précipi tation, ct ceux qui se commettent de propos délibér Car il arrive quelqucfois qu'on commette un pichà par précipitation et qu'on le condamne ensuite par le conseil et la réflexio de la volontb. Il peut se faire qu'aimant le bien, notre faiblesse nous empkhc de l'accomplir; mais péche de propos délibér c'est ne pas faire le bien, ni mêm l'aimer. Ainsi, comme c'est qucl- quefois un plus grand mal d'aimer le p6chb que de le commettre, c'est aussi un crime bien plus énorm de haï la justice, que de manquer la pratiquer. à Or, il y en a dans l'Eglise , qui non-seulement ne font pas le bien, mais qui vont mbme jusqu'h cet excè de combattre et de déteste dans les autres la verlu qu'ils négligen de pratiquer. Ces personnes ne p2chent pas seulcment par ignorance ou par faiblesse, mais avec dessein et d'une volonth délib6ré puisque, s'ils avaient la volontb de faire le bien, et que cc ne fû que par faiblesse ou par impuissance qu'ils manquasent de l'accomplir, ils aimeraient au moins dans les autres ce qu'ils ne font pas. Et si seulcment ils s'y porlaicnt de volontà et par leurs désirs ils seraient bien éloignd de le haï dans ceux qu'ils voient le prati- quer; mais comme, malgrà la connaissance qu'ils cn ont reçue ils n'en tiennent nul compte dans leur conduite personnelle et le pers6cutent mCme dans les autres, l'Ecriture dit fort bien ici, en voulant désigne les gens de ce caractèr : Ils se sont comme de propos délibéretiréde lui (JOB, XXXIV, 27) ; et DES P~~CH~SCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 434 c'est encore pour cela qu'elle ajoute :Et ils n'ont pas voulu mpwidre toutes ses voies (ibidem). Elle ne dit pas qu'ils n'ont pas la force de les entendre, mais qu'ils n'ont pas voulu les en- frtidrc, parce qu'on dédaign souvent d'apprendre ce qu'on ne veut pas se mettre en peine de faire. Car, comme il est dit dans I'Evangile que le serviteur qui aura su la volontà de son majtre, et q~idanmoins ne se sera pus tenu pr4tJ et n'aura pas fait ce qu'ildésiraide lui, sera battu rudementJ mais que celui qui n'aura pas su sa volonté et qui aura fait des choses dignes de cl~itiment, sera mohs sdcèremen cldtié ces malheureux s'imaginent trouver dans l'ignorance un prhtexte pour péche impunément Comme ils sont twl plonghs dans le nuage épai de l'orgueil, ils ne discernent pas la différenc qu'il y a entre ne savoir pas, et ne vouloir pas savoir. Ne savoir point, c'est ignorance; mais ne vouloir pas savoir, c'est un pur orgueil. Et ils peuvent d'autant moins allégue pour excuse l'ignoranceoi~ ils sont de la vérità qu'elle se présent tl leurs yeux mlme malgr6 eux sans qu'ils puissent évite de la connaître à Question III. Quelleest la sorte de présomptioqui constitue le péch contre l'Esprit-Saint? C'cst celle qui rend l'homme confiant dans la misbricorde de Dieu au point de lui faire oublier sa justice, et qui par conséquen lui dte lii crainte de Dieu en mêm temps qu'elle lui inspire la hardiesse de pécher C'cst ici le péchde beaucoup de personnes de nos jours, qui, se contentant d'avoir en Jésus-Chris une foi stérile croupissent comme de vils animaux dans l'ordure de leurs pécli6s et osent non-seulement s'assurer à eux-même le salut, mais l'assurer aussi aux autres, pourvu qu'on mette sa confiance dans les mé rites de Jésus-Chris et dans la grAce de Dieu appréhendà par la foi, quelque peu de soin qu'on ait d'ailleurs de produire des fruits de pénitence C'est aux gens de cette espèc que s'adresse i'apostrophe suivante de saint Paul, ce docteur des nations dans la foi et dans la vérit :Est-ce que vous méprise les richesses de la bmild de Dieu, de sa patience et de sa longue tolérance Igmrez- vous que sa douceur vous invite h la pénitence C'est pourquoi le meme Apbtre, bien loin de préconise la foi comme suffisant toute seule pour le salut, ordonne dans un autre endroit ti tous les fidèle de travailler h leur salut avec crainte et tremblement; et si d'ailleurs il recommande la foi, ce n'est pas une foi oisive et morte, comme l'appelle saint Jacques, mais une foi vive et agissante, qui opèr par la charité C'est contre cet énorm péchque sont dirigée ces .malédic tions que nous lisons dans l'Ecclésiastiqu :Ne soyez point sam crainte au sujet de l'offense qui vous a dtd remise, et n'ajoutezpaf péclk sur pdclzé Ne diles pas :La miséricord de Dieu est grande; il aura pitià du, qrand nombre de mes péclds Car son indignation est prompte, aussi bien que sa miséricorde et il regarde les pécheur dans sa colèreC'est donc avec justice que le Prophèt dit A son tour :Je chanterai. Seigneur, devant vous votre miséricord et votre justice. Et ailleurs :La majestà du Roi éclat dans son amour pour la justice (III). 4. JOEL, 1, 17 :à Los grains sont pourris sous la glhbe quiles couvre; les greniers ont ét détruit et les magasins ruinés parce que le froment a 6th frappÃde stérilit par la sécheresse à 2. II PIERRE,II, 18-19 :à Car tenant des discours pleins d'insolence et de folie, ils amorcent par les passions de la chair et les volupté sensuelles ceux qui peu de temps auparavant s'étaien séparà des personnes attachkes & l'erreur, -leur promettant la liberté tandis qu'ils sont eux-même esclaves de la corruption. à 3. EcclésiasteVIII, 14 : (G Il y a des impies qui vivent dans la sécurità comme s'ils avaient fait des ccuvrcs de justice. à III. lo~tganfmitatisconteinnis ? Ignoras quo- niam benipzitas Dei ad pÅ“tlitcntia ta @senam przsumptio facit peccatum actducit ? Qnamobrem idem Paulus iililii in Spirituin Sancfum? Eden solam adeb jactari non vult, ut etiiini crcilenlcs omncs jubeat cum metu ac Ire- Ea, qua liominem sola Dei misericordia mom saInleni suam operari, fidemqnecom- confidenlem, et ad peccandum audacem mendal, non morlnan~etoliosam~ut Jacobin facit, sepusita videlicet ac objecta omni vocat, sed vivani et elliciice~~,qua; {HT justitia tirnorisque divini ralione. cliarilaleni Ivgilimk operalur. Conira liot Et sic san6 pecc.int Iiodie complures, enorrne peccatum sic Ecclesiasticus clamai: qui sola flde in Chrisluni sibi blandientes, De propiliaIo peccnIo noii esse sine Wu, vel in mediis peccatorum sordibus, ut ju- neque adjicias peccatum super peccatum. menla, cornputrescunt, nec sibi solùr , Et ne (liens :Miseratio Domini WMM sedaliisitidem polliceri audent securilatem, est, miillitudi~iis peccalorititt menrum modo meritis Cliristi et Dei gratine per fideni misereltittir. Misericorclin eniin et irflab apprehensa fidant , quantuuivis inleriin il10 cilb proxitnant ,et in 1)eccalores ira pÅ“nitenti fructus negligantur. Horum illitts rcspicil. lieclii igilur Proplulh : verb singulis acclamat geiiliurn doclor in ~~Iisericordiamet judicium caniabo libi, fide et vcritate Paulus : An dinifias, Domine. Tmalibi :17ottor Refiisjtniiciun tnquit, bonitalis Dei, et patirnlf.~, ri 11iI;gil. 4. Luc, III, 8-9 :a Faites donc de dignes fruits de pénitence et n'allcz pas dire :Nous avons Abraham pour p&e; car je vous (Iklarc que Dieu peut faire naîtr de ces pierres memes des enfants Abraham. -La coigné est déj h la racine des arbres; tout arbre donc qui ne porte pas de bons fruits sera coup6 et jet6 au feu. à 5. Id., XIII, 5 :à Si vous ne faites pénitence vous périre tous de la mhe manière à 6. MATTHIEU, Faites donc de dignes fruits de 111, 8-10 :à $nitcnce, etc. -Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupà et jetà au feu. à 7. Actes, XXVI, 20 :à Mais j'annonça d'abord ii ceux de Damas et de Jérusale et dans toute la Judée et ensuite aux gentils, qu'ils fissent pénitenc et se convertissent en faisant de dignes Å“uvre de pénitence à 8. EcclésiastiqueII, 22 :à Si nous ne faisons pénitence nous tomberons dans les mains du Seigneur :chose tout autrement d craindre pour nous que de tomber dans les mains des hommes. à 9. Roniains, 11, 4-6 :à Est-ce que vous méprise les richesses de sa bontb ,de sa patience et de sa longue tolérance Ignorez- vous que la bontà de Dieu vous invite à la pénitence -Et cependant, par votre duret6 et par l'impénitenc de votre cÅ“ur TOUSvous amassez un tréso de colèr pour le jour de la colèr et de la manifestation du juste jugement de Dieu, -qui rendra i chacun selon ses Å“uvres à 10. Ecclésiaste VIII, 44-43 : à Parce que la sentence de condamnalion n'est pas immédiatemen porté contre ceux qui font le mal, les enfants des hommes commettent le crime sans aucune crainte. -Mais cette patience mêm avec laquelle le $cheur est souffert aprks avoir cent fois prévariquà m'a fait connaîtrque des biens sont réservà A ceux qui craignent Dieu et qui révèresa présence -Nul bien pour l'impie; (Dieu) abrtgera ses jours ;ceux qui ne craignent pas la face du Seigneur passeront comme l'ombre. II. EcclésiastiqueXV, 21-22 :M II (Dieu) n'a commandà ii personnc de faire le mal, et il n'a donnà Ãpersonnc la licence de péch;-car il ne se plaî point à avoir un grand nombre d'enfants infidèle et inutiles. à 12. S Corinthiens, XlII, 1-3 :à Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges memes, si je n'avais point la chante, je serais comme un airain sonnant ou un~cymb:i:c DES PI~CH~~S LE 4 35 CONTRE SAINT-ESPRIT. Dieu lui avait dit, et sa foi lui fut imputé ti justice, et il fut appel4 ami de Dieu. -Vous voyez donc que l'homme est jus- lifiÃpar les Å“uvres et non par la foi seule. -Rahab aussi, cette femme débauché ne fut-elle pas de meme justifiee par ses Å“uvrcs en recevant chez elle les espions, et les renvoyant par un autre chemin? Car comme le corps est morl lorsqu'il est sans he, ainsi la foi sans les Å“uvrc est morte en elle-même à 20. Galates, V, 6 : à Car en Jésus-Christ ni la circoncision ni l'incirconeision ne servent de rien, mais seulement la foi qui agit par la charité à 21. EcclésiastiqueV, 4-9 :à Ne dites pas :J'ai péchà et que n'en est-il revenu de funeste? Car le TrCs-Haut est lent & punir les crimes. -Ne soyez pas sans crainte au sujet de l'offense quivous a 616 remise, et n'ajoutez pas péch sur péchà -Ne dites pas : La miséricord de Dieu est grande; il aura pitià de la multitude de mes péché-Car son indignation est prompte aussi bien que sa miséricorde et il regarde les pécheur dans sa colère-Ne différe point vous convertir au Seigneur, et ne remcitez pas pour cela d'un jour h l'autre : -Car sa colèr éclater tout-à-cou ,et il vous perdra au jour de la vengeance. à 22,Eccfésiaste IX, 1-3 : tt Les justes et les sages, et toutes leurs Õuvres sont dans la main de Dieu; et cependant l'homme ne sait s'il est digne d'amour ou de haine. -Toutes choses sont incertaines et réserv& pour l'avenir; tout arrive égalemen au juste et à l'impie, au bon et au méchant au pur et A l'impur, h celui qui immole des victimes et ti celui qui mépris les sacri- fices; l'innocent est traità 'comme le pécheur et le parjure comme celui qui respecte les serments. -Ce qu'il y a de plus ficheux dans tout ce qui se passe sous le soleil, c'est que les mème choses arrivent à tous; de là vient que les cÅ“ur des enfants des hommes sont remplis de malice et d'une sotte présomptio pendant toute leur vie, aprè quoi ils descendent parmi les morts. à 23. Psaume C, 4 : (( Je chanterai, Seigneur, devant vous votre miséricord et votre justice. à 24. Ps. XCVIII, 4 : Ce roi puissant (l'Eterne1) chéri la à justice; vous avez établi Seigneur, des lois pleines de droiture; vous avez rendu des jugements équitable parmi les enfants de Jacob. ni T~MOIGNAGKS DE LA TRADITION. 4. S. GRÉGOIRE-LEGRAND 1Regum, sur in caput tei'lium 1ib~i ces paroles, Do~ninw est; quod bomim est in oculis suis, faciat : à Z/ est le muître qu'il fasse ce qui est bon à ses yeux. Celui qui n'examinera que superficiellement cette répons d'IIél ,trouvera qu'il aura répond avec autant de sagesse que d'humilité mais si on veut bien l'approfondir, on n'y trouvera qu'une humilil4 fausse. Hél aurait 6th véritablemen humble, s'il s'&tait mis en devoir de répare la faute qui lui Ctait reprochée 011!qu'iidi trouve d'imitateurs dans tous ces hommes, qui lisant tous les jours dans les saintes lettres les menaces que Dieu fait aux pécheuret qu'ils sentent qu'ils ont encourues, ne craignent pas de les braver par la crainte qu'ils ont de d6plairc aux hommes, mcnagcnt les hommes de peur de les trouver implacables ,et ne se gênen pas d'olïense Dieu, qu'ils comptent trouver toujours indulgent! Mais une confiance aussi déraisonnabl provoque les vengeances de Dieu, plutô que d'attirer ses miséricordes Car dans la bouche d'un pécheu imp6ni'icnl et d6icrminà ne pas changer de vie, que signifient ces paroles, II est le mahe, i/ti,'il fasse ce qui est bon à ses yeux, sinon une confiance présomp tueuse dans la mishicorde d'un Dieu qui n'ordonne rien qu'avec sagesse? Or, pour que cette confiance n'ait pas un tel dkfaut, il faut qu'en mêm temps on répar par la phitence et qu'on efface par ses larmes la faute dont on espèr le pardon. Ainsi donc présumer tout en continuant A pécher de la clémenc de son Créateurc'est s'exposer ii êtr englouti dans l'abîm profond de la justice divine. Je le rbpkte, prbsumcr de la misbricordà de Dieu, sans se purifier par la pénitenc des péchà commis, c'est courir les risques d'un jugement sévè et rigoureux. Lors donc que nous citons Hdi comme exemple des prbdicatcurs coupables, nous ne faisons pas envisager uniquement la faute de sa molle indulgence, mais aussi la t6mérit de sa condance aprè sa faute commise. Car, tandis qu'il aurait pu apaiser le courroux divin par l'humilità de son repentir, il encourut le chAtiment que lui meritait sa faute ,en négligean de mettre h profit l'avertissc- ment qu'il avait reçu Si d'un côt Dieu est la justice et l'Cquità mCme, il est de l'autre, d'aprè la foi des peuples, surabon- (laminent mis6ricordieux. C'est ce qui a fait dire au Prophhte : Ses miséricorde sont au-dessus de ses ouvrages (PS. CXLIV, 9). De lit viciil, qu'uprks avoir mcnaeC par le prophkte Jonas les DES PÉCHà CONTRE LE SAINT-ESPRIT. 137 Aïnivited'une ruine entière il accorda it leur repentir le salut de leur ville (JoN., III, 4 et suiv.). De lit vient encore, qu'ilpridit d'abord au roi Ezéchia par la bouche de son prophèt la mort qui devait 6tre la peine de la vanità de ce roi, et qu'ensuite te roi, qu'effraya une semblable prédiction ayant répand (levant le Seigneur les larmes d'un repentir sinchre, eut le bonheur d'échapper par les moyens que la crainte lui fit prendre, il la mort qu'il avait mérité Et le Seigneur n'avait41 pas promis1 d'abord ti Hélque sa maison et celle de son pèr servirait tou- jours en sa présence Et cependant, ce mêm Dieu qui avait assurà la maison de ce pontife de sa protection tant qu'elle lui avait étfidèle la réprouv ti la fin au point de dire h son sujet : Mais maintenant je suis bien éloign de cette pensie (1Reg., II, 30). Si donc Dieu peut révoque ses promesses A l'isard de ceux qui, en se pervertissant, s'en rendent indignes, A combien plus forte raison arrbtera-t-il les effets de ses menaces, lorsque se montreront convertis à ses yeux ceux à qui leurs prCc6dentes iniquité auront attirà d'abord l'annonce de ses vengeances? Que pourrons-nous donc allcguer pour notre excuse, nous,qui commettons tous les jours de nouveaux crimes, et n'en sommes pas moins tranquilles sur notre sort h venir? Cette dcurità mèm dans laquelle nous nous entretenons par rapport la sév6rit des jugements de Dieu, est ce qui doit nous inspirer le plus de crainte. , puisque nous voyons une sécurit semblable dans ce n~alheurenx pontife, aprè mêm que sa négligenc l'eut rendu l'objet de l'anathkme céleste à 2. Le mème Morahn in Job lib. XXXIII, c. 18 (al. 7) : N Notre Rédempteu est bon et juste; mais il ne faut pas dire, pour péche plus librement :Puisqu'il est bon, il me pardonnera si je pèche ni aprè avoir péch :Puisqu'il est juste, je n'ai pas lieu d'espérequ'il me pardonnera. Car Dieu pardonne les crimes lorsqu'on les pleure ;mais on doit craindre de commettre ce qu'on n'cst pas assurà de pouvoir pleurer assez dignement. Il faut redouter la justice de Dieu avant de pécher mais aprè qu'on il péchÃil faut prendre confiance en sa bonté Et on ne doit ni tellement craindre sa justice, qu'on ne puisse êtr fortifià par la consolation de l'espérance ni se confier tellement en sa miséri corde, qu'on néglig d'appliquer A ses blessures le remèd d'une digne pénitence 1, Mais on doit considére que celui dont on présum qu'il par- donnera avec bonté sait aussi juger avec une sévéri très-rigou reuse. Si donc lYesp6rance que le pécheu a dans la bont6 de Dieu lui cause beaucoup de joie, il faut que le péniten qui travaille ! se corriger tremble de crainte il la pensé de sa justice. Ainsi l'espoir de notre confiance doit êtr mêl d'appréhension en sorte que, comme d'une part la justice de ce juge si sévkr nous épouvante pour nous obliger h nous corriger de nos péché de l'autre la firice de ce Sauveur qui nous d6livre avec tant de inis6ricordc, nous invite h en espére le pardon avec confiance. i) C'est pour cela qu'un ancien sage dit dans 17Ecriture (Eccli., V, 7) :Ne dites pas, les misdricordes du Seigneur soni grandes, il ne se souviendra pas de mes p!chésCar il joint aussitdt la miséricord h la justice, lorsqu'il ajoute :Car la miséricordet ifi colèr viennent égalemende lui (1). n 3. Le mhe, Lib. VI epistolarwn, Epist. 2'2 ad Gregoriam cubi- culariam August~ :à Quant h ce que vous m'avez fait l'honneur d'ajouter dans vos lettrcs, que vous ne me laisseriez pas de repos, tant que je ne vous aurais pas écri en vertu d'une révél tion que vos péchà sont pardonnés c'est lh une question difficile et inutile tout h la fois :difficile, parce que je suis indigne d'êtr favoris6 d'une révdliilio~ semblable; inutile, parce que vous ne dcvcz cesser de craindre pour vos pkhds, que lorsque parvenue au terme de votre vie, vous ne pourrez plus en faire pénitence Jusqu'h ce que ce jour-lA soit arriv6, c'est pour vous un devoir de vous alarmer et de vous inquidtcr au sujet de vos fautes, et de vous en purifier par des larmes journalihs. L'aphtrc saint Paul avait bien éttransport6 jusqu'au troisieme cicl, jusque dans le paradis mhc, oà il avait entendu des paroles mysté rieuses qu'il n'est permis h aucun homme de répéte et pourtant il disait saisi de crainte- :Je chûti mon corps et le rédui en servi- tude, de peur qu'aprè avoir prêcli aux autres, je ne sois réprouut moi-mêm (I Cor., IX, 27). Il craint encore, quoique déj intro- duit dans le ciel; et nous voudrions ne plus craindre, nous qui sommes toujours sur cette terre? Considére attentivement, ma chèr fille, que la sécurit est ordinairement la m&re de la négli gente. Vous ne dcvcz donc point aspirer h obtenir dans la vie présent une sécurit qui vous rendrait n6gligente dans l'accom- plissement de vos devoirs. Car il est écri : Heureux l'homme qui est toujours dans la crainte (Prou., XXVIII, 44). Et encore : (l) Cf. Morales de suint Grégoiret. IV. S. GrGgoire lisait ainsi les paroles de l'Eccl6siaslique rapportéeici en dernier lieu :iVisericordia mini et ira ab Mo. DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 4 39 Serve2 le Seigneur dans la crainte, et réjouissez-vou en lui avec fr&(ement (Ps. II, 11). Il est donc indispensable que votre Arne soit retenue par la crainte pendant la courte duré de cette vie, pour pouvoir ensuite se réjoui sans fin dans une paix inalté rable. à 4.S. AUGUSTIN, ou selon d'autres saint Fulgence, évêq de Ruspe, de fide ad Petrum diuconum, c. 3 :à En quelque jour que ce soit qu'un homme aura fait une vraie pénitenc de ses péché et qu'éclair de la lumièr d'en-haut ,il aura amendà ses mÅ“urs il recevra sans aucun doute le bienfait du pardon, parce que Dieu, comme il le dit par son proplièt (EZECH., XXXIII, 14), ne veut pas la mort du pécheu ou du mourant, mais plutôt qu'il sorte de ses voies mauvaises et qu'il .revienne h la vie. Personne cependant ne doit, sous prétext qu'il a tout 3~ espérede la misé ricorde divine, persévér dans l'habitude du péchhpuisque, lors mdme qu'il ne s'agit que de maladies corporelles, personne ne veut demeurer dans cet éta malgrà l'espéranc qu'il conçoi de sa future guérison Car il pourrait arriver h ceux qui négligen ainsi de se retirer des sentiers du vice, en se flattant d'êtr toujours assuré que Dieu leur pardonnera, d'êtr surpris tont-&- coup par la divine justice, sans avoir le temps de se convertir, ni pouvoir par conséquen obtenir le bienfait du pardon. C'est pourquoi la sainte Ecriture donne h chacun de nous cet avis paternel :Ne différe point à vous convertir au Seigneur, et ne , rewettez pas pour cela d'un jour d l'autre; car sa colèr éclater tout 1 fmicoup, et il vous perdra au jour de la vengeance (Eccles., V,8-9). Le saint roi David dit aussi :Si vous entendez aujourd'hui sa voix, jardez-vous bien d'endurcir vos cÅ“ur (Ps. XCIV, 8). Les paroles suivantes de saint Paul n'ont pas un autre sens :Prenez donc garde, mes frères que quelqu'un ne tombe dans un déréglerne de cÕuret dans une incrédulit qui le sépar du Dieu vivant,- mais plutô exhortez-vous chaque jour les uns les autres, pendant que dure ce temps que l'Ecriture appelle Aujourd'hui, de peur que quelqu'un de ìousétansddl6it par le péchÃne tombe dans re?idurcissement (Hébr.III, 42-45). On vit donc dans l'endurcissement, soit que, désespéra d'obtenir le pardon de sesfautes, on perde le courage de s'en convertir, soit qu'on présum tellement de la miséricord du Dieu, qu'on reste par ce motif dans l'éta de péch jusqu'b la fin de sa vie. C'est pourquoi nous devons nous pénétr en mê m temps, et As l'amour de la miséricord de Dieu, et de la crainte de sa justice, afin que ni le désespoi ne nous fasse 440 DES PÉCH~ COKTRE LK SAIW-ESPRIT. renoncer à obtenir le pardon de nos fautes, ni la présomptio ne nous empèch de nous en corriger, étan bien assuré que la justice du souverain juge exigera de nous l'acquittement rigou- reux de toutes les dettes qui ne nous auront pas kt6 remises par la clémenc de notre divin Rbdempteur. Car autant la miséri corde est disposbe & recevoir en grAce ceux qui se convertissent, autant la justice est r6solue & punir inexorablement ceux qui restent endurcis. Ce sont ces derniers qui, coupables du p6dik contre l'Esprit-Saint, n'obtiendront leur pardon, ni dans le siècl prbsent, ni dans le siècl h venir. à S. S. BERNARD, Sem. XXXVIII ex parvis sermonibus :à Apis que leurs infirmité se sont mu,ltipliécsils ont couru avec vitesse (Ps. XV, 4). Pourquoi les hommes sont-ils si lhches A faire phi- tcnce durant leur vie, et s'en reposent-ils sur la confession qu'ils songeront h faire quand ils se verront réduil A l'cxtrbmité Coin- ment pensent-ils pouvoir dans l'espace d'une heure recueillir toutes les pcns6es de leur Aine, aprè l'avoir laissh se prendre A tous les objets répandu dans le monde, et s'emperler i?t tous les dksirs? Je ne dis pas, c'est le Seigneur qui parle, que je ne sauve personne de ceux qui s'cntrctienncnt dans ces dispositions; car je puis en un moment rcmcltrc tout dans l'ordre; mais je ne rhnirai point moi ceux qui restent dans leurs souillures (1), jusqu'b ce que ,leurs infirmi tbs s'étan mu1 tiplibes ,leurs péchà les abandonnent avant qu'ils aient eux-mhes abandonnk leurs péché vous ne trouverez Si ma mémoir n'est pas en défaut dans tout le canon des Ecritures que le bon larron qui soit sauv6 entre tous les pbcheurs de cette esphce. Gardez-vous donc bien de courir les risques d'une situation aussi pbrilleuse. Sans doute que l'Esprit souffle non-seulement oc1 il veut, mais encore quand il veut, et qu'il ne lui en coùt rien d'inspirer tout-&-coup A quelques-uns les sentiments d'une contrition parfaite, dont d'autres sont & peine capables aprè de longs efforts; mais qui vous a dit qu'il doive venir ainsi 5votre secours ii votre dernihre heure, aprè que vous l'aurez constamment repoussb? L'esprit de sagesse est plein de bontÃ(Sap., I, 6), j'en conviens, mais il lie laissera pas impunies les lèvredu maudit (2).Voulez-vous savoir quel est cet homme? Maudit est celui dont l'espéranc mhc cst un péclià à (1)Saint Bernard donne ici aux paroles, non congregabo couventiciila eorum rie sangulnibt~,du verset 11 du psaume XV, un sens différen de celui que lui attribuent les aulrcs iiilurpr~tcs. (2) nInlcdictçi~iLe texte de la Ynigitk porte muicilictot~~ mkdisant. DES P~CH~SCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 444 6. S. AUGUSTIN,Lib. de fide et operibus, c. 4 4 :à Passons maintenant ti l'examen d'une erreur dont doivent se désabuse toutes les Ames religieuses, de crainte qu'une fausse sécurit ne les perde, si elles viennent à croire que la foi seule leur suffit pour se sauver, et que sous ce prétext elles nhgligent de mener une lionne vic et de se mainknir dans les voies de Dieu en foi- sant le bien. Car il s'en trouvait quelques-uns du temps mêm des apdtres, qui ne comprenant pas certains passages obscurs de saint Paul, s'imaginaient qu'il leur disait : Faisons le mal piir qu'il en revienne du bien, parce qu'il avait dit (Rom., V. 20) : La loi est survenue pour donner lieu à l'abondance dit péchà mais, mi il y a une abondance de péchà Dieu a répandune surabondance de grdce. Ce qui est vrai en ce sens, que les hommes qui avaient reç la loi cn prtsumant avec orgueil de leurs propres forces, et sans avoir cette humilità de la foi pi leur eû fait obtenir le se- cours divin pour corriger leurs inclinations vicieuses, s'étaien rendus coupables de péchà plus énorme en mdmc temps que plus nombreux en manquant de fidélit à celte loi même Et ainsi forcé par la conscience de leurs crimes, ils se réfugiaien dansla foi qui leur étai prêchà comme dans un asile, oà ils se tenaient assuré d'obtenir grhce et secours du Dieu miséricor dieux qui a fait le ciel et la terre, afin que la charità se répan dant dans leurs cÅ“ur par la vertu de l'Esprit-Saint, ils fissent avec amour ce qui leur étai ordonnà malgrà les désir contraires du siècle selon ce qui est écri dans les Psaumes :Aprè que leurs infirmith se sont multipliées ils ont couru avec vitesse (Ps. XV, 4). Quand donc nous entendons saint Paul nous dire qu'il reconnaî que l'homme est justifid par la foi sans les Å“uvre de lu loi (Rom., /11,28), ce n'est pas pour nous engager à ne plus nous mettre en peine d'accomplir les Å“uvre de justice en nous contentant de professer la foi dont il nous fait un précepte mais pour que personne n'ignore qu'on peut êtr justifià par la foi, quand mêm on n'aurait pas pour recommandation les Å“uvre de la foi. Car ces Å“uvre doivent suivre le bienfait de la justification, plut6t que le précéde Ainsi je n'ai point il m'étendr davantage sur celte question dans le présen ouvrage, d'autant plus que je l'ai traitéau long dans un autre ouvrage con~posà exprks, et inti- tulÃ:De litterd et spiritu.. Cette opinion ayant donc pris naissance h celle époque les bpître des autres apdtres, c'est-A-dire de saint Pierre, de saint Jean, de saint Jacques et de saint Jude ont eu particulièremen pour but de la combattre, et d'ktablir au con- 442 DES P~~CH~S CONTRE LE SAINT-ESPRIT. traire que la foi ne sert de rien sans les Å“uvres comme saint Paul lui-même en vantant le mérit de la foi, n'entendait pas parler d'une foi telle quelle, qui se borne à croire en Dieu, mais d'une foi vraiment évangblique ou fdconde en bonnes Å“uvr qui aient pour principe la charitb : La foi, dit-il, auilnéde la charità (Gui.,V, 6). Saint Paul est si loin de croire, comme quclques-uns, qu'une foi quelconque suffit pour le salut, qu'il va jusqu'îdire : Quandj'aurais toute la foi possible, jusqu'à transporter les monlag~ws, si je n'ai pas la charitéje ne suis rien (1Cor,, XIII, 2). Mais que la foi soit au contraire animé de la chariti, dès-lor on est assurà de mener une bonne vie; car l'amour .BI l'uccornplissement de la loi (Rom., XIìI10). C'est évidemmen pour cette raison que saint Pierre, dans sa seconde épîtr ayant a exhorter les fidbles ti qui il bcrivait ti mener une vie sainte et pure, aprks avoir dit que ce monde passera tdt ou tard pour faire place A de nouveaux cieux et A une nouvelle terre, oà les justes auront désormai leur demeure, pour nous faire comprendre par-lh quelle doit êtr notre saintet6 de vie, si nous voulons par- tager un jour la mêm demeure; sachant que quelques esprits mal disposé s'autorisaient de quelques expressions obscures de l'apdtre saint Paul pour se croire assuré de leur salut en se bor- nant ti avoir la foi sans se mettre en peine de bien vivre, dit expressémen qu'il y a dans les écrit de cet apôtr certains passages difficiles A entendre, que quelques-uns détournaient ainsi que les autres Eeritures, de mauvais sens pour leur propre ruine (II PETK.,III, 16), bien que cet apbtre n'eû pas une autre doctrine que tous ses collègue sur la ndcessità des bonnes Å“uvre pour pouvoir parvenir au salut dternel. Saint Jacques de son cbtÃs'élèavec force contre ceux qui prétenden que la foi sans les cuvres peut suffire pour le salut, et il les compare aux démon par ces paroles remarquables : Volts croyez qu'il n'y a qu'un Dieu; vous faites bien, mais les dhnons le croient aussi, et la pensé qu'ils en ont les fait trembler. Que pouvait dire cet apdtre qui fut ii la Ibis plus v&itablc, plus fort et plus prhcis, puisque nous lisons dans 1'Evangile que les démons en confessant Jésus Clirist pour le fils (le Dieu, s'attirèren pour cela une reprimande de sa part, quoique celte confession fht au fond la mCmc que celle que fit saint Pierre et qui lui mérit des éloges Mes frères dit saint Jacques, que servira-t-il a quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il da point les Å“uvres?L foi pozirra-t-elle le sauver (JAc., 11,14)? Il dit encore que la foi sans les mesest mwle. Combien 80 DES PI~~SCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 4 &3 trompent donc ceux qui n'ont que celle fui morte, et qui nban- moins se promettent de vivre éternellement 1) 7. Ibidem, c. 22 :à Qu'on ne soit donc pas assez imprudent pour oser se persuader à soi-mêm qu'on connaî Dieu, si on ne le confesse qu'à la manièr des démons c'est-à-dir avec une foi morte ou sans bonnes Å“uvres et pour se croire par conséquen assur6 de parvenir ii la vie éternelle d'aprè cette parole de Notre-Seigneur :La vie éternell consiste d vous conna"tre pour le seul vrai Dieu, et Jésus-Chris que vous avez envoyà (JoAN.,XVII, 5). Car on doit se remettre aussi devant les yeux cette autre pa- role :Nous sommes assuré que nous le connaissons véritablement si nous gardons ses commandements. Celui qui dit qu'il le connaît el qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vd- rh?tiest point en lui (1 JUAN., II, 3-4). Et pour qu'on ne pense pas que ses commandements se réduisen à la foi seule, quoique personne n'ait osà dire pareille chose, surtout comme il parle de commandements qui, pour ne pas effrayer par leur multi- tude, se réduisen à deux dans lesquels sont renfermes la loi et les prophètes quoiqu'on puisse fort bien dire que les comman- dements de Dieu se rapportent ià la foi seule, si par cette foi on entend non une foi morte, mais la foi vive qui est animé de la charité quoi qu'il en soit, saint Jean lui-mêm a expliquà plus loin sa pensée quand il a dit :Le commandement qu'il nous fail est de croire au nom de son fils Jésus-Christ et de nous aimer ks uns les autres (1 JOAN., 111, 23).L'utililà de la foi qui nous fait croire en Dieu, qui nous le fait adorer, qui nous le lait connaître consiste donc en ce qu'elle nous porte il lui demander les grAces nécessaire pour bien vivre, et à nous faire obtenir notre pardon de lui quand il nous arrive de pbcher, à ne point nous endormir dans une fausse paix tout en faisant les actions qu'il riprouve, mais A désavoueau contraire toutes ces actions mau- vaises, et h lui dire :Pour moi, j'ai dit :Seigneur, ayez pitià de moi; guértsse mon ûme car j'ai péch contre vous (Ps. XL, 5) : paroles que ne savent A qui adresser ceux qui ne croient pas en lui, et que prononcent inutilement ceux qui sont tellement éloignà de lui, qu'ils sont étranger à la grtîcdu Mbdia teur. De Jh ces paroles que nous lisons dans le livre de la Sagesse (XV, 2), et que je ne sais comment pourront entendre ceux qui s'endorment dans une funeste sécurit : Quand nous aurions péchÃmus ne laisserions pas d'êlr a vous, mus qui savons quelle est votre gran- deur, c'est-&-direque nous appartenons li un Dieu qui a la vo- 144 DES P~CHÉCONTRE LE SAINT-ESPRIT. JontÃet en mêm temps le pouvoir de gu6rir de leurs p6ché; ceux qui s'en repentent, mais qui d'un autre cbtà ne craint PB de prononcer la condamnation de ceux qui persévère dans leur malice. Enfin, aprè avoir dit : Nous ne laisserions pas a'ltre i vous, l'Ecrivain sacrb ajoute : Nous qui savons quelle est votre puissance, puissance en effet b laquelle le pécheu ne saurait échappeou se soustraire. C'est pourquoi il dit encore ii la suite de ces paroles :Si nous ne péchon pas, nous savons que votts nous comptes au rang de ceux qui vous appartiennent. Car quel est l'homme qui, pensant comme il le doit A cette demeure prépari auprè de Dieu meme il ceux qu'il a prédestinà h ce bonheur et qu'il compte à cc titre, ne fera pas tous ses efforts pour vivre de manièr h se trouver un jour digne d'y btre admis? Ainsi ce que dit saint Jean :Je vous ai écri ces choses afin que vous wpd- chiez point; si crpeni"ant quelqdun pèche nous avons pour avocat auprè dit pire JiswChmt, le juste par excellence, qui i~1tcrcddera pour nos pécliéces paroles, dis-je, ne doivent pas avoir pour effet de nous enhardir h péche encore, mais plut& de nous taire renoncer aux péchC que nous aurions commis, assuré que nous sommes d'en obtenir le pardon, griîc h cet avocat puissant quene savent point invoquer les infidèles à 8. S. AUGUSTIN,Enchmd. ad Laurentiwn, c. 67 (al. 23 et 48) : à II y a des personnes qui croient que tous ceux qui ne renoncent pas à la foi chrétienne et qui, aprè avoir 6tà baptisé dans le sein de l'Eglise catholique, ne s'en sbparcnt ni par l'hé rési ni par le schisme, seront sauves en passant par le feu, quand mhe ils auraient persévé jusqu'b la mort dans les plus grands crimes, sans les effacer par la pbnitence ni les racheter par des aumdnes. Ces personnes avouent bien que ces mauvais chrétien seront punis longtemps h proportion de la grandeur de leurs crimes; mais elles prhtendent que le feu qui les brûler ne sera pas Ctcrncl. Pour moi, lc jugement le plus favorable que je puisse porter de ceux qui, &nt d'ailleurs catholiques, ont une pareille pensé , c'est qu'ils SC laissent tromper par un certain sentiment d'humanilb et de compassion toute naturelle. Car assurhnent, si nous consultons IL-dessus 1'Ecriture sainte, nous y trouverons une doctrine bien diîîbrcni J'ai composb sur celle question un hait6 qui a pour titre : De la foi et des mures. J'y ai prouvéautant que j'ai pu le l'aire avec l'aide de Dieu, par l'au- torità des saintes Ecritures, que la foi qui sauve est celle-lh seulement que saint Paul a caractérisÃassez clairement quand DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 4.u il a dit :En Jdsus-Christ, ni la circoncision, ni l'incircmcision ne ment de rien, nais la foi seulement qui opèr par l'amour (Gd., V, 6). Si donc un chrétie fait de mauvaises actions sans en faire de bonnes qui les corrigent, sa foi, selon l'ap13tre saint Jacques, est alors très-certainemen une foi morte en elle-meme (JAc.,II, 17). Cet apôtr dit encore : Si quelqu'un dit qu'il a la foi, et qu'il n'ait pas de bonnes Õuvres sa foi pourra-t-elle le sauver (JAC., II, i4)?Or, si un homme qui vit dans le crime doit, par cela seul qu'il a la foi, êtr sauvà en passant par le feu, et si c'est ainsi qu'il faut entendre ce passage de saint Paul, 11sera sutd, mais en passant toutefois comme par le feu (1Cor., III, 15), il s'ensuivra que la foi peut sauver sans les Å“uvres et que ce qu'cnscigne saint Jacques, apôtr comme saint Paul, sera faux. Saint Paul lui-mêm aura parlà faussement, lorsqu'il a dit :Ne vous y trompez pas, ni les fornicateurs, ni les idolûtres ni les adul- tires, ni les efféminé ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares; ni les ivrognes, ni les médisants ni les ravisseurs du bien d'autrui neposséderonle royaume de Dieu (1Cor., VI, 9).Car enfin, si les chrétienqui persévère dans ces crimes n'en doivent pas moins ltre sauvks en considératio de leur foi en Jésus-Christ comment i'ap6tre aura-t-il pu dire qu'ils n'entreront pas dans le royaume de Dieu (d)? )à 9. Le mêm ,Lib.de HÅ“resibus ad Quodvdtdetm, hÅ“. 84 : a Les aétien tirent leur nom d7Aétiuset sont les même que les eunomiens, appelé ainsi d'Eunomius disciple d'Aétius et c'est sous ce dernier nom qu'ils sont le plus connus. Car comme Eunomius excellait dans la dialectique, il soutint cette hérés avec plus de subtilità et d'éclat affirmant sans détou que le Fils est dissemblable en tout au Père et que le Saint-Esprit est égalemen dissemblable au Fils. On dit de plus qu'il itait telle- ment ennemi des bonnes mÅ“urs qu'il ne rougissait pas de dire qu'on pouvait indifféremmen commettre les plus 6normes péchà et y persévér même pourvu qu'on gardht la foi dont il se faisait l'apdlre. à 10.S. JÉR~ME Ces paroles du Prophèt In caput IV OseÅ :à s'entendent sans aucune peine des hérétique qui, h mesure qu'ils deviennent nombreux, lkvent une têt de plus en plus altièr contre Dieu mGme,se faisant gloire du nombre de leurs secta- (1) Cf. Le Manuel de saint Augustin, parmi les Traites choisis, tome II, p. 594-5%. à v. 10 146 DES P~CH~S LE SAINT-ESPRIT. CONTW. leurs, ne devenant par cela mbme que plus séduisants se nout- rissant ainsi des péchk du peuple, et dévoran les maisons des veuves par des paroles douces et flatteuses. Car, pour rassurer ceux qu'ils voient tomber dans quelque faute, ils ne manquent pas de leur dire :Dieu ne demande de vous que la puretà de la foi ;con- servez-la seulement, et il ne se inclira piis en prine dc cc que vous pourrez faire. Par ces sories dc discours, ils flatlcnt les Ames des pfichcurs, et les cnlrelicnncnt dans leurs iniquil&s, en sorte que ceux-ci, bien loin de faire pbnitence et de s'humilier de leurs fautes, s'applaudissent de leur pcrvcrsilà dme, et marchent tdte levé dans la voie du crime. C'est pourquoi le peuple commele prètr,et ccux qui cnscigncnt comnc ccux qui sont cnseignt%, encourront un jugement égaleinen skvkre. à 44. Le concile de Trente, session VI, c. 9 : à Quoiqu'il y ait obligalion de croire que les pbcliGs n'ont 616 remis ii aucune époquepas plus qu'ils lie le sont maintenant, autrement qu'en vue de Jésus-Cl~ris et par une miséricord de Dieu toute gratuite, il ne s'ensuit pas qu'on doive dire it qui que ce soit que ses p6chb sont remis, ou qu'ils l'ont dé par cela seul qu'il se dit avoir la foi et èlr assurà d'en avoir obtenu la rémission puisqu'une confiance toute semblable, qui n'a rien que de t41nbraire et d'opposà ii la pibib, peut se rcnconlrcr de m6me dans des hir& tiques et des scl~ismaliqucs, comme cela SC voit en eret de nos jours, oh, sous un Ici prétexte une grande guerre est déclarà contre I'Eglise catliolique.. . II faut Oien SC garder aussi de dire que ceux qui sont rbellemen t jus1ifiks doivcn t SC croire eu^- m6mes fermement etrc en 6lat dc grticc, ou qu'on ne peut ètr absous de ses p4chbs et justifià devant Dieu, qu'aulant qu'on se croit certainement absous et justi%, on soric qu'une telle foi soit indispensable ]jour obtenir la grAw de l'i~b~ol~~lion et de la justi- fication, comme si celui qui n'aurilit pas celle iIssurilnce, doutait par4 mCme des promesses que Dieu nous a faites, ou de l'effi- cacità de la mort et do la résurrcclio de Jisus-Christ. Car si, d'une part, aucune Arne pieuse ne doit douter de la mishicorde de Dieu, des mkilcs de JCsus-Christ, de la vertu et de l'effica- citÃdes sacrcmcnis; de l'autre, quiconque rentre en soi-mdme, et considkre sa propre faiblesse et l'iniperfection de ses disposi- tions, peut fort bien avoir des Joules ou des inqui&ldcs sur son étade grkc, puisque personne ne saurait itre assur6 avec la certitude de la foi ct sans possibilità d'erreur, d'dtre vkritablement dans la grice de Dicu. à DES P~CHI~S LE 4.u CONTRE SAINT-ESFRIT. 42. Ibidem, canon 42 ;a Si quelqu'un dit que la foi justi- fiant~n'est autre chose que la confiance en la divine mis6ricorde, qui remet les péclià en vue de Jésus-Christ ou que cette con- fiance est la seule qui nous justifie; qu'il soit anathkme. )) 43. Ibidem, canon 43 :à Si quelqu'un dit que tout homme a besoin, pour obtenir la rémissio de ses pichés de croire sans bkitation et avec une cntibre certitude que ses péchà lui sont remis, quelle que puisse btre d'ailleurs sa faiblesse ou l'imper- fection de ses dispositions; qu'il soit anathème à 44. Ibidem, canon 14 : ci Si quelqu'un dit qu'un homme est absous de ses péchà et établ en éta de grilce par cela seul qu'il Ãcroit certainement absous et justifié ou qu'il n'y a de vrai- ment justifié que ceux qui croient l'ètre et que la foi qui absout et justifie n'est autre chose que cette sorte d'assurance; qu'il soit anathème à I S. S. JÉKÔM In caput IV Danielis, sur ces paroles, Forsan ipiicet Deus delictis luis, etc. : à Puisque Daniel lui-même malgr6 la connaissance qu'il avait de l'avenir, ne s'exprimait qu'en termes dubitatifs sur les dispositions de Dieu (h l'@rd de Nabucl~odonosor),ceux-là sont bien téméraire qui promettent hardiment le pardon aux pécheurs Et cependant il faut re- marquer que, si le pardon est promis A Nabucliodonosor en con- sidhtion des bonnes Å“uvre conseillée b ce roi, il doit l'êtr bien plus certainement encore h ceux qui ne seraient pas aussi coupables. à . 16. S. AUGUSTIN,Tract. XXXIII in Joannem :à Que ceux qui aiment la douceur dans le Seigneur, craignent en mêm temps sa vérit :car il est doux, mais il est équitabl aussi, selon l'expression du Prophèt (Ps. XXIV, 8). Vous l'aimez parce qu'il est doux; craigncz-le donc aussi parce qu'il est équi table et juste. Sa douceur lui a fait dire :J'ai gar& le silence (Is., XLlI, 14). Mais sa justice lui a fait ajouter aussitdt : Est-ce que je le garderai toujours? Le Seigneur', dit le. Prophète roi, est chent et miséricordieux Ajoutez encore avec lui qu'il es\ patient; ajoutez mèm qu'il est tout rempli de miséricorde mais tremblez ii ce dernier mot du mhe Prophèt :VERAX,il est tfritable dans ses promesses et ses menaces ;car il jugera avec une souveraine équit les pécheur qui auront mépris sa patience. Est-ce que vous méprisez dit l'Apôtre les richesses de w honte, de sa patience et de sa longue lolérunc ? Ignorez-vous que la bontd de Dieuvous invite Ãlapdnitence? Mais vous, par votre endur- 4 48 DES P~CHÉ T.!? CONTn!? SAINT-ESPRIT. cissement et par l'i/;1phiknce de voire cÅ“ur vous vous amassez un trésode colèr pour le jour de la colèr et de la manifestation dn juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses Å“uvr (Rom.,II, h et suiv. ). Le Seigneur est doux, il est lent h punir, il est plein de mishicorde; mais il est juste aussi, et vtritable dans toutes ses paroles. Il vous donne du temps pour vous corriger; mais plut& que de vous corriger, vous aimez mieux remcltre d'un jour h l'autre. Vous étie mauvais hier? Soya bon aujourd'hui. Vous restez mauvais encore aujourd'hui? Au moins, soyez bon demain. Mais vous attendez toujours, et vous vous promettez beaucoup de la miséricord de Dieu; comme si celui qui vous a promis le pardon si vous vous repentez h la fin, vous avait égalemen promis une longue vie. Qui vous a fait connaîtrce que vous serez demain? C'est avec raison que vous dites dans votre cÅ“u :Quand je me serai corrigé le Seigneur me panlonnera tous mes péclié Nous ne pouvons nier en effet que Dieu ait promis le pardon à ceux qui se corrigent et se convertissent. Mais si vous lisez dans les prophktes que Dieu a promis le pardon aux p6clieurs qui changent de vie, vous ne sauriez y lire de mfimc qu'il vous ait promis une longue vie. à 11 y a donc un &al danger, quoique par des misons et des dispositions contraires, & trop espére et h ne pas assez espirer. Quels sont ceux qui se trompent en espéran trop? Ce sont ceux qui disent : Dieu est bon, Dieu est mis~ricordieux; je n'ai qu'A faire ce qu'il me plaira, qu'A agir il ma fantaisie, qu'à lhher la bride h mes passions, qu'h contenter tous mes caprices. Pour- quoi? Parce que Dieu est mis6ricordicux, qu'il est bon, qu'il est doux. Voili quels sont ccux qui courent risque de se perdre par un cxcbs d'cspbrance. Ceux au contraire qui se perdent par un défau d'espéranc ou par désespoir cc sont ccux qui, croyant leurs pbché trop énorme pour pouvoir Cire pardonnfis mhe ti leur repentir, et se regardantdbji comme damné sans ressource, se disent A eux-mbmes : Je dois &lre damné pourqnoi dès-lor ne pas faire tout ce qu'il me plaît Ainsi se conduisent en effet des gladiateurs dcstin6s h péri diins le cirque. Leur dbsespoir mêm fait leur force; parvenus h l'excè de leurs maux, ib n'en sont que plus A redouter pour leurs adversaires. De telles gens SC perdent par le disespoir, comme les autres par la prd- somption. Le bon parti est donc de tenir le milieu entre les deux. On doit craindre de se perdre par présomption et d'encourir la damnation en espéran avec excè de la miséricord divine; mais on doit craindre égalemen de se perdre par désespoir ou de renoncer zi faire pénitenc en se persuadant qu'elle serait inutile, et d'encourir ainsi cette juste sentence de la divine sugesse :Je me rirai de vous au jour de voire ruine (Prov., 1, 26). Que fait donc le Seigneur pour guéri les p6cheu1-s de l'une comme de l'autre de ces deux maladies? A ceux qui présument il dit :Ne tardez pas à vous convertir au Seigneur, et ne remettes pas pour cela d'unjour à l'autre ( Eccli., V, 8). Et A ceux qui se désesptrentque dit-il? En quelque jour que se convertisse le pecheur, j'oublierai toutes ses iniquik!s. II Dieu a. donc offert le port de son indulgence à ceux qui sont en périd'ktre submergé par la tempêt du clCsespoir, comme il a laissà dans l'incertitude de la mort ceux qu'un trop facile espoir de salut met en @il, et qui se laissent tromper par l'attente d'une conversion qu'ils diflCrent d'un jour & l'autre. Vous ne savez pas quand viendra votre dernier jour (1). à 17. Le même Lib. L homiliarum, hom. 50, c. 10 : à Sur quoi donc se fondent ces hommes vains qui se promettent un salut chimérique tout en perskvkrant dans leurs desordres , puisqu'ils entendent l'Ap6tre leur dire que ceux qui font ces chosesne posséderon pas le royfuuiie de Dieu? Ils osent se prometke le salut en dehors de ce royaume mhc de Dieu, et voici le langage qu'ils se tiennent & eux-mcnws, pour s'enhardir A ne s faire pénitenc et h ne rien changer clans leur genre de vie. Je ne veux pas régner c'est assez pour moi d'cire sauvé Et c'est en quoi ils se trompent, premièremen parce qu'il n'y a point de salut pour ceux qui persévkren dans le mal. Car lorsque Notre-Scigncur a dit :Parce que liniquitd se sera accrue, la charità de plusieurs se refroidira, mais celui-ki sera sttuvéqui persévére JIBqtia la fin (MATTH.,XXIV, 42) ;c'est A ceux qui persévère dans la charità qu'il a promis le salut, et non & ceux qui pcrsé v4rent dans l'iniquité. . Qui donc osera se croire sauvà par cela seul qu'il porte le nom de chrétien au lieu d'écoute avec soumission et frayeur ces paroles de l'Apbtre : Car sachez que nt11fornicateur, nul inapz~diqzie,nul avare, ce qui est le mhc qu'un, idoldire, ne sera héritie du royaume de Jhls-Christ et de Dieu. QIIC fersunne ne vous séduis par de vains discours. Car c'est pour ces thoses qtle la coke de Dieu tombe sur les hommes rebelles à i'en- (1) Cf. Les Traitis de saint Augustin sur Z'Evangile de saint Jean, tome Il, pag. 52k-328. 130 DES PÉCH~ LE CONTRE SAINT-ESPRIT. seignement de la uéritd N'ayez donc rien de con avec ew (Eph., V, 5-7). Il s'explique encore davantage sur cet article dans sa prcmitrc épiir aux, Corinthiens :Ne vous y trompez pas, leur écrit-i;ni les foruicaleurs, 91i les idolûtres ni les aduli+cs, ni les impudiques, ni les abominables, ni les voic1ws, ni les avares, ni /i's ivrognes, ni les ddisants, ni les ravisseurs du, liieii d'autrui, nese- vont héritier du royaume de Dieu (1Cor., VI, 9-10).Mais voyez aussi comme l'Ap6trc a soin de rendre la confiance et l'cspèranc dusalut h ceux qui dans leur vie antérieur s'htaicnt rendus cou- pables de ces crimes :C'est, continue cet Aphlre, ce que quelques- uns de vous ont dtà autrefois; mds vous sucâ iti lavis, vous me: él sanctifiés vous avez hà justifié an nom dc No~rc-Seipew Sisus- Christ, et par l'esprit de notre Dieu. Quiconque donc aprts son bapt6me reste toujours esclave de criminelles habitudes, est ennemi de lui-mkme s'il liésit encore ii changer de vie, tandis qu'il lui en reste encore le temps, puisque, s'il lui arrive de pé cher, c'est qu'il est encore vivant. Ciir en persévCrantd'une part, comme il le fait, dans son 6tat cle péchà il s'amassc mi tréso de colèr pour le jour de la col?re et de la manifestation dujuste jugement de Dieu (Rom., Il, 5). Et de l'autre, c,ommc il est encore vivant, lapatience de Dieu l'invile à la pénitence Ainsi embarrassi dans les funestes liens de ses pcchés il refuse, ou il diffh, ou il hésit de recourir hl'Eglisc et aux clefs dont elle a lc maniement pour êtr absous dans le ciel enmêm temps qu'il le sera sur l;i terre, et il ose se promettre le salut apres celle vie, en s'ap- puyant uniquement sur sa qualità de clir6tien, sans parailrc s'effrayer de cd oracle redoutable sorti de lii bouc.he de ihs- Christ : Tous cc1w qui me disent, Silipetw, Seiq~ieur, n'e11tre~ont pas pour cela duns le royaume des cieux, etc. (M~~TH., VU, 21). Que dit aux Galates le munie apatre? En faisant la m&me&nu- ~ndralion des crimes qui excluent du royaume des cieux, ne les soumet-il pas h la inhie conclusion? Il est aisé dit-il, de cou- n&re les ceuvres de la chair, qui sont kl fornication, l'impureté j'il;ll~iidicitd, la dissolution, l'idoldlrio, les empoisonnements, les i?~i~~titiés les jalousies, les querelles, les dissensio1~s~ les ai~imosiiés ks divisions, les l~drdsies, les envies, les meurtres ,les ivrogneries, les débauches et autres choses semblables, dont je vous di;clare, comme je vous l'ai déjdit, que ceux piCOII~JI~C~~CÈ~ ces crimes tic seront point hiritiers du royaww de Dieu (Gui.,V, 49-21). à 48. S. ISIDORE,De swmno bono, lib. Il, c. 13 :cc Quelque pCcheur et inipie qu'on puiw dru, un iloit cruirc qu'on pourra DESPLCHES CONTRE LE SAINT-ESPRIT. 451 obtenir son pardon, si l'on revient A pénitenceGar personne ne sauroit douter de la bontà de Dieu; mais c'est la perversità de ceux qui auraient à en recueillir le bienfait, qui seule met obstacle ii l'indulgence divine. Cc n'est que dans cette vie qu'on est libre de faire phitence ; aprè la mort, au contraire, tout moyen de se convertir sera dtéC'est pour cela que Jhs-Christ a dit :II faut que je fasse les Õuvre de celui qui m'a envoyé laidant qu'il est jour :la nuit vient, et ce n'est pas dans la nuit qu'on peut agir (JoAN., IX, 4). De lÃvient aussi ce qu'a dit le Pro- jilittc :Rende: gloire au Seigneur cotre Dieu nvant que les té&re toussurprennent (JEREM.,XIII, 10)' c'est-il-dire , avant que la mort étcrncll nc vienne vous engloutir. Tandis que vous ête en celle vie, rendez gloire à Dieu par votre vie p6nitcnte. Tant que nous sommes en ce monde, la miséricord de Dieu nous accueille du monlent oà elle nous voit faire des auvres de péni tence. Au lieu que dans le sikcle A venir nous n'aurons plus travailler, mais seulement à rendre compte de nos Å“uvres Ce qui consomme pour l'ordinaire la perversion des méchants c'est le temps mêm que la patience de Dieu leur accorde pour se corriger, parce qu'au lieu de s'en servir pour faire phitence, ils en abusent pour péche avec plus d'audace. Or, c'est aller de mal en pis, que d'employer à foire le mal, le temps qui n'a ét accordà que pour revenir & la pratique du bien. Chacun doit, tandis qu'il le peut, se libtcr de revenir 5 Dieu en rbparani ses fautes pass6es, de peur que, si on refuse de le faire tandis qu'on le peut, on ne le puisse plus lorsqu'on le voudra plus tard. C'est ce qui a fait dire au Prophèt :Cherchez le Seigneur, tandis qu'il peut êtr trouvé invoquez-le, tandis qu'il est proche de rwis (Is., LV, 6). Et ob peut-on le trouver, si ce n'est dans cette vie, comme c'est dans cette vie qu'il est tout proche de tous ceux qui l'invoquent (Ps. CXLIV, 18)? Car il sera loin un jour de ceux il qui il aura fait entendre ces paroles :Allez au feu éterne (SIATTH., XXV, 41 ). Maintenant au contraire il est prè de nous, sans êtr vu de nous; plus lard il n'en sera plus de mhe, mais il ne pourra plus ni êtr vu, ni ètr trouv6. Si, lorsque quelqu'un a péchà il prend le parti de faire pénitence et de rétracter tandis qu'il vit encore, toutes ses habitudes crimi- nelles, il est indubitable qu'à sa mort il pourra passer à l'éterne repos. Quant i~ celui qui, aprè toute une vie de desordres, fait pénitenc quand enfin il se voit en danger de mort, autant sa r4prol)ation est douteuse, autant sa rkconciliation avec Dieu 1$2 DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. est incertaine. Que celui donc qui voudrait obtenir A la mort la certitude du pardon de ses péché fasse pénitenc tandis qu'il est en santé et qu'il expic ses pécli6 avant que la mort le sur- prenne. Il y en a qui SC hAtent de promettre aux pénitenl l'assu- rance de leur salut, et qui mbritcnt par lh qu'on leur applique ces, paroles du Prophèt :Ils guirissaient les plaies de mon peuple d'une manièr honteuse, en disant :La paix, la paix, lorsqu'il n'y avait point de paix (JEREM., VI, 14). C'est donc guéri les plaies d'une manièr hontcusc, que de promettre la paix de la conscience au pécheu dont la phitence est dGfectueuse. C'est pourquoi le Prophèt dit ensuite (ibidem, 4 8) : l/s ont élconfus, parce gus& ont fait des choses abominables; confus, dis-je , non en faisant phitence, mais en portant la peine de leur iniquité Car autre est la confusion qu'éprouv devant son juge le coupable qui subit son chfitirnerit, autre est celle dc celui qui rougit de ses mauvaises actions et clierclic A s'en corriger. Car le premier est confus, parce qu'il subit la réprimand ; le second l'est, parce que sa conscience lui reproclie d'avoir mal fait. Quoique la pénitenc assure le pardon des p6chCs, on ne doit pas cependani êtr sans crainte, parce que la satisfaction du phitent a pour juge dc sa valeur Dieu, et non les hommes. Comme donc la mis6ricorde dc Dicu est pour nous un abîm impCii6trable, le seul parti prudent pour un pécheu est de ne point mettre de bornes ti sa pénitence Car un phitent ne doit jamais êtr tout-h- fait tranquille au sujet des pbché qu'il a cominis.. Autrement, la sécurit engendre la négligence et la négligence si l'on n'y prend garde, fait retomber dans les fautes qu'on a d'abord dis- avouéesSi, aprè qu'on s'est relevh par la phitence ,une impru- dente sécurit occasionne de nouvelles chutes, on soupire bientdt avec une nouvelle ardeur aprè les plaisirs illicites qu'on s'(tait autrefois procurés on retombe ainsi avec un danger nouveau dans ses pervcrscs habitudes, et le dernier éta de l'homme dc- vient pire que le premier. à 19. S. AUGUSTIN, CÅ“lestiwn De perfectione justitios contra resp. 19 : à Pour répondr A notre adversaire, nous disons que la sentence de 19Ecrivain sacrà (Prou., XX, 8-9) finit par ces mots: Qui se glorifiera d'avoir zm cÅ“u chaste? parce qu'elle commence par ceux-ci :Lorsqu'un roi juste sera assis sur son trône Car quelque juste ou quelque saint que soit un homme, il doit craindre qu'il ne se trouve en lui, ti son insu, quelque chose A reprendre, lorsque le roi juste sera assis sur son trhe, ce roi A la connais- sance duquel aucun péch n'échappe pas mêm ceux dont il est dit :Qui est celui qui connaî ses péchà (Ps. XVIIl, 13)? Lors donc que le roi juste sera sur son trône qui est-ce qui se glorifiera d'avoir un cceur chaste? Ou en d'autres termes :Qui se glorifiera d'êtr pur de tout péchà A moins que ce ne soient ces hommes qui tiennent h se glorifier de leur propre justice, au lieu de le; faire de la miséricord de Dieu. à 20. Le meme, Lib.de correptione et gratid, c. 13 (al. 40) : a Y a-t-il quelqu'un dans la grande multitude des fidèles qui, tant qu'il est sur la terre, soit assurà d'ktre du nombre des pré destinés Aussi est-il à propos que cela nous demeure cachà dans cette vie, oà l'enflure de l'orgueil est tant a craindre, qu'un saint Paul mêm recevait des soufflets d'un ange de Satan pour en êtr préserv (II Cor., XII, 7). C'est pour la mêm raison que Jésus-Chris disait b ses apdtres :Si vous dmneurez à ma parole, etc. (JOAS., XV, 7), quoiqu'il fù assurà qu'ils lui demeureraient fidkles. Dieu dit de mêm par un pro- phhte :Si vous voulez m'écoute et me croire, etc. (Is., 1, 19), quoiqu'il sû parfaitement qui étaien ceux en qui il produirait lui-m4me ce bon vouloir (Philip., JJ, 15). L'Ecriture est pleine de textes semblables; et il faut croire que c'est qu'il est utile aux élu d'ignorer ce secret, afin que personne ne s'dkve, mais que tous ceux-lk memes qui courent avec ardeur dans la bonne voie soient toujours dans la crainte, par l'incertitude oà ils sont de parvenir au but. à 21. Le même Lib. L homiliarum, hom. U (1) :a Celui quiaura fait une sincèr pénitence et aura ét délivr des liens dans lesquels il étai auparavant déten captif, en mêm temps que &parà du corps de Jésus-Christ s'il vit & la suite de sa péni tente comme il aurait dh toujours vivre, et qu'il vienne à mourir aprè avoir ét réconcili avec Dieu, sera admis à voir Dieu, h jouir du repos bternel, i~ entrer en possession du (1) Voici le jugement que Noël-Alexandr porte de cette homélie Le commencement n'est à ses yeux qu'un fragment de quelque lioméli du saint docteur. A partir ensuite de ces mots :Sed dicat aliquis (mais on dira, etc.), jusqu'Acesautres :Viste dubio liberare (voulez-~ousvoustirer dlincertitude,etc.), ce serait une interpolation de quelque main maladroite, qui, en faisant l'énum6ratio de l'ivrognerie, de la convoitise, du larcin, des paroles mauvaises, du rire immodérà des paroles oiseuses, comme d'autant de péchà légers les compte immédiatemen aprè comme pechis graves :Ecce quam levia &xi, onmia tamen gravia et pesti- fera. V. NAT.ALEX.,Eccl. liist. scec. V, p. lot, &Et. de Venise. 134 DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. royaume chleste, et sera h jamais sépar de la socibtà des démons Mais si quelqu'un attend pour faire pénitenc qu'il se voie au lit de la mort, s'il meurt ensuite apres avoir ét récon di&, j'avoue que nous ne lui refusons pas cc con:& qu'il nous demande, mais nous ne prhsumons pils pour cela qu'il fasse une bonne mort. Non, je ne prksumc point cela, je le confesse; j'aurais plut6t une prhsoinplion toute diff6rente. Le fidile qui remplit ses devoirs dans i'éla de santé quitte ce monde assuri du son bonheur. Celui qui meurt aussitbt aprh son baptbmc, es! de mbmeassuréd son salut. Ccluiqui fait phnitence, et qui récon cilià avec Dieu quand il est encore en sant6, continue ensuite i~ bien vivre, est encore assur6 de son bonheur. Celui qui ne fait phitence qu'à la fin de sa vie, et qui ne se rkoncilie qu'alors avec Dieu, peut se croire assur6 de son salut; pour moi, je ne l'en tiens pas assuré Si j'en htais assur6 moi-mhe, je le dirais, et en le disant, je tlonncrais la s&curit& aux. autres; mais ne pouvant l'&trc, je puis bien donner la phitcnce , mais je ne puis pas donner la skurith. Quelqu'un me dira peut-6tre : Bon prbtre, tu nous dis que tu n'cs pas assurà et que tu no pc11x pas nous assurer nous-m6mcs, si celui qui a 616 irnpbnitent pendant qu'il hiait cn santé ct 5 qui lu donnes la pénitenc au moment de sa mort, obtiendra le salut cl mériter d'aller avec Jhs- Christ :Enscigne-nous donc de grAee ce que nous devons faire pour bien vivre apres avoir ét admis il la pénitence Le voici, mes frère : Abstenez-vous de l'ivrognerie, de la convoitise, du larcin, du rire immod6r6, du bavardage et des paroles inutiles, dont il faudra que les hommes rendent compte au jour du juge- ment. Que de péchà cn apparence lbgcrs, et tous cependant assez graves pour donner la mort h l'Aine! Je dis de plus :Ce n'est pas seulement aprè la philence que chacun doit s'abstenir de tous ces vices, mais c'est aussi avant la pénitenc et tandis qu'on se porte bien, parce que, si l'on altcnd jusqu'h la fin de sa vie, on ignore si l'on pourra recevoir la pénitenc elle-mcme, et confesser ses péchà Dieu ct A son minisire. C'est pourquoi j'ai dit qu'il fallait vivre bien avant la phitence, et inicut encore aprhs l'avoir reçue Faites bien allention ii mes paroles : je vais les expliquer encore davantage, de peur que l'on ne nie prbte quelque sentiment erronk. Est-ce A dire qu'un homme dans ces conditions sera damné Ce n'est pas lti ce que je dis. Est-ci" donc h dire qu'il sera sauvh? Je ne le dis pas non plus. Qu'est-ce donc h dire? C\:st-hùir qiiu ju n'en sais rien ;je ne prisurne DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 135 rien, je ne puis rien promettre ,je n'en puis rien savoir. Voulez- vous sortir de cette incertitude? Voulez-vous échappe & tout danger? Faites pénitence tandis que vous ête en santé Car si vous faites une sincèr pénitenc dans votre éta de sant6, vous vous trouverez égalemen bien dispos6 Ãvotre dernier jour. HAtez-vous de vous réconcilier si vous le faites, vous n'avez rien à craindre. Pourquoi? parce que vous aurez fait pénitenc dans un temps oà vous auriez pu pkclier. Si au contraire vous ne voulez faire péni- tcnce que lorsque vous ne pourrez plus pécher ce ne sera pas vous qui aurez quittà le péchà mais ce sera le p6clià qui vous aura quilléMais qui vous a dit, m'objecterez-vous, que Dieu ne me pardonnera pas? Vous dites vrai :je n'en sais rien. La seule chose que je sache, c'est que je n'en sais rien. C'est parce que je n'en sais rien, que je vous accorde la pénitence Je vous la refuserais, si je savais qu'elle devrait vous 6tre inutile. D'un autre cblà ,si je savais qu'elle vous servirait, je ne prendrais point tant la peine de vous avertir et de vous effrayer. De deux choses l'une :ou vous obtiendrez votre pardon, ou vous ne l'obtiendrez pas. Je ne sais laquelle de ces deux choses sera votre partage : tenez-vous-en donc i ce qui est certain, et laissez l'incertain. à 22. Le même Serin. IIIde Imocentibus (c'est le 10ede Sanctis) : à Si l'on voulait ne pas perdre la pensé du jour de sa mort, on saurait se tenir en garde contre tout péch et contre toute con- voitise. Mais, parce qu'on repousse actuellement cette pensé salutaire, on rend irrémidiabl pour la suite ce mal qu'on ne saurait éviter Car le dernier jour, le jour du jugement, viendra alors quand on ne pourra plus ni faire pénitence ni pratiquer de bonnes Å“uvre pour échappe la mort éternelle parce que telle est la peine infligé au pécheur qu'il s'oublie soi-mhe A la mort, pour avoir oublià Dieu pendant la vie. à 23. S. , Lib. XVI Moralium GR~GOIRE-LE-GRAND in Job, c. 31 (al. 20), sur ces paroles, Usque ad inferos peccatum illius : a Que son péch aille jusqu'aux enfers, c'est-à-dire qu'il ne s'en corrige point par la pénitenc avant la fin de la vie présente Et c'est de ce pbchà que parle l'apdtre saint Jean, quand il dit : Il y a un péch qui va a la morts et ce n'est pas pour ce pécl&l que je vous dis de prier (1JOAN.,V, 16). Car c'est en vain qu'on demande & Dieu le pardon d'un péchà dont le coupable ne s'est point corrigà avant sa mort. C'est encore de ce pécheu que Job dit ensuite :Qu,e la miséricord ne se souvienne pas de lui. La miséricord de Dieu oublie celui qui a oublie sa justice, parce 4 56 DES CONTRE LE PÉCH SAINT-ESPRIT. que le pgcheur qui ne craint pas Dieu présentemen comme un juste juge, ne le trouvera pas un jour miséricordieu et indulgent. Cela doit s'entendre non-seulement de ceux qui abandonnent la vraie foi, mais aussi de ceux qui l'ayant embrassie ne laissent pas de mener une vie charnelle, puisqu'il est impossible d'évite la damnation ,soit qu'on pkche dans la foi, soit qu'on pèch dans les ceuvres; car, bien qu'il y ait quelque difftrence dans la qualit6 et la mesure do la peine, il n'en est pas moins certain qu'il ne reste aucune csphnce de pardon pour les péchà qui n'ont pas kt6 effac& dans celte vie par la pinitence (4). à 24. S. BERNARD, Je compte in parvis sennonibns, Serm. 52 : à trois baisers : le baiser des pieds, celui des mains et celui du visage. Dans le prcinicr moment de notre conversion, ce sont les pieds de Notrc-Scigncur que nous liaisons. Or, les pieds de Notre-Seigneur sont, le premier la mis6ricorde, et le second lu véritÃDieu imprime l'un et l'autre sur lo caur de ceux qui se converlissent, ct tout pkcheur vraiment phitent les baise tous les deux. Car, s'il n'acceptait que la misCricorde sans accepter la vérith il tomberai!, par prCsomption. Si au contraire il acceptait la vbrità sans accepter la inis~ricordc, il pirirait par le &ses- poir. Si donc il veut klrc sauve, qu'il se prosterne humblement au pied de la miséricordcomme au pied de la vkrité afin que celle-ci lui fasse condamner ses péché et que celle-lh lui fasse espére son pardon. à 23. Lc m&iue,Scnn. VI in Cantica :à Heureuse est l'Arne, il qui le Seigneur Jksus a fait la faveur d'imprimer sur elle ses deux pieds. Vous reconnaitrcz celle &me & deux signes; car il est nkcssairc qu'elle rclicnne l'iinprcssion des nicds divins. Ces deux signes sont la crainte et FespCrancc; cclle-l& lui retrace l'image des jugements de Dieu, celle-ci l'image dc sa miséri corde. Le Psalmiste a dit avec raison que le Seigneur met son plaisir en ceux qui le craipmt, et qui espèrenen sa mishicorde (Ps.CXLVI,11), puisque la crainte est le commencement de la sagesse, et, que l'espbrance en est le progrès Car quant h la perfection de la sagesse, c'est le privilcge de la cliarité Les choses étan ainsi, cc n'est pas un médiocr avantage, que celui qu'on retire du premier baiser, ou de celui qui s'imprime sur les pieds. Ayez soin seulement de baiser égalemen les deux. Car si vous vous bornez A rcssciitir la douleur de vos péch6 et la (1) Cf. Les H1oruhJsde suint Grdgoire, t. II, p. 692. DES P#CB~SCOCTRF, LE SAINT-ESPRIT. 187 crainte des jugements de Dieu, vous ne baisez encore qu'un pied, celui de la vérit et de la justice. Mais si vous savez tem- pirer ce sentiment de crainte et de douleur par la considératio de la bontà divine, alors vous embrassez aussi le pied de la miséricordeAu lieu qu'il ne serait pas avantageux pour vous de baiser l'un sans l'autre, parce que la pensé de la justice toule seule jette dans le gouffre du désespoiret qu'une appr6- dation exagérà de la miséricord engendre une sécurit funeste. Il m'a ét donnà plus d'une fois h moi-m&me,quelque indigne que j'en fusse, de m'asseoir auxpieds du Seigneur Jésus et d'embrasser avec une vive ferveur tantô l'un ,tant& l'autre , autant que sa bontà daignait m'en faire la faveur. Si quelquefois, le souvenir de mes péchà me faisant perdre de vue la miséri corde, je m'arrètiii trop longtemps me représente la justice divine, bientbt saisi d'un sentiment indicible de frayeur en m6me temps que de confusion, et plongk dans d'horribles ténbbres j'avais h peine la force, tant j'étai abattu, de m'écrie comme du fond de cet abime : Qui peut comprendre, Seigneur, Z'd- imdw de votre colère et combien votre indigwtion est redoutable (Ps.LXXXIX, H)?D'autres fois, si me détournan du pied de la justice je m'attachais de préféren & celui de la miséricorde je tombais tout-h-coup au contraire dans une telle négligenc et une telle incurie, que mon oraison en devenait plus tiède mon action plus lente, mon penchant h rire plus effrénà ma conver- fation plus indiscr&te , ma conduite entièr plus ennemie de la retenue. Instruit donc par ma propre expérience je conterai, Seigneur, devant vous, non votre seule justice ou votre seule nliséricorde mais votre miséricord et votre justice & la fois (Ps. C, 1). Je n'oublierai jamais la justice de vos ordonnances (CXVI11, 93). Vos ordonnances, pleines ii la fois de justice et de miséricordeme tiendront lieu de cantique dans le lieu de mon exil (ibid., Sb), jusqu'à ce que, la miséricord s'élevan au-dessus de la justice, ma misèr disparaisse devant ma gloire, et que je ne chante plus que vos louanges, sans ressentir désormailes pointes de la tristesse ( Ps. XXlX, 13). à 26. S. AUGUSTIN,Tract. de utilitutepÅ“nitenliÅ c. tilt. :à De mêm que celui qui tombe dans le désespoi augmente la somme de ses picliés de mêm celui qui espkre son pardon peut aussi en augmenter la somme ,s'il se dit, par exemple : Je ferai ce que je voudrai ; Dieu est bon; quand je me convertirai, il me pardonnera. Dites-vous tt vous-mbme, j'y consens :Quand je me 438 DES CONTRE LE SAINT-ESPRIT. P~CIII~ convertirai, il me pardonnera; si vous ête assurà de votre len- demain. L'Ecriture ne vous donne-t-elle pas cet avertissement: Ne tardez pas d vous convertir au Seigneur, et ne remettez pas pour cela d'un jour à l'autre; car sa colèr éclatertout d'un COUD, et il vous perdra au jour de la vengeance (Eccles., V, 8-9). La providence de Dieu nous a fourni les moyens d'évite ces deux écueil:pour que nous n'augmentions pas la somme de nos péch6par le dkxpoir, elle nous offre le port de la pénitence et pour que nous ne les augmentions pas non plus par une espé rance mal réglé elle nous a rendu incertain le jour de notre mort. à Quest,ionIV. Comment pèchc-t-o contre le Saint-Esprit par dbsespoir? C'est en tombant dans le dbfaut oppos6 A la pr6somption dont nous venons de parler, c'est-A-dire en perdant toute espérance soit d'obtenir notre pardon de Dieu ,soit de parvenir au salut éternel C'est ainsi que Caï péch par désespoir comme le témoignen assez ces paroles que l'Ecriture lui met A la bouche ;Mon ini- quzk! est trop graude, pour qw j'en obtienne le pardon (Gen., IV, 10-14). Judas qui trahit Jisus-Christ pkha de mêm par dés espoir, lorsque, perdant toute espéranc de son salut, il mit fin& ses jours en s'btranglant avec un lacet. Or, il n'est jamais trop tard pour que nous fassions pénitence comme le prouvel'exemple du bon larron, qui déj sur la croix, et n'ayant plus qu'un souffle de vie, obtint de Jésus-Chris le pardon complet de ses crimes et l'assurance de la gloire célest (IV). 1. Genèse IV, 40-14 :à Le Seigneur dit ii Caï:Qu'as-tufait? La voix du sang de ton frèr cric de la terre jusqu'h moi. -Maintenant donc tu seras maudit sur cette terre, qui a ouvert Hoc nioJo pi:i;r) 4. Le même De utditate creciendi, c. 4 :(( Si je regardais comme une meme chose, cher Honorat, d'êtr hérétiq et d'ajouter foi aux hérétique je n'aurais qu'h laisser en repos sur tek? question et ma langue et ma plume. Mais comme ce sont IL deux clioses fort différentes puisqu'un hérétiq est ti mon sens &lui qui invente ou adopte des opinions fauises et nouvelles, en vue de quelque intérb temporel, et particulihrement en vue de 8e faire un nom ou d'acquéri de l'autorité et que celui qui ajoute simplement foi aux hérétiqu est un homme qui se laissc auire par certaines apparences de vérit ou de piété )) 5. Le mème Cità de Dieu, liv, XVIII ,c. 54 : Ceux donc qui, au sein de l'Eglise de Jésus-Christ débiten quelquc doc- trine malsaine et contagieuse, s'ils opposent à l'autorità qui vc,ut hredresser et les guéri une risistance obstiné ;si, loin de SC: rétractede leurs dogmes pernicieux et mortels, ils persistent A les dhfendre, ils deviennent hérétique et, sortis de l'Eglise, ils (1) CîChefs-dYÅ“twdes Père de l'Egtise, t. XlV,,p. 232-233. (2) Cf.La Truitéde suint Augustin sur Z'Evattgtle de suint Jean, tome lu, pag. 585-586. sont rangé par elle parmi les qui servent h ïéprouve Ils sont un mal, et ils servent néanmoin aux vrais catholiques, membres de Jésus-Cl~rist Dieu tirant le bien mêm dcs méchanis et toutes choses contribuant au bien de ceux qui l'aiment. )) 6.lbidena, Iiv. XXIy c, 25 : N (Ceux qui promettent le saiut &terne1 aux chrbtiens apostats ou séparà de l'unité ne voient-ils pas combien il est intolérabl et contraire h la saine doctrine d'assurer que ces apostats de lyEgIise catholique auteurs résie détestables devenus hérésiarque sont dans de meilleures conditions que ceux qui, n'ayant jamais ét catholiques, SC sont laissà prendre ti leurs piéges Hérésiarque ce qui leur kpargne l'éternit dé supplices, c'est le baptêm reç dans l'Eglise catholique, c'est le sacrement du corps de Jésus-Chrisi reç jadis dans le vrai corps de Jésus-Christ Eh quoi! un dé serteur de la foi, de transfuge devenu persécuteur n'est-il pas plus odieux que celui qui ne saurait trahir ce qu'il n'a jamais professÃ(l)?)) 7. S. DAMASE(2), cità par Gratien y cuusà XX V, q. 4y c. Vio- Mora :N Ceux qni violent les canons de propos délibà © sont ju&s shvbrement par les saints Pkres, et condamné par i'Esprit. Saint qui a dictà ces saintes règles Car ceux-lh blasphèmen contre i'Esprit-Saint , qui profitent de toute occasion, etc. )) Le reste comme b la fin du corps de la rbponse. En quels cas l'envie que l'on porte aux grAces que d'autre reçoiven est-elle un pécli contre l'Esprit-Saint? C'est lorsque i'on conçoi un profond sentiment de chagrin et de tristesse de voir quelqu'un de nos frère comblà des dons dc Dieu, ou faim des progrè dans la pratique (les vertus. Un péch de cette nature semble tenir moins encore de la malice de l'homme que de celle de Satan y qui ne saurait souffrir dans les hommes l'acquisition et surtout le progrks des grilces de Dieu, et qui* h cause de cela* non-seulement se fait l'accusateur de ses frèrcs mais cncore est l'implacable cnnemi de Dieu et de tous les gens de bien, cliercl~ant sans reliiclie h faire des vic- times* comme un lion rugissant qui ne se donne pas de repos. (i) Cf. La Citi de Dieu,traduct. nouvelle par L. Moreau, tom. III, pag. i7~-177et 057-458. (2) Cette dbcrétal n'est pas autiie~itique.V. LABBE,Conc., t. II, col. 862 et 863, &dit.de Paris. DES PI~IÉCOhTRE LE SAINT-ESPRIT. 177 Ausi &ait-ce de vrais fils de Satan que ces juifs, qui enviaient aux gentils la grilce de l'Evangile dont ceux-ci & leur tour com- mençaienli the favorisés comme nous le lisons dans les Actes des apdtres (VI). TI~MOIGNAGES DE L'I~RITURE. 4. Sagesse, Il, 24-95: (( La mort est entré dans le monde par l'effel de l'envie du diable; -et ceux qui se rangent de son prti deviennent ses imitateurs. )) 2. Apocalypse, XII, 40 :(( L'accusateur de nos frères qu'ilmusait jour et nuit devant notre Dieu, a ét précipitb )) 3. 1PIERRE, V, 8 : (( Soyez sobres, et veillez; car Ie .dbmon votre ennemi tourne aut.our de vous, comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer N 4. Actes, XI, 2-3:(( Lorsque Pierre fut de retour A Jérusalem les fidbles circoncis disputaient contre lui, -et lui disaient : Pourquoi &es-vous entrb chez des hommes incirconcis ? et pour- quoi avez-vous mangà avec eux? )) 5. Ibid., XIII, U-46 :(C Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour houter la parole de Dieu. -Mais les Juifs, voyant ce concours de peuple, furent remplis de coke, et ils contredisaient avec blasphèm toutes les paroles de Paul. -Alors Paul et Barnabà leur dirent hardiment, etc. 1) 6. Gmèse IV, 4-5 : it Le Seigneur regarda favorablement Abel et ses pésents -mais il ne regarda point Caïn ni ce que celui-ci avait offert. C'est pourquoi Caï entra dans une très-grand col&re, et son visage en fut tout abattu. )) TI~~O~GNAGESDE LA TRADITION, 4, S. AUGUSTIN, 6. 43 : Lib. 1 de Sertn. Domini in monte, (t C'est, h mon avis, un péch qui va jusquYA la mort, que de se faire l'ennemi de ses frère aprks avoir étt instruit de la vérit de Dieu par la grhce de Notre-Seigneur Jbsus-Christ et d'4tre jaloux de la grke qui les a réconcilià avec Dieu. Au lieu que YI. graliam in bomine tum augeri, tum con- ia f~~tcrm servari fer1impatientjssime;et idcirco non(Momo(10 i~~uide)$t gratiÅ modd fralrum accusator, verm etiam bo-peccfllum es1 in Spfrftzd?nSa?wtwn? nocum omnium impIambilis est adversa- Quando dolemus ac trislamur graviter riw, qui tanquam le0 rugiens circuit de splendore augmentove virtutum dono-quacens quem devoret. Satan8 filii ex rurnque Dei, quibus frater est conspicuus. Judzis fuere, qui nascentem Evangelii gr&- Quod crimen non tan hominis videlur tiam omnino gentibus invidebant, ut in me proprinm, quhm Satana, qui Dei .Mis .4postoiicis lf$mus. ab 1% 4 78 DES PÉCHÃcomnE LE SAIST-ESPRIT. le p6chb ne va pas ii la mort, si, sans cesser d'aimer son frh, on lui refuse par quelque faiblesse d'esprit un service qu'on devrait lui rendre. C'est pour cela que Notre-Seigneur a dit sur la croix : Mon Père par(10ntiez-leur, parce qu'ils fae savent ce qu'ils font (Luc, XXII, 54);car la grAce de l'Esprit n'avait pasét communiqué & ces misérablc pour leur faire contracter avec Notre-Seigneur les liens aune fraternità sainte; et nous voyons dans les Actes des Apôtre saint Etienne prier pour ceux qui le lapidaient, parce que ceux qui le lapidaient n'avaient jamais étjusque-1A disciples de Jésus-Christ et ne résistaien pas parconséquenA une grilce qui leur eû ét communiquée D'un autre cdté saint Paul ne prie pas pour Alexandre, sans douk parce que ce dernier étan déj du nolnbre dm fidèles avait pécli mortellement en se laissant aller à l'envie contre celui dont il étai le frère Quant & ceux qui y sans manquer n~ortelle- ment ti la charité n'avaient fait que succomber à une crainte pusillanime, il prie pour qu'ils en obtiennent Ie pardon. Car voici ses paroles : Alexu~tdre l'ouorier en c~ivrem'(t fait essuyw bie~a des maux :le Seigwur hi rendra se1o)g ses cctivres :gadez- *eus de lui, parce qu'il a fortement combatlu 1~ docl~itte que mus enseignons. L'Ap6tre dit ensuite quels sont ceux pour qui il prie : La premièr fois, ajoutc-&il,que j'ai défeudma cause, personne ne m'a assis~d, et tow m'ont ahndonnà :je prie Dieu de ne PM le leur imputer (II l'itta., IV, 44-46).N 2. Ibidem, c. 44 :(( Péchecontrelesaint-Esprit, c'est peut-4trese rendre par malice et par envie l'ennemi dc la cllarilà frater- nelle aprè qu'on a reç la grilce de l'Esprit-Saint, pic116 queNotre-Seigneur déclar n'hc pardonnà ni dans ce monde ni dans l'autre. On demandera peut-etre à cette occasion si les Juifs ont péch contre le Saint-Esprit, quand ils ont dit queNotre-Seigneur clwssait lm dhmons au nom de Bbelzébut prince des démons ou si ces paroles n'ont pas plutbt oiknsà Notre- Seigneur lui-rnGrnc, puisque Jésus-Chris dit ailleurs à leur sujet et en voulant parler de lui-meme : S'ils ont appcld le pèr de famille Béelzébut combien plutdt traiteront-ils de vnênz ses donus- tiques (MATTH., X, 25)? Ou bien dira-t-on que, comme ils ne pouvaient parler de cettc manièr que par le principe d'une envie des plus violentes, cn n~brne temps qu'ils comneltaient une énorm ingratitude pour les hienfaits qui leur étaien accordé dans ce moment-lti milme, cette envie seule dont ils Wllaient suffisait y quoiqu'ils n'eussent jamais étdisciples de DES PÉCHÃCONTRE LE! SAINT-ESPRIT, 479 Jésus-Chrispour les rendre coupables du ptkhà contre l'Esprit- y Saint? Les proles de Notre-Seigneur, en effet, ne déciden pas celte question. Car quoiqu'il ait dit dans ce mêm endroit : Quimque aura parlà contre le fils de l'ho~n~ne en obt$endra le pardon, mais si quelqu'un vient Ãparler contre le Saint-Esprit, ce #hà tic lui sera pardom6 ni dm ce monde ni dans I'athtre (MATTH., XIIy 32)' on peut croire qu'il a voulu inviter par-lh ceux qui l'écoutaienh recevoir la grhce ,et quand ils i'auraient reçueii ne plus péche de la mêm manièr qu'ils l'avaient fait jusque-lh. Car tant qu'ils ne l'avaient pas reçue s'ils parlaient mal du Fils de l'hommey ce pécl~ pouvait leur htre pardonn6, pourvu qu'ils se convertissent, qu'ils embrassassent 1a foiy et qu8iIs reçussenle Saint-Esprit ;mais siy aprè avoir reç cette grgce, ils portaient envie quelqu'un de leurs frèreet résistaien& la ghe rnènlqu'ils avaient reçue ce péch ne pouvait plus leur tire pardonnà ni dans ce monde ni dans l'autre. Car, s'il les avait regardé comme condamné sans espoir de pardon, il n'aurait pas pris la peine de les avertir' comme il le fit en aiouîan: Ou dites que l'orbre es8 bon, et que le fruit est bon awsi;,o~dites qtle, l'arbre étati mawais, le fruit aussi en est trîauvai(ibidem, 35). Ces paroles donc ,Aimez vos ennemis, faites du bien*d ceux qui vous huissent, priez pour ceux qth m8 pdcutent, doivent s'entendre de manihre qu'on admette néan moins qu'il y a certains péchà de nos frhres pour lesquels l'obligation de prier n'existe plus, si nous ne voulons pas, par un effet de notre ignorance et contre la nature de la chose, mettre les divines Ecritures en contradiction avec elles-memes. n 3. Le même Lib. 1Retractationu~n,c. 49 :(( Ailleurs (savoir Lib. 1de serm. Dornini in monte, c. 43)yj 'ai défin de la manikre suivante le péch h la mort, dont saint Jean a dit que ce n'&ait pi~spour ce péché-l qu'il engagerait h prier : N C'est' A mon n avis, un pécl~qui va jusqu'h la mort, que de se faire n l'ennemi de ses &&es apr& avoir ét instruit de la vérit de Q Dieu par la grilce de Jésus-Christ et d'êtr jaloux de la @&ce b qui les a rèconcilià avec Dieu. u En disant qne c'étai lh mon avisy j'ai marquà suffisamment que je ne I'assurais pas; mais l'aurais dà ajouter que cela ne peut êtr vrai que pour le MS ou l'on mourrait dans cette perverse disposition d'esprit, puisqu'il ne faut désespér d'aucun pécheutant qu'il est en cette vie, et que, du moment oà il n'y a pas 2t désespbrede quelqu'u~~,i\y a de la pswhce A prier pilr lui. )) Quelle est l'esp&ce d'obslinat ion qui constitue un péch contre i'Esprit-Saint ? C'est celle qui oppose une résistanc inflexible aux sages avertissements qu'on lui adresse, sans qu'aucune raison puisse l'amener à modifier en rien ses dispositions criminelles. Ce fut hien 1A le péchdu roi PInraon, qui, tant de fois averti par Moïse et successivem~nt atteint de si terribles fléau ot~ se montrait visiblement le doigt de Oieu, n'en persista JIB moins dans ses desseins tyranniques, et mourut victime de son obstination. L'obstination des Juifs n'est .pas moins connue, et saint Etienne l'a dépeint sous ses vraies coulcurs dans ce re- proclie qb'il leur en a fait : Tête duresJ honmes incirconcis de ueur et d'oreilles vous résiste toujours au Saint-Esprit. Ceux-lh leur ressemblent aujourd'hui, qui, s'attaclmt à des sectes nouvelles, ne veulent ni entendre ni consentir à lire les enseignements catholiques, comme ces aspics dont l'oreille SC ferme à une douce miilodie, et semblent dire ii quiconque leur propose la saine doctrine de YEglise : Retirez-uous de no~bs, nous ne vodo~ pas conttaîlrvos voies. Ce qui n'est autre cliosc , que de s'amaser, comme dit saint Paul, ut&tréso de colèr pour le jour de la colire et de la manifeslatiot8 du juste jugewent de Dieu. Car, comme Salomon l'enseigne aussi, i'lto~ntne qui ~dprise avec tute tite endurcie celui qui le reprend, sera tout-&coup atteint d'tu8 dont persontte ne pourra le guéri (VII). VlI. cordibzis et awths, vos se~nper Spirifui Sancto resistitis. Nec sunt dissimilw Qua obsti'natio facit peccattitn in hodie, qui novis addicti scctis, ne a~~dire Spirtlum Sanctm ? quidem aut lcgere sustinenl catholicb (10. centem, quasi aspidum instar occlusis ilil Ea nimirnm, qua? oblîrmatu planb contra dulcem melodian~, id est, sanam animnm adfcrt adversus bene monentem , Ecclesicc doclrinam auribus, dicrre vi- ut nullis quidcm rationibus ab institut0 deantur :Recede b nobis, scientiflm uifl- damnabili se dcflecti qnis pntiatur. rwn tuaruin ~ioltiimis. Qnod nihil aliud Fuit hoc pcccato i~isigniter obslriclus est, qubm , nt 1)aulus Ioquitur, secundù rex Pharao, qui ctsi toties monerct~wi (lnritiam ct i1111mxitc1is cor tl~csaurisare BJoyse, et suhindc flageliis Dci gravissimis sibi ira111 in die ira, ct rcvclatiouis jwli alïiigcrclur tmC11 in proposito tyran-judicii Dpi. Fatn, ut Salo11101t quoqtlt nico pcrstitit, et pcriit obslinatus. Nota docct, Firo qui corripientein dura cer- est ct Judccorun~ invicta prtinacia, quos vice contem~zif,repentinus ejus superoe- snis~cluti c010ril111s depingens Stephanus : de2 interitus, et eum sanitas noit seqtie- Dura ceivice. inquit, et ittcircumcfsis m.. 4. J~RÉMIEV, 2-5 : (1 S'il en est qui jurent par moi, en disant :Vive le Seigneury ils me prennent faussement à témoin -Seigneur, vos yeux regardent la vérità vous les avez frappés el ils n'ont point gém: vous les avez brisé de coups, et ils n'ont point voulu se soumettre au clxltiment; ils ont rendu leur front plus dur que la pierre, et ils n'ont pas voulu revenir àrow -Et moi, je disais : Il n'y a peut-6tre que les pauvres qui sont sans sagesse, qui ignorent Ia voie du Seigneur et les ordonnances dc leur Dieu. -J'irai donc trouver les princes du peuple, et je leur parlerai; car ceux-ld sans doute connaissent la voie du Seigneur et les ordonnances de leur Dieu. Et voila qu'eux aussi ont brisà tous ensemble Ie joug du Seigneur et ont rompu ses liens. 11 2. Id.> VIIIJ 4-6 : Tb leur diras : Voici ce que dit le Scjg~~eur: Est-ce que celui qui tombe, ne se relevera pas, et que celui qui s'est détourn du droit chemin, n'y rentrera jmais? -Pourquoi donc ce peuple de Jérusde s'est-il détourn dc moi avec une aversion si opinilitre? Ils se sont attaché au mensonge, et n'ont pas voulu rcvenir. -Je les ai considérà et je les ai observésil n'y en a pas un qui parle selon la justice, qui fasse pénitenc de son pécl~ en disant : Qu'ai-je fait? Tous s'enfoncent dans leurs voies, commc un c11evd in~pétue~i court au combat. 3) 3, ISAIE XLVIII y 4 : u Je sais que vous &es intraitable, que y votre cÅ“u est comme une barre de fer, et que vous avez un front d'airain. ) ) 4,ZACHARIE, Voici ce que dit le Seigneur des VII, 9-42 : u armée:Jugez selon la vérità et que chacun exerce la mis& corde et la clmit6 envers son frère-N'opprimez ni la veuve, ni l'orphelin, ni l'élranger ni le pauvre, et que nul ne forme dans son cÅ“u de mauvais desseins contre son frère Mais ils n'on! pas voulu se rendre attentifs b ma voix; ils m'ont tournà le dos, et ils ont endurci leurs oreilles pour ne pas m'entendre. -Ils ont rendu leur cÅ“u dur comme le diamanty pour ne pint écoute la loi, ni les paroles que le Seigneur dcs armees leur avait adressée par son Esprit et par la voix des prophète (les premiers temps. C'est pourquoi une grande colèr y allumé ilu souffle du Seigneur Dieu dcs arméesa 6cMà contre eux. \l DES PÉCHÃCOSTRE LE SAINT-ESPRIT. 3. Gm>e,XLZX, 5-7 : (t Simon et Lévitous les deux fr&es; la fraude les a faits des instruments de violence. - Mon &me n'est point entrie dans leurs conseils, mon cÅ“u nc s'est point uni h leur troupe, quand dans leur fureur ils ont tuà des hommes, quand clans leur vengeance ils ont renversà unc ville. Maudite soit leur colère parce qu'elle a étpers& vérante maudite soit leur colère parce qu'elle a ét cruelle; je les diviserai dans Jacob, et je les disperserai au milieu d'Israël)) 6. Ac& VII, $1 :(( T&es dures, etc. (commc dans le corp de la réponse) )) 7. Psaume LVIZ, 6-7 :(c Leur fureur est semblable A celle #un serpent irrité h celle de l'aspic qui ferme l'oreille, -et qui n'@outc plus la voix de celui qui veut lc clmrmer, ni 11% accents de l'enclnntcur le plus habile. -Dieu brisera dans leurs bouches lcurs dents meurtrihres ;il briscra les rnficl~oires de ces lions féroccs J) 8. JOB, XXI, 7, 42-45 : (t Pourquoi donc les impies vivent- ils? Pourquoi sont-ils élevà et affermis dans l'abondance?. .,- 11s ont la harpe et les timbales à la main, et ils dansent au son des instruments. -Ils passent leurs jours dans les plaisirs; et en un moment ils descendent dans les enfers. -Ils ont dit !i Dieu :Retirez-vous de nous, nous ne voulons point connaîtr vos voies. -Qu'est-ce que le Tout-puissant, pour nous obliger it le servir? Et que nous reviencira-t-il de le prier? )) 9. Romains, II, 4-6 :(( Est-ceque vous méprisc les richesses de sa bonté dc sa patience, et de sa Ionguc tolirance? Ignorez- VOUS que la bontà de Dicu vous invitc la pénitence -Et cependant, par votre durci6 et par l'impénitenc de votre cÅ“ur VOUS vous amassez un tréso de colèr pour le jour de la col~rc et de la manifestation du juste jugement de Oieu, -qui rendra A chacun selon ses Å“uvres w 40. Provcrbcs, XXIX, 4 :u L'homme qui mépris avec une têt dure, etc. (co~nme dans lc corps dc la r6.ponsc). )B TÉMOIGNAGI~DE LA TRADITION. 4. S. AUGUSTIN, (( Quant A EwcluhY. ad Laurcnlium, c. 83 : ceux qui, ne croyant pas que 1'Eglise ait le pouvoir de remettro les péchà © méprisenune si grande faveur de la hont6 de Dieu, et terminent leur vie dans le refw opinihtre de faire pénitence ils se wudent coupables du pkh6 que J~SUS-Cllristdéclarhé --. DES phi% CONTRE LE SAINT-ESPRIT. 483 misible, et qui outrage î'Esprit-Saint par la vertu duquel Jésus Cbrist remet les p6ché (4). )) 2. Le mêmeitz Ps.LVIII, Conc. 4 :(( N'ayezpoittj de compassiot~ de cem qui comettm! l'iniquitéCeci peut s'entendre de deux ma- nières ou en ce sens que Dieu ne hisse aucun péclv in~puni, ou en cet autre qu'il y a une sorte de péclv pour lesquels les cou- pables ne trouvent en Dieu aucune miséricorde Disons un mot de clmune de ces deux ~nanièrc d'expliquer le Psal~niste, )) 11 faut nécessairemenque tout pèch6 petit ou grand, soit puni, ou par Dieu qui s'en venge, ou par l'homme qui s'en repent : car on peut dire d'un homme qui se repent, qu'il se punit hi-mên~eSi nous voulons trouver grfice auprè de Dieu, punissons nous-mcmes nos p6chés 11est impossible que Dieu ait compassion de ceux qui commettent l'iniquità en flattant leurs vices, ou en ne faisant rien pour les détruire Il faut de deux choscs rune : ou qu'il vous en punisse, ou que vous vous en punissiez vous-même Voulez-vous que Dieu ne vous punisse pas? Punissez-vous vous-mêm n Ce qui est constant, c'est que vous avez fait une chose qui ne peut demeurer impunie. Punissez-vous donc plutdt vous- nième$ afin de faire ainsi ce qui cst marquà dans le psaume (XCIV, 2) : Prdvenons pur twe hzmble co)~fessiot~ de ms fautes le wyard de notre juge. Qur veulent dire ces paroles ; Précetto $0)~regard? Cela veut dirc : Avant qu'il s'arrêt lui-mhe A considérevos p4clGs pour les pu~~ir, prhvencz-le en les con- fesant$ et en vous en punissant vous-n14mes. Qu'il ne trouve ricn en vous qu'il soit obligà de punir; car en vous punissant ~ous-rn6n1esd'un acte d'injustice, vous faites un acte de jus- tice. Et Dieu aura pitià de vous, parce qu'il VOUS trouvera occupéb faire ce qui est juste' c'est-&direy qu'il verra que vous 11aissez en vous ce qu'il peut y 11aï lui-&me :et ainsi vous commencerez tl plaire h Dieu, en punissant en vous ce qui lui dCplaîtCar cnfin lc p6cIià ne saurait demeurer impuni, et cette parole aura toujours son acconqiissemnt :N'ayez poiut de cwa- passiou de ceux qui co~~meltcitt l'inirpité N Passons maintenont h l'autre sens que i'on peut donner à ce langage du Prophète il est une sorte d9iniquitès pour laquelle on ne saurait trouver misiricorde auprè dc Dieu. Vous delnail- 4 84 DES PÉc& CONTRE LE S.4lNT-ESPRIT. derez quelle est cette iniquitb? C'est la prétentio qu'on aurait de prendre la défens de ses propres péché Quand quelqu'un soutient ses péchà il commet une iniquità énorme puisqu'il soutient alors et défen ce que Dieu déteste Et voyez combien cela est déraisonnable combien cela cst insiuste. Si i'homme fait quelque chose de bon, il veut qu'on le lui attribue; s'il filit quelque chose de mauvais y il le rejette sur Dieu. Car cc qu'il y a de pire, c'est que les l~ommes, pour se justifier de leurs excbs, osent en accuser Dieu meme. 3) Que voulons-nous dire par-là C'est qu'il n'y a personne assez hardi pour oser dire que l'adultèr y par exemple, soit une bonnc chose, que l'llomicide soit une bonne chose, que le mensongey que le parjure soient des choses louables; non, il n'y a personne qui ose dire cela. Car ceux-n~hes qui com- mettent ces crimes sont les premiers b les détester quand les autres s'en rendent coupables ti leur égard Ainsi vous ne trouverez point d'&me si corrompue ,si étrangè h l'humanità ou aux sentiments gravé dans le cÅ“u de tous les enfants d'Adam, qui puissc, comme jc l'ai dit, approuver l'adultkre, la tromperie y les rapines ct le parjure. 3) Quc font donc ces personnes pour se défendr de ces crimes? Elles disent :Si Dicu l'avait voulu, je n'aurais pas commis ce péchà Comment voulez-vous que je m'oppose à ma destiné (4)?tt 3. S. GRÉGOIRE-LE-GRAND HO?IJ.XI super Ezccliielen~:(( LCS jugements du Tout-Puissant sont sévère Aprh avoir longtemps attendu lc pécheu & revenir h lui, il le punit de ses délai et de ses refus en lui donnant lieu de faire de nouvelles cl~utes encore plus funestes que les premières Car tout péch qui n'est paspromptement effacà par la pénitenc esty ou péch simplement dit, ou cause de péch ou peine du pkcl16. En efïe ,le péch le y premier commis est ce que j'appelle le péch simplement dit. S'il n'est pas promptement répar par le repentir, Dieu par un juste jugement permet que l'&me pkcheresse tombe encore dans quelque péch nouveau, et qu'ainsi, pour ne s'êtr pas purifié par les larmes de la pénitence elle entasse malheureusement faute sur faute. Le péch donc qui n'est pas efiacà par la péni tence est tout ii la fois péch et cause de péchà puisqu'il en ré sulte que le pécheu s'engage de plus en plus profondémen dans l'abîm du vice. Mais ce nouveau péchà qui est la suite d'un DES P~É 4 85 CONTRE LE SAINT-ESP~IT. fremier non réparÃest donc tout tt la fois péch et peine du pé &,puisqu'il est l'effetd'un aveuglement de plus en plus grand, m punition d'une faute précédent de sorte que le seul progrè dans le mal est déj un supplice pour le pécheur Or, il arrive quelquefois qu'un seul et m&me péch soit en mêm temps $ch& cause de p6chà et peine du péché . D Considéronavec crainte la manièr dont un Dieu tout-puis- sant et souverainement juste, lorsqu'on a provoquà sa colèr pari de premiers crimes, permet qu'on s'aveugle jusqu'A en com- mettre de nouveaux. C'est en ce sens que Moïs a dit :La mtsure des iniquité des Amorrhéen n'est pas encore remplie (Cm., XV, 16). David a dit de mkme :Laissez-les amasser ini- piti sur iniquité et qu'ils n'entrent point dans votre justice (ft. LXV1II, 28). Un autre prophèt a dit encore : Les mlrajes, le mensonge, l'homicide, le larcin et l'adtdtèr se sont @t~dt(s comme un déhgeet on a commis meurtre sur meurtre (Os,,IV, 2), mot ii mot, le sang a touch6 le sang. Car le sang louche le sang, quand un péchvient s'ajouter h un autre péchà de telle, manièr qu'aux yeux de Dieu l'Amc est comme en- anglanlépar cet amas d'iniquité dont elle se couvre. L'apdtre aint Paul a dit de mêm :Qu'ils comblent la mesure de leurs pd- d&(1Thess., II, 46).Dieu dit h saint Jean par le ministhre de Shge : Que celui qui fait •'injustila fasse encore, que celui qui ittso~dlÃse souille encore (&oc., XXII, 11). C'est encore pour cela que le Seigneur dit dans le passage mêm que nous cspli- qaons :Si le juste aba~x!o~11te sa justice et qu'il commette l'iniquiti, jt mettrai devant lui une pierre S'achoppement (EZECH.,III, 20). C'est comme s'il disait en tcrmes plus explicites :Parce qu'il n'a pas voulu voir, en se laissant toucher par le repentir, l'abîm oil il est tombéje lui donnerai lieu, en l'abandonnant par un juste jugement, de tomber encore dans un autre abîmeQuand Dieu dit qu'il mettra une pierre d'aclioppcment devant celui qui ibandonne sa justice, cela ne veut pas dire qu'il le pousse au fihémais seulement qu'il n'a pas la volontà de l'en dd' ' ivrer, de meme qu'il avait dit de Pharaon :J'endurcirui son cÕu (faod., IV, 24,et VII, 5).Car Dieu n'endurcit pas A propre- Nent parier le cÅ“u de celui qui pèche mais c'est pour dire qu'il ne le délivr pas de son endurcissement. Dieu, en effet, dans sa miséricordnous laisse le temps de faire pénitence mais lorsque nous abusons de cette patience qu'il nous montre pour ajouter it DOS fautvs anciennes des fautes nouvelles, lui à son tour emploie 4 86 DES PÉCH~ LE SAINT-ESPRIT. CONTRE à nous frapper le temps qu'il avait ménag paternellcment pour nous pardonner, afin que, pour n'avoir pas voulu se convertir en temps favorable, le pécheu aggrave ses maux avec ses crimes l'occasion mhme de ce qui lui en aurait procurà la délivrance s'il avait voulu se convertir. De lti vient qu'il est écri :Igtioni- vous que la bo~Ãde Dieu vous invite 6 la pé~iitenceEt cepeta par votre duretà et par Z'itnpénitenc de votre cmr, vow ww amassez wi trésode coldre pour le jour de la colèr et de la nui- festathi du juste jugement de Dieu (Rom., II, 4-5).C'est donc en abusant de la bontà de Dieu que le réprouv s'amassc un trh de colèr pour le jour de la colère parce qu'en employant à pi- cher le temps qui lui est donnà pour faire pénitence il faitdu remèd qui lui est offert un moyen d'augmenter son mal. Dieu voyant ainsi la chose m6me destiné Ãla guériso du @heur ne servir qu'k accroîlrsa maladie, change ii son tour sa bontà en sévérit et frappe d'autant plus fort, que sa patience a attendu plus longtemps. Et puisque l'homme refuse de s'éloigne du mal pour vivre de la vdritablc vie, il croîtr dans le mal, mais cesera pour y trouver la mort. à &. S. BERNARD,Lib. 1de Consideratione ad Euyenim Pont# cem maximum :à Ne cherchez pas A savoir cc que c'est qu'un cmur endurci ;car si vous~n'cn ête pas effrayé je vous dirai que c'est le v6tre. Il est tel, celui qui n'a pas horreur de lui-même parcequ'il est insensible. Nc vous arretez pas ti mes paroles ;inter- rogez Pharaon :il vous apprendra qu'un homme au cmur endurci n'a jamais fait son salut, ii moins que Dieu, dans sa miséricorde (t ne lui ait, suivant les paroles du Prophèt (EZECH. XXXVI, 26), arrachà son cccur de pierre pour lui en donner un de chair. à -Qu'est-ce donc qu'un catir endurci? C'est celui qui n'est point brisà par la componction, touchà par la piti6, ém par la prihre; qui ne cbdc point aux menaces ct rksiste aux chAtiments; celui qui est ingrat envers ses bienfaiteurs, perfide dans ses conseils, cruel dans ses jugemcnts, effrontà dans le péchà témkrairdans le danger, inhumain pour ses frkres, audacieux & l'égardes choses divines, oubliant le passé négligean le présen et sans prévoyanc pour l'avenir; c'est celui qui ne conserve du pdque le souvenir de ses injures; qui ne profite point du présent el ne s'occupe de l'avcnir que pour prépare sa vengeance; et pourcomprendre en peu de mots toutes les mauvaises qualité de cet horrible monstre, c'est celui qui n'a ni crainte de Dieu ni consi- ilhlioii pour \cri hommes. à 8. Le mhme, in Serm. de conversione ad Cleriws, c. 4 : quelqu'un s'étonner peut-êtr de ces paroles du Psalmiste : Cdui qui aime l'iniqt~itÃhait son $me (Ps. X, 6). Et moi, je dis qu'il hait de plus son propre corps. Car n'est-ce pas le haïr que de travailler d'un jour ti l'autre à le précipite dans l'enfer, et de lui amasser un tréso de colèr dans la duretà et l'impéni tence de son cceur pour le jour de la colère Au surplus, cette 1 haine du pécheupour son corps et son Arne est plutdt dans les i effets que dans le sentiment. C'est dans le mêm sens qu'un fré nitique hait son propre corps, lorsque, tout hors de lui-même il cherche ti s'bter la vie. Or, y a-t-il frknisie plus forcené que l'impinitence du cÅ“u et que la volontà obstiné de pécher C'est bien li s'arracher la vie de ses propres mains, et se ronger la chair de ses proprcs dents, au moins dans le sens spirituel. à 6. S. AUCI-STIN, Qii~st.XVIII super Exodum :ci Pharaon ne pouvait imputer qu'A lui-mêm cette disposition de son cÅ“ur qui le portait & abuser de la patience de Dieu pour se montrer de plus en plus impie envers lui, au lieu de s'en servir pour se corriger. Quant aux événemen et qui ont qui se sont succédà mis en ëvidenc l'opposition de son cÅ“u pervers & tous les ordres de Dieu ;qui ont donnà à l'écrivai sacrà l'occasion de dire que son cÅ“u s'étai endurci, c'est-&-dire, qu'au lieu de céde docilement, il résistai à outrance; on doit les attribuer A la Pro- idence divine, qui disposait les choses de manièr à faire subir a ce cÕu endurci son juste chatiment ,et 5 en faire pour les mires une leço salutaire. Si l'acquisition de quelques richesses (st offerte en perspective comme le fruit d'un meurtre, n'est-il pas vrai qu'une considératio semblable affectera un avare autre- ment qu'un autre pour qui l'argent aurait peu d'attrait; que le premier sera engagà par-lit h commettre le crime, et le second h l'Mer? Cependant, l'un pas plus que l'autre n'aura ét le maîtrd'avoir ou tic n'avoir pas cette perspective. C'est ainsi que les occasions se présentenaux hommes méchant indépen damment de leur volonté et n'en sont pas moins exploitée par eux au profit d'une perversità qui est l'effet de leur d6réglerncn volontaire. Il est bon d'examiner si ce mot, J'e&rcirai, ne pourrait pas aussi s'expliquer de cette manièr : Je montrerai mbieiiil est endurci. à 7. Ibidem, Qu~st.XXIV :à Et Pharaon vit que le fléas'étai rafmti, et son cÅ“u s'appesantit, et il ne les exauçpoint, aimi que fe Seigneur l'ami( ordonnéNous voyons ici que ce qui endurcit le cÅ“u de Pharaon, ce ne fut pas seulement que ses magiciens faisaient des prodiges semblables A ceux de Moïsemais aussi qu'il &ait épargn par la patience de Dieu. Car, selon que les cÅ“ur des hommes sont bien ou mal disposés la patience de Dieu présent aux uns la facilit6 de faire pénitence et aux autres celle de rhsister à Dieu et de persévbre daus le mal : tou- tefois ce n'est pas par elle-mhe qu'elle n'a pas de bon risultat dans ce dernier cas, mais, comme nous l'avons dé dit, par l'effet de la perversitb du cmur humain. C'est ce que l'Apbtre nous fait entendre par ces paroles : Ignorez-vous que la patience de Dieu vous invite & la pénitenc ? Et cependant, par votre endurcissement et par l'impénitenc de votre cmur, vous vom amassez un tréso & cqldre pour le jour de la colèr et de la wanifesiation dujuste Jiqe ment de Dieu,quirendra à chacun selon ses awres (Roin., Il, 4-3). Ailleurs encore, aprè avoir dit : Nous sommes en tou6 lieu la bonne odeur de Jésus-Chris (II Cor., II, 15), il ajoute : Soit à l'&ad de ceux qui se sauvent, soit 4 l'égarde ceux quise perdent. Il ne dit pas qu'il soit la bonne odeur de Jksus-Christ pour ceux qui se sauvent, et une mauvaise odeur pour ceux qui se perdent, mais seulement qu'il est la bonne odeur de Esus-Christ. Ceux qui SC perdent, se perdent donc en respirant cette bonne odeur même h cause, comme nous l'avons dit, de la disposition parti- culihre de leur cÅ“ur qui a besoin de la grhe pour 6tre purifi6par le changement de la volontà en bien, et ce ne sera qu'alors que les jugements de Dieu leur seront aussi désirables qu'ils leur sont maintenant 4 craindre. 1) 8. Le mbmc, Serm. LXXXVIII (1)de tempore :(t Avant tout, croyez fermement que Dieu n'abandonne jamais personne, que celui-ci ne l'abandonne le premier. Car, que quelqu'un ait péch grièvemen une fois, deux fois, trois fois, Dieu l'attendra encore, comme il le dit lui-mêm par le Prophète que sa volonth est qw le pécheuse convertisse et revienne 6lu vie (EZECII.,XXXIII, 11). Mais si l'liominc persiste dans ses péchhs alors de la multitude de ses pCch6s naî le désespoir et du désespoi l'endurcissement. On commence par se mettre peu en peine des péchà qu'on a (1) Ce sermon ne paraî pas ii NoCl-Alexandre &se digne de saint Augustin, ni s'accorder pour la doct,rine avec la rnanicrc dont nous am+ , vu plus liaut, thmoignage 6, que cet habile docteur a cherch6 h expliquerl'endurcissement de Pharaon. Mais il faut se rappeler ici que No'l- Alexandre étaithomiste outre, et opposant il la bulle Unige111fw. Cf. iZist. ccclcs. SEC.V,p. 106, éditde Venise. DES PIICHÉCONTRE LE SAINT-ESPRIT. 180 commis d'abord, parce'qu'ils sont légers mais, h mesure qu'on en augmente le nombre, on s'habitue en commettre de plus grands, et ceux-ci, h force de s'accumuler, vous entraînen au on de l'ahîme Alors s'accomplit cette parole de l'Ecriture : bçi le mdcha11t est parvenu au plus profond ab"me du péchà il m@se tout (Prov., XVIII, 3). C'est cette sorte de personnes que I'Apdtre adresse ce reproche : Ignorez-vous que la bontd de Dieu vous invite à la pénitence Et cependant, par votre endurcisse- mf et par l'impénitenc de cotre c~ur,vous vous amassez des trésor de colire pour le jour de la colèr (Rom., JI, 4-5). C'est au sujet d'un endurcissement de cette esphce que nous lisons dans un autre en- droit :Un cheval indomptà devient intraitable, et l'enfant abandonnd iM volontd devient insolent (Eccli., XXX, 8). L'Ecriture , pariant du soin que les parents doivent prendre de corriger leurs enfants, dit encore : ChÛtie votre fils avec la verge pendant qu'd est enfant, itpcur qu'il ne s'endurcisse, qu'il ne veuille plus vous obdir, et que mtre hie ne soit percé de douleur (Eccli., XXX, 12). Je vous ai rapportà ces témoignage des Ecritures, afin de vous faire com- ndre que l'endurcissement n'est pas l'effet de la puissance de Dieu qui.y pousserait le pécheur mais plutô un abus de son in- dulgence :et ainsi Pharaon s'est endurci, non par quelque effet de la puissance de Dieu, mais par une suite de sa patience. Enfin, n'est-il pas vrai qu'à chaque fois que Dieu le frappa de quelque nouvelle plaie, il témoign du regret et du repentir? Chaque fois au contraire que Dieu suspendit ses coups it son égar et lui par- donna, il se laissa de nouveau emporter par l'orgueil. Croyez donc fermement, et gravez bien cette vérit dans vos cÅ“urs que toutes fois que Dieu disait :J'endurcirai le cÅ“u de Pharaon, il ne vou- hi! faire entendre autre chose, sinon qu'il suspendait par rapport ilui ses plaies et ses fléaux et qu'il lui donnait lieu de s'endurcir par l'indulgence dont il usait à son égard Mais quelqu'un dira peut-&Ire:Pourquoi Dieu l'a-t-il endurci en l'épargnan comme il fa fait? Pourquoi écartait-i ses fléau de lui? A cette question, voici ce que je &pondrai avec confiance :Dieu a fait cesser tant de fois les fléau qu'il envoyait h Pharaon, parce que ce roi, & cause du nombre et de l'énormit de ses péché ne méritai pas d'the corrigà comme un enfant l'est par son père mais plutdt d'k.endurci comme un étrange ou un ennemi. Car tels étaien tes crimes commis jusque-lh , tel avait ét son mépri sacrilég Pur le vrai Dieu, qu'on voyait en lui l'accomplissement de ce que dit l'Esprit-Saint de tous les gens de ce caractkre :Ils sont 490 DES P~CHESCONTRE LE SAINT-ESPRIT. exempts des peines des humains, et 6 Z'a.bri des coups qui fvappstt les autres hommes. Aussi, ils se parent de leur orgueil comme d'un collier; t'iniquità les enveloppe comme un vêtemen;leur criminelk arrogance nuit de Vexcè de leur embonpoint (Ps. LXXII, 8-7). Voilb comme s'endurcissent ceux qui ne mériten pas que Dieu les chtîti pour leur amendement. L'Ecriture dit au contraire de ceux dont la miséricord divine prkvient l'endurcissement :Dkv frappe de verges tous ceux qu'il recoit au nombre de ses enfanli (Hdbr., XII, 6). Et de mêm : Je reprends et chdtie ceux que {ainu (Apoc., III, 49). Et encore : Le Seigneur ch& celui qu'il aim Prov., III, 42). C'est aussi de cet endurcissement que parle le{> rophète lorsqu'il dit à Dieu, en représentan dans sa pet- sonne le peuple entier : Pourquoi avez-vous endurci iaoire caw au point que nous avons perdu votre crainte (Is., LXIII, 17)?Ce qui veut dire sans doute que Dieu les avait abandonnés en sorte qu'ils ne songeaient plus à se convertir & lui. Prophktie dont nous voyons l'accomplisse~ncnt dans le peuple juif, en punition de tant de sacrilége dont ce peuple s'est rendu coupable. Que per- sonne donc ne soit assez témérai pour blâme ou inculper la justice divine à l'exemple des païen ou des manichéens mais que chacun croie sans hésite que, si Pharaon s'est endurci, ce n'est pas que Dieu ait forcà en cela sa volonté mais que ç'6th l'effet de sa propre perversité et de cet orgueil indomptable qui lui a fait méprise à tant de reprises différente les précepte divins. Que signifient ces paroles, i'endurcirai son cÅ“ur sinon : Ma grtîc s'6loignera de lui, et dès-lor sa propre méchancet l'endurcira? Et pour rendre la chose plus évidente empruntons une similitude aux choses matérielles De mêm que dans les jours d'hiver la glace se fond A la chaleur du soleil, et se reforme aussitht que le soleil s'est retiré ainsi la charità de plusieurs se refroidit par I'efTet du péchà et se ranime it la chaleur de la miséricord divine, à cette chaleur dont il est écri :II n'y vero sonne qzii puisse se soustraire à sa chaleur (Ps. XVIII, 7).Ce quenous voyons s'êtr encore accompli dans la personne de Ph- raon, qui s'endurcissait et se révoltai contre Dieu toutes les fois que les flbaux cessaient de le frapper, et qui recourait aux supplications et aux prihres, toutes les fois que la main de Dieu s'appesantissait sur lui de nouveau. à 9. S. GRÉGOIRE-LE-GRAN, Moralim hb. XXXI, C. 4 4 (al. 7) : à Il est dit dans lYEcriture que Dieu avait endurci le cÅ“u de Pharaon ; non qu'il eû lui-m4me produit cet endurcissement DES P~CH~S LE 4 91 CONTRE SAINT-ESPRIT. ble mur de ce roi impie; mais parce qu'en punition de çcrimes, il n'avait pas jugà h propos d'amollir sa duret6 en loi inspirant le sentiment de sa crainte (1).à 40. Ibidem, Lib. XI, c. 5 (al. 4) :à Dieu dit & Moïse en par- lant de Pharaon :J'endurcirai son cÕu (Exod., VI etXIë)11est &de Dieu, qu'il endurcit par sa justice les c,Å“ur des réprouvé !wsqu'il ne les amollit pas par sa grilce ;et il enferme un homme tomme dans une étroit prison, lorsqu'il le laisse dans les th&- tes deses péchb (2). à H. S. BERNARD,Serm. XLII super Cmtica :à Si j'use de meclion et que je fasse pour cela ce qui est en moi, mais que fa correction elle-même frustré de son effet, ne fasse pas ce pi est en elle ou ce que je me suis propos6 en la faisant, et qu'au lieu de toucher ceux & qui elle s'adresse, elle revienne TETS moi comme une flèch qui retourne & celui qui l'a jette, quels pensez-vous que doivent êtr alors les sentiments de mon am?Ne dois-je pas btre alors chagrin, attristé Et pour em- ployer ici les expressions du Maître qui suppléeron ii la stérilit de mon propre langage, je me trouve alors pressà des deus côtis auavoir,que choisir (Philip., 1, 22-23), ou de me complaire (n ce que j'aurai dit, puisqu'aprè tout je n'aurai fait que mon fcroir, ou de me repentir de l'avoir dit, puisque je n'aurai pas (blenu Veffet que j'aurais voulu. Car j'aurais voulu abattre i'enncmi de mon frère arracher celui-ci & son esclavage, et feu loin d'obtenir ce succ&s, je lui aurai occasionn6 tout te con- hire. l'aurai bless6 son &me, je l'aurai rendu plus coupable, pique & ses pbché anthrieurs il aura ajoutà le mépri de la correction. Ils ne veulent pas t'écouter me dit Dieu par son pro- Pte(E~EcH.,III, 7), parte qu'ils ne veulent pas m'dcouter moi- ah.Voyez donc quelle est la majestà qui aura étoffenséen (elle circonstance. Ne pensez pas, 6 vous qui aurez mépris ma montrance, que ce soit moi seul que vous ayez méprisà car c'est le Seigneur qui vous parlait par ma bouche. Et ce que Dieu 1dit au Prophbte ,il l'a dit aux Ap6tres :Qui vous m!prise me È(fns (Luc, XI, 4 6). Je ne suis ni prophèt ni apôtre et prtant, j'ose le dire, je remplis la fonction des prophète et les apdtres,et qucique loin que je sois de les égale en mérite jepartage leur sollicitude. Je me trouve, bien qu'&ma grande (1) Cf.Les ~11oralesde saint Grigoire, t. IV, p. 388. (l)Cf.lbid.,t. II, p. 23S. 4 92 DES PÉCHECONTRE t.~SAYN'T-ESPMT. confusion et avec bien du danger pour mon Arne, assis sur Ià chaire de Moise, tout en reconnaissant que je n'ai rien de sa vertus, et que je ne suis point favorisà des mdmes grAces. Mais quoi? celte chaire n'a-t-elle plus droit au respect, parce qu'eik est occupé par un indigne? Eh! quand mêm ce seraient de^ scribes et des pharisiens qui y seraient assis, faites toujours a qu'ils disent, c'est Jbsus-Christ qui vous l'ordonne. Souvent mêm l'impatience se joint au mépris tellement que non-seule- ment la personne réprimandà ne se met nullement en peinede se corriger, mais qu'elle s'indigne mêm contre celui qui la re- prend, comme le ferait un frhétiqu qui repousserait la main da médecin Prodigieux deor6 de malice! On s'irrite contre la main B qui guérit et on ne s indigne pas contre la main qui blesse. Vous n'ignorez pas quelle est cette main qui tire des @Aes dm Vdbscurità contre ceux qui ont le coeur droit (Ps. X, 3), qui a décoch contre vous-m6me un trait mortel; et vous ne vous indignez pas contre cette main ennemie! et vous vous emporta contre moi, qui ne désir que votre guérison Mettez-vous a colèrevous dit le Psalmiste, et ne 11échepas (Ps. IV, 5). Sic'est contre le p6chà que vous vous mettiez en colbre, non-seulement vous ne péclic pas en cela, mais vous effacez mêm vos fauta passéesMais au lieu d'agir de la sorte, vous entretenez votre pécli en repoussant ce qui en serait le remMe, vous y en ajoutez un nouveau en vous livrant A une colbre coupable, et vous entassez sans mesure péch sur péchÃQuelquefois encore l'impudeur vient se joindre au reste, en sorte que non-seulement on repousse impatiemment la correction ,mais qu'on clicrche de plus h justifier effrontémen la faute qui en fait le sujet. Parvenu & ce degr&, le mal est irrhmédiable Vous avez pris le front fm femme débatdié disaitun jour Dieu & son peuple; vous n'wezpiri voulu rougir (JEREM.,III, 5). Il ajoutait :J'ai retirà de dessus cas le zèl que j'avais de votre salut; je me tiendrai en paix, et je ne M mettrai phts en colèr contre vous (EZECH.,XVI, 42). Ces se& paroles me font trembler. Comprenez-vous combien il est dan- gereux, combien c'est un mal effrayant, que de chercher i justifier ses fautes commises? Dieu a dit encore :Je reprends d cl$Ûti ceux que j'aime (Apoc., III, 19). Si donc on renonce il^ VOM reprendre, c'est qu'on aura cess6 de vous aimer. Vous ne sera plus digne d'ètr aimé du moment oà vous serez jugà indigned'êtr repris. Jamais, croyez-moi, Dieu n'est plus en coltre conh nous, que lorsqu'il cesse de nous témoignesa colhre. F~~KM DES PÉCHECONTRE LE SAINT-ESPRIT. 193 jrhe à t'impie, dit-il encore, et il n'apprendra point à êtr juste (ls., XXVI, 10). Non, je ne veux point d'une grilce semblable. Une miséricord de ce genre est plus A craindre pour moi que la colkre la plus terrible; car elle a tous les caractère d'une justice inexorable. Il vaut beaucoup mieux pour moi suivre le conseil du Prophete, et songer à me corriger, de peur qu'enfin le Seigneur ne se mcUe en colère et que je ne pdrisse hors de la voie de la justice (Ps. H,12). Mettez-vous, je vous prie, en colkre contre moi, 6 vous le Pkre des miséricorde ;mais que ce soit de cette colere qui remette dans la voie celui qui s'en est écartà et non de celte autre colèr qui l'en éloign pour toujours. La premièr est celle qui nous parle un langage sévèr mais paternel ;la seconde se tait et dissimule, mais n'en est que plus h redouter. Car ce n'est pas lorsque j'ignore, mais bien plut& lorsque je sens que vous &es irrità contre moi, que je me dis A moi-mdme que vous me pardonnerez; car lorsque vous serez en colère vous vous iwviendrez de votre miséricord (HABAC.,III, 2). 0 Dieu, disait le Psalmiste, vous avez usd envers eux de misdricorde, lors mime que vous punissiez en eux tout ce qui pouvait vous déplair (Ps.XCVIII, 8).C'est de Moïse d'Aaron et de Samuel qu'il dit ces oles, et il appelle mishicorde en Dieu la sévéri avec laquelle il reprenait en eux ce qui pouvait lui déplaire Allez donc main- tenant, et bannissez toute espéranc d'obtenir misbricorde de Dieu, vous qui voudriez justifier vos désordre et qui vous plaignez de la correction. N'est-ce pas lh appeler mal ce qui est bien, et bien ce qui est mal? Que peut-il naîtr de cette damnable impudeur autre chose que l'impénitence mèr du désespoir Car qui se repentira jamais de ce qu'il croit &re une bonne action? Mheur d ceux-làdit le Prophèt (Eccli., XXXI, 7). Oui, malheur, et malheur éternel Ce sont deux choses bien diffé rentes, que quelqu'un soit tentd par sa propre concupiscence qui remporte et qui l'attire dans le mal (JAc., 1, 14), ou qu'il se porte de lui-mêm A faire le mal qu'il envisage comme un bien, et que, dupe volontaire d'une sbcurità trompeuse, il coure i3 la mort comme il courrait illa vie (1). II (1) Cf. Sermons de saint Bernard sur le Cantique des cantiques, P.5-7. 194 DES P~CH~S CONTRE LE SAINT-ESPRIT. Question VIII. Quand y a-t-il péch d'imphitence? C'est lorsqu'au lieu d'expier ses péché comme on le devrait, par une pénitenc salutaire, on ne cesse d'en commettre de nouveaux, avec le dessein formà de ne jamais en faire pénitence Nous pouvons dire des pécheur de cette espkce, qui non contents de l'êtr actuellement, veulent encore le rester tou- jours, que leur vie et leur mort sont 6galemcnt affreuses, puisqu'ils semblent dire, sinon par leurs paroles, au moins par toute leur conduite :Nous avons fait pacte avec la mort, nous avons contracid alliance avec l'enfer. C'est h eux encore que nous pouvons appliquer ces paroles de saint Jean :II y a un péchqui va à la mor't, et ce n'est pas pour ce péché-que je dis que vous devezprier. Voilh ce que nous avions ii dire au sujet des péchà contre l'Esprit-Saint, péclià des plus graves, et que Dieu ne remet jamais h celui qui les commet, ou qu'il ne remet du moins qu'avec beaucoup de peine. C'est pourquoi nous devons muIli- plier nos efforts pour nous cn préservernous et notre prochain, conformémenh ces avcrtissemcnts de nos bcrivains sacris : Prenez garde de contrisler ou d'dteindre l'esprit de Dieu :Si UOIU entendez aujourd'hui sa voix, n'endurcissez pas vos cÅ“ur :Que personne de vous ne tombe dans l'endurcisseineut en se laissant séduirpar le péch:Le c~w dur sera accablà de maux a la fin de sa vie. Passons maintenant A ces piché qui, comme on dit, crient jusqu'au ciel, et qui ne le cedent gukrc en enormilà A ceux que nous venons de passer en revue (VIII). VIII. JJzc dicta sint hactenus de peccatis in (&ando prccatunt impcenitentix Spiriturn Sancturn, gravissimis illis qui- commitlilw ? dem ,et quz aut minquam, aut qrh ail- mo~iiirnA Dco homini reniittunlur. Qua- Cum homo peccatornin snorum , qua; propier adversus ea srpe nos ipsos salutari pÅ“nitenti cxpinnda forent, fineni rnunirc, et nlios contirniare debernus, nt moilumque nnlluin facit, ac proponit in- observctur illud :Noliie contristare, no- super se nolle unquain panitcre. lile exliiyiierr Spiriium Dei :Ilodie si Talium cert!;, qui dcplorat!; pcccatorcs vocem fjim (iwlicritis, nolite obdwmt mnt, ac manere volunt ,vila juxta ct mors corda vestra. NOà obdmelw mis ex vo- pessirna est, ciiin illi si lion vcrbis, at re bis fallaciti peccati. Cor enim dwum ha- ipsa dicere videantur :l~crcussitniis faillis Mit mal6 in norissitno. Xunc porrb ad cion morte, et cutn in ferno fecinazis ]lac- peccata qux et ipsa non parum enorinia tum. Ac de his etiam dictum accipi potest, sunt, et in ccelum clamantia dici soient, quod Joanncs tesfatur :Est peccalum ad accedamus. mortem :non pro illo dico ut ropl unis,. 1. Psaume XXXII, 22 :(1 Une mort funeste sera le fruit des crimes de l'impie. à 2. ISA~E, 14-18 Ecoutez donc la parole du XXVIII, : à Seigneur, hommes railleurs, qui dominez sur mon peuple A Jéru dem.-Nous avons fait, dites-vous, un pacte avec la mort; nous'avons contractà une alliance avec l'enfer; lorsque les maux se déborderon comme des torrents, ils ne viendront point jusqu'h nous, parce que nous avons mis notre confiance dans le mensonge, et le mensonge sera notre asile. à 3. ld., ZIZ, 8-9 :à Car Jérusale touche i sa ruine, et Juda est déchde sa grandeur, parce que leurs paroles et leurs Å“uvre se sont élevà © contre le Seigneur, et ont offensà les yeux du TkHaut. -L'impudence mbme de leur visage rend tbmoignage contre eux ;ils ont publià hautement leur péch comme Sodome, an lieu de l'ensevelir dans le silence. Malheur & eux ,parce que leurs maux sont la juste peine de leurs crimes. à 4. Psaume LIb 1, 7 :à Pourquoi te glorifies-tu dans le mal, toi qui par l'abus de ta force, déshonore le Tout-puissant?. .. Aussi le Tout-Puissant consommera pour jamais ta ruine; il te aisiira, et t'arrachera de ta demeure, il extirpera ta race de la terre des vivants. à 8. Proverbes II, 11-15 : à Le bon conseil vous gardera, et la prudence vous conservera, -en vous. garantissant des piégetendus dans le chemin, et de la perfidie des hommes tl double langage; -de ces hommes qui abandonnent le droit sentier, pour s'enfoncer dans des voies ténébreuse -qui se réjouissenquand ils trouvent l'occasion de faire le mal, et qui tressaillent de joie h la vue des succ6s du crime; -qui suivent des voies détournée et marchent dans des chemins tortueux. à 6.1 JEAN, V, 16 : Si quelqu'un voit son fr&e commettre à on de ces péchà qui ne vont point ii la mort, qu'il prie, et Dieu donnera la vie & ce pécheur si son péch ne va point A la mort. Le péchcommis va-t-il ti la mort? ce n'est pas pour ce péché- que je dis que vous devez prier. à 7. Ephhiens, IV, 30 :à Ne contristez point l'Esprit de Dieu, cet Esprit-Saint par lequel vous avez kt6 marqué commed'un iceau pour le jour de la rédemption à 8. Thessaloniciens, V, 19 :(iN'éteigne pas l'esprit. à 9. Psaume XCIV, 8-9 ; Aujourd'hui, si vous bcoutez sa 4 96 DES PECHÉCONTRE LE SAINT-ESPRIT. voix, il vous dit : N'endurcissez point vos cÅ“urs -comme firent vos p6res ii Mériha comme ils firent au jour des mur- mures dans le décert à 10. HébreuxIII, 7-14 :(c Aujourd'hui donc, comme le dit le Saint-Esprit, si vous écoulc sa voix, -n'endurcissez pas vos cmurs, comme autrefois vos pèrc ÃMkriba, au jour des murmures dans le désert -lorsqu'ils me mirent à l'éprcuve qu'ils me ten- terent , et furent thoins de mes Å“uvres -Pendant quarante annees cette race a provoqub mon dégoû Le cceur de ce peuple, disais-je, est toujours dans l'égarement ils n'ont point connu mes voies. Aussi leur ai-je jurà dans mon courroux, que jamais ils n'entreraient dans le lieu de repos que je leur avais destin& -Prenez garde, mes frhrcs, que quelqu'un de vous ne tombe dans un de cÅ“u et dans une incrédulit qui le d~réglcmensépar du Dieu vivant. -Mais exhortez-vous chaque jour les uns les autres, pendant que dure ce temps appelà Aujourd'hui, de peur que quelqu'un de vous, sédui par le péchÃne tombe dans l'endurcissement. -Car nous sommes devenus partici- pants de Jésus-Christ pourvu que nous conservions inviolable- ment jusqu'h la fin le principe du nouvel ktre qu'il a mis en nous. à 44. EcclésiastiqueIII, 27-29 : à Le cÅ“u dur aura une fin malheureuse, et celui qui aime le péri y périra-Le cÅ“u qui s'engage dans deux voies diff6rcntes ne réussir point, et l'&me corrompue y trouvera un sujet de chute. -Le cÅ“u rebelle sera accablà par les douleurs, et le pécheu ajoutera péchsur péchà 1) T~MOIGNAGES DE LA TRADITION. 4. S. AUGUSTIN, C'est contre ce Sem. XI de verbis Domini :à don gratuit (celui de la rén~issio des pbclGs), contre cette grhce de Dieu que s'élè le cmr impénitent L'impénitencees donc un blasphèm contre le Saint-Esprit, un pkhà qui ne sera remis ni dans le siècl présent ni dans le sikcle futur. C'est contre l'Esprit-Saint cn eîfct contre cet Esprit qui confkre au baptdme la vertu à'cîîa et qui a étcommu- tous les péché niquà b l'Eglise afin que les péchi qu'elle pardonne soient pardonné de Dieu mhe; c'est contre cet Esprit que prof6re ce ilasphkme, ou qu'entretient en lui-mêm celte pensé impie UD homme que la patience de Dieu invite 5 la pénitence et qui ne s'en amasse pas moins dans la duret6 et l'impénitenc de son DES PÉCH~ LE i97 CONTRE SAINT-ESPRIT. mur un trhr de colèr pour le jour de la colèr et de la mani- (station du juste jugement de Dieu, qui rendra h chacun selon ses Å“uvres Cette 'impénitenc donc, car nous pouvons appeler de ce m6me nom et le blasphème et les paroles dites contre le Saint-Esprit, qui ne seront jamais pardonnées celte impéni tence, dis-je, contre laquelle se sont élevà et le Précurseu et le Messic lui-m&tne, en disant l'un et l'autre : Faites pénitence car Ic royaume des cieux approche (MATTH., III, 2 ;IV, 17); contre laquelle enfin Notre-Seigneur non-seulement a prêch dè le dibut de sa mission, mais encore a prédià ses disciples qu'ils prêcheraien eux-même dans tout l'univers, lorsqu'il leur a dit aprè sa résurrectio : II fallait que le Christ souffrit, et qu'il ressuscitdt le troisièm jour d'entre les morts, et qu'on prh"ii"l en son nom la pénitenc et la rémissio des péchÃdans fouies les nations en conmengant par Jérusale (Luc, XXIV, 26, 46-47): cette impénitenc ne sera remise ni dans le siècl présenni dans le sihcle à venir, parce que la pénitenc au con- traire obtient dans ce monde une rémissio qui aura toute sa valeur dans le monde h venir. Mais on ne peut assurer de per- sonne qu'il soit impéniten A ce point, tant qu'il vit sur la terre. Car onne doit pas désespér de celui que la patience de Dieu invite k la phnitence, et qu'il laisse encore en cette vie, ne voulant pas, comme il le dit lui-même la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. Cet homme est aujourd'hui païen que savez-vous s'il ne sera pas demain chrétien Il est aujourd'hui un juif infidèle que savez-vous s'il ne croira pas demain en Jésus-Christ Il est hérétiq aujourd'hui ;que savez- vous s'il ne sera pas catholique demain? Aujourd'hui il est schismatique;demain ne sera-t-il pas en communion avec son hique? Et ces hommes que vous voyez s'attacher & des opinions perverses, et que vous croyez perdus A jamais, ne viendront-ils point faire pénitenc avant de mourir, et par-la m6me A obienir la vie éternelle Mettez donc A profit cet avertissement de i'Apdtrc :Ne jugez de rien avant le temps (1Cor., IV, 5). Car ce blasphèm irrémissibl contre l'Esprit-Saint, et par lequel nous entendons non toutes sortes de blasphèmes mais seulement l'endurcissement d'un cÅ“u impénitent ainsi que nous avons essayb de le démontrer on ne peut affirmer de personne dans cette vie qu'il en soit coupable.. . à Si une parole dite contre le Fils de l'homme obtient son pardon, et qu'une autre dite contre l'Esprit-Saint n'oMicnnq,is 498 DES PÉCHÃCONTRE LE SAINT-ESPRIT. le sien, ce n'est pas h dire que dans la Trinità le Saint-Esprit soit plus grand que le Fils, ce qu'aucun hbrétiqu mhe n't jamais osà prétendre mais c'est que celui qui résist h la vkriié et qui blasphhme contre la vérità qui est Jésus-Christ aprts que cette vérità c'est-&-dire le Verbe fait chair et qui a con- versà parmi nous, qui n'est autre que le Fils de l'homme ou Jésus-Chris lui-même a étprcchà partout avec tant d'éclat s'il ne dit pas cette parole d'un cÅ“u impéniten contre l'Esprit- Saint, au sujet duquel il a ét dit :Celui qui ne renatt pos de few et de l'Esprit, et encore :Recevez l'Esprit-Saint, les pdchds semat remis à ceux à qui vous les remettrez, je veux dire, si cet homme vient h se repentir, il recevra des-lors rémissio de tous ses péché et par-lii mêm de celui qu'il a commis en parlant contre le Fils de l'homme ,parce qu'& son péch d'ignorance, ou de révolte ou de blasphkme ,il n'a pas ajoutà le péch6à'i pénitenccontre le don de Dieu et contrela griice de régbn6ra tion ou de réconciliation qui se confbre dans l'Eglise par la vertu de l'Esprit-Saint. à 2. Le m&me, Epist. L (al. CLXXXV), ad Bonifacim cornitem: à Qu'ils comprennent donc que tout péch commis contre le Saint-Esprit n'est pas irrémissible mais seulement quelques- uns de ceux qu'on peut commettre contre lui. Car de mbme que, quand Jésus-Chris a dit que, s'il ne fÙ pas venu, les Juifs auraient ét sans péchà il n'a pas voulu faire entendre qu'iis auraient étabsolument exempts de tout péchà eux qui étaien coupables de tant de péchà énormesmais qu'ils auraient et6 prs d'un certain péch sans lequel tous les autres auraient pu leur &re remis, et qui consistait n'avoir pas cru en lui, quoi- qu'il fû venu dans le monde et qu'il eù véc au milieu d'eux (puisque s'il ne fûpas venu, il est certain que les Juifs n'auraient pas eu ce péchà ;de même quand il a dit qu'il n'y avait pasde pardon pour celui qui aurait péch ou parlà contre le Saint- Esprit, il n'a pas voulu faire entendre que tout péch contre le Saint-Esprit fûirrémissibl, mais seulement un certain péchentre ceux-lh. Et quel est ce péchb Un endurcissement de la volontà qui subsiste jusqu'h la mort, et qui fait qu'on s'obstine & ne vouloir pas chercher la rémissio des péchà dans l'unità du corps de Jésus-Christ qui seul est vivifià par l'Esprit-Saint. Car il y a une connexità nécessair entre ces deux choses; et de lA vient qu'aprks que Jésus-Chris eû dit & ses apdtres ,Recevez k Saint-Esprit, il ajouta tout de suite :Les pic/u!s seront remis d ti qui cous les remettrez, et ils seront retenus Ãceux Ãqui vous te retiendrez (JoAN.,XX ,22-23 ). n C'est donc pour ceux qui jusqu'h leur dernier moment auront repoussà le don de la grhce; qui se seront obstiné à lui résister et de manièr ou d'autre s'en seront éloignà sans retour ;c'est pour ceux-lh, dis-je, qu'il n'y aura de pardon ni dans ce monde ni dans l'autre. Car ce péch est si grand, qu'il empêch $t lui seul le pardon de tout le reste. Mais aussi, pour assurer qu'un homme en est coupable, faut-il attendre qu'il ne soit plus du nombre des vivants; puisque, tant qu'il nous reste un souffle de vie, la patience de Dieu, comme dit I'Apdtre (Rom., II, 4), nous invite la pénitence Que si, malgrà toutes ces industries de la @ce, un homme persiste A demeurer dans le mal, et que, comme saint Paul ajoute ici même il s'amasse par la duretà et l'imphitence de son cÅ“u un tréso de colèr pour le jour de lacolkre et de la manifestation du juste jugement de Dieu, il n'y aura plus de pardon pour lui, ni dans ce monde, ni dans l'autre. Il ne faut donc pas désespér de ceux dont nous parlons, puisqu'ils sont encore en vie; mais eux de leur côtà qu'ils se gardent bien de chercher l'Esprit-Saint hors de l'unità du corps de Jhs-Christ (1). à 5. Le pape GELASE 1, in Tomo de anathematis vinculo :à Le Seigneur a dit que ceux qui pècheraien contre l'Esprit-Saint n'obtiendraient la rkmission de leur péch ni dans ce siècle ni dans le siècl 5 venir. Combien ne connaissons-nous pas de ces picheurs ,comme sont tous les hhrétique ,de quelque secte qu'ils soient , ariens, ou eunomiens, ou macédoniens qui en revenant à la foi catholique, ont obtenu en ce monde le pardon de leur blasphème et l'espéranc pour l'autre qu'il leur sera égalemen pardonné Ce qui n'empêch pas d'êtr vraie la sen- tence de Notre-Seigneur, et ce qui n'en atténu aucunement la force, puisqu'elle ne doit s'appliquer qu'à ceux qui persévère dans leur disposition criminelle, et non A ceux qui la rétracten et s'en corrigent. On doit expliquer de mêm ce passage de l'apdtre saint Jean : 11 y a un péchqui va à la mort, ce n'est pas pour ce $clté-l que je dis que vous devez prier. Ce péch va ii la mort pour ceux qui y persévèrenmais non pour ceux qui en quittent la malheureuse habitude. Car il n'est aucun péch pour lequel l9Eglise n'interpose ses prières ou dont elle n'ait (1) Cf. Les Lettres de suint Augustin, t. V, p. 103-105. reçdu ciel le pouvoir d'absoudre ceux qui y renoncent et en font pbnitence, puisqu'il lui a étdit :Tout ce que vous remettra sur la terre sera remis dans le ciel ,et tout ce que vous délieresur la terre sera délitdans le ciel. Qui dit tout, n'excepte rien; pourvu toutefois qu'on prenne ces mots dans leur vrai sens, en ne leur donnant d'autre étendu que celle qu'ils doivent avoir ... à Observons que ceux memes qui blasphèmen contre le Saint- Esprit, de quelque manikre que ce puisse dtre ,s'ils reviennent il résipiscencet s'en corrigent, obtiendront leur pardon, et dans ce sikcle, et dans le siècl tt venir, et que cela n'empkhe pas la v6rità de ce qu'a dit Jésus-Christ et qu'il faut entendre du cas seulement ot~ ceux qui phchent de cette manikre persévhren dans leur funeste habitude, mais non de celui oà ils prendraient le parti de s'en corriger. Mais tant qu'ils y persévèren ils n'ont point attendre de pardon, ainsi que l'a déclarle Sauveur. S'ils changent au contraire, alors ils ne sont plus ces hommes b qui leur péch ne sera jamais remis, et par con- s6quent ils pourront en obtenir la rémission tant dans ce sihcle que dans l'autre. Autrement, ce serait donc en vain, ce qu'A Dieu ne plaise, que l'Eglise leur accorderait le bienfait de la rtkonciliation. Mais comme ce n'est pas une vaine autorità que celle de lYEgIise il faut bien entendre la chose de cette manière y tout en conservant leur vérit aux paroles de Notre-Seigneur. à 4. S. AUGUSTIN, Il y a Lib. de correptione et gratid ,c. 12 :(c unpéchqui va 6 la mort, et ce n'est pas pour ce péchque je VOM dis de prier (1JOAN.,V, 46). Il est vrai que saint Jean n'ayant pas expliquà ce qu'il entend par ce péchà on peut donner il ses paroles beaucoup d'interprétation différentes Pour moi , je pense et j'ose dire que ce péch qui va la mort consiste 6 abandonner sans retour et jusqu'a la mort la foi qui opèr par l'amour (4). à 8. Le rn&me, Lib. IRetractationum, c. 49; comme plus haut, q. VI, thmoignage 3, page 479. (1) Cf.Traftdschoisis de saint Augustin, t. ter, p. 578. ARTICLE V. -DES PÉCHE QUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. Question B. Quels sont les péchà dont on dit qu'ils crient jusqu'au cie. ? Ce sont ceux qui présenten par-dessus tous les autres une malice notable et manifeste, et qui attirent particulièremen la coltre et les vengeances de Dieu sur ceux qui les commettent. On en compte quatre de cette espèc d'aprè 1'Ecritut-e , sa- voir ; l'homicide volontaire, la sodomie, l'oppression des pauvres et le refus du salaire dà aux ouvriers (1). 4. Genèse IV, 9-11 : a Le Seigneur dit il Cain : Oà est ton frire Abel? Il lui répondi : Je n'en sais rien. Suis-je donc le gardien de mon frère -Le Seigneur lui réparti :Qu'as-tu fait? La voix du sang de ton frèr crie de la terre jusqu'h moi. -Tu seras donc désormai maudit sur cette terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang de ton frère versà par ta main. à 2. Ibid., XVIII, 20-21 : Le Seigneur ajouta ensuite : Le à cri qui s'élè de Sodome et de Gomorrhe devient de plus en plus fort, et 11iniquit6 de ces villes s'est aggravé h l'excès -Je descendrai, et je verrai si leurs Å“uvre réponden i~ ce cri qui est venu jusqu'h moi ; je saurai s'il en est ainsi, ou si cela n'est pas. à 3. Exode, XXII, 21-27 : à Vous n'attristerez et n'affligerez point l'étranger parce que vous avez &tà étranger vous-mhmes dans le pays d'Egypte. -Vous ne ferez aucun tort, soit A la veuve, soit à l'orphelin. -Si vous les offensez en quelque chose,ilscrieront vers moi, et j'houterai leurs cris. -Et ma fureur s'allumera contre vous, et je vous ferai péri par l'épke et vos femmes deviendront veuves et vos enfants orphelins. - Si vous prête de l'argent & ceux de mon peuple qui sont pauvres parmi vous, vous ne les presserez point comme ferait un exacteur impitoyable, et vous ne les accablerez point d'usures. -Si votre prochain vous a donnà son habit pour gage, vous le lui 1. divinamque iram et ultionem insigniter ma acuntw accersunt iis, i quibus commitluntur. peccata in clamantia t Ejusmodi quatuor & Scriptura numeran- tur, homicidium voluntarium, peccatUm ER,qua pra>caeteris insignem et mani-sodomiticum, oppressio paupem, et fek~~~hprobitatem habere noscuntur, , merces oporatiorum defraudata. 202 DES P&CHÉQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. rendrez avant le coucher du soleil. -Car c'est le seul halit qu'il ait pour couvrir son corps, et il n'en a point d'autre pour mettre sur lui quand il dort :s'il crie vers moi, je l'exaucerai, car je suis miséricordieux à 4. Deuiéronome XXIV, 40-45 : à Lorsque vous redeman- derez h votrc prochain quelque chose qu'il vous doit, vous n'en- trcrez point dans sa maison pour en emporter quelque gage; - mais vous vous tiendrez dehors, et il vous donnera lui-m6me ce qu'il aura. -S'il est pauvre, le gage qu'il vous aura donnà ne passera pas la nuit chez vous; mais vous le lui rendrez aussitdl avant le coucher du soleil, afin que, dormant dans son vêtcmeni il vous bénisse et que vous soyez trouves justes devant le Seigneur votre Dieu. -Vous ne refuserez point & l'indigent et au pauvre cc que vous lui devez, n'importe qu'il soit votre frkre, ou que sorti d'un pays étrange il demeure avec vous dans votre pays et dans votrc ville; -mais vous lui rendrez le mêm jour le prix de son travail avant le coucher du soleil, parce qu'il est pauvre, et qu'il n'a que cela pour tous moyens de vivre, de peur qu'il ne cric contre vous vers le Seigneur, et que cela ne vous soit imputb A 116~116. à 8. JACQUES,V, 44 : à Mais vous, riches, etc. -Sachez quele salaire que vous dérobe aux ouvriers qui ont fait la récolt de vos champs crie contre vous, et que leur cri est montà jusqu'aux oreilles du Dieu des amies. à 1.S. AUGUSTIN, Enchiria. ad Laurentiiiim, c. 80 (al. 24 et 21) : à Des péchb très-grand et trh-bnormcs de leur nature ne sont plus regardé que comme l@ers, ou mhc comme exempts de tout mal, des qu'une fois ils sont tournes en coutume et devenus communs ;jusque4 mbmc que, loin de les cacher, on ne rougit pas de les publier et de s'en faire gloire. C'est cet excks d'aveuglement qu'indique l'Ecriturc, lorsqu'clle dit : On loue le pécheur'et on lui applaudit dans les convoitises auxgt(e1les il s'aban- donne, et on comble de bdttédiclion celui qui commet des injustices (Ps. IX, 24 ). Ces sortes de p6ché autorishs par la coutume sont appeléun cri (huis les livres saints : c'est l'cxprcssion dont Dieu se sert dans le proplikte Isaïe en parlant aux Juifs figuré par une vigne ingrate et infidhle : Jai attendu qu'elle fit des actions d'dquitd, et dle n'a fait que des iniquitésau lieu de pratiquer la j~isl'ic~,sa ~wiini'ilL:n'est qu'un cri, c'csi-h-dirc qu'elle &laitcriante DE6 PÉCH~QUCRIENT JIIPQI?*A~TCIEL. 203 (Is., V, 7). C'est encore ainsi que le Seigneur s'exprime au livre de la Geneve ;Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'awjmente de plus en plus. Ce qui signifie que non-seulement les actions qui se commettaient dans ces villes infames n'y étaienpas punies; mais de plus, qu'elles étaien presque générale et avaient pour ainsi dire passà en loi. Nous voyons de mêm de notre temps plusieurs désordres quoique moins énorme que ceux-lh ,telle-, ment passbs en usage, que nous n'oserions pas excommunier un laïque ni mêm dégrade un clerc, qui en serait coupable. C'est pourquoi expliquant, il y a quelques années l'épît aux dalates, quand je fus arrivà A cet endroit oi~l'Apôtr dit :Je crains pour vous que mes travaux parmi vous n''aient étinfructueux (Gai., IV, 11 ), je ne pus m'empêche de m'écrie :à Malheur aux péchÃdes hommes! Nous n'avons plus horreur que de ceux qui sont rares et monstrueux. Mais pour les péchà communs et ordinaires, ces péchà pour l'expiation desquels Jésus-Chris a versÃson sang, quoiqu'ils soient assez énorme pour fermer les portes du royaume de Dieu à ceux qui s'en rendent coupables, nous nous familiarisons en quelque sorte avec eux, & force de les voir se commettre. Nous sommes comme contraints de les tolkrer tous; et, h force de les tolérer nous nous trouvons en danger de les commettre nous-mêmes Et Dieu veuille encore que nous ne fassions pas tous ceux que nous ne pourrons pas empêcher à Mais c'est à moi h voir si l'excks de ma douleur m'a fait dire en cette occasion quelque parole de trop (1).à 2. Le même Lib. Amwtutionum in Job, super caput XXX: a Les voleurs m'ont assailli. Ceux qui sont parvenus, au moyen d'obscures intrigues, A des honneurs qu'ils ne méritaien pas, et que les justes seuls devraient posséder qui avaient pour demeure les trous des rochers, c'est-à-dire qui cherchaient & justifier leurs dispositions perverses, et en couvraient la malice ti l'aide de certains passages obscurs de nos livres saints :ils criaient entre les arbres, leurs péchb étaien rendus manifestes, malgrà les efforts qu'ils faisaient pour les cacher au moyen de cette obscurità des Ecritures représentà par l'ombrage que forment des brandies d'arbres. De lÃcette manihre de parler de 1'Ecriture :Le cri de SaSom s'est élevjttsqu'ff moi (Gen., XVIII, 20-21 ). Il en est de mdme de plusieurs autres endroits de nos livres saints, oi~ ce mot de cri est mis pour signifier des péchhnotoires, de sorte (1) Cf.Manuel de saint Augustin, dans ses Traitéchoisis. 204 DES PÉCHÃQUI CRIENT J~SQU'AU CIEL. qu'un péch simplement conç dans l'esprit y est désign sousle nom de parole, verbum, comme il l'est sous celui de cri, clam, quand il se produit au dehors par quelque acte réel Â¥ 3. Le même Lib. 1locuiionis de Genesi, c. 60 :à Le Seigneur dit :Le cri de Sodome et de Gomorrhe est 1110ntà à son comble, el leurs crimes sont parvenus au dernier degrà d'énormitÃL'Eeriture a coutume d'appeler cri les crimes conunis avec tant d'impudeur et de licence, que ni la honte ni la craintc n'emphche plus celui qui les commet de les rendre publics. à 4. Le meme, QiiÅ“st V super Exodum :à Et maintenani voici que le cri des enfants d'Isra'l s'est élev vers moi; non sans doute comme le cri de Sodome, expression qui dans ce dernier passage signifiait des crimes commis sans crainte et sans pudeur.^ b. S. GRÉGOIRE-LEGRAND Pastoral, 5" partie, 32e conseil : à Celui qui fait parade de ses désordre commet le crime avec d'autant plus d'audace, qu'il le croit chose permise, et cet aveuglement le plonge chaque jour plus profondémen dans l'abîme C'est lh ce qui faisait dire au prophkte Isiiic :Ils ont rendit comme Sodome leur péch public, et ils n'ont pas en soin de le cacher (Is., III, 9). Sodome aurait en effet cach6 ses crimes, si elle eû eu en péchan quelque reste de craintc ;mais, comme elle n'étai plus retenue par aucun frein, et qu'elle s'abandonnait b ses désordre sans remords et sans honte, elle ne se mettait plusen peine de chercher les ténèbr pour les cacher. Aussi est-il marquà dans la Genese, que le cri de Sodome et de Gomorrhe s'dtait multiplié C'est-5-dire, que l'action du péch est comme une voix qui se fait entendre; mais quand on en vient à com- mettre le crime avec une audace qui ne garde plus de mesure, alors ce n'est plus une simple voix, c'est un cri et une sorte de clameur (1).à 6. Le mdme, in Psdinzwt seczotdm pnitentialem :à Que par ce mot cri il faille entendre un certain péclià c'est ce que fait voir I'Ecriture lorsqu'clle dit :Lis cri de Sodome et de Gomorrhe s'est &eu4 vers moi. Et encore :Je descendrai, et je verrai si leurs oeuvres rdpondent à ce cri qui est venu jusqu'a moi. Car le péch dont la voix seulement se fait entendre, c'est le péch simple- ment en action ;au lieu que celui dont le cri se fait entendre en outre, c'est le péch qui se commet avec une libertà effréné à (1) Cf. Pastoral de saint Grdgoire, trad. par P.-Mit. de Marsilly, pag.320-321. DES P~CBÉQU! CRIENT JUSQU'AU CIEL. 208 Question II. De quelles vengeances lYEcriture nous dit-elle que Dieu pour- suit l'homicide volontaire? Des vengeances les plus terribles, comme Dieu le fait voir par ce vif reproche qu'il adresse h Caïn le premier de tous les homicides : Qu'as-tu fait? lui dit-il (Gen., IV, 10-11). La voix du sang de ton frèr crie de la terre jusqdci moi. Maintenant donc tu seras maudit sur la terre. Et ailleurs. Dieu prononce cette sentence sévè :Quiconque aura répand le sang de l'homme, sera puni par l'effusion de son propre sang; car lÈ1;omm a ét cri; à l'inzap de Dieu. Cela s'accorde avec ce que dit de son chtà le Prophète-roya: Les hommes sanguinaires et trompeurs n'arri- wont poit~tjiisqdÃla moitià de leurs jours (Ps. LW,24). Car ce crime est des plus grands, en mtme temps qu'il fait au prochain le plus grave de tous les torts, en lui 6tant la vie sans avoir pour le faire aucune lkgitime autorité C'est pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Chrisa dit aussi : Tous ceux qui s'armeront de Z'épde pdri- rmt par l'épÃ(II). TEMOIGNAGES DE L'~CRITURE, !. Genèse IV, 8-16 :à Or, Caï dit h son frhre Abel :Allons dehors. Et lorsqu'ils furent dans les champs, Cain se jeta sur son frire Abel et le tua. -Et le Seigneur dit A Caï: Ou est ton frkre Abel ? Il lui répondi :Je n'en sais rien :suis-je le gardien de mon frhre? -Le Seigneur lui réparti :Qu'as-tu fait? La voix du sang de ton frhre crie de la terre jusqu'h moi. -Main- tenant donc tu seras maudit sur cette terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang de ton fr&re. versà par ta main. - Aprè mêm que tu l'auras cultivée elle te refusera ses fruits, tu seras fugitif et errant sur la terre. -Caï répondi au Seigneur :Mon iniquità est trop grande pour que je puisse enobtenir le pardon.-Voilh que vous me rejetez de dessus la face de la terre, II. 1 Quicunque efuderif limnant~m sangui- Olfo+,,odo vindicari docet nem ,fundetur sanguis illius. Ad imagi- Homi'cidium volunlarium f nem quippe Dei factus est Iiofno. Concinit Psaltes Regius :Viri sanguinum non di- Graviter sanb , quemadmodum hisce midiabundies suos. summum enim hoc wbis Dcus ostendit, quihiis Cain primum scelus est, et atrocissiniam proxiino inju- licrepat homicidam :@id fecisti? inquit. riam adfcrt, qui vitam ei adiuiit absque le- Vox sanguinis fratris tuf clamai ad me gilima autlioritate. Unde h Christo etiam 6 (ara. Nunc igitur mdedictus eris su- dictum est :Omnes qui acceperint gta fw mam. Et alibi vox Divina testatnr : dium, gfadio peribunt. 206 DES &cfl~!s QUI CRIENT TOSQU'AO CIEL. et je fuirai de votre présence et je serai fugitif et errant sur la terre; -et le premier qui me trouvera, me tuera.-Le Seigneur lui répondi :Il n'en sera pas ainsi; mais quiconque tuera Cain sera puni sept fois davantage. Et le Seigneur mit un signe sur Cain, afin que ceux qui le trouveraient s'abstinssent de le tuer. -Caï s'ktant retirà de devant la face du Seigneur, s'enfuit et s'en alla habiter la terre sitube l'orient d'Eden. à 2. lm.,IX,5-6 :à Je vengerai votre sang, cet aliment da votre vie, de toutes les bête comme de tous les hommes qui l'auront versé je redemanderai au fr&e le sang de son frkre; et quiconque aura rhpandu le sang d'un homme, son sang A lui- m6me sera répandu car l'homme a ét cré A l'image de Dieu. # 3. Exode, XXI, 12-15 : Si quelqu'un frappe un homme à dans le dessein de le tuer, qu'il soit puni de mort. -Quant 4 celui qui ne lui aura point dresse d'crnbûches mais entre les mains duquel Dieu l'aura fait tomber, je vous marquerai un lieu oà il pourra se réfugier -Si quelqu'un tue son prochain de dessein prémédit et dans des embûche qu'il lui aura dressées vous l'arracherez de mon autel pour le faire mourir. -Celui qui aura frappà son pèr ou sa mère sera puni de mort. à 4. LévitiqueXXIV, 17 :à Que celui qui aura frappt5 et tuà un homme, soit puni de mort. n S. Nombres, XXXV, 46-34 : Si quelqu'un frappe avec le à fer, et que celui qui aura étfrapp6 meure de su blessure, il sera tenu pour coupable d'homicide, et puni de mort. -S'il jette une pierre, et que celui qui l'aura frappà vienne & mourir, il sera puni de la m4me manière -Si celui qui aura 6tà frappà avec du bois meurt des suites du coup qu'il aura rep, sa mort sera veng6e par l'effusion du sang de celui qui l'aura frappé - Le parent de la victime tuera l'homicide; il le tuera aussitbt qu'il l'aura rencontré -Si un homme pousse celui qu'il hait, ou jette quelque chose contre lui par un mauvais dessein, ou si étanson ennemi, il le frappe de la main, et que ce dernier en meure, il sera coupable d'homicide; et le parent du mort pourra tuer le meurtrier dè qu'il l'aura rencontré -Mais si c'est par hasard, sans haine, -et sans aucun mouvcment d'inimilid, qu'il ait fait quelqu'une de ces choses, -et que cela ait dtà prouvà devant le peuple, apres que la cause du meurtre aura étdébattu entre lui et le parent du mort, -il sera déliv comme innocent d'entre les mains de celui qui demanderait vengeance, et il sera ramene par sentence dans la ville ou il à DES PÉCHÃQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 207 ttrait rkfugiéet il y demeurera jusqu'h la mort du grand-prdtre pi, à celte dpoque, aura ét sacrà de l'huile sainte. -Si le meurtrier est trouvà hors des limites des villes destinée pour les bannis, et qu'il soit tuà à cette occasion par celui qui poursuit la vengeance du sangrépandu celui-ci ne sera point censà coupable; -car le fugitif devait se tenir dans la ville jusqu'h Ià mort du pontife. Mais quand le grand-prêtr sera mort, le meurtrier pourra s'en retourner dans son pays. -Ceci sera observà comme une loi constante dans tous les lieux oà vous pourrez habiter. -On ne punira l'homicide, qu'aprè avoir entendu les témoins Nul ne sera condamnà sur le témoignag d'un seul. -Vous ne recevrez point d'argent de celui qui se trouvera coupable de sang rkpandu ; mais il mourra irrémissible ment. -Les bannis et les fugitifs ne pourront rentrer d'aucune manièr dans leur ville avant la mort du grand-prttre, -de peur que vous ne souilliez la terre oà vous habiterez, et qu'elle ne demeure impure par l'effusion du sang innocent : car elle ne peut ltre purifié que par le sang de celui qui aura versà le sang fc l'autre. -C'est ainsi que votre terre ne sera point souillée ei que je continuerai de demeurer avec vous; car c'est moi le Tout-Puissant, qui veux habiter au milieu des enfants d'Israël à 6. DeutéronotneXZX,4-13 : à Voici la loi sur l'homicide fugitif i qui on devra conserver la vie : Si quelqu'un vient à frapper ton prochain par mégarde et qu'il soit prouvà qu'il n'avait rocune haine contre lui quelques jours auparavant, -mais p'il s'en étaiallà avec lui dans une forê simplement pour couper du bois, et que le fer de sa coignée comme il s'en servait pour couper du bois, s'est &happà de ses mains, et en se &tachant du manche a frappà son ami et l'a tué il se reti- lira dans l'une de ces trois villes, et sa vie y sera en sûretà - &pur que le plus proche parent de celui dont le sang aura ét du, se laissant emporter par la douleur, ne le poursuive d ne l'atteigne en meucint ii profit la longueur du chemin, et qu'il ne le tue sans qu'il ait mérit la mort, puisqu'il K paraîpas que ce dernier aurait eu jusque-lh aucune haine @riire la victime de l'accident. -C'est pourquoi je vous (rionne de choisir ces trois villes h des distances égale de l'une 1l'autre. -Mais lorsque le Seigneur votre Dieu aura étend IOS limites, comme il l'a promis ii vos père avec serment, et (l'il vous aura donnà toute la terre qu'il leur a promise, -si tailelbis vous gardez ses ordonnances, et que vous fassiez ce que 208 DES P~CHÉQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. je vous prescris aujourd'hui, qui est d'aimer le Seigneur votre Dieu, et de marcher dans ses voies en tout temps, vous ajow terez trois autres villes h ces premières et vous en doublera ainsi le nombre, de peur qu'on ne répand le sang innocent dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera h possder, et que cette tache ne retombe sur vous. -Mais si quelqu'un, haïssan son prochain, clierche l'occasion de le surprendre et de lui bter la vie, et que se jetant sur lui il le frappe et le tue, a ensuite il s'enfuit, dans l'une de ces villes, -les anciens de cette ville l'enverront prendre, et l'ayant tirà du lieu ou il aura cherchà un asile, ils le livreront entre les mains du parent de celui dont le sang aura &t&répandu ct il sera puni de mort. - Vous n'aurez point pilih de lui, et vous ôtere du milieu d'Ismti le crime comnlis par l'effusion du sang innocent, et ce sera pour vous un bien. )) 7. 1 JEAN,111, 15 : à Tout homme qui hait son frbre, est homicide. Or, vous savez que nul homicide ne possèd en soi 1 principe de la vie éternelle à 8. Psaume LN,25 :à Les hommes sanguinaires et trompeun ne fourniront point la moitià de leur carrière à 9. MATTHIEU, Alors Jésu lui dit :Remettez XXVI, 82 : à votre ép6 dans le fourreau; car tous ceux qui se serviront de l'épé périronpar l'épé à 10.Apocalypse, XIII, 10 :ÃCelui qui aura rédui les autres en captività y sera rédui lui-m6me; celui qui aura tuà avec le glaive, p(.'Â¥riri lui-inhc par le glaive. à 1. Le concile d'Ancyre, c. 22 :(c Ceux qui se seront rendus volontairement coupables de meurtre, devront se soumettre ii la phitencc pour le reste de leurs jours. On tes admettra néanmoin A la communion à la fin de leur vie. Quant à ceux qui seront devenus homicides par l'effet du hasard, et non de leur volonl~, l'ancienne règl ne les recevait, il est vrai, h la communion qu'aprè sept année de phnitence, en suivant les degré établis Le concile, aujourd'hui plus indulgent, rédui la duré de celte pénitenc& cinq années à 2. Le concile d'Epa6ne tenu sous le pontificat de Gelase 1(l), can. 31 :à Par rapport à la pénitenc h laquelle doivent 4tre (1) C'est une erreur :le concile d9Epa6ne s'est tenu l'an 817 sousb pontificat d'Hormisdas. Vovez LABBE,Conc. t. IV, col. IS73. DES ~bksQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 209 tournis les homicides qui ont pu échappe aux tribunaux sécu liers, le concile a étd'avis de se conformer religieusement aux figlements établi à Ancyre. à 3. Le concile de Tribur, canon 84 :à Au sujet de ceux qui se seraient volontairement rendus coupables d'homicide, le saint concile d'Ancyre a réglÃcanon 21 (ou 22, d'aprè la suppu- talion actuelle), qu'ils se soumettent à la pénitenc pour le reste de leurs jours; qu'ils soient admis cependant à l'achèvemen de leur pénitence c'est-&-dire au bienfait de la communion, sur la fin de leur vie; que les observances canoniques et les décret des saints Père soient gardé inviolablenwnt, suivant notre dési et celui de tous les orthodoxes. Quant à nous, pasteurs que nous sommes des brebis de Jésus-Christ ayant égar au malheur des temps et i~ la faiblesse humaine, nous croyons bon et utile de modéreren vertu de l'autorità qui nous appartient h nous tous asemblésla pénitenc de ceux qui se seraient rendus coupables d'homicide volontaire, et de marquer un terme h cette pénitence de peur que, si elle étai trop prolongée elle ne fî naîtr le découragemenou l'insouciance, au lieu que, si on la borne h un lemps déterminà l'Å“uvr du salut fera d'heureux progrès à 4. Zbidem, c. 85 : N Si quelqu'un se rend volontairement cou- able de meurtre, l'entré de l'églis lui sera interdite les qua- rante premiers jours. Pendant ces quarante jours il ne mangera que du pain et du sel, et ne boira que de l'eau. Il marchera nu-pieds, ne portera point de linge, si ce n'est des caleçons n'usera ni d'armes, ni de voitures, vivra dans la continence pen- dant tous ces jours-lh ,mêm par rapport h sa propre femme, n'aura aucun commerce avec les autres chrétiens ni mêm avec les autres pénitents Si ses ennemis en veulent A sa vie, et que la nécessit d'évite leurs piége l'empêch d'accomplir sa pénitenceon la lui différer jusqu'h ce que l'évêq l'ait récon cilià avec eux. De même si quelque infirmità corporelle le rédui ii l'impuissance de jeûne comme il faut ;on usera d'indulgence envers lui, et on attendra, pour le soumettre la pénitence que sa guériso soit achevée Que si son infirmità est de longue duréece sera A l'évêqh examiner dans sa prudence quelles règle il conviendra de lui prescrire, attendu que, comme l'observe saint Grégoir dans son Pastoral, les plaies spirituelles sont plus cachée que les plaies corporellesy et que le gouverne- ment des Ames est le plus difficile comme le plus important de tous les arts. à IV. ill 210 DES PI~CHI~ CRWT JUSQU'AU CIEL. QUI S. Ibidem, can. 56 : à Les quarante jours écoul6s l'entrlede l'@$se lui sera encore interdite pendant une annhe. 11s'abstiendra de chair, de fromage, de vin et de toute boisson cmmielléc exceptà les jours de dimanches et de fête cél&bré publique- ment dans tout le diocèse En maladie ou en voyage, ou s'il doit passer beaucoup de temps à la cour du prince, il pourra racheter le mardi, le jeudi et le samedi en donnant un denier, ou la valeur d'un denier, ou en se chargeant de nourrir trois pauvres pour l'amour de Notre-Seigneur, avec cette réserv toutefois qu'il pourra alors se permettre l'usage, soit de la viande, soit du vin, soit de l'hydromel seulement, mais non de ces trois clioses ii la fois. Une fois revenu de voyage ou guér de sa maladie, il ne lui sera plus loisible de racheter ces jours-lh, mais il devra faire exactement la pénitenc prescrite. Cette anné finie, 116glisc lui sera ouverte comme aux autres pénitents à 6. Ibidem, can. 57 : à Il passera la seconde et la troisibme anné dans les mbmes exercices de pénitence si ce n'est qu'ilsera le maîtr de racheter les trois jours de la semaine, en quelque lieu qu'il se trouve, soit h la maison, soit en voyage. 11 observera tout le reste, comme 5 la premièr année à 7. Ibidem, can. 88 : à Pendant chacune des quatre autres annkes, il jeûner trois carhes; un avant P(~ques, pendant lequel il s'abstiendra de fromage, de poissons succulents, de vin et d'hydromel ou d'autre boisson apprfitée un second avant la Nativitk de saint Jean-Baptiste, et si les quarante jours nc peuvent se trouver entiers avant cette fêle il y suppléer aprts la @te; le troisièm enfin avant la Natività de Notre-Seigneur, et il s'abstiendra pendant cc temps de l'usage de la viande et des autres choses ci-dessus désigndes Pendant ces quatre annks, il mangera et boira de tout ce qu'il voudra le mardi, le jeudi et le samedi de chaque semaine. Il sera en droit de racheter le lundi et le mercredi avec un denier, ou avec la valeur de cette pièc de monnaie; mais il observera exactement le jeûn du vendredi. Les sept année de sa pbnitcnce accomplies, il sera rkoncilià ii la maniere des autres pénitents et admis ti la sainte communion (4))) 8. S. AMBROISE,Lib. II de Cain et Abel, c. 9 : à Que de justesse dans ces expressions : La voix du sang de ton frèr cm! Ce n'cst pas son fibre mbme qui crie : mfime dans la mort, il ne s'est d6pouillà ni de sa douceur, ni de sa pi6t6 fraternelle. 11 (1) Cf. LAUBE,Conc., t. IX, col. W-itGG, (ut awwm 898. DES P~CH~S 211 QUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. n'accuse point le frèr qui l'a tué car il ne veut pas paraîtr lui- mêm fratricide. Caïn ce n'est ni la voix d'Abel, ni son mur qui t'accuse, mais c'est la voix du sang que tu as versé Ce n'est donc point ton frère mais c'est ton propre crime qui t'accuse. Par-lh toute récriminatio est rendue impossible au meurtrier. Il ne peut pas se plaindre d'6tre accusà par la voix d'autrui, puisqu'il trouve dans son crime son propre accusateur. Les paroles sont moins éloquente que les faits; mais de plus, la lerre aussi rend témoignage elle qui a bu le sang de la victime. Quede justesse donc dans cette expression :La voix du sang de fm pèr crie de la terre! Dieu ne dit pas :La voix du sang de Ion frèr crie du corps de ton frère mais cette voix crie de la lerre. Ton frèr a beau te pardonner; la terre ne te pardonne pas. Ton frèr a beau se taire; la terre te condamne. Elle est tout à la fois témoi et juge de ton crime :témoi d'autant plus redoutable, qu'elle est encore toute trempé du sang que tu as verséjuge d'autant plus implacable, que ce crime l'a souillé au point qu'elle a ouvert sa bouche pour recueillir le sang de ton fdre vers6 par ta main. à 9. S. AUGUSTIN, Lib. XXII contra Faustum ManichÅ“umc. 70 : a Parmi les actes irrégulier il faut ranger l'action de Pierre, qui, tirant son glaive pour défendr son divin Maître coupa une oreille il un de ceux qui venaient de se saisir de lui, et s'attira de sa part pour cette action ce reproche sévè et menaçan : Rengainez votre glaive; car celui qui se sert de l'épé @rira par l'd~é(MATTH.,XXVI ,82). Or, celui-lh se sert de l'épbe qui s'arme d'un glaive pour verser le sang d'un autre, sans en avoir reç l'ordre ou la permission de son légitim supérieur Car il est vrai sans doute que Notre-Seigneur avait ordonnà & ses disciples de porter des armes avec eux; mais il ne leur avait pas ordonnh de s'en servir pour frapper. à Question III. Que nous enseigne I'Ecriture au sujet du péch de sodomie et de sa punition? Les habitants de Sodome, dit l'Ecriture, étaien devant le Seigneur Ses hommes perdus de vices, et leur corruption étaimonté à son comble. Ce péch infame et exécrabl se trouve condamnà dans les épîtr dc saint Pierre et de saint Paul; et d'ailleurs, la nature elle-meme le réprouve L'Ecriture nous déclar dans le8 termes suivants combien ce crime est énorm :Le cri qui s't!l&vc de Sodome et de Gomorrhe est devenu de plus en plus fort, et leur pdchà est montà h son comble. C'est ce qui fit que les anges dirent k Lot, qui s'étai conservà pur au milieu de cc peuple, et qui avait en horreur ces infames désordre : Nous allons détruir ce lieu, parce que le cri des 'abominations de ces peuples s'est élev de plus en plus devant le Seigneur, et il nous a envoyds pour les perdre.. .Alors le Seigneur fit descendre du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu, et il perdit ces villes avec tous leurs habitants, et tout le pays d'alentour avec ceux qui Uiabitaient. L'Ecriture ne passe pas non plus sous silence les causes qui ont amenÃles habitants de Sodome ii tomber dans cet dnormc péchk et quipourraient égalemen y faire tomber d'autres personnes ti leur exemple. Car voici ce que nous lisons dans Ezéchie :Voici qnclfe a dtd l'iniquità de Sodome, votre sccur :c'a étl'orgneil, l'exch des viandes, l'abondance de toutes choses, et l'oisivetà O& elle était elle d ses filles :elles ne tendaient point la main au pauvre et Ãl'i~idige~!. Ceux-lh sont exposé & tomber dans cet affreux pbché qui ne craignent pas de violer la loi divine, ou pour mieux dire, la loi naturelle écrit dans le Lévitique Voici comme cette loi s'y trouve exprimbe : Vous ne commettrez point cette abomination qui consiste a se servir d'un homme comme si c'étai une femme. Vous ne vous approcherez d'aucune Ute, et vous ne vous souillerez point avec elles. Si l'on a le malheur de le faire, la terre elle-mhe s'en trouvera souillée la colèr divine s'allumera au plus haut dcgi contre le peuple, et ce crime ne pourrit Gtre expià que par l,i mort du coupable :tel est l'avertissement que donnent encore A ce sujet les livres saints. De lA vient quo saint Paul revient plusd'une fois sur l'énormit de ce crime, qu'il condamne ti diverses reprises les impudiques et les clTCminks. C'est de ce crime aussi que se rendit coupable Onan, fils de Jiirla, que la vengeance divine atteignit bicntGt, pour avoir cmp&ch6 par d'impudiques moyens sa femme de devenir mkre, et avoir outragà la nature, aussi bien que les lois de l'honnGtct6, par des turpitudes dont sont incapables les animaux m&ne les plus lubriques (III). III. pcccatum Petrus et Paiilus coarguunt :~IIIII ouidl)erd de So~o,n~l~co flusmtc ipsa cxecratnr :Scriptura W;I pcccato. ilatura punitione scripitm cxtat ? ianti flagitii magnitudiiicin his etiam vr- liis (ledarat :Clamor .~ocfomomttt cl (;a- Homines Sodomita, inquit Scripliira, morr/ia'orum mnItipiicafi.is est, et pccro- pessimi crant, et peccatores coram Do-lum eorwn aggravalum est niiitis. Uiule dno nimis. Nefandum hoc et flagiliosum ail Lolli insinm et ab infiindis Sodomil r 4. Genèse XIII, 13 :à Or, les habitants de Sodome, etc. (comme dans le corps de la réponse) à 2. II PIERRE,II, 6-9 : à S'il a puni les villes de Sodome et de Gomorrhe, en les ruinant de fond en comble, et les réduisan en cendres, pour les faire servir d'exemple à ceux qui vivraient dans l'iniquité-et s'il a délivr le juste Lot, que ces impies affligeaient et pcrsbcutaient par leur vie infame, -ce juste qui demeurait parmi eux, étantous les jours tourmentà dans son hme, amie de la justice, par tout ce qu'il voyait et entendait de leurs actes illigitimes :-le Seigneur sait délivre ceux qui le craignent des maux par lesquels ils sont éprouvé les et réserve p!cheurs pour la peine qu'ils subiront au jour du jugement, etc. à 3. Romains, 1, 25-29 :à Et ils ont transfér à des images qui ne leur représentaien que des hommes mortels, et h des figures d'oiseaux, de quadrupède et de reptiles, l'honneur qui n'est dà qu'au Dieu immortel. -C'est pourquoi Dieu les a livréaux dkirs de leurs cÅ“ur et A l'impureté en sorte qu'ils ont désho nori eux-même leurs propres corps, -eux qui avaient mis le mensonge à la place de la vérit de Dieu, et rendu ii la créatur l'adoration et le culte souverain, au lieu de ne le rendre qu'au Créateur qui est boni dans tous les siècles Amen. -C'est pourquoi Dieu les a livres ii des passions honteuses ;car les femmes parmi eux ont changà l'usage qui est selon la nature en un autre qui est contre la nature; -les hommes de mhe, mm stupris majorem in u~oduni abliorreii- et naturalcm lrgcni in Levitico scriptam tan sic Angeli loquuntur :Detcbinws lu-violare non verentur. Ea sic hahet :Cm min isluin ,ed qudd iiicreverit clamor masculv non co~n~nisceariscoitv femi- mini coram Domino ,mi misit nos. ut neo, quia abowitwtio est. Ciwi omni pe- pfrdmmis illos. Igitur Dominus phit core non cofbt's. me maczdïibericum eo. ÈU) Sodomain et fiomorrii(oti sfd/?/;?~r tctris ne Quod si liat , t~:rrç:t ipsain tain it ifiwm h ttomino de ccdo, et subvenu iicfantlis Iil)iilinilii~.s pollui, ac iram divi- firilMrs lins et oniitem circd regioiiem. II~IIIJ;~lversiis po~nilnin majorciii in niodiiin Xeqiir lacet Scriptura causas, qua2 ad hoc cowilari, luni criiii-II inorlis supplirio cx- p'rp'avc pcccatum Sodon~itas impulcrnnt, piandiiin 12% cu~ie~n loco IIIOIICIIIII~. et alias itiilcm permovere possunt. Sic enim Unde Paulus 11011 srnicl etiani argnit ma- I$n~iis ~UKI sculorum conc~~hilorcs pra-lcrra Ezeciiiclein :Ecce hm filil :damnat iniqiiilasSodome sororis tune:szipcrbia, imniinidos alquc inolles. E ipiliiis nnus ~(itiirit~s erat Onan hulz r'Iiiis, qui prmentem Dei fiini's, et abundantia, et otimn ipsius et /!/i(truin ejus, et tnasium egeno nllionem effugere 11011 poluit, qubd in ter- rf liaii~erinon lrorrigebant. ram iii~~~lcrct, bestiis, senien pejorquc Unie iialcni llagilio nunquam satis exe- iialurae houeslatem ac ordinem vellet per- iranilo sunt olinoxii ,qui divinam, imma I'iin1pcrc. 944 DES PÉ~~iCWEW~' JUSQU'AU CIEL. QUI rejetant l'union des deux sexes, qui est selon la nature, ont èl cmbras6s de désir impudiques les uns pour les autres ,l'homnir commettant avec l'homme des crimes infames, et subissant ainsi en eux-m6mes la juste peine de leur égarement -Et comme ils n'ont pas fait usage de la connaissance qu'ils avaient de Dieu, Dieu aussi les a livréà un sens dépravà en sorte qu'ils ont fait des actions indignes de l'hoinine :-remplis de toutes sortes d'injustice, de méchancetà d'impureté etc. à 4. I Timothie, 1, 9-10 : N La loi n'est pas établi pour le juste, mais pour les mdchants et les esprits rebelles, pour les impies et les pécheurs pour les scéléra et les profanes, etc.,- pour les fornicatcurs, les abominables, etc., pour toute autre chose enfin qui peut êtr opposé h la aine doctrine. à S. èphésienV, 5-6, 42 :K Nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idoltitrie, ne sera héritie du royaume de Jésus-Chris notre Dieu. -Que personne ne vous séduis par de vains discours; car c'est 18 ce qui atlire la colbre de Dieu sur les hommes rebelles A la vérità -La pudeur ne permet pas mêm de dire ce que ces personnes font en secret. à 6. Juqes, XIX, 22-25 : à Pendant qu'ils étaien i table, ct que fatigubs du chemin ils mangeaient et buvaient pour reprendre leurs forces, il vint dcs hommes de cette ville, qui dtaient des enfants de Bdial, c'est-Mire rebelles au joug de la loi, et envi- ronnant la maison du vieillard, ils commenctrcnt & frapper A la porte, en criant au maltre de la maison, et lui disant :Fiiiit~ sortir cet homme qui est entrà chez vous, afin que nous abusions de lui. -Le vieillard sortit pour leur parler, et leur dit : Gardez-vous, mes frcres, gardez-vous bien de faire un si grand mal; car j'ai offert & cet homme l'hospitalità :cessez de songerA une telle folie. -J'ai une fille vierge, et cet homme a sa femme; je vous les ambnerai, et vous assouvirez sur elles votre passion. Je vous prie seulement de ne pas commettre b l'@rd d'un homme ce crime contre nature. -Mais ils ne voulaient point se rendre à ses paroles, etc. 0 7. &$es, XX, 46-48 : u Ainsi vingt-cinq mille liommes dc la tribu de Benjamin furent tué en cette journé en divers endroits, tous gens de guerre et très-vaillants -de sorte que tous ceux de cette tribu qui purent s'échappe et s'enfuir dans le déser ne montaient qu'au nombre de six cents, et ils se tinrent campé au rocher de Remmon pendant quatre mois. -Les enfants d'lsrael, Ctant revenus du con~b.'it,firent passer au fil (Ir l'cpbc tout Câ CTS P~CH~S CIEL. 215 QUI CRIENT JUSQU'AU restait dans la ville, depuis les hommes jusqu'aux bbtes ,el toutes les villes et les villages de Benjamin furent consumt5s par les flammes. à 8. Ge12se, XVIII, 20 : à Le cri qui s'élè de Sodome et de Gomorrhe, etc. (comme dans le corps de la réponse) à 9, II PIERRE, II (comme ci-dessus, témoignag 2). 10. Genèse XIX, 13 : à Nous allons détruir ce lieu, etc. [comme dans le corps de la réponse) à M. Sagesse, X, 0-8 : à C'est la sagesse qui délivr le juste, lorsqu'il fuyait du milieu des mkchants qui phirent par le feu tomM sur les cinq villes, -dont la corruption est attesté par celte terre qui fume encore et qui est demcurbe toute déserte oà les arbres portent des fruits qui ne mûrissen point, et oà une statue de sel reste toujours debout, en souvenir de la punition i~*c il une &me qui refusa de croire. -Car ceux qui ne se sont pas mis en peine d'acquéri la sagesse, non-seulement sont tombts dans l'ignorance du bien. mais encore ont laisst! aux hommes des témoignage de leur folie, sans que leurs fautes aient pu demeurer cachées D 12. Deutéroiwme XXIX, 22-23 : à La postérit qui viendra aprks nous, les enfants qui naîtron dans la suite d'Agc en hge, et les étranger qui seront venus de loin, voyant les plaies de ce pays et les maux dont lc Seigneur l'aura affligé .-voyant qu'il l'aura consumà par le soufre et par un sel IxClant, de sorte qu'on n'l jettera plus de semence et que rien n'y verdira, qu'il y aura renouvelà enfin une image de la ruine de Sodome et de Gomorrhe, d'Adams et de Séboà ,que le Seigneur a détruite dans sa colèr et sa fureur.. . à 13. Ep"tre catholique de saint Jude, 7-8 : à De mêm Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines qui s'&aient livrees comme elles aux excbs de l'impuretéen se souillant d'une manikre abomi- nable, sont devenues un exemple en subissant la peine d'un feu éternel-Et cependant ces hommes souillent encore leur chair par de semblables desordres. à 111. Genèse XIII, 10 :à Lot levant donc les yeux, considér tout le pays situà le long du Jourdain, qui s'6tcnt!ait de cc lieu-!î jusqu'k Sbgor, et qui, avant que Dicu détruisi Sodome vt Gomorrhe, étai tout arrosà d'eau, eoinmc un jardin de Dieu ci comme 1'Egypte. à 15. EZ~CHIEL, XVI, h9 : à Voici quelle a 6th l'iniryit~.P+", (comme dans le corps de la ivponv). )) 216 DES P~CHÉQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 16. Ldtritique, XVIII, 22-25 :a Vous ne commettrez point cette abomination, etc. (comme dans le corps de la réponse) - La femme ne se prostituera point non plus de cette manièr A un animal, parce que c'est un crime. -Vous ne vous souillerez par aucune de ces infamies dont se sont souillé tous les peuples que je chasserai devant vous, -et qui ont d6slionorb ce pays-lh; et je punirai moi-meme les crimes détestable commis sur cette terre, en sorte qu'elle rcjetlera avec horreur ses habitants de son sein. à 17. Deutéroiiwie XXVII, 21 :à Maudit celui qui dort avec des b&es, quelle qu'en soit l'espèce et tout le peuple répondr : Amen. à 18. LévitiqueXX, 13, 18-16,23 :à Si quelqu'un abused'un homme comme si c'étai une femme, qu'ils soient tous deux punis de mort, comme ayant commis un crime exthable; leur sang retombera sur eux. -Celui qui se sera corrompu avec une betc ,quelle qu'en soit l'espkce ,sera puni de mort, et vous ferez aussi mourir la bete elle-même -La femme qui se sera corrompue avec une bote, quelle qu'en soit l'espèc , sera punie de mort avec la b&e, et leur sang retombera sur elles. -Ne vous conduisez point selon les lois des nations que je dois chasser de la terre oà je veux vous btablir; car elles ont fait toutes ces choses, et je les ai cn abomination. à 19. Exode, XXII, 19 : à Celui qui aura commis un crime abominable avec une bêt sera puni de mort. à 20. JOEL,III,2-3 : à J'assemblerai tous les peuples, et je les amènera dans la vall~e de Josaphat; et lii j'entrerai en juge- ment avec eux au sujet d'IsraCl mon peuple et mon héritagequ'ils ont dispersà parmi les nations, ct de ma terre qu'ils se sont partagée-Ils ont tirà mon peuple au sort; ils ont expos6 des enfants dans des lieux de prostitution, ct ils ont vendu les jeunes filles pour avoir du vin et s'enivrer .à 21. I Corinthiens, VI, 9-10 : à Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l'injustice ne seront point heritiers du royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas : ni les l'ornicatcurs, ni les ido- lktres, ni les adulteres, ni les impudiques, ni les abominables, ni les voleurs, ni les ivrognes, etc., ne seront héritierdu royaume de Dieu. ); 22. Romaiw, 1, et I Tirnoilth, /(comme ci-dessus, témoignage 3 el 4). 23. Gdutes, V, 19-21 : à Or, il est aisà dc connaîtr les DES P~CHÉQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 217 Å“uvre de la chair, qui sont la fornication, l'impureté l'impu- dicitéla dissolut,ion ,etc., -et autres semblables, au sujet des- quelles je vous déclare comme je vous l'ai déj dit, que ceux qui commettent ces crimes n'obtiendront point le royaume de Dieu. à 24. GcrtèseXXXVIII, 8-10 :à Juda dit & Onan, son second fils ;Epousez la femme de votre frère et vivez avec elle, afin que vous suscitiez des enfants ii votre frère -Onan voyant la femme de son frèr aînà et sachant que les enfants qui naîtraien d'elle ne seraient pas lui, eiupbchait qu'elle ne devîn mère et qu'onn'envînaîtr des enfants qui seraient cens& ttre né de son frtre. -C'est pourquoi le Seigneur le frappa de mort, parce qu'il faisait en cela une chose détestable à 1. S. ~uiliolk~,Lib. XIV SIomliwn in Job, c. 10 (al. 5) : a L'Ecriture nous enseigne bien clairement que le soufre est la figure de la corruption de la chair, lorsqu'elle rapporte que Dieu fit tomber sur Sodome une pluie de feu et de soufre (Gen., XIX). Car, comme il avait résol de punir les péchà de ce peuple abo- minable, il a voulu indiquer par le genre de la punition celui du crime. En effet, la puanteur est dans le soufre, et l'ardeur est dans le feu. En conséquenceces hommes dont les infames désir s'allumaient au foyer d'un mur corrompu, méritaien bien d'avoir l'infection du soufre et les ardeurs du feu pour chiltiment, afin qu'une peine si justement assortie leur fit comprendre à quels crimes épouvantableils s'étaien abandonné (1). à 2. S. AUGUSTIN, Aprè Cità de Dieu, liv. XVI, c. 30 (2) :à cette promesse, Lot étan sorti de Sodome, une pluie de feu tombé du ciel réduisi en cendres cette ville et cette contrke impie, oà les abominations de l'amour contre nature étaien devenues aussi communes que les actions permises par les lois; mais la vengeance de ces crimes est une image du jugement de Dieu i~ venir. En effet, quand les anges défenden h ceux qu'ils sauvent de regarder en arrière qu'est-ce & dire, sinon que, dépouilld du vieil homme par la grilce de la renaissance spiri- tuelle, nous ne devons pas retourner de cÅ“u it notre ancienne vie, si nous voulons conjurer les rigueurs supr6mes de la justice (1) Cf.Les Morales rie saint, Grvgoirv, t. 11, p. W. (2) Cf. La Citd de Dieu, trad. nouv. par L. Morcau, 1. 11, p. 808-806. SI 8 DES P~CHESQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL divine?Enfin, lA oÃelle s'est retour&, la femme de Lot demeure changéen statue de sel :vivo leço qui rkveille le goùtrop souvent blasà des fidkles. à 3. TERTULLIEN, Apologétiquec. 40 :à La Palestine n'avait pasencore reç de l'Egypte l'essaim des Juifs, le berceau du christia- nisme ne s'y étai pas encore formé quand une pluie de feu con- suma, sur les frontière de eette contrée Sodome et Gomorrlic, Celte terre ravaghe exhale encore l'odeur de l'incendie. Si quelques fruits croissent péniblemen sur ses arbres, végktatio trompeuse h l'Å“il ils tombent en cendres sous la main qui les touche (1). à 4,. Le même ou plut& l'auteur inconnu du po&me sur Sodo11~ qui lui est attribué chapitre IV :(1 Nulle part je ne vois plus Sodome, nulle part ne SC montrent plus ses édifice impies. Nulle part on ne trouvera habitation plus désolé habitants plus dbnuhs de ressources. Toute cette contré n'est qu'un bûcher qu'un amas de cendres, dont la sombre couleur rappelle un antique incendie. Elle n'est plus, cette fertilità que Lot admi- rait autrefois.. .Personne n'est tentà de labourer une terre que le feu du ciel a rendue k jamais stérile Si quelques sillons h demi tracé essaient d'offrir les dons de l'automne, les yeuxpeuvent un instant cire enchanté A la vue de poires, de ptulies ou de pommes qui invitent h les cueillir; mais Ãpeine touchés ces même fruits tombent réduit en cendres, et l'on ne trouve plus dans ses mains qu'une poudre vaine. Ainsi le ciel et la terre la fois n'offrant do toutes parts qu'un vaste tombeau, la mer elle-mêm y est sans vie; son calme est celui de la mort; les chaudes halcines des zbphyrs n'y animent point ses flots; les autans n'y font pas mèm bruir ses vagues, et ses abimes ne rechlent aucun poisson, aucun coquillage, aucun monstre marin qui ait vie.. ... à Voici un autre prodige que présent cette mer attristèe Tout ce qu'on y jette y surnage; il semble que les corps y soient dépouillÃde leur pesanteur; si au contraire une légè Atoupe, flottant sur sa surface dans une &aille comme dans une nacelle, y cst allumé au contact de la Qamme, et qu'ensuite celte flamme vienne & s'étcindrc les débri de l'embrasement iront (I)Cf. Les Père de l'Eglise, etc., tract. par M. de Genoudi;, t. VIII, pas 773. Voir sur ce sujet les Rc'ponscs fk. Buffet (iw(llfficultè des È'ncrnlitlcs DES PÉCHÃQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 219 m fond de l'abîme C'est ainsi que Sodome et Gomorrhe rap- pelleront de si6cle en sihcle le chhtiment infligh à ces hommes injustes, qui dans leur endurcissement avaient perdu la crainte de Dieu, et seront un perpktuel avertissement du soin avec lequel Dieu veille du haut du ciel au maintien de ses lois, et &end ses regards sur tout l'univers. à S. S. CHRYSOST~ME, Romanos, de Hom. IV in Epistolam ad aasculorum concubitoribus loquens :à Je ne crains pas d'affirmer que de pareils coupables sont pires que des homicides; car il vaut mieux mourir, que de vivre en subissant un tel outrage. L'homicide, en effet, ne fait que sépare l'Arne du corps, au lieu que cet impudique cause la perte de l'une comme de l'autre, Bref, quelque crime que vous imaginiez, vous ne le trouverez pas comparable celui-lh; et si ceux qui consentent b en 6tre les ~ictimes sentaient bien leur malheur, ils préféreraie mille morts, plutdt que d'endurer cette ignominie. à Rien de plus contraire & la raison, rien de plus incompatible avec le devoir, que cet outrage fait b la nature. Car si saint Paul 8 dit au sujet de la fornication :Quelque autre pdchà que l'homme tommette, c'est hors de son corps qu'il le commet, mais celui qui tuminetunefornicationpèch contresonpropre corps (ICor., 1V, 48); que dirons-nous de cette criminelle folie, qui surpasse la forni- cation en perversità au-del& de tout ce qu'on peut exprimer par le langage humain? Car je ne dis pas seulement qu'en vous y laissant aller vous devenez femme, d'homme que vous étie , mais je dis qu'en perdant votre dignità d'homme, vous n'acquére pour cela rien des attributs de l'autre sexe, qu'ainsi vous désho norez dgalement les deux, et mérite la répulsio et les rebuts de l'un comme de l'autre. Et pour vous rendre la chose sensible, si quelqu'un vous offrait de vous métamorphose en cet animal dont le cynisme athénie a empruntà le nom, bien loin de l'icouter, ne le fuiricz-vous pas comme la peste? Mais par cc crime que vous consentez b commettre, vous ne passez pas sans doute h l'esphce canine, mais vous devenez quelque chose de bien plus vil que cet animal; car un chien est apres tout utile à quelque chose, au lieu qu'un péddrast n'est bon & rien. Que dirai-je en effet? Si quelqu'un se vantait h nous de pouvoir rendre les liommes susceptibles d'enfanter comme les femmes, ne strions-nous pas indigné de sa proposition? Mais ceux qui sont ]ioss!dé de la rage dont nous parlons font de leur corps quclquc chose de bien pire; car il vaudrait mieux pour eux êtr tout-à 220 DES P&CH~SQUI CRIENT JUSQU'AU CSEL fait femmes, que de se faire femmes sanscesser d'ètr hommes, ou plut&, d'abjurer, comme ils fonty les deux sexes h la fois. Voulez-vous vous convaincre encore d'une autre mani6re de 11énormitdc cette action? Dcmandez pourquoi les lois punissent ceux qui font ennuque qui quc cc soit dc lcurs sen~blables, et on vous dira que c'est uniquement parcc quc ceux qui le font portent alkinle ti lintkgrità du sexe le plus noblc. Pourtant, ceux qui se portent il cet acte d6naturh outragent inoins la nature que les auIres doni nous parlons ici; car cnh lcs eunuques, mhne aprè avoir subi leur cruelle ~nutihtion~ pcuvent encore 4tre cnqdoyé it quelq~~c a pas d'ctres plus inutiles i1U service, au lieu qu'il n'y mon& qu'un homme pcrdu ainsi par la débauch :son corps ci son Ame ne sont plus qitc de la boue, que l'on ne peut plus tnêm foulcr aux picds sans dangcr d'en contractcr la soui111.n-c. Qucls feux dc l'cnfcr pourront &rc assez ardents pour cxpicr d'aussi 6nornm cri~ncs? Que si vous souriez A ce non1 d'cnfcr, si vous faites difficult6 dc croire & son existence, rappclcz-vous lc feu qui consuma Sodon~c :car voilh y oui, voilh 1n6me pour la vie préscnt une image dc ce feu venir, Comme Dieu pxkoyait que hcaucoup dc gens voudraient douter dc ce qui suivra la rksurrcction9 il a fait toml~er un jour cc feu d6vitshtcur, pur cngager les hommes & se former leur foi (l'aprhs les choscs mhes qu'il a mises sous leurs yeux. Tel est vn cKct cet incendie de Sodome; et j'en prcnds témoiceux qui SC sont transportks air les I~UY, ct qui ont vu dc leurs ycux ccs cKroyal11cs cKcts de la vcngcanec divine, ces traces inelTa- qal~les des foud~~s célestesT~icl~cz dc concevoir conhien ce pichà 4oit &trc 6110r1ne~ puisqu'il a coinnw contraint l'enfer à faire sur la tcrrc ccltc irruption pr61naturGc. Comme hcaucoup de gens SC moquaient dc cc qu'ils cn cntcndaicnt ch, Dicii a voulu, par ce prodigc c~traordinairc~ en leur renilrc la cl~osc plus er~yi~bk : faisant parler lcs faits. Si la pluie tom1)Gc sur Sodomc n'ctait pas i naturelle , c'cst que lcs cri~ncs de scs lmhi tants IIC l'étaienpas non plus; ct ellc a inondà lcw villc ct Icur contrkc, comme imc passion funeste inondait lcurs Anm. C'est pour ccla que cctk pluie a produit cles cfrets tout contraiws A CCUX que la pluic pro- duit naturellement  puisqu'au lieu dc fertiliser la tcrre et de lui faire produire dcs fruits abondank, clle l'a rcndue inlécond ct tout-&-fait stbrile. Tc1 étai aussi l'infame conmcrce que prati- quaient entre eux lm habitants de Sodomc : il frappait les dci~x scws la fois d'i~npuissance et (le st6rililé Y a-t-il rien de plus DES PÉCHÃQUI CRIENT JUSQU'AU CIEL. 221 abominable qu'un homme qui s'est fait victime de cette monstrueuse passion? Y a-t-il rien qui mérit mieux l'exécra tion du ciel et de la terre? O fureur! O aveuglement! D'otl est venue cette passion maudite et ennemie du salut cles hommes; d'autant plus leur ennemie, qu'elle fait péri leurs Anles et leurs mps & la fois? O hommes indignes de ce nom y pliis dbrai- sonnables que lcs animailx sans raison, plus étranger à la pudeur que les chiens qui courent nos rues! Car ceux-ci rccon- naissent du moins certaines lois dans leurs accouplcmcnts; au lieu que vous y vous clésl~onore tellcinent votre esphce, que vous la faites descendre au-dessous des plus vils animaux. Quel est le principe de ces vices monstrueux? L'ainour du plaisir et l'igno- rance oà l'on est de Dieu; car du moment oà l'on perd sa crainte, on devient ennemi de toute vertu (4). )) 6. TERTULLIEN,de la Pudicité c. 5 (al. 4) :<( Quant aux autres emportements des passions qui attentent aux corps, aux RSCS et aux lois de la nature, nous leur interdisons non-seule- ment le sanctuaire y mais n~êin tout accè de l'église parcc que cesont, je ne dis pas des péché mais des monstruosité (2). N 7. S. AUGUSTIN, c. Les crimes Coufessions, liv. III, 8 : (( contre nnture , tels que ceux de Sodome, appellent partout et toujours l'horreur et le cl~htiment. Que si tous les peuples imi- hient Sodome, ils seraient tenus de la mêm culpabilite devant 18 loi divine, qui n'a pas fait les hommes pour user ainsi d'eux- mhes. Car c'est violer l'alliance qui doit êtr entre Dieu et mus, que de profaner par de vils appétit de débauch l'ordre naturel dont il est l'auteur (5). )) 8, Le même Epist. Cï (al. 241) ad Sanctimonia~es: u L'amour que vous devez vous porter les unes aux autres n'est bas un amour charnel, mais une affection purement spirituelle, br ces amusements immodestes, ces jeux indécent que se per- mettent, mêm entre personnes de leur sexe, des femmes qui ont mis en oubli les lois de la pudeur, doivent rester inconnus, non-seulement aux veuves et aux vierges consacrée h Jésus Ci~rist, mais meme à toute femme et h toute vierge clrétienne )) 9. Le Code de Justinien, Lib. IX, tit. 9, (id Iegcm Jdim de (1) Cf. S. Chrgsostowi opera, t. lx, p. 457-458, éditde nIontfaucon; pg. h98499, 6dit. Gau~ne. (2) Cf. Les Pires de lyEg1lse,etc., trad. par M. de Genoude, t. VII, pg. 737. (5) Cf. Ides Confessious, etc., lrad. par la.MOIY~U,pag. 77. 222 DES pfic~fisQUI CRIENT JUSQV'AU CIEL. ddteriis et stupro, lep XXXl Comtantii et Comlantis imperab mm :N Lorsque l'homme lait l'officede la femme, qu'attendre dc ce commercc cont,rc naturc, oà les sexes sont pris à rebours ; ou ce qui SC pratique est tellcmcnt monstrueux y que c'est un crime m6mc d'en parler; oà l'amour rcvbt une forme incompa- tible avec lui-m6mc; oà il se d6pouillc de son attribut distinctif, qui est la lécondit6 Nous voulons que la loi s'arme de son glaive vengeur pour shir exemplairement contre Ics infanles qui se rendent ou se rendront coupables de ce crime monstrueux. )) 40. S. JÉR~IE cap. ad Ephesios; voir ce Ijz V EpistolÅpassage rapportà d6,jh & la question V dcs péchà capitauxl témoignag9, tome II1 , pilge h 54 . Qnestiom IV. Que nous dit l'Ecriture du crime dc l'oppression exercé il l'égar dcs pauvres? Vous n'attristerez et daffligerezpoint l'étranger dit le Seigneurl parce que votts ctuez ét étranger uous-dmes dans le pays 8Egyfitc. Vous tac ferez amxn tort a la ueuve et à l'orphelin. Si vous les ofensez en qt~elque chose, ils crieront vers moi, et j'écotbtera .hm cris :et ma fureur s'allumera cofbtre vous; jc vm ferai péri partdpée et vos fe~imesdeviedront veuves, et vos enfants orphelins. C'est pour cela, ,je veux dire, pour la cruellc oppression qu'elle faisait peser sur les Israélites que lYEgypte fut frappé de tant de plaies, et que Yarmke entihre des Egyptiens finit par êtr engloutie dans la mer avec son roi Pharaon, cet implacable tyran qui avait. portà la cruautà jusqu'it ordonner le meurtre de tous lcs enfants n$dcs du peuple l~ébrcu Jai vu, dit le Seigneur, l'affliction de mon 11euple qui est en Egpte; j'ai entendu le cri qu'il jette & cause de la dzmtd de ceux qui ont l'intendance des travaux; ot sacharzt quelle est sa dotdetl~aje mis descefich pow k délivre des mains des Egyptiens. De lii aussi cette menace que Dieu fait entendre par la bouche clYIsaï : Malheur à ceux qt~idtablissent des lois d'itziqt~ité ct qui f011.t des ordonnams injustes pour opprimer les pauures dans le jtge))mt, pour accabler par la violence, malgrà la justice de leur cuuse, les plus faibles de mon peuple, pour dévore la ueztvo comme leur proie, et pour gnettre au pillage le bieu des pq~illes. On lit dans le mêm prophhte ce reproche adressà b l'injustice ct à l'inhumanità des magistrats : 1'0s pims SORZdes i~tfidèlcsils sont les cowpy~zotisdes vohrs; 5ES P~&SQUI CRlENT JUSQU'AU CIEL. 223 bw ahmt les prdsents, ils fie cherchent que le gak et I'intddt. Ils tte font point jwtice aux pufilles, et la cause de la wuue da point d'accè aq~rèd'eux. On y lit encore ces autres paroles :Non pmple u dtà dépozdl par ses exuctezws. Et il n'est pas douteux que souvent des villes et des provinces entière sont menacée des plus grands mall~c~~rs pour ce crime détestabl que com- mettent sans scrupule leurs magistrats (IV), TI~OIGNAGES DE L'&CRITURE. 4. Exode, XXZI, 24, 23-27 :(( Vous ne contristerez ni n'affli- gerez l'étranger etc. (comme dans le corps de la réponse)- -Si vous prête dc i'argent ii ceux de mon peuple qui sont pauvres parmi vous, vous ne les presserez point comme ferait un exacteur impitoyable, et vous ne les accablerez point d'uswes. -Si votre prochain vous a don06 son habit pour gage, vous le lui rendrez avant le coucher du soleil. -Car c'est le seul habit qu'il ait pour se vêtir c'est h seule couverture qu'il ait pour mettre sur lui quand il dort; s'il crie vers moi, je l'exaucerai: car je suis bon et compatissant. 11 2. Deukkottome, XV, 7-44 :u Si, dans le pays que le Seigneur votre Dieu doit vous donner, quelqu'un de ceux de vos frère qui demeureront dans votre ville tombe dans la pa~ivreté vous n'en- durcirez point votre cÅ“ur et vous ne fcr~nercz point votre main; -mais vous l'ouvrirez au pauvre, et vous lui p4tcrez cc dont 1v. eor?m qui przsunt operibus, et scieils dolorent cj~s descenfli, ut li6ere1nem depid Scripfzwa de pmperunl oppres- tnanibus &gyptioruin. Hinc gpud Esaian1 sione 11roponft ? quoque interminatur Dominus :Va qui Advenam non contristabis, dicit DO-condzmt lcges iniqws, et scrlbenles minus, neque ofliges euin; adven~ cnim ifljustitiam scrl])seruut, ut oppritnefent et ipsf fulslis in terra &jypli. Wlua? et in jt~ilicio pcmprres, ct vint facereltt pupille non ttocebitk Si laserifis cos, caus~ wci :ztt lt~itnilium1~0~~1if~ essent ~otifcrabuntur ad me, et ego audiatn cla- vfdua przda eorunt ,et pipi[los diripe- morem eorum, et indignabitur furor rent. Et apud cundcm prophctam de inlm mem, perctdianzque vos gkdio; et erunt manis et iniquis magistratihus cxtat h%c vxorcs ucstm viduz, el filii vestri pu-querimonia : Pri~fci/)estui infidelcs, $0- pilli. Quaproptcr Egyptii lot plagis cil furunz :OII~CSdiligmt ~nuncro, SC- altriti, et cum su0 rege crudcIissimoque qttuntur retri61~tioncs, pupiUo noat judi- lvmno Pharaonc, qui ne b parvulis qui- cant, et causa cidm nola ftu~redftiir ad lem Hebrmrum occidendis sibi tempera- illos. Item :Po/)~i~umimm exactore8 rit, submersi demum fnere , videlicct 01) sui spolimerunt. Km dubium ,quiil civi- !uam in Israelitas plusquam harbaricam tates et provinci8 1106 csecrando pcccatn hnanilatem. Vidi, inquit Dominus, quod !I tyrannicis tnagislralibus perpctra- l@tlionern populi rnel ta ,&gypto, et tur, in summum stepe discrimen addu- llainore~tt dus UUI&$, propler (luriliam canlnr. DES P~CH~S CRIEST JUSQU'AU CIEL. 224 QUI vous verrez qu'il aura besoin. -Gardez-vous de vous laisser surprendre 3 cettc pcnsbc i~npie, et de dire dans votre cÅ“ur La septikme anné qui est l'anné de la rémission approche; et y de détournc ainsi vos yeux de dessus votre frèr qui est pauvrel sans vouloir lui pretcr cc qu'il vous demande y de peur qu'il ne cric contrc vous vers le Seigneur' et que cela ne vous soit irnpulà & pkcl& -&rais vous lui donnerez, et vous ne montrerez point un mauvais cmur lorsqu'il s'agira pour vous de soulager sa misère afin quc lc Seigncur votre Dieu vous bhnisse en tout tempst et dans toutes les clioses que vous entreprendrez. -Il y aura toujours des pauvrcs dans le pays oÃvous habiterez. C'd pourq,uoi je vous ordonne d'ouvrir votrc main ti votre frtrc pauvre et sans secours, qui se trouvera demeurer avec vous dans votre pays. N 3. lbid., XX1V, 40-4 3, 47 : (( Lorsque vous redemanderez votre procl~ain quelquc cllose qu'il vous devra, vous n'entrerez point dans sa maison pour cn emporter quelque gage; -mis vous vous tiendrez dcliorsy ei il vous donnera lui-mêm ce qu'il aura. -S'il est pauvrey le gage qu'il vous aura donnà ne passera pas la nuit dans votrc maison ; Inais vous le lui rendrez aussih avant lc couchcr du solcil, afin que, dormant dans son vi$temcntl il vous l~knissc, ct que vous soyez trouvà juste devant le Seigneur votre Dieu. Vous ne violerez point la justice dans la cause de l'ktranger et de l'orplielin, et vous n'dterez point A la veuvc son vfitcment pour qu'il vous ticnns lieu de pge. )) 4. ~cclésia~s~ique XXXV, 46-49 : R Le Seigneur ne fcra point acception de personnes contre le pauvre, et il exaucera la pritre de l'opprim6. -Il ne ~nkpriscra point la prihrc dc l'orphelin, ni lcs gbmisscmcnts quc la veuve répandr devant lui. -Lcs Iarmcs dc la vcuve ne descendent-elles pas sur son visage, et nt crient-cllcs pas vengeance contrc celui qui les fait coulcr ? -Du visage de la \7cuvc, elles montent jusqu'au ciel ;et le Seigneur, qui l7ex~uceY )) nc se plaira point it la voir plcurer. 5.Jh~ibm, XXI, 42 : (( Maison dc David, voici ce que dit le Seigneur :Rendcz la justice dè le matin, ct délivre l'opprin16 des mains de son pcrskcuteury de pcur que mon indignation n@ s'allume comme un feuy et qu'elle ne s'c~nbrase sans que per- sonne puisse i'étcindre A cause de Ia perversità de vos pensées s 6. Id., XXII, 3-5 : (t Voici ce que dit le Seigneur :Agissez selon l'équit et la justice ;délivre l'opprhnà des mains de son per- s~cuteur;ne contristez ni i'étrangw ui l'urpl~elin, ni la veuve! çleopprimez pas injustement, et ne répande pas le sang inno- @nt en ce lieu. -Si vous observez avec soin cette ordonnance, fl pssera par les portes de ce palais des rois de la race de David, qui s'assiéron sur son trbne, et qui monteront, eux et leurs serviteurs et leurs peuples, sur des chariots et sur des chevaux. -Que si vous n'écoute point mes paroles, je jure par moi- mt?me,dit le Seigneur, que ce palais sera rédui en une soli- ' tude. 1) 7. MALACHIE, III, 5 : a Je me hAterai de venir, pour 6tre moi- mtme juge et ternoin contre les empoisonneurs, contre les adul- tes et les parjures, contre ceux qui retiennent le salaire de l'ouvrier, qui oppriment les veuves, les orphelins et les étran gers, sans èlr retenus par ma crainte, dit le Seigneur des armées à 8, II Rois, XII, 4-6 : Le Seigneur envoya donc Nathan vers à David; et Nailian étan venu le trouver, lui dit : Il y avait dans me ville deux hommes, dont l'un étai riche, et l'autre pauvre. -Le riche avait un grand nombre de brebis et de bÅ“ufs -au lieu que le pauvre n'avait en tout qu'une petite brebis, qu'il avait acliette et nourrie, qui avait ét élevÃdans sa maison parmi ses enfants, mangeant de son pain, buvant dans sa coupe, et dormant sur son sein; et il la chérissai comme sa fille. - l'n étrange étan venu voir le riche, celui-ci ne voulut point, toucher ii ses brebis ni iI ses bÅ“uf pour lui faire festin; mais il prit au pauvre sa brebis, qu'il donna & manger h son hdte. - David indignédit iI Nathan : Vive le Seigneur! L'homme qui a a celte action est un enfant de la mort. -11 rendra quatre fois le prix de la brebis, pour avoir agi de la sorte, et pour n'avoir point épargnle pauvre. à 9. Exode, VU, VIII, IX, X, XII et XIV, oÃsont rapportée les diverses plaies dont l'Egypte fut frappé en punition de l'oppression que Pharaon faisait peser sur le peuple hébreu 10. Exode, I, 8-16, 22 : à Cependant il s'élev en Egypte un roi nouveau, & qui Joseph étai inconnu. -Et il dit A son peuple : Vous voyez que le peuple d'Israë est devenu très-nombreu et plus fort que nous. -Venez, opprimons-le habilement, de peur qu'il ne se multiplie de plus en plus, et que s'il s'élkv quelque guerre, il ne se joigne h nos ennemis, et qu'aprè nous avoir vaincus, il ne sorte de 1'Egypte. -Il établi donc sur eux des intendants pour les accabler de travaux ;et les Israélite bbtirent iPharaon des villes pour servir de magasins, Phitliom et Ra- IV. iB 226 DES PÉCHQI!! CRTENT JUSQU'AU CIEL. messes. -Mais plus on les opprimait, plus leur nombre à multipliait et s'&levait. -Les Egyptiens haïssaien les enfants d'Israël et les affligeaient en les insultant; -et ils leur ren- daient la vie h charge, en les condamnant à des ouvrages de mortier ct de briques, et aux travaux de la terre et au plus dur esclavage. -Et le roi d'Egyptc parla aux sages-femmes des Hébreux dont l'une se nommait Séphora et l'autre Phua, -et il leur fit ce commandement :Quand vous recevrez les enfants que viendront & enfanter les femmes des Hkbreux, et au moment de l'enfantement, si c'est un enfant mNe, tuez-le; si c'est une fille, laissez-la vivre.. .-Alors Pharaon fit ce commandement & t,out son peuple :Jetez dans le fleuve tous les enfants milesqui viendront & naîtreet ne réserve que les filles. à 41. Ibid.. XIV, 27-28 :à Moise étendi donc la main sur la mer, et dt?s la pointe du jour elle retourna au mêm lieu qu'elle avait auparavant occupé Et les eaux vinrent h la rencontre des Egyptiens qui s'enfuyaient, et le Seigneur les enveloppa au milieu des flots. -El les eaux se retournèrent et couvrirent et les chars et les cavaliers de toute l'armé de Pharaon qui étai entré dans la mer en poursuivant Isra'l, et il n'en échapppas un seul. à 12. lbid., III, 7 :à J'ai vu l'al'fliction de mon peuple, etc. (comme dans le corps de la réponse) à 13. ISA~E, Malheur etc. X, 1,3-4 : cc ceux qui établissent (comme dans le corps de la rcponse). -Que ferez-vous au jour oà Dieu vous visitera, au jour des calamité qui viendront fondre sur vous des région lointaines? A qui aurez-vous recours? A qui confierez-vous le soin de votre gloire, -pour n'btre pointaccablésous le poids des chahs, pour ne pas tomber sous UQ monceau de corps morts? Aprts tous ces maux, sa fureur n'est point encore apaisbe, et son bras est toujours levé à 44. DeutéronomeXXVII, 49 : Maudit celui qui viole la à justice dans la cause de l'étranger de l'orphelin et de la veuve. Et tout le peuple répondr :Amen. à 15. JOB,XXIV, 4-4,943:cc Les temps ne sont point cachdsau Tout-Puissant; ceux qui le connaissent ignorent ses jours. -Les uns outrepassent les limites de leurs terres, ravissent les troupeaux et les emmènen dans leurs i~i'iturages. -Ils enlèvenii l'orphelin l'he qui est toute sa richesse, et ils prennent it titre de gage le bceuf de la veuve. -Ils détournen le pauvre de la voie qu'il voudrait tenir^ et les affligé de la terre se cachent 4 leur approche. -Uà DES P~CHÉQUI CRIENT JUSQI~AUCIEL. 227 ((vissent le bien de l'orphelin, et ils dépouillen l'indigent. -Ils irradient à ceux qui sont nus leurs derniers vêtements et t ceux qui ont faim leurs dernière gerbes. -Ils se reposent sur le midi au milieu des tas de ceux qui, apr& avoir foulà le vin dans leurs pressoirs, sont épuisà par la soif. -Ils font gémi les hommes dans les villes, et les Ames blessée poussent leurs (ris; et Dieu ne tirera pas de tout cela une éclatant vengeance? -Usont ét rebelles h la lumière ils n'ont point connu les voies de Dieu, et ils ne sont point revenus dans ses sentiers. à 46.MATTHIEU, XXIII, 14 ;à Malheur à vous, scribes et pha- risiens hypocrites, qui, sous prétext de vos longues prières tirerez les maisons des veuves; c'est pour cela que vous subirez rocondamnation plus rigoureuse. à 17. ISA~E, 1,23 : a Vos princes, etc. (comme dans le corps de Il réponse))) 18. JÉ~ÉMI Ils sont gras, ils sont vigoureux; et V,28-29 :à ilviolent ma loi par les actions les plus criminelles :ils ne [rainent point la défens de la veuve; ils ne soutiennent point k droit du pupille, et ne font point justice aux pauvres. -Ne pirai-je point ces exc& dit le Seigneur, et ne me vengerai-je point d'une nation si criminelle? à 19. ZACHARIE,VII, 8-11 :à Le Seigneur parla ensuite h Zacharie, et lui dit :-Jugez selon la véritÃet que chacun exerce la misbricorde et la charità envers son frère -N'op- primez ni la veuve, ni le pupille, ni l'étranger ni le pauvre, et Fe nul ne forme dans son cÅ“u de mauvais desseins contre son &e. -Mais ils n'ont pas voulu m'écouter ils m'ont tourni5 le dos, et ont appesanti leurs oreilles pour ne pas m'entendre. à 20, Psaume XCIZI, 3-9 : à Jusqu'A quand, Seigneur, jusqu'h nuand les pécheur se glorifieront-ils? -Jusqu'A quand leur louche vomira-t-elle l'outrage? Jusqu'h quand parleront-ils avec jactance, tous ces artisans d'iniquité -Ils ont, Seigneur, lmrnilià votre peuple, ils ont opprimà votre hbritage. -Ils ont mis h mort la veuve et l'étranger ils ont immolà l'orphelin. - Ds ont dit :Le Seigneur ne voit point, le Dieu de Jacob n'entend point. -Détrompez-vous6 les plus insensé du peuple, hommes stupides, ayez enfin de la raison. -Quoi! celui qui a construit l'oreille n'entendrait pas? celui qui a formà l'Å“i ne verrait pas? à 21. AMOS,V, H-12 :à Parce que vous avez foulà aux pieds le pauvre, et que vous lui avez enlevà son froment, vous bhtirez "les maisons, et vous ne les habiterez point, vous planterez des vignes d6licieuses, et vous n'en boirez point le vin. -Car je connais vos crimes qui sont en grand nombre ;je sais que vous 6tcs puissants faire le mal, que vous des les ennemis du juste, que vous recevez des pr6sents, et que vous opprimez le pauvre4 la porte des villes. à 22. ISA~E, à Mon peuple a ét dépouill par III, 42, th-15 : ses exaetcurs. -Le Seigneur entrera en jugement avec les anciens ct les princes de son peuple, parce rpc vous avez dbvorà la vigne, et rempli vos maisons de la d6pouille du pauvre. - Pourquoi foulez-vous aux pieds mon peuple? pourquoi mur- trissez-vous de coups le visage des pauvres, dit lc Seigneur Dieu des armees. à Question V. Quel crime cnlin y a-t-il, d'aprks i'Ecriture, retenir ou 4 diminuer le salaire des ouvriers? Nous lisons dans l'dpllrc de saint Jacques le reproche véhéme que cet apbtre fait aux riches au sujet de leur avarice inhumaine, et de l'extr6me injustice dont ils se rendent coupables en frustrant les ouvriers de leur salaire. Swhcz, lcur disait-il, que le salaire que vous faites perdre aux ouvriers qui ont fait la ricolte de vos champs, crie contre vous, et que hm cris sont monté jusqu'aux oreilles du Dieu des miées L'Ecclésiastiqu contient sur ce mtme sujet les maximes suivantes : Un pt de pain, voilb la vie des pauvres; celui qui le leur 6le est un lio1me de sang. Celui qui arrache à un homme le pain de ses sueurs, est comme celui qui assassine son yroch(iii~.Celui qui r~+mi.l le sang et celui qui prive le mercenaire de sa réconqmise sont frères V&i donc ce qui a de prescrit sur cet article par la loi de Dicu : Vous ne refuserez point & celui qui est indigent et pauvre ce que vous lui devez, n'inq~orte qu'il soit votre frère ou qu'&tant venu de dehors il demeure avec vous dans votre pays et dms voire ville; mais vous lui rendrez le wêm jour le prix de son travail avant le coucher du soleil, parce qu'il est pauvre et qu'il n'a que cela pour vivre, de peur qu'il ne crie contre vou$ vers le Seigneur, et que k sujet de ses cris ne vous soit impulà & j$chJ (V). ----..---. -------. -. ---.-- V. dclrni tciiacihtcin ,siini~naiiiqiiein dcirau- Q~~~ posiremb docet mer-(l;l~id!s opwariis iniqui1;itcin. Ecce merces. cede perar ilquit, o]?erciriortnn,qui messuerunt re- releiila, vel ~ll,t,l~~l~lla~ l giones vesiivs, qux fraudata est h vobis. Apud Jacobuin aposlolum Icgimus, clamai :et claiitorcorum in atires Dotnini quim is graviter divitibus exprobret cru-Sabaolh introivit. Ec&sii\slic~~verb in 4. JACQUES, Sachez que le salaire, etc. (comme dans V, 4 : à le corps de la rcponse) . à 2. EcclésiastiqueXXXIV, 23 : à Un peu de pain, voilh la vie des pauvres, etc. (comme dans le corps (le la r6ponse). à 3. Ibid., VII, 22-23 : à Ne maltraitez point le serviteur qui travaille avec fiddi tk , ni le mercenaire qui vous prodigue sa vie. -Que le serviteur intelligent vous soit cher comme votre ilme; ne lui refusez pas la libertà qu'il mérite et ne le laissez pas tomber dans l'indigence. à 4. DeulérommeXXIV, 14 :à Vous ne refuserez point l'in- digent, etc. (comme dans le corps de la réponse) à 5. Lévitique XIX, 13 : à Vous n'opprimerez point votre pro- chain, et vous n'usurperez point son bien ;le prix du mercenaire qui vous donne son travail ne demeurera point chez vous jusqu'au matin. à 6. Tobie, IV, 15 :à Lorsqu'un homme aura travaillà pour vous, payez-lui aussitdt son salaire, et que la r6compense du mercenaire ne demeure jamais chez vous. à 7. MALACHIE, III, 5 :(iAlors je me hkterai de venir, pour &re moi-mêm juge et témoi contre les empoisonneurs, contre les adulthes et les parjures, contre ceux qui retiennent le salaire de l'ouvrier, qui oppriment les veuves, les orphelins et les ktrangers, sans êtr retenus par ma crainte, dit le Seigneur des armées à Question VI. A quelle partie de la doctrine chrétienn convient-il de rap- porter toute cette étud sur les péclié et ii quoi peut-elle êtr utile? Cette étud se rapporte à la premiere partie de la justice chré tienne, qui consiste à discerner et it évite le mal. Le fruit doit en êtr de faire un sage disccrnemcnt de ce qui est mal, ou con- hnnc moduiii :Panis egentiftm ,ait, vila ; fiafris lui, sive udve~tz, (pli tccum inara- pauperis est; qui defratdat illfw ,hoino 1 tzw in terra et inira portas tuas est :sed ianflilinis est. Qui ailfcrt iu s~idore, eaitciii (lie reddcs ci prctiunt liiboris sui panem, qtmi (pi occMit proximum l aille solis occasum, piin pni~pcr est, el ÈKÈà sanguineii~, et qui 1 :ne clainei pi fundit ex en sitstentat animani si~m fraudettt fflcit mercenurio, fralres suiil. co~flrale ad Do1iiii8111n,et reputelUr 1iU llaque loge divina sancitum est :Non inpccc(itwn. negahis mercedm indigmlis et pauperis 230 DES P~~CH~SCRIENT J~SQU'AU CIEL. QU1 traire h la loi de Dieu, et par-lh m6me au salut des hommes, afin de s'en prkserver, ou de l'expier par une prompte phitente, si l'on ne s'en est pas suffisamment garanti. Cette étud nous fait connaîtr en mêm temps en quoi le sa8 diffhrede l'insensé et le jusle de l'impie :car, comme nous le dit l'écrivai sacre, le sage craint et se détourn du mal; l'in4 passe outre, et se croit en stlretéEn effet, l'insensà ne re~it poid les paroles de prudence, si vous ne lui parlez selon ce qu'il a dm le cmr, comme l'atteste Salomon ,qui a dit encore ces parole^: Le sentier des justes est comme la Zwière qui va toujours croKMKl jusqu'd ce qu'elle illumine tout l'espace. La voie des méchantdot que tdnc'bres; ils 'ne savent oh Us tombent. La plupart des hommes, avouons-le,vivent dans une ignorance lionteuse relativement aux pbchédont nous venons de faire le détail et qui perdent lesbm~ en tant de manières d'autres, quoiqu'ils en aient la connaissance distincte, ne prennent pas soin de les éviter ou ne les détesten pas comme ils le doivent. Mais les plus coupables de tous sont ceux qui s'endurcissent dans l'habitude du péchà et auxquels s'applique cette maxime du Sage :Lorsque le méchanest descendu au plus profond des pdchds, il mépris tout; mais l'ignominif i l'opprobre le suivent. Ce que le méchan dont veut parler le Sagemépris en particulier, ce sont les @les de la justice chrhtienne qui ont pour objet non-seulement la connaissance et le discer- nement des péché mais les mesures Zà prendre pour s'en garantir ou pour les expier (VI). VI. teste Salomone, qui hoc etiam scriptna eb,.,,ferenda est o,it,,is dcpeccatis reliquit :Ji~sforuttz se~uita quasi lu traclaIio,et nuis usus spletwlcns :procedit et crescit wqm d pcrfcctam diem :via impiorum tenebrwi, Haec traclalio ad priorem spectat cliri-nesciunt vbi cwruant. Plerique stianae justitiae parlem, quz in malis peccata , qua: iinlicavin~us, perniciw cognoscendis et fugiendis est posila :usus illas animoriiiu pestes, turpiter ignorant: outein ac fruclus tractalionis esl, ea qua: alii ut norint maximb, non fugiunt tamen, ver6 mala, Deo contraria, lion~inibusper-neque dctesliint~ir.Pcssiiiii verb illi snnl, niciosa sunt, rit6 discernere, prorsus ca-qui pcccnti coi~siwlntliiieobduruerunt, h vere, et si quid horm adniissuin sit, se-quorum gcncrc dictum est illud :impiw dulb expiare. cù in profunclum venerit, contemnit 1 Hinc eliam discimus, quonioilb sapiens sed sequiliir tutti n/nominia et oppw ?istulto, justus ab iinpio diffcrat :Sapfet~s briniti. En vi:rh in priniis contemnit, qui enim timet et declimt a ma10 :Siulins cliristianii justiiin non solù ad vitiotm ver6 transilit, et confidit :Non enim observationeii~scu diiïcrenlia cognosceit- recipit stullus uerba prudentia, nisi ca dam, sud diciin ail eoruni dcvilationr'n el dixcris, fluas versunliir in rordc fins, cxpialionriii i~di~il~cwilain p~~t~ilitt. T~MOIGNAGES DES ÉCRITURES Proverbes, XIV, 16; XVIII, 2; IV, 18, 19; XVIII, 3 (commedans le corps de la réponse) TÉJIOIGXVGE DE LA TRADITION. 1. S. AUGUSTIN,De graiid et Ubero arbitrio, c. 3 :à Ceux-lb Bernes qui ne connaissent pas la loi de Dieu ne seront pas pour cela exempts de punition; car tous ceux qui ont péch sans etre mus fa foi, périronsans dtre jugispar la loi; et ceux quiont pdchd an sous la loi, seront jugé par la loi (Roui., II, 12). Je ne crois pas que la pensé de l'Apbtre, lorsqu'il parlait ainsi, ait ftÃde faire entendre que ceux qui pèchen sans connaîtr la loi seront jugé plus sévèreme' que ceux qui la connaissent. Car, quoiquï semble que le mot périrdont il se sert Ãl'@rd des premiers, soit plus dur que celui d'dtre ju>gé qu'il emploie il l'@rd des seconds, il faut faire attention la suite de son discours. Il parle en cet endroit des gentils et des juifs, dont les premiers n'étaien pas sous la loi, au lieu que les seconds y itaient assujettis. Or, qui oserait prétendr que les juifs qui Fchent sous la loi ne périron pas pour n'avoir pas cru en Jésus-Christ parce que saint Paul dit d'eux qu'ds seront j@ parla loi? C'est une vérit constante, que personne ne peut etre sauvi sans la foi en Jésus-Christ Ces juifs subiront donc un juge- ment qui les condamnera a péri éternellement En effet, si la condition de ceux qui ignorent la loi de Dieu étai pire que celle de ceux qui la connaissent, comment serait vraie cette parole de Jésus-Chris dans I'EvangiIe :Le serviteur qui n'a pas connu la whtà de son rnaitre et qui fait des choses dignes de punition, sera kittu plus légèremenmais celui qui connaîla volontd de son maîtret qui fait des actions punissables, sera battu plus rudement? Ce passage fait voir qu'un homme qui connaîla loi pèch plus grièvemen que celui qui ne la connaî pas; et il fait voir en mime temps qu'il ne faut pas pour cela chcrclicr une ressource dans les ténèbr de l'ignorance, pour y trouver une excuse. Car il y a bien de la différencentre ne pas savoir, ct ne vouloir pas savoir. C'est une volontà très-condamnabl dans un lionmc, que celle dont il est dit :II n'a pas voulu s'instruire pour faire le bieth (Fs. XXXV, 4). Pour ceux qui ne sont p;is du nombre de ces personnes qui ne veulent pas savoir, mais qui sont simple- meut dans l'igiiurancc, leur ignorance nc les excuse pas do ma- nitre li les exempter d'êtr punis par le feu éternel quoique leur supplice puisse 6tre moins rigoureux. Tel sera le sort de tom ceux qui n'ont pas la foi, quand mêm ce dhfaut de foi viendrait de ce que la foi ne leur aurait pas étpr8cIicc. Car ce n'est p~ sans fondement que David dit ii Dieu :Répandevotre colèr sur les nations quine vous connaissent pas (Ps. LXXVIII, O), et que saint Paul nous apprend que le Seigneur viendra au milieu da flammes exercer sa, vengeance sur ceux qui ne connaissent pas D'm (II Thess., & 8). Cependant cette ignorance mhme n'est pas pleinement involontaire. L'Ecriture nous en fournit une preuve, lorsqu'elle invite la volontà de l'homme A acqucrir la science du salut, en nous disant :Ne soyez pas comme le cheval et le mulet qui n'ont pas d'intelligence (Ps. XXXI, 9). Et par-15 elle enlkve à l'homme le prétext de dire :Je n'ai pas su, personne ne m'a instruit, j'ai manquk d'intelligence; et de se croire pour cela innocent. Il est pourtant vrai qu'un tel homme, quoique cou- pable, l'est beaucoup moins que celui dont l'Ecriturc fait ce portrait :Le mauvais serviteur ne sera pas corrigipar des paroies, parce qn'encore qu'il entende bien, il n'obhra pas (Prov., XKIX, 19). Enfin il y a une autre cspece de pbcheurs. Ce sont CCUK quidisent avec sincérit :Je ne puis fairele bien qui m'est ordonné parce que je suis maitrisà par ma convoitise. Cc pécheu ne s'excuse pas sur son ignorance; il ne rejette pas non plus son péchsur Dieu; il reconnaî le mal qui est cn lui, et il en est affligéet cependant saint Paul dit ti cc mtme homme : Ne VOM laissez pas vaincre par le mal, mais surmontes le mal par le bien (Rom., XII, 21 ). C'est & la volontà mtme que s'adresse ce pri- cepte de ne pas se laisser vaincre :il l'avertit qu'elle n'est vaincue que parce qu'elle le veut. Car vouloir et ne vouloir pas, sont des actes propres de la volontb. à 2. Le mhe, Lib. III de libero arbitrio, c. 22 : à On ne fait point un crime & l'Arne de ce qu'elle ignore naturellement, et de ce qui lui est naturellement impossible; mais de ce qu'elle ne s'est pas appliquke A connaîtrce qui est bien, et de ce qu'elle a néglig les moyens d'acqu6rir la facilite de le nietlrc en pra- tique (4). à 3. S. BERNARD, Epist LXXVlI ad Hqonem de sancio Viclore : à Que ceux qui prétenden qu'on ne peut jamais pecher par ignorance, n'implorent donc jamais le pardon de Dieu pour leurs (1) Cf. Les livres de suint Augustin sur lu libre arbitre, pag. 286. DES PECHES QUI CRIENT JVSQUAU CIEL. 233 propres ignorances, mais qu'ils se moquent plut& du Prophhte, qui dit Dieu :Ne vous souvenez, ni des fautes de ma jeunesse, fli de mes ignorances (Ps. XXIV, 7). Peut-êtr mêm trouve- ront-ils mauvais que Dieu ait prescrit des sacrifices pour le plcliÃd'ignorance (Lev., IV, 2 et suiv.) Car voici ce que nous lisons dans le Lévitiqu que Dieu dit ii Moïs: Si un 1we $de par ignorance en faisant quelqu'une des choses qui sont defcndues par la loi du Seignew, et p'élan coupable de cette faute, ilreconnaisse ensuite son iniquild, il prendra du milieu cies trou- ~wixun Mier sans taclie, @'iloffrira ai&pllre selon la mesure et i'eslimation de son péch ($id., V, 47-48).Et encore :Le prêlr pricro pow lui, parce qu'il a fait cette faute sans la connallre, et de lui sera pardoizw!e (ibid., XVIII). Si l'ignorance n'cst jamais pfchépourquoi est-il dit dans l'Epîtr aux Hhbreux, qu'il n'y utait que le seul pontife qui entrdt dans le second tabernacle, et mi'"swit une fois Vmztiéenon sans y porter du sang, qu'il offrait polir ses propres ignorances, et pour celles du peuple (IIebr., IX,7)? S'il n'y a point de péchà d'ignorance, Saul n'a donc pas péch pour avoir persécut 1Eglise de Dieu, puisqu'il l'avait fait dans l'ig~ioram,n'ayant pus la foi (1 ThmJ 1, 13). Il faisait donc bien d'êtr 6Iasi1/ié9mtettr persécuteur ennemi oiilrageiix, plein de menaces, et ne respirant que le sang des disciples dit Seigneur, ayant un zèl déwesw pour les traditions de ses pères Il ne ilcvait donc pas dire :J'ai obtenu miséricord (1Th., 1, 45); mais : J'ai reç ma récompense puisque son ignorance lyexcusait de péchÃet que de plus son zèl lui valait une récompense Si, dis-je , on ne pèch jamais par ignorance, qu'avons-nous donc A reprocher aux meurtriers des apijtres, puisque non-seulement ils ne savaient pas qu'ils. fissent mal en les mettant A mort, mais qu'en outre ils croyaient faire en cela une chose agréabl Dieu (JOAB., XVI, 2)?Enfin, ce serait vainement que le Sauveur sur la croix aurait prià pour ses bourreaux, puisqu'il a témoign lui-m6me qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, et qu'ainsi ils n'auraient pas péch du tout. Car ce serait une impiétà que de soupçonne le Seigneur Jésu de mensonge, dans ce temoipage qu'il a rendu de ses bourreaux qu'ils ignoraient ce qu'ils faisaient; ou bien ilserait fi pkis forte raisonpermisd'en soupçonne lYApdlrc, qui, jaloux sans doute de Ihonneur de ses frhres selon la chair, aurait dit pour les justifier :S'ils' eussent cotwc la sagesse de Dieu, ilsn'eussent jamais crueifid le Selijneur de la gloire (1Cor., II, 7). Ycst-il pis assez clair par tous ces c.\ei~)plvs,que celui-là est enseveli dans les plus Qaisses thkbres de l'ignorance, qui ignore qu'on puisse quelquefois péche par ignorance? à 4. S. CHRYSOST~ME, Hom. XXVI in Epist. ad Romanos :à La vie présent est une carrikre of1 chacun de nous est obligà de lutter, et d'avoir continuelicmcnt les yeux ouverts, et ouverts de tous côté bien persuad6 que l'ignorance serait une excuse insuffisante. Car il y a, n'en doutez pas, des chhtiments réservb aussi tt l'ignorance, lorsqu'elle n'a rien pour se faire pardonner. Telle étai celle des Juifs, telle étai aussi celle des gentils. II est vrai que, lorsqu'on est dans l'impuissa~~ce de savoir certaines choses, on n'est pas coupable de les ignorer; mais lorsqu'au contraire on peut aish~nt s'en instruire, et qu'on refuse de s'en donner la peine, l'ignorance est alors très-punissable Si, au lieu de nous endormir dans une coupable nonchalance, nous faisons ce qui est en notre pouvoir, Dieu sans doute nous tendra la main pour nous aider connaîtr les choses que nous ignorons encore; et c'est ce que saint Paul faisait entendre aux Philippiens, lorsqu'il leur disait :Si vous avez /fwlque sentiment qui ne soit pas conforme il la véritÃDieu vous ~Idcouvrira cc que vous devez en croire. Mais si nous ne voulons pas faire meme ce qui dépen de nous, nous n'avons point & espérece secours divin. à H. S.AUGUSTIN, Enchirid. ad Lawent., c. 80 (al. XXIV, 21) ; Des péchà &normes et des plus d6testables sont regard& comme lhgers ou m&me nuls, dks qu'une fois ils sont passh en couturne; jusque-Ili que, loin de s'en cacher, on les publie et on s'en fait gloire. Alors se vérifi ce que dit l'Ecriture (Ps. LX, llcbr., X, 3), que l'impie se glorifie de ses désir déréglà et que "'avare s'applawlit d lui-nhze. Ces sortes de péchà autorisis par coutunic sont appelé dans les livres saints un cri. C'est l'expression dont se sert le prophèt Isaïe en représentan les Juifs sous la figure d'une vigne ingrate et stéril :J'ai attendu, fait-il dire & Dieu (V,7), qu'elle portdl des fruits de justice, et je ,te vois qu'iniquità en elle; des actions d'éqiiitd et 4 la place ce ,b7est qu'un cri. C'est encore ainsi que le Seigneur s'cxprime dans la Genese (XVIIì 20) :Le cri de Sodome et de Gomorrhe &rient de plus en plus fort. Ce qui signifie que les abomina- lions qui se commettaient dans ces villes infames non- seulement n'y &tient pas punies, mais y étaien mêm auto- risces et pour ainsi dire érighe en loi. Nous voyons de m6me le notre kiiips plusieurs dbordres, ~uuinsgravcs il est vrai, DE L'EXPIATION DES P~CH&S. 233 iellement pass6s en usage, que nous n'oserions pas excomnlunier un laïc ni &me dégrade un clerc qui en serait coupable. C'est pourquoi expliquant, il y a quelques années l'Epitre aux Galates, et étan arrivà h cet endroit (IV, il) oà l'Apdtre dit : Je crains Savoir travaillà en vain parmi vous, je ne pus m'em- pèche de m'écrie : à Malheur it nous, pécheur que nous 11 sommes, et h qui les péchÃsans exemples sont les seuls qui n inspirent de l'horreur. Quant aux péchà devenus ordinaires, à quoique ce soit pour les expier que Jksus-Christ a versà son à sang, quoiqu'ils soient si grands qu'ils ferment le royaume n de Dieu a ceux qui les commettenta; nous sommes comme à forcédo les tolkrer & force de les voir se multiplier, et nGme n d'en commettre de semblables à force de les tolére dans nos n frères Et Dieu veuille encore que nous ne nous portions pas a faire tous ceux que nous ne saurions empêche les autres de à commettre! à ARTICLE VI. -DE L'EXPIATION DES PECH~S. Question I. Comment nos p6ché pcuvent-ils êtr expiés II est incontestable avant tout, que Jésus-Chris est la victime de propitiation offerte pour nos péché qu'il est cet agneau de Dieu qui efface les pkché du monde, et que lui seul a pu nous en méritele pardon, comme c'est lui aussi qui seul peut nous en purifier. Il est certain, ensuite, que c'est par la foi, comme l'a dit saint Pierre, que Dieu purifie nos ceurs, attendu que la foi est la porte du salut pour tous les hommes, qu'elle en est le fonde- ment, et que sans elle personne ne saurait obtenir ou espbrer le pardon ou l'expiation de ses pkchés Or, ceux-là n'ont pas la foi, qui contredisent en quelque point que ce soit la foi de i'Eglise, quand même par une confiance préson~ptueuse ils se pro- mettraient, h eux-même ou aux autres, la rémissio de leurs 236 DE L'EXPIATION DES PÉCHÉ pdchds et la grAce de la justification en vertu des mérite de Jésus-Christ Pour ceux au contraire qui demeurent attaché à la foi de I'Eglise et vivent dans son unil&, ils ont pour expier leurs pécht plusieurs moyens qui leur sont proposé dans l'Ecri- turc, mais principalement le sacrement de Phitence ,qu'ils ne pourraient nbgliger, sans se rendre par-li meme tout lc reste inutiles. Car c'est lit le remède n6eessaire autant qu'efficace, que J6sus-Christ, cc divin rnkdecin de nos Ames, a établ pour nous wtrir de tous nos maux spirituels, et qu'il nous a recom- mande par ces paroles adressbes aux a~trcs,et dans leurs per- sonnes aux pr6trcs ;Les pécl seront remis i ceux a qui uow les remettrez. En second lieu, les pCchCs sont cffac& et expics par les aumbncs; car il est écri :L'awndnii dilivre de tout et de la merl, et elle no laisserapoint tomber Vaine dans les thdbres. Le Pro- phetc a dom6 cn cons&~ucnce cet avcriissetnent :Rachetez ?os pécliÃpar des au~~~û~zes et vos iniquilis par des ceavres de mis& ricorde envers les pauvres. En troisicme lieu, nos p6ehts nous sont remis lorsque nouspar- donnons a nos frcrcs, quelque offense que nous en ayons reçue puisque Noire-Seigneur a dit :Si vous pardonnez auxhommes leurs offenses, votre P&e cileste vous pardonnera vos picl& à vow- m?mes. En quatrieme lieu, nous obtiendrons le mhe avantage, si nous exerçon la correction fraternelle envers quelqu'un de nos frère que nous verrons iomber en faute, et que nous le gagnions h Dieu par cc moyen, puisqu'il est berit :Celui qui convertira un pécheu et le reiirera de son 6garc1)ient, sauvera une Ûm de la mort, et couvrira la multitude de ses péck!s Cinquicrncinent, c'est encore ce que nous mériter la pratique sincèr de la vertu de charité cette verlu si puissante pour obtenir et accomplir toute espèc de bien, puisrpe Nolre-Seigneur a dit au sujet de Magdeicine :Beaucoup "le pdc/& lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup ahéIl est dit encore :La charitd couvre (a multitude des pdc/u!s. Sixicmemcnt, le sacrificc d'un cÅ“u contrit, que Dieu ne mkprisc jamais, une lininhlc connaissance dc nous-mbmes accompagnk de la confession de nos péché procurera nous ~IIISS~ cet avantage. Car Dieu reyarde la prièr de ceux qui swit his 1'lminili~l~iuii, ci il /ic dprise point leurs demandes. De là ~ÈL'EXPIATION DES, PÉCHÉ 237 encore ce thmoignage que rend David au sujet de lui-m6me c fui dit :Je déclarera au Seigneur et confesserai contre moi-mêm mon injustice; et vous m'avez aussitdt remis l'impiét de monpéchd Saint Jean aussi promet la mbme grbce ii tous ceux sans exception qui confessent sincèremen leurs péché Si nous confessons nos pccliésécrivaicet apdtre, Dieu est fidèl et juste, et c'est assez pour qdil NOMS les remette, et qu'il nous purifie de toute iniquité Aussi les Ninivites, pour s'ètr empressé de s'humilier et de faire phdence, r6ussirent-ils h apaiser la colèr de Dieu toute prêt h les frapper, et h dktourner de dessus leur ville et de leur patrie les fliaux dont elle étai menacée C'est ce qui a fait dire à l'écri vain sacrÃ:Dieu considér leurs Å“uvres il vit qu'ils s'étaien convertis en quittant leur mauvaise voie; et la compassion qu'il eut \Setlx i'emplcha de leur envoyer les maux qu'il avait résol de leur faire. Enfin, nous apprenons de mêm par le témoignag de l'Ecri- turc, que tout acte de piét vraie et sincbre, comme ceux que nous venons de rapporter et autres semblables, quand ils ont pour principe la grhce de Jésus-Christ expient les péchà de ceux qui les pratiquent en esprit de phnitence, pourvu, comme nous l'avons observk, qu'ils n'aient pas d'autre croyance que celle de I'Eglisc et qu'ils soient dans sa communion. C'est cette vérit que l'Apbtre avait en vue, lorsqu'il donnait l'avis suivant aux Corinthiens : Ayant rep de Dieu de telles promesses, mes chers {rires, purifions-nous de tout ce qui souille le corps ou l'esprit, achevant l'Å“uvr de noire sanctification dansla crainte de Dieu. Les paroles suivantes de saint Jacques ne sont pas moins solennelles : Lavez vos mains, pécheurs et purifiez vos cÅ“urs vous qui avez ritne partagée Affligez-vous vous-nzêms soyez dans le deuil et dans les larmes; que vos ris se changent en pleurs, et votre joie en tristesse. Hwniliez-~01~s en la présenc dl6 Seigneur, et il vous éliuera Car comme le dit saint Augustin, dont nous répéto encore une fois les paroles, ce n'est pas assez d'amender ses mÅ“ur et de quitter ses perverses habitudes, si l'on ne satisfait en mêm temps i~Dieu pour les péchà qu'on a commis, par la douleur du repentir, par le sacrifice d'un ceur contrit et humilib, et par une pénitenc accompagnte d'aumdncs. Quiconque au contraire, c'est encore saint Augustin qui parle, sachant qu'il est engagà dans quelque péch mortel, ne prend pas soin de s'en corriger, et d'en faire une longue péni tente, s'il en a le temps, en y joignant d'abondantes aumdnes, 258 DE L'EXPIATION DES P~CH~S. CL en prenant garde de faire de nouvelles chutes, il ne suffira pas, pour l'en purifier, de ce feu passager dont parle l'Apdtreécrivanaux Corinthiens , mais il sera irr6missiblement con- damnà au feu éternel Car ce ne sont pas les péchà mortels, mais seulement les vbniels qui pourront êtr effacé ou cxpidsaprè celte vie (1). --. 1 Quibus vcrb wodis ficccata expiantm? Hic in primis est esira controversiam Christuni nobis esse propiliatorem , cl, illum Dei aginiin, qui tollit peccata mundi, qaique soins remissionem peccato- rum nohis poluerit promcreri , purgatio- nem eoruni fiiccre. Dcindc wri~iin cal, Dc'um fide purificiire corda, ut Pelrus inquit, quod cilra fidem (humanae salutis osliuni ac fundamentum) nnllus peccalorum rcinissiouem aut expia- tionem, consequi aut sperare possit. Fide verb destituuntur, qui cum Ecclesiae fide uon consentientes, vanh quidam fiduciil peccati remissionem et justificationis gratiam propter Christum sibi aliisque pollicentur. Qui verd in Ecclesia" fide et ejus unilate persistcntes , t~peccalis cupiunt liberari , multos illi modos ad peccatorum suorum expiationem in Scriptnra proposilos halleni, inter quos principem tcnet locum pÅ“niten lia sacramentum, quo nrglecto frustra de reliquis lethalium peccatorum remediis adhibendis agitur. Hoc enim ut praesens , ita necsssarium pharniacum Christus ani- marum medicus instituit, contra omnem peccati lepram valilurum, idque commen- dans dixit sacerdotiLus :Quorum remise- rilis piccata ,rem fltuntur eis. Secundo purganlur et expiantur eiee- mosynd, quia scriplum est : Eleemosynaab omni çeccato et à morte liberat, et non pafictur animam ire in tenebras. Monet igitur Proplieta : peccata tua eleemospis reditnc, et iniquitates tuas misericordits paupcrum. Tertio remittunlur peecata, dum quan- tumvis laesi, frittri olT(iiisit~n condoi~amus, dicente Domino : Si dimiseritis hoinini- bus peccata eorum, dimittet et uobis pater cÅ“lesti delicta uestra. , Quarto idem fit, cù peccantem fratrem corripiriulo euicudau~u~ ac lucrifacimus, sicuti scriptuni est :Qui converti feceril veccatoretn ab errore vise suz, saluab/f animam dus à morte, et operfet multi- inclinem peccatorum. Quinto hue pertinet abundantia sinccra charitalis, ad impetranda et conficienda bnna ornnia praepotentis, ob quam de ilagdalena dicitur : Remittuntur ei pt+ cata mulla, quoniam dilexit multwn. Charitas enim operit muttitudinem pw- catorum. Sextb ad idem valet coniriti cordis si- crificium, quod nunquam despicit Deus, et Immilis cognitio sut, confessioque pec- catorum. Respicit enim Dominus in on- lionem Iinmilium, ut bine etiam David de seipso testetur : Dixi, confitelior adver- sum me injustitiam meam Domino, et M rentisisti inzpielatem çeccat met. A0 Joannes geueratim omnibus vert? confiten- tibus hanc gratiam pollicetur : Si confi- leantur, inquit, peccata nostra, fiil& est et justus, ut remittat nobis peccata nostra, et emundet nos ab ontni iniqui- tate. Igitur Ninivit2 cùr humililalis et pÅ“nitentia operibus sedulb insislerent, praesentem Dei iram placaverunt, et jamjan~ imminens urbi, ac patriae exilium averterunt. Quare sic de illis scriptum le- gimus : Vidit Deus opera eorum, quia conversi svnt de via sua mata, et mi- sertus est Deus supcr malitiam qtm locutus fuerat ut faceret sis, et non /i?cit. Sic de ni un^ Scripttu4 teste discimus hil aliisqne modis et ofliciis verse pietatis Christi gratia editis hoc eiki , ut creden- tium et panitentiuni in Ecclcsia, aient disimus, peccnlii expienlui'. Ebque speclaw Apostolus monet : lias ltabcntes promis- siones, cltarissimi, mmidemussosabomni inquinumento carnis et spirilus, pufi ccentes sancti/Tcationem in timore Dei. Nec minus graviter Jacobus :Emundate, inquit, manus, peccatoret, et purificau corda, duplices atHIM. hfiseri estote. 01 1. Romains, 111,24-28 : à Etant justifiégratuitement par sa @ce, au moyen de la rancon offerte par Jésus-Christ -que Dieu a proposà pour victime de propitiation à tous ceux qui auront foi en son sang, afin de manifester sa justice, en remet- tant à ce prix les péchÃcommis depuis l'origine du monde ;- $c/h qu'il a soufferts avec tant de patience , pour faire paraîtr en nos temps avec plus d'éclatet qu'il e.st juste lui-même et qu'il sait justifier tous ceux qui ont une vraie foi en Jésus-Chris : -quel sujet vous reste-€- donc de vous glorifier? Tout sujet semblable vous est enlevé Et par quelle loi? Est-ce par la loi des Å“uvres Non, mais par la loi de la foi. -Car nous devons reconnaîtr que l'homme est justifià par la foi, sans qu'il soit ksoin des Å“uvre de la loi. à 2.1 JEAN,II, 1-2 : u Si quelqu'un pèche nous avons pour avocat auprè du PèreJésus-Christ qui est juste. -Et lui- mhne est la victime de propitiation pour nos péché et non- seulement pour les ndtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. )) 3. Id., IV, 10 :à Cet amour consiste en ce que ce n'est pasnous qui avons aimà Dieu, mais que c'est lui qui nous a aimé le premier, et qui a envoyà son Fils comme victime de pro- pitiation pour nos péché à 4. ld., I, 7 : a Mais si nous marchons dans la lumibre, comme il est lui-mêm dans la lumière nous formons ensemble une mêm sociét ;et le sang de Jésus-Chris son Fils nous purifie de but péchà à S. JEAN, 1, 29 : Le lendemain, Jean vit Jésu qui venait à lui, et il dit :Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchÃdu monde. à 6.MATTHIEU,1, 21 : à Elle enfantera un Fils, et vous lui hgete et plorale :risiis vesier in hictum in se aliqua dominari cognoverit, nt idem mwtattw. et gaudium in marorem. Augustinus est auctor, nisi digne se Rumiliamini in conspeclu Domini, et emendaverit, et si habuerit spatium, uallabit vos. Eteniin non sufficit mores longo tempore pÅ“nitentia egerit et Iargas lu melius coinniutare, et l~ factis malis re- eleemosynas erogaverit, et h peccatis ipsis wkn, ul Augustin! vcrbis ilerum uta-abslinuerit ,ilIo transiiorio igne ,de quo mur, nisi ctiam de iis, qua? facta siint, dixit Apostolus, purgari non poterit, sed mislia1 Deo per pÅ“nitenti dolorem, per zterna illum flamma sine 11110 reinedio bomilila\is gcmituin, per contrili cordis cruciabit. Non enim capitalia post hanc ncrificium,cooperantibus eleemosynis. vitam, sed minuta peccata purgantnr Alioquin quisquis de peccatis iethalibus expianturque, 240 DE L'EXPIATION DES PÉCHÉ donnerez le nom de Jésuscar ce sera lui qui sauvera son peuple de ses péchà à 7. I Corinthiens, I, 30-31 : à C'est par cette voie que vous ête établi en Jbsus-CI~rist, qui nous a ét donnà de Dieu pour êtr notre sagsse , notre justice, notre sanctification et notre rédemptio;-afin que, selon qu'il est écrit celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur. à 8. I Timothie, 11, 3-6 : à 11 n'y a qu'un Dieu et un médiateu entre Dicu et les hommes, Jésus-Chris homme, -qui s'est livrà lui-mfime pour cire le prix de la rédemptio de tous, et pour rendre témoignag dans le temps marqué à 9. Hébreux I, 3 : à Conlmc il est la splendeur de sa gloire et le caractkre de sa substance, ct qu'il soutient tout par la puis- sance de sa parole, aprks nous avoir purifié de nos péchk il est assis au plus liaut des cieux A la droite de la souveraine majestéN 10. Ibid., IX, 11-14 : N Mais Jbsus-Christ, le pontife des biens futurs, étan venu dans le monde, est entrà une fois pour toutes dans le sanctuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point 6th luit de main d'homme, c'est-ii-dire, qui n'a point ét formà par la voie commune et ordinaire; -et il yest entrà non avec le sang des veaux et des boucs, mais avec son propre sang, au moyen duquel il nous a acquis une rédemp tion éternelle -Car si le sangcles boucs ct des taureaux, et l'aspersion de l'eau die h la cendre d'une géniss sanctifie ceux qui ont ét souillk, cn leur donnant une puretà charnelle, - combien plus le sang de Jésus-Christ qui par l'Esprit-Saint s'est offert lui-m6mc ii Dieu comme une victime sans tache, purificra- t-il notre conscience des axvres mortes, pour que désormai nous rendions un culte ugriable au Dieu vivant? à 41. Actes, IV, 11-12 : à C'est cetlc pierre que vous autres arcliitcctcs, avez rejelk, et qui est devenue la principale pierre de l'angle. -Et il n'y a de salut par alldiil autre que par lui, car aucun autre nom sous le ciel n'a ét donnà aux hommes, auquel soi1 attachà notre salut. à 42. Ibid., XV, 7-9 : à Ayr& qu'ils en eurent longuementconfbrÃensemble, Pierre se leva, et leur dit : Mes frkres, vous savez qu'il y a longtemps que Dicu m'a choisi du milieu de vous, afin que les gentils entendissent par ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils reçussen la yrdce de la foi. -Et Dieu, qui connaîles cÅ“urs en a rendu témoignageen leur donnant le DE L'EXPIATION DES P~I~S. 24 4 Saint-Esprit aussi bien qu'G nous. -Et il n'il point fait de difffirence entre eux et nous, en purifiant leurs caurs par la foi. à 15. HébreuxXI, -1, 6 : à La foi est le fondement. des choses que l'on doit espcrer, et une pleine conviction des biens invi- siblcs. -Or, sans la foi il est impossible de plaire it Dieu. à 14. Gaktcs, II, -16 : à Sachant cependant que l'on n'est point justifik par les muvres de la loi, mais par la foi en J6sus-Christ, nous avons cru nous-m6mes en Jésus-Cliris ,afin d'&ire justifib par la foi que nous aurions en lui, et non par les muvres de la loi, parce que nul homme ne sera justifià par les Å“uvre de la loi. à 15. Md., III, 8 : (( Aussi Dieu, dans l'Ecriture, prévoyan qu'il justifierait les nations par la foi, l'a annoncà par avance A Abraham en lui disant : Toutes les nations de la terre seront hies en vous. à 16. Romains, III, 24 (comme ci-dessus, témoignag 1). 17. Luc, VII, 80 : a Or, il dit la femme : Votre foi vous a siiivk; allez en paix. à 48.Ephisicns, II, 8-10 : à Car c'est par la grhe que vous &es sauvéen vertu de la foi ; et cela ne vient pas de vous, puisque c'est un don de Dieu : -cela ne vient point de vos Õuvres afin que personne ne se glorifie. -Car nous sommes È ouvrage, ayant reç un nouvel êtr en Jésus-Christ pour vivre dans la pratique des bonnes ceuvrcs que Dieu a d'avance marquée& chacun de nous. à 49. JEAN, XX, 22 : à Ayant dit ces mots, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit; -les péchà seront remis, etc. i) 20. Tobie, IV, 9-12 : à Si vous avez beaucoup, donnez beaucoup ;si vous avez peu, ayez soin de donner de bon cÅ“u de ce peu mêm que vous aurez. -Car vous amasserez ainsi un grand tréso et une grande récompens pour le jour de la nécessitÃ-puisque l'aumdne délivr de tout péch et de la mort, et qu'elle ne laissera point l'Arne s'enfoncer dans les lénèbre-L'aumôn sera un sujet de grande confiance devant le Très-Hau pour tous ceux qui l'auront faite. à 21. Ibid., XII, 8-9 : à La prièr accompagné du jeûn et de l'aumbnc, vaut mieux que tous les trésor et tout l'or qu'on peut amasser. -Car l'aumhne délivr de la mort; et c'est elle qui efface les péchbs et qui fait trouver mis6ricordp et obtenir la vie éternelle à IV. 16 242 . DE L'EXP~ATIONDES PÉCHÉ 22. E~cldsiastique,III, 14-17, 33-34 : x Mon fils, soulage^ votre phre dans sa vieillesse, et ne l'attristez point durant sa vie. -Si son esprit s'affaiblit, supportez-le, et ne le méprise pas A cause de l'avantage que vous aurez sur lui ;car la charil4 dont vous aurez usà envers votre pèr ne sera point mise en oubli. -Dieu vous récompenser aussi pour avoir supportà les défaut de votre mère -II vous établir dans la justice; il se souviendra de vous au jour de l'affliction, et vos pécliÃse fondront comme la glace en un jour serein. -L'eau étein le feu mêm le plus ardent, et l'aumhe résist au péchà -Dieu qui doit récompense les bonnes Å“uvre la considère à 23. Proverbes, XIII, 8 : à Les biens de l'homme riche lui servent ii racheter son Ame. à 24. Ibid., XV, 27 : à On se purifie de ses péchb par l'ad- mhe ct par la foi. à 25. Ibid., XVI, G : à La miséricord et la vérit rachbtent le crime. à 26. Luc, XI, 41 : a Donnez l'aumdne de ce que vous avez, et toutes choses seront pures pour vous. à 27. DANIEL,IV, 24 : à C'est pourquoi, 6 roi! suivez le conseil que je vous donne :rachetez vos péchk par les aumhes ,et vos iniquité par des Å“uvre do miséricord envers les pauvres, Peut-6tre que le Seigneur vous pardonnera vos offenses. à 28. ISA~E,1, 17-18 : à Apprenez A faire le bien, examinez tout avant de juger, relevez l'opprimé protége l'orphelin, défendela veuve. -Et venez, et accusez-moi, dit le Seigneur, si vos péchk quand mêm ils seraient rouges comme l'écarlat et le vermillon, ne deviennent comme la neige et comme la toison la plus blanche. à 29. HébreuxXIII, 16 :à Souvenez-vous d'exercer la chariti, et de faire part de vos biens aux autres; car c'est par de tels sacrifices qu'on SC rend Dieu favorable. à 30. MATTHIEU, Si vous pardonnez aux hommes VI, 14-15 : à leurs fautes, votre Pèr célest vous pardonnera aussi les vdtres. -Mais si vous ne pardonnez point aux hommes, votre Phre ne vous pardonnera point non plus. à 31. Luc, VI, 37-38 :a Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ne condamnez point, et vous ne serez point condamnh; remettez, et on vous remettra; -donnez, et on vous donnera; et on versera dans votre sein une mesure pleine et pressée qui dbbordera. à DE L'EXPIATION DES PÉCH~ 243 52. MARC,XI, 25-26 :à Lorsque vous vous présentere pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez- lui, afin que votre Pèr qui est dans le ciel vous pardonne aussi vos offenses. -Que si vous ne pardonnez point, votre Pèr qui est dans le ciel ne vous pardonnera point non plus vos fautes. à 33. Eccldsiastique, XXVIII,2:a Pardonnez tt votre prochain le mal qu'il vous a fait, et vos péchà vous seront remis quand vous en demanderez le pardon. à 34. JACQUES,V, 49-20: à Mes frkres, si quelqu'un d'entre vous s'éloign du chemin de la véritÃet que quelqu'un l'y fasse rentrer, -qu'il sache que celui qui convertira un pécheuret le retirera de son égarement sauvera son &me de la mort et couvrira la multitude de ses péché à 35. Luc, VI1 ,44-48: (iEt se tournant vers la femme, il dit Simon : Voyez-vous cette femme? Je suis entrà dans votre maison : vous ne m'avez point donnà d'eau pour laver mes pieds; et elle au contraire a arrosà mes pieds de ses larmes, et les a essuyé de ses cheveux. -Vous ne m'avez point donnà de baiser ;mais elle, depuis que je suis entrà ,n'a cessà de coller sa bouche sur mes pieds. -Vous n'avez point répand d'huile sur ma thte, et elle a répand ses parfums sur mes pieds. - C'est pourquoi je vous déclar que beaucoup de péchà lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé mais celui h qui on remet moins, aime moins. -Alors il dit & cette femme :Vos péchÃvous sont remis. à 36.Proverbes, X, 42 : La haine excite les querelles, et la à charità au contraire couvre toutes les fautes. à 37.1 PIERRE,IV, 8 : Avant tout, ayez une charità pers& à virante les uns pour les autres; car la charità couvre la multi- tude des pich&. à 38. Psaume L,19 :à Le sacrifice qui plaî & Dieu, c'est un mur touchà de repentir ;vous ne rejetterez pas, & mon Dieu! un cÅ“u contrit et humilié à 39. Luc, XVIII , 43-4 4 :à Le publicain ,au contraire, se tenant éloignà n'osait pas meme lever les yeux au ciel ;mais il se frappait la poitrine, en disant :Mon Dieu, ayez pitià de moi qui suis un pécheur -Je vous déclar que celui-ci s'en retourna justifià chez lui, et non pas l'autre. à 40. MATTHIEU, XVIII, 32 :à Alors son maitre l'ayant fait venir, lui dit :Méchan serviteur, je vous avais remis tout ce que vous me deviez, parce que vous m'en aviez prié à . . "'th DE L'KM f.iT!ON DI-:S i-fc.,~&. 44. Effl^sias/iqw.. XXI, 4 : N Mon fils, avez-vous l)Ccl~é ne p6cliez plus h l'avenir; mais priez pour vos fautes pass&es, afin qu'elles vous soient pardonnks. M h2. Psaume Cl, 18 :à II a ii~ci!~illiles VÕU du pauvre atmdi~iinf, et il n'il pas re,jctd son humble prifire. à 113.Ibid., XXXI, 6 : à l'ai dit, etc. (comme dans le corps de la rhponse) . à 44. 1 JEAN, 1: a Si nous confessons nos pcchés etc. (comme dans le corps de la rkponse) . à 45. JONAS,III, 5-9 : à Les Ninivites crurent & Dieu; ils ordonn4rent un jeûn public, ct se couvrirent dc cilices depuis le plus grand jusqu'au plus petit. -Cette nouvelle ayant ét portéau roi de Ninive, il se leva de son trbnc, quitta ses habits, se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre. -Ensuite il fit crier piu'tout et publier dans Ninive cet ordre :Que les hommes et les bêtes les baufs et les brebis, ne mangent rien :qu'on ne les mèn point aux phturages, et qu'ils ne boivent point d'eau. -Que les hommes soient couverts de sacs, ainsi que les animaux, et qu'ils crient vers Dieu de toute leur force; que chacun SC convertisse; que chacun quitte sa mauvaise voie et l'iniquitb dont ses mains sont souillées -Qui sait si Dieu ne reviendra point nous pournous pardonner, s'il n'apaisera point sa fureur, et s'il ne révoquer pas l'a& de notre perte, qu'il a prononcà dans sa col&rc? 1) 46. MATTHIEU,XII, 41 : (t Les Ninivites s'él6vcron au jour du jugement contre cette race, et la condamneront; car ils ont fait pénitenc à la prédicatio de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. à 47. Luc, XI, 32 : à Les Ninivites s'élèvero au jour du jugement contre cc peuple, et le condamneront ;car ils ont fait pbnitence & la prbdication de Jonas, et cependant il y a ici plus que Jonas. à 48. III Rois, XXI, 25-29 : à Achab n'eut donc point son semblable en mécliiiiic~tà 6tant comme vendu pour faire le mal aux yeux du Seigneur ;car il y étai excità encore par Jézabel sa femme. -Et il devint tellement abominable, qu'il suivait fc culte des idoles des Amorrhhens, que le Seigneur avait exter- mines h l'cnirbe des cnïai!l d'Isracl dwis le pays. -Achab ayant entendu ccs paroles (ICdiii'i~ses v&tements, couvrit sa chitir d'un cilice, jeilna, et dormit enveloppà d'un sac, et il ne marchait plus que la t13c 11;iissCc. Alors le Seigneur adressa si1 parole A Elle de Thcsbéet lui dit : -N'avez-vous pus vu Achab DE I.EXPIATION DES PÉCHÉ 243 humilià devant moi? Puis donc qu'il s'est humilià à cause de moi, je ne ferai point tomber sur lui , pendant qu'il vivra, le:; maux dont je l'ai menacémais, sous le règn de son fils, je le;; ferai tomber sur sa maison. à 49.Sagesse, XI, 24 : à Vous avez compassion de tous les hommes, parce que vous pouvez tout; et vous dissimulez leurs péché afin qu'ils fassent pénitence à 0. JONAS,III, 10: à II vit, etc. (comme dans le corps de la réponse))) 51. Nombres, XXV, 11-13 : à Phinées fils dlEléazar fils du prhtre Aaron, a détourn ma colèr de dessus les enfants d'Israël parce qu'il a étanimà de mon zèl contre eux, pour m'em- $cher moi-mêm d'exterminer les enfants d'Israë dans ma fureur. -C'est pourquoi ditcs-lui que je lui donne la paix de mon alliance, -et que le sacerdoce lui sera assuré ti lui et ti sa race, par un pacte éternel parce qu'il a étzél pour son Dieu, et qu'il a expiÃle crime des enfants d'Israël n 2. Psaume CV, 30-34 : à Mais Phinéc se leva, et il répar l'injure, et le fléa cessa ses ravages. -Et ce zèl lui valut le prix dà A la justice, comme il a étpayà à sa race de génér tion en géné tion. i) 53. Proverbes, X, 2 : (t Les trésor de l'iniquità ne serviront de rien, mais la justice délivrer de la mort. à 84. Actes, VIII, 22-25 : à Faites donc pénitenc d'un si grand péchÃet priez Dieu qu'il vous pardonne, s'il est possible, celte pensé de votre caur; -car je vois que vous ête rempli d'un fiel amer, et engagà dans les liens de l'iniquità (dit saint Pierre ~ Simon le magicien). à 5.11 Corinthiens, Vil, 40 : à Car la tristesse qui es1 selon Dieu produit pour le salut une pénitenc stable; mais la tristesse de ce monde produit au contraire la mort. à 5. II Corinthiens, VII, i (comme dans le corps de la réponse) 87. II Timoll~?e, II, 19-21: Le Seigneur connaî ceux qui à sont b lui , et, quiconque invoque le nom du Seigneur, qu'il s'bloigne de l'iniquité -Au reste, dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or el d'argent, mais il y en a aussi de bois et de terre; et tandis que les uns servent A des usages honorables, les autres sont réseruÃ{t des usages honteux. -Celui donc qui se conservera pur en s'abstenant de ces cl~osesdont fai parlésera un vase d'honneur, un vase saint, propre au service du Seigneur et pr& pour toutes sortes de bonnes Å“uvres à 58. JACQUES, N IV, 8 : Lavez vos mains, etc. (comme dans le corps de la réponse) à 89. EZÉCHIEL XVIII, 27 :à Et lorsque l'impie se sera détournà de l'impiét dans laquelle il aura véc jusque-lh, et qu'il agira selon l'équit ct la justice, il rendra ainsi la vie & son Arne. à 60. I Corinthiens, III, 42-45 :à Si ensuite on élè sur ce fondement un édific d'or, d'argent, ou de pierres précieuses ou si l'on en élè un de bois, de foin ,de paille, -l'ouvrage de chacun paraîtr enfin, et le jour du Seigneur le fera connaîtr tel qu'il est; car c'est par le feu qu'il se manifestera; ct ce feu mettra A l'épreuv l'ouvrage de chacun. -Celui qui aura bhti sur ce fondement un ouvrage qui résist b une telle épreuve en recevra la récompense-Celui dont l'ouvrage aura étcon- sumà par le feu, en souffrira de la perte : il ne laissera pasnéanmoin d'btre sauvé mais ce ne sera que comme en passant par le feu. à 4. Le concile de Trente, session V, canon 3 :à Si quelqu'un ose dire que le péchd'Adam, qui est un dans sa source, et quiétantransmis b tous par voie de propagation, et non d'imitation, devient propre A chacun, peut ttrc effacà ou par les forces de la nature humaine, ou par quelque autre remede que par les mé rites de Jésus-Chris Notre-Seigneur, l'unique mediateur, qui nous a réconcilià A Dieu par l'effusion de son sang, en se faisant ainsi notre justice, notre justification et notre ridemption ;ou si quelqu'un nie que ces m6mes mérite de Notre-Seigneur Jésus Christ soient appliqués tant aux enfants qu'aux adultes, par le sacrement de Baptême quand il est confér dans la forme prescrite par 1'Eglise : qu'il soit anathème puisqu'il n'y a point (l'autre nom sous le ciel, donnà aux hommes, par lequel now puissions dtre sauvds (Act., IV, 42) ;ce qui a don& lieu ti celle parole : Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui efface les pdchh du monde (JoAN.,1, 5), et h cette autre :Vous tous qui avez él baptisds, vous avez ;tà reudtus de Jdsus-Christ (Gai., 111, 27). v 2. Le mêm concile, session VI, chapitre 2 :à De lb il est arrivà que le Pèr céleste le Pbre des miséricorde et le Dieu de toute consolation, qui, tant avant la loi que sous la loi avait annoncà et promis Jésus-Chris son Fils & plusieurs saints DE L'EXPIATION DES P~CHÉS 247 patriarches, l'a envoyà aux hommes lorsque les temps ont ét heureusement accomplis, pour racheter les Juifs qui étaien sous la loi, et faire embrasser la justice aux gentils qui ne la cher- chaient pas, pour faire enfin de tous les hommes les enfants adoptifs de Dieu. C'est ce mêm Jésus-Chris que Dieu a proposà pour &re ,par la foi que nous aurions dans la vertu de son sang, la victime de propitiation pour nos et non-seulement péchà pour les nbtres, mais aussi pour ceux du monde entier. 11 3. Mtme session, chapitre 7 :à La cause méritoir de notre justification, c'est le Fils unique et bien-aimà de Dieu, Notre- Seigneur Jésus-Christ qui, lorsque nous étion ses ennemis, nous l'a mérità en souffrant pour nous sur la croix par un effet de l'amour extrêm dont il nous a aiméset a satisfait pour nous A Dieu le Père 4. Ibidem, chapitre 8 :à Quand nous entendons dire éi'Apbtre que l'honwle est justifià par la foi, et d'une manièr gratuite (lm.,7,22), nous devons prendre ces paroles dans le sens que l'Eglise catholique s'est toujours accordé h leur attacher, et dans lequel elle les a toujours expliquée aux fidèles savoir, qu'il est dit de nous que nous sommes justifié par la foi, parce qu'en effet la foi est le comnienccment de notre salut, qu'elle en est le fondement, qu'elle est la racine de toute justification, et que sans elle il nous est impossible de plaire ÃDieu (Hébr.XI, 6 ) et d'ètr rangé au nombre de ses enfants; ensuite, que c'est gratuitement que nous sommes justifiés parce que rien de ce qui préc6d la justification, soit la foi, soit les Å“uvres ne peut nous méritela grhce de la justification elle-meme :car, si c'est une grilce, elle n'est donc pas l'effet de nos Å“uvres autrement, comme le dit le mème*ap6tr(Rom., XI, G), cet te ydce n'en serait plus une. à S. S. AUGUSTIN, On Tract. LXVII in Evangelium Joannis :à ne saurait rejeter avec trop de force ceux qui, abusant de ce passage de lYEcriture (In domo Patris mimansiones multÅ sunt, JOAN., XIV, 2),veulent s'en servir pour établi un lieu mitoyen, hors du royaume des cieux, qui ne soit ni le paradis ni l'enfer, pour y placer les enfants morts sans liaptêmc qui sans ce sacre- ment ne peuvent prétendr & ce royaume cdleste. Une foi semblable n'est point la vraie foi; car ce n'est point lh la véri table foi catholique (1). à (1) Cf. Trait& de saint Augustin sur l'Evangile de saint Jean, tome III, pag. 273-270. 248 DE L'EXPIATION DES PECHÉS 6. S. L~oN-LE-G~AND , Serm. IV de nativilate Domini :à Une foi v6ritable et sincèr est le meilleur rempart qu'on puisse opposer (aux faux docteurs) ;cette foi incapable de changement, ci laquelle on ne peut rien ajouter, pas plus qu'on n'en peut rien retrancher. Si la foi n'est simple, dit l'ApGtrc, ce n'est plus une véritabl foi. Il n'y a qu'un Seigneur, qu'une foi et qu'un ' baptdme. Il n'y a qu'un Dieu pèr de tons, qui est au-dessus de tous, qui dtend sa providence sur tous, et qui résiden nous tom (Eph., IV, 5). Attachez-vous, mes frères A cette unith avec une fermetà inébranlable afin de conserver la saintetà :que la foi vous aide ti remplir tous les commandements du Seigneur : car sans la foi il est impossible de plaire A Dieu; sans la foi il n'y a rien de saint, rien de chaste, rien qui ait vie. Le justevit par la foi :celui qui la perd, en se laissant séduir par les artifices du diable, est mort, quoiqu'il paraisse vivant. Comme la foi est le principe de la justice, elle est aussi le principe de la vie 6ter- nelle ,selon cette parole du Sauveur du monde : Or, la vie der- nelle consiste à vous connaître vous qui dtes le seul Dieu vdritabb, et Jésus-Chris que vous avez envoyd (1). à 7. ORIGÈNEHom., lib. II in Leviticum :à Vous venez de voir combien il y a dans la loi de sacrifices pour les péché voyez maintenant combien il y a de moyens institué dans I'Evangile pour les remettre. L'Evangile nous montre le premier de tous dans le baptême que nous recevons pour la rémissio de nos péché le second, dans le martyre souffert pour Jisus- Christ; le troisikme, dans l'aumhe. Car le Sauveur a dit lui- meme :Donnez i'aumûn de ce que vous avez et tout sera pur pour vous (Luc, XI, 41). Le quatrihme moyen d'obtenir la rémissio de nos pbchbs, c'est de pardonner ii nos frère les offenses dont ils se seraient rendus coupables envers nous. Car voici h ce sujet les paroles de Notre-Scigneur :Si vous remettez du fond du cÅ“u à vos frère ce qu'ils vous doivent, votre Pèr vous remettra à vous-dmes vos péché si au contraire vous ne leur çardo~~~le pas du fond dit cÅ“ur votre Pèr ne vous pardonnera pas non plus. Lui-mêm nous a appris ti dire dans nos prière : Remeltez- nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui mus doivent (MATTH.,VI , 12). Le cinquibme moyen d'obtenir la rémissio de nos pdché ,c'est de convertir quelque pbcheur et de le retirer de son égarement Car voici comme s'en explique (1) Cf. Serinons de saint Lton-le-Grund, pag. i 19-120. h sainte Ec'riture : Celui qui convertira wi pécheuet le retirera &son égarement sauvera une Ûnz de la mort, et couvrira une m~lititudc de pdché (JAc., V, 20). Le sixikme, c'est un amour ardent pour Dieu, ainsi que Notre-Seigneur l'a dit lui-mêm : jtcot~s le dis en véritÃbeaucoup de péclu lui sont remis, parce #elle a beaucoup aimà (Luc, VI1 , 47). L'Apdtre a dit aussi : i~cltarità couvre la multitude des 11écJfd ( 1PETR.,IV, 8). Il est encore un septikrne moyen, quoique pénibl autant que laborieux : c'est la phitence, qui consiste en ce que le phcheur lave son lit de ses larmes, s'en repaisse la nuit et le jour, et ne rougisse pas de déclare son p6chà au prêtr du Seigneur, et dc lui en demander le remède ti l'exemple de celui qui a écrices paroles : J'ai dit :Je confesserai contre moi mon pécldet vous ni'livez par- hnÃle crime dont je m'étai rendu coupable (Ps. XXXI, 5). Par- i!~ on se conforme aussi & cet avertissement de i'apbtre saint Jacques : Quelqu'un est-il malade, qu'il appelle prè de Mes yfks de lEglise, et que ceux-ci lui imposent les mains et lui fassent des onctions avec de l'liwle au nom du Seigneur, et laprièri de la foi sauvera le malade, et s'il a des péché ils lui seront rois. Vous donc, lorsque vous vous présente pour recevoir le pime, c'est comme si vous offriez un veau en sacrifice, car c'est dans la mort de. Jbsus-Christ que vous &tes baptisk. Etes- vous conduits au martyre, c'est un bouc que vous offrez alors, CD portant un coup mortel au démon auteur du péchhLorsquevous faites l'aumbnc, et que vous vous laissez toucher de pitià pour les indigents, c'est la graisse des chevreaux dont vous chargez l'autel sacré Si vous pardonnez du fond du cÅ“u h votre frèr l'offense dont il serait coupable envers vous, et qu'étouffantout ressentiment contre lui, vous ne lui témoignie que douceur, simplicità et franchise, soyez persuadà que vous avez immolà dans ce moment un bélie ou un agneau en sacrifice. Si, docile aux divines leçons et occupà nuit et jour & médite comme une colombe et ?I étudie la loi du Seigneur, vous retirez quelque p6cheur de son égarement et qu'aprè lui avoir fait quitter les voies tortueuses du vice, vous le rappeliez it la sim- plicità de la colombe; si vous le faites entrer dans la sociét des saints, et le portez ainsi A imiter la fidélit de la tourterelle; saehez bien que vous avez offert en cela au Seigneur un couple de tourterelles ou deux petits de colombes. Si la charité cette vertu plus grande que la foi et que l'csp6raiicc, vient il abonder dans votre cmur, en sorte que vous aimiez votre prochain, non- seulement comme vous-mèm ,mais comme nous a appris b le faire celui qui a dit :Le plus grand amour qu'on puisse témoigner c'est de donner sa vie pour ceux qu'on aime (JoAN.,XV, 13); sachez alors que vous avez offert des pains de la plus fine fleur de farine, détrempà de tout dans l'huile de la charité dégagà levain de malice et de corruption, purs azymes enfin de sincérité do véritÃEtes-vous dans les larmes et dans le deuil, plonge dans l'an~crtume de l'affliction, niorlificz-vous votre chair, Iravaillcz-vous h la dompter par le jeûn et l'abstinence, pouvez- vous dire de vous-mèm que vous &tes dans la tribulation comme le méta dans la fournaise ;c'est un gdtcau de pure farine, frite dans la poël ou sur le gril, que vous aurez offert.. De toutes ces manihres, vous aurez ofTcrt, en suivant l'Evangilc, des sacrifices plus v6ritablcs et plus parfaits, que tous ceux qu'Israë pouvait offrir en ohhissant h la loi. à 8. S. AUGUSTIN, Lib. IIcontra Cresconhn grammaticum, c.42 : à Ceux qui vous quittent pour revenir ti nous, ne font rien, pensez-vous, pour se purifier des actes de leur vie passée parce qu'ils ne se font pas baptiser de nouveau; comme si les hommes ne pouvaient êtr purifié de leurs erreurs qu'au moyen du bapt&me, tandis que (ce sacremcnt), qui es1 un, ne peut pasGtre réitér Mais on peut aussi 6trc purifie par la parole de véritÃet par celui qui a dit :Maintenant vous (tes purs Ãcause (le la parole que je vous ai fait entendre (JOAN.,XV, 5). On peutI'etre encore par le sacrificed'un cÅ“u contrit et liumilié et par celui dont il a 6th dit :Le swrifice que Dieu demande est un mur brisà par la douleur; Dieu ne nép prispoint wi cmr contrit ci humilià (Ps.L,i9). On peut l'htre de plus par les aumdnes, cl par celui qui a dit :Donnez l'au?~zdno, et toutes choses seront pwes pour vous (Luc, XI, /il).On peut Glre purifià enfin par la charité qui surpasse tout le reste cn exccllcncc, et par celui qui a dit par l'organe de l'apbtrc Pierre :La cfiwilÃcouvre une multitude "le' péchÃ(1 PETR., IV, 8). Car avec la charité tout se fait dans l'ordre; sans la charitétout se fait en pure perte. N 9. S. CHRYSOST~AIE, Conch IV de Lazaro :à Si nous voulons échappeii ces chAtiments terribles (du siècl A venir), h ce compte scvèr que nous aurions h rendre alors, que chacun de nous rentre dans sa propre conscicnec, et que, déroulanh ses propres yeux sa vie cntitre, et entrant dans un détai cir- constanciÃde toutes ses fautes, il se condamne lui-meme, se punisse et se chhtie lui-même se demande compte tl lui-mhe de ses infidélitéet que pour cela il s'excite, et & la com- ponction, et au repentir, et aux larmes, et la confession, et au jeine, et h l'aumdne, et tl la continence, et b la charité afin que par tous ces moyens nous puissions nous décharge ici-bas du poids accablant de nos pbchés et passer avec confiance hune vie meilleure (1). à 40. Le même Hom. VII (al. 6) in Joawnem :à Quittant donc cette vaine curiosità (qu'ont les hirdtiques de scruter la foi), brisons nos cÅ“ur par le repentir, pleurons nos fautes passées ainsi que le Christ nous l'a ordonné phétrons-nou de douleur au "ouvenir de nos crimes, demandons-nous & nous-m&mes un compte rigoureux de toutes nos infidélitfi passées appliquons-nous nous en purifier par la pénitence Dieu a mis pour cela mille moyens hnotre choix. Soyez, nous dit-il par son prophète le premier i confesser vos fautes, et vous serez justifià (Is., XLIII, 26).Nous lisons de m4me dans les Psaumes :J'ai dit :Je confesserai contre moi-nic'ttie mon injustice avi Seigneur, et vous m'avez pardomà kiquild (Ps.XXXI, 5). Car rien n'est plus propre A atténuenos Eutes, que de nous les reprocher A nous-même et de les avoir sans cesse présente i~ la mémoireIl est cependant un autre moyen encore plus efficace que celui-lh : c'est de n'avoir de ressentiment contre aucun de ceux qui nous ont offensk, et de leur pardonner tl tous leurs offenses. Voulez-vous on apprendre KItroisième Ecoutez Daniel vous dire :Rachetez vos pécliÃpar ks aumhes, et vos iniquitépar la compassion exercé envers les fswm (DAN., IV, 24). Dirons encore un autre moyen, savoir, le recours fréquen b la prière la persévéran dans les demandes que nous adressons au Seigneur. Nous trouverons aussi une puissante consolation avec l'expiation de nos péchà dans la pra- tique du jeûne pourvu que cette pratique ne nous fasse pas ntgliger le devoir de la charità fraternelle : soyons assuré que par-lh nous éteindron les foudres vengeurs de la colèr de Dieu. Car, comme dit le Sage, Veau étein le feu le plus ardent, et tau- mine aussi résist aux pdché(Eccli., 111, 33). Faisons-nous un devoir de mettre en pratique tous ces moyens. Si nous y sommes fidales,si nous y sommes persévérant si nous faisons de ces exercices l'occupation de toute notre vie, non-seulement nous effacerons nos fautes passées mais encore nous nous assurerons (1) Cf. S. C/wysostom.i opera, t. Ier, p. 761-762, Cdit. de Montfaucon, pige 953, idit. de Gaume. les plus gt'i~nds biens pour l'avenir. Car, par-l& nous dterons au démo toute occasion de nous assaillir et de nous faire succomber, soit h des tentations de volupt6 et de mollesse, soit ii une fatale curiositÃ(1). à 44. S. CYPRIEN, Lettre au peuple de Carthmye, & l'occasion de cinq prhtres schisinatiqucs du parli de Fdicissime , Epist. XL (al. 59) :à Aujourd'hui ils m6ditcnt avec une astuce empoisonnh la ruinc de ceux qui sont tombés ils detournent des voies oi SC trouve la gubrison tous ces combattants mutilés décoiira par la tempclc, ct incapables dans leur faiblesse de prendre une risolution énergiqu qui les sauve; ils suppriment les veilles, les pri&rcs, ct toutes les muvres de Dieu par lesquelles il faut fléchiassidhnent le Seigneur, ct invitent les coupables ii une prtcipitation funcslc par l'appht s&ductcur d'une paix perfide. Memes calculs, mfiincs projets de ruine dans F6licissime et ; partisans. Ce qu'ils veulent, c'est que Dieu ne soit plus prit$; c'est que le parjure, apres avoir renie Jbsus-Christ, ne sollicite plus la misdricordc de celui qu'il a renie; c'est que la phnitence ne succlxle plus iI la faute; c'est que l'évfiqu et le pr6tre ne soient plus les ministres de la satisfaction; c'est que, sur les ruines de l'autorità avilie de ceux-ci, on élhv dans i'Eglise une docirine nouvelle, sacrilcgc, contraire iI la discipline de l'Evangile (2). a 12. Le mbmc, lettre VI11 (al. 7) au clergà et au peuple : à Je nc l'ignorc pas, mes frkres bicn-aimés pénétr comme vois l'6tcs de la crainte du Seigneur, vous lui adressez assiduement les plus ferventes prihrcs. Néanmoin je viens faire un appel A votre rcligicuse sollicitude, et vous conjurer de désarme le Seigneur, non plus seulement par des supplications, mais piir des jeûnes par des larmes, par des gémissements et par tous les moyens propres le flkchir.. . à Les verges, les flbaux nous ont frappés parce que nousf n'avons ii présenteà Dieu ni bonnes couvres pour lui plaire, ni satisfaction pour expier nos péchbs Implorons donc du fond du cÅ“ur et avec toute l'énergidont nous sommes capables, la miséricord de Dieu (3). à 13. Le mbm, LcIL XXVI (al. 28), R6ponse des pr6tres Moise, (1) Cf.S. Chrysostomi opera, t. VIII, p. li7, éditde Montfaucon; page Sb, &dit. de Gaume. (2) Cf. Les Pires de Z'Eglise, etc., trad. par M. de Geiioude, t. V bft, pag. 112-113. (3)Cf.Ibident ,pag. h2-43. DE I,~EXPI.\TIOY !KsT-; , CI!:;::. , 9% Maxime, etc., & saiat Cyprien (4): u Que devient la t~rreur des dtiments divins, si l'on accorde aux pécheur un pardon si facile? Au lieu de cela, il faut r&~hi~ill'~r doucement leur foi ,1;' nourrir jusqu'au temps de sa maturitéet leur apprendre h con- dire, I'Evangile A la main, toute la gravità de leur faute. Loir; kse prévaloide leur nombre, qu'ils y trouvent plut6t un molii k plus pour nous de les réprimer Ce n'cst pas la mult.il,iiclc insolente des coupables qui atténu la faute, mais plut& la modé ration, la rbserve ,la patience, la discipline, l'humilité la sou- mission qui attend et accepte le jugement & prononcer sur elle. Voilh quels sont les témoignage de la pénitenc ;voilh ce qui cicatrise les blessures ;voila ce qui relkve les ruines d'un cÅ“u @s'est laissà abattre, ce qui étouff les vapeurs encore brûlante Je nos péché Un médeci donne-t-il à un malade le mêm ali- ment qu'h un homme en bonne santb? Non, sans doute; au lieu de calmer les accè de la fikvre ,une nourriture inopportune les miterait davantage : le mal que la dikte eû guér en quelques jours, se prolonge par l'intempéranc qui n'a pas su attendre. ÃIl faut donc que ces mains souillée par des sacrifices impies, Å purifient par les bonnes Å“uvre : que ces bouches infectdies par des viandes criminelles, soient lavée par les paroles d'un sincere repentir, et que le sanctuaire de YAme se renouvelle dans le dangernent d'un cÅ“u nouveau. Qu'on entende les gémissement multiplié du repentir. Que les larmes de la foi coulent inces- laminent de tous les yeux, afin que ces même yeux qui ont con- p l criminellement les idoles, expient par des pleurs ex- @loires la faute qu'ils ont commise. à 44. S. AUGUSTIN, c. 8, sive in Lib. L homiliarum, hom. L, ho de pÅ“nitenti medicinûc. 5 : à Ce n'est pas assez d'amender les mÅ“urs etc.-(comme dans le corps de la réponse) à 48. S. AUGUSTIN, Encl~irid.ad Laurentium, c. 7 (al. 24 et 19) : ton ne doit pas se figurer qu'on puisse tomber tous les jours dans ces crimes qui excluent du royaume de Dieu ceux qui les com- mettent, pourvu qu'on les rachèt tous les jours par des aumdnes. D faut commcnccr par changer de vie, et employer eiisuite les tumdnes pour obtenir de Dieu le pardon des pécl16 passes. Ce serait faire injure il Dieu, que de s'imaginer qu'on puisse acheter en quelque sorlc de lui la libertà dc péclic impunhent. Dieu est assez mis6ricordieux pour eli'acer les p6cli6s pass6s dans ceux (1) Cf. Les Phes (le l'Eglise, etc., trad. par M. de GenouJe, t. V 6is, M.84-83. 234 DE L'E"~.PJATIONDES PÉCHÉ qui s'efforcent de satisfaire comme il faut ii sa justice; mais iln'a accordà Ãpersonne la permission de péche (Eccli., XV, 21) (4). B 46. S. CYPRIEN,De lapsis : 11 vous faut le prier sans à reldche, passer tous vos jours dans le deuil, prolonger vos nuits dans les veilles ct les larmes, consacrer tout le reste de voire vie aux gémissement de la pénitence vous prosterner dans la poussih, vous rouler sur la cendre et le cilice. AprCs avoir perdu Jkus-Christ, ce riche et précieu vbtement de l'&me, il faut que vous fuyiez les vains ornements du sihcle. Aprh avoir touchà aux viandes du démon il ne faut plus aimer que le jeûne Il faut que vous vaquiez aux Å“uvre de justice qui ont pour efiet de nous purifier de nos péché et que vous fassiez de fréquente aumhes, parce que l'aumhe rachèt les &mes de la mort. Rendez h Jésus-Chrisce que le démo lui a enlevé Comment garder, et surtout comment chéri un patrimoine qui n'a servi qu'h vous séduir et A vous vaincre? Il faut fuir les biens que vous possédc comme on fuirait un ennemi, un poignard ou un poison qui donne la mort. S'ils restent entre vos mains, qu'ils servent du moins & la ranço de vos crimes. Faites-en d'amples aumdnes , employez-les toutes entière A guériles plaies de vos iimes, placcz-les A intérà entre les mains de Dieu qui nous jugera. VoilA comment étai vive la foi sous lw Apdlres ; ainsi les prcmicrs chrétien accomplissaient-ils la précepte de Jésus-Christ Ardents, prodigues de leurs biens, ils les abandonnaient tout entiers aux Apdtres pour êtr dis- tribuéaux indigents, et cependant ils n'avaient pas A expierde semblables crimes. Je le déclar :si vous priez de tout votre mur, si vous versez des larmes, si vous poussez les gbmisse- ments d'une sincèr pénitence si vous sollicitez le pardon de votre faute par les auvres non interrompues de la miséricorde vous pourrez trouver @ce devant celui qui a dit avec bonth (EZECH., XVIII et XXXIII) : Quand, vous tournant vers moi, vous gémirez alors vous serez sauvé et vous saurez en quel abîm VOUS dtiez. Et encore (EZECII., XXXIII, il):Je ne veux pu la mort de celui qui meurt, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. Et le prophèt Joël inspirà par le Seigneur lui-rn4me, ne pro- clame-t-il pas ainsi la puissante bontà du Seigneur (JOEL, II, 13) : Revenez au Seigneur votre Dieu; car il est doux, clhnent, patient, et prodigue de pardon, et il sait révoque les arrdts de sa jusid, (1) Cf. Traites choisis de saint Augustin, 1.11, p. &O[. DE L'EXPIATION DES PÉCHÉ 255 Oui, le Seigneur peut faire grhe aux coupables et révoque ses arrtts. Il peut pardonner miséricordieusemen au repentir sincèr quisemanifeste par la prièr et par les Õuvres Il peut sanctionner ce que les martyrs ont demandé et ce que les prêtre ont fait en faveur de pareils suppliants. Il y a plus : si la colèr divine est entihrement apaisée l'outrage répar et l'expiation surabondante, il peut se faire que le Seigneur, renouvelant les forces du vaincu, confie de nouveau A ses mains les armes de la foi. Je le vois déjk cet athlkte, instruit par la douleur, aguerri par la défaite provo- quer l'ennemi, et recommencer les combats du Seigneur. Le chré tien déch qui satisfera ainsi à la justice de Dieu, et qui, puisant dans le repentir et la honte de sa chute mêm un nouvel accroisse- ment de courage et de foi, se relevera ainsi avec honneur par le secours divin, réjouir l'EgIise autant qu'il l'avait attristée et airitera non plus seulement le pardon, mais la couronne (1).1) 47. S. AL'GUSTIN, Serm. XLI de SunciisJ qui est sernto quartus &animabus fidelium defunctorum :à Quiconque, sachant qu'il est engagà dans quelque péch mortel, etc. (comme dans le corps de réponse) Voir ce mtme passage citÃplus au long au à chapitre du sacrement de Pénitence question IX, témoignag45, tomelil, page 113. 18. Le même Lib. L homiliurum, hom. XVI, comme plus ut, du sacrement de pénitence question IX ,témoignag 13, tome III, page 113. 49. Le même Enchiria. ad Lawentium, c. 23 (al. LXVn, D. 48) :à II y a des personnes qui croient que tous ceux qui ne renoncent pas à la foi en Jésus-Christ et qui, ayant étbaptisé dans i'Eglise catholique, ne s'en séparen ni par le schisme ni par l'hérési seront sauvé en passant par le feu, quand meme ils auraient persévé la mort dans les plus grands jusqu'hcrimes, sans les effacer par la pénitence ni les racheter par des aumdnes. Ces personnes avouent bien que ces mauvais chrétien seront punis longtemps h proportion de la grandeur de leurs crimes; mais elles prétenden que le feu qui les brùlcr ne sera pas éternel Pour moi, le jugement le plus favorable que je puisse porter de ceux qui, élan d'ailleurs catholiques, ont une pareille pensée c'est qu'il se laissent tromper par un certain sentiment d'humanità et de compassion toute naturelle. Car (1) Cf. Les Pèrede i'Eglise, etc., trad. par M. de Genoude, t. V bis, pu. 376-377. 256 DE L'EXPIATION DES P~CHES. assurément si nous consultons sur ce point I'Ecriture sainte, nous y trouverons une doctrine bien différente J'ai composà su cette question un trait6 qui a pour titre :De la foi et des Å“uvres Â¥t'ai prouvà comme je l'ai pu, avec l'aide du Seigneur, par I'autoritk des saintes Ecriturcs, que la foi qui sauve n'est autre que celle que saint Paul a caraethrisé trks-clairement ,quand il a dit qu'en .hs-Christ ni la circoncision ni l'incirconcision M servent du rien, mais que ce qui sert beaucoup c'cst la foi qui opdre par l'ui~~our (Gai., V, 6). Si donc un chrétie fait de mau- vaises actions au lieu de bonnes, sa foi alors, selon l'apdh saint Jacques, est certainement ww foi morte en clle-dm (JAc,, II , 17). Cet apbtre dit encore : Si quelqu'un dit qu'il a Is foi, et qu'il n'ail pas du bonnes Õuvres sa foi pourra-t-elle k sauver (JAc., Il, 14)? Or, si un homme qui vit dans le crime devait, par cela seul qu'il a encore la foi, &re sauvà en passant par le feu , et si c'&tait ainsi qu'il faudrait entendre ce mot de saint Paul : Zi sera salivémais pourtant comme a travers le feu (1 Cor., III, 15), il s'ensuivrait que la foi sans les Å“uvre pourrait sauver, et que ce qu'enseigne saint Jacqucs, apdtre comme saint Paul, serait faux. Sain1 Paul lui-meme aurait par16 faussement, quand il a dit :Ne vous y trompez pas :ni les forni- cateurs, ni lcs idolûtres ni les adultères ni les effdminds, ni lcs abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni In q&isants, ni les ravisseurs du bien d'autrui, ne posséderonie royaume de Dieu (1 Cor., VI, 9 et suiv.). Car enfui, si les chrbtiens qui pers6vèren dans ces crimes ne laissent pas d'fitre sauves en consid6ration do leur foi en J6sus-Christ, comment TApdtre aurait-il pu dire qu'ils n'entreront pas dans le royaume de Dieu (1)? )) 20. Le mbmc , Lib. de /?(le et operibus, c. '16, comme plus haut, chapitre di1 sacrement de Pknitcnce, question IX, lé moignage O, tnme III, p. 107. 2-1. Le iiic'ine, Lib. de octo qn~stio~;i//zi~.s 1, Dii,/ci/ii, (ii/,tt~.it/'~~~ ~t ibidem. Que doit-on penser au suajet [les pkché légers Ce qu'il tant CD penser, c'est que ces sorlcs do pkchls léprs tels que les distractions, les paroles oiseuses, le rire immodér (1) Cf. Traitis choisis "le saint Ëupistin t. II, p. 394-396. d autres semblables, qu'on a coutume d'appeler fautes jour- nalitres ou vénielles et dont on ne peut êtr entièremen exempt dans cette vie, car, comme dit l'Apôtre nous manquons tous en Hm des choses, quoiqu'ils ne donnent pas la mort h l'&me, et qu'ils semblent peu considérables ne doivent pas cependant 4tre commis sans scrupule, ainsi que nous l'avons déj observé Car tous ces péchà déplaisentl Dieu, ou , comme dit saint Paul, mitristent le Saint-Esprit, troublent la conscience, refroidissent lacharitéarrêten le progrhs des vertus, et conduisent i~d'autres péchÃplus graves ou tt des tentations plus dangereuses. De lA ces maximes du Sage : Celui qui ne tient pas compte des petites choses, tombera peu a peu :Celui qui aime le danger, pdrira dans ie danger: Tel fait une seule faute, a qui il en cdte la perte de yands biens. Préservons-nou donc, autant que possible, de ces taches qui ternissent toujours plus ou moins la beautà de l'Arne, puisqu'il est écrique rien de souillà n'entrera dans la Jérusale céleste Et si nous ne prenons soin de nous en purifier dans cette vie, elles feront notre tourment aprè notre mort, et ne pourront plus êtr expiéeque par les flammes si craindre du purgatoire. Car, bien que ces flammes ne doivent pas toujours durer, elles seront cependant, si nous voulons en croire saint Augustin, un supplice plus terrible que tout ce que les hommes peuvent endurer de maux ici-bas (II). IL @id verh "le minuits peccalis est sentienduna? Id scilicet , quod ejusmodi leviora , uti mentis evagatio, verbum otiosum, risus immoderatus, et consimilia, quz quoti- diana seu venialia peccata dicuntur, et sine quibus haec vita non ducitur : In multis min ofendimus omnes, ut ante quoque monuimus ; etsi lethalia non sunt , et in qeciem minuta videntur, tamen haud- quaquam sunt contemnenda. Siquidem Deo displicent, seu ut Paulus loquitur, con- Instant Spirituel Sanctum, obfuscant conscientiam , charitatis fervoreni irnmi- IV* nuunt, virtutumque profectum remoran- tur, et ad graviora sape vitia periculaque pertrahunt. Unde scriptum est :Qui sper- nit modica, paulatim decidet :Qui amat periculum, peribit in il10 :Qui in un0 peccaverit, multa bona perde?. Cavenda sunt igitur, quantum licet, hae labes et sordes anim~ :quoniam, ut legi- mus, non intrabit in cÅ“leste Hierusa- lem aliquid coinquinatum. Ac nisi in hac vita illz diluantur, etiam post mortem hominem gravant, nec sine pÅ“ni quidem acerbis purgatorii ignis expiantur. Qui quidem ignis , etsi perpetuus non si1 ,ta- men, si Augustine credimus, gravior est, quhm quicquid homo in liac vita potest perpeti. 1.JACQUES, Nous faisons tous beaucoup de fautes. Si III, 2 :à quelqu'un ne fait point de fautes en parlant, c'est un homme parfait. à 2. 1 JEAN,1, 8 : à Si nous disons que nous soyons sans péch6nous nous sbduisons nous-mh~es, et la vérit n'est point en nous. 1) 3. Ecclésiaste VII, 21 : à II n'y a point d'homme juste sur la terre, qui fasse le bien et qui ne pèch point. à 4. Proverbes, XXIV, 10 : à Le juste tombera sept fois et se relèvera mais les méchant seront précipità dans le mal. à 5. Psatone XXXI, 5-7 : à Je vous ai fait connaîtr mon péchÃct je n'ai point caclib mon injustice. -J'ai dit :Je con- fesserai contre moi-mhc mon injustice au Seigneur, et vous m'avez remis l'in@là de mon p6chb. -C'est pour cette raison que tout homme fidèl vous priera dans le temps favorable. à 6. h'111u%ens, IV, 30 : à N'attristez point le saint esprit de Dieu, dont vous avez 6tà marqué comme d'un sceau pour le jour de la rédemption v 7. Ecclisiastique, XIX et III; Ecclésiaste IX (comme dans le corps de la rhponsc). 8. Apocdypse, XXI, 27 :(G Il n'y entrera rien de souill6, ni aucun de ceux qui commettent l'abomination ou le mensonge; mais ceux-lh seulement qui sont Ccrits dans le livre de vie de l'Agneau. à 9. Psaume XIV, 1-3 :à Seigneur, qui demeurera dans votre tabernacle? ou qui reposera sur votre sainte montagne? -Celui qui vit sans taclic, et qui pratique la justice, -qui parle selon la v6rità qu'il a dans le cÅ“ur qui n'a point usà de tromperies dans ses paroles. à 10. Ps. XXIII, 3-4 :alQui est-ce qui montera sur la montagne; du Seigneur? ou qui est-ce qui s'arrêter dans son lieu saint?- Celui dont les mains sont innocentes et dont le cÅ“u est pur; qui n'a point pris son Ame en vain, ni fait un serment trompeur h son prochain. )) 1. S. AUGUSTIN, Enchirid. ad Laurentium, c. 78 :à Quant fi eu qui fait la différencentre les péchb léger et les péchà graves, CP n'est pas d'aprè le jugement des hommes qu'il faut en juger. DE L'EXPIATION DES P~CH~S. 239 mais par celui de Dieu lui-mhme. Car nous voyons que les apures n'ont permis certaines choses que par indulgence. Tel est ce conseil que saint Paul donne aux personnes maribes iNe CONS privez pas l'un l'autre de ce que vous vous devez, si ce n'est A concert et pour un temps, afin de vous appliquer plus libre- mwt à la prière et ensuite vivez ensemble comme auparavant. de peur que Satan ne prenne occasion de votre incontinence pour vous tenter. On pourrait croire en lisant ces paroles, que ce n'est pas un péchd'user du mariage sans avoir pour motif la génà ration des enfants, ce qui est la fin naturelle du mariage, et pour le seul plaisir charnel, ou en vue d'évitepar ce moyen le danger de péche mortellement par la fornication, par l'adultère ou par quelque autre impuretà qu'on ne saurait nommer sans honte, et oà pourrait entraîne la passion que le démo excite en nous. On pourrait, dis-je, penser que l'usage du mariage dans de telles conditions serait entièremen exempt de pécher si le mdme apôtr n'avait ajoutà tout de suite aux paroles que je viens de citer : Je vous dis cela comme une chose qu'on vous par- donne. et non comme une chose qu'on vous commande (1Cor., VII, 5). Or, peut-on nier qu'il y ait du péch dans une chose pour laquelle un apdtre déclar que ceux qui la font ont besoin de pardon? Il en est de mbme de ce que saint Paul dit encore dans cette épît en a parmi vous qui, ayant quelque affaire : II y contre un autre, ne craignent point d'aller la plaider devant les infi- dèsou lieu de la faire juger par les saints (1Cor., VI, 1, etc. ). Et un peu aprks : Si donc vous avez des contestations entre vous pour des intdrêt temporels, prenez pour juges ceux qui sont les moindres dans l9Eglise. Je le dis & votre honte. Ne se trouve-t-il donc parmi vous aucun homme sage qui puisse juger entre des frères Faut-il qu'un frèr ait des procè avec son frère Et faut-il qu'il porte sa cause devant des infiddles ? On pourrait encore penser que le mal que saint Paul reprend n'est pas d'avoir des proc&s avec : quelqu'un, mais seulement d'en porter la discussion hors de rassemblé des fidkles. Mais ce que 17Apdtre ajoute nous oblige en juger autrement : C'est déj assurhzent une faute, dit-il, file vozts ayez des procè les uns avec les autres (1 Cor., VI, 7). Et afin que ceux qui étaien dans ce cas ne s'excusassent pas sur la justice de leur cause, sur l'injustice qu'ils avaient & souffrir et qu'ils voulaient uniquement faire cesser par la sentence des juges, l'Apôtr prévien ces sortes de réflexion ou d'excuses en ii-ant : Que ne souffrez-vous plutô l'injustice? Que ne vous laissez- 260 DE L'EXPIATION DES PÉCH~S vous plutdt enlever ce qui vous appartient? Et par conséquen il en revient i~ ce que Notre-Seigneur nous dit lui-mêm :Si queIqulun veut vous enlever votre robe, et vous intenter sur cela un procès abandonnez-lui encore votre manteau (MATTH.,V, 40). Et dans un autre endroit :Ne redemandez pas votre bien d celui qui ta pris (Luc, VI, 30). Jésus-Chris a donc défend tt ses serviteurs d'avoir des procè avec d'autres pour des choses temporelles (1); et c'est en suivant celte doctrine, que 1'Apbtre déclar qu'il y a du péchà En permettant cependant que ces procè entre des frère se terminent dans I'Eglise par le jugement des autres frères et en dbfendant au contraire très-sévèrem de les porter aux tribunaux des infidèles il est éviden que la permission qu'il donne est encore ici un pardon accordà aux faibles. C'est a cause de ces sortes de péchà et d'autres semblables, ou mbme moindres, dans lesquels on tombe, ou par paroles, ou par pensées que l'apijtre saint Jacques reconnaî et déclar que nous péchon tous en bien des choses (JAc., III, 1). De là vient la nécessit oà nous sommes de prier tous les jours, et de répét souvent ii Dieu : Pardonnez-nous nos offenses; mais n'oublions pas avec quelle sincérit et quelle vérit nous devons ajouter aussi :Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé (2).n 2. Ibidem, c. 79 ( al. 24 et 21 ) :a II faut encore remarquer qu'il y a des péchà qu'on croirait fort légers si l'autorità des saintes Ecritures ne nous apprenait qu'ils sont plus considérable qu'on ne pense. Qui croirait, par exemple, qu'on se rende digne de l'enfer en appelant son frèr fou, si la Vérit elle-mêm ne l'avait dbclaré Mais en mêm temps, elle nous présent un remèd bien puissant pour guéri la plaie que ce péch fait! l'hmc, en ajoutant, immédiatemen après le précept de la réconciliatio fraternelle :Si vous présentez dit Jésu -Christ, une offrande a l'autel, et que la vous vous souveniez que votre frèr a quelque chose contre vous (MATTH.,V, 23), et le reste que (1) Selon les commentateurs tant anciens que modernes, le sens deces paroles du Sauveur et de son apbtre se rédui i ce principe constant et invariable, qu'il faut toujours êtr prê du fond du cmur A tout souffrir, A tout &der, A tout perdre, pour conserver la cllariléqui est le plus grand de tous les biens, et que la plus juste défens cesse m6nic d'dtrupermise, dbs qu'elle est n16lke de l'esprit de vengeance, de colère de haine ou d'ayarice. On ne peut attribuer d'autres sentiments au saint docteur dans le texte dont il s'agit. (2) Cf. Le Manuel de saint Augustin, dans l'ouvrage cite, tome 11, pag. ftl-2-dlti. tout le monde sait. De même qui se persuaderait que c'est un si grand péch d'observer les jours, les mois, les année et les temps, comme le font ceux qui veulent commencer quelque ouvrage à certains jours, à certains mois, à certaines années et ne le veulent pas & d'autres, parce qu'ils s'imaginent, suivant des préjugÃpleins de vanità et de fausseté que ces temps-lit sont heureux ou malheureux, si saint Paul ne nous faisait sentir la grandeur de ce mal par l'idé qu'il en avait lui-mhme? Il tremble pour ceux qui se livraient h ces vaines observances : le crains bien pow vous, leur dit-il ,que ce ne soit en vain que {aie travaillà au milieu de vous (1). à 3. Le même Cità de Dieu, liv. XXI, c. 27 : à Mais quel est cet ordre de vie, quels sont ces pécht qui ferment les portes du royaume, sans toutefois qu'elles demeurent inflexibles aux prière des saints amis? Il est très-difficil de le découvrir et très périlleu de le décider Quant & moi, malgrà tous les efforts que rai pu faire jusqu'h ce jour, je n'ai pas su parvenir h sonder ce mystbre. Et peut-êtr nous demeure-t-il caché de peur que notre ztle tt évitetout péch ne se ralentisse. Car, si l'on savait quelles sont ces vicieuses habitudes qui, malgrà leur persévéran for- tifiépar l'oubli de tout amendement moral, permettent cependant de rechercher et d'espére l'intercession des saints, la paresse humaine, s'enveloppant sans souci dans le tombeau de ses vices, ne demanderait & aucune vertu de l'en dégager en se reposant du soin de sa délivranc sur les mérite de ces amis obtenus au prix des aumbnes du trkor d'iniquités Mais comme nous ignorons aujourd'hui quelle est la mesure d'iniquità qui obtient on malgrà qu'on y persévèrle z6le de notre réform inté rieure redouble dans cette incertitude la vigilante assiduità de nos prières et empêch notre ardeur de se ralentir dans le soin de nous faire de saints amis avec l'argent d'iniquità (2). à 4. S. ISIDORE,Lib. II de swnmo bono, c. 18 :à Beaucoup peuvent passer leur vie sans commettre de crimes, mais ils ne le. peuvent pourtant pas sans commettre de pkchk Car de quelques vertus qu'on puisse êtr ornà ici-bas, on ne saurait parvenir cependant A se rendre exempt de tout péch6 ainsi que nous le déclar l'apdtre saint Jean par ces paroles :Si nous disons que (1) Cf. Le Manuel de saint At:!ix, en desséch le lit, ce qui changea pour son peuple la rosé du ciel en un pain substantiel et nourrissant, ce qui obligea les vents à lui apporter des viandes succulentes, les nuits les plus profondes à resplendir pour son armé de tout l'écla du jour, le soleil le plus brûlan & tempéreà son tour l'ardeur de ses rayons, les rochers les plus durs tt se fondre pour son peuple altér en sources d'eau vive :ainsi mérita-t-i d'êtr choisi pour rèvél à la terre les lois du ciel, pour tracer le premier dans ses écrit la règl des mÅ“urs pour marquer les devoirs des rois et des peuples. C'est aussi par-là qu'Elie asu échappeA la mort, s'dlever de la terre au ciel, devenir le con- citoyen des anges, l'hdte familier de Dieu, et transporter dans les demeures céleste un corps form6 de limon (IV Reg., II, 11). C'est lh cc qui a fait de Jean un ange revêt de chair, un habi- tant du ciel vivant parmi les hommes, et lui a procurà le singulier avantage d'entendre, de voir, de toucher la Trinit6 entièr (MARC, 1, 2, 40). Nous donc aussi, mes frères si nous voulons 6tre associ6s à la gloire de Moïse au triomphe dYElie, aux vertus de Jean, aux mérite de tous les saints, appliquons-nous 8 la prikre, pratiquons le jeûne exerçons-nou aux Å“uvre de miséricorde celui qui se rendra ces pratiques familières qui en fera ses armes de défense n'aura rien ti craindre, valeureux soldat du Christ, ni des amorces du pkclié ni des traits enflam- mes du diable, ni cles séduction du monde, ni de la tourbe des vices, ni des convoitises de la chair, ni des attraits de la volupt~, ni de tout ce qui pourrait donner la mort son Aine. Mais nous qui tous les matins A notre révei ne savons comment se passera la journée qui vivons au milieu des périls pour qui la varibtk des saisons, i'inconstancc du temps, une parole qui échappe un mouvement de la pcns6e, tout enfin est occasion de p6clié quelle raison avons-nous qui nous empêch d'aller & l'dglisc offrir h Dieu tous les matins les prbmices de la journk, de nous assurer par la prièr du matin la protection de Dieu pour chaque jour, DES BONNES OEUVRES. 341 te faire au moins quelques instants la cour & notre Dieu, nous qui ne craignons pas la peine de la faire toute notre vie h des hommes? Ce n'est pas lh , mes frères consulter nos in tér , mais c'est obéi aux suggestions de notre ennemi, qui sYappr& b nous tromper, el qui, pour mieux y réussir nous inspire le dégoà de la priere. Quel droit a de se plaindre des adversité qui lui surviennent, celui qui dédaign de faire des vÅ“u pour son bonheur? Ecoutons cet avertissement que Dieu nous donne :Priez, opque vous ne tombiezpoint dans la tentation(MATTH.,XXVI, 41). C'est se jeter dans la tentation, que de ne pas recourir ii la pri&e. Le Prophèt ne l'ignorait pas, quand il disait : Venez, adorons Dieu, prosternons-nous et pleurons devant le Seigneur qui nous a dis (Ps. XCSV, 6). Daigne-t-il, pensez-vous, répandr ses larmes devant le Seigneur, celui qui ne daigne pas meme remuer ses lèvre pour une formule de prière Si l'amour de Dieu ne suffit pas pour nous porter ti le prier chaque matin, que la crainte au moins nous en fournisse le motif, et si nous ne cédon pas il l'attrait des biens pour remplir ce devoir, cédon la perspective * des maux. Le malheur des temps est pour nous, croyez-moi, l'effet du mépri que nous faisons de Dieu, et non le résulta du coursnaturel des choses. Ce que notre impiét nous a fait perdre, tiîchonde le regagner par le jeûne que le jeûn soit le glaive avec lequel nous immolions nos &mes ii Dieu ; car il n'y a point de sacrifice plus agréabl à Dieu que celui-lA ,comme nous en assure le Prophèt par ces paroles :Un esprit brisà de douleur est un sacrifice digne de Dieu; Dieu ne méprispoint un coeur contrit et humilià (Ps. L, 19).0 homme, offrez il Dieu votre Arne en sacrifice, et que ce sacrifice revêt la forme du jeùne pour que l'hostie soit sans tache, le sacrifice saint, la victime vivante, vivante pour Dieu et vivifiante pour vous-m4me. Refuser A Dieu un sacrifice semblable, c'est s'enlever A soi-mêm toute excuse, puisqu'on ne s'appauvrit en rien, on ne se dépossè. au fond de rien par une telle offrande. Mais pour qu'elle soit agréé elle .doit êtr accompagné de la miséricorde le jeûn est stérile si la miséricord ne le féconde la miséricord est une rosé sans laquelle le jeûn ne germe pas ;la miséricord est pour le jeûn ce que la pluie est pour la terre. En vain le jeûn purifierait-il ilme et le corps, détruirait les vices, produirait-il des semences de vertus : ces vertus ne produiront de fruits qu'autant que la miséricordecomme une douce rosée en fera monter la sève Jeûneur croyez-moi, votre champ manque d'engrais quand la 343 DES BONNES OEUVRES. miséricordy manque; si vous voulez remplir vos greniem de vos récoltes confiez la miséricord i'emploi de vos biens. Aa lieu donc de tout perdre par vos épargnes faites profit de tout par vos libéralité donnez & vous-mêm en donnant aux pauvres, au lieu que ces même biens que vous laisseriez A vos héritier seraient perdus pour vous. à 2. S. L~oN,Sem. 1sw le jefme du dixièm mois :à Les prin- cipaux actes de la religion sont au nombre de trois, la prière le jeùn et l'aumdne; tous les temps sont propres à la pratique de ces vertus, mais il faut redoubler de zble h l'&poque que leur a consacré la tradition apostolique. Selon cette loi antique, le dixikme mois est cette époqu oà nous devons exercer avec le plus de piét ces trois vertus dont je viens de vous parler. La prikre nous rend la Divinit6 propice, le jeûn amortit la con- cupiscence de la chair, les aumbnes effacent nos péché et ces trois vertus réunie nous rendent de nouveau semblables h Dieu, pourvu que nous soyons toujours prèl A chanter ses louanges, et que nous veillions sans cesse btre purs de tout péchà et h secourir notre prochain dans son infortune. Ces trois vertus, bien observhes, renferment ii elles seules tous les mérite et toute l'efficacità des autres. Elles impriment en nous les traits de la Divinité et nous unissent inskparablement au Saint-Esprit. La pri&re conserve la rectitude de la foi, le jeûn contribue A rendre notre vie pure, et l'aumôn accoutume notre cÅ“u à la bien- faisance. Nous jeûneron aussi la quatrièm et la sixièm férie et le samedi nous célébrero les vigiles dans 176glisedu bien- heureux apôtr Pierre, afin qu'il daigne par son intercession donner plus de crtdit h nos prikres, ià nos jeûne et ii nos aumbnes, par la grAce de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vit et rkgne avec le Pèr et le Saint-Esprit dans les siecles des sikcles. à 3. Le même Sem. IV de jcjmio decimi mensis; voir ce passage rapportà plus bas, z3 la question qui suivra immédiatc ment celle-ci, témoignag 42. 4. S. BERNARD, in Sententiis, sect. H :à II est trois choses dont doivent s'abstenir tous ceux qui ont besoin de la @ce de la jus- tification, et qui dksirent en êtr favoris&. La premiere, ce sont les Å“uvre de ténèbre la seconde, ce sont les désir de la chair; la troisième ce sont les embarras du si6cle. Il y a de mhe trois choses auxquelles ils doivent s'appliquer, et que Notre-Seigneur lui-m6me leur recommande dans son sermon de la montagne : ce sont l'aumdne, le jeûn et la prière Car l'Å“uvr de la justifi- DES BONNES OEUVRES. 343 cation s'accomplit en nous, lorsque nous nous interdisons ce qui nous est défendu et que nous nous portons fidhlement & tout ce qui nous est commandé Sachons donc opposer aux Å“uvre de ténèbrles Å“uvre de miséricorde aux désir de la chair la pratique du jeûne et aux embarras du sihcle l'amour de Dieu et l'exercice de la prihre. à S. S. AUGUSTIN,de perfectione justitiÅ“ responsione XVII : u Aprè cette vie sera donnke la récompens céleste mais & ceux-lA seulement qui pendant la vie présent auront travaillà b la mériter Car on ne pourra êtr rassasià dans l'autre monde par la possession de la justice souveraine, qu'autant que dans celui-ci on en aura ét affamà et altérà Bienheureux, nous dit Jésus-Cliristceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasié(MATTH., V, 6). Tant que nous sommes éloignà du Seigneur et ainsi hors de notre patrie, nous ne marchons qu'éclair6 par le flambeau de la foi, au lieu de l'êtr par la claire vision du soleil des esprits (II Cor., V, 6-7);de lii ce mot du Prophèt :Le juste vit de la foi (HABAC.,II, 4). La perfection de notre justice dans ce lieu de pklerinage consiste donc à tendre d'un pas droit et d'une marche résolu vers cette justice parfaite et souveraine, dont la beautà contemplé Ãdécouvercontentera tous nos désirs en chhtiant notre corps et le réduisan en servi- tude, en faisant l'aumôn avec joie et de bon cmur, soit par le sacrifice de nos biens en faveur des pauvres, soit par le pardon des offenses commises contre nous, en nous adonnant enfin ii l'exercice assidu de la prihre, en mêm temps que, fermement attachéii la saine doctrine, nous nourrirons et ferons croîtr en nous la foi, l'espéranc et la charité Voilh quelle peut êtr pré sentement notre justice, affamé et altérÃque nous devons étre dans notre course laborieuse, de cette justice parfaite et souveraine qui nous rassasiera un jour. Aussi lisons-nous dans i'Evangilc, que Notre-Seigneur, aprè avoir dit :Ne faites pas ros bonnes Å“uvre devant les hommes en vue d'&tirer sur vous leurs regards (MATTH., VI, 1), pour nous détourne de nous proposer la gloire humaine pour but de nos efforts, ne nous a pas enseignà d'autres moyens de bonnes Å“uvres que ces trois : le jeûne i'aumbne et la prière en entendant par le jeûn toute sorte de mortifications corporelles, par les aumbnes tous les actes de bien- faisance ou de bienveillance, tels que l'aumôn proprement dite et le pardon des injures, et par la pri6re tous les divers exercices de religion et de piétà à 314 DES BONNES OEUVRES. 6. S. AUGUSTIN,in Ps. XLII :à Voici l'abrég de toute la jus- tice de l'homme en cette vie : le jeûne l'aumôn et la prière Voulez-vous que votre prihre vole et s'élè jusqu'h Dieu? Donnez-lui pour ailes le jeûn et l'aumdne (4). à 7. Le mème Serna. LX de tempore :(( Celui qui fait l'aumdne en vue d'ètr louà des hommes, est comme s'il la faisait devant les hommes quand mèm il la ferait en secret, parce que c'est leur louange qu'il cherche en cela. Celui au contraire qui fait l'aumôn uniquement par amour pour Dieu, afin que son exemple soit imità des autres h l'avantage commun, et pour que Dieu en soit louà et non lui-mème fait son aumdne en secret quand mèm il la ferait en public, parce qu'en faisant cette aumdne il cherche ii se procurer, non les biens qui se voient, mais ceux qui ne se voient pas, et qu'il ambitionne de recevoir non la louange des hommes, mais la récompens de Dieu mème Disons la mèm chose du jeûne De ce que Notre-Seigneur a dit :Par- fumez-vous la t&e et lavez-vous la figure, pour que les hommes M voient pas que vous jeûne (MATTH., VI, 18), s'ensuit-il que nous allons contre son précepte lorsque nous ordonnons des jeùne publics, ou que nous jeûnon h la vue du peuple et le peuple avec nous? Il faut donc entendre par-lh, qu'on ne doit pas jeùne en vue d'ètr louà des hommes, mais pour obtenir le pardon de nos péchà et nous concilier la miséricord divine. Que chacun interroge lh-dessus sa conscience, et si c'est pour l'amour de Dieu seulement qu'il fait l'aumbne, qu'il ne craigne pas de la faire en public, afin que ceux qui le verront puissent l'imiter. Car ces paroles qu'a dites aussi Notre-Seigneur : Que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre droite, doivent êtr entendues dans le mèm sens que ce que nous venons de dire. La main droite en effet signifie l'amour de Dieu, et la gauche la vanità ou la cupidità mondaine. Si vous faites l'autndnc pour etre louk des hommes, votre gauche alors fait tout, et votre droite ne fait rien. Mais si vous faites l'aumôn pour que Dieu vous pardonne vos péché et qu'il vous donne la vie éternellec'est alors votre main droite toute seule qui agit. Que veulent donc dire ces paroles :Que votre gauche ne sache pas ce que fait votre droite, sinon, que vous ne devez pas permettre a la vanità et ii la cupi- dità mondaines de @ter et de perdre en vous ce que vous a fait faire l'amour de Dieu?. .. (1) Cf. Scrinoits de saint Augustin, t. 11, p. 586. DU JEUNE. 34à à Si dans vos prière vous demandez a Dieu quelqu'un des biens visibles, c'est comme si vous faisiez votre prièr devant les hommes, parce que c'est ce que les hommes voient que vous demandez & Dieu. Mais si vous faites votre pri&re en vue d'ob- tenir le pardon de vos péchà et la vie éternelle vous la faites dans le secret, quand mêm vous la feriez en public, parce que la chose que vous demandez A Dieu n'est pas ce que voient les hommes, mais ce qu'ils ne voient pas. Car ce quise voit, ce sont latiens temporels; ce qui ne se voit pas au contraire, ce sont les VKM éternel(II Cor. IV, 18). à 8. Le concile de Trente, session VI, chapitre XVI :voir dans ce chapitre ce qui est dit des bonnes Å“uvres passage rapportà plus haut, question II, témoignag6, page 295. ARTICLE II. DU JEUNE. Question Qu'est-ce que le jeûne Ce mot présent plusieurs significations. Le grand jefine, le jehe commandÃh tous, c'est, dit saint Augustin, de s'abstenir de toute iniquità et des coupables volupté du siècle On distingue ensuite le jeûn appelà philosophique, qui est la tempéranc et la sobriét dans le boire et le manger, vertu qui n'étai pas inconnue des païen eux-memes, du moment oà ils écoutaien la voix de la droite raison. Enfin il y a le jeûn ecclésiastique qui consiste h se retrancher l'usage de la viande et à se contenter d'un unique repas en certains jours, d'aprks l'usage et la loi de i'Eglise. Rien de plus conforme ii la piét et ii l'esprit du christianisme, que le jeûn pris dans ce dernier sens, quand on s'y propose pour fin d'honorer Dieu, de dompter la chair et de la soumettre !Il'esprit, de produire de dignes fruits de pénitence de pratiquer "l'obéissanceou enfin d'obtenir quelque grilce particulièr de Dieu (IV). IV. ut quidam vocant , jejunium ,est parci- Quid est jejunium ? monta iUa cibi ac potas moralisque sobrie- Non simplex hujus nominis est acceptio. tas, qui temperatb etiam ab ethnicis se- Magnum et generale jejunium Augustinus cundù rectam rationem vivitur. Tertio out abstinere ab iniquitatiius et illicitis ecclesiasticum est jejunium ,utpote ch ~Ol~ptatibuss~culi. juxta ccrtum Ecclesiae morem atqua prah Deindephi1osophicum, 346 DU JEUNE. T~MOIGNAGES DE LA TRADITION. 4. S. AUGUSTIN, Tract. XVZZZ in Joannem :à Le grand jethe, le jeûnparfait et universel, consiste à s'abstenir de l'iniquitÃet des plaisirs criminels du siècleen sorte que, renonçanii lïm piétet aux passions mondaines, nous vivions dans le siècl prbsent avec tempérancejustice et piétÃA quoi l'Ap6tre ajoute, pour marquer quelle doit 6tre la récompensd'un jeûnde celle nature :Dans l'attente de la bdatitude que nous espdrons, et da i'auènemen glorieux du Dieu auteur de toute félicitd de Jésus Christ notre Sauveur ( Tit., II, '12).Nous observons donc en cette vie comme un carêm d'abstinence lorsque nous vivons bien, et que nous nous abstenons du péchet des plaisirs dérégl (4). à 2. Le meme, Lib. II qiicestiomim evangelicarum, c. 18 : à L'Ecriture nous prescrit h tous un jeûn généra qui ne con- siste pas seulement A s'abstenir de certains mets, mais à réprime toute voluptÃou tout désisensuel. à 3. S. J~~NE, Dicéarque liv. II contre Jovinien, c. 9 (al. 2) : à dans ses livres d'antiquitéet dans sa description de la Grkce, rapporte que, sous Saturne, c'est-A-dire au siècl d'or, quand la terre produisait tout d'elle-mêm, personne ne mangeait de viande, mais que tout le monde vivait des légumeet des fruits que la terre sans besoin de culture faisait sortir de son sein. Xénophondans ces huit volumes oÃil déroulla vie de Cyrus, roi des Perses, assure que ce peuple ne vivait que de farine d'orge, de cresson, desel et de pain grossier. Le mêmXénophonThéophrastet presque tous les historiens de la Grèc nous vantent la modeste table et la frugalitÃdes Lacédémonien à Le stoïcie Clibrémo, personnage tr&s-éloquen, raconte des anciens prbtres de I'Egypte, que, laissant de cbtÃtoutes les affaires, et tous les soins du monde, ils vivaient toujours dans le temple, contemplaient la nature des choses, la marche des astres et les causes de leurs révolutionsn'avaient ilticun commerce avec les personnes du sexe, ne voyaient,jamais leurs parents et -------------. -.. . gcriptum, cerlis diebus et carnium esum Iexhibenduni, ad carnem edomandam spiri- nobis subirahimus ,et niiicfi duntaxat re-Iniquesubjiciendam, ad fructus panitentia fcclione coulenti sumus. dignos przstaiidos ,ad obedientiam exer- Cujuscemodi jejunium pi6 et christiank ccndam, ac demuni ad quamlibet Dei gra- suscipiiur ad cultum divinurn religiosihs tiarn c~nsequeiidani. (1) Cf.fis Truitks (le saint A~tyUstinswZ'Evangile de saint Jean, tome iCr,pag. 559. DU JEUNE. 317 leurs proches, ni mhme leurs propres enfants, et cela du jour oà ils avaient commencà h se consacrer au culte divin ;qu'ils s'abste- naient constamment de viande et de vin, Ãcause de l'évaporatio et du vertige que cela aurait pu leur occasionner, mais surtout A cause des appétit libidineux qui naissent de cette nourriture et de cette boisson. Ils mangeaient rarement du pain, de crainte de se charger l'estomac; et si parfois ils en mangeaient, alors ils mèlaien leur nourriture de l'hysope broyé afin de corriger par l'ardme de cette plante ce que le froment leur présentai de trop substantiel. Ils n'assaisonnaient leurs légume que d'huile, et encore en petite quantité seulement pour évite la nausé et adoucir l'acretà du goût Que dire des volatiles, ajoute l'hcrivain, puisqu'ils ne voulaient pas mêm gohter aux Å“uf ni au lait, par la raison, disaient-ils, que, sous une couleur différente les Å“uf ne sont autre chose que des viandes A l'éta liquide, et le lait rien autre chose que du sang? Leurs lits n'&aient que des tissus de feuilles de palmiers appelée baies; pour oreiller, ils mettaient par terre sous leurs tète un escabeau inclinà et oblique d'un dti, et ils restaient jusqu7& deux et mêm jusqu'à trois jours sans prendre aucune nourriture. Les humeurs que le corps con- tracte dans l'inaction ou par un séjou trop prolongà dans un mhe lieu, ils les dissipaient en observant une dièt extrème ment sévkre à Josèphe au second livre de la CaptivitÃjudaique, et au dix- huitikme des Antiquitds, et dans ses deux volumes contre Appion, fait le tableau de trois sectes rkpandues parmi les Juifs, savoir celles des pharisiens, des sadducéen et des esséniens Il exalte ces derniers par de magnifiques louanges, parce qu'ils s'abste- naient toute leur vie de femmes, de vin et de viandes, et se faisaient comme une seconde nature d'un jeùn continuel. Phi- lon, homme très-savan ,a écriaussi un volume sur leur genre de vie. Néanthà de Cyzique, et Asclépiad de Chypre, rap- portent dans leurs écrits qu'à l'époqu oà Pygmalion régnai en Orient, l'usage des viandes y étaiinconnu. Eubule, qui a écri "en plusieurs livres l'histoire de Mithra, raconte que, chez les Perses, il y a trois classes de mages, et que la première qui se compose des plus doctes et des plus éloquents ne fait sa nourri- ture que de farine et de légumes A Eleusis, on ne mange habi- tuellement ni volailles, ni poisson, ni certains fruits. Bardesanes, philosophe babylonien, partage en deux sectes les gymnoso- phistes de l'Inde, et appelle les uns bragmanes, et les autres 348 DU JEUNE. samanbens. Or, ces derniers sont d'une telle continence, qu'ils ne vivent que des fruits que portent les arbres du Gange, ou du riz et de la farine qu'ils reçoiven du gouvernement, et que, quand le roi se rend aupr6s d'eux, il se prosterne & leurs pieds, en attribuant ii la vertu de leurs prière la prospdrità dont peuvent jouir ses Etats. Euripide rapporte que, dans la Crkte, les prophhtes de Jupiter s'abstenaient non-seulement de viande, mais encore de toutes sortes d'aliments cuits. Le philosophe Xbnocrates écri que des lois de Triptokme il n'y a d'inscrit î Athène dans le temple $Eleusis que ces trois précepte :Honorer ses parents, vénér les dieux, ne pas manger de viande. Orphé dans son poèm témoign son horreur pour ce mêm aliment, A notre honte, je parlerais aussi de la frugalità de Pythagore, de Socrate et d'Aniisthènes si cela ne devait m'entraîne trop loin et ne demandait un ouvrage sptkial. à 4. S. CLÉMENpape et martyr, ou l'auteur des Constitutions apostoliques, livre V, chapitre 42 : Aprè l'Epiphanie, vous aurez ii observerle jebne du carhme ,qui nous rappelle l'exemple et le prbcepte qu'en a donné Notre-Seigneur Jésus-Christ Ce jeilne doit htre céléb qui commencera avant celui de Piîques au second jour de la semaine, et finira le vendredi. Aprks ces jours, vous entrerez dans la sainte semaine de Phques, et vous jeûnere tous dans cette semaine avec crainte et tremblement, en vous occupant pendant ces jours ii prier pour ceux qui se perdent. à 8. Ibidem, c. U : à II nous a donc ordonnà de jeûne ces six jours (qui préchden la f&e de Phques) A cause de l'impiél et de l'endurcissement des Juifs, et il nous a recommandb de pleurer le malheur qu'ils ont eu de se perdre. Car lui aussi a pleurà sur eux, de ce qu'ils avaient ignorà le temps de sa visite, Il nous a prescrit le jeûn du mercredi et celui du vendredi :le premier, ii cause du jour oà il a éttrahi; le second, & cause de celui de sa mort; il a voulu de plus que le jeùn finit le septièm jour au chant du coq. Il nous a ordonnà de jeûne le samedi m6me. à 6. Ibidem, c. 17 : Vous jeberez dans les jours de la à PAque, depuis le deuxièm jour de la semaine jusqu'au vendredi et au samedi, en vous contentant de pain, de sel et de légumes et d'eau pour boisson. Vous vous abstiendrez de vin et de viande pendant ces jours; car ce sont des jours de deuil, flt non de fbte. Le vendredi et le samedi devront dtre tout entier~ DU JEUNE. 319 desjours de jeûn pour ceux qui en auront la force, et ils ne rompront le jeGne que dans la nuit suivante, au chant du coq. S'il y en a qui ne puissent passer deux jours de suite sans rien prendre, ils observeront au moins le jeune du samedi; car Notre-Seigneur a dit quelque part en parlant de lui-mêm :Un jour viendra que l'épou leur sera enlevà , et ils jezîneron dans ces jours-la; or, les jours dont nous parlons sont ceux oà il a ét arrttà par les juifs perfides, oà il a 6th crucifià et mis au nombre des scélérat à 7. Ibidem, c. 18 :à C'est pourquoi nous vous avertissons de jebner pendant ces jours, comme nous aussi nous avons jeûn jusqu'au soir, lorsqu'il nous a étenlevé Les autres jours avant le vendredi, vous jeûnere jusqu'à la neuvièm heure, ou jusqu'au soir, oà vous pourrez prendre de la nourriture, et chacun fera lit-dessus comme il pourra. à 8. Ibidem, c. 49 : (iAprè la Pentecbte, vous passerez dans la joie la premièr semaine; mais vous jeûnere la semaine suivante; car il est juste de se réjoui du don de Dieu, et de jeûne aprè ces jours de joie. Moïs et Elie, en effet, ont jeiîn quarante jours, et Daniel pendant trois semaines entikres s'est abstenu de mets délicats et de viande comme de vin. Et Anne, demandant Samuel, disait :Je n'ai bu ni vin ni rien qui puisse enivrer, et je répandra mon âm devant le Seigneur (1 Reg., 1, 48). Les Ninivites, en jeûnan trois jours et trois nuits, détournt3ren de dessus eux la colèr de Dieu. Esther aussi, Mardochée Judith, triomphèren par le jeûn des insultes que leur faisaient les impies, c'est-it-dire Aman et Holopherne. David disait de son côt :Mes genoux se sont affaiblis par le jeilne, et faute d'huile ma chair a dtt! toute changde (Ps. CVIII, 24). Vous aussi, donnez le jeûn pour appui à vos prière auprè de Dieu. Aprè la semaine consacrétout entièr au jeûne vous devrez jeûne encore tous les mercredis et tous les vendredis, et ce que vous vous retran- cherez par le jefine & vous-mêmes vous le donnerez aux pauvres. à 9. S. ISIDOREde Séville Lib. I de ecclesiasticis officiis, c. 36 : a Les Ecritures sacrée nous marquent quatre temps pour les jehes, jours oà l'on accompagnera d'abstinence et de larmes de componction les prihres qu'on offrira au Seigneur; et quoiqu'il convienne de prier tous les jours et de faire tous les jours péni tence, on devra cependant vaquey davantage au jeûn et la phitence dans les temps que nous venons de dire. Le premier 320 DU JEUNE. de ces jeanes est celui de la Quadragésime qui a eu ses Pr&- miers mod6les, comme nous l'apprennent les livres de l'Ancien- Testament, dans Moïse dans Elie, et comme nous l'apprend l'Evangile, dans Notre-Seigneur, qui a jeûn le mêm nombre de jours, nous montrant par-là que I'Evangile n'est point en désaccor avec la loi et les prophètes Car la loi a son représen tant dans Moïse et les prophktes ont le leur dans Elie, et Notre- Seigneur a voulu se montrer placà entre les deux sur la mon- tagne oà eut lieu sa glorieuse transfiguration, pour nous rendre plus sensible cette vérit exprimé par l'Apbtre, que la loi et les prophhtes-lui ont rendu témoignag (Rom., 111, 21). Mais h quel temps de l'anné conviendrait-il mieux de fixer l'observance quadragésimale qu'h celui qui approche le plus de celui de la passion de Notre-Seigneur, puisqu'elle a pour objet de signifier l'éta laborieux de cette vie, qui demande de notre part aussi la continence, ou le jeùn que nous devons observer par rapport aux plaisirs séduisant du monde, en nous contentant de la manne pour toute nourriture, c'est-&-dire des instructions spi- rituelles et célestes D'un autre CM,ce nombre de quarante figure la vie A venir, en ce que le nombre dix, symbole de la perfection, indique par-l& mbme notre parfaite félicit ;le nombre septA son tour reprbsente la créatur qui s'attache A son Créateur et le nombre trois (complémen de sept) indique la Trinità dans l'unité prèchà aujourd'hui dans tout l'univers. Et comme le monde a ses quatre points cardinaux, qu'il résult du mélang des quatre élémen (1), et que chaque anné se partage en quatre saisons, le nombre dix se prend quatre fois et forme ainsi le nombre quarante, dont la signification symbolique est qu'il faut s'abstenir, par une sorte de jeûn spirituel, des séduction qu'offrent pour les sens les quatre saisons de l'année en vivant dans la continence et la chasteté L'observance du jefine des quarante jours fait encore allusion ti un autre mystère La loi de Moïs en effet prescrivait h tout le peuple d'offrir au Seigneur son Dieu la dîm et les prémice de tous les biens. Or, l'esprit de cette loi étan que nous rapportions A Dieu le commencement et la fin de toutes nos actions, le nombre quarante désign admi- rablement l'acquittement complet de cette dîm spirituelle. Car une anné entièr se compose de trente-six jours répét dix fois :retranchant donc des quarante jours les jours de dimanche (4) Lachimie moderne a rkformÃces idées DU JEUNE. 321 oh l'on ne jeûn pas, il nous reste trente-six jours (1) oi~nous allons dans les église offrir h Dieu la dîm de toute l'année par l'offrande que nous lui faisons avec joie des prémice de nos actions. Sans doute, comme l'observe Cassien (Collat., XXI, c. 29), les parfaits ne se contentent pas d'observer cette loi de quarante jours de jeûne qui d'ailleurs n'est pas faite pour eux, el vont bien au-del& d'un nombre aussi restreint dans les jeûne qu'ils s'imposent. Mais ce nombre a ét détermin par les chefs des Eglises particulikrement pour ceux qui sont engagé tout le temps de l'anné dans le tourbillon des plaisirs et des affaires du Me, afin que cette nécessit légal en quelque sorte les oblige 4 penser ii Dieu au moins pendant ces jours, et & lui consacrer la dîmde toute l'année que sans cela ils seraient exposé A dissiper tout entikre ii leur propre usage. N Ibidem, c. 37 : à Le second jeûn est celui qui commence aprhs la Pentecdte, conformémen ii ce qu'a prescrit Moïs par ces pa- roles : Vous compterez sept semaines depuis le jour que vous aurez mis la faucille dans la moisson, etc. (Dent., XVI, 9 et suiv.). Ibidem, c. 38, le saint docteur traite ici du jeûn du septihme mois. Ibidem, o. 39 et 40. Ces deux chapitres ont pour objet le jeûn des calendes de novembre et de février Ibidem, c. 41 : à Le jeûn de trois jours (comme apparem- ment celui des Quatre-Temps) a pour type celui des Ninivites, qui condamnant leurs propres désordres s'adonnèren tout en- tiers pendant trois jours A la pratique du jeûn et de la pénitence et se couvrant de sacs comme des criminels, forcèren Dieu en quelque sorte A leur faire miséricorde à Ibidem, c. 42 : à Outre ces temps marqué pour les jeûne solennels, le sixièm jour de chaque semaine est encore consacrà au jeûnpar quelques-uns en mémoir de la passion de Notre- Seigneur; plusieurs mêm y ajoutent le samedi, parce que c'est le jour ou il a ét enseveli, de peur qu'en se livrant ce jour-lii A la joie, on ne paraisse accorder aux Juifs ce que Jbsus-Christ leur a retirà par sa mort. On ne doit au contraire jamais jeûne le dimanche, pour montrer ii tout le monde la joie que doit causer la résurrectio de Notre-Seigneur, et surtout pour agir (1) 11parait par ce passage que l'usage de jeaner avant le premier dimanche de carêm n'étaipas encore établen Espagne au septièm siecle. IV. 2i 522 DU JEUNE. conforrndment ii la r&gle suivie par le si6ge apostolique. Dans tout le temps qui s'écoul entre PAques et la Pentecdte, quoique la tradition des Eglises soit de ne pas y pratiquer le jeûne on ne doit pas empèche cependant les moines ou les clercs qui voudraient le faire, puisque nous lisons de saint Antoine, de saint Paul (ermite) et de plusieurs autres pkres de ces temps-lh, qu'ils jeûnaien mèm en ces jours, et ne rompaient le jeùn que le dimanche. Et comment blikmer cette ferveur de pénitence et ne pas plutbt en faire l'éloge Le jeûn est une chose sainte, une occupation céleste la porte du royaume des cieux, le type de la vie future; et en l'observant saintement, on s'unit h Dieu, on se sépar du monde, on devient tout spirituel.. Le jeûn extermine les vices, humilie la chair, triomphe des piége du démon à Ibidem, c. 43 : a De ces observances, comme de beaucoup d'autres encore, qui se pratiquent dans l'Eglise de Dieu, les unes nous sont recommandée dans les Ecritures canoniques, d'autres ne nous sont connues que par tradition; avec cette différence quecelles qui sont usitée dans le monde entier doivent avoir 6tà instituées soit par les apatres eux-mêmes soit par l'aulorith pbremptoire des conciles :telles sont les solennité de la passion de Noire-Seigneur, de sa résurrectio et de son ascension au ciel, et de la descente du Saint-Esprit, qui se célèbre chaque annte & leurs jours marqués et les autres solennité qui peuvent &re d'usage dans toute l'étendu de 17Eglise. Au lieu que les autres pratiques qui ne s'observent que dans certains pays à l'exclusion des autres, telles que le jeùn du samedi, la communion quoti- dienne, l'offrande journalièr du saint sacrifice, qui dans d'autres pays ne se fait que le samedi et le dimanche, et dans d'aulres le dimanche seulement, et autres semblables, ont pour auteurs les pasteurs particuliers de certaines Eglises, et la plus sage discipline A observer à cet égar est de se conformer l'usagehtabli dans l'Eglise particulièr oà l'on se trouve pour le moment. Car ce qui n'est ni contre la foi ni contre les mÅ“ur doit btre tenu pour indifférent et par-lh mèm doit êtr observà par égar pour ceux avec qui on vit, de crainte que la diversità d'obser- vances n'engendre des schismes. à 10. RABANMAUR,de instiiutione clericorum, lib. Il, c. 17 : a Le jeûn est une chose sainte, etc. à C'est le passage du cha- pilre 42 du livre 1 de saint Isidore de ecclesiusticis officiis, cità plus haut. Ibidem, c. 48, le saintarchevêqu marque la distinction hbtablu DU mm. 333 mire un jefine et ce qui s'appelait alors une station. a Quelques- mis, dit-il, distinguent entre un jefine et une station. Car un jeûn est l'abstinence pratiqué un jour quelconque, non en vertu d'une loi, mais par notre seule volonté une station au contraire est la mèm abstinence pratiqué dans les jours ou dans les temps fixé par une loi :dans les jours fixé par une loi, disons-nous, comme le jehe de la quatrièm et de la sixièm féri prescrit à'aprh une loi ancienne, & laquelle font allusion ces paroles que 17Evan- $le met dans la bouche du pharisien : Je jefine deux fois la maine (JoAN.,XVIII, 12); dans les temps fixé par une loi, comme les jefines du quatrieme, du cinquièn~e du septièm et du dixièm mois; ou comme ces jours dont parle 17Evangile, oà l'épou a étenlevà du milieu de ses amis; ou comme le jeûn quadragésimal qui s'observe en tous lieux, en vertu de l'insti- tulion apostolique, aux approches de la passion de Notre- Seigneur. )) Ibidem, c. 49, Raban Maur rapporte au sujet des jeûne du quatrième du cinquième du septièm et du dixièm mois, les commentaires de saint Jérdm sur le prophèt Zacharie. à Mais, ajoute-t-il, comme ces jeùne ont étcélébr plutdt sous l'an- cienne loi que sous la nouvelle, nous en parlerons seulement en passant, et pour ne pas paraîtr les omettre tout-&-fait, puisque le prophèt Zacharie en a fait mention; mais nous nous arrêteron principalement aux jeûne institué dans la loi nouvelle. à Ibidem, c. 20 :à Le premier de ces jeûne est celui de la qua- dragésimeetc. )) C'est la copie mot pour mot du chapitre 36 du hre 1 de ecclesiasticis officiis, rapportà précédemmen tb- moignage 9, page 319. Ibidem, c. 21 et 22, le savant écrivai traite du jeûn de la Pentecôte et des jeûne du neuvièm et du dixièm mois. Ibidem, c. 23 :à Outre ces jeûnes il en est d'autres qui s'observent régulièremen tels que celui de tous les vendredis, pratiquà par les fidèle en mémoir de la passion de Notre- Seigneur; et celui du samedi, que plusieurs aussi observent en mimoire de sa sépulture et que nous trouvons établdans les dkrets du pape Innocent, de peur qu'en se livrant ce jour-lh & la joie, on ne paraisse accorder aux. Juifs ce que Jésus-CIiris ;leur a retirà par sa mort. Il est d'ailleurs certain que les aphtres a assèren ces deux jours-la dans la tristesse, en se tenant caché r la crainte qu'ils avaient des juifs, et par cons6quent il n'est pas douteux qu'ils n'aient jeûn pendant ce temps :et cette regle 324 PI: JEI:NE. doit ktre égalemen observ'étoutes les semaines, parce que nous ne devons jamais nous lasser de célébr la mémoir d'un si grand jour. Si l'on disait qu'il n'y a qu'un samedi dans toute l'anné oà l'on doive ainsi pratiquer le jeh, on devrait donc dire aussi qu'il n'y a qu'un dimanche ti cél6bre dans toute l'année savoir, celui de PAques, et qu'un vendredi qui serait celui qui prcckde immédiatemen la fêt de Ptlques. N Ibidem, c. 24 : à II y a de plus quatre samedis, en quatre mois différents oà sont ktablis des jeûne particuliers, et les offices de ces jours se composent d'un plus grand nombre d'orai- sons et de leçons Ce sont les jeûne du premier samedi du mois de mars; du second samedi du quatrièm mois, ou du mois de juin; du troisièm samedi du septièm mois ou de septembre, et du quatrikme samedi du dixikmc mois, c'est-&-dire de décembre Le premier de ces jeùne se célkbr A l'entré du printemps eon- currcmmcnt avec celui du carurne; c'est le mois appel6 par les Juifs celui des fruits nouveaux. Le second, ou celui de juin, a lieu aprhs la Pentecôt et h I'entrbe de l'kt&, temps marquà clicz le peuple juif pour l'offrande des prémices qui consistaient en pains faits avec le froment nouvellement récoltà et ce jour-lh étaitout entier un jour de repos pour tout le monde. Le troisihe est celui du septikme mois ou de l'entré de l'automne, mais qui dans la loi ancienne étai tout entier consacrà ti Dieu par diverses solennités telles que le jour des expiations, conformhent A cet ordre que Dieu avait donnà A Moïs: Le dixièm jour de ce septièm mois sera le jour des expiations: il sera très-célèb et il s'appellera saint; vous affligerez vos dmes en ce jour-ld,, et vous offrirez un holocauste au Sei'pwur. Vous ne ferez aucune Å“ui'r servile dans tout ce jour, parce que c'est un jour de propitiation, afin que le Seigneur votre Dieu vous devienne favorable. Tout homme qui ne se sera point affligà en ce jour-16, périr du milieu deson peuple, etc. (Léoit.XXIII, 27 et suiv.). En ce m6me mois &ait la scénopCgi ou la fêt des tabernacles. Car c'étai le quinzièm jour de ce mois que les anciens cdbbraient cctle solennitb, qui durait sept jours. Le livre d'Esdras fait bien voir que les anciens jeûnaien en ces jours-lh. Aprè que les enfants d'lsraël rapporte cet historien sacré furent rentré h Jérusalem et qu'ils eurent céléb avec une grande pompe la fdte des tabernacios, ils s'assemblèrent étan dans le jedlle, rcvolus de sacs et couverts ilt terre. . .,et ils se prisentèren devant le Seigneur, et ils confessèren leurs péchd et les iniquité de leurs phs; ci se levant sur lem nu JEUSE. 325 Ns,ils lisaient dans le livre cle la loi du Seigneur leur Dieth quatre fois le jour, et ils bénissaien et adoraient quatre fois la nuit le Scipw leur Dieu (II ESD., IX, 1-3). Le quatrièm jeûne qui est celui de la quatrièm semaine du dixièm mois, prkctde la fèt de la Natività de Notre-Seigneur :on y annonce dans les leçon la prochaine venue du Sauveur, afin que les fidhles instruits par ce moyen, et saintement préparh par la prièr en mêm temps que par le jeûne attendent avec une douce espé rance la naissance du divin Rédempteur Le mercredi et le ven- dredi qui précède chacun de ces quatre samedis dans la m4me semaine, doivent êtr kgalement consacr&s au jcîme comme le prouvent assez les oraisons et les leçon marqudcs pour la messe à dire ces jours-lA, ainsi que les exemples suivis dc temps immb- morial par nos pères Les décret du pape Gélas nous montrent aussi que c'est dans ces même jours que doivent se faire les ordinations; car voici le texte de ces décret :à Les ordinations des prfilres et des diacres ne devront se faire qu'en certains temps et à certains jours, savoir, aux jours de jefine du qua- trième du septikme et du dixièm mois, ainsi que le samedi de la premihre semaine de carême et celui de la mi-carbme, et non point avant le soir de chacun de ces jours. D Les offices de ces quatre samedis sont appelé vulgairement les douze leçons parce que les leçon qu'on y lit et les psaumes qu'on y chante, rhis ensemble, font le nombre douze, et que ces psaumes peuvent fort bien ktrc appel& leçons puisqu'ils sont compté parmi les Ecritures canoniques. à Ibidem, c. 25 : à Chacun peut en outre multiplier h son gr6 ses jeûnes ou prolonger son abstinence, pourvu qu'il s'attache avant tout h observer les jeûne prescrits dont nous venons de parler, et que pratique religieusement en tous lieux la sainte Eglise apostolique. Chacun doit aussi observer scrupuleusement les jeûne que l'évfiqu du lieu peut prescrire par une loi génà rale imposke tous ses diocésains soit dans un temps d'affliction, soit pour remercier Dieu de quelque griice, parce qu'on pèchcrai en n'observant pas ces jcî~ne ordonné par des lois; mais si & ces jeûne obligatoires pour tous, on veut ensuite en ajouter de particuliers, on aura droit à une récompens particulitrc pour cette Å“uvr de surérogalion Nous lisons en effet de quclques saints qu'ils étendaien leurs jeûne ti deux et & trois jours de suite, ct quelquefois h la semaine entière et de plusieurs.qu'ils ne buvaient ni vin ni boisson, capable d'enivrer, on qu'ils se con- 326 DU JEUNE. tentaient de pain sec et de l6gumes ; d'autres, qu'ils ne mm geaient jamais de viande; d'autres, qu'ils ne mangeaient pau mhe de pain, mais qu'ils ne soutenaient leur corps qu'aw quelques figues sèches On pourrait imaginer encore plusieurs 1 autres sortes d'abstinence. Mais en s'abstenant d'un mets ou d'une boisson quelconque, on doit prendre garde avant tout de souiller son Arne par la pensé secrèt qu'on aurait de con- damner, il l'exenaple des Juifs, quelque chose que ce soit de ce aue Dieu a créÃen disant :telle chose est bonne, telle autre est mauvaise; tel animal est pur, tel autre est impur. Que celui qui serait tentà de penser ainsi, se rappelle cette parole de l'Apdtre: Tout ce que Dieu a crdÃest bon, et on ne doit rien rejeter de ce qui se mange avec action de grûce (1Tim.,IV, 4); aussi bien que cette autre parole : Un homme fait mal de manger d'une viande, lorsqu'on le faisant il scandalise les autres (Rom., XIV, 20). à 11. IVES de Chartres ( parte IV decretorwn, c. 25 ) cite ces paroles extraites du décre du pape saint Télesphore le septiheaprè saint Pierre, adressà & tous les évêqu (1) : à Sachez que nous et les autres évoque réuni autour de ce siég apostolique, avons ordonnà qu'ii partir de sept semaines avant PAques, tous les clers appeléA avoir Dieu pour partage devront s'abstenir de viande; car leurs jeûne doivent surpasser en austbrità ceux des autres fidèles autant qu'ils leur sont supérieur eux-même par leur vocation. Qu'en conséquence tant que dureront les sept semaines dont il s'agit, les clercs devront s'abstenir de viande comme de tout ce qui flatte la sensualité et vaquer la nuit et le jour au chant des hymnes sacrés aux veilles et aux prières à Ibidem, c. 26 : à Ives de Chartres cite la lettre (égalemenapocryphe) de saint Calixte, pape et martyr, le quinzièm apr& saint Pierre, à Bcncdiclus, son frèr dans l'épiscopa :à Le jeineque vous savez qui s'observe chez nous trois fois l'année s'obser- vera désormai quatre fois au lieu de trois, parce qu'il convient (i) Ce prétend d6cret est rejet6 comme apocryphe; mais il est ancien, et sert à constater les pratiques du temps oh il a étproduit pour lapremièr fois. 11 parait du reste contredire cet autre dhcret, qui est le !2&* du premier concile d7Or1hans, tenu l'an SU : Id h sacerclotibw omnibus decretum est, nt ante PaschÅ solemnitatem, non quinqua- gesima, sed quadragcsima tencatw :a Tous les Wques ont dkcidà d'un commun accord qu'il fallait observer, non une quinquagksime (ou cinquante jours de jefine), mais la quadragisime avant la solennità de PAques. à Cf. LABBE.Cone. t. IV, col. 1408. DO JEOKB. 327 Je le faire autant de fois que l'on compte de saisons dans chaque annie. à ibidem, c. 28, se trouve cet extrait de la lettre (authentique) d'Innocent 1A Decentius, évêq d'Eugubie, c. 4 :à Une raison pdpondérantnous impose l'obligation de jeûne le samedi. Car si nous fêton le dimanche, a cause de la rksurrection de Notre- Seigneur, non-seulement lc jour anniversaire de Piîques mais encore toutes les semaines de l'année et si nous jeùnon tous les vendredis en mémoir de la passion de Notre-Seigneur, nous ne devons pas néglige de faire de mêm le samedi, qui se trouve comme un intermédiair placà entre un jour de tristesse et un jour de joie. Il est d'ailleurs indubitable que les apôirc ont ét dans la trislesse pendant ces deux jours, oà ils se sont tenus cachéA cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs. Et il n'est pas douteux non plus qu'ils ont jeûn ces deux jours-là puisque c'est encore une de ne pas célébr tradition de I'Eglise les saints mystère pendant ce temps. Si l'on préten apres cela qu'il ne faut jeùne que ce seul samedi, il faudra donc aussi ne lèie le dimanche et ne jeûne le vendredi qu'une fois dans l'année à Ibidem, c. 29, se lit cet autre extrait d'une lettre de saint Grégoire-le-Gran à saint Augustin, évêq des Anglais : à Enfin, que les pr&tres, les diacres et tous les autres ministres de I'Eglise, h quelque degrà de dignità qu'ils soient élevé se soumettent à jeùne h partir de la quinquagésime pour faire quelque chose au-delà de ce qui est de stricte obligation pour tous les chrétienset paraîtr surpasser les laïque en piétà comme ils les surpassent par l'éminenc de leur ordre.. .Or, c'est une conséquenc naturelle, qu'en mêm temps que nous nous abste- nons ces jours-la de manger de la chair des animaux, nous nous interdisions aussi tout ce qui provient des animaux, comme le lait, le fromage, les Å“ufs à Ibidem, c. 31, nous lisons cet extrait du concile d'Elvire, c. 23 : à Le concile est d'avis que le jeûn ou l'abstinence soit observé chacun des mois de l'année exceptà les deux mois de juillet et d'août & cause de la chaleur de la saison. )) Ibidem, c. 32, se trouvent citée ces paroles de saint Apollo- nius :à On ne doit pas manquer d'observer les jeûne prescrits de la quatrihme et de la sixièm férie h moins de quelque grande nécessità parce que c'est h la quatrièm fbric que Judas forma le projet de livrer. son maîtreet h la sixièm que le 328 DU JEUNE. Sauveur a ét mis en croix.. Celui donc qui sans nécessitman- querait au jeûn prescrit pour chacun de ces jours, paraîtrai ou livrer le Sauveur avec celui qui l'a trahi, ou le mettre en croix avec ceux qui l'ont crucifià © à Ibidem, c. 35, extrait du concile de Sélingstadt rapport6 plus haut & l'article des commandements de l'Eglise, question XIV, tdmoignage 4 6, tome II, page 108. Ibidem, c. 34, autre extrait d'une lettre de saint Grégoire-le Grand, ou du livre des XL homélies homéli 16 :à On doit mettre tout le soin possible bien garder le earkme, et n'y rompre le jeùne & moins d'infirmité que le dimanche, parce que ces jours-Ih sont comme la dîm de l'année A partir donc du premier dimanche du carêm jusqu'au dimanche de PAques, on compte six semaines qui font quarante-deux jours. Mais comme il faut retrancher de ces jours les six dimanches, ob l'on ne jeûn pas, il ne reste plus que trente-six jours do jcùnc Par conséquent puisque l'anné a trois cent soixante-cinq jours, et que nous jeûnon trente-six de ces jours-lit, c'est la dime de l'anné que nous offrons & Dieu; mais pour faire de plus le nombre complet de quarante jours, que notre Sauveur a consacrà par le saint jeûn auquel il s'cst soumis lui-m&me, nous ajoutonsquatre jours de supplément savoir la quatrièm féri (le mercredi des cendres) mise en t4te de ces jours dc jeûne puis la cinquibme, la sixi6me et le samedi suivants. Sans l'addilion de ces quatre jours, nous n'aurions pas quarante jours d'abstinence. Le Dieu Tout-puissant nous fait aussi un devoir de lui donner la dimc de tous nos biens. Ainsi donc, pour acquitter exactement celie dîmeprenons aussi la dlme de l'année et pendant ces jours purifions-nous de nos pbché en les confessant, en exerçan sur nous-mhcs la correction, en jeûnant en passant les nuits en pribre, cn faisant, l'aumbnc, ct d6cimons notre propre corps (pantoutes ces pratiques de mortification), pour pouvoir célébr la pAque avec le calme d'une bonne conscience. à Ibidem, c. 35 et 57, extraits du concile dc Mayence, rapporte plus haut h l'article des comnlandementsde l'Eglisc, question XIV, témoignage44 et 45,tome II, page 108. Ibidem, c. 40, cxtrait d'un concile d'orlbans, c. 6 (1) : (1) Nous n'avons pu trouver ce canon dans les actes qui nous restent des divers conciles d'Orleans, A moins qu'il ne s'agisse du canon 27 du premier concile (I'Orlkans tenu l'au 51 1, qui ordonne ipeu prCs la nihe chose, mais avec bien moins de dctail et en des termes diffbrents. DU JEUNE. 329 's Comme les peuples des Gaules, en punition de leurs péché se voyaient assaillis cn tous lieux par des loups enrages, sans pouvoir trouver remèd à ce redoutable fléau les 6v&jues des Gaules se rassemblèrent dit-on, clans la ville de Vienne (l'an 4741, et ordonnèren en commun qu'on observAt un jeûn de trois jours. Et alors le Seigneur ayant arrêt le fléa dans sa miséri corde, l'usage est passà en coutume pour les année suivantes de jeùne de mêm avant l'ascension par toute la Gaule. Sanc- tihns donc, nous aussi, ces jours avec ztlc et pibtk, en nous interdisant l'usage de la viande, ct en humiliant nos Ames, afin que non-seulenlent nous 6chappions h la rage des loups, mais que nous triomphions de plus des attaques des esprits immondes, espece de loups invisibles plus redoutables encore que les premiers. Que personne pendant ces jours ne se couvre d'habits précieux puisque nous devons au contraire pleurer nos péchà dans le sac et sur la cendre. Qu'on interdise ces excè de bouche, si communs parmi le peuple. Que personne ne fasse de voyages A cheval pendant ces jours-&, mais que tous au contraire ne marchent que nu-picds. Que les femmes ne se permettent pas de danser, mais qu'elles chantent plut& en commun le Kyrie eleison, et qu'elles implorent d'un cmur contrit la mis6ricorde de Dieu pour leurs péché pour le maintien de la paix, pour la cessation des fléaux pour la conservation des fruits de la terre, et pour les autres ndcessité :car ces jours sont des jours d'abstinence et non de joie. à (Voir Greg . Turon., hist. Frmconim, lib. II, c. 54). Ibidem, c. 42, extrait d'un concile d'orange, c. 2 (1):K Le samedi saint, c'est-à-dir la veille de Ptiques, personne, si ce n'est les enfants et les infirmes, ne rompra le jeûn avant l'entrbe de la nuit. à Ibidem, c. 45, extrait d'un concile de ChAlon-sur-Sahe, c. 5 (2) : Plusieurs qui croient observer la loi du jeûne se à mettent A manger en carêm des qu'ils ont entendu sonner la neuvièm heure. Mais qu'ils sachent bien que ce n'est pas jeùner que de manger avant l'office de vêpres On doit en cEel se rendre à la messe avec empressement, et ne toucher à aucun mets qu'on ne l'ait entendue aussi bien que l'office de vfipres, ct aprè avoir fait des aumhes. Que si la nécessit empCche qucl- qu'un d'assister ti la messe, qu'il prie du moins en particulier, (1) Ce canon ne se trouve pas plus qtie le prbcbdent. (2) Ce canon ne SC trouve pas plus que les deux précédent 330 DU JEUNE. et ne rompe le jefine qu'A l'heure oà il peut penser que les vbpres {ont achev6es. à (Burchard de Worms, comme on le verra plus bas, attribue ce canon au pape saint Silvère) ibidem, c. &9,extraits des décret du pape Eusèbe c. 3 (1): à Les jeûne ordonné dans I'Eglise par les pasteurs ne doivent pas êtr rompus sans une légitim nécessità à Ibidem, c. 50, autre extrait de ces décrets c. 2 : à S'il survient une famine, ou quelque peste, ou quelque intempéri de l'air, ou toute autre calamité on doit aussitdt recourir h la miséricord de Dieu par des jeùnes des aumdnes et des prières à 12. Burchard, évêq de Wor~ns, Dccretorum lib. XIII, c. 1, cite comme Ives de Chartres le passage de saint Grégoir sur i'observance quadragésimal rapportà au thoignage précéden Ibidem, c. 2 et 4; c'est la mêm chose que les chapitres 53 et 37 d'Ives de Chartres. Ibidem, e. 5, citation du concile de Gangres, comme au chapitre 58 d'Ives de Chartres :ce canon du concile de Gangres sera rapportà & la question qui va suivre celle-ci, témoignag 76. Ibidem, c. 7, sur le jeûn des rogations, extrait du concile d'Orléansc. 6, comme dans Ives de Chartres, c. 40. Ibidem, c. 9, sur le samedi saint, citation du concile d'orange, c. 2, comme dans Ives de Chartres, c. 42. Ibidem, c. 12, citation d'un décre du pape saint Silvère c. 1; c'est le passage donnà plus haut par Ives de Chartres pour 4tre un canon du concile de Chiilon. Ibidem, c. 16, citation d'un concile d'Orléans c. 1(2) :à Les prètres en faisant au peuple les annonces des fêtes doivent en mêm temps les avertir d'observer religieusement le jeûn des vigiles. à Ibidem, c. 17, citation d'un décre du pape Eusèbe c'est le mêm que le dhcrct apocryphe cità par Ives de Chartres, et rapportà plus haut. Ibidem, c. 18, citation d'un prétend décre du pape Libère c. 2; c'est le mêm que celui attribuà au pape Silvèr par Ives de Chartres, c. 50, et rapportà plus haut. 13. S. CYPRIEN, de jejwiis et tentaiionibus Christi (3) :à Au 1) C'est une picce sans autorith. i2) Ca c.anonne se trouve pas dansles actes des conciles d'Orléan que nous avons pu consulter. (5) Ce sermon n'cst pas de S. Cyprien, mais plutdt d'Arnold ou Arnould de Bonneval qui vivait du temps dYAdricn IV. v. Nat. Alex. hist. eccles. III sac., p. 52, kdit. de Venise. DU JEUNE. 334 moyen du jebne la sentine des vices est mise à sec, la pétulanc est abattue, la concupiscence est affaiblie, les volupté prennent la fuite, le volcan des passions s'éteint et ne porte plus le ravage et la désolatio autour d'elles. Le jeùn employà avec discrétio suffit pour dompter toutes les révolte de la chair, et nous délivr de la tyrannie des appétit grossiers. Le jeûn met aux entraves les mouvements désordonnks et réprim les dbsirs qui sans lui n'auraient pas de frein. Le jeûne quand l'humilità l'accompagne, inspire aux serviteurs de Dieu le mépri du monde. Le jeûn purifie, sanctifie la chair, et prévien la corruption que son trop d'embonpoint ne manquerait pas d'engendrer. Le jeùn trouve ses dilices dans les Ecritures, son plaisir dans la contemplation, sa force dans les grhces qu'il obtient, son aliment dans le pain célesteCe fut le jeûn qui donna h Daniel la vertu d'interpréte lessonges, et aux trois jeunes hommes la grhce de sortir sans aucun mal de la fournaise ardente. Moïse en conversant quarante jours sur la montagne avec Dieu, obtint, grâc au jeûne la familiarità de ses entretiens, et l'avantage d'èir choisi pour promulgateur de sa loi. Elie, en jeûnan le mêm nombre de jours dans le désert se vit récompens d'égale faveurs. L'utilità du jeùn est devenue évident surtout dans le christianisme, et l'exemple qu'en ont donnà les premiers a bientô étsuivi de la multitude. Nous ne connaissons dans l'histoire aucun homme miracles, qui n'ait dÃau jeùn ce don éminent nous ne voyons pas que rien ait ét fait de grand, sans que le jeûn en ait posà la base. Tous ceux qui ont voulu obtenir quelque faveur de Dieu, ont recouru au jeùn comme h la prière et c'est en passant les nuits dans les larmes et sous le cilice qu'ils ont implorà la bontà divine. Et le succè a ét immanquable, du moment oà prosterné aux pieds de Dieu, l'humilità des suppliants a pu lui offrir le sacrifice d'un cÅ“u contrit; Dieu s'est approchk de ceux qui l'in- voquaient, a tendu sa main & ces misérable naufragés et les a secourus dans leur affliction. à M. S. ATHANASE, de virginitale sive de nieditatione : Lib. a Observons le jeûn avec amour :car le jeûne la prikre et l'aumhne, nous formeront i~ eux trois un puissant rempart; ils sauvent l'homme de la mort. Car au lieu que c'est pour avoir mangà malgrà la défens que Dieu lui en avait faite, qu'Adam a 616 chassà du paradis, ce sera par le jeùn et par l'obéissanc que pourra y rentrer quiconque le voudra. Faites de cette vertu l'ornement de votre personne, vierge de Jhsus-Christ, et vous 332 DU .IF-~INE. serez siire de plaire à votre divin kpoux. Car les personnes de votre sexe qui s'attachent au monde, et qui pour plaire aux hommes SC couvrent d'or et de pierres prkcieuses, et imbibent leurs vêtement de parfums et de senteurs, ne sauraient plaire h Dieu par de t,cls moyens. Jésus-Chris ne vous demande rien de semblable : un cmur pur, un corps cliasic et matà par l'absti- ncnce, voih tout ce qu'il demande de vous. Si quelques-uns viennent vous dire de ne pas n~ulliplier vos jcîlne de peur de vous affaiblir, ne suivez pas leur conscil, ne les écoute mèm pas; car c'est l'ennemi de votre Arne qui les inspire. Rappclcz- vous ce qui est écri au sujet de Daniel et des trois jeunes hommes faits captifs par Nabucl~odonosor, roi de Babylone, et des autres jeunes gens qui étaien ilvec eux; de l'ordre que le roi leur donna de manger des incls de sa table et de boire de son vin; du refus que tirent Daniel et les trois jeunes hommes de se souiller en acceptant celte nourriture, cl de la répons qu'ils firent & l'eunuque chargà dc les nourrir :Donnez-nous, lui dircnl-ils, de ce que la terre produit, et nous en mangerons (DAN., 1, 4 et 9). L'eunuque leur dit h cela :Je crains le roi mon Seifincur, qui n ordonnà qu'on vous servî des viandes et du vin de sa table; cm s'il voit vos visqes plus mares que ceux des aulrcs jeutics homim's de votre Ûqc vous serez cause que le roi me fera perdre la vie. Mais ils lui rbpliquhrent : Eprouvez, je vous prie, vos serviteurs pendant dix jours, et ne nous donnez pendant tout ce temps que de ce qw iio~svows avons demandé Et il ne leur donna que des l6gumes ii manger et que de l'eau b boire; aprks quoi il les introduisit chez le roi, et leur visage parut n~eilleur ct dans un embonpoint tout autre que celui de tous les jeunes hommes qui mangeaient des viandes du roi. i)Vous voyez quels sont les effets du jcùne comment il guéri les maladies, détrui les humeurs vicieuses, chasse les dkmons, eloigne les pensée mauvaises, fait que l'esprit est davantage ft lui-mdme, purifie le caxr, sanctifie le corps, et met l'homme en étade s'approchcr du trdne de Dieu. Et de crainte que vous ne vous imaginiez que tout cc que je viens de dire se trouve dit au hasard, vous avez dans YEvangile le thoignage de Jésus-Chris lui-mêmeil qui ses disciples avaient fait cette demande :S*eur, dites-noz~ par quel moyen peuvent dtre chassé les esprits itnj~ws;et qui leur fit celle rkponse : Cette sorte de démon w, peuvent êtr cl~asséque par la prih-e et par le jcfiue (MATTII.,XVII, 18-20). Gcw donc, quels qu'ils soient, qui sont tourmentCs par l'esprit DU JEUNE. 333 impur, n'ont qu'A se rappeler cette rcponse, et qu'i employer ce remède c'est-&dire, quY& faire usage du jeûne et aussitdt l'esprit impur, que le jeûn n'accommode pas, se trouvera trop ti l'étroi et prendra la fuite. Car rien n'attire les démon comme la crapule, l'éta d'ivresse et l'oisiveté Grande au contraire est la vertu du jehe : il engendre les plus grandes actions. Car d'oà vient que la puissance des miracles est donné aux hommes, que Dieu opèr par leur ministèr les plus étonnant prodiges, et la guériso de toutes sortes de maladies, sinon de la pratique de la mortification de l'humilità et de l'austérit de vie? Le jeûn en effet est la vie des anges, et celui qui le pratique incrite une place parmi ces céleste esprits. Et ne pensez pas, ma seur, que le jeûn consiste simplement dans une certaine abstinence : car il ne suffit pas pour jeùne vbritablement, de se priver de nourri- ture; pour avoir le mérit du jeilne devant Dieu, il faut s'ahstcnir en outre de toute action mauvaise (1). ii 46.S. CHRYSOST~ME, En voyant votre Hom. 1àGenesim :à empressement A vous rendre en cette église je sens s'augmente- aussi le mien, tant est vif le dési que j'éprouv d'entrer rnoir mtme en part de cette joie spirituelle, en mdme temps que de vous annoncer l'ouverture de la sainte quarantaine, remèd si propre h guéri nos iimes de toutes leurs misères Car notre maîtrA tous voulant, comme un pèr compatissant, nous laver des souillures contractée dans toute la suite de notre vie, en a trouvà le moyen dans le jeûn salutaire auquel il vous invite par ma bouche. Que personne donc n'affecte un air chagrin; que personne ne tombe dans la tristesse, etc.. . Car ce temps sera vraiment pour nous un temps de fête qui procurera le salut & nos Ames, qui nous apportera la paix et la concorde, qui bannira toute image séductric des plaisirs trompeurs de cette vie : plus de clameurs bruyantes, plus de rassemblements tumultueux, plus rien de cet appareil sanglant de chairs d'animaux étalé sur les boutiques ou dépecé dans les cuisines; partout au contraire la tranquillité le calme, la charité la joie, la douceur, la paix et mille autres avantages précieux. . à Je voudrais vous voir purifié de tout ce qui a pu vous souiller jusqu'ici, ct affranchis de toute aîïecti pour les plaisirs grossiers de la table, embrasser de tout cÅ“u cette chaste épouse (1) Cf.S. Ëthanasi opera, t. II, p. 115-114, kdition des Bknédictins Paris, 1698, 334 DU JEUNE. que j'appelle l'abstinence, et, qui sera pour vous la mbre de tous les biens, de la pudicità et de toutes les vertus : elle fera votre bonheur, en mèm temps qu'elle achèver de vous guéri de vos maux spirituels. Car si les mklecins ont coutume de prescrire A ceux qui leur demandent de corriger en eux quelque humeur vicieuse, de commencer par s'imposer une dihte absolue, pour que l'cffct de leurs rem6des ne soit pas neutralisà par la nourri- ture qu'ils prendraient, mais qu'il ait toute sa vertu, en exerçan seul son action; & combien plus forte raison, si nous voulons que ce remèd spirituel, qui est le jeûne produise en nous ses heureux effels, dcvons-nous purifier nos dispositions, et ne pas nous charger de vin ou d'aliments quelconques qui nous feraient perdre tous les fruits que nous aurions & recueillir de cette obser- vance ! ii Tandis que l'exchs du boire et du manger est pour le genre humain le principe de mille maux, le jeûn et la sobriét est une source intarissable d'ineffables biens. Aussi, dè le moment de la créatio de l'liomme, Dieu qui savait que c'&ait l& le remèd le plus opportun pour le salut de nos Ames, donna avant tout le reste ce commandement h notre premier phe :Mangez de tous les fruits des arbres du paradis; nais ne mangez point du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal (Gen., XVI, 47). Dire ; Mangez ceci, ne mangez pas cela, c'est déj préfigure le jeùn... à Aprbs avoir cità les exemples de Moïse d'Eh, de Daniel, des Ninivites, et de Jésus-Chris lui-mhe, le grand orateur ajoute : a Aprè vous avoir démontr par l'exemple de Notre- Seigneur lui-même comme par celui de ses serviteurs les plus fideles, combien est grande la vertu du jeûne et combien sont nonibreux les avantages que vous pouvez cn retirer; maintenant donc que vous en ête instruits, jc supplie votre charità de ne pas vous y refuser par une liîchet inexcusable, ni de vous attrister non plus de vous y voir obligés mais de vous en réjoui plutbt et de tressaillir mêm de joie en vous rappelant ces paroles de l'Apbtrc :Encore que dans nous l'homme extérieu se détruise l'homme itttérieurtzéanmoi se renouvelle de jouren jour (II Cor., IV, 16). Car soyez convaincus que le jeûn est la nourriture de l'&me, et de mêm que la nourriture matériell soutient et for- tifie le corps, de mèm aussi le jeûn accroit les forces de l'&me, lui prêt l'agilité et comme des ailes, pour s'éleve vers le ciel, pour ne plus que des choses d'en haut, et n'avoir DO JECNE. 338 dkorrnais que du rnbpris pour tous les plaisirs d'ici-bas. Et de mtme que les navires les plus léger sont ceux qui parcourent avec le plus de rapidità la vaste étendu des mers, et que ceux au contraire qu'on charge d'une trop forte cargaison sont le plusexposéh faire naufrage; ainsi le jeûne en nous spirilualisant de plus en plus, nous met plus en éta de traverser rapidement la mer de ce monde, de porter toutes nos pensée vers le ciel et vers les biens qui nous y sont r6servés de regarder comme rien les choses présentes et de ne pas plus nous y attacher qu'h des ombres ou ti de simples rêve (1). à 16. Le m6me, Hom. II in Genesim :à Le jehne est ce qui procure le calme à nos àmes ce qui honore la vieillesse, ce qui forme la jeunesse, ce qui affermit l'iige mûr le plus bel orne- ment en un mot de tous les Ages et de toutes les conditions. Voyez en effet :aujourd'hui plus de clameurs ni de tumultes, plus rien de tout cet attirail de cuisiniers et de bouchers; plus rien, dis-je, de tout cela, et cette ville entièr prbsente l'aspectd'une vierge décent et réglà dans ses démarche (2). à 17. Le même Serin. 1de jejunio (3) :à Voici le temps de pro- pitiation, sachons le mettre à profit; c'est le temps de nous dicharger du fardeau de nos péché négligeon pas cette ne grice; mais avant de jeûne par rapport aux aliments, com- mençonh le faire par rapport aux péché Le jeûn présent des avantages sans nombre pour ceux qui aiment il se les approprier. N'envisagez pas uniquement la peine; envisagez aussi la récom pense. Si le cultivateur n'avait pas en vue la récolt que doivent lui rapporter ses semailles, il ne skmerait jamais; autrement, quelle serait sa folie de dissiper h travers les champs les grains recueillis dans ses greniers! Mais c'est l'espéranc de récolte plus qu'il ne sème qui lui donne le courage de semer. Le jeûn afflige la chair, il est vrai, mais il fait les délice de l'Arne. De ces deux parties qui composent notre cire, laquelle donncrez- vous la priférenceSi l'Arne accepte le jeûne c'est qu'elle l'aime mieux que d'êtr rnalheurcuse dans l'éternità et d'ailleurs elle trouve dans le jeime un aliment plus convenable h sa dignité plus approprià h sa nature. Ne refusons donc pas de nous sou- (1) Cf.S. Joannis Chrgsost.opera, t. IV, p. 1-8, edit. de Montfaucon; pag. 5-9, éditde Gaume. (s!) Cf. Ibidem, pag. 8, edit. de Montfaucon; pag. 11, &dit.de Gaume. (5) Nous n'avons pu trouver ce discours dans les Õuvrecomplktes de S. Chrysostdme, edit. de Gaume. 336 DU JEUNE. mettre b la loi du jefine; d'autant plus que, bien loin de nuire an corps lui-mJme, le jeûn lui sert de remhde. Car, en jeûnant on !arr&te le flux d'humeurs dont le corps est incommodb, et on le ,débarrass de son excks d'embonpoint, en mêm temps qu'on prbsente h l'&me défaillant l'aliment qui réparer ses forces. Ne pensez pas que le jcùn ne puisse offrir que de modiques avan- tages. Si Adam s'étai abstenu seulement de manger d'un fruit, s'il avait jeûn par rapport A ce fruit, la mort aurait reç son coup mortel, ou pour mieux dire, elle n'eut jamais paru, étan ignoré jusque-là Voyez donc, si Adam avait usà de cet anti- dote, le genre humain ne serait composà que d'&es immortels. Oh! qu'il a fallu que la gr&ce fut puissante, pour répare comme elle l'a fait les maux que l'intempérancd'Adam avait causé sa race! En voyant combien cette abstinence nous a ét funeste, vous pouvez juger combien son contraire, qui est le jeûn ou l'abstinence par rapport aux choses d'ailleurs permises; doit nous 4tre utile. à L'auteur de ce discours cite ensuite les exemples de Moïse de J6sus-Christ et de Daniel; puis, venant ti parler du prophèt qui, pour s'btre arrêt h manger malgrà la défens que Dieu lui en avait faite, fut dévor par un lion, il fait cette remarque :à Trois prodiges se trouvaient lh rassemblés Le prophèt étend mort trahissait par-lh mêm la désobéissan dont il étai coupable; ii cdtà de ce cadavre, le lion témoignai par ce qu'il venait de faire son obéissanc A l'ordre de Dieu; et prè de làl'hncsse du pro- ph&!, qui restait sans rien craindre de la part du lion, et sans recevoir non plus aucun mal de lui, faisait bien voir que le lion n'étai pas accouru pour assouvir sa faim, mais pour punir le coupable de n'avoir pas jeûn conformén~en A l'ordre qu'il en avait reçu à Le jeûn est une imitation de la vie des anges autant que le comporte notre nature, un acte de mépri des choses d'ici-bas, une écol de psiCres, un aliment pour l'&me, un frein pour la bouche, un calmant pour la fièvr de la concupiscence. Ceux qui jeûnen le savent bien, et ceux qui ont seulement essayà de le faire ne l'ignorent pas non plus. Le jeûn rbprime les voluptés apaise la fureur, calme la colère tempkre les mouvements natu- rels, aiguise la raison, purifie le ceur, allég le poids de la chair, met en fuite les illusions de la nuit, corrige de l'ivresse, dblivre des maux de t&e, donne au visage un teint ravissant et des traits cClestes. Quand on jeûne on a naturellement le geste DU JEUNE. 337 composéla langue libre, la raison saine; on ne connait point ce rire dissolu si commun dans l'ivresse; les passions sont con- tenues, et l'Arne maîtress d'elle-mêm goût la joie de son bien- litre. L'homme extérieu n'est plus rien, l'homme intérieu est lout. L'ivresse nous ôt le sentiment des maux qu'elle nous cause; le jeùn nous donne la conscience de ceux dont il nous délivreCar celui qui est en éta de jeùne en mêm temps qu'il se connaî lui-même connaî ce qui peut lui êtr contraire;' tandis que celui qui est en éta d'ivresse ignore, et ce qu'il est lui-meme, et quels sont les avantages dont le jeùn serait pour lui la source. Pourquoi des prktres, fils d'Aaron, furent-ils mis mort? N'est-ce pas pour avoir goÙtau vin dans i'exerc,ice de leur ministèr (Lévit.X, 9)?A quoi s'obligeaient les Naza- réens N'était-c pas h s'abstenir du vin et de toute boisson capable d'enivrer (Arum., VI, 3-20)? Daniel et ses jeunes com- pagnons de captività préféraie de simples légun~e a la table somptueuse du roi Nabuchodonosor (DAN.,1, 8).Daniel jeùn six sen~aines entières et c'est pour avoir rbprimà en lui la sensua- lilÃqu'il mérit d'êtr surnomm6 l'homme de désir (DAN., X, 3). El comment jeûna-t-il non, comme faisaient ses compatriotes, pendant la courte durke d'un seul jour, mais pendant trente-six semaines? C'est qu'il préfigurai la discipline actuelle de i'Eglise. Il a dit de lui-mêm :Je ne mangeais pas de pain délicatemen piparéD'autres boivent quelquefois pour leur plaisir. Le vin et /a viande, poursuit Daniel, n'entrèren pas dans ma bouche. L'Eglise ne pratique pas un autre jeùn que celui-lh. Admirez ililn~cet homme de l'ancienne loi ces mÅ“ur toutes chrétiennes C'est que si, parmi les hommes d'alors, les imparfaits pouvaient tout au plus figurer les saints de la loi nouvelle, les forts du moins, tels que les prophktes, devaient les représente en réalità Le jeùn a obligà Dieu a révoque quelques-uns de ses arr6ts. Car Dieu avait di\ ;Ninive sera détruiteet cependant celte ville ne fut pas détruite C'est que les Ninivites jcùnerent et échap pi'rcnt par ce moyen A leur ruine. à Jehez, parce que vous avez péc,hà jeùne pour ne pluspkhcr; jeùne pour recevoir, jeiîne pour conserver les dons que TOUSavez reçus Car telles sont les diverses classes dans lesquelles Jc jeùn peut 6tre réparti L'un qui sait qu'il a pech6 jeùn pour échapperen se chAtiant lui-même au chiitiment qu'il lui fau- drait subir ailleurs. Jehnons, nous, pour préveni les rbvoltes de la concupiscence. Vous voyez dans cet.-exemple comment le IV. 22 338 Dr IWINE. jeûn est provoquà par le péchk c'est parce qu'on a péchqu'ona recours au jeûne pour y trouver sa conversion en mhme tempsque l'expiation de ses fautes. D'autres jefinent sans avoir phhé non pas, par conskpent, pour se délivre de pbché commis, mais pour s'empêche d'en commettre. Un autre jeune pour obtenir une @cc; et c'est ainsi que Moisc jeûn pour recevoir la loi. Un autre enfin jeûn pour ne pas perdre les grAces qu'il a reçues L'Eglisc, par exemple, jeûn par ce motif, en recon- naissant tout ce qu'elle doit à J6sus-Christ; et elle jeûn afin que, crucifiéavec lui, souffrant avec lui, elle soit aussi glorifié avec son Sauveur. Nous jeûnon alors, non pour pleurer sur le sort de notre Dieu, car il vit éternellemen avec son Père mais pourreconnaîtrtout ce que nons devons ti sa @ce, ou si nous pleu- rons h cause que les Juifs l'ont crucifie, ce n'est pas sa mort quenous déplorons mais le crime des Juifs qui l'ont fait mourir :car pour lui, il est ressuscitk d'entre les morts, il est dans la gloiredont il étai d'avance en possession avec son Phre. Engendrà par son P6re de toute éternità il est aussi avec lui de toute bter- nitéNos larmes insulteraient la victoire que Jésu a remportée mais nous devons néanmoin jeûner en songeant nos propres besoins, et cn faisant nos efforts pour prendre part A ses souf- frances. à 18. Le même Serm. Il de jejwh :à Puis donc que le jeùn est pour nous un rempart contre nos ennemis, et nous aide A repousser le joug de la servitude qu'ils nous feraient subir, qu'il assure en un mot notre liberté comment douteriez-vous encore que le jeûn ne soit pour nous la condition préalabl de tous les biens? Et si le jeûn a ét commandà dans le paradis mbme il cause des avantages sans nombre qu'il renferme, il doit ktre encore bien plus nécessair hors de ce lieu qu'habitait l'inno- cence. Si, avant que nous eussions 6tÃblessés c'étai d6jh pour nous un utile remhde, nous devons nous empresser bien davan- tage d'y recourir maintenant que nous sommes blessés pournous guéri de nos blessures. Enfin, si ce bouclier nous étai nécessair mêm avant le combat pour résiste aux plaisirs sensuels, nous devons nous en armer avec bien plus de soin maintenant que nous y sommes engagés à 19. S. BASILE-LE-GRAND,Hom. I de laudihs jejunii :u Les vers qui se multiplient dans les intestins des enfants ne peuvent en 6tre chassé que par d'amers médicament :ainsi le jefine, quand il est vraiment digne de ce nom, attaque le péch jusque DU JEUNE. 339 ans le fond de noire cÅ“u et lui donne la mort.. ...Tout ce qui porte le caractèr de l'antiquità a droit ii notre respect. Respectez la vieillesse du jeùne Il est si ancien qu'il a commencb avec le premier homme : c'est dans le paradis terrestre qu'il a ét établiLe premier précept donn6 A Adam fut celui-ci : Vous ne mmgerez point du fruit de l'arbre de la science du bien et mal. Ces paroles, vous ne mangerez pas, sont une loi de jehe et d'abstinence. Si Eve l'eû observé fidèlement nous ne serions . pas aujourd'hui obligé de nous y soumettre. Car ce ne sont pas cwx qui se portent bien qui ont besoin de mddecin, mais bien ceux qui sont malades. Nous avons ét blessé par le péch : c'est A la pénitenc guéri nos blessures. Or, sans le jebne, la pénitenc est vaine et stérile La terre maudite ne prodziira pour vous que des ronces et des épines Vous ête condamné A vivre dans la tristesse, et non destiné vous livrer aux plai- L'I sirs. Il faut satisfaire ti Dieu par le jeùne La vie mêm du pa- radis terrestre étai une image du jeùne non-seulement en ce que l'homme, qui étai semblable aux anges et partageait en quelque sorte leur nature, n'avait que peu de besoins, mais aussi parce qu'il n'avait point encore imaginà dans cet heureux kjour tout ce qu'il inventa par la suite pour satisfaire ses appétit dérégl aux dépen de la raison, tel que l'usage du vin et de la chair des animaux. -Puisque c'est notre infidélit A la loi du jeûn qui nous a bannis du paradis, jeûnon donc pour y rentrer. à Un peu plus loin, saint Basile, appelant les Ecritures en timoignage de la vertu du jeûn : u C'est le jeûne dit-il, qui enfante les prophètes qui nourrit les forts, qui donne la sagesse aux législateurs c'est le jeûn qui est le rempart de l'&me, la sauvegarde du corps, l'armure du guerrier, l'exercice de l'athlèt : il éloign la tentation, consacre la piétà accompagne la sobriétà produit la chasteté Dans les combats il enflamme le courage, dans la paix il conserve le repos. Il sanctifie le nazaréen il perfectionne le prbtre, qui ne peut sans téméri s'approcher du saint ministkre, s'il ne s'est prépar par le jeùne non-seulement dans la loi nouvelle, oà il s'agit de célebre de si redoutables mysthres, mais encore dans la loi ancienne, oà les sacrifices n'étaien que des figures. .. Enfin, tous les saints de tous les siècles comme vous pourrez vous en convaincre, se sont affermis par le jeùn dans la voie qui conduit ii Dieu... Le jeûn éteigni les flammes de la fournaise el brisa la dent des lions. Le jebe 340 DIT JEUNE. ouvre la prihre I'entde du ciel, et lui pr&e des ailes pottr s961ever jusqu'à Dieu. Le jeûn est le soutien des familles, le pèr de la santé le maîtr de la jeunesse, l'ornement des vieillards, l'ami des voyageurs, le gardien de la foi conjugale ... Le jeûn n'est pas seulement utile pour l'avenir; il est avantageux pour notre corps m&me dans la vie prbsente.. . Voulez-vous fortifier votre Ame? domptez la chair par le jeùne C'est le sens de ce passage oà l'Ap&re nous dit : Qu'à mesure que l'homme exlérieu se corrompt, l'homme intérieu se renouvelle. Et de cet autre : Plusje m'affuiblis, plus je me fortifie ... Le jeùn est noire armure dans les combats contre les dhons; car ce genre d'ennemis ne peut &lrechassi que par la priire et le jezhe. Tels sont les noni- breux avantages que le jeùn nous procure. La satibth au contraire est un premier pas dans la voie de l'impudicilé La bonne chère l'excè du vin, la délicatess exquise et la varittc des aliments, ne tardent pas h provoquer le révei de toutes les passions brutales. Alors l'homme dans son délir ressemble ii un coursier qui court et qui hennit apres les cavales. L'ivresse confond les sexes, et intervertit l'ordre établ par la nature; tandis que le jeùn entretient, mCme dans le mariage, une sage et cliaste moikration, prhient l'excks des plaisirs permis, et conseille aux épou de s'en interdire moment,anémen l'usage, pour se livrer sans trouble h la priè,re -Gardez-vous cependant de faire consister le jeûn dans la seule abstinence des viandes; le jehe véritabl consiste & s'abstenir du vice. Rompez tous les liens qui vous attachent A l'iniquitb. Pardonnez au prochain tout le mal qu'il vous fait; rcmetlez-lui sa dette. Ne jeùne pas pour lui susciter des procè et des querelles. Vous ne mangez pas de chair, il est vrai, mais vous dkvorcz votre frère vous vous abstenez de vin, mais vous vous permettez de lui faire tort. Vous attendez le soir pour prendre de la nourriture, mais vous passez tout le jour devant les tribunaux. Mallieur h ceux. qui sont ivres, non de vin, mais de colère Car la colore est l'ivresse de l'Arne; comme le vin, elle rend l'liomme insensé à 20. Le mCme, homdie 2 : fi Si l'huile rend les athlktes plus souples, le jeùn fortifie celui qui s'exerce la piétà Ainsi donc, tout ce que vous dtez au corps tourne & l'avantage de l'Arne ~t l'affermit dans la vie de la grilce; car ce n'est pas la vigueur du corps, mais la force de l'Arne et la patience dans les afflictions, qui nous assurent la victoire contre les ennemis invisibles. Le jeûn est utile en tout temps A ceux qui SC l'imposent volon- DU JEUNE. 344 tairement, puisque les dbmons n'osent tenter aucun effort contre celui qui l'observe, et que les anges préposà A notre garde protégen surtout ceux dont il a purifià l'hme; mais son utilito est plus incontestable encore dans ces jours oii il est annoncà par tout l'univers. Il n'cst point de pays, ni sur le continent, ni au milieu des mers, point de ville, point de peuple, mêm aux extrémitÃdu monde, of^ la loi du jcûn n'ait ét proclamée Les wldats, les voyageurs, les navigateurs, les marchands, lous font entendu publier avec la joie la plus vive. Que nul d'entre vous ne s'exclue donc lui-m6me du nombre de ceux qui jeùnent c'est-Mire de tout le genre humain, de tous les Ages, clc toutes les conditions. Chaque églis a ses anges chargé d'en faire le recensement.. . à Le jehe conserve la sant6 de l'enfance, inspire la modestie aux jeunes gens, et attire le respect h la vieillesse. Un vieillard parait plus vénérab quand il honore ses cheveux blancs par [abstinence. Le jcûn est l'ornement qui convient le mieux aux femmes, et le frein le plus puissant contre la fougue de l'hge et i'exds de la santé le jeùn est le protecteur de la fidélit conjugale et le gardien de la virginité Tels sont les avantages particuliers que le jeûn apporte aux familles qui l'observent. Voyons maintenant quelle est son influence sur la sociM En un moment il fait régne le calme dans le sein d'une ville, d'une nation tout entiere, il impose silence ii toutes les clameurs, assoupit les querelles, bannit les procès. . Pauvres, recevez le jeùn comme un ami et un commensal. Esclaves, recevez-le comme une t,rèv passagere aux travaux perpétuel de votre servitude. Riches, recevez-le comme un remkde au mal que l'abondance vous a fait, comme un moyen de ranimer en vous, par le changement de régime le goû des aliments que l'habi- tude vous fait paraitre maintenant insipides. Que votre santà soit, florissante ou ruinée reccvez-le comme le prdien ou le pèr de la santé Interrogez les médecins ils vous diront que rien n'cst plus dangereux pour le corps que l'excks meme du bien-h. Aussi les plus habiles s'attachcnt-ils remhlier h cet cxck par le jeùne de peur que la nature épuisà ne succombe sous le poids de l'embonpoint ... Mais pour que le jeùn soit mhritoire, il ne suffit pas de s'abstenir de l'usage des viandes ;il est une autre sorte de jeûn plus agréabl tt Dieu. Le véritabl jeùn consiste h s'abstenir du vice, à contenir sa langue, ii réprimesa cultrc, dompter ses passions, A s'interdire la médisance le 32 rn JF.FNE. mensonge, le parjure. Voilà les privations qui constituent le jeûn véritable Â¥ 21. S. AUGUSTIN, Tract. de utilitate jejwii :à Si la chair, qne son propre poids entraîn vers la terre, est un fardeau pour l'iîm et un bagage qui l'arrble dans son vol, plus on aura d'attrait pour la vie angélique plus on consentira volontiers ii se décharge de ce fardeau embarrassant. Or, ce qui nous aidera A nous en d6charger, c'est lc jeûne 3) Gardcz-vous donc bien de penser que ce soit lii une pratique frivole ou inutile, de peur que, si vous vous en acquittiez sim- plement pour vous conformer ii l'usagc de l'Eglise, vous ne veniez A penser ou à vous dire en vous-mêmes ou CL 4couter le tenta- teur qui cherche secrètemen ii vous le sugg6rcr :Pourquoijeùneg-tu Tu imposes & ton Ame des privations, tu lui refuses ce qui la rendrait heureuse; tu prends le soin absurde de le punir toi-mihe, d'he A toi-mbme ton bourreau. Est-ce que c'est la volontà de Dieu que tu te rendes toi-meme malheureux? Dire qu'il se réjoui de tes souffrances, c'cst le supposer cruel. Mais répondeh ce tentateur :Si je me punis moi-m6mc, c'est afin que Dieu ne me punisse pas; j'4taIe devant lui ma misbre, ntin qu'il vienne h mon secours, que je me rende agrbable iises yeux et que {'aie A 116nir sa bonté Pour mettre une victime sur l'autel, il faut bien la faire souffrir. Mon corps pèser moins A mon Ame. Réponde encore h ce mauvais conseiller, A cet avocat des instincts gloutons, par la comparaison suivante : Si vous aviez pour monture un cheval fougueux qui pourrait vous occa- sionner quelque chute funeste, n'cst-il pas vrai que pour voyager avec plus do. shritk vous retireriez à cet animal une partie de sa nourriture, pour dompter par la dikte celui que vous ne pourriez dompter iivcc le frein? Mon corps, voil:~ ma monture; le but de mon voyage, c'cst Jérusalem mais au lieu de me diriger vers ce but, le plus souvent il m'emporte au liasiird, et voudrait me faire sortir de la voie; ma voie, c'est Jésus-Christ et celui qui voudrait m'cmporter hors de cette voie, je craindrais de le mater par le jcîtnc Si quelqu'un pense ainsi, il prouve par sa propre exptricncc l'utilitk du jeùnc Est-ce que ce corps, aujour- d'hui dompt6 par le jeûne aura toujours besoin de lYt!trc? Main- tenant qu'il est comme incertain de sa course, qu'il subit les conditions de sa mortalit&, il a ses emportements, ses karts qui pourraient mettre l'Arne en pbril. C'est un corps corruptible jnsqn'io,i:mais vienne la résurrectio!Car il ne sera pas toujours DU JEUNE. 343 dans cet état il ne revbt pas encore les conditions d'une célest substance; nous ne sommes pas encore devenus semblables aux anges de Dieu (1).à 22. S. AMBROISE,Lib. de Elid et jcjwiW, c. 2 :à La vertu du jehne est grande. C'est une milice si honorable, que Jésus-Chris lui-mêm a bien voulu s'y enrôler si puissante en mêm temps, qu'elle a élevde simples hommes jusqu'au ciel. Et pour chercher mes exemples plut& dans nos semblables que dans les actes divins, Elie, pour avoir jeùnà put d'un seul mot rendre le ciel d'airain pour.le peuple sacrilég de la Palestine. Que dirai-je de ses autres miracles? C'est pour avoir jeûn qu'il put rappeler du sein de la mort le fils de la veuve. C'est ii jeun qu'il fit d'un seul mot descendre la pluie sur la terre; c'est A jeun qu'il fit tomber le feu du ciel; c'est i~ jeun qu'il fut emportk au ciel dans un char de feu; c'est par un jeùn de quarante jours qu'il obtint d'èir favo- risà du commerce de Dieu même Ses mérite croissaient avec ses jeûnes C'est par la vertu de ses jeûne qu'il arrêt le cours de l'eau du Jourdain, et qu'il put en passer ii pied sec le lit desséch en un instant. Dieu dans sa sagesse le jugea digne d'&se enlevà dans le ciel avec son corps même puisque, tout revêi qu'il étai de son corps, il menait une vie ckleste, et pré sentait la terre l'image d'un habitant des cieux. à Ibidem, c. sinon une chose 3 : (( Qu'est-ce que le jeî~ne célestel'image du ciel même Le jeùn estla force, l'aliment de ilme. Le jeûn est la vie des anges; le jeùn est la mort du pichél'abolition des crimes, le ren~bde qui nous rend la santé le principe de la grilce, le fondement de la chastetb. C'est le degrà ménagtl notre faiblesse pour nous faire monter jusqu'h Dieu. à Ibidem, c. 4 :à La gourmandise nous dte le vkternent de l'in- nocence; le jeûn nous le rend. C'est ce que Dieu nous a fait entendre par ces paroles du Psalmiste : J'ai revdtu mon û~ par k jehie (Ps.LXVIII, 4).Précieu v6temcn t, qui couvre l'Arne, pour qu'elle ne soit pas surprise par le tentateur, et dél)ouill~ par lui. Précieu voile, qui couvre le péchbqui le fait dispa- raîtrsous l'abstinence, qui le fait disparaîtr devant la grAce. Heureux ceux à qui leurs iniquité ont ità pardo~wécset dont les fkhé sont couverts (Ps.XXXI, 1). La grhe couvre les p6eh6s (i) Cf. S. Ëugustiii opera, t. VI, col. 615, ailio ion des BCnkdiclin..; col. 1051, éditde daunie. 344 DU JEUNE. en les pardonnant, en les effaqnt. L'abstinence les couvre en nous en purifiant, en les enveloppant d'un voile de tristesse, en les rendant pardonnables par le repentir. Car le jcùn et l'aumhe se prêten une force mutuelle pour nous procurer la ddivrance de nos péché à Ibidem, c. 7 :à Le jeûn arrbte l'impétuosit des llamines, musele les lions, rend solides les vagues de la mer, fait fondre les rochers en sources abondantes d'eau vive. Le jeùn a pu eliangcr la nature des élément rendre solide l'eau des fleuves, et liquide la pierre des rochers. à Ibidem, c. 8 : à Le jdme est une 6cole de continence, une leço de pudicith; il Iiumilic l'esprit,, mortifie la chair, enseigne la sobriétà exerce L la vertu, purifie le cccur, incline la misi'-- ricorde, inspire la douceur, donne des attraits A la charilfi;il honore la vieillesse et protcge la jeunesse. Le jeùn est le soulicn dom& i notre faiblesse, l'aliment qui entretiendra en nous la ~i~nlà de l'&me. à Ibidem, c. 9 : à Le jeùn est donc un sacrifice de propiliiition, un moyen d'augmcntcr la @ce en nous : témoin les femmes fortes que le jeùn a dev6cs par une augmentation de gri~ec au-dessus de la faiblesse de leur sexe. à Ibidem, c. 40 :à Le jeûn nous apprbte un festin mysliijuc, CL- fkstin dont le Prophetc royal a dit ces paroles :Vous avez ]'n'i';pai-/ une table devant moi contre. cen.v qui me persicutent (fi.XXII, ^}. Celle table ou ce festin n'est acquis qu'h ceux. qui ont faim, ut ce, calice enivrant n'est donnk qu'aux sobres, ou h ceux qui ont soif desgr$m c,6lestes. Si donc c'est au jehe A nous introduireicct auguste festin, s'il nous est nkessaire d'cprouvcr cette faimpour nous procurer les biens Cternels, comment pourrions-nous douter que le jeune exerce sa douce influence meme sur les choses qui se rapportent au honlicur d'ici-bas? Gardons-nous cependant de penser que toulc faim dont on ('Â¥prouv le tourment soit un jeùn agrkable il Dieu; pour lui êtr agrbable, il faut qu'elle ait sa crainte pour principe. Que personne ne pr('Â¥lend pouvoir jcùne ct ptcher en inCrne temps, ou croie innocenter ses pbcl16s par le jcùnc Car le jcùn est au contraire l'exterminateur des péchbs à Ibidem, c. 11 :à Que personne ne motte cc qui flatte la voluptà au-dessus de ce qui est grand. La volupt6 semble une chose douce; le jeùn au contraire est amer ii notre goû ddicat. Sachons sacrifier cette douceur A cette amertume. Le corps lui- DU JEUNE. 345 mêm se trouve bien de ce qui est amer. Car de mCmc que les vers qu'une trop grande abondance de nourriture engendre dans h intestins des enfants, ne peuvent êtr expulsks qu'au moyen de breuvages amers, ou de m6decines dont l'odeur insupportable les fasse mourir, ainsi le péch qui se cache dans les plus profonds replis de l'Arne ne peut êtr dhtruit que par la vertu du jehne. à 23. Le même Epist. LXXXII ad Ecclcsiam Vercellemein, dit en rtfutant l'erreur de quelques disciples de Jovinien : à J'apprends que vous avez dans votre ville (Verceil) Sarmation et Barba- lien (l),hommes grands parleurs, qui disent qu'on n'a aucun méritA garder l'abstinence et la frugalité que la virginità ne nous attire aucune grilce; que tous dans les divers 6tats sont @lement estimables; que c'est une folie de cliAticr sa chair par les jeûnes pour l'assujettir A l'esprit. Mais si l'apôtr saint Paul avait regardà cela comme une folie, il ne l'aurait jamais pra- Iiqub, il ne l'aurait jamais écri pour l'instruction des autres. Et cependant il s'en glorifie en disant :Je chûti mon corps, et je le rfduis en servitude, de peur qu'aprè avoir prêch aux autres, je ne ws rdprozwt! moi-mdme (1 Cor., IX, 27). Quiconque donc ne chiitie pas son corps, et veut prêche aux autres, est au nombre des r6prouvés à lbid., no 8 : à Quoi en effet de plus capable de nous imprimer w caractère que ce qui nous excite à la débauche A la corrup- linn, ti la mollesse; que ce qui nous plonge dans l'impureténous entretient dans l'incontinence, allume en nous le feu des passions? De quelle nouvelle écol vous sont cnvoy6s ces épicu riens, soi-disant philosophes, mais au fond pauvres ignorants, qui prêchen l'amour du plaisir, conseillent h chacun de prendre ses aises, et n'attachent aucun mérit h la chasteté Ils ont 6th avec nous, mais ils n'étaien pas des nbtres. Car je ne rougis pas de dire la mbme chose aprè saint Jean l'Evang6liste (1 JOAD., II, 20). Etant ici, ils jeûnaient ils gardaient la con& ncnce dans leur monastèr : ils n'y trouvaient pas moyen de faire bonne chère toute dispute licencieuse leur étai interdite. à Ibid., no 9 :(( Ces hommes délicat n'ont pu souffrir cette r(gularit6 :ils sont sortis du monastbre; puis, voulant y rentrer, ils n'ont pas ét reçus J'avais appris bien des choses sur leur (1) C'ktaient, apparemment des disciples dc Jovinien, dont saint Am- broise avait dkcouvert les erreurs, comme il le dit dans sa lettre XLl1 au papr Sirice. 346 DU JEUNE. compte, qui m'avertissaient de me tenir en garde. Je les avais avertis, mais sans rien gagner. Pleins de colore, ils ont commencà A semer une doctrine qui, grke h leurs efforts pour la répandre est devenue la source de tous les vices. Ainsi ont-ils ,hélas perdu tout le mérit de lcurs jeCmes d'autrefois, comme de la conti- ncnce qu'ils ont gardé pendant un temps. Maintenant, par une malice diabolique, ils envient aux autres lcurs bonnes Å“uvres parce qu'ils ont perdu tout le fruit des leurs propres.. . à Ibid., no i4 :à ...Comment donc la volupté qui seule nous a exclus du paradis, pourrait-elle nous y rappeler? à Ibid., no 15 :u Aussi Jésus-Chris Notre-Seigneur, voulant nous fortifier contre les tentations du démon s'est-il prépar au combat par le jeûne afin que nous sussions que nous n'avons point d'autre moyen pour vaincre les attraits du péchà Enfin, le dkmon s'arma dans la premièr de ses tentations des traits de la volupth, lorsqu'il dit au Sauveur :Si vous 4tes Fils de Dieu, faites que ces pierres se changent en pain. C'est pourquoi Jésus-Chris lui répondi:L'hoinme ne vit pas scidetnent de pain, mais de toute parole de Dieu; n'ayant pas voulu faire, quoiqu'il le pûtce changement miraculeux, afin de nous apprendre par cette salutaire maxime tl nous attacher bien plus tl la lecture des Ecritures qu'A la recherche des voluptés Et puisque ces hommes soutiennent qu'il ne faut pas jeûner qu'ils nous disent pourquoi Jésus-Clirisa jeûnà si ce n'est pas pour nous donner l'exemple de jeûne nous-mhes. Enfin, il nous a enseignà encore dans la suite qu'on ne surmonte pas facilement le péch si l'on ne jehe : Cette espèc de dcnims, a-t-il dit, ne peuvent êtrchasséque par la prièr et parle jehe. à Ibidem, no 16 :K D'oà vient aussi que lYEcriture rapporte de Pierre qu'il a jeÙn (Act., X, 10), et que durant son jeûn et sa jirièr Dieu lui r6vela le mystèr de la vocation des gentils ià la grfice du baptGmc, sinon de ce qu'elle a voulu nous faire voir que le jeûn rend les saints eux-m6mcs plus éminent en sain- teté Enfin, c'est en jeûnan que Moïs obtint les tables de la loi; et c'est aussi en jeûnan que Pierre mérit de connaitre toute l'étendu du bienfait de la nouvelle alliance. Ce fut de mêmpar le mhitc de ses jeùne que Daniel ferma la gueule des lions, et prGdil les 6vinements dcs temps futurs. Quel moyen nous reste- t-il d'ailleurs de nous sauver, si nous n'expions nos p6ché par le jeûne puisque 1'Ecriture nous déclar que le moyen de nous affranchir du pCch6, c'est le jcùii et I'aumGnc (Tou., XII, 8)?: DU JEUNE. 347 Ibidem, no 17 : à Quels sont donc ces nouveaux docteurs, qui viennent nous assurer que le jefine n'est nullement méritoire Le langage qu'ils tiennent n'est-il pas le langage de ces gentils qui disaient : Mangeons et buvons, nous mourrons demain? De ces gentils, dont saint Paul faisait si bonne justice, lorsqu'il disait : Si, pour parler à la manièr des hommes, rai combat tu 6 Ephèscoutre des bête farouches, quel avantage en tirerai-je, si les morts ni' ressuscitent pas? Mangeons et buvons, nous mourrons demain (? Cor., XV, 32). 1) IMem, no30 :à Oh! quYElisé n'avait guèr (l'esprit de nourrir 1rs prophète ses disciples avec des fruits sauvages et des herbes amères Oh! qu'Esdras, qui rétabli de mbmoire les saintes Ecri- iurcs, n'en avait gu6re gard6 le souvenir! Oh! que saint Paul étai imprudent de se glorifier de ses jetmes, si les jehnes ne servent A rien ! à Ibidem. no 31 :à Mais comment ne serviraient-ils h rien, s'ils servent à effacer les péché Si vous les joignez A l'humilità et la miséricordevos os, comme parle Isaïe cet organe de l'Esprit- Saint, s'engraisseront, et vous deviendrez comme un jardin pleine- ment arroséVotre Arne donc et les vertus dont elle est orné s'en- graissent spirituellement par le jeûne et votre esprit devenant plus fécon multiplie les fruits de sa justice, de sorte qu'il se passe en vous une de ces ivresses sobres que célèble pro- plkte lorsqu'il dit :Que mon calice qui cause l'ivresse est adni- mbie (4 ) ! à 24. S. L~oN-LE-GRAND, Serm. 1de jejunio septirni rnensis :à Je, connais par expérience mes frhres, votre soumission et votre zkle; vous ne vous contentcz pas seulement d'observer les jeûne d'obligation; vous en pratiquez mêm de volontaires. Cela n'em- pêcher pas que je ne seconde votre piét par mes exhortations, afin que s'il s'en rencontre dont la dévotio soit plus languissante, ils suivent dans ces jours-ci l'exemple des autres, et se sou- mettent à une pénitenc qui est observé de tout le monde. Il faut avoir 6gard par-dessus toutes clioses à unc coutun~e si sain- tement établie afin que nous mhitions le secours de Dieu contre DOS ennemis par l'humiliation qui- est attaché au jeùne Je regarde cette abstinence comme une. chose de la dernièr consé quence, et je l'ordonne par l'autorità que Dieu m'a confié; mais (1) Cf. Les Lettres de saint Ëm^roise clc., trad. par le P. Duranti 6v Bonrecneil, t. III, p. 1-26-149. 348 DU JEUNE. qu'on l'observe par un molli' de charité en sorte qu'en morti- fiant son propre corps, en le privant d'une partie de ses aliments ordinaires, on songe h soulager les pauvres.. . à Puisqu'il est il propos que nous cdl6brions le jeûn du septièm mois, je vous exhorte jehm la quatrièm et la sixitme Erie, et h passer le samedi en prière dans l'bglisc du f~icnhcurcux apdlrc saint Pierre, qui nous délivrer de nos tri- liulations par ses pritres, et par la grhcc de Notre-Seigneiir Jcsus-Christ (1).à Ibidem, Sm. Il :à Il faut que l'homme intérieu se prCviilu (le l'empire qu'il a sur l'homme extdrieur, et que l'esprit soumis ;'i la volontà de Dieu fasse un bon usage des choses temporelles. Les secours d'un Dieu mis6ricordieux ne nous manqueront janiilis pour entretenir ce bon ordre; c'est pour cela qu'il nous a ordonne de jeûne dans de certains temps, afin d'augmenter les forces de 1';irne en affaiblissant celles du corps. à Le scptihme mois oà nous sommes, mes frkres, csl destinbit cette sainle af~stincncc, et il faut nous acquitter avec joie de ce devoir; et sans parler dos jcùne que chacun s'iinpose en parti- culier, selon sa dcvotion et selon ses forces, il faut redoubler de zvie pour observer celui-ci auquel tout le monde est obligb. Dans les combats que l'ennemi du nom clirdlicn nous livre, l'absti- nence est d'un grand secours pour repousser ses cfTorts; les démon qu'on ne pouvait cliasscr des corps qu'ils obsbdaient, quelque commandement que leur en fissent ceux qui les exorci- saicnt, en ont ét cluissbs par la vertu du jcùn et de la prière comme le Sauveur du monde nous en assure par ces paroles: Cette sorte de démonne se civasse que par la pièr et par le jeh (MATTII., XVII, 20). La prièr de ceux qui ieùnen est donc agrkablc A Dieu ct terrible aux dhons, et on ne peut douter de l'avantage qu'on peut cn retirer pour son propre salut, puisqu'elle est si avantageuse au salut des autres. 1) Quoique nous devions tous êtr animes du mhe &le pour pratiquer de concert celle abstinence, mes frères s'il se rcn- contre cependant quelqu'un qui ait moins de force que de bonne volontéil faut qu'il supplbe par les aumhnes au mkrite du jefine qui ne peut s'accorder avec sa faiblesse physique (2). à Ibidem, Serrn. lit :à Les oracles des prophktes nous ont bu JEUNE. !!ml qpris, mes frèresquelle est l'efficacità des jefines qui se font par de pieux motifs, et combien ils ont de force pour flbchir la miskicorde de Dieu, et pour soutenir la faiblesse humaine. Les prophète protestent souvent que le peuple d'Israël qui avait Lin1 de fois irrità la justice'divine, ne SC servit point d'autrc rem& que du jeûn pour l'apaiser. Voilh pourquoi le prophèt loi1 exhortait les Israblitei à jeûne : Le Seigneur votre Dieu a dit :Convertissez-vous à moi de tout votre cmr, employez le jeine, bs pleurs, les gémissements brisez vos cÅ“urs et ne vous contentes sas de déchire vos eêlements convertissez-vous au Seigneur votre Dieu, parce qu'il est miséricordieu et patient ... Faites retentir la trompette en Sion, ordonnez un jeihae saint, publiez une assembl(;e solennelle, faites venir tout le peuple, avertissez-le qu'il se purifie (JOEL, II, 12-13, 15). Suivons, mes frtres, les conseils du pro- pli6te, et servons-nous en ce temps-ci d'un remèd si salutaire, et d'une pratique dont les anciens se sont si bien trouvés afin que les chrétien acquièren par leur dévotio ce que les Juifs ont perdu par leur prévarication à Les Å“uvre de piét qui sont publiques et qui se pratiquent a toute la communautà des fidkles, sont plus saintes et d'un plus grand mérit que celles que chacun s'impose en son parti- culier. L'abstinence que chaque fidèl observe en secret, est pour son utilità et pour sa sanctification personnelle; mais le jeùn que toute lYEglise impose au corps des fidbles n'exclut per- sonne de cette sanctification gbnéral : la force du peuple de Dieu se redouble, lorsque tous les cccurs des fideles se réunissen par le nÅ“u d'une sainte obéissance cl que toute cette milice chrétienn est égalemen prêt à bien faire, et fortifié de tous dlés.. à Nous jeùneron donc la quatrièm féri et la sixikme; nous ferons la vigile samedi dans l'églis du bienheureux apdtre saint Pierre; et nous espCrons que ses mérite et son intercession nous obtiendront la misCricorde de Dieu, par la grhe de Notre- Seipeur Jésus-Christ etc. (si). à Ibidem, Serm. IV: à L'liabitude que vous avez de m'entendre, mes frères fait que vous supportez plus aisémen rocs discours. Le temps oà nous sommes m'excite h remplir tous mes devoirs de pontife, et voire Serveur emp8che que vous ne trouviez di& de ce qu'on exige de vous. Toutes ces circonstances se trouvent (1) Cf. Sermons de saint hion-le-Grand, p. 555-566, 560. 380 DU JEUNE. rassemblée par la @ce de Dieu : Ce n'est plus la lettre qui tw, c'est l'esprit qui vivifie; O& est l'esprit de Dieu, Zd est la liberû (IICor., III, 6, i7), qui n'accomplit point la loi par un esprit de crainte, mais par un motif de charità : l'obéissanc adoucit le commandement; on n'obtit pas par une dure nécessità quand on aime ce qui est commandé Lorsque nous vous exhortons, mes frères il pratiquer certaines vertus, qui &aient commandée m6me dans l'Ancien-Testament, nous ne vous imposons pas le jougde l'obéissanc judaïque et nous ne vous exhortons pas A suivre les traces d'un peuple charnel : l'abstinence chrétienn est bien plus parfaite que celles des Juifs; si nous avons quelque cliose de commun avec eux pour le temps, nos meurs sont bien différentedes leurs. Leurs mortifications extbrieures et l'abatte- ment de leurs visages &taient les accompagnenlents de leurs jeùne infructueux; mais pour nous, nous n'alfectons aucun changement dans notre cxtérieur nous ne nous abstenons point des actions justes et légitimes nous mortifions par une absti- nence raisonnable le dési que nous avons de manger; et sans condamner les créature de Dieu, nous gardons de la modératio dans l'usage des viandes qui nous sont permises. w Quoiqu'il nous soit libre de chhtier notre corps par des mor- tifications volontaires, et d'employer les efforts que nous jugeons tl propos pour dompter les mouvements de la chair, qui corn- battent les desirs de l'esprit, il est néanmoin nkcessairc que tous les fidèle aient des temps marqué pour jeûne tous ensemble. La dhotion est plus efficace et plus agréabl A Dieu, lorsque tous les fidkles sont unis par les même sentiments et par les mkmes affections dans la pratique des Å“uvre de piélbles bonnes Å“uvre publiques sont pr&f6rables aux particulikres, et on retire de plus grands avantages des actions qui se font par toute la communauté Que cliaque particulier soit exact et diligent A observer ce qui lui est commandà ; apres avoir implork la pro- tection de Dieu, qu'on prenne les armes spirituellcs pour résiste aux efforts des puissances infernales. Quoiqu'un chrétie puisse combattre seul en particulier ses ennemis, il est plus expédien pour lui de le faire en public, et de ne pas SC produire avec ses forces isolbes : il vaut mieux qu'il se fortifie du secours de ses frhres, et qu'il se meite sous l'étendar d'un roi invincible, pour soutenir de part avec les autres une guerre général Quand plu- sieurs combattent ensemble un ennemi commun, ils courent moins de danger, que quand on combat seul A seul; celui qui se DU JEUNE. 581 pare du bouclier de la foi est moins exposà aux blessures, parce qu'il est dkfendu non-seulement par ses propres armes, mais aussi par les armes de ses frère :comme ils soutiennent une cause commune, ils remportent aussi une commune victoire.. . 11 Nous sommes obligé en tout temps d'aimer et de pratiquer lavertu :il y a cependant de certains jours consacré à l'absti- nence et ii la mortification du corps, afin que lYAme qui est tncore embarrassé des désir de la terre, ait quelque intervalle pour vaquer aux choses divines, et pour produire des fruits dignes du ciel, parce qu'elle est une portion du champ de Dieu : quand on a semà avec soin, on doit espére de faire une bonne récolte.. à Nous jeûneron la quatrikme féri et la sixième et nous ferons la vigile le samedi dans l'églis de l'apbtre saint Pierre; nous espéron par ses prihres que Dieu nous fera miskicorde, et qu'il agrkera le sacrifice de notre jeûn par la grAce de Notre- Seigneur Jésus-Chris (4). à Ibidem, Serm. V :à Je vous exhorte vivement, mes fr&res, h la pratique du jeûn du septièm mois, et jYesp&re que mes exhortations paternelles vous porteront & observer par des motifs chrétienla mêm abstinence que les Juifs pratiquaient autrefois. C'est un usage salutaire, et que les deux Testaments, l'Ancien et le Nouveau, ont kgalement approuvé de travailler h fléchila justice de Dieu par la mortification du corps et de l'esprit :rien ne touche Dieu plus efficacement, que quand on se juge soi- mème et qu'on s'humilie perpétuellemen pour demander pardon de ses fautes, parce qu'on y tombe perpétuellemen aussi... 11Voilh pourquoi, pour sanctifier nos corps et nos Ames, nous jeherons la quatrièm féri et la sixième et nous ferons le samedi la vigile dans l'églis du bienheureux apdtre saint Pierre, espéranobtenir l'accomplissement de nos désir par ses prière et par la grhce de Jésus-Chris (2). à Ibidem, Serm. VII :à Les apbtres, qui savaient bien queJtsus-Christ n'étai pas venu détruir la loi, mais l'accon~plir, ont tellement distinguà entre les prkceptes de l'Ancien-Tcsta- ment, qu'ils en ont laissà quelques-uns, sans y rien changer de ce qu'ils ont cru conforme ti la doctrine évangéliqu de sorte (1) Cf. Sermons de saint L40n-lf-Grand, p. 861 -865,868, 866. (2) Cf. Ibidem, p. 867-868, 572. 352 bu num. que les maximes de la morale judaïqu sont devenues la maximes de la morale chrétienne Les différente victimes, les purifications, le repos du sabbat, tout cela a étaboli avec la circoncision ; mais nous avons tirà des livres de l'Ancien-Tesla- ment plusieurs précepte moraux, qui ont la mêm force parmi nous, que celle qu'ils avaient parmi les Juifs.. . à Si nous avons adopth, mes chers freres, la doctrine de l'an- ciennc loi touchant le jeûn du septit5mc mois, qui a ét instituh pour purifier nos corps et nos âmes ce n'est pas pour nous sou- mettre an joug de la loi, mais c'est pour nous sanctifier par l'al)slincncc, qui nous est recommandé dans 19Evangile de Jésus Clirist. La vertu des chrétien est plus pleine et plus parfaite que celle des pharisiens et des scribes; non que pour cela elle détruis la loi, nws cn cc sens qu'elle rejette ce qu'il y a de charnel et de grossiw (hms la loi. Nos jeùne ne doivent point se faire par les rncmes motifs que les jehes des Juifs, dont le Saint-Esprit disait, pilr l'orgi~nc du prophkte Isaï :Je ne puis supporter vos ndo~nhzies, vos subbds et vos fêles mon dvne a de l'aversion pour vos jehes et vos assemblt~es(Is., 1, 13). Le Sauveur du monde, prescrivant & ses disciples la manièr dont ils devaient jeûnerleur disait. :Quand vous jefincz, ne soyez pas tristes comme font les hypocrites, qui affectent d'avoir le visage pile et défigwd afin que 1rs hommes sachent qu'ils jefinent :je vous le dis en vdrild, ils ont rqu leur rdcompense (MATTH.,VI, 10)... à Nous jeûneron solennellement la quatrièm féri et la sixième et nous ferons samedi la vigile dans ïbglis du hien- heureux apbtre saint Pierre, espkrant qu'il nous protkgera par ses mérite et par son intercession, afin que les fidhles aient autant de pouvoir que de bonne volonté par la grilce de Notre- Seigneur Jcsus-Clirist, etc. (1).)) Ibidem, Sem. VIII :(c La tcmpkrance et une frugalitb honnbte est plus heureuse qu'une luxure cITr6née les humbles jouissent d'une plus douce gloire que les orgueilleux, et il y a plus d'élà vation d'esprit il se conduire avec une telle modératio entre les clioses permises et dbfendues, qu'on allaclie toutes ses esphnces aux biens cblestes, sans se borner aux. choses de la terre. Or, pour que l'Aine du chrétie s'kl6ve celte hauteur de vues, et obtienne sur le corps l'empire qui lui appartient, il faut avoir recours au jeùnc qui domptera ce dernier par ses salutaires (1) Cf. Sermons de saint Léon-le-Grandp. 577-578, 579, 681. -. .. rigueurs. Quoique sous ce nom de jefine on puisse comprendre en génér toute sorte de mortification ou de privation, le jefine proprement dit consiste en particulier ii se retrancher des ali- ments, en se refusant par le choix actuel de sa volonté et pour le bien de son &me, ce qu'il a ét si pernicieux, il nos premiers parents de s'accorder malgrà la défens qu'ils en avaient reçue afin que si la concupiscence nous a fait alors des blessures mor- telles, l'abstinence en devienne maintenant pour nous la guérison 1) Quoique tous les temps soient propres à ces remèdes le temps ou nous sommes, mes frères y est particulièremen destinÃ: il a ét choisi pour cela par Moïs et par les apdtres. Appliquons-nous donc pendant ce septièm mois ii nous purifier avec un soin particulier. Nous obtiendrons de la miséricord de Dieu, si nous faisons concourir ensemble le jeûne l'aumihc et la prière que nos passions soient réprinlée que nos prière soient exaucéeet que nos péchà nous soient pardonné par les mérite de Notre-Seigneur Jésus-Christ etc. (1).à Ibidem, Sem. IX: à Vous ête suffisamment instruits au sujet de ces pratiques religieuses dont la tradition nous fait une loi, et que la coutume a depuis longtemps consacrées et votre piét ne vous permettra pas de vous en dispenser. Mais comme le ministèr sacerdotal oblige un pontife ii étendrses soins sur tous les enfants de l'Eglise, et it se rendre utile aux savants et aux ignorants, nous vous exhortons & pratiquer exactement et avec joie le jeûn du septièm mois, en mortifiant il la fois l'esprit et le corps. .. à C'est pour cela qu'on a ordonnà des jefines dans les Quatre- Temps de l'année pour nous faire souvenir que nous avons , besoin de nous purifier en tout temps, et de faire tous nos efforts, ' tandis que nous sommes dans l'agitation de cette vie mortelle, pour effacer par les jeihes et par les aumhes les péchà quenous avons commis par la fragilità de la chair, et par la cor- ruption de la concupiscence.. . i) Je,ùnon donc la quatrièm féri et la sixième et samedi nous ferons la vigile dans l'églis du bienheureux apdlre saint Pierre, qui nous aidera par son intercession h obtenir de la misé ricorde de Dieu, que nos jeûne et nos ceuvres de piét lui soient agréables par la grlice de Jésus-Chris notre Sauveur (2). à (1) Cf. Sermons de saint Léon-le-Grandp. S8t-585. (2) Cf. Ibidem, p. 886, 589-890. IV. 23 SB4 bu num. 25. Le mbme,De jejunio decini mensis, sêm I f à L&i pib riipaux actes, etc. à Voir A la question préchdente témoignag 9, page 312. Ibidem, Serm. II :à Qu'y a-t-il de plus propre iinous saneti- fier que le jeûne qui nous approche de Dieu en quelque manikre? Il nous donne la force de rksister au démon et de dompter les vices qui flattent la concupiscence. Le jeûn est l'aliment de la vertu :c'est l'abstinence qui enfante les pensée chastes, les désir raisonnables, les conseils salutaires. Les mortifications volontaires ralentissent la concupiscence de la chair, et donnent 'a l'esprit des forces nouvelles. Mais comme le jeûn n'est pas l'unique instrument de notre salut, il faut y joindre la charità envers les pauvres. .. à Il faut donc que nous jeûnion la quatrikme féri et la sixième et que nous passions le samedi en prière dans l'éslis du bienheureux apdtrc saint Pierre, qui nous aidera par son intercession it obtenir l'accomplissement de nos vÅ“ux par la grAcc de Notre-Seigneur Jésus-Christ etc. (1).à Ibidem. Serm. lit :u. Si nous nous laissons aller A une lhche oisivetà et A une nonchalance criminelle, notre cÅ“u demeurera stérilet sans vertu, semblable h une terre inculte, tout,e hérisd de ronces et d'épincs qui ne produit que de mauvaises herbes, propres h êtr jetée au feu, au lieu du bon grain qu'on ramasse- rait dans les greniers. Ce cÅ“u pénét de la grhce de Dieu, comme d'une rosée est conservà par la foi :les jeûne l'exercent, les aumdncs le préparent les prière le rendent fertile et em- pechent que des plantes amère et sauvages n'y prennent racine. C'est à quoi nous devons travailler en tout temps; mais c'est surtout dans les jours oà nous sommes, qui sont principalement destines à ce saint exercice, qu'il nous faut redoubler de soins et de zèle C'est le propre de la piét de faire le bien mhe qui n'est commandd par aucune loi ; comme c'est une impiétÃau contraire, de ne pas se mettre en peine de faire celui que la loi nous prescrit. à Je vous exhorte de tout mon pouvoir la pratique du jeûn du dixièm mois. Je sais que vous &tes tous dispos& A observer cette abstinence avec bcaucoup de ferveur : que cliacun fasse des aumhcs selon ses facultés et selon les biens qu'il a reçu de Dieu. Les ennemis de notre salut, qui sont au dbsespoir quand (1) Cf. Sermons de saint Léon-le-Grand p. 52-53, ils voient que nous nous appliquons nous sanctifier, redoublent leurs efforts et leurs artifices pour nous traverser dans la pra- tique de la vertu ;ils font craindre la disette à ceux qui auraient le plus de penchant & donner l'aumôn ;la rigueur du jeùn abat le eou.rage des autres, de sorte que plusieurs se relbchent lh-dessus, et ne l'observent pas avec toute l'exactitude qu'ils devraient (1). à Ibidem, Serm. IV :à Ceux qui sont obligé de combattre des ennemis aussi dangereux (que le sont le démon le monde et la chair), peuvent se servir de trois principaux remhdes pour se guéri des blessures qu'ils reçoiven dans leurs combats, savoir une prièr persévérant des jeûne rigoureux et d'abondantes aumdnes. Ces trois moyens employé concurremment nous rendent Dieu propice, effacent nos péché affaiblissent les forces et déconcertenles efforts du tentateur. Une Anle fidkle doit tou- jours êtr revêtu de cette triple armure; mais sa ferveur doit redoubler surtout dans les temps particulièremen destiné h la pratique des Å“uvre de piétà à Mettons dans ce rang le jeùn solennel du dixièm mois :il ne faut pas le néglige sous prétext que c'est une pratique tiré de l'ancienne loi, et comme si l'on se faisait, à l'imitation des Juifs, un scrupule de manger de certaines viandes :cette cou- tume n'est pas du nombre des anciennes purifications, et n'a rien de commun avec le choi~ qui se faisait alors de certains bestiaux et de certains oiseaux pour les immoler. Toutes ces choses, qui n'étaien que des figures, ont cessé quand les vérità qu'elles signifiaient ont étaccomplies; la grace du Nouveau- Testament n'a point aboli le jeùne qui est d'un grand secoyrs pour conserver la puretà du corps et la ferveur de l'esprit. Comme le christianisme observe les précepte du décalogue et qu'on lit dans I'Evangile : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous le servirez lui seul; vous aimerez votre prochain comme vous- m'nie (MATTH.,IV, 40; XXII, 57); ainsi les précepte qui re- gardent le jeùn n'ont point étabolis par la loi nouvelle. Aujourd'hui, comme autrefois, le jeûn nous fortifie contre le piché amorlit en nous le feu de la concupiscence, repousse les tentations, abat l'orgueil, réprim les saillies de la colèr et con- duit jusqu'h une vertu consommé les bons désir que le cmur enfante. Il faut cependant que le jeùn soit secondà par le mérit (1) Cf. Sermonsde saint Leon-le-Grand, p. 53-58. DU JEUNE. 337 de la véritÃmais les maximes qui regardent le rkglement des mÅ“urs la piétÃle culte de Dieu, ont toujours la mhme force : tout ce qui convient aux deux Testaments subsiste encore, et n'est point sujet au changement. Le jcùn des Quatre-Temps est imità des pratiques de l'ancienne loi, et nous l'observons. tous les ans par tradition. La justice cl la pi&& exigent de nous des actions de grAces pour les fruits que Dieu nous donne avec tant de bonté.. 1) Jeûnon la quatrihme féri et la sixième employons le samedi h la prièr dans l'églis du bienheureux apôtr saint Pierre, afin que l'intercession de cet apdtre nous obtienne le secours et la protection de Dieu par les mirites de Notre-Seigneur Jésus-Chris(1). à Ibidem, Serin. VI1:à La continence a triomphà de la luxure; .l'humilità a banni l'orgueil; ceux qui étaien plongé dans l'ordure de l'impudicité sont tous brillants de l'écla de la chastetéLa divine Providence, mes frères a ajoutà h ces grands changements le mérit du jeûne qu'on observe A certains jours par toute 1'Eglisc. Quoique ce soit une chose louable que tous les membres de Jésus-Chris se rendent recommandables par leurs fonctions particulières le mérit est encore plus grand lorsque tous les fidkles s'appliquent de concert h la pratique des même vertus, afin que nos ennemis invisiblcs, qui regardent notre sanctification comme le plus cruel de leurs supplices, soient vaincus par chaque fidèl en particulier et par tout le corps en commun. Le dixièm mois oà nous sommes, mes frères nous avertit de redoubler notre ferveur, et d'allumer de plus en plus dans nos cÅ“ur le zèl de la charité aprè en avoir banni la liédeuet l'infidélité . à Jeûnon la quatrièm féri et la sixi&me, et passons le samedi en prière dans l'églis du bienheureux aphtre saint Pierre (2). à Ibidem, Serm. VIII :(iL'utilità du jeûn parait principa- lement, mes frères dans les jeûne que lYEglise nous prescrit, et qu'elle a assigné aux diverses saisons de l'année par l'inspi- ration du Saint-Esprit, afin que les fidèle se souviennent qu'ils doivent pratiquer l'abstinence en tout temps. Le jeûn du prin- temps s'observe pendant le carême celui d'ét h la Pentccôtc le jeûn de l'automne est dans le septièm mois, et enfin celui (1) Cf. Sermons de saint Lion-le-Grand, p. 68-69, 73. (%)Cf. Ibidem, p. 75-77. DU JEUNE. d'hiver s'observe dans le mois ou nous sommes, qui est le dixièm:celte distribution nous fait entendre qu'il faut observer les précepte divins dans toutes les saisons, et que Dieu nous instruit dans tous les temps de l'année afin que nous n'ignorions aucun de nos devoirs, et que nous sachions préciséme ce que nous devons dire et ce que nous devons faire.. . à L'abstinence est un moyen trks-propre ii dktruire les vices : l'efficacità de cette vertu tempèr la soif de l'avarice, arrèt les saillies de l'ambition, ralentit le feu de la luxure. Des effets si merveilleux doivent nous en faire sentir l'utilité mais il ne suffit pas de s'interdire l'usage des viandes; il faut encore ktouffcr tous les désir charnels.. . i)Nous jeûneron les jours de la quatrièm et de la sixibme férieet nous passerons le samedi en prière dans l'églis du bienheureux apôtr saint Pierre, qui obtiendra par son inter- cession que nos jcûncs nos prière et nos aumbnes soient agréableil Dieu, par la grdce de Notre-Seigncur J6sus-Christ qui vit et règn avec le P&rc et le Saint-Esprit dans les sièclc des siècle (1). à 26.Ibidem, de jcjumo Pentecostcs, serin. 1:à La fhte que nous célbbron aujourd'hui, mes frères et qui est consacrk par la descente du Saint-Esprit, est suivie, comme vous le savez, d'un jeûn solennel, instituh pourgu6rir les maux de l'iîm ct du corps, et que nous devons observer avec toute l'exactitude et toute la ferveur dont nous sommes capables. Depuis que les apdtres ont ét remplis de la vertu d'en haut, et que l'Esprit de vérit est descendu sur eux, nous ne pouvons plus douter que l'institution du jeûne aussi Lien que les autres points de la doctrine c6leste que nous professons, ait ét suggér par le Saint-Esprit, afin que les &mes sanctifibes par le jeûn soient plus en btat de rece- voir l'onction de ses grfices. Les disciples de J6sus-Christ Ctaient sous la protection du Tout-puissant ; la divinità du Pkre, du Fils et du Saint-Esprit soutenait les chefs de l'Eglise naissante. Ce n'étaien point les forces du corps, ni les secours naturels, qu'il leur fallait employer pour combattre leurs persécuteurs ou pour résisteaux efforts et aux mauvais desseins des méchant :la bonne chèr et les délice altèren la vertu des hommes, ce quiplaîaux sens corrompt le cÅ“ur l'Arne raisonnable devient plus épuré à mesure que le corps est domptà et mortifié (1) Cf.Serinons de saint Lion-le-Grand, p. 79-85. DU JEUNE. 389 à Les docteurs qui ont illustrà l'Eglise naissante par leurs exemples et par leurs traditions, ont fondà sur le jeûn les pre- miers éliment de la milice chrétienne afin que ceux qui se préparaienà combattre les puissances infernales prissent les armes de l'abslinence pour rbprirner l'impéluosit des vices.. . à Nous jeùneron la quatrièm ftrie, et de mêm la sixième et nous prierons le samedi dans l'églis du bienheureux apbtre saint Pierre, dont l'intercession nous obtiendra, comme nous en avons la ferme confiance, d'êtr délivrà de nos ennemis visibles et invisibles, par la grAce de Notre-Seigneur Jésus-Chris (1). à Ibidem, Serm. II :à Il ne faut pas douter, mes frères que toutes nos saintes pratiques soient d'institution divine, et que nous tenions de la tradition apostolique les coutumes établie dans 1'Eglise. C'est le Saint-Esprit qui agit encore sur le cÅ“u des fidèles pour les encourager A l'observation des divins com- mandements. Le Saint-Esprit , qui avait ét promis de Dieu, descendit sur les apôtre le jour de la Pentecôte qui est le cin- quantièm depuis la Phque, et les combla par sa présenc de lumi6res plus éclatante et de grAces plus abondantes; et nous devons êtr persuadé que le jeûn qui suit immédiatemen la f6te de la Pentecôt doit êtr comptà entre les autres dons du Saint-Esprit. Comme la concupiscence a ouvert la porte h tous les péché ainsi la continence est l'origine et la source de toutes les vertus (2). 1) Ibidem, Serm. VI :à Nous ne devons point douter, mes frères que les apôtre inspiré par le Saint-Esprit aient ét les pre- miers instituteurs du jeûn et qu'ils se soient préparà par l'abstinence h la pratique des autres vertus. Les fidèle qui se sanctifient par la mortification, et qui se servent du jeûn pour amortir le feu de la concupiscence, sont plus en éta d'accomplir, les précepte de la loi de Dieu. à à Voilb pourquoi je vous exhorte, mes frères si vous voulez effacer les taches de vos péchà par la mortification et par les Å“uvre de pi&, à jeûne la quatrieme fbrie ainsi que la sixième et h passer le samedi en prière dans i'6glise du bienheureux apdtre saint Pierre, afin que ses mérite et son intercession rendent nos vÅ“u et nos jeûne agrkables & Dieu, par la grilce de Notre-Seigneur Jésus-Chris (3). à (1) Cf.Serinons de saint Lion-le-Grand, p. 518-519, 521 (2) Cf. Ibidem, p. 522-525. (5) Cf. Ibidem, p. 626-529. 27. Le m&ne, De Q~dragesimd,Sem. 1 :à Nous sommes par- venus au saint temps de carême oà nous devons nous punir de notre lAchetà et de notre négligenc passh, pour en effacer le crime; mais c'est aussi en cette sainte saison que la malignit6 des démon est plus envenimée et qu'ils font de plus grands efforts afin que ceux qui doivent célbbre la PAque soient cou- pables et impurs en quelque chose, et que ce mystère qui devrait Gtre pour eux une source de bénédiction les replongent dans de nouveaux crimes, s'ils s'en approchent indignement. à Le saint temps de carêm approche, mes frères oà nous devons redoubler notre zèl et notre application au service de Dieu :comme nous entrons dans une cspkce de combat, il faut nous prépare à soutenir les tentations de nos ennemis ;car nous devons htre persuadé que, plus nous nous appliquerons ià l'affaire de notre salut, plus nos ennemis redoubleront leurs attaques avec violence. Mais celui qui habite en nous est plus fort que celui qui est contre nous; nous sommes fortifits par la force m&me de celui en qui nous avons mis notre confiance. Le Sauveur a permis au démo de le tenter, afin que nous soyons instruits par l'exemple de celui qui nous protég (1).à Ibidem, Sem. II :çUn homme n'a qu'une piét suspecte mêm dans les autres temps de l'année si sa piét n'est pas plus ardente dans celui du carême C'est fort ti proposqu'on nous a ripbtà cette maxime de l'.4p6tre : Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut (IICor.,VI, 2). En effet, peut-on trouver un temps plus favorable ti la vertu, et des jours plus salutaires, puisque c'est dans ces temps qu'on déclar une guerre ouvcric aux vices, et qu'on s'applique plus particulière ment it la verlu (2)?)) Ibidem, Sem. ZZI :à Tant que nous sommes revêtu d'une chair mortelle, notre ancien ennemi ne cesse de nous tendre des piége pour nous fare tomber dans le p6ché et sa fureur est plus ardente contre les membres de Jésus-Christ lorsqu'ils sont sur le point de célébr les plus augustes mystères Le Saint- Esprit a eu soin do nous enseigner cette virit6, afin que nous nous préparion par un jeûn de quarante jours it la fite de Phques. Voici le temps de nous purifier par cette sainte absli- nence, et dc nous imposer une p6nitcnce si utile; nous serons (1) Cf. Sermons de saint Lion-le-Grund, p. 231-232. (2) Cf. Ibidem, p. 258. DU JEUNE. 361 plus en éta d'honorer la PAque de Jésus-Chris et de la c6lébre dignement, si nous vivons saintement pendant le carême et si nous observons avec fidélit le jeûn qui nous est prescrit. - Dans ces jours de jeûne livrons-nous avec plus de zèl que jamais A la pratique des bonnes muvres, et quoique nous soyons obligé de les pratiquer en tout temps, cette sainte saison demande un redoublement de ferveur (1).à Ibidem, Sem. IV: Mes frères dans l'intention oà je suis de à vous parler du saint jeûn de. carême puis-je mieux commencer ce sermon que par les paroles de l'Ap6tre qui ktait l'interprèt de Jésus-Christet qu'en répéta ces paroles que nous venons de lire : Voici maintenant le temps le plus favorable, voici maintenant le jour du salut. Quoique le Seigneur nous comble de ses grAces en tout temps, et que sa divine miséricord vienne sans cesse h notre secours, il faut cependant que l'Arne s'applique avec plus de zèl A faire des progrhs dans la vertu, et qu'elle conçoiv de plus vives espérance dans ces temps oà l'accomplissement des mystère de notre rédemptio nous invite sp6cialement ti exercer de nombreux actes de piétà afin que nous puissions célkbre avec une grande puretà de cÅ“u et d'esprit le saint et incom- able mystèr de la passion de Notre-Seigneur. Nous devrions toujours adorer ces divins mystkres avec la mèm piétà avec le mèm amour, et rester toujours devant Dieu aussi purs que nous devons l'êtr pendant la fete de Piiques. Mais peu de personnes posskdent assez de ferveur pour cela; la fragilità de la chair nous empêch de persister dans la stricte observance des divins pré ceptes; et les embarras et les inquiétude de celte vie causent de si grandes distractions, que les Ames les plus vertueuses elles- mtmes ne peuvent se garder d'êtr souillée par la poussièr du monde. Aussi Dieu dans sa sagesse nous a donnà le carêm pour purifier nos &mes, pour racheter par de bonnes Å“uvre et le jeùn de la piét les fautes que nous avons pu commettre ilans le cours de l'année Puisque nous sommes sur le point d'entrcr dans ces saints jours oà les lois divines nous prescrivent de purifiernotre dme et notre corps, ayons soin d'obéi h ce prbcepte de i'Apbtre :Purifions-nous de tout ce qui souille le corps ou l'esprit.. . à Nous jeûneron ainsi les jours de la deuxi4ine, quatritme et sixitme férie et nous célébrero les vigiles dans l'@$se du bienheureux apbtre saint Pierre, qui ne cesse de veiller sur le (1) Cf.Sermons de saint Léon-&Grand p. 363 DU JEUNE. troupeau qui lui a 6t6 confib, et qui obtiendra notre salut par 1à grilce de Dieu tout-puissant (1). à Ibidem, Serm. V :à Pouvons-nous , mes frères trouver un temps plus favorable pour recourir aux remkdes divins, quai l'époqu de ces l&cs oh nous célébro les divins myst6res dl notre rédemption Préparons-nou par le jeûn du car6me bie~ nous acquitter de ce devoir. Non-seulement ceux qui doiveni reccvoir une vie nouvelle dans le Lapldino par le mérit de la mort et do la résurrectio de Jbsus-Christ, mais encore tous les fidèle d'avance régbn6r6 peuvent se servir utilement de ce divin remèd pour se sanctifier :les premiers, afin de se rendre dignes de la grhe qu'ils n'ont point encore rcçue les seconds, afin de conserver celle qu'ils ont rcçu autrefois. Car l'Apdtre a dit : Que celui donc. qui croit i2re ferme, prenne bien garde de tomber (1 Cor., X, 42). Personne n'est tcllenmt solide Jans sa vertu, qu'il puisse 6trc sù do sa pcrsbvérance Profitons (!JI:, mes frtres, des avantages que peut nous procurer un temps si salutaire, et employons tous nos efforts h purifier notre con- science (2). )) Ibidem, Serm. VI :à Si les chrétien sont obligé en tout temps d'&e rbguliers et vertueux, il est juste qu'ils redoublent de ferveur cn cc tcmps-ci, et qu'ils satisfassent A l'obligation de jeùne que les apdlres nous ont imposée non-seulement en se privant de nourriture, mais surtout en s'abstenant des vices (3).1) Ibidem, Serm. IX :à Nous n'ignorons pas, mes frères que la fite de P&ques est la plus grande de toutes les solennité du christia- nismc ;ct pour cWmr dignement cette Etc, l'anné entitre, dans les vues de I'Eglise, doit y servir de préparation Mais le temps oà nous sommes demande de nous & cet égar une dévo tion et une pihtà toute particulih, parce que nous approchons tous les jours de plus en plus de ce mystèr sublime de miséri corde. Les apdtres inspiré du Saint-Esprit ont ordonnà le jeûn du car&me, afin que* nous nous conformions par la mortification d la croix et aux souffrances de Jhsus-Christ, pour avoir part à ses récompensesselon celte maxime de l'ApAtre :Si novs souffrons avec lui, nous serons glorifids avec lui (Rani., VIII, 17).Nous devons (1) Cf. Sermons de saint Léot1-le-Grandp. 230-251, 258. (2)Cf. Ibidem, p. 262-263. (3) Cf. Ibidem, p. 268. noir une ferme espéranc d'obtenir la bhatitude qui nous est promise, si nous avons part ii la passion de Jkus-Christ (1). à Ibidem, Sm. X: K Si nous considéron attentivement les grAces que la croix du Sauveur a procurée h lYEglise universelle, nous n'aurons pas de peine Areconnaîtrque le jeûn du carêm a ét sagement instituà pour nous prépare ti la fèt de PAques, afin que nous puissions assister dignement A un si grand mystèr (2). à Ibidem, Serm. XI :à Le grand mystèr de la PAque approche : pour le célébr dignement, nous nous prdparons par un jeûn de quarante jours; tous les fidèle sans exception sont obligé celle abstinence, parce qu'il n'y a personne de si saint ou de si pieux, qu'il ne doive croîtr toujours en saintetà et en piét (5).à Ibidem, Sem. XII :à II faut nous disposer par les jeùnes selon la coutume, à la solennità pascale qui approche, et sancti- fier le corps et l'Arne par une abstinence de quarante jours. Puisque c'est la plus grande et la plus auguste de toutes les fèles il faut apporter tous nos soins pour nous en rendre dignes; et comme nous sommes ressuscites avec Jésus-Christ il faut aussi mourir avec lui.. . à L'abstinence conserve, nourrit, augmente les bonnes dispo- silions de l'Arne et du corps. De là concluez combien le jeùne dont l'institution remonte à Dicu merne, est utile dans l'intention de I'Eglise, qui en prescrit la pratique par ses sages reglements. Du moment oà l'appéti charnel est soumis aux lois de l'absti- nence, les tentations intéricure ne sont plus si violentes, et en mém temps que le corps se prive des viandes, l'Arne s'abstient des vices (4). à Question II. Que faut-il répondr à ceux qui décrien et méprisen la loi du jeùn ecclésiastique Il faut les avertir premièremen de ne pas attribuer injuste- ment aux catholiques ce que l'Apdtre réprouve et ce que lYEglise a toujours condamnà dans les juifs, dans les manichéen et dans les priscillianistes, et qui consiste à s'abstenir de certains ali- ments par superstition, ou pour obéi à la loi de Moïse Car pour (1) Cf.Semions de saint Léowle-Grandp. 287-288. (2) Cf. Ibidem, p. 294. (3)Cf. Ibidem, p. 302. (4) Cf. Ibidem, p. 342-313. 564 DU JEUNE. ' reproduire ici la rkponse que fit saint Augustin h Fauste b Manichéenà si les catholiques s'abstiennent de manger de la à viande, c'est pour réprime les révolte de la chair et punir à l'&me elle-mêm du consentement qu'elle a pu y donner, et à non parce qu'ils regarderaient pcut-etre la chair des animaux à comme quelque chose d'impur, Et ce n'est pas seulement de à la viande qu'ils s'abstiennent ainsi; mais ils usent de la mtme à r6servc par rapport h certaines productions de la terre, presque à tous au moins pendant le careme, et quelques-uns mêm dans 1) tous les temps de Vannée n Voilh ce qu'écrivai saint Au- gustin. Avant lui saint Epiphanc exprimait la mêm doctrine dans la réfutatio qu'il a donnke de l'hérés ,qui pré d'Aériu tendait abandonner & la libre volont6 de chacun les jeùne prescrits par l'Eglisc, et refusait l'i celle-ci le droit d'en faire une obligation aux fidèles Quant & cet usas oà est i'Eglise de marquer des époque par- ticulière pour les jcùne publics, aussi bien que pour ses prikres solennelles ct pour ses f6tcs, cet usage a pour but de cimenter, de mettre en relief et d'accroîtr l'union qui doit exister entre tous les membres de 1'EgIisc. Beaucoup de gens d'ailleurs ne songeraient gubre ii s'imposer h eux-mhes des jeûne parti- culiers, pour lesquels l'amour naturel que chacun a de ses aises et de son bien-dtre corporel ne manquerait pas de leur crée des répugnances Qu'il soit important pour le salut de notre ilme, et que ce soit pour nous une source certaine de mérites d'accepter avec respect et soumission les lois de l'Eglise sur cette matibre et de les observer avec exacliludc, c'est ce que saint J6rbme démontr si claire- ment dans ses livres contre Jovinien, que personne ne peut plus , aprè cela le révoque en doute. Ajoutons aux raisons donnks par saint Jbrdme ce que nous avons dit plus haut de l'obligation d'obscrver les prtceptes de lY!3glise, tant pour 6viter le scandale que pour ne pas nuire au maintien de la discipline; et non pas seulement par la crainte du chiitiment, mais encore, comme le ! dit saint Paul, par un devoir de conscience. Or, il est constant, comme le prouvent les témoignage una. nimes des 6crivains de tous les siècles que la discipline de I'Eglise, ses coutumes, ses traditions, ses lois ont de tout temps conspiréet cela dè l'époqu de son établissement procurer l'observation de ce jeûn ecclésiastique marquà pour cer- tains joui's, et particulikrement pour le car6me. Les Canons DO JEUNE. 368 iptoliqueset les conciles les plus anciens thmoignent de la vbritd que nous exposons ici. Le concile de Gangres en particulier frappe d'anathèm ceux qui méprisen les jeûne ordonné dans toute l'Eglise, et un concile de Tolèd impose l'obligation aux dvi'ques de priver de la communion ceux qui font gras en carêm ssins y êtr forcé par la maladie ou par quelque i~utre nécessit évidente Les Pèresde leur cGté ont appliquà leur zèl h recommander Ir jeûne surtout celui du carthe, qui leur parait d'institution iipslolique, et à le présente comme de stricte obligation pour les fidèles Ceux-lh donc sont animé d'un tout autre esprit que de celui des Pères qui se dispensent, eux et les autres, de la loi du jeûne et se font les patrons de la prétendu sdiabilitation (1) de 13 chair, plutô que de la libertà évangéliqu En s'opposant, commeils le font, à ce que la chair soit crucifié avec ses vices et ses convoitises, ils font bien voir qu'ils ne comprennent rien aux inspirations de l'esprit de Dieu : et que loin d'avoir cet esprit, ils l'éteignen au contraire et en eux-m6mes et dans les autres, suivant l'expression de l'Aphtre. Outre qu'ils rkistent ouvertement à l'Eglise leur mère ou pour mieux dire, i Jésus Christ lui-mêm qui leur parle et leur comn~ande par la bouche de I'Eglise son epouse, et qu'ils s'assurent leur damnation, en abolissant, autant qu'il est en eux, la sainte loi du jeùne cette loi si salutaire, et que i'Eglise de tout temps nous a si puissam- ment recommandé(II). (1) Je hasarde ici cette expression, devenue si fort ila mode dans les ecrits dei philosophes humanitaires, au lieu de traduire plus lilléralemen celle de l'auteur, carni's licenti~,que j'aurais pu rendre par ces mots : la licence des appétitcharnels. II. nihus abstinent, edoninndi corporis causk id faciunt ,propler animain ab irrationa- id verb his respondendvm est, qui libus motibus ainpiius humiliandan~, non egem ecclesiasfici jejvtiii coiivellimt qnbd carnes esse immundas creilant. aique contemitutit? Nec solù h carnibus, verhm h quibus- dam eliam tcrrae fruclibus abstinent, vel Primiim admonendi sunt isti, ne falsd semper, sicuti pauci, vcl certis dirbn:? talholicis affingant, quod Apostolus detcs- atquetcmporibus, sicnli per Quadragcsiinain hlur, cl Ecclesia sempcr danmavit in ju-fermb omnes. Sic Augustinus : atque ante ish , uianichaiis et prisc~illionistis, qubd illum idipsurn etianl docet Epiphanius, ubi ridelicet aut sccundùn legem mosaicarn , confutat A'rianam hairesirn ,qua? stata ant ex superstitione i~ cibis quibusdam Ecclesiae jcjunia cuique libcra esse vult, ibslinea'it. Catholici enim,sicut Augustinus alque ad ea neminem obligari. hnsto Manichzo respondet, qubd ?I car-Qudd autem in publicis jejuniis, sicut W JEUNE. 4. 1 Tiw, IV, 4-5 :à Or, l'Esprit dit expressémen que dans les temps venir quelques-uns abandonneront la foi, en suivant des esprits d'erreur et des doctrines diaboliques, -enseigntes par des imposteurs pleins d'hypocrisie, dont la conscience sera noircie de crimes ;-qui interdiront le mariage, et l'usage des viandes que Dicu a crék pour 6tre reçue avec action de grAces par les fidbles, et par ceux qui connaissent la vérità tout -Car cc que Dicu a crbb est bon, et on ne doit rien rejeter de ce qui peut se manger avec action de grdccs; parce que cela est sanc- tifiÃpar la parole de Dieu et par la prière à 2. Colossiens, II, 16-47, 20-23: Que personne donc ne à vous condamne pour le manger et pour le boire, ou au sujet des jours de fCtes, des nouvclles lunes, et des jours de sabbat, - puisque toutes ces choses n'ont étque l'ombre de celles qui devaient arriver, et que Jbsus-Christ en est le corps et la véritd -Si donc vous cles morts avec Jksus-Christ ces élémcn du monde, comment vous en faites-vous encore des lois, comme si vous viviez dans ce premier étadu monde? -Ne mangez pas, vous dit-on, d'une telle chose; ne goûte pas de ceci, ne touchez et in prccationibns, et fcriis, ratio tem- poris obscrvatur, id ordincm et concordiam publicam in Ecclcsia confirmat , illustrat ac promovct. Deindc privata jcjunia non ita mnlli quideni imponcrcnt sibi, utpote natnrali carnis amorc ventrisqne studio ad snscipirnda cil impediti. Jamquoil inagni niomenli, et ccrti nieriti sit, cjusmodi jejunia rcvcrcnter amplccti, seiluloquc observarc, tam apertii probat Hicronyn~us contra Joviniannm, lm de ri! an~plius nt il nullo possit dubilari. Quifans addenda sunt , quae suprh docuimns dii pra-ccplis Ecclesii-e observandis ,klqno ad scandaluni cvitandiim , et oh diariiilinan~ p~il~licamrctinendam, ncqnc modh liroptcr iram, sert etiam proptcr conscicnlia~n, ut Aposlolus dixit. nonos Apostolornm, ct sacroancta- synodi; Gangrcnsis quiilcm anall~c~nate eos ferit, qui communia loliiis Kcclesia! jejuniii con- tcmnnnt; Toletana vcrb comn~unionc eus privari jubct ,qui sine inevitabili neccssi- tatc, et evidcnti langnorc carnibus in Qui- dragcsima vescuntur. Et singularis Pi11rui11 est ardor in cm- incndando, nrgcndo et cvigcndo jcjunio, praeseriim Quailragcsinia-, quod quidam ni) aposlolis institutnm videri vohint. Ali hoc 1~alr1111i spirilu sunt alieni , qui jcju- niornin Icgcm sihi aliisquc relaxant, r4 caniis licenliao, non lilwrlali evangclicz pairocinantur. Ili cariicin cnni vitiis PI concnpisccnliis nolunt rrucifigi, ac proinh qu.x sunt spirilÃŽis no:i sipinnt : sftl sinritnm poliils fitiiignnnt ,adversus docm Irinnni apos10licit111. Dcinilc palh~ olisisl~~nt Constat auliini, sicut omnium ~lat~ln~ yxiptorcs comprobant , Ecclcsiae discipli- nani ,consnetudinem ,traditioncm ,sanc- tionem hanc et esse conslantcm, et indc ab initie fuisse, ut dicbus quibusdam , praesertim Quadragesima~, jejunium hoc ewleiti.islicuiii obslirviirulur. lia docent Ci- Ecclcsiao inalri , immà etii1111 Christo in Ecclesiil sponsA loquenti atqne pra-cipicnti, undc sibi certam damnationcm acquirunl, quando sanctumet salutiferum, et ab Ecdb sia nohis usqm rommcndalnm jejunioram iiisliluluni abrogant repudiantve. OU IEUNE. 367 *A cela. -Cependant ce ne sont lh que des choses qui se consument par l'usage qu'on en fait; et vous les interdire, c'est TOUSattacher ti des prescriptions et h des opinions humaines, - qui n'ont que l'apparence d'une certaine sagesse par une afïec Mion de piét et humilité et par les privations qu'elles imposent M corps, en refusant h la chair ce qui pourrait la contenter. à 3. DeuléronomeXIV, 3-21 :(c Ne mangez point de ce qui est impur. -Voici les animaux dont vous devez manger : le b~uf, II brebis, la chèvre -le cerf, la chèvr sauvage, le buffle, l'onagre, le chevreuil, l'oryx, la girafe. -Vous mangerez de tous les animaux qui ont la corne divisé en deux, et qui ru- minent. -Mais vous ne devez point manger de ceux qui ru- minent, et dont la corne n'est point fendue, comme du chameau, du lièvre du clierogrille. Ces animaux, seront impurs d vos yeux, parce qu'encore qu'ils ruminent, ils n'ont point la corne fendue. -Le pourceau aussi sera impur pour vous, parce que, bien qu'il ait la corne fendue, il ne rumine point. Vous ne mangerez point de la chair de ces animaux, cl vous n'y tou- cherez point lorsqu'ils seront morts. -Entre tous les animaux. qui vivent dans les eaux, vous mangerez de ceux qui ont des nageoires et des écailles -Vous ne mangerez point de ceux qui n'oni point de nageoires ni d'kcailles, parce qu'ils sont impurs. -Mangez de tous les oiseaux qui sont purs; -mais ne mangez point de ceux qui sont impurs, tels que l'aigle, le griflbn, l'aigle de mer, -lyixion, le vautour et le milan, dans toutes leurs espèces-les corbeaux, et tout ce qui est de la mèm espèce -l'autruche, la chouette, le larus, avec l'épervier et tout ce qui est de la mêm espèce -le héron le cygne, l'ibis, -le plongeon, le porphyrion , le hibou, -l'onocratalus , le chara- drius, chacun selon son espèc ;la huppe et la chauve-souris. - kout ce qui rampe sur la terre et a des ailes sera impur, et on n'en mangera point. -Mangez de tout ce qui est pur. -Ne mangez d'aucune bêt qui sera morte d'elle-même à 4. Gettèse 1, 29 :(t Dieu dit encore :VoilA que je vous ai donnà toutes les plantes répandue sur la surface de la terre et qui portent leur semence, et tous les arbres fruitiers qui ont leur germe en eux-mêmes chacun selon son espèce pour servir & votre nourriture. à S. Ibid., Il, 16-17 : à Et le Seigneur fit & l'homme un com- mandement, et lui dit :Tu peux manger de tous les fruits des outres arbres du paradis; mais lu ne ma~~yurarips du fruit de 368 DU ICONE. l'arbre de la science du bien et du mal; car au jour O& tu en mangeras, tu mourras irr4missiblement. 1) 6. Ibid., IX, 3-4 :à Vous pourrez prendre pour votre nourri- ture tout ce qui a mouvement et vie; je vous ai abandonnb toutes ces cl~oses, de mêm que les légume et les herbes de la campagne. -Seulement, vous ne mangerez la chair d'aucun animal mCl4e avec son sang. à 7. Lhitique, X, 8-11 :à Le Seigneur dit aussi A Aaron :- Vous ne boirez, vous et vos enfants, ni vin, ni rien de ce qui peut enivrer, quand vous entrerez dans le tabernacle du ti- moignage, de peur que vous ne soyez punis de mort; parce que c'est lh une ordonnance établi jamais pour toute votre posti- ritÃ:-afin que vous sachiez discerner ce qui est saint ou pro- fane, ce qui est pur ou impur, -et que vous appreniez aux enfants d'IsraEl toutes les lois et les ordonnances que je leur ai prescrites par le ministèr de Moïse à 8. Nombres, VI, 2-4 :à Parle aux enfants d'Israël et dis- leur :Lorsqu'un homme ou une femme aura fait vÅ“ de se sanctifier, et aura voulu se consacrer au Seigncur, -il s'ab- stiendra de vin, et de tout ce qui peut enivrer :il ne boira point de vinaigre, ni d'aucun autre breuvage, ni rien de ce qui se tire du raisin. Il ne mangera point de grappes fraîche ou sèches - Tant que durera le temps de sa consécratio au Seigneur, d'aprks le vÅ“ qu'il aura fait, il ne mangera rien de ce qui vient de la vigne, depuis la grappe jusqu'au moindre grain. à 9. Juges, XIII, 2-4, 13-14 :à Or, il y avait un homme de Saraa, de la tribu de Dan, nommà Manué dont la femme étai slbrile. -Et l'ange du Seigneur apparut a sa femme, et lui dit: Tu es stcrile et sans enfants; mais tu concevras, et tu enfanteras un fils. -Prends donc bien garde de boire du vin, ou de ce qui pcut enivrer, et de manger quoi que ce soit d'impur. - L'ange du Seigneur dit & Manu6 :Qu'elle s'absticnnc de tout ce que je lui ai marqub. -Qu'elle ne mange ricn de ce qui naî de la vigne; qu'elle ne boive ni vin, ni ricn de cc qui pcut enivrer; qu'elle ne mange ricn d'impur, et qu'elle accomplisse et garde avec soin ce que je lui ai ordonné à 40. JLUÉMIEXXXV, 1-10, 18-49 : à Voici la parole que le Seigneur adressa & Jbrcmic dans les jours de Joachim, fils de Josias, roi de Juda :-Rends-toi h la maison des Réchabites et parle-leur; tu les introduiras dans la maison du Seigneur, dans l'une des chambres du trésor et tu leur donneras du vin A boire. 870 w IBTWB. Daniel, d'Anasias, de Misa'] et d'Azarias :-Eprouvez, je vous prie, vos serviteurs pendant dix jours, et qu'on ne nous donne que des légume A manger et de l'eau i~boire; -et aprhs cela regardez nos visages, et les visages des jeunes gens qui se nourrissent des viandes de la table du roi ;et vous traiterez vos serviteurs selon ce que vous aurez jugà vous-même -Ayant entendu ces paroles, il les éprouv l'espace de dix jours. -Et aprè les dix jours, leur visage parut plus vermeil et do!$ de plus d'embonpoint que celui de tous les autres jeunes hommes qui mangeaient des viandes de la table du roi. -Malasar prenait donc pour lui les viandes et le vin qu'on leur donnait pour leur manger et pour leur boire, et d la place il leur apportait des légumes -Or, Dieu donna h ces jeunes hommes la science et la connaissance de tous les livres et de toute la sagesse; et il communiqua en particulier & Daniel l'intelligence de toutes les visions et de tous les songes. à 42. Id., X, 2-3 :à En ces jours-lh, moi, Daniel, je pleurais tous les jours l'espace de trois semaines. -Je ne mangeais pas de pain, et ni viande, ni vin n'entra dans ma bouche; et je ne rbpandis sur moi aucun parfum, jusquYA ce que les jours de ces trois semaines fussent accomplis. à 13. MATTHIEU,III, 4 :(4 Or, Jean avait un vêtemen de poil de chameau et une ceinture de cuir autour des reins; et sa nourriture n'étai que de sauterelles et de miel sauvage. à 44. MARC,1, 6 :à Et Jean &ait vktu de poil de chameau, et il ceignait ses reins d'une ceinture de cuir, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. à 18. Luc, 1, 13-45 :à Mais l'ange lui dit :Ne craignez point, Zacharie, car votre prièr a ét exaucée et Elisabeth, votre femme, vous enfantera un fils, et vous lui donnerez le nom de Jean. -Vous en serez dans la joie et dans le ravissement; et plusieurs se réjouiron de sa naissance. -Car il sera grand devant le Seigneur, il ne boira ni vin, ni rien de ce qui peut enivrer, et il sera rempli du Saint-Esprit dè le sein de sa .'^a&e. à 46.Actes, XV, 49-20, 28-29 :à C'est pourquoi je suis d'avis (dit Jacques) qu'il no faut point inquicter ceux d'entre les gentils qui se convertissent A Dieu, -mais leur &rire qu'ils s'abstiennent des choses immolée aux idoles, de la fornication, de la chair d'animaux étouffà Car il a semblà bon au Saint- et du sang. - Esprit et & nous, de ne point vous inyser d'autres charges que w VEXSVS. 371 celles-ci qui sont nhessaires, savoir, de vous abstenir de ce qui aura ét sacrifi6 aux idoles, ainsi que du sang et de la chair d'animaux étouffé et de la fornication enfin :abstenez-vous de ces choses, et vous ferez bien. Adieu. à 17. Romains, XIV, 19-21 : à Recherchons donc ce qui peut , entretenir la paix parmi nous, et portons-nous à tout ce qui peut nous édifie les uns et les autres. -Que le manger ne devienne pas pour vous une occasion de dbtruire l'ouvrage de Dieu. Ce n'est pas que toutes les viandes ne soient pures; mais un homme fait mal d'en manger lorsqu'il sait qu'en cela il scandalisera les autres. -Et il vaut mieux ne point manger de viande, et ne point boire de vin, plut& que de rien faire qui puisse choquer votre frère ou le scandaliser, ou l'affaiblir dans sa foi. 1) 48. 1Corinthiens, VIII, 9-13 : à Mais prenez garde que cette libertÃque vous prenez ne soit pour les faibles une occasion de chute. -Car si l'un d'entre eux vous voit, sow prétext que vous ltesplvs éclairque lui, vous mettre & table dans un lieu prostitub aux idoles, ne sera-t-il pas porté lui, dont la conscience est encore faible, ti manger aussi de ces viandes immoldes? -Ainsi, parce que vous ête plus kclairés vous perdrez votre fibre qui le sera moins que vous, mais pour qui cependant Jésus-Chrisest mort aussi bien que pour vous. Or, pkcher de la sorte contre vos frères en blessant leur conscience 6 cause de sa faiblesse, c'est péchecontre Jésus-Chris meme. -C'est pourquoi, si ce que je mange peut scandaliser mon frhre, je n'en mangerai jamais, plut& que de le scandaliser. à 19. I TimothéeV, 23 : à Ne continuez pas h ne boire que de l'eau, mais usez d'un peu de vin & cause de la faiblesse de votre estomac, et de vos maladies si fréquentes à 20. Romains, XIII, 1-8': à Que toute &me soit soumise aux puissances supérieures car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et toutes celles qui sont sur la terre sont dans l'ordre de sa providence. -Celui donc qui résist aux puissances, résisth l'ordre de Dieu; et ceux qui y résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes -Car les princes ne sont point h craindre lorsqu'on fait de bonnes actions, mais lorsqu'on en fait de mauvaises. -Voulez-vous donc n'avoir point à craindre les puissances; faites ce qui est bien, et vous en recevrez des louanges. -Car le prince est le ministre de Dieu pour votre bien; mais si vous faites ce qui est mal, vous avez raison de craindre, parce que ce n'est pas en vain qu'il porte le glaive : car il est le ministre de Dieu pour exécute ses vengeances, en punissant celui qui fait le mal. -II est donc nécessair de vous y soumettre, non-seulement par la crainte que vous auriez du chtitiment, mais aussi par un devoir de conscience. à 21. Galates, V, 24 :à Or, ceux qui sont h Jksus-Christ ont crucifià leur chair avec ses passions et ses désir dCr6glts. à 22. I Corinthiens, II, 44 :çOr, l'homme animal ne conçoi point les choses qui sont de l'esprit de Dieu; elles lui paraissent une folie, et il ne peut les comprendre, parce que c'est par une lumi&rc spirituelle qu'on doit en juger. à 23. I Tl~e~~do~ciens, V, 19 : à N'bteignez point la fcri'ew de l'esprit, à 24. Luc, X, 46 : Celui qui vous écout m'écoute celui qui à vous mcprisc me m6prise, et cclui qui nie méprise m6prise cclui qui m'a envoy6. à 28. MATTHIEU, Que s'il ne les écout pas, XVIii, 17-18 :à dites-le A llEglise;et s'il n'écout pas l'Eglise, qu'il soit pour vous ce que serait un païe et un publicain. -En vérit6 je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera li6 dans le ciel, et tout ce que vous ddierez sur la terre sera déli dans le ciel. à 26. I Corinthiens, XIV, 37 : à Si quelqu'un croit cire pro- phèt ou spirituel, qu'il reconnaisse que les choses que je vous écri sont des ordres du Seigneur. à 27. I Thessdoniciens, II, 13 :(( C'csi pourquoi aussi nous rendons ti Dieu de continuclles actions de griices, de ce qu'ayant reçla parole de Dieu que nous vous avons prCchCe, vous l'avez reçue non comme la parole des hommes, mais comme la parole de Dieu. ainsi qu'elle l'est en effet, déployan en vous sa vertu l'i cause de la foi que vous ilvei en elle. N 28. Actes, XV, 28 : à Cw il a semblà bon au Saint-Esprit et nous de ne point vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont nécessaires etc. à 29. JKR~MIE,XXXV (comme ci-dessus, tkmoignage 10)- 30. II Mncl~ibéesVI, 18-28 : Elhzar, l'un des premiers d'entre les docteurs de la loi, liommc avancà en Age et d'un visage vénérabl fut press6 de manger de la chair de porc, et on voulait l'y contriundre en lui ouvrant la bouche de vive force. -Mais lui, prhfkrant une mort glorieuse h une vie criminelle, alla de lui-inhc au supplice. -Considbrant ce qu'il lui faudrait soukir en cette rencontre, et s'armant d'une patience invincible, il rkolut de ne point SC laisser entrainer par l'amour de la vie (1 DU JEUNE. 373 aie rien contre la loi. -Ceux qui étaien présents touché d'une compassion déraisonnabl & cause de l'ancienne amitià qu'ils avaient pour lui, le prirent & part et le supplihrent de se laisser apporter des viandes de l'espèc de celles dont il pouvait manger, afin de pouvoir feindre qu'il avait man& des viandes du sacrifice, selon l'ordre du roi, -et de se sauver de la mort par ce moyen. Ils usaient envers lui de cette espèc d'humanité & cause de l'affection qu'ils lui gardaient. -Mais lui, considéran ce que demandaient de sa part un âg et une vieillesse si vénà rable, ces cheveux blancs qui attestaient la noblesse de sa vie entikre, cette vie enfin qu'il avait conservé innocente et sans tache depuis son enfance ;il répondi aussitbt, conformémcn ilux prescriptions de la loi sainte établi de Dieu, qu'il prbférai descendre dans le tombeau. -Car il n'est pas digne de l'&ge ou je suis, ajouta-t-il , d'user de cette fiction, qui serait cause que plas d'un jeune homme, s'imaginant qu'Eléazar à l'bge de quatre-vingt-dix ans, aurait passà de la vie des juifs h celle des païens-seraient eux-même trompé par cette dissimulation qui, en me conservant un faible reste de cette vie corruptible, me couvrirait d'une tache honteuse, et attirerait sur nia vieillesse l'exécratio des hommes. -Héquand j'échapperai mainte- nant aux supplices qu'infligent les hommes, je n'en pourrais pas plus me soustraire à la main du Tout-Puissant, soit pendant ma vie, soit aprhs ma mort. -En mourant donc avec courage, je me montrerai digne de ma vieillesse, -et je laisserai aux jeunes gens un exemple de fermetb, par la constance et la joie avec laquelle j'aurai souffert une mort glorieuse pour le maintien nécessair de nos lois saintes. à 31. Ici., VU, 1-4 :à Or, il arriva que l'on prit aussi sept frcres avec leur mère et que le roi voulut les contraindre h manger, contre la défens de la loi, de la chair de porc, en les faisant déchire 5 coups de fouets et de lanières -Mais l'un d'eux, qui étai l'aînk lui dit : Que demandes-'.il et que vcux-tu apprendre de nous? Nous sommes pr6ts A mourir, plutbt que de violer les lois de Dieu que nous avons reçue de nos pères - C'est pourquoi le roi irrità ordonna qu'on fit rougir sur le feu des poèlc et des chaudière d'aiwin; et lorsqu'ellcs furent toutes brûlantes-il ordonna qu'on arracMt la langue h celui qui avait parlà le premier, qu'on lui enlcvdt la peau de la tête et qu'on lui coupkt les extrémit6 des mains et des pieds sous les yeux de ses frbres et de sa mère etc. à --., 374 DU JEUNE. 32. Romains, XIII (comme ci-dessus, tdmolgnage 20). 33. Ldvilique, XXIII, 27-30 : à Le dixihe jour de se septi6me mois sera le jour des expiations ;il sera très-solennel et on l'appellera saint. Vous affligerez vos &mes en ce jour-lA, et vous offrirez un holocauste au Seigneur. -Vous ne ferez aucuno euvre servile dans toute la duré de ce jour, parce que c'est un jour de propitiation, afin que le Seigneur votre Dieu vous soit en effet propice. -Tout homme qui ne se sera point affligb en CO jour-lh, sera extermin6 du milieu de son peuple. -Je retran- cherai encore du milieu du peuple celui qui, en ce jour-lh, aura fait quelque ouvrage que cc soit. à 34. IRois, XIV, 24-27, 37-45 : Alors les Israélite se réu à nirent, et Saü fit avec serment la protestation suivante devant tout le peuple :Maudit soit celui qui mangera avant le soir, jusqu'h ce que je me sois vengà de mes ennemis. Et lout le peuple en cons6qucnce s'abstint de manger. -En mêm temps ils vinrent dans un bois oà la terre étai couverte de miel. -Le peuple y étan entrb vit ce miel qui coulait sous ses yeux, et personne n'osa en prendre pour le porter i sa bouche, parce qu'ils craignaient tous l'effet du serment qu'avait fait le roi. - Or, Jonathas n'avait pas entendu cette protestation appuyé de serment que son pèr avait faite devant le peuple :c'est pourquoi, &endant la baguette qu'il avait h la main, il en trempa le bout dans un rayon de miel, et en ayant ensuite portà ii sa bouche avec sa main, il sentit ses yeux reprendre une nouvelle vigueur, etc. -Saüconsulta le Seigneur en ces termes :Pour- suivrai-je les Philistins, et les livrerez-vous entre les mains d'Isracl? Et pour celte fois le Seigneur ne lui répondi rien. - Et Saü dit :Qu'on rassemble ici tous les principaux du peuple; qu'on cherche, partout, ct que l'on connaisse celui dont le péch retombe aujourd'hui sur nous. -Je jure par le Seigneur, qui est le sauveur d'Isra61, que le coupable, fût-i mon fils Jonathas, sera irrémissiblemen puni de mort. Et nul d'cntre le peuple n'osa le contredire. -Saüdit donc a tout Isracl :Mettez-vous tous d'un cdtéet mon fils Jonatlias et moi nous nous tiendrons de l'autre. Le peuple répondi & Saü:Faites tout ce qui sera bon A vos yeux. -Et Saü dit au Seigneur, Dicu d'Israë :Seigneur, Dieu d'Israi4, faites-nous connaîtr d'oà vient que vous n'avez point répond aujourd'hui it votre serviteur. Montrez si cette ini- quità est en moi, ou en mon fils Jonathas, ou si elle est plulôen votre peuple, cl que nous redevenions purs 6 vos yeux. Et le sort DU JEUNE. 373 tomba sur Jonathas et sur Saület le peuple se trouva dèlors hors de péril -Saü dit ensuite :Jetez le sort entre moi et mon (ils Jonathas. Et le sort tomba sur Jonathas. -Saü dit donc it Jonathas :Découvre-moce que tu as fait. Jonathas avoua tout, ct dit :J'ai pris un peu de miel au bout de la baguette que j'avais A la main, et j'en ai portà à ma bouche, et pour cela voilk que je meurs. -Saü lui dit :Que Dieu m'envoie mille et mille maux, si tu ne meurs, Jonathas. -Et le peuple dit à Saü: Quoi donc! Jonathas mourra-t-il, lui qui vient de sauver Israë avec tant de gloire? Ce serait 15 commettre un crime, etc. à 53. 111 Rois, XIII, 19-24 : à Et le prophèt qui demeurait A Déthc dit à l'homme de Dieu :Viens avec moi en ma maison pour manger du pain. -L'homme de Dieu lui répondi :Je ne pis revenir sur mes pas ni aller avec toi, et je ne mangerai point de pain ni ne boirai d'eau en ce lieu-ci ;-car c'est le Seigneur qui, en me parlant comme il a coutume de parler, m'a dit : Tu ne mangeras point de pain et tu ne boiras point d'eau CD ce lieu-Id, et tu ne retourneras point par le chemin par lequel tu es allé -Cct homme lui répondi :Je suis moi-mêm pro- phite comme toi, et un ange est venu me dire de la part du Seigneur :Ramène-l avec toi en ta maison, afin qu'il mange du pain et qu'il boive de l'eau. Il le trompa ainsi, -et le ramena avec lui. L'homme de Dieu mangea donc du pain dans sa maison, et but de mhe de l'eau. -Et lorsqu'ils étaien tl table, le Seigneur fit entendre sa parole au prophèt qui l'avait ramené Et ce prophèt cria il l'homme de Dicu qui étai venu de Juda, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur :Parce que tu n'as pas obti la parole du Seigneur, et que tu n'as point gard6 le commandement du Seigneur ton Dieu, -et que tu es re- tournéet que tu as mange du pain et bu de l'eau dans le lieu ou il t'avait fait défens de manger du pain et de boire de l'eau, Ion corps, frappà de mort, ne sera point portà au sépulcr de tes pères-Aprè donc que l'homme de Dieu eut bu ct mange, le vieux prophèt sella son hnc pour lc prophèt qu'il avait ramenb. -Et comme l'homme de Dicu étai cn chemin pour s'en rc- tourner, un lion vint sa rencontre et le tua, et son cadavre demeura étend sur le chemin. L'ine se tint auprè de lui, et le lion resta auprè du cadavre. à 376 DU JEUNE. T~~MOIGNAGESDES P~RES. 4. Les canons dits des apdtres, canon 80 :à Si un &$que, un prktre ou un diacre, ou tout autreministre, s'abstient du mariage, de la cliair des animaux ou de l'usage du vin non par mortifica- tion, mais par horreur pour la chose même en oubliant que tout ce que Dieu a fait est bon, et que c'est lui qui a 6tabli dans le genre humain la différenc des sexes, en calomniant en cons& qucncc par un affreux blasphhe l'ouvrage du Créateur qu'il rétract sa conduite passée ou qu'il soit dépos et expulsà de l'église Qu'il en soit de m&me du laïqu qu'on trouvera dans le m&me cas. à 2. Ibidem, canon 82 : Si un bvêquc un prktrc ou un diacre, à s'abslicnt un jour de f&tc de manger de la viande par horreur pour cet usage, et non simplement par mortification, qu'il soit dbposà comme ayant une conscience souillée et comme étan pour le grand nombre un sujet de scandale. à 3. Lc concile dc Gangrcs, calion 2 : à Si quelqu'un condamne comme un homme dont lc salut serait désespé celui qui mange de la viande avec foi et piétà tout en s'a1)stcnant du sang et des viandes ~touff6es ou immolées qu'il soit anatli&mc. )) 4. Lc concile 1 de Tolkde, in asscrtione fidei :à Si quelqu'un ose dire ou est dans cette croyance, qu'on doit avoir cn exdcration la chair des oiseaux ou des bestiaux, qui a ét donné en nour- riturc h l'liommc, et s'en abstenir par ce motif, et non pas sim- plement par motif de phitenec, qu'il soit anatlihme. Si quelqu'un s'associe A l'crrcur de Priscillien, ou prend & tAche d'agir dans l'administration du saint baptêm autrement que ne le fait le sike de saint Pierre, qu'il soit anathème à 8. Le concile 1 de llraguc, canon 14 : à Si quelqu'un, par- tagcant la doctrine de Manichbc et de Priscillien, regarde comme impures les viandes que Dieu a créé pour notre nourriture, et qu'ainsi il n'ose goûte des légume mhnie cuits avec de la viande, qu'il soit anatl16mc. à 6. Ibidem, canon 32 (al. 31) : (( Les clercs qui ne ~iangcut point de viande mangeront au moins des herbes cuites avec de la viande, pour hiter tout soupcon d'ktrc priscillianisles. S'ils refusent de le faire, qu'on les tienne pour excommuniés comme suspects de cette hbrésie et qu'on les dépos sur-le-champ, con- formbmcnt A ce que les saints Pkres ont ordonnk anciennement sur ces sortes de personnes. à W JEUNE. 377 7. S. AUGUSTIN,Lib. XXX contra Faustum manichÅ“urn c. 5 (1) :a Apprenez donc ce que vous avouez ne pas voir, quelle est notre pensé lorsque nous vous intentons ce reproche. Ce n'est pas que nous trouvions mauvais que vous vous absteniez de la chair des animaux, puisque cela a ét pratiquà par l'ancien peuple, au moins par rapport :l certaines viandes, comme vous ne vous faites pas faute de me le rappeler; mais si les justes de l'ancienne loi en usaient ainsi, ce n'est pas qu'ils condamnassent l'usage des viandes, mais c'étai en vue de quelque signification 1 mystérieusecommc je l'ai déjsuffisamment expliquà dans les précédent parties de cet ouvrage. Et si les chrbtiens aussi, j'entends les catholiques et non les 116rétiques s'abstiennent de manger de la viande, c'est pour r6primer les révolte de la cliair et punir l'Arne elle-mêm du consentement qu'elle a pu y donner, et non parce qu'ils regarderaient peut-&re la chair des animaux comme quelque cliose d'impur. Et ce n'est pas seulement de la viande qu'ils s'abstiennent ainsi; mais ils usent de la mêm réserv par rapport it certaines productions de la terre, presque tous au moins pendant le carilme, et quelques-uns mêm dans tous les temps de l'annéc plus ou moins, selon ce que chacun peut ou veut en cela. Vous, au contraire, vous niez de l'ouvrage mêm de Dicu qu'il soit bon, ct vous le déclare impur, sous prétext que c'est le dtmon qui forme la chair avec les parties les plus grossieres de la matière ouvrage, selon vous, du prin- cipe mauvais; ct partant dc ce faux principe, vous avez la chair en horreur et vous la rcjctcz comme quelque chosc d'immonde, comme un lien cruel qui retient votre Dieu enchaîn6 .. )i L'Apbtre, aprè avoir dit qu'il y aurait des hommes qui interdiraient l'wap des viandes, que Dieu a créépour dtre reçue avec action de grdces par les fidèle et par ceux qui ont repb la connaissance de la vdritéajoute : Car tout ce que Dieu a cré est OH, et on ne doit rien rejeter de ce qui se mangr avec action de grûces parce que cela est sanctifid par la parole de Dieu et par la prièr (1Th.,IV, 3-3). Voila les vcrité que vous niez; voillt dans quelle penske vous vous abstenez d'aliments de cette espèc : vous les regardez comme mauvais et impurs par leur nature mbme, et non pas simplement par la signification qu'on peut leur donner. En cela, vous blasphéme sans aucun doute celui (1) Cf. S. Augustin! opera, t. VIII, col. W,kdit. des Bénédictin col. 688-686, kdit. de Gaume. 378 DU JEUNE. qui les a crébet c'est bien lh suivre, comme le dit l'Apôtre des , doctrines diaboliques. Ne soyez donc point étonnà que l'Esprit- Saint ait prophétis cela de vous si longtemps avant que vous parussiez dans le monde. à 8. Le meme, Lib. de nzoriblis manicli~oritin,c. 13 :à A moins peut-etre que vous ne consid6riez conme sceau de la bouche, et en mbmc temps comme chose digne d'admiration et de louange, la loi que vous vous Ctes faite de ne pas manger de viande et de ne pas boire de vin. Mais je vous demanderai quelle est la fin que vous vous proposez dans 'cette pratique. Car si la fin ii laquelle nous rapportons ce que nous faisons, ou en vue de laquelle nous le faisons, est non-seulement innocente, mais encore digne d'doge, l'action mCmc que nous ferons le sera également si au contraire la chose que nous avons en vue dans ce que nous entreprenons mbrite le blime, nous aurons sans aucun doute le mCme jugement h porter de 17entreprisc elle-même L'histoire rapporte de Catilina qu'il endurait avec courage le froid, la soif et la faim. Ainsi donc cet homme impur et sacrilég avait cela de commun avec nos apbtrcs. Par oÃdonc le distinguer de ces derniers, sinon par la fin si diffbrente de la leur qu'il se pro- posait? Car s'il consentait à endurer ces tourments, c'&ait pour pouvoir assouvir ses passions immodéré et monstrueuses, tandis que les ap6tres ne se proposaient au contraire que de les réprimer et de les assujettir à l'empire de la raison. Vous aussi, lorsque quelqu'un vante devant vous lc grand nombre de vierges que l'Eglise catliolique renferme dans son sein, vous avez coutume de réplique :Quoi d76tonnant? une mule n'est-elle pas vierge? Langage t6mbraire sans doute, et qui prouve bien i'igno- rancc oà vous Ctcs de la discipline de notre Eglise; mais qui prouve en meme temps que, de votre aveu, la pratique de la continence que vous garderiez vous-memes est chose tout-à-fai vainc, si voua ne vous proposez pas en la gardant une fin louable. Les catholiques ii leur tour pourraient h bon droit comparer ! l'abstinence que vous pratiquez par rapport A la viande et au 'vin, & celle qu'observent dans le m6me genre quantità de qua- pas m'attirer le reproche d'imiter la téméri drupède et d'oiseaux, de vermisseaux enfin. Mais je ne veux de votre langage. Examinons plutdt, et avant tout, quelle fin vous vous proposez in cela. Car je pense que vous convenez maintenant, que c'est ii ce point de vue qu'on doit envisager ces usages. Si donc vous pratiquez cette abstinence par motif d'6conoinie, ou pour réprime OU JEUNE. 379 b mouvements de la concupiscence qu'ont coutume d'exciter ces sortes d'aliments et de boissons, je ne pourrai alors que vous dkrner des hloges. Mais la fin que vous vous proposez est , bien différenteà 9. Ibidem, c. 14 :à On doit voir maintenant quelle fin peut justifier l'abstinence de la viande et du vin. Cette fin doit être ou de réprime le plaisir qu'on ressent particulièremen ii manger de ces sortes d'aliments, et qui peut aller jusqu'A l'ivresse lors- qu'il s'agit de boissons telles que le vin; ou en second lieu, de s'épargne des scrupules de conscience, à cause des viandes qui peuvent avoir ét immolée à des idoles, ou du vin qui peut leur avoir ét offert en libation; ou en troisièm lieu, par motif de charité motif le plus louable des trois, à savoir pour ménage les scrupules des faibles qui s'abstiennent de ces aliments ou de ces boissons. Vous, aucontraire, vous répute ces choses impures, malgrà ce qu'a dit l'Apdtre, que toutes choses sont pures pour cwx qui sont purs (Rom; XIV, 20), mais qu'un homme fait mal de manger de quoi que ce soit, lorsqu'en le faisant il scanda- lise les autres. Aussi suis-je bien persuadà que vous vous rcndcz coupables en usant de ces même aliments, par cela mêm que vous les croyez impurs. Car voici ce que le mêm apôtr dit encore :Je sais et je suis persuadé selon la doctrine du Seigneur Jésus que rien riest commun de soi-même et n'est tel que pour ui qui le croit tel (ibib., v. 20). Car qui peut douter que cc mot commun, xowov, est mis pour signifier quelque chose d'impur et de souillà ? à 40. Le même in Libro contra Adimantum Manichai discipu- te, c. 14 :à Si 1'Apbtre a recommandà quelquefois de ne pas manger de viande ni de boire de vin, ce n'est pas qu'il ait tenu ces choses pour impures, comme ceux-ci voudraient se le per- suader, et réussissen à le faire croire h quelques gens simples qu'ils entraînen avec eux dans la mêm erreur; mais comme il a pris la peine d'expliquer lui-mêm sa pensée ce n'est pas ft nous qu'il convient de i'interprkter ou de l'expliquer. Nous n'avons besoin que de rapporter ici tout ce passage de l'épît de i'Apdtre, pour rendre évident la raison qui l'a portà à tenir ce langage, et tout A la fois la perfidie de ces hommes qui prennent à dessein quelques passagesdétachà des saintes Ecritures pour tromper les simples, en leur laissant ignorer cl ce qui précè ces passages et ce qui vient à leur suite dans le texte sacré et qui peut servir à déterminela pensé de l'écrivain Voici donc 380 DU JEUNE. ce qu'dcrivait l'Ap8tre :Recevez avec charitd celui qui est won faible dans la foi, sans vous amuser d contester, etc. Qu'est-il besoin d'expliquer ces paroles pour faire comprendre quelle a 616 la pensé de 17Apbtre qumd il écrivai ces lignes, et quelle est la malice de ceux qui prennent perfidement quelques paroles éparse dans les Ecritures, afin de s'en servir pour circonvenir les simples? Car cc que dit l'Apbtrc, c'est que tout est pur lors- qi~'on le croit tel, et que tout peut devenir impur pour celui qui croit impure telle et telle chose, et qu'il faut s'abstenir d'en manger lorsqu'on ne pourrait le faire sans scandale, c'est-&dire lorsqu'on se trouve en présenc de gens assez simples pour se croire obligé de s'abstenir de toutes sortes de viandes, dans la crainte de tomber sur des viandes immolée aux idoles, et pour s'imaginer que celui qui en mange le fait en l'honneur des idoles, pour en 4tre par cons6quent tout scandalis6sY bien que la viande mcmc iminolte :un idoles ne souille nullement celui qui en mange de bonne foi sans savoir qu'elle a 6tà effectivement in)- molbe. VoilA pourquoi I'Apbtre défen ailleurs de faire aucune question lorsqu'on est pour acheter de la viande, ou lorsquY&mt invità par quelque infidele on voit servies sur sa table de ces viandes que nos adversaires appellent impures, non parce qu'elles ont pu btrc immolée aux idoles, mais parce que c'est de la chair de quelque animal, malgrà ce que dit lYAp6tre que toutes choses sont pures, que toute créatur de Dieu est bonne, que tout est sanctifià par la parole et par la prière et qu'on ne doit pas moins s'en abstenir, si cela doit scandaliser quelque esprit faible. L'Apôtce dans un autre endroit de ses épîirc a désign très-clairemen ces esprits téméraire lorsqu'il a dit qu'il y aurait dans les derniers temps des hommes qui interdiraient le mariage, et l'usage des viandes que Dieu a créé(1 Tim., IV, 1-3). Car il désign par-là non ceux qui s'abstiennent de manger de la viande pour dompter leur con- cupiscence ou pour ménage la faiblesse de leurs frères mais ceux qui regardent comme impure la viande elle-meme, et qui 'nient que Dieu en soit le crbateur. )I 44. THÉODORE c. de absti-' , Epitome divinorum decretorum, nentii :à L'Eglisc n'entend pas de la mbme manihre que les hérétiqu l'abstinence du vin, de la viande et d'autres choses de cette nature. Car les hhrétique prétenden qu'on doit s'en abstenir comme de clioses abominables. L'Eglise au contraire n'enseigne rien dc semblable ; car elle ne défen point en DU JOTNE. 581 (Beral l'usage de ces choses, et c'est pour cela qu'elle n9inquitic p ceux qui s'accordent la jouissance de ces biens et de ces plaisirs permis, pas plus que ceux qui se la refusent; et ceux mimes qui se refusent cette jouissance, si leur conscience est bite et éclairé condamnent point ceux qui se la pcr- ne neltent. Car chacun est le maîtr ou de s'abstenir, ou de jouir du psir qu'il peut trouver Ãuser de ces aliments. D'ailleurs la vie nonastique n'est imposé A personne, et ceux qui l'embrassent m font en cela qu'user de leur liberté C'est ce que nous aseignent les apôtre eux-memes dans leurs écrits Que celui qui Muge de tout, dit saint Paul (Rom., XIV, 5), ne mépris pas ahi quine mange pas de tout; et que celui qui ne mange pas de tint, ne condamne pas celui qui mange de tout. Le mhme apdtre fit encore :Toutes les viandes sont pures; mais m homme fait mai knmanger, lorsq$en lefaisant il scandalise les autres (ibid., v. 20). C'est ce qui lui a fait écrire en prenant à partie les impies eux- mimes, les paroles suivantes dans ses épîtr Timothé: & hsprit dit expressémen que, dans les temps à venir, quelqnes-wis hdonneront la foi, etc. (7 Tim., IV, 4). Et dans celles aux Corinthiens, il va jusqu'à prescrire aux fidhles de cette Eglise naissante de manger indistinctement de tout ce qui se vendrait h la boucherie, sans s'enquéri d'oà cela venait par un scrupule de conscience (1Cor., X, 25 et suiv.) ; et ceux que les infi- dèleinviteraient mander chez eux, de manger sans scrupule de tout ce qu'on leur servirait, moins que quelqu'un ne les avertî que ces viandes avaient ét immol6es aux idoles. Tant cet homme divin étai éloign d'interdire l'usage de la viande. Enfin Sotre-Seigneur lui-m4me a dit son propre sujet :Le Fils de ihonme est venu mangeant et buvant, et ils disent :Voild un ne qui aime à faire bonne chèr et à boire dzb vin; il est ami kspublicams et des gens de mauvaise vie (MATTH., XI, 49). Et quand il céléb il mangea de l'agneau ses la PAque, avec disciples; invità à des noces, non-seulement il ne défendi pas 'Susage du vin, mais encore il fit un miracle pour en procurer aux conviés L'erreur des encratites ou des abstenants est donc clairement condamné par les enseignements divins. L'Eglise de Dieu au contraire ne fait que se conformer ces enseignements en répudianles fables des hérétique à 12. S. BERNARD,Serm. LXVI in Canlica :çIl me reste A rbfuter ces hommes par la doctrine de l'Ap6tre. Ils s'abstiennent, comme il l'avait annoncà prophétiquement des viandes que Dieu 889 DO JRCNR. a cr6ée pour btre reçueavec action de grAces; et ainsi Vi ft montrent hérétique non en ce qu'ils s'en abstiennent, mais en ce qu'ils le font dans des dispositions hérétique Car moi aussi jc.m'abstiens assez souvent; mais mon abstinence a pour but d'offrir une satisfaction pour mes péché et non de mettre en pratique une doctrine impie autant que superstitieuse. Est-ce que nous faisons à saint Paul un reproche de ce qu'il chhtiait son corps et le réduisai en servitude? Je m'abstiens de boire du vin, parce que c'est une occasion de luxure; ou, si je me trouve faible de santé j'en prends modkrément suivant le conseil qu'en a donnà saint Paul. Je m'abstiens de manger de la viande, de crainte qu'en nourrissant ma chair, elle ne nourrisse aussi mes vices. J'userai d'une certaine mesure dans le pain mêm que je prendrai, de peur qu'ayant l'estomac trop chargé je ne devienne paresseux pour la prière ou que je ne m'attire de la part du Prophèt le reproche de manger mon pain jusqu'h me rassasier (EZECH.,XVI, 49). Je ne prendrai pas meme l'habitude de boire rien que de l'eau avec exces, de peur que mon ventre distendu ne s'en trouve disposà aux appétit grossiers. L'hérétiq agit autrement. Il a horreur du lait et de tout ce qui en provient, en un mot de tout ce qui tient ii la génératio ce serait bien et tout-&-fait conforme aux principes du christ,ianisme, s'il le fai- sait, non parce que ce sont des choses qui en proviennent, mais parce que ce sont des choses qui y excitent. Mais que prbtend-il, en témoignan cet éloignemen pour tout cc qui provient de la génératio Une observance si marqué par rapport aux aliments me fait naîtr des soupçons Toutefois, si vous avez pour la justi- fier l'ordonnance de quelque médecin nous ne bl5mons point ce soin que vous prenez de votre corps : car qui jamais a voulu le mal de son propre corps (Epl~,V, 29)?Seulement, qu'un tel soin ne soit pas poussà i~ l'excès Ou bien encore, si c'est poursuivre les instructions des médecin des fimes qui recommandent l'abstinence, nous n'avons que des éloge A donner à cet effort de vertu qui vous porte A dompter votre chair et (1 réprimevos passions. Mais si, partisan de l'erreur insensé de Manès vous prétende limiter les bienfaits de Dieu, le payer d'ingratilude, et vous érigean en censeur de ses ouvrages, déclare impur, parune tbmérit inouïe ce qu'il a cré et nous a donnà pour êtr reç de nous avec action de grhces , en un mot, si vous vous abstenez de cette sorte d'aliments comme d'un mal, bien loin d'applaudir A votre abstinence, je n'aurai que des malédiction & -.. kmer il votre perversith et vos blasphhmes, et je vous *lierai impur vous-mbme, vous qui pensez qu'il y a quelque chose d'impur dans le monde. à 15. S. ISIDOREde Séville Lib. I de officiis ecclesiasticis : I L'usage du vin et de la chair des animaux a ét accordà A notre @ce la suite du déluge Car il n'avait pas ét permis dè le tommencement, et les premiers hommes, selon qu'il est écrit ç'avaien pour nourriture que les fruits des arbres et les herbes (pli portent leur graine sur la terre (Gen., 1, 29). Mais plus tard, $&reçupour lui et ses descendants ta permission de manger de la chair de toute espèc d'animaux, comme aussi celle de boire lu vin. Lorsqu'ensuite Jésus-Chris a paru dans le monde, comme 1est le principe et la fin, il nous a retirà A la fin des temps ce p'il avait de mêm interdit au commencement des choses, en disant par l'organe de son apbtre :II est bon de ne pas manger de wnie et de ne pas boire de vin (Rom., XIV,2). Et encore : Que uiui qui est faible mange des Ugumes (Ibid.,21). Ce n'est donc pas parce qu'elle serait mauvaise en elle-mêm que la chair des animaux est défendue mais parce qu'elle favorise l'impuretà charnelle; car elle est le foyer comme l'aliment de tous les vices. Lis viandes sont pour le ventre, et le ventre est pour les viandes, et m jour Dieu ddtruira l'un et l'autre (1 Cor., VI, 13). Quant aux poissons, nous pouvons en manger, puisque Notre-Seigneur en a a 1 aprhs sa résurrectio (JoAN., XXI, 40). Et ni le Sauveur ni les apôtre n'en ont jamais interdit l'usage. 1) 44.Le concile VI de Constantinople (1), canon 86 :à Nous avons appris qu'en Arméni et ailleurs, quelques-uns se per- mettent l'usage des Å“uf et du fromage les samedis et les dimanches du carême Nous avons statuà en cons&quence, que toute i'Eglise de Dieu répandu dans l'univers doit suivre la mèm règl dans l'observation de la loi du jeûne en s'abstenant des Å“uf et du fromage aussi bien que de la viande, parce que ces choses proviennent d'une autre dont il est ordonnà de $abstenir. Si l'on n'observe pas cette ordonnance, on devra êtr do! si l'on est clerc, ou excommunià si l'on est laïque à 0.S. GR~GOIRE-LE-GRAND, ad Augnstinum Anglorum Epist. ffacopum, comme la question précbdente témoignag 44, page 327. (1) C'est une erreur :il ne s'agit ici que du concile in Trullo, dit Quini-Scxti, dontles actes n'ont jamais étapprouvépar l'Eglise romaine. Voir notre Dictionnaire universel des conciles, 1. Pr, col. 7W-786. 584 DU JEDNB. 46. S.ATHANASE, Il supportait a* In Vitd divi Antonii :à une force de patience incroyable le tourment de la faim et i'aus& rit6 des veilles. Il passait le plus souvent la nuit en prières ne niangcait qu'une fois le jour aprhs le coucher du soleil; quclque- fois mhc il passait deux ou trois jours sans manger, et ne rompait le jciine qu'au quatribme. Sa réfectio consistait en du pain, du sel cl quclque peu d'cau. Quant au vin et A la viande, il vaut mieux ne pas en parler, puisque ce sont lh des choses qu'il cst commun cliez les moines de s'interdire totalement.. . à Comme Antoine vivait ainsi retirà dans des désert et sur des n~ontagncs inaccessibles, les moines l'ayant surpris tout occupb A prier, curent bien de la peine h lui faire accepter, & force de supplications, et en considératio de sa vieillesse, des olives, des l6gumes et de l'huile, qu'ils lui apportaient aprks avoir laissà passer quelques mois. à 17. S. J~;H~ME, In Viti Pauli eremitm :(t Un palmier pourvoyait & sii nourriture et & son habillement. Pour que personne ne soit tentà de regarder la chose comme impossible, je prends h témoi J&us et ses saints anges, que dans cette partie du déser qui con- fine à la Syrie et touche au pays des Sarrasins, j'ai vu des moines dont un, pendant trente annb qu'il resta renfermà dans sa cellule, ne vivait que de pain d'orge et d'cau bourbeuse; un autre, cilsanà dans une vieille citerne, appelte cuba par les Syriens dans le langage du pays, ne prenait chaque jour que cinq figues seches pour répare ses forces. Tout cela paraîtr incroyable i ceux qui refusent de croire que tout devient possible pour ceux qui croient. à 48.Le mhmc, In Vità S. Hilarionis :cc Il (Ililarion) &ait ii celte &poque Ag&de quinze ans.. .N'ayant pour se couvrir qu'un sac et un manteau de peau, que saint Antoine lui avait donnbau moment de le congkdier, ajoutez toutefois ti ce vktement une sayc telle qu'en portent les gens de la campagne, il passait s;i vie 'dans un vaste et affreux dkscrt situà cntrc la mer et un marais, en ne prenant chaque jour pour nourriture que quinze figues skches aprhs le coucher du soleil.. . à De l'Agc de vingt-un ans h celui de vingt-sept, il prenait pour sa nourriture les trois premikres anntes un derni-setier de lentilles d6trempks dans de l'eau froide, et les trois autres du pain sec avec du sel et de l'ciiu. De vinpcpt ans ensuite jusqu'k trenic, il ne vivait que de l'herb~; des champs et des racines cruos de certains arbrisseaux.. De l'Age de trenle-un ans nu JE^. 38s t celui de trente-cinq, il se nourrissait avec six onces de pain d'orge et des herbes & demi-cuites sans huile pour les assaisonner. Mais comme il sentit que sa vue s'affaiblissait, et que son corps tout entier hprouvait des contractions causée par des déman geaisons continuelles et une espèc de maladie de peau, il se permit alors d'ajouter aux aliments que nous venons de dire quelque peu d'huile, et continua ensuite la pratique de la mêm abstinence jusqu'h la soixante-troisièm anné de sa vie, sans goûte d'aucuns fruits ou d'aucune sorte de légumes ou de quelque autre chose que ce soit. Sentant alors ses forces épuisé et croyant sa fin prochaine, il se refusa l'usage du pain depuis la soixante-quatrièm anné de son ilge jusqu'à la quatre- vingtième par l'effet d'une ferveur d'esprit incroyable, qui le portait se mettre comme de nouveau au service de son Dieu un Age oà les autres ont coutume de se relhcher. Quand il eut atteint l'ilge de quatre-vingts ans, il permit qu'on lui fit de petits biscuits composé de farine et d'herbes hacl~ies, pesant avec l'eau qu'il buvait cinq onces à peine, et il passa ainsi le reste de ses jours, ne mangeant jamais avant le coucher du soleil, et n'interrompant ses jeûnes ni les jours de fêtes ni dans ses maladies memes les plus graves. à 19. S. EPIPHANE, In compendiarid verd doctrind de fide catho- lm et apostolicÅ Ecclesià :à Dans cette sainte Eglise catholique, on voit s'observer encore d'autres manière de vivre de la plus haute perfection, comme de s'abstenir de toute espèc de viandes, et de la chair des oiseaux et des poissons comme de celle des quadrupèdes d'Å“uf et de fromage même sans parler d'autres austérité Car chacun recevra sa récompens particulièr selon son travail (1Cor., III, 8).Quelques-uns donc s'abstiennent de toutes ces choses à la fois; d'autres de lachair des quadrupède seule- ment, en se permettant celle des oiseaux aussi bien que le reste. D'autres s'abstiennent de manger des oiseaux, et se permettent l'usage du poisson et des Å“ufs D'autres s'interdisent mêm les Å“ufs d'autres ne vivent que de poisson. D'autres se refusent le poisson, et se contentent de fromage. D'autres ne se permettent pas mêm l'usage du fromage. D'autres encore se refusent jusqu'au pain ;d'autres renoncent à manger des fruits des arbres et de tout ce qui est cuit. à 20. Le mème Hw. LXXV contra Aerium :à Aériu disait avec un emportement qui tenait plus du démo que de l'homme : Quelle différency a-t-il entre un évêq et un pretre?... Le av. ë 386 DU JEUNE. jhe, disait4 encore, ne doit htre prescrit ti personne. Car oeh sent les observances judaïques et nous ne sommes plus sous le joug de la servitude. La loi d'ailleurs n'est pas pour les justes, mais pour les parricides et les autres criminels. Aprè tout, si je veux jeûner je puis choisir de moi-mêm pour cela tel jourque je voudrai, et je jeûnera i ma fantaisie. De ltl vient que ces sectaires affectent de jeûne les jours de f&tes, et de ne jeûne au contraire ni le mercredi ni le vendredi. Souvent encore ils jeûnen le mercredi; mais ce n'est point en vertu d'une loi :c'est uniquement, disent-ils, par la libre déterminatio de leur volontéDans les jours qui précède la Phque, tandis que nous couchons sur la dure, que nous faisons le sacrifice de toutes les volupté de la chair, que nous jeûnon les jours entiers, ou que nous ne prenons que des fruits secs pour toute nourriture, que nous passons tout notre temps dans les veilles et les prières sans rien néglige de cc qui, en mortifiant le corps, pourra contribuer au salut de l'Arne; eux, d&s le point du jour, se livrent ii la bonne chkre,se gorgent de vin et de viandes, en couvrant de leurs riséesen poursuivant de leurs railleries ceux qui se font un devoir de sanctifier cette grande semaine. Car, quoiqu'ils admettent une vie de renoncement, la pratique n'en existe pas parmi eux, mais ils préferen la remplacer par l'abondance du manger et du boire, moins que quelques-uns ne l'adoptent par un choix tout- A-fait libre : la plupart cependant aiment mieux ne rien se refuser en fait de plaisirs de la table, comme je l'ai déj dit. Voilb quelles sont les énormit qu'Aériu a vomies dans le monde. à Puis, venant & r6futer cette erreur, saint Epiphanc ajoute un peu plus loin :K Qui ne consent il admettre, en quelque partie que ce soit de l'univers, que le jeûn du mercredi et du vendredi est de règl dans toute l'Eglise? S'il faut en appeler aux Constitutions apostoliques, on y verra comment ils ont r6glà le jeûn du mercredi et du vendredi pour toutes les semaines de l'année exceptà les cinquante jours qui se trouvent entre Phques et la Pentecôte comment, pour les six jours quiprécèdela PAque, ils ont interdit toute esphce de nourriture, exceptà le pain, le sel et l'eau, et comment ils ont ordonnà de passer la veille entièr de ce dimanche solennel (Conslit. apost., c. 24). Qui doit êtr le mieux instruit de ces pratiques? Est-ce ce nouveau venu, jouet de ses propres illusions, qui n'a paru que de nos jours et est mêm encore vivant, et non pas plutû ceux qui ont véc avant nous et qui ont 6th témoin de l'an- DU JEUNE. 387 tienne discipline, qu'ils ont reçu par tradition de leurs p&es, comme ceux-ci des leurs, et comme i'Eglise entihre a reçude a~ premiers pbres dans la foi les traditions qu'elle conserve fidèlemen jusqu'h nos jours? Quand mêm les apôtre n'auraient rien dit dans leurs Constitutions du jefine du mercredi et du ven- dredi, nous pourrions encore justifier cet usage par la pratique universelle. Mais leurs écrit sont lh pour témoigne de cette institution dans les termes les plus précis L'Eglise ensuite n'a pas tardà A s'y soumettre en tous lieux avec un accord unanime, longtemps avant quYAérius et ceux qui de son nom sont appelé aériens eussent paru dans le monde. Peut-êtr aussi est-ce pour cette raison que le nom dYAériu a ét donnà A cet homme, dont le cceur impur semble êtr le rhceptacle des esprits répandu dans l'air, qui lui ont inspirà sa révolt contre l'Eglise. à 21. S. AUGUSTIN, Lib. de hÅ“resibu ail Q~todvultdeum,hÅ“r83 : à Les aérien tirent leur nom dlAérius qui, comme il étai prètre ne put digérer dit-on, qu'on ne l'eû pas élev& l'épiscopatet pour cela se jeta dans la secte des ariens, en joignant aux erreurs de ces hbrétique d'autres erreurs qui lui sont propres, comme par exemple celles-ci, qu'il ne faut ni prier ni offrir le saint sacrifice pour les morts, ni observer les jeûne solennels que l'Eglise, disait-il , n'a pas droit de prescrire ;mais que chacun ne doit jebner qu'à sa volonté pour faire voir que nous ne sommes plus sous la loi. à 22. S. JEAN DAMASCÈNE sont Lib. de hÅ“resibu :à Les aérien appeléainsi d'un certain Aérius originaire du Pont. Cet homme exerç le ministèr sacerdotal sous Eustache, son évêqu accusà de partager l'hérés arienne, et dont il étai m&me le fils. Voyant qu'on lui avait refusà l'épiscopat il se mit h dogmatiser contre l'Eglise, avec une fureur qui ne le cédai h celle d'aucun 1 arien. Aux erreurs de ces il en ajouta quelques hérétique autres qui lui sont propres. Car il nie, par exemple, qu'on doive faire des oblations pour les morts. Il défen d'observer le jeûn de la quatrièm et de la sixièm férie ainsi que celui des quarante jours, et de célébr la Pkque; il condamne toutes ces institutions. Il mangeait sans scrupule et indifféremmen de toute espèc de viandes comme d'aliments. Si quelqu'un veut jeûner il y consent, pourvu qu'il le fasse sans observer de jours, et A sa pure fantaisie. Il nie toute autorità dans la loi. Il ne veut pas non plus qu'il y ait de c1i"TCrcncc entre un prêtr et un 6vhue. à 888 DU JEUNE. 23. S. J~~ME,caput IV ad Quelqu'un dira È Galatas : à peut-&re :S'il n'est pas permis d'observer les jours, les mois, les temps et les annbes, nous sommes donc nous-m6mes cou- pables de ce crime, nous qui observons le jeûn de la quatrihme et de la sixièm férie la solennità du dimanche, le jehe du carêmela f&e de PAques, celle de la Pentecdte, et bien d'autres f&es ordonnée suivant la diversità des pays & l'honneur des martyrs. La rbponse la plus simple à cette objection, c'est que les jours que nous observons ne sont pas ceux qu'observaient les Juifs. Car la pilque que nous célébron par exemple, n'est pascelle des azymes, mais celle de la résurrectio et de la croix. Et pour la f6te de la Pentecilte, nous ne comptons pas sept semaines comme les Juifs, mais nous célébro la descente du Saint-Esprit. Ensuite, si nous fixons des jours pour les réunion solennelles du peuple chrétien c'est parce que des rassemble- ments irrégulier pourraient porter atteinte & la foi chrétienne Ce n'est pas que le jour oh nous nous rassemblons soit plus grand ou plus saint en lui-m6me ; mais c'est afin que le plaisir de nous voir rassemblé en plus grand nombre, à quelque jour de la semaine ou de l'anné que ce soit d'ailleurs, produise en nous une joie plus vive. Si l'on veut une autre répons plus subtile h cette m6me objection, nous dirons en second lieu, que tous les jours sont indifférents et que ce n'est pas seulement le vendredi que Jésus-Chris est crucifié ni le dimanche seulement qu'il ressuscite, mais que tous les jours sont égalemen des jours de résurrection comme tous les jours nous pouvons égalemen nous nourrir de la chair du Sauveur. Cependant, on a sagement établdes jours particulièremen destin& soit au jeûne soit aux offices publics, en faveur de ceux qui sont plus occupé des affaires du siècl que du service de Dieu, et qui ne peuvent ou ne veulent passer & l'églistout le temps de leur vie, ou offrir ; Dieu le sacrifice de leurs prihres avant de commencer leurs actions. Car; combien y en a-t-il qui observent avec une constante exactitude seulement ce petit nombre de jours marqués soit pour le jeûne soit pour la prière Il nous est donc permis de tou- jours jeûne et de toujours prier, et de faire de tous les jours de notre vie comme autant de dimanches par la participation jour- nalièr au corps sacrà de Jésus-Christ tandis qu'il ne l'est pas aux juifs d'immoler tous les jours l'agneau pascal, ou de célà brer tous les jours leur f6te de la Pentecdte, ou celle des taber- nacles, ou de pratiquer tous les jours leurs jeîme solennels. à DU JEUNE. 389 24. S. LEON,Sem. 3 et 4 de jejunio septirni naensis, comme ila question précédent témoignag24, pages 348 et suiv. 25. Le même Serrn. 4 de Quadragesimd, voir ibidem, témoi gnage 27, page 361. 26. S. BASILE,Orat. II de jejunio, comme a la question précà dente, témoignag 20, page 340. 27. S. JÉRÔMLiv. Hcontre Jovinien, c. S (al. 4) :à Je suivrai donc le fil de la proposition énoncé puis, avant d'en venir aux Ecritures, et de démontre par elles que les jeûne sont agréable 4 Dieu, et que la continence lui plaît je comparerai mes argu- ments avec les arguments des philosophes, et je prouverai que nous ne suivons pas la doctrine d'Empédocl et de Pythagore, qui, au nom de la métempsychose défenden de rien manger de ce qui vit et se meut, et regardent en conséquenc comme coupables d'un mêm crime, et ceux qui tuent un bélie et ceux qui coupent un chhe, dont ils sont les parricides et les bourreaux ;mais que BOUSne faisons qu'observer les lois de notre Créateur qui a cré toutes choses pour l'usage des hommes, et que de m6me que le bÅ“u a ét cré pour labourer, le cheval pour servir de monture, les chiens pour garder leurs maîtres les chèvre pour donner du lait, les brebis pour fournir de la laine, de mêm les pourceaux, et les cerfs, et les chevreuils, et les lièvres et les autres animaux. l'ont étà non pour êtr mangé tout aussitàt mais pour d'autres usages de l'homme (1).à 28. Ibidem, c. 10 (al. 5) : Voilh pour ce qui est des phi- à losophes et de leurs exemples. Passant maintenant à l'origine du genre humain, c'est-&-dire à ce qui nous concerne, je montrerai d'abord que, dans le paradis, Adam reçu l'ordre de jeûne d'un arbre, tout en mangeant des fruits des autres arbres. La félicit du paradis ne pouvait êtr inaugurde sans l'abstinence de nourriture. Tant qu'il jeûna il fut dans le paradis; quand il mangea, il en fut chasséet chassé il prit aussitô une épouse Celui qui, A jeundans le paradis, avait ét vierge, rassasià ensuite contracta sur la terre un mariage; et cependant, quoique banni, il ne reçu pas tout de suite la permission d'user de viande, mais il n'avait encore pour nourriture que les fruits des arbres, les blé des moissons, les légume et les herbages, en sorte que, exilà du paradis, il se nourrissait, non pas de ces viandes qui n'étaien (1) Cf. OEuures choisies de suint Jerhc, trad. par F.-H. Collombet, 1. VI11, p. 78-79. 390 DU JEUNE. point dans le paradis, mais de fruits semblables h ceux du paradis. Dieu ensuite voyant que, dèl'adolescence, le caw de l'homme étai exercà et comme dressà à la malice, et ne pouvant souffrir que son esprit continuAt 21 demeurer dans ces misérables parce qu'ils &aient chair, condamna par le délug les Å“uvre de la chair; puis, usant de condescendance pour le tempéramen vorace des hommes, il leur donna la permission de manger de la viande, afin que, comprenant que tout leur étai permis, ils ne désirassen plus avec tant d'ardeur ce qu'ils voyaient leur ètr permis, et qu'ils ne fissent pas d'une défens qui leur eû ét in- timéune cause de prévarication M6me alors cependant le jeûn leur fut encore prescrit en partie. Car lorsque parmi les animaux les uns sont appelé purs et les autres impurs, ct que No6 intro- duit dans l'arche un couple de chaque espkce de ces derniers, et un nombre impair dans chaque espèc des premiers ;lorsque pour donner la raison de cette distinction, Dieu permet de manger de la chair de ceux-ci, en le dbfendant par rapport à ceux-lh, appelé ainsi avec raison impurs, c'est bien là inaugurer, quoique encore imparfaitement, le jeûne et en retranchant l'usage de cerlaincs choses seulement, apprendre s'abstenir de toutes. à Pourquoi EsaO a-t-il perdu son droit d'aîness (Gen., XXV, 31-33)?N'est-ce pas pour un plat de lentilles, sans que ses larmes aient pu ensuite lui restituer ce que sa voracità lui avait fait perdre? Lc peuple d'Isracl sorti de l'Egypte et sur le point d'ktrc introduit dans la terre promise oà coulaient le lait et le miel, se mit ii regretter les viandes, les melons, et les oignons du pays qu'il venait de quitter. Plfit à Dieu, s'écriaice peuple, que nous fussiow morts par la main du Seigmw dans la terre d'Egype, pendant que nous dtions assis prè des marmites pleines de viandes (Exod., XXI, 5)!Ils disaient encore :Qui nous donnera de la cluir 4 manger? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions c?it Egypte, presque pour rien; les concombres, les melons, les poireaw,' les oignons et l'ail mus reviennent à l'esprit. Notre vie est lm- pissantc, mus ne voyons que manne sous nos yeux. (Nzm, XI, 4-6). C'est ainsi que ce peuple soupirait aprè les viandes dYEgypte, et timoignait son mkpris pour la nourriture des anges. Moise jeûn quarante jours et quarante nuits sur le mont Sinài et s'entretint avec Dieu pendant tout ce temps, en taisant voir par-lit meme que l'homme ne vit pas seulenlent de pain, mais de lontc parole do Dieu; le peuple :ui contraire se rassasie de viandes, DU JEUNE. 391 et bientbt aprè il se fait des idoles. Moïs h jeun reçoi la loi icrite du doigt de Dieu ; le peuple saturà de vin et de viandes se lbve pour folAtrer, se fait un veau d'or en fonte, et préfè adorer le bÅ“u 6gyptien plutô que son Seigneur et son Dieu. Ainsi le fruit de tant de journée de travaux fut-il perdu dans une heure seulement de débauches Moïs brise sans hésite les tables de la loi ;car il savait que des gens ivres n'étaien pas aptes & entendre les instructions du Seigneur. Ce peuple si aimd de Dieu, idtant plongà dans la bonne chère s'est révolt contre lui; dtant devenu tout chargd de graisse et d'embonpoint, il a dans son abondance abandonnd Dieu son créateur et s'est éloign de Dieu qui t'avait sauvà (Deut., XXXII, 18). De 16 encore cet avertissement' donnÃà ce peuple dans le Deutéronom : Craignez qu'aprè que fous aurez mangd et que vous vous serez rassasiés que vous aurez bdti de belles maisons et que vous vous y serez établis que vous aurez eu des troupeaux de bÅ“uf et des troupeaux de brebis, et une abondance d'or et d'argent et de toutes choses, votre coeur ne s'dlève et que wus ne vous souveniez plus du Seigneur votre Dieu qui vous a tiré hpays d'Egypte, de ce séjou de servitude (Deut., VIII, 12-14). En un mot, parce que ce peuple avait mangé son cÅ“u s'ap- pesantit; leurs oreilles devinrent sourdes, et ils fermèren leurs yeux, de peur que leurs yeux ne vissent, que leurs oreilles n'enten- dissent et que leur cÕu ne comprit (MATT.,XIII, 15) ;et ce peuple repu et engraissà ne put soutenir le regard de Moïse qui étai tt jeun, et que son entretien avec Dieu faisait paraîtr comme ayant sur le front deux rayons de gloire, ou deux cornes de lumière comme le fait entendre le texte hébreu C'est pourquoi notre divin Sauveur, lorsqu'il se transfigura sur la montagne, fit voir à ses côtà Moïs et Elie associé l'un et l'autre & sa gloire, non pour symboliser, comme se l'imaginent quelques-uns, d'un cbtà la virginità et de l'autre le mariage, mais parce qu'ilsavaient jeûn ainsi que lui-meme. Quoiqu'on doive dire aussi que Moïs et Elie représentaien la loi et les proph6tes, et c'est ce que 19Evangile nous fait entendre ouvertement par ces paroles :Ils lui parlaient de sa sortie du monde, qu'il devait accomplir dans Jhsalem (Luc,IX, 31);car ce n'est ni la virginità ni le mariage, mais bien la loi et les prophète qui ont annoncà ou prédi la passion de Notre-Seigneur. Si l'on veut absolument voir dans Moïs la personnification du mariage et dans Elie celle de la vir- ginité qu'on fasse donc attention, pour tout dire en deux mots, que Moïsest mort et a kt6 enseveli, et qu'Elie a 6th enlev6 tout 392 DU JEUNE. vivant dans un char de feu, en commençan ainsi d'&ireimmortel avant d'éprouvela mort. à Ce ne fut égalemen que par le jetne que Moïs put obtenir de nouvelles tables de la loi, et la dièt seule put lui faire recouvrer ce que l'intempéranc de son peuple lui avait fait perdre. Cc qui doit nous montrer que le jeùn peut nous faire rentrer dans le paradis, comme c'est la gourmandise qui nous en a expulsés Nous voyons dans l'Exode que la prièr de Moïse jointe au jeûn de tout le peuple prolongà jusqu'au soir, fut ce qui assura la victoire remporté sur les Amalécite (Exod., XVII, 44-42). Jésu fils de Nivà commanda au soleil et il la lune de s'arrêter et fit durer ainsi plus d'un jour le jeûn observ6 parl'armé victorieuse. Saül comme nous le lisons au premier livre des Rois, fit publier i'ordre suivant dans son armé : Maudit soit celui qui mangera avant le soir, jusqu'd ce que je me sois vewj de mes ennemis (1Reg., XIV,24). Et tout son peuple se priva de manger, pendant que partout ailleurs les hommes prenaient leur repas. Et telle fut la force de cet édipour lequel Dieu avait étappelà en tbmoignage, que Jonathas, ii qui on étai redevable de la victoire, désign par le sort comme coupable, quoique involontairement, de l'avoir enfreint, put h peine 6tre sauvà par les supplications du peuple de la vindicte qu'allait exercer sur lui la main de son phre. Elie, pour s'êtr prépar par un jeûn de quarante jours, obtint la faveur de voir Dieu sur le mont Horeb, et de l'entendre lui adresser ces paroles :Que faites-vous la, Elie (III Reg., XIX, 9)? Paroles bien différente de cette autre question qu'on lit dans la Genese :Adam, o{4 (tes-vous (Gen., Ill, 9)? Celle-ci étai un reproche adressà h celui que la gourman- dise avait perdu; celle-lh au contraire n'btait qu'un encou- ragcmcnt donne au jeûne Samuel, apres avoir réun le peuple 3 Masphat, lui ordonna de jeûner et par ce jeûn même le rendit plus fort contre ses ennemis (1Rei)., Vil, 5). L'ardeur des Assyriens et toute la puissance de Scnnachéri furent arrêtéesurmontéeet vaincues par les larmes, le cilice et les jeûne du roi Ez6chias (Is., XXXVII, 6 et suiv.). Au contraire, la ville de Ninive dbtourna de dessus elle par ses jeûne la colèr de Dieu qui allait la frapper (JoN., III, 5);et Sodome et Gomorrhe l'eussent égalemen apaiske, si ces deux villes avaient voulu faire pénitence en joignant le jeilne aux larmes du repentir. Achab, ce roi si impie, obtint néanmoin par ses jeûne et par le cilice dont il se couvrit, que Dieu révoqu$ sa sentence déj DU JEUNE. 393 po~econtre lui, en remettant aprbs la mort de ce roi l'anban- tissement de sa famille (111Reg., XXI, 27). Anne, épous d'Helcana, fut récompensà de ses jeûne par la fécondit qui lui fut accordé (1Reg., 1, 18). Les mages de Babylone sont menacts de leur entibre destruction; déj on met & mort les devins, les enchanteurs, les aruspices. Daniel et les trois jeunes hommes mériten par leurs jeûne d'êtr éclairà d'en haut, et en se contentant pour leur nourriture d'herbes et de légumes ils deviennent plus beaux de visage et plus avancé en intel- ligence que ceux qui se nourrissaient des viandes apprêté pour la table du roi (DAN.,1et H). Nous Usons encore de Daniel qu'il jeùn trois semaines, que pendant tout ce temps il ne mangea d'aucun pain agréabl au goût que ni chair ni vin n'entra dans sa bouche, qu'il ne se servit d'aucune huile pour en oindre ses membres, et qu'alors l'ange de Dieu lui apparut et lui dit : Daniel, vous me touchez de compassion (DAN.,X, 2 et suiv .). Ainsi ses jeûne lui attirèren la compassion de Dieu, et bientdt ils le rendirent terrible aux lions. Quoi donc de plus avantageux, que ce qui nous rend Dieu propice, apprivoise les lions et frappe les démond'épouvante Habacuc est envoyà & Daniel (ce récit il est vrai, ne se trouve pas dans l'hkbreu), et ce prophbte porte à cet autre prophèt le dîne des moissonneurs : c'est qu'unesemaine passé dans le jeilne avait mérit ti ce dernier une telle visite. David, voyant en danger de mort le fils qu'il avait eu de son adultère fit pénitenc dans le jeûn et dans la cendre, et dit A cette occasion : Je mangeais la cendre comme le pain, et je nais mes larmes ci ce que je buvais (Ps. CI, 10). Et encore : Mes genoux se sont affaiblis par le jeilne ( Ps. CVIII, 24). Et pourtant il avait déj entendu Nathan lui dire :Le Seigneur vous a remis votre pdcld. Samson et Samuel ne boivent ni vin ni toute, autre boisson qui puisse enivrer : aussi étaient-il des enfants de promesse, et ils devaient leur naissance ti l'abstinence et au jeûn(Jud.,XIII., 7; 1Reg., 1, 45). Aaron et les autres prêtres lorsqu'ils devaient entrer dans le temple, ne buvaient rien de ce qui peut enivrer, sinon ils étaien frappé de mort : et nous pouvons conclure de lh, qu'un ministre de l'Eglise qui remplirait ses fonctions dans un étad'ivresse, se donnerait la mort ti Iui- meme. C'est pourquoi Dieu faisait le reproche suivant au peuple d'Israë: Vous donnez à vos nazaréen du vin h boire (AMOS,II, 12). Jonadab, fils de Réchab avait fait une loi ses fils de ne jamais boire de vin. Jérémayant donc offert du vin aux 394 DU JEUNE. Rdchabites, et ceux-ci lui ayant refusà d'en boire, le Seigneur leur dit par la bouche de ce prophhte :Parce que vous avez obà © au prdcepte de Jonadab votre père que vous avez gardà tout ce qu'il vous a ordonné et que vous avez fait tout ce qu'il vozis a cornmandi,. . . la race de Jonadab fils de Récha ne cessera point de produire des hom.r.ies qui se tiendront toujours en ma présenc (JEREM., XXXV, 48). LYEvangilc nous présent h son frontis- pice, pour ainsi dire, une sainte veuve, marié seulement une fois, Anne fille de Phanuel, qui passait dans les jeûne sa vie entikre. La vie de Jésus-Chris sur la terre n'a ét de mbme qu'un Iongexercice du jeûn comme de la chasteté Jean, son précurseu et tout A la fois lc prédicateu de sa venue, ne vit que de sauterclles et de miel sauvage; la viande lui est inconnue; voilh comment dans son désert véritabl berceau clos moines, il inaugurait la vie n~onastique. Notre-Seigneur lui- mhc a cblCbr6 son baplhe par un jeûn de quarante jours, et il nous a enseignà que les démon les plus Ãredouter pour notre salut ne peuvent cire vaincus que par la prièr et par le jchc (MATTH.,XVII, 20). Ce fut par ses jeùne fréquents accom- pagné d'aumbncs, que le ccntcnicr Corneille mérit de recevoir le Saint-Esprit avant mkme qu'on lui eû confér le baptcme (Act., X, 2-30). L'apdtrc saint Paul n'oublie pas ses jeûne dans l'énumératiqu'il fait de tout ce qu'il a souffert, comme de la i'aim et de la soif, des dangers que lui avaient fait courir les voleurs, de ses naufrages essuyé sur mer, de ses peines de toutes sortes. Son disciple Timothé ayant i~ se plaindre de la faiblesse de son estomac et de ses frbquentes maladies, il lui conseille alors de boire un peu de vin. Ne vous contentez plus de ne boire que de Veau, lui dit-il (1Tim.,V, 23). Jusque-lh Timothé ne buvait donc que de l'eau, et l'apblre ne lui eû pas encore accordà l'usage du vin, sans ses frbquentes maladies et la faiblesse de son estomac. Il est vrai quc le meme apd!rc rbprouve la doctrine de ceux qui d6fcndaicnt de se marier, et prcscri- valent de s'abstenir des viandes que Dieu a créépour Ctre reçue avec action de grAces; mais il dcsigne par-lit Marcion et Tatien, ainsi que tout autre hbrctiquc qui prescrirait cette absli- ncnce absolue en haine ou ci1 mbpris des ouvrages du Crbatcur. Nous, au contraire, nous louons sans distinction tous les ouvrages des mains de Dieu, tout en prtfcrant la maigreur à la graisse, l'abst,inence it la crapule, et le jeùn au rassasicmcnt. Car ces li~nih11~s de celui qui les endure, et Cpreuves sont ;i l'itvallta~~ DU JEUNE. 398 comme une violence qui le rend victorieux de la mort (4). Et dqwsle temps de Jean-Baptiste, ce jeûneu et ce célibatairde profession, le royaume des deux se prend par violence, et ce sont les violents qui l'emportent (MATTH., XI, 12). Car nous ne craignons rien tant que d'êtr surpris par l'avhnement du juge éterneau moment oà nous serions tout occupé de manger et de boire, de contracter et de célébr des mariages, comme le forent les hommes au temps du déluge ou il l'époqu de la ruine de Sodome et de Gomorrhe : les eaux du délug et le feu du i ciel n'épargnhren pas plus alors ceux qui mangeaient, que ceux qui prenaient des épouses Et il n'y a point h s'étonne si l'Apôtr recommande (Tacheter et de manger indifféremmen de tout ce qui se vend it la boucherie, puisque pour des idoliltres de la veille que l'habitude entraînai encore dans les temples pour y manger des viandes offertes aux idoles, toute l'abstinence qu'ils étaien capables d'observer, c'étai de prendre leurs repas sépa rémendes gentils. Que si l'Apôtr dit aux Romains : Que celui pi mange de tout, ne niépris pas celui qui ne mange pas de tout, et que celui qui ne mange pas de tout, ne condamne pas celui qui agit autrement (Rom., XIV, 4), ce n'est pas qu'il veuille itablir une sorte d'égalit entre celui qui mange et celui qui jeûne mais c'est qu'il avait it écrir en cc moment contre ceux qui, quoique devenus chr6tiens, tenaient encore ii judaïser en mhne temps qu'il lui fallait avertir d'un autre cdtà les gentils convertis de ne pas scandaliser par leur manihre de vivre leurs frère encore faibles dans la foi. Les paroles qui suivent immcdiate- ment font bien voir que c'est lit ce que voulait dire cet apôtr : Je sais et je suis persuadd, poursuit-il, que, selon la doctrine du Seigneur Jésus rien n'est inqw en soi-nzême ozwe l'est qu'Ãcelui qui le croit impur. Mais si en mangeant de quelque chose vous attristez votre frère dès-! vous n'dles point conduit par la charité Ne faites pas péri par votre manger celui pour qui JészwChris est mort. Prenez donc garde d'exposer aux médisance des ltommcs le bien dont nous jouissons. Car le royazme de Dieu ne consiste pas dans le boire et dans le manger (M.,14-17). Et de peur que quelqu'un n'entende du jeûn ce qu'il dit, au lieu de l'cntendrc de la superstition judaïque l'apctre a commencà par dire :L'un (1) C'est le sens que nous avons cru pouvoir donner à ce passage difficile, dont voici le texte :Vir quippe in laboribw laborat sibi, et vim fffcit in interitum simm. 396 DU JEUNE. croit qu'il lui est permis de manger de tout, et m autre au con- traire qui est faibk dans la foi ne mange que des ldgumes (ibid.,,2). Et encore :L'un met de la différenc entre les jours; l'autre con- sidèr tous les jours comme égaux Que cl~~acun agisse selon qu'il est pleinement persuadd dans son esprit. Celui qui distingue les jours, les distingue pour plaire au Seigneur, et celui qui mange de tout, le fait pour plaire au Seigneur, et il rend grdces à Dieu; et celui qui ne mange pas de tout, le fait égalemenpour plaire au Seigneur, et il en rend de mêm grûce à Dieu (ibid., 5-61.C'est que ceux qui étaien encore faibles dans la foi, et qui croyaient certaines viandes pures et certaines autres impures, qui mettaient de la difference entre les jours, en regardant, par exemple, le sabbat, les néoméni et la fhtc des tabernacles comme des jours plus saints que les autres, sont avertis en conséquenc de se con- tenter de l6gumes, puisqu'il n'y a personne qui se fasse scrupule d'en manger. D'autres, au contraire, d'une foi plus forte (ou plus 6clairéc) regardaient comme chose indifférent telle ou telle viande ct tel ou tel jour. à Quant A cc que noire adversaire n'a pas craint de mettre cn avant, savoir, que Notrc-Seigneur &tait qualifià de mangeur et de buveur par les pharisiens, qu'il allait aux noces et prenait part aux repas des pécheurs tout cela, je pense, est en faveur de ma propre tli6se. Jésus-Ciirist pensez-vous, est donc un mangeur, lui qui a sanctifià le jeûn c,hrétie par le jeûn de quarante jours qu'il a observb lui-même qui appelle heureux ceux qui ont faim et soif; qui dit avoir une viande d manger autre que celle que connaissent ses disciples, et qui n'est point sujette 5 la corruption; qui nous défe,n de nous mettre en peine du lendemain ; qui, bien qu'on dise de lui qu'il a eu faim et soif, et qu'il fréquentai les grands repas, ne paraî nulle part dans lYEvangile avoir rien fait pour 17intcmp6rance ou pour la luxure, si ce n'est peut-êtr le mysthre qu'il a instituà en mé moire de sa mort, et le peu qu'il a acceptà aprè sa résurrectio pour prouver qu'il étai vraiment ressuscité lui qui nous repré sente le riche v6tu de pourpre cnseveli dans l'enfer en punition de ses repas somptueux, et le pauvre Lazare reç au contraire dans le sein d'Abraham en récompens des privations qu'il avait endurées lui qui nous recommande de nous parfumer la tèt et de nous laver le visage lorsque nous jeûnons afin que nos jeùne soient rapporté & Dieu, et non A la vaine gloire; lui qui, aprks sa rkurrection, a mangé il est vrai, quelque peu d'un poisson OU JEUNE. 397 frit et d'un rayon de miel, mais non pour apaiser sa faim ou flatter son palais, et uniquement pour prouver la rkalità de son corps; et c'est ainsi qu'il en usait toutes les fois qu'il opérai une résurrectio :il faisait donner A manger au mort ressuscità (MARC,V, 43), afin que personne ne pû le prendre pour un fantôme C'est aussi pour cela que l'Evangile rapporte de Lazare ressuscité qu'il prit part à un repas oà se trouvait aussi le Sauveur (JoAN., XII, 2). Si nous parlons ainsi, ce n'est pas pour interdire le poisson et les autres aliments à qui veut s'en nourrir; mais c'est que nous préféro aux viandes et au gorge- ment des intestins le jeûn du corps et la vie de l'esprit, comme au mariage nous préféro la virginité Si nous lisons aussi que saint Pierre monta au cénacl A la sixi&me heure pour prendre son dînerun besoin accidentel ne prouve rien contre le jeûne puisqu'autrement il faudrait dire que, parce que Jésus-Christ il la sixi6me heure du jour, s'est assis fatiguà sur le bord du puits de Jacob, et a demandà & boire A la Samaritaine, tout le monde devrait pour cette raison boire, bon grà mal gré zi cette meme mtme heure. Il peut d'ailleurs se faire que ce jour-lii fù un sabbat, ou un dimanche, ou que l'apbtre eû faim tt cette heure pour avoir jeûn les jours précéden :car je ne croirai jamais que, si cet apdtre avait bien soupà la veille, et de manièr tl se charger l'estomac, il eilt eu faim le lendemain dhs midi; ou, s'il avait soupÃla veille, et que néanmoin il ait eu faim h midi, c'est apparemment que la veille il n'avait pas trop mangé puisque la faim lui étai revenue de si bonne heure. à Maintenant, si nous lisons dans Isaï que le Seigneur a réprouv certains jefines, en disant :Votre volontd se trouve au jour de votre jefine. .., et vous maltraitez ceux qui dépenden de w, et vous jednez pour faire des procè et des querelles, et vous frappez vos frère avec une violence impitoyable.. .;tel n'est pas le jeiwe que je demande de vous, dit le Seigneur; il marque aussitô aprè quel est le jeûn qu'il demande :faites part de votre pain, ajoute-t-il, 6 celui qui a faim; faites entrer en votre maison les pauvres qui ne savent of& se retirer; lorsque vous verrez un homme nu, redtez-le, et ne méjwise point votre propre chair (is., LXIII, 2-7). Sans réprouve le jefine, il marque les conditions que le jeùn doit avoir. Car comment pourrait êtr agréabl & Dieu une abstinence dont les proci%, les rapines et les excè de tout genre dbtruiraient le mérite Si Dieu nous défen le jeùne d'oà vient donc que, dans le LévitiqueH prescrit à tout le peuple de jeûne 398 DU JEUNE. jusqu'au soir le dixi6me jour du septibme mois (Lhit., Xw, 29-51), en sorte que celui qui n'aurait pas affligÃson &meaurait étcondamnÃZt mourir, et Zt êtr exterminà du milieu de son peuple? Pourquoi ces sépulcre de la concupiscence qui se voient encore dans le désert et ou fut enseveli tout ce peuple coupable de ~'6tre rassasià de viandes (Num.,IX,34), jusqu'h en éprouve le besoin de vomir? Pourquoi l'homme de Dieu, dont un mot avait suffi pour desséche la main du roi Jéroboam fut-il dévor par un lion pour avoir mangà contre la défens que Dieu lui en avait faite (III Reg., XIII, 28)?Pourquoi ce lion ne l'épargna t-il pas ii son sortir de diner, tout en épargnan son hesse? Tant qu'il fut it jeun, ce prophèt faisait des miracles; il cèd h la gourmandise, et le chhtiment qu'il a mérit ne se fait pas attendre. Jocl nous crie son tour : Ordonnez un jezînsaint, avertissez le peuple qu'il se purifie (JOEL, II, 18-16), pour nous faire voir que le jeûn est sanctifià par les bonnes Å“uvres et qu'étan ainsi sanctifié il nous aide & nous purifier de nos péché Et de rn6rne que le mérit de la vraie virginità n'est pointanéant par la fausse imitation que peuvent en faire les pr6- tendues vierges du paganisme (1), ainsi le jeûn chrétie ne reçoi aucun prdjudice de l'abstinence perpétuell observé par les pr6tres d'Isis ou do Cybde par rapport ii certains mets, d'autant plus que, chez ces infidèles ce qu'ils se refusent quant l'usage du pain, ils se le rendent surabondamment en s'accor- dant l'usage de la viande. Et dc m6me que les miracles de Moïs étaien faussement imité par ceux des Egyptiens, ainsi tout ce que fait le démo en contrefaço des Å“uvre de Dieu ne prouve nullement que notre religion soit une superstition, mais prouve uniquement notre lkcheté qui se refuse h faire des choses dont l'excellence est reconnue par les hommes même du siècle à 29. S. AUGUSTIN, Lib. de liÅ“resibu ad Qi&odvt6ltdcum,hÅ“r82 : L'liérés et des jovinianistes, qui s'est blevé de mon temps, lorsque j'btais encore jeune, a pour auteur un moine nomm6 Jo- vinicn. Cet hkésiarque h l'exemple des philosophes stoïciens disait que tous les pkché sont égaux 11 soutenait de plus que l'homme ne peut plus péche du moment oÃil se trouve r6géné dans l'eau du bapt6me, et que l'abstinence et le jeùn ne servent de rien. (1) II y a dans le texte, virginwn diuboli. DU JEUNE. 399 50. S.AMBROISE,Epbt. 82 ad Vercellemes; c'est le passagecit6 4 la question prkcddente, tbmoignage 23, page 345. 34. S. AUGUSTIN, 2 . Epist. CXVIZ (al 84) ad huaritim C. à selon les Quant aux pratiques qui s'observent différemmen lieux, comme par exemple, que dans une églis on jeûn lc samedi, dans une autre non; que dans une on communie tous les jours au corps et au sang du Seigneur, dans d'autres seulement h certains jours; que dans l'une on l'offre tous les jours, dans une autre le samedi seulement et le dimanche, et dans une autre le dimanche seulement, ces choses-lh, et d'autres semblables, sont de ces points sur lesquels chacun est libre; ou plut&, il n'y a point de meilleure règl pour un chrétie sage et prudent h suivre la- dessus, que de faire ce qu'il voit se pratiquer dans l'Eglise oà il se trouve. Car tout ce qu'on voit clairement n'etre ni contre la foi, ni contre les mÅ“urs peut êtr indifféremmen adopté et le bien de la sociét demande qu'on s'en rapporte sur ces sortes de matièreà ce qui est établ parmi ceux avec qui l'on vit. Je vous dirai h ce sujet ce qui m'est arrivà h Milan. Ma mère qui m'avait suivi dans cette ville, voyant que l'Eglise de Milan ne jeûnai pas le samedi, &ait inquièt sur ce qu'il lui fallait faire. Je ne me mettais guèr en peine alors pour des choses de cette nature. Cependant, par égar pour ma mère je consultai l'évêq Ambroise, d'heureuse mémoire qui me dit qu'il ne voyait rien h faire lh-dessus de mieux que ce qu'il faisait Iui- même puisque, s'il pouvait trouver quelque chose de meilleur faire, il se ferait un devoir de s'y conformer. Je crus, d'aprè ces paroles, qu'il voulait que nous ne jeûnassion point le samedi, uniquement par déféren pour son autorit&; mais il ajouta : N Quand je suis h Rome, je jeûn le samedi, mais ici je ne jeûn à pas. C'est ce qu'il vous faut faire aussi; suivez ce qui se pra- N tique dans l'Eglise oà vous êtes si vous voulez ne scandaliser à personne, et que personne ne vous scandalise. à Je rapportai cette décisio A ma mère qui s'y rendit sans aucune peine, et aprè avoir réfléc bien des fois sur cette règle j'ai trouvà qu'en ,,'iffetc'est une règl sûr et infaillible. 1) 52. Le même Epist. LXXXVI (al 36) ad Cusdanum episcopm : ii Sur la question que vous me faites s'il est permis do jeûne le samedi, je vous répond en un mot que, si cela n'étai jamais permis, ni Moïseni Elie, ni Jésus-Chris n'auraient jeûn quarante jours de suite. Par ce mêm raisonnement on pourrait aussi conclure qu'il n'est pas défend de jeûne lp dimanche. 400 00 JEUNE. Cependant, si l'on voulait jetlner ce jour-l& comme quelques-uns le font le samedi, l'Eglise s'en trouverait scandalis6e; et avec raison. Car dans les choses ou l'Ecriture ne détermin rien de certain, les coutumes reçue parmi les chrétien ou établie parnos pères doivent tenir lieu de lois, et si chacun voulait disputer contre, ou que, sous pr6te~te de lacoutume établiedan un endroit, on condamnat ce qui se pratique ailleurs, ce seraient des contes- tations sans fin, et la vérit ne nous fournissant rien de certain pour les décider il serait fort à craindre que les disputes s'é chauffant n'allassent jusqu'h altére la charité. . à Si vous me demandez quelle est ma pensée. .,je dirai que le jeûn nous est prescrit par l'Evangile et par les écrit des apdtres, c'est-h-dirc par tout le Nouveau-Testament ;mais je nei trouve point que Jbsus-Christ, ni les apbtres, aient détermin les jours oà l'on doit jeùner ni ceux oà on ne le doit pas. à Quant au jeùn du samedi, il n'y a pas grand inconvénien & l'observer, puisque 17Eglise de Rome l'observe aussi bien que quelques Eglises voisines, et mêm quelques autres assez doignées quoique cn petit nombre. Mais de jeûne le dimanche, ce serait un très-gran scandale, surtout depuis la découvert de cette hérés si dktestable et si contraire h la foi catholique et à l'autorità de lYEcriture, je veux dire l'hérés des manichiens, qui affectent d'ordonner ceux qu'ils appellent leurs auditeurs, de jeûne le dimanche, et qui regardent ce jour-lh comme un four particuli6rement consacrà au jeûne C'est ce qui fait qu'on a encore plus d'éloignemen parmi les fidèle pour le jeûn du dimanche. Il serait toutefois pardonnable de jeùne ce jour-l& it ceux qui pourraient pousser le jeûn au-del& de toute une semaine, pour approcher davantage du jeùn de quarante jours, comme nous savons qu'il y en a qui l'ont lait. Nous avons mêm appris de quelques-uns de nos frercs trb-dignes de foi, qu'il s'en est trouvà un qui a poussà son jehe jusqu'à quarante jours de suite. Car, comme il n'y a aucune conséquenc h tirer contre la coutume de ne pas jeûne le samedi, de ce qu'au temps de nos pkres Moïs et Elie ont jeûn quarante jours de suite, on n'en saurait tirer non plus contre la coutume de ne pas jeûne le dimanche, de l'exemple de ceux qui pourraient passer sept jours entiers sans manger, puisque ce ne serait pas t3t dessein ou par affectation qu'ils jeùne raient ce jour-lh, mais parce qu'il se rencontrerait dans le nombre des jours pendant toute la duré desquels ils auraient lait VÕ de jeûner Mais quand on interrompt le jefine dans DU JEUNE. 401 courant de la semaine, le dimanche est le jour oà il convient Je mieux de l'interrompre. Si au contraire on ne prend de la nourriture qu'aprhs sept jours 6coulés alors on ne jefine pas le dimanche pour jeûne le dimanche, mais parce que le dimanche se trouve dans le nombre de jours fixà pour le jeùn... à Ce qui fait que c'est principalement le mercredi et le vendredi que l'Eglise est dans l'usage de jeùner c'est qu'il paraî par l'Evangile que ce fut le mercredi que les Juifs tinrent conseil pour faire mourir Notre-Seigneur, et que le vendredi fut le jour de sa passion, comme personne ne l'ignore. Entre ces deux jours se trouve celui sur le soir duquel Notre-Seigneur mangea la que avec ses disciples, et c'est ce meme soir qui termine le jour que nous appelons le jeudi, de sorte que la nuit suivante oà Jbsus- Christ fut livrà appartenait au vendredi. Et de lii vient que, bien que le vendredi fit le premier jour des pains sans levain, saint Matthieu dit que c'étai alors le jeudi, parce que le vendredi commençai au soir du jour précèden et que c'étai d&s le soir du jeudi qu'on devait faire la chne pascale, oà commençai l'usage du pain sans levain, et oà l'on mangeait l'agneau pascal. Il suit de Ili que ce fut le mercredi que Notre-Seigneur dit h ses disciples : Vous savez que ce sera dans deux jours qu'on dlébrer la pâque et que le Fils de l'homme sera livrà pour dtre encifià (MATTH., XXVI, 2). Ce qui fait donc que ce jour-lh est consacrk au jebnc, c'est ce qu'ajoute i'Evangéliste qu'alors les princes des prêtre et les anciens du peuple s'assemblèren dans la salle du grand-prêtr appelà Caiphe, et tinrent conseil ensemble pour trouver moyen de se saisir de Jésu et de le faire mourir (ibid., 3-4). Aprè ce jour-l& vient celui que l'Evangile appelle iepremier jow des pains sans levain, et c'est celui oà les disciples s'étan approchh de Jésus lui dirent : Oh voulez-vous que nous tousprdparions ce gui est nécessair pour manger ta pâqu (ibid., i7)? Ce fut le lendemain de ce jour-lh, c'est-&-dire le vendredi, que Notre-Seigneur fut crucifié comme tout le monde en convient, et c'est pour cela que ce jour est pareillement consacrà au jeùn : car le jeùn marque l'humiliation, tkmoin cette parole du Pro- pkte :fhumiliais mon dme par le jefine (Ps. XXXIV, i3). à Aprè ce jour-lA vient le samedi, oà le corps de Jésus-Chris reposa dans le sépulcre comme lors de la créatio du monde Dieu se reposa de toutes ses Å“uvre le septièm jour :et c'est au sujet de ce m6me jour qu'on a vu se former dans la robe de notre reine cette variét qui fait que quelques-uns, et entre autres IV* 20 403 DO JEüNE tous les peuples d'orient, ont jugà plus A propos de rompre le jefine ce jour-lh, pour marquer le repos auquel il est consa& et que d'autres au contraire, comme l'Eglise de Rome et quel- ques autres église d'occident, observent le jeûn en mémoir de l'humiliation et de la mort de Notre-Seigneur. Les uns et les autres cependant jeûnen égalemen le jour du samedi qui préckd la fêt de Pdques ; et ceux-là mêm qui font leurs repas aceou- tumé les autres samedis de l'année jeûnen trhs-exactement celui-lh : ce qu'ils font une fois tous les ans en mémoir de la douleur oà furent plongé h pareil jour tous les disciples A cause de la mort de leur maître S'ils ne jeûnen pas au contraire les autres samedis, c'est en mémoir du repos signifià par ce mêm jour. Car il y a deux choses qui nous font espére la fblicità des justes et la fin pour eux de toutes les misère : la mort et la résurrec tion. Dans la mort se trouve le repos dont il est dit par le Pro- phhte : Entrez, mon peuple, dam les lieux souterrains; tenez-ww cacld pour quelque temps, jusqu'à ce que la colèr du Seigneur soit passde ("S., XXVI,20). Et dans la résurrectio se trouve ce qui fait la parfaite félicit de l'homme, A laquelle son corps a part aussi bien que son 4c me.... à Mais parce que nous ne trouvons point, ainsi que je l'ai d6ji fait observer, que ni lYEvangile, ni les apdtres nous aient marquk aucun jour spécia pour jeûner et que c'est lh, avec beaucoup d'autres choses, ce qui a produit quelque variét dans la robe de cette fille du Roi qui est i'Eglise, je vous dirai ce que le vénérab Ambroise, évêq de Milan, de la main de qui j'ai 6tà baptist!, me répondi un jour que je le consultai sur ce sujet. Ma mère qui se trouvait avec moi ii Milan, étai en peine de savoir s'il fallait jeûne le samedi selon la coutume de la ville d'ok nous &ions, ou ne pas jeûne ce mêm jour, selon celle de Milan.Pour la tirer de cette peine, je fus donc trouver l'homme de Dieu : car pour moi, qui n'&ais encore que catCchumhnc, je ne prenais pasgrand intérà ?ices sortes de questions; et voici la répons que j'en obtins : Je ne puis, me dit-il, vous prescrire sur cela que ce à que je fais moi-même à et par-l& je crus d'abord qu'il voulait me faire entendre qu'il ne fallait pas jeûne le samedi, attendu que je savais que c'étai lh ce qu'il pratiquait lui-même Maisil ajouta : Quand je suis ici, je ne jeûn point le samedi ; mais je à jeûn ce mêm jour, quand je suis h Rome. Ainsi, dans quelque Eglise que vous vous trouviez, suivez-en les coutumes, si VOUS voulez ne causer de scandale A personne, et que personne ne uns en cause. à Je rapportai cette rbponse & ma mke, et cela Jui suffit :elle obéi sans hésiter et nous cchnes aussi que c'étai 1( règl qu'il fallait suivre. Mais comme il arrive en quelques endroits, et particulikrement en Afrique, qu'entre les Eglises d'une mêm contrée ou quelquefois entre ceux d'une mêm Eglise, il y en ait qui jeûnen le samedi, et d'autres qui ne jehent pas, il me semble qu'il faut se conformer là-dessu i~ ceux qui sont chargé de la conduite de ces peuples. à 34. S. EPIPHANE , in compe~tdiarid verd doctrind de fide catho- fias et apostolicÅ Ecclesi~ : Les apbtres ont ordonnà que les à communions ou synaxes se.fissent le mercredi, le vendredi et le dimanche. Le mercredi et le vendredi, on doit jeùne jusqu'à la neuvièm heure du jour, parce que c'est dans la matiné du mercredi que Notre-Seigneur a ét trahi, et le vendredi qu'il a il6 crucifiéEt ce sont les apbtres qui ont voulu que l'on jehnht chacun de ces deux jours, afin que soit accomplie cette parole : que l'épouleur aura étenlevé c'est en ces jours-la qu'ils @fieront(Luc, V, 38). Ce n'est pas pour rendre bienfait pour bienfait & celui qui a souffert pour nous que nous jeûnon alors ; mais c'est pour nous rendre salutaire à nous-même la passion p'il a endurée et pour faire satisfaction à Dieu pour nos p6chés Or, ce double jeûne je veux dire celui du mercredi et celui du rendredi, s'observe dans toute llEglise catholique et dans tout le courant de l'année et chacun de ces jours jusqu'à la neuvièm taire, exceptà pendant quarante jours entiers à partir de PAques jusqu'aux approches de la Pentecdte, qu'on est dans l'usage de ne point fléchi les genoux, et de ne faire aucun jeûn qui soit d'obligation. Quant aux communions, elle se font A la neuvièm hure du jour le mercredi et le vendredi, et dans la matiné le manche seulement. De plus, on ne jeûn pas pendant les inquante jours de la Pentecbte dont j'ai déj parlé ni le jour de Npiphanie, c'est-Mire de la manifestation et de la venue ou de la naissance temporelle du Sauveur (1),quand mêm ce jour-l& se trouverait êtr un mercredi ou un vendredi. Néanmoin ceux pi font profession de piét continuent de jeûne mèm ces jours- 1, exceptà le dimanche et les cinquante jours aprè Pkques, et (1) A l'kpoque oà saint Epipliane &rivait, la fèt de Noë n'étai pas more séparÃde celle de lYEpiphanie , du moins généralemen De là pent-ètr l'usage observà de nos jours dans la liturgie romaine de riciter l'évangil de lYEpiphanie pour dernier kvangile à la messe dujour te NoiX 404 Du JEUNE. observent les vigiles en tous les temps de Pannke. Mais i'Egliae catholique fait de tous les dimanches des jours de fbte :ces jours-l&, la communion se fait au matin, et il n'y a pas de jefine. Car il y aurait une sorte de contradiction ii jeûne le dimanche. Quant aux quarante jours qui précède la semaine des grands mystères l'Eglise les passe dans le jeûne à l'exception du dimanche, qu'elle ne jeûn jamais, pas mêm dans ce temps de pénitence Les six jours qui précède immédiatemen celui de Phques, tous les peuples ne se nourrissent que de fruits secs, ou de pain, de sel et d'eau; encore ne se permet-on de prendre celte nourriture que lorsque le soir est arrivé Les plus fervents passent mhme deux, ou trois, ou quatre jours entiers sans rien prendre, quelques-uns la semaine entière et ne rompent leur jeilne de toute la semaine que le dimanche matin au chant du coq. à 58. CALIXTEI, pape et martyr, Epist. ad Benedictwn episco- pum, c. 1 (1) ; à Nous ordonnons, comme plus convenable, de faire ii l'entré de chacune des quatre saisons le jeûn que vous savez qui s'observe chez nous trois fois dans l'année afin que, comme l'anné est partagé en quatre saisons, chacune de ces saisons soit consacrtk par le jeûne Et de mêm que le pain, le vin et l'huile servent au soutien du corps, ainsi le jeùn contribue au soutien de l'&me, conformémen à cette parole du propht9e Zacharie : Voici ce que dit le Seigneur des armée :Comme j'airésol de vous affliger lorsque vos père ont irrità ma colère dit le Seigneur, et que je n'ai point ét touchà de compassion; ainsij'ai résolu.au contraire, en ce temps de combler de bienfaits la maison de Juda et la maison de Jérusalem Ne craignez point. Voici donc ce que je vous ordonne de faire :Que chacun parle &son prochain dans la vérilà et rendez dans vos tribunaux des jugements d'dquiî et de paix. Que nul ne forme dans son cw de mauvais desseins contre son ami, et n'aimez point Ãfaire de faux serments. Car ce sont lh toutes choses que $ai en haine, dit le Seigneur. Le Seigneur des armée m'adressa encore sa parole, et me dit :Voici ce que dit le Seigneur des armée :Les jednes du quatrième du cinquième du septièm et dit dixièm mois, seront changes pour la maison de Juda en des jours de joie et d'allégress el en des fète éclatante et solennelles. Aimez seulement la vérit et la paix, dit k Seigneur des armk (ZACH., 14-20}. Il faut que nous soyons tous VIII, unanimes sur ce point, afin que, comme l'enseigne l'Apdtre, nous (1) Cette pièc n'a rien d'authentique. DU JEUNE. 403 MAS tous un mhme langage, et qu'il n'y ait point de schismes' pi nous, -mais que nous soyons tous unis ensemble dans un mêmeespri et dans un mêm sentiment (1 Cor., I,10). Nousnous Qicitonsde vous voir nous seconder dans rétablissemen de cette discipline. Car il ne convient pas que les membres soient désuni d'avec leur chef; mais ils doivent plutht le suivre, comme le disent les écrivain sacré(I Cor., XII, 12 et suiv.). Or, personne ne révoqu en doute que l'Eglise apostolique est la mèr de toutes les Eglises, et que vous ne devez vous écarte en rien des @es qu'elle prescrit. Et comme le Fils de Dieu est venu faire la volontà de son Père ainsi devez-vous accomplir la volontà lievotre mère qui est l'Eglise, à la t6te de laquelle est, comme il a déjéldit, l'Eglise romaine. Donc tout ce qui se fait arbi- irairement et contrairement h la discipline de cette Eglise, est nécessairemenfrappÃde nullité à 36. S. LÉoN-LE-GRAND Sem. 1 de Pentecoste :à L'Esprit de vlrità remplit I'Eglise de ses lumières et il ne peut souffrir dans son temple rien de ténébre ou de tiède C'est de ce principe tue la pratique des jeûne et de l'aumôn nous est venue :tous les saints ont reconnu l'utilità de cette pratique, qui va suivre prochainement ce grand jour de fête et je vous la recommande de tout mon pouvoir. Si vous ête tombé dans quelques fautes par votre négligence il faut les expier par les jeûne et par l'ardeur de votre piétà Nous jeûneron donc la quatrièm férie ainsi que la sixième et nous passerons le samedi en prières selon la coutume, par la griîc de Notre-Seigneur Jésus-Chris (1).!à 37. Le même Sem. II de Pentecoste :à II faut ajouter nos wres de piét la pratique du jeûne qui a ét instituà par les apdtres. Cette observance doit êtr compté parmi les dons du Saint-Esprit; elle est d'un grand secours pour nous faire résiste aux attraits de la chair et aux embaches du démon c'est un moyen infaillible pour vaincre toutes les tentations avec la grbce de Dieu. Il faut donc que nous jeûnions mes frères la quatrièmférieainsi que la sixième et nous passerons le samedi en prière dans l'églis du bienheureux apbtre saint Pierre, qui nous aidera par son intercession à méritela miséricord de Dieu et la grbce de Jésus-Christetc. (2). à 38. Le même Serm. VIII et IX de jejunio septimi mensis; (1) Cf. Sermons de saint Lion-le-Grund, p. 500. (2) Cf. Ibidem, p. 510. 406 DU *UNE. mes cite plus haut, question prhddente, timoignr 94, page 331 et suiv. 39. Le mbme, Sm. VZZI de jejunio decimi mmsis; voir ibidem, tbmoignage 25, page 357. 40. RABANMAUR,Lib. ZZ de institutions clericorum, c. 24; voir ibidem, témoignag10, page 322 et suiv. 41, 42 et 43. Le concile de Mayence, c. 34; celui de Sb- lingstadt, can. 2; S. BERNARD, in vigilid S. Afidre~;passages cité plus haut, article des commandements de 19Eglise, question XIV, témoignage14, 16 et 18, tome II, pages 108 et suiv. 44. S. IGNACE, Gardcz-vous bien Epist. ad Philippenses (1) :à de ne pas observer le carême car il est une imitation du jefine du Sauveur. Ayez soin aussi de passer saintement la semaine de la Passion (la semaine sainte). Ne manquez point A jeùne la quatrièm et la sixièm férie en mêm temps que vous donnerez votre superflu aux pauvres. 1) &S.THEOPHILE d'Alexandrie, Lib. III Pasclmli ad totiw Bgypti episcopos (2) :à Il est juste que tous les fidèle cékbren digne- ment la grande solennità qui se prépare aprè s'êtr purifié par le sentiment de la crainte de Dieu; qu'ils rkparent leurs faiblesses par la continence et par le jeûne qu'ils réveillen leur foi endormie, et qu'ils imitent le chaste Daniel dont il est écri : H y a dam votre royaume un homme qui a en hi-9n61nel'esprit de Dieu, et en qui on a trouvà plus de science et de sagesse qu'en aucun autre sous le règn de votre pèr (DAN., V, 13). Ceux en effet qui s'appliquent ti faire des progr& dans la vertu, considèren la loi comme un chef invincible dont ils n'ont qu'A suivre les ordres; et se rangeant sous sa conduite, ils triomphent des péchÃqui leur faisaient la guerre, heureux d'ajouter a l'écladela solennith par l'écla de leurs Õuvres et la conscience tranquille, ils ne regardent plus les tentations qui leur surviennent que comme des traits impuissants, et d'avance ils se trouvent, par la solidith de leurs espérances en possession de la victoire. Et ceux qui les imitent n'ont pas encore combattu, que déj les palmes du triomphe apparaissent présente lt leurs désirs et bientdt, vain- (1) Cette lettre parait supposée V. NAT.ALEX.Hist. eccl., t. III, p. 60, ddit. de Venise. (2) Cette lettre pascale de Thbophile est une des troisqui nous resien) de la traduction de saint Jérôm Voir sur les Lettres pascales un article fort curieux dans les Annales de philosophie ch*dtienne,he sériet. VII, 1). 3kl-345. DU JEUNE. 4ó qoeun.des grossi4res voluptés assuré de la couronne qui leur ttt réservÃdans les cieux, ils s'écrieron en la contempla~t s tout son écla :Le Seigneur mon Dieu est ma force, et il !!ablira mes pieds sur une ferme assiette; et il me placera sur un feu élevÃpour que je remporte la victoire en chantant des cantiques i sa louange (HABAC.,III, 19, d'aprè la version des Septante). Mais ne pensons pas, mes frères que cc combat doive toujours durer, ce qui pourrait nous jeter dans l'abattement; sachons au contraire qu'il cessera bientôt en gous laissant en possessionpaisible de la couronne de justice, qu'aucune duré de siècle ne pourra flktrir. Les travaux et les combats de la vie présent ne dureront qu'un temps; et ceux qui auront parcouru d'un pied ferme cette courte carrière une fois parvenus au terme de leurs vÅ“ux se verront transporté dans une nouvelle patrie, et chan- teront avec ravissement le cantique de leur victoire. à Ainsi donc, puisque la bontà de Dieu nous promet le triomphe sur nos perfides ennemis, appliquons-nous bien observer les jeûne prescrits, pour pouvoir participer ensuite à la joie de la te. Ne nous permettons pas pendant le carêm l'usage du vin, comme ont coutume de le faire les riches voluptueux, et, dans cesjours de combat, oà nous devons &tre tout entiers aux pra- tiques laborieuses de la pénitence sachons aussi nous interdire les viandes succulentes. Car ceux qui observent fidèlemen la rkgle renoncent au vin dans les jours de jeûnes aussi bien qu'A la chair des animaux, et la crainte de Dieu qui les conduit réprimen eux les ardeurs d'une insatiable avidité C'est pour cela que 1'Ecriture rkpèt tous les jours Ãceux qui professent la continence ce salutaire conseil, de ne boire ni vin ni boisson capable d'enivrer (Levit., X,9). Elle adressait au contraire le reproche suivant aux Juifs coupables :Vous avez licencieusernent prdsentt? du, vin aux saints et aux prophète (AMOS,II, 12, d'apr6s la version des Septante). Ceux-là renoncent Ãamender leur vie, qui se plaisent A demeurer dans les liens de la voluptéet que la raison, pas plus que les conseils, ne saurait détermine & réprimeleurs appétit gloutons par un jeûn sévèr qui dés honorent la religion qu'ils professent par leur lAchetà et leur asservissement A d'éphém6r plaisirs, ne rougissant pas de boire du vin en secret et d'assouvir sans témoin leur avidit6 grossière en choisissant en quelque sorte les temps consacré au jeûn pour échange contre l'ivresse et la débauch les pratiques de mortification qu'ils devraient plut& embrasser re fime. Car la pensé de Dieu, toujours bien présent & l'esprit, déjouerai toutes les manÅ“uvre des puissances ennemies, la justice s'interposant en notre faveur dans les luttes que nous aurions ii soutenir contre elles. La prihpréserveraide mêm le laboureur occup6 ti cultiver son champ; elle multiplierait ses récoltes mais dans une juste mesure, de peur qu'un excè de prospérit ne fit entrer le péch dans son mur avec le dési d'avoir toujours davantage. Ainsi en serait-il du voyageur; ainsi de celui qui songe A quelque entreprise ou il quelque établissement ainsi de tous ceux qui ont l'esprit occupà de quelque affaire :s'ils ne faisaient rien sans s'aider de la prière ils verraient leurs affaires réussi parfaitement sans qu'il s'y entremèlil de phché de leur part, aucun de leurs ennemis n'osant plus se prhsenter pour les entraîne dans le vice. Mais, si l'on abandonne Dieu pour se livrer tout entier à l'affaire dont on poursuit le succès il est inhitable qu'ainsi éloign de Dieu, on se trouve hientdt en prbsence de son ennemi. Or, tous ceux-lii s'éloignen de Dieu, qui ne s'unissent pas à lui par la prikre, Donc la prièr vous apprendra avant tout, qu'il faut que vous priiez sans vous lasser jamais. Car la prihre fait que l'on est avec Dieu; or, quand on est avec Dieu, on tient son ennemi loin de soi. La prikre est le rempart et le soutien de LI pudeur, le frein de la colère le remèd de l'orgueil, l'infaillible moyen d'oublier (l)Cf. S. Joamiis Chrysostomi opera, tonlu IV, piig. 501-302, éditio de !ilontfaucon; pi,;. 350-351, 6diliuii (le damne. me LA PRI~RE. SI# kt injures;elle mirmonte l'envie, fait cesser l'injustice, corrige fimpiit6. La prii?re rbpare les forces du corps, ripand i'abon- dance dans les maisons, fonde les lois équitable et salutaires, soutient les empires, remporte les victoires, assure le bienfait de la paix, réconcili entre elles les personnes divisées entretient les rapports de bienveillance entre celles qui sont unies. La pri6re est le sceau de la virginité le lien de la foi conjugale, le bouclier des voyageurs, l'ange gardien de ceux qui se livrent au sommeil, le gage de sécurit offert ii ceux qui veillent, la rosé qui fertilise les champs du laboureur, le salut assurà des navigateurs. La prihre est l'avocate des accusés la libératricdes captifs, la con- solation des affligés le charme qui remplit l'&me de ceux qui sont dans la joie, la ressource des personnes désolée la cou- ronne des époux le bouquet de f&e des anniversaires de nais- sance, la pompe ftmkbre des mourants. La prièr est l'entretien de l'homme avec Dieu, la contemplation des choses invisibles, la foi exempte de doute ti ces biens incompréhensible auxquels on aspire, l'dévatio de l'ktat de l'homme h l'éta des anges, le progrhs des bons dans la voie de la perfection, l'effroi des mé chants, l'amendement des pécheurs la mise à profit du présent l'avant-goû des biens venir. La prihre a fait du ventre d'une baleine l'asile du prophhte Jonas, a ramenà la vie Ezéchia déji aux portes de la mort, a changà pour les trois jeunes hommes des flammes ardentes en un vent rafraîchissan ;elle a élev pour les Israélites combattant contre Amalec, le trophé de la victoire ;elle a atteint d'un glaive invisible, en une seule nuit, cent quatre-vingt-cinq mille Assyriens. Nous pourrions citer mille autres exemples semblables emprunté h l'histoire, ce qui fait voir que de tout ce qui peut 6tre ici-bas l'objet de nos vÅ“u comme de notre estime, la chose la plus avantageuse pour nous c'est la prière. . 11 La prikre, dite en grec ~~~ocwx*, est la demande faite A Dieu avechumilitédebiens qu'il peut nous &re avantageux d'obtenir. à 7. S. AUGUSTIN,Epist. LIX (al. 449), ad Paulinum, q. S : t Ce qui est bien difficile à distinguer, c'est ce que l'Apôtr (nonce dans ce passage de la premièr épît h Timothé:Je ms conjure donc, avant toutes choses, que l'on fasse des supplica- lions, des prières des demandes et des actions de qrices. Il faut avoir recours au grec pour en bien faire la différenc :car nos interprhtes latins ne se. sont pas donnà la peine de rendre ces mots-lh exactement et selon leur propre et vhitable signification ... $68 DE LA PRI~RE. à L'interprbtation qui me plaî le plus consiste h' entendre tous cestermes par rapport & ce que presque toute i'EgIise pratique dans la célébratides mystères en sorte que par le mot de supplications nous entendions ce qui se fait avant la bénédicti de ce qui se met sur la table du Seigneur; par celui de prièresce qui se fait dans le temps qu'on béni ces oblations, qu'on les sanctifie, et qu'on les partage pour les distribuer aux fidbles; ce qui se termine, selon la pratique de presque toutes les Eglises, par l'oraison dominicale. L'origine du terme grec favorise mhme cette pensèe car rarement trouvera-t-on dans 1'Ecriture que le mot grec tfix^ise prenne pour ce qu'on appelle en latin oratio. C'est pour ce que les latins appellent votum qu'il se prend le plus ordinairement; et le terme qui répon particulikrement dans le grec à ce que nous appelons prihre, et les latins oratio, est ~OGWX~; mais comme e*;xn se prend quelquefois pour oratio, ils ont cru qnc ~~O~EIJXà ˆ devait signifier adoration. Si donc le mot grec t;x< se prend le plus ordinairement dans l'Ecriture pour ce que nous appelons votzm, quoiqu'il puisse se rendre par le terme genéra de prière on doit le prendre particulièremen pour la pribre qui se fait mpos EÙX~Yc'est-&-dire ad votum, pour vouer et consacrer quelque chose il Dieu, et surtout pour celle par laquelle on lui consacre l'oblation du saint autel, qui exprime ce grand vÅ“ et cette consécratio solennelle, par oà nous nous sommes voué et consacréà Jésus-Chris pour demeurer h jamais en lui, c'est& dire dans l'unità de son corps, selon laquelle nous ne sommes tous qu'un mêm corps et un m6me pain, par cette unità mys- tique dont le sacrement du saint autel est le symbole. à Ce sont donc particulihwncnt les prière qui servent de pré paration il la sanctification des oblations, que je crois qu'entend I'Apdtre, et qu'il ordonne que l'on fasse, par le mot de wpoin~~àque nous rendons par celui de prières et que quelques-uns qui n'y ont pas assez pris garde rendent par celui d'adorations, puisque le mot WIse prenant le plus souvent dans I'Ecriture pour vÅ“ et consécrationcelui de apo~euyidoit se prendre, comme je viens de le dire, pour la prikre qui se fait pour vouer et consacrer quelque chose tl Dieu. à Quant à ce que YApdtre appelle interpellations, et que vos exemplaires expriment par le mot de demandes, je crois que c'est ce qui se fait quand on bhit le peuple, et que les 6voques qui en sont comme les avocats, étendan les mains sur lui, l'offrent h la miséricord et & la toute-puissance de Dieu. Ensuite vient fiction de grilces, qui se fait aprhs qu'on a participÃh ce grand ncrement, et qui est comme la conclusion de tout le reste. Aussi est-ce lh ce que l'Apôtr ordonne en dernier lieu dans ce passage que nous expliquons (1). à 8. Le même Tract. LXXIII in Joannem :à Le Seigneur promet de grandes choses à ceux qui espèren en lui, lorsqu'il lit :Parce que je vais 6 mon Père et quoi que vous demandiez à mPèr en mon nom, je le ferai (JOAS., XIV, 42-13). Lors donc e Jésuest allà à son Père ce n'a pas étpour abandonner ceux qui avaient besoin de lui; ç' kt6 plutô pour leur accorder encore plus efficacement ce qu'ils lui demandaient. Mais comment concilier la promesse qu'il fait ici d'accorder tout ce qu'on demandera & son Pèr en son nom, avec le refus qu'il fait souvent i ses plus fidhles serviteurs de ce qu'ils lui demandent? Ne ierait-ce point parce qu'ils le lui demandent mal, comme le reprochait i'apbtre saint Jacques & ceux il qui il disait : Vot8.s bandez, et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal (JAC., IV, 3)' pour avoir de quoi satisfaire à vos passions et à asplaisirs? C'est donc par un effet de sa miséricord que Dieu refuse les choses qu'on lui demande, ii ceux qui en abuseraient. Ainsi, lorsque nous demandons & Dieu des choses qui nous nuiraient s'il nous les accordait, il est & craindre qu'il ne nous accorde dans sa colkre ce qu'il nous refuserait sans aucun doute, s'il voulait nous faire misCricorde. Ne voyons-nous pas que les Israélite obtinrent de lui, pour leur malheur, ce qu'ils lui avaient demandà suivant le dkrkglement de leur cceur (Nm.,XI, B)?Car au lieu de se contenter de la manne que Dieu leur envoyait du ciel avec tant de bontk, ils s'en dégoûtère et lui demandkrent avec impudence qu'il leur don& h manger de la chair; comme s'il n'eû pas ét plus utile pour eux, et moins injurieux & Dieu, de lui demander qu'il les guérà de leur dégoà et de s'en tenir zi la nourriture qu'il leur avait donnée que de murmurer pour en avoir d'autre. Car quand nous sommes assez malheureux pour n'avoir de goht que pour les choses mauvaises, comme du dégoà que pour les bonnes, il vaut bien mieux demander h Dieu qu'il nous rende le goù dos bonnes, que de lui en demander de mauvaises.. . à Ouvrons donc là-dessu les yeux, mes frères et observons avec soin que Jésus-Chris ne dit pas ici seulement :Tout ce que (1) Cf. Les Lettres de saint Augustin, t. IV, p. 212-219. vous demanderez, comme s'il suffisait de demander de quelque manihre que ce fit, mais qu'il ajoute :en mon nom. Or, quel est le nom de celui qui a promis une chose si avantageuse? Il s'appelle Jésus-Christ Christ signifie roi (1), et Jésu Sauveur. Car il nc lui suffisait pas d'êtr roi pour nous sauver : il n'appar- tient pas toutes sortes de rois de le faire :il fallait pour cela qu'il fû roi et sauveur tout ti la fois. Et ainsi, tout ce que nous demandons ti Dieu de contraire A notre salut, nous ne le deman- dons pas au nom du Sauveur. Cependant, il est toujours notre Sauveur, soit qu'il nous accorde ce que nous lui demandons, soit qu'il nous le refuse. Il marque meme plus fortement qu'il l'est, lorsqu'il nous refuse les choses qu'il voit qui nuiraient h notre salut, s'il nous les accordait. Il est comme un médeci qui, con- naissant mieux que son malade ce qui lui est bon et ce qui lui est contraire, ne lui accorde pas ce qu'il demande, lorsqu'il le croit nuisible h sa santé dans le dessein qu'il a de le guérir lÈ sorte que, si nous voulons êtr exaucé de Dieu dans tout ce que nous lui demandons, il ne faut rien lui demander qu'au nom du Sauveur, c'est-A-dire, rien qui puisse êtr contraire il notre salut. Car autrement, en nous accordant ce que nous demandons, il n'agirait pas en Sauveur. C'est cependant le nom v6ritable do Jésus-Chrispour les fidèles je dis, pour les fidbles qu'il sauve. Car pour les impies, il les condamne au lieu de les sauver, Jdsus-Christ fait donc tout ce que demande celui qui croit en lui, pourvu qu'il le demande au nom qu'il porte pour ceux qui croient en lui, parce qu'en ce cas il le fait comme Sauveur. Mais si celui qui croit en Jésus-Chrislui demande sans le savoir une chose qui, lui &tant accordée nuirait & son salut, il ne la demande point au nom du Sauveur, puisque ce ne serait point êtr son Sauveur que de lui accorder une chose qui l'cm@- cherait de faire son salut. De sorte qu'il est plus expédien dans ces occasions pour celui qui demande quelque chose, que le Seigneur ne fasse rien sa prièr de contraire au nom de Sauveur qu'il porte pour lui, que s'il lui accordait ce qu'il lui demande. C'est pour cela que Jbsus, qui est notre maîtr aussi bien que notre Sauveur, pour pouvoir nous accorder toujours tout ce que nous lui demandons, a bien voulu nous composer lui-m6me et nous laisser une pritre, qui nous apprend tout ce que nous (1) Christ signifie directement marque d'une onclmion,et indirectement marqub de l'onction royale. DE LA PRI~RE. 471 devons demander. Cette prihre sert aussi h nous faire penser que tous ne demandons pas au nom du maître quand nous deman- dons au-del& de ce qui est contenu dans la règl qu'il nous a laissde. à Ce n'est pas qu'il n'y ait des choses que nous demandons en son nom, c'est-à-dire qui n'ont rien de contraire, ni sa qualità de sauveur, ni & sa qualità de maître quoiqu'il ne nous les accorde pas sur-le-champ; mais alors, c'est qu'il juge expé dient de ne nous les accorder que plus tard. Car lorsque, par exemple, nous lui demandons tous les jours que son règn arrive, ce n'est pas à dire qu'il n'exàuc pas notre prière de ce qu'il ne nous admet pas dèsc moment & rtgner dans l'éternit avec lui. Une rejette pas notre demande; il diffèr seulement pour quelque temps l'exaucer. Mais ne nous las~ons pas plus de prier, que le laboureur ne se lasse de semer, pour que nous puissions faire notre récolt quand le temps de la moisson sera venu. Et afin que notre pri&re soit telle qu'elle doit être il faut aussi demander hDieu qu'il ne nous accorde jamais rien de ce qu'il voit que nous lui demandons mal 5 propos. C'est cette grhe que nous lui demandons, quand nous le prions de ne pas nous laisser suc- comber & la tentation. Car ce n'est pas une tentation peu dange- reuse, que celle qui nous porte & lui demander ce qui peut nous nuire (1).à 9. S. BASILE-LE-GRAND, Constitution. nonastic., c. 2 (al. 1): a II y a deux manière de prier Dieu, dont la premièr consiste 4 le glorifier avec une humilità profonde, et la seconde ii lui faire des demandes. Lors donc que vous vous présente t5t lui dans la prière ne commencez pas par lui faire des demandes; car ce serait le moyen de faire voir que votre volontà n'agirait que par un principe d'intérê et que la nécessit seule vous pop- ierait & vous adresser 5 lui. C'est pourquoi, au commencement de la prière oubliez-vous vous-même oubliez votre femme, oubliez vos enfants, laissez-là la terre, élevez-vou au-dessus de tous les cieux; éloignez-vou de toutes les créature visibles et invisibles; commencez par rendre gloire icelui qui a crétoutes choses, et en le louant, prenez garde que votre esprit ne s'&gare de tous cdtés et que vous ne contiez des fables comme font les païens mais recueillant des saintes Ecritures ce que vous avez à lui dire, parlez-lui ainsi : à Je vous rends (1) Cf.Les Traitéde saint Augustin sur Z'Evangile de saint Jvun, tome III, pas. 519-596. @ces, b mon Dieu, de la douceur et de la patience ex- avec laquelle vous me souffrez tous les jours, quoique je ne cesse de vous offenser, et de la bontà qui vous porte ii nous recevoir tous b pénitence Car c'est pour cela que vous vous taisez, Seigneur; et si vous voulez bien nous souffrir, c'est afin quenous vous rendions de très-humble actions de grtices pour le soin que vous prenez de notre salut, tantbt en nous ramenant par la crainte, tantbt en nous animant par vos exhortations, en nous visitant d'abord par le moyen. des prophète que vous nous avez envoyés et ensuite par la présenc meme de Jésus-Christ Car c'est vous qui nous avez formés et nous ne nous sommes point faits nous-mêmes Vous ête notre Dieu. à à Aprè que vous l'aurez ainsi glorifié autant qu'il vous aura ét possible, et que vous aurez empruntà les paroles de lYEcriture pour le louer, commencez ensuite avec humilité et dites-lui : J'avoue, Seigneur, que je suis indigne de parler en votre pré sence, étan comme je le suis un si grand pécheur à C'est ainsi que vous devez parler, quand mêm vous ne remarqueriez en vous aucune méchant action. Car quoique nous commettions tous un très-gran nombre de pkché (JAc., V, 2), la plus grande partie nous en échappe et c'est ce qui faisait dire l'Apôtr : Q1toique ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas justip pour cela (Cor., IV, 3). C'étaicomme s'il eû dit . II y a bien des pbché que je puis avoir commis sans que je les connaisse. C'est aussi ce qui faisait dire au Prophèt :Qui est-ce qui corn& le nombre de ses fautes ( Ps. XVIII, 13)? Vous ne mentirez donc point, si vous dites que vous ête pécheur Car si vous recon- naissez que vous l'&tes en effet, vous péche en cela mêm quevous dites que vous n'&es pas pécheur Dites donc plutô : à Seigneur, je suis le plus grand de tous les pbcheurs, ayant violà comme je l'ai fait votre divin commandemeni, et n'ayant point pratiquà ce que vous m'avcz ordonn6 dans 1'Evangile par ces paroles :Lorsque vous aurez accompli tout ce qui vous est corn- mandédites encore : Nous sommes "les serviteurs inutiles, nous n'avons fait que ce que nous itions obligé do faire (Luc, XVII, 10). à IIfaut que vous vous occupiez continuellement de cette pensée que vous disiez sans cesse en vous-&me :Je suis un serviteur inutile, et que vous observiez aussi cette recommandation de saint Paul : Que chacun pur humilità croie les autres au-dessus de soi (Philip., II, 3). Que la prièr que vous adressez a Dieu soit donc accompagné de crainte et d'humilité DE LA PRIERE. 473 à Vous lui direz ensuite, en continuant de lui en donner des marques par vos paroles :Je vous rends grbces, Seigneur, de ce que vous me souffrez malgrà mes péché et de ce que vous ne m'avez pas encore puni jusqu'ici. Car j'ai mérità je le con- fesse, et depuis longtemps, de subir une infinità de supplices, et dëtr rejetà de devant votre face; mais votre douceur ne s'est point lassé de me supporter avec une patience incroyable. Je vous en rends grâce encore une fois, 6 mon Dieu, quelque in- capable que je sois de vous remercier dignement pour une si grande bonté à Aprè vous êtr acquittà de ces deux devoirs de louange et d'humilit6, employez le reste de votre prièr h demander à Dieu ce qu'il est à propos de lui demander, c'est-à-dire ne lui demandez ni les richesses, ni la gloire de ce monde, ni la santà du corps. Car, comme c'est lui qui vous a formé il a soin de votre santà et de votre conservation, et il sait ce qui peut êtr le plus utile pour chacun, de la santà ou de la maladie. Mais demandez-lui le royaume des deux, comme il vous l'a commandé et il aura soin de vous donner ce qui vous est nécessair pour la subsistance et les autres besoins de votre corps En effet, comme notre roi est on ne peut plus grand, il s'indigne quand on ne lui demande que des choses basses et de vil prix, ou quand on ne lui demande que des choses qui ne sont nullement avan- tageuses. Ne l'irritez donc point par votre prière et ne lui demandez que des choses qui vaillent la peine de vous êtr accordéepar la libéralit d'un roi et d'un Dieu. Mais soyez per- suadà que, pourvu que vous lui demandiez des choses dignes d'un Dieu, vous ne sortirez point de sa présenc qu'il ne vous les ait octroyéesCar c'est ce qu'il a voulu vous marquer lui- mbme quand il a dit dans l'Evangile :Si quelqu'un de vous avait Uà ami, et qu'il l'allâ trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Mon cher ami, pr6tez-moi trois pains, parce qu'un de mes amis faisant voyage vient S'arriver chez moi, et je n'ai rien Ãlui donner; et que cet homme lui répondl du dedans de sa maison :Ne m'im- prtunez point, ma porte est déj fermée et mes enfants sont cou- t&s aussi bien que moi; je ne puis me lever pour vous en donner; n'est-il pas vrai que, quand il ne se lèverai pas pour lui en donner d cause qu'il serait son ami, il se lèoerai t!émn~oin & cause de son importunitéet qu'il lui en donnerait autant qu'il en aurait besoin (Luc, XI, 5-B)? Jésus-Chris nous propose cet exemple, pour nous inviter à &ire ardents et importtins dans la prière Car 474 DE LA PRI~RE. l'exemple dont, il se sert pour cet effet, est tir6 de la conduite d'un homme ii l'bgard d'un autre homme, pour nous apprendre ii ne point nous rebuter, et à ne point nous retirer de devant Dieu, lorsqu'il ne nous accorde pas ce que nous lui demandons, jusquY&ce qu'enfin il consente & nous l'octroyer. Mais, comme je l'ai déj dit, cela ne doit s'entcndre qu'autant que nous lui demandons ce qui est conforme à sa volonté à Et ne dites point : Je suis pécheur il ne m'exaucera pas: Car, pour vous dter tout sujet de dé,fiance il a ajoutà :Quand il ne se lèuerai pas pour lui en donner à cause qu'il serait son ami, il se lèverai néanmoin à cause de son iqortunitd, et il lui en don- nerait autant qu'il en aurait besoin. à Au reste, quand il se passerait un mois entier, et mêm trois et quatre années et encore davantage sans que vous puissiez obtenir l'effet de votre prière ne vous rebutez pas pour cela, mais continuez h le lui demander avec foi, sans vous dispenser, en attendant, dc faire tout le bien dont vous ête capable.. .Car, si un homme s'abandonne lkchement au dérégleme dc ses désirset se livre ainsi lui-mêm b ses ennemis, Dieu ne l'as- sistera et ne l'exauccra point, parce qu'il s'cst lui-mêm éloign de Dieu par ses péché Et en effet, un homme qui désir sin- c6rement que Dieu l'assiste, ne s'écart jamais de son devoir, et comme il ne l'abandonne point, Dieu ne l'abandonne point non plus, et il l'assiste toujours. à II faut donc nous mettre en 6tat de n'êtr point condamn6s en quoi que ce soit par notre propre conscience, et dans cette disposition invoquer le secours de Dieu. Mais il ne faut pas i'in- voquer lâchemen et avec un esprit qui se dissipe et s'égar de tous cbtés puisque ce serait le moyen de l'irriter davantage, au lieu d'obtenir de lui ce que nous lui demanderions. Et en effet, si ceux qui sont devant des princes et des magistrats, ou qui ont il leur parler, demeurent debout en leur présenc avec beaucoup de crainte et de tremblement, et tiennent dans une grande atten- tion les yeux de leur &me et de leur corps, au-dedans comme au-dehors d'eux-mêmes de peur que la dissipation ne les expose ii quelque disgrilce, avec combien plus de frayeur et de trem- blement ne devons-nous pas nous tenir en présenc de Dieu, et n'avoir tout notre esprit appliquk qu'il ko,sans penser à quelque autre chose que ce puisse être puisque en effet ilne voit pas seule- ment comme les hommes ce qui paraî au-dehors, mais qu'il pé nètr dans tout ce que nous avons de plus secret et de plus intime. DE LA FRI~RE. 475 à Si donc vous vous trouvez dans cette disposition devant Dieu, comme vous y &es obligé et que vous apportiez de votre part tout ce qui dbpend de vous, vous ne sortirez point de la prihre que vous n'obteniez l'effet de votre demande. Mais si votre conscience vous reproche d'êtr l&che et négligent et si, pouvant empêche la distraction, vous ête volontairement dissipà dans la prière n'ayez point la téméri devant Dieu de vous présente en cet état depeur que votre prièr ne tourne àpéc (Ps. CVIII, 6). Ou si, aprè vous êtr déj affaibli par le péchà vous ne pouvez prier sans dissipation d'esprit, faites tous vos efforts pour user de violence sur vous-mbme, et persistez en la présenc de Dieu, en tenant toujours votre esprit occupà de sa divine majestà et recueilli en lui-mêm autant qu'il est possible; et Dieu vous pardonnera cette distraction, parce que ce ne sera point par mé pris, mais purement par impuissance que vous ne vous serez pas tenu appliquà tl sa présenc autant qu'il eû kt6 nécessaire Si vous usez ainsi de violence sur vous-mêm pour faire tout le bien dont vous ête capable, vous ne sortirez point de devant lui que vous n'ayez obtenu ce que vous lui avez demandé. . à Mais vous me direz peut-êtr :J'ai souvent demandà i~Dieu cette grilce, et je ne l'ai point obtenue. C'est sans doute parce quevous la lui avez demandé mal, avec doute ou avec distraction, ou que vous l'avez prià de vous donner des choses qui ne vous étaiennullement utiles; ou que, si vous lui en avez demandà d'utiles, vous n'avez point persévé dans la prière Car il est écri;C'est par la patience que vous possédere vos dmes (Luc, XXI, 49).Et celui-là sera sauvé quipersévérejusqu'à lafin (MATTH.,X, 22). Dieu connaî le cÅ“u de ceux qui le prient.. . à II ne diffèr peut-êtr & vous accorder ce que vous lui de- mandez, que pour éprouve l'assiduità et la ferveur avec laquelle vous vous adresserez à lui, et pour vous faire connaîtr que, comme c'est un don gratuit et un pur effet de sa libéralità vous ête obligà de conserver avec crainte ce qu'il vous aura donnb. Et en effet, on conserve avec beaucoup de soin ce qu'on n'a acquis ' que par de tri%-grands travaux, de peur qu'en le perdant on ne perde aussi toutes ses peines, et qu'en négligean la @ce de Dieu, on ne se rende indigne de posséde la vie éternell (1). à 10. S. BERNARD, Serut. IV de Quadragesimd :K Plus la prièr (1) Cf. Les Ascitiques, ou Tricitéspirituelsde saint Basile-ie-Grand, trad. par God. Hermant, p. 482-492. 476 DE LA PRIÈRE est efficace quand elle bien faite, plus notre adversaire emploie de ruses pour nous en dbtourner. Quelquefois il nous en détour nera en nous inspirant une certaine pusillanimità d'esprit ou une crainte excessive cl déraisonnable C'est ce qui arrive, lorsque l'homme pense tellement h sa propre indignité qu'il ne tourne point ses regards vers la boni& divine. Car un abîm appelle un autre abîme un abime lumineux appelle un abîm ténébreu un abîmde miséricord appelle un abîm de miskre. Car te coeur de tous les hommes est un abîm it/ipédtrabl (JEREM., XVII, 9). Mais si mon iniquità est grande, votre bonté Seigneur, est encore bien plus grande. C'est pourquoi, lorsque mon Arne se troublera en moi-mhe, je me rappellerai la multitude de vos miséricordes et mon Arne s'y dilatera ; et lorsque j'entrerai dans la considératio de votre puissance, je me garderai bien de me souvenir seulement de votre justice. Toutefois, s'il y a danger h ce que la prièr soit trop timide, le danger n'est pas moindre, et il est mêm plus grand, A ce qu'elle soit témkraire Ecoutez ce que le Seigneur dit tl son prophèt de ceux qui prient dans cette autre disposition :Criez sans cesse, faites retentir votre voix comme une trompette, etc. (Is., LVIII, 1).Comme une trompette, dit-il, parce que c'est avec véhkmenc qu'il faut reprendre les esprits téméraire ces esprits qui cherchent Dieu, et qui ne se sont pas encore trouvé eux-mêmes Je ne dis pas ceci pour ôte aux pécheur la confiance avec laquelle on doit prier; ce que je demande de leur part, c'est qu'ils prient comme des gens qui ont mérit le chiitiment, et non la récompense Qu'ils demandent le pardon de leurs péchà avec un cÅ“u contrit et dans un esprit d'humilité de la mhe manièr que ce publicain qui disait :Mon Dieu,ayez pitià de moi, qui suis un pécheu(Luc,XVIII, 13). Je dis qu'il y a témérit quand celui dont la conscience est encore , sous le poids d'un pécli ou d'une habitude vicieuse, se porte aux choses grandes et dclatantes qui sont au-dessus de lui (Ps. CXXX, 1), sans s'inquiéte en rien des dangers que court son &me. Un troisièm danger h craindre, c'est que la pricrc nc soit tiède au lieu de procéde d'une piét vive. Une prièr timide ne pénèt pas, il est vrai, jusque dans le ciel, parce qu'une crainte immo- dérÃglace l'iime en quelque sorte, et bien loin de lui permettre de s'éleve en haut, elle l'emp6chc mêm de marclier. Mais une prièr tièd rend cetle élévati de l'&me languissante, en sorte que les forces lui manquent, et qu'elle retombe h terre. La prièr témhirs'élixe la vbrité mais elle est rcpoussie; car elle DE LA PR^. 477 trouve de la résistanclh oà elle s'adresse, et bien loin d'obtenir des faveurs, elle s'attire au contraire des disgrilces. Mais la pribre qui, en m&me temps qu'elle sera faite avec foi, sera humble et fervente, pénétre sans aucun doute dans le ciel, et il est certain qu'elle ne restera pas sans effet. à 11. Le meme, Serm. V de Quadragesimd :à Je vous prie, mes frères de vous trouver toujours prêt i~ recourir ii la prière dont je me souviens de vous avoir dit quelques mots à la fin de notre dernier entretien. Mais toutes les fois que je vous parle de la prihre, il me semble vous entendre prononcer dans votre cÅ“u certaines paroles de l'homme, que j'ai entendu souvent pro- noncer A d'autres, et que quelquefois aussi je me suis entendu prononcer en moi-m6me. D'oà vient que, bien que nous ne ces- sions pas de prier, il n'arrive presque jamais que quelqu'un de nous ressente l'effet de ses prières Nous sortons de la prièr A peu prè dans le m6me éta que nous y sommes entré :personnene nous répond personne ne nous donne; nous semblons avoir travaillà en vain. Mais que dit Notre-Seigneur dans 17Evangile? Ne jugez pas selon l'appa,rence, mais jugez selon la justice (JoAN.,VII, 24). Mais qu'est-ce qu'un jugement juste, sinon un jugement inspirà par la foi? Car le juste vit de la foi (Rom., 1, 47). Jugezdonc selon la foi, et non d'aprè voire expérienc personnelle, parce que la foi est infaillible, el que votre expérienc au con- traire est sujette à erreur. Quel est donc renseignement de la foi, sinon cette promesse que le Fils de Dieu lui-mCme nous fait dans son Evangile? Tout ce que vous demanderez dans la prière croyez que vous le recevrez, et il vous sera accord& (MARC,XI, 24). Qu'aucun de vous, mes frères n'ait une faible estime des prière même qu'il fait :car je vous déclar que celui Ãqui nous adres- sons nos prière les a lui-mêm en grande considération Avant mêm que cette prièr soit sortie de notre bouche, il l'a d6jA fait hcrire dans ses registres. Et nous avons alors certainement à espére de deux choses l'une, ou qu'il nous accordera ce que nous lui demandons, ou qu'il nous donnera à la place ce qu'il sait nous &tre plus utile. Car nous ne savons nous autres prier comme il faut {Rom., VIII, 26); mais il a pitià de notre igno- rance, et tout en accueillant favorablement notre prière il ne nous donne point ce qui ne nous serait pas utile, ou ce qui peut ktre remis & un autre temps; car la prièr ne saurait ktre in- fructueuse. Elle ne le sera pas du moins, si nous suivons i'exhor- talion que nous fait le Psalmiste de mettre notre joie dans le 476 DE 'LA PRI~RE, Seigneur :Mettez votre joie dans le Seigneur, nous dit-il, et il MM accordera les ddsirs de votre cÅ“u (Ps.XXXVI, 4). JI 42. Le même Serin, de quatuor modis orandi :à Celui qui, aprè avoir persévé quelque temps dans les gémissement de a pknitence, commence à éprouve la joie comme l'assurance du pardon, peut demander désormai avec assurance. Seulement, qu'il prenne garde de demander autre chose que ce qu'il doit demander, ou d'omettre de demander ce qu'il doit demander ii Dieu' ou de demander avec tiédeu ce qu'il doit demander sans reliiche et de toute son Ame. Vous demandez et vous ne recevez pas, dit saint Jacques (IV, 3), parce que vous demandez mal, c'est-à-dir conséquemmenà vos désir déréglÃAinsi se con- duit quiconque recherche les biens de la terre au-delit de ses besoins, quiconque ambitionne la gloire ou les plaisirs du monde. Telle es1 encore la prikre de ces hommes animé de l'esprit du sikcle, qui demandent dans leurs prière la mort de leurs enne- mis, ou d'autres semblables choses qu'il n'est pas permis de demander. Les choses temporclles cependant qui nous manquent, si elles nous sont n6cessaircs, il nous es1 permis de les demander; mais, comme l'observe saint Grégoir (Hom. XXVII in Evang.), nous ne devons pas lc faire avec trop d'ardeur. Nous devons mettre en cc dernier rang les biens même spirituels sans les- quels nous pouvons faire notre salut, tels que le don de parler dans une haute sagesse, la vertu d'opére des guhrisons, toutes les choses enfin dont nous ne. savons pas s'il est propos pour nous de les obtenir, comme serait une tentation dont vous seriez tourmentb, et dont vous devriez sans doute demander la ddli- vrancc, mais sans y metire toutefois trop d'insistance, en ne perdant jamais de vue cette sentence de l'Apôtr :Nous ne savons ce que nous devons demander ii Dieu dans nos prikres pour le prier comme il faut (Rom., VIII, 26); et il vaut mieux nous en remettre à Dieu, que de décide là-dessu témerairemen en nous-mêmes Mais voici ce qu'il faut que vous demandiez sans relhche ct de toute votre $me, ce qui doit 6tre le constant objet de vos désira de vos soupirs et de vos prieres :d'ctre en grAce auprhs de Dieu, de plaire il ses yeux si pleins de honte pour nous, de vivre et de mourir en union avec lui, de meriter dc contempler sa gloire et de le posséde éternellement C'est de ces choses qu'il est dit :Priez sans reldche (Luc, XVIII, 1 ). C'est ce que le Prophkte demandait A Dieu, lorsqu'il disait :Mon visage vous a cherché je chercherai. Seigneur, votre fore (Ps. XXVI, 8). Ei DE LA ~hthl!. 470 encore :Je haderaiau Seignw me sede chose, et je la rak- &ai w@mnefit; c'est d'habiter dans lu maisoa du S~gm~r îou (ibidemJ v. &) ,.. les jours de ma ~ie ))Quelle doit btre la penske d'un religieux qui entre en prihre, sinon celle-ci du Prophhte :Je passerai dans le lieu dutaberwcle admirable jusqdà la maison de Dieu (Ps. XLI, b)? Car, lorsque nous sommes en prières nous devons nous transporter tout entiers dans le ciel, dans ce palais oà le Roi des rois est assis sur un trhe tout brillant d96toi1es, entourà de l'armé innombrable des esprits bienheureux (DAX.,VII, 40). Ce qui faisait dire A celui qui avait le bonheur d'êtr favorisà de cette vision, dans l'impuissance ou il étai de trouver l'expression d'un nombre plus fort : Ufhmillion d'anges fo semaientJ et mille millions &dent devarat lui (ibidem). Avec quel respect, avec quelle crainte, avec quelle humilité vers de terre que nous sommesy ne devons-nous donc pas approcher de ce Roi des rois! Comme elle doit 6tre humble en m6me temps qu'empressée comme elle doit 6tre ardente la prikre d'un misérabl mortel, qui ose aborder ce roi de gloire, en prtsence des anges y au milieu de tous lcs justes assemblés Si donc nous avons besoin d'une grande vigilance dans toutes nos actions, c'est surtout dans la prièr que cette Fertu nous est nécessaire Cm, conmc nous le lisons dans notre règl (fieg. S. Bazilii., du Seig~mr c. 49), bicn que lcs yc~ soient fixé sur nous en tont temps ct cn tout lieuy c'cst siwtoiil, dans le temps de nos prikrcs. Et quoique nous soyons toi~joi~rs vus de lui, nous nous montrons de plus nous-1n6mes il lui dans la prière pour nous entreteniry pour ainsi dire' face à face avec lui. Or, encore bien que Dieu soit partout, nos prière doivent aller le trouver dans le ciel ;c'est lÃque notre pensé doit êtr dirigé lorsque nous le prions, en sorte que ni le toit de notre oratoire, ni la vaste étendu de l'air, ni 1'6paisseur des nues n1emp6c1~e notre hc de s'envoler jusqu'h hi, pour lui dire, en r6pétan la formulc que nous tenons de Jésus-Chris mêm : Notre Pèr pi &es dmles cieux. En effet, le ciel est appelÃ1a demeure ou le tr6ne de Dieu par excellence, parce qu'en com- paraison de la claire vue que les saints anges et les &mes des dus ont de Dieu dans le ciel, ce que nous connaissons de lui ici-bas, nous 1nis6rahIes exilés mérit & peine un nom. Que celui donc qui prie, le fasse dans la mêm disposition d'esprit que s'il étai transportà dans le ciel, en prhsence de celui qui esL mis sur un trhe 61evà entre les anges resté toujours fidbles et ces pauvres humains qu'il a appel& ii lui de cette terre maudite, en les tirant de la poussi&re O& ils étaien confondus avec nous. Qu'il se considère dis-je y comme présent au Seigneur de toute majesté et qu'il dise avec Abraham :Je parlerai à mm Scigwur, quoique je ne sois que poussièr et que cetzdre (Getz., XVIII, 27). Et si j'ose le faire, c'est parce que vous me l'ordonnez, et que vous m'avez appris vous-mêm à le faire, b source inépuisable de bonté 1) 43. S. JÉR~ME ces paroles du in caput VI1 JeremiÅ“ sur verset 46, Tu erg6 noli orare, etc. :(t Pour épargne au prophete la honte de paraîtr n'avoir pas obtenu ce qu'il lui aurait demandéDieu lui défen de prier pour ce peuple qui refusait de faire pénitenc de ses péché Quant h ces paroles qu'il ajoute : Ne vous oposcz point à w,oi (ibidem), elies nous font voir que,les prièredes saints peuvent faire résistanc A la colèr de Dieu. C'est pour la mêm raison que le Seigneur disait ZI Moïs: Las lui disons, Ddlivrez-now du mal, c'est pour nous faire souvenir que nous ne sommes pas encore dans cet heureux ktat oÃnous n'aurons aucun mal ii souffrir. Ces dernieres paroles de .toraison dominicale sont d'une si grande étendue qu'elles comprennent tout ce que peut demander un chrétien en quelque affliction qu'il puisse se trouver, et tout ce qui peut &ce le sujet de ses larmes cl de ses prière :c'est par-lh qu'il faut qu'il les commence, qu'il les continue et qu'il les achève Nous avions donc besoin des paroles que renferme cette prihre, comme d'un mémoriades choses que nous avons à demander. à 8. Le meme, c. 12 :à Car, de quelques autres parolesque nous puissions nous servir en priant, soit que le mouven~ent du cÅ“u nous les inspire pour s'épanche au-dehors par leur moyen, soit qu'elles aient pour objet de seconder ce mouvement lui-même nous ne disons autre chose, si nous prions comme il faut, que ce qui est compris dans l'oraison dominicale. Et lorsque nous disons autre chose, ou que nous faisons des demandes qui ne peuvent se rapporter A cclles-lh, notre prière si elle n'est mauvaise et vicieuse, est au moins terrestre et charnelle; et dès-lor je ne sais mèrn comment on peut s'empêche de dire qu'elle est mauvaise, puisque ceux qui ont étrégéné par l'esprit ne doivent prier que d'une manith toute spirituelle. à Aussi voyons-nous que toutes les prière des saints dans l'Ancien-Testament se rapportent ii l'oraison dominicale. Car celui qui dit dans un endroit, Soyez glorifid dans toutes les nations, comme vous Vdtcs parmi nous (Eccli., XXXVI, 4) et ailleurs : Que vos propkites soient reconnus fidèle et véridique ( ibid., 18), que dit-il autre chose, sinon :Que votre nom soit sanctifié Celui qui dit :Dieu des vertus, to!~r~;rz-vo~~s vers mvs, faites luire sur DE LA PRI~RE. 513 nous la lumièr de votre visage, et nous serons sauvé (PS. LXXfS, 4), quedit-il autre chose, sinon :Que votre règn arrive? Celui qui dit :Dressez mes pas dans la voie de vos préceptes afin que milk iniquitd ne me surmonte (Ps. CXVIIL 133), que dit-il autre chose, sinon :Que votre volontà soit faite sur la terre comme dans le ciel? Celui qui dit :Ne ne donnez point de richesses, mais ne ne laissez pus non plus tomber dans la pauvretd (Prov., XXX, 8),que dit-il autre chose, sinon :Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour? Celui qui dit dans un endroit :Sciyucw, somenez-vous de David et de son extrdme douceur (Ps. CXXXI, 4), et ailleurs :Si fui rendu le mal pour le mal à ceux qui m'en ont fait, que je succombe devant mes ennemis (Ps. VII, 8), que dit-il autre chose, sinon :Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons d ceux qui nous ont offensés Celui qui dit :Délivrez-mode la conw- piscence de la chair, et faites qu'aucun adsir d'impuretà ne s'empare de moi (Eccli., XXIII, 6)' que dit-il autre chose, sinon : Ne nous laissez pas succomber à la tentation? Enfin celui qui dit : Retirez-moi, 6 mon Dieu, des mains de mes ennemis, et ddlivrez-moi de ceux qui s'élève contre moi (Ps. LVIII, 1), que dit-il autre chose, sinon :Ddlivrez-mis du mal? Parcourez ainsi toutes les prière qui se trouvent dans YEcriture sainte, et vous n'y trou- verez rien qui ne soit compris dans l'oraison dominicale. On peut donc, il est vrai, prier en d'autres termes; mais on ne peut rien demander au-del& des choses comprises dans cette divine prière à C'est là ce que nous devons demander sans hésiter et pour nous-mêmes et pour nos proches et nos amis, et pour les étrangerset pour nos ennemis mêmes quoique, selon les diverses liaisons et les divers degrks d'amitié on puisse, ou htre disposà de longue main, ou se sentir tout d'un coup portà h prier avec plus d'ardeur pour les uns que pour les autres. Quant Ãceux qui disent à Dieu dans leurs prikres : Seigneur, augmentez mes richesses, ou :Donnez-moi autant de biens que vous en avez donnà à celui-ci ou celui-lit, ou :Faites-moi croîtr en lion- neurs et en dignités ou :Bcndez-moi puissant, et donnez-moi de la considératio dans le monde, ou autres choses semblables, et qui les demandent par un mouvement de cupidité et non en vue de s'en servir selon Dieu pour le bien du prochain; je ne crois pas qu'ils trouvent rien dans l'oraison dominicale, à quoi ils puissent rapporter de telles demandes. Si donc ils n'ont pashonte de désire de pareilles clioses, qu'ils en aient au moins de les demander; et si, quoiqu'ils aient honte mdme de les désirer IV 35 844 DE LA PRI~RE. leur cupiditd les emporte et les leur fait demander, que ne de- mandent-ils plut& & celui & qui nous disons : Ddlivrez-nous du ml, qu'il les délivr du mal de cette cupidità même? ... à 9. Le même c. 44 :à L'impatience de quelques-uns a fait queDieu par un effet de sa colerc leur a accordà ce qu'ils demandaient ; comme au contraire ç' ét par un effet de sa miséricorde qu'il a refus6 A saint Paul ce que lui demandait cet apdtre. C'est ainsi qu'il exauç dans le déser la prikre des Israélite (Nitm., XI, 33 ) ;mais leur avidità ne fut pas plut& rassasiée que leur im- patience fut très-sév6reme punie. C'est ainsi qu'il leur accorda un roi selon leur caw, comme dit l'Ecriture, et non pas selon le sien :c7est,ainsi qu'il accorda au démo mèm ce qu'il désirait en lui permettant de tenter le saint homme Job, dont Dieu voulait faire éclate la patience et la vertu (JOB, 1, 12; II, 6 ). C'est ainsi enfin que Jésus-Chris permit A une légio de démon de se jeler dans un troupeau de pourceaux (Luc, VIII, 32). à Si donc 1'Ecriture a eu soin de nous conserver ces exemples, c'est pour nous apprendre ii ne pas nous faire un mérit de nous trouver exaucés lorsque c'est notre impatience qui nous a fait demander Dieu des choses qu'il nous aurait étplus avan- tageux de ne pas obtenir; et il ne pas nous abattre, comme si la miséricord de Dieu étai fermé pour nous, lorsqu'il ne nous exauce pas sur des articles qui n'iraient qu'à nous causer de nouvelles douleurs bien plus cuisantes que celles dont nous vou- drions &re délivres ou nous mettre dans un éta de prospérit capable de nous corrompre et de nous perdre. Convenons donc que, dans ces sortes de choses, nous ne savons si ce que nous demandons est ce qu'il faut demander, et quand le contraire de ce que nous demandons arrive, supportons-le avec patience, et rendons grbces h Dieu de tout, ne doutant point que ce que Dieu a voulu ne soit ce qui nous convient, plut& que cc que nous voulions. C'est sur quoi notre divin Médiateu nous a montrh l'exemple, lorsqu'aprè avoir dit b son Père par un mouvement empruntà de la volontà de ceux dont il avait bien voulu prendre la nature : Mon Père s'il est possible, que ce calice s'doipe de moi (MATTH.,XXVI, 39), il ajouta aussitbt :Ndanmoins que cotre volo~ttd s'accomplisse, et non pas la mienne; et c'est ainsi qu'il esl vrai de dire que l'obéissanc d'un seul a ét la source de la jus- tification de plusieurs (1).à (1) Cf. Lettres de saint Au/~ustin,t. 111, pag. 317-331, 535-537. DE LA PRI~RE. SIS 40. Le mbme, Serm. V de verbis Domini :à Si vous vouiez acquérila justice, mendiez-la auprhs de Dieu, qui vous aver- tissait tout-à-l'heur dans son évangil de demander, de chercher, de frapper ti sa porte. Il savait quel mendiant avait besoin de lui, et voilà ce p&re de famille, ce grand riche, j'entends en richesses spirituelles et 4ternelles, qui vous adresse cette cxhor- talion :Demandez, cherchez, frappez. Celui qui demande regoit; qui cherche trouve, et on ouvrira d celui qui frappe. Il vous exhorte A demander; si vous lui demandez effectivement, vous payera-t-il d'un refus? Rappelez-vous cette exhortation tirke de la com- paraison d'un riche avare :II y avait, dit Notre-Seigneur, unjuge dans une certaine ville, qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point des hommes; et il y avait aussi dans la dme ville une veuve qui venait souvent le trouver, en lui disant :Faites-moi justice de ma partie :Et il fut lo~i@mps sans vouloir le faire (Luc, XVIII, 2-5); mais elle insistait toujours, si bien qu'il accorda & l'impor- limità ce qu'il refusait d'accorder au besoin. Jésus-Chris a em- ployà encore celte autre comparaison, pour nous engager A lui adresser nos demandes :Quelqu'un & qui un hôt venait d'arriver alla trouver son ami, et lui dit, en frappant h sa porte :Quel- qu'un m'est arrivé qui demande à loger chez moi ;prêtez-motrois pains; l'autre lui répon :Je suis au lit, et mes serviteurs sont égalemen couchés Mais son ami ne se désist pas pour cela de sa demande; il insiste, il frappe, et il mendie comme un ami peut le faire auprks de son ami. Qu'est-ce que Notre-Seigneur ajoute? Je vous dis que, quand nhae il ne se lèverai pas pour lui donner ce qu'il lui demanded cause qu'il est son ami, il se lèverai néanmoinà cause de son inportuniid, et lui donnerait autant de pains qu'il en voudrait (Luc, XI, 5-8). Ce n'est pas A cause de son amitià qu'il lui donne, dit Notre-Seigneur, mais it cause de son importunité Que signifient ces paroles, Ãca,use de son importu- nitéElles signifient que cet homme, malgrà le refus qu'il venait d'essuyer, ne cessait pas de frapper pour cela, et ne se désistai point de sa demande. A combien plus forte raison Dieu ne nous accordera-t-il pas ce que nous lui demandcrons,lui quiest la bontà même qui nous exhorte le premier & lui demander, qui s'indigne si nous ne lui demandons pas, et qui, lorsqu'il differe d'accorder ce que nous lui demandons, n'agit pas ainsi en vue de nous refuser, mais pour nous rendre ses dons plus recommandables? Car ce qu'on désir depuis plus longtemps, fait un plaisir plus doux lorsqu'on l'obtient; tandis qu'au contraire ce quiest accord4 A la premihre demande: nerd par-lh nibme de son prix. Demandez, cherchez, redoublez d'instances. En demandant et en cherchant, vous acquerrezdenouveaux titres pour obtenir. Dieu vous tient en réserv ce qu'il refuse de vous donner tout de suite, pour vous apprendre A désire ardemment d'aussi grands biens que ceux qu'il vous offre. Il faut donc toujours demander, et ne jamais nous lasser de le faire. Car nous sommes les mendiants de Dieu, en mêm temps que d'autres mendiants nous demandent A nous- memes. Si nous voulons qu'il nous reconnaisse pour ses men- diants, reconnaissons aussi les nôtres à 44.S. CYPRIEN, de Oratione dominicd (1):à Puisque nous avons un avocat qui intercèd auprè du Pèr pour nos péclibs pkcheurs que nous sommes, lorsque nous demandons qu'ils nous soient pardonnés n'employons pas d'autres paroles que celles de notre intercesseur. S'il csl vrai qu'il a dit : à Tout ce que vous demanderez & mon PCre, en mon nom, vous l'obtiendrez, ik à plus forte raison sommes-nous assuré d'obtenir ce que nous demanderons au nom de Jésus-Christ en le demandant par ses propres paroles. à Lorsque nous prions, que ce soit avec le calme de l'esprit et une crainte respectueuse. Rappelons-nous que nous sommes en la présenc de Dieu, et que nous devons chercher A lui plaire aussi bien par l'attitude du corps que par le son de la voix ... Qu'ils sont nombreux, qu'ils sont féconds qu'ils sont sublimes, frbres bien-aimbs, les mystère rcnferm6s dans l'Oraison domi- nicale! Resserré dans des formules courtes, il est vrai, mais abondantes en vertu, ils présenten un tableau abrég de la doe- trine évangdique et embrassent, dans leur 6nergique brièvetà tous les besoins de l'homme. à Le Seigneur ne se contenta point de nous apprendre it prier; il nous prouva la nkcessità de la prièr par l'autorità de ses exemples. Lui-mêm priait fréquemment L'Evangile nous le montre, tantô s'enfonçan dans la soli tudc, tant& se retirant sur la montagne pour s'entretenir avec son Pbre, et passant les nuits cntikres dans l'oraison. à L'innocence priait! que doivent faire les criminels? Les nuits du juste par excellence s'bcoulaient dans l'oraison! quelle obligation impérieus pour des pbcheurs de consacrer aux veilles (1) Nous avons dhji observÃque ce traitÃn'est pas de saint Cyprien, mais de Rutin il'Aquil&c. DE LA PRIERE. 817 et ii l'oraison les heures du sommeil ! Et pourquoi priait-il?Ce n'étai pas pour lui, sans doute. L'innocence n'avait rien A de- mander. Il priait pour nos fautes, ainsi qu'il le déclar lui-mêm (Luc, XXII, 31 -32 ) : à Satan a de~Ml?dÃà vous cribler comme le froment. Quant 6 moi, j'ai prià pour que votre foi ne vienne pas à ddfdlir. 1) Puis, quelques moments après il s'adresse {i son Père mais alors ce n'est plus pour un seul qu'il l'invoque, c'est pour tous sans exception : à Je ne prie pas seulement pour eux, mais pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous en- semble ils soient un, comme vous, mon Père vous &es en moi, et moi en vous, et qu'ils soient de mdmewi en nous (JEAN, XVII, 20-2'1).1) Prodige d'amour et de miséricorde Pouvait-il pousser plus loin la sollicitude pour notre salut ? Non content de nous avoir ra- chetés il joint encore l'intercession ti l'effusion de son sang. Mais comprenons bien la nature de ses dbsirs : il veut qu'A l'exemple du Pkre et du Fils, qui ne sont qu'une seule et meme cliosc, nous demeurions tous retenus dans les même liens. Jugez par-l& quel est le crime du t6mérair qui brise les nÅ“ud de cette précieus unit&, que Jbsus-Christ appelle de ses vÅ“ux parce que son peuple, il le sait bien, ne peut se sauver que par la paix, et que jamais la discorde n'entrera dans le royaume de Dieu. à Quand nous vaquons il la pri&rc, notre cam doit s'y appliquer exclusivement, bannir toutes les réminiscence de la terre, et n'entretenir d'autre pensé que celle de Dieu. C'est dans ce but que le prêtr à l'autel, avant de commencer l'oraison, prépar au recueillement l'esprit des fidèle par cette invitation ; à Elevez vos c~urs!à et que l'assistance rbpond : à Nous les tenons hlevks vers le Seigneur. à Fermons donc à l'ennemi toutes les avenues de notre An~c, pour n'y laisser entrer que Dieu. Trop souvent le démo se glisse dans les abords de notre mur, il s'y embusque furtivement, et la il surprend au passage nos prières puis les détourn du Seigneur, afin que nos lèvre et nos pensbes soient en désaccord Cepcndant , qui l'ignore? C'est bien moins la bouche que la volontb, qui doit prier avec une rcligieusc attention. Quelle 6trangc indolence que de se laisser entraher A d'oiseuses et profanes préoccupations comme si la pens6e de Dieu ne devait pas alors absorber toutes les autres! Vous voulez que le Seigneur vous cntcnde, et vous ne vous entendez pas vous-même Vous voulez qu'il se souvienne de vous, et vous vous souvenez & peine de lui! Est-ce la faire bonne garde contre DE LA PRIÈRE 349 a dtd intimÃce prdcepte : Veik et priez, pour rn mtpm lentution (&m.,XXVI, hl)? Au moins faisons les pribres d'usage accompagnée d'actions de grAces, lorsque nous quittons le lit, lorsque nous sortons, lorsque nous sommes pour prendre notre repas, lorsque nous venons de le prendre, l'l~eure de l'encens, et enfin lorsque nous sommes au n1orncnt de IIOUS coucher. Mais m4me pendant que vous ête au lit, jc voudrais que vous réphtassie en vous-mêm des psaumes avcc l'oraison dominicale, soit dans VOS intervalles de sommeil, soit avant de pouvoir vous endormir, afin que, libre de toutc agaire séculièr dè le moment de votre entré au lit, vous vous trouvicz occupé dc saintes pensée au moment d'6trc emporté par le somn~eil. EnGn, celui-15 mêm (4) qui a donnà h la pl~ilosopl~ie le nom qu'elle a encore aujourd'hui, prescrivait tous lcs jours il un joueur de flùt de lui joues quelque air tendre au moment 0i.1 il allait se mettre au lit, pour reposer son ilme fatigué des occupations de la journée JIais ce pl~ilosophe, semblable en cela à celui qui laverait une brique, clierchait vainen~ent & se dhlivrer des pensée du siècl au moyen d'une autre cliosc du siècle et cn demandant it la voluptà un remèd ti son mala il ne faisait quc s'enfoncer de plus en plus dans la fange. Nous autres au contraire, puri- fions nos âme de tous les vices dont le corps est l'instrument, en nous détachan de plus en plus de toute affection terrestre. Nous devons aussi rkiter tous lcs matins cn particulier lc sym- bole de notre foi, aprhs l'avoir gravà comme un sceau dms notre cÅ“ur Revenons-y encore toutes les fois que nous nous trouvons en quelque phil. Car un guerrier dans sa tente ou sur un champde bataille peut-il se dépuille de ses insigncs militaires? )) 45. Le mhe, Sem. XCHI (al. 92) in m~tu,lÃsanctorum mur- tyrw Nazarii et Celsi :(( La prière quand on y joint des oxvres de mortification, de justice et de cllarité nous élè au-dessus de ce mondc qui passe, pbnhtre jusque dans Ie ciel, et est porté par l'ange jusqu'au trhc dc Dieu mtnw , conformémenà ce que l'ange Riphai4 a dit quclquc part : Lowp COM priiez, j'offrais cotre prièr al6 Très-Hau (Td.,XII, 12). Hcureusc l'$me, mes frères dont les désirs dont les veux, dont les prières exemptes de toute infidélit& pures de toutc aITcction grossièr et charnelle, étrangere à tout sentiment dc haine ou d'animosité inais animée d'une foi vive, fortes du thmoignagc de la con- scicncc, respirant l'odcur de la pureté répandan autour d'clics (1) Pythagore. 320 DE LA P~I~IE. le pahm de la charit6 et de la cmmde, s'&vent jqu% Dieu un agrhble encensy comme la fum6e &un holocauste, pr6sentéeii son trhe par les messagers célestes m 4 4. S. CHRYSOST~ME Comme le soleil y Lib. 2 do Precatione :cc illumine les corpsy ainsi la prièr éclair nos esprits. Si donc c'est un malheur pour un aveugb d'ètr privà de la VUC du soleily quel malheur n'cst-ce pas pour un clirétie dc ne pas pricr sans cesse, et de ne pas introduire par la prièr la lumièr de Jésus-Chris dans son cÅ“ur Qui n'admirerait cependant cctk bontà de Dieuy ct cet honneur qu'il nous fait, de nous admettre à le prier et h nous entretcnir avcc lui? Car c'est à Dieu rnêm que nous parlons dans le temps de la prièrc par laqucllc nous pouvons nous associer aux anges, ct mcttrc unc distancc incom- mensurable cntre nous et les Ctres pkrts dc raison. Car la pribre est le proprc office des anges; cllc est n~Cm d'une dignità st~pé rieure à la leury s'il cst vrai que convcrscr avcc Dicu, ce soit s'élcvc au-dessiis dcs anges. Or* ils nous font voir eux-mhcs quc c'cst quclque c110se de plus é1evb puisque ce n'est qu'en trcn~lhnt qu'ils présenten nos prièrcs nous apprenant par Icur excmp1e ii nous acqi~itter de ce mbme devoir avcc joie ct crainte tout h la fois : avcc crainte, parcc que nous (lcvons crnindrc cn cîî d'ttrc indigncs dc paraîtr devanl Dieu; avec joiey il cause de l'l~onneur accor(16 ià notre nature mortcllc d'cntrcr ainsi CU intimità avec Dicu mCmeY ct de passcr par cc inoycn dc notre étade mortalitd it l'btat d'une vie immortelle.. .Car si ceux qui conversent l~abitucllcn~cntavec un roi, et qui sont honoré de scs faveursy ne sauraient êtr pauvres y il est, encore Iim plu9 iinpossiblc qw ccux que Dieu admct h converser avcc lui aient craindre la nwrl au lnoins quant h leurs hncs :car la mort dc l'Arne, c'cst tinc vic crinlincllc. Il suit de 1A quc la vie (le Ylme consiste scrvir Dieu, ct A faire ce quc cc scrvicc exige dc sa part; or, c'cst la prih qui procure A 1'Amc ccltc vie sainte et confor~ne & cc quc Ic scrvice de Dieu denmdc d'elle, c'est cllc qui lui alnassc cc riclic trdsor.. .Car il n'csl pas possiblcy non, il nc l'es1 ps, qucy dcn~andmt ii Dicu la tc1np6rance, la justice, la douccur, la Imtb, nous n'obtenions 1x1s l'effct de notre prierc. Dct~a~~dcz, a dit le Sauvcur, et on vous (Zomcr(t; cl~crcl~cz, ct uoz~s t?-owerez; ft'uppcz, cl il ~OZLSscm ouvert; car quico~yd~ demande, rqoit; qui cl~trcltc trothve, cl OI~owrh Ãcchi qui frappe (MATTH. VII, 7; Luc, Xl, 9-1O). Et aillcurs :Qui cst cchi d'enlrc y WMS qtti dotwtwit h MI) fil.$ 1t1ic l)icrrc, si cc&-ci ll~j&))&u)&i6 du pain; ou un serpent, s'il lui demandait wn poison; ou un scorpion, s'il lui demandait un Å“uf Si donc VON, quoique uow soyez n~échat~ts uous savez dattmoins donner de bonnes choses & vos crtfu~lts,il combien plus forte raison votre Pèr qui est dm le ciel dorlllera-t-il le bo~t esprit d cczix qui le lui demandent (Luc, XI, 41-45)? En nous adressant dc telles paroles, en nous faisant de tclles pronmses, le Yaîtr de l'univers nom invite sans doute & le prier; nous devons donc, pour ol~éi & Dieu, composer, pour ainsi direy notre vie entièr du chant des hymnes et de la prièrc plus occupé du soin de lui rendre le culte qui lui cst dû que de celui de nos intérê les plus ellcrs. Ce sera 1A le nloycn dc vivre toujiurs c,omme.il convient à la dignità dc notrc-uatiire-. Celui qui ne prie pas Dieu, et qui ne clxrcl~e pas continucllemcnt h s'en[reknir avec lui, est véritablemenmort; il est sans &mey ou il a perdu le sens. Cary quelle plus forte preuve quelqu'un peut-il donner dc sa folie, que d'ignorer sa propre grandeur, en se tenant dans 1'indiErcnce par rapport h la prière et en refusant dc croire que l'oubli de Dieu cst la mort de l'he?. .. )) Que de ne faire aucune priere ce soit pour nous un mal plus grand que la mort mê~ne c'est ce que nous cnscigne bicn 6loquemment Daniel, ce grand prophète Iorsqu'il préfè s'cx- poser h la mort, plutbt quc de rester trois jours seulmcnt sans prier. Car le roi des Perscs ne co~mandait h Daniel aucune action impie; tout ce qu'il exigeait dc 1ujy c'hlait dc rcstcr trois jours sans adresser de prihres (k aucun autrc dieu OU 5 aucun autre homme qu'A lui. Mais le propllèt nc pcut conscntir à rester sans prier mêm ce court espace ae temps) (l),attendu que sans Dieu nous ne sommes capables d'aucun bicn; la grilce de Dieu au contraire nous vient en aide dans nos travauxy ct s'empresse de nous les al16gery si elle nous trouve appliqué il la prière continuellement en posture de sq)pliants devant lui, ct n'attendant que de sa hontà tous lcs bicns dCsirablcs. Quand donc je vois quelqu'un indifféren p.Our la pribre, ct sans ardcur ni amour pour cc saint exercice, il m'est hidcnt dks-lors qu'il n'cst animà d'aucun sentimnt gkndreux. Lorsqu'au contraire j'cn vois un autre ne pouvoir se rassasier dc rendrc il Dieu ses dcvoirsy et regarder comnlc le plus grand de tous les rnal!~ci~rs celui dc ne pas prier sans ccssc, je prononce de lui sans craintc qt~c (1) Les deux lignes re~ifemks ici entre crucl~chIIC SC trouvent pas h~ l'kdihn Gaun~e. s son Am8 est un temple vivant de Dieu et le sanctuaire de toutes les vertus. Car si, comme le dit le roi Salomon (l),k îdte~ du corpsJ le rire des dents la démarch de l'homme font connaîtr quel il est (Eccli., XIX, 27)y la prièr ct les autres actes de reli- gion sont bicn micux encore le signe de la saintetéc'est comme un vètcmcn spirituel ct divin qui donnc dc Ia @ce et une véritabl hcaut6 il notrc finle; qui mct l'harmonie dans toute notre conduite; qui nous cmp&lie de nous porter quoi que ce soit dc répr6licnsibI ou d'inconvenant; qui nous inspire la crainte dc Dieu, et l'cstimc dc l'honneur qu'il nous fait de con- verser avec lui; qui nous apprend & déjouetoutes les ruses de l'esprit infernal ;qui bcartc dc notrc csprit les mauvaises pensées et nous porte ii dédaigne les volupté sensuclles. Car c'est lb lc seul orgueil permis aux djsciplcs de Jésus-Cliris ,de ne vouloir servir aucune passion mauvaise ct de conserver son Arne daus une saintc libcsL6. )) Je crois d6montrà pour tout le monde qu'il est impossibled'êtr vcrtucux, ou de pershvhrcr & ly6trey sans la prière Et comment l'etrc cn elïet si l'on nc recourt continucIIement it cclui qui donne ct souticnt la vcrtu ? Comment quelqu'un pourrait-il aspircr i~ Ia pratique exactc de la tempérancet de la justicey sans n~cttre son bonheur h s'entrctcnir avcc celui qui nous en a imposà le devoir? Mais jc veux vous faire voir en outre quc, quand mêm nous entrerions cn prièr couverts de crimesy nous cn sortirions bientbt purifiés En effet, quoi de plus grand ct mêm de plus divin que la prièrc qui peut servir d'an- tidote & ïoutc lcs maladies de nos Ames?. .. M Or, que la prikre purifie sans peine une Anle de ses p6chés dcst ce que nous cnscignc l'cxcmple du publicain, qui n'eut pas plus tô dcmand6 Dieu son pardon, qu'il l'obtint ;c'est ce que nous enseigne aussi celui du 16prcuxy qui fut gubri cn ~nhe temps qu'il se jeta aux pieds du Sauvcur (Lucy XVIH, 43>55 et suiv.). Car si Dieu n'a pas fait attcndrc la gi16rison que cc lépreu lui demandait d'un vice corporel, il sera cncorc bien plus portà h guériune Ame dc ses maux ;pt~isque, plus 1'Ame est au-dcssus du corpsy plus il csf raisonnable quc Dieu témoign (i) Ccci ne psail pas tout-:\-fait exact, 1'EccI~~iasliq~~c &ant l'ouvrage de Jésusfils de Sisach, et non du roi Salomon, colnnic le dit ici l'auteur de cc1opuscule, qui d'ailleurs n'csl peul-dre pas saint Cl~rysostbme ;car D. Montfaucon a rangÃles deux livres Dcprccationc, dont il est question ici, panni lcs ouvrages dont il est doutcux qu'ils soiwt de cc Père DE LA PRIÈ~E 523 la sollicitude qu'il a pour eue. Nous pourrions rapporta de mhme mille autres exemples tant anciens que nouveaux, si nous vou- lions énumér tous ceux qui ont dÃleur salut ii la prière Mais peut-ètr quelqu'un de ceux & qui une prièr fervente et conti- nuelle parait une cl~arge accablante ou trop péniblc nous ob- jectera-t-il ces parolcs de Jésus-Cl~ris : Tous ceux qui disent, Seignetw, Seigmw, n'entreront 110s pour cela dam le royawm dos ciezbx, mais ceux-lh sezde~nent qui fottt lu colontà de mon Père qui est duns le ciel (~JATTH., VU, 24). Si ma pensé étai quc la prièr toute seule suffise pour le salut, on aurait peut-6trc raison de m'objecter ces paroles; n~ais on a tort de me les opposer, lorsque je me borne & dire que la prih est pour nous le prin- cipe de tous les biens, le fondement et la racine d'une vie ver- tueuse. Car ni la tempéranc ne peut nous sauver toutc sculc sans les autres vertus, ni la pratique seule de l'auindne ne peut nous sauver non plus, ni la douceur toute seule, ni toute autrc vertu, si les autres ne l'accompagnent; mais il faut que toutes ensemble elles concourent au salut de noire âm : or, le fonrie- ment et la racine de toutes les vertus, c'cst la pi&, Et dc mèm qu'un navire ou tout autre Miment emprunte sa solidità des bases qu'on lui donne, ainsi i'édific entier de la verlu n'a pas d'autre fondement que la prièr : sans elle point de vertus pour nous, point de salut par conséquentC'est pour cela que saint Paul insiste tant sur cc prtkeptc, lorsqu'il dit dans ses épitre: Persévé et veillez dws lu piire, en ~uccoq~aymtt d'actiotu do grdces (Col ., IV, 2 ); Priez sans relûche re11dez grdees de toutes choses, car telle est la vo/othtd de Diet~(I Tliess., V, 4748); invoqvez Dieu ea esprit el en tout temp, par toute sorte de suppli- cations et de prière (Epl~s., VI, 48). Ainsi cc prince (4) des apdtres ne cesse-t-il dans son langage vrain~ent divin de nous exhorter ti la prière Instruits donc quc nous somnlcs par ce grand maîtrc faisons dc la prièr l'occupation dc toulc notrc vie' et n'en passons aucun moment sans donner cc rafraichissc~nent & notre iîm : car la pri& n'cst pas moins indispensable au salut, de l'homme, que l'cau nc l'est d la vie des plantes. Kt ric ~nèm que. celles-ci ne peiwcnt fructifier, si elles ne sont continuelle- ment arrosées ou rafrt~îcl~ie dans leurs racines, ainsi nous nc (4) Cette expression est loin d'th cx~ck,au point rie vue l1i6rarcl1iquc du moins; mais il est douteux, ayons-nous dbji dit, que cc1 opuscuk soit de sain1 Clir~soslh~~ie. B24 DE LA ERIE~E. porterons~nous-mhes aucun fruit de vertu, si la prikre ne renouvelle chaque instant les forces de notre Arne. Nous devons en conséquenc devancer le lever du soleil tous les matins en quittant nos lits pour nous mettrc en prières prier de m6mc avant nos repas3 prier de mêm avant lc rcps de la nuit; ou pour micux dire, pricr égalemen & toute l~eusc du jour, sans intcr- romp jamais cct exercice ;y ernploycr dc dme la plus grandc partic des nuits de i'hiver, et lcs genoux lmbituellexnent en terrey Shire nos ddiccs dc rendre h Dieu l'l~onneur qui lui est dil. Ditcs- moi, comknt pouvez-vous voir lc soh.il, sans vous prosterner dcvant cclui qui cnvoie 3, vos ycux ccttc douce Iumiere? Com- incnt vous mettre & table, sans adorcr celui qui vous procure tant dc biens? Que n'aurcz-vous pas craindre h l'cntré de la nuil? ii qucls songcs devrcz-vous vous attcndrc pour le som~11ci1~ si vous ne cl~ercl~cz votre dkfensc dans la prièrc et si vous vous livru ainsi sans lmkaution au somn~cil? VOUS devicnrlrez sans pei11e le jouct ct la victime de tous les nialins espits qui ne cessent dc rMer autour de nous, ct qui fcront dc nous leur proie, du monlcnt oà ils s'apcrccvront que nous ne serons pas armrk dc la prihrc. S'ils nous voicnt protégà par cc rcnlparty ils prcnncnt aussilbL la Sbi~c,comme des voleurs qui verraient sus1)cnduc sur Icurs Wes lq6p6e d'un soldat. Mais si au sontraire ils rencontrent quclqu'uu qui nc soit pas armà dc la prière ils se saisissent dc hiy et lc pousscnt & toute csphcc dc crimcs et dc désordres Pour vous mcttre $1co~~vcri, cherchez votrc soutien clc ces n~all~eurs, dans le chant dcs hy~nncs et dans la prièreafin que Dieu, ayant pitik de nous, dilignc nous admcttrc tous cnsen~blc dans son royaumc, par les nGritcs dc SOE Fils wliquc J~SUS-Christ (4). )) 45. Lc 1~61nc Lib. 11 do Prccatiom; aprk avoir r6su1nà en y pu de mots ce qu'il a dit dans lc premier livrc, le saint, docteur continue ainsi :u Si l'on disait quc Ia prikrc cst lc nerf de l'Am, , on ne dirait rien de trop inexact. Car de m&ne que ce sont les nerfs qui donnent au corps la force, soit de courir, soit dc se tenir debout, soit de remplir ses diverses fonctions, et que si l'on vient les coupcr, son organisnle n'a plus dc lien qui cn unissc ]CS parties; ainsi c'cst la prièr qui mct l'accord dans lcs op6ra- tions de l'timc, qui fait sa force> ct qui lui donne l'agilità dont clle a 11csoin 1)our s'avancer dans les voies dc la vertu. Vous bter vous-mêm la ressource de la pribre, c'est comme si vous re- tiriez un poisson de l'ettu : cara si le poisson trouve sa vie dans l'eau, votre Arne doit trouver la sienne dans la pri&re. Au moyen de la pribre, vous pouvez vous éleve jusqu'aux.cieux, et vous approcher de Dieu de plus en plus. Ce que je viens de dire doit suffire pour vous convaincre de la vertu dc la prière l~iais il vaut peut-êtr mieux recourir aux divines Ecritures, et apprcndrc de la bouche de Jésus-Chris quel trkor de ricliesscs la prièr renferme pour ceux qui veulent en faire l'occupation de leur vie entibre. Il leur disait, ainsi le rapporte l'Evangéliste 1~ parabole suivanle, pour faire voir qu'il fitut toztjows prier N (Luc9 XVIII, 4 et suiv.). Ici saint Chrysost6me rapporte en entier la parabole du juge et de la veuve, puis il ajoute un peu plus loin : (c Si celui qui de sa vie n'avait fait acte de clémenc se trouva tout-&- coup changé et prit en pitià la pauvre veuve, quels effets de la miséricord divine la prièr ne devra-t-elle pas nous attirer? On pourra concevoir quelle est la force et la vertu de la prière pour peu qu'on porte son attention sur les avantages qu'elle procure tous les jours et & toute heure & ceux qui y sont assidus. Car qui peut ignorer que Dieu, par une suite dc cct amour infini qu'il a pour nous, dispense égalemen tous les hommes, justes ou in- injustes, la lumièr du soleil, dc la lune ct des Gtoiles, toutes les diverses espèce d'alinicnts , les sicliesses, les moyens dc SUI)-- sistance et mille autres biens? Or, si, sans &tre prié sans (p'o11 lui fasse de demandes, il se montre tous les jours si prodiguc t!c bienfaits, quelsbiensn'obtien~lront pas de lui ceux dont la vic entibre est une l~rièr continuelle? Disons rnaintcnant com1)icn il est souvent arrivà quc des justes aient obtenu pas leurs prière le salut de tout un peuplea de toute une ville, de l'univers entier. n La prikre a tantô arrêt la violence du feu, et tantô appri- voisà les lions. N'est-ce pas ainsi qu'elle a pr0tég6d'un CMles trois jeunes l~o~n~nes, dc l'autre Daniel? Cela scul, jc pense, doit ' suffire pour prouver îiout lc monde qu'elle est assez puissmtc pour sauver de toiis lcs dangers tous CCUX qui ont secours A clle. La prikre est le principe du salut, le gcrmc dc l'immortalité le rempart inexpugnd)le dc l'&lise, unc forteressc in~preriablc, la terreur des démons ct le sefup des fiddes (1). 1) 46. Le même!Io~u.V de t~tco~n~~rel~etzsibili Dei natwd contra (1) Cf. Sancti Joimis C?trysostomi opera, t. II, p. 785-789, éditde Nontfaucon; p. 939-9h3, &lit. Gaume. u9~mar0.9:(( La prihre est une arme puissante, un trhr in& puisable, une richesse impikissable , un port inaccessible aux tempêtes un principe de tranquillit6 et de bonheur, la source et la m&re de milie biens, et sa puissance surpasse celle des rois (i).)) (c La prièr a eu la force de suspendre et d'arrête la violence des flammes, de contenir la fureur des lions, de faire cesser les guerres, dc sépare les combattants, de calmer les tempêtes de chasser les démons d'ouvrir les portes du ciel, de rompre les liens de la mort, de mettre les maladies en fuite, d'éloigne les calamitésde raffermir les villes ébranlée d'apaiser la justice de Dieu et de déjoue la nmlicc des hommes. Maisquand je parle de prières je ne veux pas dire celles qui ne sont que sur les l&vres, mais celles qui s'échappen du fond le plus intime de l'&me. Car de mêm quc les arbres qui poussent dans la terre des racines profondes et fortement entrelacée n'ont point A craindrc d'btre bris& ou nrraclié par la violence des vents, ainsi les prière qui ont leurs racines dans les abîme du cÅ“u s'i- hent hardiment vers le ciel, sans pouvoir êtr détourné de leur direction par le tunulte des pensée profanes. C'est ce qui faisait dire au Propbbtc :Du fond de l'abîme Seigneur, j'ai crid vers wot4s (Ps.cxxzx,4 ) (2). )) N Rien ne pourra nous abattre, pourvu que nous n'apportions ni tiédeu ni négligenc dans nos prières car, quels que soient les maux qui nous assaillent, nous les repousserons sans aucune peine. Eh ! qu'y a -t -il d'étonnan h cc que la prièr ait la vertu de dissiper les chagrins, puisqu'elle a mêm la force de détruir et d'effacer le péch (3)? N 47. Le mèmc Hom. LXXZ ad poptdum Antioclmm :M Mais si la foi nous est nbcessaire, qu'est-il bcsoin que nous jcùnion en outre? C'est que le jeûne joint avec la foi, nous donne une force bien plus grande; c'est qu'il contrihc puissamment réglenos mÅ“ur ; qu'il nous rend semblables aux angcs ; qu'il nous rend forts contre les puissances infernales; mais il ne suffit point en- core par lui-mtme ;car la prihre est aussi nbccssairc, et m6me la prièr l'est avant tout le reste. Voycz, en ckt, combien d'atrantages nous procurcnt ces deux vertus réunies Celui qui prie, et qui (1) Cf.lbi1Lyt. 1, p. 488,kiit. de nlonlfa~~con; p. 597, &lit. Gaume. (2) Cf. 1bidy p. 490-49i, édit de fiIontfaucon; p. 600-GOi, ddit. de Gaume. (3) Cf.Zbi& p. 491, éditde nlontfaucon: p, 601, ddit. Gaume, DE LA PRI~RE. 827 jefine en mhe temps comme il le doit, n'a pas besoin de beau- coup de choses ;celui qui n'a pas besoin de beaucoup de choses ne sera jamais avare, et n'en sera que plus dispos6 h faire Sau- milne. Celui qui jeûn n'a rien qui rembarrasse; il prie sans distraction, et il éteinen lui les passions tnauvaises ;il se rend Dieu propice, et il réprim les rnouvemcnts impetueux de son Ame. Aussi les apdtres jeùnaient-il presquc continuellement, Celui qui prie et jeûn en mkme temps a comme deux ailes qui le rendent en quelque sorte plus lége que les vents ;il n'est point :iccabl& par le sommeil ;il n'est point' comme tant d'autrcsy lan- guissant dans la prihre; mais il est plus ardent que le feu ;il s'é lhve sans peine au-dessus de la terre et n'en devient que plus redoutable aux démons Rien de fort comme l'l~omme qui prie dans ces dispositions ;car si une pauvre femme a pu vaincre la duretà #un juge qui ne craignait ni Dieu ni les hommcs, A plus forte raison Dieu se laissera-t-il gagner par celui qui lui adresse des prihres continuelles, qui commande & ses appétit grossiers et ne se laisse point énerve par les diliccs. N 4B. Le mêm y Hom. LXXIX ad popttlw~h A?~~ioclzemn :N Si David? quoiquail fû roi et embarrassb de tant dc soins, priait sept fois le jour, malgrà les distractions qui lui survenaient de tous cdtés quelle excuse pourrons-noi~s dl6guw, nous qui avons tant de temps de reste, et qui ne prions pas continucllementy malgr6 tous les profits que nous retirerions de nos prih-CS ? Car un Iiommc qui prie avec ferveur et qui met de la continuità dans ses prières se trouve, j'ose le dire, dans l'impuissance de pécher N Plus loin, le saint docteur dit, en parlant de la mèr de Samuel : N Dieu ne pouvait-il pas acconqdir son dési sans attendre qu'ellelui en fî ? Mais la prière ne savait-il pas d'avance ce qu'ellc désirai s'il le lui eû accordà avant qu'elle ne hi en eî~ fait fa demande, il n'aurait point donn6 occasion sa ferveur de SC d6ploycr, it sa vertu de se prod:.~irc au grand jour, et clle n'cù pi ensuite en recevoir la récompcnsc Il est donc nécessair que nous rcndions grAces à Dieu ct au commencement et 5, la fin de nos repas (caln celui qui se met il table avec cette précautio ne tombera point dans l'ivresse, ne donnera point dans l'excks du vin, ne se trou- qera point incommod6 par lc trop de no~irrit.iirc dont il aurait cl~argÃson ventre ;mais i'idé de la prièr sera comme un frein qui contiendra ses désir ;il ne prendra d'aliments que dans la mesure convenable y et il attirera mille bénédictio sur toute sa personne. Un repas qui commence et finit par la prihre est comme une ,sourceabondante d'oà décod sur nous une infinità de biens. Gardons-nous donc bien de néglige cet avantage : car il serait contradictoire que, tandis que nos domestiques, ii nous, se font un devoir de nous remercier et de nous combler de leurs louanges, lorsqu'ils re~oivcnt quclque chose de nous, nous manquassions nous-rnfimts il louer Dieu, qui nous procure la jouissance de tant dc biens) (4). Si tant dc contre-temps nous arrivent, tant dans nos aflaircs privée que dans celles qui intéressen le salut de la socibté cela vient dc cc que nous ne mettons pas le soin dcs . cl~oscs spirituelles avant cclui que nous devons pscndre aussi dcs temporelles. Et qu'on nc mc dise pas qu'un séculie occupà jour- nellement & un tril~unal nc peut pas jeûne des jours entiers et se rendre it 1'6gIise avcc lcs autres fidèle : car il le peut au con- trairey et m6mc Ws-facilcmeni. En effet, s'il ne peut se trans- porter sans inconwhient {i l'@lise, il peut du moins, sans quitter son tribunal, prier tourn6 vers l'église placé comme elle l'est vis-&vis dc la place il se trouve ; car pourvu que votre hmc soit libre dc toute pensé i~npure, vous pouvez toujours prier Dieu et obtenir de lui l'elïe de vos pri&es, n'impork que vous soyez sur une place publique, ou dans un chemin y ou sur mer, ou dans un atelier. )) Vous pouvez, jc l'avouc, prier dans votre maison ; mais votrc priese n'aura pas Ic mêm effet que si vous 6tiez h l'&lise, oà pr6trcs et fidhlcs font montcr de concert leurs cris jusqu'ii Dica Uicu scra moins Sortcmcnt invità ti vous exaucer si vous pricz scul, quc si vous pricz avcc vos frères car il y a alors unaninlit6 et concert de prière ; il y a de plus pour lcs rccommandw lc lien dc la clmit6 et lc COIICOLI~Sdcs prihrcs des l~r&tscs ; car les pdhs sont institué précis6mc~n pour joindrc Icuss lwikses {i ccl1cs des laïques moins pissantcs par elles-n161nes quc 12s lcurs: ct hisc montcr enscmble les uncs ct les autres jusqu'au tribunal de Dieu. Et si les prihres del'Gg1ise ont ét Pierrc, qui cn btait pourtant lc soutieny d'un si grand sccours qu'ellcs lui ont. obtenu d'êtr dklivrà de la prison oà on i'avait renScrmà (Act., XII, 5), cow ment pourrez-vous nier la puissance dc la prih hite en public2 ,)De meme que la cllarit6 ne pcut btrc brisGe par l'inkrvak? des lieux, ainsi la distance dcs lieux ~'CIII])~C~IC point l9e%cacità (1) Tout cc PaSSilgC se retrouve dans le rapport& entre C~OC~IC~S Sermon Il de Annâdu saint docteur. Nous n'avons pu trouver le reste, l'éditio bénédicti de ses auvres ne portant que 2i homélieau peuph d'Antioc11e. de ta prikre ;mais la prikre rapproche au contraire' les distances, comme le fait aussi la charith, et établi une réciprocit de se- cours entre ceux m4mes que &pare une vaste étendu de terres ou de mers.. ... à II est donc très-avantageu d'êtr aidà par les prikres des saints, mais pourvu qu'on y apporte en mhme temps son propre concours; car l'absence de cette condition nous rendrait inutiles les prikres des autres et ne nous empècherai pas d6 pbrir. Qu'a- t-il servi en effet aux Juifs d'avoir J4rénli pour intercesseur? Ce prophèt n'a-t-il pas prià Dieu par trois fois pour ce peuple, el it chaque fois n'en a-t-il pas recueilli cette répons :N'entreprenez point d'intercdder pour ce peuple, ni de me conjurer et de me prier pour eus, parce que je ne vous exaucerai pas ( JER., VII, iG)? Quel profit Saü a-t-il retirà de ce que Samuel a prià et pleurà pour lui jusqu'à la fin de sa vie? Quel profit en ont retirà les Juifs? Ne disait-il pas :A Dieu ne plaise que je commette le péchde cesser jamais de prier pour vous (I Reg., XII, 23)?S'en sont-ils moins perdus? Car houtez ce que Dieu dit dans la suite par son pro- phèt :Quand mêm ces trois l~ommes,NoéDaniel et Job, se trou- veraient an milieu de ce pays, je jure par moi-rndme, dit le Seigneur Dieu, qu'ils ne délivreraienni leurs fils ni leurs filles (EZECH.,XIV, 20). Quoi donc ? les prière sont-elles inutiles? Elles sont utiles, au contraire, et mêm beaucoup, mais pourvu que nous y apportions notre concours. Et si vous voulez savoir combien elles ont étutiles, rappelez-vous les histoires du centenier Cor- neille et de la veuve Tabilhe; écoute Dieu lui-m6me vous dire : Je protégera cette ville et je la sauverai, h cause de moi et de mon serviteur David (IV Reg., XIX, 34 ). Mais dans quel temps? Au temps du règn du juste Ezéchias Autrement, si les prière des méchant pouvaient sauver ,pourquoi Dieu ne l'a-t-il pas dit au roi Nabuchodonosor, et lui a-t-il au contraire laissà prendre la ville? C'est que le péch avait prévalu Samuel pria une autre fois pour les Israélites et fut exaucà pour eux; mais dans quel temps? Dans un temps ou ce peuple étai agrkable ti Dieu, et c'est pour cela qu'il put mettre en fuite ses ennemis (1Reg., VII, 9). Eh! qu'ai-je besoin, dira quelqu'un, que d'autrcs prient pour moi, si je suis moi-mêm agréabl Dieu?-Que dites-vous, 6 homme? Saint Paul n'a pas dit : Je n'ai point besoin des prière de mes frères quoique ceux-ci fussent au fond moins dignes que lui ;et vous, vous dites :Qu'ai-je besoin que d'autres prient pour moi? Saint Pierre n'a pas dit :Qu'ai-je besoin de prikres? car nous lisons IV. 34 B30 DR 1. \ ~i:l!h~. daas les livres saints :L9Eg1isefaisait sans cesse des prieres 6 Dieu pour lui (Act., XII, 5), et Dieu le dklivra aussitdt de ses liens; et vous, vous dites :Qu'ai-je besoin de prihres? Vous en avez besoin, par-là mêm que vous dites qu'elles vous sont inutiles. Car si Dieu fait attention A notre tiédeu et & notre ndgligence ;s'il considere que, lorsque nous sommes en sa présenc et au moment de la pri*re, nous lui portons moins de respect qu'un serviteur n'en porte 5 son maître un soldat à son généra un ami ii son ami, puisque, lorsque vous parlez A votre ami, vous pensez & ce que vous lui dites, et qu'au contraire, quand vousvous présente hDieu Ipour obtenir de lui le pardon de vos péchà et de vos crimes, qui sont peut-&re bien nombreux, vous ête sans énergie et quoique agenouillà A terre, vous laissez votre esprit s'occuper de clioscs toutes différente et s'égare sur la place publique, se promener de rues en rues, de maisons en maisons, tandis que votre bouche prononce quelques mots auxquels vous n'attachez pas de sens, et cela non pas une fois ou deux, mais habituellement et presque toujours; si Dieu veut vous tenir compte de tout cela, quelle excuse pourrez-vous lui alleguer, quel pardon pourrez-vous ob- tenir? à 19. S. G~ÉGOIRE-LE-GRAND Si Hom. XXVII in Euanqelia :K Dieu nous accorde tout ce que nous lui demandons au nom de son Fils (JoAN., XVI, 23), pourquoi donc saint Paul a-t-il prià par trois fois le Seigneur, sans pouvoir obtenir d'êtr exaucé et a-t-il reç de lui cette rkponse : Ma gi2Ûc vous suffit, la vertu se perfectionne daus la faiblesse (IICor., XII,9)? Est-ce que cet excellent prkdicateur de la foi n'adressait pas & Dieu ses de- mandes au nom de son Fils? Et pourquoi n'a-t-il pas obtenu ce qu'il lui demandait? Comment peut-il donc 6tre vrai que tout ce que nous demandons au Pkre au nom du Fils, le PCre nous le donnera, si i'Apbtre a demandb au nom du Fils d'êtr délivr de l'ange de Satan sans pouvoir en obtenir sa d6livrance? Mais c'est 1 que le nom du Fils est Jésus que Jésu veut dire sauveur, et que celui-là seul demande au nom du Sauveur, qui demande ce qui peut contribuer & son salut ;car du moment oà ce qu'on demande ne peut pas y servir, cc n'est plus au nom de J6sus qu'on fait cette demande au Phre. De lh vient que Notre-Seigneur dit A ses apdires encore faibles dans la foi :Jusqu'& prhent vous n'avez rien demavuid en mon nom (JoAN.,XVI, 24). C'étaicomme s'il eû dit : Vous n'avez pas demandà au nom du Sauveur, puisque vous ne savez pas ce que c'est que de chercher votre salut 6ternel. C'est -. DE LA rim-n~. 831 pour cela aussi que saint Paui ue lu1 pas c~auc6,puisque, s'il eut étdklivrÃde la tentation, cela ne lui efit pas profit6 pour son salut. Nous avons vu de nos yeux, mes frhres ,votre empresse- ment it vous rendre i~ la fêt du martyr, la ferveur avec laquelle vous vous prosternez en terre, vous vous frappez la poitrine, vous vous répande en prière et en cantiques de louanges, vous trem- pez vos visages dans vos larmes :mais examinez bien la qualità de vos prière ;voyez si vous les faites au nom de Jésus si c'est votre salut éterne que vous sollicitez. Quoique vous soyez dans le temple de Jésus ce n'estpas Jésu que vous cherchez, si, tout prosterné que vous ête ici sur le seuil de l'éternità vous vous arrktez & demander des biens temporels. Celui-ci, dans la priere qu'il fait, demande une épous ;celui-1% une villa ;un autre un vêtement un autre des aliments. Je conviens que si vous avez besoin de ces choses, c'est & Dieu qu'il faut les demander ;mais nous devons nous rappeler sans cesse cette instruction que nous avons reçu du Sauveur : Cherchez premièremen le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront do~tttée par sw- croit (MATTH.,VI, 33). On peut donc, sans commettre de fautes, demander à Jésuces sortes de choses, pourvu qu'on ne le fasse pas avec trop d'attache. Mais ce qui est plus grave, c'est qu'il y a des gens qui demandent la mort d'un ennemi, et qui pour- suivent ainsi par leurs imprécation ceux qu'ils ne peuvent at- teindre de leurs épée C'est lÃse rendre coupable de la mort de son ennemi du vivant de son ennemi m6me. Dieu nous ordonne d'aimer nos ennemis, et malgrà cet ordre qu'il nous fait, nous le prions de nous en défaire Quiconque prie de la sorte, s'attaque dans ses prière même à l'auteur de toutes choses. De là ce qui est dit par allusion au crime de Judas :Que sa prièr mtme lui tourne a pdchà (Ps. C VIII, 7).La prièr tourne % péchà celui qui demande la chose même que défen celui d qui il adresse sa prikre. C'est pour cela que la Vérit incarné nous a fait ce com- mandement :Lorsque vous vous présenterezpourprier si vous avez quelque chose contre quelqdttn, pardonnez-lui (MARC., XI, 27). Cette nécessit du pardon des injures sera mise encore dans un plus grand jour, si je puis vous rapporter & l'appui quelque témoi gnage de l'Ancien-Testament. Les Juifs ayant offensà leur Dieu par une révolt qui méritai une r6pression sévtr , le Seigneur défendiA son prophèt de le prier pour ce peuple rebelle : N'intercédepoint pour ce peuple, lui dit-il (JEREM., XI ,1A ); ne me conjurez point el ne me $riez point pour ew, parce que quand 332 DE 1.4 P~IÈRE Mdse et Samuel se prdsenteraient devant moi, mon cÅ“u ne serait point pour ce peuple (ibidem, XV, 1). Pourquoi Dieu, sans parler des autres patriarches, ne nomme-t-il ici que Moïs et Samuel, dont il recommande d'autant mieux la puissance d'intercession, qu'il déclar en ce cas leur intercession m&no impuissante? C'est commc s'il disait : Je n'écoutera pas ccux-l& même que j'ai coutume d'6coutcr le plus favorablement. Mais pourquoi Moïs et Samuel ont-ils plus de crédi pour cet cEet que les autres pa- triarches, si cc n'cst parce que ce sont les seuls de l'Ancien- Testament dont il soit rapportà qu'ils aient prie pour leurs enne- mis? L'un est poursuivi par son peuple il coups de pierre, et il n'en prie pas moins le Seigneur pour ceux m6mes qui le lapident (hod., VIII, 8-12). L'autre est ddmis de sa charge et, sollicità 0 ", de prier pour le peuple qui lui a fait cette injure, il s ecrie :Dieu me garde de me rendre coupable envers lui du pdcld que je commet- trais en cessant de prier pour vous (ZReg., XII, 23).-Quand Moïs et Samuel se j~résenteraien devant moi, mon cmr n'en serait pas plus pour ce peiq~le. C'est commc s'il disait ouvertement :Je n'é couterais pas les prieres qu'ils me feraient pour leurs amis, quoi- que je les sache port& h prier pour leurs ennemis mêmes Le grand mérit de la prihre est donc surtout dans l'h6roïsm de la charitb; et on est plus sù d'obtenir ce qu'on demande, quand la prihre que l'on fait n'est pas restreinte par la haine que l'on gar- derait A son ennemi. à 20. Le même in Psalmum sextum pnitentialem :à Dieu aime h ktre prié h se voir contraint, h se laisser vaincre par nos im- portunités C'est pour cela qu'il vous dit : Le royaume de Dieu sou//rc violence, et ce sont les violents qui l'emportent (MATTH.,XI, 12). Soyez donc persévéra dans vos prière ; montrez -vous importun de cette manierc; ne vous lassez jamais de prier. Si celui que vous priez faitsemblant de ne pas vous entendre, faites- vous ravisseurduroyaume dcs cieux :usez de violence; oui, faites violence au ciel lui-même Quelle rapine pourrait vous enrichir plus que celle-lh? Quoi de plus glorieux qu'un pareil acte de vio- lence? Sainte violence, dont Dieu ne s'offcnsc pas, mais qu'il récompens au contraire; qui, bien loin de nuire au prochain, sert particulikrcment ses intérêt qui n'augmente pas le nombre des pdchés mais le diminue au contraire. Sainte violence, je ne crains pas de le répéte par laquelle on ne cherche pas d obtenir un bien périssable mais on entre en possession d'un royaume qui n'aura point de fin. à Question III. Quels exemples peuvent servir ii démontre l'efficacità et les heureux effets de la prière L'apdtre saint Jacques nous démontr par l'csemple suivant la vertu cle la prièr : Elfe étaiun ho)1z•sujet coin~ne nous 6toutes les misère de la vie; et cependant, ayant prià Dieu avec une grande ferveur pour qu'il ne plut point, il obtint qu'il cessdt de pleuvoir sur la terre l'espace (le trois ans et demi. Il pria de notweat1, et le ficl (lonna de la pluie, et la terre produisit son fruit (JAc., V, 47-48). Saint Augustin allègu plusieurs autres exemples pour prouver cette mêm vérit :K A la prièr de Moïs et de Samuel, le peuple juif remporte la victoire sur les Amalbcitcs et sur les Philistins. Jerimie en prison puise de nouvelles forces dans la prière La prièr de Daniel lui fait goûte la paix parmi les lions. Celle des trois jeunes hommes les fait tressaillir de joie au milieu des flammes. Le larron prie attachà en croix, et gagne sur-le-champ le paradis. Suzanne, par sa prière triomphe de l'injuste accu- sation que lui avaient intenté d'infames vieillards. La prihre d'Etienne lui ouvre le ciel et fait la conqui% de Saul, rang6 parmi ceux qui le lapident. à Ces exemples ne montrent pas seulement les heureux effets qui résulten de la prierc , mais nous font voir aussi la ferveur ct la constance d'application avec laquelle nous dcvons nous y adonner. De lh ces exhortations que nous adressent les apbtres dans leurs écrit:Priez sans re1hc/~; rendez grdces d Dieu en tontes choses., . Priez les uns pour les autres, afin que vous soyez saz~vés car laprièrpersévérmdu juste a beaucoup de pouvoir ... Ce qui nous donne de la confiance envers Dieu, c'est qu'il nous exauce en tout ce que nous lui demandons de conforme à sa volonté.. Si qu,e1qu9tm voit son Trèr commettre un j~écqui n'ai/le point d la mort, qu'il pni', et Dieu donnera la vie ii ce pécheu (III). - III. rwsum omit, et cÅ“lii (ledit pliiviam . et terra (ledit [riiclum stim. Pliiribiis cxmplis Ausnslinns mm cnndcrn rom- proliat : Oranle Moyse et Samuele vinriiii- lur h Judzis lioslcs Anialccliitaf atqiic Phi- Jncolnis apOstol~~s, lislaci. Hicrnmins coiiforlafur in l ut oi'iitionis virlufem Orans explicaret cxernplo7itn scripsit: Eliashomo rnrcd-c. Orans Danicl inti'r Icon~w~\~iIinl. erat similis nobis, peissibilis, et orationc Oranlcs Ires pucri in fornacc Iripiiili;int. oravit, 111 non phieret super terrant, et Orans de cruce latro, invcnit piiriiiiisu~i~. Èfn pli~itfinnos ires, et menses sex. Et Susanna pcr nrniionen~intcr sronos î:i! 26-27-28, 36-58 : l'armé du roi de Bahylonc assikgcait Jhrusalem , et le proplièt Jérbmi étai enfermà dans lc vcstil~ulc dc la prison qui étai dans la maison du roi de Juda. -Car Stdécias roi dc Juda, l'avait fait mcttre en prisony cn disant :Pourquoi nous dites-vous dans vos prophétie : Voici ce que dit le Seigneur : Je livrerai cette ville entre les mahs du roi dc Babylone, et il la prendra ?. . . -Et aprhs avoir donnb le contrat d'acquisition ik Bariicliy fils de Nér je priai le Scjgncur cn disant : Ilh! l~élas hélas Sci- gneur Dieu, qui avcz fait le ciel et la tcrrc par votre grand^ puissance et la force invincible dc votre brasy ricn ne peut vous êtr dilficile, etc. -Alors le Scigneur parla ii Jérémi et lui dit : Se suis le Seigneur, le Dieu dc toute chair. Y a-t-il rien qui mc wit dirficik? -C'est pm~rqiioi voici cc quc (lit, le Scignew7 etc. DE LA PRT~RZ. 637' --Apr& cela néanmoinsvoici ce que dit le Seigneur, le Dieu d'Israël& cette ville dont vous dites qu'elle sera livrke entre, les mains du roi de Babylone, et abandonné A l9ép&e A la famine et h la peste. -Je rassemblerai ses habitants de tous les pays oà je les aurai dispersé dans le transport de ma fureur, de ma co- lèr et de mon indignation ; je les raaènera en ce lieu, et les y ferai lxhiter en assurance. -11s seront mon peuple, etc. 1) 40. DANEL,VI y 4 0-44, 24-23 : (( Daniel ayant appris que cette loi avait ét portée entra dans sa maisony et ouvrant les fenêtre de sa chambre du cdtà de Jérusalem il fléchissai les genoux chaque jour à trois heures différente ;il adorait son Dicu, et lui rcndait ses actions de grbces comnlc il avait coutume de faire auparavant.-Ces hommes donc épiaien avec grand soin etc. -Daniel répondi au roi : O roi! vivez 6ternel\eiucnt. -Non Dieu a envoyà son ange, qui a fcrmà la gueule des lions et ils ne m'ont fait aucun mal, parce que j7ai éttrouvà juste devantlui, et que je n'ai fait devant vous, 6 roi, qui puisse me rendre cou- pai.de,-Alors le roi, transportà de joie, ordonna que Daniel fùtirà de la fosse aux lions; et Daniel fut tirà de la fosse, ct on ne trouva sur son corps aucune plaie, parce qu'il avait cru en son Dieu, )I 4 4 . Id., III, 23-26,49-54: Cependant ces trois hommesy Sidracl~~ fiIisac11 et A1)dénago tomberent tout lié au milieu des flammes de la fournaise. -Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant Dieu et l~hissant le Seigneur. -Ccpcndant Azarias, se tenant dcbout, fit cette prière et ouvrant la bouche au milieu du feuy il dit :Soyez béni Seigneur Dieu dc nos pères et que votre nom soit louà et glorifià dans tous les siècles etc. -Or, l'ange du Seigneur étai descendu vers Azarias et ses com- pagnons, dans la fournaise, et écartan la flamme, -il avait formà au milieu de la fournaise un vent frais et une douce rosbc, et le feu ne les toucha nullement, ne les incommoda point et ne Ies gên en rien. -Alors ces trois hommes, etc. 1) 42.Lucy XXIlI, 49-43 :(( Il disait h Jésu:Seigneur, souvcnez- vous de moi, lorsque vous sercz parvenu dans votre royaume.- Jésu lui dit : En vérità je vous le disy vous sercz aujourd'11ui avec moi dans le paradis. )) 43. DAMEL, XI11 44-44: (( Toute 17asscml~l~e les crut, el1 considératiode letir y~~uliî d'anciens et de juges du peuple, et ils condamnèren Suzanne il mort. -Alors Suzanne jeta un grand criy et dit : Dieu éternel qui pénétr ce qu'il y a de plus caché et qui connaissez toutes d~oscs avant n~èin (lu'elles soient faites, -vous savez qu'ils ont port4 contre moi un faux tbmoignage; et voiiii que je meurs sans avoir rien fait de tout ce qu'ils ont invent4 si malicieusement contre moi. -Le Seigneur exauçsa prière etc. 1) 44. ActesD VII, 35,58-59 :(( Mais Eticnnc étan rempli du Saint- Esprity ct Icvant les ycux au ciel, vit la gloire de Dieu y et Jésu qui &ait dcbout ti la droite de Dieu. -Ils lapidaient Etienne qui priait, et qui disait :Scigneur Jésus recevez mon esprit. -Puis s'étan tnis ii genouxy il jeta un grand criy disant :Seigneury ne leur imputez pas cc péchk Et quand il eut dit ces mots, il sycn- dormit dans le Seigncur. N 45. Getaèse XXV, 24 :N Isaac pria le Seigneur pour son dpouse y. parcc qu'elle étai stérile le Scigncur i'exauç y cl lit concevoir Rbl~ccca.N 4 6. IZxodo, VlII, 4 2-45, 50-54 : (( Moïs et Aaron étan sortis de devant Pllaraon, Moisc invoqua le Seigneur ii cause de la promessc qu'il avait faile A Pharaon de le délivre des grenouilles au jour marqub. -Et le Seigneur fit ce que Moïs lui avait dc- mandÃy et lcs gre~~ouillcs moururent dam les maisons, dans les villages et dans les champsy etc. -iMoïse ayant quittà Plmaon, pria le Scigncur. -Et lc Seigneur fit ce que Moïs lui avait dc- ~nandé ct il c11assa loutcs les mouches qui tourmentaient Ph- raon, ses scrvitcurs et son peupley ct il n'en rcsta pas une seule. 47. 16idmDlx,53 : Aprèque Moïs eut quittà Pharaon ct fut sorti de 13 villc, il élev lcs mains vers le Scigneur, et le ton- nerre ct la gr& ccssèrcnt ct il ne tomba plus une seule gouttc d'eau sur la tcrrc. N 48. I6irl. X, 18-49 :(( Moïs ayant quittk Pllaraon ,pria Ie Scigncury-qui ayant fait soufflcr de I'occidcnt un vent imp6- tueux y cnleva les .sautcrc1les et lcs poussa dans la Mer Rouge, de sorte qu'il n'en demeura pas une seule dans toute i'Egypte. 1) ! 4 9. 16i~J.~ Et Ie Scigneur dit ii Moïs:XIV, 4 5-16, 24-22 :(c Pourquoi cries- tu vers moi? Cornminde aux cnfants d'Israë de partir. -Et toiy Ckvc ta vergc et étend ta main sur la mery ct divisc-la, pour que les cnfants (1'1sraCl y n~archcnt au milicu & pied sec. -Moïs ayant Gtcndu si main sur la mer, le Seigncur en divisa lcs caux y en faisant soul'flw pendant toutc la nuit t111 vent imp6tucux ct hrùlan qui cti dcss4clia lc fond, et i'eau resta divisée-a11 milieu dc la mer Les enfants d'IsraC1 ~~iarch~rcnt misc {t sec, et lcs eaux s'élevaieiicomn~cUIW muraille à droite ~.t, giit~~lle. N DE LA PRI~RE. 539 20. IbidaJXXXIJJ 9-14, 30-35 : Le Seigneur dit encore Moïs:Je vois que ce peuple a la tete à dure;-maintenant donc, laisse-moi faire, et mon indignation va s'allumer contre eux, et je vais les exterminer, et je ferai de toi le chef d'un grand peuple. -Mais Moïs conjurait le Seigneur son Dieu en disant :Sei- gneur, pourquoi votre colèr s'allume-t-elle contre votre peuple, que vous avez tirà de l'Egypte avec une grande puissance et par la force de votre bras? -Ne permettez pas , je vous prie, que les Egyptiens puissent dire :Il les a tiré d'Egypte avec adresse pour les faire péri sur les montagnes, et les exterminer de dessus la terre. Que votre colèr s'apaise, et épargne h votre peuple le mal dont vous lui faites la menace. -Souvenez-vous d'Abraham , d'Isaac et d'Israë vos serviteurs, h qui vous avez jurà par vous-même en disant :Je multiplierai votre race comme les étoile du ciel, et je donnerai i3 votre postérit toute cette terre dont je vous ai parlé et vous la possédere Ãjamais. -Alors le Seigneur ne voulut plus faire à son peuple le mal dont il ve- nait de parler. -Le lendemain, Moïs dit au peuple :Vous avez commis un grand péchÃmaintenant donc je monterai vers le Seigneur, pour voir si je pourrai en quelque manièr le fléchi pour votre crime. -Et étan retournà vers le Seigneur, il lui dit :Ecoutez-moi ,je vous prie. Ce peuple a commis un très-gran crime, car ils se sont fait des dieux de mital d'or ;mais je vous conjure de leur pardonner cette faute :-ou, si vous ne le faites, effacez-moi, je vous prie, du livre que vous avez écrit -Le Seigneur lui répondi : J'effacerai de mon livre celui qui aura péch contre moi ;-mais pour vous, allez, et conduisez ce peuple au lieu que je vous ai dit; mon ange marchera devant vous, et au jour de la vengeance, je visiterai ce peuple pour le péch qu'il a commis. -Le Seigneur frappa donc le peuple d'une plaie, pour avoir sacrifià au veau d'or qu'Aaron leur avait fait. à 21. Nombres, XI, 1-2 : à Cependant le peuple se laissa empor- ter aux murmures contre le Seigneur, en se plaignant de la fa- tigue qu'il endurait. Le Seigneur l'ayant entendu entra en colhre, et le feu du Seigneur s'étan allumà contre eux, dbvora tout ce qui étaià l'extrémit du camp. -Alors le peuple ayant adressb ses cris à Moïse Moïs pria le Seigneur, et le feu s'éteignit à 22. Ibid., XII, 13-45 :à Alors Moïs cria vers le Seigneur, et lui dit :Mon Dieu ,guérissez-l (Marie), je vous prie. -Le Seigneur lui répondi : Si son pèr lui avait crachà au visage , 540 DE LA PRI~RE. n'aurait -elle pas d& demeurer au moins pendant sept jours cou- -'verte de honte? Qu'elle soit donc mise A l'hart hors du camp pendant sept jours, et aprè cela on la fera revenir. -Marie fut donc relbgué hors du camp pendant sept jours, et le peuple ne quitta point cc lieu, jusqu'& cc que Marie fù rappeléeà 23. Ibid., XZV, 41-13, 19-21 ; à Le Seigneur dit A Moïs: Jusqu'ii quand ce peuple m'outragcra-t-il par ses paroles? Jusqu'i quand refuscra-t-il de me croire, aprh tous les prodiges que j'ai faits h leurs yeux? -Je les frapperai donc du fléa de la peste, et les exterminerai; et pour toi, je t'établira prince sur un autre peuplc plus fort et plus puissant que celui-ci. -Moïs répondi au Seigneur : Les Egyptiens, du milieu desquels vous avez tirà cc pcuple, etc.. .-Pardonnez, je vous supplie, h ce peuple son péchk selon la grandeur de votre miséricorde comme vous lui avez 6th propice depuis sa sortie d'Egypte jusqu'en cc lieu. - Le Seigneur lui r6pondit :Je leur ai pardonné selon que tu me l'as demandh. -Je jure par moi-mêm que toute la terre sera remplie de la gloire du Seigneur, etc. à 24. Ibid., XVI, 48, 31-33, 43-48 : le droit d'employer la force pour faire renlrer dans son sein les enfants qu'elle a perdu^-l'atience bliimable-Saint Paul en appelant iChr -L'amour que nous devons avoir pour les hommes ne nous permet pas de les abandonner G leur mauvaise volont6 -Les deux différent état de l'Eglise marqué par la parabole du festin -Epines, figure des hkrktiques-C'est Dieu qui excite contre eux le xhle des puis- sances-Con~pt~ que les puissances temporelles auront ;>rendre un jour -Exemple de ISabuel~odonoso~ -Les h6r&Liqllcs luenl les Ames, et la peine qu'on leur inflige n'affecte