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Article 4
Le sacrement de Pénitence et de Réconciliation
1422 " Ceux qui s’approchent du sacrement
de Pénitence y reçoivent de la
miséricorde de Dieu le pardon
de l’offense qu’ils lui ont faite et du même coup
sont réconciliés avec
l’Église que leur péché a blessée et qui, par
la charité,
l’exemple, les prières, travaille
à leur conversion " (LG 11).
I. Comment est appelé ce sacrement ?
1423 Il est appelé sacrement
de conversion puisqu’il réalise sacramentellement
l’appel de Jésus à
la conversion (cf. Mc 1, 15), la démarche de revenir au Père
(cf. Lc 15, 18) dont on s’est éloigné
par le péché.
Il est appelé sacrement de
Pénitence puisqu’il consacre une démarche
personnelle et ecclésiale
de conversion, de repentir et de satisfaction du chrétien
pécheur.
1424 Il est appelé sacrement
de la confession puisque l’aveu, la confession des
péchés devant le prêtre
est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un sens
profond ce sacrement est aussi une
" confession ", reconnaissance et louange de
la sainteté de Dieu et de
sa miséricorde envers l’homme pécheur.
Il est appelé sacrement du
pardon puisque par l’absolution sacramentelle du
prêtre, Dieu accorde au pénitent
" le pardon et la paix " (OP formule de
l’absolution).
Il est appelé sacrement de
Réconciliation car il donne au pécheur l’amour de
Dieu qui réconcilie : " Laissez-vous
réconcilier avec Dieu " (2 Co 5, 20). Celui qui
vit de l’amour miséricordieux
de Dieu est prêt à répondre à l’appel du Seigneur
:
" Va d’abord te réconcilier
avec ton frère " (Mt 5, 24).
II. Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le Baptême ?
1425 " Vous avez été
lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez
été justifiés au
nom du Seigneur Jésus Christ
et par l’Esprit de notre Dieu " (1 Co 6,11). Il faut
se rendre compte de la grandeur
du don de Dieu qui nous est fait dans les
sacrements de l’initiation chrétienne
pour saisir à quel point le péché est une
chose exclue pour celui qui a "
revêtu le Christ " (Ga 3, 27). Mais l’apôtre saint
Jean dit aussi : " Si nous disons
que nous sommes sans péché, nous nous
abusons nous-mêmes, et la
vérité n’est point en nous " (1 Jn 1,8). Et le Seigneur
lui-même nous a enseigné
de prier : " Pardonne-nous nos offenses " (Lc 11,4) en
liant le pardon mutuel de nos offenses
au pardon que Dieu accordera à nos
péchés.
1426 La conversion au Christ, la
nouvelle naissance du Baptême, le don de
l’Esprit Saint, le Corps et le Sang
du Christ reçus en nourriture, nous ont rendu
" saints et immaculés devant
lui " (Ep 1, 4), comme l’Église elle-même, épouse
du Christ, est " sainte et immaculée
devant lui " (Ep 5, 27). Cependant, la vie
nouvelle reçue dans l’initiation
chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la
faiblesse de la nature humaine,
ni l’inclination au péché que la tradition appelle
la concupiscence, qui demeure dans
les baptisés pour qu’ils fassent leurs
preuves dans le combat de la vie
chrétienne aidés par la grâce du Christ (cf. DS
1515). Ce combat est celui de la
conversion en vue de la sainteté et de la vie
éternelle à laquelle
le Seigneur ne cesse de nous appeler (cf. DS 1545 ; LG 40).
III. La conversion des baptisés
1427 Jésus appelle à
la conversion. Cet appel est une partie essentielle de
l’annonce du Royaume : " Les temps
sont accomplis et le Royaume de Dieu est
tout proche ; repentez-vous et croyez
à la Bonne Nouvelle " (Mc 1,15). Dans la
prédication de l’Église
cet appel s’adresse d’abord à ceux qui ne connaissent pas
encore le Christ et son Évangile.
Aussi, le Baptême est-il le lieu principal de la
conversion première et fondamentale.
C’est par la foi en la Bonne Nouvelle et
par le Baptême (cf. Ac 2,
38) que l’on renonce au mal et qu’on acquiert le salut,
c’est-à-dire la rémission
de tous les péchés et le don de la vie nouvelle.
1428 Or, l’appel du Christ à
la conversion continue à retentir dans la vie des
chrétiens. Cette seconde
conversion est une tâche ininterrompue pour toute
l’Église qui " enferme des
pécheurs dans son propre sein " et qui " est donc à la
fois sainte et appelée à
se purifier, et qui poursuit constamment son effort de
pénitence et de renouvellement
" (LG 8). Cet effort de conversion n’est pas
seulement une œuvre humaine. Elle
est le mouvement du " cœur contrit " (Ps
51, 19) attiré et mû
par la grâce (cf. Jn 6, 44 ; 12, 32) à répondre à
l’amour
miséricordieux de Dieu qui
nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10).
1429 En témoigne la conversion
de S. Pierre après le triple reniement de son
Maître. Le regard d’infinie
miséricorde de Jésus provoque les larmes du repentir
(Lc 22, 61) et, après la
résurrection du Seigneur, la triple affirmation de son
amour envers lui (cf. Jn 21, 15-17).
La seconde conversion a aussi une dimension
communautaire. Cela apparaît
dans l’appel du Seigneur à toute une Église :
" Repends-toi ! " (Ap 2, 5. 16).
S. Ambroise dit des deux conversions que, dans l’Église, " il y
a l’eau et les larmes : l’eau du
Baptême et les larmes de la Pénitence " (ep. 41, 12 : PL 16,
1116B).
IV. La pénitence intérieure
1430 Comme déjà chez
les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion et
à la
pénitence ne vise pas d’abord
des œuvres extérieures, " le sac et la cendre ", les
jeûnes et les mortifications,
mais la conversion du cœur, la pénitence intérieure.
Sans elle, les œuvres de pénitence
restent stériles et mensongères ; par contre,
la conversion intérieure
pousse à l’expression de cette attitude en des signes
visibles, des gestes et des œuvres
de pénitence (cf. Jl 2, 12-13 ; Is 1, 16-17 ; Mt
6, 1-6. 16-18).
1431 La pénitence intérieure
est une réorientation radicale de toute la vie, un
retour, une conversion vers Dieu
de tout notre cœur, une cessation du péché,
une aversion du mal, avec une répugnance
envers les mauvaises actions que
nous avons commises. En même
temps, elle comporte le désir et la résolution de
changer de vie avec l’espérance
de la miséricorde divine et la confiance en l’aide
de sa grâce. Cette conversion
du cœur est accompagnée d’une douleur et d’une
tristesse salutaires que les Pères
ont appelées animi cruciatus (affliction de
l’esprit), compunctio cordis (repentir
du cœur) (cf. Cc. Trente : DS 1677-1678 ;
1705 ; Catech. R. 2, 5, 4).
1432 Le cœur de l’homme est lourd
et endurci. Il faut que Dieu donne à
l’homme un cœur nouveau (cf. Ez
36, 26-27). La conversion est d’abord une
œuvre de la grâce de Dieu
qui fait revenir nos cœurs à lui : " Convertis-nous,
Seigneur, et nous serons convertis
" (Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de
commencer à nouveau. C’est
en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que
notre cœur est ébranlé
par l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à
craindre d’offenser Dieu par le
péché et d’être séparé de lui. Le cœur
humain se
convertit en regardant vers Celui
que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ;
Za 12, 10) :
Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien
il est précieux à son Père
car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde
entier la grâce du repentir (S. Clément
de Rome, Cor. 7,4).
1433 Depuis Pâques, c’est l’Esprit
Saint qui " confond " le monde en matière de
péché " (Jn 16, 8-9),
à savoir que le monde n’a pas cru en Celui que le Père a
envoyé. Mais ce même
Esprit, qui dévoile le péché, est le Consolateur (cf.
Jn 15,
26) qui donne au cœur de l’homme
la grâce du repentir et de la conversion (cf.
Ac 2, 36-38 ; cf. Jean-Paul II,
DeV 27-48).
V. Les multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne
1434 La pénitence intérieure
du chrétien peut avoir des expressions très variées.
L’Écriture et les Pères
insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière,
l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Mt
6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à
soi-même, par rapport à
Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification
radicale opérée par
le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen
d’obtenir le pardon des péchés,
les efforts accomplis pour se réconcilier avec son
prochain, les larmes de pénitence,
le souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20)
l’intercession des saints et la
pratique de la charité " qui couvre une multitude de
péchés " (1 P 4, 8).
1435 La conversion se réalise
dans la vie quotidienne par des gestes de
réconciliation, par le souci
des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et
du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17),
par l’aveu des fautes aux frères, la correction
fraternelle, la révision
de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle,
l’acceptation des souffrances, l’endurance
de la persécution à cause de la justice.
Prendre sa croix, chaque jour, et
suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la
pénitence (cf. Lc 9, 23).
1436 Eucharistie et Pénitence.
La conversion et la pénitence quotidiennes
trouvent leur source et leur nourriture
dans l’Eucharistie, car en elle est rendu
présent le sacrifice du Christ
qui nous a réconciliés avec Dieu ; par elle sont
nourris et fortifiés ceux
qui vivent de la vie du Christ ; " elle est l’antidote qui
nous libère de nos fautes
quotidiennes et nous préserve des péchés mortels "
(Cc. Trente : DS 1638).
1437 La lecture de l’Écriture
Sainte, la prière de la Liturgie des Heures et du
Notre Père, tout acte sincère
de culte ou de piété ravive en nous l’esprit de
conversion et de pénitence
et contribue au pardon de nos péchés.
1438 Les temps et les jours de pénitence
au cours de l’année liturgique (le temps
du carême, chaque vendredi
en mémoire de la mort du Seigneur) sont des
moments forts de la pratique pénitentielle
de l’Église (cf. SC 109-110 ; CIC, can.
1249-1253 ; CCEO, can. 880-883).
Ces temps sont particulièrement appropriés
pour les exercices spirituels, les
liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe
de pénitence, les privations
volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage
fraternel (œuvres caritatives et
missionnaires).
1439 Le mouvement de la conversion
et de la pénitence a été merveilleusement
décrit par Jésus dans
la parabole dite " du fils prodigue " dont le centre est " le
père miséricordieux
" (Lc 15, 11-24) : la fascination d’une liberté illusoire,
l’abandon de la maison paternelle
; la misère extrême dans laquelle le fils se
trouve après avoir dilapidé
sa fortune ; l’humiliation profonde de se voir obligé
de paître des porcs, et pire
encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que
mangeaient les cochons ; la réflexion
sur les biens perdus ; le repentir et la
décision de se déclarer
coupable devant son père ; le chemin du retour ;
l’accueil généreux
par le père ; la joie du père : ce sont là des traits
propres au
processus de conversion. La belle
robe, l’anneau et le banquet de fête sont des
symboles de cette vie nouvelle,
pure, digne, pleine de joie qu’est la vie de
l’homme qui revient à Dieu
et au sein de sa famille, qui est l’Église. Seul le cœur
du Christ qui connaît les
profondeurs de l’amour de son Père, a pu nous révéler
l’abîme de sa miséricorde
d’une manière si pleine de simplicité et de beauté.
VI. Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation
1440 Le péché est avant
tout offense à Dieu, rupture de la communion avec Lui.
Il porte en même temps atteinte
à la communion avec l’Église. C’est pourquoi la
conversion apporte à la fois
le pardon de Dieu et la réconciliation avec l’Église, ce
qu’exprime et réalise liturgiquement
le sacrement de la Pénitence et de la
Réconciliation (cf. LG 11).
Dieu seul pardonne le péché
1441 Dieu seul pardonne les péchés
(cf. Mc 2, 7). Parce que Jésus est le Fils de
Dieu, il dit de lui-même :
" Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les
péchés sur la terre
" (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin : " Tes péchés
sont
pardonnés ! " (Mc 2, 5 ;
Lc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il
donne ce pouvoir aux hommes (cf.
Jn 20, 21-23) pour qu’ils l’exercent en son
nom.
1442 Le Christ a voulu que son Église
soit tout entière, dans sa prière, sa vie et
son agir, le signe et l’instrument
du pardon et de la réconciliation qu’Il nous a
acquis au prix de son sang. Il a
cependant confié l’exercice du pouvoir
d’absolution au ministère
apostolique. Celui-ci est chargé du " ministère de la
réconciliation " (2 Co 5,
18). L’apôtre est envoyé " au nom du Christ ", et " c’est
Dieu lui-même " qui, à
travers lui, exhorte et supplie : " Laissez vous réconcilier
avec Dieu " (2 Co 5, 20).
Réconciliation avec l’Église
1443 Durant sa vie publique, Jésus
n’a pas seulement pardonné les péchés, il a
aussi manifesté l’effet de
ce pardon : il a réintégré les pécheurs pardonnés
dans
la communauté du peuple de
Dieu d’où le péché les avait éloignés
ou même
exclus. Un signe éclatant
en est le fait que Jésus admet les pécheurs à sa table,
plus encore, qu’il se met lui-même
à leur table, geste qui exprime de façon
bouleversante à la fois le
pardon de Dieu (cf. Lc 15) et le retour au sein du
peuple de Dieu (cf. Lc 19, 9).
1444 En donnant part aux apôtres
de son propre pouvoir de pardonner les
péchés, le Seigneur
leur donne aussi l’autorité de réconcilier les pécheurs
avec
l’Église. Cette dimension
ecclésiale de leur tâche s’exprime notamment dans la
parole solennelle du Christ à
Simon Pierre : " Je te donnerai les clefs du
Royaume des cieux ; tout ce que
tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout
ce que tu délieras sur la
terre sera délié aux cieux " (Mt 16, 19). " Cette même
charge de lier et de délier
qui a été donnée à Pierre a été
aussi donnée au
collège des apôtres
unis à leur chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20) " (LG 22).
1445 Les mots lier et délier
signifient : celui que vous exclurez de votre
communion, celui-là sera
exclu de la communion avec Dieu ; celui que vous
recevez de nouveau dans votre communion,
Dieu l’accueillera aussi dans la
sienne. La réconciliation
avec l’Église est inséparable de la réconciliation
avec
Dieu.
Le sacrement du pardon
1446 Le Christ a institué
le sacrement de Pénitence pour tous les membres
pécheurs de son Église,
avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés
dans le péché grave
et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la
communion ecclésiale. C’est
à eux que le sacrement de Pénitence offre une
nouvelle possibilité de se
convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les
Pères de l’Église
présentent ce sacrement comme " la seconde planche [de salut]
après le naufrage qu’est
la perte de la grâce " (Tertullien, pæn. 4, 2 ; cf. Cc.
Trente : DS 1542).
1447 Au cours des siècles
la forme concrète, selon laquelle l’Église a exercé
ce pouvoir reçu du
Seigneur, a beaucoup varié.
Durant les premiers siècles, la réconciliation des chrétiens
qui avaient
commis des péchés
particulièrement graves après leur Baptême (par exemple
l’idolâtrie, l’homicide ou
l’adultère), était
liée à une discipline très rigoureuse, selon laquelle
les pénitents devaient faire
pénitence publique pour leurs
péchés, souvent durant de longues années, avant de
recevoir la
réconciliation. A cet " ordre
des pénitents " (qui ne concernait que certains péchés
graves) on n’était
admis que rarement et, dans certaines
régions, une seule fois dans sa vie. Pendant le septième
siècle,
inspirés par la tradition
monastique d’Orient, les missionnaires irlandais apportèrent en
Europe
continentale la pratique " privée
" de la pénitence qui n’exige pas la réalisation publique
et prolongée
d’œuvres de pénitence avant
de recevoir la réconciliation avec l’Église. Le sacrement
se réalise
désormais d’une manière
plus secrète entre le pénitent et le prêtre. Cette
nouvelle pratique prévoyait
la possibilité de la réitération
et ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière
de ce sacrement.
Elle permettait d’intégrer
dans une seule célébration sacramentelle le pardon des péchés
graves et
des péchés véniels.
C’est, dans les grandes lignes, cette forme de la pénitence que
l’Église pratique
jusqu’à nos jours.
1448 A travers les changements que
la discipline et la célébration de ce
sacrement ont connu au cours des
siècles, on discerne la même structure
fondamentale. Elle comporte deux
éléments également essentiels ; d’une part,
les actes de l’homme qui se convertit
sous l’action de l’Esprit Saint : à savoir la
contrition, l’aveu et la satisfaction
; d’autre part, l’action de Dieu par
l’intervention de l’Église.
L’Église qui, par l’évêque et ses prêtres, donne
au nom
de Jésus-Christ le pardon
des péchés et fixe la modalité de la satisfaction,
prie
aussi pour le pécheur et
fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est guéri
et
rétabli dans la communion
ecclésiale.
1449 La formule d’absolution en usage
dans l’Église latine exprime les éléments
essentielles de ce sacrement : le
Père des miséricordes est la source de tout
pardon. Il réalise la réconciliation
des pécheurs par la Pâque de son Fils et le
don de son Esprit, à travers
la prière et le ministère de l’Église :
" Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la
mort et la résurrection de son
Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé
l’Esprit Saint pour la rémission des
péchés : par le ministère de l’Église, qu’il
vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom
du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos
péchés ". (Ordo
Paenitentiae 46. 55 [Polyglotte Vaticane 1974, p. 27. 37])
VII. Les actes du pénitent
1450 " La Pénitence oblige
le pécheur à accepter volontiers tous ses éléments
:
dans son cœur, la contrition ; dans
sa bouche, la confession ; dans son
comportement, une totale humilité
ou une fructueuse satisfaction " (Catech. R. 2,
5, 21 ; cf. Cc. Trente : DS 1673).
La contrition
1451 Parmi les actes du pénitent,
la contrition vient en premier lieu. Elle est
" une douleur de l’âme et
une détestation du péché commis avec la résolution
de
ne plus pécher à l’avenir
" (Cc. Trente : DS 1676).
1452 Quand elle provient de l’amour
de Dieu aimé plus que tout, la contrition est
appelée " parfaite " (contrition
de charité). Une telle contrition remet les fautes
vénielles ; elle obtient
aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la
ferme résolution de recourir
dès que possible à la confession sacramentelle (cf.
Cc. Trente : DS 1677)
1453 La contrition dite " imparfaite
" (ou " attrition ") est, elle aussi, un don de
Dieu, une impulsion de l’Esprit
Saint. Elle naît de la considération de la laideur
du péché ou de la
crainte de la damnation éternelle et des autres peines dont
est menacé le pécheur
(contrition par crainte). Un tel ébranlement de la
conscience peut amorcer une évolution
intérieure qui sera parachevée sous
l’action de la grâce, par
l’absolution sacramentelle. Par elle-même, cependant, la
contrition imparfaite n’obtient
pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose
à l’obtenir dans le sacrement
de la Pénitence (cf. Cc. Trente : DS 1678 ; 1705).
1454 Il convient de préparer
la réception de ce sacrement par un examen de
conscience fait à la lumière
de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à
cet effet sont à chercher
dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des
Évangiles et des lettres
apostoliques : Sermon sur la montagne, les
enseignements apostoliques (cf.
Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).
La confession des péchés
1455 La confession des péchés
(l’aveu), même d’un point de vue simplement
humain, nous libère et facilite
notre réconciliation avec les autres. Par l’aveu,
l’homme regarde en face les péchés
dont il s’est rendu coupable ; il en assume
la responsabilité et par
là, il s’ouvre de nouveau à Dieu et à la communion
de
l’Église afin de rendre possible
un nouvel avenir.
1456 L’aveu au prêtre constitue
une partie essentielle du sacrement de
Pénitence : " Les pénitents
doivent, dans la confession, énumérer tous les péchés
mortels dont ils ont conscience
après s’être examinés sérieusement, même
si ces
péchés sont très
secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux
derniers préceptes du Décalogue
(cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces
péchés blessent plus
grièvement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont
été commis au su de
tous " (Cc. Trente : DS 1680) :
Lorsque les fidèles du Christ s’efforcent de confesser tous les
péchés qui leur viennent à la
mémoire, on ne peut pas douter qu’ils les présentent tous
au pardon de la miséricorde
divine. Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns
ne
proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre
par l’intermédiaire du prêtre. Car
" si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la
médecine ne soigne pas ce qu’elle
ignore " (S. Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096) (Cc. Trente
: DS 1680).
1457 D’après le commandement
de l’Église, " tout fidèle parvenu à l’âge de
la discrétion doit confesser
au moins une fois par an, les péchés
graves dont il a conscience " (DS 1683 ; cf. DS 1708 ; CIC, can.
989). Celui qui a conscience d’avoir
commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte
Communion, même s’il éprouve
une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution
sacramentelle (cf. Cc. Trente :
DS 1647 ; 1661), à moins qu’il n’ait un motif grave pour communier
et
qu’il ne lui soit possible d’accéder
à un confesseur (cf. CIC, can. 916 ; CCEO, can. 711). Les enfants
doivent accéder au sacrement
de la Pénitence avant de recevoir pour la première fois la
Sainte.
Communion (cf. CIC, can. 914).
1458 Sans être strictement
nécessaire, la confession des fautes quotidiennes
(péchés véniels)
est néanmoins vivement recommandée par l’Église (cf.
Cc.
Trente : DS 1680 ; CIC, can. 988,
§ 2 ). En effet, la confession régulière de nos
péchés véniels
nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos
penchants mauvais, à nous
laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie
de l’Esprit. En recevant plus fréquemment
par ce sacrement, le don de la
miséricorde du Père,
nous sommes poussés à être miséricordieux comme
lui (cf.
Lc 6, 36) :
Celui qui confesse ses péchés agit déjà avec
Dieu. Dieu accuse tes péchés ; si tu les
accuses toi aussi, tu te joins à Dieu. L’homme et le pécheur
sont pour ainsi dire deux
réalités : quand tu entends parler de l’homme, c’est Dieu
qui l’a fait ; quand tu entends
parler du pécheur, c’est l’homme lui-même qui l’a fait. Détruis
ce que tu as fais pour que
Dieu sauve ce qu’il a fait... Quand tu commences à détester
ce que tu as fait, c’est alors
que tes œuvres bonnes commencent parce que tu accuses tes œuvres mauvaises.
Le
commencement des œuvres bonnes, c’est la confession des œuvres mauvaises.
Tu fais la
vérité et tu viens à la Lumière (S. Augustin,
ev. Jo. 12, 13).
La satisfaction
1459 Beaucoup de péchés
causent du tort au prochain. Il faut faire le possible
pour le réparer (par exemple
restituer des choses volées, rétablir la réputation
de celui qui a été
calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige
cela. Mais en plus, le péché
blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses
relations avec Dieu et avec le prochain.
L’absolution enlève le péché, mais elle ne
remédie pas à tous
les désordres que le péché a causés (cf. Cc.
Trente : DS
1712). Relevé du péché,
le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé
spirituelle. Il doit donc faire
quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il
doit " satisfaire " de manière
appropriée ou " expier " ses péchés. Cette
satisfaction s’appelle aussi " pénitence
".
1460 La pénitence que le confesseur
impose, doit tenir compte de la situation
personnelle du pénitent et
doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre
autant que possible à la
gravité et à la nature des péchés commis. Elle
peut
consister dans la prière,
une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le service
du prochain, dans des privations
volontaires, des sacrifices, et surtout dans
l’acceptation patiente de la croix
que nous devons porter. De telles pénitences
aident à nous configurer
au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf.
Rm 3,
25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour
toutes. Elles nous permettent de devenir les
cohéritiers du Christ ressuscité,
" puisque nous souffrons avec lui " (Rm 8, 17 ;
cf. Cc. Trente : DS 1690) :
Mais notre satisfaction, celle que nous acquittons pour nos péchés,
n’est que par
Jésus-Christ : nous qui, de nous mêmes comme tels, ne pouvons
rien nous-mêmes, avec
l’aide " de celui qui nous fortifie, nous pouvons tout " (Ph 4, 13). Ainsi
l’homme n’a rien dont
il puisse se glorifier, mais toute notre " gloire " est dans le Christ...
en qui nous satisfaisons,
" en faisant de dignes fruits de pénitence " (Lc 3, 8), qui en Lui
puisent leur force, par Lui
sont offerts au Père et grâce à Lui sont acceptés
par le Père (Cc. Trente : DS 1691).
VIII. Le ministre de ce sacrement
1461 Puisque le Christ a confié
à ses apôtres le ministère de la réconciliation
(cf.
Jn 20, 23 ; 2 Co 5, 18), les évêques,
leurs successeurs, et les presbytres,
collaborateurs des évêques,
continuent à exercer ce ministère. En effet, ce sont
les évêques et les
presbytres, qui ont, en vertu du sacrement de l’Ordre, le
pouvoir de pardonner tous les péchés
" au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit ".
1462 Le pardon des péchés
réconcilie avec Dieu mais aussi avec l’Église.
L’évêque, chef visible
de l’Église particulière, est donc considéré
à juste titre,
depuis les temps anciens, comme
celui qui a principalement le pouvoir et le
ministère de la réconciliation
: il est le modérateur de la discipline pénitentielle
(LG 26). Les presbytres, ses collaborateurs,
l’exercent dans la mesure où ils en
ont reçu la charge soit de
leur évêque (ou d’un supérieur religieux) soit du Pape,
à travers le droit de l’Église
(cf. CIC, can. 844 ; 967-969 ; 972 ; CCEO, can. 722,
§§ 3-4).
1463 Certains péchés
particulièrement graves sont frappés de l’excommunication,
la peine ecclésiastique la
plus sévère, qui empêche le réception des sacrements
et l’exercice de certains actes
ecclésiastiques (cf. CIC, can. 1331 ; CCEO, can.
1431 ; 1434), et dont l’absolution,
par conséquent, ne peut être accordée, selon
le droit de l’Église, que
par le Pape, l’évêque du lieu ou des prêtres autorisés
par
eux (cf. CIC, can. 1354-1357 ; CCEO,
can. 1420). En cas de danger de mort tout
prêtre, même dépourvu
de la faculté d’entendre les confessions, peut absoudre
de tout péché (cf.
CIC, can. 976 ; CCEO, can. 725) et de toute excommunication.
1464 Les prêtres doivent encourager
les fidèles à accéder au sacrement de la
Pénitence et doivent se montrer
disponibles à célébrer ce sacrement chaque fois
que les chrétiens le demandent
de manière raisonnable (cf. CIC, can. 986 ;
CCEO, can. 735 ; PO 13).
1465 En célébrant le
sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit le ministère
du Bon Pasteur qui cherche la brebis
perdue, celui du Bon Samaritain qui panse
les blessures, du Père qui
attend le Fils prodigue et l’accueille à son retour, du
juste Juge qui ne fait pas acception
de personne et dont le jugement est à la fois
juste et miséricordieux.
Bref, le prêtre est le signe et l’instrument de l’amour
miséricordieux de Dieu envers
le pécheur.
1466 Le confesseur n’est pas le maître,
mais le serviteur du pardon de Dieu. Le
ministre de ce sacrement doit s’unir
à l’intention et à la charité du Christ (cf. PO
13). Il doit avoir une connaissance
éprouvée du comportement chrétien,
l’expérience des choses humaines,
le respect et la délicatesse envers celui qui est
tombé ; il doit aimer la
vérité, être fidèle au magistère de l’Église
et conduire le
pénitent avec patience vers
la guérison et la pleine maturité. Il doit prier et faire
pénitence pour lui en le
confiant à la miséricorde du Seigneur.
1467 Étant donnée la
délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect
dû
aux personnes, l’Église déclare
que tout prêtre qui entend des confessions est
obligé de garder un secret
absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont
confessés, sous des peines
très sévères (CIC, can. 1388, §1 ; CCEO, can.
1456).
Il ne peut pas non plus faire état
des connaissances que la confession lui donne
sur la vie des pénitents.
Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions, s’appelle le
" sceau sacramentel ", car ce que
le pénitent a manifesté au prêtre reste
" scellé " par le sacrement.
IX. Les effets de ce sacrement
1468 " Toute l’efficacité
de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce
de
Dieu et à nous unir à
Lui dans une souveraine amitié " (Catech. R. 2, 5, 18). Le
but et l’effet de ce sacrement sont
donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux
qui reçoivent le sacrement
de Pénitence avec un cœur contrit et dans une
disposition religieuse, " il est
suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience,
qu’accompagne une forte consolation
spirituelle " (Cc. Trente : DS 1674). En
effet, le sacrement de la réconciliation
avec Dieu apporte une véritable
" résurrection spirituelle
", une restitution de la dignité et des biens de la vie des
enfants de Dieu dont le plus précieux
est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32).
1469 Ce sacrement nous réconcilie
avec l’Église. Le péché ébrèche ou brise
la
communion fraternelle. Le sacrement
de Pénitence la répare ou la restaure. En
ce sens, il ne guérit pas
seulement celui qui est rétabli dans la communion
ecclésiale, il a aussi un
effet vivifiant sur la vie de l’Église qui a souffert du péché
d’un de ses membres (cf. 1 Co 12,
26). Rétabli ou affermi dans la communion
des saints, le pécheur est
fortifié par l’échange des biens spirituels entre tous les
membres vivants du Corps du Christ,
qu’ils soient encore dans l’état de
pèlerinage ou qu’ils soient
déjà dans la patrie céleste (cf. LG 48-50) :
Il faut rappeler que la réconciliation avec Dieu a comme conséquence,
pour ainsi dire,
d’autres réconciliations qui porteront remède à d’autres
ruptures produites par le péché : le
pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même
dans la profondeur de son être, où il
récupère la propre vérité intérieure
; il se réconcilie avec les frères que de quelque manière
il a offensé et blessé ; il se réconcilie avec l’Église
; il se réconcilie avec la création toute
entière (RP 31).
1470 Dans ce sacrement, le pécheur,
en se remettant au jugement
miséricordieux de Dieu, anticipe
d’une certaine façon le jugement auquel il sera
soumis à la fin de cette
vie terrestre. Car c’est maintenant, dans cette vie-ci, que
nous est offert le choix entre la
vie et la mort, et ce n’est que par le chemin de
la conversion que nous pouvons entrer
dans le Royaume d’où exclut le péché
grave (cf. 1 Co 5, 11 ; Ga 5, 19-21
; Ap 22, 15). En se convertissant au Christ par
la pénitence et la foi, le
pécheur passe de la mort à la vie " et il n’est pas soumis
au jugement " (Jn 5, 24).
X. Les indulgences
1471 La doctrine et la pratique des
indulgences dans l’Église sont étroitement liées aux
effets du
sacrement de Pénitence.
Qu’est-ce que l’indulgence ?
" L’indulgence est la rémission
devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont
la faute
est déjà effacée,
rémission que le fidèle bien disposé obtient à
certaines conditions déterminées, par
l’action de l’Église, laquelle,
en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique
par son
autorité le trésor
des satisfactions du Christ et des saints " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum
doctrina ", Norme 1).
" L’indulgence est partielle ou plénière,
selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine
temporelle due pour le péché
" (ibid, Norme 2). " Tout fidèle peut gagner des indulgences pour
soi-même ou les appliquer
aux défunts " (CIC, can. 994).
1472 Pour comprendre cette doctrine
et cette pratique de l’Église il faut voir que le péché
a une double
conséquence. Le péché
grave nous prive de la communion avec Dieu, et par là il nous rend
incapables
de la vie éternelle, dont
la privation s’appelle la " peine éternelle " du péché.
D’autre part, tout péché,
même véniel, entraîne
un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification,
soit ici-bas,
soit après la mort, dans
l’état qu’on appelle Purgatoire. Cette purification libère
de ce qu’on appelle la
" peine temporelle " du péché.
Ces deux peines ne doivent pas être conçues comme une espèce
de
vengeance, infligée par Dieu
de l’extérieur, mais bien comme découlant de la nature même
du péché.
Une conversion qui procède
d’une fervente charité, peut arriver à la totale purification
du pécheur, de
sorte qu’aucune peine ne subsisterait
(cf. Cc. Trente : DS 1712-1713 ; 1820).
1473 Le pardon du péché
et la restauration de la communion avec Dieu entraînent la remise
des
peines éternelles du péché.
Mais des peines temporelles du péché demeurent. Le chrétien
doit
s’efforcer, en supportant patiemment
les souffrances et les épreuves de toutes sortes et, le jour venu,
en faisant sereinement face à
la mort, d’accepter comme une grâce ces peines temporelles du péché
;
il doit s’appliquer, par les œuvres
de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière
et les différentes
pratiques de la pénitence,
à se dépouiller complètement du " vieil homme " et
à revêtir " l’homme
nouveau " (cf. Ep 4, 24).
Dans la communion des saints
1474 Le chrétien qui cherche
à se purifier de son péché et à se sanctifier
avec l’aide de la grâce de
Dieu ne se trouve pas seul. " La
vie de chacun des enfants de Dieu se trouve liée d’une façon
admirable, dans le Christ et par
le Christ, avec la vie de tous les autres frères chrétiens,
dans l’unité
surnaturelle du Corps mystique du
Christ, comme dans une personne mystique " (Paul VI, const. ap.
" Indulgentiarum doctrina " 5).
1475 Dans la communion des saints
" il existe donc entre les fidèles – ceux qui sont en possession
de
la patrie céleste, ceux qui
ont été admis à expier au purgatoire ou ceux qui sont
encore en pèlerinage
sur la terre – un constant lien
d’amour et un abondant échange de tous biens " (ibid.). Dans cet
échange admirable, la sainteté
de l’un profite aux autres, bien au-delà du dommage que le péché
de
l’un a pu causer aux autres. Ainsi,
le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit
d’être plus tôt et plus
efficacement purifié des peines du péché.
1476 Ces biens spirituels de la communion
des saints, nous les appelons aussi le trésor de l’Église,
" qui n’est pas une somme de biens,
ainsi qu’il en est des richesses matérielles accumulées au
cours
des siècles, mais qui est
le prix infini et inépuisable qu’ont auprès de Dieu les expiations
et les mérites
du Christ Notre Seigneur, offerts
pour que l’humanité soit libérée du péché
et parvienne à la
communion avec le Père. C’est
dans le Christ, notre Rédempteur, que se trouvent en abondance les
satisfactions et les mérites
de sa rédemption (cf. He 7, 23-25 ; 9, 11-28) ".
1477 " Appartiennent également
à ce trésor le prix vraiment immense, incommensurable et
toujours
nouveau qu’ont auprès de
Dieu les prières et les bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge
Marie et de
tous les saints qui se sont sanctifiés
par la grâce du Christ, en marchant sur ses traces, et ont
accompli une œuvre agréable
au Père, de sorte qu’en travaillant à leur propre salut,
ils ont coopéré
également au salut de leurs
frères dans l’unité du Corps mystique " (Paul VI, const.
ap.
" Indulgentiarum doctrina " 5).
Obtenir l’indulgence de Dieu par l’Église
1478 L’indulgence s’obtient par l’Église
qui, en vertu du pouvoir de lier et de délier qui lui a été
accordé
par le Christ Jésus, intervient
en faveur d’un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites
du Christ et des
saints pour obtenir du Père
des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses
péchés.
C’est ainsi que l’Église
ne veut pas seulement venir en aide à ce chrétien, mais aussi
l’inciter à des
œuvres de piété, de
pénitence et de charité (cf. Paul VI, loc. cit. 8 ; Cc. Trente
: DS 1835).
1479 Puisque les fidèles défunts
en voie de purification sont aussi membres de la même communion
des saints, nous pouvons les aider
entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils
soient acquittés des peines
temporelles dues pour leurs péchés.
XI. La célébration du sacrement de pénitence
1480 Comme tous les sacrements, la
pénitence est une action liturgique. Tels
sont ordinairement les éléments
de la célébration : salutation et bénédiction
du
prêtre, lecture de la Parole
de Dieu pour éclairer la conscience et susciter la
contrition, et exhortation à
la repentance ; la confession qui reconnaît les péchés
et les manifeste au prêtre
; l’imposition et acceptation de la pénitence ;
l’absolution du prêtre ; louange
d’action de grâces et envoi avec la bénédiction
du prêtre.
1481 La liturgie byzantine connaît
plusieurs formules d’absolution, de forme
déprécative, qui expriment
admirablement le mystère du pardon : " Que le Dieu,
qui par le prophète Nathan,
a pardonné à David lorsqu’il eut confessé ses
propres péchés, et
à Pierre lorsqu’il eut pleuré amèrement, et à
la courtisane
lorsqu’elle eut répandu ses
larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au prodigue,
que ce même Dieu vous pardonne,
par moi, pécheur, en cette vie et dans l’autre
et qu’Il vous fasse comparaître
sans vous condamner à son redoutable tribunal,
Lui qui est béni dans les
siècles des siècles. Amen. " (Euxologia to mèga [Athens
1992] p. 222)
1482 Le sacrement de la Pénitence
peut aussi avoir lieu dans le cadre d’une
célébration communautaire,
dans laquelle on se prépare ensemble à la
confession et on rend grâce
ensemble pour le pardon reçu. Ici, la confession
personnelle des péchés
et l’absolution individuelle sont insérées dans une liturgie
de la Parole de Dieu, avec lectures
et homélie, examen de conscience mené en
commun, demande communautaire du
pardon, prière du " Notre Père " et action
de grâce en commun. Cette
célébration communautaire exprime plus clairement
le caractère ecclésial
de la pénitence. Quelle que soit cependant la manière de
sa célébration, le
sacrement de Pénitence est toujours, d’après sa nature même,
une action liturgique, donc ecclésiale
et publique (cf. SC 26-27).
1483 En des cas de nécessité
grave on peut recourir à la célébration
communautaire de la réconciliation
avec confession générale et absolution
générale. Une telle
nécessité grave peut se présenter lorsqu’il y a un
danger
imminent de mort sans que le ou
les prêtres aient le temps suffisant pour
entendre la confession de chaque
pénitent. La nécessité grave peut exister aussi
lorsque, compte tenu du nombre des
pénitents, il n’y a pas assez de confesseurs
pour entendre dûment les confessions
individuelles dans un temps raisonnable,
de sorte que les pénitents,
sans faute de leur part, se verraient privés pendant
longtemps de la grâce sacramentelle
ou de la sainte communion. Dans ce cas les
fidèles doivent avoir, pour
la validité de l’absolution, le propos de confesser
individuellement leurs péchés
graves en temps voulu (cf. CIC, can. 962, § 1).
C’est à l’Evêque diocésain
de juger si les conditions requises pour l’absolution
générale existent
(cf. CIC, can. 961, § 2). Un grand concours de fidèles à
l’occasion de grandes fêtes
ou de pèlerinages ne constitue pas un cas d’une telle
grave nécessité (cf.
CIC, can. 961, § 1)
1484 " La confession individuelle
et intégrale suivie de l’absolution demeure le
seul mode ordinaire par lequel les
fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Église,
sauf si une impossibilité
physique ou morale dispense d’une telle confession "
(OP 31). Ceci n’est pas sans raisons
profondes. Le Christ agit en chacun des
sacrements. Il s’adresse personnellement
à chacun des pécheurs : " Mon enfant,
tes péchés sont remis
" (Mc 2, 5) ; il est le médecin qui se penche sur chacun
des malades qui ont besoin de lui
(cf. Mc 2, 17) pour les guérir ; il les relève et
les réintègre dans
la communion fraternelle. La confession personnelle est donc
la forme la plus significative de
la réconciliation avec Dieu et avec l’Église.
En bref
1485 " Le soir de Pâques, le Seigneur Jésus se montra à
ses
Apôtres et leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui
vous
remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à
qui vous les
retiendrez, ils leur seront retenus’ " (Jn 20, 22-23).
1486 Le pardon des péchés commis après le Baptême
est accordé
par un sacrement propre appelé sacrement de la conversion, de
la confession, de la pénitence ou de la réconciliation.
1487 Qui pèche blesse l’honneur de Dieu et son amour, sa propre
dignité d’homme appelé à être fils de Dieu et
le bien-être spirituel
de l’Église dont chaque chrétien doit être une pierre
vivante.
1488 Aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché
et rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes,
pour l’Église et pour le monde entier.
1489 Revenir à la communion avec Dieu après l’avoir perdue
par
le péché, est un mouvement né de la grâce du
Dieu plein de
miséricorde et soucieux du salut des hommes. Il faut demander
ce don précieux pour soi-même comme pour autrui.
1490 Le mouvement de retour à Dieu, appelé conversion et
repentir, implique une douleur et une aversion vis-à-vis des
péchés commis, et le propos ferme de ne plus pécher
à l’avenir.
La conversion touche donc le passé et l’avenir ; elle se nourrit
de
l’espérance en la miséricorde divine.
1491 Le sacrement de la Pénitence est constitué par l’ensemble
des trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution
du
prêtre. Les actes du pénitent sont : le repentir, la confession
ou
manifestation des péchés au prêtre et le propos d’accomplir
la
réparation et les œuvres de réparation.
1492 Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré
par
des motifs qui relèvent de la foi. Si le repentir est conçu
par
amour de charité envers Dieu, on le dit " parfait " ; s’il est fondé
sur d’autres motifs, on l’appelle " imparfait ".
1493 Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec
l’Église, doit confesser au prêtre tous les péchés
graves qu’il n’a
pas encore confessé et dont il se souvient après avoir examiné
soigneusement sa conscience. Sans être en soi nécessaire,
la
confession des fautes vénielles est néanmoins vivement
recommandée par l’Église.
1494 Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de
certains actes de " satisfaction " ou de " pénitence ", en vue de
réparer le dommage causé par le péché et de
rétablir les
habitudes propres au disciple du Christ.
1495 Seuls les prêtres qui ont reçu de l’autorité de
l’Église la
faculté d’absoudre peuvent pardonner les péchés au
nom du
Christ.
1496 Les effets spirituels du sacrement de Pénitence sont :
– la réconciliation avec Dieu par laquelle le pénitent recouvre
la
grâce,
– la réconciliation avec l’Église ;
– la remise de la peine éternelle encourue par les péchés
mortels ;
– la remise, au moins en partie, des peines temporelles, suites du
péché ;
– la paix et la sérénité de la conscience, et la consolation
spirituelle ;
– l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.
1497 La confession individuelle et intégrale des péchés
graves
suivie de l’absolution demeure le seul moyen ordinaire pour la
réconciliation avec Dieu et avec l’Église.
1498 Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour
eux-mêmes et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission
des peines temporelles, suites des péchés.