Pourquoi des lectures et des prières pendant un mois ?
Soulager les morts et être utile aux vivants, tel est le double but que nous avons voulu atteindre en composant ce petit opuscule. On sait bien dans le monde chrétien, que la prière des vivants est utile aux morts, mais on ne sait pas assez que les suffrages pour les morts sont utiles aux vivants. Oui, la puissance et la gratitude des saintes âmes du purgatoire sont trop peu connues et appréciées, et l’on ne se préoccupe pas assez de recourir à leur intercession. Et pourtant, leur crédit est si grand que si l’expérience de chaque jour n’était là pour en rendre témoignage, à peine pourrait-on le croire. A la vérité, ces âmes bénies ne peuvent plus gagner de mérites, mais elles ont la faculté de faire valoir leurs mérites antérieurs en notre faveur. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles -même mais les prières qu’elles font pour nous et les souffrances qu’elles endurent touchent vivement le Cœur de Dieu. Et si elles peuvent déjà nous être grandement utiles pendant qu’elles sont dans le lieu de l’expiation, que ne feront-elles pas pour nous lorsqu’elles seront au Ciel ! Comme elles seront reconnaissantes envers leurs bienfaiteurs !
Aussi, le plus grand nombre des théologiens, entre autre les saints Liguori, Bellarmin, Suarez… enseignent que l’on peut légitimement et très utilement invoquer les âmes du purgatoire, pour obtenir de Dieu les grâces et les faveurs dont on a besoin, soit pour l’âme, soit pour le corps. Ste Thérèse avait coutume de dire que tout ce qu’elle demandait à Dieu par l’intermédiaire des fidèles trépassés, elle l’obtenait. « Quand je veux obtenir sûrement une grâce, disait Ste Catherine de Bologne, j’ai recours à ces âmes souffrantes, afin qu’elles présentent ma requête au Seigneur, et la grâce est toujours accordée. » Elle assurait même qu’elle avait reçu par leur entremise bien des faveurs qui ne lui avaient pas été accordées par l’intercession des Saints.
Il y a notamment certaines faveurs temporelles qui semblent être plus particulièrement réservées à ces âmes : la guérison d’une maladie grave, la préservation d’un danger physique, moral ou spirituel, le mariage et l’entente dans les foyers, trouver un travail… Dieu, sachant combien les hommes attachent de prix à ces biens de second ordre, les a mis, pour ainsi dire, à la disposition des âmes souffrantes, afin de nous inciter par là à leur procurer les plus abondants suffrages.
Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts. Admirable don de la Providence et mystère de la Communion des Saints ! En même temps que nous les soulageons par nos prières et que nous les délivrons du purgatoire, ils offrent à Dieu pour nous, leurs mérites acquis sur la terre et nous recevons ainsi, des bénédictions spirituelles et temporelles. Que d’avantages, que de consolations de toutes sortes dans la pratique de la charité chrétienne à l’égard des membres de l’Eglise souffrante ! Connaître les âmes du purgatoire, les délivrer, les prier : voilà les trois raisons de ce livret. Qui pourrait affirmer qu’il n’y a personne de sa famille ou de ses proches au purgatoire ?
Vous pouvez commencer ces lectures et prières
Soit : début novembre pour le mois qui leur est
concerné
Soit : le 25 novembre pour terminer le plus grand jour
de la libération des âmes du purgatoire : NOËL
Soit : à partir du moment où vous recevrez
ce livre
Soit : au décès d’une personne aimée
Soit : lorsque vous vous y sentirez appelé…
Abbé Berlioux
Premier jour –
Prière – Seigneur, exaucez les prières que nous vous adresserons chaque jour de ce mois pour la consolation de nos frères les morts, et procurez leur un lieu de rafraîchissement, de lumière et de paix ! Ecoutez aussi la prière que ces âmes du purgatoire vous adresserons pour nous, afin que nous obtenions désormais, par leur entremise, les grâces que nous vous aurons demandées.
1. Motifs de sanctifier ce mois
L’origine du mois des morts remonte jusqu’à la
loi ancienne, jusqu’au peuple d’Israël. Ce peuple, en effet, qui seul
possédait alors le véritable esprit de Dieu, ne se contentait
pas de proclamer dans ses livres inspirés que c’était une
simple et salutaire pensée de prier pour les morts, mais il voulut
encore régler le temps et la durée de cette prière.
C’est pourquoi il fut établi que le deuil ne serait achevé,
dans chaque famille, que lorsque chaque mort aurait été pleuré
pendant un mois entier. Ainsi, après le trépas du patriarche
Jacob, ses fils le pleurèrent et firent des prières pendant
trente jours.
Encouragés par une pratique si ancienne et si autorisée, la piété des fidèles a consacré un mois entier au soulagement des âmes du purgatoire. Et comme l’Eglise célèbre la commémoration de tous les fidèles trépassés le deuxième jour de novembre, ce mois a semblé le plus convenable pour cette dévotion. Le mois des âmes du purgatoire, recommandés par les Souverains Pontifes, enrichi de faveurs spirituelles, est célébré publiquement par un grand nombre de communautés religieuses et de paroisses chrétiennes.
Saluez avec bonheur l’aurore de ce mois qui répond admirablement aux besoins de votre cœur. Il va nous rappeler les souvenirs les plus tendres de la famille, les promesses les plus sacrées, les adieux les plus touchants. Il va développer votre compassion en faveur de frères et d’amis qui doivent vous être d’autant plus chers, qu’ils sont souffrants et malheureux. Oui, la dignité de ces âmes infortunées, la rigueur de leurs peines, leur impuissance à se secourir elles – mêmes, la Gloire de Dieu, votre intérêt personnel enfin, tout vous presse de les visiter et de leur venir en aide, chaque jour de ce mois. C’est par excellence le mois de la charité et de la reconnaissance, le mois des vivants et des morts, le mois véritablement libérateur ! Enthousiasmée par ces motifs, une Sainte s’écriait en commençant les exercices du mois de novembre : « vidons le purgatoire ! » Ayez à cœur de soulager beaucoup d’âmes du purgatoire pendant ce mois de bénédictions qui leur est consacré ! N’oubliez pas ce devoir.
2. Moyen de bien le sanctifier
Pour bien célébrer le mois des morts, prenez
aujourd’hui les résolutions suivantes, auxquelles vous serez fermement
fidèle. Chaque jour, dès le matin, offrez à Dieu pour
les âmes du purgatoire, les mérites de vos travaux, de vos
souffrances, tout pour le soulagement de vos parents défunts. Ayez
une heure fixe dans la journée pour lire attentivement votre mois
des âmes du purgatoire. Cette lecture éclairera votre esprit,
attendrira votre cœur : ne l’omettez jamais. Allez quelquefois au cimetière
déposer sur la tombe de tous ceux qui vous ont été
chers, vos prières qui les consoleront. Il fait bon prier ! Chaque
semaine, consacrez un jour plus spécial aux âmes du purgatoire,
le mercredi par ex, et assistez à la Messe à cette intention.
Dans le courant du mois, faites célébrer des messes, confessez
vous et communiez avec ferveur. Oui, faîtes cela, et à la
fin du mois, vous aurez envoyé vers l’Eglise triomphante du Ciel
un grand nombre de vos frères qui gémissent et pleurent dans
les flammes purifiantes de l’Eglise souffrante. Quel sujet de consolation
! Quel gage d’espérance ! « Allons, levez – vous, disait St
Bernard, volez au secours des âmes des défunts, appelez
sur elles la clémence divine par vos participations aux messes,
implorez la miséricorde divine par vos pénitences et intercédez
par vos prières ».
3. Exemple
Voici comment une personne digne de foi raconte sa guérison
extraordinaire, obtenue par l’entremise des âmes du purgatoire, durant
le mois de novembre :
« J’étais depuis plusieurs années,
atteinte d’une cruelle maladie qui faisait de mon corps un squelette, de
ma vie un martyre, et me conduisait vers la tombe. J’avais consulté
plusieurs médecins spécialistes ; mais tous les remèdes
qu’ils me prescrivaient, après quelques rares instants de soulagement,
me laissaient plus faible et plus oppressée. Ne pouvant rien obtenir
des ressources de la médecine, j’ai laissé de côté
tous les médicaments et j’ai eu recours aux âmes du purgatoire
qui comprennent bien le mystère de la souffrance. Le mois de novembre,
qui leur est spécialement consacré, allait commencer. Je
pris la résolution de le célébrer avec toute la ferveur
possible. Mes parents et les personnes ferventes de ma connaissance unirent
leurs prières aux miennes. Chaque soir, assemblés dans ma
chambre au pied d’une statue de St Joseph, nous demandions avec confiance
deux choses : la délivrance des âmes du purgatoire et ma guérison.
Vers la fin de la première semaine, j’éprouvais une amélioration
sensible, et chose admirable, le jour de la clôture du mois, j’étais
à l’église. Ma guérison était complète.
Il ne restait plus trace de la maladie qui m’avait torturée si longtemps
et qui, au dire même des médecins, était incurable.
Ils ont été singulièrement surpris d’apprendre que
j’avais échappé à la mort. Grâces soient rendues
aux saintes âmes du purgatoire dont la protection s’est manifestée
d’une manière si visible à mon égard ! »
Que de faveurs nous obtiendrons aussi si nous prions pendant un bon mois pour les saintes âmes du purgatoire ! Courage donc et confiance !
Prions – Dieu bon et miséricordieux, daignez exaucer les prières ferventes que nous vous adresserons durant ce mois de bénédictions. Nous en consacrerons tous les jours et toutes les heures au soulagement et à la délivrance de ces âmes captives qui crient vers vous et vers nous du fond de leurs ténèbres. Seigneur, appelez vos enfants et nos frères au repos éternel, et que la lumière qui ne s’éteint plus, luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix.
Dîtes ensuite chaque jour –
- une dizaine de chapelet
- les litanies des fidèles défunts
- le Credo
- le Salve Regina
- la prière pour les âmes du purgatoire
- le De Profundis
( prières ci-dessous en fin de livret p. 40-41
)
Deuxième Jour – Le Purgatoire
1. Qu’est – ce - que le purgatoire ?
La foi nous apprend que le purgatoire, comme l’étymologie
de ce mot l’indique, est un lieu de douleur et d’expiation, où la
Justice divine achève de purifier les âmes pas assez pures
pour être admises au Ciel. Ce n’est pas le Paradis, où rien
de souillé ne peut pénétrer ; ce n’est pas l’Enfer
où il n’y a plus de Rédemption ; c’est un lieu intermédiaire
entre le séjour des joies infinies et le séjour des infinies
douleurs. Il tient de l’enfer par la rigueur de ses supplices, il tient
du Ciel par la sainteté de ceux qui y gémissent. C’est un
feu dévorant mais qui purifie ; c’est un séjour de larmes,
mais ce n’est pas le lieu des « pleurs éternels » dont
parle l’Evangile. Le travail de purification terminé, Dieu appellera
près de Lui, ces âmes affranchies par la souffrance, pour
les associer à son propre bonheur. Le purgatoire est donc une peine
temporaire, et il n’existera plus après le Jugement dernier.
Tel est le purgatoire. C’est là que souffrent et gémissent la plupart des âmes qui ont terminé leur pèlerinage d’ici-bas. Car l’entrée immédiate dans le Paradis n’est la privilège que d’un petit nombre. C’est là que certains de nos parents, de nos bienfaiteurs, de nos amis sont peut-être encore. C’est là que nous – même serons vraisemblablement un jour ! Et peut – être bientôt ! Et qui pourrait se flatter de mourir assez pur pour ne rien avoir à expier ? Il importe donc de bien connaître l’état de ces pauvres âmes pour compatir à leurs douleurs et pour mériter d’être soulagés à notre tour !
2. Pourquoi le purgatoire ?
Lorsqu’une âme paraît devant le Souverain
Juge, si elle est exempte de toute souillure, Jésus lui ouvre
le Ciel et lui décerne la couronne promise aux justes. Mais, si
cette âme ne porte sur la robe de son innocence que quelques légères
souillures, que deviendra – t – elle ? Où ira – t –elle ? Que deviendront
tant d’autres âmes pas assez pures pour monter au Ciel, pas assez
obscures pour choisir l’enfer ? Ne verront – elles donc jamais la face
de Dieu ?
Bénissons le Seigneur qui a trouvé le moyen de concilier les droits de sa Justice et de sa Miséricorde, en plaçant le purgatoire comme un jalon entre le Ciel et l’enfer. Là, ces âmes s’épurent comme l’or dans le creuset. Là, s’effacent la rouille et les traces du péché. Aussi Tertullien, faisant allusion aux souffrances qu’on y endure, les appelle les tourments de la Miséricorde.
Considérez donc que le Purgatoire a sa raison d’être. Oui, il est nécessaire pour compléter la pénitence que nous n’aurons pas faite en ce monde pour satisfaire à la Justice divine, et mériter par l’expiation, une immense gloire. C’est une invention de la bénignité du Sauveur, que nous pourrions appeler un huitième sacrement, le ‘sacrement du feu’, pour les âmes auxquelles les sacrements véritables de l’Eglise, n’ont pas suffi à conférer une pureté parfaite. Gloire donc à la Miséricorde divine qui sauve par le purgatoire ceux que nous avons aimés, et nous fournit les moyens d’abréger leurs souffrances et de leur ouvrir le Ciel.
3. Exemple
Un prêtre prêchant sur le purgatoire, terminait
ainsi son instruction : « Ces derniers jours, j’ai reçu la
nouvelle que mon père venait de mourir. Etant éloigné
de ma famille, cette nouvelle m’a brisé le cœur. Je n’ai pas eu
le bonheur de l’embrasser pour la dernière fois ; je n’ai pas pu
lui fermer les yeux de ma main qu’il aimait tant à baiser lorsqu’elle
reçut l’onction du sacerdoce. Dans la peine que je ressens, dans
la douleur qui m’accable, l’unique consolation que j’éprouve, c’est
de pouvoir le recommander à vos prières à vous tous
qui êtes si bons et si indulgents pour moi. Lorsque dans cette pensée,
je monte à l’autel, afin d’offrir le saint sacrifice pour le repos
de l’âme de mon père, il me semble que je ne l’ai pas perdu
; il me semble enfin que ma prière adoucit, abrège ses peines,
le délivre du purgatoire et lui ouvre le Ciel, où il m’a
donné rendez – vous dans la maison de Dieu. C’est une pensée
sainte et salutaire de prier pour les morts ! Oh que le purgatoire est
bien une invention de la Miséricorde de Dieu ! »
Prions - J’adore, ô mon Dieu, vos éternels
décrets ; je confesse que le purgatoire, en conciliant votre Justice
et votre Miséricorde, est une œuvre de votre Amour. Faites, Seigneur,
que j’évite par la pénitence, ce lieu de peines et de privations,
et que ma prière obtienne de votre indulgence paternelle, la fin
de l’exil de ces âmes souffrantes qui vous appellent avec tant d’ardeur.
Ô Jésus, soyez leur propice ! Appelez vos enfants et nos frères
au repos éternel, et que la lumière qui ne s’éteint
plus luise sur eux. Qu’ils reposent en paix !
Troisième jour – Existence du purgatoire (1)
1. La Parole de Dieu
L’existence du Purgatoire n’est pas seulement une pieuse
croyance, que nous sommes libres d’accepter ou de rejeter, c’est un dogme
formel enseigné par la foi et que nous devons professer sous peine
d’anathème. C’est une sainte et salutaire pensée, dit l’Ancien
Testament, de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés
de leurs péchés. Les Juifs étaient tellement convaincus
de cette vérité qu’ils avaient dans leur rituel une prière
spéciale, que le chef de famille devait faire, pour la délivrance
des trépassés, avant de se mettre à table. Jésus
– Christ lui – même enseignait : « Réglez vos comptes
avec votre adversaire pendant que vous êtes dans la vie ; car autrement
votre adversaire vous remettra entre les mains du juge, et le juge vous
livrera à son ministre qui vous jettera dans une prison, d’où
vous ne sortirez que lorsque vous aurez payé votre dette jusqu’à
la dernière obole ». Or cet adversaire, disait St Augustin,
c’est Dieu lui – même, l’ennemi irréconciliable du péché.
Ce juge inexorable, c’est Jésus – Christ qui s’appelle dans l’Ecriture,
le juge des vivants et des morts. Enfin, cette prison redoutable, c’est
le purgatoire d’où l’on ne peut sortir qu’après avoir entièrement
satisfait à la Justice divine, après avoir éliminé
tous les ténèbres qui nous obscurcissent.
Jésus ne s’est pas contenté de graver dans nos cœurs le souvenir du purgatoire. Il nous a donné l’exemple en descendant dans les limbes après sa mort. Il a entraîné dans la joie immense du Ciel ouvert à jamais, les âmes qui attendaient là depuis la chute d’Adam, cette chute qui avait fermé l’accès du Paradis.
Mon Dieu, je crois au purgatoire, j’adore l’équité de vos jugements, même dans les rigueurs de votre Justice !
2. L’enseignement de l’Eglise
La foi de l’Eglise n’est pas moins explicite. Voici comment
l’a formulé le Concile de Trente :
« Qu’il soit anathème celui qui affirmerait
que, après avoir reçu la grâce de la justification,
tout pécheur obtient tellement la rémission de sa faute et
l’acquittement de la peine éternelle, qu’il ne lui reste aucune
dette temporelle à payer, ou en ce monde ou en l’autre, dans le
purgatoire, avant que lui soit ouverte l’entrée du Royaume des Cieux
». Tous les docteurs grecs et latins, tous les peuples anciens et
modernes, ont professé la même croyance.
D’après ce point de foi, l’Eglise, mère tendre et compatissante, prie tous les jours au cours de la messe pour les âmes du purgatoire. Elle recommande à ses enfants d’offrir souvent à Dieu, prières, sacrifices, souffrances et messes pour la délivrance de leurs frères décédés. Enfin, elle a un solennel anniversaire, où elle appelle la chrétienté entière au secours des fidèles trépassés. Il est consolant de penser qu’après notre mort, l’Eglise priera pour nous, Elle invitera tous ses fidèles à demander à Dieu notre délivrance, Elle ne cessera de prier que lorsqu’elle nous aura introduit dans le sein de l’Eglise triomphante. Notre Eglise catholique est comme une bonne mère, elle connaît la faiblesse de ses enfants !
3. Exemple
Judas Macchabée, cet homme de foi et de cœur,
à qui le Seigneur avait confié le soin de défendre
Israël et sa loi, Jérusalem et son temple, venait de remporter
une grande victoire et de mettre en fuite les ennemis de Dieu et de sa
patrie. Le premier mouvement de ce guerrier aussi pieux que brave fut de
ployer le genou pour rendre grâce au Dieu des armées. Puis
se relevant avec les siens, il vit autour de lui les corps de ses compagnons
d’armes qui étaient morts, ensevelis dans leur triomphe. Pénétré
alors d’un sain respect pour les restes inanimés de ces braves,
Judas les recueillit avec soin pour les déposer dans le sépulcre
de leurs pères. Enfin, songeant aux âmes de ces martyrs de
la religion et de la patrie, il fit faire une collecte et envoya à
Jérusalem douze mille drachmes d’argent, afin d’obtenir un sacrifice
pour les péchés des morts. Car il pensait avec sagesse et
piété à la résurrection, considérant
que ceux qui étaient endormis dans la foi avaient en réserve
une récompense précieuse. Voilà ce qui se passait
il y a plus de deux mille ans, et confirmant toutes ces choses à
la fois graves et touchantes, l’Esprit de Dieu répétait par
la bouche de l’historien sacré : « C’est donc une sainte et
salutaire pensée de prier pour les morts afin qu’ils soient délivrés
de leurs péchés. »
Prions – Enfant soumis de votre Eglise, je crois fermement,
ô mon Dieu, à l’existence du purgatoire. J’y crois parce –
que votre Esprit de vérité l’a révélé,
parce – que vos saints et vos docteurs l’enseignent. Augmentez ma foi afin
que grandisse ma charité envers les âmes captives. Soyez leur
propice, ô Jésus ! Seigneur, appelez vos enfants et nos frères
au repos éternel, et que la lumière qui ne s’éteint
plus, luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix !
Quatrième jour – Existence du purgatoire (2)
1. Témoignage de notre raison
D’accord avec la foi, la raison proclame aussi l’existence
du purgatoire ; sa voix nous parle comme l’Eglise et les Ecritures. Elle
nous dit d’abord que Dieu, étant la sainteté même,
rien d’impur ne peut entrer dans son Royaume ; qu’il y a une éternelle,
une invincible répulsion entre le moindre mal et le bien par excellence,
et qu’une âme, ne fut – elle souillée que d’une légère
tache, est indigne de s’unir à Lui tant qu’elle ne sera pas purifiée.
Car pour la première fois, elle introduirait le péché
dans le Ciel. « Seigneur, s’écrie le Roi Prophète,
qui habitera votre tabernacle et qui se reposera sur votre montagne sainte
? Celui – là seul qui est sans péché, et qui possède
la perfection de la Justice. »
La raison nous dit encore que Dieu, étant infiniment Juste, exige une réparation, Il ne peut pas davantage laisser sans purification le plus léger péché, qu’Il ne peut laisser sans récompense le plus petit acte de vertu. Donc, celui qui n’aura pas réparé ses fautes en ce monde, les réparera infailliblement dans l’autre. Les satisfactions que nous n’aurons pas rendues à la Justice de Dieu pendant cette vie, la Justice de Dieu se les rendra elle – même après notre mort. Et où se les rendra – t – elle ? Dans le purgatoire.
Prouvons notre foi au dogme du purgatoire par une tendre charité pour les âmes qui en subissent les rigueurs, et en évitant des fautes légères qui peuvent nous y conduire nous – même. Que celui qui est juste devienne plus juste encore, et que celui qui est saint devienne encore plus saint.
2. Témoignage de notre cœur
« Il n’y a pas de dogme catholique qui n’ait ses
racines dans les profondeurs du cœur humain » disait Joseph de Maistre.
C’est pourquoi nous somme naturellement enclins à embrasser certaines
vérités révélées. De ce nombre est le
purgatoire. Les impies eux – même, qui ont abjuré toute croyance,
tout sentiment religieux, avouent avec sincérité, qu’ils
ne peuvent, en ces graves circonstances, retenir des prières secrètes
qui s’échappent de leur cœur, pour des personnes auxquelles de tendres
liens les unissent étroitement. Preuve évidente que c’est
là un sentiment imprimé dans le cœur de l’homme par le Doigt
de Dieu. Aussi le retrouve – t – on dans tous les pays et chez tous les
peuples du monde. Qu’y a-t-il en effet de plus suave au cœur que cette
croyance et ce culte pieux, qui nous rattachent à la mémoire
et aux souffrances des morts ? Oui, nous avons besoin de croire qu’il existe
au – delà des rives du temps, un lieu d’expiation, qui n’est pas
l’enfer, mais la Voie du Ciel. Nous avons besoin de croire, et nous devons
croire, que nos parents et amis qui sont emprisonnés, sont soulagés
par nos prières et nos bonnes œuvres, qu’ils nous voient et nous
entendent. Nous avons besoin de croire que nous – même, un jour,
nous serons soulagés à notre tour. Cette pensée est
douce et consolante !
3. Exemple
Un jeune Ecossais, luthérien, avait un frère
unique, qu’il aimait tendrement. Une apoplexie foudroyante le lui enleva
subitement au milieu d’une fête mondaine, où l’on ne s’attendait
guère à une aussi lugubre catastrophe. A partir de ce moment,
il fut en proie à une angoisse profonde et incessante. Il pensait
constamment à ce passage si brusque d’un festin au redoutable jugement
de Dieu. Il craignait que son frère ne fut pas trouvé assez
pur pour entrer immédiatement au Ciel. Sa religion protestante ne
lui enseignait pas de lieu purificateur entre les parvis célestes
et les profondeurs de l’abîme. Pour se distraire, on lui ordonna
de voyager et il vint en France. Il y rencontra un prêtre et lui
fit part de son chagrin : « Mon ami, lui dit l’homme de Dieu, il
est nécessaire pour tout homme d’expier ses péchés,
même dans l’au – delà. Notre foi catholique nous dit qu’il
y a entre le Ciel et l’enfer, un lieu intermédiaire, où les
âmes achèvent de se purifier, et où nous pouvons les
secourir par nos prières. » Il accepta l’enseignement de l’Eglise
catholique, qui lui demandait de prier pour son frère, afin qu’il
entre dans le bonheur éternel tant il est vrai que la croyance au
purgatoire est un besoin du cœur humain !
Prions – Mon Dieu, que mes prières, mes sacrifices,
mes souffrances servent à toucher votre bonté et à
hâter l’instant de la délivrance des âmes de nos chers
défunts. Soyez béni, ô mon Jésus, pour vos consolations
! Appelez nos frères dans ce séjour éternel ! Qu’ils
reposent en paix.
Cinquième jour – Souffrances du purgatoire – peine du feu
1. Feu véritable
La grande Tradition de l’Eglise nous dit que les
âmes ne sont admises dans le séjour de la gloire qu’après
avoir été purifiées par le feu. Evidemment, ce n’est
pas celui de l’enfer qui ne s’éteindra jamais ; c’est donc celui
qui fera ressentir ses rigueurs en purgatoire. Telle est l’affirmation
unanime de tous les grands docteurs de l’Eglise. Saint Augustin et Saint
Thomas appelaient cela : le supplice du feu ! Ce seul mot fait frémir.
Etre tout entier dans le feu, dans un feu actif, pénétrant,
qui atteint l’intime même de l’être, quel cruel supplice !
Le feu matériel n’agit que sur le corps, et combien ses effets sont
horribles ! Qui pourrait soutenir un charbon ardent sur sa main, une seule
minute ? Mais le feu du purgatoire agit sur l’âme elle-même
; il atteint l’intelligence, la mémoire, la sensibilité :
toutes les facultés en sont saisies et pénétrées.
Devant ce supplice que nous pouvons à peine imaginer et que nous
avons si souvent mérité par nos fautes journalières,
posons nous cette question : qui parmi nous pourra habiter dans ce feu
dévorant ?
Mon Dieu, préservez nous du feu du purgatoire ! C’est le souffle de la Justice de Dieu qui l’allume et l’entretient. Il n’agit pas comme élément, mais comme instrument de la puissance divine, il purifie les âmes sans les détruire. Le feu de ce monde n’est rien comparé à celui du purgatoire. Le feu de ce monde est un don de la Providence, celui du purgatoire est une création de Sa Justice. « Non, disait St Thomas, les fournaises les plus ardentes, les feux les plus cuisants auxquels on condamnait les martyrs, ne sont qu’une ombre légère, en comparaison des flammes dévorantes qu’on souffre au purgatoire ». « Ce feu, ajoutait un Saint Père, est égal en tout à celui de l’enfer, moins la durée. Les peines de cette vie quelles qu’elles soient, ne peuvent entrer en comparaison avec celles du purgatoire. Qui serait donc assez inhumain pour ne pas écouter les cris déchirants de ces êtres infortunés, qui du fond de leur prison où ils brûlent nuit et jour, implorent notre assistance ? Si vous étiez à leur place et que tout le monde eût pour vous aussi peu de charité que vous en avez pour eux, comment qualifieriez vous une pareille cruauté ? Réfléchissez sérieusement et prenez des résolutions en conséquence. »
2. Exemples
Le vénérable Stanislas Kostka, Jésuite
polonais, vit apparaître une âme du purgatoire, toute enveloppée
de flammes et poussant des cris lamentables. Il lui demanda si ce feu était
comparable à celui de la terre. L’âme lui répondit
que le feu de la terre, à côté de celui du purgatoire,
était un doux zéphir. Mais le bon religieux, ayant de la
peine à le croire, lui dit qu’il voudrait bien en sentir l’ardeur,
si cela était possible. « Ah ! lui répondit l’âme
du purgatoire, un homme encore vivant n’est pas capable d’en sentir même
une petite partie. Cependant, pour vous convaincre, étendez la main
vers moi et vous en aurez une idée. »
Stanislas étendit la main sur laquelle le défunt
laissa tomber une goutte de sueur. La douleur fut si vive que le vénérable
Stanislas poussa un grand cri et tomba sans connaissance, comme s’il allait
mourir. Aussitôt les religieux accoururent ; quand il fut revenu
à lui, ils s’informèrent de la cause de ce mal subit et du
cri…
Au récit de l’évènement, ils furent
tous remplis de crainte, et prirent la résolution de multiplier
leurs pénitences, de fuir les plaisirs du monde et de raconter partout
ce prodige, afin d’éviter aux fidèles le terrible feu du
purgatoire !
Saint Stanislas Kostka vécut encore un an, toujours
en proie aux plus vives douleurs de sa plaie qui ne se ferma pas…
Le Père Ferdinand de Castille rapporte cet autre fait qui se réalisa dans le couvent St Dominique, à Zamora, en Espagne. Dans ce couvent vivait un Dominicain très vertueux, uni d’amitié avec père Franciscain non moins saint. S’entretenant souvent des mystères de l’au – delà, ils s’étaient promis de ne pas s’oublier après la mort. Ce fut le Franciscain qui mourut le premier. Peu de temps après sa mort, il apparut au Dominicain. Après l’avoir salué affectueusement, il lui apprit qu’il lui restait beaucoup à souffrir pour des choses légères qu’il n’avait pas expiées… Pour exciter son ami à travailler à sa délivrance, il lui fit voir les flammes dont il était dévoré. « Rien sur la terre, lui dit – il, ne peut vous donner une idée de l’ardeur de ce feu. En voulez – vous une preuve ? » Il posa sa main sur une table et elle s’y enfonça profondément. Cette table, témoin du feu du purgatoire, est toujours conservée à Zamora, province de Léon en Espagne.
Ecoutez ce que Ste Catherine de Gènes nous disait
dans sa biographie : « De ce Divin Amour, je vois jaillir de l’âme
certains rayons et flammes brûlantes, si pénétrants
et si forts, qu’ils sembleraient capables de réduire au néant
non seulement le corps, mais l’âme elle – même s’il était
possible. Ces rayons opèrent de deux manières : l’une est
de purifier, l’autre d’anéantir. »
Telle est l’effet du feu dans les choses matérielles.
Il y a cette différence que l’âme ne peut s’anéantir
en Dieu, mais uniquement dans son être propre. Plus elle se purifie,
plus aussi elle s’anéantit en elle – même et pour finir elle
est toute purifiée en Dieu. L’or, purifié à vingt
– quatre carats, ne se consume plus, quel que soit le feu par où
il passe. Ce qui peut être consumé en lui, ce n’est que sa
propre imperfection. Ainsi s’opère dans l’âme, le Feu Divin.
Dieu la maintient dans le feu jusqu’à ce que toute imperfection
soit consumée. Il la conduit à la pureté totale de
vingt-quatre carats, chaque âme cependant selon son degré.
Quand elle est purifiée, elle reste toute entière en Dieu,
sans rien en elle qui lui soit propre, et son être est Dieu. Une
fois que Dieu a ramené à Lui l’âme purifiée,
celle – ci, n’ayant plus rien à consumer, ne peut plus souffrir.
Dans cet état de pureté, l’âme ne peut plus sentir
que le Feu du Divin Amour de la Vie Eternelle, sans rien de pénible.
Prions – O mon Dieu, combien je redoute votre feu divin,
quand je me rappelle ma vie sensuelle, mes innombrables péchés,
le peu que j’ai fait pour vous ! Ayez pitié de moi, Seigneur ! Mais
ayez aussi pitié des âmes de mes frères, qui m’ont
précédé dans l’éternité, et qui sont
maintenant sous l’empire de votre Justice. O Jésus, soyez - leur
propice, et placez - les près de vous, au séjour de la gloire
! Qu’ils reposent en paix !
Sixième jour – Peine du dam
1. Privation de Dieu
La principale peine du purgatoire n’est pas celle du
feu, si terrible soit – elle. Une peine plus grande est celle que les théologiens
appellent la peine du dam. En ce monde, nous ne comprenons pas l’intensité
de ce supplice de privation de Dieu parce – que nous ne le voyons pas directement,
nous ne l’aimons pas de tout notre cœur, nous ne pensons pas souvent à
Lui. Mais les âmes du purgatoire ont entrevu Dieu au jour du Jugement,
et « un grand spectacle, selon l’expression de St Ambroise, s’est
offert à leurs regards. » Dieu s’est découvert
à elles avec toutes ses perfections adorables. Il a imprimé
si vivement son image dans leur esprit, il les a tellement investies de
l’éclat de Sa Majesté Infinie, qu’elles pensent continuellement
à Lui et L’aiment d’un amour pur et sans mélange. Cet amour
insatiable, cette privation, cette faim, cette soif de Dieu les accablent
et les torturent. Elles sont sans cesse mourantes sans mourir, expirantes
sans expirer, et l’Eglise appelle avec raison cet état, une mort
: « Seigneur, dit-elle, délivrez-les de la mort ».
Pour vous faire une idée de ce supplice, supposez
un homme qui se meurt faute d’air. Voyez quelle oppression, quels efforts
il fait pour respirer ! Comme sa poitrine se soulève, se gonfle
! C’est une lutte affreuse entre la vie et la mort. Mais qu’est-ce qu’un
peu d’air en comparaison de Dieu ? Qu’est – ce – que mourir à tout
moment, privé de Dieu, qui est la respiration de l’âme ? Quelle
faim vivante, quelle douloureuse agonie !
Oh, Seigneur, délivrez les de cette mort perpétuelle,
montrez leur votre face adorable. O Père qui êtes aux Cieux,
attirez près de vous vos enfants exilés !
2. Privation du Ciel
L’âme dans le purgatoire, est exilée non
de sa patrie de la terre, mais de sa patrie véritable, le Ciel.
Elle a entrevu de loin les splendeurs de cette patrie bienheureuse, quand
au sortir de cette vallée de larmes, elle parut devant Jésus
– Christ qui fait la joie et le bonheur des élus. Elle l’a pressentie,
lorsque condamnée au purgatoire, elle s’est rappelée cette
invitation, adressée aux âmes justes : « venez, les
bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a
été préparé dès le commencement du monde.
» Elle en a aperçu, elle en a entrevu toutes les magnificences.
Or ne pouvoir se lancer vers cette patrie tant désirée, attendre
un jour, des années, des siècles avant de se plonger au torrent
de ses voluptés, mon Dieu, quel exil ! Quelle cruelle attente !
Aussi qu’elles sont attendrissantes les souffrances de
cette âme infortunée, « pauvre exilée, quand
donc verrai-je ma patrie, ma famille qui est aux cieux ? Pauvre orpheline,
quand serai-je réunie à mes parents, à mes frères,
à mes sœurs qui sont dans la gloire et me tendent les mains ? Quand
me sera – t – il donné de m’unir à Jésus, mon céleste
époux ? O portes éternelles, ouvrez – vous, ouvrez – vous
! »
Mais hélas ! Une voix mystérieuse lui répondit
: « pas encore, plus tard ! »
Ames, vous pouvez les ouvrir, ces portes. Ne savez vous
pas que la prière, les aumônes, sont les clés d’or
qui ouvrent le Ciel ?
Priez et donnez beaucoup, et ces âmes exilées
du purgatoire monteront dans la patrie bienheureuse, pour y chanter éternellement
les miséricordes du Seigneur.
Exemple
Quand les enfants d’Israël, emmenés captifs loin de la patrie, ne voyaient plus que les rivages de l’Euphrate, ils s’asseyaient, tristes, sur cette terre étrangère, et ils pleuraient au souvenir de Jérusalem absente : il n’y avait ni paroles de joie, ni cantiques d’allégresse, leurs harpes, suspendues aux saules du rivage, étaient silencieuses.
"Enfants d’Israël, pourquoi pleurez-vous ?" leur demandaient les Babyloniens.
"C’est que nous nous souvenons de Sion, notre patrie ! Nous nous souvenons et nous regrettons !"
"Mais, fils exilés de Sion, si vous chantiez pour calme votre douleur et distraire votre tristesse !... Chantez quelques uns des cantiques de la patrie ! Chantez le chant national ! Chantez !"
"L’exilé peut-il chanter les hymnes de la patrie sur les rives étrangères ? Loin d’elle on se souvient, on regrette, on soupire, on pleure, et on attend dans les larmes, la consolation du retour. O Jérusalem ! Que notre langue s’attache à notre palais, si nous devions t’oublier un jour !"
Les âmes de nos frères sont retenues par la Justice, loin de la Patrie que leur amour appelle. Au bord de l’abime où l’expiation les condamne à un douloureux exil, elles s’arrêtent sur ces rivages mille fois plus désolés que ceux de la terre. Là, en pensant à la céleste patrie, elles se prennent elles aussi à pleurer son absence. Mais leurs larmes diffèrent des nôtres, comme le ciel diffère de la terre et le temps de l’éternité.
L’homme, à moins d’être malade, à l’instinct naturel de manger. S’il venait à ne plus manger tout en étant préservé de la maladie et de la mort, sentirait sa faim grandir continuellement, puisque son instinct ne diminuerait jamais.
Supposons qu’il existerait au monde un seul pain capable d’enlever la faim à toute créature, l’homme resterait dans un tourment intolérable de ne pouvoir le posséder, sa faim ne passant pas. Supposons aussi que la seule vue de ce pain suffirait pour être rassasié, son instinct le pousserait au seul désir de le voir afin d’être contenté. Mais il apprendrait avec certitude, que jamais il ne serait donné de voir ce pain, à ce moment là alors, ce serait pour lui l’enfer. Il serait dans l’état des âmes damnées qui sont privées de toute espérance de voir Dieu, Pain Véritable, leur vrai Sauveur.
Mais les âmes du purgatoire ont l’espérance de contempler le pain et de s’en rassasier pleinement. Par suite, elles souffrent la faim et restent dans leur tourment aussi longtemps qu’elles ne peuvent se rassasier de ce pain, Jésus-Christ, vrai Dieu Sauveur, notre Amour.
PRIONS – Dieu miséricordieux, Dieu si Saint, Dieu
si juste, laissez-vous fléchir par l’amour de ces saintes âmes.
Ne vous dérobez pas plus longtemps à l’ardeur de leurs désirs,
ne les repoussez plus : ouvrez leur votre sein et laissez-les se perdre
et s’abîmer en vous. O Jésus ! Appelez vos enfants et nos
frères au bonheur éternel et que la lumière qui ne
s’éteint plus, luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix !
SEPTIEME JOUR
LE PEINE DU REMORDS
retenues dans le lieu d’expiation. Elles éprouvent encore la tristesse, la désolation, les regrets amers, les reproches cuisants de la conscience coupable, mille fois plus insupportables pour elles que les plus fortes doleurs du feu matériel qui les fait souffrir sans les consumer. "En enfer, dit l’Evangile, le ver qui ronge les réprouvés ne meurt jamais". Dans cette cité du purgatoire, il mourra certainement un jour ; mais tant qu’il est vivant, il mord cruellement et déchire d’une manière affreuse les victimes infortunées dont il est devenu le bourreau. Ah ! Elle est terrible la lutte d’une âme aux prises avec le remords ! Du fond de son lieu de souffrance, cette âme captive jette un regard douloureux sur toute son existence d’ici-bas, et à la lueur des flammes qui l’enveloppent, elle voit distinctement tout le mal qu’elle a commis et qu’elle pouvait facilement éviter avec la grâce de Dieu et dont elle ne s’est jamais confessée. Elle découvre des milliers de fautes inaperçues jusqu’alors, ou qu’elle jugeait sans gravité du fait du manque de confession et d’examen de conscience. Forcée de se reconnaître coupable, tandis qu’il n’aurait tenu qu’à elle de faire l’effort d’aimer plus et d’être juste en tout, cette pauvre me s’afflige profondément et s’écrie dans le délire de sa douleur : "mon Dieu, vous êtes juste, et vos jugements sont équitables. Je suis seul l’auteur de ma souffrance. Ah, si je pouvais recommencer ma vie sur terre, comme je vous servirais, Seigneur, et avec quel soin je me préserverais du purgatoire". Regrets vains et stériles. Hélas ! C’est trop tard !
Instruisons-nous, âmes de foi, fuyons le péché, faisons pénitence ici-bas, afin d’éviter cet aiguillon douloureux, ce ver rongeur du purgatoire. Mon Dieu ! Frappez, brûlez, broyez en ce monde, pourvu que vous nous épargnez dans l’autre
Ames, n’avons-nous pas, nous aussi fait peu de bien ?
Avons-nous prié pour le soulagement de nos parents défunts
? Prenons la résolution de faire mieux à l’avenir, avec l’aide
de Dieu et le secours de Marie.
Exemple
Huitième jour – Durée des peines du purgatoire
1. Quelle est cette durée ?
L’Eglise n’a rien défini sur la durée des
peines du purgatoire, mais elle nous montre assez ce qu’elle en pense,
en célébrant des messes anniversaires, des trentains pour
le repos de l’âme des défunts. Elle croit donc que l’expiation
peut donc être longue et peut même se prolonger pendant des
siècles. C’est aussi le sentiment des saints Pères. Le cardinal
Bellarmin disait que pour certaines âmes, la durée des peines
du purgatoire, d’après des révélations très
dignes de foi, pourrait se prolonger jusqu’au Jour du Jugement Dernier,
si l’Eglise ne venait pas à leur secours. Hélas ! Il y en
a qui y gémissent depuis de longues années. Qui nous dira
la mesure de temps et de peine qu’il faut pour expier nos péchés
? Pour enlever la rouille que laissent à l’âme les suites
de nos péchés et lui rendre l’éclat de la beauté
des Anges ! O insondable mystère des jugements de Dieu… Combien
la durée n’ajoute – t –elle pas à la rigueur des peines !
Souffrir horriblement et longtemps… Attendre… Attendre indéfiniment…
Quelle douleur, quel martyre pour ces âmes ! Ajoutez que l’intensité
des maux qu’elles endurent leur fait paraître les moments comme des
mois, et les mois comme des siècles.
Seigneur, abrégez ces souffrances, mettez un terme à l’intensité, à la durée des douleurs de nos amies, de nos sœurs, de celles surtout qui doivent rester le plus longtemps dans ce lieu d’expiation.
2. Quelles en sont les causes ?
Ne nous étonnons pas de la terrible durée
des supplices du purgatoire. Une des plus saintes religieuses de la Visitation,
sœur Marie – Denise, que toutes les histoires de cet ordre reconnaissent
comme ayant été favorisée de grâces extraordinaires
pour le soulagement des morts, disait que plusieurs causes rendaient inévitable
la longue durée des peines de ce lieu d’expiation :
- la véritable pureté que l’âme doit
avoir avant de posséder Dieu
- la multitude de nos péchés véniels
- le peu de regret que nous avons et le peu de pénitence
que nous faisons pour nos péchés confessés
- l’impuissance absolue où sont les âmes
des défunts de se soulager elles – mêmes
- l’oubli, l’étrange oubli des morts, notre coupable
négligence à les soulager.
Ces réflexions sont sérieuses et malheureusement
trop fondées.
Donc à l’avenir, ne soyons pas pressés
de canoniser nos chers défunts. Nous avons tant besoin de les croire
dans le lieu de la paix et de la béatitude, que nous nous hâtons
de nous dire que certainement ils y sont parvenus. Alors, nous cessons
de prier pour eux. Voyez les saints, comme ils pensaient et agissaient
autrement. Toute leur vie, ils priaient pour ceux que le trépas
leur avait ravis. Faisons de même.
Nous ne saurions tenir un doigt dans le feu pendant une minute, sans pousser des cris de détresse. Pourquoi souffririons – nous que des âmes que nous avons tant aimées, soient plongées dans le feu dévorant du purgatoire, des années entières, par notre négligence ? Ce serait trop cruel ! Ames aimées, non, jamais nous ne vous oublierons ! Jésus, Marie, Joseph, aidez nous à prier !
3. Exemples
Un homme enfermé depuis des années dans
une prison, las de souffrir, s’adressa à une femme puissante. Elle
avait assez de crédit et la main assez forte pour briser les fers
du prisonnier et mettre fin à ses souffrances. Voici en quels termes,
le malheureux lui adressait sa supplique :
« Madame, le 25 de ce mois de mars 1760, il y aura
cent mille heures que je souffre, et il me restera deux cents mille heures
à souffrir encore. O Madame, soyez touchée d’un si long et
si douloureux martyre ! »
Le cœur de cette femme se trouva – t – il assez dur pour
résister à cette éloquence ? Je l’ignore ; mais il
me semble qu’on ne peut mettre davantage en si peu de mots : il y a cent
mille heures que je souffre, et il m’en reste deux cents mille à
souffrir. Il les avait donc comptées !...
Dans un monastère, deux Pères étaient d’un très grand zèle pour leur sanctification et pour le soulagement des âmes du purgatoire. Ils s’étaient promis qu’après la mort du premier d’entre eux, l’autre dirait la messe du lendemain pour le défunt… L’un des deux Pères mourut. Son confrère ne manqua pas de dire la messe promise, dès le matin suivant. Sa messe terminée, pendant son action de grâce, le Père vit soudain apparaître son ami défunt, rayonnant de bonheur et de gloire… Puis l’âme glorieuse prit un visage sévère pour dire à son ami : « Mon frère, où donc est votre promesse ? Vous mériteriez que Dieu n’ait pas beaucoup de pitié de vous ! Ne m’avez – vous pas laissé en purgatoire plus d’une année, sans dire la messe promise ? » - « Vous me surprenez ! s’écria le moine, votre corps n’est pas encore enseveli ! Vous avez quitté notre monde il y a quelques heures et je viens juste de terminer la Messe promise !?... » Alors, l’âme du défunt dit avec un douloureux soupir : « Oh !!! qu’ elles sont épouvantables les souffrances du purgatoire… Je vole au Ciel où je supplierai le bon Dieu de vous rendre ce que vous venez de faire pour moi. Car cette Messe m’était nécessaire pour quitter le purgatoire, dans les délais les plus courts. »
C’est ainsi que les âmes bénies du purgatoire calculent la durée de leurs souffrances. Mais ce n’est ni par heure ni par jour qu’elles comptent, c’est par années, par siècles peut – être. Et ces années, et ces siècles leur paraissent éternels. Mon Seigneur, pardon et miséricorde ! Par les mérites de Vos Saintes Plaies, délivrez les âmes de nos défunts !
Prions – Saisi d’effroi à la pensée de redoutables
tourments, longs et intenses, endurées par les âmes du purgatoire,
je tombe à vos Pieds, ô mon Dieu. Et plein de compassion pour
ces prisonnières infortunées, je viens vous supplier, au
nom de Jésus – Christ, de jeter sur elles un regard de miséricorde
et de mettre un terme à leur martyre ! O Marie ! Douce consolatrice
des affligés, soyez leur propice ! Délivrez vos enfants de
la captivité ! Qu’ils reposent en paix près de vous, dans
le Ciel !
Neuvième jour – Impuissance des âmes du purgatoire
1. Impuissance de leurs souffrances
Considérez qu’à la mort cesse tout mérite,
parce – que l’âme n’a plus son libre choix entre le bien et le mal.
Le purgatoire est cette nuit dont parle Jésus – Christ, durant laquelle
nul ne peut agir ; ceux qui y gémissent sont comme ce fermier de
l’Evangile auquel le père de famille ne permet plus de cultiver
son champ. Voilà pourquoi nos chers défunts ne peuvent rien
pour adoucir leurs souffrances. Leur résignation parfaite, leur
amour pour Dieu, la grandeur de leurs tourments, n’en abrègeront
pas d’un instant la durée. La plus petite des souffrances du purgatoire
leur aurait acquis sur la terre un poids immense de gloire céleste
; dans ce lieu d’expiation, ces souffrances sont stériles pour eux,
stériles pour le Ciel ; elles sont simplement l’acquis d’une dette.
Hélas, souffrir pendant des siècles, peut-être
sans profit pour elles – même ! Combien cette pensée est désolante
pour ces âmes et combien n’ajoute – t – elle pas à leurs tourments
! Aussi est – ce de nous qu’elles attendent secours et soulagement. Oui,
nous sommes la ressource des morts, nous sommes leur providence libératrice.
Le Ciel les console, nous, nous les soulageons ; le Ciel les encourage,
nous, nous les délivrons : les saints leur ouvrent leurs bras pour
les y recevoir, nous, nous les introduisons dans le séjour du bonheur.
Telle est notre puissance, tel est notre devoir. Y pensons – nous ?
2. Impuissance de leurs prières
Les âmes du purgatoire sont aussi impuissantes
à se soulager par leurs prières que par leurs souffrances.
C’est en vain que du fond de leurs brûlants abîmes, elles font
monter vers Dieu le cri de leur douleur, c’est en vain qu’elles essaient
de fléchir sa Justice et qu’elles lui disent avec David : «
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez – vous abandonnée ? Je crie
vers vous pendant le jour, et vous ne m’exaucez pas. La nuit, je gémis
et personne ne me répond. Souvenez – vous, Seigneur, de Votre Miséricorde.
Rompez les liens qui me retiennent loin de Vous, délivrez – moi
des tourments que j’endure. Miséricorde, Seigneur, Miséricorde
! »
Au Purgatoire, le temps de la Miséricorde n’est
plus. Le règne de la Justice a commencé. Les supplications
réitérées n’ont aucune efficacité. Lorsque
la dette aura été entièrement acquittée par
la souffrance, l’âme s’envolera dans le Ciel.
Mais si les prières n’ont aucun crédit pour eux, les nôtres sont toutes puissantes sur le cœur de Dieu. A mesure qu’elles montent vers le Ciel, la miséricorde descend dans le purgatoire en torrents de grâces, de pardon, de liberté et de gloire. C’est par la prière que Marthe et Marie obtinrent la résurrection de Lazare. C’est par elle aussi que nous obtiendrons la délivrance de nos parents défunts. Oh ! Prions de tout cœur, prions sans cesse pour eux. Disons souvent : « Bon et Miséricordieux Jésus, donnez leur le repos éternel. O Marie, Mère et consolatrice des affligés, hâtez vous de les secourir ! Saints et saintes du Paradis, intercédez pour eux ! »
3. Exemple
Le Sauveur traversant la Judée, rencontra un jour
un homme qui était paralytique, et qui attendait tristement assis
près de la piscine de Siloé. Certains jours, l’ange descendait
dans la piscine, en remuait l’eau, et le premier malade qui pouvait ensuite
s’y laver, était guéri. Il y avait cependant bien longtemps
que le pauvre paralytique de l’évangile était là,
attendant toujours sans jamais pouvoir descendre à temps. Touché
de compassion, le doux Sauveur s’approche de lui et lui demande avec bonté
pourquoi il ne va pas se laver avec les autres. « Seigneur, répond
ce malheureux, c’est que je suis perclus de tous mes membres et incapable
de tout mouvement, et je n’ai personne pour me jeter le premier dans la
piscine salutaire. Ma guérison tant désirée ne dépend
pas de moi, pauvre paralytique, il me faut un ami généreux,
qui me prête son aide et me donne la main ! »
Tel est le triste sort des saintes âmes du purgatoire
; elles restent presque immobiles dans les flammes, incapables par elles
– même de se secourir, incapables de se jeter dans la piscine salutaire
du Sang Précieux de Jésus qui a sauvé le monde. Elles
attendent qu’un ami secourable les y plonge. Soyez cet ami charitable,
l’ange libérateur des pauvres paralytiques du purgatoire !
Prions – Mon Dieu, je vous recommande ces pauvres âmes
qu’une nuit terrible enveloppe aujourd’hui dans ses ombres. Hélas
! Elles ne peuvent plus rien. Permettez moi d’être leur médiateur
et de m’interposer entre votre Justice et elles. Je vous en supplie, abrégez
leur douloureux exil ! O Jésus, soyez leur propice ! Appelez vers
Vous vos enfants et nos frères ! Qu’ils reposent en paix.
Dixième jour – Les deux chemins qui conduisent en purgatoire
1. Le chemin des fautes mortelles
De par sa nature, le péché mortel conduit
plus loin que le purgatoire : il précipite dans l’abîme de
l’enfer. Les âmes, obscurcies par le mal qui a fini par les pénétrer,
s’engouffrent vers les ténèbres. Elles ne supportent pas
la lumière de Dieu qui leur apparaît au moment de la mort.
Mais si le pécheur se repend et se confesse, le pardon du Seigneur
descend sur lui par la grâce sacramentelle. Qu’arrive – t – il alors
? Les fautes sont pardonnées, l’amitié de Dieu est rendue.
Il reste la peine faite au Bon Dieu qu’il faut expier : ou en ce monde
par la pénitence, la prière, les messes… ou dans l’autre,
par les souffrances du purgatoire. Après de longues années
d’égarement, quel effroyable, quel long purgatoire l’attend ! Quelle
énorme dette il devra solder à la Justice Divine ! Il est
vrai que la pénitence sacramentelle réduit notre dette. Mais
elle est ordinairement si légère, et faite avec si peu de
ferveur !
Il est vrai aussi que les mortifications et les indulgences
peuvent nous préserver ou nous délivrer du purgatoire. Mais
il y a si peu de chrétiens qui se mortifient et qui jeûnent.
Ceux qui sont les plus coupables sont précisément ceux qui
font le moins de pénitences… Enfin, combien n’ont pas la contrition
suffisante pour gagner des indulgences ! Qu’il y en a peu qui évitent
cet effroyable abîme ! Tant de péchés et si peu d’expiation
!
Si notre vie passée a été ternie
par des fautes graves, cette considération doit nous faire réfléchir
et nous arracher des désirs de pénitence. Elle doit aussi
nous inciter à prier pour les âmes les plus coupables de ce
lieu d’expiation. O mon Dieu ! Pénétrez mon esprit d’une
crainte salutaire, à la pensée de vos redoutables jugements.
2. Le chemin des fautes vénielles
Est-ce que vous faites pénitence ? Chrétiens,
que vous soyez innocents ou que vous ayez conservés la pureté
de votre baptême, comme saint Louis, combien n’avez-vous pas à
vous reprocher de fautes vénielles qui vous constituent débiteurs
envers Dieu ? En vérité, ces fautes sont innombrables. Votre
vie n’est peut – être qu’un tissu de péchés véniels.
Ainsi que de pensées inutiles, de paroles oiseuses ! Que de jugements
téméraires, de distractions, de médisances ! Que de
vanités, de temps perdu inutilement ! N’offensez vous pas Dieu très
souvent, tous les jours, sous le futile prétexte que vos fautes
ne sont que légères ? Ne vous rendez vous pas souvent coupables
de certaines fautes vénielles qu’on pourrait appeler graves parce
– qu’elles avoisinent le péché mortel ? Faites – vous pénitence
? Or si votre vie est pleine de dettes et vide de satisfactions, il est
bien évident que vous êtes dans la seconde voie qui conduit
directement en purgatoire. Alors, que de jours, que de mois, que d’années,
vous aurez à gémir dans ce terrible lieu d’expiation. Que
votre purgatoire sera long et rigoureux ! Réfléchissez sérieusement
et dîtes – vous : « Je veux enfin régler mes comptes
avec Dieu, je veux profiter du temps que me laisse sa Miséricorde
pour satisfaire à sa Justice ; je veux acquitter les dettes qu’il
est si facile de solder avec un peu de générosité
et d’amour. Ames du purgatoire, venez à mon aide. Demandez – moi
l’esprit de pénitence, je demanderai pour vous soulagement et consolation.
»
3. Exemple
En 1848, vivait à Londres une veuve de 29 ans,
qui était fort riche et passablement mondaine. Parmi les habitués
qui fréquentaient sa demeure, on remarquait un jeune lord d’une
conduite peu édifiante. Un soir, près de minuit, cette dame
lisait un roman pour appeler le sommeil. A peine venait – elle d’éteindre
la lumière, qu’apparut une lumière étrange, venant
du côté de la porte et se répandant dans la chambre
en augmentant d’intensité. Etonnée, inquiète, elle
vit la porte s’ouvrir lentement, laissant apparaître le jeune lord,
complice de ses désordres. Avant qu’elle n’ait pu proférer
une parole, il était à ses côtés ; il la saisissait
au poignet lui disant : « Il y a un enfer où l’on brûle,
sache – le… »
La douleur que la malheureuse ressentit au poignet était
si aigue qu’elle s’évanouit. Revenue à elle une demi – heure
après, elle appela sa femme de chambre. Celle – ci, en entrant dans
la pièce, sentit une forte odeur d’objets brûlés… Elle
constata que sa maîtresse avait au poignet une brûlure qui
laissait apparaître l’os ; et cette plaie montrait l’empreinte d’une
main d’homme. Elle remarqua encore que de la porte au lit, et du lit à
la porte, le tapis portait les marques de pas d’homme et que, à
l’endroit des pas, le tissu du tapis était calciné de part
en part !
Le jour suivant, la dame apprit que le jeune lord était
mort, cette nuit – là même…
Prions – Que de fautes, ô mon Dieu, je me permets
à moi – même sans regrets, comme si c’était autant
de bagatelles ! Ah, si je pensais aux comptes que j’en rendrai un jour
à Votre Justice, combien je serais plus vigilant. Daignez soutenir
ma faiblesse et ranimer mon courage languissant. Daignez aussi faire miséricorde
à mes frères de l’Eglise triomphante. Qu’ils reposent en
paix !
Onzième jour – Sainteté des âmes du purgatoire
1. Elles aiment Dieu
« Toute âme, disait Ste Catherine de Gênes,
dès qu’elle est en purgatoire, se trouve élevée à
un état de perfection et d’union divine qui pourrait servir de modèle
aux plus grands saints d’ici – bas. » Il y a là, en effet,
une multitude d’âmes prédestinées qui ont triomphé
de leurs passions, qui ont vaincu le monde et le démon, qui ont
pratiqué les vertus les plus héroïques et sont sorties
de ce lieu d’exil chargées de mérites. Elles brilleraient
comme des étoiles aux firmaments, si la robe de leur innocence n’avait
été ternie par quelques grains de la poussière de
la terre. Oui, ce sont des âmes belles, saintes, mortes à
toutes imperfections. La moins précieuse vaut mieux que tout l’univers
physique. Elles aiment leur Dieu, souverainement, totalement. Cet amour
leur fait aimer leurs souffrances et la justice qui les retient dans le
lieu de l’expiation. Leur ouvrirait – on les portes du Ciel, qu’elles préféreraient
rester dans les flammes purificatrices plutôt que de rentrer dans
la gloire avec de légères imperfections. Elles ne peuvent
assez remercier leur Bien – Aimé de leur avoir préparé
un lieu d’expiation pour leur permettre d’acquérir cet éclat
de beauté qui convient à ses épouses. Et mieux que
Job, au milieu de leurs douleurs, elles redisent sans cesse : « Que
le Saint Nom de Dieu soit béni ! »
Soyez donc compatissant pour ces saintes âmes, puisqu’elles ont, plus que jamais, besoin de notre assistance. Un jour, les rôles changeront, elles deviendront nos protections dans le Ciel, nos médiatrices auprès de Dieu, et alors, elles nous rendront avec bonheur, ce que nous aurons fait pour elles, au jour de leur affliction.
2. Elles sont aimées de Dieu
« Si Dieu, dit un auteur, nous aime, nous, pauvres
pécheurs, si imparfaits, si dépourvus de vertus et de mérites,
combien plus il aime ces saintes âmes du purgatoire, elles qui sont
à lui pour toujours, et en qui Il voit resplendir la beauté
de ses élus. » Elles lui sont infiniment plus chères.
Ce sont Ses épouses, Ses enfants chéris, les héritières
de Sa gloire, appelées à le bénir éternellement
dans le Ciel. Toutes sont des pierres vivantes destinées à
l’édifice de la divine Jérusalem, et que le ciseau du divin
sculpteur achève de tailler et de polir, avant de les faire entrer
dans la place qu’Il leur a destinée de toute éternité.
Il les aime tendrement, Il les contemple avec amour, Il désire vivement
s’unir à elles. Son Cœur Paternel souffre de leur triste exil, mais
Sa justice qui a ses droits aussi bien que Sa bonté, les retient
dans la prison jusqu’à ce qu’elles aient payé toutes leurs
dettes. Aussi, quelle joie pour ce Père bon et tendre, si un ami,
un médiateur, s’interposant entre le châtiment et la faute,
vient désarmer sa rigueur et la réconcilier avec l’enfant
de son amour ! Que de raisons d’aimer ces âmes bénies,
et d’exercer largement la miséricorde envers elles ! Elles sont
si dignes de notre affection ! Quand nous faisons l’aumône à
un pauvre, nous ne savons pas s’il le mérite, s’il n’en sera pas
plus coupable, plus ingrat. Mais ici, nous travaillons à coup
sûr. La terre où nous semons est invariablement fidèle
: pour chaque grain qu’on y jette, le Ciel récolte un fruit, et
nous une bénédiction.
3. Exemple
Ste Gertrude, dans un ravissement, vit l’âme d’une
religieuse qui avait passé sa vie dans l’exercice des plus grandes
vertus. Elle se tenait en présence de Notre – Seigneur, revêtue
des insignes de la charité, mais n’osant porter ses regards sur
la face adorable du Sauveur. Elle demeurait les yeux baissés, dans
l’attitude d’un criminel, témoignant par ses gestes, l’envie de
s’éloigner du divin Maître. Gertrude, étonnée
d’une conduite aussi étrange voulut en connaître la raison
: « Dieu de bonté, dit –elle, pourquoi ne recevez – vous pas
cette âme auprès de vous ? » A ces mots, Notre – Seigneur
étendit les bras avec amour, comme pour attirer cette âme
vers Lui ; mais celle – ci s’en alla dans une respectueuse humilité.
La Sainte, de plus en plus surprise, demanda à l’âme de la
religieuse pourquoi elle fuyait ainsi les embrassements d’un aussi tendre
époux : « Parce – que je ne suis pas encore purifiée
des souillures que mes fautes m’ont laissées et si Dieu m’accordait
dans l’état où je suis, la libre entrée du Ciel, je
n’y consentirais pas, quelque brillante que je paraisse à ses yeux,
je sais que je ne suis point encore une épouse digne de mon Sauveur.
»
Ainsi ces saintes âmes endurent leurs souffrances de très bon cœur, dans une résignation parfaite. Elles sont tellement transformées en Dieu, qu’elles ne voudraient pas, quand elles le pourraient, se soustraire à la moindre partie de leurs tourments. Elles les acceptent avec une joie qui grandit toujours à mesure qu’elles se rapprochent du terme de leur expiation. Qu’elles sont dignes de notre amour, de nos sympathies, de toute notre charité !
Prions – Ô Dieu, qui pardonnez aux pécheurs
et qui voulez le salut de tous les hommes, jetez un regard de bonté
sur les âmes du purgatoire. Elles sont vos épouses, vos enfants
de prédilection ; elles vous ont aimé tendrement et servi
courageusement. Montrez – leur votre divine Face. Ô Jésus,
soyez – leur propice ! Seigneur, appelez vos enfants et nos sœurs au séjour
éternel, et que la lumière qui ne s’éteint pas, luise
sur eux ! Qu’ils reposent en paix !
Douzième jour – Etat des âmes du purgatoire vis-à-vis de nous
1. Elles nous sont unies par les liens de la charité
Souvenez – vous que nous somme unies à ces saintes
âmes par les anneaux d’une chaîne spirituelle et toute divine.
Comme nous, elles ont été créées à l’image
de Dieu, rachetées par le sang de Jésus – Christ, régénérées
par les eaux du baptême, et nous pouvons dire en vérité
que le même sein, celui de l’Eglise, nous a portés : que nous
sommes enfants de la même mère. Comme nous aussi, et peut
– être à côté de nous, elles ont pris place à
la table des Anges et elles ont reçu ce gage sacré de la
vie éternelle. Elles ont emporté dans le monde futur les
mêmes espérances qui adoucissent maintenant les amertumes
de notre pèlerinage. Membres du même corps, héritières
du même royaume, elles seront un jour nos compagnes d’éternité.
Mais entre elles et nous, il y a cette différence, qu’elles sont
malheureuses, captives, prisonnières, martyres, impuissantes à
se secourir elles – même, et qu’elles attendent de nous aide et consolation.
Nous leur devons assistance. Ne sont – ce pas les droits incontestables
à notre compassion et à notre amour ? Si les enfants d’une
même famille s’aiment tendrement entre eux, si les peines de l’un
deviennent les peines de tous, ne doit – il pas en être de même
des enfants de l’Eglise ? Où serait notre charité, si nous
n’aimions pas ces pauvres âmes, abîmées dans la douleur
? Serait – il possible qu’étant homme, et surtout chrétien,
nous fussions insensibles à leurs maux ? Aimons – les comme nous
– même, aimons – les comme Jésus – Christ nous a aimés.
Alors nous les soulagerons, nous les délivrerons.
« Mes petits enfants, écrivait l’apôtre St Jean, peu de temps avant de mourir, n’aimons pas seulement en paroles, mais véritablement en le prouvant par des actes. »
2. Elles nous sont unies par les liens de la fraternité
Parmi ces voix qui appellent, ne retrouvez – vous pas
la voix d’un frère, d’une sœur, d’un enfant chéri, d’un époux,
d’une épouse bien – aimée, que l’amour avait unis et que
la mort a séparés, la voix d’un père, d’une mère
dont le sang coule dans nos veines ? Ce cri du sans, cette voix de la famille,
que vous dit – elle ?
« Viens, viens à mon secours : il y a si
longtemps que je t’appelle, je n’ai que toi et tu ne viens pas. Viens donc
avec ton cœur, avec ta prière, avec tes bonnes œuvres, avec ton
dévouement ; viens m’arracher à ces brûlants abîmes,
viens me donner le Ciel, Dieu, l’Eternité, viens ! »
Comment résister à ce cri de détresse
? Savons – nous si nous n’avons pas contribué à augmenter
le purgatoire de ceux qui nous ont tant aimés ?
3. Exemple
En 1864, un artiste juif, converti pendant un sermon
sur l’Eucharistie, avait quitté le monde après avoir reçu
le baptême et s’était retiré dans un ordre religieux
très austère ; il passait chaque jour plusieurs heures à
adorer le Saint – Sacrement, et dans ses effusions de ferveur, il demandait
à Jésus – Christ surtout la conversion de sa mère
qu’il entourait de la plus filiale tendresse. Il ne l’obtint point cependant,
sa mère mourut. Pénétré d’une amère
douleur, ce bon fils va se prosterner devant le Tabernacle, et donnant
libre cours à ses plaintes : « Seigneur, disait – il, je vous
dois tout il est vrai, mais que vous ai – je refusé ? Ma jeunesse,
mes espérances dans le monde, le bien – être, les joies de
la famille, un repos peut – être légitime, j’ai tout sacrifié
dès que vous m’avez appelé. Mon sang, je l’eusse donné
de même. Et Vous, Seigneur, Vous l’Eternelle Bonté, qui avez
promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de
ma mère ! Mon Dieu, je succombe à ce martyre, le murmure
va s’exhaler de mes lèvres. » Les sanglots étouffaient
ce pauvre cœur. Tout à coup une voix mystérieuse frappe ses
oreilles et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée.
Sache que la prière a tout pouvoir auprès de Moi, j’ai recueilli
toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère, et ma Providence
lui en a tenu compte, à son heure dernière. Au moment où
elle expirait, je me suis présenté à elle, et à
ma vue elle s’est écriée : Mon Seigneur et mon Dieu ! Relève
donc ton courage : ta mère a évité la damnation et
tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme
de la prison du purgatoire. »
Le père Hermann apprit bientôt, par une
seconde apparition, que sa mère montait au ciel. Prions beaucoup
pour nos parents défunts !
Prions – Miséricorde, Seigneur, pour les âmes
auxquelles vous m’avez uni par des liens si doux, si étroits, et
que vous me faisiez un devoir d’aimer. Oui, Miséricorde pour les
âmes de mes parents, de mes bienfaiteurs, de mes amis. Seigneur,
laissez vous fléchir par les prières et les larmes que je
vous offre par elles. O Jésus ! O Marie ! Soyez leur propice ! Appelez
vos enfants et nos frères dans le lieu du rafraîchissement,
de la lumière et de la paix.
Treizième jour – Les âmes délaissées
1. Délaissées par leurs amis
Considérez qu’il y a au purgatoire des âmes
entièrement délaissées, auxquelles personne ne s’intéresse,
et qui souffrent sans consolations. L’Eglise, il est vrai, n’oublie aucun
de ses enfants et les âmes dont nous parlons ont droit comme les
autres aux prières que cette tendre Mère adresse tous les
jours au Seigneur en faveur des défunts ; mais à part ces
prières communes, il ne leur vient de la terre aucun secours particulier.
Elles sont abandonnées de leurs amis qui leur avaient promis et
juré une affection impérissable. Mais comme cette affection
était purement humaine et souvent égoïste, elle s’est
éteinte avec le dernier son de la cloche.
Quel surcroît d’affliction ne cause pas à ces pauvres prisonnières ce délaissement si inattendu ! Ecoutez ces justes reproches qu’elles adressent à ceux qui ont si tôt oublié les devoirs de l’amitié : « Ayez donc pitié de nous, vous du moins qui êtes nos amis. Nous vous avons donné tant de gages de notre affection et de notre dévouement, à vous qui nous aimiez si tendrement ! Vous aviez promis, à notre heure dernière, en nous disant adieu, que vous ne nous oublieriez jamais ! Et vous ne pensez plus à nous : pas une prière, pas une aumône, pas une larme, pas un soupir. Parce – que nous sommes loin des yeux, vous nous avez bannies de votre cœur. » O inconstance des affections humaines qui s’en vont, comme dit Bossuet, avec les années et les intérêts !
Ces reproches ne s’adressent – ils pas à vous ? Pensez –vous quelque fois aux amis de votre enfance, de votre jeunesse, que la mort vous a ravis ? « Ces chers morts, nous les oublions beaucoup trop, disait St François de Sales, et pourtant ils nous ont tant aimés pendant leur vie ! » Craignons d’être délaissé à notre tour, car il est écrit que celui qui oublie sera oublié.
2. Délaissées par leurs parents
Délaissées de leurs amis, ces pauvres âmes
dont nous parlons le sont aussi de leurs parents, soit qu’ils n’existent
plus en ce monde, soit qu’ils aient abjuré tout sentiment de charité
et de reconnaissance. Oui, leur père, mère, frères,
sœurs, ou héritiers les ont abandonnées. Où qu’elles
portent leurs regards, elles ne rencontrent que l’oubli, le délaissement.
L’oubli sur toute vie qu’aucune parole ne rappelle plus ; l’oubli sur leur
nom que personne ne prononce ; l’oubli sur leur tombeau qui ne reçoit
ni visite ni prière ; l’oubli sur leurs souffrances d’outre – tombe
que personne ne cherche à soulager ; l’oubli partout et toujours.
Pauvres âmes ! Qui sait combien dureront leurs douleurs, leur séjour
dans ce terrible purgatoire où elles ne reçoivent aucun secours
? Comme ce cruel isolement doit ajouter à leurs souffrances ! Elles
ont le droit de s’écrier avec le Prophète : « Mes proches
se sont éloignés de moi et ma famille m’a jetée dans
l’oubli ; mon père et ma mère m’ont abandonnée, je
suis devenue pour eux tous comme un vase brisé qu’on laisse de côté
et auquel personne ne pense plus. »
Comme Jésus, abandonné de tout le monde au jardin de Gethsémani, elles peuvent dire : « J’ai cherché un consolateur et je n’en ai point trouvé ! »
Priez souvent, allez à la Messe en semaine pour les morts les plus délaissés. Devenez leur père, leur mère, leur frère, leur sœur, leur ami. Est – il une œuvre plus digne de votre zèle, et de votre charité ? Un jour, ils prieront pour vous, si, ce qui est probable, vos parents et vos héritiers vous oublient et vous délaissent.
3. Exemple
Dans une paroisse de campagne, un crime affreux était
venu consterner les cœurs. Un jeune homme, endurci par ces passions qui
rendent le cœur féroce avait eu la cruauté de conspirer avec
un infâme, l’assassinat de sa propre mère. Ces deux bourreaux
l’avaient jeté dans une mare d’eau boueuse. La pauvre mère
se débattait dans les flots et tendaient les bras vers ses assassins.
L’étranger, de sa main barbare, repoussait la malheureuse femme,
qui essayait de se ratt acher à la rive. Mais le fils, tout scélérat
qu’il était, quand il vit sa mère tendre vers lui ces bras
qui l’avaient porté, fut vaincu par la nature et sa férocité
tomba. Il lui tendit la main pour la retirer de l’abîme, mais son
complice la repoussa et la plongea dans la mort.
Le purgatoire est comme un lac invisible où des amis, des proches, des parents nous tendent les bras pour que nous les secourions. Peut – être avons-nous participé à les plonger dans cet effroyable supplice. Et pendant que nous poursuivons follement nos plaisirs, ils souffrent et nous appellent. Ne les délivrerons – nous pas ? Saintes âmes ! Nous serons votre famille, vos amis, vos sauveurs. Et un jour, vous viendrez aussi à notre aide.
Prions – O Jésus ! Abandonné de tout le
monde et même de vos apôtres, dans le jardin de Gethsémani,
ayez pitié de toutes les saintes âmes du purgatoire, en particulier
de celles qui ne reçoivent ni prières ni consolations de
la part des vivants . Soyez leur consolateur, leur libérateur. O
Jésus, appelez enfin ces enfants délaissés au sein
de leur famille du Ciel. Qu’ils reposent en paix.
Quatorzième jour – Soulagement des âmes du purgatoire
1. Nous pouvons les soulager
« Nous croyons, définit le Concile de Trente,
que les âmes détenues en purgatoire sont soulagées
par les suffrages des fidèles. » C’est ainsi que dans sa magnifique
et divine unité, l’Eglise comprend les chrétiens de tous
les temps et de tous les états. La charité qui les unit et
rend commun leurs biens spirituels, ne s’étend pas seulement aux
vivants, elle passe au – delà du tombeau avec ceux qui sont morts
dans la paix du Seigneur. « La charité, disait St Paul, n’est
pas comme la foi et l’espérance, qui s’éteignent pour nous,
à notre dernier soupir, elle survit à la mort et ne périt
jamais. » Ainsi les justes, après leur trépas, ne sont
pas séparés de l’Eglise, ni retranchés de la communion
des saints, ils sont toujours nos frères, nos amis, notre prochain.
Comme les anges et les élus du Ciel, nous pouvons aussi délivrer
ces âmes de leur prison. Bien plus, les anges et les saints ne le
peuvent que par leurs prières, et nous le pouvons, nous, par toutes
sortes d’actes d’amour, de bonnes intentions, de prières et de charité.
« Dieu nous a donné une telle puissance sur le sort de ces
âmes, dit le père Faber, qu’il semble plus dépendre
de la terre que du Ciel. Telle est la consolante doctrine de l’Eglise !
Telle est la touchante économie de la Communion des Saints. »
Quelle joie pour vous qui pleurez un père, une mère, un époux, un enfant ! Consolez vous, vous pouvez encore leur donner des preuves de votre amour, de votre dévouement ; vous pouvez être leur ange libérateur. Hâtez vous donc, venez briser leurs chaînes, venez solder leurs dettes, afin que ces chères âmes puissent s’envoler dans le sein de l’Eglise Triomphante.
2. Nous pouvons les soulager
Non seulement nous pouvons, mais encore nous devons venir
au secours de ces âmes malheureuses. Nous le devons à Dieu.
Père bon et tendre, il les aime comme ses épouses et désire
vivement leur ouvrir la porte du Ciel, mais sa justice s’y oppose. Alors,
Il se tourne vers nous et nous supplie de les aider ; Il nous en fournit
les moyens et regarde comme fait à Lui – même ce que nous
ferons pour la plus coupable et la plus souffrante d’entre elles.
Nous le devons à ces pauvres exilées. Quelques unes, ou un grand nombre peut – être, souffrent en purgatoire par notre faute, par suite de notre négligence, de nos mauvais conseils, de nos scandales. Et nous ne ferions rien pour les soulager ! Et nous oserions dire : je suis innocent des larmes de sang répandues par ce juste !
Enfin nous le devons à nous – même. N’oublions
pas que nous aurons besoin un jour, peut-être bientôt, qu’on
exerce envers nous, la charité que nous pouvons maintenant exercer
envers les autres.
« Tout ce que la piété nous inspire
de faire pour nos défunts, disait St Ambroise, se change en œuvres
méritoires pour nous et à la fin de notre vie, nous recevrons
au centuple ce que nous aurons donné. » Interrogez votre conscience.
Avez – vous bien compris et pratiqué jusqu’à ce jour, cet
important devoir ? Pensez – vous souvent, pensez – vous chaque jour aux
âmes souffrantes du purgatoire ? Ayez donc à l’avenir cette
charité que Dieu commande et bénit ; cette charité
qui ouvre le Ciel à celui qui l’exerce et à celui qui en
est l’objet ; cette charité qui est le ‘passeport’ du chrétien
pour l’autre monde.
3. Exemple
Catherine de Cortone était issue d’une famille
ducale. Petite enfant, sa piété et sa ferveur étaient
celles d’un ange. Elle n’avait pas encore atteint sa huitième année
lorsqu’elle perdit son père. Un jour, il lui apparut tout enveloppé
des flammes du purgatoire. « Ma fille, lui dit – il, je serai dans
le feu jusqu’à ce que tu aies fait pénitence pour moi. »
Le cœur empli de compassion, Catherine s’éleva avec un courage viril
au-dessus de la faiblesse de son âge. Elle préluda dès
ce jour à ces austérités étonnantes qui ont
fait d’elle un prodige de pénitence. Ses larmes, ses prières,
ses mortifications eurent bientôt désarmé la Justice
Divine et acquitté la dette paternelle. Son père, rayonnant
de l’éclat des bienheureux, lui apparut de nouveau et lui adressa
ces paroles : « Dieu a accepté tes actes d’amour, tes prières,
ma fille ; je vais jouir de la Gloire. Continue toute ta vie de t’immoler
en victime pour le salut des âmes souffrantes, c’est la Volonté
Divine. » L’héroïque vierge fut fidèle à
sa mission sublime. Toute sa vie, elle pria et pratiqua des austérités
effrayantes pour le soulagement des morts. Ses pieuses compagnes voulurent
l’engager à diminuer un peu ses pénitences. Elle répondit
par ses remarquables paroles qui trahissent tout le secret de sa vie :
« Quand on a vu comme moi ce que sont le purgatoire et l’enfer, on
n’en fera jamais trop pour tirer les âmes de l’un et les préserver
de l’autre. Je ne dois donc pas m’épargner, parce – que je me suis
offerte en sacrifice pour elles. »
Et nous aussi, nous avons la mission et le devoir de secourir les âmes que Jésus a rachetées ; ne l’oublions jamais.
Prions – Soyez béni, Ô mon Dieu, d’avoir
bien voulu me confier le soulagement de ces âmes que vous aimez et
qui ont tant de titres à ma compassion. Qu’il m’est doux de pouvoir
essuyer leurs larmes et leur ouvrir le Ciel ! Rappelez-moi souvent ce grand
devoir de la charité et aidez-moi à l’accomplir. O Jésus,
soyez propice à nos chers défunts. Appelez vos enfants et
nos frères au Bonheur Eternel, et que la lumière qui ne s’éteint
plus luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix.
Quinzième jour – L’oubli des morts
1. Il dénote une grande insensibilité
Un pauvre appelé Lazare, couvert d’ulcères
et de haillons, gisait à la porte d’un homme riche et opulent ;
il demandait peu : les miettes seulement qui tombaient de la table du riche.
Mais celui – ci les refusait impitoyablement. Quelle insensibilité,
quelle dureté ! Faut –il s’étonner si ce mauvais riche, après
sa mort, descendit en enfer, pendant que Lazare montait dans le sein d’Abraham
?
Le souvenir de nos parents défunts est sans cesse présent à notre esprit et à nos cœurs. La maison que nous habitons, le nom que nous portons, les biens dont nous jouissons, tout nous rappelle leur image. Pourtant ils ne crient pas, leur tombe est muette, mais l’Eglise, leur mère commune, ne nous dit –elle pas sans cesse : « Ayez pitié de vos morts. Laissez tomber de votre table quelques miettes pour apaiser leur faim, quelques gouttes pour étancher leur soif. Méchant serviteur, ne dois –tu pas prendre pitié de ton frère ? »
Quoi donc, il a vécu, il a travaillé pour vous dans sa vie, et maintenant qu’il vous demande quelques miettes de l’héritage qu’il vous a laissé, vous les lui refusez ?... Si comme le mauvais riche, nous sommes insensibles aux cris de détresse de nos frères, Dieu sera insensible aux nôtres. Comment pourrait – il nous accueillir en son sein ?
2. Il révèle une noire ingratitude
Un officier de Pharaon ayant encouru la disgrâce
du roi fut jeté en prison avec Joseph. Homme doux et compatissant,
Joseph se lia d’amitié avec son compagnon d’infortune, adoucit son
chagrin, interpréta ses songes et lui donna l’assurance d’un prompt
rétablissement. Pour toute récompense de ses services, il
lui demanda seulement de se souvenir de lui auprès du roi. Hélas
! Cet ingrat, enivré des douceurs de ses nouvelles prospérités,
oublia entièrement son bienfaiteur, et l’infortuné Joseph
languit encore deux années dans les fers.
Ce cruel oubli n’est – il pas révoltant ? Et comment pouvez – vous oublier vous – même tant de parents, tant de bienfaiteurs dont vous avez reçu la vie, dont vous possédez les biens, à qui vous devez votre fortune, votre réussite ? Naguère, quand ils vous disaient adieu, et vous priaient de ne pas les oublier, vous répondiez en pleurant. Mais le temps a séché vos larmes et vous les avez bientôt oubliés. Vous n’avez plus pour eux ni regret, ni tendresse ni reconnaissance. Vous vous repaissez, comme l’officier de Pharaon, du bien – être qu’ils vous ont acquis, à la sueur de leur front, et vous lez laissez gémir comme Joseph, dans la prison du purgatoire. Où sont donc votre foi, votre conscience, votre cœur, votre mémoire ? « Seigneur, Seigneur, réparez cet étrange oubli, et donnez à nos frères souffrants et abandonnés le repos et la gloire éternelle. »
3. Exemple
Chaganus, ayant mis en fuite l’armée de Maurice,
exigea de l’empereur une somme d’argent considérable pour le rachat
des nombreux prisonniers qu’il avait faits. Maurice refusa. Le vainqueur
demanda alors une somme moins forte qui ne lui fut pas accordée.
Après avoir réduit à bien peu de choses la rançon
qu’il désirait sans pouvoir l’obtenir, le barbare irrité
fit couper la tête à tous les soldats impériaux qu’il
avait eus en son pouvoir. Peu de jours après, Maurice eut une épouvantable
vision. Il vit une multitude d’esclaves qui portaient des chaînes
pesantes. Ces infortunés, avec des accents horribles, criaient vengeance
contre lui. Le Juge Souverain, irrité, lui disait : « Aimes
– tu mieux être puni en monde ou en l’autre ? » « Ah
Seigneur ! Je préfère être châtié en ce
monde. » répondit l’empereur consterné. « Et
bien, en punition de ta cruauté envers ces pauvres soldats, dont
tu n’as pas voulu sauver la vie, lorsque tu le pouvais à si peu
de frais, l’un d’eux t’enlèvera ta couronne, ta réputation
et ta vie, et toute ta famille te suivra dans ta chute ! » En effet,
peu de jours après, l’armée s’insurgea et proclama Phocas
empereur. Maurice, fugitif, s’enfuit sur un petit navire ; mais ce fut
en vain. Les partisans de Phocas se saisirent de lui, et le chargèrent
de chaînes. Ce malheureux père eut la douleur de voir massacrer
ses cinq fils et il mourut lui – même ignominieusement.
Ame chrétienne, qui lisez ces lignes, pensez – y : ce ne sont pas de pauvres soldats, ce sont vos propres frères, vos chers parents qui gémissent, devenus prisonniers aimants de la Justice Divine. Dieu miséricordieux vous demande pour leur rachat une prière, une communion, une aumône. Serez – vous assez dur ou assez insensible pour les refuser ?
Prions – Comment pourrais – je oublier, Seigneur, ces
âmes auxquelles la mienne était liée par les liens
de l’affection et de la parenté ? Comment pourrais – je abandonner
dans leurs cruelles souffrances ces êtres chéris, qui m’ont
donné pendant leur vie des preuves si nombreuses d’une affection
toute tendre et dévouée ? Tous les jours de ma vie et jusqu’à
mon dernier soupir, je prierai pour eux. O Jésus, soyez leur propice.
Appelez vos enfants et nos frères dans la Cité Sainte. Qu’ils
reposent dans la paix éternelle !
Seizième Jour – Premier motif de soulager les âmes du purgatoire : la gloire de Dieu
1. Cette dévotion glorifie Dieu
Le premier motif qui doit nous engager à hâter
par tous les moyens possibles la délivrance des saintes âmes
du purgatoire, est la gloire qui en revient à Dieu. En effet, rien
ne glorifie le Très – Haut, ne fait bénir son nom, ne dilate
son cœur paternel, rien ne contribue davantage à l’accomplissement
de Sa Volonté adorable, que le soulagement des morts. Comprenons
– le bien, en leur ouvrant le Ciel, nous donnons à Dieu des voix
pour Le louer, des cœurs pour L’aimer et Le bénir ; nous lui donnons
des âmes qui vont se consumer au pied du trône de son éternité,
dans les ardeurs d’un amour si pur, si parfait et si grand, qu’il ne nous
est pas même donné de le comprendre dans le lieu de notre
exil.
« Il n’est rien de plus agréable à
Dieu, disait Saint Augustin, que le soulagement et la délivrance
des fidèles trépassés. » « C’est, ajoutait
Bourdaloue, un apostolat plus beau, plus grand et plus méritoire,
que la conversion des pécheurs, des infidèles, des païens.
»
Hâtons – nous donc de satisfaire aux droits de la Justice Divine pour procurer cette Glorification. Ces âmes feront pour nous dans le Ciel ce que nous faisons si mal dans ce monde. Ce sont des voix pures, angéliques, qui diront pour nous ce cantique de la patrie que nous ne pouvons pas chanter sur une terre étrangère. C’est par leurs chants de triomphe que nous glorifierons le Dieu de toute gloire et de toute majesté. Et ce Dieu, qui a promis de ne point laisser sans récompense un verre d’eau froide, donné à un pauvre en Son Nom, comblera de largesses ceux qui se dévouent pour Lui donner des âmes qu’Il aime tendrement.
2. Elle réjouit Ses Saints
Souvenons – nous qu’en délivrant ces âmes
par nos actes d’amour, non seulement nous glorifions Dieu, mais nous réjouissons
le Ciel tout entier. L’entrée d’un nouvel élu dans cette
belle patrie est une fête de famille pour tous ses heureux habitants
; chacun d’eux l’accueille et le félicite avec une joie fraternelle.
Marie, la Mère de Miséricorde, la Consolatrice de l’Eglise
Souffrante tressaille d’une sainte allégresse, s’unit à Jésus
pour déposer sur son front la couronne de gloire et d’immortalité
promise aux vainqueurs. Son Ange Gardien et son Saint Patron le saluent
avec une joie ineffable et le félicitent de sa délivrance
et de son bonheur. Toute la Cour Céleste, qui se réjouit
à la conversion d’ un pécheur, se réjouit davantage
encore en voyant augmenter le nombre des élus ; elle entonne de
nouvelles hymnes à la gloire de l’Agneau Divin dont la grâce,
victorieuse de la faiblesse humaine, élève les fils d’Adam
sur les trônes des anges déchus.
Attachons – nous à une dévotion si agréable à Dieu et à tous ses amis. Prêtons l’oreille, non plus aux gémissements des âmes du purgatoire, mais aux pressantes invitations de Jésus – Christ, de la Sainte Vierge et des Saints qui nous supplient d’introduire près d’eux, dans la Cité du Bonheur, nos frères qui pleurent dans le purgatoire. Rendons ces orphelins à leur Père qui est au Ciel, ces pauvres exilés à leur Patrie Eternelle. Un jour bientôt, nous irons les rejoindre et partager leur félicité.
3. Exemple
Il est raconté au Livre de Daniel, que le roi
de Perse, Darius, avait fait une loi dont la violation comportait la peine
d’être exposé aux lions et dévoré par eux. Le
prophète Daniel, adorateur du vrai Dieu, ne pouvant se soumettre
à cette loi païenne, fut accusé comme violateur de la
volonté royale. Le roi qui aimait Daniel fur désolé
de savoir qu’il venait d’être accusé d’un crime le faisant
condamner à la fosse aux lions. Mais pour ne pas se mettre en opposition
avec la loi qu’il venait de porter, il consentit à ce que le prophète
fut précipité dans cette épouvantable fosse. Cependant
en le laissant partir, il lui dit : « Daniel, Serviteur de Dieu,
va tranquille ; ce que je ne puis pas faire moi, sans blesser ma justice,
j’ai confiance que le Dieu que tu adores le fera, et Il te délivrera
dans Sa Miséricorde. » EN effet, Dieu veilla miraculeusement
sur Daniel. Il ferma d’abord la gueule des lions qui, au lieu d’être
ses bourreaux, étaient devenus ses gardiens. Ensuite, il envoya
son Ange pour lui porter à manger.
Voilà l’image de ce qui arrive aux âmes du purgatoire. Dieu, en les voyant entachées de péchés, endettées envers Sa Justice, ne peut pas les admettre dans Son Royaume, Il est obligé de les laisser aller dans la prison de l’expiation, et Il leur dit : « Allez avec confiance, car ce que Je ne puis pas faire à cause de Ma Justice, vous âmes chrétiennes, vous le ferez, vous serez les ministres de Ma Miséricorde, vous êtes constituées libératrices du purgatoire, comme Moïse fut libérateur du peuple Israël en Egypte. A vous de soulager et délivrer ces pauvres prisonnières ; à vous de leur porter la nourriture spirituelle qu’elles attendent avec impatience. » Quelle noble et sainte mission !
Prions – O Dieu infiniment Bon et infiniment Aimable,
oubliez, je vous en supplie, les droits de Votre Justice pour ne Vous souvenir
que de ceux de Votre Miséricorde ; exercez – la dans toute son étendue
sur ces âmes qui Vous sont si chères. Ouvrez leur Votre sein
Paternel et permettez leur de Vous glorifier dans le Ciel par leurs actions
de grâce et leurs éternelles louanges. Douce Marie, Saintes
et Saints du Ciel, intercédez pour elles. O Jésus, soyez
leur propice. Montrez leur Votre Face dans la Jérusalem céleste
! Qu’elles reposent en paix.
Dix-septième jour – Deuxième motif : l’amour de Notre – Seigneur
1. Combien Il aime les âmes du purgatoire
Considérez que NSJC a pour les âmes du purgatoire,
comme pour toutes les âmes rachetées au prix de son sang,
un amour infini. Chacune peut dire : « Il m’a aimé et s’est
livré pour moi » Et s’il y a des mesures et des degrés
dans l’infini, Il doit les aimer plus que nous, parce – que confirmées
en grâce, ne pouvant plus pécher, elles ne L’offenseront
jamais plus, et parce -qu’elles Le bénissent et Le chérissent
plus tendrement que nous. Oui, n’en doutons pas, les yeux et le cœur du
Miséricordieux Jésus, sont sans cesse attachés sur
ces martyrs d’outre – tombe, sur nos frères les morts. Loin de les
oublier, de les délaisser dans les souffrances, on peut dire qu’Il
souffre en quelque sorte en eux. Il souffre comme Rédempteur dans
ces âmes qu’Il a rachetées par tant de sacrifices ; comme
Père, comme Epoux, comme Chef, dans les membres de Son Corps Mystique.
Leurs douleurs lui rappellent Ses propres douleurs, leur amour appelle
Son Amour. S’Il pouvait mourir, Il mourrait encore pour payer leurs dettes
et leur ouvrir la porte du Paradis ; et pour retenir la force de Son Amour,
il faut toute la Sagesse et toute la Miséricordieuse Justice d’un
Dieu qui a horreur de la moindre tâche.
Ayons les sentiments du Cœur de NSJC. Comme Lui, aimons nos frères de l’Eglise Souffrante, aimons les tendrement à cause de leur sainteté et de la durée de leurs tourments. Aimons – les comme nous – même pour l’amour de Dieu. Alors, nous prendrons une large part à leurs peines et nous leur tendrons une main secourable.
2. Combien NS désire que nous soulagions les âmes
du purgatoire
NSJC ne peut pas délivrer lui – même les
âmes du purgatoire ; la Justice Divine s’y oppose, mais du Tabernacle,
où l’Amour le rend captif, il incite tous les fidèles de
la terre à prier pour elles, à faire descendre le rafraîchissement
et la paix dans le lieu de l’expiation. Il dit un jour à Ste Gertrude
: « Toutes les fois que vous délivrez une prisonnière,
cela m’est aussi agréable que si vous me rachetiez moi – même
de la captivité, et je saurai bien vous en récompenser. »
A l’autel où il s’immole, Il ne veut pas que Son Sacrifice soit
offert une seule fois, sans que le prêtre et les assistants aient
un souvenir pour l’Eglise Souffrante. Enfin, Il réunit en un seul
trésor tous Ses Mérites, tous ceux de sa Divine Mère
et des saints et Il demande à tous les fidèles d’y puiser
à pleines mains, afin d’acquitter les âmes du purgatoire ;
la Justice Divine s’y oppose mais du Tabernacle, Il s’écrie : «
Rendez moi mes enfants, délivrez les par la prière, par le
St Sacrifice, par les indulgences ; hâtez le moment où il
Me sera donné de les couronner dans la gloire et de les inonder
d’un torrent de délices. »
Pour exciter notre charité, Il ne cesse de nous répéter ce qu’Il disait à Ses disciples en leur parlant des pauvres : « Tout ce que vous ferez pour le moindre d’entre eux, je le regarderai comme fait à Moi – même. » Et Il nous récompensera un jour, comme si Lui – même eût été délivré. Chers amis, quel puissant motif, pour nous enflammer de zèle en faveur d’une œuvre si grande, si facile à accomplir ! Quelle joie de pouvoir si aisément satisfaire les désirs brûlants du Cœur de NSJC. Le Divin Sauveur dit un jour à la Vénérable Marie Lataste : « Vous ne sauriez rien faire de plus agréable à Dieu que de venir au secours de ces âmes » Parmi les âmes du purgatoire ne sont pas assez recommandées à la prière des fidèles. Et cependant combien sont grands et nombreux les bienfaits que nous devons aux prêtres ! La plupart des biens et des bénédictions de la religion nous arrivent par le prêtre. Du berceau jusqu’à la tombe, il est pour nous le distributeur de grâces, le consolateur, le soutien, le conseiller. NS lui disait un jour : « Ma fille, priez beaucoup, beaucoup pour mes prêtres, car on ne prie pas assez pour eux ; les fidèles oublient trop qu’il est de leur devoir de prier pour les prêtres, qui sont leurs pères par rapport à leur salut. » Plus grande est la dignité d’une personne, plus grande aussi sa responsabilité, plus le jugement sera sévère. Voilà pourquoi, nombre de prêtres doivent aussi passer par le purgatoire. Prions donc pour leur libération, afin que parvenus dans la gloire du Paradis, ils soient nos intercesseurs puissants auprès de Dieu !
3. Exemple
Dans une lettre écrite à une dame du monde,
le Père Lacordaire racontait qu’un paysan de Pologne venant à
mourir, fut placé par la Justice Divine dans les flammes de l’expiation.
Sa pieuse épouse ne cessait de prier pour le repos de son âme.
Ne croyant pas ses prières assez efficaces, elle désira s’adresser
au Cœur de NSJC et faire célébrer le Saint Sacrifice de la
Messe en son honneur, pour la délivrance de celui qu’elle pleurait.
Mais elle était pauvre et ne possédait pas le modeste honoraire
qu’il est d’usage d’offrir pour la célébration de l’office
divin. Elle se présenta devant un riche personnage qui était
philosophe, incrédule, et lui exposa humblement l’objet de sa demande.
Celui – ci se laissant attendrir lui donna l’offrande qu’elle sollicitait.
La veuve aussitôt fit célébrer la Sainte Messe, à
la Chapelle du Sacré – Cœur, pour la délivrance de son cher
époux, et y assista avec toute la ferveur possible. Dieu permit
que quelques jours après, le paysan défunt apparut au riche
bienfaiteur : « Je vous remercie, lui dit – il, de l’aumône
que vous avez faite pour l’offrande du Divin Sacrifice : cette oblation
a délivré mon âme du purgatoire où elle était
détenue, et maintenant en reconnaissance de votre charité,
je viens de la part du Seigneur vous annoncer que votre mort est prochaine,
et que vous devez vous réconcilier avec Lui. » Et ce
riche incrédule se convertit et mourut en effet dans les sentiments
les plus chrétiens. Amour, reconnaissance au Cœur de NSJC !
Prions – O Jésus, plein de Miséricorde et
de bonté, Vous qui avez tant aimé les hommes, qui les justifiez
par la foi, les glorifiez par la grâce, je vous en prie, par la vertu
de la blessure de Votre Côté Sacré, ouvert par la lance
sur la croix, délivrez les trépassés du feu du purgatoire
et rendez les dignes de la gloire de vos saints. Soyez leur propice Ô
Jésus. Appelez vos enfants et nos frères au séjour
Eternel. Qu’ils reposent en paix.
Dix – huitième jour – Troisième motif : l’amour de Marie
1. Elle console les âmes du purgatoire
Marie ne se contente pas d’encourager et de consoler
ses chers enfants de la terre, elle est aussi la Consolatrice de ceux que
la Justice et l’Amour retiennent dans le lieu de l’expiation. Quelle mère
voyant son enfant tombé dans un brasier ardent et pouvant le secourir,
ne volerait pas à son secours ? Et Marie, la plus aimante des mères,
resterait insensible aux tortures de ses enfants tombés dans les
flammes expiatrices de la Justice Divine ? Oh non, mille fois non ! Pleine
de compassion pour eux, elle s’occupe de les soulager. Il n’y a pas de
peine dans cette sombre prison qu’elle n’adoucisse ; il n’y a pas d’heure
pendant laquelle elle ne verse sur ce feu purificateur, une pluie rafraîchissante.
« Oh, comme Marie est bonne, s’écrie St Vincent Ferrier, pour
ces âmes captives qui gémissent dans le purgatoire ! Par son
entremise, elles sont à chaque instant soulagées et secourues.
» La Ste Vierge disait à Ste Brigitte : « Je suis la
mère de tous ceux qui sont au purgatoire, et toutes les peines qui
sont infligées aux morts, pour l’expiation de leurs fautes, sont
allégées par mes prières. »
Heureux sont les vrais enfants de Marie. Sa protection
ne les accompagne pas seulement en ce monde, mais elle va les chercher
pour consoler leurs misères invisibles, impalpables, qu’on pourrait
appeler misères d’outre – tombe. Que cette pensée est douce
et consolante. Qu’il est agréable d’espérer l’assistance
de la Ste Vierge à notre heure dernière, de savoir qu’elle
viendra nous visiter, nous consoler, si malheureusement nous tombons dans
l’abîme du purgatoire. Quel puissant motif de l’aimer tendrement
en ce monde ! O Marie ! Mère de Miséricorde ! Consolatrice
des affligés, préservez – nous, délivrez – nous du
purgatoire.
2. Elle les délivre
La Très Ste Vierge ne se borne pas à visiter,
à soulager les âmes captives, elle les délivre par
son intercession. Pour hâter la fin de leurs peines, elle inspire
aux vivants de les aider de leurs suffrages, et elle supplie son Divin
Fils de les admettre dans le séjour de la Paix. Or, ce que Marie
demande, elle l’obtient toujours. Aussi combien d’âmes oubliées
ou insuffisamment secourues gémiraient pendant des siècles
dans ce lieu d’indicibles tourments si la Vierge clémente ne hâtait
l’heure de leur délivrance ! Combien s’envolent dans le Ciel sur
les ailes de son amour, surtout lorsque l’Eglise célèbre
ses touchantes solennités. Gerson assurait que le jour où
elle monta au Paradis, une multitude d’âmes qui étaient en
purgatoire furent délivrées par son intercession.
St Louis – Marie Grignon de Montfort, lui, affirmait qu’à ce moment – là, la joie dans le Ciel augmentait de moitié ! C’est aussi une pieuse croyance que tous les samedis et les jours de ses fêtes, cette Bonne Mère descend dans le lieu de la Justice Divine pour en retirer un grand nombre de prisonnières dont elle a obtenu la grâce, heureuse d’emmener ses enfants avec elle pour les associer au bonheur de sa famille du Ciel. Oui, il y a là – haut un nombre incalculable de bienheureux qui doivent leur délivrance du purgatoire à l’Auguste Reine du Ciel.
Ames chrétiennes, priez tous les jours Marie en faveur de vos chers défunts, demandez – lui leur soulagement. A cette fin, offrez – lui de temps à autres quelque mortification, une communion, une visite à la chapelle où elle est spécialement honorée. La Mère de Dieu déclara à Ste Brigitte : « Je suis la mère de toutes les âmes du purgatoire et toutes les peines qu’elles ont méritées sont à toute heure plus ou moins adoucies par mon intercession. » Les dévots de Marie ne sont pas malheureux en purgatoire, ils ne sont pas abandonnés ; Marie est puissante pour les secourir ; mais nous devons la prier, surtout en récitant le Rosaire. St Alphonse de Liguori disait : « Si nous désirons secourir efficacement les âmes du purgatoire, nous devons toujours les recommander dans nos prières à la Très Ste Vierge, et surtout offrir pour elles le chapelet ou le Rosaire par lequel elles sont soulagées. »
Bonne Mère, ayez pitié de mes frères souffrants, procurez – leur le repos éternel. Souvenez – vous qu’ils sont vos enfants et que vous êtes toujours leur mère.
3. Exemple
Une sainte religieuse avait donné pendant quelques
temps ses soins à une pauvre fille qui était dans un état
déplorable tant pour l’âme que pour le corps. Après
avoir menée une vie scandaleuse, elle avait été frappée
d’une maladie honteuse qui la rendait un objet de dégoût et
de mépris pour tout le monde. L’infection qu’elle répandait
autour d’elle était telle que ses voisines l’avait contrainte de
chercher un gîte dans une vieille masure isolée. Son caractère
était si acariâtre que, seule notre religieuse, surmontant
le dégoût qu’elle lui inspirait, venait comme un ange du Ciel
de quoi supporter sa malheureuse existence. Toutefois, ses services n’étaient
payés que par des injures. Lorsque la Sœur lui parlait de Dieu,
cette créature ne répondait que par des blasphèmes.
Un jour, survint une crise épouvantable, et l’infortunée
malade mourut presque subitement. Sur le point de paraître devant
le Souverain Juge, elle se souvint des miséricordes de Marie, qu’elle
avait quelquefois invoquée dans sa jeunesse, et elle lui dit : «
O vous qui n’abandonnez pas ceux que tout le monde repousse, Mère
pleine de tendresse, venez à mon secours ! Si vous mes laissez,
je suis perdue ! » Et Marie vint au secours de la pécheresse,
lui inspira des actes de repentir et la préserva de l’enfer.
Le lendemain, on trouva le cadavre hideux étendu
par terre, et chacun de s’écrier que l’âme était réprouvée.
La sœur en était elle – même si convaincue, qu’elle l’effaça
de son souvenir. Cependant, un jour, celle qu’elle croyait damnée,
lui apparut par la permission de Dieu, et lui dit : « Vous qui priez
pour tout le monde, m’oubliez – vous ? » « Quoi ? s’écria
la sainte religieuse, vous ? en purgatoire ??? » La pauvre
pécheresse lui raconta le miracle de salut qui s’était opéré
en elle, à son agonie, la suppliant de prier la Ste Vierge de la
délivrer du purgatoire comme elle l’avait préservée
de l’enfer. La Sœur pria Marie de tout cœur et bientôt, elle apprit
par une seconde apparition que ses supplications étaient exaucées,
que la Bonne Mère avait ouvert la porte du Ciel à cette âme
pénitente.
Merci Marie, pour votre bonté.
Prions – Nous vous saluons, Ô Reine de Miséricorde,
notre Vie, notre Douceur, notre Espérance, non seulement dans cette
vallée de larmes, mais aussi dans le lieu d’expiation, nous
vous saluons. Nous crions vers Vous, consolatrice des affligés ;
nous soupirons et gémissons, pour nos frères souffrants du
purgatoire. Tournez vers eux, ô notre Avocate, vos regards miséricordieux.
Faites – leur voir Jésus, le fruit de vos entrailles. C’est ce que
nous vous demandons instamment pour eux, ô Reine pieuse et douce
Vierge Marie.
Dix – neuvième jour – quatrième motif : la reconnaissance des défunts
1. Dans le purgatoire
C’est une opinion bien reçue parmi les théologiens,
que les âmes souffrantes intercèdent même dans le purgatoire
pour ceux qui les assistent. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles –
même et leurs prières sont sans fruit, quand elles demandent
la fin de leurs tourments ; mais il n’en n’est pas de même des prières
qu’elles font pour leurs bienfaiteurs. Ces supplications sont dans l’ordre
de la Providence, elles touchent le Cœur de Dieu, et ne sont point accompagnées
des défauts qui rendent les nôtres trop souvent infructueuses.
Ces bonnes âmes sont pures et saintes, chéries du Seigneur
et toujours parfaitement unies à lui. Elles prient sans distractions,
avec ferveur, avec persévérance, et leur crédit est
si grand que, si l’expérience de chaque jour n’était là
pour en rendre témoignage, à peine pourrait – on le croire.
Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi
nos prières contre celles de nos frères les morts, et le
meilleur moyen d’obtenir de Dieu ce que nous sollicitons, c’est de les
intéresser à notre cause, en leur confiant et en offrant
pour eux, à cette intention, nos bonnes œuvres, le Saint Sacrifice
de la Messe, et toutes le indulgences que nous pouvons leur appliquer.
Prions donc souvent, prions beaucoup pour les âmes bénies
et reconnaissantes du purgatoire, et elles prieront efficacement pour nous
! Elles offriront à Dieu pour nous tout le mérite de leurs
indicibles souffrances. C’est une occupation sainte et salutaire que la
pensée des morts, nous dit l’Ecriture.
2. Dans le Ciel
Le Ciel est la patrie de la reconnaissance, et délivrées
par nos actes d’amour et nos prières, les âmes nous resteront
attachées par les liens d’une gratitude éternelle. Pourront
– elles nous oublier lorsque nous les auront mises en possession des richesses
éternelles ? Lorsque nous leur aurons rendu leur place au banquet
de l’Agneau, où elles pourront enfin manger le pain des Anges dont
elles sont affamées ? Non, assurément, elles ne nous oublierons
jamais : elles seront attentives à tous nos besoins, elles veillerons
sur nous comme d’autres anges gardiens. Du haut de leurs trônes,
elles jetteront les yeux sur nos périls et sur nos maux, supplieront
Dieu sans cesse de nous épargner les épreuves, d’éloigner
de nous toutes les tentations et les dangers, et uniront leurs supplications
aux nôtres, pour faire une sainte violence au Cœur de Dieu. Quel
soulagement dans nos peines ! Quels auxiliaires précieux ! A notre
agonie, quels consolateurs et quels soutiens ! Quels avocats puissants
au Jour redoutable de la Rencontre avec Dieu ! Et si nous allons dans le
purgatoire, ces âmes que nous aurons délivrées, ne
viendront – elles pas à leur tour nous visiter, nous consoler, jusqu’à
ce que nous soyons parvenues auprès d’elles, dans les splendeurs
de la béatitude éternelle ?
Mon Dieu, que d’avantages, que de consolations de toutes
sortes dans la dévotion aux fidèles trépassés
! Heureux donc et bienheureux ceux qui prient pour les morts ! «
Tout ce que nous leur donnons par charité, disait St Ambroise, se
change en grâces, et après notre mort, nous en trouvons le
mérite cent fois doublé. »
3. Exemple
Une personne pieuse et digne de foi a écrit les
lignes suivantes, qui sont une preuve de l’efficacité des prières
des âmes du purgatoire : « Je désirais le rétablissement
de ma pauvre santé bien compromise, et je m’étais adressée
à Notre – Dame de Lourdes, à L’Enfant Jésus, à
St Joseph, sans rien obtenir. Ce n’est qu’après avoir supplié
les saintes âmes du purgatoire de prier pour moi, que j’ai été
exaucée. Je leur avais donné jusqu’à Noël, leur
promettant des prières et des messes, si à cette époque
je pouvais remplir mes devoirs religieux et reprendre mes occupations.
Bénies et remerciées soient ces chères protectrices
: je suis radicalement guérie ! Aussi, me suis – je empressée
d’accomplir ce que je leur avais promis. Vous voyez combien le Bon Dieu
désire la délivrance des âmes captives du purgatoire,
puisqu’Il force pour ainsi dire à recourir à elles, à
prier pour elles, pour obtenir une foule de grâces qu’Il veut faire
passer par leurs mains. Quant à moi, je suis convaincue de cette
vérité car j’affirme que toutes les faveurs que Dieu m’accorde,
je les dois à la prière de mes bonnes amies du purgatoire.
Avec elles, je ne désespère de rien, j’espère même
contre toute espérance. »
Instruisez – vous par cet exemple, et soyez convaincus
que vous pourrez tout obtenir par l’entremise de vos frères les
morts.
Prions – Saintes âmes du purgatoire, je prie le
Seigneur Jésus qui est mort pour vous, d’avoir pitié de vos
douleurs. Puisse – t – il, par l’aspersion de Son Sang, vous rafraîchir
au milieu de vos tourments ! A votre tour, âmes charitables, daignez
intercéder pour moi. Vos prières seront entendues, car vous
êtes dans la grâce. Demandez donc pour moi les faveurs spirituelles
et temporelles qui me sont le plus nécessaire ; demandez que je
fasse une sainte mort et que je sois un jour au Ciel avec vous.
Vingtième jour – Premier moyen de soulager les âmes du purgatoire : la prière
1. Moyen facile
Après avoir étudié les motifs qui
nous pressent de soulager les âmes du purgatoire, examinons maintenant
les moyens les plus efficaces de leur venir en aide. Le premier de ces
moyens est la prière ; il est à la portée de tous,
des pauvres et des riches, des faibles comme des forts, des petits enfants
comme des vieillards ; personne ne peut alléguer de motifs raisonnables
pour s’en dispenser. Vous ne pouvez pas faire pénitence par le jeûne
? Vous ne pouvez pas faire beaucoup la charité ? Priez alors, priez
souvent pour vos frères les trépassés ; priez le matin,
priez le soir ; priez le jour, priez même la nuit. Qui donc ne peut
la faire, cette charité de la prière qui rachète la
douleur ? Qui ne peut trouver dans son cœur un cri de supplication pour
ces incomparables misères ? Qui, parmi nous, pleurant la mort des
siens, ne peut supplier Dieu ? Nous verrions souffrir un saint, un ami,
un parent qu’une prière pourrait soulager et rendre heureux, et
nous ne la ferions pas ? Prions pour des frères malheureux ! C’est
non seulement aisé et facile, mais consolant et agréable
! Il est si doux de parler de ceux qu’on aime, de s’occuper de ceux que
l’on chérit !
Prenez la résolution de ne laisser passer aucun
jour sans prier pour vos parents qui ne sont plus. Offrez en leur faveur
la peine que vous causent les distractions, ou l’aridité de votre
cœur pendant ce saint exercice. Du moins, répétez souvent
ces courtes invocations : « Doux Jésus, soyez leur propice
! Seigneur, donnez leur le repos éternel ! Mon Dieu, qu’ils reposent
en paix ! »
2. Moyen efficace
« La prière, c’est la clé d’or qui
ouvre le Ciel » disait St Augustin. Plus puissante que toutes choses,
elle jaillit du cœur de l’homme, s’élève sur l’aile des anges,
monte jusqu’au trône de Dieu, va droit à Son Cœur, Le touche,
L’attendrit, fait taire la Justice pour ne plus laisser parler que l’Amour.
Vaincue par la prière, la Justice Divine cède, fléchit,
pardonne et revêtue du pardon, la prière descend du trône
de Dieu dans l’abîme ; là, elle s’épanche sur ces pauvres
âmes qui attendent l’heure de la délivrance, éteint
le feu purificateur qui les embrase, et brisant à jamais les liens
de leur captivité, les rend à la liberté et au bonheur.
La prière pour les morts ne connaît pas d’obstacles, pas de
distances, pas de durée ; le Ciel s’ouvre devant elle, l’abîme
se ferme derrière elle, elle obtient tout, elle triomphe de tout.
Et St Thomas assurait que Dieu accueille avec plus de ferveur la prière
pour les morts que celle que nous lui adressons pour les vivants. Le Divin
Sauveur l’a révélé à Ste Gertrude en ces termes
: « Ma tendresse acceptera un pas, un brin de paille ramassé
par terre, une parole, un salut, une prière pour les pécheurs
ou pour les justes, pourvu qu’on y joigne la bonne intention. » Faisons
souvent des actes d’amour pour Dieu : ces actes intérieurs ont une
valeur inexprimable comme le déclarait le Père Faber dans
son livre : Tout pour Jésus. Chaque acte d’amour mérite la
vie éternelle. Or il est aisé de dire et de penser : «
Mon Dieu et mon Père, je Vous aime… Je veux Vous aimer… »
De tels actes d’amour procurent secours et soulagement aux âmes par
tous ces moyens. Nous obtiendrons ainsi des biens ineffables et notre récompense
sera éternelle. « Il n’est pas d’occupation plus pieuse et
plus sainte que de prier pour les fidèles trépassés.
» affirmait St Augustin.
L’Eglise a consacré le psaume De Profundis comme prière spéciale pour les défunts, et Elle nous engage à le réciter souvent à leur intention. Les paroles de ce psaume sont en effet autant de voix qui expriment tour à tour, d’une manière vive et saisissante la douleur, la résignation, l’amour, l’espérance des pauvres âmes qui brûlent dans les profondeurs de l’abîme. Prenons la résolution de la réciter à la fin de notre prière habituelle.
3. Exemples
Sur le point de mourir, Ste Monique appela près
de son lit son fils Augustin : « Mon enfant, lui dit – elle, je meurs
contente, j’ai obtenu de mon Dieu ce que j’ai désiré pendant
toute ma vie. Oh oui ! Je meurs contente ! Mon fils, mon cher Augustin,
quand j’aurai rendu mon dernier soupir, n’oubliez pas dans vos prières,
n’oubliez pas à l’autel celle qui a été doublement
votre mère. Souvenez vous toujours de l’âme de Monique. »
Augustin, attendri, ne put répondre que par ses larmes, et sa mère
expira dans la joie du Seigneur. Pendant les vingt années qu’il
vécut encore, il ne cessa de prier et de célébrer
la messe pour le repos de celle qui l’avait tant aimé. Il fit plus
: il demanda instamment à tous les prêtres de sa connaissance,
à tous ceux qui liraient ses ouvrages dans la suite des siècles,
de se souvenir, au saint autel, de Monique sa mère, afin, ajoute
– t –il que cette multitude de supplications lui ouvre la porte du Ciel.
Un des exemples les plus touchants de l’efficacité de la prière pour les défunts est rapporté dans les Actes du martyre de Sainte Perpétue, cette sainte d’Afrique qui subit la mort pour le Christ au commencement du troisième siècle. Pendant que Perpétue était en prison, elle eut une vision : elle vit son jeune frère Dinocrate, mort à sept ans, sortir d’un lieu ténébreux et s’approcher d’un puits rempli d’eau jusqu’au bord. Mais ce bord était trop haut pour la taille de l’enfant qui n’y pouvait puiser, et tout triste, il regardait sa sœur. Celle – ci comprit que Dinocrate souffrait pour expier des fautes commises sur la terre. Elle offrit alors ses souffrances et ses prières pour cette jeune âme. Peu après, Perpétue fut favorisée d’une nouvelle vision : elle revit Dinocrate. Mais cette fois – ci, il était tout joyeux, il puisait avec plaisir l’eau du puits mystérieux, dont le bord s’était abaissé à sa portée ; et les ténèbres avaient fait place autour de lui à une lumière éclatante. Il venait donc d’être délivré de sa peine par les prières et les souffrances offertes par sa sœur Perpétue, et il jouissait du bonheur du Ciel symbolisé par le breuvage vers lequel il avait aspiré dans le purgatoire et dont il pouvait maintenant étancher sa soif. L’image de cette vision se trouve exprimée par l’Eglise, lorsqu’elle demande à Dieu d’accorder aux âmes des défunts « le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix ».
A l’exemple de St Augustin, prions beaucoup, prions sans cesse et toujours pour nos chers parents défunts. Et si notre mère est décédée, ne l’oublions jamais ! Même si elle est au Ciel, nos prières lui seront bienfaisantes dans son intercession près de Dieu pour nos intentions.
Prions – Seigneur Jésus qui avez dit : «
Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous
ouvrira » je vous prie, je vous implore, par les mérites de
vos saintes plaies et par votre grande Miséricorde, d’avoir pitié
des pauvres âmes qui gémissent dans le purgatoire. Ne rejetez
pas, doux et tendre Sauveur, mes prières ; entendez mes gémissements
et ouvrez à mes amis, à mes parents infortunés, les
portes du Céleste Séjour. Que la lumière qui ne s’éteint
pas luise sur eux ! Qu’ils reposent dans la paix éternelle !
Vingt-et-unième jour – second moyen de soulager les âmes du purgatoire : la charité
1. La charité corporelle
La charité est une des vérités qui
nous sont le plus souvent et le plus fortement recommandées dans
l’Evangile. Elle possède même, d’après St Thomas, une
puissance de satisfaction plus grande que la prière ; ou plutôt
elle double la force de nos prières et en assure le succès.
L’ange disait à Tobie : « La charité sauve de la mort
; c’est elle qui efface les péchés ; elle retire l’âme
des ténèbres, lui fait trouver grâce devant Dieu et
lui assure la Vie Eternelle.» Quel moyen plus efficace pour soulager
les âmes souffrantes ? Si en leur nom, nous exerçons la charité,
les cris de reconnaissance des pauvres montent vers Dieu et triomphent
de tout auprès de Lui. C’est une douce rosée qui tombe dans
les flammes du purgatoire et en tempère les ardeurs. Le denier qui
donne le pain du moment à un misérable de ce monde, donne
peut – être à une âme délivrée une place
éternelle, à la table du Seigneur. Soyons donc miséricordieux
autant que nous pouvons l’être ; si nous avons beaucoup, donnons
beaucoup ; si nous avons peu, donnons peu, mais donnons de bon cœur. «
Heureux, s’écriait le psalmiste, celui qui comprend la douleur du
pauvre et du délaissé : le Seigneur le délivrera au
jour mauvais, Il l’assistera sur son lit d’angoisse et le récompensera
éternellement. »
A l’œuvre donc, secourez les affligés de la terre,
et vous soulagerez en même temps ceux qui pleurent. Mettez l’obole
de la veuve dans la main du pauvre ; les captifs deviendront libres.
2. La charité spirituelle
Si les biens nous manquent, si l’argent nous fait défaut,
il nous reste la charité spirituelle qui fait du bien à l’âme
et au cœur qui souffrent et gémissent. « Elle surpasse, suivant
l’expression de St Thomas, la charité corporelle, comme l’esprit
surpasse le corps » Les misères spirituelles sont bien
plus nombreuses et plus déplorables que les misères corporelles.
Or, la Divine Bonté permette que rejaillissent sur nos frères
aimés du purgatoire les mérites que nous pouvons obtenir
ainsi. Donc pour eux, soignons les pauvres malades. Pour eux, veillons
au chevet des agonisants. Pour eux, protégeons les orphelins. Pour
eux, consolons les veuves. Pour eux, essuyons les larmes de ceux qui pleurent.
Ainsi notre charité diminuera les souffrances de ce monde, qui est
un purgatoire de l’autre vie. Qu’est – ce - qui nous arrête quand
il s’agit du soulagement et de la délivrance de ces chères
âmes ? Qu’est – ce – qui pourrait nous servir d’excuse si nous les
oublions, quand il nous est si facile de leur venir en aide ? Et qui viendra
un jour à notre aide, si nous ne faisons rien pour les autres ??
3. Exemple
A Bologne, en Italie, une veuve avait un fils unique
qui avait coutume de jouer sur la place publique avec les enfants de son
âge. Un jour, un étranger troubla ses jeux, avec un mauvais
vouloir évident. L’enfant lui cria de rester tranquille. L’inconnu,
vexé, tira son épée et le transperça. Saisi
de crainte, et surpris par la violence du geste imprévu qu’il venait
d’effectuer, son épée sanglante à la main, il se mit
à courir et se précipita dans une maison pour s’y cacher.
Or, il se trouve que c’était la maison de l’enfant assassiné…
Il arriva dans l’appartement de la veuve qu’il ne connaissait pas. A la
vue de cet homme, de cette épée couverte de sang, elle demeura
interdite. Mais entendant l’étranger lui demander « Au nom
de Dieu » asile contre ceux qui le poursuivaient, elle promit de
le cacher et de ne le point le livrer. Cependant, les gendarmes apprenant
qu’il était entré dans cette maison, le cherchèrent
partout, sans le trouver. Comme ils allaient repartir, ils demandèrent
à la dame si elle savait que son fils avait été tué
par cet assassin… A ces paroles, la mère tomba évanouie.
Quand elle revint à elle, on crut qu’il serait impossible de la
sauver, tant ce coup l’avait abattue. Mais s’en remettant en la Divine
Providence, elle retrouva une grande énergie et résolut de
pardonner au meurtrier de son fils, et plus encore, de le traiter avec
charité. Elle alla à la cachette de l’assassin, ne lui fit
pas de reproche, lui remit une bourse et lui indiqua une issue discrète,
au bout de laquelle l’attendait un cheval sellé, prêt à
partir. Sur ce, elle se mit en prière pour l’âme de son fils.
A peine s’était – elle agenouillée, les bras en croix, devant
un crucifix, pour supplier Jésus de prendre pitié de l’âme
de son enfant, que son fils lui apparut, le visage heureux, rayonnant comme
le soleil, et lui dit : « Chère Maman, ne pleure pas ! Il
ne faut pas me plaindre, mais envier mon sort. Car la charité chrétienne
dont tu as fait preuve envers mon meurtrier, m’a tiré immédiatement
du purgatoire. La Justice Divine m’avait condamné à de longues
années de souffrance, mais ton pardon a terminé, en un instant,
toute mon expiation, et je suis auprès de Dieu où je resterai
pour l’éternité. » Puis il disparut, laissant sa mère
dans la joie, malgré son chagrin.
Prions – Confiant en vos paroles, O mon Sauveur, je ne
verrai plus désormais que votre Personne adorable, cachée
sous celle du mendiant qui implorera ma pitié. Je pratiquerai la
charité à celui qui me la demandera comme si je devais la
faire à Vous – même. Mais ma charité ne se bornera
pas aux vivants. Je veux qu’elle s’étende jusqu’aux morts et que
celle que je ferai pour les pauvres de la terre serve aux pauvres du purgatoire
et attire sur eux l’effusion de Votre Miséricorde. Doux Jésus,
donnez leur le repos éternel !
Vingt-deuxième jour – Troisième moyen de soulager les âmes du purgatoire : la Ste communion.
1. Communion sacramentelle
Quand nous avons le bonheur de communier, nous sommes
unis à NSJC d’une manière si intime que chacun de nous peut
s’écrier avec l’Apôtre : « Non, ce n’est plus moi qui
vis, c’est Jésus – Christ qui vit en moi » Alors notre chair
devient sa propre chair, son cœur fait palpiter le nôtre, son sang
coule dans nos veines, sa divinité réside en nous, Il regarde
avec nos yeux, Il dilate notre cœur. Dans cet heureux instant envié
des anges, même sans parole, il nous est facile de parler à
Dieu, pour lui dire avec plus de confiance encore que le roi prophète
: « O Dieu protecteur des affligés, jetez les yeux sur moi,
vous y verrez la face de votre Christ : ce n’est plus moi qui parle et
qui prie : c’est Jésus, Votre propre Fils, qui parle et prie pour
moi ; c’est lui qui demande pour moi la délivrance de ma mère,
la délivrance des pauvres âmes abandonnées. Je suis
sûr, ô Père Miséricordieux, qui vous ne rejetterez
pas ces justes supplications car le visage, les larmes, le sang de Jésus
– Christ ont une voix toute - puissante pour apaiser Votre Justice et obtenir
le pardon. »
Communions souvent pour ces âmes tant aimées qui n’ont plus le bonheur de participer au Banquet Eucharistique. Avec quelle ardeur elles attendent que nous répandions sur elles la rosée rafraîchissante et libératrice du Sang du Christ. Bientôt l’éternelle communion commencera pour elles et elles iront contempler dans le Ciel, le Sauveur, Pain de Vie, l’adoreront, le béniront et le loueront sans fin.
2. Communion spirituelle
Si vous ne pouvez pas faire souvent la communion sacramentelle,
c’est – à – dire recevoir réellement Notre – Seigneur Jésus
– Christ dans votre cœur à la Messe, faites du moins la communion
spirituelle. Elle consiste dans un désir ardent de s’unir au Divin
Sauveur et de recevoir son esprit et ses grâces. C’est une pratique
si salutaire aux vivants et aux morts que St Alphonse de Liguori allait
jusqu’à dire qu’on peut en tirer autant et plus de fruit si on la
fait avec ferveur, que de la communion sacramentelle faite avec tiédeur.
Elle a en outre, cet avantage qu’on peut la faire tous les jours, à
tous les moments du jour et de la nuit, et en tout lieu, soit profane soit
sacré. C’est un moyen simple, facile, puissant de soulager nos chers
défunts. Faites donc cette communion spirituelle à chaque
visite du Saint – Sacrement. Voici la formule que vous pouvez employer
:
« Mon Jésus ! Je vous crois ici présent ; je vous aime, je vous désire, je m’unis d’esprit et de cœur, en attendant que je puisse vous recevoir réellement. Bénissez – moi, bénissez aussi les pauvres âmes si souffrantes du purgatoire. Oui, Seigneur, appelez vos enfants et nos frères au repos éternel et que la lumière qui ne s’éteint plus luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix ! »
3. Exemple
Louis de Bois, célèbre maître de
la vie spirituelle et homme d’une remarquable sagesse, rapporte qu’un pieux
serviteur de Dieu, qu’il connaissait et aimait, fut visité par une
âme du purgatoire, et que celle – ci lui fit voir tout ce qu’elle
endurait de tourments. Elle était punie pour avoir reçu la
Divine Eucharistie avec une préparation insuffisante, et beaucoup
de tiédeur. C’est pourquoi la Divine Justice l’avait condamné
au supplice d’un feu dévorant qui la consumait. « Je
vous demande, vous qui avez été mon ami intime et fidèle,
et qui devez l’être encore, de communier une fois en mon nom et de
le faire avec toute l’ardeur et toute la charité dont vous êtes
capable. Je suis sûre que cette fervente communion suffira pour ma
délivrance et que par ce moyen seront compensées mes coupables
froideurs. » Celui – ci s’empressa de participer à la Sainte
Messe et de communier pieusement pour le repos de l’âme de son ami.
Après l’action de grâces, l’âme lui apparut de nouveau,
parée d’une lumière incomparable, heureuse et pleine de reconnaissance.
« Soyez béni, ô le meilleur des amis, votre communion
m’a délivrée et je vais voir face – à – face mon Adorable
Maître. »
Rappelons le conseil de St Bonaventure : « Que la charité vous porte à communier, car il n’y a rien de plus efficace pour le repos éternel des défunts. »
Prions – Vous retenez, ô mon Dieu, les âmes
de mes proches dans votre Justice, mais vous voulez qu’en mangeant le Pain
des Anges, je puisse leur ouvrir le Paradis. Soyez donc béni, Père
Miséricordieux, et je promets que désormais je communierai
souvent en faveur de ces saintes âmes du purgatoire. Vous ne verrez
plus ainsi en moi que Votre Fils, et ma voix, couverte par la sienne, parviendra
ainsi jusqu’à vous et m’obtiendra plus sûrement la grâce
que je sollicite. O Jésus, soyez propice à nos chers défunts.
Qu’ils reposent en paix !
Vingt – troisième jour – Quatrième moyen de soulager les âmes du purgatoire : le sacrifice de la Messe
1. Il est offert par Jésus – Christ
De tous les moyens que nous avons indiqués jusqu’ici,
pour le soulagement des âmes du purgatoire, aucun n’est aussi puissant,
aussi efficace que le Saint Sacrifice de la Messe : c’est un article bien
consolant de notre foi. La raison en est que toute l’efficacité
du Divin Sacrifice vient de ce qu’il est offert en la personne et au nom
de Notre – Seigneur Jésus – Christ. A l’autel comme au calvaire,
même victime, même sacrificateur, et par conséquent
même efficacité. Là, Jésus – Hostie offre à
son Père tout ce qu’Il est et tout ce qu’il a. Il offre toute l’Eglise
Militante et toute l’Eglise Souffrante.
Quelle joie dans ce royaume des pleurs, pour ces âmes victimes de la Justice Divine lorsque Jésus les embrasse et les offre toutes à son Père ! Et le Père reçoit l’oblation du Fils ; à travers les flammes expiatrices, il reconnaît en elles, même dans leur disgrâce, les traits de ce Fils adorable, et Il pardonne en considération des mérites de cet Agneau sans tache. Comment se fait – il qu’en un moment si solennel toutes ces âmes ne soient pas délivrées ? Nous ne le savons pas, nous ne pouvons pénétrer les secrets de l’Infinie Justice et Sainteté de Dieu. Mais il est certain que toutes sont soulagées. Un saint docteur de l’Eglise affirme même qu’après chaque messe beaucoup d’âmes quittent le purgatoire et s’envolent vers le Paradis.
A Rome dans un monastère, une peinture représente St Bernard disant la messe et des âmes qui sortent du purgatoire et montent au Ciel à mesure que le Sacrifice continue. Pourquoi pensons – nous si peu à ces grâces exceptionnelles ? Dans la plupart des familles chrétiennes, on fait célébrer une messe de huitaine et des messes anniversaires chaque année. Y pensez – vous ?
2. Nous l’offrons avec Lui
Si vos ressources ne vous permettent pas de faire célébrer
souvent des messes, n’oubliez pas que vous pouvez les offrir vous – même
d’une certaine manière, en y assistant avec dévotion, en
unissant vos prières à celle du prêtre, à celle
de Notre – Seigneur. Oui, quand vous êtes là, près
de l’autel, vous disposez des mérites de l’Agneau sans tache, vous
pouvez les appliquer à tous ceux qui vous sont chers, et de même
que Marie et Joseph réglaient les actes et les démarches
de l’Enfant – Dieu, vous exercez une autorité sur Jésus –
Eucharistie, vous devenez le maître, le distributeur de ses mérites.
Vous pouvez donc prendre son Sang Divin et le répandre à
profusion sur les âmes bénies du purgatoire. Vous pouvez leur
appliquer le fruit du Sacrifice, ainsi que la part qui vous revient de
droit, de toutes les messes qui se disent dans l’univers. C’est là
un trésor auquel nous ne pensons pas assez ; un trésor avec
lequel nous pouvons solder la rançon de nos parents et de nos amis
et leur ouvrir la porte du Ciel. Nous sommes coupables d’exiger un moyen
si facile et si efficace de mettre un terme aux tourments de ces chères
âmes qui nous demandent par les mérites du Sauveur, de penser
à elles, au St Sacrifice, pendant le Mémento des morts.
3. Exemple
Le St Curé d’Ars racontait un jour, dans son catéchisme,
à ses paroissiens, le trait suivant :
« Mes enfants, un bon prêtre avait
eu le malheur de perdre un ami qu’il chérissait tendrement, aussi
priait – il beaucoup pour le repos de son âme. Un jour, Dieu lui
fit connaître qu’il était en purgatoire et qu’il souffrait
horriblement. Ce saint prêtre ne crut rien faire de mieux que d’offrir
le Saint Sacrifice de la messe pour son cher défunt. Au moment de
la Consécration, il prit l’Hostie entre ses doigts et dit : ‘Père
Saint et Eternel, faisons un échange, vous tenez l’âme de
mon ami qui est en purgatoire, et moi je tiens le Corps de Votre Fils qui
est entre mes mains. Eh bien, Père Bon et Miséricordieux,
délivrez mon ami et je Vous offre Votre Fils avec tous les mérites
de sa mort et de sa passion’. Sa demande fut exaucée, en effet au
moment de l’élévation, il vit l’âme de son ami toute
rayonnante de gloire, qui montait au Ciel. Dieu avait accepté l’échange.
Eh bien, mes enfants, ajoutait le curé d’Ars, quand nous voulons
délivrer du purgatoire une âme qui nous est chère,
faisons de même. Offrons à Dieu, par le Saint – Sacrifice
Son Fils bien aimé avec tous les mérites de sa mort et de
sa passion. Il ne pourra rien nous refuser. »
Suivons le conseil du Saint Curé d’Ars.
Autre exemple – des messes pour les défunts…
Ste Elisabeth, reine du Portugal, venait de perdre sa
fille Constance, reine de Castille. Elle se rendait à Santarem.
Comme elle passait près d’un bois, un ermite en sortit et se mit
à courir derrière le cortège royal, criant qu’il voulait
parler à la reine. Les gardes le repoussaient mais la reine l’ayant
entendu, ordonna qu’on le lui amenât. Il lui expliqua que plusieurs
fois, pendant qu’il priait dans son ermitage, la reine Constance lui était
apparue et l’avait conjuré de faire savoir à sa mère
qu’elle gémissait dans le purgatoire et qu’il fallait dire la messe
pour elle tous les jours, pendant un an…
L’ermite se retira et l’on ne le revit plus… Les courtisans
qui l’avaient entendu s’en moquaient et le traitait de visionnaire, de
fou et même d’intriguant. La reine Elisabeth trouva qu’il était
plus sage de faire ce qui lui était demandé par cet homme
si peu ordinaire. « Après tout, se dit – elle, faire dire
des messes pour notre chère fille défunte est dans la logique
chrétienne. » Le Père Ferdinand Mendez, réputé
pour sa piété, fut chargé de célébrer
les 365 messes pour le soulagement de l’âme de Constance… Sainte
Elisabeth priait pour sa fille ; mais elle avait complètement oublié
la consigne, donnée à ce bon prêtre… Un jour, Constance
apparut à sa mère, vêtue de blanc, éclatante
de lumière, et lui dit ; « Maintenant, je m’envole vers la
béatitude éternelle ! » Le lendemain Elisabeth alla
à l’église pour remercier le Bon Dieu de la délivrance
de sa fille. Le père Mendez l’y aperçut et vint lui dire
qu’il venait de terminer la veille, la série des 365 messes… Juste
au moment de l’apparition de sa fille délivrée… Elisabeth
se souvint de l’ermite !
Prions – Aussi coupables que soient à vos yeux
les âmes du purgatoire, laissez vous apaiser Ô Dieu de miséricorde
et pardonnez leur en voyant le Sang Précieux de Votre Fils répandu
chaque jour sur l’autel pour les laver de leurs souillures. Ecoutez la
voix de ce Sang Adorable qui ne crie pas pour demander vengeance, mais
grâce et miséricorde. O Jésus, Agneau sans tache qui
effacez les péchés du monde, soyez propice à mes frères
défunts. Qu’ils soient délivrés et qu’ils reposent
en paix près de Vous !
Vingt – quatrième jour – Cinquième moyen : la souffrance
1. Souffrance volontaire
« Soulageons les âmes du purgatoire, disait
St Jean Chrysostome, soulageons – les par tout ce qui nous peine. Car Dieu
a soin d’appliquer aux morts les mérites des vivants. » La
souffrance ! C’est la grande satisfaction que le Seigneur demande à
leur amour débiteur de Sa Justice. Nous souffrons donc pour eux
afin qu’ils souffrent moins. Si nous avions une fois plus vive, une charité
plus ardente, quelles mortifications ne nous imposerions – nous pas pour
soulager et délivrer des parents, des amis qui nous ont tant aimés
et qui souffrent maintenant d’une manière si horrible ? La pénitence,
le jeûne, les austérités seraient nos exercices ordinaires.
Mais au moins ayons le courage d’accomplir quelques légers sacrifices
: celui d’un plaisir, d’une affection dangereuse, d’une lecture mauvaise,
sacrifice d’une habitude coupable, d’un objet de luxe ou de pure vanité.
« Choisissez la meilleure victime, disait le Père Félix,
choisissez la surtout au fond de votre cœur pour ceux que vous aimez le
plus, sacrifiez ce que vous avez de plus cher ; sacrifiez – vous vous –
même et que le prix du sacrifice personnel devienne le rachat de
la souffrance paternelle. » Ces âmes bienheureuses s’élèvent
vers le Ciel sur les ailes de nos sacrifices, de nos austérités,
de nos souffrances. Elles s’envolent triomphantes et elles nous remercient
de notre générosité et quand elles seront dans la
gloire, elles nous rendrons surabondamment ce que nous aurons fait pour
elles. Quel sujet de consolation et d’espérance ! O Jésus
crucifié, faites nous comprendre le prix de la souffrance !
2. Souffrance involontaire
Mais si la souffrance volontaire déconcerte notre
courage, la Providence nous impose des souffrances plus méritoires
pour nous et pour nos défunts parce – qu’elles ne sont pas de notre
choix. Ce sont les afflictions, les peines de l’esprit, du cœur et du corps,
inévitables en ce monde. Nous le savons, on en trouve partout, dans
tous les états, dans toutes les conditions. Notre vie sur la terre
est un combat de tous les jours, un long et pénible martyre. Devons
– nous nous en plaindre ? Non, puisque toutes nos peines peuvent devenir
un moyen de salut pour nous et pour les autres. Puisque nous pouvons nous
en servir pour soulager les plus cruelles de toutes les douleurs, celles
que subissent les saintes âmes du purgatoire. Avec cette croix que
la Providence jette sur nos épaules, avec cette épine qui
ensanglante notre cœur, avec une larme, avec un soupir, avec un acte de
résignation, nous pouvons soulager ces grandes misères du
purgatoire et sécher les pleurs de nos parents aimés.
Courage donc, endurons un peu de froid, nous rafraîchirons des victimes qui brûlent au milieu du feu de la colère de Dieu. Souffrons un peu de chaleur, nous changerons les ardeurs de ce feu en une douce rosée. Supportons une incommodité, nous arracherons des âmes au plus profond des abîmes. Acceptons une fatigue, une lassitude, nous les porterons sur des trônes de gloire dans le Ciel : pour nous un moment de peine, pour elles une éternité de bonheur !
3. Exemple
Un malade, rapportait St Antonin, était en proie
aux plus excessives souffrances et demandait à Dieu avec des larmes,
la délivrance de ses maux. Un ange lui apparut et lui dit : «
Le Seigneur m’envoie vers vous pour vous donner le choix d’une année
de souffrances sur la terre ou un seul jour dans le purgatoire. »
Le malade n’hésita pas. Un seul jour dans le purgatoire,
se dit – il, je verrai du moins un terme à mes douleurs. Il expira
aussitôt et son âme fut précipitée dans l’abîme
de l’expiation. Alors l’ange, compatissant, vint s’offrir à lui
pour le consoler. A cette vue, le malheureux poussa une clameur déchirante,
semblable à un rugissement et s’écria : « Ange séducteur,
vous m’avez trompé ! Vous m’avez assuré que je ne serai qu’un
jour dans le purgatoire et voilà déjà 20 ans que je
suis livré aux plus affreux supplices ! »
« Détrompez vous ; à peine quelques
minutes se sont écoulées depuis votre trépas, et votre
cadavre n’est pas encore froid sur votre lit de mort. » lui répondit
l’Ange.
« Alors obtenez que je retourne sur la terre pour
y souffrir pendant un an, tout ce qu’il plaira à Dieu »
Sa demande lui ayant été accordée,
le malade incitait tous ceux qui venaient le voir à accepter de
bon cœur toutes les peines de ce monde, plutôt que de s’exposer aux
tourments de l’autre.
« La patience dans les peines, disait – il souvent,
est la clé d’or du Paradis. Profitons en donc pour offrir nos souffrances.
»
Et il mourut au terme de l’année, comme convenu…
Prions – Soyez béni, O mon Dieu, qui avez bien
voulu que les souffrances et les peines dont ma vie est semée, deviennent
pour moi une source abondante de mérites, et un moyen de satisfaire
à Votre Justice pour les âmes qui me sont chères. Désormais,
loin de me plaindre de la pesanteur de mes croix, je les supporterai avec
patience et résignation, et vous abaisserez sur moi et sur mes parents
défunts, un regard de miséricorde. O Jésus, soyez
leur propice ! Appelez près de vous vos enfants et nos frères,
qu’ils reposent en paix !
Vingt – cinquième jour – Sixième moyen, le chemin de croix
1. C’est le chemin du Ciel pour les vivants
Cette dévotion si grande pour les souvenirs qu’elle
réveille, si précieuse pour les avantages qu’elle procure,
est le moyen le plus efficace pour vaincre nos passions et la route la
plus sûre pour arriver rapidement au sommet de la perfection. A chaque
pas du chemin de croix, nous comprenons ce qui a causé tant de douleurs
à NSJC. Nous devons craindre de pécher pour ne pas renouveler
les souffrances de Sa Passion et chercher l’esprit d’immolation et de pénitence
pour devenir semblable, le zèle du salut des âmes, l’amour
de l’humilité et de la pureté, le pardon des injures, la
patience dans les épreuves et le renoncement au monde.
Si vous voulez croître dans la foi, disait St Bonaventure, attirer à vous grâces sur grâces, et devenir semblable, non seulement aux anges mais au Fils de Dieu, livrez vous souvent à cet exercice : le Chemin de la Croix, et vous prendrez le chemin royal qui conduit au Paradis. Il n’y a pas de méthode plus sûre pour avancer dans la vertu et pour imiter le divin exemple qui est montré dans la voie du Calvaire. Faites souvent le chemin de croix, à l’exemple de la Ste Vierge, des premiers disciples, des saints et chaque fois, vous vous sentirez meilleur, plus chrétien, plus près du Ciel, dans le Cœur de Jésus.
2. C’est le chemin du Ciel pour les morts
Le chemin de croix est aussi une pratique très
salutaire à nos chers défunts. En suivant Jésus dans
la voie du calvaire, nous recueillons chacune des gouttes de son Précieux
Sang, chacun des mérites de son précieux martyre et nous
les offrons à la Justice de Dieu pour éteindre la dette des
âmes du purgatoire ; c’est un soupir de joie, de soulagement. Le
chemin de croix est surtout salutaire aux morts à cause des précieuses
indulgences qui y sont attachées et qui sont toutes applicables
aux défunts. Elles sont si nombreuses que nous ne pouvons les préciser
ainsi que l’enseigne Benoît XIV, et il suffit pour les gagner d’être
en état de grâce. On peut accomplir cet exercice plusieurs
fois dans la même journée.
Si vous désirez soulager et délivrer beaucoup d’âmes du purgatoire, pratiquez pour elles cette dévotion. Vous trouverez sur cette voie douloureuse, consacrée par les souffrances et la mort de NSJC, la consolation dont votre cœur a besoin pour supportez les pertes des personnes que vous pleurez encore et le moyen de leur ouvrir le Ciel. Quel trésor pour vous et pour vos chers absents ! Prenez donc aujourd’hui la résolution de faire le chemin de croix chaque semaine, jour mémorable, qui parle si bien à notre reconnaissance.
3. Exemple
Une Mission avait lieu dans une petite paroisse ; les
paroissiens venaient en foule entendre la parole de Dieu et solliciter
son pardon. Trois hommes seulement refusaient avec obstination d’en profiter.
Ils avaient juré de ne pas mettre les pieds à l’église
et s’étaient surtout promis de ne pas se confesser. La femme de
l’un d’eux vint en parler à l’un des missionnaires. « Avez-vous
des enfants ? lui demanda l’homme de Dieu. « J’en ai deux, jeunes
encore » « Eh bien, amenez les à l’église, faîtes
dévotement avec eux le Chemin de Croix pour les âmes les plus
délaissées du purgatoire ; demandez par l’entremise de ces
âmes que vous aurez soulagées, la conversion de votre époux,
et je vous assure que vous l’obtiendrez. Car l’expérience m’a appris
deux choses : que l’exercice du Chemin de Croix est le moyen le plus efficace
pour soulager nos défunts et pour obtenir par leur intercession
les secours dont nous avons besoin. » Chaque jour à midi,
l’épouse venait s’agenouiller au pied du Tabernacle avec ses deux
jeunes enfants et faisait avec eux le Chemin de Croix. A chaque station,
les enfants disaient du fond du cœur : « O Jésus, donnez le
repos aux morts et convertissez mon père ! » La veille de
la clôture de la Mission, le pécheur s’agenouillait aux pieds
du prêtre, et le lendemain, il recevait joyeux aux côtés
de son épouse, le Sauveur Notre Seigneur Jésus Christ. Après
la messe, il pressait sur son cœur et bénissait ses deux enfants.
O Chemin précieux de la Croix ! Utile à tous mais surtout
aux pécheurs et aux âmes souffrantes du purgatoire !
Prions – O Marie, Mère des douleurs ! Vous qui
avez si souvent médité le Mystère de la Passion de
votre Divin Fils, vous qui avez parcouru la première les lieux consacrés
par ses douleurs, enseignez nous à méditer et à pratiquer
comme vous cette sainte et salutaire dévotion. Faites que nous y
trouvions des grâces de conversion pour les pécheurs, de persévérance
pour les justes, de consolation pour les âmes du purgatoire. Doux
Jésus, donnez à ces âmes bénies le repos éternel.
Vingt – sixième jour – septième moyen : les indulgences
1. Combien elles sont précieuses
Nos péchés sont si nombreux et si graves,
nos réparations si légères, que nous nous acquitterions
difficilement en ce monde de la peine temporelle due à nos iniquités,
si l’Eglise ne suppléait à notre faiblesse en ouvrant le
trésor des indulgences. Trésor immense, inépuisable,
qui se compose des mérites surabondants de NSJC, de la bienheureuse
Vierge Marie et des Saints. La clé en est confiée au Souverain
Pontife. Après la Ste Messe et la Ste Communion, il n’y a rien de
plus admirable, de plus riche, soit pour les vivants soit pour les morts.
C’est si l’ont peut ainsi parler, le dernier effort de la Miséricorde
Divine pour le salut des âmes.
Par les indulgences qui sont nombreuses, faciles à
gagner, à la portée de tout le monde, nous avons le moyen
de contenter la Justice Divine, de racheter des âmes qui nous sont
chères et qui expient dans les flammes, les fautes et les torts
de leur vie passée. Nous pouvons considérer cette multitude
d’indulgences que l’Eglise nous prodigue avec tant de libéralité,
comme une pluie merveilleuse qui devient le rafraîchissement de ceux
qui sont altérés, la consolation de ceux qui pleurent, le
bonheur béatifique de ceux qui sont en captivité. Admirable
et paternelle invention ! Quel trésor !
Empressons nous donc d’acquérir ces richesses
spirituelles, plus précieuses que l’or, plus abondantes, plus multipliées
que jamais. Gagnons en beaucoup, gagnons en souvent. Quel encouragement
dans cette pensée : c’est pour mes parents bien – aimés ;
c’est pour elle ; c’est pour lui ; c’est pour l’âme la plus délaissée
; c’est pour l’âme qui souffre le plus ; ils seront secourus ceux
que j’aime et que je pleure !
2. Comment il faut les gagner
Trois conditions sont requises pour gagner les indulgences
:
D’abord il faut être en état de grâce. Dieu veut qu’avant de secourir les autres, nous fermions d’abord l’enfer sous nos pas. D’ailleurs toutes les œuvres faites en état de péché mortel sont des œuvres mortes et dépourvues de mérites.
Ensuite il faut avoir l’intention, au moins générale, de gagner l’indulgence. Il est donc à propos de renouveler chaque jour à la prière du matin, le désir de gagner des indulgences attachées aux pratiques de piété que l’on peut faire dans la journée.
Enfin, il faut accomplir intégralement les œuvres prescrites. Ce sont ordinairement des actes très faciles à accomplir, qui durent peu et qui sont à la portée de tous les fidèles : une courte prière, une légère offrande, une mortification, une communion…
De grâce, âmes chrétiennes, ne négligez
pas de procurer aux fidèles trépassés des trésors
si faciles à gagner. Votre insouciance serait elle excusable aujourd’hui
surtout, alors que les indulgences qui leur sont applicables sont si nombreuses
et
à la portée de tous ? Il dépend de vous de venir en
aide à vos frères souffrants et il vous en coûte peu.
Si vous gagnez pour eux une indulgence partielle, vous abrégez le
temps de leur expiation ; si vous êtes assez généreuse
pour en gagner une plénière, l’âme à laquelle
vous l’appliquez, est probablement libérée de toute sa dette,
le Ciel s’ouvre pour elle, elle s’y envole radieuse, emportant aux pieds
du Seigneur la reconnaissance qu’elle voue éternellement à
son bienfaiteur. « Mon fils, disait St Louis à la fin de son
testament, souvenez vous de gagner les indulgences de l’Eglise ».
(Nous avons la possibilité de gagner aux conditions
requises une indulgence plénière lors de visites sur certains
lieux de pèlerinage comme à Ste Marie des Anges près
d’Assise à Collevalenza, à la Scala Santa à Rome,
et au cours des années saintes, lorsque le Saint Père l’accorde)
3. Exemple
Un prédicateur de l’ordre de St François
venait de faire un sermon sur la charité et il avait accordé
à ses auditeurs 10 jours d’indulgence, selon le pouvoir qu’il avait
reçu du Souverain Pontife. Une dame de condition, qui n’avait conservé
de son ancien rang que la crainte d’avouer sa misère présente,
vint la lui exposer secrètement. Le bon Père lui fit la même
réponse qu’autrefois St Pierre au boiteux de Jérusalem :
« Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je vous le donne. Je
vous renouvelle l’assurance que vous avez gagné 10 jours d’indulgence
en assistant à ma prédication ce matin. Allez donc chez tel
banquier lequel n’a guère eu souci jusqu’à présent
des trésors spirituels et offrez lui en retour de l’aumône
qu’il vous fera, de lui céder votre mérite, afin que les
peines qui l’attendent en purgatoire en soient diminuées. J’ai tout
lieu de croire qu’il vous donnera quelque secours. »
La pauvre femme s’y rendit en toute simplicité
et avec beaucoup de bonne foi. L’homme l’accueillit avec bonté.
Il lui demanda, amusé, combien elle prétendait recevoir,
en échange de ses 10 jours d’indulgences. « Autant qu’ils
pèsent dans la balance ». « Eh bien, reprit le banquier,
voici une balance. Ecrivez sur un papier vos dix jours, et mettez le dans
un des plateaux, je pose sur l’autre, une pièce… » Prodige
! Le premier plateau ne s’éleva pas, mais au contraire, enleva celui
de l’argent. Etonné, le banquier ajouta une pièce, qui ne
changea rien à ce poids. Il en mit cinq, dix, trente, cent, autant
qu’il en fallait à la suppliante dans sa nécessité
actuelle ; alors seulement les deux plateaux s’équilibrèrent.
Ce fut une leçon précieuse pour lui, car il comprit enfin
la valeur des intérêts célestes. Mais les pauvres âmes
la comprennent bien mieux encore ; pour la plus légère indulgence,
elles donneraient tout l’or du monde. A nous de leur en procurer le plus
possible !
Prions – Vous connaissez mon indigence, O mon Jésus
! Et dans l’excès de votre miséricorde, vous avez voulu que
je trouve dans le trésor de vos mérites et de vos satisfactions
le moyen de suppléer à tout ce qui me manque. Chaque jour
je viendrai puiser dans ce trésor toujours ouvert de précieuses
indulgences qui acquitteront la dette de mes frères trépassés.
O Jésus, soyez leur propice ! Qu’ils reposent en paix !
Vingt-septième jour – huitième moyen : l’acte héroïque de charité
1. Sa nature
L’acte héroïque consiste dans l’abandon,
entre les mains de Marie, au profit des âmes du purgatoire, de toutes
les bonnes œuvres, même de celles que d’autres feront pour nous,
avant ou après notre mort. Le Pape Pie IX dans son décret
du 20 novembre 1864, a recommandé cet acte à tous les fidèles
et lui a accordé des indulgences spéciales. Toutes les indulgences
que les fidèles gagnent, profitent aux âmes du purgatoire
sans qu’on ait besoin de former l’intention de les gagner pour elles. Pie
IX appelle cet acte la plus grande consolation des âmes du purgatoire.
Par un tel acte, toutes nos bonnes œuvres, toutes nos souffrances, toutes
nos peines, tous nos actes intérieurs, semblables à un grand
fleuve intarissable, coulent vers les âmes du purgatoire. On
peut donc dire que l’acte héroïque est l’œuvre de Miséricorde
par excellence, l’acte de charité le plus salutaire.
Il est incontestable que l’on ne perd rien en abandonnant quelque chose à Dieu. Notre – Seigneur regarde ce que nous faisons pour les âmes du purgatoire, comme si nous l’avions fait à Lui-même, comme si nous l’avions délivré d’une prison de feu, ainsi qu’Il l’a révélé à Ste Gertrude. Cet acte de charité est pour Marie aussi un grand honneur et une grande joie, parce – que nous remettons tous entre ses mains, afin qu’elle puisse délivrer ses enfants souffrants.
Remarque : Bien que cet acte soit appelé parfois du nom de vœu, il n’en n’est pas un en réalité. Il n’est pas non plus nécessaire de prononcer pour le faire, une formule déterminée. Un acte de volonté et l’offrande faite du cœur suffisent pour donner droit aux indulgences et aux privilèges. D’ailleurs cet acte de volonté peut être révoqué au gré de celui qui l’a fait.
2. Les avantages de l’acte héroïque de charité
Cette pratique est très utile aux saintes âmes
du purgatoire. Quels secours ne reçoivent elles pas tous les jours,
à chaque instant du jour, de toutes nos œuvres satisfactoires, et
surtout de celles qui nous seront appliquées durant notre vie, à
notre mort, et après notre passage à l’éternité
? C’est une douce et continuelle rosée de suffrages et d’indulgences
qui tombe sans interruption sur les âmes brûlantes du lieu
de l’expiation, adoucit leur peine et les console.
Cette donation héroïque n’est pas moins avantageuse
pour nous. Dieu qui est si bon ne nous rendra-t-il pas au centuple tout
ce que nous faisons pour ses enfants souffrants ? « Donnez et on
vous donnera, et vous recevrez une mesure bonne, pressée et abondante
». La Ste Vierge à qui nous aurons confié tous nos
trésors spirituels pour soulager ses enfants, ne viendra-t-elle
pas à notre secours ? Cet abandon filial ne nous donnera-t-il pas
droit aux largesses de sa miséricorde ? Enfin, ne pouvons nous pas
compter sur la reconnaissance des âmes que nous aurons soulagées
? Aussi croit on généralement que celui qui a fait le vœu
héroïque, n’a pas beaucoup à craindre le purgatoire
; Dieu lui fournira le moyen de l’éviter ou du moins il ne le laissera
pas souffrir longtemps dans les flammes.
Je vous conseille de faire aujourd’hui même le vœu
de charité héroïque, si vous ne l’avez déjà
fait. Suivez l’exemple d’un nombre très considérable de personnages
illustres en dignité, en science, en sainteté. Suivez les
conseils du vénéré Pie IX qui recommandait souvent
le vœu héroïque et qui l’a enrichi d’indulgences.
Vingt-huitième jour – comment pouvons –nous éviter le purgatoire ?
1. En pensant souvent au purgatoire
La pensée du purgatoire ramène tout naturellement
à notre esprit celle de la mort et du jugement, et par là
-même ne peut que nous inspirer de salutaires réflexions.
« Pensez à vos fins dernières, dit le St Esprit, et
vous ne pécherez pas »
Elle a pour second avantage d’inspirer l’esprit de pénitence
et de mortification. A la vue de ces souffrances et de ces angoisses si
cruelles et si longues, à la vue de ces innombrables victimes qui
exhalent des plaintes, l’âme rentre en elle – même et s’écrie
: « Je veux enfin expier et racheter, profiter des jours que me laisse
la Miséricorde de Dieu ; je veux racheter mes péchés
avec un peu de générosité et d’amour. Je veux à
tout prix éviter les tourments du purgatoire. Je réussirai
avec ma bonne volonté et la grâce d’En Haut ! »
Si avec la grâce de Dieu, nous avions toujours
cette vérité devant les yeux ! Il serait impossible que nous
ne devenions pas des saints et de grands saints. La pensée constante
du purgatoire retrancherait de notre vie une multitude de fautes légères,
nous inspirerait la pratique des plus sublimes vertus, et à notre
heure dernière, ornée de mérites, notre âme
s’envolerait vers les Demeures Eternelles, sans avoir à être
purifiée au purgatoire.
2. En priant souvent pour les âmes du purgatoire
Les Pères et les Docteurs de l’Eglise pensent
que ceux qui s’intéressent vivement aux âmes du purgatoire
échappent au purgatoire, ou n’y séjournent pas longtemps.
Car, disent-ils, la marque la plus infaillible de prédestination
est de sauver des âmes puisque Dieu a promis de nous faire le même
bien que nous ferions aux autres. Bienheureux les miséricordieux,
parce - qu’ils obtiendront eux -même Miséricorde.
Nous ne pouvons qu’espérer la reconnaissance des
âmes que nous aurons délivrées. Pourraient – elles
se montrer moins sensibles et moins charitables que nous ? A l’heure de
notre mort et de notre jugement, elles accourront et seront là comme
des protecteurs, des témoins à décharge, pour faire
pencher la balance du côté de la Miséricorde. Elles
déjoueront les pièges de l’esprit infernal et nous obtiendront
la plus précieuses des grâces : celle d’une sainte mort. «
Je ne me souviens pas, disait St Augustin, d’avoir jamais lu que celui
qui prie volontiers pour les trépassés, ait eu une mort mauvaise
ou douteuse. »
Quel moyen presque assuré d’éviter les
rigueurs du purgatoire ! Suivons donc le conseil de l’Evangile : «
Faisons – nous des amis afin qu’au moment de notre mort, ceux que nous
aurons soulagés nous introduisent dans les Tabernacles Eternels
»
Nos frères les morts sont maintenant dans le besoin,
mais pour peu que nous les aidions, ils montreront au Ciel et nous ouvrirons
eux -même la porte. Délivrons les du purgatoire et ils nous
empêcherons d’y tomber. Il est rapporté de Ste Catherine de
Cortone, qu’à sa mort, toutes les âmes qu’elle avait contribuées
à délivrer vinrent la recevoir en triomphe.
3. Exemple
On raconte qu’une personne particulièrement amie
des âmes du purgatoire avait consacré sa vie à les
soulager. Etant arrivée à l’heure de sa mort, elle fut assaillie
avec fureur par le démon qui la voyait sur le point de lui échapper.
Il semblait que l’abîme tout entier ligué contre elle l’entourât
de ses infernales cohortes. La mourante luttait depuis quelques temps au
milieu des plus pénibles efforts, lorsque tout à coup elle
vit entrer dans son appartement une foule de personnages inconnus, mais
resplendissants de beauté, qui mirent en fuite le démon,
et s’approchant de son lit, lui adressèrent des encouragements et
des consolations toutes célestes. Poussant alors un profond soupir
et transporté de joie, elle s’écria : « Qui êtes
vous, qui êtes vous de grâce, vous qui me faites tant de bien
? » « Nous sommes des habitants du Ciel, que votre aide a conduit
à la béatitude, et nous venons à notre tour et par
reconnaissance, vous aider à franchir le seuil de ce lieu d’angoisses
pour vous introduire dans les joies de la Sainte Cité. »
A ces paroles, un sourire éclaira le visage de la mourante, ses
yeux se fermèrent et elle s’endormit dans la paix du Seigneur. Son
âme, blanche et pure comme une colombe, se présentant au Seigneur
trouva autant de protecteurs et d’avocats qu’elle avait délivré
d’âmes, et reconnue digne de la gloire, elle y entra comme en triomphe,
au milieu des applaudissements et des bénédictions de tous
ceux qu’elle avait tiré du purgatoire. Puissions nous avoir un jour
le même bonheur !
Au profit des âmes du purgatoire, il est aussi
possible d’offrir : une visite à l’église, un pèlerinage,
l’usage de l’eau bénite, messes, neuvaines, prières, sacrifices,
actes d’amour, humiliations, jeûnes…
L’usage de l’eau bénite plaît au Divin Sauveur.
Chaque fois que le prêtre impose sa bénédiction à
l’eau, il agit en qualité de représentant de l’Eglise dont
le Sauveur accueille toujours les prières avec complaisance, quelque
soit celui pour qui l’Eglise lui adresse des prières « Quand
vous prenez de l’eau bénite, faites tomber quelques gouttes à
terre pour les âmes du purgatoire en faisant le signe de la croix
» nous dit Maria Simma.
Prions – Ne permettez pas ô mon Dieu, que j’éloigne
de mon esprit, par une fausse sensibilité, la pensée si salutaire
du purgatoire. Gravez la profondément dans mon cœur comme un puissant
moyen de me préserver moi – même du purgatoire et de venir
en aide aux âmes qui y séjournent. Aidez moi à mettre
un terme à leur exil et à leur ouvrir la porte du Ciel.
Vingt-neuvième jour – Les apparitions
1. Dieu permet-il aux âmes du purgatoire de revenir
sur la terre ?
Un des amis de St Augustin, évêque d’Usale,
lui posa un jour cette question : « Que faut – il penser de ce qu’on
a vu plusieurs personnes apparaître après leur mort, aller
et venir dans les maisons comme auparavant ? Que faut – il penser encore
de ce que, dans certains lieux où il y a des corps enterrés,
on entend souvent du bruit, à une certaine heure de la nuit ? »
« Je ne suis pas loin de croire, répond
le grand docteur, que ces sortes d’apparitions soient fréquentes
et naturelles aux morts ; car si cela dépendait d’eux, il n’y a
pas de nuits où je ne devrais voir apparaître ma pieuse mère,
elle qui pendant sa vie ne se séparait jamais de moi, et qui m’a
suivi par terre et par mer, jusque dans les contrées les plus lointaines.
Mais je suis convaincu que la Toute Puissance Divine peut leur permettre
et leur permet quelquefois d’apparaître pour des raisons pleines
de sagesse et que nous devons respecter. »
Pourquoi Dieu en effet ne permettrait – il pas aux âmes
suppliantes qui nous sont chères et qui souffrent encore, de nous
parler elles – mêmes, de nous dire leurs douleurs, d’implorer notre
pitié ? En fait, la Ste Ecriture, la Vie de Saints, l’Histoire nous
montrent des apparitions bien constatées, à toutes les époques,
dans tous les pays, devant toutes sortes de témoins.
Sans doute, il faut vous tenir en garde contre la crédulité trop facile de ces personnes qui pensent à chaque instant voir paraître et revenir les morts, et qui prennent pour une réalité les vains fantômes d’une imagination exaltée par la douleur ou par les souvenirs. Mais gardez vous de nier la possibilité des apparitions, puisque la raison dit que Dieu peut les autoriser et que l’expérience démontre qu’Il les a en effet autorisées plus d’une fois. Elles sont rares mais possibles.
2. Pourquoi Dieu le permet – il ?
L’Ecriture Ste nous apprend que Samuel après sa
mort, apparut à Saül pour lui adresser de justes et sévères
reproches. Pour moi je ne crains pas de dire hautement qu’une des raisons
qui paraissent les plus fortes pour déterminer Dieu d’accorder aux
morts une semblable permission, c’est sans contredit l’ingratitude de ceux
qui les oublient sur la terre, eux qui uniquement occupés à
s’enrichir de leurs dépouilles, les laissent souffrir indéfiniment
dans le purgatoire, sans penser à leur soulagement et à leur
délivrance. Aussi ces pauvres âmes apparaissent – elles ordinairement
aux vivants sous une forme et dans une attitude qui excitent la pitié
et la commisération. Souvent leur visage est triste, des flammes
ardentes les environnent, elles poussent de profonds soupirs, des cris
plaintifs, elles exhalent des reproches. Quelquefois elles révèlent
leur présence par un bruit retentissant, par des symboles extraordinaires
: c’est toujours un signe matériel qui nous étonne et éveille
en nous leur souvenir, en nous poussant à prier avec plus de ferveur
pour leur délivrance.
3. Exemple
Un jeune homme, issu d’une famille chrétienne,
fidèle à ses pratiques de piété, se mettait
cependant peu en peine de secourir les âmes du purgatoire. Il ne
priait jamais ou presque jamais pour ses parents défunts. Non content
de ne pas pratiquer cette salutaire dévotion par lui – même,
il en dissuadait les autres, sous prétexte d’une charité
mieux placée. Pourquoi, disait – il tant s’occuper du sort des trépassés,
puisqu’ils sont assurés de leur salut et qu’ils ne peuvent ni offenser
Dieu ni le perdre ? Il ne croyait pas non plus aux apparitions, qu’il tournait
souvent en ridicule.
Pour le corriger, Dieu permit à ces âmes
affligées de sortir de leur prison et d’apparaître sous des
formes effrayantes à celui qui leur causait un si grand dommage.
Elles l’assiégèrent en tout lieu et à toute heure,
poussant des cris déchirants, remplissant ses yeux de fantômes
étranges, glaçant son âme de stupeur, ne la laissant
reposer ni le jour ni la nuit.
Le moyen fut efficace. Le jeune homme changea entièrement
de conduite et de langage. Il quitta le monde et entra dans l’ordre de
St Dominique. Devenu prêtre, il voua aux âmes du purgatoire
un culte si éloquent en leur faveur, qu’il inspira à beaucoup
le désir de les soulager et on l’appelait amicalement : l’avocat
des morts. Il l’était en effet. Jamais on entendit de raisons si
fortes, si convaincantes, si nombreuses, que celles qui sortaient de sa
bouche, pour prouver que la charité la plus éminente que
l’on puisse exercer en ce monde envers le prochain est de prier pour les
défunts. Il mourut en odeur de sainteté et son âme
sans doute s’envola au Ciel, près de celles qu’il avait lui – même
délivrées par ses suffrages. Imitons un si bel exemple de
charité.
Prions – Mon Dieu, Vous êtes assez puissant et assez
bon pour nous envoyer des messagers extraordinaires, afin de nous rappeler
le souvenir et les besoins de l’Eglise Souffrante. Vous désirez
que nous venions à leur aide. Soyez leur propice, Seigneur. Appelez
vos enfants au séjour éternel et que la lumière qui
ne s’éteint plus, luise sur eux ! Qu’ils reposent en paix.
Trentième jour – Les dernières volontés des défunts
1. Il faut les exécuter fidèlement
Les dernières volontés des mourants sont
sacrées ! Nous sommes obligés de les respecter. Le Concile
de Trente recommande aux évêques de veiller attentivement
à l’accomplissement des legs pieux faits par les fidèles
défunts. D’autres conciles vont jusqu’à priver de la communion
ceux qui s’approprient les dons des mourants ou qui diffèrent d’accomplir
leurs dernières volontés. Des lois si sévères
nous font assez comprendre à quel point on se rend coupable, en
privant les défunts des suffrages qu’ils ont voulu s’assurer après
leur mort. Malheur donc à ceux qui profitent de la substance des
pauvres âmes du purgatoire ! Ils les privent du soulagement qu’elles
auraient reçu, se constituent en quelque sorte leurs bourreaux et
deviennent responsables de leurs souffrances. Dieu ne les absoudra pas
aussi facilement, qu’ils le sachent bien, et le jour viendra où
Il leur demandera un compte rigoureux des ces injustices qu’ils ne songent
pas même à se reprocher. Ils seront probablement punis, même
dès ce monde, par des châtiments temporels, et qui nous dira
la longueur et la rigueur des peines qu’ils auront à endurer dans
l’autre ?
Ame chrétienne, réfléchissez ; vos parents, vos amis, vos bienfaiteurs, ne vous ont-ils pas fait en mourant de pieuses recommandations ? Ne vous ont-ils pas demandé de vive voix ou par testament, des prières et des messes ? Ne vous ont-ils pas au moins suppliés avec des larmes de penser souvent à eux devant le Seigneur ? Avez-vous justifié la confiance qu’ils avaient en vous ? Avez-vous satisfait pleinement et consciencieusement à toutes les obligations qu’ils vous ont laissées ? Si vous ne l’avez pas fait, hâtez vous donc d’acquitter cette dette sacrée de justice !
2. Il faut les exécuter promptement
Non seulement il faut accomplir avec fidélité
les suprêmes volontés des morts mais on doit le faire le plus
tôt possible, afin de ne pas priver ces âmes du soulagement
que leur obtiendront soit les messes qui seront célébrées
pour elles, soit les dons aux nécessiteux en prenant soin de les
engager à prier pour leurs bienfaiteurs. Chaque jour de retard est
une faute dont nous sommes responsables.
Si nous comprenions ce que sont ces terribles expiations du purgatoire ! Au lieu de différer l’accomplissement de ce qui peut les adoucir, nous nous empresserions d’apporter de prompts et efficaces secours à ces âmes si dignes de notre compassion, et dont certaines nous ont été si chères. Que d’héritiers peu consciencieux ont de graves reproches à se faire, à cause de leur négligence à remplir les engagements sacrés qu’ils ont contractés envers leurs frères les morts !
Instruisez vous et ne donnez qu’à des personnes de confiance le soin d’exécuter vos dernières volontés. Déposez entre des mains bien sûres les sommes que vous destinez à de bonnes œuvres, ou à faire célébrer des messes pour votre délivrance, après votre décès. C’est le seul moyen d’être certain que vos volontés dernières seront accomplies, à moins que vous n’ayez le bonheur d’appartenir à une de ces familles chrétiennes qui avec la foi, ont conservé le respect dû au souvenir des morts.
3. Exemple
Ce trait montre à que point sont punis parfois,
ceux qui n’exécutent pas les volontés dernières des
mourants. Il est rapporté dans « les gestes de Charlemagne
» qu’un vaillant capitaine dont tout le monde vantait la bravoure,
touchait au terme de sa carrière. Il fit appeler alors un de ses
parents qu’il avait souvent obligé et lui dit : « J’ai passé
soixante ans au service de mon roi sans jamais acquérir autre chose
que ma solde habituelle. Il ne me reste en mourant que mon fidèle
cheval qui m’a rendu tant de services. Quand j’aurai rendu le dernier soupir,
vous le vendrez et vous en donnerez le prix aux pauvres pour le soulagement
de mon âme. » Le parent promit. Quand le capitaine eût
rendu son âme à Dieu, cet homme séduit par la beauté
et les qualités du cheval, le garda pour lui sans faire aux pauvres
l’aumône convenue. La moitié de l’année s’était
à peine écoulée que l’âme du défunt apparut
à ce parent égoïste si peu fidèle à sa
promesse : « Malheureux ! Tu n’as point tenu tes engagements ! Aussi
tu es la cause de tous les tourments que j’ai endurés, car mon aumône
m’en aurait préservé. Et bien sache que ta conduite sera
punie par une prompte mort et qu’un châtiment tout particulier t’est
réservé ; tu porteras la peine due à tes propres fautes
et tu souffriras à ma place toutes celles que je devrais encore
souffrir pour satisfaire à la Justice Divine. »
Le coupable fut accablé par cette menace et voulant
mettre ordre à sa conscience, il se hâta de remplir les dernières
volontés du défunt, il fit tout ce qu’il put pour éviter
les foudres. Il ne put cependant éviter la mort du corps qui lui
avait été annoncée et qui l’enleva aussitôt
après avoir accompli les volontés du défunt.
L’injustice et l’ingratitude envers les morts sont détestées de Dieu et encourent Sa Sainte Colère dans ce monde et dans l’autre. Empressons nous nous – même, de réparer nos injustices envers des défunts, si nous en avons commis.
Prions – Ne permettez pas, ô mon Dieu, qu’une coupable
négligence me fasse manquer à mes devoirs de justice envers
les morts. Leurs droits sont sacrés, leurs dernières volontés
seront également sacrées pour moi. Je satisferai pleinement
à toutes les obligations qu’ils m’ont laissées, et si je
puis, je vais accomplir dès maintenant celles que j’ai pu négliger,
par mon empressement, par mes prières, pour hâter l’heure
de leur délivrance. Jésus Miséricordieux ; Marie,
reine du purgatoire, soyez leur propice et qu’ils reposent dans la paix
du Ciel.
Exemple à méditer…
Un homme avait trois amis et deux surtout qu’il aimait d’un amour de prédilection. Un jour, il fut accusé devant la justice d’un grand crime bien qu’il fût innocent. Qui de vous, dit il à ses amis, veut m’accompagner jusqu’au Tribunal et protester énergiquement en faveur de mon innocence ? Le premier s’excusa prétextant des occupations. Le second l’accompagna jusqu’à la porte du tribunal, il s’y arrêta et revint bientôt chez lui tremblant, redoutant la colère du juge. Le troisième, celui sur lequel l’accusé comptait le moins, entra, parla en sa faveur, attesta son honorabilité et son innocence avec une telle conviction que le juge lui rendit non seulement la liberté mais lui accorda réparations.
En ce monde, l’homme a trois amis. Quand Dieu l’appelle,
à l’heure de la mort pour le juger :
- l’argent, son ami de prédilection, ne va pas
avec lui, il l’abandonne complètement et ne lui sert plus à
rien
- ses parents, et ses proches l’accompagnent jusqu’à
la tombe, lui jettent un peu d’eau bénite au dernier adieu, et retournent
tranquillement chez eux
- ses bonnes œuvres, le troisième ami, celui dont
il s’est peut être le moins préoccupé durant sa vie.
C’est tout le bien qu’il aura accompli pour l’amour de Dieu. Seules ses
bonnes œuvres lui restent fidèles, l’accompagnent devant le Seigneur,
le précèdent, parlent en sa faveur et obtiennent pour lui
Pardon et Miséricorde.
Ames chrétiennes, dans votre testament, n’hésitez
pas à effectuer des dons pour des œuvres d’église et vous
aurez des amis dévoués qui vous ouvriront les portes du Ciel.
Quelques « révélations » sur
le purgatoire
Avant d’accéder au Paradis, les âmes des élus passent en moyenne 30 à 40 ans dans le purgatoire.
Après la mort, chaque âme subit le jugement particulier. En un instant défilent devant elles tous les détails de sa vie terrestre. A moins d’une rare préparation et si elle est morte en amitié avec Dieu, elle se sauvera d’elle –même dans ce lieu de purification… En effet, elle ne peut accepter le face à face avec la Majesté Divine si elle n’est pas absolument pure ou purifiée.
Lors du jugement particulier, certains ne voient que St Michel et leur Ange Gardien, mais c’est déjà un morceau du Ciel si merveilleux… Et l’impatience de jouir enfin de la vision de Dieu et de son Paradis se transforme en un véritable martyre.
Il est certain que dans le purgatoire, les âmes gardent une forme humaine ; et les parties du corps humain qui ont été souillées par des péchés non expiés, deviennent incandescentes dans le feu de la purification.
Au fur et à mesure de leur purification, les âmes du purgatoire s’élèvent dans des lieux moins douloureux.
Il existe trois étages dans le purgatoire et à l’intérieur de chacun, de nombreux degrés. Le purgatoire inférieur ou grand purgatoire est très proche de l’Enfer.
La différence avec l’Enfer est que l’âme ne se révolte pas contre Dieu, elle ne désespère pas et ne souhaite pas son malheur aux autres… Au contraire elle remercie Dieu de l’avoir sauvée, malgré ses fautes et elle prie pour que ses proches se convertissent.
Pendant cet éventuel séjour dans le grand
purgatoire, les âmes des élus ne peuvent pas profiter des
soulagements que leur offrent leurs parents ou amis de la terre (sauf au
« jour des morts »). Par contre dans le purgatoire ordinaire,
les âmes profitent des rafraîchissements offerts par la terre
mais à la condition expresse, que de leur vivant, elles aient été
elles – même charitables envers les pauvres âmes du purgatoire…
Justice oblige…
Offrez des messes pour les âmes du purgatoire
A Cologne, deux dominicains étaient réunis
par une grande piété et une égale dévotion
aux âmes du purgatoire. Ils vinrent à se promettre que le
premier qui mourrait serait secouru par l’autre, de deux Messes par semaine,
toute une année. Un jour, l’un des deux, le bienheureux Suzo, apprit
que son ami venait de mourir. Il s’empressa de beaucoup prier pour lui,
de s’imposer de grandes pénitences, mais il avait totalement oublié
les Messes promises…
Un matin où Suzo priait à la chapelle,
il vit tout à coup son ami lui apparaître ; le cher défunt
lui reprocha son infidélité… Suzo cherchait à s’excuser
en lui rappelant les nombreuses prières et les bonnes œuvres qu’il
avait faites pour lui. Mais le défunt s’écria : « Oh
non non ! Cela n’est rien comparé à la Sainte Messe pour
éteindre les flammes qui me brûlent ! »… Et il disparut.
Suzo, très impressionné, se promit de réparer
cet oubli au plus vite. Il alerta plusieurs prêtres pour l’aider
à soulager son cher défunt par de nombreuses messes. Au bout
de quelques jours de ce charitable secours, le défunt apparut à
Suzo environné d’une grande lumière, le visage rayonnant
de bonheur et lui dit : « Je vous remercie, mon fidèle ami,
de la délivrance que je vous dois. Grâces aux Saintes Messes
qui ont été dites pour moi, je suis sorti du purgatoire et
je monte au Ciel où je verrai, face à face le Bon Dieu que
nous avons adoré si souvent ensemble. » Et il disparut.
Grâce à cet évènement et jusqu’à
sa mort, le bienheureux Suzo offrit le St Sacrifice de la Messe avec une
ferveur renouvelée en faveur des âmes du purgatoire.
Faisons dire des Messes… Offrons à Dieu le sang
de Jésus… St Jean Chrysostome recommandait cette pieuse pratique
: « Ayez dans votre maison à une place apparente, une boîte
où chacun puisse y déposer l’obole des morts. Employez ces
offrandes à faire dire des messes pour vos défunts. »
Prières + une dizaine de chapelet - à dire chaque jour
1. Litanies pour les âmes du purgatoire
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus – Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus – Christ, écoutez nous
Jésus – Christ, exaucez nous
Père Céleste qui êtes Dieu, ayez
pitié des âmes du purgatoire
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu,
ayez pitié des âmes du purgatoire
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié des
âmes du purgatoire
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez
pitié des âmes du purgatoire
Sainte Marie, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Mère de Dieu, priez pour les âmes
du purgatoire
Sainte Vierge des vierges, priez pour les âmes
du purgatoire
Sainte Michel, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les Anges et les Archanges, priez pour les âmes
du purgatoire
Tous les chœurs des Esprits Bienheureux, priez pour les
âmes du purgatoire
Tous les saints Patriarches et prophètes, priez
pour les âmes du purgatoire
Saint Jean - Baptiste, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Joseph, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Pierre, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jean, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Apôtres et Evangélistes,
priez pour les âmes du purgatoire
Saint Etienne, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Laurent, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Martyrs, priez pour les âmes du
purgatoire
Saint Grégoire, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Ambroise, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Augustin, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jérôme, priez pour les âmes
du purgatoire
Tous les saints Pontifes et Confesseurs, priez pour les
âmes du purgatoire
Tous les saints Docteurs, priez pour les âmes du
purgatoire
Tous les saints Prêtres et Lévites, priez
pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Moines et Ermites, priez pour les âmes
du purgatoire
Sainte Marie - Madeleine, priez pour les âmes du
purgatoire
Sainte Catherine, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Barbe, priez pour les âmes du purgatoire
Toutes les saintes Vierges et Veuves, priez pour les
âmes du purgatoire
Toutes les saints de Dieu, priez pour les âmes
du purgatoire
Soyez leur propice, pardonnez leur, Seigneur
Soyez leur propice, exaucez nous, Seigneur
De tout mal, délivrez les, Seigneur
De votre colère, délivrez les, Seigneur
De la sévérité de votre justice,
délivrez les, Seigneur
Du ver rongeur de la conscience, délivrez les,
Seigneur
Des ténèbres effroyables, délivrez
les, Seigneur
De leurs pleurs et gémissements, délivrez
les, Seigneur
Par votre Incarnation, délivrez les, Seigneur
Par votre Sainte Nativité, délivrez les,
Seigneur
Par votre Nom très doux, délivrez les,
Seigneur
Par votre Baptême et votre Saint Jeûne, délivrez
les, Seigneur
Par votre profonde humilité, délivrez les,
Seigneur
Par votre grande obéissance, délivrez les,
Seigneur
Par votre amour infini, délivrez les, Seigneur
Par vos angoisses et vos souffrances, délivrez
les, Seigneur
Par votre sueur de sang, délivrez les, Seigneur
Par vos liens et vos chaînes, délivrez les,
Seigneur
Par votre couronne d’épines, délivrez les,
Seigneur
Par vos très saintes plaies, délivrez les,
Seigneur
Par votre Croix et votre passion, délivrez les,
Seigneur
Par votre mort ignominieuse, délivrez les, Seigneur
Par votre sainte Résurrection, délivrez
les, Seigneur
Par votre admirable Ascension, délivrez les, Seigneur
Par l’avènement du Saint Esprit Consolateur, délivrez
les, Seigneur
Tout pécheur que nous sommes, nous vous en prions,
écoutez- nous
Vous qui avez pardonné à la pécheresse
et exaucé le Bon Larron, nous vous en prions,…
Vous qui sauvez par votre Grâce, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de délivrer nos parents, amis
et bienfaiteurs des flammes expiatrices, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de délivrer tous les fidèles
trépassés de leurs souffrances, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de prendre en pitié ceux qui
n’ont point en ce monde d’intercesseurs particuliers, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de faire grâce à tous
et de les délivrer de leurs peines, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise d’exaucer leurs désirs, nous
vous en prions,…
Qu’il vous plaise de les admettre au Ciel parmi les élus,
nous vous en prions,…
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du
monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du
monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du
monde, donnez leur le repos éternel
Jésus – Christ, écoutez nous
Jésus – Christ, exaucez nous
Seigneur, écoutez ma prière
Et que ma supplication parvienne jusqu’à Vous.
2. Credo
Je crois en Dieu le Père Tout Puissant….
3. De Profundis
Des profondeurs de l’abîme, j’ai crié vers
Vous, Seigneur : écoutez ma prière
Que Vos oreilles soient attentives à la voix de
ma supplication
Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur,
Seigneur, qui pourra subsister devant Vous ?
Mais Vous êtes plein de miséricorde, et
j’espère en Vous Seigneur, à cause de Votre Loi.
Mon âme s’est appuyée sur Votre Parole,
mon âme a mis toute sa confiance dans le Seigneur.
Depuis le matin jusqu’au soir, Israël espère
dans le Seigneur ;
Car dans le Seigneur est la Miséricorde et une
abondante rédemption.
C’est Lui qui rachètera Israël de toutes
ses iniquités.
Donnez- leur Seigneur le repos éternel
Et que la lumière éternelle les éclaire.
4. Salve Regina
Salut, ô Reine, notre vie, notre consolation, notre
espoir, salut. Enfants d’Eve, nous crions vers vous. Vers vous, nous soupirons
gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Ô
vous, notre avocate, tournez vers nous, vos regards compatissants, et après
l’exil de cette terre, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit
béni de vos entrailles, ô clémente, ô miséricordieuse,
ô douce Vierge Marie.
Priez pour nous, Sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons dignes des promesses de NSJC.
5. Prière pour les âmes du Purgatoire
Seigneur Jésus, prenez en pitié les âmes
détenues en purgatoire, pour le salut desquelles Vous avez daigné
prendre notre nature humaine et subir la mort la plus douloureuse. Ayez
pitié de leurs aspirations brûlantes à vous voir, ayez
pitié de leurs larmes de repentir, et par la vertu de Votre Passion,
remettez leur les peines encourues par leurs offenses. Très doux
Jésus, que Votre Sang descende sur ces chères âmes
! Qu’il abrège leur temps d’expiation et qu’elles puissent bientôt
être appelées auprès de Vous dans l’Eternel bonheur
! Amen
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