Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique
Supplément =
5ème partie
Question 32 : A qui doit-on conférer l’extrême-onction et sur
quelle partie du corps ?
Nous
devons ensuite examiner les sujets auxquels on doit conférer l’extrême-onction
et sur quelle partie du corps. A cet égard sept questions se présentent : 1°
Doit-on conférer l’extrême-onction à ceux qui se portent bien ? (Il est de foi,
d’après le concile de Florence et d’après le concile de Trente, qu’on ne doit
donner l’extrême-onction qu’aux malades qui sont au danger de mort.) — 2° Doit-on
la conférer dans toute espèce de maladie ? — 3° Doit-on la conférer aux furieux
et aux fous ? (On n’administre pas ce sacrement aux fous qui n’ont jamais joui
de l’usage de leur raison, mais on peut le leur administrer si avant de tomber
en démence ils ont donné des signes de religion et si d’ailleurs il n’y a pas
d’irrévérence à craindre de leur part.) — 4° Doit-on la conférer aux enfants ?
(Par enfants S. Thomas entend ici ceux qui n’ont pas encore eu l’usage de leur
raison et qui n’ont pu commettre de péchés mortels. Il est certain qu’ils ne
peuvent recevoir l’extrême-onction ; mais on peut administrer ce sacrement aux
enfants qui n’ont pas fait leur première communion, mais qui ont été capables
de commettre quelque péché.) — 5° Doit-on oindre le corps tout entier ? — 6° Les
parties du corps que l’on doit oindre sont-elles convenablement déterminées ? —
7° Doit-on oindre dans ces parties du corps celles qui sont mutilées ?
Article
1 : Doit-on conférer l’extrême-onction à ceux qui se portent bien ?
Objection
N°1. Il semble qu’on doive aussi conférer ce sacrement à ceux qui se portent
bien. Car son effet principal est de guérir l’âme plutôt que le corps, comme
nous l’avons dit (quest. 30, art. 2). Or, ceux qui sont sains de corps ont
besoin d’être guéris par rapport à l’âme. Donc on doit leur conférer ce
sacrement.
Réponse
à l’objection N°1 : Quoique la santé spirituelle soit l’effet principal de
l’extrême-onction, cependant il faut que la guérison spirituelle produite par
ce sacrement soit signifiée par la guérison du corps, quand même cette guérison
n’en résulterait pas. C’est pourquoi l’extrême-onction ne peut donner la santé
spirituelle qu’à ceux auxquels la guérison corporelle convient, c’est-à-dire
aux infirmes ; comme le baptême ne peut être reçu que par celui qui est
susceptible de prendre part à l’ablution corporelle ; l’enfant qui est dans le
sein de sa mère ne pourrait le recevoir (Voyez à ce sujet, 3a pars,
quest. 68, art. 11).
Objection
N°2. L’extrême-onction est le sacrement de ceux qui sortent de ce monde, comme
le baptême est le sacrement de ceux qui y entrent. Comme on donne le baptême à
tous ceux qui entrent dans le monde, on doit donc donner l’extrême-onction à
tous ceux qui en sortent. Or, quelquefois ceux qui sont à la veille de sortir
de ce monde se portent bien ; comme, par exemple, ceux qui doivent être
décapités. On doit donc leur administrer ce sacrement.
Réponse
à l’objection N°2 : Parmi ceux qui entrent dans ce monde, le baptême ne s’administre
qu’à ceux qui peuvent recevoir l’ablution corporelle. C’est pourquoi parmi ceux
qui sortent de ce monde, l’extrême-onction ne convient qu’à ceux qui peuvent
être guéris corporellement.
Mais
c’est le contraire. Saint Jacques dit (5, 14) : Quelqu’un de vous est-il malade ? etc.
Donc ce sacrement ne convient qu’aux infirmes.
Conclusion
L’extrême-onction étant une guérison spirituelle qui est signifiée sous une
forme de guérison corporelle, on ne doit pas la conférer à ceux qui se portent
bien.
Il
faut répondre que l’extrême-onction est une guérison spirituelle, comme nous
l’avons dit, quest. 30, art. 1 et 2), qui est signifiée à la manière d’une
guérison corporelle. C’est pourquoi on ne doit pas conférer ce sacrement à ceux
auxquels la guérison corporelle ne convient pas, c’est-à-dire à ceux qui se
portent bien.
Article
2 : Doit-on administrer l’extrême-onction dans toute espèce de maladie ?
Objection
N°1. Il semble qu’on doive administrer ce sacrement dans toute espèce de
maladie. Car saint Jacques en parlant de ce sacrement (chap. 5) ne détermine
aucune maladie. On doit donc conférer ce sacrement dans toutes les maladies.
Réponse
à l’objection N°1 : Toute maladie en augmentant peut produire la mort. C’est
pourquoi si on considère le genre des maladies, on peut conférer
l’extrême-onction dans toute espèce de maladie, et c’est pour cela que l’apôtre
saint Jacques n’en détermine aucune. mais si on
considère le mode et l’état de la maladie, on ne doit pas toujours conférer ce
sacrement à ceux qui sont malades.
Objection
N°2. Plus un remède est noble et plus il doit être général. Or,
l’extrême-onction l’emporte sur les remèdes corporels. Par conséquent,
puisqu’on donne les remèdes corporels à tous les infirmes, il semble qu’on
doive également leur conférer ce sacrement.
Réponse
à l’objection N°2 : Le remède corporel a pour effet principal la santé du corps
dont tous les malades ont besoin dans toute espèce d’état. Mais
l’extrême-onction a pour effet principal de conférer cette vigueur qui est
nécessaire à tous ceux qui sortent de cette vie et qui se dirigent vers la
gloire. C’est pourquoi il n’y a pas de parité.
Mais
c’est le contraire. Tout le monde appelle ce sacrement l’Extrême-Onction. Or,
toutes les infirmités ne mènent pas à l’extrémité de la vie, puisqu’il y a des
infirmités qui sont une cause de longévité, comme le dit Aristote (De longit. et brevit. vitæ, chap. 1). On ne doit donc pas le conférer
dans toutes les maladies.
Conclusion
On ne doit pas administrer ce sacrement à tous ceux qui sont malades, mais
seulement à ceux qui sont sur le point de mourir.
Il
faut répondre que l’extrême-onction est le dernier remède que l’Eglise puisse
conférer pour nous disposer pour ainsi dire d’une manière immédiate à la
gloire. C’est pourquoi on ne doit l’administrer qu’aux malades qui sont à
l’état de moribonds, parce que leur maladie est de nature à produire la mort et
que le danger est à craindre (C’est ce qu’exprime ainsi le pape Eugène IV : Hoc sacramentum nisi infirmo de cujus morte timetur, dari non debet (Decret. ad Armenos).).
Article
3 : Doit-on conférer l’extrême-onction aux furieux et aux fous ?
Objection
N°1. Il semble qu’on doive conférer l’extrême-onction aux furieux et aux fous.
Car ces maladies sont très dangereuses et mènent très rapidement à la mort. Or,
on doit employer le remède dans le danger. On doit donc conférer à ceux qui
sont dans cet état ce sacrement qui a pour but de remédier aux infirmités
humaines.
Réponse
à l’objection N°1 : Quoique les furieux et les fous soient quelquefois en
danger de mort, cependant le remède ne peut leur être appliqué par leur
dévotion propre. C’est pourquoi on ne doit pas le leur conférer.
Objection
N°2. Le baptême est un sacrement plus noble que l’extrême-onction. Or, on donne
le baptême aux furieux, comme nous l’avons dit (4, dist. 4, quest. 3, art. 1,
quest. 2 et 3a pars, quest. 68, art. 12). On doit donc aussi leur
conférer l’extrême-onction.
Réponse
à l’objection N°2 : Le baptême ne requiert pas le mouvement du libre arbitre,
parce qu’on l’administre principalement contre le péché originel, qui n’est pas
guéri en nous d’après notre libre arbitre ; au lieu que dans l’extrême-onction
on exige le mouvement du libre arbitre, et c’est pour cela qu’il n’y a pas de
parité. En outre, le baptême est un sacrement nécessaire, tandis que
l’extrême-onction ne l’est pas.
Mais
c’est le contraire. On ne doit donner ce sacrement qu’à ceux qui le
reconnaissent. Or, les furieux et les fous ne sont pas dans cet état. On ne
doit donc pas le leur conférer.
Conclusion
On ne doit conférer l’extrême-onction d’aucune manière aux furieux et aux fous,
parce qu’ils n’ont pas les sentiments nécessaires pour le recevoir, à moins
qu’ils n’aient des intervalles lucides dans lesquels ils reconnaissent ce
sacrement.
Il
faut répondre que la dévotion de celui qui reçoit ce sacrement, le mérite
personnel de ceux qui le confèrent et le mérite général de toute l’Eglise sont
très utiles pour en percevoir les fruits. Ce qui est manifeste parce que la
forme de ce sacrement se confère d’une manière déprécatoire. C’est pourquoi on
ne doit pas le donner à ceux qui ne peuvent le reconnaître et le recevoir ave
dévotion, et surtout aux furieux et aux fous qui pourraient commettre quelque
irrévérence à son égard par leur grossièreté, à moins qu’ils n’aient des
intervalles lucides dans lesquels ils connussent le sacrement. On pourrait par
conséquent le leur conférer dans cet état.
Article
4 : Doit-on donner l’extrême-onction aux enfants ?
Objection
N°1. Il semble qu’on doive donner l’extrême-onction aux enfants. Car
quelquefois les enfants sont atteints des mêmes maladies que les adultes. Or,
on doit employer le même remède contre la même maladie. Donc on doit conférer
ce sacrement aux enfants aussi bien qu’aux adultes.
Réponse
à l’objection N°1 : Les infirmités qui sont dans les enfants ne proviennent pas
du péché actuel comme dans les adultes ; et c’est surtout contre ces
infirmités, qui sont des effets du péché, et qui en sont pour ainsi dire comme
les restes, que l’extrême-onction s’administre.
Objection
N°2. On donne l’extrême-onction pour purifier les restes du péché originel
aussi bien que du péché actuel comme nous l’avons dit (quest. 30, art. 1). Or,
les restes du péché originel sont dans les enfants. Ce sacrement doit donc leur
être conféré.
Réponse
à l’objection N°2 : L’extrême-onction ne se donne contre les restes du péché
originel qu’autant qu’ils ont été fortifiés d’une certaine manière par les
péchés actuels. C’est donc principalement contre les péchés actuels qui
n’existent pas dans les enfants qu’on la confère, comme on le voit évidemment
d’après la forme.
Mais
c’est le contraire. On ne doit pas conférer l’extrême-onction à celui à qui la
forme de ce sacrement ne convient pas. Or, la forme de ce sacrement ne convient
pas aux enfants parce qu’ils n’ont pas péché par la vue et par l’ouïe, comme la
forme l’exprime. On ne doit donc pas leur donner ce sacrement.
Conclusion
On ne doit pas conférer l’extrême-onction aux enfants, puisque ce sacrement
exige une dévotion actuelle dans celui qui le reçoit.
Il
faut répondre que ce sacrement exige une dévotion actuelle dans celui qui le
reçoit aussi bien que l’eucharistie. Par conséquent comme on ne doit pas donner
l’eucharistie aux enfants, on ne doit pas non plus leur donner l’extrême-onction.
Article
5 : Le corps tout entier doit-il être oint dans l’extrême-onction ?
Objection
N°1. Il semble que le corps tout entier doive être oint dans l’extrême-onction.
Car, d’après saint Augustin (De trin., liv. 6,
chap. 6), l’âme tout entière existe dans le corps tout entier. Or, on
administre l’extrême-onction principalement pour guérir l’âme. L’onction doit
donc se faire sur le corps entier.
Réponse
à l’objection N°1 : Quoique l’âme soit tout entière dans toutes les parties du
corps quant à son essence, il n’en est pas de même par rapport aux puissances
qui sont les sources des actes coupables. C’est pourquoi il faut que l’onction
se fasse dans les parties du corps où ces puissances résident.
Objection
N°2. On doit appliquer le remède où est la maladie. Or, quelquefois la maladie
est universelle et règne dans le corps entier comme la fièvre. Donc le corps
entier doit être oint.
Réponse
à l’objection N°2 : On n’applique pas toujours le remède où est le mal ; mais
il est plus convenable de l’appliquer où est la racine de la maladie.
Objection
N°3. On immerge le corps entier dans le baptême. On doit donc aussi l’oindre
tout entier dans l’extrême-onction.
Réponse
à l’objection N°3 : Le baptême se donne par manière d’ablution, et comme l’ablution
corporelle n’efface la tache que sur la partie à laquelle on l’applique, on
administre pour ce motif le baptême au corps tout entier (Cette manière de
baptiser par immersion n’est pas d’ailleurs essentielle, comme S. Thomas l’a
reconnu lui-même (3a pars, quest. 66, art. 7).). Mais il en est
autrement de l’extrême-onction, pour la raison que nous avons donnée (dans le
corps de l’article et réponses 1 et 2).
Mais
c’est le contraire. Le rite de l’Eglise universelle demande que le malade ne
soit oint que dans certaines parties du corps.
Conclusion
Dans l’extrême-onction on ne doit pas oindre le corps entier, mais seulement
les parties du corps humain où se trouve la source de quelque infirmité
spirituelle.
Il
faut répondre qu’on administre l’extrême-onction par manière de guérison. Or,
il n’est pas nécessaire que la guérison corporelle soit produite par un remède
appliqué au corps tout entier, mais il suffit qu’on l’applique aux parties où
se trouve la racine du mal. C’est pourquoi on ne doit faire l’onction
sacramentelle que dans les parties où se trouve la source de l’infirmité
spirituelle.
Article
6 : Les parties qui doivent être ointes sont-elles convenablement déterminées ?
Objection
N°1. Il semble que les parties du corps ne soient pas convenablement
déterminées, en demandant que le malade soit oint sur les yeux, les narines,
les oreilles, les lèvres, les mains et les pieds. Car un sage médecin guérit la
maladie dans sa racine. Or, c’est du cœur
que sortent les pensées qui souillent l’homme, comme le dit l’Evangile (Matth., 15, 19). On doit donc faire l’onction sur sa
poitrine.
Réponse
à l’objection N°1 : La pensée ne sort du cœur que par l’imagination qui est un
mouvement produit par les sens, comme le dit Aristote (De an.,
liv. 2, text. 160). C’est pourquoi le cœur n’est pas
la source première de la pensée, mais les organes des sens ; elle n’en vient
qu’en ce que le cœur est le principe de tout le corps. Mais ce principe est la
source éloignée.
Objection
N°2. La pureté de l’âme n’est pas moins nécessaire à ceux qui sortent de cette
vie qu’à ceux qui y entrent. Or, le prêtre oint du chrême sur le sommet de la
tête ceux qui entrent dans ce monde, pour signifier la pureté de l’âme. Donc
ceux qui en sortent doivent aussi être oints sur le sommet de la tête par
l’extrême-onction.
Réponse
à l’objection N°2 : Ceux qui entrent en ce monde doivent acquérir la pureté de
l’âme, tandis que ceux qui en sortent doivent purifier l’âme de ses souillures.
C’est pourquoi ceux qui en sortent doivent être oints dans les parties où il
arrive que la pureté de l’âme est souillée.
Objection
N°3. On doit appliquer le remède où la force de la maladie est la plus
violente. Or, la maladie spirituelle a principalement son siège dans les reins
pour les hommes et au nombril pour les femmes, selon cette expression de Job
(40, 11) : Sa force est dans ses reins et
sa puissance dans le nombril de son ventre, que saint Grégoire explique
ainsi (Mor., liv. 32, chap. 11). On doit donc
faire une onction dans cet endroit.
Réponse
à l’objection N°3 : D’après la coutume de quelques Eglises on fait une onction
aux reins (Le Rituel romain prescrit l’onction aux pieds et aux reins ; mais
cette dernière onction n’a jamais lieu pour les femmes, et on ne la fait pas
aux hommes, s’ils ne peuvent se remuer commodément.), parce que c’est surtout
là que réside l’appétit concupiscible mais la puissance appétitive n’est pas
une source première, comme nous l’avons dit (dans le corps de l’article).
Objection
N°4. Comme on pèche par les pieds, de même on pèche aussi par les autres
membres du corps. Par conséquent, comme on oint les pieds, on doit aussi oindre
les autres membres du corps.
Réponse
à l’objection N°4 : Les organes du corps par lesquels on commet les actes
coupables sont les pieds, les mains, la langue sur lesquels on fait des
onctions, et les organes de la génération, sur lesquels on ne doit pas faire
d’onction à cause de leur impureté et par respect pour le sacrement.
Conclusion
On doit oindre principalement les membres qui sont les organes des cinq sens,
qui sont les principes de nos idées et des péchés ; mais dans quelques pays on
oint les reins et les pieds à cause de la puissance appétitive et motrice.
Il
faut répondre que les principes du péché sont en nous les mêmes que les principes
de l’action ; parce que le péché consiste dans l’acte. Or, il y a en nous trois
principes d’action ; le premier est celui qui dirige, et c’est la puissance
cognitive ; le second celui qui commande, et c’est la puissance appétitive ; le
troisième celui qui exécute, et c’est la puissance motrice. D’ailleurs toutes
nos connaissances viennent des sens. Et comme on doit appliquer le remède où se
trouve en nous la première source du péché, il s’ensuit qu’on oint la place des
cinq sens ; ainsi les yeux à cause de la vue, les oreilles à cause de l’ouïe,
les narines à cause de l’odorat, la bouche à cause du goût, les mains à cause
du tact qui réside principalement à l’extrémité des doigts. A quelques malades
on oint les reins à cause de la puissance appétitive, et à cause de la
puissance motrice dont ils sont le principal instrument. Et parce que le
premier principe des actions humaines est la connaissance, il s’ensuit que tout
le monde observe l’onction qui se fait aux cinq sens, comme étant nécessaire au
sacrement (Les théologiens sont partagés sur ce point ; il y en a qui
prétendent que les cinq onctions principales sont nécessaires pour la validité
du sacrement, d’autres prétendent que dans le cas de nécessité on peut n’en
faire qu’une ; on devrait la faire à la tête et terminer la formule en disant :
Quidquid deliquisti per sensus, visum,
auditum, gustum, odoratum et tactum. Mais dans
ce cas si le malade survit on devrait réitérer le sacrement sous condition en
faisant toutes les onctions indiquées dans le Rituel.), mais y en a qui
n’observent pas les autres. Il y en a qui observent celle qui se fait aux pieds
et non celle qui se fait aux reins ; parce que la puissance appétitive et la
puissance motrice sont des principes secondaires.
Article
7 : Ceux qui sont estropiés doivent-ils être oints dans les parties du corps
que nous avons désignées ?
Objection
N°1. Il semble que les estropiées ne doivent pas être oints dans les parties du
corps que nous avons désignées. Car comme l’extrême-onction exige une disposition
particulière dans celui qui la reçoit, par exemple comme elle demande qu’il
soit malade, de même elle exige aussi une partie du corps déterminée. Or, celui
qui n’est pas malade ne peut être oint. Celui qui n’a pas cette partie du corps
sur laquelle doit être faite l’onction ne peut donc pas l’être non plus.
Objection
N°2. Celui qui est aveugle de naissance ne pèche pas par la vue. Or, dans l’onction
qui se fait sur les yeux, il est fait mention du péché commis par la vue. On ne
doit donc pas faire cette onction à un aveugle-né. Et ainsi des autres.
Mais
c’est le contraire. Un défaut corporel n’empêche aucun sacrement. Il ne doit
donc pas non plus empêcher celui-ci. Or, toutes les onctions sont nécessaires
pour la validité de ce sacrement. On doit donc les faire toutes à ceux qui sont
estropiés.
Conclusion
Les estropiés ayant les puissances de l’âme qui doivent répondre aux membres
dont ils sont privés, et pouvant pour ce motif pécher intérieurement, on doit
leur faire les onctions sur les parties du corps qui approchent le plus de
celles sur lesquelles ils auraient dû être oints.
Il
faut répondre qu’on doit oindre les estropiés le plus près possible des parties
sur lesquelles l’onction aurait dû se faite ; parce que quoiqu’ils n’aient pas
les membres, ils ont cependant les puissances de l’âme qui sont dues à ces
membres, ou du moins ils les possèdent dans leur racine ; et ils peuvent pécher
intérieurement par ce qui appartient à ces parties, quoiqu’ils ne le fassent
pas extérieurement.
La
réponse aux objections est par là même évidente.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de
l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et
relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec
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puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au
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évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de
la morale catholique et des lois justes.